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Quatre tasses de thé noir. C’était la quantité de caféine qu’il avait fallu à Evran pour arriver à se tirer du lit ce jour-là. Occupé avec une dizaine de projets en même temps, sa tête était partout à la fois, sauf au moment présent. La veille, il avait été complètement incapable de fermer l’œil avant les petites heures du matin. Dans son bureau, il terminait maintenant de rédiger un communiqué qui devait être envoyé avant midi. Une quelconque célébration sur Iziz dont il avait presque oublié le nom, mais qui se devait d’être reconnue et encensée par l’Ordre. La routine, quoi. Au même moment, on cogna à sa porte. Evran regarda l’heure; c’était pour le tournage, sans aucun doute.

- Pas maintenant.
- Chevalier Fykk, nous sommes prêts pour vous.

Il reconnut alors la voix de Myk, un jeune padawan qu’il avait recruté pour travailler avec lui sur ce projet. Enfin, le gamin occupait un rôle d’assistant, mais son aide lui avait été plutôt utile pour l’élaboration des questions et la planification de la logistique. Myk s’invita à l’intérieur sans invitation, recevant un regard absolument glacial en guise de réponse. Sa gorge se noua.

- C’est que… notre premier invité attend depuis déjà un petit moment…
- Et alors? Offre-lui des rafraîchissements, un truc à bouffer, j’en sais rien…

Le jeune homme ne se fit pas prier et disparut tandis qu’Evran terminait de taper son texte pour l’envoyer. Le porte-parole glissa le fichier de planif du tournage dans son datapad, et prit l’ascenseur le plus près en relisant les informations. Les deux padawans qui avaient souscrit à son projet étaient deux mâles, l’un chironien, et l’autre hutt. Autant dire qu’il n’avait pas là l’échantillon le plus représentatif de l’ordre sous la main. Enfin, il payait maintenant le prix d’avoir organisé ce spot sous une base volontaire… et de ne pas s’en être assez occupé. Faute d’autre solution, cela ferait l’affaire.

Evran se rendit près de la salle de méditation, réservée pour l’occasion du tournage. D’ordinaire toujours baigné dans le calme, l’étage fourmillait de l’équipe technique engagée par le temple. L’une des meilleures d’Iziz d’après leur portfolio. Dans le couloir, Evran croisa le chironien qui attendait pour son interview, et le salua d’un simple hochement de tête avant d’entrer dans la salle. Toute la pièce était plongée dans l’obscurité, à l’exception de deux sièges posés au centre, où auraient lieu les entrevues. Myk attendait déjà le chevalier de pied ferme, toujours aussi nerveux.

- Ça y est, je peux le faire entrer?
- Après les préparatifs.

Le porte-parole avança dans la petite aire éclairée par de nombreuses sources d’éclairage, et se coordonna avec la réalisatrice, une jolie twi’lek, s’assurant que les holocaméras étaient disposées aux angles convenus dans le script qu’il avait établi plus tôt cette semaine. Puis il vérifia le petit décor minimaliste qu’ils avaient mis en place, avec une erreur flagrante qu’Evran remarqua dès le départ.

- Pourquoi une chaise? Avez-vous seulement regardé qui nous recevions?

La réalisatrice regarda Evran avec confusion, de peur d’admettre qu’elle n’avait effectivement pas regardé, ou alors qu’elle n’avait pas fait le lien entre ces deux facteurs. Dans les deux cas, cela témoignait d’un manque flagrant de rigueur, pensa le porte-parole. Evran s’avança et agrippa la chaise avant de l’enlever du petit studio improvisé. L’un des caméramans se rendit auprès de la twi’lek en se grattant le derrière de la tête, comme ébranlé par la nouvelle configuration.

- Mais, il va falloir réajuster l’angle s’ils se tiennent debout…

Evran se retourna en le dévisageant.

- Et bien qu’est-ce que vous attendez?

Il compta encore cinq minutes avant que l’équipe technique ne soit enfin prête à débuter l’enregistrement. Les meilleurs d’Iziz, se rappelait Evran avec un certain mal de tête. Au moins la situation était rétablie. Enfin, il fit signe à Myk qu’il était temps de faire entrer leur premier invité à l’intérieur. Fébrile, le jeune homme se dirigea vers la porte et incita le chironien, un certain Samaël, à se mettre sous les éclairages installés au centre de la pièce.

- Je vous en prie, dit l’adolescent.

Myk revint ensuite auprès d’Evran, mais celui-ci l’arrêta en levant le doigt, sans même détourner son regard de son datapad.

- Chevalier Fykk, nous…

Le porte-parole interrompit son assistant d’un long et pénible soupir alors qu’il déposa sa tablette sur une petite table.

- Je sais. Va me chercher une tasse de thé, bien fort.

Myk quitta la salle de méditation alors qu’Evran se frottait le visage en tentant d’évacuer un peu cette négativité de son expression, et de sa voix. Il ne voulait surtout pas mettre ses invités mal à l’aise, non. En espérant seulement que Samaël n'ait pas trop entendu les répliques assez acides du porte-parole avant son entrée dans la salle de méditation. Evran reboutonna l’avant-dernier bouton de sa chemise formelle, et prit place sur le siège juste en face du chironien, son visage maintenant à moitié plongé dans l’ombre. Seule sa silhouette se définissait, faisant ressortir ses yeux bleus, lui donnant un air plus imposant que d’habitude. Même si c’était loin d’être l’intention…

- Bonjour, eum, Samaël. Nous allons commencer bientôt. C’est moi qui poserai les questions, mais on n’entendra pas mas voix sur l’enregistrement final. Je te demanderais donc de reformuler les questions dans tes propres mots avant d’y répondre, ça te va?

Evran réalisait alors qu’il avait à peine mis en contexte l’objectif de la vidéo, ou encore expliqué comment elle serait utilisée dans le futur. Mais il n’avait pas l’énergie pour se lancer dans de telles explications, et préférait conserver le peu de vivacité qu’il lui restait pour poser des questions claires et intelligibles. Il regarda la twi’lek derrière lui pour s’assurer que tout était en place. Ils étaient prêts à commencer.
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Sammy se dandinait sur place. Il avait mis sa tunique beige traditionnelle lavée deux fois-au cas où- et repassée soigneusement. Ses longs cheveux noirs eux aussi shampouinés doublement cavalaient sur sa poitrine menue quoique musclée. Pourquoi avait-il accepté de représenter le Temple déjà? Ah oui, parce que Suzie d'abord ciblée par le cadreur l'avait supplié d'attirer l'attention sur sa personne, et que le petit chevalier servant l'avait donc sauvé en se présentant de manière volontaire. Voilà, ça lui apprendrait. Kolin se moquerait bien, et avec raison qui plus est.

Enfin, au moins le gamin pourrait démontrer avec ses mots combien le Temple était génial et les maîtres Jedi irréprochables. Malgré le stress donc, il ne se sentait pas spécialement arnaqué par la vile Suzie qui lui avait fait les yeux doux. Tout avait un avantage, il fallait rester positif, et puis comme ça il verrait comment on tournait une émission. Pour un curieux comme le Padawan c'était un cadeau servit sur un plateau d'argent. Malheureusement le chef journaliste ou réalisateur- le centaure ignorait son vrai rôle- ne semblait pas des plus sympathiques, ni patients. Il avait été surpris de le noter présent dans la Force. Alors c'était un Jedi lui aussi? Marrant!

- Bonjour.- Pépia l'adolescent qui ressemblait plus à un gamin qu'autre chose. Écrasé par cet homme aux yeux bleus qui en imposaient, il s'humecta les lèvres et se souvint de nombreux conseils de son ami Kolin qui se résumaient à "ne casse pas les sabots, Sammy, ne parle pas trop et n'expose pas ta vie, on s'en fout!".- Vous allez bien? -ça il n'avait pas pu s'en empêcher. C'était important de savoir comment les gens allaient!- D'accord!

Pourvu qu'il ait bien compris! Retenant des milliards de questions, Samaël s'assit à mème le sol-il n'avait pas entendu les remarques le concernant émanant du cabinet.- et ses oreilles elfiques se tournèrent vers le trentenaire. En y regardant bien, on pouvait lui trouver un véritable air de Jedi, répondant même au stéréotype. Un air gentil voir innocent, décalé et des muscles, malgré tout, prouvant un entraînement sérieux. Il était le typique gardien de lumière à qui on souhaitait se confier ou... Donner un coup de pied dans le derrière pour lui apprendre qu'il y avait une vie en-dehors de son temple, une vraie vie avec des vrais soucis.

Sammy posa ses immenses yeux dans ceux de l'homme, les soutenant avec peine mais s'efforçant car il voulait être poli et ne pas juger.
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Evran n’avait pas répondu à la seule question posée par le chironien. Une question si banale que le porte-parole ne croyait pas l’adolescent véritablement intéressé par sa réponse. D’autant qu’ils ne connaissaient pas. Enfin, il avait répondu d’un sourire. C’était amplement. La maquilleuse présente sur le plateau se rua presque sur Samaël pour effectuer quelques ajustements de dernière minute commandés par la réalisatrice. Un peu de poudre ici et là pour que la lumière reflète mieux sur les pores du gamin, et on éviterait ainsi plusieurs étapes de travail en postproduction. Satisfait, Evran leva le bras en l’air pour signaler que l’enregistrement pouvait commencer.

- Allons-y.

La réalisatrice acquiesça et fit signe au reste de l’équipe de se mettre en position, faisant s’agiter toute la fourmilière derrière les équipements, qui pressaient sur toutes sortes de boutons à une vitesse presque machinale. Ces gens connaissaient finalement peut-être leur métier. Voilà qui était la première nouvelle rassurante de la journée.

- Silence. Moteur.
- Ça roule, répondit le caméraman.

Comme si l’holovidéo fonctionnait encore avec une pellicule, pensa Evran. Ridicule appellation pour une galaxie qui communiquait à la vitesse de la lumière depuis des siècles, voire des millénaires. Un léger son numérique provenant de l’holocaméra, agencé à un voyant rouge, leur permis de savoir que l’appareil « tournait » enfin.

- Trois, deux, un…

Toute l’équipe avait les yeux rivés sur Samaël. Même Myk avait arrêté de piétiner d’excitation sur place. On entendait presque la poussière retomber alors qu’Evran s’éclaircissait la gorge, prêt à poser sa première question.

- Alors Samaël. Merci de te joindre à nous ce matin. Si tu le veux bien, j’aimerais d’abord que tu te présentes, et que tu nous expliques un peu ton quotidien dans les murs du temple depuis ton arrivée. Comment tu as été accueilli ici, et comment l’ordre t’a permis un peu de… enfin de t’épanouir comme padawan.


Evran prémâchait un peu les réponses, certes. Mais il devait s’assurer d’avoir du contenu de qualité pour le montage final. Surtout qu’en acceptant de tourner des spots avec des enfants, il fallait certainement les aiguiller un peu pour éviter qu’ils ne s’égarent. Des phrases concises, faciles à insérer dans un montage; voilà ce dont il avait besoin pour que la pub soit une réussite. Ce premier invité ne paraissait pas trop mal à la caméra, et serait certainement un visage attendrissant pour les gens ayant une vision plutôt bureaucratique de l’Ordre Jedi. Laver cette image était un peu d'ailleurs la priorité du porte-parole depuis son arrivée à ce poste. Une bonne partie de la population d'Ondéron et du reste de la galaxie avait tendance à voir les Jedi comme étant froids et calculateurs. Bon, Evran était peut-être lui-même un exemple parfait de ce genre de cliché, et cela était une motivation supplémentaire pour casser ce paradigme.

Valait donc mieux essayer d’extraire le maximum de bons moments de cet interview, surtout qu’Evran devait s’avouer un peu sceptique quant au profil de leur second padawan de la journée. Peut-être serait-il même obligé d’organiser une seconde journée de tournage s’ils n’arrivaient pas à obtenir suffisamment de bon matériel. Un autre cauchemar d’organisation, donc.

Et dès qu’il vit le visage du chironien réagir à sa première interrogation, Evran voyait déjà le montage se dérouler dans sa tête; cherchant où couper, où placer les titres. Car oui, chaque jedi participant serait proprement identifié dès leur première apparition, avec leur nom et leur rang indiqués juste en bas. Il avait même déjà choisi la bonne police d’aurebesh pour la création de l’imagerie. Restait plus qu’à obtenir de bons propos…
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- Ou... Oui

Froid. Un glaçon. Comme Dase Aciel, un Maître qui avait considéré prendre Sammy sous son aile-À l'instar de nombreux autres.-, Evran intimidait le gosse, majoritairement habitué à traiter avec des Jedis bienveillants, très patients et chaleureux, souvent passionnés par ce qu'ils faisaient. Il faut dire qu'avec son adorable bouille, le Chironian avait le droit à un traitement de faveur, involontaire, de la part de beaucoup d'aînés. S'il s'illustrait par ses bêtises, ses maladresses, y compris une fois par sa désobéissance pour avoir suivi Kolin dans les bas-fonds de Coruscant, sa grande volonté en charmaient plus d'un, sans parler de sa bonne humeur.

D'ailleurs, cette dernière devant faire honneur à sa réputation daigna enfin se montrer. Sammy secoua légèrement la tête pour se donner du courage puis offrit un sourire à Evran plus qu'à la caméra. Le pauvre Chevalier devait être épuisé par son travail atypique, c'était normal qu'il râle un peu. Sans compter que rien ne forçait le centaure à l'imiter de toutes manières. Sachant sa gaieté contagieuse, le gamin agita légèrement ses oreilles elfiques et inclina un peu la tête. Il aurait été un peu plus profiteur qu'il aurait probablement encore affiné cette véritable arme-le regard du pardon à toute épreuve.- pour amadouer les Maîtres. Tout à coup investi d'une mission, Sammy souhaitait désormais aider Evran dans son travail, le soulager de ce fardeau et donc s'appliquer.

- Bonjour j'm'appelle Samaël Akiam, Sammy pour les amis, j'ai 14 ans... Et je suis là depuis 7 ans. Un Jedi est arrivé sur ma planète sans le faire exprès et il m'a trouvé. Normalement nous les Chironians nous avons des cornes, juste là- il montra son front vierge.- mais moi je n'en avais pas. Mon papa et ma maman étaient très gentils mais pas tous les autres, alors je n'avais plus ma place ici. Le Chaman a dit que mon destin était différent, et moi aussi je le sentais alors je suis parti avec le Jedi. Ici on a été très bon avec moi! D'abord j'ai appris à lire et à écrire en basic, le calcul, la géographie- c'est casse-sabot mais c'est important, et puis pauvre prof de géo, c'est comme celui de maths, personne ne l'aime, alors je suis gentil en cours et je fais tous les devoirs. Au moins ils sont contents!- Ensuite j'ai appris à manier le sabre-laser... Ma journée?- Ouf, il s'était rappelé de reformuler les questions.- Bah je me lève à 7h00, parfois avant pour pas arriver en retard, si je dois faire la douche et rerepasser... Repasser mes vêtements. On prend le petit-déjeuner à 8h00. Les dames de la cantine sont super gentilles! J'aime moins les droïds... Et après on va en cours... Le matin c'est sportif, sabre-laser, combat tout ça. Des fois ça fait un peu peur mais on a jamais de grosses blessures, et les maîtres nous surveillent, si ça arrive quand même, la blessure je veux dire, on va à l'infirmerie. L'après-midi on a philosophie, ou méditation ou alors droit. Le droit c'est tellement difficile et plus on grandit, plus on en a. Mais les lois protègent les citamoyens... Citoyens, donc c'est important.

Avec un grand sourire, Sammy prit un petit instant de repos, avant de reprendre. Malgré ses erreurs de basic, il parlait plutôt bien, dans un langage enfantin certes, cela dit l'intonation était vivifiante. le ton correspondait presque à celui du conte. Pour un enfant issu d'une culture orale, c'était logique.

- L'Ordre a tout adapté pour moi... La chambre, puis aussi les techniques de combat. Il y a toujours un maître qui demande comment on va s'ils nous voient tristes. - Une ombre passa devant les yeux du Padawan, à peine perceptible sauf pour une personne avisée, ce qu'était Evran. Dans le fond Sammy n'avait toujours pas trouvé sa vraie place, car si des maîtres s'interrogeaient sur son bien-être, il n'en pas, de maître bien à lui. Il se tut, jugeant que ce n'était pas le moment de s'épancher et songeant que le sujet était hors-propos. C'était sûrement de sa faute s'il ne s'intégrait pas en tant que véritable Padawan d'un maître.-

- Pourquoi je fais tout ça? Parce que je veux devenir un vrai chevalier Jedi... Et aider les gens malheureux. Avoir de grands pouvoir implique de grandes responsabilités.

Acheva-t-il rougissant un peu de la liberté qu'il s'était octroyé en ce qui concernait la dernière phrase. Las mains croisées devant son nombril, ses doigts s'entrelaçant nerveusement, Il aurait voulu demander à Evran s'il avait un élève, lui, mais il n'osa pas et se tut sagement. Alors il se contenta d'attendre le verdict du Jedi Journaliste.
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Evran hochait la tête à chaque phrase en incitant le padawan à poursuivre dans une direction ou dans une autre. Souriait quand les propos lui plaisaient, et fronçait involontairement les sourcils quand quelque chose lui plaisait moins. Une agaçante manie qui risquait davantage de stresser le chironien plutôt que de l’aiguiller dans la bonne direction, pensa-t-il. L’élocution de son invité était particulière, mais non dépourvue d’une certaine fraîcheur. Evran avait vite compris que ce n’était pas spécialement sa langue maternelle, même si les mots étaient clairement prononcés. Quant au contenu de la réponse, il avait davantage eu droit à un mur d’explications non sequitur sur l’ensemble de sa vie plutôt qu’à quelque chose de réellement utilisable. Le couplet sur la destinée et un genre de chaman l’avait particulièrement inquiété, mais le padawan avait réussi à revenir à une pertinence relative par la suite. Plusieurs moments pour lesquels Evran s’était fait une petite note mentale, notamment un passage ou deux sur sa routine qui, sans être follement intéressants, avaient la qualité de présenter de réelles activités proposées au temple. Il jeta un coup d’œil rapide à la réalisatrice derrière, qui elle semblait complètement absorbée par les propos pourtant plutôt élémentaires du garçon. Qu’y avait-il chez lui qu’Evran n’arrivait pas à voir? Bon sang qu’il aurait parfois troqué ses yeux pour ceux d’un étranger s’il avait pu.

Un silence ponctua la réponse assez longuette du jeune homme, qu’Evran accueillit avec un certain soulagement, ainsi qu’un court soupir qu’il espérait imperceptible. Là était l’occasion ou jamais de ramener la vidéo dans le droit chemin. Evran regarda le chironien et se redressa sur son siège, en s’éclaircissant la gorge. Ouvrant la bouche, il s’arrêta net, voyant que Samaël ne lui portait pas tout à fait attention. Les yeux de l’enfant étaient égarés, comme s’il s’était complètement isolé dans ses pensées. Il reprit, cette fois légèrement plus lentement, avec une intensité que le porte-parole n’avait pas décelée dans le reste de sa réponse. Une passion, une fragilité qui frôlait celle du verre se brisant sous le souffle de la voix. Evran était alors davantage concentré sur ce qu’il disait que sur le montage de sa pub. La phrase sur ses ambitions avait littéralement cloué le bec au porte-parole, qui regardait la scène d’un regard maintenant vide. Devenir un chevalier, aider les gens malheureux; il se rappelait qu’il avait déjà vécu par ces préceptes, lui aussi, bien longtemps auparavant.

Evran n’enchaîna pas tout de suite, et laissa planer le silence pendant un moment, cherchant comment utiliser ce filon pour l’emmener à s’ouvrir plus, plutôt que de poser une de ses questions déjà préparées. Pendant ce temps mort, il se surprit à ravaler sa salive, et à sentir une certaine humidité s’emparer de ses globes oculaires. Était-ce simplement la fatigue qui le rongeait, ou alors les images de ses propres années d’apprentissage dont le souvenir était souillé par sa désertion? Il n’en savait rien, mais la quantité d’eau était suffisante pour qu’il ressente l’envie de passer sa manche devant ses yeux un instant, essayant de réprimer ce court moment d’émotion. Il se pencha vers le chironien et le considéra alors d’un œil neuf, moins jugeur. La réussite de la vidéo lui trottait toujours en tête, mais était maintenant supplantée par un réel intérêt pour l’interview.

- Qu’est-ce qui te motive à vouloir aider les gens? demanda le porte-parole, calme.

Une sonde rapide avec la force lui permit de ressentir l’impression des membres de l’équipe technique, qui étaient tous absolument concentrés sur le moment présent. Une chose assez rare pour des non-utilisateurs de la force, se dit Evran. Seule la maquilleuse se grattait nerveusement le menton, dérangeant un des collègues pour lui souffler quelque chose à l’oreille. Car effectivement, le chironien était maintenant interdit, rétracté sur lui-même, avec une légère rougeur néanmoins détectable sur ses pommettes, et ce malgré le fond de teint qu’on lui avait appliqué quelques minutes plus tôt. Normalement, Evran aurait été beaucoup plus spécifique sur sa relance, mais était davantage curieux de la réponse que du résultat médiatique. Cette naïveté, tout à fait noble, le fascinait. Pour lui qui ne laissait plus rien au hasard et qui avait enterré ses idéaux bien assez tôt, ces réponses étaient une fenêtre sur quelque chose qu’il ne ressentirait probablement jamais plus dans sa vie.
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Quelque chose changea, mais Sammy n'aurait su dire quoi, ni s'il s'était imaginé cette modification légère de l'ambiance. Il soutint le regard d'Evran qui s'était penché sur lui, moins difficilement que jusque là, versant ses émotions dans ces prunelles aussi bleues que les siennes quoique plus froides. Celles de l'enfant étaient remplies de vagues vives aux nuances écumeuses. Dansantes, elles brillaient d'une conviction que certains qualifieraient de touchantes, d'autres de désespérantes. Pouvait-on sincèrement être aussi utopiste que ne l'était Samaël pour dégager ainsi ce sentiment de sûreté? Une confiance qui frôlerait l'arrogance si elle avait concerné les capacités du Padawan, or c'était bien de son chemin dont il était certain, et de sa réponse. Elle était aussi simple qu'évidente. Peut-être serait-elle même ennuyeuse pour Evran, stéréotypée ou simplement mièvre.

- Je n'aime pas la tristesse, ni la tristesse. Je ne veux pas que les autres ressentent ce que j'ai parfois pu sentir. -La suite qui aurait pu continuer dans le mélodrame s'éclaira brusquement, de manière inattendue. Cette fois, c'était un peu plus original que le discours habituel, et dans le même temps, complètement logique vu le raisonnement du Padawan, dans la lignée de ses premiers propos, sauf que les gens exprimant cet argument avaient tendance à oublier cet autre versant. À croire que les gens aimaient s’appesantir sur le négatif.- Mais j'ai aussi connu l'amour, et la joie... Alors je souhaite que ceux qui n'en ont pas eu puissent connaitre ces sentiments. Et puis, la justice, c'est important.

Il y avait aussi tout ce qui découlait de son enseignement: posséder de grands pouvoirs signifiait se montrer responsable, mais ça, le gamin l'épargna à Evran, tout comme le fait que la justice était une notion importante, qu'il fallait tout faire pour qu'elle soit respectée, en protégeant les faibles simplement. Au lieu de cela, le pré-adolescent choisit d'étayer son premier argument, d'une manière un peu plus recherchée que sa première réponse, née du coeur.

- Lorsqu'on a la possibilité d'essayer... Et qu'on ne fait rien, qu'on laisse une personne souffrir, on est coupable par émotion... Émission... Omission pardon. Je pense que si à son échelle, tout le monde faisait ce qu'il pouvait, je veux dire, vraiment, on aurait moins besoin des Jedis voir pas du tout mais ça n'arrivera jamais, alors je ne sais pas pour les autres... on ne peut pas les convaincre, donc j'agis sur les éléments qui sont accessibles: moi.

Il était curieux de constater que l'enfant avait une certaine lucidité, surtout en ce qui concernait la méchanceté, l'égoïsme. Avec sa bouille d'ange, son sourire éternel on lui prêterait un coeur des plus naïfs. De base c'était le cas, mais il apprenait malgré tout. Yulpi un être nuancé en ce sens, le seigneur Sith ayant essayé de le tuer, voir certains de ses camarades pas vraiment dignes d'être des Jedis à toujours se moquer d'autrui avaient fini par le convaincre. Le monde ne changerait pas seul, il ne changerait pas tout à fait même aidé, d'ailleurs. Cependant cela ne signifiait pas qu'il fallait abandonner, ou pire encore, s'abonner aux mêmes agissements que les malfrats. Modifier, juste un peu la Galaxie, c'était agir, c'était rendre l'air un peu plus responsable et suivre son instinct, son envie de justice. Alors il continuerait, au nom de ses parents, des Jedis, de tous ceux qu'il aimait ici et de ses propres convictions qui s'étaient forgées suite à son éducation, puis renforcées au fil de ses aventures. Ainsi, malgré le fait qu'il ait désobéi au Temple pour suivre Kolin et aider son petit frère malade, le Padawan ne le regretterait pas-même s'il espérait ne pas avoir à recommencer avant très très longtemps. Son coeur avait failli lâcher, suite à l'affreux dilemme.-
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L’innocence touchante de Samaël ne cessait de créer de l’émoi dans la régie, les techniciens étant plus concentrés sur les propos de l’interviewé que sur leur matériel technique; un détail qui ne plaisait pas spécialement à celui qui avait soumis le budget pour procéder à leur emploi. Néanmoins, la fenêtre que lui offrait le chironien sur son imaginaire s’avérait tout à fait percutante pour Evran, qui lui ne se souvenait pas avoir déjà disposé d’une sensibilité similaire. En effet, il se dégageait de cet enfant un sens de la justice et une empathie distincte. Des traits absolument conformes aux préceptes jedi, et qui feraient un segment plutôt convaincant dans le grand schème de cette vidéo. Sans interrompre le jeune padawan, le porte-parole nota mentalement la position de chacun des propos, notamment le dernier passage qui, hormis une erreur langagière, décrivait plus ou moins clairement la mission des protecteurs de la paix dans la galaxie : emmener les gens à être de meilleures versions d’eux-mêmes pour éviter les conflits, protéger la sérénité, et toute cette tisane.

Evran, encore légèrement secoué, faisait de son mieux pour sortir de sa torpeur et retrouver sa rigidité apparente normale. Se raclant la gorge une fois que le chironien eut terminé, il s’avança sur son siège et joignit les mains en gardant ses yeux sur le sujet de cette entrevue. Le matériel que ce dernier lui avait fourni dépassait ses attentes assez minces, mais il désirait peut-être obtenir une dernière pépite avant d’enchaîner à son prochain invité.

- Excellent, merci beaucoup Samaël. Avant de se quitter, j’aimerais aborder un dernier sujet avec toi : ton avenir.

Le porte-parole toussa un peu entre ses deux phrases, profitant de cette petite interruption pour chercher une façon élégante de formuler sa question. Une question que l’on posait à n’importe quel élève dans l’espoir d’avoir une réponse inspirante.

- Comment te vois-tu évoluer au sein de l’ordre jedi? Est-ce que tu souhaites travailler à la diplomatie, à la défense de la république? Ou bien peut-être te vois-tu occuper un poste de soutien à l’ordre, comme médecin, archiviste, je ne sais pas?

Une façon beaucoup plus sobre de la poser aurait été d’énoncer les trois voies classiques empruntées par les padawans lors de leur sacre comme chevaliers, soit gardien, consulaire, sentinelle; ou toutes les autres possibilités qui flottaient entre ces avenues. Mais Evran avait envie d’une réponse plus articulée. D’autant que Samaël semblait prendre son aise sur cette chaise, et que les mots lui venaient plus facilement. Mais il y avait-il une réponse facile à une telle question? Pouvait-on réellement savoir, à son âge, ce qu’on espérait devenir? Evran avait cru pendant un moment qu’il deviendrait un grand jedi; jusqu’à ce qu’il se charge lui-même de briser ces espoirs en miettes en fuyant son devoir. Car on ne sait jamais ce que la Force nous réserve, disait-on.

Sa propre question emmena le porte-parole à retomber dans ses souvenirs un instant. Il se demandait à cet instant ce qu’il aurait pensé de lui-même aujourd’hui, à l’époque où il était du même âge que le chironien qui se tenait devant lui. Aurait-il été fier, déçu, furibond? Sa position actuelle, bien qu’enviable par certains, s’avérait tellement éloignée de ses attentes de jeunesse. Mais peut-être que Samaël, lui, n’avait pas de plan particulier, laissant La volonté de la galaxie le guider au quotidien, encadré par la vie monastique qu’il menait loin des vrais battements de la société. Voilà ce qu’Evran avait peut-être cherché en s’exilant : une vérité quelconque, sur les gens, sur la « vraie » existence qui s’opérait pour le reste des mortels qui n’avaient pas ce lien si spécial avec Elle. Car s’il y avait bien une chose qu’Elle savait faire - avant de faire léviter des objets et de voir le futur - c’était de compliquer la vie de ses serviteurs.

Enfin, son égarement terminé, il tentait de rester concentré sur le moment présent, sur son travail, sur l’entrevue. Il en avait presque oublié la véritable raison qui le soudait sur cette chaise, avec sa chemise formelle et son datapad. Il avait l’air d’un foutu fonctionnaire; il se trouvait ridicule. Et il se disait qu’il s’agissait peut-être de Sa volonté : de le confronter à des padawans loyaux, et le voir souffrir en regrettant amèrement le choix qu’il avait fait tant d’années plus tôt. Il essayait d’émettre un sourire, de camoufler sa distraction, son inconfort. Evran posa discrètement sa main sur le côté de son corps pour la serrer le plus fort qu’il pouvait, tenaillé par de plus en plus de souvenirs qui lui revenaient à l’esprit. Que se passait-il?
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[HJ: Désolée du retard, l'Event tout ça... Je ne sais pas si tu voulais que Sammy devine le mal être d'Evran mais je me suis permis de le faire ressentir une partie de son malaise. Si cela ne te plaît pas, dit-le moi! Je changerai.]

- Archiviste, je ne crois pas! - S'exclama le petit bout, presque adolescent mais encore bercé d'une innocence tantôt enviable, tantôt agaçante.- Madame Bick dit que je suis une catastrophe sur pattes et qu'on devrait m'interdire l'entrée à la bibliothèque parce que je fais toujours tout tomber.- Le rouge aux joues, l'enfant eut un petit sourire d'excuse, comme s'il avait offensé Evran en personne à travers ces aveux.- Pourtant j'aime bien lire moi.- Acheva-t-il à voix basse avant de redresser vivement la tête, à nouveau content.- Je ne sais pas encore. Je pense que les Maîtres me diront ce en quoi je suis le meilleur pour apporter mon aide. Du moment que je peux rendre les gens heureux, je suis content. C'est léger, j'en suis conscient, et très imprécis, oui... Mais c'est ce qui compte vraiment pour moi.

Encore une fois, le gamin émit un petit sourire trognon afin de demander pardon. Demander à Sammy de définir les enjeux de son futur, ou même le questionner sur son désir de devenir Chevalier ou finir à l'Agricorps ne donnerait pas grand chose. Il était trop conciliant pour s'offusquer de la route qu'on tracerait pour lui. Il aimait les plantes et comprenait combien nourrir les gens était important, aussi bien que soigner ou se battre contre les vilains. Son côté aventurier et son âge tendaient évidemment à lui faire rêver de faits d'armes grandioses, mais le centaure essayait d'appliquer les principes d'humilité enseignés par les aînés. Ainsi prêt à se laisser guider, très - trop?- confiant envers le Conseil, le Chironian se dédiait exclusivement à l'étude attentive de ses classes ou à ses entraînement.

Tout à coup, ses yeux vifs perçurent la main serrée d'Evran, ce qui le fit toutefois réagir fut son expression un peu crispée. Il n'en était pas sûr mais étudiant la Force qui coulait entre eux, il crut sentir son malaise. Son derrière se redressa, presque en dandinant, comme condamné dans le moindre de ses déplacements à suivre le rythme de vie joyeux du Padawan. Sans faire attention aux caméras, Samaël s'approcha spontanément du Chevalier, restant à une distance polie mais rendant toutefois une certaine communication plus approfondie possible. Son propre visage alternait entre l'interrogation et la sympathie.

- Ça n'a pas l'air d'aller. Qu'est-ce qui se passe?

Ni plus, ni moins. Samaël était bavard mais d'instinct, quand il sentait que quelqu'un n'allait pas bien, sa bouche se scellait, il devenait oreilles, sans laisser s'écouler de ses lèvres ce flot de moralités commun à de nombreux Jedis. Encore une fois, le gosse pouvait se tromper, mais il possédait quand même un certain talent pour voir le malaise envahir les gens, bien qu'avec les humains pourvus d'oreilles immobiles c'était plus difficile. Avec un sourire simple, ni trop élargi, ni trop faible, il posa ses prunelles juste ce qu'il fallait d'inquisitrices dans celle de son aîné. Samaël n'en avait pas conscience mais il avait déjà développé de bonnes capacités psychologiques, les révélant à Evran qui avait peut-être ironiquement répondu à sa propre question. Il était facile de parler à quelqu'un comme lui qui n'hésitait pas à parler de ses faiblesses en général, en plus d'avoir des oreilles aussi grandes physiquement que mentalement. Tout dans son visage ou dans la Force invitaient le Chevalier à se confier, avec une influence bien sûr relative- Samaël restait un enfant, et il ne cherchait aucunement à jouer volontairement de son charisme sur le porte-parole du Temple.- Tout dans sa position relâchée mais attentive, ses grands yeux clairs et son minois indiquaient qu'il était simple d'ouvrir sa bouche pour parler. Il comprendrait sans juger. C'était Samaël, après tout.
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Cette dernière réponse, Evran ne l'avait écoutée qu'à moitié, se rappeleant seulement de quelques bribes de contenu. Des anecdotes difficiles à contextualiser dans le cadre d'une pub courte, très certainement. Des idées du genre lui avaient traversé l'esprit furtivement, mais sans acaparer son attention complètement. Non, il avait un mal fou à se concentrer après ce moment d'égarement. Sa position, peut-être enviable pour certains, ne lui convenait pas. Il n'était pas un vrai chevalier; il n'était pas un vrai porte-parole; était-il seulement un vrai jedi? Le conseil semblait le penser, eux et son maître; mais ce n'était pas suffisant.

Evran revint soudainement à la réalité quand il vit Samaël sortir du cadre des capteurs de l'holocaméra. L'assistante-réalisatrice était furibonde, ordonnant au caméraman de couper aussitôt. Tout d'un coup, le témoignage touchant de leur invité ne semblait plus faire son effet contre les problèmes techniques qu'il venait d'occasionner. Le plateau de tournage baignait dans la confusion la plus totale. Sorti de sa stupeur, Evran échangea un regard avec l'assistante, l'incitant à se calmer un peu. Que faisait Samaël? L'adolescent avança ses sabots devant le porte-parole et lui demanda clairement, chaleureusement, pourquoi il avait fait ce qu'il avait fait. Croyant ses inquiétudes parfaitement invisibles dans sa gestuelle, cette question lui apparut comme une véritable surprise. L'empathie du chironien ne se limitait donc pas à de belles paroles naïves devant une caméra.

- Ce n'est rien, je... tu peux reprendre ta place.

Evran souffla et baissa la tête un instant. Cette réponse déflectrice, il l'avait travaillée pendant des années. Une armure épaisse et lourde qu'il portait en tout temps et qui se voulait inexpugnable à quiconque désirant sonder sa véritable nature: celle d'un homme moins rude et qu'il ne le laissait savoir. Depuis son retour au temple, il avait appris que ce genre de stratagème ne fonctionnait pas avec les jedi, qu'il ne pouvait ignorer sa propre vulnérabilité. Cette fois, Evran ne fuirait pas la question qu'on lui posait avec tant de spontanéité. Seulement, il ignorait comment exprimer ce qu'il ressentait.

- Je... Je n'ai pas été jedi pendant un long moment. Et j'ai encore parfois l'impression que je n'ai pas ma place ici. Maître Don m'a laissé une seconde chance en m'accordant ce poste, et je...

Il réalisait que jamais il n'avait parlé de la sorte. Il se livrait de la même manière que Samaël venait de le faire devant les caméras et l'équipe technique. Même gêné, Evran désirait terminer cette phrase.

- J'ai peur de décevoir... D'être incapable de redevenir jedi à part entière.

Échappa-t-il finalement, comme si les mots avaient eu un mal fou à trouver leur chemin depuis son diaphragme jusqu'à sa bouche. Néanmoins sa crainte était fondée. Après tant de temps hors de cette vie, y revenir s'avérait être une tâche colossale pour le jeune homme. Le travail, similaire à ce qu'il exécutait sur Celanon, aidait à se réintégrer à la culture jedi, mais pour le reste il lui arrivait d'être perdu. Son regard croisa finalement celui de l'adolescent, ayant du mal à le soutenir. Il n'était pas envieux de l'excellente dédication qu'affichait Samaël evers l'Ordre, mais il s'haissait de ne jamais avoir trouvé le moyen d'arriver à faire de même. Être un bon jedi était une corvée à laquelle il fallait travailler à tous les jours, et Evran regrettait de ne pas être revenu plus tôt pour s'y mettre. Il avait fallu qu'il soit pourchassé par les sith pour le réveiller et le sortir du statut quo. Seul l'Ordre avait été là pour lui offrir refuge et protection, comme une véritable famille.
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Pour la première fois de sa vie, Samaël renonça sciemment à obéir à un ordre. Il résista à l'envie de croiser les bras à la manière d'un chevalier sévère. Montrer sa détermination était une chose, sembler orgueilleux de le faire, s'imposer en était une autre. Rien ni personne ne semblait capable de retirer au Chironian sa bouille de gosse sage, pas même ses propres décisions. Alors il resta planté devant Evran, tête légèrement inclinée, mine inquiète. La surprise arrondit un peu plus encore ses grands yeux doux, à vrai dire, Sammy ne s'était pas attendu à ce que son "charme" opère et que le Chevalier craque devant lui, finissant par lui confier son secret. Au lieu de le considérer comme une victoire, de s'en servir, le Padawan entreprit de recevoir l'information avec toute la tendresse possible. Il allait chouchouter cette confidence, la garder précieusement et tâcher de la rendre plus joyeuse. Sans qu'il ne s'en rende bien compte, le centaure était souvent envoyé en première ligne pour recevoir les nouveaux-venus les plus fragiles, et/ou les moins équilibrés, symbole de patience et de gentillesse au point que les âmes les moins tolérantes le trouvaient fleur bleue. Recevoir les secrets d'autrui n'était donc pas une nouveauté pour le gamin, même si jusque là, aucun aîné n'avait ouvert son coeur. Lei, peut-être, mais Lei ne comptait pas car elle lui avait menti. Elle lui avait demandé de devenir son apprenti sous le coup de l'émotion avant de le trahir devant le Conseil.

- Si Maître Don vous a laissé une chance, c'est qu'il sait que vous pouvez redevenir un Jedi. Non! Il sait que vous en êtes un et vous considère comme tel. C'est surtout à vous qu'il faut vous le prouver alors... Hum, et si vous faisiez une mission ? J'veux dire, c'est un truc de chevalier ça... Non? Et bien je suis sûr que ça, ou des cours, ou des entraînements, des choses un peu plus conventionnelles vous remettraient bien dans la douche. Euh, dans la baignoire... C'est comme ça qu'on dit? Bref, en tout cas, moi je pense que ce que vous faites maintenant est déjà important, car l'Ordre en a besoin, sinon vous ne seriez pas là.-Naïf gosse incapable de croire que parfois, on rangeait les inutiles, les encombrants dans des boulots d'apparat, Samaël appliquait sa logique de gosse implacable, limpide à la situation.- mais en plus, vous pourriez essayer de reprendre un peu l'aiguille, euh le fil du quotidien des Jedis.

Un sourire aux lèves, l'apprenti s'imaginait déjà Evran en train de dispenser des cours. Emporté dans le tourbillon du jour-au-jour, voir dans l'ouragan d'une mission, le Padawan était persuadé que le "présentateur" du Temple parviendrait enfin à se convaincre qu'il était bien ce que Saï ou Samaël voyait: un Jedi avec son empreinte dans la Force.

Sans vraiment s'intéresser à ce qui avait mené Evran à être en quelque sorte déchu de son rang, le gamin s'intéressait davantage au présent et au futur. Les caméras s'étaient effacées, ainsi que l'équipe de tournage. Désormais le Chironian ne voyait que son vis-à-vis. Il osa lui envoyer une petite onde de Force encourageante, copiant ses aînés qui agissaient pareillement pour consoler les plus jeunes.

- Vous n'avez pas une aura noire, et vous n'êtes pas en colère ni obsédé par le pouvoir. Ni moi, ni personne dans ce Temple ne semble le croire, alors vous êtes un Jedi.

Conclut-il. La base même déjà acquise, Evran n'avait plus qu'à doucement se glisser dans la toge de Chevalier. Sa tristesse montrait une volonté poignante d'y parvenir. Que pouvait-il arriver de mal? Persuadé qu'il réussirait son entreprise, sans oser proposer de vive-voix son aide de gamin, le Padawan se contenta d'aborder une mine bienveillante sertie d'yeux brillants. Quoi de plus beau qu'un Chevalier qui désirait retrouver son rang? La sensation chagrine rendait un peu amer le moment, cependant Sammy avait l'impression d'assister à quelque chose de magnifique, un terme sur lequel il butterait certainement désignait cette chose: rédemption.
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Les mots de Samaël l’atteignaient sans équivoque. Restant là, béat, à écouter le padawan lui livrer son discours rassurant, Evran apprenait à rouvrir son esprit à la nature altruiste de l’Ordre. Les expressions approximatives du chironien et l’innocence avec laquelle il s’exprimait avaient de quoi rassurer sur l’honnêteté de son message. D’ailleurs, ces petites maladresses accomplirent même l’exploit de lui soutirer un véritable sourire. Ils ne se connaissaient que depuis quelques minutes que déjà, il avait vu au travers du porte-parole comme très peu parvenaient à le faire. Évité par la plupart des jedis depuis son retour, pour son attitude froide comme pour sa désertion passée, Evran avait fait le choix de se complaire dans ce personnage qu’il avait construit de toutes pièces depuis le jour où il avait commencé à travailler en communications. Ce personnage, bien qu’utile et parfaitement imperméable aux sautes d’humeur, le retenait d’entrer en phase avec la Force et avait qui il était réellement. Samaël faisait peut-être partie des seuls jedis qui ignoraient tout de son passé trouble, mais son analyse n’en était pas moins juste. Le chevalier avait d’ailleurs pensé sévir devant cette intervention légèrement déplacée de la part du padawan, mais il n’arrivait pas à lui en vouloir. Pour le peu de compliments qu’il recevait dans une année, se faire dire qu’il avait un bon fond était une véritable première pour le porte-parole.

- Je… merci Samaël.

Evran hocha la tête, essayant de reprendre contenance rapidement. Si s’abandonner ainsi à ses pensées nostalgiques n’était pas dans ses habitudes, avoir une discussion de la sorte avec un adolescent l’était encore moins. De plus, ils étaient tout de même entourés par plusieurs témoins qui n’avaient pas demandé à faire partie de cette mini séance de psychanalyse. Evran se leva de son siège, renifla un peu, puis se tourna vers la réalisatrice de la vidéo.

- Je crois que nous avons assez de matériel avec celui-ci, nous reprendrons demain avec les autres étudiants qui sont au programme.

Heureux d’être libérés, les techniciens commencèrent aussitôt à emmener les caisses pour ranger le matériel; très peu intéressés par la scène à laquelle ils venaient d’assister. L’assistante donnait ses instructions, et sous les cliquetis des caisses de plasticier et des trépieds, les paroles que pouvait échanger Evran avec le padawan se voyaient étouffées aux oreilles des autres.

- Je ne sais pas pourquoi j’ai dit cela… je suis désolé de m’être mis dans cet état. En tout cas… merci pour ta participation euh, honnête, à la capsule. Je suis certain que cela nous aidera à communiquer plus clairement la philosophie du temple aux systèmes locaux.

Il reprit son datapad, puis se dirigea vers la sortie de la salle de méditation transformée en plateau de tournage. Myk lui emboîta rapidement le pas, commençant déjà à le bombarder de questions toutes plus impertinentes les unes que les autres. Près du cadre de porte, Evran s’arrêta net et se retourna vers Samaël, le visage serein.

- Au plaisir de vous revoir, padawan Akiam.

La porte s’ouvrit, laissant sortir le porte-parole et son assistant, alors qu’un million de tâches restaient à accomplir dans sa journée. Chose certaine, cette rencontre fortuite entre les deux jedis marquerait certainement le chevalier dans la place qu’il s’imaginait prendre au temple et dans l’Ordre. Peut-être avait-il droit de rêver au fait d’être accepté par les siens, après tout…
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