Absalom Thorn
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— … et nous n’avons pas d’objections, au contraire, ce serait un grand honneur, Seigneur, mais…

Le Premier Conseiller adressa à ses collègues un regard embarrassé. Personne n’avait jamais envie d’annoncer de mauvaises nouvelles aux Seigneurs Siths, même à un spécimen aussi affable et apparemment civilisé que Darth Noctis.

— Mais…, insista le jeune Seigneur, avec la douceur qui lui était ordinaire ?
— Mais vous devez savoir que la région est en proie à des opérations de piraterie depuis quelques temps.
— De piraterie ?
— Oui, Seigneur.
— En plein Empire ?

Silence de mort dans la salle du Conseil. Comment répondre à cette question sans paraître insinuer que l’Empire était inefficace ? Prudemment, la Seconde Conseillère hasarda :

— Nous ne sommes qu’une petite planète agricole et nous comprenons bien que les Seigneurs aient d’autres priorités.
— Ma priorité à moi, c’est que chaque planète se sente pleinement intégrée à l’Empire et pleinement considérée par les pouvoirs publics.

Noctis s’était à l’origine rendu sur Thila pour établir quelques entrepôts. C’était un petit monde sans histoire, bien protégé à l’intérieur de l’Empire, et rarement agité par les affres de la politique impériale ou intergalactique. La guerre et les luttes de pouvoir épargnaient une planète qui avait encore peu à offrir, et sur laquelle aucun promoteur ne s’était encore sérieusement penché. Mais voilà qu’on lui offrait une opportunité toute différente : celle d’agréger la planète à son propre domaine.

Si certains Seigneurs Siths se comportaient en seigneurs de guerre en se taillant des fiefs à l’intérieur de l’Empire et en s’établissant sur des planètes bien identifiées, comme l’avait fait Darth Nero, la perspective de Noctis était sensiblement différente. Son territoire, c’était son organisation — ses organisations, en vérité — tentaculaires, qui s’étendaient dans bien des domaines et sur bien des mondes. Mais il n’en avait pas moins ses planètes privilégiées, celles pour lesquelles il prenait un intérêt particulier, et qui lui servaient de bases sûres.

Et quelle meilleure manière de s’attirer les faveurs des locaux qu’en les sauvant d’une troupe de bandits ?

— Racontez moi tout.
— Tout a commencé il y a six mois. Ils sont arrivés dans des vaisseaux, se sont posés au nord, dans les montagnes. Il y a des caves anciennes, là-bas, ils les ont aménagées, pour faire une base, et depuis, ils capturent des vaisseaux dans tout le secteur. Des marchands, des indépendants, jamais des impériaux. Des locaux qui n’iront pas se plaindre auprès des grands. Généralement, il n’y a pas mort d’homme, ils se contentent de prendre la marchandise, mais quand les gens se défendent, ça peut être compliqué. Pour être honnête…

L’homme hésita.

— Allez y, l’encouragea le Hapien.
— Hé bien, pour être honnête, on a cru à un moment que l’autre Sith était là pour les soutenir.
— L’autre Sith ?
— Naël… Euh…
— Naël Luz. Je crois.
— Oui voilà. Il réside dans une auberge du centre-ville et pose beaucoup de questions aux habitants.
— Je vois.

Noctis s’appuya contre le dossier de son siège, les mains croisées devant lui, plongé dans ses pensées. Il n’était pas venu sur Thila avec une force importante. Et il lui paraissait peu opportun de mobiliser nombre de ses Acolytes dont il n’était pas évident qu’il retirerait de grands bénéfices. En ces temps de transition impériale, alors qu’une purge menaçait, mieux valait assurer ses arrières. Pouvait-il raisonnablement espérer chasser toute une troupe de pirates avec si peu de moyens ?

— Je vais voir ce que je peux faire.
— Vraiment, s’exclama le Premier Conseiller, avec un soulagement évident ?
— Chargez moi vos recherches sur la question et faisons le point dans quelques jours, répondit le Seigneur en faisant glisser son datapad à travers de la table du conseil.

Une heure plus tard, Noctis était assis dans le fauteuil de la chambre de Naël, dans laquelle il était rentré sans la permission du locataire, un exploit somme toute modeste, car la sécurité de l’auberge n’était pas spectaculaire. Il attendait patiemment l’arrivée du Sith. Déterminer si celui-ci était ou non de mèche avec les pirates lui paraissait être la première étape de sa petite aventure. Quand il entendit la porte s’ouvrir, il lança sans attendre :

— Naël Luz, le Conseil de Thila commence à s’inquiéter de votre présence parmi eux. Il faudrait voir à ne pas troubler les braves gens.

Il n’avait pas vraiment pris la peine de se présenter, mais sa présence dans la Force, intense, profonde, annonçait le Seigneur Sith — et son physique n’était de toute façon pas exactement passe-partout.
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- MON RÊVE S'EST RÉALISÉ.... Un mec canon entré par effraction dans ma chambre sur une planète perdue... Oh my dog! Ou alors... Ouais j'aurais du m'en douter, c'est un cauchemar.

Ouais. Un cauchemar ultra séduisant, bardé de puissance au sein de la Force. Un Sith bien décidé à l'interroger quoi. La queue de Naël frôla le sol en balayant sèchement l'air, juste une fois, ce qui trahissait un peu son angoisse. Rapidement cela dit. le félin retrouva son bagout habituel, surtout qu'il était vraiment innocent. Oui, enfin cela dépendait aux ordre de qui répondait Beau Gosse, mais comme ce dernier avait une tête de Big Beau Gosse, il choisit la sincérité.

- Oulaoulaoula du calme, j'ai pas sorti le sabre-laser une seule fois. Moi j'cherche juste un p'tit con qui s'est échappé et qui devrait y passer pour ce qu'il a fait. Je ne veux rien à personne, et je n'attends rien de personne ici. Bon d'accord, des réponses, mais les locaux sont têtus en plus d'être méfiants. Je ne sais pas ce qui se passe, mais je suis pour raisons persos dans ce trou, et les frontières ne sont pas fermées à ce que je sache.

Depuis l'avènement de la nouvelle Impératrice, le matou avait revu ses objectifs. Des précédents: s'améliorer au sabre-laser et dans la maîtrise de la Force, détester Ynnitach et errer dans un présent presque routinier à la non-poursuite d'un futur plus que flou, ne lui en restaient plus que deux. Alors que sa vie aurait pu se décharger, devenir davantage monotone encore sur Korriban, le Sith avait reçu une visite, en rêve, un vrai rêve cette fois. Une silhouette méconnue, disproportionnée qui portait pourtant une odeur familière, une aura aimée. Histoire de lui redonner un troisième objectif. Sans doute.

Les songes s'étaient réitérés au point que le jeune félin avait fini, agacé, par se lever pour écrire ses émotions. Foutu songe incapable de se taire même avec des signes évidents d'ennuis et d'ignorance de la part du Sith, mais tout noter avait porté ses fruits. En effet recouper ses informations et forcer sa mémoire lors de méditation lui avaient enfin permis de comprendre, non sans lui arracher un miaulement de surprise "Alors c'est toi, tu as jugé que je commençait à m'empâter hein...". Avec précaution il avait sorti le sabre-laser de Ra'Ya'Ha son ancien maître et amant, bien qu'à l'époque ils avaient vécu de bisous chastes et de mains un peu volages. Son unique amour. Le seul qui l'avait respecté. Cela faisait désormais 5 ans. C'est en observant le sabre que Naël avait découvert de minuscules traces de sang, priant pour que ce ne soit pas celles de l'humain, il avait envoyé les échantillons à un laboratoire privé, celles-ci, miraculeusement, révélèrent l'identité du tueur comme un ancien citoyen de la République fauteur, un sale gosse de Thila qui avait vite quitté sa planète d'origine pour venir sur Coruscant: braquages, agressions etc. Avant de trouver sa voie chez les Sith donc.  

Devinant que son identité Républicaine obtenue sur le tard devait être fausse, le félidé s'était rendu sur cette planète perdue pour obtenir le véritable nom de Rick Anderson, mais personne ne parlait de l'enfant prodigue, honte de la famille X que les locaux protégeaient contre le Naël. Alors qu'il se demandait, découragé, pourquoi il avait ressorti le manche de sabre-laser de Ra'Ya''Ha jamais touché depuis son décès, le matou s'était retrouvé nez-à-museau contre une statue mouvante. Pas un défaut, des yeux bleus, des cheveux blonds, des muscles... Non mieux valait éviter de regarder et de se faire du mal.

- Maintenant qu'on a réglé le problème, ça te dirais de dîner avec moi?

Avait proposé soudainement Naël, à moitié provocateur, car c'était le genre qui parlait beaucoup sans vraiment agir. Son palmarès, malgré son joli minois de semi-Cathar exotique n'avait connu que le corps de Dranor, son meilleur ami hétéro qui avait couché avec lui, aviné. Naël serait-il un grand romantique pour planter ses conquêtes au dernier moment dans un restaurant, voire pour les meilleurs, juste après? Le guerrier Sith aspirait à mieux que les vilains petits canards du chat BGG (Bô Gosse Gay donc), mais n'ayant rien d'autres à faire sur Korriban, il s'amusait comme il le pouvait.

Présentement, le félin se doutait que ce charmant Seigneur Sith -vu la puissance émanant de lui c'était évident.- était un trop gros morceau pour lui. Il y avait plus de chance pour que ce dernier ne soit pas intéressé par lui qu'homosexuel- Naël devait être un des seuls Siths à manquer de confiance en soi, mais il le cachait bien.- alors il avait juste sorti ça comme ça, pour plaisanter, provoquer, se protéger. Toujours exagérer pour qu'on ne voit pas la vérité.

- Oups, je n'ai pas dit Bonjour, désolé... Mouais en même temps, vous êtes rentré sans permission. Enfin bref, recommençons de la bonne patte voulez-vous? Je m'appelle Naël, comme devez déjà le savoir, et vous êtes donc? Non parce qu'en fait je vous connais juste de vue maintenant que j'y pense.

Le soleil dans les couloirs de la Dark Académie qu'il n'avait jamais osé approcher. Comme quoi, malgré les apparences, Naël était un timide.
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Un original.
Noctis aimait bien les originaux.
Le regard perçant de l’Hapien n’avait pas quitté une seule seconde Naël et il avait laissé le Guerrier s’enfoncer dans des bravades qui auraient pu être dangereuses, et dont on devinait sans peine qu’elles venaient masquer une situation délicate au sein de l’Empire. Le silence qui avait suivi la tirade mi-provocante, mi-anxieuse du jeune Sith fut enfin rompu par un sobre :

— Darth Noctis.

Sa réputation le précédait moins sur Korriban que dans d’autres sphères de l’Empire. Le jeune Seigneur n’avait pas une grande affection pour l’Académie Sith et rares étaient ses proches à y avoir suivi une formation en bonne et due forme. Tout là bas était, à son sens, trop militaire et trop guerrier, et il croyait en un autre Empire, et une autre éducation. On disait parfois qu’il répugnait à se mêler à la piétaille des apprentis qui pullulaient dans les couloirs en coupe-gorge de l’Académie, avec l’espoir de se faire remarquer par quelque grand seigneur.

Pour d’autres, il était le pacifiste, presque un dissident aux yeux de certains généraux. Ses vues sur l’avenir de l’Empire et le développement de la puissance étatique allaient souvent à l’encontre de la politique d’expansion militaire et de distinction par les armes qui faisaient le consensus et avait porté la nouvelle Impératrice sur le trône. Aux yeux d’autres encore, il était le corrupteur de Jedi, l’esprit labyrinthique qui explorait la Force avec une curieuse inventivité.

— Allons dîner, déclara soudainement l’Hapien en se relevant.

Il précéda le Cathar hors de la chambre et, après avoir descendu une volée d’escaliers, ils gagnèrent le petit restaurant de l’auberge. Thila n’était pas réputée pour son industrie hôtelière et, en général, l’établissement n’accueillait guère que des commerciaux de seconde zone, au service d’entreprises qui s’intéressaient aux produits agricoles. La saison de la moisson était passée, cependant, et l’établissement était presque désert. Ce jour-là, ils étaient les seuls à dîner et une serveuse, la fille des patrons très probablement, se présenta aussitôt.

Elle était de toute évidence fort mal à l’aise. Elle n’était habituée ni aux Siths, ni aux non-humains, et sa main tremblait sur le datapad, alors qu’elle enregistrait leur commande. Elle s’éclipsa dès que possible. Noctis la suivit un instant du regard. La peur était un puissant instrument de contrôle des populations et, en tant que Boucher de Kano-IV, il était bien placé pour le savoir. Mais il craignait qu’elle ne se révèle à terme contre-productive pour l’Empire.

Son attention se reporta sur Naël.

— Je crois avoir un moyen pour que les locaux vous considèrent comme un héros et partagent ainsi beaucoup plus volontiers leurs secrets avec vous. La confiance est souvent beaucoup plus productive que la terreur.

Et, pour être franc, Naël n’avait pas vraiment l’air terrifiant. Noctis tira un holoprojecteur de poche de sa veste et le posa sur la table, pour afficher la silhouette de la planète.

— Depuis quelques temps, une bande de pirates sévit dans le secteur. Ces troubles sont inévitables. Chaque transition dans les hautes sphères d’un Etat s’accompagne d’attaques opportunistes qui mettent le nouvel ordre politique à l’épreuve. La piraterie dans les secteurs peu développés est un moyen de se constituer une base arrière avant d’étendre ses opérations sur des routes commerciales plus importantes. A terme, les chefs de bande se muent en seigneurs de guerre. Et les seigneurs de guerre arrivent parfois à se légitimer. L’Empire abonde en exemples de ce genre d’opportunisme.

D’un geste de la main, il fit pivoter la projection de la planète, pour afficher la chaîne de montagnes.

— Mais sur Thila, nous n’en sommes qu’au début de ce processus et il est encore temps de déraciner les mauvaises herbes. Selon les informations que m’ont transmises les Conseillers, les pirates se sont établis dans un réseau de caverne, ici. Entre trente et cinquante individus, possiblement quelques droïdes de combat, faits de bric et de broc. Si nous pouvions éradiquer la menace, les locaux seraient extrêmement favorables à nos affaires respectives.

Noctis rempocha l’holoprojecteur, comme on leur apportait leurs plats.

— J’ai peu de moyens à consacrer à une semblable entreprise, l’essentiel de mes hommes sont occupés sur d’autres théâtres d’opération. J’ai deux acolytes qui gardent mon vaisseau à l’astroport local et je suppose que nous pouvons convaincre les Conseillers de nous prêter quatre ou cinq hommes. C’est une troupe réduite mais avec un peu de planification, la tâche ne me paraît pas insurmontable. Qu’en pensez-vous ?
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Allons dîner?

Naël cligna des yeux trois fois, exactement, coupé dans sa gestuelle habituellement prolixe par la surprise. Après avoir eu l'air parfaitement éberlué sans aucune manière pour cacher ce fait, le Sith esquissa un petit sourire suivit d'un léger rire amical. Il trouvait finalement la situation plus amusante que gênante, d'autant plus que Noctis ne semblait pas vouloir le tuer, curieusement enclin à le croire. Naël avait du bagou, d'autant plus lorsqu'il disait la vérité, mais c'était un record, aujourd'hui. Il suivit donc son aîné jusqu'à une petite auberge. Curieux, le guerrier observa la réaction de la probable fille des patrons. Malgré son aspect bien peu humain, il avait rarement ce genre de répercussion chez les gens, pour ne pas dire jamais. Son physique générait des roucoulements agaçants de fillettes à papa qui le trouvaient "trognon", ou des rires de la part de ses adversaires. Quant à son rang, il était purement ignoré, personne ne le soupçonnait d'être un vilain, encore moins un Sith, en fait, il aurait même du mal à passer pour un jedi malgré sa silhouette athlétique. Conscient que la principale cause de la fonte de la jeune fille sur place, le semi-Cathar posa son regard sur la silhouette de ce dernier. Il dû se retenir de se lécher les babines à la vue d'une telle perfection, alors que son pire défaut n'était clairement pas la promiscuité -- quoique son attitude puisse laisser penser parfois.

Les propos de son aîné prirent leurs sens dans la tête du félin qui commença à saisir le quiproquo. Il avait bien remarqué que les paysans du coin avaient peur, mais avait attribué ce fait à des superstitions le concernant -- notamment pour son aspect animal. ou simplement le dégoût des étrangers. Il les pensait de base couards, peu cultivés -- le comble pour des cultivateurs et donc sans cesse proie de méchants en tout genre: Chefs habituellement abusifs ou pilleurs occasionnels au choix. Cependant, la planète sans véritable richesse était en proie à des attaques pirates, curieux fait, plutôt intéressant d'ailleurs.

- Faut avoir envie de problèmes pour attaquer ce trou de cul de Bantha. Pardon pour l'expression.

À sa manière, le semi-Cathar rougit, ronronnant une excuse presque inaudible, les oreilles abattues sur son crâne. Il n'avait pas l'habitude de dîner avec de telles sommités, ou de dîner en compagnie tout court. Son éducation en auto-didacte avait laissé ses marques ainsi que sa fréquentation assidue des bars gays de Coruscant, bien moins maintenant cela dit. L'âge sans doute. Mais pas besoin de culture pour se rendre compte de l'opportunité que lui offrait Noctis. Quoique peu ambitieux de nature, le métisse valorisait beaucoup les relations basées sur les services rendus. De ce qu'il savait, Noctis était du genre "honnête", exactement ce que prônait le discret Dark Light et son réseaux de Siths fidèles les uns aux autres.

Le jeune félin admirait la verve de son compagnon de tablée ainsi que son intelligence. Le visage légèrement illuminé par l'holoprojecteur, Naël fit des efforts pour s'arracher à la contemplation de son charismatique interlocuteur. Se comparer ou même l'admirer ne lui causerait que douleur, lui rappelant son triste état de petit Sith sans envergure. Comme il aurait aimé avoir la culture de ce trentenaire... Lui, malgré ses temps de lecture amplifiés ces temps-ci -- pris sur le temps auparavant consacré à visiter les bars- avait l'impression de stagner. Enfin bref, la mission donc.

- En même temps passer pour un héros, j'm'en ta... fiche... Mais pour avoir des réponses, ce serait cool, et puis ça ne presse pas. Je suis patient. Donc... Ça me semble cool comme idée et viable. Parfois, les équipes trop nombreuses font tout rater.

Il se retint de dire à Noctis que pour ses beaux yeux, il pouvait bien rendre ce service voir plus, et continua sur un ton sérieux dont on ne le croirait pas capable de prime abord.

- Si on choppait un de ces droïdes, on pourrait y trouver des infos plus précises, genre les derniers lieux visités, lesquels seraient, avec un peu de chance, des caches de ces pirates, ou même visualiser ce qu'ils ont vu, y compris la tête des chefs. On est peu nombreux donc je pense qu'il faut frapper où ça fait mal au lieu de taper partout comme des tarés. On s'occupe de la tête et le corps tombe. J'connais un gars sur Coruscant qui bosse, décrypte et pirate comme personne, sans poser de question. Si j'attrape une de ces bestioles, je doute que ces rustres sachent comment brouiller ses données, ou qu'ils y aient pensé. S'ils sont faits de "bric et de broc", ce sera difficile de lire des infos vraiment intéressantes, leur mémoire doit être courte en plus, en contrepartie, ce sera facile à cracker, s'il y a besoin de cracker d'ailleurs.

Naël remercia la serveuse d'un ton amical. Il s'était éduqué seul et parlait parfois "mal", cependant il n'avait jamais dérogé aux formules de politesse basiques. C'était la première chose qu'il avait apprit dans les bouquins pour gosses qu'il récupérait dans les poubelles, les vieux holo-contes, ou autres histoires mièvres à souhait, dégoulinantes de bon sentiments finalement jetés par les familles aisées. Comment avait-il pu, gosse des rues qu'il était, être assez stupide pour apprécier ces contes débiles, croire qu'un jour la petite maison tranquille, le salon lumineux et la famille unie seraient pour lui? Au mieux, il pouvait aspirer à contenter un maître comme Noctis sans lui être totalement soumis et avancer dans sa nouvelle mission, retrouver l'assassin de Ra'Ya'Ha bien qu'il pensait parfois que c'était de trop grosse envergure pour lui.

Le félin entama avec appétit sa salade généreusement assaisonnée. Il faisait attention à sa ligne en général mais tout ce qui relevait le goût des plats l'avait toujours attiré, presque fasciné. Il avait l'impression d'être dans un "grand restaurant", un riche client ayant accès au luxe de satisfaire les caprices de son palais. Finalement, le semi-Cathar bien peu sorti de son trou  ne semblait guère plus éduqué, plus cultivé que les mains noires de Thila. Avec délicatesse Naël s'essuya les babines à l'aide d'une serviette --en tissu s'il vous plaît! attendant la réponse de son aîné qui lui offrait une jolie opportunité au-delà de pouvoir interroger les locaux sur le natif de Thila tueur de guerriers Siths.
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— Un hacker sur Coruscant ?

Noctis fixa Naël d’un regard hermétique propre à faire décomposer les élèves en examen oral. La proposition était étrange et incongrue. Le Cathar s’imaginait-il vraiment qu’un Seigneur Sith n’eût pas à sa disposition des informaticiens capables ? Mais Noctis ne savait que trop que pour les Guerriers du commun, pour la masse des Siths qui s’agitaient loin du monde des Seigneurs et de leurs vastes ressources, l’ampleur des moyens de l’un de ces maîtres était difficile à concevoir.

— Certes, finit-il par conclure, remettant à plus tard l’étalage de ses richesses. Mais je doute que nous puissions extraire un droïde. Enfin, inutile pour lire de tirer des plans sur la comète. Nous allons mener une première reconnaissance pour nous faire une idée plus exacte de la situation. Concrètement, ces pirates ne pillent guère Thila, sauf parfois pour des ressources : il s’agit plutôt d’une base arrière. L’idéal serait donc de frapper quand une partie de leur flotte sera à l’extérieur, pour une véritable mission de brigandage, et que la base sera relativement dépeuplée.

Il adressa à son tour un sourire de remerciement à la serveuse, qui s’en retourna conquise. Le repas débuta pour de bon et Noctis observait attentivement celui qui serait son acolyte d’un moment. Le regard du Hapien était pénétrant, mais il allait au-delà encore : c’était la Force qu’il sondait, pour mieux comprendre Naël, jauger ses forces et ses faiblesses, et percer, pourquoi pas, le voile de ce que leur réservait leur futur.

— Nous partirons demain à l’aube. Une partie de mes hommes restera ici, pour surveiller les membres du Conseil. Rien ne nous dit que l’un d’entre eux n’oeuvre pas de concert avec les pirates, par sa propre volonté ou sous la contrainte, et il est impératif que nous préservions l’effet de surprise. La forêt qui couvre le terrain jusqu’à la montagne est trop dense pour que nous empruntions des motos speeders mais il est possible de suivre le fleuve et d’abandonner nos véhicules à quelques kilomètres, pour progresser ensuite à couvert, à pieds.

Noctis n’était peut-être pas un guerrier mais sa constitution fort robuste lui conférait une endurance considérable et il n’avait pas peur des longs treks. Thila, par chance, ne leur opposerait pas un climat trop hostile et ce qu’il avait lu de la faune et de la flore de la planète ne présentait rien de particulier. La progression s’annonçait donc relativement facile, quoique les conditions ne fussent pas idéales.

L’affaire étant réglée, il ne restait plus qu’à achever de dîner, se reposer et se retrouver le lendemain matin. Ses ordres déjà donnés à ses hommes, Noctis comptait profiter d’un peu de ce temps de repos pour mieux connaître son nouvel associé. C’était la principale inconnue de cette équation, et si le Seigneur considérait que c’était un avantage net d’avoir trouvé un autre Sith pour l’épauler, il n’était pas prêt à lui accorder une confiance aveugle.

— Parlons de vous, à présent.

L’Hapien plissa légèrement les paupières. Son esprit entourait Naël, à travers la Force. C’était comme un murmure obsédant, une incitation à s’ouvrir, à se confier, à ne rien cacher. Se dévoiler, entièrement, pour Noctis, pour la promesse de son regard, de ses sourires.

— Vous êtes un guerrier sith sans maître, élevé dans un milieu populaire, plutôt porté vers le combat, mais qui s’est perdu en chemin, dans le vaste monde de l’Empire, sans personne pour vous donner un objectif. Vous avez été plutôt marginal jusque là et vous vous raccrochez à cette chasse à l’homme pour donner du sens à votre vie, sans savoir ce que vous pourriez bien faire, une fois que vous aurez attrapé votre proie.

Voilà ce qui lui paraissait évident, à l’attitude de Naël, à sa manière de parler et au peu qu’il lui en avait déjà dit. Désormais, le regard de Noctis, la voix de Noctis, son odeur envoûtante, la chaleur promise de son corps, le dessin de ses lèvres, de ses mains, cherchaient à envahir l’esprit du Cathar. Le charme de l’Hapien, considérablement soutenu par la Force, n’avait rien de décoratif : c’était une arme redoutable, surtout pour ceux qui s’y montraient déjà sensibles, comme Naël.

— Parlez-moi de vous, Naël. Dites-moi tout. Dites-moi tout et laissez-moi vous aider.
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En tant que pauvre petit quidam, Naël aurait en effet été incapable de réfléchir aux richesses de Noctis. Dans son cas c'était la nécessité qui avait formé le larron. Il avait investi ses trois francs six sous afin de soudoyer quelqu'un au nom d'un autre quelqu'un: sa première relation professionnelle "stable", son fil qui s'était mué en véritable toile d'araignée au fur et à mesure. Bien que ses contacts ne soient pas des plus prestigieux, le félin disposait aujourd'hui de personnes fiables prêtes à le secourir et vice-versa, dans la limites des ressources de chacun, évidemment. Il fronça les sourcils lorsque Noctis rejeta son idée. Cela dit c'était plutôt logique et Naël du faire des efforts pour ne pas ronronner sa gêne. Il se sentait déplacé à cette table avec ce trop beau sith qui s'intéressait à sa personne.

* C'est pour du sale boulot et en plus, parce qu'il a personne d'autre sous la patte, enfonce-toi ça dans le crâne, sombre abruti.*

Ses idées noires mais salvatrices enfin engoncées dans le fin fond de son crâne, le matou effaça de son visage toute trace de déception pour écouter attentivement. S'il ne pouvait pas flirter, au moins pourrait-il avancer dans sa super mission, mieux, deux à la fois: se faire des contacts pour plus tard, enfin si Beau Gosse était du genre à ne pas poignarder dans le dos, et éventuellement obtenir des réponses sur l'assassin de Ra'Ya' Ha.

- Ça me va.

Parvint-il à dire d'un ton professionnel qui aurait pu le rendre fier, si cette armure ne s'était pas effondrée, dissoute dans l'acide d'un trop doux regard en quelques secondes. Naël sentit ses bonnes résolutions de maintenir la distance s'évaporer et se perdit comme un idiot dans lesdits coupables: deux orbes couleur Océan, cet océan que jamais il n'avait eu l'occasion de voir. Le guerrier resta un moment donc, pantelant et complètement idiotisé-- hypnotisé par la beauté du Hapien. Sa voix parvenait d'un écho profond faisant résonance dans sa cage thoracique et il hocha la tète vaguement. Cet homme le connaissait si bien. Comment, pourquoi?

L'évidence frappa Naël telle une barre en fer, il tenta de remonter le courant d'une rivière trop claire, trop pure pour être honnête. Sa colère peu développé maintint si peu longtemps le cap que s'en était presque honteux. En revanche, de la détermination, il en avait suffisamment pour tisser une voile et retenter le coup. Son regard quasi vidé, si ce n'était quelques gouttes d'eau menaçant de s'y glissé, s'éclaircit à nouveau et il chassa l'onde séductrice.

- Non mais... Qu'est-ce que vous voulez? Ça vous apporte quoi?

La voix vibrante d'une colère qui s'essoufflait pourtant, le Maître d'armes se contentait d'essayer de résister. Il était évident qu'il luttait contre sa propre nature, son désir d'enfin abaisser les armes, trouver un compagnon de route pour cesser d'être seul face à ce monstre qu'était l'empire. Ses objectifs plutôt risibles n'étaient donc plus un secret pour le trentenaire, toutefois Naël tenait encore à préserver son histoire, sa misérable histoire. Derrière accroche, ultime haillon défendu comme un trésor. Tout à coup tendu, inquiet, le semi-Cathar planta à nouveau ses yeux dans ceux de son interlocuteur. La peur, la méfiance -- malgré un abord absolument confiant étaient des carburants autrement plus efficaces que la colère à laquelle il était curieusement peu accoutumé pour un Sith. Difficile pour un je-m'en-foutiste, un jeune homme beaucoup plus armé et intelligent-- Une intelligence de survie, instinctive. que ce qu'on aurait pu croire, d'y céder. Il s'attendait au pire de tout le monde, pourquoi se fâcher lorsqu'on savait déjà les conséquences?

Pas du tout habitué donc à ce qu'un Sith ayant déjà obtenu son accord pour une mission veuille l'aider, le semi-cathar se méfiait, et il ne prenait guère la peine de cacher sa peur. Naël n'avait pas beaucoup de fierté, aucun honneur ou rang à défendre -- mis à part celui de Maîtres d'Armes devant ces petits cons d'assassins en puissance, facilement impressionnables, et cacher ses émotions lui semblait trop fatiguant. S'il avait voulu impressionner Noctis, le félin commençait à se faire une raison. Aux yeux de son interlocuteur, un petit guerrier comme lui, élevé dans le milieu populaire comme il l'avait si bien deviné, ne devait pas être très intéressant. Conscient qu'il ne résisterait peut-être pas à une nouvelle vague de séduction -- s'extraire à celle-ci tenait déjà du miracle.- le jeune Sith repoussa légèrement sa chaise pour reculer, il ne partirait pas mais avait hésité à le faire et sa gestuelle l'avait trahi. Que voulait ce mystérieux seigneur? Naël était un savant mélange d'élément perturbateur, un original qui se faisait automatiquement repéré et un Sith rentrant gentiment dans le rang, et donc invisible. On ne pensait jamais à lui pour les grandes missions, les révolutions ou les missions de sauvetage. Il était, malgré son apparence atypique, invisible. Ses alliés ne lui posaient pas de question sur sa vie et il essayait d'en faire de même. Aucun lien affectif. Aucune confidence. C'était trop risqué, trop douloureux.
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— Vous résistez à un Seigneur Sith qui vous pose des questions ? C’est soit très courageux, soit profondément stupide.

Noctis n’aimait guère qu’on lui résiste mais la colère du Seigneur Sith ne s’exprimait jamais par des accès soudains et dévastateurs. L’impulsivité était un danger dont il convenait de se prémunir. La principale faiblesse des Siths. Il y avait encore trop du Jedi en lui pour qu’il s’y laisse aller.

— J’espère que vous aurez plus le sens de l’autorité sur le terrain, poursuivit le Seigneur Sith avec une expression déçue, exactement comme s’il avait fondé tous ses espoirs et tous ses rêves sur Naël et que le Cathar les avait injustement détruits, sans quoi, notre mission est promise à l’échec. Mais enfin…

Le jeune Seigneur laissa échapper un soupir qui sonnait terriblement sincère, avant de se relever.

— Il me semblait évident qu’avant de m’engager dans une entreprise où ma vie serait en quelque sorte entre vos pattes, je puisse avoir envie d’en savoir plus sur vous. Bref. Nous partirons à l’aube, rendez-vous devant l’auberge. J’ai pris une suite ici pour la nuit.

Noctis abandonna sur la table les crédits nécessaires à payer le repas avant de quitter le restaurant de l’auberge, sous le regard rêveur de la jeune serveuse. Elle avait entendu beaucoup d’histoires à propos de Seigneurs Siths qui débarquaient sur des planètes reculées et prenaient des libertés avec les jeunes filles du petit personnel, et il y avait peu de libertés qu’elle n’aurait pas laissé prendre à Darth Noctis.

De retour dans sa chambre, le Hapien se posta à sa fenêtre, les mains croisées dans le dos, pour penser, comme il est d’usage, quand on est un Grand Méchant. L’attitude de Naël était certainement problématique. Il ne pouvait pas se permettre, dans une mission où ses moyens étaient fort limités, de courir le risque qu’un élément instable fasse tout capoter. D’un autre côté, un esprit fort était aussi la promesse de solutions innovantes et originales aux problèmes qu’ils rencontreraient, et Noctis avait toujours jugé qu’un sage principe de stratégie voulait qu’on s’associe les talents les plus inventifs.

Le jeune homme finit par se détourner de son poste d’observation. Il verrait bien sur le terrain ce que donnait le tempérament du Guerrier Sith et, si la nécessité s’en faisait sentir, il serait toujours temps de le laisser en arrière, pour poursuivre avec les coudées franches. En attendant, avant de quitter le restaurant de l’auberge, il avait insisté sur sa suite, comme une invitation implicite au Cathar à le rejoindre et à poursuivre une conversation qui avait mal terminé.

Noctis s’installa au bureau de la vaste suite, la seule dans ce genre dans tout l’établissement, qui servait d’ordinaire quand une ponte des guildes marchandes voulait visiter par elle-même les routes d’approvisionnement. Pour Thilla, l’intérieur était luxueux mais certains Seigneurs Siths n’auraient probablement pas daigné y poser le pied, encore moins y dormir. Pour Noctis, il s’agissait surtout d’une question de rang et d’apparence : il lui paraissait essentiel de se mêler aux locaux, mais également de manifester sa puissance.

— Darth Noctis à Destinée. Darth Noctis à Destinée.
— Ici capitaine Mareillaud du Destinée. Tout se passe bien, Seigneur ?
— Vous avez reçu mon rapport sur la requête du Conseil ?
— Affirmatif. Nous avons déployé des intercepteurs pour exercer une mission de surveillance sur les routes orbitales que les pirates empruntent probablement. On devrait pouvoir cartographier leur réseau, en tout cas une bonne partie.
— Et les télécommunications ?
— On y travaille, Seigneur, mais il est difficile de tout capter sans paraître les surveiller activement. Quand aux communications au sol, la montagne bloque notre surveillance. A moins que vous vouliez que nous poussions les capteurs…
— Non, préservons notre effet de surprise pour l’heure. L’équipe d’intervention est-elle prête ?
— Oui, Seigneur. Voulez-vous qu’elle débarque dès ce soir ?
— Demain matin, à l’aube, à la lisière de la ville, sur la route 67, celle qui s’enfonce dans la forêt, ce sera suffisant. Que leur navette se pose dans une clairière voisine et rejoigne Destinée.
— Et votre extraction… ?

Noctis resta un moment pensif. Avoir une navette déjà au sol, c’était une sécurité de plus, si les choses tournaient mal : le pilote pourrait toujours venir les récupérer. Mais si d’aventure les pirates avaient des sentinelles dans les forêts et qu’elles découvraient le vaisseau, alors la réussite de la mission serait gravement compromise. L’Hapien pesa un moment le pour et le contre avant de trancher :

— On se débrouillera.
— Bien, Seigneur.
— Merci, capitaine.
— Seigneur.

Et la communication fut rompue.
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- Faut dire que les manières de me mettre en confiance aussi...

Grogna en réponse le guerrier, tout à coup raidi. Il visualisa les alentours, comme par hasard la serveuse avait disparu, pareil pour le personnel. Le roux et son "chef" auraient pu fuir sans payer que personne n'aurait rien dit. Aucun éclair ne fusa cependant, et à la grande surprise de Naël, le Hapien exprima simplement ... Sa déception. Sur le coup il se sentit fort mais l'impression s'éteignit rapidement pour autre chose qui ressemblait beaucoup plus, beaucoup trop à de la culpabilité. Pour se changer les idées, il s'en alla à la suite du Hapien en ronchonnant, se répétant ses arguments afin de se persuader qu'il avait agit correctement. Quel drôle de type celui-là. De toutes manières le Maître d'armes n'en avait pas besoin et il... Ohhh ses yeux de bébé Rancor tout juste né, prédateur que l'on savait mortel mais pour qui on éprouvait de la compassion, petit innocent n'ayant pas encore touché la viande et si beau avec ça. Évidemment, beaucoup plus que ce foutu rancor qui s'était immiscé dans sa métaphore débile. Une douche plus tard, Naël n'avait toujours pas réussi à se retirer l'image d'un certain Seigneur Sith déçu. Grommelant toujours mais contre sa propre personne cette fois, il se drapa dans ce qui lui restait de dignité ainsi que dans des vêtements civils - un jean non troué ainsi qu'un tee-shirt simple de bonne facture, il n'avait rien de plus élégant en fait.- pour se rendre... À la suite de son nouveau et étrange "chef de chantier."  

Adossé à la porte et se demandant ce qu'il fichait là, Naël guettait les bruits à l'intérieur de la chambre. En réalité, si son oreille droite tiquait de temps à autre pour s'assurer que Noctis était libre, c'était parce que son charme à retardement avait fonctionné. Sur le qui-vive lors du dîner, le guerrier avait ensuite pensé avoir gagné. Il était parti, plein d'orgueil et sûr d'avoir eu raison. Résister à son chef n'était pas intelligent, même lorsque ce dernier s'était précipitamment improvisé comme tel et habituellement le félin n'était pas assez fou ou ambitieux pour tenter. L'approche lui avait parue pourtant peu cavalière, il estimait alors n'avoir fait que se défendre suite à une réaction peu commune, peu digne d'un chef, donc. Mais par la suite, le remord l'avait rongé, surtout à cause du ton triste adopté par le trentenaire, déçu même, et voir ce beau visage ravagé par l'échec avait fait fondre l'âme de celui qui se pensait vainqueur. C'est pourquoi il avait saisi l'occasion de ce qu'il espérait être réellement une invitation et qu'il était collé à la porte, non pas pour espionner, sinon pour s'assurer que le Seigneur Sith, déjà remonté contre sa personne, ne décide pas de le tuer car il coupait une communication importante. Le félin n'eut guère de temps à patienter puisqu'il était arrivé lorsque Noctis saluait son partenaire par comlink, et après avoir laissé quelques secondes s'écouler, il toqua doucement à la porte.

- Seigneur Noctis -il espérait que l’appellation servirait déjà à montrer ses bonnes dispositions. Naël ne voulait pas être vu comme un rebelle. Sans être un pantin, ce n'était pas un gros malin qui faisait des remous dans les rangs. Pourvu que les Ordres soient bien donnés, fondés et ne l'envoient pas gratuitement à la mort, le Sith les écoutait. - C'est moi Naël. Écoutez ça va paraître débile hein, j'sais même pas pourquoi j'fais ça mais, c'est juste pour vous dire que je n'ai pas voulu être insolent. C'est juste que... Bah si vous vouliez me connaître, fallait demander, pas utiliser... Euh les moyens de pression que vous avez utilisé. Avouez que ça n'inspire pas confiance, hein.

Le félin sourit adorablement derrière la porte. Yeux de chaton et léger ronronnement d'accompagnement. Comme si le Hapien pouvait le voir à travers le bois et se sentir éventuellement attendri. Il se sentait de plus en plus stupide, derrière ce maudit rectangle marron d'excellentes facture et imaginait désormais le Seigneur rire à gorge déployée ou préparer ses éclairs, selon. Bah oui mais Naël était spontané et il n'avait décidément pas l'âme d'un vilain. C'est vrai que sur le coup il estimait avoir été une vraie brute après coup. Certes, il avait aussi eu raison, étant donné la méthode employée, de se méfier, mais était-ce une raison pour rejeter si violemment celui qui avait offert un bon repas au matou de gouttière? D'accord, le puissant Hapien n'allait sans doute pas pleurer suite à un fragment de dispute avec son sous-fifre félidé, mais quand même, Naël s'était senti coupable, et le voilà donc comme un pauvre idiot, après sa douche, les cheveux fleurant encore bon le parfum d'un shampooing de marque quoique très répandu dans la galaxie.

- Vous savez, moi je ne cherche des poux à personne, pourquoi j'en chercherai d'ailleurs? C'est dégueu et dangereux avec toutes les maladies que ça transmet. Bref, tout ça pour dire que je suis tranquille, faut pas vous en faire...

Evidemment il s'était assuré que personne ne pouvait les entendre ni se trouvait aux alentours, et il prenait garde à ne pas utiliser de mots compromettants, mais attendre derrière la porte sans rien dire lui avait paru risqué, il avait préféré annoncer la couleur pour ne pas se faire attaquer. Il craignait un peu la réaction du Seigneur en question, et à juste titre étant donné la manière de faire de nombre d'entre eux, dont son sanguinaire premier maître. Au moins Noctis pouvait désormais décider de lui ouvrir en sachant ses intentions, ou le rejeter d'ailleurs car si ça se trouvait, jamais le Hapien n'avait insisté pour l'inviter. Il s'était peut-être fait des holofilms dans le pire des cas.  
Absalom Thorn
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Juste à temps.

Noctis esquissa un sourire pour lui-même en entendant la voix du Cathar s’élever à travers la porte. Pour autant, il ne se pressa pas pour lui ouvrir. Il prêtait néanmoins une oreille attentive aux propos de son nouvel associé. Cerner la psychologie de ceux qui travaillent pour lui était l’une des étapes les plus essentielles du recrutement. Bien des dirigeants croyaient aux types, aux tempéraments généralement décrits dans les manuels, mais Noctis était persuadé que chaque individu était trop particulier pour ne pas mériter une étude approfondie.

Alors que Naël se lançait dans des excuses et des explications, Noctis ôtait sa chemise devant le miroir, quittait ses chaussures et ses chaussettes, ébouriffait ses cheveux. Les préférences du Cathar n’étaient que trop évidentes et l’Hapien ne comptait pas se priver de son arme la plus redoutable. Il n’avait pas mis la Force à contribution de sa beauté déjà si favorisée par la génétique pour ne pas l’employer. Quand il eut l’air d’un homme qui avait commencé à se défaire de son costume social pour se préparer au repos, il partit ouvrir la porte à Naël.

— Rentrez, dit-il simplement, debout dans le cadre de la porte, la lumière de la suite dessinant les ombres de son torse nu dont les muscles formaient des courbes trop parfaites pour être le simple produit de la nature.

Le salon de la suite donnait sur une large baie vitrée, qui offrait une vie de la campagne puis de la forêt au-delà, et tout au fond de la montagne qu’ils se proposaient de prendre d’assaut. La petite ville serrée autour de l’astroport brillait dans l’obscurité, avec ses fenêtres illuminées, et parfois dans la campagne, on pouvait apercevoir les lueurs qui signalaient telle ou telle ferme.

Noctis referma la porte derrière Naël et le guida jusqu’à la fenêtre. Ils se reflétaient tous les deux un peu dans les vitres. D’un geste de la tête, l’Hapien désigna la montagne.

— Notre destination.

De loin, on aperçut la traînée lumineuse d’un vaisseau qui décollait de la base des pirates. Noctis posa une main sur l’épaule de Naël et lui indiqua le vaisseau.

— Je suppose qu’ils font ça chaque nuit, pour rappeler à la population qu’ils sont là. La terreur joue généralement un rôle essentiel dans ce genre d’opérations. Mais bientôt, la terreur changera de camp.

C’était une promesse qui aurait été glaçante de la part d’un homme qu’on appelait parfois le Boucher, mais elle avait été prononcée d’un tant si tranquille et, à demi-nu, Noctis ressemblait tant à une créature pure et angélique tombée des cieux, qu’on avait du mal à mesurer le genre de massacre qu’elle laissait présager. Et pourtant, si la nécessité s’en faisait sentir, Noctis n’aurait scrupule à abattre chacun des pirates qui lui barraient le chemin de la domination sur Thilia.

— C’est une époque dangereuse pour être un guerrier indépendant au sein de l’Empire, poursuivit Noctis en changeant brusquement de sujet.

Sa main se retira de l’épaule de Naël, mais lentement, comme dans une caresse.

— Avec les changements à la tête de l’État, et la relative inexpérience d’une partie de la nouvelle élite…

Il parlait de l’Impératrice, bien entendu.

— … les indépendants ont toutes les chances de faire l’objet d’un contrôle accru. Vous formez des cibles faciles aux Inquisiteurs qui chercheraient à se faire bien voir en pratiquant une ou deux purges. C’est une triste réalité du fonctionnement impérial, dont il y a fort à craindre qu’il ne soit pas prêt de changer.

Noctis se tourna vers Naël, pour plonger son regard dans le sien. Il était tout près l’un de l’autre. Cette fois-ci, le Seigneur Sith ne déployait pas ses pouvoirs dans la Force, mais il fallait bien avouer que son charme pouvait aisément s’en passer. Bien des dirigeantes avaient ainsi succombé, qui s’étaient trop méfiées des éclairs de Force, et pas assez de la force de ses sourires.

— Jouer au héros, même sur des mondes aussi reculés que Thila, est un bon moyen de vous préserver des déconvenues. A mesure que l’Empire s’étend, la difficulté à conserver l’intégrité du territoire sera de plus en plus considérable. Les empires sont comme des élastiques, dont la fragilité croît avec la longueur. Et l’administration aura besoin de se reposer sur des Siths qui ont l’adhésion de la population. La souveraineté populaire n’est pas qu’un artefact de la démocratie.

Noctis baissa d’un ton et, tout près de Naël, murmura :

— Vous pourriez trouver ici beaucoup plus que vous n’étiez venu y chercher.
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Dire que Noctis soufflait le chaud et le froid tenait de l'euphémisme. Désormais volcan, le Seigneur Sith, visiblement peu affecté par la précédente résistance du félin avait posé sa main sur son épaule. Naël s'étonna des révélations de ce dernier. Alors qu'il avait montré une certaine "indépendance", Noctis n'hésitait guère à lui confier ses doutes quant à la nouvelle prise de pouvoir d'Ysanne. Le guerrier aurait pu, en quittant la chambre, le dénoncer auprès de cette dernière en espérant obtenir une bonne place. Certes, rien ne prouverait de prime abord ses dires, surtout vu le charisme d'un Hapien défendant son innocence, mais il suffirait à la souveraine de lire dans l'esprit de Naël, qu'il la laisse faire. Néanmoins, tout ceci n'était qu'une théorie destinée à s'interroger sur la confiance en soi débordante de l'individu. Fascinant.

Les oreilles du semi-Cathar durent fournir des efforts pour demeurer droites. Désormais anxieux et très conscient de sa position, le Sith grinça des crocs. Il n'avait pas vraiment voulu voir ce qui risquait d'arriver. L'étau qui se refermait sur sa pelisse alors qu'il ne faisait que vivoter tranquillement, sans rien exiger. Les inquisiteurs n'en auraient que faire, c'était évident. Quitte à lui prêter des envies rebelles, les zélés pointeraient rapidement et avec velléité leurs doigts sur sa petite personne. Un léger grognement émana de ses babines malgré lui. La vie était injuste, ça, il le savait déjà, mais franchement, s'acharner autant, ça devenait ridicule, stéréotypé et surtout très dangereux. Force était donc de reconnaître que Noctis avait raison, inutile de jouer les fiers, de toutes manières ce n'était pas dans sa nature.

- Ouais, c'est toujours positif.

Ne put-il s'empêcher de lancer, trop sincère. Il se maudit ensuite, autant pour son langage châtié que sa spontanéité, démontrant de fait sa fidélité. Aucun autre choix ne lui semblait raisonnable, il lui fallait soutenir Noctis, mais il aurait aimé ne pas avoir l'air désespéré. Les yeux accrochés dans ceux de son interlocuteur, le chat frémit. Un peu plus encore et sa langue se serait échappé de ses babines pour s'écouler, baveuse, jusqu'au sol. Cet homme, non, ce dieu était trop beau pour être mortel. Mais pourquoi diable jouait-il les séducteurs? Que cherchait-il? Naël ne s'était jamais considéré comme une beauté fatale, vision partiellement déformée d'ailleurs puisqu'il possédait un très joli minois et des formes agréables -- pour qui aimait la finesse, l'harmonie, la légèreté. Un ensemble avec quantités de petits défauts et vertus qui donnaient un charme exotique. Quoiqu'il en soit, le Hapien n'avait rien à voir avec le félin, bien conscient de son niveau, et d'autant plus étonné donc par cette "comédie". Il déglutit non sans une dernière difficulté, songeant à deux hypothèses: le blond aimait les espèces rares et voulait essayer un truc nouveau, ou il appuyait son influence, chose ridicule puisque Naël lui mangeait déjà dans la main. En parlant de main, celle du trentenaire s'était "heureusement" retirée de son épaule, dans une langueur lancinante et douce à la fois. Il en était aussi soulagé que triste.

- Vous savez, faut pas vous forcer, j'vous ai déjà dit d'accord.

Fit-il avec un pauvre sourire destiné à souligner la drôlerie de sa blague, toutefois sa voix laissait traîner un accent de tristesse qu'il haïssait. Évidemment, le matou n'était pas au fait de la portée des actes de Noctis, ni de ses capacités retors de manipulation. Le premier plan lui suffisait pour se "méfier". Homme de tendresse quoiqu'il s'en défende, Naël préférait les relations avec des liens à longue durée, que ce soit amicales avec certains passe-droits ou une relation amoureuse. C'était ce qui expliquait ses fréquentes provocations sans aboutissement. Ne désirant pas faire partie du tableau de chasse d'un magnifique éphèbe, malgré son corps qui le réclamait à grands cris, mais aussi intimidé -- il ne pourrait que décevoir son aîné en se déshabillant vu la perfection des traits du Hapien le guerrier recula un peu.

- M-Merci de me donner cette opportunité.

La phrase s'acheva dans un genre de chuchotement et le félin dut humecter ses lèvres sous peine de les voir se craqueler en quelques secondes puis exploser, c'était en tout cas l'impression qu'il avait face aux pectoraux, mais aussi au regard tranchant de son interlocuteur. Ce Sith, c'était son éventuelle porte de sortie par anticipation face aux problèmes qui s'annonçaient, Naël voulait y croire et surtout ne rien gâcher, alors il se contenait, baissant farouchement les yeux. Pitoyable.
Absalom Thorn
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Le désir de Naël était si évident qu’un homme moins entraîné que Noctis, et moins sensible aux impressions que l’appel de la chair faisait dans la Force, entre les êtres vivants, l’aurait deviné sans peine. Pour l’Hapien, c’était un tableau d’une grande beauté. Il se souvenait du moment où, pour la première fois, encore Padawan, il avait compris la puissance du désir sexuel dans la Force, cette vérité soigneusement cachée par l’Ordre. Un jour, il avait senti le regard d’une femme se poser sur lui, dans un marché, sur une planète lointaine, et l’esprit de celle-ci s’était ouvert clairement à lui. Il l’avait sentie plus vivante, plus puissante, transformée par le désir qui s’était éveillé en elle.

— Je ne me force pas, murmura avec douceur. J’aime que ceux qui m’entourent et collaborent avec moi soient bien informés. Qu’ils saisissent pleinement leur intérêt et le mien. Les tenants et les aboutissants d’une mission, d’un projet, d’un engagement. On comprend d’autant mieux la Force qu’on en sait plus sur le monde, et sur soi-même. Et la Force est notre souveraine préoccupation.

Comme avec bien des Seigneurs Siths, il était aisé d’oublier que Darth Noctis était, fondamentalement, un mystique. Homme politique ou économiste, criminel ou diplomatique, son pragmatisme calculateur et ses exposés stratégiques rendaient parfois surprenantes la révélation de ses intentions profondes, qu’il ne cachait pourtant pas : connaître la Force et en maîtriser les expressions. Tout le reste n’était qu’un outillage, complexe et élaboré, certes, mais un outillage seulement.

Le jeune Seigneur esquissa un sourire.

— Tu verras au fil du temps que je ne néglige ni les intérêts, ni la valeur de ceux qui m’entourent.

Et c’était d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les esclaves étaient si rares là où se déployaient les activités de Noctis. Il n’en conservait près de lui que lors des missions officielles de l’Empire, comme il l’avait fait, en orbite de Gree. Pour donner le change. La plupart des serviteurs était rigoureusement rémunérés, même les plus modestes, qui gagnaient peu, et il veillait à susciter en eux l’ambition et le désir de s’améliorer, d’atteindre à d’autres emplois. Pour lui, c’était une évidence, un calcul simple : les gens reconnaissants étaient généralement plus utiles que ceux que l’on opprimait inutilement.

— Quoi qu’il en toi, merci à toi d’accepter de m’aider. Sur ce, je crois qu’il est plus sage que nous nous reposions.

Plus sage que quoi ? L’expression et le sourire qui l’accompagnaient laissaient entendre, mais sans le dire, que le Sith aurait pu avoir avec Naël des projets bien plus intimes. D’ailleurs, il posa la main dans le dos du félin, pour le raccompagner jusqu’à la porte de la suite. Elle ne le quitta quand lorsque celui-ci fut de l’autre côté du seuil.

— A demain.

Et la porte était refermée. Noctis resta un instant songeur. Naël était presque trop inhumain à son goût. Presque. Remisant ces interrogations érotiques à plus tard, il passa le reste de la soirée dans une profonde méditation, avant de dormir et, le lendemain matin, il rejoignit Naël au lieu de rendez-vous, dans une tenue toute indiquée pour les treks en forêt, qui devait détonner dans sa garde-robe ordinaires, à côté des pantalons indécents et des costumes d’apparat dont il avait l’habitude.

— Bonjour. Notre équipe de soutien ne devrait pas tarder.

Quelques minutes plus tard, en effet, des bruits dans les fourrés annoncèrent l’arrivée des soldats de Noctis. Forces spéciales impériales ? Garde privée ? Mercenaires ? Difficile à dire, mais ils avaient le profil typique des combattants aguerris, rompus aux missions de commando, et leur attitude ne suggérait pas qu’ils fussent des Siths. Il y avait trois hommes et une femme, tous humains. Une équipe bien modeste, il est vrai, pour prendre d’assaut une forteresse pirate.

Noctis fit rapidement les présentations : les hommes s’appelaient Ako, Marax ou Al-Saïf et la femme, Ox. Des pseudonymes, possiblement, mais la Galaxie regorgeait en patronymes étranges. Trois motospeeders le serviraient de moyens de transport, pour remonter la fleuve, jusqu’à parvenir à quelques kilomètres de la montagne, avant de continuer à pieds. Ako et Ox prirent la première, pour servir d’éclair, alors que Marax et Al-Saïf formeraient l’arrière-garde.

— Vous savez piloter, j’espère. Ce n’est pas exactement ma tasse de thé, et je préfère me concentrer sur autre chose, dit Noctis en désignant à Naël la motospeeder qui devait occuper le milieu.

Quand le félin se fut installé aux commandes, Noctis enfourcha l’appareil derrière lui et, pour se tenir, passa les bras autour de sa taille.
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Les yeux en amande de Naël se posèrent, soulagés, sur le visage de son aîné. Il croyait naïvement que Noctis n'avait rien vu de son désir. Habituellement doué pour cacher des envies dangereuses, tout comme sa crainte de les assouvir d'ailleurs, il n'y avait pas de raison pour qu'aujourd'hui soit différent. D'autant plus qu'il ne considérait pas le Hapien comme un désespéré, qu'est-ce qu'un Seigneur au physique harmonieux doublé d'un charisme honteusement haut pourrait vraiment attendre de sa personne? Le félin admettait déjà sa chance d'avoir croisé la route de celui qui pourrait lui offrir de nouveaux avantages, telle une protection, et sur le long terme, des réponses.

Ce soir là, dans la petite chambre de son auberge, légèrement sorti de l'emprise de son nouveau coéquipier, Naël se demanda ce qui l'avait poussé à tant faire confiance, et surtout aussi vite à un inconnu. Il se remémorait vaguement les événements s'enchaînant, lui en train de se porter à la manière d'un toutou fidèle. Le dégoût et le soulagement se battaient dans son esprit, car s'il n'avait aucune envie de lécher les bottes de qui que ce soit, il désirait encore moins mettre un Seigneur Sith en colère, surtout celui-ci. Finalement, la conclusion avait été plutôt favorable s'il considérait que l'homme, au nom du Conseil de Thila avait débarqué en tant qu'ennemi potentiel dans sa chambre. Il s'en était bien sorti, et quelque chose lui disait -- le zeste d'emprise de Noctis encore agrippé à sa pelisse y participait certainement, que son aîné prenait réellement soin de ses collaborateurs. Il lui suffirait de ne pas le décevoir, suivre sa ligne de conduite si particulière -- la fidélité et tout irait bien.

Le guerrier retrouva son partenaire -- ou chef, difficile de savoir, accompagné par trois hommes et une femme. Il avait opté pour une tenue noire ajustée sans être collante. Son pantalon fait dans un tissu aussi solide que léger, se refermait aux trois-quarts de ses jambes, sa veste, pratique était également sombre. Une ceinture utilitaire soulignait sa taille mince. Caché dans un sac porté en bandoulière, son sabre-laser dormait, paisible pour le moment. Sous son regard attentif, les acolytes de Noctis furent présentés par ce dernier. La mission était plutôt ambitieuse et inquiétait quelque peu Naël car il s'agissait de prendre une forteresse pirate -- c'était surtout le mot forteresse le problème dans cette expression. et bande disparate, mal organisée de mercenaires égoïstes ou pas, ils seraient plus nombreux en plus d'être sur leur terrain. Le rouquin ne démontra pas son inquiétude, davantage doué que pour cacher ses désirs. Il hocha la tête machinalement et pris les commandes. Piloter n'était pas sa plus grosse qualité mais il connaissait les bases, sans compter son agilité naturelle couplés à ses réflexes de félin. C'est donc avec une certain douceur que le concerné négociait les virages, rapide et efficace lorsqu'il fallait éviter les branches ou couvrir le plus de terrain possible. Concentré sur sa tâche, le matou ne se sentait pas aussi mal à l'aise que la veille malgré les mains qui enserraient sa taille. Le boulot, c'était le boulot, et surtout Noctis était complètement habillé, cette fois.

Le semi-Cathar stoppa la motospeeder près du fleuve. À quelques kilomètres, la montagne paraissait plus grande, promettant une jolie randonnée, mais Naël ne craignait pas l'exercice. Malgré son physique fin, il était résistant, fait pour parcourir des kilomètres dans un environnement sauvage, bien qu'il prétende toujours être un enfant du bitume. Malgré un visage expressif, sa poitrine réellement peu différent de ceux d'un homme, les traces génétiques demeuraient. Aujourd'hui, elles pourraient lui faciliter la tâche, voir le sauver. Les yeux portés au sommet, le Sith se tourna vers son principal interlocuteur, ignorant les soldats -- ou ce qu'ils étaient, autonomes.

- 4h30 si on marche bien- estima-t-il.- il y a un refuge à mis-chemin et une vieille cabane destinée aux éleveurs d'Éopie qui mènent leurs troupeaux dans les pâturages. Aujourd'hui, plus personne n'y va et on sait pourquoi: Les pirates ne sont qu'à quelques kilomètres en amont, trois pour être précis.- Continua le félin sur le ton d'un élève qui a bien préparé son exposé.- On pourrait s'y loger en arrivant pour attendre la nuit... Ou le lendemain. De nuit, on peut surprendre les pirates lorsqu'ils sortent pour aller attaquer les villages, mais ils seront préparés et bien armés. Le lendemain, après leurs dégâts, ils rentreront, fatigués de leur rapine.

Par chance, le Hapien et le Semi-Cathar n'étaient pas des Jedis qui se seraient inquiétés de la prochaine attaque. Qu'un ou deux villageois en plus ne meurent ne dérangeaient pas Naël. La mise en déroute des pirates, le lendemain, effacerait les dégâts de la nuit précédente. Cela n'assombrirait pas leur image de héros, et ils auraient l'occasion de mieux se préparer, en plus de se reposer après la grimpette. Mais ça, il laissait le soin à Noctis de choisir. Celui-ci semblait beaucoup mieux connaître l'endroit, et surtout la psychologie de cette bande de voyous. Ox lui tendit des jumelles et Naël les donna de suite au Seigneur, jugeant que c'était à lui d'avoir le privilège d'observer le premier. Il signait sans le savoir, une discrète démonstration de soumission. Un détail plutôt prometteur pour le concerné s'il doutait encore de son nouveau partenaire.

Différent de la veille, le Semi-Cathar avait moins de manières efféminés, son visage était concentré. Sa queue jaillissant à travers un trou de son pantalon immobile jusqu'à la touffe léonine frôlant le sol. Le regard braqué sur le sommet, une main inconsciemment serrée sur son sac en bandoulière, il canalisait déjà ses sentiments. Étrangement ceux-ci semblaient plus Jedis que Siths, puisque c'était surtout à la sérénité et l'indifférence qu'il s'accrochait, puisant dans une certaine neutralité pour avoir plus de recul. La mission semblait plutôt simple mais le jeune homme- chat ne voulait pas sous-estimer ses adversaires et surtout il avait encore cette envie sous-jacente, totalement involontaire de démontrer au Hapien qu'il avait fait le bon choix.

- Dernière option, on reste au refuge et j'vais en éclaireur. Je suis doué pour espionner. -Sa silhouette filiforme aux gestes si agiles qu'ils en étaient presque hypnotisant démontraient que ses mots n'étaient pas prétentieux. Ils étaient vrais.
Absalom Thorn
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— Merci.

Noctis prit les jumelles et balaya le flanc de la montagne.

— Passer la nuit au refuge est indubitablement la meilleure solution. Marak ?
— Difficile à dire vu d’ici, dit l’homme, en réponse à la question que le Seigneur Sith n’avait pas vraiment formulé.

Darth Noctis hocha lentement la tête, avant de tendre les jumelles à Naël, pour qu’il puisse à son tour examiner le chemin qui les attendait.

— Lancez le drone.

Marak fit glisser sur son épaule le sac à dos qu’il transportait depuis le début de leur mission et en tira un petit robot arachnéen. Les ingénieurs de l’Hapien s’étaient inspirés de spécimens récupérés chez un autre Seigneur Sith un peu trop vindicatif, auquel Noctis, accompagné de son apprenti Syn, avait été contraint de régler son compte, quelques mois plus tôt. Son défunt adversaire, un roboticien de génie, avait été malgré lui une source d’inspiration.

Le robot rapidement programmé, il s’élança à flancs de montagne, disparaissant promptement entre les herbes. L’équipe se réunit autour du datapad de contrôle de Marak. L’engin cherchait à repérer des mines que les pirates auraient cru bon de laisser à flanc de montagne. Pour Noctis, l’éventualité était peu probable : la simple terreur que les bandits inspiraient aux paysans des alentours suffisait à les prémunir contre toute incursion indésirable, et ils concentraient probablement leur surveillance sur l’espace. Mais rien n’interdisait de prendre des précautions.

— C’est clean, finit par conclure Marak, après un bon quart d’heure.
— Allons y.

Comme à leur habitude, Ako et Ox s’élancèrent les premiers, suivis par les deux Siths, puis Marak et Al-Saïf. Ils avaient naturellement délaisser le sentier pour avancer dans les herbes hautes, sur la pente rocailleuse. C’était un chemin bien plus ardu, mais tout à fait discret. Leur progression, silencieuse, était scandée par de fréquentes interruptions, intimées par les éclaireurs, dès que ceux-ci avaient le moindre soupçon.

Les sens de Noctis étaient eux-mêmes aux abois. La détection du moindre piège, à travers la Force, était un atout essentiel, et le Seigneur Sith avançait dans une demi-transe. D’ailleurs, aucun caillou ne se délogeait sous ses pas, et aucune branche ne craquait. Lorsque, le soir commençant à tomber, ils furent arrivés au refuge d’alpage, Noctis ne paraissait nullement épuisé, quoique l’ascension eût été rude.

Ils s’étaient arrêtés à quelques mètres des trois bâtisses en bois et en tôle qui formaient le refuge. Des insectes crissaient dans la végétation tout autour d’eux. A quelques pas de là, une nuée de lucioles s’éveillaient dans le soir. Les yeux fermés, Noctis sondait les alentours. Il finit par hocher lentement la tête. Ako et Ox visitèrent les bâtiments, puis leur donnèrent le signal de les rejoindre.

— Ako, Ox, premier tour de garde. Malak, Al-Saïf, le suivant. Naël et moi prendrons le dernier.

Il y eut une approbation silencieuse, les soldats de Noctis paraissant peu portés à la conversion. Ako et Ox s’installèrent devant les bâtiments, tandis que Malak disparut dans la cabane de gauche et qu’Al-Saïf s’étendait à la belle étoile. Noctis entraîna le félin dans la cabane centrale, guère plus luxueuse que les autres.

A l’intérieur, un lit unique, une table de bois, des étagères et un réchaud hors service. Noctis se débarrassa de son sac et ôta ses chaussures, ainsi que sa veste. Il était encore vêtu d’un pantalon de soldat noir et d’un tee-shirt noir. Après une brève inspection des lieux, il sortit deux rations de survie de son sac et en tendit une à Naël, avant de s’asseoir sur un tabouret à la table.

— Certains administrateurs impériaux voudraient à toute force moderniser des planètes comme celle-ci. Les faire passer à l’agriculture industrielle. Remplacer ce genre de refuges par des centres de transhumance, des abattoirs automatisés, des trayeuses à la chaîne. Parfois, certaines personnes ont du mal à comprendre la valeur économique et culturelle de la diversité.

Rares étaient les paysages qui n’inspiraient pas à Noctis des réflexions économiques, mais il changea rapidement de sujet, tout en poursuivant son austère repas.

— Demain, nous irons tous ensemble. Je ne doute pas de vos talents d’espion, et si nous avions plus de renforts à vous proposer, la situation serait différent, mais en l’espèce, je préfère éviter de vous faire courir des risques inutiles.

Et de s’exposer à ce que Naël le trahisse au profit des pirates : on n’était jamais trop prudent.

— Est-ce que c’est cela, votre spécialisation ? L’espionnage ?
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Fatigué quoiqu'encore vaillant après la grimpette, Naël n'eut guère le temps de s'extasier sur le parcours de son aîné, En même temps, qu'il y ait un déluge de pierres sous les pieds de Mister perfect aurait été surprenant. Le contraire était dans la logique des choses. Le jeune félin avait discrètement levé les yeux au ciel. Trop de perfection tuait la perfection. Non, il n'était pas jaloux. Jamais.

Son regard perça les brumes couchées sur les sommets les plus bas, cavalant 3 kilomètres en amont, comme s'il espérait voir la forteresse des pirates. D'une main, il attrapa une luciole agaçante qui se baladait autour de sa têtes, la contempla, puis la relâcha avec un haussement d'épaules. Alors qu'il suivait son partenaire, il remarqua les premiers chargés du quart s'installer. Il aurait préféré débuter la surveillance car si se coucher tard ne causait aucun problème au guerrier, se lever était une autre sinécure, une torture inter-galactique, un fléau touchant aussi bien les civils, les Jedis que les Siths. Bien sûr, Naël se tu religieusement, surtout que la distribution des quarts était judicieuse. Deux manieurs de Force aux aguets à l'aube, lorsque les pirates reviendraient, valaient mieux que n'importe quel mercenaire entraîné. Le félin se sentait aussi inconsciemment rassuré d'avoir Noctis à ses côtés en cas d'attaque, s'il ne pensait pas que ce dernier le défendrait tel un gentil coéquipier Jedi, sa présence pourrait intimer les adversaires, et il en éliminerait -avec un style parfait- une bonne partie.

La table aux senteurs boisées malgré son ancienneté démontrait que la cabane, quoique rustique était de bonne qualité. Un "quelque chose" empêcha le Sith de s'installer de façon plus commode, pattes sur la surface marron foncé. Il répondit aussitôt à Noctis tout en prenant la ration offerte.

- Merci. Ouais j'suis pas mauvais dans le domaine, mais c'est pas ma spécialité, désolé de décevoir. En fait, quand c'est court, style entrer dans un camps endormi, repérer les défenses principales ça va, j'suis discret... Sur le long terme, style infiltration je suis tout pourri. Les gens comme moi qui ont la tête expressive - Inutile d'illustrer, le visage du félin et ses grands yeux verts tirés en amande évoquaient sans cesse un sentiment, lesquels changeaient spontanément, et que dire du langage universel des animaux, primaire, qui le trahissait par le biais de ses oreilles ou de sa queue?- sont pas doués pour mentir. J'peux bien causer pour éviter une infraction, tu vois, mais les gros trucs c'est mort. Vous par contre, avec votre... Hum... Vous voyez, calme, visage impassible tout ça, j'suis sûr que vous pourriez vous faire recruter par les services secrets de la République.- Il eut un petit rire malgré lui avant de redevenir sérieux. Se descendre au niveau des capacités prouvait une certaine humilité tout en risquant de faire perdre confiance à Noctis. Plongé dans le moment, Naël pourtant habituellement malin n'avait pas saisi le double-sens de la question de son interlocuteur. Il croyait vraiment que l'espionnage aurait du être une vertu indispensable pour plaire à l'homme, mais pourquoi mentir quand on en était presque incapable? Notamment à cause d'un foutu code de l'honneur particulier, presque génétique qui l'en empêchait.- J'suis maître d'armes. De base grâce à mon haut taux de midichloriens j'allais surtout me spécialiser dans la Force, mais les imprévus, les hasards blabla... Tout ça. Du coup je manie les longues lames.

Sans mauvais jeu de mots, s'il vous plaît
- Et vous, la p'tite nouvelle Impératrice, vous ne cachez pas votre mépris pour. Alors avec tous vos moyens financiers, intellectuels et tout ça, pourquoi rester chez les Siths? J'sais pas, ça craint quand même leur académie.

Conscient de sa "trahison", le jeune homme qui s'était laissé allé aux confidences se redressa un peu sur sa chaise, crocs serrés et poils légèrement ébouriffés dans le haut de sa colonne vertébrale.

Dehors, la nuit s'était doucement établie. Ox entra une fois ou deux pour avertir de la situation peu changeante au passage. Un groupe inconnu fut identifié en train de descendre la montagne. Naël estima que c'était la bande de pirates partie semer la terreur plus dans l'optique de maintenir la pression sur les habitants que dans celui d'obtenir un vrai butin. De cette planète effectivement incapable de saisir les opportunités économiques - comme l'avait signalé Noctis plus tôt- il n'y avait guère à attendre- mais ils descendaient sur l'autre versent de la montagne. Discrets comme ils l'étaient, l'équipe réduite de Noctis devrait passer inaperçue. Le félin pensa proposer à son aîné d'aller se rendre compte de la nature et capacité de la forteresse discrètement, mais vu le refus précédent de ce dernier - il ne se douta pas un instant que c'était une mesure de sécurité en cas de trahison de sa part.- il décida de ne pas insister. Au fond cela l'arrangeait car désormais que le froid s'établissait, et malgré sa pelisse, le félin appréciait la chaleur relative de la cabane, prisonnière des murs en bois.

N'ayant aucune autre ambition que celle de manier suffisamment bien son arme pour survivre et envoyer un bon nombre de pirates dans la tombe, le semi-Cathar était relativement calme. Il ne saisissait pas comment certains Siths pouvaient constamment être en train de conspirer. C'était souvent épuisant, presque toujours infructueux. À quoi bon ramasser 10 000 crédits s'il fallait ensuite se cacher du trompé décidé à se venger? Lui préférait une vie simple et plus ou moins protégée aux milliers de crédits dont il ne pourrait pas profiter en cavale. Pour l'instant, il s'agissait de profiter de l'instant, sans rien calculer ni penser à sa prochaine promotion ou même la résolution du meurtre de Ra'Ya'Ha qui ne s'offusquerait certainement pas d'un retard dans des délais inexistants. C'était un mode de pensée simpliste, pourtant assez intelligent qui prônait la valeur de la vie au-dessus de l'argent. Qui était le plus digne et le plus malin? Le riche en cavale ou l'humble Sith profitant de sorties sur Coruscant sans avoir peur de présenter ses papiers? Son manque d'ambition cela dit, l'avait également beaucoup restreint et il végétait depuis longtemps au même niveau. Pour tout dire, le titre de Seigneur ne l'attirait même pas. Son interlocuteur en revanche ne semblait pas en manquer. Intrigué Naël leva les yeux vers lui. La première impression passée le Hapien restait toujours aussi beau mais il commençait à s'y faire et se montrait apte à contrôler ses hormones, du moins si le coupable de leur désordre ne jouait pas de ses charmes.

- Et vous, c'est quoi votre but concret? Si y'en a un? Moi j'ai rien contre la p'tite jeune sur le trône. Si elle veut se rider avec toutes ces préoccupations c'est son problème, mais c'est vrai que j'verrai plutôt un Seigneur Sith comme vous dessus. Plus expérimenté, tout ça tout ça.

En résumé, parfait.
Absalom Thorn
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— Moi, dans l’espionnage ?

Noctis eut un rire léger. Insouciant. Presque innocent.

— Je crains que ce ne soit pas une grande spécialité des Hapiens. Toutes proportions gardées, notre physique ne passe pas non plus inaperçus, surtout pour ceux d’entre nous qui ont été particulièrement soignés par les généticiens.

Et c’était précisément son cas. Absalom Thorn était la fine fleur de l’ingénierie d’Hapès, la preuve des talents de sa mère dans le domaine, et, par conséquent, l’objet naturel de la curiosité et de l’attention des autres. Il était rompu à l’art des déguisements, c’était selon lui une quasi nécessité, quand on devenait un Seigneur Sith, pour pouvoir garder contact avec les réalités concrètes du terrain, mais il lui aurait été impossible de s’infiltrer longuement où que ce soit, sans que ses origines, ou même son nom, ne fussent découverts, par le simple examen de son corps.

— Je suis plutôt un sorcier.

C’était un mot qui recouvrait des réalités très diverses, au sein de l’Empire, des petits Siths qui n’hésitaient pas à employer des pouvoirs somme toute assez communs pour en imposer à des populations crédules aux authentiques mystiques du Côté Obscur, qui maniaient des forces difficiles à comprendre pour les autres et dont l’existence même inspirait un mélange de peur et de fascination.

Noctis ne correspondait guère à l’image du vieil ésotériste tourmenté, meurtri jusque dans sa chair par ses pratiques obscures, que l’on associait d’ordinaire aux sorciers siths, mais il incarnait un autre stéréotype : celle de la beauté fatale et surnaturelle. Un stéréotype plutôt féminin, il est vrai : les légendes étaient peuplées de reines-sorcières dont le charme surhumain était l’arme la plus redoutable.

— Et un économiste, un administrateur, de manière générale. Diplomate aussi. Ce genre de choses. J’essaie de me tenir éloigné de la politique, cela dit, qui est le plus souvent un obstacle, mais c’est un obstacle qu’on n’a pas toujours le luxe de contourner.

Il froissa le papier qui avait enveloppé sa ration pour le ranger soigneusement au fond de son sac.

— Je n’ai rien contre l’impératrice en elle-même. Simplement, elle est jeune, totalement inexpérimentée, catapultée là en dépit du bon sens. C’est à dire qu’elle est faible, politiquement. Et tous les dirigeants faibles qui échouent sur un trône en plein milieu d’une guerre tendent à adopter la même conduite : redoubler de discours martiaux, prôner l’expansion, se montrer inflexibles. Pour dissimuler par la force armée la fragilité de leur pouvoir. Et je suis persuadé que l’Empire a besoin de toute autre chose que d’une guerre prolongée avec la République, quand bien même nous en sortirions victorieux. Même pour les vainqueurs, les guerres sont coûteuses en vies et en argent, et surtout en temps.

Noctis n’avait jamais fait mystère de ses positions à cet égard et il ne comptait pas s’en cacher sous le nouveau règne de l’Impératrice. L’Empire avait besoin de savoir qu’il existait des alternatives idéologiques à la doxa belliciste.

— Ceci étant dit, quelques avantages que je puisse avoir, ma puissance est limitée. L’indépendance est une situation enviable sur le papier, mais en pratique beaucoup moins prometteuses. Au sein de l’Empire, je peux circuler librement dans un grand nombre de secteurs, avoir accès à des planètes diversifiés, à leurs habitants, à leurs savoirs et leurs infrastructures. La structure de l’État impérial, toute fragilisée qu’elle soit, me dispense d’avoir à être moi-même, constamment, un monarque, à devoir surveiller les moindres détails de l’obédience de telle ou telle population. C’est une situation relativement confortable.

Un confort qui exigeait apparemment beaucoup d’efforts. Noctis se releva pour s’étendre sur le seul lit de la pièce, en laissant de toute évidence une place à ses côtés pour Naël.

— Venez, notre nuit sera brève, et il faut reprendre des forces avant demain.

En répondant, il avait soigneusement éludé la question implicite de Naël sur le trône impérial. Il y avait songé, et de plus en plus souvent, ces derniers temps, depuis que Syn, son Apprenti, en avait évoqué la possibilité. Jadis, il ne l’avait pas désiré. Le pouvoir suprême, pour lui, résidait dans la Force, non dans l’Empire lui-même, et il craignait des fonctions politiques qui lui laisseraient trop peu de temps pour ses recherches et son entraînement.

Et pourtant…
Tant de portes s’ouvriraient à lui, s’il était Empereur, tant de ressources seraient mises à sa disposition. Peut-être serait-il ainsi parvenu à concilier tous ses désirs… ?
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- Un sorcier? Vous voulez dire, de ceux qui interagissent avec les cadavres de la Vallée des Morts? Qui les font revivre tous déformés? Rigolez pas, y'avait une Sith qui faisait ça tout l'temps. Je n'sais plus son nom mais fut un temps, c'était casi la seconde de l'ex cheftaine de tous les Siths. J'me suis même demandé si elles avaient pas quelque chose. Bref, le fait est qu'elle s'auto-proclamait sorcière et utilisait la Magie Sith pour ses expériences à semi scientifiques et euh... Magiques quoi.

Le félin toisa son interlocuteur. En fait, il peinait à imaginer ce dernier manipuler de ses délicates mains, des bouts de tissus nécrosés pour essayer de leur redonner un sens doublé d'un visage tout sauf humaine. Naël rougit à sa manière, abaissant légèrement les oreilles et émettant un ronronnement bas, quasi inaudible. Le charme de Noctis opérait encore -s'il avait cessé à un moment de le faire- du coup il parlait plus que de coutumes, osait formuler des choses pensées ou même jamais formulées dans son cerveau. Juste écouter, interagir avec le Hapien semblait justifier qu'il maintienne le dialogue à coups d'hypothèses risquées.

Il approuva délicatement de la tête, surpris de faire la connaissance d'un Seigneur humble sachant reconnaître ses limites. À ses yeux, c'était une qualité. Une autre qui le rapprocha d'un coup, le propulsant presque mentalement fut le manque de haine de Noctis. Ce dernier jouait-il une carte sensible pour attirer Naël? Nan, récupérer un guerrier égaré à son service n'en valait pas la chandelle. Appâté par un désir d'en finir avec la guerre commun, le jeune Sith redressa la tête. Il ne put empêcher un sourire sincère de courir la ligne de ses lèvres. Il semblait presque heureux, soulagé d'entendre un autre parler de "trêve", ou du moins d'une tentative de régler les hostilités. Le jeune félin se sentit moins seul mais il lutta pour ne pas renchérir, craignant d'aller trop loin. Avouer qu'un de ses meilleurs amis était un soldat de la République qu'il avait failli tuer en escarmouche et qu'il ne détestait pas les Jedis dans le fond pourrait être de trop.

Au vue de ses paroles, quelque soit son degré de tolérance ou son désir de paix relative, au moins Noctis ne les enverraient pas sur le champs de bataille en sachant pertinemment qu'il les condamnaient à la morgue, des paquets de chair que la fameuse toutou d'Ynnitach aurait adoré manipuler.

- Je comprends. Dites, j'suis désolé, pour la tirade j'veux dire. Je ne suis pas l'être le plus cultivé du monde, du coup bah quand j'crois savoir un truc je me précipite pour le balancer et ça me rend encore plus ignare. Bref.


Pourquoi s'excusait-il? La question demeurait entière et allait rejoindre la précédente: pourquoi s'était-il lancé dans une diatribe concernant les Zombies ? Lorsque le charisme de Noctis avait un impact direct, Naël semblait apte à résister, discernant ce qui lui semblait "trop gros" comme cette phrase lancée au dîner "laissez-moi vous aider", en revanche, lorsque le Hapien distillait doucement son pouvoir, le guerrier se laissait influencer. À moins que le blond parvenait à le séduire davantage en étant naturel? Cet être pouvait-il être naturel parfois?

Le semi-Cathar se leva pour suivre docilement le Maître Sombre. Il dût réaliser un violent effort pour que sa mâchoire ne se décroche pas des os et tendons qui la retenaient à son visage finement cisaillé. Une pièce. Un lit.

- J'prends par terre! -S'était-il exclamé à toute vitesse. Un être aussi beau que Noctis ne pouvait pas rejoindre le sol, si solide avait-il démontré être. Alors qu'il attendait une réponse toutefois, Naël rencontra par hasard -ou pas- la silhouette du Hapien qui s'étendit en lui offrant, via une gestuelle claire, une place à ses côtés. Le Sith ravala sa salive. Malgré son goût pour les petits nids douillets après une vie passée à dormir entre deux cartons, le félin aurait donné n'importe quoi pour se reposer par terre. Et pour rejoindre le trentenaire. Tout ça à la fois.

- Vous... vous savez, j'ai l'habitude, au sol.

Cependant attiré comme un aimant, Naël s'était approché du lit. Dans la pénombre, il était plus difficile de distinguer ses traits félins, lesquels se concentraient majoritairement au niveau des pattes arrières d'ailleurs. Hormis le doux pelage qui recouvrait sa tête fine et ses oreilles mobiles, Naël avait eu la chance d'hériter d'un museau dont les traits subtils et la couleur claire faisaient davantage penser à un petit bouton humidifié par la rosée matinale. Ses grands yeux étirés en amande découpant la nuit étaient d'un vert pur envié chez la majorité des hommes et que dire de sa chevelure. Il n'était, baigné par la brise lunaire, qu'un jeune adulte presque comme un autre, au sortir de l'adolescence, émoustillé et honteux à la fois. Le guerrier avait beau ne pas être un absolu obsédé du sexe -ni un obsédé tout court.- cela faisait longtemps qu'il n'avait pas connu la tendresse d'un homme. La dernière remontait à un an et demi, et elle avait constitué l'exception après 2 autres années d'abstinence.

Toutefois décidé à se maîtriser Naël monta sur le lit, le matelas s'écrasa à peine sous son poids plume. Le félin se coucha sur le flanc, dos à Noctis. Sa longue queue léonine passa, farceuse indépendantiste, sur les jambes du trentenaire, lui faisant goûter à la douceur du fin duvet qui la recouvrait, sans oublier le plumeau roux qui devait chatouiller un peu. Le guerrier la ramena vivement contre lui, prenant soin de la bloquer entre ses jambes. Il osa une respiration, deux, puis ferma ses paupières.

- Je pense que notre rencontre va porter ses fruits. J'vais tout faire pour ne pas gâcher ça. Ce n'sont que des mots, okay, mais vous pouvez compter sur moi.

24 h à peine pour tomber, rendu aux pieds du Hapien. C'était mieux que d'autres, certainement, cependant le résultat demeurait le même. Noctis avait en partie réussi à l'apprivoiser et Naël lui serait fidèle. Si le constat effrayait légèrement le félin qui craignait toujours la trahison, il ne se sentait pas vraiment humilié, ayant toujours eu peu d'ambitions. Il espérait juste ne pas souffrir si le trentenaire disposant de pléthore de soldats tous aussi fidèles et eux, ayant fait leur preuves, le jetait. Ouais bah tant pis, ça lui apprendrait, comme d'habitude. À la dure. Mais pour l'instant, quelques soient les risques, Naël avait envie d'essayer.

- Bonne nuit.

Ses muscles se relâchèrent légèrement. Il restait tendu, ainsi couché aux côtés d'un Seigneur Sith, surtout aussi beau, mais sa dernière phrase semblait avoir installée une certaine tranquillité en lui. Au moins, le résultat de la journée semblait clair. Restait plus qu'à aviser la suite. Fort de ce constat, le jeune homme chercha le sommeil. Il essayait en tout cas, perché sur son rebord du lit, à l'extrémité de ce dernier, tant et si bien qu'il maintenait un équilibre relativement précaire, risquant de tomber... Mais TOUT. Tout sauf toucher un seul centimètre de la peau de son trop séduisant nouvel allié.
Absalom Thorn
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— La nécromancie ? Non, ce n’est pas vraiment mon domaine de spécialité. C’est une des activités favorites des Sorciers Siths, il est vrai, parce qu’elle est simple. Enfin, relativement plus simple que d’autres domaines de la magie ou de la Force, tout simplement.

Darth Noctis n’avait pas un respect considérable pour ce spectaculaire gothique qu’il jugeait inutilement morbide. Une bonne partie du folklore sith le laissait de marbre et il sentait souvent que ses rapports avec l’Empire tenaient à quelques fils ténus. Il s’y était intégré par la force de l’ambition, non de la haine, par une passion de la domination intellectuelle, non de l’oppression politique, et beaucoup de ce qui constituait, pour les autres Siths, des fins en soi, n’étaient pour lui que des outils tristement nécessaires à la poursuite de son objectif véritable : la connaissance intime, véritable, profonde et surtout perpétuelle de la Force.

— Ce qui m’intéresse, c’est de cultiver la vie plutôt que la mort.

Et il cultivait sa propre vie en causant la mort des autres, mais c’était une partie moins reluisante de son argumentaire, qu’il passait sous silence. De toute évidence, Naël se doutait probablement que tout angélique que l’Hapien paraisse, il n’était pas devenu Seigneur Sith en jouant les saints. D’ailleurs, la réputation de Noctis ne faisait pas un mystère des rituels qu’il conduisait pour manipuler la vie elle-même, au péril de celle de bien d’autres.

— La magie sith est souvent plus complexe que ce que l’on imagine quand on ne la considère de loin. Ce sont évident les rituels les plus spectaculaires, et généralement les plus macabres, qui excitent l’imagination du grand public et même des apprentis. J’imagine qu’il en va de même dans tous les domaines du savoir. En sciences, les promesses de cure miraculeuse ou les explosions titanesques sont toujours plus excitantes, pour les holonews, que les petites découvertes qui font en réalité le quotidien de l’existence.

Il était bien placé pour le savoir. Les recherches qu’il menait, dans la digne tradition sith, autour d’une super-arme, un psychotrope favorisant la manipulation mentale à l’échelle planétaire, attiraient beaucoup plus l’attention et les financements de l’Empire que les études de ses scientifiques sur le développement nutritionnel des algues marines pour soutenir la croissance économique des planètes océaniques.

— Bref, aucun risque que je ne suscite une goule au milieu de la nuit. Vous pouvez dormir tranquille.

Mais quand le félin le rejoignit, Noctis comprit sans mal que la tranquillité n’était pas à l’ordre du jour. Dans l’obscurité, le Seigneur ne put retenir un sourire en coin. La nervosité de Naël était palpable, et plus encore dans la Force. Aucune chance, dans cette situation, que le jeune homme ne trouve le sommeil salvateur qu’il cherchait tant. Noctis l’observa quelques secondes en silence, plongé dans ses pensées.

Il n’avait pas l’habitude de nouer des relations intimes avec d’autres Siths, mais il était d’avis que les règles devaient demeurer souples, pour s’adapter à la diversité des situations. Naël était assurément charmant. Un peu trop exotique, peut-être, au regard de l’Hapien, dont les goûts étaient profondément ancrés dans l’humanité. Mais il y avait un plaisir particulier, une valeur insoupçonnable, aux plaisirs que l’on trouvait avec un autre être dans la Force.

— Tu vas finir par tomber, murmura-t-il finalement, en passant au tutoiement, dans l’obscurité de la cabane.

Une force télékinésique enveloppa Naël, avec une douceur qui trahissait la maîtrise du Seigneur Sith beaucoup plus que ne l’aurait fait une démonstration brutale. C’était comme un souffle qui se refermait tout autour du Guerrier, pour l’entraîner, délicatement, au centre du lit. En quelques secondes, Naël se retrouva adossé à Noctis et les bras de l’Hapien se refermèrent autour de lui.

— Et en montagne, il est essentiel de pouvoir conserver sa chaleur, par la proximité avec les autres.

Pure solidarité entre alpinistes, en somme. Noctis, néanmoins, se laissait gagner par le désir, et il ne fit aucun effort pour le dissimuler dans la Force. Son aura était devenue plus envoûtante encore. Chaude. Sensuelle.

— C’est plutôt ça, l’un de mes domaines, dans la magie sith, tu vois, murmura-t-il encore, alors que son désir pulsait à travers la Force. La Force renferme bien plus que la mort et que la violence des combats. La Force est riche de désirs, riche de beautés.

Mais comment ne pas soupçonner que la beauté surnaturelle de Noctis, et les plaisirs qu’elle promettait, était souvent une beauté littéralement fatale ?
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Un petit rire nerveux s'échappa des lèvres de Naël avant qu'une colère brûlante, désespérée, irrationnelle ne s'empare de lui. Crispé, le jeune félidé reçut la télékinésie douce contre son corps, présence spirituelle de Noctis, rapidement remplacée par celle physique, encore plus insupportable. C'était trop parfait. Le semi-Cathar ne voulait pas tout gâcher, des milliers de songeries concernant les conséquences défilaient dans son esprit. Au mieux, le Hapien le considérerait ensuite comme un facile, un faible de chair, au pire, les choses s'envenimeraient, or Naël ne le souhaitait pas. Ni la gêne caractéristique après une nuit pleine de tendresse qui n'aurait jamais du avoir lieu, ni le moindre grain de poussière qui risquait de casser le rouage à peine construit. La colère du Sith n'était pas dangereuse, de fait pas même menaçante, sinon tournée contre sa propre personne. Parce qu'il avait du mal à résister, d'ailleurs, il s'était à demi retourné, glissant entre les bras de son potentiel amant pour chercher un baiser, profond, mais aussi tinté d'une certaine tristesse.

- Je viens de vous promettre que j'allais tout faire pour rien gâcher.

Naël n'avait pas ignoré le tutoiement soudain de Noctis, il avait même frissonné en s'en rendant compte. Toutefois, il ne parvenait pas à faire pareil, pas avec un tel homme, si parfait, si puissant. Dans sa tête, il était inconcevable que le Seigneur se soit attaché à sa personne, surtout en si peu de temps, or le félin avait un souci dont il ne connaissait ni les tenants, ni les aboutissants. Cet idiot pour les plus durs, ce romantique pour les âmes plus douces avait besoin de tendresse, d'amour. Ra'Ya'Ha avait exigé de lui le meilleur, sauf sa pureté. Il avait attendu avec patience ce précieux cadeau et Naël avait accepté de lui l'offrir après des mois en couple, malheureusement l'humain était décédé juste avant. Après avoir amèrement regretté sa nuit avec un soldat de la République, alcoolisé et supposément hétérosexuel, il s'était promis de faire attention, ne plus compliquer les choses, surtout s'il y avait des enjeux comme un partenariat avec Noctis sur le long terme. En réalité, derrière cette froide constatation, le guerrier était un sensible qui voulait, à défaut de mariage, une relation de confiance établie auparavant, voir d'amitié. C'était trop difficile de risquer de tout perdre pour une simple nuit. Il était seul depuis si longtemps, l'idée de le devenir à nouveau, de perdre ce début de respect qu'avait le Hapien à son égard lui permit de résister.

- J'peux pas.

Le guerrier retint heureusement un sanglot, mais son corps tremblait imperceptiblement, bloqué entre le désir évident qui émanait de lui ainsi que de nombreuses peurs qui le retenaient. Heureusement ou pas. Elles étaient hétéroclites, ces craintes et pourtant logiques pour peu que l'on connaisse son passé. Après avoir subi de nombreux outrages dans la rue, le félidé dépouillé de la majorité de ses maigres biens, avait achevé de tout perdre aux mains de son premier mentor, un vieux Sith ancré dans les traditions de violences, de tortures -presque- en tout genre sauf le viol. C'était ainsi que le semi-Cathar conservait son monceau de dignité. Sa position fragile au sein de l'Empire le rendait encore plus prudent. Inquiétude plus triviale, le jeune félin avait peur de décevoir ces mains, selon les rumeurs, expérimentées. Il n'avait fait ça qu'une fois avec Randall, entre l'alcool et l'hétérosexualité de l'ex-Amant de Zora ainsi que le manque d'expérience du Guerrier, le résultat n'avait pas été fameux. S'il n'avait pas passé une si mauvaise nuit, le Sith imaginait bien qu'elle était à milles lieux de l'intensité que pourrait offrir et réclamer son aîné.

Le félin se dégagea doucement, à regrets des bras protecteurs pour se glisser au sol, froid, dur mais étrangement rassurant. Il se coucha presque en boule dans un recoin, à la manière d'un petit chat de compagnie. Sa vulnérabilité pouvait très bien rebuter Noctis, mais il agissait selon son caractère, un caractère jusque là ignoré, issu de son inconscient profond, puisqu'au tout début il avait carrément provoqué le beau Hapien. Maladroitement, mais quand même.

- Je ne sais pas quoi penser de cette magie. Pas l'habitude.

Même Ra'Ya'Ha ne savait pas être aussi doux, il l'aimait et pourtant l'avait habitué à une certaine dureté. Celle dont avait besoin une relation pour survivre dans ce milieu. Alors cette beauté, cette richesse et ces couleurs ne pouvaient qu'être aveuglantes pour le guerrier qui n'y comprenait rien. Manipulation, sincérité? Utopie, cauchemar? Il ne savait pas où il avait mis ses pattes. Sa crainte de décevoir le Maître lui semblait en soi inquiétante. Pourquoi le semi-Cathar avait-il autant de scrupules à déplaire? Sa seule solution était de s'en remettre à sa peur viscérale, presque adolescente de passer à l'acte. Misérable.

Les paroles du Seigneur Sith, son aura même lui revenaient en mémoire. Il s'attendit tour à tour à des moqueries, de l'agressivité, de l'indifférence mais certainement pas quelque chose de positif. Malgré le charme de Noctis, il restait un Sith et ceux-ci n'avaient pas pour habitude d'être compréhensifs, si spéciaux soient-ils. Jamais le guerrier n'aurait pensé perdre ses moyens, là, dans cette fichue montagne. L'enquête sur la mort de Ra'Ya'Ha, les nouveaux indices, la rencontre avec Noctis, les pouvoirs et le physique de ce dernier l'auraient-ils terrassés? C'était aussi compréhensible qu'impardonnable probablement. En réalité, ces éléments qui l'affaiblissaient avaient achevé de le submerger à cause de la si douce aura vivante de son aîné. Les pouvoirs de ce derniers avaient déclenché une réaction plutôt surprenante, et s'il ne s'était physiquement pas offert au Seigneur, mentalement c'était tout autre chose. Sans doute était-ce pire en réalité.

Désormais ils surgissaient de manière plutôt inattendue. Le voilà, à nu, sincère et fragile sur le plancher en bois d'une cabane de transhumance. Par chance, le spectacle déjà "pitoyable" qu'offrait Naël n'était pas humide. Les yeux secs et la bouche scellée, il ne laissait rien échapper, pas un gémissement, si ce n'était un léger tremblement de ses prunelles luisantes, arrimées dans celles du Seigneur. Devait-il espérer être jugé indigne de la mission, trop instable ou trop faible, ou espérer continuer d'avoir l'indulgence de son nouveau partenaire. Il n'en avait strictement aucune idée.
Absalom Thorn
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Le silence s’était installé dans la petite cabane. Noctis avait laissé Naël se couler jusqu’au sol sans rien dire et, allongé sur le dos, les bras croisés sous la nuque, il observait les ombres sur les poutres du plafond. Le Seigneur Sith aimait la fragilité. Ses disparitions soudaines, pour aller sauver quelque esclave au fin fond de la Galaxie, dans un bordel ou une barge hutt, étaient légendaires. Noctis aimait les oiseaux tombés du nid, les beaux jeunes hommes brisés par la vie, qui se raccrochaient à lui avec le désespoir reconnaissant de la princesse pour un chevalier qui vient de terrasser le dragon.

Aux yeux de beaucoup, c’était sa principale faiblesse. Lui si déterminé, si méthodique, si patient et calculateur, pouvait envoyer ses plans valser parce que, au hasard d’un voyage, il avait croisé le regard d’un beau garçon qui avait besoin d’être secouru. D’autres Seigneurs mettaient parfois sur son chemin des éphèbes soigneusement choisis, pour le distraire de ses affaires, et empiéter sur son territoire. C’était une tactique qui portait parfois ses fruits.

Et peut-être qu’ils avaient raison. Peut-être qu’il était faible, au moins dans ce domaine-là. Mais s’il avait quitté l’Ordre, c’était aussi pour jouir de cette liberté, et parce qu’il n’arrivait plus à croire les préceptes d’austérité de ces vénérables anciens, qu’il jugeait coupés des réalités, du monde, et du sens profond de la Force. Noctis aimait les beaux objets et les belles personnes, le pouvoir et le plaisir. C’était sa corruption à lui, sans doute. Son chemin dans le Côté Obscur. Il lui paraissait infiniment préférable à tous les autres.

— La magie n’est pas faite pour être familière, finit-il par répondre, dans le silence de la cabane, mais pour cultiver notre fascination de la Force.

Noctis leva la main et des éclairs de Force commencèrent à danser entre ses doigts. Ils se transformèrent petit à petit, jusqu’à prendre la forme d’un papillon, qui étendit ses ailes électriques pour s’élever dans l’obscurité, avant de se dissiper contre les planches du plafond. Ce soir-là, son opinion sur la sorcellerie sith pouvait bien avoir l’air atypique mais, en vérité, son attachement à ses expressions les plus sombres, à la manipulation de la Force vitale, à la puissance brute, avait réuni autour de lui de nombreux sorciers plus traditionnels, ceux surtout qui mettaient leurs recherches mystiques au-dessus des préoccupations impérialistes de la politique officielle.

— Dormez, Naël, reprit-il d’une voix douce, dormez et, un jour, je vous le promets, les craintes que vous inspirent la possibilité de la tendresse seront balayées par une confiance intime. Nul être qui entend la Force au fond de lui ne devrait trembler devant ses désirs.

Lui-même ferma les yeux et, avec cette faculté de concentration cultivée dès le plus jeune âge au sein de l’Ordre Jedi, et à laquelle il était resté toujours attaché, il balaya en quelques instants les réflexions que l’attitude de Naël avait fait naître en lui, la frustration physique de n’avoir pas pu satisfaire son propre désir, les inquiétudes vagues que la perspective de l’infiltration, le lendemain, éveillait naturellement en lui, pour se plonger dans un état méditatif qui se mua bientôt en sommeil réparateur.

Il n’eut pas besoin que ses hommes se présentent à lui pour se réveiller, une fois son tour de garde venu. Une fois relevé, il se pencha vers Naël, posa une main sur son épaule et murmura :

— Debout. C’est à nous.

Dehors, il salua Malak et Al-Saïf, qui ne signalèrent rien de particulier. L’air était frais et la nuit encore profonde. Dans quelques heures, ils partiraient aux premières lueurs, pour remonter encore le flanc de la montagne, et s’infiltrer dans le réseau de ses souterrains. Noctis considéra le massif qui se détachait derrière la cabane. Pendant quelques instants, il tenta de cerner ce que la Force lui en disait, ce que leur promettait leur avenir, avant d’y renoncer. La divination à travers la Force était toujours une perspective séduisante mais, plus le temps passait, mais le jeune Seigneur croyait en sa possibilité Le futur était trop incertain pour se laisser facilement piéger, même par les plus perspicaces des praticiens.

Quand Naël le rejoignit, il s’assit sur une touche, ouvrit son sac à dos et tendit une ration à son nouveau protégé.

— Nous partons dans trois heures, je pense. J’espère que vous vous êtes bien reposé.

Quelque chose lui disait que Naël était habitué à dormir à la rude.

— Vous avez l’habitude de vous battre avec un commando ? De vous reposer sur les autres, de composer avec leurs tirs de blaster, ce genre de choses ?

C’était à la fois une manière d’interroger Naël sur sa formation et une précaution nécessaire, avant de se lancer avec les quatre soldats à l’assaut de la montagne.
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Les éclairs illuminant l'habitation rustique figèrent les muscles du guerrier qui ne comprenait pas ses réactions. Davantage roulé en boule, il observa du coin de l'oeil la Force s'échapper des mains du Seigneur. Sa pupille s'arrondit, réaction purement physique face à une lumière intense mais aussi surprise d'un gamin ignorant. Le papillon eut le mérite de lui faire lever la tête du sol froid, le temps de suivre sa course, autant par curiosité, émerveillement que méfiance. L'animal d'éclairs ne vint toutefois pas piquer son flanc, s'évanouissant en harmonie avec les paroles d'un Noctis étrangement apaisant, patient. Avec un soupir, inapte à répondre, le semi-Cathar laissa sa tête retomber par terre. Il ferma presque immédiatement les yeux et s'endormit jusqu'au petit matin où le Seigneur l'éveilla. Après un léger temps de réadaptation pour recalibrer la situation, revaloriser les lieux où il se trouvait et dans quelles conditions, le félin s'étira. Il abordait à nouveau un air mutin, plus sûr que la veille, bien que sa fragilité demeurait, dormante, dans le fond de ses prunelles.

Avait-il bien dormi? Probablement oui. Et rêvé? Avait-il rêvé? En tout cas Naël ne s'en souvenait pas, ne conservant qu'une bienfaitrice sensation de renouvellement. Serait-ce la promesse de Noctis concernant ses désirs qui l'avait apaisé? Étant donné le stress de la veille, ses émotions à fleur de peau, ce fait était aussi surprenant que libérateur. Au moins le guerrier pouvait répondre fermement à Noctis, avec ce joyeux bagou qui le caractérisait. Outre LE sujet abordé hier, Naël donnait peu l'impression d'être fragile. Il fallait creuser pour parvenir aux sous-couches de l'oignon, celle qui faisait autant pleurer ledit oignon celui qui pelait. Enfin parfois.

- Hey! Ouais j'ai bien dormi, et vous?

Conversation tellement banale, presque d'amis, de couple? En tout cas la question si typique qu'elle en devenait triste précédait quelque chose de plutôt inédit. Naël plissa les yeux, choisissant en une fraction de seconde l'honnêteté. Il ignorait si le Hapien regretterait de l'avoir choisi, mais mieux valait que ce soit sur l'instant plutôt qu'en pleine action.

- Nan. Pas l'habitude mais j'apprends vite, je m'adapte et j'ai pas l'orgueil de certains qui pensent qu'à briller.

Tant pour les côtés positifs que négatifs, le guerrier savait que la sincérité avait tendance à payer. Du moins dans son cas, aussi douloureux, risqué cela puisse sembler parfois, le jeune félin prônait la clarté. Face à cet étrange sorcier capable de lire le fond de son âme, davantage encore. Il ne voulait pas d'anicroche dans leur relat... Partenariat.

Cela dit, le guerrier n'était pas non plus un total inutile. Dans de longues marches à travers les forêts ou la montagne, si répugné par la nature se disait.il, le semi-Cathar disposait d'une grande résistance, beaucoup plus grande que ne pourrait le laisser penser son corps mince. Habillé de muscles fins, homogènes, guidé par un instinct millénaire, son squelette léger, flexible adoptait un pas économique quoique rapide et silencieux. Il n'avait aucune peine à se déplacer y compris sans user de la Force parmi les épais buissons ou sur les chemins rocailleux, bien que son passé à proprement dit facilitait davantage encore son évolution dans le milieu urbain.

Moyennement attentif aux soldats à cause de son manque d'habitude mais volontaire, Naël n'était finalement pas si mauvais quand il s'agissait de collaborer. Il manquait de rigueur militaire mais n'agissait pas comme ces abrutis qui veulent n'en faire qu'à leur tête. De faire, il était curieusement docile, probablement parce qu'il ne trouvait aucun enjeu important -sinon celui de survivre- dans cette activité. Si cela concernait directement sa liberté ou sa dignité, les choses auraient été probablement différentes, mais pour l'instant il se prêtait au jeu de manière plutôt détendue, attentif aux ordres ainsi qu'à l'entraide.

- On y est. J'pense qu'à ce niveau on entre dans une zone dangereuse, c'est-à-dire dans leur champs d'vision.


Comme l'avait prédit Noctis, trois heures plus tard, le petit groupe se trouvait aux limites du "territoire" des pirates. Le chat tendit les jumelles au soldat le plus proche afin que ce dernier puisse donner son avis. Après s'être laissé tomber dans l'herbe plutôt dense, au point que celle-ci atteigne son museau, le félin se saisit de terre qu'il fit couler entre ses doigts.

- Y'a le plan camouflage si on veut s'approcher plus.

Suggéra-t-il en se tournant vers Noctis au point de presque se tordre le cou. Par automatisme, le Sith avait aussi camouflé sa présence dans la Force bien que des traces inévitables demeuraient, sous la forme d'une trace grisée légère. Heureusement les pirates ne semblaient pas disposer de la Force mais sait-on jamais. Il suffisait d'un utilisateur de la Force pour gâcher leur unique avantage: la surprise.

- Qu'est-ce qu'on fait?

Demanda-t-il, toujours d'avis à suivre les conseils des plus avisés, Noctis ou même ses acolytes qui semblaient mieux informés. Aussi bien à l'heure de survivre que quotidiennement, Naël était peu raciste. Les Non-Sensitifs possédaient un savoir dont il ignorait tout et inversement. Sa façon de profiter de celui-ci, d'ingérer plus de connaissances ou de maximiser le rendement, faciliter la réussite était de tolérer que tout le monde s'exprime. Pour l'instant, inapte à inventer une stratégie autre que l'infiltration d'une personne -interdite par Noctis précédemment.- le félin tendit simplement les oreilles, attentif. Il n'avait aucune intention d'être celui qui ferait rater l'opération, pour le bien de tous en commençant par le sien.
Absalom Thorn
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La question de Naël fut répercutée aux deux éclaireurs de la troupe par un regard interrogateur de Darth Noctis. Ako et Ox échangèrent quelques mots à voix basse, examinèrent encore un moment le terrain avec des jumelles, avant de se tourner vers le Seigneur Sith. Ako fut celle qui prit la parole :

— On rampe en profitant des hautes herbes, qui vont jusqu’au pilier de l’ascenseur externe. Là, on pirate les circuits, pour que la montée soit pas détectée, on prend l’ascenseur jusqu’au sommet et on avise.

La soldate ne s’embarrassait pas de formalités. Il était probable que son maître préférait l’efficacité aux ronds de jambe. Le regard de Darth Noctis vint se poser dans celui de chacun de ses soldats, qui approuvèrent silencieusement. L’Hapien savait reconnaître ses limites et la stratégie militaire n’était certes pas son domaine de spécialité. Il avait fait l’effort de s’instruire en la matière, mais il aurait jugé idiot de se priver de l’expertise des gens qu’il engageait précisément à cet effet, juste pour entretenir le mythe de son infaillibilité.

— Allons y, finit-il donc par conclure.

Le reste du chemin n’eut rien d’agréable. La distance qui les séparait encore de l’ascenseur extérieur, à flanc de falaise, était courte, mais les hautes herbes, qui poussaient dans la boue, semées de cailloux, offraient un terrain difficile sur lequel progresser. Personne ne se plaignit, néanmoins. Même si Darth Noctis donnait l’impression d’être sorti tout droit d’un datamagazine de mode et de vivre dans cette région éthérée du monde où les mannequins et les célébrités ne se salissaient jamais, de peur de casser un ongle, le Seigneur Sith fit la preuve comme les autres de ses aptitudes physiques, et même d’une endurance assez considérable.

Le jour était bel et bien levé quand ils arrivèrent au pied de la falaise. Un dernier vaisseau, au-dessus d’eux, venait de s’engouffrer dans les hangars creusés à l’intérieur de la montagne, plusieurs dizaines de mètres, là haut. Noctis fit un signe de tête à Ox qui s’élançait comme une fusée jusqu’à l’ascenseur, pour se plaquer contre la paroi métallique et commencer aussitôt à dévisser la tôle qui ouvrirait l’accès aux câbles de l’ordinateur.

Le matériel des pirates demeurait relativement rudimentaire et le piratage ne prit que quelques secondes. Bientôt, les portes de l’ascenseur s’ouvrirent et Ox fit signe aux autres de s’y engouffrer. A six, ils étaient serrés les uns contre les autres, alors que la cabine montait lentement le long de la roche. Les yeux fermés, Darth Noctis avait laissé sa respiration se ralentir et, petit à petit, son esprit se déployait dans la Force, pour sonder l’endroit de leur arrivée, et estimer les dangers. Alors qu’ils en étaient tout prêts, il murmura :

— Dégagé.

Et, en effet, quand les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur une coursive métallique qui donnait dans la base pirate, les lieux étaient déserts. Les suppositions du Seigneur Sith s’étaient révélées exactes : habitués à n’avoir à surveiller que des paysans qui n’osaient pas prendre les armes contre eux, les pirates n’avaient pas cru nécessaire de redoubler de vigilance en matière de sécurité.

Ox était déjà au travail, près d’un panneau du mur. Il lui fallut une bonne minute pour télécharger sur les datapads des autres membres de l’équipe le plan des lieux.

— Malak ?
— On fonce vers le centre de contrôle, au-dessus des hangars, on scelle les sections, et ensuite, on les gère une à une.
— On fait quoi, si quelqu’un est déjà dans un hangar et nous fausse compagnie dans un vaisseau ?
— Hmm… Alors deux personnes pour nettoyer les hangars, le reste au poste de commande et on se regroupe après.

Ce plan approuvé par les autres fut mis à exécution par Darth Noctis. Al-Saif et Ako se chargeraient par précaution des hangars, tandis que les deux Siths, flanqués d’Ox et de Malak, prendraient d’assaut le centre de contrôle. Tous s’attendaient néanmoins à ce que leur présence fût repérée bien plus tôt. Et, en effet, quelques minutes plus tard, une alarme retentit. Des bruits de botte se firent entendre au-delà du coude du couloir.

— Restez là, ordonna Darth Noctis.

Et le jeune Seigneur s’avança seul dans la coursive infestée de pirates. Bientôt, un brouillard noir se répandait tout autour de lui. Tapis de l’autre côté, avec Naël, les soldats tendaient l’oreille. Il y eut des tirs de blaster, au son étouffé par le brouillard de Force, et puis des cris. Des crépitements. Des corps qui s’affaissaient. Le Côté Obscur bouillonnait là, avec une puissance terrible. C’était tout autre chose que le papillon ravissant créé dans la cabine. C’était la mort, et la désolation.

Et puis soudain, le silence. Le Brouillard de Force se résorba, sans que jamais le bruit d’un sabre laser ne se fût fait entendre. Les soldats s’élancèrent pour retrouver leur Seigneur, seul debout au milieu de cinq corps inanimés, brûlés ou étouffés. Un frisson parcourut l’échine de ces militaires pourtant aguerris.

— Ne perdons pas de temps, déclara le Seigneur Sith, d’un ton égal.
Absalom Thorn
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N.B. : Ce message vient clore le sujet après la disparition de l’autre personnage.

Toute la discrétion du monde n’aurait pas suffi, dans de semblables conditions, à empêcher les pirates de donner l’alerte et déjà, dans toute la base creusée à flanc de montagnes, une alarme stridente résonnait. L’équipe d’infiltration avançait cependant sans courir : la prudence valait mieux que la promptitude, dans ce complexe dont ils ne connaissaient pas les plans et qui pouvait leur réserver la surprise improbable, mais toujours possible, de pièges sophistiqués.

On va arriver vers un espace dégagé, souffla Malak, qui jugeait de la disposition des lieux en tendant l’oreille, pour percevoir comment le son se répercutait contre les parois métalliques.

D’un signe il intima aux autres l’ordre de se plaquer contre le mur, alors qu’ils arrivaient à l’angle du couloir, dont le militaire supposait qu’il débouchait sur une salle où des pirates les attendaient en faction. Malak détacha de sa ceinture une grenade étourdissante, qu’il montra aux autres : une manière de dire qu’une fois la détonation passée, il faudrait agir promptement, pour profiter de la faiblesse temporaire de leurs adversaires, et les neutraliser.

Quand chacun eut hoché la tête, le soldat lança d’un bras puissant l’explosif. Quelques secondes plus tard, tout le commando s’élançait à sa suite, débarquant dans une sorte de réfectoire où les pirates, sonnés par le bruit et le flash aveuglant, peinaient à retrouver les esprits. La lame du sabre de Naël et les tirs de blaster eurent tôt fait de rendre l’escouade maître des lieux et quand Darth Noctis les eut rejoints, tous leurs adversaires étaient morts.

Mal entraînés, déclara Ox d’un ton dédaigneux, en repoussant du pied la carabine blaster de mauvaise facture de l’un des pirates, très mal entraînés.
À leur décharge, répondit le Seigneur Sith, je doute que sur une planète aussi rurale peuplée de paysans, ils aient été particulièrement préparés à un assaut de deux Siths et quatre soldats d’élite.

Le militaire haussa les épaules, mais au fond, son maître n’avait probablement pas tort : la guerre mobilisait tant des ressources de l’Empire aux frontières avec la République que les pirates avaient pu s’attendre à avoir les coudées franches en terrorisant les villageois d’une planète reculée, qui ne présentait guère d’intérêt économique ni stratégique pour Dormund Kaas. C’était une malchance incroyable pour eux que Darth Noctis eût du goût pour les paysages champêtres.

Ils se barricadent dans la salle de commandement.

Malak avait soulagé l’un des cadavres de son comlink pour espionner les communications des pirates.

Parce qu’ils espèrent pouvoir tenir un siège, demanda Darth Noctis, que cette stratégie laissait un brin dubitatif ?
Ça m’étonnerait. C’est le réfectoire ici, les réserves de nourriture doivent pas être loin, Al-Saïf et Ako ont sécurisé les hangars. Ils peuvent tenir le poste de commandement un moment, si les lieux sont bien configurés, mais ils seront obligés de tenter une sortie.
On peut juste prendre leurs vaisseaux dans les hangars et s’en servir pour torpiller la base, ça réglera la question.
Très subtil.

Ox haussa les épaules.

Ça réglera la question d’éventuels renforts.

Noctis hésita un moment. S’emparer de la base en état de marche aurait été un à-côté appréciable de l’opération, sans aucun doute, mais au fond, il n’en avait pas une utilité particulière. Mieux valait mettre toutes les chances de son côté. Le Sith activa son propre comlink.

Al-Saïf, Ako, vous me recevez ?
Cinq sur cinq, Seigneur.
Vous avez la main sur les vaisseaux dans le hangar ?
Affirmatif, répondit Ako.
Bien armés ?

Il y eut un silence, le temps pour elle de s’assurer de la chose, puis elle répondit :

Du standard, pour un vaisseau pirate de Bordure, je dirais. Des torpilles, un canon frontal, une tourelle, probablement des déflecteurs un peu pourris.

Absalom interrogea Ox du regard, qui hocha la tête.

Préparez un vaisseau, on vous rejoint.

Malak se mit aussitôt au travail, au pied du couloir qui leur faisait face, pour installer des explosifs qui ralentiraient une éventuelle sortie des pirates. Cinq minutes plus tard, c’était cette fois-ci bien au pas de course que Noctis et ses hommes gagnaient les hangars, où un vaisseau prêt au décollage les attendait, tandis que les cadavres de deux autres pirates, neutralisés par les soldats qui avaient sécurisé les lieux, gisaient près de caisses de transport vides.

Une fois tout le monde à bord, le vaisseau s’éleva pour percuter le plafond, projetant tous ses passagers contre la cloison la plus proche.

Désolée, j’suis pas pilote, lança Ako depuis le cockpit, avant de parvenir à extraire tant bien que mal la machine par la baie dont les énormes portes métalliques étaient heureusement ouvertes.

Avec une maladresse de pachyderme dans un cours de danse de salon, le vaisseau pivota pour faire face à la montagne.

Recule un peu, qu’on se prenne pas le souffle, suggéra Ox dans le circuit de communication.
On a pas des boucliers ?
T’es sûre de savoir les activer ?
Hmmm…
Reculer, c’est préférable, je crois, marmonna Noctis en continuant à se masser l’arrière du crâne.

Le vaisseau fit un brusque bond en arrière, mais, cette fois, le Seigneur Sith s’était intelligemment sanglé sur un siège. Et puis les canons laser se mirent enfin à déverser leur flot brûlant sur la bâtisse à flancs de montagne, pour en fragiliser la structure, avant qu’une bordée de torpilles ne la frappe de plein fouet. L’explosion fut monumentale : un pan de la falaise au-dessus du bâtiment lui-même commença à s’ébouler, écrasant ce qui avait survécu de la structure sous sa masse énorme, tandis qu’Ox et Malak continuaient à arroser, par acquis de conscience.

Darth Noctis croisa le regard de Naël.

La subtilité n’est pas toujours la meilleure méthode, déclara-t-il simplement.

Ce fut aussi l’avis des villageois, quand ils les retrouvèrent, deux heures plus tard. Les gens de la communauté éprouvaient une satisfaction simple et bien légitime, jugeait Noctis, à savoir que leurs oppresseurs avaient connu une fin aussi brutale. À leurs yeux, c’était une forme de justice et au fond, leur montagne était désormais purifiée de la base immonde. On aurait presque dit que la roche avait englouti d’elle-même la vermine qui était venue l’infester.

Et, hm…

Le Premier Conseiller considérait, depuis le balcon de la mairie, la fête qu’on avait organisé spontanément sur la place centrale du village et où les soldats de Darth Noctis contaient bien volontiers, et en enjolivant considérablement la résistance des pirates, leurs aventures de la journée.

… est-ce que vous désirez, Seigneur, un hommage particulier pour votre aide dans cette affaire ?

Le Premier Conseiller n’était pas naïf : la sollicitude gratuite n’était pas le genre de l’Ordre Sith.

Nullement, répondit Darth Noctis. L’affection de la population est une récompense qui se suffit à elle-même.
Je vois…

Le Premier Conseiller inclina la tête et, avec sagacité, il déclara :

Je veillerai à toujours l’entretenir, Seigneur.
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