Zian Cti Toepie
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De passage sur Pakuuni à ce moment-là, Zian Cti Toepie n'avait pas assisté à la grande bataille dernière sur Dubrillion, mais il en observait aujourd'hui les ravages, aussi bien matériels que sociaux. Il ne savait pas trop à quoi ressemblait le reste de la planète, il était peu probable qu'une planète entière ait été touchée uniformément sur toute sa surface terrestre. Ici, en tout cas, les gens essayaient de refaire leur vie alors que les villes avaient été détruites et une partie de la population éteinte. Il avait fallu rebâtir des hôpitaux de fortune, des écoles, des centres administratifs, des ponts, un peu dans l'urgence, de façon précaire, juste pour qu'un semblant de vie puisse reprendre dans la ville. Il fallait bien continuer de soigner les blessés, d'éduquer les enfants, de circuler en speeder... La ville avait perdu beaucoup, entre les explosions auto-déclenchées défensivement, et les destructions infligées par les envahisseurs siths. Mais Zian Cti Toepie n'était pas là en reporter, pour recueillir le témoignage des sinistrés.

Il était venu en mercenaire, comme toujours. Le sort des habitants de la ville et même de la planète lui importait peu. Il voyageait beaucoup, effectuait des missions aux quatre coins de la galaxie, traquait des cibles mobiles, avait besoin de mobilité lui-même, et cela avait un coût. Oh, de la pitié, il pouvait en éprouver si l'on grattait un peu ; mais le Géonosien était pragmatique, et s'apitoyer sur le sort des Dubrillioniens ne lui apporterait rien, pas même leur sympathie. Il n'était qu'un Géonosien et n'avait rien à attendre d'eux. Et pourquoi chercherait-il à s'attirer leur sympathie ?

Pour autant, il n'allait pas non plus se faire de l'argent sur leur dos. Se frotter les mains après la grande bataille dernière, en se mêlant à des trafics d'arme, ou en jouant les gros bras pour un homme d'affaire profitant de la détresse locale pour imposer une augmentation opportuniste de ses tarifs, ça, ça aurait été cynique. Zian Cti Toepie pouvait s'offrir le luxe de choisir ses missions et de ne pas tomber dans un mercenariat de bas étage pour les pires crapules de la galaxie, même s'il s'agissait d'un choix inconscient. Sur Geonosis, il avait été rabaissé, écrasé, il aurait dû être destiné à l'aristocratie à la naissance, au lieu de quoi on l'avait confié à la caste des soldats, une erreur qui lui avait valu d'être dégradé parmi les ouvriers, et regardé de travers par tout le monde. Quelqu'un comme lui pouvait avoir une sorte de revanche à prendre sur la vie, en écrasant les autres à son tour. Zian Cti Toepie s'en était pourtant sorti sans avoir à écraser qui que ce soit – hormis ceux qui s'étaient présentés face à lui dans l'arène. Ayant quitté sa planète natale, Zian Cti Toepie avait réalisé une sorte d'accomplissement, et réparé l'injustice ; il n'avait pas besoin d'écraser son prochain, désormais. Il avait cette capacité, au fond de lui, de repenser à ce qu'il avait ressenti sur Geonosis. Alors il faisait des choix, la plupart inconscients. Il était égocentrique, certes ; mais agir uniquement pour soi, ne signifie pas accepter d'agir au détriment des innocents. Zian Cti Toepie ne cherchait pas à aider son prochain, mais il restait réfractaire à l'idée de tirer sur une ambulance, sans vraiment en avoir conscience.
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Alors, cette mission, quelle était-elle ? Il avait répondu à un appel de la milice : trois meurtres similaires avaient été commis depuis la fin de la grande bataille, dans le même quartier, l'on supposait donc qu'il s'agissait du même coupable, et il fallait retrouver qui. Dans le bureau de ce qui restait d'une caserne à moitié détruite, Zian Cti Toepie avait retrouvé le chef de la milice, à l'origine de cette mission. Il s'agissait d'un Humain au regard froid et acéré, le crâne strié par des tresses noires plaquées contre le cuir chevelu et serpentant jusqu'à sa nuque. Une cicatrice lui barrait la joue droite, et une autre le menton.

ZIAN CTI TOEPIE – Pourquoi faire appel à moi ?
Chef de la milice – C'est quoi, la question ? Pourquoi faire appel à un mercenaire, ou pourquoi faire appel à un Géonosien ? Le fait est que mes hommes sont débordés. On est en sous-effectif, on s'organise comme on peut mais on doit faire face à une montée du vandalisme. Les gens ont tout perdu et certains sont prêts à tout pour se refaire. Après une bataille comme ça, c'est le pillage, les vautours, et nous on fait comme on peut pour lutter contre ça. Alors, ces meurtres, on doit les stopper, mais franchement, on n'a pas le temps de mener une enquête. Et on a besoin de quelqu'un qui n'est pas du quartier.

« Pourquoi ? », eut-il envie de demander. Mais au final, il s'en fichait, ça ne changeait rien à sa mission. Le plus probable est que le chef de la milice voulait de quelqu'un qui puisse enquêter froidement, avec du recul, et pas de quelqu'un qui aurait des a priori sur les habitants. Peut-être aussi qu'il voulait de quelqu'un qui ne se laisserait pas avoir avec des remords à condamner quelqu'un qui essaierait de justifier ses meurtres par la misère dans laquelle la grande bataille l'avait plongé.

ZIAN CTI TOEPIE – Qui sont les victimes ?
Chef de la milice – Alors... Y'a Jik, un de mes hommes. Il s'occupait du recensement dans le quartier. Il y a Gambel Tarando, c'est un instituteur, il fait classe pour les orphelins de guerre. Un type bien, je crois. Et il y a un enfant, justement dans la même école où enseignait Monsieur Tarando. A priori le mobile du meurtrier n'est pas l'argent, sinon pourquoi tuer un enfant, et puis Jik et Monsieur Tarando ont été retrouvés avec leur effets sur eux, ils ne semblaient pas avoir été volés.
ZIAN CTI TOEPIE – Un mobile raciste ?
Chef de la milice – Non, j'pense pas non plus. Monsieur Tarando était un Humain, l'enfant était un Twi'lek et Jik était un Zabrak.
ZIAN CTI TOEPIE – Comment ont-ils été tués ?
Chef de la milice – Difficile à dire, il n'y avait pas de sang. Le légiste penche pour un étranglement mais il n'est pas sûr. Faudra que vous alliez le voir, il vous expliquera ça.
ZIAN CTI TOEPIE – Des suspects ?
Chef de la milice – Bah les premiers soupçons se portent sur Gaelme Ludigo, car c'est chez elle qu'a été retrouvé mort Jik, et suite à la dernière bataille contre les Siths, elle a adopté un orphelin qui suivait les cours de Gambel Tarando. Mais elle se dit innocente et on n'a aucune preuve contre elle.

C'était déjà une première piste à creuser. L'enfant adopté de Gaelme Ludigo avait un lien avec deux victimes, et la troisième avait été retrouvée chez elle. La première étape, toutefois, serait d'aller parler au légiste ayant examiné les corps des trois victimes.

ZIAN CTI TOEPIE – Et une fois que j'aurai identifié le coupable ?
Chef de la milice – Vous avez le droit de l'arrêter vous-même et de nous le confier. Mais... si jamais c'est un maudit Sith qui est resté en ville après la bataille, tuez-le. Pas de procès pour ces ordures. Un Sith, ou qui que ce soit qui a des pouvoirs comme eux. On veut pas de ça, ici. Alors si le coupable est un sorcier, qui que ce soit, éliminez-le.
ZIAN CTI TOEPIE – Même si c'est un de vos hommes ?
Chef de la milice – Oui. Pas de ça dans la milice. On doit être respectés. Sith, Jedi, toutes ces merdes, là, c'est la même merde.

Voilà des paroles bien tranchées. Il fallait dire que Dubrillion n'avait que trop souffert d'une guerre qui ne la concernait pas. Les gens avaient vu l'inefficacité des Jedis censés apporter protection, et l'hostilité des Siths cherchant à les conquérir. Les Dubrillioniens s'en étaient sortis par eux-mêmes, et ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes. Pas étonnant que dans cette ville, le chef de la milice vît Siths et Jedis comme « la même merde à éliminer ». Il y avait ici un traumatisme lié aux utilisateurs de la Force.
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Le légiste devrait déjà pouvoir donner des indices à Zian Cti Toepie sur le mode opératoire du tueur. A écouter le chef de la milice, les conclusions n'étaient pas certaines, mais autant en parler directement avec celui qui les avait rédigées.
Direction l'hôpital, donc. Un bâtiment partiellement délabré de l'extérieur et ce n'était que la face visible de l'iceberg : une fois à l'intérieur, Zian Cti Toepie put se rendre compte que la bataille avait aussi inondé le bâtiment. A savoir si ça avait été des réfugiés agglutinés en surnombre dans un bâtiment dont on imaginait que même les soldats envahisseurs n'oseraient pas l'endommager, ou si au contraire ça avait été les Siths qui avaient attaqué sur les centres nerveux de la ville pour causer le maximum de dégâts à long terme.

Des salles avaient été retapées de façon grossière. En marchant dans les couloirs, l'on ne retrouvait pas l'uniformité chirurgicale qu'avait dû revêtir un tel établissement par le passé. Les murs étaient hétérogènes, l'éclairage aussi. Parfois, quelques lumières vacillantes peinaient à donner un éclat blafard, à l'image de la pâleur des morts. Comme un hommage. Un écho. Le personnel médical s'efforçait d'apporter son professionnalisme aux blessés et aux malades avec tout le matériel qui avait pu être sauvé. Combien de temps la ville allait-elle prendre pour retrouver les couleurs d'autrefois ? Deux ans ? Trois ans ? Cinq ans ? Dix ans ?
Les affres de la guerre...

Zian Cti Toepie avait traqué Darth Velvet pour le compte de l'Empire. A sa place, les âmes les plus sensibles auraient remis leur action en question. Mais c'était la guerre, ça, on ne devait pas s'en étonner, on ne devait pas jouer les choqués. Encore moins quand on était un Géonosien, qu'on avait d'abord été soldat, puis fabricant d'armes. La guerre était partout, les Géonosiens n'étaient pas élevés dans une culture pacifiste. Zian Cti Toepie ne pouvait pas tomber des nues. Oui, la guerre avait frappé ici, comme elle frappait ailleurs, tout le temps, partout. Ici, l'Empire avait fait des ravages, mais les Dubrillioniens avaient aussi choisi de se défendre par l'auto-sabotage et la politique de la terre brûlée. Zian Cti Toepie ne choisissait pas de camp, il n'était pas plus l'allié de l'Empire que celui de la République. Il n'était pas responsable des balafres de Dubrillion. Et il suffisait d'écouter le milicien qui l'avait appelé pour se rendre compte que les habitants pouvaient autant en vouloir aux Jedis qu'aux Siths. Il n'y avait pas de bons ou de méchants. Il y avait la guerre. Et Zian Cti Toepie volait au-dessus de cette guerre.

Mais il est vrai qu'en entrant simplement dans cet hôpital, il y avait déjà de quoi faire un cas de conscience. Zian Cti Toepie n'était pas un destructeur, ni un sanguinaire, ni un dominateur ; mais il restait un froid mercenaire Géonosien, et il lui fallait plus qu'une visite dans un hôpital délabré pour s'émouvoir des affres de la guerre.
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C'est dans la salle d'autopsie que Zian Cti Toepie trouva le médecin-légiste. Un Rodien de sexe masculin, blouse blanche, un monocle devant l'œil droit, en train d'aseptiser des outils. Le Géonosien se signala non pas en toquant à la porte, mais en faisant crisser ses élytres. Le Rodien tourna la tête en sursautant presque, et devant sa moue interrogative, Zian Cti Toepie s'empressa de se présenter comme celui payé pour enquêter sur les meurtres. Pas moins de cinq corps étaient allongés sur des brancards, tous recouverts d'un drap bleu corail. Seuls trois intéressaient le mercenaire chargé de l'enquête. Le médecin-légiste, en tout cas, ne semblait pas manquer de travail.

Il invita Zian Cti Toepie à se pencher sur un premier corps. Il n'en dévoila que la partie haute, de la tête jusqu'aux pectoraux. Un Zabrak de sexe masculin. Ce devait donc être Jik, le milicien.

Médecin légiste – Voici la première des trois victimes, mais j'ai observé les mêmes choses sur les trois. La cause de la mort est une asphyxie, par compression des voies au niveau de la gorge.
ZIAN CTI TOEPIE – Il a été étranglé ?
Médecin légiste – Oui. Mais pas à mains nues, sinon j'aurais repéré des contusions dues à la pression des doigts.
ZIAN CTI TOEPIE – Il est possible que le tueur ait utilisé des gants ? Un oreiller, une serviette ?
Médecin légiste – Je vous dirais bien que c'est possible, mais je n'ai relevé aucune fibre textile sur la peau. Avec des gants, la pression n'aurait quand même pas été homogène. Là, on dirait plus que la gorge a été serrée... comme dans un étau. Donc, pas à la main.

Etrangler quelqu'un avec quelque chose de suffisamment épais pour laisser des empreintes homogènes, c'était possible chez soi avec un oreiller par exemple ; mais même si Gaelme Ludigo avait pu faire cela chez elle, il était peu imaginable qu'elle se soit ramenée à l'école avec un oreiller pour tuer un instituteur et une élève.
De plus, un autre détail interpellait Zian Cti Toepie :

ZIAN CTI TOEPIE – Pour étrangler quelqu'un comme ça jusqu'à la mort, il faut une certaine force ?
Médecin légiste – Ca dépend. Si la personne est allongée sur le dos, et que vous appuyez sur sa gorge, ça ne nécessite pas une grande force. Enfin... vous... je ne sais pas si vous... y arriveriez, quoi...
ZIAN CTI TOEPIE – Mais une Humaine ? Chez les Humains, les femelles ont moins de force que les mâles, donc est-ce qu'une Humaine femelle pourrait étrangler comme ça ?
Médecin légiste – Une femme ? Oui, techniquement, oui... Mais... quand vous étranglez quelqu'un jusqu'à la mort, la personne va se débattre, avec toute l'énergie sauvage qu'elle peut déployer pour sa survie. Il fautn donc maîtriser la personne que vous voulez étrangler à mort. Et c'est là que c'est bizarre : je n'ai repéré aucune marque de blessure défensive, ni sur cette victime, ni sur les deux autres. Aucune ne semble avoir été attachée ni s'être battue contre son agresseur.

Zian Cti Toepie essaya de réfléchir à ce que cela pouvait impliquer. Bon, lui-même n'avait aucune force physique, mais même si on l'étranglait, lui, il s'imaginait capable de se débattre, de griffer son agresseur, et ce dernier chercherait donc à le maîtriser. Jik était un mercenaire, un homme Zabrak, au meilleur de sa forme physique, alors s'il s'était débattu, il aurait pu pousser son agresseur à le maîtriser. Il n'avait pas été ligoté, et s'il n'avait pas de blessures défensives, que restait-il ?

ZIAN CTI TOEPIE – Il a pu être drogué ?
Médecin légiste – Non, aucune trace de drogue ni d'un quelconque produit provoquant une atrophie musculaire dans le sang d'aucune des trois victimes.
ZIAN CTI TOEPIE – Alors, comment le tueur a-t-il pu maîtriser ses trois victimes ? Encore que l'enfant... Mais ce Zabrak semble capable de se battre et de se défendre.
Médecin légiste – Il y a un autre détail : l'enfant a un cou aux dimensions plus petites que les deux adultes, et la compression n'a affecté que sa gorge, donc une surface plus petite que chez les deux adultes, sans déborder sur les clavicules. Alors, si vous voulez mon avis, je n'aime pas envisager cette hypothèse, mais entre le fait que la pression s'est adaptée à la morphologie de la victime, l'homogénéité de la pression, l'absence de fibres, l'absence de drogue et l'absence de blessures défensives... je pense que les victimes ont été étranglées à distance par un Sith.

Zian Cti Toepie réalisa, au moment où le légiste souleva cette hypothèse, qu'il commençait lui-même à en venir à cette déduction. Il se rappelait trop bien la sensation quand Darth Velvet avait utilisé son pouvoir de la Force sur lui. Une sensation d'être étranglé par un étau impalpable. Ca aurait pu le tuer, si l'effet avait été prolongé. Alors, pour lui-même avoir été victime d'un étranglement par la Force, il ne pouvait qu'en venir à faire le parallèle avec le mode opératoire de ce tueur.

Médecin légiste – Nous savons tous de quoi sont capables ces utilisateurs de sorcellerie. Leurs pouvoirs dépassent l'entendement. Je l'ai vu de mes propres yeux. Il n'est pas impossible que certains d'entre eux se cachent parmi nous. L'hypothèse qu'un Sith soit le tueur me fait froid dans le dos, mais c'est ce qui corrobore le mieux avec ce que j'ai pu observer.
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Partant de l'idée que le meurtrier était un utilisateur de la Force – Sith ou pas – la question demeurait sur son identité. Soit il s'agissait d'une personne vivant dans le quartier et qui, jusque là, avait toujours caché ses pouvoirs – mais alors pourquoi ne se révéler que maintenant ? – soit il s'agissait d'un intrus qui se terrait quelque part depuis la grande bataille dernière. Voilà donc ce qu'il restait encore à définir. La prochaine étape était d'interroger Gaelme Ludigo, chez qui avait été retrouvé le corps de Jik, et dont l'enfant adopté avait un lien avec les deux autres victimes. Ca restait sa meilleure piste pour le moment. Fallait-il envisager que Gaelme Ludigo, cette habitante apparemment sans histoire, soit une utilisatrice de la Force, qui aurait soudain décider de faire usage de ses pouvoirs pour tuer trois personnes dont un enfant ? Ca ne semblait pas faire beaucoup de sens. Alors, était-elle suspecte ou témoin ? Zian Cti Toepie allait se faire son idée.

Il se rendit à son domicile pour lui parler. La maison n'avait pas trop souffert. De plain-pied, elle était dépourvue de jardin mais s'inscrivait dans un petit lotissement en marge des plus gros dégâts infligés à la ville. Zian Cti Toepie toqua à la porte avec la crosse de son blaster. S'il n'utilisait pas ses phalanges comme n'importe quel humanoïde, c'est parce qu'il était invertébré et que sa chitine ne faisait pas autant de bruit qu'un squelette ; il avait ainsi remarqué que quand il toquait de la même manière qu'un Humain, une personne sur deux n'interprétait pas bien le bruit.

Une Humaine lui ouvrit, et une expression mêlant surprise et crainte se peignit sur son visage à la vue du Géonosien. Ce dernier se présenta au plus vite pour ne pas se faire refermer au nez. Quand il annonça être envoyé par le chef de la milice pour enquêter, Zian Cti Toepie eut peur de devoir fournir une preuve à une suspecte qui pourrait logiquement être dubitative ; mais non, Gaelme Ludigo le laissa entrer, elle devait certainement avoir été mise au courant qu'un enquêteur externe allait être placé sur cette affaire.

Zian Cti Toepie observa par curiosité l'ameublement du domicile, marchant jusqu'à un fauteuil dans lequel Madame Ludigo l'eut invité à s'asseoir. Cette dernière lui proposa aimablement à boire, et Zian Cti Toepie ne dit pas non à une petite boisson bien sucrée. Une fois servi, le mercenaire enquêteur put poser ses questions.

ZIAN CTI TOEPIE – Est-ce vous qui avez découvert le corps du milicien en premier ?
GAELME – Oui.
ZIAN CTI TOEPIE – Chez vous, c'est bien cela ?
GAELME – Oui...

C'était quand même étrange...

ZIAN CTI TOEPIE – Que faisait-il chez vous ?
GAELME – Il était de passage pour le recensement. C'est le deuxième, après le premier qui a eu lieu juste à la fin de la guerre... Ils veulent surveiller les exodes, les morts tardives dues à la guerre, et tout ça...
ZIAN CTI TOEPIE – Et comment expliquez-vous l'avoir trouvé mort chez vous ?
GAELME – Une crise cardiaque. Quand je l'ai trouvé, j'ai pensé à une crise cardiaque, ou un malaise du genre. Du coup j'ai appelé les secours. J'ai appris après que ce n'était pas ça.

Lors d'un interrogatoire, il fallait savoir lire les expressions sur le visage des suspects et des témoins, afin de lire les hésitations, les mensonges, les gênes, les dissimulations. Deviner quand la personne interrogée cachait quelque chose, quand elle improvisait un mensonge, ou au contraire quand elle s'empressait de réciter un mensonge trop bien préparé à l'avance. Malheureusement, Zian Cti Toepie n'était pas particulièrement doué là-dedans.

ZIAN CTI TOEPIE – Et maintenant que vous savez que c'est un meurtre, qu'avez-vous à dire ?

Là, par contre, Gaelme Ludigo eut du mal à dissimuler son malaise, et bafouilla avant de formuler une réponse :

GAELME – Je... Je n'en sais rien !... Pour moi... il avait juste fait une crise cardiaque...

Zian Cti Toepie inspira longuement. Il avait l'impression qu'il n'avançait nulle part.

ZIAN CTI TOEPIE – Depuis la fin de la bataille, avez-vous déjà observé une personne qui semblait avoir des pouvoirs similaires à ceux des Siths ?
GAELME – Je n'ai vu que des soldats impériaux pendant la bataille, ils n'ont pas le pouvoir d'étrangler les gens à distance...
ZIAN CTI TOEPIE – Attendez... Que vous a-t-on dit sur la façon dont le milicien a été tué ?

Gaelme Ludigo bafouilla de nouveau, comme si elle venait de dire quelque chose qu'elle n'était pas censée dire.

GAELME – On m'a dit qu'il avait été étranglé... mais peut-être à distance...

Gaelme Ludigo essayait de se rattraper en mêlant vérité et mensonge et Zian Cti Toepie eut du mal à faire le tri. Il décida de changer de sujet.

ZIAN CTI TOEPIE – Parlez-moi de votre fils.
GAELME – Pourquoi ?
ZIAN CTI TOEPIE – Parlez-moi de lui. Qui étaient ses géniteurs, quel âge il a, comment il s'entendait avec l'instituteur qui a été tué...
GAELME – Il a six ans. Il s'appelle Hobin. C'est un amour. Ca m'a déchiré le cœur quand je l'ai vu, après la guerre, alors j'ai voulu l'adopter. Ca se passe très bien entre nous.
ZIAN CTI TOEPIE – Je voudrais lui parler. Seul à seul.
GAELME – Euh... oui... bien sûr ! Il est dans sa chambre. La première porte à droite dans le couloir.
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ZIAN CTI TOEPIE – Hobin ? Je peux entrer ? Ta mère est d'accord pour que j'entre et que je te parle au sujet du Zabrak retrouvé mort chez vous.

Zian Cti Toepie ne savait pas parler aux enfants.
Il n'obtint aucune réponse, mais décida d'entrer de lui-même. Hobin était un enfant Humain, aux cheveux blond cendré. Il était assis sur son lit avec un jouet entre les mains. Il regarda le Géonosien qui entrait dans sa chambre, et lui tourna le dos. Il n'avait apparemment pas envie de parler de cet événement, ou bien avait-il simplement peur du Géonosien. Zian Cti Toepie n'en tint pas rigueur, il referma la porte et alla s'asseoir sur le lit, à côté de l'enfant qui lui tournait le dos.

ZIAN CTI TOEPIE – Il faut que je t'interroge.

Bon, évidemment, cela ne suffit pas à obtenir l'attention du petit. Zian Cti Toepie ne se désarma pas et commença l'interrogatoire.

ZIAN CTI TOEPIE – Tu as perdu un camarade de classe et un instituteur. Tu as une idée de qui aurait pu vouloir les tuer ?

Il ne mettait pas les formes pour s'adresser à un enfant. Pour sûr, Zian Cti Toepie ferait votre pire baby-sitter. Comme prévu, il n'obtint aucune réponse. Hobin lui faisait-il la tête ? Zian Cti Toepie lui posa une main sur l'épaule, mais Hobin se dégagea.

ZIAN CTI TOEPIE – Il faut que tu me parles. Nous pouvons parler d'autre chose si tu veux. Si nous parlions de tes anciens parents ?

Cela faisait à peine un an qu'il était orphelin, et Zian Cti Toepie parlait de ses « anciens parents ». C'était pour le moins maladroits. Et encore, cette fois-ci, il n'avait pas dit “tes géniteurs” !
Fut-ce dû à cette formulation maladroite ou à autre chose, mais Hobin réagit violemment : il se tourna d'un coup face à Zian Cti Toepie, les sourcils froncés, et lâcha d'une voix cinglante :

HOBIN – Tu ne parles pas de mes parents !

Ouh là... Sujet sensible... Peut-être fallait-il creuser par là ?

ZIAN CTI TOEPIE – Comment étaient-ils ?
HOBIN – Tu ne parles pas de mes parents, je t'ai dit !

Hobin hurla presque. Ses yeux rougirent, mais Zian Cti Toepie aurait pu penser que c'était de tristesse s'il n'avait pas senti soudain une sorte de poigne au niveau de sa gorge. Cette poigne... La même que quand Darth Velvet avait utilisé sur lui un pouvoir de la Force... La même qui avait peut-être tué Jik, Gambel Tarando et le camarade de classe d'Hobin ?...

Ce fut le choc pour Zian Cti Toepie, qui réalisa en même temps qu'il étouffait, que le meurtrier était là, devant lui, et n'avait que six ans. Un enfant né sensitif à la Force, traumatisé par la guerre, et qui avait dû commencer à déclencher involontairement des pouvoirs par instinct sous l'effet de ce traumatisme, de la tristesse, et de la colère qu'il devait éprouver envers toutes les personnes qui essayaient de lui parler de ses défunts parents.
Il y avait eu Jik, venu faire le recensement. Forcément, il avait dû demander à l'enfant qui étaient ses parents, et quand il les avait perdus.
Il y avait eu l'instituteur, chargé de l'éducation d'orphelins de guerre. Il avait dû avoir le malheur d'aborder le sujet avec Hobin, comme sûrement avec d'autres enfants.
Il y avait eu un camarade de classe d'Hobin, tout aussi traumatisé que lui par la guerre, qui avait ressenti le besoin de parler de la famille.
Et ce jour, il y avait Zian Cti Toepie, venu enquêter sur les trois morts précédentes.

La différence avec sa confrontation avec Darth Velvet, c'est qu'il était cette fois tout près de la personne qui l'étranglait par la Force. A portée de bras. Sachant pertinemment qu'il n'allait pas pouvoir se défaire tout seul de l'emprise sur son cou, Zian Cti Toepie se saisit de son blaster et frappa l'enfant avec la crosse.

Il sentit sa gorge se desserrer et bondit du lit. Avant même de penser à faire le geste, il réalisa qu'il venait déjà de pointer son arme sur l'enfant.

« Pas de procès pour ces ordures. Un Sith, ou qui que ce soit qui a des pouvoirs comme eux. On veut pas de ça, ici. Alors si le coupable est un sorcier, qui que ce soit, éliminez-le. »
Qui que ce soit... Zian Cti Toepie avait demandé au chef de la milice si cet ordre restait valable au cas où le coupable serait membre de la milice. Il n'avait pas pensé qu'il serait utile de demander si ça restait valable au cas où le coupable serait un enfant.

Zian Cti Toepie entendit Gaelme s'écrier et se déplacer vers la chambre. La mère adoptive avait entendu des bruits inquiétants. Et pour cause...
Le Géonosien ne savait pas bien s'y prendre avec les enfants. Pour cause, de par sa race, il n'avait pas l'instinct de paternité, et pas la même sensibilité à l'enfance que les races mammifères telles que les Humains. Il avait totuefois conscience de ce que ça représentait. Il savait que tuer un enfant n'était pas la même chose que tuer un adulte. Même pour un Géonosien, ça sautait aux yeux : un enfant n'avait pas encore fini son développement biologique. Eliminer une vie avant sa maturité était injuste par essence.
Mais les ordres étaient les ordres. Zian Cti Toepie venait d'être attaqué par cet enfant et il aurait pu être sa quatrième victime. Et que pouvait-on faire ici, dans cette ville, pour lui ? Qui serait capable de contrôler, de brider, les pouvoirs que cet enfant n'était pas lui-même capable de contrôler car il ne savait même pas ce que c'était ?

Zian Cti Toepie aurait déjà pu avoir un cas de conscience à l'hôpital, mais ça ne l'avait pas atteint.
Et là, il devait affronter un autre cas de conscience.
Quelle mission, tout de même...

Une mission, oui.
Il était un mercenaire. Il n'acceptait pas n'importe quelle mission, mais celles qu'il acceptait, il les accomplissait froidement.

Alors...
Il tira.

Au moment où Gaelme entra dans la chambre, l'enfant s'écroula sur le lit, un trou fumant dans le front. Les hurlements de Gaelme, à s'en déchirer la gorge, indiquaient à Zian Cti Toepie qu'aucune explication ne saurait convenir. Il ne pourrait pas s'abriter derrière les consignes du chef de la milice.
Alors il quitta la maison. Avec le sentiment d'avoir fait ce qui devait être fait.

Ce n'est pas un enfant qui était mort. C'est un utilisateur de la Force coupable de trois meurtres parce qu'il n'avait aucun contrôle sur ses pouvoirs naissants.
Mission accomplie.
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