Lauren Aresu
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Lauren était dorénavant assise, les yeux à demi clos. Sa respiration s’apaisait progressivement, les soubresauts de son corps s’étaient calmés. Elle faisait face à la Jedi qui paraissait bien moins secouée par l’effort fourni qu’elle ne l’était elle-même. L’air frais descendait maintenant sur ses épaules et un frisson discret parcouru son échine, une fois ce déchainement terminé. Toute la colère, la rancune et la frustration qui l’avaient emplie jusqu’à là s’étaient taries. La gratitude qu’elle éprouva pour cette Jedi, qui avait eu la patience de l’écouter et qui avait encore l’indulgence de la réconforter, remplaça ce tourbillon dénué de sens et de raison.

Les paroles de la jeune femme firent réfléchir Lauren. Ses pensées, auparavant anarchiques, prenaient à présent le temps de regarder la réalité en face, la réalité qu’elle projetait, la réalité de ses difficultés. Clairvoyante, elle connaissait en partie les poids dont parlait la maitre. La disparition de son père en était un, peut-être le plus lourd à porter mais… elle refusait consciemment et catégoriquement de le laisser partir, elle abhorrait la simple pensée de croire en sa mort. Et, tel un cycle qui persistait, les émotions reprenaient rapidement le dessus ensuite. Le reste, elle n’en avait sans doute pas encore connaissance. Mais, avec l’arrivée presque providentielle de cette Jedi, de nouveaux horizons s’ouvraient à elle et l’espoir renaissait. C’était l’aide qui lui manquait, la présence qui lui faisait défaut. L’exutoire que lui offrait Yann, durant leurs rencontres, n’était que passager et alors que Lauren gagnait en compréhension et maturité, il était plus ardu pour elle de s’en tenir uniquement aux paroles. Silencieusement, les yeux fixés sur le visage de son interlocutrice, l’apprentie lança une prière, une sourde mais ô combien éloquente prière, pour que cette fois-ci soit la bonne, pour qu’enfin elle puisse bâtir quelque chose et suivre sa voie.

Au fur et à mesure, la clameur qui s’élevait depuis grande salle d’entrainement faiblissait. Certains maitres et leurs nouveaux padawans partaient maintenant dans des directions différentes et délaissaient l’endroit à l’origine de l’engouement général pendant les heures précédentes.

Lauren regretta presque d’avoir crié victoire aussi vite. « Ne jamais faire passer la charrue avant les bœufs » avait-elle entendu au cours de leur périple. Elle en comprenait mieux l’essence, désormais. Elle avait ressenti le doute et l’hésitation qui s’insinuaient dans les paroles non voilées du maitre. Ce fut un court instant, intense, avant que la Jedi ne reprenne. L’apprentie, faisant un pas conséquent de plus vers le rang de padawan, lâcha un fort soupir de soulagement, rédempteur. Elle ne put se retenir et enserra la Jedi de ses bras endoloris. Son visage brillait, rayonnait de milles feux au centre de ses cheveux argentés. L’échange silencieux ne dura que quelques secondes, rapides. Pour la troisième fois de la journée, elle pleurait. Mais à ce moment, c’était des larmes de joie que Lauren ne se sentait pas d’écraser. Le maitre se leva alors en la mettant en garde du chemin qui l’attendait, d’un ton plus austère. Des efforts, du travail, de la persévérance mais également des décisions dures, une voie sombre, âpre.

« Vous me donnez la seule chance que je n’ai jamais eu de ma vie. Vous êtes la première personne en trois années à venir vers moi de la sorte. Vous avez d’ores et déjà fait bien plus que n’importe qui dans ce temple et cette chance est tout ce qui compte pour moi. Je suis prête à fournir tous les efforts nécessaires et plus encore. »

La main tremblante, elle prit doucement celle de la Jedi d’un geste solennel dont elle ne mesurait peut-être pas aussitôt les implications futures. Mais là, dans cette salle où elles n’évoluaient que toutes les deux, une ardente détermination de ne pas décevoir cette Jedi l’animait. La joie se mêlait au sérieux et la jeune fille peinait à garder une expression neutre. En sortant ainsi de la salle d’entrainement, elles s’étaient séparées peu après avant que le maitre ne lui laisse une dernière instruction : elle devait la retrouver le lendemain, à une heure matinale, dans une salle de méditation en ne dévoilant rien de plus. Le Jedi s’en fut et Lauren réalisa alors, non sans un certain amusement, qu’elle ne connaissait toujours pas l’identité de celle qui était devenue la personne la plus importante dans sa vie.

Durant la soirée qui suivit, Lauren ne fut qu’une boule de nerf excitée. Elle fonça rencontrer Yann pour lui annoncer la bonne nouvelle, qu’il accueillit avec un sourire paternel et une joie non dissimulée. Il n’omit pas de la prévenir que, de ces mots, « la balle était dans son camp » et que rien n’était encore joué. Selon lui, le plus dur restait à faire. La jeune fille aux cheveux argentés acquiesça vigoureusement mais Yann doutait réellement de son attention, tant l’excitation était palpable. Elle s’en retourna vers le réfectoire et mangea même avec appétit ce soir-là. Malgré toute cette énergie, la fatigue reprit le dessus et elle tomba telle une pierre dans un sommeil plus que nécessaire.

Sous le soleil à peine levé, peu avant huit heures du matin, les bâtiments et la flore se dessinaient partout en ombres chinoises dans un mélange de couleurs froides et chaudes. Sur les feuilles des plantes, des gouttes de rosée perlaient et mouillaient les pieds de Lauren qui traversait les allées encore peu empruntées. Elle s’arrêta quelques secondes pour admirer la vue que ce paysage lui offrait et chérissait ces moments là, sensible à cette paisible beauté naturelle. La salle de méditation n’était qu’à quelques minutes à pied et des courbatures entravaient ses mouvements trop amples même si ce n’était rien d’insupportable. Après un escalier d’à peine une vingtaine de marches, elle déboucha dans la pièce silencieuse et vide, sobre. A en juger par cela, la Jedi n’était pas encore arrivée et Lauren se félicita d’être ainsi en avance. Elle réajusta sa tenue sur ses épaules que le froid ambiant venait caresser et attendit le maitre avec impatience pour ce qui serait le début d’une journée nouvelle !
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Saery, levée depuis déjà deux heures, avançait d’un pas déterminé vers les salles de méditation. Elle devait son air agacé à sa rencontre avec maître Oel-kin, il était celui qui enseignait le sabre à Lauren, celui-là même qui avait mis en garde Saery au sujet de cette jeune fille un peu trop perdue au goût des autres Jedi. Ce matin-ci, il n’avait pas manqué de l’attendre au tournant après avoir appris que la novice avait rendez-vous avec maître Vespen. Selon lui, cette sentinelle était une véritable empêcheuse de tourner en rond ! Qu’aurait-il dit s’il savait qu’elle était, en fait, une ombre ? Car, à première vue, cette voie n’était pas du tout faite pour Lauren. Et pourtant, elle était une sérieuse candidate au poste de padawan d’une Jedi qu’il estimait être l’une des plus laxistes du temple.

Les nombreux avertissements du vieil homme avaient réussi à fatiguer Saery alors qu’elle se levait à peine. Cette journée promettait déjà... Mais, maître Vespen n’était pas du genre à se laisser abattre ! Quand elle arriva devant les marches, là où elle avait donné rendez-vous à Lauren, elle s’arrêta, puis elle crispa son visage qu’elle tapota de ses deux mains. Elle soupira, relâcha ses épaules et s’élança à nouveau, un peu plus sereine. Il ne fallait pas mal paraître devant la jeune Lauren ! Elle peinait bien assez ses propres émotions sans avoir à gérer celles des autres.

Saery grimpa la dernière marche en balançant ses bras comme si elle était toute fière d’arriver enfin. Son nez, qui était en l’air pour accentuer son entrée royale, se baissa pour la laisser voir la porte qui donnait sur la salle. Lauren ne l’attendait pas ici. Elle était sûrement déjà à l’intérieur. Ç’aurait été décevant si elle n’y était pas ! Après quelques pas rapides, Saery ouvrit la porte et trouva la jeune fille qui patientait là. De sa main droite, elle la désigna chaleureusement avant de la rejoindre.

— Ah, Lauren ! Tu es déjà là, je vois ! Lança-t-elle, sans se donner la peine de parler plus bas ou de préserver l’atmosphère sacrée qui régnait en ces lieux.

Arrivée au niveau de la fille, Saery fit semblant de bien balayer la salle du regard, en plissant les yeux.

— Tu es à l’heure, toi, au moins ! Insista-t-elle, plus fort encore.

La voix de la jeune femme résonna quelques instants avant qu’une autre porte ne s’ouvre et qu’un garçon à la peau verte n’entre en vitesse. Il portait une grosse valise qu’il tenait à deux mains. Elle avait l’air lourde et tapait contre ses jambes tant il était pressé.

— Maître Vespen ! Je... je suis là ! Dit ce dernier, en essuyant la sueur qui perlait sur son front.

— Tu es en retard !

— Mais, je viens de vous entendre arriver alors je...

— Je suis en retard et tu arrives après moi. Tu es donc : en retard ! Tu sais ce qui t’attend ?

Elle lui fit les gros yeux, comme si elle allait l’enguirlander comme il ne l’avait jamais été ! Le padawan serra les dents et déglutit en silence. Son maître l’avait prévenu qu’il allait lui falloir marcher droit, mais il ne s’attendait pas à ça ! Puis, d’un coup, il s’interrogea. Le visage de maître Vespen s’éclaira. Elle... riait ?

— Je te taquine, enfin ! Merci pour les sphères. Tu peux rejoindre ton maître !

Le jeune homme cligna des yeux à plusieurs reprises. Il ne comprenait pas tout, mais il était tiré d’affaire ! Il s’inclina et partit comme il était venu, essoufflé.

Une fois le padawan disparu, Saery se jeta presque sur la valise. Elle la mit sur le plat et la tourna vers elle, fit sauter les deux épaisses attaches métalliques et l’ouvrit. À l’intérieur, elle trouva dix grosses billes d’acier. Parfaitement lisses, elles reflétaient le visage souriant de la jeune femme. Cette dernière en attrapa une et la montra à Lauren comme s'il s'agissait d'un trophée. La sphère faisait bien quinze centimètres de diamètre. Dix d’entre elles pesaient bien leur poids !

— Ces petites billes, que notre jeune ami nous a amenées, vont nous servir à illustrer ton niveau de calme intérieur. Pour commencer, tu vas t’asseoir... Hm, voyons...

Saery se leva et observa à nouveau chaque recoin de la salle. Elle était si grande et vide : Lauren aurait très bien pu rester où elle était. Mais, non ! Saery en décida autrement ! Du bout de son index, elle désigna un endroit qui semblait être choisi au hasard.

— Ici ! Au milieu du cercle. Attend voir...

La Jedi remit la sphère à sa place avant de mettre sa main à plat au-dessus de la valise. D'un geste aérien, elle invita les billes d'acier à léviter. Avec une grâce certaine, celles-ci suivirent le mouvement que Saery leur décrit du bout des doigts. Les unes derrière les autres, les dix orbes serpentèrent dans les airs avant d'aller se poser une à une pour dessiner un cercle proche de la perfection. Maître Vespen ajusta la manche de sa bure qui avait glissé et s'approcha des globes.

— Bien, Lauren ! Plutôt que de te faire décrire longuement ta perception de la Force, je préfère t'observer grâce à ce petit exercice. Pour faire simple : tu vas méditer. Concentre-toi bien, car je veux que tes pensées ne soient tournées que vers ces sphères. Dans ta transe, tu devras les faire léviter.

Saery se mit à faire le tour du cercle en avançant d'un pas lent et solennel.

— Les soulever les dix n'est qu'une formalité, n'est-ce pas ? Enchaîna Saery, tout sourire. C'est pour cela que je veux que tu le fasses pendant que tu auras les yeux fermés, en pleine communication avec la Force. Tout ce que je veux, c'est que tu en lèves au moins une et que tu la gardes en l'air. Je veux qu'elle soit stable, immobile ! Si tu sens que tu peux maintenir l'un de ces globes dans cet état sans trop d'efforts, alors tu passeras au suivant et ainsi de suite.

Maître Vespen s'arrêta. Elle ne souriait plus : il était l'heure des choses sérieuses !

— Attention, cependant : le nombre de sphères n'est pas le plus important. Je veux... hm, non... J'exige qu'au moins une sphère soit maintenue de manière stable et durable, me comprends-tu ? Se reprit la Jedi.

Son regard se planta dans les yeux de la jeune fille. Sans un mot, elle chercha à lui faire comprendre qu'elle attendait un investissement total durant cet exercice.

L'intuition qu'avait eue Saery au sujet de Lauren était probablement la volonté de la Force, mais maître Vespen appréciait les choses concrètes. Si le destin de la novice était bel et bien de rejoindre Saery, elle continuerait d'être guidée vers elle. Ces orbes devaient voler !


Lauren Aresu
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Lauren ressentit un soulagement intense lorsque le maître passa finalement la porte de la pièce. Elle se remémora la scène de la veille, scène qui avait mené à cette rencontre. Devant son aspect surréaliste dans l’esprit de la jeune Echani, elle avait même douté, pendant un instant, face au silence, qu’elle fut vraie et craignit que le maître ne se montre jamais. Mais immanquablement armée de la bonne humeur qui avait tant plu à l’apprentie, la femme à l’apparence juvénile arrivait étonnamment à passer d’un visage fermé et ombrageux à une expression cordiale et chaleureuse en un claquement de doigts. Cela se confirma rapidement lorsqu’un pauvre padawan — grâce à qui Lauren put enfin mettre un nom sur ce minois — que maître Vespen s’amusa à tourmenter gentiment, apporta les sphères qui serviraient l’exercice qu’elle lui avait préparé.

D’impeccable facture, les « petites billes » réverbéraient avec vigueur les rayons solaires. Lauren apercevait le reflet des mouvements graciles de maître Vespen s’étirer et se déformer sur la sphéricité des billes d’une captivante manière. Elle s’approcha doucement et prit place à l’endroit désigné. Avec souplesse, mue par l’acharnement de la répétition, elle croisa ses jambes de sorte à adopter une position en tailleur. Sa respiration se calma. Devant elle, la Jedi déplaça les sphères grâce à la Force. La maîtrise de celle-ci était si parfaite, les unes derrière les autres à la façon d’un serpent au sang-froid, que Lauren en resta coi. Elle ressentait à travers le fameux voile la sérénité et la positivité qui émanaient de son interlocutrice. Cela rejaillissait sur l’apprentie au centuple et elle se sentait résolue et volontaire pour l’exercice à venir. Attentivement, elle simula mentalement les instructions données, elle s’imprégna de l’ambiance studieuse. Là, à quelques dizaines de centimètres d’elle, reposaient les sphères brillantes. Chacune paraissait peser son poids, mais elle passa outre cette pensée déconcertante. Lauren soutint le regard de maître Vespen pendant plusieurs secondes, le ponctuant d’un ténu signe de la tête. Si à l’extérieur, elle semblait calme pour une fois, à l’intérieur, elle avait conscience que son avenir dépendait de ses résultats, ajoutant une pression inconfortable.

Méditer, elle savait le faire. Manipuler des globes d’acier grâce à la télékinésie, c’était facile. Effectuer l’une et l’autre action de concert ne devait pas être si difficile, pensa-t-elle. Lauren était adroite dans l’utilisation de ses pouvoirs. Elle ferma les yeux. Maître Vespen courbait sa perception de la Force par son aura, elle constituait un point fixe et constant. Aussi, l’Echani décida de se focaliser dessus pour méditer, d’orienter ses sens vers ce repère immuable à côté d’elle et de les fermer à tous les parasites. Elle inspira par le nez, une longue aspiration qu’elle souffla par la bouche entre ses lèvres pincées. Son esprit tendait vers l’empreinte du maître et effaçait les alentours. Au bout de quelques minutes, elle jugea son état stable et sa concentration suffisante. Petit à petit, Lauren laissa sa perception s’élargir. La complexité de cette simple volonté l’étonna, mais elle reporta aussitôt son attention sur la Jedi et se rééquilibra. Elle exécuta une nouvelle tentative, plus délicatement encore, et son esprit rencontra finalement une première sphère. L’enthousiasme la gagna et sa contention se détériora. Depuis combien de temps son manège durait-il ? Quelques minutes ou presque un quart d’heure ? Lauren l’ignorait, mais elle savait une chose, elle n’avançait pas. Inflexible, elle se ressaisit et se focalisa à nouveau vers maître Vespen. Elle ne ressentait toujours pas d’impatience ce qui eu pour effet de la soulager. Au bout d’un moment, elle reprit confiance et déploya sa perception, réitérant la méthode. Elle redoubla d’efforts puis parvint à approcher la première bille de métal qu’elle souleva. Le lien entre la méditation et la télékinésie demeura pendant moins d’une seconde avant que l’aura du maître ne se distancie d’elle. La balise qu’elle avait créée glissait progressivement entre ses doigts pendant que l’objet vibrait, instable, à une dizaine de centimètres au-dessus du sol. Comme un immeuble aux fondations fragiles durant un tremblement de terre, tout s’écroula finalement. La sphère retomba lourdement par terre et Lauren rouvrit les yeux, frustrée. Elle s’était surestimée.
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La novice ne parla pas et se mit directement à la tâche. Une fois que cette dernière eut les yeux fermés, Saery laissa sa satisfaction s’exprimer avec un petit sourire en coin. Bien qu’elle ait des difficultés, Lauren était motivée et cela se ressentait à travers tout son être. Maître Vespen pouvait se vanter de ne pas avoir choisi la moins vaillante.

Quelques minutes passèrent et Saery ne sentait toujours rien se produire, mais ce n’était pas grave. La méditation était un art qui demandait beaucoup de patience. Se plonger dans la Force requérait beaucoup de concentration et de rigueur, il fallait savoir laisser aux choses le temps de se faire. Lauren connaissait la Force, mais elle n’en avait encore qu’effleuré la surface. Il lui restait à la comprendre, à vivre en harmonie avec elle et à devenir l’instrument de sa volonté.

Maître Vespen, immobile, debout derrière son élève, attendait patiemment que les premiers signes invisibles de la relation entre Lauren et la Force se fassent sentir. Elle ferma ses paupières avant d'expirer en silence. Puis, quelques instants plus tard encore, elle eut l'impression d'être observée, appelée. Ce n'était pas une perturbation dérangeante, bien au contraire : il s'agissait de Lauren. Saery ne comprit pas de suite les raisons de cette sensation que lui imposait la novice. Cherchait-elle à lui montrer ce dont elle était capable ?

La Jedi haussa les sourcils, inclina la tête et rouvrit les yeux. Elle se questionnait sur les méthodes de la fille et ne prêta pas de suite attention à la seule sphère qui s'était mise à léviter. Elle fit quelques pas en arrière et se retira de la conscience de Lauren qui furetait autour d’elle. Cela suffit à déstabiliser la jeune fille : le globe tomba et roula doucement au loin. Saery pensa à le rattraper grâce à la Force, à le faire revenir, mais elle estimait que cette irrégularité dans le cercle dessinait une belle image des conséquences d’un échec.

Heureusement, l'on pouvait tirer de grandes leçons de ses erreurs. La Jedi exposa donc ses premières observations afin d'aider la jeune fille :

— Tu te précipites, Lauren. Pour que ton esprit soit en paix, tu dois savoir maîtriser ton entrain. Tu veux bien faire, je le sens, mais cette pensée te rend nerveuse. Ne laisse pas tes attentes ou tes résultats te préoccuper. Une fois que tu as pris une décision, détache-toi de tout ce qui peut te troubler et ne songe qu'à la tâche à accomplir.

Les bras croisés, maître Vespen avança de quelques pas lents pendant qu’elle parlait. Elle passa à côté de Lauren finit par s'asseoir non loin des sphères. Elle sourit à la fille, puis inspira en mimant le geste de ses deux mains avant d'expirer en poussant lentement l’air avec ses paumes, comme pour donner l’exemple.

— Concentre-toi sur la Force. Entre en communion avec elle. Sens la vibrer à travers la galaxie, à travers toi. Laisse-toi porter par elle et sers-toi de cette occasion pour observer le monde qui t'entoure avec un regard nouveau. Quand ce lien particulier sera assez puissant, tu pourras lui demander de faire léviter ces sphères. Mais, retiens que ce n’est que tant que tu seras capable de te maîtriser, que ni la joie ni la crainte ne briseront ta concentration, que la Force te laissera pleinement t’exprimer à travers elle.

De toute évidence, Lauren n’avait pas attaqué l’exercice sous le bon angle. Elle devait être guidée, mais Saery n’était pas là pour que l’on prenne appui sur elle. Doucement, discrètement, elle effaçait sa présence dans la Force. La novice devait être capable de surmonter cette épreuve, seule.

Maître Vespen se doutait que ses indications, peut-être un peu obscures pour les moins aguerris, ne suffiraient pas forcément à guider la jeune fille vers le droit chemin. Cependant, elle aimait l'idée de la laisser avancer à tâtons. Il était clair qu’elle ne s'était jamais essayée à ce type de méditation auparavant. L'observer était captivant, voire même amusant.

C'est donc sans ajouter un mot qu'elle invita Lauren à reprendre l’exercice.


Lauren Aresu
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D’une torsion du bassin, Lauren se retourna vers le visage avenant du maître. Son expérience découlait de toutes ses paroles et, avec une déconcertante facilité, elle posait le doigt sur les erreurs de la jeune fille. Comment deux actions maîtrisées séparément avec aisance pouvaient-elles devenir si complexes lorsqu’elles étaient effectuées au même moment ? Si d’une part, elle comprenait le sens des conseils que maître Vespen prodiguait, de l’autre, l’accomplissement demandé paraissait si lointain. Un peu à la manière d’un enfant qui sauterait sur place pour attraper un objet hors de sa portée sans jamais y arriver. De cette manière, si ses résultats ne devaient pas entraver ses pensées, il semblait à Lauren qu’on lui demanda de mettre la main sur cette boîte de gâteaux bien trop haute pour elle. Malgré tout, si la Jedi sollicitait cela, la jeune initiée devait en être capable ce qui la rassura.

« D’accord. Je suis désolée, Maître. » Répondit-elle d’abord d’un ton monocorde avant de reprendre le fil de ses réflexions. Toujours très observatrice du faciès des gens, elle comptait dessus pour essayer de percer leurs perceptions. Elle fut apaisée de ne pas déceler, au premier abord, du mécontentement et chassa ainsi toute forme de découragement. La Jedi s’installa à côté d’elle de quelques pas feutrés. L’Echani lui rendit son sourire chaleureux et répéta ses gestes.

Lauren réalisa que tout problème pouvait être contourné. Comment ferait un enfant trop petit pour se saisir de ses biscuits ? Il prendrait un tabouret par exemple ! Elle réfléchit. Comment pourrait-elle s’aider de quelque chose alors que ce que l’on requérait d’elle se révélait si abstrait ? Elle raisonna grâce à une allégorie. La méditation et la télékinésie constituaient deux points différents dans la Force. Pour parvenir à ce qui lui était demandé, elle devait maintenir entre ces deux actions un fil qui représentait cette Force. Trop tendu, il casserait aisément. Trop lâche, l’instabilité gagnerait. Lauren était contrainte d’entretenir l’exacte tension nécessaire. À nouveau, elle ferma les yeux, tranquillisée. Elle fut néanmoins perturbée de découvrir que l’aura du maître avait disparu. Sa présence ne déformait plus sa perception et il lui fut impossible de s’appuyer dessus. Elle dirigea son attention entière sur ses ressentis à travers la Force, appliquant les consignes. Au début, elle se sentit assaillie par toutes les informations brutes et elle eut l’impression qu’elle tentait de boucher une gigantesque fuite à l’aide d’un petit bouchon de liège. Le fil se matérialisa dans son esprit. Loin d’être parfaitement stabilisé, des vagues et remous incontrôlables le parcouraient.

Petit à petit, tout ce qui lui parvenait se décanta. Elle se battit mentalement, son effort visible aux yeux agités derrière ses paupières closes. Elle prit de nouveau plusieurs longues respirations, la tempête sur le fil se calma en partie. Proche d’elle, Lauren percevait les sphères dorénavant au nombre de neuf. Elle resserra progressivement son attention sur elles. À la différence de son essai infructueux, elle n’ignorait pas complètement ce qui l’entourait mais elle se posait en « point de passage » sans influer sur ce qui la traversait. Elle prit conscience que tant de choses se déroulaient dans ses environs sans qu’elle ne s’en rende compte et le péril était de s’y perdre. Un certain temps s’écoula pendant lequel Lauren se familiarisa à ces sensations auxquelles elle n’était pas habituée. Son esprit s’enroula autour de la bille de métal et l’excitation menaçait de percer ses barrières mentales. Elle agit peu à peu sur l’objet qui monta dans les airs en oscillant. Pendant presque une minute et demie, elle demeura ainsi pendant que Lauren œuvrait d’arrache-pied pour la stabiliser. Le fil n’était toujours pas tendu, il formait une cuvette et la sphère décrivait un petit cercle. Par réflexe, l’initiée reprit le contrôle et le fil se tendit subitement. Il se rompit alors qu’elle perdait l’emprise dessus. La boule s’écrasa violemment dans la cloison à droite et y laissa une trace profonde d’environ un centimètre.

Le visage penaud, elle rouvrit doucement les yeux, s’accoutumant à la lumière plus agressive.

« J’y étais presque ! Je le sentais ! Mais… – La jeune fille darda un regard confus vers le mur et la bille puis revint vers le visage de maître Vespen dans l’attente d’une réponse et d’une aide. »
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Saery, dérangée par une faible intuition, observait patiemment Lauren. Puis, comme si tout s'accélérait, l'impression devint une vision. La Jedi, qui savait ce qui allait se passer, ne fut pas surprise de voir la bille foncer contre le mur. Cependant, elle était perplexe, comment la novice s'y était-elle prise pour arriver à ce résultat ?

La situation ne convenait pas à maître Vespen. Après tout, cet exercice n'impliquait aucune violence. Alors pourquoi cette sphère était-elle allée s'écraser contre le mur avec tant d'énergie ? Lauren l'avait-elle fait exprès ? Certes, Saery ressentait une certaine frustration chez la fille, mais elle ne l'imaginait pas expulser l'orbe de rage pour autant !

Pensive, elle ne prêta que l'une de ses oreilles à la novice. Ses yeux étaient tournés vers la trace qu'avait laissée la sphère sur le mur. Elle prit quelques secondes pour réfléchir avant d'enfin répondre à Lauren.

— Mais... tout s'est emballé. Dit-elle, comme si elle songeait à toute autre chose.

D'un coup, Saery se leva puis croisa les bras. Elle se mit à faire les cent pas. Au bout d'un moment, l'une de ses mains vint frotter son menton. Elle réfléchissait du mieux qu'elle pouvait aux raisons de cette perte de contrôle, mais ses pensées ne pouvaient s'empêcher d'aller vers la remise en question de son interprétation des signes de la Force. Et si son destin était bien d'être auprès de Lauren non pas pour l'éduquer, mais uniquement pour la surveiller ?

L'ombre avait de grandes connaissances au sujet des Jedi qui commençaient d'abord par doucement s'éloigner du droit chemin pour ensuite devenir complètement imprévisibles. Peut-être que son devoir était d'empêcher Lauren d'en apprendre plus pour lui éviter ce sombre destin ? Elle s'arrêta et jeta un oeil à la fille par-dessus son épaule avant de demi-tour pour revenir vers elle.

Sans mot dire, elle balaya les sphères à l'aide d'un vent impalpable qu'elle invoqua d'un lent geste de la main. En posant un genou à terre, elle attrapa le visage de Lauren qu'elle leva doucement vers le sien. Alors, la Jedi déploya à nouveau toute son aura au sein de la Force. Comme pour écraser celle de la novice, pour la saisir et l'immobiliser, Saery lança toute sa conscience contre celle de Lauren.

Les yeux violets de la Jedi se plissèrent pour affûter son regard déjà perçant. En silence, maître Vespen sondait l'esprit de son élève qu'elle tenait au creux de sa main. Pourquoi n'arrivait-elle pas à commencer ce simple exercice dans le calme et la sérénité ? Pourquoi cette violence inutile ? Si Lauren lui cachait de sombres secrets, elle finirait par les découvrir.

Cependant, Saery ne trouva rien. La jeune fille semblait pure et innocente. Sa frustration n'engendrait pas de rage ou de colère, le côté obscur n'avait rien à voir avec le creux dans le mur. Alors pourquoi ?

Le regard inquisiteur de maître Vespen disparut pour laisser à nouveau place au visage impassible d'une Jedi qui ne comprenait toujours pas ce qui venait d'arriver. La main qui tenait le menton de Lauren glissa jusque sur son épaule pour la serrer et la tapoter. D'un sourire entendu, Saery tenta de rassurer la novice. Elle n'avait pas été agressive, mais sa démarche fut très intrusive. Seulement, elle ne pouvait pas se permettre de douter.

Saery se releva sans sortir de ses pensées. Bien que Lauren était touchante et pure, la brutalité avec laquelle la sphère avait filé inquiétait terriblement la Jedi. Finalement, elle avoua :

— Je ne comprends pas.

Elle prit le temps d'observer tour à tour le mur, Lauren, puis le globe égaré.

— Ce n'est pas une réaction normale. Rien en toi n'aurait dû causer ceci... Comment maintenir un objet en équilibre peut-il finir ainsi ?

Le regard de Saery revint sur la fille. Peut-être l'angoissait-elle trop ? Pour dédramatiser, elle sourit avant de laisser s'échapper un petit rire.

— Je te demande de garder une sphère immobile... et tu me la transforme en boulet de canon ! Il y a des limites à l'échec, novice ! Lança-t-elle avant de vivement décoiffer Lauren. Tu vas reprendre une dernière fois. Ne te concentre que sur l'arme du crime.

D'un geste, elle ramena l'orbe qu'elle avait expulsé à pleine vitesse et la fit atterrir devant son élève.

— Médite, à nouveau. Et prends ton temps. Aussi, tu ne pousses pas la sphère. Tu ne la tires pas non plus : tu l'accompagnes. Sens comme la Force est puissante et agis à travers elle. Je ne t'apprends rien de nouveau, mais c'est une épreuve élémentaire que tu dois réussir. Au travail, maintenant !





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Ignorante de cet entraînement qui pesait tant sur les épaules de la jeune Lauren, la vie s’éveillait progressivement dans l’enceinte du temple Jedi. Le paisible gazouillis des oiseaux au milieu des frondaisons encore rafraîchies par la rosée matinale s’accordait maintenant avec les conversations qui résonnaient entre les murs. À l’opposé de cette atmosphère allègre d’un début de journée ensoleillée, un silence studieux entourait Maître Vespen et Lauren, concentrée dans sa tâche. Les yeux fixés sur la cloison en face d’elle, l’apprentie sentait — ressentait même — ce regard empli d’incompréhension mêlé d’une lueur réprobatrice qui la sondait. Pourquoi n’y arrivait-elle pas ? Jusqu’ici, et elle ne manquait pas d’en parler avec entrain à Yann qui la félicitait toujours d’un sourire fier, elle réussissait ses entraînements et ses méditations avec facilité. Et là, au moment où cela comptait le plus, l’échec marquait son esprit au fer rouge. Devant la perplexité de la Jedi, Lauren aurait voulu se justifier, expliquer ce qu’elle ressentait. Mais c’était inutile. En plus de ne pas avoir les mots justes, sa justification — et cette unique réflexion suscita un profond malaise en elle — représentait plus la recherche d’une excuse personnelle à sa faute plutôt qu’une réelle cause. Le maître se rapprocha, leurs visages face à face. Lauren se pétrifia puis elle secoua faiblement la tête, désorientée.

« Je ne pousse pas la sphère… Je ne la tire pas non plus… répéta-t-elle. J’y arriverai, je le sens. » Elle ajouta cela à la manière de quelqu’un qui réfléchissait à voix haute. 

L’initié réajusta sa position, devenue inconfortable. Ses mains reposaient, délestées de toute tension, sur ses genoux. Ses paupières se refermèrent et son souffle se fit constant et régulier. Une unique sphère trônait devant elle : la sphère du succès pointée par la Jedi qui avait balayé le cercle. Toutes les billes avaient roulé, emportées par l’élan. Plusieurs « toc » sourds signalèrent leur rencontre avec un mur. Lauren était d’une immobilité presque effrayante. Seule sa poitrine se soulevait au rythme de ses respirations, chaque expiration sifflait légèrement. Des rides, témoins de son extrême concentration, striaient son front habituellement lisse. Ses sourcils s’arquaient. De temps à autre, un spasme secouait délicatement l’une de ses mains, mais elle n’y prêtait aucune attention. Un initié, sans doute encore jeunot, courut dans l’escalier qui menait à la salle et continua son chemin d’un pas lourd qui vibrait jusqu’à ce qu’il s’éloigne enfin. Elle n’eut aucune réaction, pas même une expression d’ennui qui aurait pu glisser sur son visage. Dans un silence si royal qu’il en devenait presque bruyant, plusieurs longues minutes s’écoulèrent et toujours rien ne bougeait autour de l’apprentie. À la regarder, on eût dit qu’elle s’était détachée du temps, qu’une bulle l’entourait et l’isolait de tout ce qui se déroulait dans la galaxie.

Puis, doucement, parfaitement fixe et stable, la sphère s’éleva au niveau de son visage. Elle resta ainsi un moment. L'image de ce fil blanc, parfaitement tendu, s'étirait toujours derrière ses paupières. Il matérialisait le semblant de paix qu'elle avait enfin réussi à approcher. Sa conscience s'enroulait autour de la bille qui tenait toujours, mais cette fois-ci elle ne cherchait pas à exercer une force sur elle, à insuffler un quelconque mouvement. Le contrôle que Lauren portait sur la boule de métal ne faiblissait pas tandis que les points, de chaque côté du fil, s'équilibraient. Elle sentait pourtant, là tout proche, comme une bête courroucée d'être retenue en cage, ses émotions battre. Elle se concentra plus fort encore sur la sphère. L'euphorie la prenait à la gorge mais elle tenait. Et même, lancée dans sa réussite, elle fureta pour chercher la sphère du premier essai, qui s'approcha et rejoignit l'autre face à l’apprentie. Sur le visage Lauren, plus aucune ride ne barrait son front. Un sourire fuyant apparut et disparut. Lauren les reposa ensuite et sauta directement sur ses jambes ankylosées.

« Oui ! Oui oui oui ! J’ai réussi ! lâcha-t-elle en sautillant. Enfin ! »

Elle était restée si longtemps immobile, depuis le début de l’exercice, que des impatiences couraient le long de ses bras et de ses cuisses comme des petites aiguilles qui piqueraient sa peau. Elle n’y prêta guère d’attention, mais elle sémillait, rayonnante à nouveau.

« Merci, maître. Merci ! » Elle mesurait l’importance de ces conseils et de la leçon du jour. Si de nombreuses notions demeuraient obscures, elle saisissait mieux le rapport qu’elle devait entretenir avec la Force. Elle planta son regard plein de gratitude dans celui de maître Vespen.
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Saery, qui s'était assise pour mieux voir les sphères, se leva pendant que Lauren sautillait de joie. La jeune fille avait l'air si heureuse de réussir cet exercice qui était, a priori, si simple ! Maître Vespen estimait qu'il n'y avait pas de quoi crier victoire. Cependant, malgré tout son pragmatisme, elle ne put s'empêcher de rendre son sourire à la novice. Cette dernière était sincèrement reconnaissante et ses yeux pleins d'étoiles étaient une arme mortelle pour le stoïcisme dont Saery tentait de faire preuve. Machinalement, elle hocha la tête pour répondre aux remerciements de la fille avant de la reprendre :

— Du calme, du calme. Nous sommes dans un lieu de paix.

La jeune femme savait très bien qu'elle avait elle-même parlé très fort lors de son arrivée dans la salle, mais il lui fallait une raison pour inciter Lauren à se contrôler un peu plus. Exprimer sa joie était une bonne chose, mais il ne fallait qu'elle se déconcentre !

— Et nous n'en avons pas fini ! Voyons, nous avons bien pris deux heures pour en arriver là... Ce qui nous laisse largement le temps pour commencer la suite de ton évaluation.

La méditation était un art qui requérait beaucoup de patience. C'était d'autant plus vrai lorsqu'il s'agissait d'observer quelqu'un à l'oeuvre, mais les maîtres Jedi savaient prendre sur eux autant qu'il le fallait. De plus, les résultats obtenus étaient satisfaisants pour en devenir captivants. Lauren avait fait preuve d'une grande maîtrise d'elle-même en maintenant les sphères parfaitement immobiles durant plusieurs dizaines de minutes. Cela montrait qu'elle pouvait se contrôler ! Cependant, l'expérience avait été réalisé dans des conditions favorables.

L'idéal était que élève soit capable d'une telle concentration dans un contexte bien moins serein. Et, pour cela, maître Vespen avait un exercice tout trouvé;

— Bien, passons donc tout de suite à ta prochaine épreuve ! Lança-t-elle avant de se frotter les mains, comme si elle était impatience de passer à la suite. Tu vas devoir faire preuve de courage, Lauren. Tu vas devoir récupérer quelque chose pour moi.

La malice de Saery se lisait sur le sourire qu'elle faisait semblant de ne pas réussir à cacher. Alors qu'elle était très au courant de son environnement, la Jedi regarda par dessus son épaule, d'un côté puis de l'autre, pour vérifier qu'il n'y avait bel et bien personne dans la salle. A pas feutrés, elle s'approcha un peu plus de son élève pour lui parler tout bas :

— Maître Oel-kin garde toujours le même sabre d'entraînement sur lui. Je veux que tu le lui prennes sans qu'il ne s'en aperçoive et que tu me le ramènes.

Ce sabre allait être difficile à obtenir, mais la tâche n'était pas impossible ! Après tout, Saery savait très bien qu'elle ne pouvait pas demander à Lauren d'aller lui quérir la véritable arme de son instructeur. Le lien entre les Jedi et leur sabre était bien trop puissant pour qu'il ne s'aperçoive pas de sa disparition ! Lauren connaissait bien le maître car il était celui qui l'entraînait au sabre. Peut-être connaissait-elle l'une de ses faiblesses ? Cela lui servirait grandement pour mener sa mission à bien.

— Fais attention, car, si tu échoues, tu nous mets toutes les deux en grand péril ! Assura Saery en se reculant d'un grand pas pour accentuer tout son effet dramatique.

Peut-être qu'un échec les mènerait à devoir s'expliquer directement devant le conseil ! Saery ne pouvait pas s'empêcher de s'imaginer les pires scénarios, mais elle estimait que le risque de cette épreuve était un enjeu tout particulièrement stimulant ! Et puis, ce vieux Oel-kin méritait bien qu'on l'embête un peu.

Lauren Aresu
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Lauren fut tentée de demander au maître ce qu’elle pensait de ses résultats. Etaient-ils encourageants ? Ou bien sa réussite s’était-elle fait trop attendre ? D’un œil fuyant, elle tentait de lire le visage presque juvénile de la Jedi. Il ne paraissait pas fermé, ni même réprobateur. Voilà qui était rassurant même si elle ne fit pourtant aucun commentaire. Rapidement, la jeune Echani se raisonna : Maître Vespen ne lui proposerait pas une nouvelle épreuve si elle avait été profondément déçue. Soit elle était pour l’instant satisfaite de son implication soit il lui restait des choses à prouver mais rien d’irrémédiablement mauvais, supposa-t-elle fébrilement. Elle oublia sa demande alors que l’apparent calme de la Jedi se mua en une sorte d’excitation enjouée et Lauren tendit son oreille pour écouter la confidence.

« Prendre le sabre de Maître Oel-kin… » murmura-t-elle.

Son expression devint perplexe. Lauren espérait silencieusement que « prendre » signifiait « emprunter » et non « voler ». Puis, la seconde suivante, elle se sentit stupide. Pourquoi Maître Vespen irait-elle lui demander quelque chose de défendu ? Elle secoua la tête et lâcha même un petit rire discret, se moquant de sa propre bêtise. Et pourtant, déjà, la Jedi évoquait un grand péril. Perdue, l’initié laissa son regard s’enfuir dans un coin de la pièce. La mettait-elle au devant de conséquences sérieuses – qu’elle inventait peut-être – pour forcer sa concentration ? Malgré tout, prendre le sabre d’entrainement d’un maître sans son consentement ne figurait pas forcément sur la liste des actions que Lauren se serait amusée à faire. Et si l’Echani attendait plus de détails et d’explications, le maître ne lui en donna pas, face à elle dans une pose presque théâtrale. Lauren abandonna sa réflexion et préféra simplement, sans doute un peu facilement, se réfugier dans la confiance qu’elle avait pour Maître Vespen. Elle s’inclina poliment en tenant la promesse de réussir puis se glissa par l’entrée pour reprendre les escaliers qu’elle descendit pensivement. A chaque pas, les marches grincèrent, mélodie du bois vieilli.

Lauren traversa les couloirs vers la sortie. Lorsqu’une jeune fille d’à peu près son âge, pressée, fit irruption de l’angle droit d’un corridor, elles s’étalèrent ensemble dans un bruit sourd. Juste au coin, un imposant vase tremblota dangereusement avec de se stabiliser sur son socle, dérangé dans son immobilité.  L’initiée se releva rapidement, forçant sur ses genoux, et attrapa le bras de l’inconnue pour l’aider. Finalement, après s’être fixées pendant quelques secondes, elles éclatèrent de rire comme deux jeunes enfants puis échangèrent de brèves paroles, légères, avant de partir chacune de leur côté. Peut-être se recroiseraient-elles un jour, maintenant qu’elles n’étaient plus complètement étrangères l’une à l’autre.

Débouchant finalement à l’extérieur, face à la lumière crue et à l’air vivifiant, elle avança plus lentement encore sur un chemin pavé encadré de fleurs, leurs pétales colorés défilant lors d’un concours de beauté entre elles, chacune resplendissant plus que la précédente. De sa main droite, elle se massait doucement la tempe du même côté. Maître Oel-kin l’entrainait au maniement du sabre depuis plusieurs années. Parfois un peu bourru, c’était quelqu’un d’exigent mais de ses élèves, il connaissait les limites. Il était doté d’une patience rassurante. Prendre son sabre sans qu’il ne le sache, si toutefois elle y parvenait, était comme prendre quelque chose à un ami. L’apprentie était un peu rebutée à l’idée de le faire mais plus encore était-elle décidée à rendre Maître Vespen fière. Elle pourrait toujours s’excuser plus tard et mit donc de côté le tracas. Lauren se concentra finalement sur la meilleure manière de réussir. Elle fut presque tentée d’aller directement voir le maître, de lui expliquer ce que l’on attendait d’elle avec l’espoir qu’il lui donne le sabre de lui-même. Pourtant, Oel-kin accepterait-il que l’Echani use d’un stratagème si facile, d’un court-circuit ? De plus, la Jedi ne serait pas satisfaite et c’était un risque qu’elle ne souhaitait pas prendre.

Elle continua vers la salle d’entraînement où se trouvait sans doute déjà le maître. Le repas approchant, il n’y aurait probablement aucun élève et, comme à l’accoutumée, il serait seul en train d’inspecter l’état du matériel ou de méditer. Dans l’un et l’autre cas, il serait trop difficile pour l’initiée de pénétrer dans les lieux et d’en repartir avec le sabre sans éveiller les soupçons de Maître Oel-kin. Les grandes portes étaient closes et la jeune fille se hissa tant bien que mal sur la pointe des pieds pour essayer d’entrapercevoir, le plus discrètement possible, l’intérieur. Chancelante, elle ne put tenir que le temps de reconnaître l’homme penché sur deux sabres au sol. A sa ceinture pendait effectivement le fameux sabre d’entrainement. Lorsqu’elle s’éloigna de la salle pour partir manger, elle était encore plus soucieuse. Pour l’instant, elle ne parvenait pas à envisager une solution qui lui permettrait de décrocher l’arme sans que Oel-kin, maniaque qu’il était, ne s’en aperçoive.

***

Deux heures plus tard, le ventre bien rempli, l’esprit un peu embrumé par un coup de barre, Lauren se rapprocha une nouvelle fois de la salle d’entraînement qui, cette fois-ci, devait être occupée. En effet, à une dizaine de mètres à peu, les portes grandes ouvertes laissaient filtrer la clameur combattive qui animait ce contingent de jeunes initiés entre six et huit ans, à vue d’œil. Elle effectua un détour, sur le côté gauche du bâtiment pour passer par la porte qui donnait directement dans les vestiaires. Si Oel-kin gardait le plus clair du temps le sabre accroché à sa ceinture, elle préféra vérifier dans son bureau, le cœur battant à la chamade. Par chance et peut-être parce qu’en temps normal, aucun apprenti n’était supposé s’y trouver en l’absence du maître, la pièce était ouverte. D’un rapide mouvement de la tête, elle ne décela aucune trace du sabre. Il faisait déjà chaud et le bureau était une vraie fournaise de sorte qu’elle enleva le tissu qu’elle avait sur les épaules. L’Echani n’était pas habituée du tout à ces montées d’adrénalines, à cette pression créée par le fait d’outrepasser une règle. Les sens aux aguets, elle déploya sa conscience pour vérifier que personne n’arrive à ce moment inopportun. Rien, mis à part les esprits excités des jeunes combattants. Elle se faufila dans le couloir et partit en direction de la salle d’entrainement, deux virages plus loin. L’initiée marchait lentement avec une attention particulière à chaque pas. L’inspection des vestiaires était inutile mais, stressée, Lauren pria ardemment pour qu’une raison ou une autre, l’objet convoité s’y trouve. Pour autant, elle n’y accorda guère de temps. Pressée de retourner dehors, elle fit un rapide demi-tour, sans doute un peu trop rapide. Par terre, à cause d’un enfant probablement inattentif, une petite flaque d’eau suffit à faire glisser Lauren qui tomba de sa hauteur, sur le dos qui plus est dans un bruit qui résonna le long du couloir. Elle dévala les quelques marches qui la séparait de la porte de la salle, qui s’ouvrit en claquant alors qu’elle tamponnait dedans avec la force de l’élan devant les élèves ébahis qui éclatèrent en rires aigus et moqueurs. Les cheveux en bataille, le dos douloureux et les genoux rougis, elle se releva, raidie. Dans le coin de la salle, sur la gauche, Maître Oel-kin lui lança un regard noir.

« Je… suis désolé, Maître ! Je… Je… venais chercher… euh… une affaire oubliée dans le vestiaire et… je… une flaque d’eau et j’ai glissé ! » balbutia Lauren, embarrassée. Elle bouillait. Si parmi tous ces visages barrés d’un sourire elle avait pu savoir qui était celui qui avait renversé cette eau, elle lui aurait sauté dessus sans ménagement. Son excuse – fausse – serait-elle acceptée pour autant ? Au moins, tout n’était pas faux dans ce qu’elle avait « avoué ».

« Une flaque d’eau… Hmmm… Lauren, tu sais pourtant très bien que vous n’êtes pas autorisé à rentrer de la sorte. Tu aurais pu simplement attendre la fin du cours, je me trompe ? Qu’avais-tu oublié en plus ?
— Je suis profondément désolé, Maître. Ceci, dit-elle en montrant le vêtement qu’elle avait enlevé à peine dix minutes plus tôt, par chance !
Il fait un peu chaud pour que tu penses à récupérer ça. Bon… Allez, file. Que je ne t’y reprenne plus !
Oui, Maître. »

Elle marcha rapidement vers la porte ouverte pour s’enfuir du regard inquisiteur d’Oel-kin et des regards rieurs des élèves. Elle entendit les coups d’épée reprendre. La voilà qui retournait vraisemblablement au point de départ. Voir le sabre si proche d’elle mais ne pouvoir s’en saisir. Rageant.

Assise sur un banc dans le parc intérieur non loin, le soleil l’enveloppait d’une chaleur cuisante. Lentement mais sûrement, on arrivait au milieu de l’après-midi et Lauren n’avait toujours aucun résultat. Pire encore, elle avait régressé en se ridiculisant de la sorte. Même si le Maître ne se doutait probablement de rien concernant le sabre, il n’avait pas manqué, elle l’avait senti à son regard, de comprendre que quelque chose clochait. L’Echani n’agissait jamais comme ça d’habitude mais il ne soupçonnait rien de grave. La situation était revenue au statut-quo, avec une légère méfiance. Comment diable pouvait-elle dérober ce maudit bâton ? Peut-être n’y arriverait-elle pas seule ? Rien ne la défendait de faire appel à quelqu’un pour détourner l’attention du maître. Oh ! Yihlapa !
Lauren se leva vivement du banc et partit en directement de la bibliothèque, en oubliant son vêtement sur le banc. Yihlapa était une jeune Twi’lek de quatorze ans elle aussi. Elle était d’un bleu hypnotisant. Gentille et discrète, Lauren et elle s’étaient vite rapprochées l’une de l’autre. La jeune bleutée passait ses heures creuses en compagnie des datapads et lisait des dizaines d’histoires et de documentaires. De ses lectures, elle agrémentait parfois les conversations d’une anecdote ou d’une précision qui ennuyait la plupart de ses camarades. Lauren, elle, les appréciait et les écoutait.
Comme prévu, assise à une table entre deux gigantesques étagères, Yihlapa se concentrait sur une datapad. L’Echani manqua de l’effrayer en s’approchant et elles partagèrent un petit rire en prenant garde de ne pas faire trop de bruit.

« Salut ! chuchota Lauren.
Oh, Lauren ! J’ai failli sursauter et lâcher le datapad. T’es arrivée si vite !
J’y peux rien si t’es toujours trop prise par tes lectures. Ouuuuuvre tes chakras, blagua-t-elle. Je t’ai pas vue hier, tiens.
J’ai dormi quasiment toute la journée à l’infirmerie. Mal à la tête, fièvre. Ils savent pas trop. Mais ça va mieux ! »

En effet, la Twi’lek avait une mine pâle et deux légères cernes visibles sous ses yeux fatigués. Malgré son sourire, on devinait aisément qu’elle ne s’était pas beaucoup reposée depuis hier. Lauren hésita finalement à lui faire part de son plan. Elle se sentait un peu coupable de lui demander ça. Combattant cette sensation, elle commença quand même.

« Tu sais… J’aurais besoin de toi.
Oh ? Oui, dis moi. Venant de Yihlapa, ça n’était pas étonnant qu’elle accepte avant même de savoir de quoi il en retournait.
Tu as cours avec Maître Oel-kin aujourd’hui ?
Oui, tout à l’heure. Pourquoi ? »

Lauren marqua une pause. Pensive, elle cherchait le meilleur moyen d’amener le sujet. Après un moment, elle conclut que l’honnêteté serait de mise pour calmer son esprit qui criait à l’égoïsme d’embrigader la bleutée dans ce qu’elle n’arrivait pas à faire.

« J’ai une chance de… devenir padawan…
Super ça ! Avec qui ? coupa directement Yihlapa, la voix prise par la joie soudaine.
Avec Maître Vespen. Je ne la connaissais pas, nous nous sommes rencontrés hier pendant les entraînements surveillés. Elle s’est approchée et je ne m’y attendais pas ! Et, tu sais qu’elle est très jolie. Et du coup, elle a décidé de me faire passer quelques tests. Je sais pas si j’ai réussi mais…
Doucement, doucement. Je vais avoir du mal à comprendre. C’est super bien en tout cas.
Oui ! Lauren prit la chaise juste à côté et s’assit, les coudes posés sur la table. Là, je dois prendre le sabre d’entraînement de Maître Oel-kin, tu sais, celui qui est toujours à sa ceinture. Yihlapa acquiesça, la mine suspecte. Il ne doit pas s’en rendre compte.
Tu as donc besoin de mon aide pour ça ?
S’il te plait, agrémenta-t-elle d’un regard implorant la pitié. Les seuls moments où il lâche ce sabre sont pendant les entraînements et pendant la nuit. Et je n’ai pas jusqu’à la nuit.
T’as une idée ? »

Lauren se serait attendue à ce que la Twi’lek soit plus récalcitrante mais elle paraissait motivée par la seule idée d’aider son amie. L’initiée en fut profondément touchée. Elle lui lança un clin d’œil complice.

« Pendant l’entrainement, lorsqu’il lâche habituellement son sabre pour le mettre dans son coin favori, tu trouves une excuse pour retenir son attention. Il est presque maniaque, en plus. Tu peux demander un conseil par exemple.
S’il est maniaque, je pourrais faire en sortir de faire tomber quelque chose dans un vestiaire ou dans la salle d’à-côté, non ?
Pourquoi pas… Lauren prit le temps de réfléchir. Pris par l’idée de découvrir ce qu’il se passe, Maître Oel-kin ferait peut-être moins attention… ou plus ? Mais il faudrait que ce soit à la fin du cours sinon il remarquera mon absence et celle de son sabre.  
T’y seras aussi, à l’entrainement ?
Oui. Je prétexterai le besoin d’entrainer mon bras.
D’accord ! A tout à l’heure Lauren ! »

Comme si de rien n’était, Yihlapa se replongea dans son datapad et Lauren prit le chemin inverse. Elle se sentait si coupable. Demander de l’aide à son amie, user d’un prétexte et d’un mensonge pour aller à l’entrainement uniquement pour… prendre le sabre du Maître. Elle rumina ses pensées alors qu’elle ressortait. Un gros nuage gris, comme annonciateur du pire, avait couvert le soleil qui peinait à filtrer. La température avait chuté de quelques degrés, pour le mieux.

***

« Est-ce que cela vous dérangerait si je viens m’entraîner aujourd’hui ? Après les erreurs que j’ai faites à l’entrainement d’hier, je… j’aimerai reprendre. » Lauren aurait juré que ses joues s’étaient empourprées. Elle fit taire les critiques qui envahissaient son esprit.

« Es-tu sûre que tu es en forme ? Les efforts d’hier t’ont déjà épuisé. Ne ne t’avions pas prévu d’entraînement aujourd’hui. Et puis, avec la chute de tout à l’heure. Il esquissa un sourire, ce qui était rare. Lauren sourit à son tour.
Non, ça ira !
J’ai entendu dire que Maître Vespen t’avait approché également. N’étais-tu pas censée passer la journée sous sa tutelle ? »
Ses questions étaient de plus en plus précises et de plus en plus incriminantes. Pour ne rien trahir, Lauren répondit directement.
« Elle a jugé, vu mes performances, qu’un entraînement serait bénéfique. » Maître Oel-kin haussa un sourcil. Deux rides appurent sur son front.
« Bon. Je t’accepte. Vas te préparer avec les autres.
Merci, Maître. »

Filant au pas de course, elle vint s’installer dans le même vestiaire qu’Yihlapa qui lui adressa pour l’occasion un sourire malicieux. Lauren découvrait des traits qu’elle n’aurait jamais soupçonnés chez son amie. Les élèves se retrouvèrent dans la salle. Une odeur flottait dans l’air, presque désagréable, à cause de la chaleur du jour et les entraînements successifs. Certains grimacèrent comme Lauren. Des initiés prirent place devant les mannequins, d’autres firent des paires au fur et à mesure que Maître Oel-kin donnait les exercices. À environ cinq mètres d’elle, par chance toutes deux placées sur les côtés de la salle, L’Echani et la Twi’lek se faisait face. Malheureusement, elles n’avaient pas pu reparler entre elles et Lauren croisait ardemment les doigts pour qu’Yihpala ait eu une idée entre temps ou bien que son improvisation soit assez convaincante pour attirer suffisamment de temps l’attention du maître.

HRP : si ça te dit, tu peux jouer soit le maître soit Yihlapa comme tu le sens et influer sur ma situation, succès ou non. Si ça te dit pas ou que t'aimes pas, je me débrouillerai en écrivant la suite ou réécrivant un post.
Lauren Aresu
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Fébrilement, Lauren observait. Tantôt le maître, tantôt Yihlapa. Alors qu’elle tournoyait, gracile, ses lekkus s’agitaient dans une chorégraphie envoûtante de cercles bleus. Lauren décrocha son regard pour revenir sur le maître. Il passait, de sa démarche lente, mais assurée, d’un groupe à l’autre, prodiguant ses conseils. Son sabre, le Graal, pendait à sa ceinture et il le tirait parfois pour reprendre une posture ou un mouvement avant de le raccrocher invariablement à sa place. Déconcentrée par la tâche qui lui avait été confiée par maître Vespen, l’apprentie faisait l’effort de paraître motivée. Elle se mouvait silencieusement, de temps en temps épiée par des garçons qui ne l’avaient pas remarquée jusqu’ici. Penchée, elle posa ses mains sur ses genoux, le souffle court. Toujours rien. Et, inexorablement, le temps défilait et ses chances de réussir s’amenuisaient. Déjà, le soleil descendait à l’horizon baignant la grande pièce d’une lumière orange et tamisée. Le nuage gris, menaçant, avait continué son chemin porté par la légère brise pour s’enfuir au loin.

Un cri strident retentit, résonnant sur les murs. Dans un geste partagé de tous, Lauren se retourna vivement. Yihlapa, tordue au sol, tenait sa cuisse gauche de ses deux mains. Un amas d’élèves eut tôt fait d’apparaître autour d’elle, les visages incrédules. Brisant le silence qui s’était installé, chacun y allait de son conseil, de son analyse et de son diagnostic souvent erroné. Maître Oel -kin se fraya un chemin depuis l’autre extrémité de la salle, sabre en main, jusqu’à la bleutée qui continuait de gémir.

— Écartez-vous ! Qu’est-ce qu’il se passe ? Yihlapa ? interrogea-t-il.

Les apprentis s’étaient finalement écartés pour laisser l’air libre à la jeune blessée. D’un œil soucieux et attentif, le maître posa son sabre à sa droite et entreprit d’examiner la Twi’lek au visage déformé par la douleur aiguë qui traversait sa jambe jusqu’à son pied, parcouru de soubresauts incontrôlés. Si Yihlapa mimait et jouait la comédie, alors c’était un talent qu’elle avait bien caché. Pourtant, Lauren réalisa vite que ce n’était pas le cas. Son visage était réellement tordu par la souffrance. Un masque d’inquiétude se dessina sur le visage de l’Echani qui s’approcha pour prendre la main crispée d’Yihlapa, oubliant momentanément la raison de sa présence.

— Mmmh…, lâcha le maître, les lèvres serrées. J’ai l’impression que c’est une déchirure musculaire. Rien de grave, mais c’est effectivement douloureux.

Il plaça religieusement ses mains au-dessus de celles de la Twi’lek, toujours enserrées, les jointures blanchies. On pouvait voir ses yeux rouler derrière ses paupières clauses alors que le silence était progressivement revenu dans la salle. Pendant plusieurs dizaines de secondes, plus d’une minute sans doute même, il demeura ainsi, parfaitement immobile. Certains élèves chuchotaient déjà, mais le maître restait impassible. Puis, il rouvrit les yeux. Le visage d’Yihlapa était plus détendu, seules quelques rides subsistaient.

— Voilà qui t’aidera le temps de t’accompagner à l’infirmerie, mais ce sera de courte durée. Allons-y, dit-il en la relevant.

Celle-ci affichait maintenant une mine plus paisible, mais elle ne parvenait toujours pas à poser le pied au sol, claudicante. L’ombre d’un sourire passa sur ses lèvres et elle lança un clin d’œil imperceptible en direction de Lauren. Même dans son propre malheur, elle pensait à son amie. Pour l’initiée, cela avait scellé leur amitié. Elle recula de deux ou trois pas, à tâtons, et buta du talon dans le sabre du maître resté miraculeusement en place. Déboulant avec fracas, un Jedi accourut dans la pièce, essoufflé et trempé de sueur. Un jeune chevalier, à en juger par les traits de son visage qui semblait sortir de l’adolescence. Sa bure ne comportait aucun pli, aucune salissure et son sabre reluisant sautait à sa ceinture. Après une intense respiration, comme s’il n’avait pas inspiré depuis longtemps, il entreprit de s’expliquer.

— Maître ! Pardonnez mon arrivée subite, mais l’on m’a chargé de vous transmettre qu’une réunion d’urgence a lieu à laquelle vous êtes convié.

Il ne put en dire plus. Ces lèvres commencèrent une nouvelle phrase qu’il avorta prématurément. Le visage d’Oel -kin se renfrogna, Yhilapa toujours accrochée à son épaule. Il resta silencieux plusieurs secondes, devant le chevalier qui tentait de reprendre un rythme respiratoire normal. Les élèves s’étaient éparpillés dans la salle, circonspects face cet entraînement des plus inhabituel. Le maître tourna la tête vers l’un des initiés les plus proches.

— Peux-tu l’aider jusqu’à l’infirmerie ? Ne traînez pas et essayez de bouger sa jambe le moins possible. Quand aux autres, exceptionnellement, votre entraînement est terminé pour ce soir. Bonne soirée.

Il déposa doucement le bras de la Twi’lek sur l’épaule du jeune homme qui s’était approché et suivit le chevalier. Il était possible de les entendre discuter énergiquement alors qu’ils s’éloignaient le long de l’allée adjacente. Et Lauren, interdite, réalisa que le sabre du maître se trouvait toujours derrière elle. Par la plus grande des chances, par le concours le plus providentiel de circonstances comme si une force supérieure avait elle aussi souhaité que Lauren réussisse, elle pouvait s’en emparer — l’emprunter, plutôt — et le rapporter à maître Vespen ! Emportée par la joie qui lui faisait oublier le reste, elle l’attrapa d’un bond et sortit par la grande double porte ouverte. Le soleil continuait sa descente, les arbres bruissaient doucement, les oiseaux entamaient les derniers chants du jour et Lauren filait. Elle s’arrêta au milieu d’une cour partiellement vide, pas loin d’un saule pleureur retombant avec grâce et projetant son ombre fraîche. Elle sortit son Comlink et, d’un geste imprécis, elle contacta la Jedi aux cheveux d’argent qui ne tarda pas à répondre.

Elle remit rapidement le Comlink dans sa poche, empressée, et marcha, courut presque, vers la salle de méditation dans laquelle elles avaient convenu de se retrouver. Lauren était ravie, elle avait cru décerner une pointe de fierté très effacée dans la voix du maître et cela la comblait. Comme ce matin, elle entra seule dans la pièce, le sabre en main et l’observa comme si c’était un précieux bijoux.
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Il n'avait pas fallu bien longtemps pour que Lauren ne revienne vers Saery. C'en était presque surprenant ! Ce vieux Oel-kin avait-il perdu de sa superbe ? Quoiqu'il en fût, la Jedi sortit des salles de méditation pour s'approcher des marches qui donnaient sur la cour. De là, elle pouvait la jeune Lauren qui s'empressait de revenir avec sa prise. La petite avait l'air si joyeuse, si fière d'elle ! Cette vision, bien que très loin de ce que désiraient les maîtres Jedi chez leurs padawans, arracha un petit sourire à l'ombre.

Quand la fille commença à monter les marches, Saery l'accueillit en ouvrant les bras :

— Eh bien ! Ca ne t'aura pas pris trop longtemps !

La Jedi lui sourit, mais elle la quitta aussitôt des yeux. Elle avait reconnu quelques visages qui se montraient là, bien loin derrière Lauren. Il ne fut pas longtemps pour que Saery ne place sa main dans le dos de la jeune fille et qu'elle ne l'emporte vers les salles de méditation.

Maître Vespen, qui marchait à vive allure dans un long couloir, n'arrivait qu'à peine de s'empêcher de rire. De temps en temps, elle regardait par dessus son épaule tout en sachant qu'elle n'y verrait rien, mais ça ne mangeait pas de pain. Puis, au bout d'un moment enfin, elle s'intéressa au sabre que Lauren lui tendit.

— Bien, voyons voir ça, maintenant. Dit-elle, professionnellement.

Elle observa l'arme d'entraînement sous toutes ses coutures. Le sourire de Saery s'effaçait à mesure qu'une certaine nostalgie la gagnait. Solennellement, elle dévissa l'un des anneaux qui cernaient l'émetteur du sabre en le faisant tourner sur lui-même.

— C'est bien lui... Ah, ça ne me rajeunit pas ! Blagua la jeune femme en retirant la petite pièce de métal.

Derrière le cache se trouvaient quelques câbles, mais aussi une petite plaque gravée d'un trait creusé frénétiquement. Saery, sans perdre de temps, attrapa une petite aiguille qu'elle avait gardée sur elle pour l'occasion. Sans donner d'explications, elle commença à inscrire une nouvelle marque à côté de la précédente.

— Encore un peu...

L'alliage qu'elle attaquait était robuste et usait rapidement la pointe de l'aiguille que la Jedi écrasait de toutes ses forces. Aux yeux de Saery, les efforts requis pour laisser cette marque étaient un joli symbole. Après quelques instants, Saery leva le bout de son nez pour mieux entendre le son des pas qui se rapprochaient. La personne arrivait de là où elle venait et il ne fallut pas longtemps avant qu'elle ne puisse entendre qui se trouvait là :

— Maître Vespen ! S'exclama une voix féminine pleine d'amertume et de reproches.

D'un coup, Saery se fit tourner sur elle-même sur pied et s'arrêta en frappant de sol de son talon. Elle ouvrit ses bras, digne d'une personne qui en faisait trop en retrouvant une vieille connaissance, pour finir d'obstruer la vision de Lauren qui se trouvait dans son dos et derrière sa bure tendue.

— Leera ! Ca fait longtemps !

Cette chevalière, dont la peau était verte et dont le visage était tatoué, n'était autre que l'ancienne padawan de maître Vespen. Pourtant, elle n'avait pas l'air très joyeuse à l'idée de retrouver son maître.

— Épargnez-moi cette comédie, maître ! Qui sait depuis combien de temps vous êtes dans le temple ? Vous n'avez même pas pris la peine de prendre contact !

Saery cligna des yeux innocemment avant de reprendre.

— Mais, aux dernières nouvelles, tu étais de sortie.

— C'était il y a huit mois !

— C'est bien ce que je dis...

La mirialan cacha son visage pour soupirer d'un air las.

— Ne faites pas la maligne, maître ! Vous savez très bien que mes missions sont bien plus courtes depuis que je ne suis plus avec vous !

Le maître haussa les épaules. Elle avait du mal à accepter que Leera n'ait pas suivit la même voie qu'elle. Parfois, elle oubliait que c'était le cas. Pourtant, elle restait une Jedi très dévouée.

— C'est un détail que j'avais oublié. Et puis... Je suis là, maintenant !

— Vous n'en faites vraiment qu'à votre tête.

Saery leva les yeux au plafond. Elle avait compris que Leera se sentait un peu laissée de côté, mais ce n'était pas le genre de choses dont les Jedi devaient se préoccuper. Il s'agissait sûrement de l'un des défauts que le maître avait transmis à l'élève, par erreur.

— Ceci dit, qui est cette personne que vous cherchez à cacher derrière vous ? Demanda la mirialan.

Les yeux violets du jeune maître s'illuminèrent. D'un pas de côté, elle révéla pleinement Lauren. Des deux mains, elle la présenta fièrement à son ancienne padawan.

— Leera, voici Lauren ! Dit-elle, pleine d'entrain à nouveau.

— Une novice ?

Saery hocha la tête avant d'agiter le sabre qu'elle tenait en main. Leera ne comprit pas de suite, mais elle fut vite frappée par de lointains souvenirs.

— Non... Une padawan ?

— Depuis, maintenant ! Enfin, si tout va bien.

La chevalière s'avança vers la fille. Elle eut envie de lui saisir les épaules, mais elle s'abstint. Elle n'était pas tout à fait comme son ancien maître.

— Par la Force... Ma pauvre enfant. S'inquiéta Leera. Tu dois savoir que Maître Vespen est très dure et particulièrement...

— VESPEN ! Lança Oel-kin en apercevant celle qui ne le faisait que trop tourner en rond, au bout du couloir.

— ...singulière. Acheva la mirialan.

Le vieux maître s'approcha juste assez vite pour ne pas courir. Saery, elle, se tourna vers lui pour l'accueillir à son tour.

— Maître Oel-kin ! J'allais justement venir vous trouver. J'ai quelque chose à vous rendre !

Le plus naturellement du monde, elle lui tendit son sabre d'entraînement pour qu'il puisse le reprendre. L'homme l'attrapa avec vigueur et jeta un regard à la chevalière qui se trouvait là. Il posa ensuite les yeux sur son sabre avant de regarder Lauren.

— Vous en faites un rituel, vraiment ? Allez-vous inviter tous vos anciens padawans à vous rejoindre pour me piquer mon sabre à chaque nouvel élève que vous prendrez, maître Vespen ?

Saery s'apprêtait à lancer une réponse cinglante, mais Leera la prit de court :

— Je suis ici par hasard, maître. J'ai simplement aperçu Maître Vespen et je suis venue prendre des nouvelles.

Le vieil homme se tourna vers la mirialan, sceptique.

— Peut-être, mais cela ne change en rien au petit jeu de votre ancien maître. Dit-il avant de fusiller Saery du regard. Vous m'avez empêché de faire cours, Vespen ! Ce que vous faites faire à cette apprentie est très grave ! Je devrais... Je devrais...

— ...vous relaxer ? Proposa Saery, tout naturellement.

— Vous m'avez envoyé un chevalier pour me guider vers une réunion factice, Maître Vespen ! Franchement, qu'est-ce qui vous passe par la tête ?

— Je cherchais simplement à donner une occasion à Lauren pour accomplir son objectif, voilà tout. Ou bien... c'était peut-être pour lui compliquer la tâche ? Je ne sais pas vraiment !

Oh... Votre nonchalance m'insupporte, et vous le savez ! Lança Oel-kin avant de s'approcher de la novice pour reprendre avec un air plus calme et protecteur. Je ne pense pas que tu devrais suivre Maître Vespen, Lauren. Il la désigna du regard, brièvement. Elle est une formidable Jedi, lorsqu'elle ne sème pas le chaos au sein du temple, mais je pense qu'il te faudrait un Maître plus tranquille pour devenir toi-même une Jedi respectable.

Leera leva un sourcil. Saery, elle, ne put s'empêcher de sourire. Elle s'empressa de prendre la parole avant que son ancienne padawan ne le fasse :

— J'estime pourtant avoir rempli mon rôle en ce qui concerne ma précédente padawan, Maître Oel-kin ! Leera n'est-elle pas devenue une chevalière respectable, elle aussi ?

Le Jedi inspira longuement avant de laisser un peu d'espace aux trois demoiselles. Il ne voulait que le bien de la jeune Lauren et Saery, à première vue, ne semblait pas vraiment être taillée pour l'enseignement.

— Si, vous avez raison. Cependant, cette enfant a des circonstances particulières et vous le savez. Je vous sais dévouée, mais je vous sais aussi très agitée et... agitatrice. Est-ce vraiment ce dont Lauren a besoin ?

Saery ne semblait pas d'accord, son sourire en devint même légèrement condescendant.

— Ais-je jamais causé de réels torts au temple ?

Vous m'avez fait interrompre mon cours. Évoqua l'homme, comme s'il s'agissait d'une évidence.

— Pardon, laissez-moi insister un peu plus : ais-je jamais causé de réels et importants torts ici ?

— L'éducation des novices est particulièrement importante, Vespen !

— Et vous espérez me faire croire que celle-ci est compromise à cause d'un cours ? Reportez-le, enfin ! L'éducation de Lauren, elle aussi, est importante !

— Il y a d'autres manières de faire !

— Mais, c'est celle que je préfère !

Les deux se regardèrent un instant. Saery, toute fière, gardait le bout de son nez en l'air tandis qu'Oel-kin, lui, semblait abasourdi.

— C'est... c'est vraiment votre argument ? Demanda le Jedi, à la fois incertain et surpris.

— Tout à fait ! Répondit promptement Saery.

L'instructeur laissa ses épaules retomber, comme s'il admettait sa défaite. Il n'arriverait jamais à raisonner avec une personne aussi bornée.

— Je laisse tomber. Faites comme vous le voulez. Vous connaissant, vous seriez capable de faire de cette fille une membre du conseil dans l'unique but de me contredire...

— Peut-être devriez-vous simplement demander son avis à notre amie ? suggéra candidement Leera.

Comme d'un seul homme, les regards des trois Jedi se tournèrent vers la jeune Lauren. Qu'avait-elle à dire, après avoir assisté à tous ces échanges ?

Lauren Aresu
Lauren Aresu
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Il va sans dire que si Lauren avait connu la teneur de la scène qui allait prochainement se dérouler sous ses yeux fatigués, elle se serait sans doute réfugiée derrière l’une des portes qui bordait le long couloir qu’elles, Maître Vespen et elle, avaient si rapidement traversé.

Elle avait d’abord retrouvé son maître, toute excitée. Elle n’aurait pas été capable de se rappeler le trajet qu’elle venait d’effectuer. C’était comme si un petit nuage l’avait transportée, que ses pieds n’avaient pas touché le sol et que ses souvenirs avaient perdu le fil, déboussolée par la joie d’avoir ce sabre en main. Puis, d’un coup, elle avait repris contenance et se découvrait ainsi devant Vespen. À vive allure, telle que ses jambes ne lui autorisaient qu’à grand peine de suivre la Jedi, elles avaient longé ce long couloir qui sentait la poussière. Leurs pas pressés grinçaient sur le bois vieilli et craquant. Les petites particules voletaient devant leur nez, visibles grâce aux rayons qui passaient par une fenêtre qu’elle ne voyait pas. Elles s’arrêtèrent et Lauren lui tendit le sabre à bout de bras.

« Maître ? » avait-elle commencé, chuchotant presque pour ne pas briser la concentration de Vespen qui s’acharnait sur l’arme.

Celle-ci ne l’avait pas entendue. Pourtant, depuis le fond du couloir, par le chemin qu’elles avaient emprunté à peine quelques minutes auparavant, une silhouette s’avançait.

« Maître, il y a quelqu’un. » répéta-t-elle, plus pressante. Toujours aucune réaction alors que la jeune fille apercevait les jointures blanchies de la main du maître. Que faisait-elle ? Elle leva alors le nez, la silhouette arrivant à leur hauteur. Cachée derrière Maître Vespen, elle fureta son regard par delà son épaule droite pour découvrir la nouvelle arrivante. Entièrement verte, d’obscurs dessins sur le visage, une mine sévère et une bure de Jedi, Lauren ne l’avait jamais vue, mais à la façon dont elle apostropha Maître Vespen, elles n’étaient pas étrangères l’une à l’autre. A en juger rapidement par son âge, ce n’était pas une padawan, plutôt Chevalière ou Maître sans doute. L’Echani tenta de s’incliner respectueusement ce que la nouvelle arrivante ne remarqua pas, occupée à échanger de vives paroles. Elle ne les écoutait que d’une oreille distraite, curieuse, et détaillait ce couloir longiligne à l’allure lugubre. Combien de personnes passaient ici ? Une, peut-être deux par mois, et encore ! Le linceul poussiéreux n’était que rarement dérangé et gardait en mémoire les passages successifs.

« Leera, voici Lauren ! » Machinalement, elle se retourna comme si une autre Lauren, étrangère, se serait immiscée dans la conversation. Promptement, elle se ravisa.

« Enchanté… », elle s’était à nouveau inclinée, cette fois pour la forme en comprenant que cette jeune femme était une ancienne padawan de Maître Vespen. Sa phrase était restée en suspens, ne sachant quel dénominatif utiliser. Elle conclut pourtant sans rien ajouter et celle qui se prénommait Leera s’approcha. Lauren en apercevait mieux les traits, maintenant. Les dessins lui donnaient un air guerrier qui contrastait harmonieusement avec la finesse de son visage.

« Depuis, maintenant ! ». La phrase frappa alors l’Echani, perdue, qui roula ses yeux écarquillés vers Vespen. Avant qu’elle n’ait eu le temps de remercier le maître, avant même qu’une émotion autre que la surprise ne vienne envahir ses pensées, elle fut d’abord coupée par Leera, puis par Maître Oel-kin, dont la voix grondante annonça la présence avant que son imposante stature n’arrive devant eux. Par la suite, Lauren assista à cette joute verbale dont elle ne parvenait pas à démêler le sérieux du reste. Le flegmatisme détendu de Maître Vespen face à la rigueur toute Jedi de Maître Oel-kin ne manqua pas de lui arracher des sourires alors qu’elle restait, tant bien que mal, cachée derrière le dos de la Jedi à la chevelure argentée. Elle jetait parfois un coup d’œil à la Mirialan, qui semblait moins déconfite mais ne pipait mot pour autant. Elles étaient deux spectatrices muettes de cette scène particulière. Une pointe d’anxiété gardait pourtant les sens de Lauren en alerte. Oel-kin la menacerait-elle de sanctions ? Et que pourrait faire Maître Vespen dans ce cas ? Et si… Ce fut à son tour de s’approcher d’elle, se qui coupa court à ses incertitudes. Elle le sentait, ça ne se passerait pas bien. Pourtant, son visage n’était pas déformé par une quelconque colère, plus une irritation passagère – ou ce qu’elle soupçonnait comme telle. C’était un peu comme si, avec le temps et l’usure, il se résignait à supporter cela ; que renoncer à en tenir rigueur était une solution moins avide de temps et de salive.

Lauren n’eut, une nouvelle fois, pas l’occasion de répondre. Interrompue avant même que les mots ne se forment, ils étaient repartis dans leur manège. Elle lança un regard amusé en direction de Leera qui le lui rendit. À en croire son expression, ce n’était pas la première fois que la Mirialan assistait à ce spectacle et, basé sur ce qui s’offrait à eux, ce ne serait pas la dernière.
Lorsque les regards se tournèrent vers elle, Lauren s’aperçut qu’elle ne pouvait plus se cacher derrière l’ombre protectrice de Maître Vespen. Et la position n’était pas confortable. Aussi avait-elle peur de froisser l’un ou l’autre par la réponse que l’on attendait d’elle. Le couloir demeura silencieux plusieurs dizaines de secondes, seul le claquement sec d’une porte se fit entendre, plus loin. Les trois paires d’yeux restaient fixées sur elle et n’en décrochait pas. Elle prit alors la parole, en se tournant d’abord vers Maître Oel-kin :

« Maître, je comprends tout à fait que Maître Vespen, commença-t-elle en glissant un regard vers elle, en quête de sa réaction, n’use pas de méthodes conventionnelles. De la même manière, je comprends que celles-ci interfèrent, peut-être parfois un peu négativement, dans vos activités. Mais aucune d’elle ne porte préjudice à l’Ordre Jedi, ni aux Maîtres ou aux élèves. Et surtout Maître Vespen est l’une des personnes les plus compréhensives que j’ai pu connaître. En si peu de temps, seulement depuis hier, elle m’a entendu là où personne n’avait pris la peine de le faire. Et ses méthodes ne sont que le reflet d’elle-même : une personne enjouée et entraînante, ce qui n’entache en rien la rigueur et l’honneur qu’elle met dans son devoir. J’ai vraiment envie d’aller avec elle, et je sais que je ne le regretterai pas ! » conclut-elle, visiblement satisfaite de sa tirade. Après tout, elle n’avait pas réfléchi et s’était contentée de parler à cœur ouvert. Et, tour à tour, elle leur rendit leur regard. Elle se restreignit à afficher une marque d'affection pour remercier Maître Vespen, ce serait sans doute une goutte d'eau supplémentaire dans le vase déjà plein d'Oel-kin. Elle aurait le temps de le faire plus tard.
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