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L'aventure. L'excitation. Ces choses, un Jedi ne les désire point.

Alors que le soleil dardait ses derniers rayons sur Iziz, la capitale de la planète Ondéron, une fillette arpentait les rues de cette dernière l'air insouciant et visiblement curieuse du spectacle qui s'offrait à ses yeux d'enfant. Elle avait quitté sa robe de bure pour l'occasion afin de se mêler à la foule incognito. Il n'était pas question que les Jedi lui mettent la main dessus alors qu'elle faisait le mur ! Si sur le papier, son idée était bonne, dans les faits cela en fut autrement. Même habillée le plus simplement du monde, d'une petite robe blanche en l’occurrence, la fillette à la chevelure de feu se voyait comme le nez au milieu de la figure. Ce n'était pas forcément dangereux en soi mais son plan tombait à l'eau sans qu'elle en prenne conscience.

Ce n'était pas la première fois que Lily arpentait les rues d'Iziz. Cependant, quitter seule le temple, sans autorisation de surcroît, c'était une première ! La jeune hapienne était arrivée sur Ondéron il y a presque deux ans et pourtant elle ne s'était pas encore fait à son nouvel environnement. Il fallait avouer que passer de la cour de la Reine mère du Consortium à la vie presque monacale du Temple Jedi, ça faisait un sacré changement. Elle était passée d'une vie d'assistée où tout lui était offert sur un plateau à une société communautaire où les différences étaient presque gommées et ainsi basée sur une forme d'égalitarisme qui lui était complètement étranger. Lily faisait de son mieux pour rentrer dans le moule mais elle n'arrivait pas tout le temps à réprimer ses envies d'ailleurs, sa curiosité naturelle et son envie d'aventure.

Durant cette période plutôt chaude sur Ondéron, la populace sortait surtout le matin et le soir quand le thermomètre était plus clément. Ainsi les rues étaient bondées en cette fin d'après-midi. Les étales des commerçants débordaient de produits et de victuailles. Une délicieuse odeur exotique titillait les narines de la padawan. Cette dernière était aux anges. La simple visite de cette rue commerçante lui donnait l'impression d'être sur une autre planète. Ses yeux brillaient de milles feux et elle ne savait visiblement plus où donner de la tête, s'arrêtant au gré de ses envies et de la multitude de choses qui titillaient sa curiosité normale mais presque maladive. Lily se laissa tenter par quelques fruits dont la couleur lui rappela celle des lacs montagneux de Hapès et le parfum celle de ses forêts luxuriantes. Une petite vague de nostalgie s'empara alors de la fillette qui ressassa alors un passé pourtant loin d'être idyllique. Elle secoua cependant rapidement la tête pour chasser ces pensées négatives et ainsi reprendre son exploration.

Il restait tant de choses à voir ! Et peu de temps avant que le Temple ne s'aperçoive de sa fugue. Lily se demanda qui les vieux schnocks allaient bien envoyez à ses trousses. Elle espérait secrètement qu'il s'agisse de Myrtle, une très jeune Chevalier et accessoirement sa précédente victime. Cette dernière s'était avérée très réceptive à la Persuasion, un des rares talents de la petite hapienne. Le duo avait passé un agréable et long moment dans la jungle ! Un moment que la petite n'oublierait jamais. La Chevalier par contre...

Lily continuait sa route dans la rue commerçante, complètement absorbée par toutes ces choses qui la fascinaient. Elle était par contre très vulnérable, ne faisant clairement pas attention à ce qui se passait autour d'elle.
Karm Torr
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— Ah mais c’est que je suis très occupé.

Le Maître pointa un tentacule sceptique en direction des poteries que Karm avait entrepris de cataloguer.

— A mon avis, quelques heures de plus ou de moins, ça ne les perturbera pas, vos vieilleries.
— Antiquités, corrigea machinalement l’Ark-Ni.
— Il n’empêche.

Le jeune homme laissa échapper un soupir. Il l’avait senti venir. Quand le Maître avait débarqué dans les salles d’archivages de l’ExploCorps et s’était mis à fouiller partout à la recherche d’une Padawan disparue, Karm avait deviné que planer sur lui l’une de ces missions de sauvetage qui échoyaient invariablement aux Chevaliers des parages.

C’était un petit ballet où chacun avait son rôle : les Padawans d’Ondéron fuguaient, les Maîtres les cherchaient et trouvaient des Chevaliers à la place, qu’ils lançaient sur les traces des fugitifs. Karm avait fait le mur tant et tant de fois lui-même qu’il avait une sympathie naturelle pour les aventuriers en herbe, mais il n’ignorait pas pour autant qu’Iziz était une ville, toute calme qu’elle fût, était une ville pleine de dangers pour un enfant.

— OK, OK, c’est bon, j’y vais.

Les tentacules du Maître s’agitèrent de satisfaction et, un quart d’heure plus tard, le speeder de Karm se rangeait dans un parking de la ville. Normalement, la tâche ne devait pas être trop compliqué. Les habitants du coin avaient fini par bien connaître ce petit jeu quasi traditionnel et ils ne manquaient pas de remarquer les enfants et les adolescents un peu désorientés qui se faufilaient dans les rues et contemplaient tout avec de grands yeux éberlués. Il fallait dire que la plupart des Padawans n’étaient pas exactement des experts en camouflage.

— Torr, s’exclama une voix au détour d’une rue.
— Mady, répondit l’Ark-Ni, à mi-voix comme toujours, avant d’étreindre la transporteuse bakurienne qui épaulait parfois l’ExploCorps pour convoyer du matériel de fouille.
— T’es pas mort.
— Toujours perspicace.
— Non mais avec les batailles, t’sais…

L’Ark-Ni se contenta de hocher la tête.

— C’est la saison de la chasse, demanda l’humaine avec un sourire en coin ?
— C’est t’jours la saison d’la chasse avec les p’tits monstres. Tiens, t’aurais pas vu celle-là ?

Le Chevalier activa son petit holoprojecteur et le portrait de Lily se mit à tourner lentement au-dessus de son poignet. Mady l’observa attentivement avant de secouer la tête.

— Désolée. J’viens d’arriver. Tu veux de l’aide ?
— T’inquiètes, je vais me débrouiller. ‘Fin, si jamais tu la vois…
— Bien sûr. Je repars dans deux jours, on se voit avant ?
— ‘Sûr.

Nouvelle étreinte et les deux amis se séparèrent. C’était l’heure du tour des étals. Les premiers commerçants ne furent pas d’un grand secours mais l’un d’entre eux finit par lui indiquer que la petite avait pris telle rue. Et dans telle rue, on lui en indiqua telle autre. Un chemin commençait à se dessiner et Karm ne put s’empêcher d’être un peu inquiet. Lily était en train de se frayer un passage dans les quartiers un peu louches au sud du grand astroport. On était loin de Tatooine, mais Karm n’était pas rassuré pour autant. Il leva les yeux vers le ciel. Encore une bonne heure avant que la nuit ne commence à tomber. Il n’y avait pas de temps à perdre.

L’Ark-Ni hâta le pas.

— 100 crédit une heure, 200 crédits la nuit, 300 pour les lekkus.

Le regard de Karm se planta dans celui du type bedonnant qui venait de lui donner les tarifs de ses filles.

— Tu vas traiter les femmes avec plus de respect, murmura le Jedi, avec un léger geste de la main, et une pression dans la Force.
— Je vais… Euh…
— Traiter les femmes avec plus de respect.
— Hmm…

Echec.
Karm soupira.
Il n’avait hélas pas plus de temps à consacrer à cette énergumène. Il reviendrait. Plus tard. Peut-être. Le chevalier secoua la tête et s’enfonça dans le dédale des ruelles qui s’ouvrait à lui. A première vue, elles n’étaient pas très différentes de celles qu’il venaient de quitter : c’était encore les couleurs et les bruits, les marchands et les clients, mais là, dans les arrières-boutiques, on trouvait des caisses tombées du speeder, et, au détour des allées, d’autres dangers que les soldes guettaient les clients mécontents.

Et ce qui était certain, c’était que les commerçants se montreraient moins secourables avec un Jedi en enquête officielle. Karm s’assura que son sabre-laser était bien dissimulé dans les plis de ses vêtements et il s’abstint de poser des questions.
Karm Torr
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J’cherche une gamine.
Gros dégueulasse, je fais pas d’ça moi !
Non mais…
Dégage de ma boutique.
Madame, je vous en prie…


Mais Karm fut promptement chassé à coup de tapettes à mouche de la boutique d’antiquités louches. Résigné, l’Ark-Ni se glissa dans une nouvelle échoppe et adopta cette fois-ci une stratégie subtilement différente.


Ma nièce a disparu.
Et j’ai l’air d’être de la police ?
J’me suis dit que vous l’aviez p’têt vue.
J’ai vu personne.
Ben dites donc, ça marche pas fort le commerce, du coup.
Et mon poing dans ta gueule, ça marche fort peut-être ?


Repli stratégique.
Karm considéra avec une circonspection grandissante le troisième commerce de la rue, une gargote qui vendait des tronçons de lianes farcies à emporter, spécialités des bas quartiers d’Iziz. Après une profonde inspiration, et armé de tout son courage, le Chevalier écarta le rideau de perles translucides qui barraient l’entrée de l’établissement et pénétra dans les odeurs de friture.


Un holoprojecteur hors d’âge diffusait tant bien que mal une rencontre sportive dans un coin du comptoir derrière lequel un Sullustan bedonnant tartinait avec beaucoup de zèle des morceaux de liane tranchées en deux.


Et ce s’ra quoi pour le p’tit jeune homme, demanda-t-il d’un ton jovial qui rendit Karm un peu plus optimise ?
L’végé spécial, répondit stratégiquement le Jedi.
Piquant ou pas piquant ?
Pas piquant.


D’un regard circulaire, Karm constata qu’il était seul dans le restaurant. Il s’installa sur l’un des tabourets près du comptoir et, du ton le plus dégagé possible, demanda :


Dites, v’z’auriez pas vu passer une p’tite ? Ma sœur, elle devait m’attendre à la sortie de l’école, je sais pas où elle est partie se fourrer.
Une petite ?
Ouais. Blonde.
Grande comme ça, fit le cuisinier en mimant avec sa main, et pui savec une bouille d’ange, les yeux bleus et tout ça ?
Pas tout à fait bleu comme les miens, mais ouais, c’est l’idée.
Pour sûr, elle a pris une liane sucrée.
Sérieux ?
Mais oui, y a pas une demi-heure.
Savez pas où elle est partie, des fois ?


Le Sullustan haussa les épaules.


Me suis retourné pour encaisser, elle s’était volatilisée. Ça me rassure que quelqu’un la cherche, parce que c’est pas un quartier où ça devrait traîner, les gamines seules. Tiens.
[center]N.B. : Ce message vient clôturer un sujet laissé inachevé par la disparition de l’autre joueur-se.[/cente]




Karm échangea ses crédits contre sa liane végé, avant de quitter l’établissement. Voilà qui ne l’avançait guère, mais il avait au moins la certitude d’être sur le bon chemin. Après avoir fourgué son repas à un mendiant, le Jedi considéra patiemment les alentours. Se mettre dans la tête d’une enfant n’était pas pour lui un exercice très évident. À l’âge de Lily, il avait déjà été astreint à un rythme de vie militaire par sa Maître et jamais il ne lui serait venu à l’esprit d’aller fureter par lui-même dans les rues de la capitale d’Ondéron.


Qu’est-ce qui pouvait attirer une cabine ?


La boutique de vibrolames de chasse d’occasion ? Probablement pas.
Le Voluptuous Twi’Lek Club ? On pouvait espérer que non.
Ce type qui ouvrait largement son manteau de lieutenant de l’armée pour dévoiler des rangées de seringues inquiétantes ? Karm était prêt à parier le contraire.


Mraou.
Quoi, mraou ?
Mrrrrrrrrraou.


Karm baissa les yeux vers le tooka qui venait de se frotter contre lui, essentiellement, supposa l’explorateur, parce que désormais il sentait fort la friture.


Hmm, fit-il pensivement.
Mrraou, fit le tooka.
T’as pas des potes, toi, par hasard ?
Mraou ?
J’te l’fais pas dire.


Le tooka lui tourna le dos et s’étira de tout son long, en agitant l’arrière-train, et après avoir consciencieusement exposé son anus au regard pensif du Chevalier Jedi, s’engagea en trottinant sur des escaliers de pierre qui montaient de façade en façade le long d’un immeuble, pour atteindre les toits où d’autres animaux bataillaient avec des oiseaux. Ça, Karm était prêt à en mettre sa main à couper, c’était un attrape-Padawane en goguette.


L’explorateur emboîta le pas au félin, pour la chasse la moins épique de sa carrière. Quelques minutes plus tard, il émergeait sur ces étagements de terrasses que formaient les toits des immeubles pauvres d’Iziz. Là, on étendait son linge sur du vieux fil métallique récupéré dans les décharges des astroports et on construit des épouvantails avec des pièces rouillées de droïdes hors d’usage, pour dissuader les volatiles de venir se soulager sur les chaussettes propres.


Là, aussi, on trouvait, manifestement, des Padawanes aux abonnées absentes.


Lily.


Le Chevalier s’approcha de la jeune fille, consciencieusement occupée à caresser à tooka composé de plus de puces que de tooka.


Ça fait un moment que j’te cherche, tu sais, dit-il en s’accroupissant à ses côtés.
Mraaou, répondit le tooka.
Et la nuit va bientôt tomber. On ferait bien de rentrer au Temple.
Mrrrrrrrr.


Est-ce que ce matou était en train de s’éviter au sein de l’Ordre Jedi ?


Karm croisa le regard de la jeune fille.
Un regard plein d’espoir.
Pas la peine de lire dans ses pensées.


Tu sais, c’est bien de vouloir protéger toutes les créatures, mais en les protégeant, il faut pas décider de devenir leur maîtresse ? Tu peux soigner le tooka, mais il faudra pas s’attacher à lui au point de plus pouvoir lui rendre sa liberté, si un jour il veut retourner vagabonder dans la rue, tu vois ce que je veux dire ?


Ce n’était pas à strictement parler une interprétation orthodoxe du credo jedi, mais c’était à peu près le discours le plus respectable que Karm fût capable de tenir.


Moi c’que j’te propose, c’est que s’il veut te suivre, on aille ensemble voir un des vétérinaires de l’AgriCorps, et tu lui demandes de te montrer comment on en prend soin ? Et après, on voit ce qui s’passe, ça marche ?
Mrraou, consentit le tooka, qui après tout se sentait le principal concerné dans cette affaire.


Et ainsi Karm, qui était parti chercher une Hapienne miniature, revint avec un sac à puces en bonus.
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