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"Quelle noblesse d'avoir un ami, mais combien plus noble d'être un ami."

Yath Von s'était levé aux aurores, encore plus tôt que d'habitude. Il avait même rogné sur son temps de lecture la veille au soir et s'était même, une fois n'est pas coutume, endormi sur le lit de ses appartements. Il avait appris récemment que Luke serait au Temple Jedi ce jour-ci, et il comptait bien trouver le temps de passer du temps avec lui. La plupart du temps, celui-ci se trouvait en mission dans les confins de la République, si ce n'était encore plus loin, et ses apparitions sur Ondéron se faisaient de plus en plus rares alors que la galaxie s'enfonçait peu à peu dans le chaos et que la République demandait de plus en plus l'aide des Jedi pour rétablir l'ordre face à l'Empire et son expansionnisme violent. Le Kel Dor, lui, n'était que très rarement en mission, et il était encore plus rare qu'il s'éloigne durablement d'Ondéron et du confort sécurisé d'un temple rempli de chevaliers et de maîtres Jedi en permanence. Par conséquent, les entrevues entre les deux amis étaient pour le moins rares, par conséquent d'autant plus appréciables quand elles se produisaient. Le Padawan avait invité son ami à une séance de méditation où ils pourraient, tous deux, se concentrer et se détendre. Bien sûr, ces séances collectives n'avaient jamais pour unique but la méditation : après la séance, ils finissaient toujours par se balader dans les couloirs du temple pour discuter. Parfois, ils restaient simplement assis l'un en face de l'autre pour faire la même chose.

Ladite séance de méditation se déroula par ailleurs sans encombre aucune. Assis en tailleur, son sabre laser posé en face de lui, le Kel Dor avait longuement médité et ne s'en retrouvait que plus calme et posé, comme délesté de la pression que pouvaient ressentir tous les Padawan lors de leur formation. Non content d'avoir ressenti la Force très présente dans le temple et dans sa salle de méditation, il avait pu sentir la chaleur de la Force de son ami qui, s'il était chevalier Jedi, pouvait se vanter également d'avoir une véritable osmose avec la Force tant celle-ci était puissante en lui. Cela ne l'avait rendu que plus calme. En rouvrant ses yeux, dissimulés derrière les protections de son masque anti-Ox, l'atmosphère semblait plus claire, purifiée de toute pensée négative. Les couleurs semblaient d'ailleurs plus vives, comme si la salle entière avait été nettoyée au peigne fin par une puissante vague d'eau pure. Le Kel Dor se redressa et s'assit sur ses talons, puis il récupéra son sabre laser qu'il prit soin d'attacher fermement à la ceinture de sa bure beige, sa préférée. Il tourna la tête vers son ami qui semblait lui aussi plus calme et reposé. Nul doute que cette séance de méditation lui avait fait le plus grand bien. Après tout, toutes les missions et les obligations qu'il devait remplir en tant que chevalier Jedi devaient forcément lui peser au bout d'un moment, qu'importe le fait qu'il était un Jedi diligent, toujours prêt à servir son Ordre et à travailler d'arrache-pied pour s'améliorer.

Une fois assuré que son sabre était bien attaché, Yath appuya les mains sur le sol puis se releva lentement, comme s'il voulait ne rien brusquer par ses gestes. Il s'étira comme quelqu'un qui venait de se réveiller et se retourna vers son coreligionnaire et ami, s'attardant sur les traits fins de son visage. Il lui avait été plusieurs fois rapporté que celui-ci était considéré comme un canon de beauté incarné parmi les humains et proche-humains, due à son appartenance à l'espèce des Hapiens. En tant que Kel Dor, il n'avait aucune attirance pour les êtres humains (et ceux-ci le lui rendaient bien) mais il pouvait comprendre ce que la gent féminine pouvait lui trouver de séduisant. En tant qu'enfant de Dorin, le Padawan Yath ne semblait pas faire partie des plus moches, loin de là. Il était, disons, dans la bonne moyenne. Après avoir regardé le visage de son ami, il porta son regard à travers l'une des nombreuses gigantesques fenêtres de la salle de méditation dans laquelle ils n'étaient que les deux. Le soleil brillait et, fait relativement rare sur une planète tropicale comme Ondéron, on ne pouvait pas distinguer un seul nuage à l'horizon. C'était, et c'est le moins que l'on puisse dire, un temps idéal pour se promener et bavarder dans les magnifiques jardins du temple dont Yath avouait modestement qu'il était en partie responsables de leur beauté, lui qui aimait tant s'occuper des plantes et des fleurs qui s'y trouvaient.

"Je te sais très occupé, mais peut-être as-tu le temps pour que nous marchions ensemble dans les jardins, déclara le Kel Dor. Vu le temps qu'il fait, ce serait malheureux que nous n'en profitions pas."

Il était encore tôt, et peut-être que Luke avait tout le temps qu'il fallait pour que les deux amis se retrouvent dans le parc du temple. Peut-être, d'ailleurs, désirait-il faire autre chose dans l'immédiat ? Aller manger un morceau, s'entraîner ? Continuer à méditer, peut-être ? Ou simplement, que Yath et lui s'asseyent tranquillement au milieu de la salle de méditation pour discuter calmement, à l'abri des rayons tapageurs du soleil. Après tout, là aussi, c'eût été bête de ne pas profiter d'avoir une salle pour eux tous seuls : la fréquentation du temple rendait ce fait relativement rare.
Luke Kayan
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Karm, Saï, Wen, Yath. Le nombre d'amis de Luke se comptaient sur le doigt de la main

- Bonjour Yath,

Ainsi allait le rituel de leurs retrouvailles, inchangé depuis les 5 ou 6 ans qu'ils se connaissaient. Luke avait rencontré le Kel'Dor tandis que ses 20 ans et la fin de sa formation approchaient. Particulièrement nerveux à cette époque, il avait apprécié la séance méditative qui les avaient rapproché. Si au début, partager la salle l'avait irrité - et il se souvenait du sentiment de culpabilité l'ayant envahi, confronté à son égoïsme passager.- le jeune Jedi avait beaucoup aimé la rencontre fortuite. Les deux garçons avaient ensuite traînaillé, ce qui n'était ni dans les habitudes de l'un, ni de l'autre. De nombreux points communs les liaient, notamment leur voie, celle des Consulaires, souvent décriée par les Gardiens ou pire encore, les Ombres. Ils avaient discuté de la Force, de l'Histoire de leur Ordre, philosophé et peut-être même avaient-ils fini par manger ensemble, Luke ne se rappelait plus de ce détail. Par la suite, de façon certes épisodique mais fidèle, lui et le Kel'Dor avaient continué de se donner rendez-vous. des fois c'était le cadet qui prenait les devants, pour les autres occasion, c'était l'aîné, se rendant compte de la présence de son ami dans les parages. Un lien suffisamment solide s'était forgé pour parler d'amitié, bien que Yath ignore encore de nombreuses choses à son sujet, Luke avait confiance en lui. Les détails dont il n'avait jamais parlé lui paraissaient plus inintéressants que dignes d'être racontés, ils concernaient tout le versant de sa vie privée, Karm entre autres.

La fin de séance laissa Luke reposé. Une fatigue sereine parcourait ses muscles détendus. Cette fois l'effet n'avait pas été aussi frappant puisque qu'il apprenait à s'équilibrer davantage aux côtés de l'Ark-Ni, se faisait à l'idée d'avoir son apprenti et appréciait sa vie de Chevalier. Les grands drames n'avaient pas frappé à sa porte depuis un certain temps, il retrouvait sa place, appréciait son équilibre. La méditation lui avait donc surtout servi à retrouver sa grande amie mystique: la Force ainsi que son collègue en chair et en os: Yath. Autant joindre l'utile à l'agréable.

- Nous pourrions rester un peu ici, puis sortir dans le parc, j'ai envie de sentir le parfum de la floraison.

En tant qu'aveugle, Luke donnait plus d'importance à ses autres sens. Le printemps était un délice pour une personne aussi contemplative que lui. Il appréciait passer son temps sous les rayons du soleil -son unique passion, gamin.- jouer avec la vie par le biais de la Force au bord du lac, et observer la croissance de la végétation à sa manière. En ce qui concernait son camarade, le Hapien s'intéressait aussi à son évolution, évidemment. À défaut de pouvoir regarder les stigmates de l'adolescence disparaître de sa peau parcheminée -à l'instar des entrelacs de muscles d'un cerveau selon la description de certain.- il suivait les avancées de son ami.

- Comment se passe ta formation?

Côté études, le Hapien ne s'inquiétait pas, le Kel'Dor était extrêmement studieux, encore un trait commun qui les avaient rapprochés. Il sourit, à personne en particulier, simplement rêveur. Peut-être s'adressait-il au passé, ou à l'instant présent, tout aussi agréable. Calme et apaisé, il abordait cette journée avec bonne humeur, ce qui se traduisait chez lui par cet air songeur, et des cheveux lâchés d'ailleurs. Ceux-ci avaient eu le droit, aujourd'hui, de cavaler librement sur ses épaules fines quoique légèrement moins frêles. L'entraînement au sabre-laser et les explorations avec Karm portaient leurs fruits.

- Tu as encore le temps avant que ton maître ne te propose de passer les épreuves de chevalerie, mais tu le sais sans doute, mieux vaut commencer trop tôt plutôt que tard. Si tu as besoin de quoique ce soit, tu sais déjà à qui demander. Humpf, enfin sauf pour des cours au sabre-laser.

Le jeune homme eut un petit rire tandis qu'il se moquait gentiment de sa propre personne. Certes, l'Ark-Ni l'aidait à progresser, mais il restait incapable de faire des miracles. Mieux valait donc pour un Padawan aussi avancé que le Kel'Dor de choisir un meilleur professeur pour manier la lame. Luke le surpassait peut-être dans le domaine, mais de peu, sans aucun doute.
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Luke avoua à son ami Kel Dor qu'il comptait rester quelques instants dans la salle, profiter un peu qu'ils y étaient seuls tous les deux. Ce dernier n'objecta pas, il trouvait l'idée tout à fait recevable, puis il s'agenouilla en s'asseyant sur ses talons, cette fois-ci en face du chevalier. Il avoua nénamoins qu'il avait envie de se rendre dans le parc du temple par la suite afin d'y apprécier les embruns printaniers. Il était vrai, et il arrivait parfois à Yath de l'oublier, que Luke ne pouvait apprécier les fleurs que par rapport à leurs odeurs. L'aisance avec laquelle Luke se déplaçait et interagissait avec son environnement était tant et tant naturelle et simple que l'on pouvait parfois s'y méprendre et croire que son sens de la vue était intact. La Force semblait avoir aiguisé à l'extrême, davantage que son handicap, les sens qui lui restaient comme l'odorat ou l'ouïe, et même les Jedi les plus discrets ne pouvaient décemment arriver à tromper la vigilance du chevalier Jedi, même s'il était déjà difficile de surprendre un Jedi bien entraîné et en phase avec la Force, aveugle ou non. Le Kel Dor, lui-même, avait vu sa vision du monde progressivement changer au fur et à mesure qu'il progressait dans les voies de la Force. S'il se concentrait suffisamment, il pouvait presque entendre les cellules des plantes naître et grandir, se diviser ou mourir. C'était, en somme, ce qu'était la Force car celle-ci entrait en toute chose, traversait toute chose, vivait en toute chose.

La première fois qu'il la ressentit telle quelle, il n'avait pu empêcher d'être émerveillé face à cette substance invisible, à la fois omniprésente et essentiellement incompréhensible. Voir, ressentir, manipuler la Force, c'était contempler l'univers. Depuis ses premières expériences du genre, Yath Von avait eu à coeur de tenter de comprendre la nature de cette Force, primordiale et universelle. Il n'avait eu que des débuts d'indices, rien qui ne pouvait ne serait-ce qu'effleurer la véritable vérité de la Force. Lui qui aimait tant trouver des réponses à ses questions, le Padawan se rendait à l'évidence : il n'y avait certainement aucun être assez sage dans l'Univers pour trouver une réponse définitive à tout ça. Il se demandait si les galaxies les plus lointaines étaient elles aussi liées à la Force, si les êtres qui vivaient sur les planètes aux confins de l'Univers pouvaient également la ressentir, y être sensible. Peut-être pas. Peut-être que des milliards de millions d'individus, dans une galaxie très lointaine, n'avaient pas conscience du pouvoir qui maintenait l'existence du monde.

Luke posa la question fatidique à Yath, celle qui revenait le plus souvent. A vrai dire, à chaque fois que les deux Jedi se rencontraient. Il demandait comment la formation de ce dernier se déroulait. Il ajouta, d'ailleurs, que le maître de Yath n'allait pas tarder à lui faire passer les épreuves que tout Padawan passait à la fin de sa formation pour accéder au rang de chevalier. Sans qu'il ne le veuille, Luke avait touché pile là où les doutes de Yath convergeaient en ce moment : il n'avait plus de maître. La relation entre le Kel Dor et son ancien maître avaient subi un long mais important déclin, à un point tel que chacune de leurs rencontres finissaient par un débat houleux, presque violent, quant à des questions politiques qu'il est inutile d'étayer ici : elles ne trouveraient pas de réponse de toute façon. Et Yath Von n'avait d'ailleurs aucune envie d'en parler à ce moment précis, l'instant était trop précieux pour être gâté par des considérations politico-philosophiques quant aux évènements graves qui se déroulaient, ces derniers temps, dans la galaxie.

Peut-être que Luke avait appris ce qu'il s'était passé : le recours au Conseil pour trancher la question, la décision de celui-ci qui avançait que le Kel Dor avait le droit d'avoir un nouveau maître à la condition qu'il en trouve un lui-même, et la crainte que celui-ci avait de devoir achever sa formation avec un maître qui ne l'estimait plus du tout. Il resta silencieux un bon moment, comme s'il désirait chercher la meilleure réponse possible tout en sachant qu'il n'y en avait pas vraiment. Il avait encore un peu honte que les choses se soient passées ainsi, et il essayait d'évoquer les évènements qui avaient conduit au "schisme" entre lui et son maître le moins possible. Il se disait, toutefois, que s'il y avait une personne capable de comprendre son point de vue, à défaut de le justifier, ce serait son ami.

"Ma formation ne se déroule pas comme je le désirerais, je le crains, souffla le Kel Dor de sa voix rauque et aggravée par l'amplificateur vocal de son masque. A vrai dire, moi et mon maître avons... divorcé. Si je veux terminer ma formation, je dois trouver un nouveau maître qui consent à me prendre sous son aile..."

Il tourna la tête vers son ami dont le regard fixait l'horizon, comme s'il digérait l'information ou s'il était pensif. Yath baissa les yeux, son regard alourdi par l'embarras. Il lui arrivait régulièrement de repenser aux conflits qu'il entretenait avec son ancien maître et pensait souvent à aller le voir, s'excuser platement. Puis il pensait aux nombreuses divergences qui opposaient les deux Jedi et il finissait par se raviser en se disant, sans doute à raison, que la trêve ne durerait qu'un temps avant que le conflit ne redémarre de plus de belle. Il releva les yeux et fixa l'horizon au-delà des grandes glaces de la salle de méditation. Les rayons chauds du soleil qui parvenaient à transpercer les vitres chatouillaient son visage, agréablement. Ceux-ci arrivaient à lui donner du baume au coeur et même, du courage. Il se retourna à nouveau vers son ami.

"Mais je ne m'inquiète pas pour ça, tempéra le jeune Padawan. Je suis même sûr que je trouverai un maître volontaire. Ce n'est pas ce qui manque dans ce temple, après tout."

Il décida de changer rapidement de sujet. Après tout, Luke n'avait sans doute pas accepté que les deux amis se retrouvent pour que l'un écoute les jérémiades de l'autre. Sans doute son ami avait quelque histoire bien plus palpitante à lui narrer : une mission dans la Bordure Extérieure, des rencontres fortuites avec quelques-unes des innombrables âmes que comporte cette petit galaxie.

"Et toi, mon ami ? Qu'as-tu donc de neuf à me raconter ?"
Luke Kayan
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Luke avait du mal à croire ce qu'il écoutait. Il dût se contrôler pour ne pas laisser son visage naturellement exprimer sa surprise. Le cas exposé par Yath était extrêmement rare. Il y avait bien des maîtres déçus par leurs Padawans, trop faibles, passifs ou dont la voie divergeait par rapport à la sienne, de telle sorte qu'ils se sentaient incapables de guider correctement ce dernier. Mais... Des mésententes politiques? Depuis quand les Jedis étaient-ils si subjectifs dans ce domaine que cela les poussaient à se déchirer. Discrètement mais de manière toute aussi convaincue, le Consulaire défendait la neutralité de l'Ordre, son indépendance vis-à-vis de la République. Si admiratif avait-il pu être des nerfs d'acier d'Halussius ou de la rigueur d'Alyria Von, le Chevalier ne comprenait pas ce que l'Ordre avait à faire dans ce secteur. La Force aux Jedis, la Politique aux Sénateurs selon sa devise. Imaginant toutefois que les altercations entre Yath et son maître ne s'arrêtaient pas à de simples questions politiques et que cela devait être très grave pour que le Kel'Dor refuse de supporter davantage la situation, Luke hocha tristement la tête, assimilant les informations. Ses yeux se braquèrent soudain sur l'appareil qui cachait ceux de son interlocuteur et sa respiration se coupa un instant. Il fut obligé de laisser filer un silence sous peine de parler en tremblant, puis s'efforça d'exprimer clairement ses craintes, aussi soudaines que réalistes, hélas, il le savait après avoir connu Karm.

- Il n'y a rien eu d'autres entre vous? Je veux dire... - la gorge sèche le Chevalier se sentit toutefois réconforté du ton de sa voix, calme, réconfortant mais aussi déterminé.- Des débordements?

Si le Kel'Dor était parti à cause d'éventuelles maltraitances, il faudrait ouvrir une enquête car Luke ne laisserait plus personne subir de mauvais traitements. Il n'était pas paranoïaque et en était conscient hélas, même chez les Jedis ce type de cas arrivait, or Karm en était la preuve vivante. Si Que ce soit par honte, par crainte ou parce que c'était la vérité Luke devait s'assurer que Yath avait bien "divorcé" -quel étrange terme!- de son maître pour des divergences d'ordre spirituelles.

Une onde de Force appuya ses propos, invitant l'adolescent à se confier sans l'y forcer, puis l'émoi du thème retomba légèrement, laissant place à un autre type de pression. Luke ne voulait ni se résoudre à mentir au Kel'Dor, ni perturber sa formation déjà difficile avec des histoires qui pourraient lui donner de mauvaises idées. Pour l'instant Yath n'avait nul besoin de copier son aîné, trouver une compagne parce que celui-ci lui en aurait donné l'idée. De plus, il avait quelque part peur du jugement de son cadet. Le Hapien choisit donc une autre vérité, toute aussi douloureuse vu le contexte, mais cette fois-ci, il devait parler, peut-être pour se justifier de ne pas sauter sur l'occasion pour proposer à Yath de le prendre sous son aile. Il y avait pensé en un éclair quand ce dernier avait avoué ne plus s'entendre avec son maître et en chercher un, mais en plus de ne pas se sentir prêt, il y avait une autre raison -pour laquelle il ne se sentait pas tout à faire encore prêt non plus. -

- Et bien j'ai un Padawan, un adolescent de 16 ans. C'est le Conseil qui nous a disons... Présentés. Si cela ne fonctionnait pas, je pouvais le refuser et lui de même. Seulement, malgré le fait que ce soit Gardien en devenir, nous nous entendons bien, il n'y aucune raison à ne pas pousser l'expérience plus loin.

Le jeune homme haussa les épaules, léger tic nerveux qu'il n'avait pu contrôler à défaut des autres sagement retenus dans sa poitrine. Un Chevalier ne pouvait évidemment pas se mettre à pleurer ou enlacer un adolescent contre son coeur en le berçant pour lui promettre que tout irait bien. C'était pourtant ce que Luke avait plus ou moins envie de faire avec Yath, tant la surprise et la peine avait chaviré son coeur. S'il transposait cette situation à sa relation avec Saï, le Hapien ne voyait guère comment le supporter, d'où son empathie subjective. Heureusement son caractère couple à son entraînement lui permirent de seulement envoyer une Onde réconfortante -et un peu coupable -à son vis-à-vis.

- Tu trouveras quelqu'un j'en suis certain. Beaucoup de Maîtres ne veulent pas prendre un trop jeune enfant, parce qu'il faut tout commencer depuis le début et que c'est délicat. Il y a également de nombreux Consulaires ou Historiens dans le Temple, tu pourrais commencer par leur proposer ton assistance afin qu'ils s'habituent à toi, te connaissent et reconnaissent aussi tes capacités puis finissent par te prendre comme élève.

Un sourire habilla les lèvres du Hapien qui reprenait confiance. Il croyait ses mots, son ami trouverait forcément un maître qui le valoriserait à sa juste valeur.

- Mais si tu veux un conseil, évite de discuter de politique avec.

Le jeune homme se demanda si sa blague, sortie seule de ses lèvres sur un ton flegmatique, n'était pas un peu déplacée. L'humour Ark-Ni l'avait décidément influencé. La fraîcheur de la salle et le silence les enveloppèrent le temps que Yath réponde, Luke mesurait quant à lui la portée des actes probables du Kel'Dor. Il y avait un risque pour que les maîtres le refusent, connaissant ses divergences avec son précédent maître. Comment tous deux avaient pu en arriver là? C'était insensé, et surtout, Yath était une personne posée, apte à discuter, raisonnable. Soit son ancien mentor était un fieffé imbécile, soit son comparse était plus têtu qu'il ne l'aurait imaginé. Au moins ce n'était pas un fourbe capable de se taire, faire des courbettes pour continuer sa formation et attendre de la terminer pour tout jeter à la tête dudit maître, mais cette situation l'interloquait. Entre Ses'Kai, le chevalier violent, Tavaï la Maître recherchée et maltraitante, et désormais le guide de Yath, l'Ordre cumulait les soucis et les comportements inattendus.
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Yath l'avouait intérieurement : l'idée de demander à Luke de devenir son maître lui était passé par la tête. Après tout, ils avaient les mêmes inclinations quant à l'étude de la Force et ils se portaient tous deux une estime et une affection mutuelles qui sont importantes dans le lien qu'un maître et son apprenti doivent créer lors d'une formation. Mais le Kel Dor, au-delà de la timidité qu'il avait à demander une telle chose à qui que ce soit, avait également peur que la relation tourne au vinaigre comme celle qu'il avait eue avec son ancien maître. Après tout, le chevalier Jedi était l'un de ses très rares amis et, s'il appréciait la solitude, il appréciait tout autant les quelques fois où les deux se retrouvaient, dans les jardins ou les couloirs du temple, pour discuter et prendre des nouvelles l'un de l'autre. Cette relation, que le Padawan savait privilégiée, faisait partie des rares choses auxquelles celui-ci ne désirait en aucun cas renoncer, sous aucun prétexte que ce fût. Luke posa une question délicate à Yath, usant d'euphémismes pour éviter que celle-ci semble inquisitrice. Le Padawan ne ressentit aucune agression, par ailleurs il était flatté que son ami se soucie tant de son bien-être, mais il trouva que le questionnement n'était pas légitime. Certes, certaines des disputes étaient mouvementées, et il y eut de la violence dans les propos. Mais jamais Yath n'aurait osé lever la main sur son propre maître, et il était certain que l'inverse ne se serait jamais produit, quoi qu'il se passe.

"Ne t'inquiète pas, objecta le Padawan d'une voix posée, jamais il n'aurait osé une chose pareille. Nous avons certes nos torts tous les deux, mais aucun d'entre nous n'a pensé à un seul instant à..."

Le Kel Dor n'avait pas daigné terminer sa phrase. De toute façon, les deux jeunes gens savaient parfaitement de quoi ils parlaient et le fait de terminer cette phrase par des mots enclins à l'imagination d'une telle violence était inutile. D'ailleurs, même si le conflit s'était fait insupportable au point de faire obstacle à la continuité de la formation du jeune Padawan, ce dernier gardait encore, bien qu'il avait du mal à le dire, un grand respect pour son maître, ainsi qu'une infinie gratitude. Celui-ci lui avait enseigné de nombreuses choses qui finiraient un jour par lui sauver la vie, et le Kel Dor espérait seulement lui avoir appris quelque chose aussi, comme cela doit se faire dans les relations entre maître et Padawan. Quand il repensa à toutes les choses qui s'étaient passées, bonnes comme mauvaises, entre lui et son ancien tuteur, il ne put s'empêcher de lâcher un soupir long, sourd, sonore car amplifié par le système du masque respiratoire. Il ne pouvait s'empêcher de manifester son regret et sa lassitude quant à la situation dans laquelle il se retrouvait présentement, pensant qu'il était, en vérité, bien plus coupable que son maître à propos de tout cela. Après tout, si le Kel Dor avait décidé de laisser passer les propos de son maître la première fois que les divergences d'opinion se manifestèrent, sans doute ne se serait-il rien passé par la suite, et sans doute qu'il serait encore dans le giron de son maître aujourd'hui. Luke répondit ensuite à la question de son ami et évoqua son Padawan. Malgré leurs différences de corps, l'un étant un pur consulaire et l'autre se vouant à emprunter le chemin des Jedi Gardiens, il avouait que l'expérience était bonne et qu'une fraternité s'était créée entre eux. Le Kel Dor ne put s'empêcher, un court instant, d'envier cette complicité qui lui avait tant fait défaut, mais il ressentit également un soulagement de voir que son ami chevalier n'avait pas à subir ces choses-là.

"Ton Padawan a beaucoup de chance de t'avoir, annonça-t-il d'une voix doucement enjouée. Je suis sûr que tu deviendras un excellent maître Jedi plus tard."

Il pensait véritablement ce qu'il disait et ce n'était nullement un souci de flatter ou de faire plaisir qui lui avait fait prononcer ces mots. Il estimait que Luke, par son caractère posé et la sagesse qu'il exsudait, ne pouvait devenir qu'un professeur respecté et respectable. Et bien qu'il fut encore trop jeune pour intégrer les rangs des maîtres Jedi ou le Conseil, il savait que ce n'était qu'une question de temps avant que ce ne soit le cas. Luke tentait d'ailleurs plus ou moins de rassurer le Padawan, comme s'il portait sa responsabilité en tant qu'aîné dans l'Ordre. Yath appréciait l'effort que son ami déployait pour tempérer les conséquences de la situation, tentant au passage de l'assurer qu'il trouverait bien assez vite un maître Jedi. Yath en était convaincu. D'ailleurs, cette situation dont il était lui aussi en partie responsable l'avait fait mûrir sur de nombreux sujets. Il savait, au fond de lui, que le comportment qu'il avait fini par adopter vis-à-vis de son maître était indigne d'un Padawan de son âge et seule une fiertée mal placée l'empêchait, encore aujourd'hui, d'aller se présenter à plat ventre devant son maître dans l'espoir que celui-ci accepte ses excuses les plus sincères. Mais le Kel Dor avait à coeur d'y remédier pour pouvoir, un jour, faire ce qu'il avait à faire. Mais pour cela, il devait encore grandir. Car il restait malgré tout un enfant, avec ses caprices. Il remercia intérieurement Luke pour ses mots réconfortants. Il n'y avait pas besoin de le dire, après tout. Luke ressentait certainement toute la gratitude que le Padawan ressentait à son égard. D'ailleurs, le Chevalier ne put s'empêcher de terminer par une pointe d'humour qui fit sourire, derrière son imposant masque anti-Ox, le Kel Dor qui n'en tint pas une seconde rigueur à son ami qui avait raison, après tout, de désirer rendre l'atmosphère moins lourde.

"A partir de maintenant, je discuterai botanique. Bien moins sujet à polémique."
Luke Kayan
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Soulagé que son ami n'ait subi aucune violence, l'ancien enfant battu -Yath n'en savait rien.- soupira d'aise. La Force qui voyageait entre eux lui indiquait que le Kel'Dor ne mentait pas. Cet épisode malheureux trouverait donc son dénouement en huit-clos, entre ce dernier et l'ancien mentor. Si "curieux" soit Luke à propos de la détérioration de cette relation- il imaginait difficilement comment ceci était possible- le Jedi ne voulait pas insister.

- Hum, en attendant, pauvre Padawan obligé de travailler avec... Le Somnifère.

En reprenant le pseudonyme qu'on alliait à son personnage dans les dortoirs, Luke avait levé les bras, recroquevillé ses doigts comme des griffes et il agitait le tout à la manière des monstres, caricature commune des monstres d'holofilm. Une preuve si discrète qu'il en avait un jour vu, du coin de l'oeil, avec le fils d'une "amie" de sa mère. Le jeune homme souffrait moins de sa réputation un peu douteuse chez les adolescents qui craignaient ses discours passionnés sur la Force, d'autant plus que les rumeurs s'étaient calmées au fil du temps. Celle qui courrait disant que le Consulaire effectuait désormais des missions sur le terrain en compagnie de Karm le-super-explorateur-qui-a-tout-vu-et-raconte-trop-bien-les-aventures n'y était pas étranger. Des gamins assoiffés de duels et d'histoires fantastiques -mais réalistes!- l'avaient déjà approché pour l'interroger sur l'Ark-Ni. Si son compagnon manquant de confiance en lui connaissait l'étendue véritable de sa célébrité, il pourrait en devenir prétentieux. Même si la dernière aventure narrant la mission de Karm en sous-vêtements était moins... chatoyante à ses yeux. M'enfin pour ce que ses yeux valaient.

- La botanique est très intéressante. Enfin ça dépend desquelles... Kar... Le chevalier Torr et moi avons rencontré un spécimen déchiré entre son identité de plante et d'animal, une espèce de symbiote qui a essayé de fusionner avec moi. C'était une charmante demoiselle, mais la relation évoluait trop vite. Je l'ai compris quand elle a essayé de m'étouffer avec ses racines, ou tentacules.

Confia-t-il avec un air faussement mélancolique, comme s'il se rappelait effectivement d'une jolie femme un peu trop téméraire qu'il aurait dû quitter pour échapper au mariage. Un rire suivi l'idée et c'est avec plaisir que le jeune homme se mit à raconter la suite des aventures.

- Je dois t'avouer qu'il y a autre chose de nouveau... Je fais beaucoup équipe avec le Chevalier Torr, spécialisé dans l'exploration, ancien Gardien. Je crois que pas une seule de nos missions basiques ou sensément faciles ne l'ait réellement été. Nous avons visité les Soeurs de l'Infinie Consolation, des infirmières qui voyagent dans la Galaxie pour soigner les populations. Sur Belsavis depuis plusieurs années, elles faisaient face à une maladie d'origine inconnue, en réalité c'était un virus crée de toutes pièces, ce qu'à deviné mon partenaire alors même qu'il était touché et sur le point de... - un frisson parcourut son échine et se répercuta dans sa voix.- mourir, mais il est parvenu à se mettre en transe, lui-même ignore comment... En ralentissant son organisme, il a donné du temps à l'antidote d'arriver. Juste à point et servi par une industrie pharmaceutique louche si tu veux mon avis. C'était fascinant, inquiétant, mais fascinant. - Il réfléchit un instant puis conclut, inconscient que ses pupilles encore vivantes brillaient en parlant de Karm.- Je crois que sortir le nez des papiers m'a fait du bien. J'ai pu vivre la réalité tu terrain à défaut de la voir, et en apprendre autant sur l'extérieur que moi-même.

Le jeune homme hocha légèrement la tête, ayant une pensée fugace pour Ses'Kai Mora, le Chevalier qu'il avait surpris en plein acte de violence contre le matériel. Ce dernier avait raison sur un seul point; la réalité apportait une expérience non négligeable qu'un Consulaire trop longtemps confiné pourrait oublier. Luke avait lui-même endormi ses émotions, craignant leurs répercussions. Aujourd'hui si c'était encore le cas -et plus que jamais- il lâchait un peu la bride, juste assez pour se sentir davantage vivant, en osmose avec cet Ordre tant aimé, avec Karm.

- Désolé. - Le Hapien s'était interrompu une seconde, son enthousiasme lisible dans la Force retomba comme des grains de sable sur la grève suite à une tempête. Il venait de se rappeler de la situation de Yath, coincé ici.- Tu sais, pour une mission, je pourrais éventuellement requérir l'aide d'un assistant. Un assistant Kel'Dor possédant des capacités essentielles pour ce travail, notamment, celui de me supporter.

Le blond ne pouvait rien promettre à Yath, et ce dernier le savait, il connaissait l'Ordre aussi bien que lui, les imprévus, les assignations de Maîtres et de Padawans ou de missions. Rien n'était gagné mais au moins le Consulaire s'offrait le temps d'une mission, pour sortir Yath du Temple, que cette fameuse réalité lui enseigne des choses à défaut de lui. 18 ans, le sage futur Consulaire était trop vieux pour apprendre de lui, Luke en était certain bien qu'il soit tout aussi persuadé du contraire -son fameux manque de confiance en sa personne.- mais au moins le Padawan pourrait respirer -façon de parler vu sa race.- un autre air. Il ne s'agissait pas de se balader, bien sûr, mais s'il pouvait rendre service à l'Ordre tout en aidant Yath, tant mieux.

- En attendant, allons dans le parc pour pratiquer la botanique.

Suggéra le blond en se relevant. Le silence devenait trop lourd et les souvenirs très récents de leur échange sur les difficultés de Yath baignaient la pièce. Désormais le Hapien rêvait de sentir le soleil sur sa peau, surtout celui d'Ondéron qui lui avait manqué après avoir voyagé sur Belsavis ou s'être retrouvé coincé dans l'île paradisiaque du Maniaque mais Charismatique Noctis.

D'une main, le Chevalier ouvrit la porte puis se mit à marcher dans les couloirs à grandes enjambées souples et sûres. Il connaissait parfaitement ces lieux tant appréciés et se dirigeait avec aisance, même si par sécurité sa paume ouverte restait en contact permanent avec le mur. Yath et lui avaient dû discuter un bon moment car un gamin déjà levé jouait dans les couloirs avec une sorte de toupie, cette dernière lui échappa des mains après un jet trop enthousiastes pour se coucher devant les pieds de Luke, ce dernier trébucha dessus mais se rattrapa.

- Pas de jeux dans les couloirs garnement!

Le réprimanda le Chevalier. Pom, un humain joufflu de 5 ans qu'il avait en cours se retourna vers lui, le regard fixé sur le Kel'Dor. Mal à l'aise de ne pas croiser le regard du "grand" qui accompagnait le Maître qui lui donnait des cours de Force basiques, le Padawan se dandina sur ses pieds.

- Mais dehors, dans l'herbe le sol est tout mou.
- Crée une route en l'air, en la faisant léviter, tu verras c'est amusant et cela t'entraîneras. Je suis sûr que Kimmy et Ja'han seront impressionnés.
- Oh oui bonne idée! Merci Chevalier Kayan et Chevalier euh...? Chevalier!

Luke sourit tandis que les pas du gamin s'éloignant en courant raisonnaient dans le couloir -où il n'y avait pas le droit de courir cela dit.-, la pédagogie et lui ce n'était pas encore ça, mais cette idée alternative pour mener un enfant à respecter les règles sans ordonner et passer pour un "monstre" était un début, et c'était Karm qui lui l'apprenait.

- Cela fait longtemps qu'on se connaît. Ou peu, ça dépend des points de vue... 5 ans je crois, peut-être 6, crois-tu que les choses ont beaucoup changé?

Celles du monde extérieur, intérieur, les leurs? Il laissa le soin au Kel'Dor d'interpréter selon son bon vouloir.
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Les deux Jedi se levèrent lentement, décidés à faire finalement une balade dans les jardins du temple et de profiter du soleil qui ne trouvait pas, ce jour-là, de nuage pour lui faire obstacle. C'était un temps parfait pour les plantes qui, si elles ne manquaient jamais d'humidité sur une planète comme Ondéron, dont la quasi-totalité est recouverte par une végétation dense et tropicale, pouvaient de temps en temps réclamer davantage de soleil. Notamment les spécimens rapportés par certains chevaliers Jedi en mission de mondes plus généreux sur la question de l'ensoleillement. Luke, lui, évoquait une mission pendant laquelle il avait dû se débattre face à une entité végétale qui avait essayé, selon ses dires, de prendre possession de son corps. Le Kel Dor resta silencieux pour deux raisons : il était d'une part très intéressé par ce que son ami avait à raconter à ce sujet et, d'autre part, il essayait de trouver dans sa mémoire des informations qu'il aurait pu recueillir sur ce genre d'espèces, en vain. Il se demanda, ensuite, si de telles informations étaient recueillies dans la gigantesque bibliothèque du temple et se promit d'y faire un tour plus tard pour avoir le fin mot de l'histoire. Après tout, ce n'était pas tous les jours qu'on avait l'occasion d'entendre parler d'une telle chose, surtout de la part de quelqu'un qui a vécu ladite chose de près. La galaxie recelait encore des millions de mystères à découvrir puis à comprendre, et bien que la civilisation galactique avait découvert des milliers de planètes et de systèmes solaires tous plus différents les uns que les autres, le Padawan arrivait encore à trouver au moins un phénomène par jour qui arrivait à l'impression et à questionner à nouveau les concepts du possible et de l'impossible dans l'Univers. Même s'il était fasciné par ce que Luke lui racontait au sujet de cette espèce étrange, il remerciait intérieurement la Force de lui imposer des épreuves moins graves sur le sujet de la botanique, comme le défi de faire pousser un cactus de Mirial dans un sol et un climat tropicaux alors que la planète d'où ce cactus venait était froide, sèche et désertique.

Luke évoqua par la suite d'autrs aventures qu'il avait vécus avec le chevalier Karm Torr, qui semblait plus ou moins être son binôme. Yath louait constamment la complémentarité que l'on pouvait faire naître d'une rencontre entre un pur Consulaire et un Jedi Gardien, comme l'était le chevalier Torr selon les dires de son ami. Il racontait les situations critiques face auxquelles les deux chevaliers Jedi avaient dû faire face et le Kel Dor, au-delà de l'attention absolue qu'il accordait à son interlocuteur, ressentait l'inquiétude que Luke avait eue lorsque son binôme avait frôlé la mort. Heureusement pour les deux et l'Ordre Jedi en général, le virus synthétique avait été neutralisé à temps et les deux hommes avaient pu rentrer, sains et saufs, de cette mission. Au-delà de cette inquiétude, Luke avait ressenti que ces missions passées loin du temple et aux confins de la République (puisqu'il semblait à Yath que Belsavis se situait dans la Bordure Extérieure) lui avaient permis de se confronter à une réalité dont les Padawan et les chevaliers les plus jeunes étaient protégés, pour le meilleur et pour le pire, dans le temple et les enclaves Jedi disséminées à plusieurs points de la galaxie. Même si le Padawan Kel Dor appréciait la tranquillité grâce à laquelle il pouvait s'adonner à l'étude silencieuse de la Force, il admettait volontiers que l'expérience du monde, bonne comme mauvaise, était primordiale pour préparer un Jedi aux défis qui l'attendaient. Et bien qu'il ne pouvait pas quitter la planète pour le moment pour accomplir quelque mission que ce fût étant donnée la situation dans laquelle il se trouvait, il attendait patiemment son heure pour pouvoir découvrir un peu plus la galaxie et ses mystères et faire ce que les Jedi s'étaient voués à faire des millénaires auparavant : aider. Luke proposa toutefois, sous réserve que le conseil accepte cette possibilité, d'aider Yath en l'amenant en mission avec lui. Yath inclina la tête, bien qu'il sut que Luke ne le verrait pas, en signe de respect et de gratitude.

"Si le Conseil accepte, ce sera avec plaisir, répondit le Padawan de sa voix étouffée. Et puis je suis de très bonne compagnie durant les longs voyages spatiaux. On pourra parler politique, par exemple."

Yath pouffa de rire, répondant par cette blague au doux sarcasme de son ami selon lequel il était difficilement supportable en mission par le fait qu'il pouvait vraisemblablement, lui aussi, être difficile à souffrir dans certains cas. A vrai dire, pendant les rares longs voyages qu'il lui était arrivé d'effectuer quand il était encore sous la coupe de son ancien maître, il s'était pris d'une véritable passion pour les jeux de table, notamment le Pazaak. Il lui arrivait d'ailleurs de se vanter à qui voulait l'entendre qu'il en était un excellent joueur et que pratiquement personne, dans ce temple, ne pouvait se jouer de lui vu le niveau qu'il avait. Il s'interdisait toutefois de jouer pour de l'argent et n'appréciait réellement que les parties sans véritable enjeu : cela évitait les sempiternelles accusations de tricherie, surtout qu'il ne jouait, en définitive, qu'avec des utilisateurs de la Force. Ils sortirent de la grande salle de méditation, en direction du parc et des jardins. Yath se tenait à côté de Luke qui, lui, longeait le mur, sans doute pour éviter toute malencoutreuse bousculade à cause de sa cécité. Le Kel Dor aperçut un des jeunes initiés dans les couloirs. Il n'avait pas plus de six ou sept ans et il jouait, sans doute avant de devoir répondre à ses obligations et aller en cours. Il faisait tourner une sorte de toupie en métal, un jeu que le Padawan ne connaissait pas. Celle-ci partit si rapidement vers les pieds de son ami qu'il n'eut même pas le temps de le prévenir ou d'arrêter la toupie. Luke manqua de justesse de trébucher, mais ses réflexes aiguisés par la Force parvinrent à le maintenir debout. L'enfant se dirigea vers eux et le chevalier le réprimanda en douceur, l'invitant à aller jouer dans les jardins. L'enfant croisa le visage de Yath, et celui-ci put apercevoir ce regard qu'il ne connaissait que trop bien : un mélange de curiosité et d'intimidation face à ce visage sans yeux, enfoncé dans un masque sombre et imposant. Il l'appela chevalier mais, sans qu'il n'eut le temps de le corriger, celui-ci dévala les couloirs en direction du jardin.

Ce regard avait fini par ne plus le troubler car il avait tout simplement fini par s'y habituer. Il faisait partie d'une espèce étrange et que l'on croisait relativement rarement dans la galaxie, même s'ils ne se faisaient pas si rares dans l'Ordre Jedi. L'histoire que la civilisation de Dorin entretenait avec la Force et ceux qui y étaient sensible avait crée, depuis deux millénaires, une certaine tradition Jedi parmi les Kel Dor, et l'on pouvait citer un certain nombre de Jedi qui avaient vu le jour sur cette planète dont l'air était si toxique qu'il pouvait tuer un humain (et tout respirateur d'oxygène) en quelques secondes. Yath Von, de son côté, avait appris à ne pas tenir rigueur de ses regards et à les accepter comme une réaction normale face à l'inhabituel. Après tout, il avait eu la même curiosité à l'égard de certaines formes de vie extraterrestres la première fois qu'il les vit. A titre d'exemple, la première fois qu'il vit maître Leto Vorkosigan, Falleen de son état, alors qu'il n'était qu'un jeune initié d'à peine trois ans, celui-ci avait eu tellement peur qu'il s'était enfoncé dans les robes du chevalier Jedi le plus près de lui. Bien que le Kel Dor ne se souvenait plus de cet "incident", il arrivait à ceux qui y avaient assisté de le lui rappeler avec un grand sourire, ce qui ne manquait pas de causer chez le Padawan un mélange étrange d'embarras et de nostalgie d'une époque dont, pourtant, il ne se souvenait pas. Alors qu'il pensait à cela, Luke lui posa une question qui le laissa relativement perplexe. Qu'étaient les choses dont son ami parlait ? La galaxie, la République ? Ou bien eux, depuis leur première rencontre ?

"Beaucoup de choses ont changé en six ans, pour sûr, admit le Padawan avec une once de mélancolie dans la voix. Et je ne suis pas sûr que tout ait changé pour le mieux. La République tremble, l'Ordre Jedi a perdu beaucoup de ses plus valeureux enfants et l'ombre du côté Obscur de la Force se déploie sur les étoiles. Mais je ne m'inquiète pas, car je sais que nous prévaudrons comme nous l'avons toujours fait, assura le Padawan d'une voix ferme, pleine de volonté. Et quand je te regarde, mon ami, je sais que la Force est avec nous."

La Force ne pouvait qu'être avec nous, elle qui nous avait donné un chevalier à la fois puissant dans la Force et sage dans ses décisions et ses paroles. Le Padawan se demandait souvent ce qu'étaient les volontés de la Force, et il admettait à demi-mot qu'il avait toutes les peines de la galaxie à les comprendre. Mais il savait que les Jedi triomphaient toujours des hommes de mal et des corrompus, car ce fut toujours ainsi qu'avait fonctionné l'univers. Il décida, cela dit, de poursuivre, afin d'offrir un point de vue plus intérieur à la question qu'avait posée son ami quelques secondes auparavant.

"Et moi, si je suis encore un enfant un peu capricieux, j'ai beaucoup appris depuis que nous nous sommes rencontrés. Et je compte bien continuer à apprendre, dit le Kel Dor d'un ton espiègle."
Luke Kayan
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- Oh tu pourras bien parler politique, je sais très bien jouer les sourds-muets.

Répliqua Luke en guise d'avertissement. Cela dit, c'était vrai. Peu courageux de ce côté-là, il était probable que le jeune homme adopte un prudent silence au lieu de s'avancer à quoique ce soit et risquer une dispute. La politique n'était pas son domaine et s'il cherchait à améliorer ses faiblesses, contredisant les hypothèses de Ses'Kai Mora, il dédaignait particulièrement ce sujet qui semblait passionner Yath. On pouvait philosopher sur la religion à l'instar de Karm, parler sociologie, mais politique et Jedi ne rimaient pas ensemble, le Hapien s'il ne le revendiquait pas haut et fort démontrait ses intentions en appliquant un religieux silence à toute personne lui demandant quelles étaient ses idées. Au mieux on tirait de sa personne que la République était ce qui se rapprochait le plus des principes Jedis, au pire on obtenait un simple soupir agacé. Il ne rentrerait jamais dans ce jeu et ne comprenait pas que le maître du Kel'Dor l'ait fait. Capricieux ou non un adolescent restait un adolescent, ce Maître subjectif aurait dû éduquer son apprenti au minimum vital pour évoluer dans ces sphères lors d'une mission ou démêler les ficelles d'une enquête difficile au sein d'un bureau. Les principaux partis, jusqu'où ils étaient prêts à aller pour gagner des votes, les extrêmes mais surtout la neutralité, la distance, cette capacité d'impartialité pour laquelle les Jedis étaient de moins en moins connus.

- D'où te viens cette passion pour la politique?

Demanda plus sérieusement le blond, intrigué. S'il avait ses propres passions, Luke était incapable de s'imaginer gâcher sa carrière pour. Le seul pour qui il accepterait ce sacrifice, quoiqu'avec douleur était Karm. Comment un Padawan aussi mâture, sage que Yath avait pu se "radicaliser" suffisamment pour se fâcher avec un autre Jedi, donc un adulte formé, rompu à la patience et la tolérance. Cette histoire ne cessait de le surprendre, de l'inquiéter aussi. Tout l'y ramenait, sans doute parce que les aveux étaient trop frais encore.

- Je n'en suis pas si sûr.

Répondit le Hapien légèrement décontenancé lors de son retour à la discussion présente. Le Kel'Dor semblait croire qu'il était la solution au problème, du moins lui et une poignée d'amis tenus en estime.

- Tu m'idéalises. Je n'ai pas une meilleure statistique de réussite que les autres dans mes missions, et je ne me démarque guère de la bonne moyenne des Chevaliers, ce qui me conviens.

Étant donné ses chances de départ, le Hapien avait énormément de chances de compter quelques succès dans ses missions, en réalité, le fait qu'il soit Padawan enfant, puis Chevalier une fois adulte relevaient presque du miracle. Dans ce cas, grâce à Saï, l'Ordre et Karm -entre autres- Luke avait bel et bien explosé le record des statistiques de chances de réussite personnelle qu'on lui offrait gamin. L'optimisme général de Yath lui prêtait toutefois un sourire contagieux, et Luke se prit à rêver de retrouver cette assurance perdue depuis pas si longtemps que ça. Quand il pensait que la corruption n'était que le fruit de la paranoïa de certains, que la Galaxie était belle, la nature propre et les Jedis meilleurs que les Siths. Aujourd'hui il se rendait compte que cette arrogance juvénile, innocente était dangereuse.

- En tout cas, nous ferons tout pour, bien que Prévaloir soit le terme qui convient. Humm... Penses- tu vraiment que la Force à un camps?

Là aussi Luke doutait quant avant, il était persuadé que la "Force" que les Siths soumettaient souffrait. Aujourd'hui, il tendait à croire qu'elle savait s'adapter et n'intervenait plus de manière subjective. Son seul but était de maintenir vivants ses hôtes, car sans eux, elle n'aurait pas de lien avec cette Terre, voguant tel un fantôme sans toucher, traverser les vies. Au fond elle n'était qu'un animal, merveilleux, magique, fascinant mais un animal qui souhaitait survivre et continuer de s'étendre. Cette vision beaucoup plus terre-à-terre, peut-être réaliste, peut-être cynique ne retirait pas l'amour que Luke portait au Hapien. Il lui était reconnaissant d'avoir été choisi pour sentir son pouvoir, ses extraordinaires capacités. Douce et belle Force, indépendante aussi. L'unique "femme" que le blond n'aimerait jamais. Les Jedis ne devaient pas s'attacher, et pourtant, tous étaient dépendants de la Force.

- Je l'ai perdu une fois, sur Mykr, un Ysalamari. Je n'ai jamais connu pire torture.

Pas même chez sa mère enfant, puis à l'hôpital quand son corps s'était tendu, tordu sous l'hémorragie interne et que les couleurs s'étaient définitivement éteintes. Cet incident quasi fatal sur la mystérieuse planète à moitié vidée de la Force avait été de loin sa pire expérience.

- Connais-tu la théorie de l'équilibre selon laquelle la lumière a besoin de l'ombre pour exister? Certains prétendent que les Jedis ne sauraient vivre ou n'auraient aucune raison d'être sans les Siths. Que penses-tu qu'il arriverait s'ils disparaissaient?

Il n'y avait pas d'intention d'interroger Yath comme un Chevalier l'aurait fait avec un Padawan mais d'une simple consultation issue d'une curiosité toute aussi pure. Luke trouvait que le Kel'Dor avait des réponses plutôt originales et il appréciait confronter son point de vue au sien. Son espièglerie lorsqu'il avait assuré que son apprentissage continuerait avait arraché un sourire au Jedi qui avait hoché la tête

- Moi aussi, ne t'en fais pas. "Deviendra chevalier, celui qui se sait éternel apprenti", c'est ce que j'ai dit... Le jour de mon adoubement.

Non sans une certaine nostalgie, Luke se souvint de la fierté éprouvée ce jour-ci. Après un coup de stress intense après avoir confessé entretenir une relation amoureuse, la délivrance avait été d'autant plus délectable. Heureux, il s'était tourné vers son maître pour lui professer cette promesse que le Hapien continuait de tenir aujourd'hui. Toutefois, il s'était retenu de dire à Yath à qui il avait dirigé cette phrase, à son maître donc. La raison était évidente.

- Parle-moi de ta plante favorite.

Ils venaient de déboucher sur le parc ensoleillé alors que Luke achevait sa phrase. Il sourit, pensant à sa propre fleur préférée.
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Luke se demandait bien ce qui pouvait pousser un jeune Padawan qui n'avait jamais réellement quitté le giron protecteur du temple Jedi à s'intéresser à la politique tant et tant qu'il avait développé des points de vue contradictoires avec d'autres Jedi au point d'engrendrer des conflits avec ces derniers. En effet, le Kel Dor avait une conception de la politique et des institutions de la République qui était pour le moins assez éloignée d'une partie importante des Jedi, surtout ceux de son âge, et qui reflétait mal son appartenance à l'Ordre. Parmi les quelques idées qu'il défendait, il y avait avant tout celle de l'interventionnisme politique des Jedi. Si les Jedi avaient pour mission avouée et affichée d'assurer la paix et la sécurité au sein de la République, il semblait normal pour Yath que les Jedi puissent assurer l'Ordre au sein même du Sénat face aux problèmes de corruption, de conflits d'intérêts, voire de trahisons. Bien qu'il considérait que le fédéralisme démocratique qu'avait adoptée la République Galactique depuis sa fondation était le meilleur système politique possible pour assurer le maintien de la paix et l'assurance de la prospérité, il considérait néanmoins que la forme actuelle du Sénat ne suffisait pas à assurer la perennité de ce système-là. Il avait imaginé, par ailleurs, que la République devait, en ces temps troubles, s'assurer que la stabilité politique en laissant une partie importante des décisions législatives à un conseil restreint et donc plus efficace. L'idée avait de quoi tendre l'atmosphère puisque le Kel Dor savait pertinemment que l'on parlait de suspendre la démocratie en temps de guerre, ce que beaucoup de Jedi voyaient comme une pente dangereuse. Mais Yath avait compris, en revenant en long et en large sur les difficiles pérénigrations et les choix désastreux pris par les entités décisionnaires depuis l'avènement des Sith (en tête, le traité d'Artorias), qu'il était important d'assurer une cohérence dans les choix politiques en temps de crise. Et cette cohérence, pour survivre, se devait d'être en mains d'un nombre restreint de personnes avisées, sages, en connaissance de la crise en question.

Evidemment, le Kel Dor avait compris à la dure qu'exprimer de telles visions politiques n'avait fait que le desservir. Et c'était précisément pourquoi il ne comptait en piper mot à l'ami à ses côtés dont il appréciait trop la présence pour la mettre en péril. Toutefois, il désirait répondre à sa question et il cherchait alors les mots justes, à la fois pour que Luke y trouvât satisfaction, puis parce qu'il voulait faire comprendre son idée générale de la politique et de ce qu'était, aujourd'hui, la République.

"D'Artorias, finit par répondre amèrement le Padawan."

Yath Von était encore jeune quand vint l'avènement de l'Empire Sith, et il n'avait pas prêté tant d'attention que ça aux décisions qui furent prises au Sénat concernant ce traité. Toutefois, il avait rapidement pris la navette en marche : tout le monde ne parlait que de ça autour de lui et sa curiosité naturelle avait repris le dessus. Bien vite, il s'était également renseigné sur les Sith, sur ce qu'ils représentaient pour les Jedi et la République. Il se demandait alors en quel nom la République permettait à une telle chose de recouvrir des territoires et d'être reconnue comme une "entité politique souveraine", sans compter les milliards de crédits que la République leur versa en échange d'une paix durable qui se révèla être une chimère. Tout ça décidé par un Jedi, qui plus est. En comprenant de quoi il en retournait, même s'il était encore trop jeune pour tout comprendre, Yath avait réussi à ressentir de la colère. Les Jedi, qui s'étaient jurés de protéger les peuples de la galaxie, avaient donné l'occasion aux Sith de s'agrandir en leur donnant planètes à exploiter et peuples à dominer. Luke pouvait penser que cette réponse était trop courte, et elle l'était. Mais le simple fait d'évoquer à nouveau le nom d'Artorias lui donnait envie de se justifier, pendant des heures, sur le choix qu'il avait fait de penser telle ou telle chose. Etait-ce mal de faire ça pour un Jedi ? Peut-être. Mais plier face aux exigences des Sith lui semblait tout aussi aberrant. Yath les avait vus, les Sith. Il les avait vus réduire en cendres le temple dans lequel Luke et lui se trouvaient présentement. Il avait vu la colère, la haine, le plaisir sadique du meurtre de masse. Et si un chevalier Jedi ne l'avait pas pris par le bras pour le cacher dans les sous-sols du temple, sans doute aurait-il rejoint les trop nombreuses victimes de ce jour sanglant. Il n'avait jamais pu croire qu'une paix durable entre la République des Jedi et les Sith de l'Empire pouvait être possible. Et les derniers évènements, l'entrée en guerre de la République entre autres, lui donnait raison.

Assez discuté de cela. Il n'y avait de toute façon pas grand-chose de pertinent à ajouter, en tout cas pour le Kel Dor. La discussion se reportait sur l'estime que Yath avait pour Luke qui, bien sûr, en personne toute modeste qu'elle était, refusait les honneurs que son ami lui faisait. Il ne pouvait pas l'en vouloir, d'autant plus qu'il aurait semblé inélégant de s'arroger ces honneurs. Il avançait qu'il n'était pas spécialement le meilleur choix possible pour une mission et qu'il n'était pas un bien meilleur chevalier que les autres. Yath regardait dans le vague, comme pour diluer son attention.

"La réussite et l'efficacité sont des mesures souvent efficaces, concéda le jeune Padawan. Elles ne le sont pas quand il s'agit de mesurer la valeur d'un homme."

A peine eut-il le temps de répondre que Luke pensait à autre chose. Il posa une question à Yath qui le décontenança un court instant. La Force avait-elle un camp ? Pour le jeune Padawan, qui n'arrivait pas à savoir ce qu'était réellement la Force, il lui était difficile de répondre à cette question. Toutes les heures passées à lire, étudier et méditer ne risquaient pas de l'aider pour autant. Il ressentait bien évidemment la Force, à chaque minute, à chaque seconde. Et la Force, pour une raison qui lui échappait totalement, avait consenti à se manifester en lui. Il se demandait très souvent pourquoi lui et pas un autre. La Force avait-elle un destin pour Yath ? Ou était-ce à Yath se prendre les rênes de sa destinée ? Là encore, Yath n'avait pas de réponse claire et précise à donner. Toutefois, il ferait de son mieux pour tenter de répondre à la question que venait de lui poser son ami.

"Je ne sais pas si la Force a un camp. Mais elle semble avoir ses raisons, admit le jeune apprenti. Je n'ai pas l'expérience des grands maîtres, ni même la tienne. Mais j'ai suffisamment lu sur les pouvoirs des Sith, sur leurs caractéristiques. Certains arrivaient à peine à survivre tant la corruption de leurs chairs était immense. C'est en soumettant la Force qu'ils semblaient capables de continuer à respirer. Ils la dévoient, la poussent à ne pas obéir aux lois du monde qu'elle a elle-même créées. Nous Jedi choisissons de respecter la volonté de la Force. Nous laissons les choses mourir quand il est temps pour elles de partir, c'est précisément pour cette raison que nous nous méfions de la notion d'attachement. Les Sith, égoïstes, tentent de la soumettre à leurs propres volontés, dans l'espoir d'avoir enfin une véritable emprise sur leurs propres vies, effrayés qu'ils sont de devoir se soumettre à l'inévitable. Enfin, je pense."

Tout le manque d'assurance sur cette question épineuse se cachait dans ce "je pense". Il n'en savait rien et, bien qu'il espérait qu'il avait raison de penser cela, il était tout aussi probable que la réponse soit tout autre. Peut-être était-il encore trop influencé par l'enseignement des maîtres Jedi au temple qui, s'il était efficace et clairvoyant, semblait également très scolastique dans sa démarche. Luke enchaîna sur une anecdote de mission pendant laquelle il avait perdu tout contact avec la Force à cause du champ de protection d'un Ysalamari, une sorte de lézard dont Yath avait déjà entendu parler. L'anecdote le laissa perplexe, pensif. Lui qui avait ressenti la Force toute sa vie, il se demandait ce que cela faisait de ne plus l'entendre, la ressentir. Etait-ce comme un silence ? Un voile noir ? Il frissonna à cette idée. La Force, une entité omniprésente auxquelles les Jedi sont ultrasensibles, vaporisée d'un seul coup, comme si elle n'existait pas. Cela avait de quoi angoisser. Il n'enchaîna pas sur cette anecdote : d'une part parce que ce souvenir semblait horrible pour Luke, d'autre part parce que celui-ci demandait à Yath s'il croyait à la théorie de l'équilibre. Yath avait l'occasion de rebondir sur ce qu'il venait de dire quelques secondes auparavant.

"Là encore, je pense que la notion d'équilibre est floue... La Force raisonne-t-elle en tant que mélange de Lumière et d'Obscurité ? Quand je compare le côté Obscur et la Lumière, je vois avant tout deux positions distinctes quant à ce qu'est la Force : un désir de la soumettre à sa volonté chez les Sith ; une volonté de faire respecter les lois de la Force chez les Jedi. Les Sith et les Jedi Obscurs ne seront pas là que tant qu'il y aura des Jedi. Il y en aura tant qu'il y aura des lois intangibles à dépasser. Certes, notre ordre a pour mission absolue de combattre le côté Obscur et son insoumission aux lois de la Nature, mais elle a d'autres missions importantes sans lesquelles nous aurions déjà disparus depuis longtemps."

Le Kel Dor leva les yeux au ciel, contemplant l'azur immaculé. Il regrettait de ne pas pouvoir ce magnifique spectacle de ses propres yeux sans prendre le risque de mourir sur le coup, mais il comprenait l'enjeu de porter ces protections oculaires. Ils avaient déjà avancé de quelques mètres et les deux jeunes Jedi longeaient un grand couloir entouré d'herbe et de plantes toutes plus belles les unes que les autres. Luke demanda à Yath de lui présenter la plante que ce dernier préférait. Le Padawan sourit derrière son masque anti-Ox, sachant que sa plante préférée ferait certainement son effet sur son ami chevalier. Il prit doucement Luke par le bras pour éviter qu'il ne manque l'une des marches qui se présentaient devant eux et le conduisit vers un carré de fleurs dont un jeune initié d'à peine une dizaine d'années prenait soin. Celui-ci, en voyant Yath et Luke s'approcher, fit place aux deux Jedi. Le Padawan lâcha le bras de son ami puis se pencha pour découper une fleur avec l'une de ses griffes, un avantage que l'on acquiert quand on est un Kel Dor. Il se releva et présenta la fleur sous le nez de Luke pour qu'il puisse apprécier son parfum. Une Nlora de Shili, planète d'origine des Togruta. Les Togruta étaient considérés comme des êtres magnifiques pour leurs couleurs et leur majesté naturelle, mais aucun d'entre eux ne pouvait rivaliser avec l'odeur incroyablement douce et sophistiquée d'une Nlora de Shili, sans compter la beauté de ces pétales rouges dont les reflets irisés faisaient apparaître des nuances vertes et orangées sur ceux-ci. Le Kel Dor ne pouvait rien sentir avec son masque, aussi n'avait-il jamais pu sentir l'odeur de ces fleurs. Néanmoins, un autre Padawan dont le nez était libre et davantage aiguisé que celui de Yath avait décelé dans l'arôme de la Nlora une touche fruitée et un bouquet aérien et léger de sucré.

"Nlora de Shili., dit sobrement le Padawan. Un chevalier en a ramené d'une mission chez les Togruta. L'odeur est agréable, n'est-ce pas ? Il paraît que l'on peut se servir du nectar pour en faire un miel délicieux avec l'aide des apidactyles qui peuplent Shili. Malheureusement, on n'en a pas pour le faire."

Yath avait peur que l'odeur, très agréable pour un voyant, devienne écoeurante pour Luke qui avait aiguisé ses sens, entre autres celui de l'odorat, à l'extrême suite à la perte de sa vue. En tout cas, Yath, lui, considérait que c'était sa fleur préférée. Il avait bien sûr d'autres plantes à faire découvrir à Luke, si celui-ci était d'accord.
Luke Kayan
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- Artorias. Oui.

C'était en partie ce qui lui avait fait comprendre que la corruption existait au sein de sa belle République idéaliste. L'événement qui avait achevé de le détacher de la politique. Il pouvait saisir l'effet inverse sans pour autant le cautionner. Tous deux campés sur leur position, drapés dans un sage silence se rendirent aux jardins. Un parfum puissant envahit l'espace invisible du jeune homme qui frissonna sous le contact des doigts de Yath. Pas de dégoût, seulement du manque d'habitude. À part son amant et son maître, peu s'arrogeaient le droit de le toucher. Mais c'était pour son bien, lui éviter une chute stupide qui rappelait au Monde et au Consulaire l'existence réelle de son handicap. Il pouvait enchaîner des saltos mais terminer aux pieds d'un escalier suite à une simple glissade. Au-delà de sa vérité qui frappait aussi dur que les soleils de Tatooine, résidait la vérité à grande échelle: tous n'étaient que des êtres de chairs, de sang, Siths, Jedis, Insensibles. Tous emmenaient leur handicap dans leur paquetage. Et cette fleur, si frêle soit-elle au toucher -Luke frôla les pétales lisses, douces et fraîches sans consentir à appuyer, sous peine de la flétrir.- le leur rappelait davantage encore. Sous son aspect de "rien" elle démontrait aux Hommes la perfection de ses pétales rouges et celui de son parfum. Ils ne valaient pas grand chose face à cet être silencieux dont la vie était trop courte pour éprouver ce stupide sentiment de supériorité. La fleur était le symbole de la beauté sans l'arrogance. La vraie beauté, naturelle et simple, si contraire à celle des Hapiens.

- Je pense de moins en moins que la Force soit capable de choisir, outre celui fait à notre conception et qui fait de nous des Sensibles, ses hôtes. En réalité je l'imagine tel un courant qui va et vient, vivant à travers nous, aidant ceux qui la respectent, punissant ceux qui la font ployer. Mais pas par sentiment de justice, simplement parce que c'est dans sa nature, et que sa puissance est de trop pour les fragiles réceptacles que nous représentons. Ainsi la peau du Sith flétrit, ainsi ses yeux rougissent, et ainsi nous-même, Jedis, vieillissons avant de nous éteindre. Cette cohabitation est inégale, elle est immortelle, pas nous. Mais cela n'en reste pas moins une fusion comme celle qui anime l'anémone et le poisson. Son venin peut être protecteur ou assassin.

Cette vision scientifique, presque banale de la Force n'était pourtant pas une insulte, surtout aux yeux de quelqu'un qui respectait autant la nature, savante, auto-suffisante. Selon lui, la Force possédait son propre équilibre et c'était à eux de trouver le leur puis de l'adapter à leur majestueuse hôte.

- Elle sent bon, oui. Ma fleur favorite est le coquelicot [sixe=10][HJ: OUAIS y'a des coquelicots dans Star Wars parce que c'est joli que je l'ai décidé et-puis-zut][/size]

Contrairement à ce que beaucoup de gens croyaient, Luke aimait une fleur au parfum presque inexistant, parce que la douceur des pétales du fragile coquelicot n'avait nul égal et que son histoire intimement lié à son rythme biologique était fascinant.

- Fragile parmi les frêles, il accepte de s'éteindre le jour même où il s'illumine, une vie éphémère qui ne laisse guère le temps de songer à des futilités tels que le pouvoir ou l'envie. Je m'imaginais auparavant être l'un d'eux, à la fois condamné et privilégié par cette vie sans lendemain, cette brièveté qui permet le plus beau des reculs, l'ignorance des souffrances de la Galaxie, la protection contre le mal. Parce qu'il vit si peu, le Coquelicot use de chaque respiration, de chaque seconde à la Contemplation, seine et sereine.

Tandis qu'eux, hommes fragiles, hommes-animaux devaient réfléchir aux conséquences de leurs actes, freiner leurs désirs, leurs pulsions à cause du lendemain. Contaminé par un "Hier" lourd, ils tentaient de s'auto-réparer, êtres cabossés, déformés, tandis que le coquelicot lui n'avait pas le temps de s'abîmer ou de flétrir, il vivait, resplendissait puis s'éteignait en quelques heures, peut-être minutes après une courte vie pourtant paisible, dédiée à l'observation et l'enracinement. La fidélité à un Terre qui leur promettait cependant un adieu si rapide.

- Dommage j'aurais bien goûté à ce nectar.

Un sourire toutefois joyeux illumina les lèvres du Hapien, en réalité pas vraiment déçu. Il s'accroupit et fouilla le sol pour trouver un petit tas de terre meuble, remit la plante dedans, recouvrit la tige et les quelques racines restantes puis se leva. La Force sembla soudain s'assembler autour de la plantation improvisée. La fleur pas très bien enterrée se redressa légèrement sur son séant et quelque chose bougea sous la terre, à moins que ce soit une motte qui dégringole. Le ressenti ne laissa pourtant aucun doute sur l'intervention guidée de la Force et sa finalité: Luke soignait la fleur arrachée, lui offrant une nouvelle terre d'accueil. Ne lui restait plus qu'à cicatriser seule et créer de nouvelles racines.
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Son ami semblait trouver chez les fleurs, notamment le coquelicot (qui étaient tout à fait existantes dans notre galaxie, je ne sais pas pourquoi je dis ça) pour lequel il avait un faible, tout un idéal de pureté et d'innocence à l'extrême opposé des êtres intelligents, engoncés dans les blessures du passé et l'appréhension de l'avenir. Yath, lui, n'intellectualisait pas tant son amour pour la flore et choisissait ses plantes et ses fleurs préférées en fonction de caractères certes triviaux, mais qui lui paraissaient néanmoins tangibles : la beauté de la robe que forment les pétales, la douceur de l'arôme qu'ils emportent ou encore certains de leurs capacités, notamment pour les plantes médicinales. La Nlora de Shili qu'il avait choisi de montrer à Luke remplissait avec brio nombre des critères à partir desquels le Padawan jugeait les fleurs dont il s'occupait, et il ne se demandait pas comment celles-ci se construisaient ou comment elles vivaient et flétrissaient. Pour lui, ces choses coulaient de source et il considérait que c'étaient des lois et des faits sur lesquels il n'était pas réellement utile de s'attarder. Mais il trouvait néanmoins l'analyse de son ami intéressante à bien des égards. Il trouvait en cette fleur pourtant commune et aux attributs bien moins spectaculaires qu'une fleur de lune tellinardéenne ou une rose de Malreaux un trait qu'il semblait envier : celui de l'éphémérité. Cette fleur, littéralement, cueillait le jour car elle n'en vivait qu'un seul. Yath trouva de la poésie dans cette comparaison et pensait, effectivement, que les êtres intelligents avaient à gagner à penser en fonction de l'instant présent. C'était d'ailleurs un conseil que les maîtres Jedi dispensaient souvent à leurs apprentis qui, dans la force implacable de l'habitude, semblaient souvent focalisés sur l'avant ou l'après.

Luke émit par la suite son regret de ne pas pouvoir goûter au nectar de Nlora. Bien que Yath ne pouvait pas se permettre d'émettre le même souhait, pour la simple raison qu'une nourriture née dans une atmosphère respirable pour tous les autres devenait mortelle pour lui, il était toutefois triste de ne pas pouvoir se lancer dans l'apiculture, lui qui s'était renseigné à ce sujet également. Il avait toutefois vite déchanté à l'idée de produire du nectar de Nlora quand il apprit que les apidactyles dont il parlait plus tôt et qui butinaient le pollen de la fleur susnommée étaient des insectes géants au dard si venimeux et imposant qu'il leur était capable d'empaler littéralement de petits animaux. Il ne voulait donc pas vraiment se risquer à une telle occupation, lui qui n'appréciait pas vraiment les insectes suite à une mauvaise expérience qu'il avait eu avec l'un d'entre eux quelques années auparavant : un Knytix juste assez petit pour se faufiler avait réussi à entrer, la Force sait où, dans un des conduits respiratoires du masque anti-Ox du jeune Padawan. Celui-ci avait dû courir à grandes enjambées jusqu'à ses appartements sans respirer sous peine de simplement passer ad astra. Depuis, il avait fait quelques modifications pour son casque et ce genre d'incidents ne se reproduirait très certainement plus jamais, mais il gardait toutefois ses distances avec les insectes les plus petits car c'étaient bien eux qui étaient capables, chez lui, de faire le plus de dégâts. Et il n'évoquait même pas les Droch dont la vision d'un holo éducatif le rendit absolument terrifé par elles, minuscules créatures qui se réfugiaient sous les tissus vivants qu'elles rencontraient pour aspirer toute l'énergie vitale qu'elles pouvaient en tirer. Terrifiantes.

Yath eut une idée. Il s'éloigna quelques secondes de Luke pour s'approcher d'un Gor dont il cueilla un fruit : une pomme-Gor. Il se retourna et rejoignit à nouveau son ami et lui tendit le fruit. Le Kel Dor, lui, ne pouvait évidemment pas en manger et c'était pourquoi il n'en avait pas pris pour lui. D'ailleurs, les seuls informations gustatives qu'il avait eu au sujet de ce fruit venaient des Padawan qui les cueillaient puis qui les conservaient afin de pouvoir les servir aux autres Padawan et aux chevaliers. Les deux Gors qui avaient été plantés dans les jardins du temple, à peine plus grands qu'un enfant de dix ans et qui donnaient des fruits à peine plus gros qu'un poing de bébé avaient rapidement poussé grâce au climat généreux en soleil et en humidité de la planète. A peu près un an et demi, pour être précis. C'était la première saison où les deux plantes donnaient des fruits de si bonne qualité et Yath voulait soumettre à son ami son avis sur la question. Même si, dans les faits, il n'avait pas vraiment le droit de cueillir comme ça les fruits des Gors puisqu'ils étaient réservés aux repas et à la conservation. Tant pis.

"Pomme-Gor ?, proposa le Kel Dor à son ami. Si cela t'intéresse, nous pourrions faire un tour du côté des serres. Nous avons reçu du Gabaki Gris, une plante de relaxation. Il paraît que ça peut aider à la méditation."
Luke Kayan
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- C'est étrange. Tu ne peux ni sentir, ni goûter et je ne peux pas voir. Mais au final c'est toi qui est prioritaire pour recevoir ta carte handicapé, désolé.

Deux handicaps contre un autre. Si celui de Luke semblait, de prime abord, pire, ce dernier n'estimait pas que ce soit le cas. S'imaginer dans odorat ou sans ce plaisir de goûter -malgré son peu d'appétit général.- étaient difficiles, et le jeune homme ne put s'empêcher de frissonner légèrement. Dans un geste un peu hésitant, pris sur le fait comme un Padawan fautif, il attrapa la pomme mais refusa finalement de mordre dedans.

- Hum. Je viens de reprendre un enfant qui a commis une torsion aux règles en courant dans les couloirs.

Luke adressa un sourire désolé au vide proche des yeux mécanisés de son ami. Il mit le fruit dans sa poche, comptant passer par la cantine pour l'y remettre et ainsi faire la paix avec les règles du parc.

- Oui, allons dans la serre, je crois que l'on peut y cueillir des Pommes-Gor et du Gabaki Gris. Du moins, un exemplaire.

Les deux Jedis se rendirent aux serres et Luke s'y engouffra le premier. Méconnaissant les lieux habituelles réservés aux membres de l'ExploCorps, le Chevalier évoluait doucement, cherchant à apprivoiser le terrain. Sa botte tapa légèrement sur des petits rebords dont il intégra la présence rectiligne, comme il n'y avait rien qui traînait devant et que la mémoire de Luke était excellente, cela devrait aller, au moins pour une petite promenade. Il calcula mentalement la largeur du petit chemin qui traversait les plantations dans l'espoir d'être le plus autonome possible. La compagnie de Yath lui plaisait, en tant qu'un égal plus qu'un guide cependant.

- As-tu un jour senti? Est-ce que cela te manques?

Seul un autre handicapé pouvait poser ce genre de questions et le Hapien ne s'en privait pas. Étrangement dessensibilisé en ce qui concernait sa cécité, Luke ne souffrait absolument pas d'interrogations, il avait donc ce petit défaut d'espérer d'autrui la même chose, surtout s'il avait confiance. Connaissant bien Yath, il était sûr que ce dernier prendrait sa demande comme un intérêt sincère, une envie de mieux saisir son monde.

- Je ne me rappelle plus des couleurs, ou si, je ne suis pas sûr, si je me concentre des nuances apparaissent, mais je sais que si tu voyais ce que moi je vois, tu ne comprendrais rien à mes paysages.

Un nouveau rire s'échappa des lèvres du Jedi, conscient que ce qui se rapprochait de visions étaient particulièrement déformées. Mis à part la texture, ses troncs ne réunissaient aucune des caractéristiques réelles. Son monde, cela dit, lui plaisait. Il appréciait son imagination fertile et s'y perdait tout aussi bien que les voyants, lesquels s'ennuieraient peut-être dans le sien d'ailleurs.

Le Kel'Dor et son aîné furent interpellés par une très vieille Twi''Lek dont l'un des lekkus était tout rabougrie. Courbée, sa peau verte pâle tiraillée par les rides, l’agricultrice s'approcha. Apparemment ravie d'avoir une visite dans son paradis un peu trop silencieux, elle leur tendit presque aussitôt et d'autorité des fruits. Une pomme-Gor, aurait-elle lu dans leurs esprits avant leur arrivée? Luke mêla son esprit au sien, épargné par les préjugés auxquels les apparences pouvaient prêter, il sentit aussitôt sa puissance. Elle avait dû être une puissante Jedi, peut-être même une Gardienne reconvertie. C'était commun. De preux manieurs d'épée comme Ses'Kai qui finissaient par raccrocher et chercher la paix, la contemplation parfois si décriée durant leur carrière.

- Mangez mon petit, vous êtes tout maigre. - S'autorisa la Grand-Mère, à la façon dont justement les Grands-Mères prenaient ces droits.- Goûtez-moi ça.

Malgré son expérience, elle sembla pas deviner que le Kel'Dor ne pouvait pas se nourrir et ce malgré le masque, à moins qu'elle ne le sache mais s'en fiche éperdument, lui laissant le loisir de décider ce qu'il en ferait par la suite. Ça aussi, les personnes âgées pouvaient se le permettre. Le Hapien croqua dans la pomme-gor après avoir remercié celle qui se présenta comme Dan'Ina. Le jus coula légèrement sur les lèvres puis le menton du jeune homme.

- Hum, si je souhaite voir cette anguille de Torr, il me semble que je vais devoir passer par vous. Donc vous lui direz de venir me voir, j'ai un spécimen récalcitrant dont je n'arrive pas à déterminer l'origine.

Le ton de Dan'Ina n'acceptait aucun mensonge ou semi-vérité à ce sujet. C'est vrai que si elle voulait atteindre Karm, s'adresser à Luke était le meilleur moyen, la rougeur envahissant légèrement ses joues ne faisait que le confirmer. Sans laisser le temps à personne de poser des questions, de protester ou quoique ce soit d'autres, la Twi''Lek s'enfuit pour s'occuper de son grand jardin avec pour seul avertissement "ne dévalisez pas la serre."

- Non merci pour le Gabaki, je n'ai pas vraiment confiance envers les plantes qui aident à "se détendre".

Répondit le Hapien avec un léger retard. Ces plantes qui retiraient même légèrement le contrôle ne lui inspiraient aucun désir. Chemin trop facile pour méditer ou association automatique d'un Chevalier un peu coincé avec la drogue? L'idée prêtait à sourire d'autant plus qu'avec son aura traînante à la Hippie, Dan'Ina apparue de nulle part semblait gorgée de Gabaki Gris.
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Le Kel Dor ne put s'empêcher de sourire sous son masque respiratoire quand il vit Luke glisser sa pomme-Gor dans sa poche pour la rendre à qui de droit un peu plus tard, prétextant que le fait qu'ils reprenaient les plus petits manquants au réglement exigeait de lui qu'il ne manqua à aucune règle non plus. La logique était imparable et le Padawan ne put s'empêcher de pouffer de rire. Après tout, c'était lui qui avait raison et il n'aurait pas dû faire une "entorse" aux règles. Mais il se sentait davantage légitime pour faire ce genre de choses qu'il faisait partie de ceux qui s'occupaient le plus des plantes des jardins, les deux arbustes Gors y compris. Etant donné qu'il n'en mangeait jamais, eu égard au fait qu'il ne pouvait absorber d'aliment étant né dans une atmosphère riche en azote et en oxygène, et que tout ce qu'il lui arrivait de récolter finissait toujours dans la bouche des autres, il se disait qu'il pouvait certainement se permettre d'en prendre une sur son compte. Mais Luke, en définitive, avait bel et bien raison de garder la pomme-Gor dans son sac, après tout. C'est pour cette raison que le Padawan ne daigna pas argumenter dans le sens inverse. Au lieu de cela, les deux se dirigèrent vers les quelques serres présentes aux alentours du temple et qui servaient à faire pousser des plantes diverses et variées qui ne pouvaient pas pousser à l'air libre d'Ondéron, souvent à cause de la chaleur. C'est pour cette raison que certaines serres étaient en fait des cabines réfrigérantes. Quand ils y entrèrent, Yath pouvait admirer les diverses plantes qui y logeaient tranquillement et dont des Padawan et des membres de l'AgriCorps s'occupaient avec tout le soin dont elles avaient besoin. Cet endroit était, à vrai dire, l'un des préférés du Kel Dor qui aimait y passer dès qu'il avait un moment de libre, le plus souvent entre deux cours dispensés par les maîtres du temple. L'autre lieu favori du Padawan étant, selon toute vraisemblance, la bibliothèque.

Luke menait la marche et faisait attention à ne pas se prendre les pieds dans une marche sournoise ou à trébucher sur un éventuel obstacle sur le sol. Malgré la relative lenteur et prudence dont il faisait preuve en ces lieux qu'il semblait ne pas aussi bien connaître que le couloir menant aux salles de méditation, il était difficile de déceler du premier coup la cécité dont il était frappé. D'ailleurs, Luke demanda à Yath ce que ça lui faisait d'être privé du sens du goût et celui de l'odorat. Bien que le sujet était un peu plus compliqué que la simple privation des sens, il était vrai qu'il en était privé dès qu'il portait son masque anti-Ox, autant dire l'immense majorité du temps. Quand il était en mission loin du temple et de son appartement personnel qui était rempli d'un mélange de gaz similaire à celui que l'on retrouvait seulement sur Dorin - c'est-à-dire un savant mélange d'hélium, de méthane et d'ammoniaque, entre autres -, il était obligé de ne pas enlever son masque sous aucun prétexte. Pour manger, il était obligé d'enfiler un tube qu'il gardait constamment sur lui à un port à induction situé en bas de son masque et qu'il reliait à un tube rempli de pâte alimentaire spéciale, similaire en ce qui concerne le mode d'administration aux rations d'urgence mais qui différait par sa composition : des aliments synthétiques et de l'ammoniaque, l'équivalente de l'eau chez les Kel Dor. Et au moment du repas, et quand il avalait cette horrible pâte, il arrivait à Yath de maudire son sens du goût...

"A vrai dire, je peux sentir et goûter quand je n'ai pas mon masque sur le nez, précisa le Padawan. Donc je ne peux avoir mes sens seulement quand je suis dans ma chambre vu qu'il y a une atmosphère que je peux supporter : de l'hélium, de l'ammoniac et du méthane. Mais c'est vrai que je ne pourrai jamais sentir des milliers de choses sans mourir. J'aimerais pouvoir manger une pomme-Gor, mais les fruits que vous pouvez manger me tueraient également sur le coup. Mais je ne me plains pas, il arrive que l'on nous fasse parvenir des aliments directement de Dorin, pour moi et les autres Kel Dor du temple. Après, ajouta-t-il, il est vrai que ce que j'ai déjà senti doit être vraiment différent ce que tu as dû sentir dans ta vie. Et toi, t'arrive-t-il d'avoir la nostalgie des couleurs ?"

Donc rien ne lui manquait vraiment, de ce côté-là. Toutefois, il lui arrivait de contempler le monde qu'il entourait et d'envier celles et ceux qui pouvaient respirer les embruns des arbres. Pour cette raison, il lui arrivait de se demander s'il pourrait retourner sur Dorin un jour, pour qu'il puisse admirer les paysages sans avoir besoin de protections oculaires et respirer à l'air libre le vent qui souffle sans être obligé de porter un masque imposant. Bien qu'il l'avait fait avant que les Jedi ne l'emmènent sur Ondéron, cette époque était loin derrière lui, perdue dans l'ether de sa petite enfance. Par conséquent, il n'avait véritablement connu, olfactivement et gustativement parlant, que ce que l'on lui avait parvenir dans sa chambre au temple. Il remerciait toutefois l'évolution de son espèce puisqu'il n'avait pas besoin d'une combinaison environnementale pour progresser dans des mondes riches en azote et en oxygène : sa peau faisait le travail pour lui puisque les conditions météorologiques difficiles sur Dorin avaient doté les Kel Dor d'une peau imperméable, ne laissant passer ni l'air ambiant, ni liquide. C'est pour cette raison d'ailleurs que les Kel Dor n'exsudaient pas et qu'ils n'avaient pas besoin de prendre de douches tous les jours, auquel cas les architectes du temple auraient dû mettre bien plus de bombes d'ammoniac liquide pour les cabines privées des Jedi Kel Dor. Il suffisait, pour Yath comme pour ses compères, de brosser leur peau à sec pour enlever toutes les impuretés.

Assez parlé de la physionomie Kel Dor, retour à la discussion. Luke répondit à la question qu'avait posée Yath qui demandait si les couleurs arrivaient à manquer au chevalier Jedi. Celui-ci répondit qu'il n'était pas sûr de savoir s'il s'en souvenait. Yath était très intéressé par cette réponse, se demandant comment quelqu'un d'aveugle depuis assez longtemps pour penser qu'il avait perdu le souvenir des couleurs pouvait savoir si ce qu'il imaginait dans sa tête était un souvenir ou alors une illusion dans le noir total de la cécité. Etait-ce similaire au retour d'une sensation olfactive que l'on croyait depuis longtemps oubliée ? Yath ne le savait pas et il y avait peu de chances qu'il le sache un jour. Avant que Yath ne puisse enchaîner, l'une des préposées aux jardins et aux serres du temple invectiva les deux Jedi. Une Twi'lek, très âgée, les invita, en tendant à chacun des deux une pomme-Gor. Bien que Yath l'accepta par politesse, il la rangea directement dans l'une des discrètes poches de sa longue bure. Elle finirait par faire le bonheur d'un jeune Padawan, de toute façon. Voire de Luke, s'il appréciait le fruit. Le Kel Dor se déplaça de quelques pas, tandis que la Twi'lek échangeait quelques mots avec Luke, et se retrouva devant un bac de culture dont dépassait des sortes de longues tiges grises. Le fameux Gabaka Gris. En tant que tel, il n'avait aucune utilité : il fallait le faire longuement sécher jusqu'à ce qu'il perde toute humidité, puis le mettre dans un bocal et l'enflammer. La lente combustion, semblable à celle d'un bâton d'encens ordinaire, diffusait une douce odeur âcre dans la pièce qui, paraissait-il, permettait à ceux qui le sentait de se calmer. Yath se demandait bien si cela faisait bel et bien l'effet escompté et attendait que le premier bac soit prêt pour le sécher et le tester sur quelques Padawan volontaires. En tout cas, évidemment, il avait pris soin de vérifier que la combustion de ces herbes ne présentaient aucun risque pour qui que ce soit, auquel cas il n'aurait pas accepté dès le départ d'en faire pousser. Luke, après avoir échangé avec la dame, s'approcha du Kel Dor tout en déclinant respectueusement l'offre qu'avait plus ou moins impliqué le Kel Dor de lui en donner s'il en voulait. Yath ne put s'empêcher de rire, Luke ayant prononcé ce "se détendre" comme s'il s'agissait d'une épice hallucinogène.

"En tout cas, si tu trouves des Padawan volontaires pour devenir mes hommes de main pour que je monte un énorme trafic de Gabaka Gris dans le temple, tu sais où me trouver, plaisanta-t-il."
Luke Kayan
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L'amour des règles rendait parfois le pauvre Luke doublement aveugle, de fait il ne s'était pas rendu compte que son geste aurait pu blesser Yath. Refuser la pomme-gor de celui qui s'occupait principalement des jardins était une maladresse. Par chance, le Kel'Dor était tolérant, au même titre que le Hapien et c'était sûrement ce qui leur permettait d'être amis. Ni l'un ni l'autre ne se formalisaient des étrangetés composant le caractère de chacun.

- C'est un peu comme... Retrouver un sens puis le reperdre.- Il frissonna à l'idée.- J'ai une fois retrouvé partiellement la vue et j'espère que cela ne m'arrivera plus. Me réadapter y compris après ces quelques secondes de lumière fut difficile, déprimant. J'ai du refaire le deuil. -

Cela pouvait paraître vraiment bizarre voir anormal, seulement le Jedi préférait enterrer son passé, ses anciennes capacités pour choisir de s'améliorer, accepter son handicap une bonne fois pour toutes. Ces piqûres aigres-douces de remèdes éphémères lui semblaient davantage cruelle qu'une maladie incurable, installée à jamais. Inconsciemment, c'était ce qui le poussait à ne pas tenter le tout pour le tout. Des examens poussés, des visites chez de grands chirurgiens pour se faire opérer, que l'on répare ses nerfs qui ne faisaient plus leur travail. On lui l'avait pourtant déjà dit, en théorie il aurait une chance étant donné que ses pupilles fonctionnaient encore -chaque année un peu moins, certes.- et que ses yeux vivaient toujours, seuls la liaison avec le cerveau était coupée. C'était évidemment une opération délicate, à la vie à la mort qui serait programmée si seulement elle pouvait avoir lieu, mais le Hapien refusait jusqu'à savoir si elle l'était. Il préférait rester plongé dans ses certitudes, ne pas risquer de tomber plus bas. Il ne manquerait plus que le chirurgien dérape et lui retire sa motricité. Cette fois pas de doute, il n'y survivrait guère et ne s'adaptera certainement pas.

- En ce qui concerne cette nostalgie, elle s'évanouit au fur et à mesure que le temps passe. Je m'y suis résigné mais surtout, les souvenirs s'effacent. Je sais qu'il y avait plus avant, des... nuances. Je les perçois encore, surtout s'il y a beaucoup de soleil, c'est pour ça que je me rappelle que tout n'est pas noir. Noir, c'est la couleur qu'on m'a dit que je "voyais" très probablement en cet instant, celle du vide. Il y a aussi le gris, mais j'admets que j'ai du mal à comprendre la différence.

Le jeune homme se prit à sourire, il se souvint d'un programme expérimental visant à aider les aveugles à se repérer et à conserver une vague idée, au moins, de ce qu'étaient les couleurs. Il était petit à l'époque en plus de ne pas être très éveillé, c'était le cas de le dire, alors la méthode était enfouie dans son cerveau. Néanmoins, Catherine, une Chevalière la connaissait et avait commencé, de temps à autre à le familiariser à nouveau avec. Quand ils avaient le temps, c'est-à-dire un jour tous les deux ou trois mois, pas très pratique.

- On nous fait aussi saisir les couleurs grâce aux textures, par exemple pour le "blanc" on nous fait toucher du coton, pour le rouge, quelque chose de chaud, presque brûlant. Le "vert" est représenté par une feuille. Je ne me souviens pas du reste, je ne suis pas un excellent élève.

Il trouvait surtout ridicule de s'accrocher à un monceau de passé, à des notions dérivées. Un temps précieux qu'il prêtait à l'apprentissage de la Force ou d'astuces simples et universelles pour mieux se déplacer. Le jeune homme avait d'ailleurs été inscrit à l'hôpital de Coruscant à des cours de rééducation avancés pour les aveugles - se déplacer à l'étranger, se retrouver dans un lieu bondé etc.- mais il n'avait pu assister qu'au premier. Un de ses défauts: toujours vouloir trop en faire au point de parfois s'éparpiller. On était curieux ou on ne l'était pas, or Luke débordait de ce sentiment qui l'avait sauvé, lorsque Saï l'avait utilisé pour l'intéresser et le reconnecter au monde.


- Je saurai surtout de qui les éloigner!


Répliqua Luke d'un ton faussement sérieux. Sans penser que son ami lui donnerait de la drogue, il continuait de se méfier de tels produits relaxants, en partie à cause de son handicap qui l'obligeait à déployer ses autres sens, à rester en alerte. Ou une question de fierté? De toutes manières le Hapien n'avait que rarement eu besoin d'aide -celle d'un maître par exemple.- pour méditer, y compris enfant.

- Je plaisante, si te les enverrai. Mais as-tu un projet spécifique avec cette plante? Au-delà de ses vertus apaisantes? À moins que ce ne soit un projet à grande échelle de l'ExploCorps?


Le moindre détail donnait vie à sa curiosité. Ça faisait partie de lui, aussi.
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Yath écouta attentivement ce que disait Luke à propos de sa vue, comment il l'avait retrouvé et avait dû s'en séparer à nouveau. Si Yath retrouvait son odorat et son goût tous les soirs, Luke n'avait pas cette "chance". Par ailleurs, si un Jedi lambda pouvait très bien remplir ses prérogatives privé de ces deux sens (même si cela restait handicapant), ce n'était pas le cas de la vue, sauf si l'on consentait à mettre un effort considérable pour arriver à composer sans. La plupart des aveugles, surtout ceux qui n'ont pas la Force pour leur offrir une chance de ressentir le monde autour d'eux par son biais, perdaient non seulement en perspicacité, mais ils perdaient également en réflexes et en orientation. Si le goût et l'odorat étaient des sens que l'on pouvait activer plus ou moins selon l'attention qu'on y portait, la plupart des êtres vivants utilisaient tant la vue qu'ils finissaient par en dépendre. Quand la cécité venait, c'était donc toute une façon de vivre qu'il fallait apprendre à suivre, et toute une ancienne manière de ressentir le monde autour de soi à oublier. Le Kel Dor comprenait, par conséquent, pourquoi Luke ne voulait pas recouvrer sa vue et prendre le risque, à nouveau, de la perdre. Par ailleurs, il semblait s'en débrouiller sans faire face à trop de problèmes, même s'il lui arrivait de devoir faire attention quand il entrait en terra incognita : prendre connaissance de son nouvel environnement, entre autres choses. Mais le simple fait que Luke avait relevé des défis qu'il avait réussis avec brio était une énième preuve qu'il pouvait être un Jedi efficace sans l'aide de la vue, et qu'il ne valait pas moins qu'un Jedi dont les yeux étaient valides. L'entraînement intensifs de ses autres sens, ainsi que l'aide de la Force, n'y étaient certainement pas étrangers.

"Et si l'on te proposait de recouvrer entièrement et définitivement la vue, sans aucun risque, le ferais-tu ?, demanda candidement le jeune Padawan à son ami."

La question avait de quoi être déconcertante, mais Yath se demandait si, finalement, Luke ne s'était pas tant fait à son handicap visuel qu'il avait fini, par conséquent, par en tirer davantage de forces que de désavantages. Il avait déjà lu, dans certaines de ses lectures nocturnes, de sourds qui refusaient qu'on leur implante des puces capables de reconstruire synthétiquement les sous qu'ils étaient censés entendre, gardant alors une barrière infranchissable entre le monde physique et sonore et leur monde à eux, construit sans un bruit. Ces personnes qui n'étendaient pas avait, plus ou moins consciemment, adopté une façon d'appréhender les sens qui leur restaient de telle manière qu'ils étaient optimisés, presque parfaitement bien utilisés. Ils étaient des gens dotés d'un incroyable sens de l'observation, car leur surdité les poussaient à regarder constamment autour d'eux pour prendre connaissance de leurs environnements directs, et quand ils mangaient, leur odorat et leur goût était comme multiplié par dix par rapport aux sens des valides. Ils avaient évoulé, s'étaient adaptés, de façon à ce que leur "handicap" devienne une force. C'était là, le vrai miracle de l'existence : une manière de s'adapter pour franchir ce qui passait au départ comme étant l'infranchissable. Il comprenait évidemment que Luke ne désirait pas hypothétiquement risquer sa vie pour recouvrer un sens dont il s'était accommodé de l'absence, et il comprenait par ailleurs que celui-ci vivait sa vie de la manière la plus épanouie possible tout en étant aveugle. Mais à terme, en dehors de toutes ces considérations, pouvait-il, au fond de lui, désirer qu'on lui rende la capacité de voir, de ses propres yeux et non pas à travers la Force, le monde autour de lui ?

Luke enchaîna sur différentes techniques médico-psychiques pour aider ceux frappés par la cécité à comprendre des concepts aussi abstraits que les couleurs. Yath, qui n'était pourtant pas un jeune Kel Dor lent, s'étonnait du fait qu'il n'avait jamais vraiment réfléchi à tout cela. Comment définir la couleur rouge avec des mots ? Avec des gestes ? On pouvait toujours évoquer les notions de chaleur et de froideur, celles de dureté et de mollesse, ou encore celles de douceur et de rugosité. Mais comment différencier, sans l'aide de la vue, les notions de bleu, de blanc et de noir ? Le chevalier Jedi lui racontait que cet enseignement, qui devait être difficile, reposait sur la synesthésie : du chaud pour du rouge, du coton pour du blanc. L'astuce était certes intelligente, mais elle restait générale : il existait des choses rouges et froides, et des choses rugeuses et blanches. Par ailleurs, les nuances étaient exclues du processus. Mais l'initiative semblait très bien trouvée, et Yath n'arriverait certainement pas à trouver mieux avant longtemps. Celui-ci, d'ailleurs, ne daigna pas répondre. Non pas qu'il était désintéressé de ce que lui racontait son ami, mais il comptait laisser ce dernier continuer pour la simple et bonne raison que ce qu'il avait à raconter semblait plus intéressant.

Le Kel Dor, tout en l'écoutant attentivement, était penché sur les brins de Gabaki Gris. Ils les étudiaient de près, de façon à voir quand ils seraient prêts pour être récoltés puis patiemment séchés. Dans une atmosphère comme celle d'Ondéron, il fallait faire attention que les plantes de ce type ne prennent ni trop de chaleur, ni trop d'humidité. Si c'était le cas, alors il fallait les jeter puis en replanter, et Yath n'avait pas vraiment envie de refaire tout le chemin depuis le début. Non pas qu'il n'était pas patient, mais la pousse d'un groupe de spécimens de Gabaki Gris était longue et laborieuse, du fait que ceux-ci demandaient une certaine attention. Il passait l'une de ses longues griffes passer doucement sur les brins. Ils étaient prêts à être récoltés à partir du moment où une douce nuance grise venait à être visible. Ce n'était pas encore le cas. Luke lui demanda si quelqu'un, au-delà de l'apport relaxant de ces plantes, avait des projets pour ces pousses et si c'était la raison pour laquelle elles étaient cultivées. Le Padawan finit de les contrôler une à une puis se releva.

"A vrai dire, il me semble que le MedCorps s'y intéresse aussi, expliqua le Kel Dor. J'ai discuté avec l'un d'entre eux, ils pensent qu'il serait possible d'en extraire une essence qui permettrait d'en donner à des soldats souffrant de stress post-traumatique pour les calmer, voire pour commencer à traiter leurs troubles. Je ne m'y connais pas vraiment en médecine, donc je ne sais pas si cela portera ces fruits, mais je pense que cela vaut le coup d'essayer."

Si un brin de Gabaki Gris pouvait servir à relaxer un jeune Padawan agité de façon à ce qu'il puisse méditer tranquillement, alors une essence concentrée de cette même plante pouvait peut-être calmer suffisamment quelqu'un d'enfoncé dans une panique causée par les horreurs de la guerre. Là encore, Yath ne comprenait pas exactement les mystères des corps et des esprits des êtres intelligents, en tout cas pas plus qu'un Jedi lambda. Toutefois, il pouvait être intéressant d'étudier la question, même pour un néophyte en ce qui concernait les questions médicales. Par ailleurs, il était déplorable de constater que les soldats aliénés par les souvenirs sanglants de la guerre étaient bien trop nombreux, et quelque chose d'important devait être fait, au moins tenté, à leur égard.
Luke Kayan
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- Je suppose que oui. - n'était-ce pas la réponse que l'on attendait d'un pauvre handicapé désorienté si on lui offrait cette immense chance de le... réparer?- Je n'en sais rien, en réalité.- Avoua-t-il finalement, pour une fois gêné et incapable de prendre sa cécité à la légère. La question était plus complexe qu'elle n'en avait l'air, et Luke avait été surpris pas cette réponse qui avait fusé dans son cerveau, ou plutôt ces réponses: oui et non à la fois. - Mais au lieu de parler de choses que l'on ne peut pas arranger, parlons de celles qui peuvent l'être. As-tu déjà trouvé une cible potentielle? Un maître à harceler?

Le sujet revenait sur le tapis mais sous une meilleure augure, celle du présent et du futur. Lassé de discuter de l'intéressante mais irréalisable hypothèse de retrouver la vue, le Hapien préférait désormais se concentrer sur celui dont la vie était encore en jeu. La sienne, à seulement 25 ans, semblait aussi stable que pouvait l'être celle d'un Jedi, confronté à des missions, menant possiblement à une mort prématurée. Mais Luke était heureux ainsi, il avait déjà offert son corps, son âme depuis longtemps à l'Ordre qu'il chérissait, celui qui lui avait permis de retrouver justement, cette dite conscience égarée dans les limbes de la souffrance d'un enfant maltraité. C'était EUX, l'Ordre et Saï qui avaient contribué à ce qu'il était devenu aujourd'hui, un jeune homme considérant qu'on ne lui avait pas rendu sa vie, sinon qu'on lui la prêtait pour mieux servir de belles idéologie, notamment celle la justice. Autonome grâce à son statut de chevalier, le blond estimait sa vie "résolue", pourvu qu'il ne commette pas de faux pas, continue d'enorgueillir son maître, y compris par le biais de cette tolérance tacite envers sa relation qui devait commencer à se savoir parmi les hautes sphères. Yath quant à lui devait achever sa formation, et pour cela, trouver un maître. Évidemment, ce ne serait pas une honte de finir dans l'ExloCorps comme agriculteur ou chercheur, mais Luke lui trouvait davantage le potentiel d'un Consulaire avec pour passe-temps la culture de Gakari Gris, il n'imaginait pas le Kel Dor se restreindre aux serres.

- Il y a eu un projet parallèle à celui-ci, via la Force. J'en ai plus ou moins fait partie quoiqu'en tant que stagiaire. Je venais de m'engager, plus par hasard et peu convaincu je l'admets, dans la branche de la médecine. Il s'agissait d'une Université de Coruscant qui étudiait la Force, dans le cadre de mon mémoire sur son Impact j'avais assisté à des tentatives de Jedis du MedCorps essayant de calmer les troubles post-traumatiques de soldats. Hélas le projet n'a pas abouti, de l'énergie utilisée pour la thérapie, les Insensibles n'en percevaient qu'une infime partie, et seulement de manière éphémère, lorsque le Jedi usait de la Force pour les apaiser. Dès que le processus était stoppé, leurs angoisses revenaient, parfois plus puissamment encore. En plus d'avoir peu d'effet à cause de leur faible taux de midichloriens, la méditation et les soins psychologiques via la Force agissaient comme un calmant dont l'influence baissait à chaque fois. C'est à dire qu'elle traitait en surface et sur le moment, ce n'était pas viable. Les plantes pourraient être un moyen intéressant. Je te donnerai le contact de cette Université, peut-être que cette alternative pourrait leur plaire.

Le Hapien se promenait dans les allées, guidé par les odeurs parfois entêtantes des fleurs. La vieille Twi''Lek s'était éclipsée pour rentrer dans une arrière-pièce où elle chouchoutait de jeunes plants fragiles. En silence, il parcourut une allée de sable parsemée de quelques dalles en pierre lisses. Seules les fleurs parlaient à leur manière, distillant leur parfum et les effluves des ultimes mots échangés entre les deux Jedis. Luke avait compensé le sujet épineux du "maître" par une réponse concernant le projet d'adoucir la vie des soldats après la guerre. Il faudrait bien que le Kel'Dor se décide à faire face et Luke espérait l'y emmener en douceur.
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Yath, qui avait ressenti la gêne de Luke à répondre à la question que le Padawan lui avait posé, ne daigna pas insister. De toute façon, le chevalier Jedi semblait pour le moins décontenancé par cette question et il ne semblait pas savoir lui-même quelle était la réponse. Le seul résultat qu'il semblait y avoir était davantage de gêne, et le Kel Dor n'avait aucune envie que cela ne se produise. Il semblait bien, dès le départ, que la question était bien plus complexe qu'elle n'en avait l'air, ceux qui ne connaissaient pas les aboutissants d'une relation entre un être vivant et les forces qui s'exercent sur lui devinaient systématiquement que la réponse était "oui, bien sûr". Mais Yath avait compris que Luke avait un point de vue bien moins tranché sur la question, tout comme le Padawan lui-même avait un certain avis sur le fait qu'il devait abandonner deux de ses cinq sens dès qu'il sortait de ses appartements personnels. Luke éluda donc la question et préféra demander à son ami s'il avait déjà des pistes pour trouver un nouveau maître qui pourrait lui enseigner les voies de la Force. Il avait certes quelques idées, mais de là à appeler ces idées des pistes, il y avait une marge que le Kel Dor ne pouvait décemment pas se décider à franchir. Certains des maîtres de l'Ordre avaient la constante attention du Padawan, parce qu'ils étaient considérés parmi les plus sages et les plus puissants dans la Force dans la galaxie entière. Avoir l'un d'eux comme enseignant et comme tuteur, c'était la garantie d'apprendre bien et beaucoup, et c'était une perspective qui réjouissait le chevalier en devenir.

"De là à dire que j'ai trouvé... soupira Yath. Disons que j'ai des inclinations. J'aimerais beaucoup apprendre auprès de maître Don, comme tu l'as toi-même fait. Hildegarde Maria, aussi, semble être une alternative très intéressante. Mais pour parler franchement, pondéra le Kel Dor, je suis prêt à prendre n'importe quel maître pour terminer ma formation."

Il était vrai que le temps pressait et qu'il devait vite retrouver un maître Jedi. Les conditions du Conseil, qui avait pris la décision d'autoriser Yath à chercher la tutelle d'un nouveau maître, étaient claires : il en avait le droit mais il avait un temps relativement limité pour le faire. SI cette condition de temps n'était pas remplie et si, au bout de quelques mois, il n'avait toujours pas trouvé de mentor à embêter, alors il devait retourner auprès de son ancien maître malgré les problèmes relationnels qui s'étaient installés entre les deux. Autant que faire se peut, le Kel Dor ne désirait pas cela et c'était pourquoi il cherchait d'arrache-pied un nouvel enseignant sans même prendre en compte certains critères qui lui semblaient pourtant importants : la voie choisie par le maître, ses savoirs quant à la force, le corps auquel il appartenait... Il était toutefois obligé de composer avec ses propres forces et ses propres faiblesses, puisque celles-ci n'allaient pas disparaître par sa simple volonté. Le Padawan savait qu'il ne pourrait jamais faire partie d'un quelconque corps diplomatique : il n'était pas très à l'aise dans les grandes discussions et il n'avait d'ailleurs pas vraiment la tête de l'emploi. Il y avait bien sûr la possibilité, pour lui, d'intégrer les historiens de l'Ordre Jedi, puisqu'il portait en lui des savoirs quant à l'histoire de l'Ordre qui pouvaient lui garantir une place en tant que tel. Il pouvait également rester au temple et devenir un des quelques botanistes, car il portait également tous ces savoirs en lui concernant la flore galactique. Mais là encore, il ne trouvait pas réellement son bonheur : sa jeunesse le poussait vers davantage d'action. Peut-être que ce trait de caractère s'estomperait finalement avec le temps, cela dit.

C'est alors que Luke évoqua des expériences auxquels les Jedi participèrent sur des soldats souffrant des horreurs vécues et commises durant la guerre, et comment ces expériences, bien qu'intéressantes, n'avaient pas eu les effets escomptés. Il en était de la science comme de tout le reste : une sucession de cruels échecs qui devait mener, à terme, à un succès retentissant une fois que la bonne formule, que la bonne méthodologie, était trouvée. Si la Force avait le pouvoir de créer les coeurs des étoiles et de faire se soulever les montagnes du sol, celle que maniaient les maîtres et les chevaliers Jedi avaient toutefois leurs limites. La piste du Gabaki Gris était intéressante puisqu'elle appelait à des réactions chimiques banales, loin du surnaturel que pouvait représenter la Force. C'était pourquoi le Kel Dor croyait davantage en l'efficacité de ces herbes à l'apparence banale qu'à des influences via la Force.

"Il peut être dangereux de faire entrer la Force dans les esprits troublés, avertit le jeune Padawan. Il est dommage que vous n'ayez pas eu de résultats concluants. Peut-être que ces plantes représentent un espoir, si ce n'est une réponse, à ces problèmes. En tout cas, si tu me passes les coordonnés de ces universités, je ferai en sorte de les faire parvenir au MedCorps. De toute façon, du peu que j'ai compris, le projet est mené conjointement avec le MedCorps et les hôpitaux militaires de la République. En tout cas, si ça ne marche pas, on aura toujours de quoi faire des bâtons de la mort."
Luke Kayan
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- Maître Don est âgé - prévint Luke, conscient que s'il ferait un excellent maître, ce dernier approchait de la "retraite", parfois il ne pouvait s'empêcher de trouver le vieil homme imprudent. Cela dit, son ex- apprenti était exactement pareil, incapable de ralentir le rythme pour prendre soin de soi. Ce n'était pas pour rien que les deux Jedis s'entendaient si bien.- et la situation n'est pas très claire avec son Padawan Yun.

Le Hapien le retenait, cet ancien Sith, lequel évoluait aujourd'hui dans l'ExCorps ou avec les pilotes, il n'en savait guère plus, si ce n'était que l'humain au visage brûlé n'assistait pas souvent Maître Don. Un crime aux yeux éteints du blond qui, s'il n'en venait pas à éprouver une colère malsaine à l'égard du jeune repenti, commençait à sentir la méfiance s'éveiller.

- Maître Marja est très... Complexe, je ne la connais pas outre les rumeurs à son propos donc je ne jugerai pas. C'est une Jedi puissante, douée, cela ne fait aucun doute, en ce qui concerne la diplomatie j'ai davantage de doute. Essaye du côté de Maître O'Oh, c'est un Itachi placide, sage et... Sans idées politiques fixes.


Un sourire creusa son chemin jusqu'aux lèvres du Jedi qui occultait plutôt bien son inquiétude montante. La situation de Yath semblait plus spartiate, précaire qu'il n'y avait songé de prime abord, sans compter que si ses disputes avec son ancien mentor s'étaient répandues dans les couloirs du Temple, certains maîtres ne voudraient même pas contempler la possibilité de le prendre sous leur aile. Maître Don lui paraissait la meilleure option, pour des raisons évidemment subjectives mais pas que. Tolérant, doux, calme, le vieil homme ne manquait pas de qualités, cependant le Hapien voulait aussi le préserver, or un nouvel adolescent à sa charge, aux idées arrêtées et un brin capricieux lui semblait être un candidat peu adéquat. Avec un sourire nostalgique, un brin triste, le jeune homme s'imagina son cher mentor se "fâcher" s'il avait connaissance des pensées de son ancien élève beaucoup trop protectrices à son endroit. Mais comment s'en empêcher? Luke aimait profondément son modèle et leur relation avait des frontières particulièrement diffuses. Professeur, père? Leur lien n'était un secret pour personne, surtout pas le Conseil qui avait vu le duo évoluer au fil des ans, probablement avec une certaine tendresse mêlée d'inquiétude.

- Il est vrai que la Force doit être... Invoquée avec prudence, elle est une alliée puissante, parfois trop puissante pour nous. L'exploiter ou détourner sa fonction première -simplement vivre en nous, peut mener à de terribles situations. Les plantes semblent être un moyen plus stable de contrôler ces traumatismes, à condition de créer une formule ne menant pas à la dépendance. Mais l'Université possède des laboratoires privés de qualité, ainsi que des professeurs chevronnés. Ceux-ci pourraient t'éclairer, au même titre que toi leur apporter des connaissances, un partenariat intéressant.

Et si la voie du Kel'Dor dérivait vers la recherche? Luke avait de la peine à l'imaginer ne pas devenir chevalier, mais qui sait, peut-être que ce n'était pas son destin. Être le représentant des enfants de la Force à l'université, obtenir une chaire là-bas semblait être un objectif plus qu'honorable, surtout que finalement Yath continuerait à aider son prochain.

- Crois-tu que cela pourrait être le projet de ta vie?

Demanda-t-il en y mettant toute la prudence et l'amabilité possible. Évidemment, Luke ne pensait pas que le cas du Masqué soit désespéré, il ne voyait dans aucune boule de cristal que son ami était perdu dans des limbes, le titre de chevalier Jedi s'éloignant de sa silhouette drapée de noir. Cela dit, dans sa tête, se dessinait un futur prometteur, alternatif pour Yath s'il s'y intéressait. Au moins Luke se préoccuperait moins pour lui, se sentant moins coupable de ne rien pouvoir faire.

- Si la diplomatie est réellement ta voie favorite, je ne pourrai intercéder en ta faveur auprès de Chevaliers et de Maîtres, tu sais combien le favoritisme est dangereux et déshonorant chez nous, en revanche, je pourrai me renseigner quant à des Consulaires cherchant un apprenti et leur proposer une liste équitable de Padawans prometteurs.

Dont Yath ferait partie car il le méritait, certes.
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Yath écoutait attentivement les recommandations de son ami quant aux choix que considérait le Padawan et les maîtres qu'il envisageait d'approcher pour continuer et achever sa formation. Devant les objections relativement fermes quant aux considérations qu'il s'étaient faites, Yath ressentit comme une insidieuse vague de découragement s'immiscer en lui, malgré les indications de Luke quant au fait que certains maître pouvaient lui correspondre davantage. Le Kel Dor émit un long soupir sonore, manifestant par-là même sa franche déception de ne pouvoir se diriger vers les maîtres qu'il désirait. Luke, toutefois, proposa à son ami de considérer l'idée de ne pas rejoindre les rangs de chevaliers et de s'orienter vers la recherche. Bien qu'il avait déjà considéré cette éventualité, il avait toujours eu le souhait de rejoindre celles et ceux qui intervenaient dans les problèmes galactiques pour les résoudre, sur le terrain. Après tout, c'étaient eux qui étaient la véritable colonne vertébrale de l'Ordre Jedi : sans eux, celui-ci ne serait qu'une sorte d'ordre monastique, renfermé sur lui-même. Même s'il considérait que le "partenariat" entre la République Galactique et les Jedi était trop dissymétrique pour être véritablement efficace, il considérait l'action des Jedi qui oeuvraient pour le compte du Sénat et de la démocratie comme primordiaux dans le maintien de la paix galactique et la protection des milliards de citoyens de la République.

Bien que le Padawan appréciait sincèrement les longues heures passées dans la bibliothèque, à feuilleter les innombrables ouvrages qui la composent, et à aider ses coreligionnaires dans les jardins, il n'avait jamais vraiment appréhendé l'histoire que tout cela pouvait constituer l'intégralité de sa vie. Peut-être par orgueil, il avait souvent pensé qu'il était important de se vouer, pour lui, à changer en profondeur l'Ordre Jedi pour qu'il devienne l'instrument efficace de la sérénité et de l'harmonie dans la galaxie. Il considérait bien sûr les tâches des universitaires et des chercheurs comme très important, la preuve en était avec l'aide qu'il apportait plus ou moins indirectement en cultivant ces brins de Gabaki Gris et en partageant certaines de ses connaissances avec le MedCorps, mais il pensait aussi et avant tout qu'il n'était pas fait pour suivre ce chemin-là, malgré les apparences. Il avait eu à coeur de s'entraîner longuement à aiguiser les quelques pouvoirs qui lui avaient été confiés par la Force pour se défendre et, surtout, défendre autrui. Il avait longuement étudié les grands philosophes Jedi, qui considéraient entre autres que l'Ordre Jedi était avant tout un ordre de l'intervention directe.

Mais peut-être devait-il changer de perspective. Après tout, c'était justement cette difficulté à changer de point de vue qui l'avait mis dans cet état, et nul doute que la situation continuerait à se détériorer s'il ne se remettait pas en question. Avec le recul, à vrai dire, le projet de rejoindre un corps plus "confidentiel" au sein de l'Ordre Jedi n'était pas aussi rédhibitoire que cela. L'idée pouvait même paraître séduisante. Sans doute le fait que ces mots étaient précisément prononcés par Luke, qui était l'un des Jedi que le Padawan portait en très haute estime, avait suffi à ce que ce recul nécessaire soit pris. Toutefois, Yath ne put s'empêcher de rire quand Luke évoqua l'idée que la diplomatie pouvait convenir au Padawan. Ce dernier n'avait pas réellement de talent pour la diplomatie, et il n'avait d'ailleurs littéralement pas la tête de l'emploi. La recherche pouvait être une perspective intéressante, mais l'idée que Yath devienne un diplomate lui semblait plus ou moins absurde. Il n'avait pas réellement l'étoffe d'un orateur, encore moins d'un médiateur, surtout pas d'un leader.

"Si tous les diplomates étaient comme moi, la République croulerait depuis longtemps sous les guerres, décocha le Padawan, amusé par la simple perspective de devenir un orateur. L'idée de poursuivre dans la recherche me séduit davantage, déjà, tempéra-t-il."

Quand Luke annonça à Yath qu'il pourrait l'orienter dans cette voix de la meilleure des façons possibles, en l'aidant à se diriger vers les autorités décisionnaires, il remercia silencieusement son ami en inclinant la tête en avant en guise de révérence discrète mais néanmoins significative de sa gratitude. Bien sûr, cela ne lui garantissait en aucun cas une place, comme le rappelait très justement le chevalier Jedi. Mais c'était une perspective d'un pas de géant en avant dans cette perspective. Par la suite, Yath n'aurait qu'à faire ses preuves, chose dans laquelle il excellait tant il était investi dans ce qu'il entreprenait.
Luke Kayan
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- Hum. Tu as encore un peu de temps devant toi, de toutes manières.

Conclut le Chevalier qui se voulait encourageant. Bien sûr, ces semaines voir ces mois prêtés ne devaient guère s'allonger vu la tâche des Padawans, ardue, pour achever la fin de leur formation, mais le Hapien tentait de se rasséréner. En cette époque de guerre justement, nombreux étaient les apprentis qui perdaient le fil de leur formation, il fallait donc leur assigner un autre maître, ce qui prenait parfois des mois, pourtant certains finissaient chevalier. Son propre Padawan n'était pas un modèle de l'ancienne époque, celle dorée, où l'Ordre s’octroyait le luxe de refuser tout enfant de plus de 13 ans. La pédagogie avait évoluée ainsi que ses techniques et il était désormais possible qu'un apprenti de 16 ou 17 ans débute juste. Sa vie de Padawan serait, certes, un enfer mais Yath étant un cas intermédiaire, c'est-à-dire un potentiel chevalier déjà à demi formé, il disposait de ce temps. Ce dont il disposait moins, or c'était ce qui préoccupait le blond, c'était d'autres opportunités. Les Jedis étaient sensés pardonner, et le Kel'Dor n'avait rien commis d'irréparable, néanmoins Luke n'était plus assez naïf pour penser que n'importe quel maître accueillerait son ami à bras ouverts. Il avait dépassé certaines frontières implicites en se disputant avec son ancien mentor, suffisamment pour que le duo ne se sépare. Faire amande honorable, avouer ses torts en même temps que son passé était l'unique solution. Heureusement, le futur Consulaire en était conscient, ne restait donc plus qu'à attendre qu'un Chevalier aimant les défis ou particulièrement investi dans la politique -et du côté de celui de Yath- apparaisse. L'idée de pousser l'adolescent dans les bras d'un sénateur amusa le Hapien une seconde.

- Et Sénateur?

Les yeux du Jedi se firent rieurs, mais au fond, pourquoi pas. Alyria Von ne s'était pas totalement investie en tant que chancelière parce qu'elle tenait trop à sa carrière de Jedi, enfin probablement, Luke ne la connaissait pas assez pour l'affirmer. Cela dit, elle aurait eu un futur tout tracé en politique, pareil pour Halussius. Le jeune homme se souvint avec émotion du premier qui lui avait permis, dans son grand vaisseau, de voir les couleurs, pour la première fois depuis des années et certainement la dernière.

- Soyons sérieux 5 minutes - se reprit-il, comme s'ils avaient enchaînés des frivolités jusque là.- Je pourrais te proposer de t’entraîner dans les domaines qui te coûtent le plus d'efforts entre deux voyages. Évidemment, une formation entrecoupée n'est pas l'idéale, d'ailleurs il s'agirait plus d'une aide ponctuelle mais c'est mieux que rien. Je te propose de compiler doutes et exercices pendant mes absences, puis je tâcherai de répondre aux questions non abordées en courts, et de corriger tes exercices... Mais tu dois savoir que j'en donne beaucoup et que j'exige qu'ils soient tous faits.

D'ailleurs, une bonne pile de cas théoriques et pratiques en droit attendaient Eckthor sur son bureau. Elle n'avait plus qu'à passer par la liseuse reliée à l'imprimante qui changerait le braille en basic. Autant dire qu'il restait peu d'heures de soleil à son apprenti, mais c'était de bonne guerre après les longs efforts de Luke pour résumer les meilleurs ouvrages puis inventer des cas juridiques suffisamment réalistes pour intéresser l'adolescent géant.

- Quelque soit ton choix - sauf celui de sénateur - Nouveau sourire, léger, éphémère mais non moins amusé.- je te soutiendrai, bien que mes connaissances en Recherche, surtout celle qui vise les plantes, sont limitées.

Luke laissa une main voguer sur les plantes de la serre, mal lui en pris car une épineuse se vengea de sa paume pourtant non invasive. Le Chevalier ramena vivement son index à lui et suçota le sang qui en perlait. Comme un avertissement. Risquait-il de se piquer en aidant le "rebelle"? Non, il croyait que Yath avait grandi, reconnaissant ses erreurs et montrant de l'intérêt pour aller de l'avant. Son ancien maître y compris ne devait pas lui tenir rancune, enfin Luke l'espérait. Dans tous les cas, le jeune homme était persuadé qu'en saisissant correctement sa chance, le Kel Dor achèverait sa formation. Il n'avait commis aucun acte irréparable, le Conseil saurait voir ses efforts. Peut-être que son ancien mentor le reprendrait? L'idée trottina dans la tête du Jedi mais il n'en dit rien à son cadet, visiblement - y compris pour un aveugle- pas encore prêt à enterrer la hache de guerre politique.

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Yath ne put s'empêcher d'éclater de rire à la simple idée de devenir sénateur. Luke lui-même semblait lui-même quelque peu amusé à imaginer cela, mais une lueur dans le regard se faisait plus sérieuse, comme si la perspective de compter le Padawan au sénat était probable, voire souhaitable. Après tout, Yath s'était fait connaître pour certains comme un Jedi qui avait des idées plus ou moins approfondies sur la politique galactique de la République, et le fait qu'il n'avait même pas daigné s'en cacher s'était révélé fâcheux et dommageable pour lui. Mais était-il seulement intéressé par la perspective de devenir un homme politique, un membre du Sénat de la République de surcroît ? Yath n'avait même pas envisagé l'idée, et les raisons pour cela étaient multiples et lui semblaient évidentes.

Premièrement, même s'il considérait que le système démocratique parlementaire de la République était infiniment plus souhaitable aux ambitions autocratiques et totalitaires de l'Empire, il n'avait pas spécialement confiance en la politique républicaine et, surtout, en celles et ceux qui l'incarnaient dans les plus hautes institutions. Il considérait souvent les sénateurs comme corrompus, non pas parce qu'ils étaient intrinsèquement mauvais et amoraux, mais parce que les impératifs qui s'imposaient à eux demandaient qu'ils brisent les règles qui s'appliquaient normalement à eux pour arriver à leurs fins. Si la République était un être vivant, pour Yath, c'était définitivement un être vivant mais malade, affaibli par les politiciens qui représentaient autant de bactéries nocives pour l'organisme politique.

Par ailleurs, Yath, s'il se considérait comme plus honnête que la plupart des sénateurs, n'avait pas les talents requis pour assumer cette tâche, même de la façon la plus intègre possible : il n'était pas un grand orateur et il était obligé d'admettre que les mondes de la République lui étaient souvent inconnus pour qu'il puisse prétendre affecter les milliards de vies qui s'y trouvaient. Il n'avait que rarement quitté Ondéron et il ne se souvenait même plus de Dorin, son monde d'origine, qui était le seul endroit où il pouvait éventuellement avoir une chance d'être élu. Et c'était sans compter sur son réseau de connaissances. Les sénateurs étaient peut-être élus par le peuple, mais ils y étaient présentés parce qu'un petit nombre de personnes, parmi les plus puissantes, considéraient que certains d'entre eux méritaient plus que d'autres d'accéder à un siège sénatorial.

Enfin, il avait un mauvais souvenir des quelques expériences récentes durant lesquelles des Jedi avaient accédé aux plus hautes sphères du pouvoir, y compris celle de la Chancellerie Suprême. Il avait souvent conspué, face à son ancien maître, les décisions qu'il considérait désastreuses prises durant le mandat de Halussius Arnor en tant que chancelier. Pour le coup, les idéaux Jedi s'étaient révélés être un frein à la bonne marche politique de la République. Un chancelier devait se montrer avant tout pragmatique, quitte à devoir s'imposer l'idée que ses propres idéaux n'étaient peut-être pas les bons. Et les Jedi, surtout les plus forts, ne pouvaient se permettre une hétérodoxie telle qu'elle risquait de les faire tomber de l'autre côté. Chez les membres de l'Ordre, le fait de rejoindre cet autre côté était toujours très lourd de conséquences : les membres déserteurs, ceux qui avaient rejoint les Sith, constituaient un exemple face auquel les mots étaient surnuméraires.

Alors qu'il évoquait, dans son esprit, tous ces points de manière plus ou moins ordonnée, Luke proposa à son ami de faire office de "maître par intérim", en quelque sorte. Durant ses courts passages au temple, il lui ferait faire quelques exercices et, durant ses longues absences, Yath pourrait utiliser ces quelques leçons pour s'entraîner au mieux de son côté. Sans doute en attendant un maître qui commençait à franchement tarder à y arriver. Il imposa néanmoins la condition, à cette proposition, que Yath prenne son entraînement saccadé très au sérieux. Il s'inclina devant son ami chevalier, étreint par la gratitude et même si Luke ne pouvait le voir. C'était une question de respect. Après tout, Luke allait sacrifier une partie importante de son précieux temps libre pour permettre à Yath de continuer au mieux sa formation arrêtée depuis qu'il avait quitté son ancien maître. C'était une raison non-négligeable de ressentir une profonde reconnaissance.

"Sache que si tu m'acceptes comme élève malgré toutes tes obligations, je serai éternellement ton obligé, proclama le Kel Dor en fixant le sol. Et je me montrerai digne de la confiance que tu m'accordes."

Le travail à fournir n'était pas réellement un problème pour le Padawan. Celui-ci était travailleur et cela se savait dans les couloirs du temple. Il l'était en tout cas plus qu'une bonne partie des autres Padawan qui, s'ils faisaient souvent preuve de bonne volonté à l'égard de leurs maîtres et des chevaliers, avaient tendance à rechigner à travailler, surtout dans les cas les plus abstraits et théoriques. Un énième affre de la jeunesse, sans doute. Bien sûr, Yath ne savait pas encore ce que le futur lui réservait, mais la proposition que venait de lui faire son ami le rendait déjà plus serein à ce sujet. Peut-être même, au bout d'un moment, qu'il arriverait à davantage se focaliser sur le présent.

"Sache que j'ai une grande dette envers toi, annonça Yath pour appuyer son propos. J'espère pouvoir un jour l'effacer. Et que toi et la République soyez rassurés, je n'ai pas prévu d'entrer en politique. Je ne peux être que Jedi ou politicien, et je suis déjà un Jedi, malgré tous mes défauts."
Luke Kayan
Luke Kayan
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[hj: Désolée, j'étais sûre d'avoir répondu Embarassed ... Si tu veux, on stoppe là et on rouvre, ou alors on continue ici mais tu considères que deux jours sont passés ou on arrête simplement si tu en as marre de moi! Comme tu le veux!]

- Des défauts, c'est bien la seule chose dont je ne manque pas.

Sourit Luke en inclinant légèrement la tête juste après Yath par pur hasard. On lui avait enseigné que ce type de salutations signifiait le respect et puisque c'était ce qu'il voulait transmettre, le Jedi s'était exécuté. Il était vrai que le Kel'Dor avait des défauts, et de grands si l'on jugeait la dispute avec son maître, irréversible. Néanmoins il fallait lui reconnaître une certaine clairvoyance doublée d'une humilité suffisante pour reconnaître ses erreurs, à moins que ce dernier ne se cacher derrière une fausse modestie, difficile cela dit, de croire Yath capable d'une telle duplicité. Tous deux continuèrent leur chemin en humant parfois des fleurs ou commentant les capacités de certaines d'entre elles. Luke ne pouvait pas beaucoup alimenter la conversation, sachant que la végétation n'était pas une des spécialités. Il prenait en revanche plaisir à écouter les explications voir les conseils de son camarade.

- Saurais-tu d'une plante qui serait heureuse à mon chevet ou sur la fenêtre de ma chambre?

Demanda-t-il en se rappelant de la volonté de Karm à se rapprocher des bêtes. Ce pouvoir aussi mystérieux qu'attrayant, Luke l'avait en partie développé en autodidacte pendant son enfance. Avoir une plante lui permettrait de retrouver ce lien avec Dame Nature. Et puis, cela lui ferait plaisir de récupérer un plan trop fragile pour ces serres, étouffé par ses frères et soeurs, ou une graine réclamant un soin particulier, issue d'un arbre rare. Il lui fallait évidemment une plante solide pour supporter ses longues absences ou alors un minuscule arbuste qu'il pourrait emmener partout mais évidemment, le Jedi doutait que la Force ait crée cette merveille.

- Notre entretien touche à sa fin je le crains. J'ai beaucoup de papiers à remettre en ordre, dont mon rapport à relire pour le remettre au Conseil, et je ne doute pas que toi aussi tu as du travail. Je laisserait quelques exercices au secrétariat demain, dont un cas pratique de diplomatie. Je t'engage à rédiger les différentes solutions que tu préconiserais, je pense pouvoir passer d'ici deux jours voir commenter et corriger si nécessaire avec toi.

Par chance, entre deux missions on les laissaient se reposer. Déjà absent depuis longtemps Luke disposait d'un trou assez confortable pour préparer Eckthor, aider Yath ou encore rédiger un peu son second mémoire. Certes, il avait plus de doute sur ce dernier point, mais tant pis, les vivants demeuraient plus importants qu'une étude capable d'attendre quelques semaines voir mois. Après tout, il n'écrivait pas pour publier à tout prix et encore moins pour la gloire sinon dans l'espoir de mettre ses idées en ordre, et qui sait, aider d'autres Jedis. Encore faudrait-il que les aînés approuvent son mémoire, sans quoi il serait le premier à le détruire en rougissant. Karm et ses idées un peu différente de la doctrine générale insufflaient parfois à ses écrits des cheminements troubles. Ses feuilles en étaient légèrement parsemées, heureusement rien d'hérétiques, sinon une certaine audace inexistante dans le premier mémoire, un pavé recelant d'informations fiables, mais un pavé quand même.

- Je te laisse choisir le plant qui te sied pour partager mes nuits de repos et jours de travail, ou bien aucun, si tu crains qu'un aveugle risque d'arroser le bois du meuble au lieu du tronc, ou de faire chuter le pauvre végétal. - Plaisanta Luke même si le cas pouvait se présenter. Qui sait, le Kel'Dor bien avisé pourrait juger plus prudent de ne lui confier aucun pauvre arbuste. Ce n'était pas comme si le Chevalier passait sa vie au Temple, au contraire, il se déplaçait de plus en plus souvent, tant et si bien qu'il empiétait légèrement sur le terrain des guerriers. Il faut dire que Karm ne tenait guère en place, et que le Hapien semblait apprécier l'idée de le seconder. -
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Luke demanda au Padawan s'il avait une plante, dans les serres, qu'il pourrait s'approprier pour en faire une compagne. Yath posa l'une de ses mains sur l'une des excroissances osseuses sur son crâne, un tic qu'il avait l'habitude de montrer quand il réfléchissait. Il fallait qu'elle remplisse effectivement plusieurs criètres : Luke était un chevalier Jedi et, comme la plupart d'entre eux, il avait l'habitude de s'absenter sur de longues périodes, ne pouvant profiter d'un repos au temple qu'irrégulièrement, au mieux. Donc une plante peu gourmande en eau et en soins divers, capable de ne se satisfaire pleinement que de beaux rayons de soleil. En d'autres termes, une plante poussant en milieu aride. Le Kel Dor fit l'effort de feuilleter ses souvenirs de manuels qu'il avait lus ces derniers temps, et de comparer avec ce que les serres renfermaient et qui pouvait concorder avec ce qu'il cherchait. Il passa en revue, dans son esprit, des planètes arides dont il avait étudié la botanique. Certaines étaient de gigantesques déserts sur lesquels rien ne poussaient. D'autres avaient des zones tempérées, mais les fleurs et les herbes qui y poussaient avait besoin d'autant d'eau que les autres. C'est alors qu'il se souvint qu'il avait exactement ce qu'il fallait à Luke. Mieux encore, elle ne demandait que très peu d'entretien tant celle-ci était résiliente. Elle était par ailleurs relativement petite, ce qui permettait qu'on puisse la laisser sur le tableau de bord d'un vaisseau ou dans le coin d'une pièce. Elle ne demandait, finalement, qu'un petit arrosage une fois toutes les deux ou trois semaines.

N'était-elle d'ailleurs pas dans la serre où les deux Jedi se trouvaient ? Yath commença à regarder autour de lui. Ce qu'il recherchait était une fleur blanche, très claire, avec des feuilles qui constituaient une sorte de puits pour la pluie qui tombe. Il était certain d'en avoir une sous la main, dans un petit pot circulaire. Malheureusement, il n'en trouva aucune. Elles étaient certainement ailleurs, car il était de toute façon certain qu'il y en restait des spécimens empotés. On pouvait en voir certaines dans les jardins, notamment à l'ombre des arbres centenaires du temple. S'il n'en trouverait pas en pots, il pourrait toujours en prendre une directement dans la terre et la remplacer par une autre fleur. Voire en choisir une autre, étant donné que leur rendez-vous touchait à sa fin.

"Ne t'inquiète pas, je trouverai forcément ton bonheur, conclut le jeune Padawan certain de ses talents."

C'est alors que le chevalier Jedi commença à prendre congé de son interlocuteur. Celui-ci songea qu'il avait pris son temps, étant donné toutes les tâches qui incombaient habituellement aux membres de son rang. Il portait même une certaine gratitude envers lui d'avoir bien voulu prendre sur ses obligations pour que les deux puissent se voir. Et la prochaine fois qu'ils se verraient, Yath aurait l'occasion de lui offrir ce qu'il désirait obtenir. Luke annonça d'ailleurs qu'il repasserait d'ici deux jours et qu'il laisserait au Padawan quelques exercices que ce dernier aurait à coeur de répondre dans les plus brefs délais. Le jeune Kel Dor s'inclina une énième fois devant son ami, à la fois pour le remercier de son attention et de sa présence durant cette après-midi. Relevant presque immédiatement la tête, il répondit à Luke :

"Merci encore de m'avoir accordé tout ce temps, mon ami, bien que je te sache très occupé, déclara le jeune Padawan. Et merci encore pour ta proposition, tu auras tes exercices terminés et travaillés en profondeur à ton retour, se permit-il d'assurer."

La promesse, si elle était annoncée avec la force de la certitude, n'était pourtant pas si difficile à tenir qu'elle ne semblait l'être. Après tout, le Padawan n'avait plus de maître auquel rendre des comptes et, s'il avait encore des maîtres à rencontrer, il n'était pas prévu qu'il tombe sur l'un d'entre eux dans un futur très proche. Au-delà de tout ça, il avait de toute façon bien assez de temps pour travailler et compléter quelques exercices, même s'il redoutait déjà plusieurs erreurs quant à ce qui portait sur la diplomatie, étant donné ces lacunes dans ce domaine-là. Il était toutefois résolu à s'améliorer dans toutes les matières dans lesquelles Luke lui enseignerait. C'était, là, une promesse difficile à tenir, mais le Kel Dor avait pour ce faire la volonté d'une étoile.

Luke alors s'éloigna lentement du Padawan et s'approcha de la sortie de la serre. Avant de partir pour de bon, il revint sur le sujet de la plante, ce à quoi le Kel Dor, assuré de pouvoir trouver la plante parfaite pour son mentor officieux mais néanmoins réel, répondit :

"J'ai déjà une petite idée sur ce qu'il te faudrait, ne t'inquiète pas, rassura Yath."
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