Maxence Darkan
Maxence Darkan
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Aujourd'hui, les choses ne changeront pas, comme toujours, Maxence se plongera droit dans le sang, les larmes et la chair brûlée. Cependant, toutes ses exactions morbides ne se font jamais d'un claquement de doigt, mise à part pour les tueurs en série qui savent toujours égayer les journées. Cela faisait quelques temps que Maxence prenait congé sur Nar Shaddaa en vue de se "ressourcer" et par "ressourcer", c'est en passant son temps libre à ne rien faire, consommer et vivre une petite vie capitaliste bien sympathique à laquelle personne ici-bas ne s'y opposait.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~

-Passe moi l'sel.

Assise en face de Raoult, un Themien dont la vie n'avait pas fait de cadeau, mais qu'il acceptait à sa juste valeur, c'est-à-dire comme un ramassis de merde en tout genre dont certaines puaient plus que d'autres. Il étudiait dans une des rares institutions de la lune -par institution, elle n'était pas vraiment reconnue, juste un ensemble de personnes qui, contre rémunération, offrait la possibilité à des cerveaux dans le besoin de devenir quelqu'un-. Il faisait des études de Mathématiques, dans une branche un peu spécial avec apprentissage de modulation de je-sais-plus-trop-quoi, pour devenir je-sais-plus-trop-quoi. Étant donné son jeune âge et des problèmes de famille dont on se passera les détails, il agrémentait ses heures libres en petits deals en tout genre, une petite frappe comme on en connaissait des milliers, promis à un avenir incertain.

Ils s'étaient rencontrés dans une soirée où Maxence n'avait pas vraiment été invitée, le courant passa assez vite, le tout, se terminant pour une nuitée en tête-à-tête. Les deux, dans la même optique de voir "l'amour", ne s'offraient pas plus qu'un petit resto dans une cantina moins pourrie que la moyenne histoire de tuer le temps.

-Et il ressemblait à quoi du coup ?

-Bah... Elle mastiqua ce qui lui restait dans la bouche. Un mec pas bien grand, aux airs de sauveur de la galaxie et des yeux genre... tu vois les miens ? C'est d'la merde à côté.

-Putain, faut l'faire. Son gosse c'était la même ?

-Son gosse ?... T'es con ou quoi, c'est son Padawan.

-J'sais pas j'y pige rien aux Jedis, j'en ai jamais vu.

La cantina en question était quasiment pleine, tous les tabourets étaient pris et il n'y avait que quelques tables de libres. Alors qu'elle voulait enchaîner sur le canon de beauté qu'était le Padawan en question, une bande de gaillard un peu pas très content rentrèrent promptement dans l'établissement. Les regards se tournèrent vers eux, parce que, bien entendu, ils n'étaient pas là pour l'happy hour. Maxence, dos à eux, n'y prêta pas attention au début.

-Mesdames et Messieurs, bien le bonjour ! Une voix d'un charisme peu égalable fit taire le brouhaha de la salle. Je vais vous demander votre attention quelques minutes. Il dégaina son arme, ainsi que les hommes qui l'accompagnaient. Je cherche une jeune femme, une dénommée Maxence ! Les chances de chercher la mercenaire à un endroit aussi aléatoire étaient... faible ? Nar Shaddaa possédait le syndrome des yeux et des oreilles partout, donc pas de quoi étonner la populace. Bon, ça bouge pas beaucoup... On est à peu près sûr que t'es là poulette, alors je vais compter jusqu'à trois, et à trois, je bute la gosse.

Il pointait désormais son blaster lustré à la perfection en direction d'une enfant blottie dans les bras de sa mère... du moins, ce qui semblait être sa mère.

-Combien ? Lança-t-elle à mis voix au Thémien.

-Cinq... non, six.

Raoult, étrangement calme, ne jetait que de très bref coups d’œil pour éviter d'attirer l'attention, les magouilles, il connaissait et en avait assez entendu de Maxence pour comprendre comment une jeune femme dans son genre pouvait avoir de tels problèmes.

-Vous savez, ça me briserai le cœur d'agrémenter cette gamine d'une balle dans la tête, mais au vu de la surpopulation, un gosse de plus, un gosse de moins, tout le monde s'en tape.

-Un vrai plaisir de t'avoir rencontré.

Elle bondit hors de son siège pour se diriger vers la porte des cuisines. Le bien connu "Là !" prononcé par un sbire, s'enchaîna de tirs approximatifs pas vraiment contrôlé pour éviter les civils. Une fois dans la cuisine, elle gambadait parmi les employés afin de trouver une sortie de secours, ou n'importe quoi qui puisse lui sauver la mise. C'est par la porte de service qu'elle misa, derrière, des casseroles renversées et des cris témoignaient du passage d'homme pas fino du tout.

Une fois dans l'allée exigu, courir le plus vite possible et le plus loin lui paraissait une idée fantastique. Elle connaissait bien le quartier, celui de référence à ses yeux, le motel habituel lors de ses "pauses" ne se trouvait qu'à trois-quatre pâtés de maisons. Une grande rue, en pleine heure de pointe des habitués lui permettaient simplement de se fondre dans la masse. Pourtant, s'évaporer comme ça ne faisait qu'éloigner temporairement la grosse merde fumante prête à s'abattre sur elle.

Elle se dirigeait désormais vers le spatioport où se trouvait son vaisseau -une sorte de grand parking à vaisseau pas fait pour ça à sa construction, désormais dirigé par un mec qui possédait approximativement les lieux-, le mieux étant de prendre plus de recule afin de savoir pourquoi au nom du ciel, une nouvelle personne voulait sa peau. Maxence, loin d'être dupe, se doutait un peu du fait que le clan Dejsadii ait mal pris sa présence dans l'arrestation de Vox et, possiblement, le démantèlement du business de Skrit.

Une fois arrivée au lieu sur lequel ses espoirs étaient portés, l'affreuse, la tragique et catastrophique surprise de voir des hommes de main un peu cliché, autour de son vaisseau la calma sur le coup et commença à douter sur le fait de ne pas prendre au sérieux cette histoire. On voulait sa mort et pas qu'un peu. Cachée derrière des caisses, elle préféra s'éloigner sans même partir à la pèche aux informations, prendre du recul, c'est ce qu'elle cherchait.

Coup de bol, en s'éloignant du "spatioport" une moto-jet débarqua de nulle part, caché dans l'ombre d'un coin de ruelle, elle observait un gringalet à la bourre, pressé, mais surtout, pas attentif. Elle lui fonça dessus le balaya avant de lui écraser son coude dans la figure. Sa tête tourna, aux alentour, personne, elle le traîna par les pieds en peu plus loin, il marmonnait des trucs incompréhensibles, somnolant. Quelques baffes pour le remettre les idées en place, son blouson bien en main et le front de Maxence contre le sien.

-On va pas passer par quatre chemins face de cul, qui t'envoie ?

-Pu... putain j'y crois pas.... alors c'est toi qu'on recherche ? J't'imaginais moins... bonne ? Elle dégaina son arme. Ok, c'est bon détends-toi. Tu vois, je crois que j'ai pigé pourquoi Banor veut ta mort. Tes gestes sont bien trop inconcidérés.

-Banor ? Le Banor ? Ba-putain-de-nor ?

-Hou... ça y est ? Tu l'as ? Il ricana. T'es une fille morte ma pauvre.

Elle lui écrasa sa crosse dans son nez.

-Erwann ? T'es encore en train d'te branler ? On bosse là !

Elle se tourna vers sa ceinture à laquelle un comlink pendouillait, de quoi avoir de l'avance sur eux. Le truc, c'est qu'elle avait un Erwann inconscient sur les bras... et quand c'est conscient, un Erwann ça parle.

-Quel prénom à chier.

La plante de sa botte lui fracassa le côté de crâne, brisant pas la même occasion sa nuque. Loin d'être son tempérament ordinaire de tuer comme ça, le fait de se trouver en confrontation avec un clan Kajidic changeait complètement la donne. La mercenaire balança le corps dans une benne un peu plus loin avant de se creuser les méninges pour se sortir de cette incommensurable merde.

-Éos, envoie ce message à Karm. Un enregistrement holographique s'en suivit. Hé ! Tu t'souviens quand tu m'parlais de faire attention à moi, avec les retombés tout-ça-tout-ça ? Bah, hé, figure-toi que c'est comme un tas de verre pilé dans l'cul pendant un échange maso, on s'y attend, mais ça fait mal. J't'envoie des coordonnées, si tu pouvais me rejoindre genre... maintenant, ce s'rait l'éclate.

Les coordonnées en question étaient un bâtiment abandonné depuis des années avec un occupant à son actif, celui qu'on appelait "Ltoxicolà" qui, pendant que la jeune femme faisait les cent pas dans l'ancienne cuisine d'un des appartements, fumait tranquillement à une pipe dont une fumée verdâtre en sortait.

-Jsuis dans la merde... je suis dans la merde... putain d'sa mère je suis dans une des ces merdes !

-T'veux ? 'A t'détendra.

Elle se tourna vivement, pas bien enjouée par sa proposition, avant de lui enfoncer son poing dans la figure. Assommer sur le coup un vieillard, sans témoin et purement pour se calmer les nerfs, avec Max, toucher le fond, ça signifie : prends une pelle et creuse.
Karm Torr
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Lors de la bataille des… ATCHOUM…

Karm était bien content d’avoir une demi-galaxie et un hologramme entre Loé et lui, pour éviter les expectorations de son charmant Padawan. La découverte des joies de l’exploration glaciaire sur Kijimi s’était soldée pour le malheureux jeune homme par un rhume carabiné qui le confinait dans ses quartiers au Temple Jedi, pendant que son maître vagabondait entre les astéroïdes du secteur de Nixor.

À vrai dire, Karm n’avait pas grand-chose à faire. C’était l’une de ces missions de routine de l’ExploCorps qui consistaient pour l’essentiel à se rendre dans un champ d’astéroïdes, à déployer des sondes, à effectuer une mise à jour des cartes galactiques pour les Archives Jedi et à replier bagages. Pourquoi Maître Deenia avait brutalement décidé que son implication était d’une importance capitale, Karm l’ignorait entièrement, mais il avait appris avec le temps à ne pas questionner les mystérieuses intuitions du Kaminoan.

Alors il en profitait pour faire réviser à son Padawan les principes de l’histoire militaire de l’Ordre, pour ses épreuves de Chevalerie, qui étaient imminentes.

… des deux destroyers, le Maître Kczyciezoczekowicz…
Kczycieczoczekowicz.
Pardon ?
Kzycieczoczekowicz.
C’est ce que j’ai dit, non ?
Pas tout à fat, mais c’est pas grave.
Bon. Le… ATCHOUM… Le célèbre Maître Jedi employa la tactique de…

Mais Loé fut interrompu par le système de communication du vaisseau. Karm, qui ne s’attendait guère à être troublé dans ce secteur désolé, décroisa les pieds du coin de la table boulonnée au sol et réintégra le cockpit. Pour prendre connaissance du message de Maxence. La voix de Loé lui parvint depuis la pièce centrale de la navette.

Maître ? C’est la demoiselle…

(Est-ce que quelqu’un avait déjà appelé Maxence une « demoiselle » ?)

… que nous avons rencontrée sur Herdessa ?
Loé, j’te rappelle, lança Karm par dessus son épaule, avant de couper l’holoprojecteur sans autre forme de procès. Blip…

Mais le droïde, qui s’était attaché à la jeune femme, était déjà en train de calculer une trajectoire pour Nar Shaddaa, d’ailleurs toute proche. Une nouvelle fois, les décisions de Maître Deenia prenaient un sens inattendu une fois confrontées au réel. Quelques minutes plus tard, sans avoir hésité une seule seconde, le Jedi bondit dans l’hyperespace, en espérant que les heures que dureraient son trajet ne mettraient mais celle qu’il considérait déjà plus ou moins comme une amie en trop fâcheuse posture.

En atterrissant sur Nar Shaddaa, ce jour-là, le Jedi bénit la Force de l’apparence toujours discutable des vaisseaux de l’ExploCorps : ces appareils qui bourlinguaient dans les coins hostiles de la Galaxie se fondaient dans la masse des rafiots douteux qui remplissaient les quais d’arrimage et, en quittant sa navette pour gagner la foule bigarrée dans les rues, avec sa tenue de baroudeur peut-être un peu contrebandier qui formait sa garde-robe habituelle, se faisait d’autant moins remarquer que la plupart des gens le dépassaient d’une bonne tête.

Avec une conviction toute relative, il avait étudié les cartes de Nar Shaddaa disponibles dans la base de données de son appareil, pour repérer les coordonnées indiquées par Maxence. L’entreprise était un peu vaine, évidemment : Karm connaissait très mal l’Espace Hutt, mais il en savait au moins assez pour deviner que la capitale de Nar Shaddaa était l’une de ces villes hors de contrôle qui changeaient presque constamment de visage.

Alors il y allait plus ou moins au jugé, sans se préoccuper du dessin des rues, en se fiant à son sens d’orientation d’explorateur. Partout, autour de lui, les vendeurs à la sauvette se confondaient avec les pickpockets, les droïdes modifiés tentaient de s’approcher assez près des datapads mal protégés pour en pirater le contenu et des chasseurs de primes roulaient les mécaniques en fendant la foule comme des héros d’holofilms.

Tous les codes de ce monde-là échappaient à l’Ark-Ni et il en était conscient, mais comme la moitié de la population avait l’air au moins aussi perdu que lui, il jugea qu’il ne faisait peut-être pas trop tâche dans le paysage. Ce qui le préoccupait surtout, c’était le temps qu’il avait dû mettre pour rejoindre la planète et ce qui serait arrivé à Maxence dans l’intervalle.

Karm se faufila par la porte entrebâillée d’un immeuble délabré qui s’élevait, si on pouvait encore appeler ça s’élever, à l’emplacement des coordonnées de Maxence. Dans le hall d’entrée avec ses deux turbolifts condamnées, les rayons de soleil qui tombaient par les vitres explosées étaient pleins de poussières et une gigantesque plante en pot, qui avait constitué jadis une tentative dérisoire d’égayer les lieux avant de sécher sur pied, offrait désormais un memento mori aux très rares visiteurs.

Le Jedi hésita un instant à signaler sa présence, mais pour le cas où les poursuivants de Maxence l’auraient rattrapées avant lui, il jugea préférable d’entamer une approche discrète et, les sens en éveil, cherchant dans la Force, sans trop s’y perdre, la présence désormais familière de la jeune femme, une main sur son sabre encore éteint à sa ceinture, le Chevalier s’engagea dans les escaliers crasseux.
Maxence Darkan
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"Hé salut, c'est Raoult, j'vais bien hein, t'en fais pas pour moi. Par contre j'sais pas combien ils sont, mais franchement, ils t'en veulent salement, évite de mourir, ce serait sympa qu'on se refasse une soirée." Cool Raoult, mais rien n'arrangeait la mercenaire dans ce message. Elle restait rassurée du fait qu'elle ne l'avait pas tué avec cette fuite éclaire, pour la gamine... morte ou pas morte, l'homme disait juste, les gens sont tellement nombreux que personne n'en branlerait quoi que ce soit.

Ses contacts sur la lune lui tournaient le dos, pas besoin de demander pour savoir... elle l'aurait aussi fait. Si une telle organisation lui tombait sur le dos, ils n'allaient tout de même pas s'enfoncer au suicide avec une tarée dans son genre. Demander de l'aide à Karm... Cette action lui trottait dans la tête, il lui proposa, certes, mais c'est un Jedi, qui plus est, un Jedi de l'ExploCorp qui parle aux rongeurs. En fait, si elle fit directement appelle à Karm, c'était uniquement parce que c'était un Jedi de l'ExploCorp qui parle à des rongeurs. Le gamin s'en foutait d'avoir un Kadjidic au cul, il avait l'ordre Jedi comme un chewing-gun collé derrière l'oreille parce qu'il a encore du goût... enfin des alliés quoi.

Un inventaire rapide s'imposait, ses deux blasters chargés avec deux chargeurs de rechanges et... rien d'autre. Sa ceinture de munition était dans son vaisseau, vaisseau aux mains des Dejsadiis. Pas la peine de fouiller le clodo, à part un surin et l'hépatite, elle n'y trouverait rien. À l'ancienne comme dirait l'autre.

Même avec un Jedi sous le coude, se sortir de là ne se ferait pas aussi facilement. Ils sont nombreux et sur leur terrain. Maxence s'assit sur l'ancienne gazinière, un très vieux modèle sur lequel s'accumulait la poussière. La tête dans ses mains, pas désespérée, perdue. Avant de pouvoir prendre son  boost de Nicotine, le comlink, grésilla.

*Telh, on a fouillé l'motel, elle y est po.* *Fait chier, on a aucune nouvelle d'Erwann pendant ce temps là.* *Comment z'allez faire por le vaisseau ?* *On va le forcer.*

-Ok, Éos, deux choses d'une, transfert les données du comlink sur le bracelet... ensuite, dès qu'ils commencent à forcer le cockpit, tu l'ouvres.

-Vous êtes sûre ?

-Nan... mais il me le faut intacte si je veux me tirer d'ici.

Ils n'allaient pas découvrir beaucoup à part des vêtements de rechange et sa ceinture.

*Cette gamine commence à me les briser, bougez-vous un peu.* *On surveille tous les quartiers 'tour d'son vaisseau, elle nous échappera po longtemps.* *On a sa gueule en passant, je vous l'envoie. Maxence Darkan, morte de préférence.*

Une porte forcée avec une poignée de verre brisé résonna non loin. Maxence bondit sur ses armes. Dans ce genre de moment, elle ne pouvait pas demander qui était là, garder l'effet de surprise était nécessaire. Elle voulait économiser les balles, une barre à mine, posé là il y a des années pour des projets de rénovation qui n'eurent jamais lui fit de l’œil. L'outil bien en main, elle entendait des voix d'hommes, ils chuchotaient faussement en se plaignant des ordres. Les pas s'avançaient vers "son" appartement, quelques pauses distinctes, marquant une vérification des locations voisines.

Le couloir exigu lui laissait une chance d’enchaîner les adversaires sans se préoccuper des autres. L'architecture du bâtiment lui donnait un sentiment de sécurité, comme celui des Bas-fonds de Coruscante, ironique n'est-ce pas ? Quoi qu'il en soit, les voilà au coin de la porte. Maxence, d'un coup circulaire fracassa la tête du premier. Ce n'était pas Karm, le malaise sinon. Elle jeta ensuite la barre en direction du deuxième derrière pour le déséquilibrer et se ruer dessus. La mercenaire le saisit par son bras armé et le col. Elle dansait de gauche à droite en jouant sur la confusion du dernier qui, en joug, ne se décidait pas à tirer. Quand le coup parti, son équipier eut peine à continuer de maintenir ses jambes en place -évidemment que Maxence n'allait pas mourir maintenant, sinon cette histoire ne se montrerait pas d'un grand intérêt-. Sa main glissa le long du cadavre à en devenir pour prendre le blaster. *Bam* *Bam* *Bam* *Bam*. Penchée au-dessus, il était bien mort. Elle rangea ladite arme à l'arrière de son pantalon, prit le fusil blaster de l'homme au crâne fracassé dont la sangle en cuir lui économisait de l'énergie.

Impossible pour elle de rester plus longtemps, au pas de course, les escaliers enfilés quatre marches par quatre, la porte automatique hors service était restée bloquée entre-ouverte. Un pied sur le sol, les bras tendus tiraient jusqu'à un crac final, s'en suivi une ouverture expresse, tellement expresse qu'elle en tomba sur les fesses.

Toujours aussi sanguine, le fusil à la hanche, elle pointait un étrange beau gosse, bien trop parfait pour traîner ici.

-Karm ! La forme ? Sacrée side-kick. Je t'expliquerai l'histoire, une fois qu'on se sera tiré d'ici, aller.

Pas le temps de papoter, elle lui prit le bras pour le tirer à l'arrière du bâtiment. Dans la rue, elle le lâcha, sa dégaine de tueuse surarmée n'impressionnait personne, la densité de population offrait une parfaite couverture. La tension restait, s'ils bloquaient vraiment les quartiers alentour de son vaisseau, la prochaine planque ne pouvait être que près d'ici.

Une averse se profilait, les premières gouttes s'écoulaient depuis les devantures, simili-balcons et toits. Un blouson en cuir c'est cool, mais ça ne couvre pas la tête, en plus d'être recherchée, elle allait se prendre une saucée. Au-dessus des têtes, il y avait un homme, en hauteur sur une poubelle, l'arme sortie.

La blondinette bifurqua droit dans une ruelle qui, trois pas plus loin, tournait à droite sur un cul de sac, elle espérait ne pas avoir à enfanter Karm sur l'orientation parmi la foule. Les murs hauts étoufferaient le premier claustrophobe dans son sommeil. Au coin d'une poubelle, elle se tourna vers le Jedi.

-Vox a dû m'balancer à un moment ou un autre. Ils ont mon vaisseau, mon visage, ils savent ou j'crèche d'habitude et ils ont bloqué les quartiers alentours pour me trouver. Banor lui-même veut ma putain d'mort. Son flot de parole rapide ne facilitait pas la compréhension. Elle inspira un grand coup. Je vais avoir besoin que tu foutes ton sens moral à la poubelle, que tu m'allumes ce sabre une bonne fois pour toute et que tu découpes de la mafia Hutt avec moi.

*On a r'trouvé la reco dans l'bâtiment 'bandonné ! Y sont tous morts ! Trouvez moi s'teu salope !* Gueulait son bracelet.

-Ouais je... j'ai commencé sans toi.
Karm Torr
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Je… OK.


Ah, quelle belle architecture !
Quel faux plafond, les enfants, quel faux plafond !


Karm avait le droit à une vitesse express dans l’immeuble défraîchi, avant d’être à demi-jeté dans la rue, puis bousculé de ruelle en ruelle, avec la ferme impression d’être victime d’un tournis naissant. Le Jedi se laissait manoeuvrer par son amie dont la nervosité ne semblait cependant pas lui être très communicative. Quand les explications vinrent enfin, le Chevalier esquissa une moue perplexe, jeta un coup d’oeil dans la rue adjacente et remarqua d’un ton dégagé :


Tu fumes trop. Ça te rend fébrile.


En parlant, il tira son comlink de sa poche et la fixe à son oreille.


Ça et le fait que la moitié de la ville projette de te trépaner par la narine à coups de fourchette, ‘videmment.


L’humour ark-ni, toujours idéal dans les situations de crise.


Blip, reste près du vaisseau, active les mesures de sécurité et prépare toi à une éventuelle exfiltration subite.

Nan, elle est plus ou moins vivante, t’inquiètes.


Karm baissa le son de son comlink pour dire à Maxence :


Il se propose de te prêter de l’huile de moteur, si jamais tu pètes pas trop la forme. Est-il pas mignon ?


Avant de le remonter :


On saurait faire partir un message discrétos à destination des Sentinelles sur… ? Non, bon, OK, pas grave, on f’ra sans. J’te rappelle.


Tant pis pour les renforts. Le Jedi se mit à farfouiller dans son sac à dos.


J’t’ai amené de la bouffe.


Qui prenait la forme de ration de survie, c’est dire si c’était jour de fête.


Par contre, mon sens de la morale restera sagement en place, t’es gentille, merci bien. J’vais pas charcuter des gens juste pour la beauté du geste, mais t’inquiètes pas, si ça devient vraiment ton craignos, j’aurai pas de scrupules à te protéger.


Karm sentit bien que Maxence, dans une pareille circonstance, sur une lune pareille, avait besoin d’une assurance un peu plus solide et en quelque sorte un peu plus sinistre. Le Jedi releva les yeux de son sac et précisa :


Avant de taper la causette, j’ai fait la guerre pendant dix ans, ce serait pas la première fois que j’irais jusqu’au bout.


C’était l’une des rares situations où apprendre que l’homme en face de vous pouvait aller jusqu’à donner la mort avait quelque chose de rassurant.


J’imagine que tu veux récupérer ton vaisseau. Avec un peu de chance, il est lourdement gardé.


Karm tira enfin de son sac à dos le bloc de petits cubes qu’il avait déjà utilisé sur Plaxal, quelques mois plus tôt, afin de sonder la mine. Une fois de plus, il effleura du bout des doigts l’étrange appareil avant de le poser par terre. En même temps, il poursuivait son raisonnement :


Plus ils auront mis le paquet sur la garde de ton vaisseau, plus ils auront jugé improbable que tu parviennes à t’en emparer. Ça voudra dire qu’il y a peu de chances qu’il ait mobilisé des chasseurs pour te poursuivre une fois que tu auras pris de l’altitude. Blip va te faire les calculs du saut hyperspatial pour que t’aies juste à appuyer sur le bouton. Une fois qu’on aura quitté la lune et qu’on sera dans un secteur tranquille, on avisera sur une manière plus durable de résoudre le problème.


Pour l’heure, Fugueur, sa sonde, reprit son aspect arachnéen, tandis que Karm s’y connectait avec son datapad, pour en assurer la programmation et récupérer les images. Quelques secondes plus tard, l’animal mécanique s’élançait vers le mur pour l’escalader sans difficulté, avant de disparaître de l’autre côté et poursuivre ses aventures en direction du parking de fortune où Maxence avait garé son vaisseau, afin d’y établir une surveillance.


J’suis pas un expert mais j’doute que t’arrives à te tirer de tout ça pour de bon juste par la force, pas vrai ? J’veux dire, tes ressources versus les ressources d’un clan hutt, voilà quoi. Y a probablement une part de marchandage dans toute cette affaire, une fois que tu seras moins en position de faiblesse, c’t’à-dire plus à leur merci. À moins que tu veuilles te réformer, devenir une honorable Républicaine et entamer une vie de boulangère-pâtissière sur Alderaan.


En attendant que Maxence ait l’épiphanie du croissant, le plan de Karm était relativement simple : profiter de sa présence inattendue aux côtés de la mercenaire pour l’emporter sur les gens chargés de garder son vaisseau, lui permettre ainsi de s’évader de la lune, la rejoindre dans un secteur désert et aviser sur la situation, si possible avec les conseils avisés d’une Sentinelle plus renseignée que lui sur la vie dans l’Espace Hutt.


Le seul point délicat dans toute cette histoire était d’arriver jusqu’au bout sans se faire calciner la moitié du cerveau pour un homme de main trop jovial de la gâchette, mais Karm avait bon espoir.


Vas-y, j’te suis, conduis-moi à ton palace.
Maxence Darkan
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Je fume trop ? Je ?!... Je fume trop ?!

Elle alluma une clope par principe de contradiction face à la blague de son compère. En ce moment, elle avait de quoi avoir les nerfs à vifs, les dernières épopées de la blondinette en feraient pâlir Ulysse... pas non plus... pas loin. Heureusement -ou malheureusement- la non-présence d'alcool fort d'un bon quarante pourcent l'empêchait de l'enchaîner avec le tout.

-J'adore ce putain d'astromech.

Les injures, tempérament de Maxence oblige, n'occultait en rien son ressenti, c'est une ponctuation comme une autre, une fois accommodé, le dialogue s'en trouvait d'une simplicité déconcertante : "Comment tu putain d'vas ?" ; "La putain d'forme !". Elle avala ensuite goulument la ration de survit entre deux immondes bouffées de son cancer bon marché. Son ventre n'était pas vide, seulement quelques heures s'écoulaient entre l'arrivée de Karm et son repas en tête-à-tête, mais il lui fallait faire disparaitre cette nouvelle sensation, cette sorte de... poids ? Un truc que les gens normaux appellent "bouloventre". Oui, on utilise le mot "normal" n'importe comment de nos jours.

Le Jedi, pris au second degré mettait du baume au coeur à cette pauvre et innocente jeune femme poursuivit par l'ignoble Kadjidic qu'était Maxence. Sans pour autant la suivre dans ses idées délirantes de tuer tout le monde, à un moment ou un autre, le fracas des armes résonnerait sur la lune, comme à sa triste habitude. Ses flingues dans son dos ne pouvait pas trouver présence que par figure de style quand même.

Elle leva les yeux au ciel à de nombreuses reprises au fur et à mesure que Karm dévoila son plan dont la naïveté n'égalait que son charme. Marchander avec un gang de mafieux Hutt, sur leur terrain, alors que leur proie a déjà tué plusieurs de leurs membres, c'est comme... les comparaisons c'est saoulant, on va dire que c'est aussi possible que de faire de... de la corde à sauter quand on est un homme tronc, voilà.

Elle leva ses mains dans les airs en haussant les épaules.

-Tu m'sous-estimes un peu je trouve, mais comme tu veux. Après, si, possiblement, éventuellement, ils acceptent les pour-parler, n'oublie pas que j'ai peut-être, occasionnellement tué trois de leurs hommes... quatre, en comptant Erwann. Bon, Erwann était un sale con, un sale con avec un prénom de merde. J'te donne le bénéfice du doute pour celui-là.

Certes, se pointer avec plein d'armes, sans plan, le visage rude et une envie de tout faire péter ne paraissait pas malin. La prise de parole de Karm eut pour effet de détendre fortement la mercenaire face à la menace de la rue. Elle ne se permettait pas de grandes folies, continuant de passer parmi les petites ruelles étroites où le passage ne se résumait que par quelques dealeurs qui ne comprenaient pas que Nar Shaddaa n'en avait rien à foutre de leurs transactions.

Il y avait une rue finale entre eux et son vaisseau, pas littéralement, juste que celle-là était remplie à ras bord de personnes. Un bouillie de pieds, pattes, têtes, mains, langues, le tout, assez odorant. Dans cet environnement là, pas moyen de distinguer le qui du quoi. Elle voulait suivre le flot sur une ligne durant une bonne cinquantaine de mètres et tourner par la suite. Le genre de théorie facile à expliquer, elle avait peur de perdre le petit Karm derrière elle. Son pas d'abord ralentit, puis reprit de plus belle sans informer le Jedi. Elle se faufilait, il était près de lui... peut-être... elle l'espérait. Dans ce torrent populaire, les pupilles dilatées, aucun visage ne lui échappait. Remarquer un membre des Dejsadii, sans marque distinctive ne se montrait pas facile-facile.

Par sa droite, très proche, deux hommes ressemblaient vaguement à de petites frappes, la main sur la poignée de leur blaster respectif. Elle se tourna vers Karm et le prit dans ses bras, la tête sur son épaule gauche, elle sentit la crosse du fusil en bandoulière cogner son pauvre minois. Elle aurait pu se pauser à droite, mais, entre nous, les choses sont bien plus drôles ainsi. La raison de ce geste d'amour si brusque, fut un article, un jour, posté par un nerd un peu con qui ne savait vraiment pas y faire avec les femmes, proclamant que les effusions amoureuses et sentimentales avaient le chic pour foutre la populace dans le malaise. Elle n'osa pas se poser la question de savoir si, pour le coup, ce nerd un peu con n'était pas un nerd un peu con, préférant se concentrer à nouveau sur la marche à suivre en ce disant qu'elle s'était trompée sur le compte de ses hommes.

-Nickel Papa !

En voilà quelque chose dont elle avait bien besoin, une figure paternelle prête à resserrer les boulons, un truc comme on en voit partout, la bonne famille patriarcale, à l'ancienne ! Houla. Tout cela devient terriblement dénonciateur... il faut revenir au niveau intellectuel médiocre dont nous avons coutume : verge.

Une dernière ligne droite, un virage à droite et les voilà droit en face de son... véhicule ? Pourtant, elle s'arrêta bien avant. La voie libre, aucun garde ne s'amusait à montrer ses talents de piquet. Espéraient-ils vraiment la voir débarquer pour chercher son vaisseau ? Parce, bon sang, ils avaient raisons. Maxence pointa la porte par laquelle ils accéderaient au parking.

-Le mieux c'est qu'tu passes en premier.

*Ok Erwann, on en à plein le cul. Les gars ! Ouvrez-moi ce foutu vaisseau !*
Karm Torr
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Bah, tout l’monde tue tout l’monde dans l’coin, je suis sûr qu’ils comprendront ce genre d’impératifs.

Et ce fut sur cette maxime avec un petit m décidément fort rassurante que la Maxime avec un grand M fort peu rassurante et son Jedi attitré se replongèrent dans les rues populeuses de la capitale lunaire. Au fond, Karm se sentait plus à son aise en un pareil endroit que dans tous les couloirs tapissés de rouge du Sénat de Coruscant et, s’ils n’avaient pas été suivis par une menace d’ampleur interstellaire, il se serait volontiers promené au petit bonheur la chance dans le dédale de Nar Shaddaa.


À la place, voilà qu’on le pelotait sans prévenir. Fort tactile comme la plupart des Ark-Ni, Karm referma sans trop se faire prier les bras autour de Maxence, dans une étreinte protectrice et consolatrice, même si elle tentait de lui ouvrir la gencive avec son fusil. Il lui fallut un instant avant de comprendre qu’ils étaient en train de donner le change à des individus suspects. Quand Maxence se sépara de lui, il lâcha d’un ton dégagé :


Ouais, ça saute aux yeux que j’suis vachement plus âgé que toi, je sais.


Quel âge pouvait bien avoir Karm au juste ? Il avait parlé de la guerre comme s’il l’avait faite longtemps, mais les Ark-Ni se ressemblaient tant que les humains des autres ethnies avaient en général bien des difficultés à distinguer entre ceux qui avaient vingt et ceux qui avaient quarante ans. Là où un compatriote de Karm se serait fondé sur les subtiles variations dans le poivre-sel de ses cheveux ou des détails de la forme de sa mâchoire, les autres humains le rangeaient en général dans la catégorie indécise de l’androgyne vaguement juvénile.


Donc…


Une nouvelle fois, le Chevalier dégaina son datapad, alors qu’ils se postaient dans une ruelle voisine de l’immeuble de garage qui tenait plus de l’immeuble que du garage, et pourtant, il ne tenait guère de l’immeuble. Fugueur avait entrepris d’escalader la façade, jusqu’à se glisser dans une brèche du mur mal entretenu, pour entamer sa visite de l’intérieur. Sur l’écran du Jedi défilaient les vaisseaux en plus ou moins bon état, et plus ou moins bien repeints après avoir été dérobés la Force seule savait où.


Ah ouais, quand même.


Quatre, cinq… Six. Il avait compté six types en tout, deux qui faisaient le guet un peu avant, deux qui tournaient autour du vaisseau lui-même et deux qui avaient sorti les outils pour en forcer le cockpit.


C’t’une sacrée débauche de moyen, remarqua l’Ark-Ni en rangeant son appareil. Ça fait quoi en tout ? Une dizaine de mercenaires rien que pour toi. C’est pas un peu de l’overkill pour avoir fait arrêter une trafiquante de troisième zone qui appartenait même pas vraiment encore au clan ?


Certes, il y avait l’affaire du casino clandestin démantelé, mais Karm était prêt à parier que Skrit avait su rétablir son affaire ailleurs. Le Kajidic avait ms beaucoup de moyens pour punir une transgression qui ne devait pas être si rare que cela : Karm avait du mal à croire que des déconvenues de ce genre, dans une organisation aussi vaste, fussent monnaie courante.


Mais l’heure n’était pas aux spéculations.


J’vais les attirer en combat vers le centre de l’étage. J’imagine qu’au moins les deux qui font le guet plus les deux qui zonent autour du vaisseau viendront vers moi. Ça te laissera le temps de te faufiler dans leur dos et de prendre les deux mecs qui cherchent à forcer le cockpit à revers et par surprise.


Le Jedi activa son comlink.


Blip, t’as notre position ? C’est bon pour le saut en hyperespace ?


Karm leva le pouce à l’attention de Maxence, puis posa une main sur son épaule, plongea son regard dans le sien et, avec une gravité aussi théâtrale que possible, déclara d’une voix qui eût été grave et lugubre, s’il en avait été capable :


Que la Force soit avec toi.


Lui, en tout cas, il embarquait la Force avec lui en se dirigeant vers le parking. La fonction originelle de l’immeuble était difficile à deviner : on en avait abattu l’essentiel pour l’ouvrir aux quatre vents à l’approche des vaisseaux et, à partir les murs porteurs absolument nécessaires, il ne restait plus rien de sa première architecture. C’était une installation rudimentaire et squelettique, qui n’offrait guère de gages de sécurité, et Karm n’eut pas trop de mal à s’y introduire.


Délaissant le turbolift par une mesure de précaution probablement superflue, le Gardien s’engagea dans les escaliers poussiéreux pour les gravir quatre à quatre, jusqu’à émerger à l’étage où Maxence avait posé son vaisseau. Le vent pollué de la ville-lune s’engouffrait par la façade béante et roulait ses vapeurs malsaines entre les poteaux de permabéton et contre la coque des vaisseaux.


Abandonnant désormais toute discrétion, Karm franchit à grands pas la distance qui le séparait encore du secteur où les malfrats s’en prenaient à un pauvre vaisseau sans défense.


Hey. Hey, vous, là. Laissez ce vaisseau tranquille !


Sa protestation fut accueillie par de grands éclats de rire.
(Pourquoi diable ne prenait-on jamais ses menaces au sérieux ?)
(La vie est parfois si injuste.)


Dégage, guignol, et cherche pas les emmerdes.
Ce vaisseau ne vous appartient pas.
Et ta mère, elle m’appartient ?
Ben probablement pas.
C’est pas c’qu’elle disait hier soir.


Rires gras.


Son spirituel interlocuteur lui agita le canon de son blaster sous les yeux.


Allez, j’suis d’humeur sympa, enchaîna-t-il entre ses défenses ébréchées, j’te laisse dégager sans trop t’abîmer.
Ah, vous êtes armé.
Ben ouais, p’tit génie.


Un sabre laser vint soudain se loger de lui-même dans la main du Jedi et la lame bleutée en jaillit brusquement.


’S’trouve que moi aussi.


Les bandits, les yeux ronds, eurent un mouvement de recul.


Eeeuh, les mecs…
Non mais d’où tu sors ça, toi ?
Ah, ça, vous voyez, comme ma mère, les voies de la Force pour vous sont impénétrables.


Peu porté sur l’investigation philosophique, l’autre pressa la gâchette de son blaster. La lame du sabre tournoya à toute vitesse, percuta le trait laser et le renvoya droit au tireur, pour lui calciner l’épaule.


Non, sérieux, les mecs, un peu d’aide, là…


Le plan de Karm fonctionnait à merveille.
Tout le monde lui tirait dessus.
Maxence Darkan
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-Les cartels ont une réputation à tenir, je suppose qu'ils veulent planter ma tête sur un pique pour dissuader les mercenaires débutants de trop les faire chier.

Pas loin de la vérité, l'inévitable déclin du clan Dejsadii forçait ses propriétaires à dépenser d'impressionnantes sommes d'argent pour garder la tête haute. La perte de Vox, la disparition de leur casino clandestin, tout cela n'était qu'une façade, Maxence , l'électron libre, la mouche un peu chiante le matin qui vous bourdonne dans les oreilles, le moyen de redorer facilement son blason. Même si Banor donna l'ordre, les frères avaient accepté et suivi sa requête, la blonde devait mourir.

Karm l'amusait, elle ne se moquait pas, elle le trouvait drôle, nuance. Là, il venait de faire la blague de la décennie... du siècle... Allons-y à fond ! Du millénaire ! Que la force soit avec elle ! Ha ! Par respect pour sa présence -et son aide-, elle ne dit rien, mais quand il fut parti, elle gloussa comme personne n'eut gloussé avant elle. Une première dans ça vie. La force c'est que de la magie un peu cool, ce dont elle avait besoin, c'était l'adrénaline, la Nicotine et le reste de drogue de la veille qui parcourait ses veines, rien de plus.

-Je ressens la force en vous.

-Toi tu commences a m'faire peur. Et ouvre le cockpit.

Son problème « d'auto-évolution » ne s'arrangeait pas, il commençait à développer le sarcasme et tendait à rattraper Maxence, une compétition s’installait entre les deux, ça ne lui plaisait guère. Le voilà qui devenait humain, s'il continuait sur cette lancée, il comprendrait vite les questions existentielles, le menant à une dépression éclaire... Une IA dépressive, ça pue.

Quoi qu'il en soit, Maxence, se dirigeait à pas de loup en direction de son vaisseau, par une sorte de couloir pas vraiment couloir, plus une allée à speeder. Par précaution, elle évitait les grandes ouvertures sur les côtés qui menaient directement dans le bâtiment. Ce parking ne cachait rien à la mercenaire, elle le connaissait, l'avait fouillé et s'y parquait souvent. Les couverts, pas bien nombreux, se comptaient en boites, matériels en tout genre, laissés par quelques marchands peu scrupuleux qui ne s'inquiétaient pas de leur disparition. Son vaisseau, le nez tournait à son inverse, était accompagné d'un homme à la carrure droite, occupé à regarder l'intérieur du véhicule. Sa tête familière, elle comprit vite qu'il s'agissait du tueur de gosse. En dégainant le fusil, la vision périphérique de « Telh », si elle avait bien entendu, la trahie.

S'en suivit des tirs à l'aveugle, le temps de trouver un endroit propre à la défense.

-Elle est là ! Bor'gor ! Ramène toi.

Bor'gor, un Twi'lek d'un bon mètre quatre-vingt-dix jaillit du vaisseau ouvert. Le monstre, un mec avec des muscles saillants. Ces lekkus, coupaient à la base, avaient de quoi terrifier tout bon Twi'lek qui se respecte. Sans compter ses bras prothèses... Immonde personnage qu'il était. On l'appelait « Turbine à poutre » pourquoi ? Aucune idée, il était con comme une pelle, en choisissant son surnom, ça devait être la première chose qui lui vînt à l'esprit. Tout le temps, tout le putain de temps, elle se tapait ce genre d'enculé dont la musculation était leur mot d'ordre.

-J'vais t'péter les os et boire t'zorganes !

Vraiment très con. Il dégaina ça très grosse vibrolame, ici, nous parlons d'une réelle vibrolame et pour le coup, il aurait été préférable qu'il sorte son pénis. Maxence tira, en maintenant la gâchette, elle se mit à lancer des salves continues de lasers. Turbine à poutre -je déteste ce surnom- possédait un bouclier sur l'avant-bras gauche, qui, une fois actionné, faisait un bon trois-quart de sa taille. Chacun des tirs se logeaient et disparaissaient dedans. Par chance, il existe un point de surcharge à ce genre de matériel, le plan à adopter ? Tirez ! Tirez tant que vous le pouvez !

Quand il fut hors service, Bor'gor se positionna à couvert derrière une caisse, laissant le temps à la mercenaire de rediriger son arme sur Telh. Les deux jouaient à celui qui se rapproche le plus de la blondinette a gagné. Telh ne put continuer ce jeu très longtemps, une salve le frappa dans le thorax laissant une ligne de brûlé jusqu'à son épaule. Tant mieux pour Maxence, le Twi'lek était largement suffisant de lui-même. Cette fois, jouer les pugilistes ne pouvait pas se faire, elle avait ses limites. Sa position très mauvaise, dès le début du combat, força son doigt à maintenir le tir, tandis qu'elle s'éloignait un maximum. Il bondit au-dessus des caisses en rugissant, la lame dans les airs, le bouclier rechargé brandi.

-Tu veux Maxence ?! Viens la chercher !

Il ne lui en fallait pas plus, il se rua sur elle, le bouclier levé, elle, tirait sans grande conviction, ses pas en arrière étaient la clé de la victoire. Une fois à son corps-à-corps, le balayage à l'aide du bouclier prédit, elle ouvrit grand les bras, penchée en arrière le buste bombé. La lame suivit lentement, prédictible aussi, je vous rappelle que nous avons affaire à « Turbine à poutre », elle se courba complètement vers l'avant -la pointe à trois centimètres de son abdomen-, les bras tendus vers lui, les armes prêtes à faire feu, aucune hésitation. Elle vida une bonne partie ses chargeurs sur lui. Lâchant son arme, il tituba en reculant, sans tomber, il n'abandonnait pas.

-Putain... mais... la mercenaire prit la vibrolame pour lui planter dans le torse, crève !

Suffisant ? Non. Il lui attrapa l'arrière du crâne pour tenter de lui écraser le visage dans le reste de la lame encore à l'extérieur. Maxence, en rage, frappa le cul de l'épée pour enfoncer le tout, puis elle détruisit ses phalanges contre sa sale gueule à de multiples reprises, une fois extirpée, elle l'observa. Toujours vivant, il saisit le manche.

-WOOAAAH ! La jeune femme, bouche baie, le regardait la sortir comme un couteau hors d'une motte de beurre, il la brandit une nouvelle fois. TURBINE À POUUU !... *BAM*

Balle dans la tête, calme toi Turbine. Il ne restait plus qu'elle, le souffle court, l'arme pointant le vide. L'instant d'après, elle était sur les genoux à vomir les rations de survit de Karm.

-Turbine à pou ? C'est bête comme nom.

-La ferme.

Se redresser fut dur, en marchant, elle entendait toujours des tirs en provenance de l'immeuble, l'espace d'un cours moment, l'envie de monter, tuer tout le monde et envoyer un joli message aux frères lui traversa l'esprit, extirpée par une toux grasse.

-Tu... tu crois pouvoir t'en sortir comme ça ?... Après ce que tu viens de faire, ils te lâcheront pas. Telh, pâle comme un linge, n'avait plus la force de bouger au sol.

-Tu sais quoi ? Son sourire carnassier au-dessus de lui. J'espère que tu vas t'en sortir, et si c'est le cas, dit à Banor et les trois tas de merde ambulants qui lui servent de frères, que s'ils continuent à m'envoyer des débiles dans ton genre, je m'f'rais un plaisir de leur rendre une visite moi-même.

Toute colère la gamine ! Ce qui la conduisait à dire des choses dont les répercutions risquaient de lui coûter la vie et plus. Le cockpit se ferma, les voyant au vert, les propulseurs bien en marches, elle décolla.

-Tu peux t'tirer... ou tous les buter. Je préférerai que tu les butes tous, si c'est pas trop t'en demander.
Karm Torr
Karm Torr
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Où il est parti ? Bordel de bantha, où est il est parti ?
Ma main… Ma main…
Mon nez… mon nez…
On s’en fout de vos organes, il est partout où le taré ?


De fait, Karm s’était volatilisé. Pendant quelques secondes, la lame avait tourbillonné contre le torrent de tirs de blaster. L’expert du djem so avait opposé un barrage furieux aux tirs obstinés de ses adversaires et une bonne partie des traits de laser avaient fini par blesser les tireurs eux-mêmes. Et puis, brusquement, le Jedi avait fait un bond spectaculaire, atterrit sur la carlingue d’un vaisseau et il s’était laissé glisser de l’autre côté, en éteignant son sabre, laissant ses adversaires à leur douleur, et désorientés.


Soudain, un shoto à lame vert traversa l’obscurité pour s’enfoncer dans l’épaule de l’un des loubards, qui poussa un cri de douleur. Presque aussitôt, un second sabre, même couleur, même format, fusa à son tour des ombres du parking pour transpercer la cuisse d’un autre mercenaire. Quelques secondes plus tard, le Jedi refaisait son apparition, mais cette fois-ci, c’était lui qui menait la charge. Les nouveaux tirs étaient rendus tremblants par les blessures et, tour à tour, les trois hommes se firent assommer d’un coup de pommeau bien senti à l’arrière du crâne.


Maxence venait à peine de décoller quand Karm retirait ses sabres de ses victimes. Ceux-là survivraient tous, mais la récupération s’annonçait longue. Le Jedi éteignit ses armes et mit les voiles sans demander de reste. Nul doute que les renforts n’allaient pas tarder à rappliquer et, dans moins d’un quart d’heure, le Kajidic aurait son signalement.


Blip, récupère moi sur le toit de mon bâtiment.
Bip bip, confirma le droïde alors qu’à quelques kilomètres de là, dans l’un des innombrables spatioports à moitié sauvages de la ville-lune, le chasseur du Gardien prenait tout seul de l’altitude, après que le droïde eut téléchargé dans l’interface des quais les crédits pour régler son bref stationnement.


Karm, lui, avait rejeté la capuche de son blouson sur sa tête et il grimpait aussi vite que possible les escaliers de l’immeuble, l’oreille tendue. Les exfiltrations étaient toujours pleines d’inattendu et il s’estimerait heureux si Maxence et lui en étaient quitte pour ce petit affrontement. Quelques minutes plus tard, il émergeait sur les toits balayés par les vents et remonta son tee-shirt sur son nez dans un effort un peu dérisoire pour se protéger contre la puanteur de la ville.


Son chasseur ne tarda pas à se présenter à quelques centimètres au-dessus du toit et Karm sauta dans le cockpit, pour en reprendre les commandes et monter en flèche dans l’atmosphère lunaire.


Ça cause sur notre petite escapade ?
Bip bip bip…, se désola le droïde, qui peinait à repérer les fréquences de communication du cartel.
T’inquiètes pas. Ouvre moi le canal avec elle.


Quand le voyant clignota sur son écran, le Jedi enchaîna :


Max’, passe en hyperespace, j’te suis de près.
Bip bip !
Ah.


Trois chasseurs venaient de décoller de la lune dans une possible trajectoire d’interception. Le trafic spatial autour de Nar Shaddaa était si dense que Blip ne pouvait prétendre à la moindre certitude.


Ben ils rattraperont pas Maxence à temps et nous… on va accélérer, quoi…


Au risque de paraître encore plus suspects, mais Karm préférait encore profiter de leur longueur d’avance que de s’exposer inutilement à un combat aérien dont il se voyait mal sortir victorieux. Blip décida d’afficher le décompte des secondes avant qu’ils ne puissent à leur tour passer en hyperespace. Déjà, ils quittaient l’atmosphère de la lune, pour s’arracher à la traction gravitationnelle de la planète.


Bipbipbipbip !
Ouais, merci, j’ai vu qu’ils venaient directement pour nous. Ils vont identifier notre point de sortie de l’hyperespace ?

Blip… ?
Bip bip…
Très rassurant.


Tant pis. Karm baissa le petit levier qui activait l’hyperdrive et les étoiles tout autour de lui se distordirent, avant que le vaisseau ne soit ébranlé par le saut. Le Jedi poussa un long soupir, en décrispant tant bien que mal ses doigts qui avaient agrippé le manche.


Enregistre un message à envoyer dès que t’aurais accès à un relai hyperspatial sûr.
Bip !
Thann, Loé, Luke. Au premier d’entre vous qui reçoit ce message, j’ai besoin que vous me localisiez une Sentinelle spécialiste de l’Espace Hutt et que vous lui dites de se tenir près de son holocom. Arrangez une communication sécurisée vers les coordonnées que Blip encode dans le message. Vous inquiétez pas pour moi, j’me porte comme un charme. Terminé.
Bip bip ?
Non, j’crois que rajouter « des bises », ça serait jugé inapproprié.
Bip…


Une heure plus tard, le message partait à destination du Temple d’Ondéron, répercuté de relai en relai dans l’espace républicain. Il fallut encore un quart d’heure pour que le chasseur de Karm émerge de l’hyperespace au point de rendez-vous, dans un secteur sans juridiction, celui d’une étoile mourante dépourvue de planète, qui s’effondrerait dans quelques siècles, dans l’indifférence générale, entre l’Espace Hutt et la République.
Maxence Darkan
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Le vaisseau filait à toute vitesse, de grosses secousses ébranlèrent la carlingue un cours instant tandis qu'elle quittait l'atmosphère lunaire, quand les tremblements cessèrent, ses cheveux se mirent à flotter avec les quelques affaires dont elle n'avait pas la foi -donc la flemme- de s'en occuper. Cette histoire, espérait-elle, n'est qu'un mauvais moment à passer et tout rentrera dans l'ordre. Bien sûr, j'ai toujours souhaité possédait un poney et pourtant avoir un poney c'est moins dur que de stopper un Cartel de vouloir ta mort... bah je l'ai jamais eu le poney.

*Elle... Elle se tire de la lune, poursuivez là !*

Avec la distance, la communication devenait très mauvaise, cela étant, elle entendait toujours cette voix en plus de détectait de petits et menaçant points rouges sur son radar. Maxence avait le temps, largement le temps, pourtant, cette envie de tous les tuer sur le coup persistait en elle. Les meurtres inutiles n'apporteraient rien à l'affaire. Elle s'immisça dans la communication.

-Ok les attardés, visiblement vous comprenez vite, mais faut vous expliquer longtemps. Vous êtes des losers et vous le resterez, laissez moi tranquille et j'évit'rai de trop vous humilier à l'avenir.

*Va t... foutre !*

-Nan, toi vas t'faire foutre !

*Toi v... aire ..outre !*

La blonde coupa la conversation stérile d'un coup sec sur le tableau de bord puis, dans l'élan, sauta en hyper-espace. En disparaissant dans le flot des étoiles qui n'étaient plus que de longues lignes blanches sans intérêt, elle rassurait son ego à se dire qu'elle aurait pu les détruire en un contre trois à bord de son super vaisseau sans nom.

Sur la route du point de rendez-vous, il y eut un après coup : à se dire que tout cela ne se trouvait être qu'un message destiné à lui faire comprendre que les vacances c'est bien aussi. Si ses dernières épopées avaient de quoi faire pâlir Ulysse, c'est uniquement à cause de toute cette tuerie et des amas de cadavres qu'elle laissait derrière elle. Son état psychologique pouvait donner des migraines aux spécialistes. Il lui fallait indubitablement une pause, Maxence rêvait d'une semaine en bord de plage, sur une planète réputée pour son pacifisme et son taux de délinquance faible, dans une des stations balnéaires conçut spécialement pour les personnes au bord du mental boom.

Elle voulait... Elle voulait s'allonger à poil sur un transat chaud, le clapotis des vagues berçant son sommeil, de petites tranches d'un légumes aux vertus revigorantes sur les yeux, barbouillée d'une crème blanche pour faire renaître sa peau. Elle voulait une pédicure, qu'on prenne soin de ses cheveux. Elle voulait un bon cocktail et surtout... surtout...

-Une bonne baise.

Oh bordel de merde elle m'entend ! Ah non, je lis juste dans ses pensées, des fois j'oublie. Bref, elle passa ses mains derrière sa tête en pensant pouvoir s'y téléporter, laissant tous ses problèmes en retrait, comme elle avait coutume de faire.

-Vous m'avez l'air bien silencieuse d'un coup, vous allez bien ?

-L'empathie maintenant... Sinon, j'ai un goût dégueux dans la bouche, j'ai vu un colosse survivre deux fois à des coups mortels et j'ai le cartel Dejsadii qui veut ma mort... Je pète la forme... Ses paumes glissèrent le long de son crâne pour s'étaler sur son visage, étirant ses paupières. C'est sûr que l'ascenseur émotionnel avait de quoi faire son petit tour. Raconte moi une blague.

-Un homme, dans la pleine capacité de ses mouvements, conduit un speeder et écrase tout un tas de gens. Il est arrêté quelque temps après par les autorités et la société archaïque dans laquelle il vit le condamne à l’électrocution à mort. Il est placé sur une étrange chaise destinée à accueillir une dernière fois son corps vivant et lorsque que le courant s'active pour l'abattre, il ne se passe rien. Il ricane quelques instants avant de dire : « C'est normal, je suis mauvais conducteur. »

-J'ai encore envie d'dégeuler. Bon... envoie ce message à Raoult : Salut Raoult, je crois qu'c'est un peu mort notre histoire de nouvelle soirée, c'est un peu plus gros que ce que j'pensais. Pour l'instant je suis pas morte, s't'un début... Ouaip... j'te dis quoi.

Un long et douloureux soupire lui échappa, quelques secondes avant la fin du saut en hyper-espace. Atterrie au milieu de nul part, pas loin de rien, juste à côté du vide, une étoile comme unique repère, elle était seule. Karm ne tarda pas à montrer le bout de son coucou, personne d'autre ne se montraient derrière pour le moment.

-Passe moi Karm. Du coup, c'est bien sympa ce petit rancard dans l'espace, mais t'as bien un endroit plus approprié où discuter ?

Pour passer de « papa » à « rancard », il fallait être sacrément tordu.
Karm Torr
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Ouais, Blip va te transmettre les coordonnées des sept sauts suivants.


Sept ?
Comment ça, sept ?


De fait, l’ordinateur de Maxence ne tarda pas à recevoir le trajet erratique concocté par le droïde, dont l’objectif principal était de toute évidence de semer leurs éventuels poursuivants. Quelques minutes plus tard, les deux vaisseaux disparurent à nouveau, avant de consacrer l’heure et demie qui suivit à des sauts de puce qui les rapprochaient de façon chaotique de l’espace républicain. En matière de brouillage de pistes, l’astromech ne faisait pas dans la demi-mesure.


Enfin, ils sortirent tout près de Belasco, à l’intérieur du territoire républicain, à la frontière. Karm ouvrit la communication avec le contrôle du spatioport de Senta, la capitale.


Chevalier Torr de l’Ordre Jedi, j’ai besoin d’une autorisation à entrer dans l’atmosphère pour moi et le vaisseau qui m’accompagne.
Bien reçu, Chevalier Torr. Ici la tour de contrôle de Kadir III. Pas de problème pour…


La voix s’interrompit.


Chevalier Torr, le vaisseau sur votre trajectoire n’a pas de code d’identification jedi.
Je me porte garant.


Il y eut un nouveau silence et puis, la réputation de l’Ordre Jedi l’emportant, Maxence et Karm reçurent la trajectoire d’approche. Bientôt, ils entrèrent dans l’atmosphère pour survoler Senta. Les beautés architecturales de la capitale de ce monde calme et prospère contrastaient de façon saisissante avec le chaos urbain de Nar Shaddaa. Les deux vaisseaux finirent leur course dans un spatioport moderne, dont la construction avait été achevée dix ans plus tôt à peine.


Blip se mit aussitôt à coordonner les efforts avec les astromechs du spatioport, tandis que Karm signait une bardée de documents sur le datapad qui lui tendait un agent de l’astroport, principalement pour obtenir l’exemption des droits de parking dont l’Ordre Jedi et l’armée républicaine jouissaient dans la plupart des secteurs frontalières.


Le Gardien adressa un bref regard à Maxence, pour s’assurer qu’elle n’était pas trop blessée, avant de l’entraîner à sa suite.


On va se prendre une chambre à l’hôtel…


(Tout de suite, le grand jeu.)


… et établir une communication avec le Temple pour échanger avec une Sentinelle. ‘Fin, t’sais, l’une de nos spécialistes d’affaires mafieuses. Histoire de voir quelles options s’offrent à nous. Enfin… On peut commencer par se rafraîchir et tout, hein, on n’est pas à la minute près.


Était-ce une façon de dire que Maxence avait une tête de déterrée ? D’ailleurs, quoique ce fût le matin à Senta, la journée avait déjà été longue pour la mercenaire. Aussi Karm ne chercha-t-il pas plus loin que le premier hôtel sur lequel ils tombèrent, directement à l’intérieur de l’astroport, et qui accueillait les voyageurs en escale longue. À part quelques familles en goguette, la plupart des chambres étaient occupées par des gens en déplacement professionnel le long de l’Ootmian Pabol.


Une chambre, s’vous plaît.


Le droïde de la réception ne fit aucun commentaire sur leur aspect plus ou moins déplorable avant de télécharger les identifiants pour ouvrir les portes sur leur datapad. Quelques minutes plus tard, ils pouvaient enfin investir une chambre relativement spacieuse dont la décoration impersonnelle se serait retrouvé indifféremment dans n’importe quel hôtel d’affaires de la galaxie.


Karm abandonna son sac à dos près de la porte et se laissa tomber dans l’un des fauteuils avec un long soupir.


Un jour, faudra qu’on s’retrouve pour faire un club de lecture ou, j’sais pas, cueillir des fruits. Un truc dans l’genre.


Le Jedi fit tourner son poignet gauche dans tous les sens. Les moulinets à toute vitesse au sabre laser, c’était bien joli, mais ça ne faisait pas que du bien aux articulations.


En plus, tu penses bien, maintenant que j’suis investi sur toi d’une autorité paternelle de ton propre aveu, j’vais m’employer à réformer ton existence. Chasteté, tempérance et une carrière de comptable dans une administration publique, c’est le beau futur que je médite pour toi, ma fille.


Avec ces bonnes paroles, Karm sortit son datapad.


J’te laisse la douche en premier, tu fais hyper peur à voir.


Il était pour sa part couvert de poussière et d’huile de moteur, avec des vêtements dont les bords noircis témoignaient que certains tirs de blaster n’étaient pas passés très loin, sans compter ses cheveux en bataille façon art abstrait très expressionniste, mais Maxence emportait les palmes de Miss Bas Fond de Nar Shaddaa.


L’Ark-Ni connecta son holoprojecteur portable au datapad, pour afficher le message enregistré de son Padawan. Le visage charmant d’un Loé très grippé apparut en miniature.


Maître, j’espère que ce message vous trouvera en… ATCHOUM… bonne santé. Conformément à vos instructions j’ai… j’ai… j… ATCHOUM… demandé à la Chevalière Laki de se tenir disposée à répon… p… ATCHOUM… répondre à votre appel. Elle m’a dit qu’elle attendait de vous… un paiement en nature… A… AT… ah non, ça va. Un paiement en nature. Je ne sais pas très bien ce que ça implique. Tenez moi au courant.
Maxence Darkan
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Sur le point de vue psychologique, personne n'avait rien à envier à Maxence. Des pulsions nymphomaniaques dues à un manque d'affection et de réponse à ses questions sexuelles en pleine adolescence –ce magnifique moment de la vie- au manque de repères parentaux, principalement autoritaire, la plongeant dans l'impulsivité et la colère constante, en passant par un sarcasme à la limite de la pathologie pour couvrir ses sentiments et donner fausse-bonne figure, elle n'était pas gâtée. Pourtant, là, maintenant, tout de suite, la blondinette se rendait compte que les choses allaient un peu trop loin.

L'envie de vomir n'était pas partie avec les sept sauts qui en suivirent. Sept, chiffre de merde. À partir de là, tout semblait de la merde, son vaisseau, l'espace, ses vêtements, tout. Passer un paquet de temps à jouer les acrobates de l'espace, ça aussi c'était de le merde.

Tout ça pour finir sur une planète à la limite même de l'espace républicain, un endroit calme, pas balnéaire, mais calme. Maxence ne fit même pas mine de prendre au sérieux la tour de contrôle qui lui rappelait qu'elle devait se tenir à carreau. Sale journée, sale ton, la voix lui lâcha vite la grappe. Un atterrissage solennel sur une planète -de merde-, pour en sortir avec une tronche pas possible. S'il existait un inverse de « neutre », un côté négatif à une tête « neutre », elle le serait.

Son visage s'éclaircit quelque peu face au mot « Hôtel », mot sur lequel il aurait pu s'arrêter, lui rappelant brusquement que sa situation délicate ne risquait pas de s'arranger de si tôt. Elle prit quelques affaires de rechange, fourrées dans un sac à la va-vite avant de faire un petit signe de main au précieux astromech du Jedi. Changer d'air à un tel niveau, passer de Nar Shaddaa à Belasco n'était pas commun. Quand elle voyait les conditions dans lesquelles elle travaillait et ce magnifique spatioport, mercenaires... quel boulot de chiottes. Ils faisaient -tout de même- mauvaise figure dans le bâtiment, tout le monde lui rappelait sa gueule de zombie et elle commençait à y croire.

Dans la chambre, elle jeta son sac près du lit sur lequel elle s'étala, dos contre la couverture. C'est à peine si la blondinette avait la force de rigoler au blague de son partenaire. Papa Karm et son bel avenir, s'il arrivait ne serait-ce qu'à mettre en œuvre une des trois choses sur lesquelles il méditait, le monde s'en trouverait changer : stopper les conflits entre Jedi et Sith ne deviendrait qu'une simple formalité à ce niveau.

-Si tu savais ce qui était arrivé au dernier homme qui se disait être mon père, tu reti'rais s'que tu viens de dire.

Vu comme ça, la phrase sous-entendait qu'elle l'avait tué, d'accord, mais les histoires de famille, qu'il s'agisse de Raoult ou Maxence, rien ne changeait, tout le monde s'en foutait. Avait-elle vraiment la tête dont qu'on lui rabâchait ? Un seul moyen de le savoir, elle se traîna avec ses vêtements de rechange vers la salle de bain. Au pas de porte, elle se tourna vers son papa adoptif.

-Hé Karm, je... Relent, petit rot. Oh merde.

Elle s'enferma précipitamment, se jeta sur les toilettes pour vomir une nouvelle fois. Ce qu'elle allait dire n'avait pas d'importance. Si en fait, venant de sa bouche, le mot en question prenait tout son sens, une marque de respect comme les autres, du vocabulaire oublié pour elle. Son corps, qui vit venir la catastrophe de le prononcer, se défendit par une gerbe surprise qui l'arrêta net. Quand elle eut fini, elle se tourna vers la glace pour enfin comprendre ce qu'on lui reprochait. Des yeux fatigués, un chignon qui ne ressemblait plus à rien et ses tâches de rousseur qui s'estompaient derrière son teint pâle. De plus, elle était pleine de poussière, crasse et liquide étrange qui ressemblait vaguement au sang de Turbine à poutre.

Une douche sans refus qui prit une éternité, elle se demandait si elle était seule à vivre ce genre de moment où rien allait. Pour certain, la vie n'était qu'une roue de douleur qui tournait et tournait jusqu'à la fin, pour d'autre, une simple route dont le seul conducteur de votre voiture était une entité divine ou le destin lui-même, Maxence se représentait tout ça par une chambre mal rangée et si vous prenez l'idée de soulever l'une des piles de fringues sales, vous pouviez y trouver un plat à réchauffer moisie de deux ans, comme un lingot d'or massif, le mieux restait de s'asseoir dans un coin à attendre que les choses se passent, dans ce cas présent, l'ennuie en devenait une routine.

De retour avec le Jedi, un treillis propre et un débardeur mal arrangé, elle s'étala sur le lit, face contre matelas, elle gémit comme une enfant en crise. Elle passa ensuite sur le dos, fixant le plafond, une profonde envie de disparaître.

-Le club de lecture. J'veux qu'on fasse un club de lecture... et on l'appelle « les enculés de la littérature »... sans offense. T'as déjà vu la pièce Romélo et Julia ? S'cool je trouve.

Maxence s'emmitoufla dans la couette, ses pieds nus lié à la sensation fraîche de draps propres la réconfortait quelques peu.

-Alors cette sentinelle, il en d'vient quoi ?

Elle s'assoupit quelques instants après, accompagnée une dernière fois par le visage colérique et rude de Turbine à poutre qui retirait la lame de son ventre.
Karm Torr
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Les enculés de la littérature, fit Karm, plongé dans la lecture des nouvelles de la planète sur laquelle ils venaient d’atterrir, parce qu’on n’était jamais trop prudent, c’est tout-à-fait ma spécialité, ça.


Et le Jedi de rajouter sur un ton des plus dégagés :


’Fin, la littérature, pas tant que ça.


Mais Maxence s’endormit avant de pouvoir s’appesantir sur ce que le Jedi venait de suggérer de ses activités récréatives et fort peu réglementaires. Karm releva le nez de son datapad et quitta son fauteuil pour s’agenouiller discrètement près du lit. Il tendit une main au-dessus de la jeune femme et se plongea dans la Force, pour tenter de sentir son essence vitale. Maxence lui parut fatiguée et endolorie, de corps comme d’esprit, mais c’était un travail pour les repos ordinaires, pas pour les mystères de la Force, et le Jedi investit à son tour la salle de bain.


Quand la mercenaire émergea finalement de son sommeil, elle trouva Karm installé sur le balcon étroit qui longeait la porte-fenêtre de la chambre. Fidèle aux habitudes qui lui avaient valu une relative réputation d’exhibitionniste au sein de son Ordre, le Chevalier était passablement dévêtu : torse nu, il profitait des derniers rayons de l’après-midi belascien et, à en juger par l’hologramme miniature qui flottait devant lui, il conversait avec son Padawan.


Karm avait consacré l’après-midi aux révisions de Loé. Le jeune Kuati n’avait guère de souci à se faire sur la partie théorique de ses épreuves de chevalerie, et les répétitions inlassables que lui proposait Karm avait plutôt pour rôle de lutter contre son stress que de combler ses lacunes.


J’crois qu’elle est réveillée. Va te reposer. ‘Fin, prends tes inhalations et va te reposer.
Mais ça sent horriblement mauvais !
C’est hyper efficace.
J’ai l’impression de renifler un rancor en putréfaction.
Ça dégage les voies aériennes.
Bon, bon, se résigna le Padawan. Bon courage, maître.


Karm salua l’humain d’un geste de tête avant de couper la transmission et de réintégrer la chambre. Passé la porte-fenêtre, on pouvait voir distinctement sur les muscles de son torse nu d’innombrables cicatrices. Apparemment, la vie d’un Jedi n’était pas de tout repos.


T’as faim ? J’ai faim, dit-il en allumant le terminal de la chambre, pour afficher le menu de l’hôtel.


Vu la nature de la conversation qu’ils devaient avoir, l’Ark-Ni jugeait préférable de ne pas s’aventurer dans les restaurants de la capitale. Difficile de discuter des affaires plus ou moins criminelles de Maxence à deux pas des touristes en vacances et de respectables citoyens. Karm pianota sur le clavier virtuel pour entrer sa commande, avant de se reporter sur son datapad.


On va appeler maintenant, si ça t’dérange pas, des fois que ma collègue soit pas disponible après.


Ceci étant dit, le Jedi n’activa pas tout de suite son holoprojecteur et vint plutôt s’asseoir au bord du lit, pas très loin de Maxence. Pas trop près non plus.


T’sais, j’suis pas… Disons super fin psychologue et tout ça. Et j’ai pas toujours tellement les mêmes émotions que les autres… mais ‘fin bref, on s’en fout, tout ça pour dire que j’vais pas te laisser dans la panade, tu sais, ça ? J’suis là pour te protéger.


Très chevaleresque de sa part.


Le regard de Karm se détourna de celui de Maxence et il déclara :


Même les gens forts et indépendants ont besoin qu’on les protège.


(Lui, en tout cas, se faisait protéger par un diplomate aveugle et une petite bricoleuse en pleine adolescence à qui il manquait les yeux.)


Et pour couper court à tout sentimentalisme déplacé, le Jedi tapota l’écran de son datapad et redirigea la communication vers l’holoprojecteur central de la chambre. Une Twi’Lek d’une quarantaine d’années, ni très grande ni très mince, avec un regard brillant d’une intelligence perspicace, apparut presque aussitôt.


Dis donc, Karm, déclara-t-elle aussitôt en apercevant la tenue du Chevalier, quand je suggérais d’être récompensée en nature, je ne m’attendais pas à un si prompt spectacle.
De quoi ?
Fais donc l’innocent.
Innocent, c’est mon premier prénom.


La Chevalière Laki leva théâtralement les yeux au ciel.


Laki, c’est Maxence. Maxence, Laki, une de nos spécialistes de l’Espace Hutt. Maxence est…
La mercenaire avec qui tu as arrêté Vox, oui, coupa la Sentinelle, j’ai lu tes deux rapports quand Loé m’a parlé de tout ça. J’imagine que le coeur du problème, c’est une histoire de représailles de la part du Cartel et que vous avez dû vous exfiltrer de l’Espace Hutt.


Laki n’était pas le genre de femmes à qui on avait besoin de fournir d’amples explications. Karm confirma d’un hochement de tête.


Des morts ?


Karm échangea un regard avec Maxence, puis répondit sobrement :


Quelques-uns.
Des dégâts matériels ? De leur côté, je veux dire.
Ben, la mort, quand même, quoi…
Certes. Mais vous avez fait exploser des choses sur votre chemin ?


Le Gardien secoua la tête.


L’exfiltration a été discrète ?
Hmm… Ouais. Relativement, quoi. Y a pas eu de fusillade en pleine rue ni rien.
Bien. Très bien. Ça laisse un peu de marge pour les négociations, s’ils peuvent sauver la face. La mort des hommes de main n’est pas nécessairement un obstacle.
Ah ouais ?
Les Hutts ont tendance à considérer qu’un mercenaire mort était un employé incapable, c’est toujours des primes de moins à payer. Pas même comme s’il y avait des pensions de réversion à la veuve du défunt ou quelque chose dans le genre. Des bâtiments ou de la marchandise de perdus, c’eût été autre chose.


Décidément, encore une organisation où la gestion RH laissait à désirer.


Mademoiselle Darkan ? Vous avez d’autres antécédents avec eux ? Un passif qui alimenterait leur ressentiment, au-delà de cette histoire de casino sur Herdessa ? Et dans tous les cas… Quelle est la solution que vous espérez ? La recherche d’un compromis pour reprendre votre vie précédente ? Ou au contraire des moyens de couper les ponts ? En vous reconvertissant ou en poursuivant vos activités dans un autre secteur de la Galaxie.
Maxence Darkan
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-Gouboujimougngn.

Sacré réveil, elle allait mieux, pas beaucoup mieux, mais mieux. Ses petits yeux un peu bouffis témoignés d'une longue sieste réparatrice, de quoi relancer une super journée -vous l'aurez deviné- de merde. Elle s'étira assez pour entendre ses articulations craquer, dans tout ça, il manquait quelque chose : un bisou sur le front pour la réveiller ou un Jedi à moitié à poil... Il ne manquait rien en fait. Sacré réveil.

-Je crève la dalle.

Le petit -et gentil- discours de Karm la toucha, peut-être, possiblement, quand un homme vous dit ça à moitié nu, se concentrer dans le sentimentalisme, ce qui n'est de base pas mince affaire, là c'était mission impossible. Maxence ne savait pas ce qu'il attendait de toute cette affaire, de la reconnaissance ? Non, les Jedis font ce qu'ils font car ils les pensent juste à leurs yeux, mais aider Maxence n'était pas juste. De l'affection ? Sûrement pas. Alors se donner bonne conscience ? Toujours pas, on parle parle toujours de Maxence. Au fond, elle ne voulait pas de réponse, si cela l'amusait, grand bien lui fasse, pourtant, à ses côtés, une étrange sensation emplit ses poumons -trop différente des effets de ses cigarettes- et gagnait doucement les abords de sa gorge.

-T'es un grand déconneur Karm, un peu bizarre, mais un grand déconneur quand même. Charmant.

Ils se ressemblaient tous ces « indépendants », à chercher par quelconques moyens détournés de se suicider dans l'indifférence générale pour la gloire et l'argent, de la dépression implicite en gros. La mercenaire voulait rester allongée, mais la communication lancée, elle prit l'initiative de s'asseoir en tailleur, un peu en retrait derrière le Jedi. La sentinelle tant attendue était une Twi'lek -dieu merci elle ne s'appelait pas Ventilateur à foutre- très professionnel dans la démarche avec des questions concises qui n'attendaient que des réponses concises. Et c'est ainsi que vînt l'incroyable prise de parole de la mercenaire.

-Bah... écoutez, elle la vouvoyait ! j'ai toujours voulu faire prostitué dans les Bas-fonds de Coruscante, un fabuleux métier d'avenir. Incroyable.

-Excusez le sarcasme de ma partenaire, elle leva le poignet en l'air, ce qu'elle veux vous dire par là, c'est que votre question est complètement conne.

-Woh putain !

Elle saisit son poignet de son autre main pour la faire taire contre son abdomen. Et oui, lui, il partait dans tous les sens et ne comptait franchement pas s'arrêter à cette phrase. La blondinette devait l'admettre, il était allé vachement loin cette fois, en venir à insulter directement une représentante de l'ordre sur son terrain alors qu'elle cherche à les aider. .. woh putain.

Dans tous les cas, avec ses innombrables diplômes de branleuse professionnelle, tout ce qu'elle pouvait chercher comme autre travail était : prostitué, strip-teaseuse et possiblement militaire pour la république en tant que troufion... des parents contrebandiers et quitter l'école vers quinze-seize ans n'offrent que des bases à chier.

-Ouais... Euh... faites pas attention.

Elle jeta son bracelet un peu plus loin sans faire attention à la réaction de la sentinelle avant de se tourner vers son petit clapet à cigarettes, malgré l'interdiction de fumer dans ce genre d'endroit, une au coin de la bouche, elle ne trouvait pour l'instant pas son briquet.

-Je cherche un compromis, en gros. 'Faut aussi prendre en compte que j'ai menacé d'mort les frères à la tête du clan par l'intermédiaire d'un de leurs hommes, ça compte pas trop j'espère ? Dans tous les cas, si je pouvais m'éviter le calvaire d'leur lécher les bottes pour me faire « pardonner »... elle fit le signe des guillemets avec ses doigts, ça m'arrangerait.

La mercenaire avait beau se lamenter sur son sort, sortir de sa « zone de confort » -faites les guillemets avec vos doigts- était impensable. Maxence, mercenaire, dans la joie comme dans la peine, dans la richesse et dans la... richesse, pour le meilleur et pour le pire.
Karm Torr
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Laki n’avait pas paru très émue qu’on mît en doute la pertinence de ses questions et Karm lui-même adoptait, fidèle à ses habitudes, un air de vague indifférence, au point qu’on se demandait s’il prêtait vraiment attention à tout ce qui l’entourait.


D’un geste de la main, la Chevalière balaya les scrupules de son interlocutrice.


Les menaces de mort, ça fait partie du folklore des Kajidics, un peu plus, un peu moins, ça ne change pas grand-chose à l’affaire.


Un univers décidément très accueillant, songea Karm.


Et franchement, sans vouloir douter de votre impact sur les affaires locales, les Dejsadii gèrent trop de systèmes, trop de planètes et trop d’affaires pour descendre à ce degré de détail. Les hommes qui vont ont prises en chasse aiment peut-être se prévaloir des ordres directs de l’un des frères, mais c’est probablement par souci de théâtralité et je doute que l’un des Hogar soiet descendu à ce degré de granularité.
C’t’à dire, intervint Karm, pour qui toutes ces histoires demeuraient au fond assez nébuleuses ?
Il faut voir un chef de Kajidic comme le dirigeant d’un État multi-systèmes, avec toutes ses planètes et toutes ses complications. La comparaison a ses limites, parce que les cartels n’administrent pas tout comme le feraient un véritable État. Ils ne vont pas se pencher sur le système éducatif, les eaux et forêts, les affaires de voirie ou que sais-je encore.
Mais en gros on est pas un grand-chose pour eux ?
Voilà. Des opportunités se créent et des opportunités se perdent tous les jours. Les Hutts regardent dans les grandes lignes, mais les lieutenants gèrent les petites affaires quotidiennes. Et évidemment, si un lieutenant est prompt à se vanter de ses succès, il profite de sa relative indépendance pour tenter de réparer les pots cassés avant d’avouer les imprévues. C’est probablement ce que Skrit est en train de faire, ou la personne au-dessus de Skrit.
Mais s’ils disent qu’ils sont envoyés directement par Banor ou je sais pas qui ?


La Sentinelle accueillait volontiers ces questions, pour les mêmes raisons qu’elle consacrait une bonne partie de son temps sur Ondéron à enseigner aux Padawans déjà avancés qui projetaient d’embrasser une carrière d’enquêteurs.


Les lieutenants ont généralement des mercenaires sur leur ordre dans leur périmètre d’opérations. Mais quand ils veulent agir sur Nar Shaddaa, ils doivent passer par ceux du Kajidic en général. Les mercenaires là-bas sont généralement… Disons financés plus ou moins en permanence par les Hutts, sans mission spécifique, pour pouvoir y faire appel dès que besoin. Les lieutenants prétendent souvent avoir des ordres de tout en haut, pour utiliser les ressources sur place et mener leurs petites guerres intestines.
Et les chefs de clans laissent faire ça ?
Dans une certaine mesure. D’abord, ça occupe les mercenaires et ça les empêche d’aller trop chercher l’aventure ailleurs, et ça, c’est un enjeu important. Ensuite, la rivalité entre les lieutenants est entretenue… Pour des raisons d’émulation, mais aussi pour que chacun compense les prises de pouvoir des autres et que pris dans leurs querelles incessantes, ils n’aient pas les moyens d’avoir des ambitions plus élevées. Les Hutts voient ça comme des pertes nécessaires, pour que leurs subordonnés restent subordonnés.
OK…


Tout cela était décidément trop tortueux pour Karm.


Pour en revenir à notre problème du jour… Je vais remuer un peu mes sources et savoir exactement à qui vous avez affaire, on avisera à partir de là. Ensuite, y a deux options. L’ordinaire et, disons, la plus… Ambitieuse. Vous pouvez faire un deal avec le lieutenant, probablement sous la forme d’une mission gratuite pour son compte. Il s’estimera satisfait et il vous lâchera la grappe. Dans le cas contraire, vous pourrez toujours raconter à la concurrence combien vous l’avez roulé par deux fois, sur Herdessa et sur Nar Shaddaa, et ça devrait suffire à calmer ses ardeurs. C’est tout de même un sacré aveu de faiblesse.
Ben du coup pourquoi pas faire ça direct ?
C’est toujours possible, mais il faut s’attendre à des affrontements, c’est plus aléatoire.
Et l’option la plus ambitieuse ?
Ah ! Hmm…


La Twi’Lek eut un sourire un peu prédateur.


Hé bien, vous pourriez toujours aller voir la personne d’encore au-dessus et lui raconter combien vous déjouez avec facilité les plans de son sous-fifre. Pour lui suggérer que finalement, vous feriez une excellente remplaçante. On vous mettrait probablement à l’épreuve, mais on peut dire que vous avez déjà… En quelque sorte fait circuler votre CV, et que je doute qu’après votre petite évasion, il n’ait pas impressionné. Aussi désagréable que vous paraisse la situation, elle n’est pas sans opportunité, dont celle de faire carrière au sein d’un Kajidic.


Et naturellement, la Sentinelle voyait pour sa part tout l’intérêt d’avoir dans une pareille organisation une personne qui avait déjà de bons contacts avec l’Ordre Jedi.


Je vous laisse réfléchir à tout ça, conclut-elle, et je reviens dans quelques heures j’espère avec de plus amples informations.
Merci La…


Mais elle avait déjà coupé la communication. Karm désactiva l’holoprojecteur et se tourna vers son amie.


Y a quand même la troisième option pour de vrai qui est de te reconvertir. La prostitution, j’dis pas, c’est pas nécessairement un métier déshonorant ou inintéressant, mais t’as aidé l’Ordre à plusieurs reprises, on peut t’aider à trouver des formations, ou une situation, bref à te refaire une vie. Mais j’conçois bien que ce serait… compliqué et déstabilisant.
Maxence Darkan
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Plein de soulagement, la Twi'lek aux airs singuliers lui donna tout de suite plus fois en sa situation. En plus de ça, elle en avait appris bien plus que ce qu'elle n'espérait. Certes, l'assurance de la sentinelle dans ses propos, sa façon de se comporter et de voir les choses pouvaient jouer sur le jugement de la mercenaire, pourtant, si elle avait raison -et elle avait raison-, tout n'était vraiment pas perdu. Erwann -ce sale con- utilisait le nom « Banor » pour impressionner, il fallait saluer la tentative. Travailler pour le compte Dejsadii... le tout restait de peser le pour et le contre de son échappatoire

Sur les points négatifs notables, on y trouvait le fait de travailler pour un Kajidic et fatalement pour les grosses limaces méprisantes qu'étaient les Hutts... je vous le rappelle, Maxence détestait -ce mot prenait tout son sens- cette race pour des raisons qui lui étaient propres et dont même la raison n'avait pas de raison. Ensuite, elle se retrouvait sous les ordres de quelqu'un... en tant que mercenaire, ça ne changeait pas grand chose, avec l'assurance d'être payé à la fin, tout roulait, mais elle possédait ce petit plaisir de choisir elle-même d'accepter ou non une mission.

Sur la positivité, on restait sur du soft, avec un peu de chance -de sang et de grande gueule- elle se ferait vite respecter au sein du Kajidic en question, ce qui lui offrirait une nouvelle liberté de mouvement en recommençant à faire ce qu'elle voulait. Le gros positif de l'histoire était bien évidemment de se voir propulser sur cette inaccessible podium de la gloire plus vite qu'en restant simple mercenaire indépendante.

Là, il s'agissait de la solution de sûreté, la plus « aléatoire » selon les dires, était de se la péter ouvertement devant le lieutenant, leur montrer qui à la plus grosse, leur ouvrir le crâne si nécessaire et se tirer.

Karm espérait peut-être transformer Maxence durablement, une jeune femme dans son genre qui s'adonnait à des activités aussi illégales devait lui briser le cœur, compréhensible. Pourtant, la blondinette, coincée dans l'optique de vivre chaque jour comme le dernier -enfin, pas tout à fait- ne se projetait absolument pas dans une reconversion professionnelle. Sur son visage, un rictus frustré se dessina. Loin d'être perdue, les solutions ne donnaient pas l'envie de se réjouir pour autant.

-Me refaire une vie ?... Pour devenir quoi ? Une secrétaire à la con ? Travailler dans une cantina ? Au mieux avec mon passé de mercenaire je peux devenir sous-officier dans l'armée républicaine... et j'dis bien au mieux. Elle glissa en dehors du lit. Écoute... euh... je suis mercenaire et j'le resterai. Elle prit la cigarette entre son index et son majeur. Au fond c'est pas si mal... Si je travail pour eux j'veux dire, t'auras une super contacte, viable, je pourrais me faire un nom, de l'argent et... et... 'faut qu'je réfléchisse.

Maxence se plaça, les avant-bras sur la rambarde du balcon, allumant finalement sa cigarette. La blondinette observait presque méprisante les vaisseaux se diriger dans le spatioport, elle essayait de se concentrer. La vue d'en haut, il aurait été fantastique de dire à quel point tout cela se montrait stupéfiant, mais l'architecture ne ressemblait plus à rien et disparaissait derrière ses iris ainsi que sa fumée. Le monde se décomposait petit à petit, d'abord le ciel : les nuages s'estompèrent, l'étoile qui les éclairait se mit à fondre, les bâtiments s'écroulèrent, ceux d'arrière plan, puis le premier plan. Quand ce fut le tour des vaisseaux, il ne restait plus que le son qui, après des heures... ou des secondes, disparut comme les autres. Il n'y avait plus qu'elle, Karm silencieux -ou pas- et la chaise sur laquelle elle s'assit.

Sombre, pas un bruit, un coma agréable dont l'accoutumance se faisait toute seule. Le monde transformé, elle était concentrée. Sa cigarette en venait à se consumer sans son aide. Le calme avant la tempête. Maxence se frotta les yeux, la planète reprit sa rotation, les immeubles, le ciel, une renaissance. Elle rentra, un plan un peu fou en tête, un nouveau long et douloureux soupire lui échappa, elle se planta devant le Jedi.

-J'bosserai pas pour eux.

Quoi ? Non ? Si ! J'ai pas pesé le pour et le contre pour rien moi ! La mercenaire semblait des plus sérieuse... des fois, j'aimerai qu'elle m'entende cette petite conne.

-Si ce qu'elle nous a dit est vrai, j'ai peut-être un moyen de me sortir de tout ça. Et si, le boulot en question pour qu'ils me laissent tranquille c'était de l'épargner ? Je leur roule dessus version bulldozer sur un orphelinat d'autistes en leur faisant comprendre qu'on emmerde pas Max et j'épargne le lieutenant en question contre ma tranquillité. De la folie, elle le savait. Karm, t'as déjà fait beaucoup pour moi... beaucoup trop et j'ai pas de quoi rembourser ton aide. À croire qu'elle ne l'écoutait pas. Cette histoire, elle me concerne, t'es pas obligé d'me suivre.

Maxence reposait lentement les pieds sur terre, tout cela partait au départ d'un très léger ras le bol mental : C'était Maxence Darkan, les Hutts n'allaient tout de même pas contrôler sa vie.
Karm Torr
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Ding.
(Dingue !)

Karm s’était installé en tailleur à même le sol de la chambre, plongé dans la correction des derniers tests envoyés par Loé, pendant que Maxence réfléchissait. Pas de reconversion, donc. Rien de surprenant. À la place de Maxence, il aurait probablement eu du mal à envisager une alternative dans l’existence. Et au fond, il avait été un peu à la place de Maxence, quand en devenant Chevalier, il n’avait vu devant lui qu’une existence de guerre et de combat, avant de comprendre qu’il pouvait s’extirper de la condition qu’on avait façonnée pour lui et embrasser une carrière d’explorateur.

Et ding.

Le Jedi se releva avec souplesse pour effleurer le mur de la chambre. Un panneau métallique coulissa pour révéler les plats encore fumants préparés par les cuisines de l’hôtel et Karm en déposant sur la commode près de la fenêtre, avant de se remettre le nez dans sa lecture, en engloutissant son propre repas.

Sage décision, fit-il, en relevant les yeux de son datapad, quand Maxence émergea enfin de son nuage de fumée pour décréter qu’elle ne travaillerait pas pour les Hutts.

Quelque avantage stratégique que la chose pouvait représenter pour lui, Karm n’avait aucune envie que celle qui devenait son amie fût prise dans la machine infernale d’une organisation criminelle qui broierait petit à petit, il en était sûr, tout ce qui pouvait lui rester de bienveillance et de liberté.

Moins sage décision, enchaîna le Gardien, quand la jeune femme se laissa aller à des rêves de sanglantes grandeurs.

Karm désactiva son datapad et le repoussa.

On parle d’un Kajidic, pas d’un gang de rue. L’Empire a passé des années d’une campagne militaire démente à leur conquérir un p’tit bout de territoire. La République a jamais réussi à en dissoudre le moindre, et c’est pas faute d’essayer. Tu rouleras au bulldozer sur rien du tout. Tu vas te faire atomiser. Et oublier.

L’Ark-Ni n’était pas un grand diplomate et il exposait en général les choses à peu près comme il les voyait, sans emprunter de détour.

J’mesure bien tout ce que ça a de frustrant et… Ben ouais, c’est une situation d’impuissance qu’est très problématique. Mais c’est comme ça. C’est comme si tu disais : j’ai subi un redressement fiscal, mais j’vais aller défoncer le Sénat galactique en épargnant le ministre de l’économie et comme ça, la République me foutra la paix. C’est… Juste pas possible, quoi. C’est littéralement comme d’y aller seule contre une armée.

Et pour tout dire, l’étrangeté de la proposition de Maxence interpellait le Gardien. Sans doute, en mercenaire qui évoluait dans ce milieu au moins depuis quelques mois, peut-être quelques années, elle avait conscience de tout cela. Elle savait l’ampleur des ressources des Hutts, la profondeur de leur influence et le pouvoir considérable qu’ils exerçaient dans leurs espaces. Cherchait-elle à provoquer un conflit perdu d’avance pour y trouver la mort sous le prétexte d’une action glorieuse ?

Faut pas s’leurrer, hein, que tu épargnes le lieutenant ou pas, en admettant que tu arrives jusqu’à lui c’qu’est douteux, bref, que tu l’épargnes ou pas, les Hutts en ont probablement strictement rien à carrer. C’est pas les mercenaires compétents qui manquent pour le remplacer, dans le pire des cas, ils te laisseront le buter, puis ils te buteront toi, et ça fera un double exemple pour les téméraires d’un côté et les incompétents de l’autre. Après…

Mais l’holoprojecteur se mit à clignoter. Karm fit un geste de la main devant les capteurs et la silhouette de la Chevalière Laki se recomposa à nouveau au milieu de la chambre.

Bien, débuta-t-elle sans s’embarrasser d’un préambule. la personne qui gère le dossier, si je puis dire, est un Kajain’sa’Nikto du nom de Ratax, dont l’activité est principalement d’ordre milicienne. J’ai fait un petit organigramme, pour vous donner une idée.

À l’image de la Chevalière se substitua une case avec le nom de Ratax. Puis un zoom arrière révéla petit à petit l’organigramme tridimensionnel tentaculaire du Kajidic : des milliers et des milliers de noms, des branches interrompues par des points d’interrogation, qui témoignaient du caractère parcellaire des connaissances des Jedis, une organisation gigantesque, s’étendant sur bien des systèmes, typique des affaires inextricables des Hutts les plus puissants. Tout en haut de l’organigramme, à des dizaines de dizaines de degrés de distance de Ratax, les frères qui dirigeaient l’organisation.

La projection se dissipa à son tour pour refaire place à la Sentinelle.

Vous avez réfléchi sur la méthode que vous pensez employer ?
Est-ce que, hm…

Karm essayait de trouver un moyen de formuler la suggestion de Maxence qui parût à peu près raisonnable.

Est-ce que y aurait quelque chose à tirer d’un assaut direct ? Répondre à la force par la force ?
Oui et non. Non, dans le sens où, comme vous venez de le voir, le rapport de force est absolument inégal. Oui, si vous vous associez réellement ou prétendument à un Kajidic concurrent. Les Hutts ont beau tenter de constituer un cartel cohérent, la réalité est celle d’une compétition interne féroce et chaotique. Vous pourriez vous défaire, Maxence, de ceux qui sont en charge de votre dossier si vous arriviez à convaincre un autre Kajidic de l’intérêt de l’opération. Ou à tout le moins, si vous arriviez à faire croire que vous l’avez fait pour le compte d’un Kajidic. Naturellement…

La Sentinelle disparut à nouveau pour afficher cette fois-ci une carte de l’Espace Hutt, où étaient indiquées les frontières théoriques des différents potentats.

… procéder de la sorte fera fatalement que vous aurez choisi votre camp dans leur guerre de territoire, fût-ce de façon informelle. Mais c’est une situation inévitable pour celles et ceux qui entendent opérer durablement au sein de l’Espace Hutt.
Maxence Darkan
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-Tu marques un point... mais...

La phrase resta en suspend pour la bonne raison qu'elle n'avait rien à dire et qu'il n'y avait pas de « mais », juste dur pour elle d'accepter son emballement dans au suicide. Dommage d'abandonner une idée aussi raffinée que de rouler impunément sur un orphelinat d'autistes, au fond, qui n'a jamais rêvé de rouler sur un orphelinat d'autistes ? Elle s'écroula sur le lit lors de la comparaison avec le ministre, enfin... comparait une tête de l'économie avec un Kadjidic, c'est un petit peu limite, c'est comme en faire une avec un homme tronc qui fait de la corde à sauter : personne ne fait ça.

Le stoppe monumental du chevalier fut interrompu par la sentinelle qui réapparut avec panache -si le panache était une patate sous cocaïne-, fort heureusement, elle avait un nom. Ce qui freina largement les pulsions meurtrières de Maxence fut la belle présentation de la famille Dejsadii au complet. Un bordel de branche sans nom aux allures d'hydre dont l'envie même de lui coupait une tête disparaissait à sa vue. « À ouais merde » se lâche-t-elle entre les dents, pas moyen d'écraser des orphelins autistes. Peu importait, dans tous les cas, la mercenaire répondrait à cette attaque par la force, quoi qu'il en coûte... avec le sexe, elle n'avait pas grand chose d'autre en tête.

Elle passa longuement sa main dans ses cheveux depuis la base de son front jusqu'à, vainement, balancer sa masse capillaire à l'arrière. Toujours en partant d'une absolue confiance envers la sentinelle, prendre partie dans le conflit Hutt ne la dérangeait pas tant que ça, avec un peu de jugeote, de bons calculs, le tout en serait tout aussi bénéfique que de travailler pour un clan en lui-même sans s'y figer. Un manque de renseignements se fit soudainement ressentir et, sans un mot, elle se leva, ramassa son bracelet pour pianoté quelques instants, presque à croire qu'ils l'emmerdaient.

-J'ai pas tout pigé... mais l'idée... c'est d'avoir un allié.

Et il n'y avait pas une chier d'alliés. Par élimination, deux sortaient instantanément de la course, le clan Kossakii qui s’autodétruisait un peu plus chaque jour et le clan Rejliidic qui... c'est qui eux ? Même si chacun d'entre eux pouvait se montrer un précieux atout pour une mercenaire de son envergure, l'enclave des deux clan par celui des Besadiis avaient tendance à fausser la donne. Sur le point de vu des territoires, rien n'importait réellement et rien ne la forçait à choisir qu'un seul et unique camp, mais si cette simili-guerre avait tendance à foutre un sacré bordel, un seul soutien suffisait amplement. Elle ne travaillerait pas pour, elle montrerait son soutien à. C'est bien gentil de montrer ce qu'espérait/pensait la blondinette, mais plus les deux énergumènes de Jedis parlaient, plus elle se sentait paumée au possible. Une idiote parmi les sages.

Pour les renseignements, elle avait un léger réseau qui se montrait tout à fait efficace pour son envergure. Elle avait juste besoin de savoir où se placer précisément.

-Djiilo...

Les contactes ! Une flopée de contactes en tout genre. Elle commença à manger son plat en même temps -un peu trop vite, encore chaud, elle faisait des petits « ashasha... aah », vous savez ? Quand ça brûle la langue-. Tous faisant partis du cartel en question, pour certain ce n'étaient que des contactes de contactes sans tête ni informations, mais pour les autres, elle les connaissait pour magouilles en tout genre, soirées, missions... Leur rang n'était pas forcement déterminé, la mercenaire se pencha sur ceux les mieux connus. La liste se racrapotait de plus en plus, les têtes disparaissaient une à une jusqu'à deux gugusses avec de sacrés dégaines. Une femme et un homme, Rodiens -elle a eut sa période rodienne-. Tout aussi fou que la jeune femme et pas forcement séparé en bon entendeur, il s'agissait de sa seule voie directe avec le Kajidic en question.

-Prendre position ça m'dérange pas, juste, comment je suis sensée faire pour rendre le tout aussi officiel que gênant pour le clan ennemi ? Je débarque chez eux, petite bise avec mes contactes, discussion autour d'une boisson chaude et on s'arrange comme ça ?

-Je ne comprends pas en quoi tout cela relève du bulldozer sur des enfants autistes. Enfin, d'un assaut de front. Le bute n'est sûrement pas d'envenimer les relations tendus entre les cartels n'est-ce pas ? Maxence n'a pas la carrure pour créer ce genre d'affrontement.

-Toi et moi faudra qu'on parle.
Karm Torr
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Djiilo est un excellent choix.
Hmm hmm, fit Karm, qui n’avait strictement aucune idée de ce dont on parlait.
Le Kajidic Djiilo est celui qui entretient les contacts les plus étroits avec l’Espace Bothan et les régions républicaines les plus proches. Il voit probablement d’un très mauvais œil le genre d’opérations des Dejsadii que vous avez découvert sur Herdessa. Il serait probablement possible de leur faire valoir que vous apporter un soutien dans toute cette histoire revient à marquer leur territoire sur cette partie-là du marché républicain.
Et donc du coup, c’est vraiment une question de précipiter les affrontements entre les clans ?


La Twi’Lek haussa les épaules d’un air indifférent.


Les clans s’affrontent perpétuellement, il n’y a rien à précipiter. Il s’agit plutôt… D’attirer l’attention des Djiilo sur un aspect particulier d’un conflit incessant. Déplacer le curseur, en quelque sorte.
OK…


Karm commençait à se dire que les arcanes de la politique sénatoriale étaient moins complexes que les relations incompréhensibles qui maintenaient l’Espace Hutt dans un état de guerre permanente avec lui-même, qui savait pourtant être un consensus, quand la nécessité s’en faisait sentir.


Mademoiselle Darkan, reprenez attache avec vos contacts et exposez leur votre situation. Je vais pour ma part essayer d’employer les miens à vous préparer le terrain et le reste… Ma foi, le reste n’est que négociations.
Super, Max’ et moi, on est vraiment hyper doués pour les négociations, lâcha Karm avec son sens habituel du sarcasme.
Pour le genre de négociations qui a cours dans l’Espace Hutt, peut-être bien, oui. À plus tard.


Encore une fois, Laki ne s’était pas embarrassée de formules de politesse et son hologramme disparut, mettant fin à la conversation aussi brusquement qu’elle l’avait commencée.


Bon, fit Karm, direction Nar Kaaga, j’imagine.




***




Le ciel de Nar Kaaga était chargé. D’épais nuages gris couvraient les immeubles de la capitale et la température se hissait péniblement jusqu’au dix degrés. Souvent, de brusques averses éclataient et rejetaient tous les passants dans les galeries couvertes qui plongeaient dans les pâtés de maisons pour les traverser de part en part. À moitié caché par sa capuche, les mains enfoncées dans les poches de son blouson, Karm suivait Maxence en promenant un regard attentif tout autour de lui.


Nar Kaaga donnait l’étrange impression de ressembler à n’importe quel monde policé de la Bordure républicaine. Jaliac soignait sa réputation pour nouer des liens avec la République et tout démontrait sa volonté de présenter son meilleur visage aux visiteurs : des rues bien en ordre, pas de blasters qui dépassaient de toutes les poches, pas de pickpockets en goguette ni de loubards qui roulaient les mécaniques en jetant des regards menaçants aux passants les moins intimidants.


C’en était à douter de la volonté d’un pareil endroit de s’engager dans les mêmes luttes tortueuses que celles qui réglaient la vie du reste de l’Espace Hutt mais, aux dernières nouvelles, Jaliac et son Kajidic survivaient au sein des autres clans Hutts depuis des siècles sans grande difficulté, alors Karm supposait que sous le vernis de la prospérité tranquille et de la paix sociale dormait la même capacité pour la violence.


Nouvelle bourrasque, nouvelle averse. Maxence et lui se réfugièrent le long des murs, protégés plus ou moins par le rebord de la toiture d’un immeuble. Ils n’étaient plus très loin : cinq minutes plus tard, ils disparaissaient dans un bar façon lounge élégant où les clients fumaient de longues pipes aux vapeurs parfumées. Une Bothane assise à une table du fond leur fit un geste de la tête et ils vinrent s’installer avec elle.


Torr ? Darkan ?


Karm approuva d’un signe.


Mimésis.

Drôle de pseudonyme, songea l’Ark-Ni.


Laki m’a dit que vous cherchez à établir des pourparlers avec le Kajidic.
’Fin, ouais, c’est p’têt un bien grand mot.
Et que vous avez déjà des contacts sur place ?
Elle en a, fit le Chevalier en indiquant Maxence.
Bien.


Laki, la Sentinelle, n’en avait pas dit long sur la Bothane qu’elle leur avait indiquée pour les assister dans leur nouvelle entreprise. Une femme de confiance, simplement.


Vous ne devriez pas avoir trop de mal à convaincre.
Ah ouais ?


Karm avait fini par supposer que tout serait toujours compliqué, dans cette histoire.


Le Kajidic est soucieux de consolider sa réputation auprès de la République et de l’Espace Bothan. Aider les Jedis à régler une affaire provoquée sur une planète républicaine par un Kajidic concurrent, c’est faire d’une pierre deux coups. Il s’agit juste de préserver les apparences.
Les apparences… ?
C’est une chose de vous fournir du soutien, c’en est une autre de paraître agir pour le compte de l’Ordre Jedi ou de la République. Un appui discret, c’est ce qui est préférable. Du reste…


La Bothane ajusta les petites molettes de sa longue pipe.


… avec les progrès de l’Empire de l’autre côté de l’Espace Hutt, beaucoup de planètes doivent se demander si la stratégie adoptée par Jaliac n’est pas finalement la plus sage. Autant vous dire que dans cette partie de l’Espace Hutt, les sentiments républicains ont, dans certaines parties de la population et, disons, du management, le vent en poupe.
Maxence Darkan
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-Mort ?

-Overdose.

-Oh putain... Fallait vraiment qu'i' clamse maintenant... Il ne nous reste plus qu'une prétendante. Préviens la d'mon arrivée.

-Déjà fait. Elle n'a pas l'air ravie de vous revoir, mais elle accepte, le lieu de rendez-vous est fixé.

-Grand garçon.

Maxence ne se souvenait plus si elle avait déjà posé pied sur Nar Kaaga, les bâtiments lui paraissaient affreusement singuliers, comme on en voit plein dans l'espace Hutt. Le rendez-vous se trouvant être un bar, la mercenaire n'était pas mécontente de s'extirper de cette vilaine pluie. Voir une Bothane lui rappela d'excellents souvenirs, malgré le prénom de strip-teaseuse, sa profession en était loin.

Ce qui l'étonna réellement fut cette espèce de bullshit redondant de cette gue-guerre de force, toujours ramenée sur la table et principalement dans les repas de famille, glissé parmi les banalités embarrassantes tel que « Il a fait beau cette semaine » et « Tonton Emrik s'est pété la jambe ». La Bothane n'y allait foutrement pas de main morte pour montrer l'engouement certain du Kadjidic à pomper renforcer les échanges économiques et les bonnes relations avec la république. D'un ennui... de la bouche d'une Bothane, elle n'avait plus de vanne. Après tout, le jeune femme s'évita une remarque désobligeante -insultante qui plus est- en se contentant d'ignorer la discussion.

Et là, au nouveau regard las jeté en direction de l'entrée, une rodienne masquée par la fumée, un peu énervée à l'allure droite lançait, maladroite, ses yeux dans tous les coins de la salle. La mercenaire se leva, pas bien fière, elle écarta les bras. Entourée de ses fidèles, le poing serré, elle s'avança, d'un pas rapide, à sa portée elle la frappa. Arcades froncées, lèvres pincées, la pauvre s'était levée du mauvais pied. Alors que la blondinette se maintint debout, pas de bol, vînt la balayette qui l'étala au sol. Puis elle dégaina son blaster, un sourire presque farceur.

-Oh ma poulette ! Si tu croyais savoir s'que ça faisait d'être en danger, moi j'vais t'montrer ! Et tu vas pleurer !

-Ah ouais... j'avais presque oublié ce détail.

La femme était une rodienne pas bien saine, d'une trentaine d'années, avec une tendance à préférer les humaines, Maxence en avait la chance. S'il vous semble que cette écriture change dans l'ensemble, je vous salue, car j'en ai vraiment ras le cul. Ces atroces rimes qui ne m'en sont pas légitimes et m'en fond pousser des bosses. Cette rodienne, la malédiction est sienne, bon sang son nom est Taha'san. La sorcière contaminait -temporairement- ses pairs, les gens communs ne pouvaient y échapper sans paraître crétin. Sans compter que je mets la dose et je commence à avoir un overdose de mes proses... On va faire une pause. Maxence, étrangement immunisée, faisait partie des élus à y résister.

-Sacrément gonflée d'te pointer après s'que tu m'as fait.

-Quoi ? Attend... qu... Qu'est-ce que j't'ai fait ?

-Oh... Je n'sais pas... ça ?

Elle leva sa main libre dont l'annulaire était une prothèse bas de gamme, squelettique chromée. Seulement son annulaire et, à la base de sa phalange restait les cicatrices d'une amputation expresse pas conventionnelle aux airs de médecin des bas-fonds. Le tout contrastait avec le visage angélique et les charmantes formes de la femme. Vous voyez, c'est temporaire, pas de quoi s'en faire.

-Ah ouais... héhé... sacrée soirée. 'Fin bref, si on pouvait éviter d's'attarder sur le passé, j'ai vraiment besoin de ton aide pour me sortir d'une sale affaire.

-Ha ! C'est la meilleure ! Même pas un désolé ? La mercenaire fronça les sourcils, déconcertée. Évidemment. Et pourquoi j'ferais ça, vas-y, dis moi ? Maxence Darkan, la petite mercenaire insignifiante, a besoin de mon aide, je suis son remède ! Ma foi... ça m'arrange en quoi ?

-Tu peux arrêter ça ?

-Arrêter ?

-Bah le... tu sais, le truc que tu fais quand tu parles... avec euh... ouais, nan laisse tomber. Le clan Dejsadii veut ma peau, je vous donne mon soutien et tout ce que je demande en retour c'est le votre. La rodienne s'esclaffa. J'l'ai vu venir celle-la.

-Ah... Maxence... Maxence... en quoi ça m'avance ?

-Petite co...

-...quine ! Petite coquine ! Tu poses toujours les bonnes questions ! Tu vois, j'ai cru comprendre que ton big boss singea-t-elle appréciait les échanges avec la république, du coup... Elle pointa le Jedi. J'te présente le chevalier Torr ! Karm, Taha'san, Taha'san, Karm.

-Tien, la rodienne se tourna de ce fait vers le chevalier, elle ne m'a pas prévenu de votre venu. Elle lui tendit ensuite la main. Me voilà comblée, j'espère que la planète vous plaît. Je suppose que je peux m'ouvrir à la proposition, qu'avez vous donc à m'offrir ?

La tendance je-m'en-foutisme du Jedi était dans ce cas un grand avantage et, malheureusement pour la blondinette, sa position -littéralement- peu confortable ne lui donnait pas un temps de parole suffisamment développé pour la convaincre. Il fallait aussi dire que donner le sale boulot d'exposer la situation à son partenaire lui facilitait la vie.
Karm Torr
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Mimésis laissa échapper un soupir exaspéré. Sur Nar Kaaga, ces petites démonstrations de force dignes des tavernes oubliées du fin fond de l’Espace Hutt n’avaient pas bonne presse et d’ailleurs, une partie des clients observait désormais la scène d’un air réprobateur. C’était un coup à se faire jeter dehors par le service d’ordre. La Bothane fit un geste de la main au barman qui avait tendu la sienne vers son comlink.

À vous offrir, répliqua-t-il quand les deux autres en eurent fini avec ce qu’elle tenait pour sa part pour des jeux puérils ? Vous devriez déjà vous estimer heureuse qu’après votre entrée en matière, on ne vous fasse pas jeter en prison pour vous faire passer l’envie de troubler l’ordre public.

Définitivement, l’ambiance n’était pas que celle qui régnait quelques systèmes plus loin.

Si vous…
OK, zen, coupa Karm, qui avait récupéré sa main à lui après avoir serré celle de la Rodienne. Nous, on est œcuméniques, on s’accommode des habitudes sociales de tout le monde, blaster ou pas blaster.

Mimésis se renfrogna. Elle avait toujours éprouvé une répugnance spontanée pour les acteurs les plus brutales de son Kajidic, mais il fallait bien reconnaître que, de temps à autre, on avait besoin d’excités de la gâchette sérieusement suicidaire pour cesser de faire de la finesse dans les grandes largeurs en territoire ennemi.

Outre le plaisir indéniable de la compagnie de Max’, enchaîna l’Ark-Ni avec son imperturbable sens de l’ironie, on vous offre l’opportunité d’une action d’éclats auprès de votre Kajidic et de vous positionner sur des contrats futurs qui…

Le Jedi s’interrompit et leva les yeux. Des humains en uniforme et à la mine patibulaire venaient de faire leur apparition dans le fumoir et tous les clients s’étaient brusquement pris d’une passion hypnotique pour les motifs dans la moquette.

Et voilà…, marmonna Mimésis.
Semblerait-il qu’il y ait comme un problème, fit l’un des humains, les bras croisés pour mieux faire ressortir ses biceps et ses puissants pectoraux, histoire que tout le monde ait bien conscience qu’il pouvait broyer des crânes à mains nues.

Ainsi donc, le barman avait finalement appelé ce qui tenait lieu de police.

Y a pas d’problème…
Ces deux-là, reprit le milicien en désignant la Rodienne et la Bothane, on les connaît. Mais vous, vous êtes qui ?
Torr. Chevalier Torr.

Le milicien haussa un sourcil, qu’il avait broussailleux.

Chevalier ?
Jedi.

Une expression indéfinissable passa sur le visage de M. Pectoraux, à mi-chemin entre la constipation passagère et la méfiance instinctive. Le Kajidic avait beau déployer des trésors de diplomatie pour se rapprocher de la République, on n’en était pas non plus à accueillir les Jedis avec un enthousiasme délirant.

Si vous venez pour chercher des problèmes…, reprit le milicien, fidèle au meilleur titre de son répertoire.
Simple discussion d’affaires, essaya Mimésis, qui sentait bien que la discussion risquait de tourner en rond.

Les deux miliciens échangèrent un regard circonspect.

On va vous aider à discuter, alors, poursuivit celui qui semblait avoir le monopole de la parole dans leur petit duo, tandis que l’autre se contentait de hocher la tête d’un air déterminé à intervalles réguliers, histoire de donner le change.

Apparemment, la proposition se passait de l’avis des quatre autres, parce que les miliciens tirèrent des chaises des tables voisines pour s’installer avec eux, et Mimésis ne se risqua à aucune protestation. Sous les apparences tranquilles, Nar Kaaga répondait à la domination de Jaliac, et c’était toujours une mauvaise idée que de contrarier la milice.

La présence des miliciens avait naturellement imposé un rude silence, que l’homme finit par rompre d’un obligeant :

Ben allez-y, continuez, faut pas être timides.

Après un moment de réflexion, Karm risqua :

On cherche des gens pour nous aider à dissuader des Dejsadii de trafiquer des choses entre Herdessa et l’Espace Bothan.
Quel genre de choses ?
Drogue et, hm… Jeux clandestins.

C’était sur la protection de leur territoire qui se jouaient les intérêts du Kajidic Djiilo et Karm avait jugé préférable de lancer la conversation sur ce terrain, plutôt que sur celui des intérêts personnels de Maxence.

Et qu’est-ce que ça peut vous faire ?
Ben Herdessa, c’t’une planète républicaine.

De toute évidence, c’était nouveau pour le milicien, dont l’intelligence pas précisément stellaire n’impliquait à peu près aucune culture géographique. Son terrain de jeu, c’était les rues de la capitale et il s’en tenait strictement à ça.

Ce sont des gens qui trafiquent un peu à la marge des clans bothans, ça nous arrangerait aussi que la situation s’assainisse, intervint Mimésis.
Hmmm…

Le milicien avait l’air de se laisser convaincre, mais son regard se posa tour à tour sur Maxence et Taha’san.

J’comprends l’intérêt des Jedis et des Bothans dans cette histoire, mais vous deux, là, vous intervenez en quoi là-dedans ? Toi…

Il pointa son doigt ganté de noir sur Maxence.

… t’as pas précisément l’air d’une justicière.

Karm non plus, certes, mais il avait des sabres lasers pour donner le change.

Qu’est-ce que tu fabriques dans toute cette histoire ? Et qu’est-ce que Ta’ a à te reprocher ?
Maxence Darkan
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Elle se leva silencieusement, dans le seul bute de gagner du temps sur ce qu'elle pouvait répondre à cette immonde question. Qu'est-ce qu'on a à lui reprocher ?

-Rien du tout.

Absolument tout. Sa voix en tremblait tellement, qu'on aurait pu croire qu'elle chouinait face à un professeur un peu trop sévère. Taha'san, les bras croisés s'esclaffa une nouvelle fois face à l'évidente hypocrisie de sa... elle est quoi pour elle ?

-Tu t'fous d'ma gueule.

-J'ai vécu des mom... j'ai... Je vis des... Ma vie est compliquée.

-C'est une tricheuse, une menteuse et une tueuse. Bon, elle a tué personne sur cette planète donc l'arrestation c'est niet.

-Alors pour le un et le trois j'suis d'accord, mais le deux.. c'est complètement faux. Par contre tu l'fais exprès ou c'est une espèce de toc ?

-De quoi tu parles ? Arrête de changer de sujet et répond à la question.

Elle n'avait aucune idée de quoi répondre à ça, la question aussi vague que la mer, l'énumération des choses que Taha avait à lui reprocher n'en finirait jamais, tout dépendait de son point de vue sur ce que l'on pouvait réellement reprocher à une personne. Même s'il parlait du présent et du grabuge dans le bar... elle venait tout juste de se prendre un mandale et de se faire balayer par une rodienne en colère qui ne pouvait s'empêcher de faire rimer chacune de ses phrases. Le regard inquisiteur du « policier » s'affirmait chaque seconde.

-Bon d'accord, j'ai possiblement tiré dans son doigt... mais c'était un accident et j'ai remboursé ses frais médicaux. La rodienne se tourna lentement vers elle. J'ai essayé de rembourser les frais médicaux.Bon d'accord j'ai accusé quelqu'un d'autre et j'me suis tirée sans laisser de nouvelle.

-Hé oui, elle m'a menti. Cette petite pétasse m'a sauté juste avant qu'on s'casse, Maxence lança un sourire amusé à Karm, et une fois en mission, elle m'a tiré dans le doigt avant d'se tirer toute amusée, comme à chaque fois. Son sourire s'effaça. Alors dis moi, j't'écoute, qu'est-ce que t'as à me dire cette fois ?

Compliquer de savoir si elle lui voulait vraiment à un point de non retour. Beaucoup de contactes la revoyait dans le même état qu'elle. Pourtant, cette blondinette un peu débile a toujours eu le chic pour enterrer la hache de guerre. Venant d'une jeune femme qui boit, tue et tabasse à tour de bras, chaque fois où elle réussit cette exploit, Morgane Freeman gagnait une tâche de rousseur.

-Tu veux savoir ? J'ai aidé à arrêter une plouc trafiquante de drogue qui travaillait pour les Dejsadiis, elle s'est enfuit et j'me suis fait démolir le portrait pour le joli p'tit cul de la république... En gros, moi et Karm, on a suffisamment emmerdé les Dejsadiis pour me prendre le retour des flammes droit dans la gueule

Une façon comme une autre de faire passer la pilule, il ne s'agissait pas la première fois ou son petit minois fut amoché salement pour le compte de quelqu'un d'autre. Taha'san ne semblait clairement pas le bon contacte pour entretenir les liens avec le clan Djiilo, mais elle n'avait que ça, une Rodienne barge.

-Pourquoi tu m'l'as pas dit plus tôt ?

-Bah ! Tu m'as frappé avant d'me balayer ! En plus j'ai du mal à me concentrer quand tu parles avec tes rimes à-la-con.

-Mes rimes ?

-Donc tu t'en rends vraiment pas compte ?

Et on serait reparti dans une discussion puérile sans l'intervention du flic silencieux qui s'éclaircit durement la voix pour les fusiller ensuite de ses yeux perçants. Les deux femmes se figèrent pour laisser place à des visages ahuris. Taha'san se gratta le front, pensive. À son air dubitatif, il était simple de comprendre qu'elle considérait les choses, Maxence se montrait plus comme un... fardeau, qu'un atout, le Jedi quand à lui, n'aurait pas fait le chemin pour demander simplement et gentiment à un clan Hutt de s'occuper de sa gamine adoptive un peu timbrée.

-Bon, d'accord, imaginons que j'accepte de t'aider, la question ne fait que rester : qu'y gagne le clan dans cet arrangement ? Il faut compter que cela risque de nous coûter.

-Bah justem...

-Nan pas toi, je pose la question au chevalier Torr.
Karm Torr
Karm Torr
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En un sens, Maxence avait quelque chose de réconfortant : Karm avait enfin trouvé quelqu’un d’encore moins douée que lui pour les relations sociales. Alors que Mimésis levait les yeux au ciel en entendant la conversation entre l’humaine et la Rodienne et que le milicien se demandait s’il ne serait au fond pas plus simple de coffrer tout ce petit monde et de laisser quelqu’un d’autre débrouiller leurs histoires, le Jedi, lui, se contentait de noter mentalement qu’à l’avenir, il vaudrait mieux prendre avec un grain de scepticisme les fameux « bons contacts » de Maxence.

Hmmm ?

Zut.
Tous les regards s’étaient tournés vers lui.

Karm changea machinalement de position sur son siège, une fois, deux fois, trois fois, un peu mal à l’aise de se retrouver tout d’un coup au centre de l’attention.

Facile, déclara-t-il, à moitié pour gagner du temps.

L’Ark-Ni réfléchissait à toute vitesse — un exercice pour lequel il était singulièrement talentueux, mais plutôt sur le champ de bataille qu’à la table de négociations.

Ben d’un, préserver votre pré carré dans l’Espace Bothan en évitant la concurrence et en décourageant les volontés d’extension vers le sud. Déjà.

Mimésis hocha silencieusement la tête.

De deux, continuer à améliorer vos relations avec la République, qui sont, euh…

Comment les Consulaires formulaient-ils ce genre de choses, déjà ?

… un axe majeur de votre développement commercial, hasarda Karm, sans être absolument certain qu’il n’était pas en train de raconter n’importe quoi. De trois, vous démontrez aux autres clans Hutts que c’est pas parce que vous, euh… rentrez plus ou moins dans le rang, si je puis dire, que vous en devenez placides et inoffensifs pour autant.
Bon.

Le milicien se releva, visiblement épuisé par l’effort intellectuel qu’avaient exigé de lui toutes ces subtiles tractations.

Ça me paraît à peu près…

Le reste de l’assistance attendit en vain l’adjectif qui ne viendrait jamais et, après une lutte acharnée et infructueuse avec le vocabulaire, l’homme conclut :

Mais surtout venez pas foutre le bordel ici, hein. Vous faites vos affaires à l’extérieur, très bien, mais ici…

Le milicien se composa l’air le plus menaçant possible avant d’asséner d’un ton terrible :

… c’est moi qui fais l’ménage.

Persuadé d’avoir sérieusement impressionné toute l’assemblée par sa menace d’un bon coup de plumeau, l’homme pivota sur lui-même avec tous ses muscles bandés, un peu comme un gigot sur sa rôtissoire, et embarqua son mutique acolyte en direction de la sortie. Quand il eut passé la porte, Karm marmonna :

Ben j’me serais attendu à ce qu’on nous offre un peu d’assistance.
Ça reste une affaire relativement périphérique, répondit Mimésis. Pour l’essentiel, il faudra vous débrouiller tout seuls, mais vous avez l’aval tacite d’un autre Kajidic, c’est déjà beaucoup.
Si tu le dis…

Karm en venait pourtant à se demander si tous ces pourparlers étaient bien utiles.

Et donc le plan… ?
Ben retour à la case départ, j’imagine, dérouiller un peu l’équipe chargée de faire de la répression contre Max’, envoyer le message que le Kajidic est pas content, et puis plier bagages, attendre que ça décante, que le cas Maxence soit noyé dans des négociations plus vastes entre les deux parties du cartel et voilà. Non ?
Ma foi…

La Bothane tira une bouffée sur sa pipe, avant de dessiner de petits anneaux avec la fumée.

Pourquoi pas. De fait, si ça devient un problème de Kajidic à Kajidic, la question de savoir qui était où à quel moment pour faire quoi deviendra parfaitement secondaire et on devrait arrêter de s’intéresser particulièrement à vous.
Excellent, conclut Karm. Et, hm…

Le Jedi balaya du regard le trio autour de la table.

Y a moyen que ça se fasse sans que ça vire au massacre ?

Mimésis haussa les sourcils avec cette expression de surprise sincère qu’inspire invariablement les délicatesses de ce genre dans l’Espace Hutt. Après avoir échangé un regard dubitatif avec les deux mercenaires, elle concéda comme à contrecoeur :

Je… suppose, oui. Je suppose qu’il y a toujours moyen. Mais ce serait plus compliqué et plus dangereux. On peut essayer d’aller directement au… sous-lieutenant et je ne sais trop quoi, le secouer un peu et faire passer le message. Simplement, j’imagine qu’en chemin, des gens s’opposeront de manière plutôt vigoureuse à notre progression, qu’il faudra bien se défendre et, personnellement, je ne me défends pas en faisant dans la demi-mesure. Je doute d’être la seule.

Karm laissa échapper un soupir.

Ouais, enfin, c’est différent si c’est une question de se défendre plutôt que d’y aller pour zigouiller tout le monde par principe.
La conséquence est plus ou moins la même.
Ouais mais c’est différent quand même.
Si vous le dites, conclut la Bothane d’un ton dégagé, peu émue par toute cette savante casuistique.
Maxence Darkan
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Et c'est une fin de tournage pour notre cher représentant de l'ordre qui terminera sûrement ça vit dans les alentours des cinquante ans, après une petite crise existentielle sur son passé, remettant en question les valeurs qu'il pensait bonnes, suivi de sa femme -ou son homme, mais il n'a pas l'air de taper dans le même plat- qui le quittera car il n'était plus capable de la satisfaire aussi bien physiquement que mentalement, tout ça pour finir accroché au bout d'une corde dans son vieux salon, entouré de bouteilles d'alcools entamées ou terminées. Alors salut ! Et merci encore pour la verbalisation !

La rodienne acquiesça à la proposition de Karm, elle ne semblait pas plus comprendre ce qu'il disait que lui. Taha'san comprit tout de même que s'allier avec un Jedi, rien que le temps d'une mission avec sa reconnaissance en prime, le bénéfice ne s'en trouverait que plus glorieux.

Pour en revenir au petit tracas de la vie quotidienne d'une blondinette pas bien maline, le plan à adopter en revenait presque à son point de départ. Maxence était toujours aussi prête à jouer les Bulldozer, Karm -comme à son habitude- non. Donc, ils choppent la petite tête qui cherche celle de la mercenaire, ils lui secouent les puces pour en terminer. À quatre, la mission s'en trouvait largement plus faisable, le tout restait de savoir si Maxence prendrait le temps de réfléchir aux conséquences d'ôter la vie d'une per...

-On les bute tous et on s'tire, facile.

Elle balaya chacun des visages pour s'arrêter sur celui du Jedi, elle dégaina son arme et, hasardeusement -parce qu'elle ne savait pas vraiment le faire de base- elle passa son doigt sur le petit bouton qui changeait son blaster en un assommoir des plus efficaces, puis en se la pétant un peu, comme une héroïne à deux balles, la blondinette lui lança un petit clin d'œil. Pour lui, aujourd'hui, elle ferait une exception, peut-être qu'un moyen de lui rembourser son aide était de jouer les bons samaritains l'espace d'un petit instant.

-C'est bien joli tout ça, mais on s'y prend comment ? Un truc dans le genre, une attaque de front, vu qu'on a pas l'air de partir dans la subtilité ?

-D'après les informations que j'ai pu récupérer, Ratax se trouve sur Nar Shaddaa en ce moment même, il n'a pas énormément d'hommes. De ce que j'ai pu tirer, une vingtaine de mercenaires sous son joug, mais tous connus pour leur loyauté.

-Fanatiques ?

-Non, loyaux.

-Ceux dont j'me suis chargée ?

-Il est possible qu'il s'agissait des hommes d'un sous lieutenant, lui même engagé par Ratax.

Il sont d'un chiant ces mafieux. Les gens loyaux ne le sont que quand cela les arrange... du coup la loyauté n'existe pas, c'est un mythe comme l'évo-la blague qui suit a finalement été supprimée pour la simple et bonne raison qu'elle s'en trouvait bien trop borderline-. La solution de facilité, parce qu'il faut le rappelait, restait de tuer tout le monde et d'en foutre une belle à ce Ratax, la plus complexe étant la persuasion.

-Taha, tu peux nous filer des bras ?

-Je suppose, mais on a pas beaucoup de boulot, donc la plupart sont en pause.

Un hologramme jaillit du bracelet de Maxence, Nar Shaddaa elle-même, l’échelle se réduisait jusqu'à un entrepôt de bric-à-brac sans intérêt, pas abandonné, mais sous le contrôle du Nikto. Les coordonnées s'envoyèrent automatiquement à chacun.

-On se retrouve sur place, on avise après.

Tandis que le groupe se séparait, la blondinette fit signe au chevalier de l'attendre pour parler en tête à tête avec la rodienne.

-J'peux te demander un truc ?

-Ah... bah vas-y... tant qu'à faire.

-Tu peux... tu peux demander à tes hommes de passer leur armes en non-létale si possible ? Tu sais... pour éviter de froisser le Jedi à nos côtés ?

Elle ricana avant de reprendre son chemin sans approbation ni refus. La mercenaire resta plantée à la fixer s'éloigner, puis, elle retourna auprès de Karm. Le chemin retour sous la pluie était tout aussi désagréable que l'allée.

-Faudrait qu'tu m'expliques comment tu fais pour accorder de l'importance à des raclures dans le genre clan Hutt.
Karm Torr
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Si vous voulez…


Karm faillit avoir une crise cardiaque. Mimésis était apparue comme de nulle part à côté de lui, alors qu’il était appuyé à la façade du bar, à attendre Maxence.


Oh, je vous ai fait peur.
Pas du tout, mentit éhontément le Jedi.
Je disais : si vous voulez, j’ai une chambre, pas très loin de là.


La Bothane adressa au Chevalier un regard entendu auquel il n’entendit rien.


Nan, ça va, merci, j’suis pas fatigué.
Ah, fit-il d’un air un peu pincé, avant de jeter un regard à l’intérieur du bar. Vous et l’humaine…
Hein ?
Je vois.
De quoi ?
On se retrouve sur Nar Shaddaa, conclut-elle avec un haussement d’épaules dégagé, avant de laisser le Jedi derrière elle, pas plus avancé qu’au début de la conversation.


Heureusement, Karm fut tiré de ses interrogations par l’arrivée de Maxence et ils reprirent leur chemin sous la pluie.


Ben, c’t’un peu comme quand t’es végétarien pour pas participer au meurtre d’animaux qu’ont des sentiments, des pensées, tout ça, répondit le Jedi quand son amie l’interrogea sur ses principes. C’est évident que y a des animaux, j’sais pas, certains invertébrés qui… Ont rien de tout ça. Ils ont une existence largement automatique. Mais tu les manges pas quand même, parce qu’on sait jamais, parce que ce serait très compliqué de faire des distinctions au cas par cas, parce que faire une exception, c’est s’exposer à repousser toujours un peu plus loin la frontière.


En vérité, Karm était convaincu que la vie des insectes avait une valeur en soi, mais le Gardien se doutait bien que son argumentaire mystique demeurerait hermétique pour une non-Jedi.


Les mecs, là, c’est pareil. Je sais pas si y en a pas un qui après-demain décidera de reprendre sa vie en main. Si y en a pas un qu’est là parce que sa sœur est esclave et qu’il cherche à acheter sa liberté. J’dis pas qu’ils ont tous de bonnes raisons, juste que c’est possible et que la situation permet pas de se pencher sur le CV, de savoir la part de misère sociale et de méchanceté, de cas désespérés et de potentiels inexploités. Du coup… Ils ont le bénéfice du doute.


Et au fond, même devant un mercenaire qui aurait choisi de travailler pour le Kajidic par seul appât du gain, sans jamais éprouver le moindre scrupule face à ses victimes, comment aurait-il pu consentir au meurtre sans scrupule ? Les repentirs soudains et inexplicables étaient rares, mais ils étaient attestés, et leur possibilité exigeait de lui une précaution de principe.


Après, encore une fois, j’me balade avec autant d’armes que toi, j’suis pas en train de te prôner la non-violence.


Ils étaient arrivés à l’astroport et, machinalement, Karm balaya les alentours d’un regard circulaire, s’attendant à moitié à ce qu’ils aient été pris en filature par la milice du Kajidic, mais il était au fond bien incapable de savoir qui avait l’air suspect ou non.


Allez, à plus…


Chacun à son chasseur et les étoiles seraient bien gardées.




***




Ah, j’t’ai réveillé.
Non non, fit Loé d’un air à moitié conscient, avec les cheveux en pétard.
Excellent.
Hmpf… ?
C’est le moment idéal pour aller faire un trek de quatre heures dans la jungle.
Pardon ?
On devient un bon Chevalier quand on sait parer à l’imprévu. Allez, hop. Bon courage.


Le doux pédagogue coupa la communication, comme il arrivait à portée de l’entrepôt investi par leur cible et toute sa petite troupe.


Psssst.


Attiré par cet appel, et peut-être un brin méfiant, Karm se dirigea vers une ruelle transversale, une main sur le sabre. Mais c’était Mimésis et Taha’san qui patientaient là, les ayants précédés, Maxence et lui, sur Nar Shaddaa. La mercenaire n’était pas encore arrivée, mais Karm et elle avaient jugé plus prudent d’emprunter des chemins séparés depuis l’astroport, pour semer le trouble dans d’éventuelles filatures.


Ah, la voilà, fit Mimésis en désignant une tête blonde dans la foule bigarrée de la lune.


Bientôt, ils furent tous les quatre réunis pour conspirer.


Je me suis un peu renseigné en vous attendant, expliqua la Bothane, et il semblerait que Ratax ait reçu dans un autre entrepôt à quelques kilomètres de là une cargaison de matériel médical volé sur des frégates hospitalières impériales, qu’il compte revendre ailleurs dans l’Espace Hutt.


La Bothane avait une faculté surprenante à amasser en peu de temps des informations de toute sorte, un talent fort utile dans son univers.


Les mercenaires de Taha’san pourraient être envoyés à l’assaut de cet entrepôt. Le nôtre se viderait probablement d’une partie des troupes de Ratax, ce qui nous offrirait un accès plus facile, et puis…


Et puis mettre la main sur le matériel médical en question, ce serait une sacrée prise et ni la Rodienne, ni la Bothane n’était opposée à faire un peu de profit en marge de cette opération. Karm approuva d’un hochement de tête.


Mais il faut s’attendre à ce qu’il en reste quand même une bonne dizaine à l’intérieur.
Faut éviter qu’ils puissent faire front, ça finirait en bataille de tranchée dans laquelle ils auraient l’avantage des positions. Mieux vaut qu’on essaie de pénétrer chacun par une entrée différente, pour diviser leur force de tir. J’peux prendre l’accès par les toits.
Je peux forcer l’une des portes latérales, fit Mimésis, en tapotant le fusil blaster à canon court qui reposait contre sa hanche.
On imagine qu’ils reçoivent des renforts des alentours ?
Difficile à dire, fit la Bothane, mais en tout cas les gens vont pas se précipiter pour se fourrer en plein échange de tirs…
J’imagine…


Karm se retourna vers Maxence.


C’est ton affaire. Diversion ou on y va avec toutes nos forces pour une bataille rangée ?
Maxence Darkan
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On est tous le connard de quelqu'un, c'est une règle universelle qui n'est brisée dans l'espace temps et les dimensions que par deux personnes : Morgan Freeman et moi. Ce qui différencie un connard d'un autre, c'est la façon de voir son propre connard. Pas trop perdu ? Continuons. On peut très bien considéré un connard en tant que tel et simplement l'ignorer ou dans le cas de Karm, penser qu'un jour ce connard ne sera plus un connard, mais parce que tout ici tourne autour de Maxence, elle avait sa manière de voir les connards. Si un connard qui ne savait pas, ou ne prêtait pas attention au fait qu'il soit un connard à ses yeux, alors les choses roulaient et tout le monde reprenait le cours de sa misérable vie. Si ce connard en question l'emmerdait un peu trop, alors ce connard méritait une correction : un passage à tabac ou la mort. Rude me direz vous ? La vie est rude, faut s'y faire.

Pour en revenir à cette petite histoire, Maxence se baladait dans la foule de Nar Shaddaa, la main soigneusement plaqué contre la crosse de son blaster ne se sentait clairement pas en sécurité dans son propre habitat naturel. Heureusement, entre amoureux dans une sombre et délicate ruelle, elle rejoignit Mimésis et Karm enlacés en train de discuter. Taha'san prit son temps, mais rameuter sa petite troupe ne se faisait pas en un claquement de doigt.

Si elle avait bien suivi la conversation -ce qui ne semblait pas tout à fait le cas- deux approches s'offraient à elle. Le directe, une valeur sûr, de l'adrénaline, des cris et plein de trucs sympas dans le même type. Ou la diversion, encore plus sûr, mais moins d'adrénaline. La présence de Karm la mettait en veine, en se montrant clément comme elle le sous-entendit plus tôt, tout le monde se sentirait en veine.

-La diversion. Taha, tu m'suis ? Elle acquiesça mollement. Préviens tes hommes... t'en à combien au fait ?

-Quinze.

Maxence fit la moue un instant. Quinze ne paraissait pas énorme par rapport aux troupes que le Nikto pouvait avoir autour de lui, heureusement, le fait qu'il ne s'agisse que d'une simple diversion permettait largement de les garder en vie, pas besoin de leur courir dessus, juste faire assez de bruit pour les attirer. La blondinette fit signe à tout le monde de la suivre, l'entrepôt qui les intéressait était un peu plus loin.. Un coup de comlink plus tard, les hommes étaient en place, plus qu'à attendre le départ, la rodienne savait quand lancer l'assaut, juste avant leur arriver pour laisser les ennemis accourir à l'aide de leurs alliés, ce qui ne permettait aucun demi-tour surprise.

Pas loin de leur point d'action Taha'san envoya l'ordre de lancer l'assaut, de là où ils étaient, ils ne pouvaient pas entendre les coups de feu, une sensation frustrante pour la jeune femme qui préférait le concret, ce qu'elle pouvait voir ou entendre. Un paquet de minute plus tard, il avait l'entrepôt en vue. Une architecture comme tous les entrepôts de la galaxie, toit élevé, ouvertures nombreuses, fenêtre et tout le tralala. Toujours pas fan des mondanités, Maxence se contenta de faire signe à tout le monde de s'atteler à leur rôle respectif. Le groupe se sépara, sauf elle et la rodienne, désormais en tête-à-tête, marchant à tâtons jusqu'à un grillage rouillé dont les jonctions n'eurent pas tenu les temps -dans tous les sens du terme-, leur permis de se faufiler au travers.

À l'extérieur il n'y avait que deux ou trois gardes pas bien vigilants assez simple à éviter, en faisant le tour du bâtiment, elles cherchaient un passage que les deux autres partenaires n'emprunteraient pas. La rodienne devant arrêta la mercenaire d'un coup de main avant de pointer une boîte métallique, sûrement utile à l'alimentation électrique. Loin de savoir trafiquer quoi que ce soit à l'intérieur, la haute structure menait directement à une fenêtre, pas ouverte, mais ce genre de choses s'arrangeaient. Taha fit la courte échelle à son équipière et, une fois en haut, se fut son tour d'être hissée. Quand elles se glissèrent dans l'entrepôt, elles étaient au deuxième étage. Un étage en surplomb du tout d'où on pouvait mépriser les ouvrier à travers des vitraux avant de retourner tranquillement dans son bureau.

Maxence, qui ressemblait à une brique dans une machine à laver quand il s'agissait d'être discrète, laissait faire la rodienne pour ce qui était de vérifier la voie. La blondinette blottie dans un renfort du mur la laissa s'occuper d'un garde. Malgré son couteau, elle l'étrangla simplement jusqu'à l'évanouissement, elle ne le tua pas... du moins, elle accepta sa requête. Un peu plus loin, à une bifurcation, elles l'aperçurent, le bureau du mépris, toutes les chances d'y trouver Ratax. La rodienne assomma un autre garde pour se placer sur le côté droit de la porte et Maxence à la gauche.

La main sur la poignée, au moment où la jeune femme venait à l'ouvrir, une plus grande force la poussa, tombée sur les fesses, un autre Twi'lek, pire encore que Turbine à Poutre, au moins, Turbine à Poutre, il y avait de l'organique, là, une sorte de cyborg, plus robot que Twi'lek.

-TOI !

-Oh putain sans déconner ?!

Elle rampa pour s'écarter, trop lente, il lui saisit les jambes pour le traîner vers lui. Il la prit ensuite par le col pour la porter, suffisamment pour que ses pieds ne touchent plus le sol. C'était sans compter sur l'intervention de Taha'san qui planta son couteau dans son épaule. Si la surprise était bien présente en plus de libérer la blonde, d'un balayage, elle s'écroula plus loin. Maxence, tout en reculant, se mit à tirer en vain sur une machine qui, inlassablement, s'avançait comme un Terminator gâteux. Une nouvelle fois auprès d'elle, il la balança derrière lui, près de Taha'san qui reprenait son souffle. Même allongée sur le dos, elle continuait de tirer jusqu'à plus balles -qui avait décidé de choisir de laisser le mode non-létal ?!-. Pas le temps de recharger, il était là et parce que, visiblement faire voler une gamine semblait des plus amusants, il la défenestra par les vitraux -du mépris-. Elle fit une chute de deux bons mètres pour s'étaler sur une palette et continuer sa chute jusqu'au sol. Entre les cargaisons, il lui fallut quelques secondes pour comprendre qu'il y avait beaucoup plus de peur que de mal. En haut, on entendait les échos de la rodienne tirer dans tous les coins pour s'échapper du monstre.

-Il... Il a un putain d'frère... évidemment.

La mission largement compromise risquait de se montrer tendue pour la suite. Plus qu'à espérer que Ratax n'était pas dans le genre à abandonner ses subordonnés.
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