Saï Don
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Loin du fracas des bombes, des éclats de lumière des sabres lasers s’entrechoquant, des ondes de choc créées à la surface des planètes par les bombardements impériaux, la salle du Conseil du Temple Jedi d’Ondéron s’illuminait des premiers rayons de l’aube, tandis que les Maîtres prenaient place dans leurs sièges disposés en cercle. Seule une partie d’entre eux était présente, et ceux-là avaient les visages marqués par des cernes et le front souvent plissé, leurs épaules ployant presque perceptiblement sous le poids des soucis contractés par l’Ordre ces dernières années, et par la galaxie entière ces derniers jours. Cependant, ils prirent le temps, chacun, de se saluer personnellement, avec des sourires entendus, des mains serrant une épaule et des regards compréhensifs. Certaines habitudes ne s’éteignaient jamais, et comme tout être conscient, ces individus avaient besoin des rituels qui leur faisaient faire corps avec leur ordre du monde.

Le vieux Saï passa ses mains sur son visage, comme si cela pouvait lever les voiles d’incertitude qui s’étaient déposés sur lui au fil des semaines, avant de lever le regard vers les siens.
Il n’y avait pas eu de séance exceptionnelle – pas encore. Sans Alyria et Lorn, cela n’avait pas vraiment de sens, et les deux maîtres étaient encore auprès de l’Armée Républicaine, où les premiers soins leur avaient été donnés. Cependant, une partie des Jedi envoyés sur Gravlex Med et Lorrd étaient rapatriés depuis la veille. Il en manquait un certain nombre. Parmi ces disparus, quelques padawans. Un désastre, ni plus ni moins. Il allait falloir s’organiser pour enquêter, et peut-être, s’ils étaient vivants, s’il n’était pas trop tard, les ramener au bercail. Mais ils n’en étaient pas encore là – à l’heure actuelle, l’Empire bloquait tout passage vers ces mondes dévastés, desquels ils n’avaient pu extraire que quelques poignées de civils.

- Ordre du jour ? demanda d’une voix pastel Maître Blankuna, assise à ses côtés.

Saï se pencha sur son datapad posé sur l’accoudoir de son fauteuil pour faire défiler une liste.

- Analyse des rapports des Maîtres Ae, Manteer, Von, des chevaliers Draayi, Won’los, Ferea, lista-t-il sobrement. Synthèse de la situation et des actions à proposer à la séance exceptionnelle qui se tiendra… aussi tôt que possible. Visioconférence avec un représentant du gouvernement en début d’après-midi pour échange des informations sur le siège impérial sur l’espace neutre. Mais avant tout cela… Nous recevons la padawan Wen Janto.

Plusieurs maîtres acquiescèrent. Quelques murmures furent échangés sur un sujet ou un autre, jusqu’à ce que finalement les portes de la Chambre s’ouvrassent, cependant que l’astre d’Ondéron décidait de s’élever au-dessus de la jungle pour inonder la salle d’une lumière plus franche, plus chaude. Au-delà des portes qui s’étaient silencieusement écartées, la silhouette de la nautolan devait déjà se dessiner. Elle avait dû recevoir sa convocation au Conseil la veille au soir, certainement, lorsque la décision avait été prise, mais ils avaient pris soin de ne pas mentionner la raison de leur convocation, car ils souhaitaient s’entretenir avec elle d’un certain nombre de sujets. Dans tous les cas, le vieil homme connaissait de réputation la jeune fille comme une élève particulièrement sérieuse ; le prouvaient ses dernières aventures sur Gravlex Med… Il ne faisait donc aucun doute sur le fait que la padawan avait dû prendre très au sérieux la convocation au Conseil.

Le vieil homme se leva pour accueillir la padawan dans l’antique chambre.

- Padawan Janto, veuillez entrer et vous avancer parmi nous, je vous prie.

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Gravlex Med avait été une épreuve difficile pour Wen. Elle était plus âgée que Milésya et Dalla, elle avait donc dû prendre le commandement au sein de leur petit groupe. Si l’Empire avait fini par s’emparer de la planète, elles avaient fini par accomplir leur mission. Elle pouvait au moins être fière de cette victoire, aussi infime était-elle dans les troubles de la guerre qui s’annonçait. Plusieurs planètes des territoires neutres avaient fini sous la coupe des Sith et la paix n’était plus qu’un lointain souvenir. Il fallait aujourd’hui se tourner vers l’avenir et ce futur lui semblait opaque, incertain. La situation s’était enlisée si rapidement et si profondément… Y avait-il un moyen d’éviter le bain de sang et que la République ne sombre ?

On l’avait renvoyé au Temple. Ondéron restait inchangée malgré le temps qui s’écoulait et la valse des padawan qui entraient ou quittaient le Temple. Wen devait prendre soin de ses blessures et se remettre de ses mésaventures. Elle était retournée dans son existence routinière pour quelques semaines, une bulle de sérénité au milieu du chaos. Elle méditait près des fontaines, une main dans l’eau pour tenter de s’apaiser. Elle travaillait ses katas avec patience. Elle n’aimait pas la guerre, elle n’aimait pas se battre. Ses mésaventures sur Gravlex Med lui avaient cependant appris qu’il était indispensable de se servir de son arme pour sauver les innocents.

Les images de la planère ravagées par les bombardements lui revenaient parfois quand elle était seule. Les bruits des blasters dont la provenance n’était pas identifiable la maintenaient longtemps éveillé. L’obscurité était terrifiante, car elle forçait à s’écouter. Elle révélait les pensées cachées et ses pensées venaient vous hanter comme une vieille chanson lancinante. Mais elle arrivait à les contrôler, à les mettre de côté. Elle considérait ses réminiscences comme une part importante de la compréhension du rôle de jedi, qui se révélait de plus en plus concrète avec le temps.

Même les plus jeunes venaient à s’inquiéter. Le rôle de jedi pouvait devenir un poids en période de troubles. Déjà qu’il ne s’agissait pas d’un sacerdoce facile dans une galaxie pacifique. Elle devait s’occuper de les rassurer et répondre à leurs questions sur ses anciennes missions. Elle faisait maintenant partie des grandes sœurs, des padawans les plus âgées. Celui lui conférait une aura de sagesse naturelle qui la faisait sourire. Ils écoutaient ce qu’elle disait avec une concentration palpable et pouvaient rester plusieurs longues minutes la bouche entrouverte quand elle parlait de sa rencontre de Milésya Kira. Elle avait d’ailleurs sous-estimé la célébrité de la fille d’Emalia Kira auprès des jeunes adolescents. Même les jeunes padawan la suivaient quotidiennement sur ses différents réseaux sociaux. C’était curieux. Elle faisait miroiter une existence si éloignée de la leur.

Wen méditait quand elle fut interrompue par l’un des droïdes de protocole du Temple. C’était un modèle qui luisait comme de l’argent sous le Soleil matinal d’Ondéron. Il était flambant neuf, sans doute C6P7 avait finalement rendu l’âme après de nombreuses années de service.

- Wen janto ?

Elle ramena ses mains sur ses genoux et porta un regard calme sur le droïde.

- Oui ?

- Vous êtes convié à une audience dans la salle du Conseil avec les Maîtres jedi demain matin.

Wen se tendit légèrement. Voulaient-ils un nouveau compte-rendu de sa dernière mission ? Elle avait pensé que la version écrite aurait suffi. Elle observa de nouveau le droïde. Aucune émotion ni dans la voix, ni dans ses traits de métal. Elle devrait se contenter de cela. La nautolane soupira brièvement et répondit.

- C’est entendu. Je serai présente. Tu peux l’annoncer au Conseil.

Le robot s’éloigna lentement dans cette démarche caractéristique des droïdes.

Le lendemain. Elle était déjà devant la porte du Conseil, ayant annoncé sa présence à un Garde. Le Conseil devait juste avoir commencé. Elle sentit une légère bague d’inquiétude la traversa. Elle força sa respiration à revenir à la normale, ce qui la calma un peu. On l’invita à entrer et elle fut surprise de se retrouver face à Saï Don, elle qui n’était encore qu’une simple padawan. Il semblait vieilli, fatigué. Les récents événements avaient créé de la tension auprès de tout le monde. Elle fut surprise de ne pas voir Alyria, amis elle n’osa pas poser de question. Elle se contenta de se tenir bien droite en déclarant d’une voix un peu trop forte :

- Wen Janto, padawan du temple !

Puis, ne trouvant rien d’autre à dire, elle attendit, laissant un instant de silence s’installer.
Saï Don
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La jeune nautolan avait bien changé. Le vieux maître se rappelait encore cette jeune adolescente au visage rond et lumineux, le regard chargé de bonne volonté.
La guerre était passé par là. Le temps et l’expérience également, et Wen Janto était désormais une femme à la fière stature. Etrangement, elle semblait avoir gardé cette douceur qui avait toujours émané d’elle, comme un ruisseau s’écoulerait paisiblement au fond de ses yeux. Maître Don eut un sourire lorsqu’elle s’annonça.

- Bienvenue parmi nous, Wen.

Autour d’eux, les autres maîtres fixaient la nautolan tantôt avec curiosité, tantôt avec bienveillance. Sauf peut-être Maître Brock, qui affichait son éternel air forcené. Il paraissait même plus contrarié qu’auparavant. Probablement les nouvelles militaires l’affectaient davantage que les autres maîtres, lui qui représentait quelque peu leur général de guerre.
Saï s’appuya sur les accoudoirs de son siège pour s’aider à se lever. Une fois debout, il vérifia que tous les êtres présents étaient prêts, et croisa ses doigts devant lui en une posture paisible.

- Padawan Janto, nous savons que vous avez traversé ces dernières semaines des épreuves tout à fait particulières, énonça-t-il avec solennité. Nous avons lu attentivement les rapports que vous avez faits concernant la prise d’otages de Dubrillion et les opérations de Gravlex Med auquel vous avez participé. Nous prenons très au sérieux l’impact que de tels évènements peuvent avoir sur les membres de notre Ordre. Les membres du Conseil ici présents ont par conséquent décidé de vous inviter à vous ouvrir à eux, l’espace de quelques minutes, en répondant à quelques questions. Malheureusement, les maîtres Von et Vocklan n’ont pu être présents à cette séance, car ils sont toujours occupés par les affaires militaires concernant Gravlex Med et Lorrd. Ils ont toutefois donné leur assentiment pour que cette entrevue ait lieu. Acceptez-vous de répondre à nos questions, padawan Janto ?

Une question de pure forme, en réalité. Les padawans n’osaient guère dire non au Conseil, en général.

- Je vais laisser, dans ce cas, la parole à mes confrères, annonça le vieil homme, qui se rassit doucement.

Des regards furent échangés entre les maîtres, les uns et les autres s’accordant gracieusement la politesse de laisser à l’autre l’honneur de commencer. Ce fut finalement Maître Blankuna, la twi’lek à la peau couleur de jade et aux lekkus couverts par un délicat voile blanc, qui prit la première la parole.

- Padawan Janto. En lisant vos rapports, j’ai pu constater avec satisfaction que vos talents de diplomate vous ont permis de désamorcer une crise d’ampleur sur Dubrillion, et je vous en félicite. Toutefois, la personne que vous deviez protéger, la princesse Milésya Kira, s’est montré d’une témérité effrayante. Se proposer à la place des enfants… était louable, mais non un acte de sagesse. Je me demande… Padawan Janto, qu’auriez-vous fait si la négociation n’aurait pu qu’aboutir à cette solution souhaitée par les deux partis ?

La question était posée comme si Jiljoo’blankuna et Wen Janto étudiaient ensemble une théorie antique sur la biologie d’une race éteinte. Pourtant, le sujet était délicat.

- Quant à moi, intervint Maître Deenia, dont le long cou de kaminoan la faisait surplomber tous les autres maîtres, je suis curieuse de savoir ce que vous pensez cette proximité politique.

La voix de Tendra Deenia était froide, comme toujours. Ses yeux noirs, dont il était difficile de lire une quelconque expression, ne quittait pas le visage de la jeune nautolan.

- En effet, nous avons à la demande de la République accordé une garde rapprochée à la princesse en votre personne et celle de la jeune padawan Tellura. Nous avons fait une erreur, martela-t-elle, en pensant que ce serait une opération de routine. La princesse a été victime d’un piège, et tous les médias de la galaxie se sont tournés vers Dubrillion. Toute la république a pu voir une jeune noble protégée par les Jedi… Mais est-ce véritablement leur mission ? Et qu’ont dû penser les populations de la légèreté de cette protection au regard du danger qu’elle courait ? Quelle est votre opinion là-dessus, padawan Janto ?

Visiblement, le sujet avait déjà été discuté auparavant.

Tous les regards se tournèrent de nouveau vers la jeune nautolan, à l’affût des réponses qu’elle pourrait donner. Bien entendu, cela faisait parti de l’épreuve… La padawan Janto se destinait à être une Jedi consulaire, après tout. Ils se devaient de vérifier qu’elle maniait le langage et les idées à un niveau qui était satisfaisant.

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Wen avait déjà croisé des membres du Conseil dans le Temple ou au fil de ses affections. C’était cependant la première fois qu’elle en voyait autant réunis au même endroit. De Maître Brock, toujours aussi renfrogné qu’à son habitude en passant par Maître Deenia, dont le physique gracile et inhabituellement immense la faisait détonner au milieu de ses compères. C’était une kaminoéenne, une race lointaine qui n’avait que peu de relations avec la République. Devant tous les regards tournés vers elle avec curiosité et attente, elle se remémora une plaisanterie qui passait de génération en génération parmi les initiés et les padawans. Savez-vous pourquoi Maître Deenia n’existe pas ? C’est un cou monté ! Bon, ce n’était pas la blague du siècle mais c’était quand même un peu marrant. Maître Don fut le premier à prendre la parole. Wen resta stoïque tandis qu’il évoquait ses actions. Elle fut surprise lorsqu’il demanda à poser des questions, mais elle garda contenance et consentit à répondre d’un bref signe de tête. Si Aly avait donné son assentiment à cette entrevue, c’est que tout allait bien se passer.

Maître Blankuna était aussi douce et respectueuse que son physique le laissait supposer. Même avec toute la délicatesse du monde, Wen ne put que se sentir pendant un instant comme une accusée sur le banc d’un tribunal. La prise de Dubrillion avait été une affaire complexe, d’autant plus qu’elle avait eu à gérer la jeune Milésya, pleine de bonne volonté mais dont la spontanéité avait manqué mener à un incident diplomatique autrement plus dommageable.

- La prise d’otages a été une situation pour le moins épineuse à gérer. Mon objectif n’était pas tant de trouver un accord convenable que de gagner du temps pour que les troupes de la République puissent intervenir sans causer de dommages. J’ai agi au mieux avec la padawan Tellura pour protéger les otages. Autrement, il s’agissait avant tout de personnes influençables et désespérés qui n’avaient pas conscience de la gravité de leur geste. Ils étaient sous l’influence d’épices. Aurais-je attendu un moment d’inattention de leur part pour les désarmer avec l’aide de l’autre padawan ? Sûrement. Aurais-je rusé comme je l’ai pour les disperser et mieux les maîtriser un à un ? Probablement également. Cependant, nous avons réussi à raisonner les agresseurs comme il le fallait, tenter de déduire ce qu’il se serait passé s’il en avait été autrement semble un projet assez opaque. J’aurais cependant fait de mon mieux, selon le Code et mes capacités, pour protéger les civils d’un éventuel désastre.

Maître Deenia ne s’embarrassait pas de la douceur, qui l’aurait cru ? Son visage impassible ne lâchait pas celui de Wen, mais la nautolane supporta le regard de la maître jedi sans broncher. De toute évidence, il s’agissait d’un test et elle n’était pas là pour être la plus affable du groupe.

- La République et l’Ordre Jedi continuent d’être des alliés face à l’Empire Sith. Il semble donc juste de protéger les dignitaires de la République quand ces derniers sont en accord avec les principes de l’Ordre. Même si la jeune Milésya est la fille d’Emalia Kira, elle n’est pas en âge de jouer un rôle politique très important. Son projet était de plus très cohérent avec les idéaux de l’Ordre et je l’ai compris comme une autre manière d’accomplir ma mission de jedi. J’étais autant là pour protéger la zone Kira que pour montrer le sérieux de l’Ordre jedi d’afficher son soutien au peuple blessé de Dubrillion.

La cérémonie à laquelle elle participait était avant tout un gala de charité pour aider les enfants sur Dubrillion à s’en sortir. Milésya aurait pu mener une existence d’influenceuse gâtée mais au lieu de cela, elle préférait s’engager pour aider les autres.

- Cependant, je ne pense pas que ce soit la mission des membres de l’Ordre de s’impliquer dans la politique de manière trop active. La République reste un organe qui joue pour ses propres intérêts et qui n’agit pas toujours en faveur de la Paix Galactique. Les jedi doivent rester impartiaux pour mener à bien leur mission, comme des juges. Quant à la protection de Milésya Kira, je pensais également être envoyée dans une mission de routine mais il aurait fallu plus de vigiles ou de gardes du corps spécialisés dans ce type d’événements pendant que les jedi plus expérimentés accomplissaient leur devoir ailleurs. Je ne pense pas pourtant que l’on puisse qualifier la protection de la jeune Kira dérisoire. Rien n’aurait pu prévoir que Milésya Kira était en danger. Même si je suis encore padawan, mon sérieux a toujours été reconnu et je suis assez expérimentée pour être envoyée en mission seule. De même pour la padawan Tellura, qui a vécu des moments difficiles sur Felucia et s’en est tirée avec les honneurs. La situation a été réglée de manière pacifique et le Conseil Jedi a pris la peine de dépêcher des membres précieux de ses rangs malgré les conflits qui faisaient rage pour aider à lever des fonds pour améliorer la vie des sinistrés. Cependant, je pense que la population a conscience que les rangs des jedi ne sont pas indénombrables et que le gros de la sécurité dépendant aussi des gardes sur place. De plus, je ne faisais pas que protéger la jeune Kira, puisque ceux qui ont été le plus en danger étaient les jeunes otages. Ceux qui ont assisté à la rediffusion de la scène ont surement vu deux jeunes jedi négocier pour sauver la vie de jeunes enfants entre les mains des forcenés pendant que la police mettait du temps à agir.

Elle avait parlé longtemps car ses sentiments étaient complexes, mais c’était normal. La problématique que lui posait la maître jedi était extrêmement juste. Elle espérait cependant avoir mis en avant son désaccord avec la politique de l’Ordre de s’impliquer dans la République de manière trop directe assez clairement mais également avec assez de respect. Elle se tint à nouveau bien droite et s’appliqua à afficher un visage neutre et poli.

- Souhaitez-vous que je clarifie autre chose ?
Saï Don
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Le vieillard acquiesçait doucement aux propos de la nautolan. Elle parlait avec assurance, clarté, ce qui démontrait tout à la fois sa maturité et son honnêteté. Certains maîtres, concentrés dans la Force, étaient à l’affût des émotions qui pouvaient émaner d’elle, mais cette dernière maîtrisait son mental avec une élégance qui n’était pas sans rappeler l’aplomb d’Alyria. Par bien des manières, les maîtres déteignaient sur leurs apprentis, et la jeune Janto ne faisait pas exception. Elle était devenue un subtil mélange de sa douceur originelle et d’une détermination d’acier emprunté à Alyria. Il n’était pas compliqué de voir le futur brillant qu’elle pourrait s’offrir dans l’Ordre Jedi si elle poursuivait dans cette voie-là.

Il n’en restait pas moins que les maîtres, consciencieux, souhaitaient pousser l’épreuve jusqu’à son terme. Les premières réponses de Wen parurent satisfaire les uns et les autres. Maître Blankuna, en particulier, acquiesça vivement.

- Je suis heureuse de constater la lucidité dont vous faites preuve sur les multiples scénarios qui auraient pu se produire, affecta-t-elle posément.

Maître Deenia, quant à elle, semblait moins conciliante. Mais elle était prête à accepter les arguments pertinents de la nautolan. Elle ne put s’empêcher toutefois de rétorquer :

- Même jeune, l’enfant d’une Chancelière n’a pas un poids politique négligeable. Je suis d’accord quant à la distance que doit observer l’Ordre quant à la République. Mais votre comparaison avec des juges est maladroite. Nous ne sommes guère bien placés pour juger qui que ce soit ? Nous prônons la paix et engendrons des hordes de guerriers prêts à se battre, ne l’oublions. Nos institutions ont toutes leurs contradictions, dictées par l’Histoire et d’autres facteurs contingents… Bref, ce ne sont pas des débats que nous pourrons régler ici, aujourd’hui.

Les autres maîtres se consultèrent du regard, tandis que la kaminoan retournait dans le silence, quand bien même son visage si peu expressif semblait marqué d’une réflexion intense. Il était évident qu’elle aurait voulu poursuivre la conversation, et qu’elle ne manquerait pas de reparler à la jeune Janto de ce sujet si elle en avait l’occasion. Mais les maîtres ici présents, pour bien la connaître, savaient que tant ses propos que ce projet de conversation n’étaient pas une leçon à donner à une padawan, mais un désir d’éclaircir la vérité entre égales. Et cela commençait déjà à entériner la décision qu’ils étaient sur la voie de prendre.

Ce fut Maître Brock qui parla à son tour. Ses mots pouvaient faire l’effet d’aboiements secs, mais son visage restait de marbre. Seuls ses yeux brûlaient d’une détermination qui ne se retrouvait pas chez les autres maîtres.

- Les opérations sur Gravlex Med ont été un échec lamentable, clama-t-il d’une voix qui n’appelait aucune réplique ni contestation. Les impériaux nous ont tendu un piège dans lequel nous sommes tombés. Qu’aurait fait la République, si elle était arrivée à notre place ? Elle aurait soupesé le risque pour ses troupes et, mettant en balance ses hommes et les Anx, elle aurait choisi les siens pour pouvoir repousser l’ennemi plutôt que de courir après des causes perdues, comme sauver une veuve et un orphelin au prix de sa vie et de la victoire pour l’adversaire. Or, l’Empire sait que ce ne pouvait être notre choix. Parce que nous préservons la vie, il peut nous tendre des centaines de fois ce même piège, qui consiste à nous forcer à aller sauver. Cela a si bien marché… Ils recommenceront, cela ne fait nul doute. Padawan Janto, face à une telle situation, une autre stratégie est-elle possible que celle que nous mettons en œuvre depuis des siècles, à savoir d’aller sauver tout en sachant que cela nous fait perdre la guerre, aux dépens de centaines de milliers d’autres vies mises en danger ?

Tout en parlant, le nautolan avait serré les poings sur les accoudoirs de son fauteuil. Visiblement, la question lui tenait à cœur. A son côté, Maître Geilvta posa une main apaisante sur son bras. Puis elle leva les yeux vers la padawan, et lui adressa un sourire bienveillant, comme pour tempérer l’humeur qui régnait dans la pièce.

- J’ai une question bien plus simple pour vous, fit-elle avec malice. Pourquoi avoir laissé une si jeune padawan que Dalla Tellura vous suivre dans ce sauvetage de votre maître ?

A ses yeux remplis de ruse, l’on aurait pu déduire qu’aucune réponse ne pouvait être satisfaisante… Ou que toutes l’étaient, d’un certain point de vue.

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