Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
— … et c’est généralement comme ça qu’on réussit un bon soufflé au fromage de xylope.

Noctis fixa Syn un moment avant de laisser un sourire amusé se dessiner sur son visage.

— Je n'ai jamais dit que tout ce que j’avais à vous apprendre serait très sérieux et maléfi…

Hélas, il n’eut pas le temps de finir sa phrase, parce que le réfrigérateur venait d’exploser. Une fraction de seconde avant la détonation, l’intuition surhumaine du Seigneur Sith, nourrie à la Force, l’avait incité à projeter son Apprenti à travers la pièce, pour l’éloigner de la bombe, et il avait bondit de lui-même pour se cacher derrière l’ilot central de la cuisine. Pendant les instants qui suivirent, toute sa télékinésie fut déployée pour tenter de retenir les débris à quelques centimètres de lui et de Syn mais le souffle était si violent qu’il n’y réussit pas tout à fait.

Deux jours plus tôt, pourtant, leur mission avait bien commencé. Noctis et son Apprenti s’étaient rendus sur Serenno pour négocier avec les Six Maisons des dispositions sur l’intégration des aristocrates en tant qu’officiers dans l’Armée Impériale. Tout avait annoncé la discussion sans histoire, qui relevait pour ainsi dire du détail technique, en somme une excellente manière, avait jugé Noctis, d’initier en douceur son Apprenti à l’exercice de la diplomatie. Il ne comptait pas nécessairement pousser Syn dans cette voie mais lui en offrir au moins un aperçu élémentaire, pour l’aider à comprendre ce qu’elle impliquait.

Ils s’étaient installés dans un vaste appartement protocolaire de la capitale, fourni par les Contes, et avaient passé l’essentiel de leurs temps soit en amabilités — et elles étaient nombreuses, dans le monde policé de Serenno — soit en examen quasi juridique de l’organigramme impérial et des généalogies nobiliaires. Si tout cela n’avait pas été palpitant, tout, en revanche, avait paru se dérouler au mieux et avait disposé Noctis à une humeur plus joyeuse encore que d’habitude. Jusqu’à l’explosion.

Les débris amassés avaient formé autour de Syn et de lui une sorte d’igloo calciné et Noctis ne savait plus très bien si cela avait été volontaire de sa part ou si, grâce à l’adrénaline et au danger, son subconscient avait guidé la Force. Il avait dû prendre quelques coups, parce qu’il sentait son corps endolori, mais il ne pensait pas avoir perdu conscience.

— Syn…

Sa voix était un peu rauque. Il rampa jusqu’à son Apprenti. Ses beaux vêtements de la tradition d’Hapès étaient déchirés, ses cheveux en bataille, sa peau couverte de suie.

— Syn, appela-t-il encore, On doit y aller.

Le sang-froid pragmatique, fruit d’un long et intense entraînement de Jedi puis de Sith, venait de prendre le dessus. L’esprit redoutable de Noctis avait promptement analysé la situation, toutes sortes d’hypothèses s’y étaient formées, celle de l’incident rapidement écartée.

— Nos ennemis viendront fouiller les décombres, pour s’assurer de notre mort.

Hélas, ils n’étaient pas en mesure de la feindre mais il leur restait encore un peu de temps pour fuir et c’était mieux que rien. Se replier, trouver un endroit où se cacher dans la capitale, se laver pour attirer l’attention, quitter Serenno en toute discrétion, mener l’enquête, punir les coupables, voilà tout ce qui les attendait.

Noctis roula sur le dos et, petit à petit, le dôme de débris enchevêtrés au-dessus d’eux commença à frémir, puis à bouger, s’effondrant dans tous les sens, sauf sur leurs deux corps meurtris. Ils purent enfin se relever et observer le spectacle de la dévastation. Le plafond et le sol avaient tenu le coup mais tout le mobilier avait été soufflé. Le vent s’engouffrait pas les grandes baies vitrées pulvérisées, des papiers et des vêtements à demi-calcinés étaient emportés au-delà.

Noctis déchira des parties de ses vêtements en lambeaux pour se débarrasser de ce qui trainait et n’être pas encombré par le tissu s’ils en venaient à courir — ce qui était fort probable. Son sabre laser généralement dissimulé dans les plis de sa tenue était pour une fois bien visible et il l’effleura du bout des doigts, en se demandant s’il aurait à l’utiliser. C’était pour ce genre de situations qu’il continuait à s’entraîner régulièrement, malgré son peu de goût pour la chose.

Il ferma les yeux et se concentra à travers la Force sur leur environnement. Il ne lui fallut pas longtemps pour sentir la présence de deux entités hostiles, peut-être des humains, peut-être autre chose, qui s’approchaient par l’un des ascenseurs.

— On a de la compagnie.
Invité
Anonymous
Je n'avais jamais visité Serreno, mais j'en avais entendu parler. Nombre des autres jeunes hommes qui peuplaient Korriban provenait de cette planète. Lorsque Darth Noctis m'avait annoncé que nous nous rendrions sur cette planète dans un but avant tout diplomatique, j'avais été ravi. Non seulement parce que je pourrais élargir mes horizons, continuer de persévérer dans une voie différente de celle du simple combat.

Aussi, lorsque nous fûmes débarqués sur la planète, je pris l'initiative de ranger mon armure, laisser mon casque dans une valise fermée à double tour, appliquant ainsi les conseils de mon maître. J'avais pour l'occasion, revêtu un costume élégant, aiguillé par un de ses fidèles lui même toujours habillé avec classe. Ces vêtements étaient assez inconfortables, mais dans ces derniers, je me sentais subitement un homme nouveau. J'avais le sentiment d'avoir gagné dix années et un peu de prestige lorsque j'avais noué une sorte de cravate.

Ainsi, j'avais suivi mon maître dans bien des maisons, à la rencontre de nobles toujours plus nobles, toujours plus riches, et dans une certaine mesure, toujours plus prétentieux. Mais j'avais rempli au mieux ma fonction, affichant toujours une politesse et une courtoisie à toute épreuve. Je tentais au mieux de calquer les manières de mon maître, à un point où j'avais presque eu l'impression d'être un singe savant. J'avais écouté et observé sa manière de communiquer, de faire des compromis.

Notre mission n'avait rien ni de palpitant, ni de difficile. Mais elle eut au moins le mérite d'être très instructive. Au terme des deux jours passés sur Serreno, je me sentais réellement enrichi. Mon maître avait d'ailleurs l'air ravi de constater que la mission se déroulait à merveille, et sa bonne humeur était devenue contagieuse.

Ainsi, ce soir là, la plaisanterie de mon maître au sujet de notre menu m'amusa. La colère semblait pour une fois m'avoir déserté, et de ce fait, mon attention était, il faut bien l'avouer, relâchée. Subitement, je sentis un danger. Ma gorge se noua en l'espace d'une seconde. Tout c'était passé bien trop vite. Je n'eus le temps que d'entendre la détonation, et mes yeux aperçurent la déflagration. Je ne dus mon salut qu'à mon maître, qui s'interposa entre moi et l'explosion.

Lorsque je finis par reprendre conscience, percevant les appels de mon maître malgré les sifflements qui me perçaient les tympans. Je tentai de me relever au mieux, mais tout mon corps était endolori. Nous étions cernés par les débris, et mes vêtements si élégants, étaient en lambeaux. Ma fierté elle aussi venait de prendre un coup dur : j'aurais du être celui qui protégeait mon maître, non pas l'inverse.
Le simple fait d'avoir été la victime et de devoir mon salut à l'homme que je devais pourtant servir me faisait profondément honte.

Une fois relevé, mon mentor m'informa que deux personnes semblaient s'approcher de nous, par l'ascenseur. Mon regard, mon visage avaient changé du tout au tout. La victime avait laissé place au duelliste entraîné à tuer depuis son plus jeune âge. Je laissai retomber ma veste et ma cravate sur le sol poussiéreux, dévoilant ma chemise tâchée de sang et déchirée à de multiples endroits. Ma main droite s'arma de mon sabre laser, tandis que mes yeux étaient fixés sur la porte de l'ascenseur, qui permettait d'entrer dans l'immense salon laissé à notre disposition.

Au moment même où la porte s'ouvrit sur deux silhouettes, que je ne pris même pas le temps d'observer avec la moindre attention, mes éclairs fusèrent furieusement, léchant le mur déjà dans un état déplorable. L'une des deux silhouettes dégaina alors un sabre laser, dont la lame écarlate ne laissait aucun doute possible quant aux origines de son utilisateur, et qui protégea les deux sombres compagnons.
Les deux personnes qui nous faisaient face étaient enfouies dans des bures qui ne laissaient même pas apparaître leurs visages. Leurs statures ne paraissaient pas différentes de la mienne cependant. Aussitôt, le second inconnu dégaina à son tour un sabre laser du même coloris.

-Restez derrière moi maître, murmurai-je à l'intention de ce dernier.

J'activai alors ma propre, et examinai la posture de nos visiteurs. Le premier adoptait une posture bien trop scolaire, bien trop basique. Un Sith confirmé adoptait en général des postures plus décontractées. Quant à l'autre, la lame de son sabre tremblotait, signe qu'il était effrayé. D'après toute mon expérience, il s'agissait d'acolytes, et sans nul doute moins formés que moi.

-Rendez vous, sinon je vous taillerai en pièces, leur lançai-je froidement.

Et sur ce, nos deux visiteurs se ruèrent sur moi, entamant une valse mortelle. Leur style de combat était tout à abordable, mais leur force venait de leur nombre. J'adoptais des mouvements défensifs, guettant avec attention une ouverture. Et si cette ouverture ne venait pas des défauts de leurs assauts, elle viendrait sans nul doute de l'érudit qui se tenait derrière nous, capables de les influencer et de les blesser sans même s'approcher...
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
La lueur rouge des sabres commença à éclairer les cendres et les décombres et, paradoxalement, Noctis fut soulagé. Dévier les tirs de blaster n’était pas exactement sa grande spécialité et même si le duel de sabre ne figurait pas très haut dans la liste de ses passions, il avait au moins en la matière les aptitudes élémentaires d’un Chevalier Jedi et un peu d’expérience accumulée au fil des années.

Ce qui ne l’empêchait cependant pas d’être lucide sur la situation et d’adopter un recul prudent, pour laisser à son Apprenti bien plus compétent le soin d’accueillir leurs visiteurs. C’était d’ailleurs la première occasion véritable qu’il avait de voir Syn à l’œuvre. Une ou deux fois bien sûr, il l’avait observé dans les entraînements que l’humain s’imposait régulièrement mais Noctis était bien placé pour savoir qu’en matière de sabre, il y avait tout un monde entre les kata et la vie réelle.

Les yeux fixés sur les deux Acolytes, indifférent aux vrombissements des lames, Noctis se concentrait pour retrouver le calme et la concentration nécessaire à la plénitude de ses pouvoirs. Le choc de l’explosion et les efforts télékinésiques n’avaient pas été sans éprouver ses ressources en la matière, pourtant considérables. Pendant les premières secondes du combat, sabre éteint à la main, il resta donc immobile et contemplatif.

Puis, petit à petit, les performances déjà fragiles des deux Acolytes s’embrouillèrent d’avantage. Leurs coups étaient plus faibles ou moins bien coordonnés. Ils saisissaient les ouvertures avec moins de perspicacité. À mesure que le Seigneur Sith affaiblissait leurs capacités, leur style de combat confinait à la maladresse et leur avantage en nombre devint presque un inconvénient, parce que, incapables de s’associer harmonieusement, ils étaient plus dangereux l’un pour l’autre qu’il ne l’était pour Syn.

Concentré comme il l’était sur les esprits embrumés de ses victimes, sur leurs muscles endoloris plus que de raison, sur leurs sens même troublés par l’étreinte du Côté Obscur, Noctis ne vit pas précisément comment son Apprenti sut profiter de la situation pour faire valoir ses talents mais, bientôt, le silence était revenu dans l’appartement dévasté, alors que la chair calcinée des deux cadavres mêlait son odeur à celle du souffre.

— … merci, murmura l’Hapien d’une voix un peu rauque, tout en s’approchant des corps des Acolytes malheureux.

Il repoussa leurs capuches. Derrière, ils découvrirent deux créatures reptiliennes, au visage déformé par la mort et l’effort.

— Des Barabels, commenta Noctis. Voilà qui innocente nos hôtes. Je doute que les gens d’ici emploient une espèce comme celle-ci pour faire leur basse besogne. Quoi qu’il en soit, quand ces deux là ne reviendront pas…

Le Seigneur s’interrompit, serra les dents et prit une profonde inspiration. Il avait mal au dos, très mal au dos, mais c’était sans doute les conséquences de l’explosion et il choisit de ne pas s’en inquiéter. C’était une distraction inutile, pour l’heure, et il fallait parer au plus pressé. Il se redressa lentement.

— … leur maître enverra quelqu’un d’autre. Mais d’ici là, ça nous laisse le temps de gagner les rues marchandes, trouver de quoi se changer, nous fondre dans la foule et gagner l’astroport.

Prendre leur propre navette était exclu, puisqu’il était fort possible qu’elle fût piégée. Le commanditaire de cette sombre histoire avait péché heureusement par excès de confiance, en pariant sur l’efficacité de sa bombe et en n’envoyant que deux Acolytes médiocres nettoyer derrière elle. C’était un coup de chance et sans doute l’effet de la réputation de Noctis. Ce dernier avait découvert que la plupart des Siths au tempérament guerrier vivaient dans l’illusion qu’il suffisait d’un rien pour balayer un diplomate. C’était ainsi qu’on lui envoyait souvent en première tentative des assassins de second rang.

— Approchez.

Quand son Apprenti fut près de lui, Noctis posa la main sur le flanc de Syn, à même la peau, sous la chemise et, les yeux fermés, il se concentra. C’était un talent peu courant au sein des Siths qu’il déployait là, un pouvoir qui lui venait de sa formation de Jedi. La chaleur se propagea dans le corps de l’Apprenti, à mesure que certains de ses blessures et de ses contusions se dissipaient. Noctis finit par retirer sa main et il était évident qu’il avait été fatigué et éprouvé par la multiple démonstration de ses pouvoirs, mais il expliqua :

— Quelque chose me dit que vos aptitudes nous seront essentielles. Allons-y. Il nous faut d’abord trouver des vêtements plus discrets.
Invité
Anonymous
Au fur et à mesure que le combat avançait, je sentais les offensives de mes ennemis faiblir, aussi bien en force qu'en méthode. Ils étaient de plus en plus désynchronisés, et leurs mouvements frôlaient tout juste ce qui était acceptable de la part d'un novice. Je compris bien vite, après un regard jeté sur mon maître, que ce dernier n'était pas étranger à ce changement.
Peu à peu, mes parades devinrent des offensives. Mes coups étaient de plus en plus lourds, au détriment certes de ma vitesse, mais qui a besoin de frapper vite, quand il peut faire ployer la lame de son adversaire dès qu'il assène un coup ?

Il me fallait parvenir à écarter suffisamment les deux bretteurs ennemis. Je me permis donc la fantaisie de me placer entre eux, guettant une occasion. Elle finit par venir lorsque je pus frapper de mon pied le genou de l'un des deux agresseurs, le repoussant violemment dans un craquement. La menace qu'il me portait fut ainsi écarté quelques secondes, soit le temps qu'il me fallait pour pleinement contre-attaquer l'offensive suivante de son acolyte. Après une parade rigide et appuyée, je pus vriller sur moi-même, et dans un tourbillon de rage, la lame écarlate de mon sabre vint traverser la gorge de ma victime, projetant son sang en abondance. Pour éviter de perdre une secode trop précieuse, je repoussais son corps agonisant du pied, puis me retournai, pour parer l'offensive désespérée de son camarade.
Cette fois, ma lame fit plusieurs allées et venues en l'air, lacérant le torse de ma seconde cible à plusieurs reprises. Enfin, quand chaque nouveau sillon déposé sur son corps écailleux l'eût assez vidé de sa combattivité, je me permis le coup de grâce : un coup d'estoc, porté avec une précision inquiétante, droit dans le cœur de mon assaillant.

Dans la rage du combat, j'avais négligé l'importance de laisser en vie nos ennemis. Peut-être aurait-il pu nous donner quelques pistes quant à l'identité de nos agresseurs. La fureur m'avait emporté, à tel point que j'avais négligé la règle que je m'imposais en général, à savoir celle de porter le moins de coups possible. Je n'avais aucun penchant pour la violence gratuite, et avoir ainsi lacéré l'un de nos attaquants me rendait quelque peu honteux.
Je ne retirais aucune fierté de cette victoire. Je n'avais combattu ni pour l'honneur, ni pour le prestige. J'avais combattu pour tuer, cela se limitait à cela. Aussi, lorsque mon maître me remercia, je lui répondis avec un ton qui laissait apparaître des regrets :

-J'aurais du tenter de les capturer. Ils nous sont inutiles dans cet état.

Une fois le mystère quant à l'identité de nos agresseurs levés, je compris qu'il ne nous fallait pas perdre de temps, encore moins chercher à nous venger dans l'immédiat. La priorité n'était pas de punir, mais bien de s'enfuir. Je songeais cependant avec amertume que ce jour même ou lors de ceux qui viendraient, je ferais en sorte de massacrer le responsable.

Lorsque mon mentor me demanda d'approcher, j'étais convaincu qu'il comptait ponctionner un peu de mon énergie, ce que je l'avais déjà vu faire à l'un de ses fidèles. Après tout ce qu'il venait de faire pour moi, j'étais tout à fait prêt à lui céder autant de mon énergie qu'il en demanderait.
Or, à ma grande surprise, lorsque sa main se posa sur ma peau, ce ne fut non pas pour s'approprier mon énergie, mais pour restaurer mes forces. Je sentis la vigueur me revenir, en même temps que la férocité du prédateur acculé qui me saisissait aux tripes.
Lorsque je vis le visage de mon maître, fatigué par tous les efforts qu'il avait déployé, je me permis de lui faire une suggestion, sur un ton presque autoritaire :

-Vous devriez économiser vos forces maître. Ménagez vos pouvoirs, je vous en prie.

Je ne voulais surtout pas être un poids pour lui. Je ne pus cependant m'empêcher de constater que le fait qu'il sacrifie ses forces pour me rendre les miennes était un gage de confiance. Nous étions dans une situation de crise, dans un territoire hostile, c'était à mon tour de prendre des initiatives.

-Merci infiniment maître, le remerciai-je finalement, autant pour le pouvoir qu'il venait de déployer que pour la protection qu'il m'avait offerte à ses dépends.

Une fois que mon maître m'eût fait comprendre qu'il comptait sur moi pour ce qui était de notre fuite, je pris l'initiative de l'emmener dans le même ascenseur, après qu'un regard avisé sur la fenêtre pulvérisée m'ait permis de voir que nul autre visiteur ne nous attendait où que ce soit pour l'instant. Tant pis pour ce qui était de nos affaires, pour l'heure, tout cela était des détails superflus.
Une fois parvenu par le biais de l'ascenseur sur la piste d'atterrissage, nous pûmes découvrir les speeder deux places qu'avaient laissé derrière eux les deux barabels. Je préférais emprunter leur moyen de transport au nôtre par peur que ce dernier soit infesté de pièges.

Après avoir constaté si mon maître parvenait à recouvrer ses forces, je pris l'initiative de conduire, nous emmenant dans un premier temps chez un marchand d'habits de la capitale. Je trouvais ce dernier après quelques minutes. Il remplissait tous les critères : un homme seul le tenait, et nous pourrions nous y procurer des vêtements assez peu chers pour ne pas attirer l'attention.

A peine débarqués dans l'échoppe, il me suffit d'un regard, qui plus est dans l'accoutrement de lambeaux qui était le mien, pour me frayer un chemin dans son esprit. En quelques secondes, il comprit tout : qu'il ne devait pas nous traiter avec déloyauté, et que s'il ne s'y résolvait pas, il devraient endurer des souffrances inimaginables.
Le marchant nous conduisit ainsi à l'arrière boutique, dans laquelle je pus tendre à mon maître une pile de vêtements des plus ordinaires. Alors qu'il essayait ses vêtements, nous entendîmes le marchand interpeller de nouveaux clients, sans que ceux-ci ne puissent nous voir.

Je compris bien assez vite, à leur élocution si particulière, qu'il ne s'agissait pas d'une heureuse coïncidence. Encore moins lorsque j'entendis le dernier râle du vieux gérant s'éteindre derrière des bruits de blasters.

-Maître, dépêchez-vous. Nous avons de la visite...

Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Dans le speeder, Noctis eut l’air tout à fait absent. Les yeux fermés, on aurait juré qu’il s’était endormi mais, en réalité, il était entré dans une méditation profonde qui, même brève, lui permettrait de restaurer un peu de ses forces. Il avait réfléchi dans l’ascenseur, hésité entre dissiper ses douleurs ou se plonger un peu plus dans la Force, et choisit finalement la seconde option, jugeant que le bien-être viendrait après la fuite et que, pour l’heure, il s’agissait d’être aussi utile que possible.

Il avait ainsi l’air moins éprouvé quand ils pénétrèrent dans le magasin de vêtements mais sa démarche, moins gracieuse qu’à l’ordinaire, continuait à suggérer ses contusions. Le silence qu’il adoptait n’était pas non plus très habituel, lui qui était en général si bavard. Il se débarrassa de ses vêtements pour s’habiller en vitesse mais, plusieurs fois, ses mouvements s’interrompirent un instant, sa mâchoire se serra, et on voyait sans peine qu’il était gêné par la douleur. Mais il survivrait.

— Par ici, souffla le Seigneur Sith, en attendant le marchand s’effondrer sous les tirs de blaster.

Il entraina Syn par la porte de l’arrière-boutique qui donnait sur une petite ruelle de service, déserte mais bien entretenue. Dégainant son sabre, il le pressa contre la porte d’en face, alluma la lame pour quelques secondes, le temps de transpercer la serrure, et s’engagea dans le nouveau bâtiment. Il y avait des escaliers, des couloirs, tout le méandre d’une dense architecture urbaine, dans lequel il paraissait s’orienter avec une aisance presque suspecte, comme s’il avait toujours vécu là.

En réalité, il ne savait pas où ils allaient, pas précisément en tout cas, et c’était la Force qui le guidait. Padawan, il avait découvert que c’était là l’un des exercices les plus compliqués, non parce qu’il exigeait de grands pouvoirs, mais parce qu’il demandait une grande confiance en la Force. Se laisser porter par des intuitions presque imperceptibles, avoir la foi qu’au bout du compte, on ferait ce qu’il fallait faire, on se trouverait où il faudrait se trouver, c’était faire abstraction de ses réflexes rationnels les plus spontanés.

Ils avaient bien entendu les bruits de bottes derrière eux, au début, mais après le cinquième détour étrange, le cinquième changement de direction soudain, la cinquième porte inattendue trouvée coincée entre deux compteurs électriques, ce fut le silence derrière eux. Noctis s’arrêta pour reprendre sa respiration, forcés qu’ils avaient été d’emprunter le pas de course. Il n’avait même pas vraiment conscience du genre d’endroit dans lequel il se trouvait et, pendant un moment, tout ce à quoi il put penser, c’était à la douleur qu’il ressentait quand ses poumons soulevaient sa cage thoracique.

Mais finalement, il se rendit compte qu’ils avaient abouti aux galeries de service de l’un des centres commerciaux de la capitale. Ils étaient entourés de caisses, de câbles et de droïdes désactivés qui attendaient leur réparation et, au-dessous d’eux, plus d’une vingtaine d’étages de boutiques vrombissaient de l’activité des clients. Noctis, assis sur une caisse, poussa un long soupir.

— Quitter la planète ne sera pas aisé mais nos amis vont finir par devoir se faire aussi discrets que nous, parce que leurs activités vont alerter les autorités locales.

Et comme il n’avait senti aucune animosité chez les dignitaires de Serenno pendant leurs entrevues des derniers jours, il était prêt à parier que leurs assassins étaient des clandestins sur ce monde, qui avaient surtout voulu éviter de faire des tentatives sur Korriban ou Dromund Kaas, là où Noctis était entouré de fidèles beaucoup trop réactifs. C’était sans compter sur la vaillance de son Apprenti.

— Il faut que nous nous rendions à l’astroport. Nous pourrons mener l’enquête une fois en sécurité et, pour l’heure, inutile de presque des risques inconsidérés pour épargner nos poursuivants afin de leur poser des questions. Vous avez bien fait de tuer les premiers. En route.

À peine sorti du local technique, ils furent alpagués par un employé qui s’occupait de maintenance.

— On peut savoir ce que vous fabriquez là ?
— On est d’la nouvelle équipe. Bob et Cam.

La voix de Noctis était méconnaissable. Son accent était devenu celui des couches populaires de Serenno, ses gestes ceux, un peu brusques, d’un travailleur physique. Il renifla et passa sa main sous son nez.

— Mais c’t’un putain de labyrinthe, sérieux, ici. On nous dit, ouais, allez réparer le droïde machin, allez réparer le droïde chose, mais faudrait au moins nous filer un localisateur, j’suis pas omniscient, moi, comment je me repère dans c’te galerie ? J’veux bien qu’il faille faire des économies, mais moi je dis, si on fait pas vraiment pression avec un syndicat, on va finir par…

Et ce fut un flot de plaintes en tout genre, sur les conditions de travail, sur les horaires, sur le patronat, sur les clients, sur le matériel, sur le capitalisme en général et les centres commerciaux en particulier. L’autre employé finit par lever la main en signe d’apaisement. L’apparence singulière tant de Noctis que du Hapien l’avait bien étonné au début mais il avait fini par se dire qu’ils faisaient partie de ces rebuts d’astroport pas très malins qui acceptaient n’importe quel travail pour pouvoir survivre, en débarquant sur une planète étrangère.

— Allez demander votre matériel à la centrale mais je serais vous, je jouerais pas trop les révolutionnaires syndicales à mon premier jour de travail. C’est pas les bras qui manquent et qui préféreraient travailler ici qu’aux docks.
— Ouais, ouais, pour sûr, maugréa Noctis de mauvaise grâce.

Et les deux Jedis purent passer leur chemin.
Invité
Anonymous
Je suivais mon maître à travers le dédale de couloirs qu'était cet horrible immeuble, s'avérant être finalement être l'un de ces centres commerciaux démesurés propres aux mondes aussi civilisés que ne l'était Serreno. Je ne pus m'empêcher de dresser le constat que dans ce genre de sociétés où tous les produits imaginables étaient disponibles en profusion au premier incapable générait massivement des incapables inaptes au moindre sacrifice, à la moindre privation. Pour un combattant tel que moi, élevé dans le sang et la boue, devenu homme en vivant sur Korriban ou en m'exilant sur Dagobah, le genre d'hommes tout juste bon à consommer qui pullulaient dans le bâtiment dans lequel le destin nous avait conduit m'insupportait, de par leur seule présence.

Mon maître avait l'air épuisé. J'hésitai à lui offrir l'énergie qui lui manquait pour retrouver toute sa superbe, mais j'avais peur de devenir inutile après une telle ponction. En terme d'énergie obscure, un Seigneur aussi érudit qu'il l'était et moi ne jouions pas dans la même cours. Pour recouvrer toutes ses forces, sans doute lui aurait-il fallu me laisser à deux pas de la mort. Une perspective peu réjouissante.

Je frémis lorsque mon mentor et moi rencontrâmes par mégarde un employé quelconque. Je ne savais pas quels moyens avaient déployé nos agresseurs, et j'avais peur à l'idée qu'ils ne possèdent des yeux et des oreilles partout.
Fort heureusement, mon maître eut une réaction des plus concertantes. Son accent, sa posture, rien ne laissait plus présager de sa véritable nature. Il était devenu lui aussi l'un de ces hommes voués à meubler ce décor grouillant. Décidément, le boucher de Kano-IV avait plus d'un tour dans son sac.

Une fois débarrassés de ce gêneur, j'invitai mon maître à mettre le plus de distances possibles entre nous et le fameux local. Nous ne pouvions nous permettre de rester trop longtemps au même endroit.

-Vous devriez essayer d'estomper au mieux votre présence dans la Force maître. M'est avis que nos poursuivants ne sont pas tous de la même trempe que les deux barabels.

Mon conseil relevait de l'évidence, mais je voulais au moins le formuler, n'était-ce que pour me rassurer. Nos poursuivants étaient sans nul doutes Sith -du moins en partie, étant donné les tirs de blaster- et n'auraient pas trop de mal à ressentir une présence aussi affirmée que celle de mon maître.

J'invitai celui-ci à s'arrêter, le temps que je consulte un plan des lieux, accroché à un mur. Il nous fallait un nouveau véhicule, pour approcher l'astroport. Après avoir repéré un itinéraire qui n'impliquait pas de repasser par les mêmes endroits qu'à notre arrivée, je pressai mon maître, de peur de laisser le temps à nos agresseurs de quadriller la zone, de se l'approprier.
Nous rejoignîmes ainsi un parking situés dans les étages inférieurs, après être montés dans un nouvel ascenseur, trajet d'ailleurs assez désagréable, tant mes yeux ne cessaient de s'affoler, papillonnant d'un inconnu à l'autre, confrontant parfois des regards gênés par le mien.

Le parking était assez obscur, et des centaines de voitures y étaient amassées. Au bout de celui-ci, une grande entrée laissait percevoir toutes les lumières de la ville, de plus en plus perceptibles dans la noirceur de la nuit. J'entraînai mon maître dans un des recoins de l'immense pièce où plus aucun véhicule ne s'aventurait.
Là, je repérai un speeder décapotable, dont le modèle m'était familier. Je bondis à l'intérieur, laissant mon maître au sol. Je me penchai et observai la plupart des systèmes mécaniques qui composaient le panneau de bord. D'un geste expert, je fis s'ouvrir ce dernier, en révélant tous les composants. Après quelques manipulations apprises sur le tas au cours d'un séjour sur Artorias, je parvins à faire démarrer le véhicule. Les phares s'allumèrent, le moteur s'enclencha, sans qu'à aucun moment l'alarme n'ait retentit.

-Je savais que mon séjour avec cette bande de brigands d'artorias me servirait un jour ! Montez maître ! lançai-je à ce dernier avec un large sourire.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Le speeder allait à un train modéré dans les couloirs de circulation de Serenno. Il avait fallu trouver un compromis entre la promptitude et la discrétion, même si les deux Siths étaient pressés d’atteindre l’astroport. Enfin assis en tout cas, les yeux fermés, Noctis pouvait rassembler ses forces et, encore une fois, il sacrifia sa guérison physique à la reconstitution de ses aptitudes mystiques. C’était un exercice qui exigeait des facultés de concentration presque surhumaine, dans tout le tumulte de la circulation, mais l’Hapien paraissait être hermétique à l’agitation extérieure.

Bientôt, ils se rangeaient dans l’un des innombrables niveaux du parking de l’astroport. Le moteur coupé, Noctis rouvrit les yeux et fit observer :

— Il leur paraitra évident que nous cherchions à nous échapper de la planète et tout aussi évident que nous évitions nos propres navettes. On nous recherche probablement dans l’astroport et notre seul avantage, c’est que les autorités n’ont pas l’air de collaborer à toute cette histoire. Si bien que nos agresseurs se cachent autant que nous. Je suggère donc que nous nous trouvions une famille.

La conclusion avait de quoi surprendre mais, sans plus d’explication, Noctis descendit du speeder. L’astroport était une ville dans la ville, avec ses parkings, ses commerces, ses innombrables embarcadères et ses niveaux de bureaux. On y entendait parler des dizaines de langues, on y croisait les espèces les plus diverses, et dans cette multitude, il était plus facile de passer inaperçu. Les deux Siths se frayaient un chemin dans la foule. Il ne serait pas facile de trouver un moyen de passer tous les portiques de sécurité mais Noctis avait une idée en tête.

Les yeux du Hapien balayaient la foule, surtout les terrasses des cafés, à la recherche de quelque chose de bien particulier. Finalement, il souffla à l’attention de son apprenti :

— Par ici. Soyez charmant.

Encore un conseil énigmatique et pour le moins à contretemps. Les deux Siths s’approchèrent d’une table déjà occupée et Noctis demanda :

— On peut se joindre à vous ?

Les deux jeunes femmes qui étaient là, deux humaines assez jolies, levèrent leur regard vers l’Hapien et le charme du jeune Seigneur fit de toute évidence forte impression. Il leur décocha un sourire gêné, bien calculé pour être à la fois séducteur et attendrissant, et précisa :

— C’est occupé partout.

Ce dont ils avaient besoin pour passer inaperçus dans la foule, c’était de rompre de la configuration de leur formation. De n’être plus deux mais quatre, par exemple, de ne pas être deux diplomates en cavale mais deux couples qui rentraient au pays après une visite sur Serenno. Les douanes, les gardes-frontières, tout cela pouvait être subjugué par la Force, et d’autant plus facilement que les apparences seraient avec eux.

— Bien sûr, bien sûr, répondit finalement l’une des demoiselles.

Noctis s’installa sans hésiter.

— Vous allez où ?

Cette fois-ci, l’accent de l’Hapien s’était calé tout seul sur celui de son interlocutrice, et il parlait de façon plus décontractée, moins élaborée qu’à l’ordinaire.

— Ah pardon, moi c’est Absalom, et c’est mon ami Syn.

Donner de faux noms aurait été parfaitement superflus et, de la sorte, ils n’auraient pas de mal à se souvenir spontanément de leur identité d’emprunt.

— On est venus visiter un peu, et tout, c’est quand même très impressionnant. Vous avez vu le musée de l’escrime ?
— Avec toutes les épées ? Mais oui ! C’était génial. Et donc, on est d’Anthor.
— Pas possible ! Nous aussi ! De quelle région ?

Et toute une conversation s’engagea, sur les régions d’Anthor. On aurait juré que Noctis connaissait la planète comme sa poche mais, en réalité, il se contentait de rebondir sur les descriptions de la jeune femme, prénommée Ellypso, en brodant sur quelques éléments. Ses rires, ses sourires, ses regards un peu charmeurs, parfois sa main qui effleurait celle de son interlocutrice, faisaient le reste.

De plaisanteries en souvenirs d’enfance purement fictifs, de petites confidences anodines en commentaires banaux sur la météo, l’évidence qu’ils feraient le reste du voyage ensemble s’imposa, pendant que non loin de là, deux mercenaires cherchaient désespérément la foule à la recherche de deux Siths sanguinaires en cavale, plutôt que de deux jeunes gens qui draguaient les filles à la terrasse des cafés.
Invité
Anonymous
Je ne compris pas tout de suite l'ordre de mon maître. On m'avait demandé d'être bien des choses, mais jamais charmant. Cependant, lorsque je le vis se mettre en tête de séduire deux charmantes jeunes filles attablées à la terrasse d'un café, je compris la véritable nature de son commandement. Il me demandait de plaire à ces séduisantes humaines apparemment venues d'Anthor.

Tandis que mon maître laissait l'une d'entre elle en particulier se livrer, je tentais du mieux que je pouvais de jouer les bellâtres de mon côté. Je tentais de garder avec moi l'atout du mystère, du secret, du silence. Je savais les femmes particulièrement réceptives à ce qui pouvait leur paraître inaccessible. Je me contentais donc d'arborer un sourire attirant, et jouai davantage sur mon regard si atypique pour capter l'attention de l'autre humaine. J'avais déjà observé sur Artorias que dans ce genre de duo féminin, l'une des deux filles avait tendance à remplir le rôle de pilier. Plus avisée, plus sage, la femme aux longs cheveux bruns d'une raideur qui ne pouvait être naturelle, avec laquelle j'échangeais de longs regards appuyés et souriants, semblait être celle là. Sans doute était-elle l'épaule sur laquelle reposait l'insouciance de sa comparse, de la même manière que j'étais davantage sur la réserve que mon maître.

Ce dernier fit d'ailleurs des merveilles, car la dénommée Ellypso nous offrait une couverture toujours plus garnie, toujours plus riche de détails. Mon mentor semblait connaître toute les subtilités du jeu de séduction. Subtilités que j'enviais un peu à vrai dire. Sans doute était-ce là l'un de mes vices les mieux dissimulés. Si j'étais dans la vie de tous les jours un modèle de fermeté et de violence, j'aimais me laisser aller à la douceur le temps d'une nuit, avec une inconnue. Malheureusement, cette inconnue avait bien souvent les traits d'une malheureuse esclave twi'lek.

Finalement, ainsi couvert par mes trois camarades, je pus laisser mes yeux traverser furieusement la foule, à la recherche du moindre détail suspect. J'essayais de déceler dans la foule des nouveaux arrivants des individus qui trancheraient dans le décor, qui trahiraient leurs vraies intentions.
Mon regard s'arrêta alors sur deux individus, manifestement armés plus que de raison. Des mercenaires. Deux nautolans, manifestement très agacés si l'on en jugeait par leurs visages emprunts de colère, et leur façon de dévisager la foule tout autour d'eux. Ils étaient abordables. En voulant voir, ils s'étaient rendus plus voyants que de raison.

Je pus enfin relâcher ma concentration, et c'est à ce moment là qu'Ellypso confia à mon maître, qui avait su s'attirer ses faveurs en un temps record :

-Pour tout vous dire, nous sommes venus pour que Donna puisse oublier un peu son ex. C'est un vrai poison, il lui colle à la peau ! Elle ne pouvait plus respirer...

Je choisis cette occasion pour faire passer un message à mon maître :

-Moi aussi. J'avais besoin de vacances, mon ex-femme ne cesse de me harceler pour des problèmes financiers. Je ne sais pas si je ferais mieux de l'esquiver, ou bien de la confronter.

Sur ces mots, j'échangeai un regard appuyé avec mon maître, comme si j'attendais qu'un ami me donne son conseil. Sauf que ce que nos nouvelles compagnes ignoraient, c'était que les désirs de mon maître étaient des ordres. Et que la confrontation, si elle avait lieu, ne serait pas aussi raisonnable que mon ton l'avait laissé entendre.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Encore des mercenaires. Le commentaire de Syn avait invité Noctis à écouter la Force, pour détecter dans cette vaste foule qui les entourait les intentions hostiles, et une fois les pickpockets ordinaires écartés du champ de sa conscience, il avait à son tour repérer les Nautolans. S’il en jugeait par ce qu’il avait aperçu des talents de Syn au sabre, les maîtriser n’aurait certes pas été un problème, mais il y avait tout le reste à considérer : la sécurité de l’aéroport, l’évacuation, les défenses planétaires.

— Oh, il me semble parfois qu’il faut savoir tourner la page et aller de l’avis.
— À ce propos, la navette pour Anthor décolle dans une demi-heure, je pense qu’on devrait tous aller à l’embarquement.

« Tous », ça voulait dire tous ensemble et Ellypso posa un regard appuyé sur Noctis. Celui-ci hocha la tête mais l’autre jeune femme demanda :

— Vous n’avez pas de valise ?
— Déjà chargées en soute, répondit le Seigneur Sith du tac-au-tac.

De toute évidence, le mensonge était pour lui une seconde nature. S’il ne se sentait pas très à l’aise au sabre, le petit jeu auquel il se livrait avec les deux jeunes femmes était bien l’un de ses terrains de prédilection. Ils se levèrent tous ensemble mais l’Hapien laissa les demoiselles les procéder pour murmurer à l’intention de son apprenti :

— Aux portiques de sécurité, je m’occuperai de l’esprit des douaniers, pour les convaincre que nous avons des papiers d’embarquement. De votre côté, vous vous occuperez de faire glisser discrètement nos sabres dans les interstices entre les scanners corporels et les scanners de bagages à main.

C’était un exercice télékinésique qui ne demandait pas beaucoup de puissance mais une sacrée dose de précision, surtout dans un endroit aussi populeux, où il était malaisé de se concentrer. Noctis tira discrètement le sabre de sous son haut, où il était dissimulé contre sa ceinture et le donna à Syn, avant d’allonger le pas pour rattraper leurs deux alibis et engager une nouvelle fois la conversation.

Engagés dans la file qui serpentait pour atteindre les portiques, ils ne tardèrent pas à rencontrer les douaniers. Les deux jeunes femmes présentèrent leur carte d’embarquement digitale, avant d’être emportées par le flot des passagers en direction des scanners. Quand ce fut au tour de Noctis, il esquissa un léger geste de la main et murmura :

— Tout est en ordre.
— Tout est en ordre, répéta docilement l’employé.
— Direction Anthor.
— Direction Anthor.

Et il leur fit signe de poursuivre. L’Hapien se permit un regard derrière lui et il fut satisfait de constater que les deux Nautolans continuaient à patrouiller dans la partie la plus publique de l’astroport. C’était déjà une petite victoire mais le Sith était prêt à parier qu’au moins un autre mercenaire patrouillait de l’autre côté, vraisemblablement sans arme, mais attentif à toutes les allées et venues, au cas où ils auraient échappé à la vigilance de ses collègues.

— Et vous, vous êtes marié ?
— On peut se tutoyer. Et non, non, certainement pas. Je suis libre comm l’air.
— Intéressant, commenta Ellypso en récupérant son sac sur le tapis roulant, alors que Noctis venait de passer sans encombre les différents détecteurs.

De l’autre côté, la foule était beaucoup moins dense et si quelqu’un les y cherchait effectivement, ils seraient vite repérés. Mais Noctis doutait qu’un mercenaire ne veuille provoquer une esclandre, au risque d’alerter les forces de l’ordre locales et de se retrouver avec un contingent d’agents bien entraînés, prêts à endiguer la menace terroriste. On chercherait sans doute à leur planter discrètement une dague empoisonnée entre les côtes.

Le regard pénétrant du Hapien scrutait donc la foule.

— Quelque chose ne va pas ?
— Oh, c’est juste que je suis toujours un peu anxieux à l’idée de voler.
— Oh, vraiment, fondit Ellypso, comme si on venait de lui montrer la photo d’un bébé animal.

Avouer ses fragilités, c’était toujours une méthode sûre. Noctis se retourna vers Syn, pour s’assurer que leurs sabres étaient bien passés sans encombre.
Invité
Anonymous
Notre petite troupe se mit alors en route pour la navette à destination d'Anthor. J'eus une pensée pour mes affaires restées dans l'appartement en ruine, spécifiquement mon armure. Celle-ci avait du être sérieusement endommagée. Il me faudrait du temps pour la reconstruire, à condition bien sûr que mon maître ne demande aux autorités de Serreno de nous livrer nos bagages. Mais après tout, avec tous les contacts que je commençais à nouer avec les proches de mon maître, sans doute trouverais-je quelqu'un capable de concevoir avec moi une nouvelle armure, plus puissante, plus solide, plus intimidante. La mienne avait fait son temps, et mon visage d'acier correspondait de moins en moins à l'homme que j'étais, ni celui que j'aspirais à devenir.

Mon maître m'ordonna alors de m'occuper de faire passer nos sabres laser discrètement dans un étroit passage qui nous permettrait de ne pas être remarqués. C'était risqué, car mon usage de la télékinésie était assez moyen. Cependant, mon mentor remplissait déjà son rôle : celui d'occuper l'esprit des gardes. Sans passeport et sans son habileté au contrôle des esprits, nous n'avions aucune chance de pouvoir passer indemne. Aussi, je ne protestai pas. Je devais réussir, et je réussirais.

Mon maître ouvrit donc la voie s'engageant dans le même chemin que nos deux nouvelles amies, qui venaient de dévoiler leurs propres documents d'identité. Je vis alors Darth Noctis échanger quelques mots avec le douanier, puis passer sans encombre. Lorsque ce fut mon tour, je fus assez mal à l'aise, ce que je tentai au mieux de dissimuler, alors que l'employé me faisait signe de continuer mon chemin, silencieusement, les yeux dans le vide.

C'est alors que j'approchais du portique que je fis mine de refaire les lacets de mes nouvelles bottes, étalant autour de moi le large manteau volé un peu plus tôt. Priant pour ne pas être surpris comme le dernier des imbéciles, je déposai mon propre sabre, puis celui de mon maître à terre, alignés l'un à côté de l'autre. Je me fis aussi gros que possible, masquant la vue de l'homme un peu plus petit que moi qui allait me succéder. Pendant ce temps, je focalisai mon esprit sur la réussite de mon entreprise, alors que mes mains déposaient une sacoche inutile, remplie de tee-shirts dont je m'étais emparé dans l'échoppe du marchand tué dont nous avions du nous tirer avec précipitation, en prenant garde de l'entrouvrir.

Je fis abstraction de la foule autour de moi. Je focalisai mon être du mieux que je le pouvais sur le monde qui nous entouraient, sur chaque objet, chaque machine, chaque tissu. Je vis alors les deux sabres se rapprocher de l'étroit interstice entre les deux engins de détection. J'avançai en les suivant de quelques pas. Je sentis l'arme de mon maître se positionner au-dessus du mien, réduisant la largeur totale des deux objets. Enfin, lorsque j'eus franchis les deux portiques sans qu'aucun d'eux ne se déclenche, je m'emparai de mon bagage à main, et dans une maladresse feinte, je le fis tomber au sol, déversant une partie de son contenu, tout près des deux sabres. Jurant contre moi-même, je me penchai sur mes affaires si récemment acquises, et enrobai les sabres dans le tissu.

Alors que je pressai le pas pour rejoindre mon maître, assez satisfait de mon succès, j'eus la vive impression qu'un danger était imminent. Ma mine légère se voila tout à coup d'inquiétude. Tout se joua en l'espace de quelques secondes. Mon mentor tourna brièvement son regard vers moi. Dans la nuée humaine dispersée et moins dense qu'elle ne l'était quelques dizaines de mètre auparavant, je vis un vieil homme, sans doute humain, à l'épaisse barbe blanche, et dont rien, ni sa mine ni son habillement, ne pouvait prêter à la suspicion, délaisser le datapad qu'il semblait observer minutieusement puis saisir un long objet cylindrique de bois d'un revers de sa veste. Mes sourcils se froncèrent, signe de ma surprise, lorsque l'individu d'apparence ordinaire et inoffensive porta le long tube de bois à ses lèvres. Toute mon attention focalisée sur lui, j'entendis alors son expiration très violente. Comprenant son intention, j'hurlai alors mon maître :

-Absalom !

J'avais tout de même pris le soin de ne pas l'appeler maître, ce dont je fus le premier étonné. Tout cela n'avait en tout et pour tout duré qu'une seconde. Je me jetais entre lui et le vieil homme à notre droite. Je ne ressentis rien, si ce n'est une vive piqûre au dans le creux du cou, le tout sous un cri aigu de surprise poussé presque conjointement par les deux Anthoriennes.
La scène fut dans un premier temps absurde. Je dévisageai le vieil homme, dont les yeux écarquillés semblaient témoigner qu'il réalisait qu'il venait de faire l'erreur de sa vie. Mais mon premier réflexe ne fut pas de me ruer sur lui, mais bien de porter ma main droite à mon cou. J'en extirpai une longue aiguille de bois, de trois ou quatre centimètres, enduite de sang et d'une matière manifestement plus visqueuse en son extrémité. Je laissais retomber le petit pic au sol.

Alors que j'hésitais entre échanger avec mon maître et foudroyer sur place le malheureux qui venait de m'atteindre grâce à sa sarbacane, je sentis le monde commencer à vaciller autour de moi. Le sol sembla soudain devenir flasque, vibrant. Ma vision se fit trouble, par des épisodes de plus en plus rapprochés. Le souffle haletant, je tendais à mon maître la sacoche contenant nos armes, pour qu'il se saisisse de la sienne. Je craignais que les nautolans ne nous repèrent de nouveaux, et chaque seconde me rendait davantage incapable. Autour de nous, je perçus avec confusion les autres passagers s'écarter, de crainte d'être victimes de quoi que ce fut.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Opération camouflage annulée. Le vieux fixait le Seigneur, le Seigneur Sith fixait le vieux, et Syn était en train de connaître les effets d’on ne savait trop quel poison. Tout ne se déroulait pas exactement comme Noctis l’avait souhaité. Il se tourna vers les deux gardes qui regardaient la scène un peu déconcertés, encore postés à côté des portiques de sécurité, et ordonna d’une voix impérieuse que la Force rendait véritablement obsédante :

— Tuez-le.

Et sans se poser de question, sans être au fond capables de penser, les deux gardes s’élancèrent à la poursuite du vieux. Se désintéressant pour un temps de leur agresser, Noctis s’agenouilla à côté de Syn, posa une main sur son cou, l’autre sur son cœur, par dessus le tissu de ses vêtements.

— Qu’est-ce qu’il…
— Silence.

Finie, l’affabilité de façade. Le Sith ferma les yeux et se concentra intensément sur la Force. Le cœur de Syn se ralentit petit à petit, pour empêcher le poison de trop se propager, puis Noctis se concentra sur cette seule substance étrangère. Lentement, il éloigna sa main du cou du Syn et le poison fut entrainé avec elle, sortant de la plaie en filaments filandreux, qui flottaient dans l’espace entre le cou de l’Apprenti et la main du Seigneur comme l’aurait fait un liquide en apesanteur.

D’un geste vif de la main, Noctis envoya le poison s’écraser contre un mur, tandis que son autre main rendait au cœur de Syn son rythme normal. C’était une guérison de champ de bataille, brusque et sans doute un peu douloureuse, mais à en juger par les tirs de blaster qui résonnaient désormais autour d’eux, d’un côté et de l’autre des portiques, l’heure n’était pas à la délicatesse. Noctis fourra le sabre dans la main de l’Apprenti revenu à la vie, en murmurant simplement :

— Merci.

Difficile de savoir si le poison aurait eu le même effet sur son corps endurci par bien des rituels obscurs que sur celui de Syn mais très franchement, il préférait appliquer la première règle du mithridatisme : on résistait d’autant mieux aux poisons qu’on n’y était pas exposé. Noctis se redressa, sa propre arme à la main. Tout autour d’eux, c’était la panique : les passagers se ruaient vers les issues de secours. Quelques mètres plus loin, les gardes avaient pris le vieux à la sarbacane entre des feux croisés, mais celui-ci dissipait l’énergie grâce à la Force. Noctis entendit même le crépitement caractéristique des éclairs.

De l’autre côté des portiques, les Nautolans avaient fendu la foule et, après un brave combat avec les gardes de là-bas, ils s’apprêtaient à rejoindre la zone d’embarquement. Noctis se redressa, son arme à la main. Cette fois-ci, il n’y coupera pas.

— Tuez le sorcier. Je m’occupe des deux chasseurs de prime.

C’était ambitieux pour un Sith qui admettait volontiers ne pas être un expert du sabre mais son arme ne serait que l’instrument ultime d’un combat qui se jouerait ailleurs. Noctis s’avança vers ses deux adversaires, irradiant d’obscurité. Tout autour de lui, l’air s’était épaissi et bientôt, il avait disparu, avec les portiques de sécurité, les corps des gardes et les deux Nautolans, dans un épais Brouillard d’Ombre.

La seule chose qui parvint à en sortir fut le vrombissement de son arme qu’il venait d’activer. Les mercenaires Nautolans, incapables de voir à plus de quelques centimètres, progressaient désormais à pas lents, mais le Seigneur Sith, lui, libre de ses mouvements, fondit sur eux. On lui avait très tôt appris à ne pas se fier à son premier réflexe. Quand on était médiocre au sabre, il ne fallait pas rester sur la défensive. Plus le combat durait, plus on risquait d’être exposé à cause de sa faiblesse technique. Il fallait ou fuir, ou attaquer pour finir rapidement la rencontre.

Donc, il attaquait. Les coups de blaster tirés au hasard furent facilement déviés par la lame rouge. Noctis aurait aimé les renvoyer directement à l’expéditeur mais c’était un exercice où il n’avait jamais brillé. Quand les Nautolans comprirent l’inutilité de leurs armes et la nécessité pour le Seigneur de se rapprocher d’eux avec la sienne, ils firent le choix plein de bon sens de privilégier le combat au corps à corps. Un premier coup de poing plus habile prit Noctis par surprise et le jeta au sol, mais le Seigneur roula sur le côté pour éviter un coup de pied et sa lame trancha la jambe de l’un des Nautolans à la cheville.

Le mercenaire bascula et Noctis, qui se relevait en même temps, lui enfonça son sabre dans la gorge. Il était à peine debout qu’un coup au ventre lui coupait le souffle. Il bondit en arrière dans le Brouillard d’Ombre, pour se dissimuler à nouveau. Le Nautolan survivant le cherchait à tâtons mais le Sith l’avait contourné aussi silencieusement que possible et, soudain, il lui enfonça sa lame en plein cœur, depuis le dos. Le mercenaire s’effondra sur le coup.

Noctis cracha un peu de sang, en rétractant la lame de son sabre. Désormais, tout son corps était douloureux. Autour de lui, le Brouillard d’Ombre se dissipa.
Invité
Anonymous
L'échec de son attaque furtive semblait avoir profondément déstabilisé notre vieil agresseur. J'étais cependant à genoux, une douleur intense perçait mon crâne. Je sentais le sang battre dans mes tempes comme si il s'agissait de coups de marteau. Mes yeux semblaient s'être voilés d'une brume très claire, et les sons me parvenaient d'une façon de plus en plus inégale. Je vis mon maître s'agenouiller près de moi, profitant d'un moment d'inactivité de nos agresseurs, qui ne savaient encore quel comportement adopter.

Je sentis mon souffle et mon cœur ralentir, ce qui fit monter chez moi une sorte d'angoisse, car je ne savais pas si il s'agissait du poison, manifestement très virulent, voire si mon maître choisissait d'abréger mes souffrances, d'autant qu'il venait de me remercier assez gravement. Mais alors que mon angoisse se faisait toujours plus intense, je sentis une nouvelle brûlure envahir mon cou. Je pus apercevoir de longs filaments liquides flotter hors de mon cou. Le Seigneur Sith éjecta ce liquide loin de moi, et en quelques secondes, je fus dans un état global bien meilleur.

-Merci, remerciai-je dans une voix presque éteinte le hapien.

Je me relevai finalement, plus stable et sain mais néanmoins toujours un peu vaseux, et m'emparai moi aussi de mon fidèle sabre d'une main ferme. La rage de l'animal blessé et acculé commençait déjà à m'envahir. J'avais soif de vengeance, et je ne retiendrais pas longtemps ma rage.

Après que mon maître eût déployé un intense brouillard des plus denses, je me tournai vers le tireur à la sarbacane, que mon mentor avait identifié comme un sorcier. S'il se retrouvait à suivre ce genre d'ordre, il ne devait pas occuper le haut de la chaîne alimentaire, et j'étais bien décidé à le massacrer. Je retins quelques secondes ma violence bestiale, faisant les cent pas en dévisageant ma cible. Celui-ci s'était débarrassé de son long manteau, dévoilant une tenue bien plus légère, taillée pour l'aisance.

Après avoir épié ma victime, je pris l'initiative d'entamer une course dans sa direction, mais après quelques pas seulement, il libéra sur moi une foudre bleue d'une rare violence. Ma lame rouge activée servit de rempart entre mon corps et ces éclairs effrayants. Malgré ma force physique tout à fait inhabituelle, je ne parvenais ni à rediriger l'attaque, ni à me soumettre à son contact. Alors que je m'acharnais à me défendre de cette monstrueuse offensive, mes pieds commencèrent lentement à glisser sur le sol lisse de l'astroport.
Armé seulement de ma haine et de mon arme vermeille, je faisais peser tout mon poids vers l'avant, sous les cris toujours plus paniqués des civils témoins de toute cette violence. Je hurlai de rage, dévoilant des incisives particulièrement aiguisées. Mes muscles se bandèrent, et tous purent voir mon cou se nervurer, les veines qui parcouraient mon buste, mes bras et mon front apparurent à leur plus beau jour, tandis que, malgré le torrent de foudre, j'avançai lentement, pas par pas, me rapprochant inexorablement du sorcier.

Celui-ci aussi libéra un cri de rage, qui résonna dans l'astroport, mais rien n'y fit : il fatiguait. J'étais à une petite dizaine de pas de lui lorsqu'il cessa de m'inonder brusquement de ses éclairs. Soudain libéré d'une insoutenable pression, je me ruais sur lui. Alors que je m'apprêtais à lui infliger un coup de sabre qui lui aurait été fatal, il tendit brusquement sa paume droite dans ma direction, me touchant presque. La réaction fut immédiate : je fus arraché au sol, et allai m'écraser plusieurs mètres loin de lui. Sa vague de force avait été là plus puissante que l'on m'ait jamais infligée.

Je me relevais cependant, et constatai toute la fatigue de mon adversaire. Celui-ci ne pourrait plus exécuter qu'une seule attaque, sous condition de ne jamais parvenir à l'emporter. C'était sa dernière chance. Je reprenais mon souffle, coupé par l'impact.
Je reprenais alors ma course, sous les yeux de l'assemblée civile innocente, qui venait de voir mon maître démembrer les nautolans.
Une ultime fois, le sorcier libéra ses éclairs. Leur flot était aussi redoutable que la première fois, mais je n'étais toujours pas décidé à m'avouer vaincu. Mes pas étaient lents, mais je me rapprochai inexorablement de mon ennemi. Il ne put jamais empêcher mon avancée, et à mesure que la distance entre nous se réduisait, sa foudre perdait en intensité.

Le vieil homme finit enfin par laisser retomber ses bras le long de son corps, épuisé. Il se savait vaincu, mais ce spectacle n'apaisa en rien ma colère. J'empalais son ventre sur mon arme, sans éprouver la moindre compassion. Alors qu'il émettait un long râle de douleur, je le soulevai dans ma course, jusqu'à ce que son corps ne rencontre le froid contact d'un mur. Alors qu'il était embroché par mon arme, enfoncée dans ses trippes jusqu'au manche, il me lança un regard suppliant. Mais il ne trouva rien d'autre qu'une violence aux profondeurs insondables dans mes yeux pourpres. Je remontai légèrement le manche de mon sabre, lentement, pour voir son visage se tordre de douleur. Alors qu'il se hissait sur la pointe des pieds, pour ralentir l'ascension de ma lame, je désactivai brutalement celle-ci.

Le vieil homme tomba à genoux, mais son répits fut de courte durée. J'activai de nouveau ma lame, et dans un nouveau hurlement, j'exécutai un nouveau mouvement, horizontal, jusqu'à ce que lame ne rencontre son visage. Subitement, son crâne fut pris entre ma lame laser, et le mur, et explosa presque sous l'impact.

Le corps méconnaissable, dont la tête était en miette, s'écrasa sur le carrelage et déversa bientôt une rivière de sang sur ce dernier. Je m'autorisai alors enfin un peu de calme, le temps de reprendre mon souffle. Je me retournai vers mon maître, qui avait pu observer toute la scène, et lui lançai un regard interrogatif, signe que je n'avais plus aucune idée de ce que pourrions faire après cette nouvelle rencontre. Je sentais mes muscles se détendre, mais ceux-ci étaient déjà éprouvés.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Ce fut à pas lents, moins par dignité par que douleur, que Noctis rejoignit son Apprenti. Les rares badauds à ne pas s’être enfui observait les deux Siths avec un mélange de fascination et d’horreur. C’était une chose de vivre en plein milieu de l’Empire et c’en était une autre d’observer ce qui relevait, de toute évidence, de la querelle entre deux de ses factions. En tout cas, à peine Noctis avait-il rejoint Syn qu’une troupe de gardes en armure lourde, blasters aux flancs, bâtons électriques en main, pénétra dans le hall d’embarquement.

Noctis leva les mains et lança d’une voix forte :

— Inutile de s’énerver, nous nous rendons. Pure légitime défense de notre part.

Comme ils ignoraient si la police locale avait pu être infiltrée ou corrompue et comme il avait souhaité préservé la discrétion de leur fuite, il avait préféré se faufiler entre les mailles du filet que se tourner vers les autorités mais il était évident qu’à moins de massacrer la sécurité de l’astroport, de voler une navette, de surmonter les sécurités planétaires et de sauter dans l’hyperespace, autant d’exploits hors de la portée, ils n’avaient désormais d’autres choix que de se rendre.

L’un des hommes releva la visière de son casque et fit un peu en avant.

— Seigneur Noctis…

Difficile de ne pas reconnaître l’Hapien, après sa mission diplomatique et tous ces événements. Si son apparence bien particulière n’y avait peut-être pas suffi seul, la démonstration qu’ils venaient de faire, Syn et lui, de leurs pouvoirs était sans ambiguïté.

— … vous comprendrez que ni votre rang, ni notre fidélité à l’Empire ne sauraient excuser seuls les événements auxquels nous venons d’assister.

Pour un chef de la sécurité, celui-ci était étonnamment diplomate. Sans doute l’habitude d’intervenir dans les rixes entre passagers, qui fort heureusement n’étaient pas toutes aussi meurtrières. Noctis hocha lentement la tête.

— Nous serions ravis de fournir des explications.
— Je vais devoir vous demander vos sabres, Seigneur.
— Soyons raisonnables.

Le Sith et le chef de la sécurité se regardèrent quelques secondes dans le blanc des yeux et le second homme finit par baisser la tête, sans qu’il fût vraiment possible de savoir si Noctis lui en avait imposé par son rang politique, sa prestance personnelle ou le contrôle de son esprit à travers la Force. Peut-être un peu des trois.

Le chef de la sécurité murmura quelque chose dans son comlink et les deux Siths furent escortés hors du hall d’embarquement, par des gardes dont l’anxiété était palpable.

*

— Ah, vous êtes…

Réveillé ? Elle ne savait pas trop. Syn et Noctis avaient été conduits au poste de garde, rapidement interrogés par la sécurité, puis plus en détail par les autorités de la capitale et, quand leur histoire avait été corroborée par l’explosion de leur appartement et les cadavres laissés sur leur chemin, on les avait conduits dans un hôpital militaire, sous garde rapprochée, une garde qui servait désormais non plus à les arrêter mais bien à les protéger.

C’était la dernière confirmation que les locaux n’étaient pas impliqués. Alors qu’il se reposait, plongé dans une très profonde méditation qui, petit à petit, avait fait disparaître ses blessures, Noctis s’était demandé s’il avait commis une erreur en cherchant à fuir, sinon de l’appartement, du moins jusqu’à l’astroport, et s’il n’aurait pas dû se présenter immédiatement au poste de police. Mais la situation aurait-elle été fort différente ? Un mercenaire les aurait probablement surpris là-bas plutôt qu’à l’embarquement, un combat semblable aurait eu lieu et ils en seraient arrivés au même point.

Probablement.

De toute façon, le choix avait été fait et il fallait désormais aller de l’avant. Pendant que Syn et lui se remettaient de leurs mésaventures, la police avait promis d’enquêter sur les deux Acolytes, le Sorcier et les mercenaires. Une femme entre deux âges, qu’on lui avait présenté comme une investigatrice d’exception, s’était chargée de l’affaire. Désormais, les autorités tentaient de faire oublier au Seigneur Sith que des criminels étaient passés entre les mailles de leur filet et avaient attenté à sa vie en pleine mission diplomatique.

— Mon Apprenti est toujours dans la chambre voisine, je présume, capitaine Kal.

L’enquêtrice laissa son regard s’égarer sur le torse nu de Noctis, moitié par surprise de voir les bleus immenses qui l’avaient couvert, la veille, quand il avait été admis à l’hôpital, entièrement disparus, moitié happée par la beauté surhumaine de l’Hapien.

— Oui. Vous voulez le rejoindre ?
— Certainement.

Noctis enfila l’une des chemises trouvées parmi les vêtements qu’on leur avait amenés et emboita le pas à Kal, dans les couloirs de l’hôpital. Une longue et profonde méditation, puis quelques heures de sommeil, avait rétabli ses forces physiques et psychiques, et il espérait qu’il en serait de même pour Syn. Il espérait surtout que Kal avait appris des informations utiles, qui leur permettraient de remonter, au-delà de Serenno, la piste de leurs agresseurs.
Invité
Anonymous
Je m'étais réveillé tôt. J'avais voulu puiser en moi-même pour déceler l'avenir qui se présentait à nous. Je ne savais pas quel chemin emprunter. Devions-nous nous venger ? Simplement laisser couler ? Mon maître avait évoqué être régulièrement la cible de ce genre de tentative d'assassinat. Chercherait-il à éradiquer nos agresseurs ? Ou considérerait-il qu'il ne s'agissait là que d'une perte de temps inutile ?

Pour chercher des réponses à ces questions, des réponses aussi sages que celles de mon maître, je m'étais, dès mon réveil, plongé dans une méditation intense, assis en croiseur face à une petite ouverture lumineuse dans le mur de ma chambre de fortune. Ainsi concentré, mes oreilles guettaient avec attention le silence qui régnaient dans le couloir menant à ma chambre.

Je me laissais aller à repenser à ce vieil homme, à la façon dont j'avais mutilé si profondément son cadavre, lui ôtant sa dignité même dans la mort. Il était tout à fait inhabituel que je me laisse aller à une telle sauvagerie. Mais je ne me sentais pas coupable, j'avais fait ce qu''il y avait à faire.
Je repensais aux gardes, à la tension palpable entre ces derniers et mon maître. Lorsque celui-ci avait tenu à ce que nous conservions nous armes, j'avais craint qu'un nouveau conflit armé n'explose. Rompu par cette fuite, le passage du poison dans mon organisme, et mon dernier combat, je savais que je n'aurais pu l'emporter sur des gardes entraînés. Mais j'étais prêt à un dernier baroud d'honneur, si mon maître l'avait ordonné.

Le conflit c'était calmé, à mon plus grand soulagement. Nous avions alors passé le reste de la journée à expliquer la situation, à fournir des précisions aux enquêteurs. Je doutais cependant que ce fut en collaborant de la sorte que nous pourrions réellement prendre notre revanche sur le commanditaire de l'attaque. Je suivais ainsi mon maître fidèlement une fois de plus, comme si j'étais son ombre. J'aimais ce rôle, pour l'heure, il me convenait. J'apprenais de son approche des autres, et je demeurais à ses côtés, presque pour l'aspect dissuasif, comme l'on porte un sabre laser à sa ceinture. On n'attendait plus rien de moi, et je m'en contentais tout à fait.

Une fois ramenés à l'hôpital militaire, je m'étais endormi comme une masse, sans demander mon reste. Ma nuit avait été paisible, car bien que j'aurais voulu rester attentif pour protéger mon mentor d'une nouvelle menace, la fatigue m'avait rattrapé. Le plaisir de se sentir enfin tiré d'affaire avait été d'une insoutenable douceur.

Alors que j'étais plongé dans tous ces souvenirs pourtant si proches, la porte de ma chambre s'ouvrit, dévoilant mon maître, ainsi que la fameuse enquêtrice en charge de la recherche du commanditaire de cet assassinat.
Je fus pris au dépourvu, brutalement tiré de mon état contemplatif. Je réalisai avec gêne que mon torse et mes pieds étaient nus. Je me jetais alors sur la chemise bleue nuit, de piètre qualité et trop ample pour moi qui habillait la table de nuit, recouvrant au plus vite mon corps svelte et musclé, enlaidit par d'innombrables cicatrices et brûlures.

Alors que ma tignasse blanche et bataille me donnait une allure de malheureux tout juste réveillé, je m'inclinais devant les nouveaux arrivants, en signe de respect.

-Bonjour maître. Mes respects madame, les saluai-je précipitamment.

Le capitaine Kal profita alors sans plus attendre de ce blanc pour évoquer l'avancée de son enquête. Hélas, je compris bien assez tôt que sa progression était tout de même assez maigre.

-Ne perdons pas plus de temps, engagea-t'elle. Nous n'avons pas pu identifier le tireur à la sarbacane. Il ne reste rien de son visage, impossible de le reconnaître par un bilan dentaire, car il ne reste presque plus rien de sa mâchoire. Quand à ses empruntes, elles n'ont fourni aucun nom, aucune histoire.

Je compris là qu'il s'agissait d'un rapproche implicite quant à la barbarie dont j'avais fait preuve. Mais je n'en tenus pas compte. J'étais depuis bien longtemps insensible aux leçons d'éthique des civils.

-En revanche, poursuivit-elle, nous avons pu identifier les deux nautolans. Il s'agit de Terwin Mer'Sum et son frère, Tunmau Ringsp. Tous deux originaires de l'espace hutt. On sait qu'ils cherchaient à s'établir sur Ziost. Il semblerait que pour mener à bien leur projet, ils aient accepté de se salir les mains une fois de plus. On sait qu'ils ont reçu un virement conséquent récemment, sans nul doute pour cela. Mais le comte débiteur est une société écran qui devrait se situer sur Ziost. Bien sûr, elle n'existe pas. C'est la seule piste que nous ayons pour le moment. Tenez.

Sur ce, la femme d'un âge presque mûr tendit à mon maître un datapad. Quant à moi, je demeurais debout, attendant mes prochains ordres, mais tout en notant avec soin les détails de cette enquête.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Noctis, pour sa part, ne tenait pas rigueur à Syn de sa sauvagerie. Quelque exigeant qu’il se montrât parfois, il se voyait mal reprocher à l’Apprenti de ne pas avoir fait preuve de toute la pondération nécessaire quand, fatigués, meurtris, traqués, ils avaient dû se défendre contre des adversaires supérieurs en nombre. Il aurait fallu une pondération de vieux sage pour songer aux empreintes dentaires dans un pareil moment.

Le jeune Seigneur hocha la tête au rapport de l’enquêtrice. C’était mince, mais on pouvait difficilement attendre plus, après quelques heures seulement d’investigation.

— Il semblerait que Ziost soit donc notre prochaine escale.

Noctis était donc déterminé à tirer cette affaire au clair.

— Vous êtes certain ? Les moyens déployés ici étaient déjà considérables, il est possible que vous couriez un grand danger sur…
— Ce sera tout, capitaine, merci, trancha l’Hapien, qui n’avait pas envie d’ergoter avec une civile.

Habitué sans doute aux mouvements d’humeur des Siths, la femme se contenta d’incliner la tête et tourna les talons pour s’éclipser. Quand la porte de la chambre se fut refermée et qu’il se trouva seul à seul avec Syn, le visage de Noctis se radoucit beaucoup.

— Navré de vous avoir dérangé dans votre méditation matinale.

Après un sourire, il baissa les yeux vers le datapad et commença à pianoter sur l’écran de l’appareil.

— Je vais faire venir une de nos navettes à notre rencontre, sur la route de Serenno à Ziost, mais nous partirons dès ce matin, par celle que nous prêtent les autorités de la capitale. Je ne poursuis pas toujours les assassins avec beaucoup de zèle, ils font si j’ose dire partie du décor lorsque l’on est un Seigneur Sith, mais la capitaine n’avait pas tort : les moyens sont considérables, et je doute qu’après avoir engagé deux Acolytes, deux mercenaires et un Sorcier, notre mystérieux commanditaire en reste là. Autant extirper le mal par la racine.

Le message à l’un de ses intendants envoya, Noctis rangea le datapad dans la poche de son pantalon.

— Pour ma part, je n’ai pour l’heure aucune hypothèse. J’ai quelques ennemis et dans l’Empire, en ces moments de tensions, même les alliés peuvent se retourner contre vous. Le climat actuel est d’ailleurs une raison supplémentaire de ne montrer aucune indulgence. Il faut de temps à autre entretenir sa réputation. Quand vous êtes prêt, nous nous mettrons en route.

Quelques minutes plus tard, entourés de quatre gardes, ils marchaient dans les couloirs de l’hôpital.

— Vous fûtes en tout cas tout à fait exceptionnel, hier. Votre sens du terrain est remarquable et je suis désormais pleinement convaincu que vous saurez former ce commando et l’entraîner avec beaucoup d’efficacité.

Les compliments étaient toujours la marque de fabrique du Seigneur.

— Pour ma part, je regrette de n’avoir pas été plus vigilant. Cette bombe n’aurait pas dû m’échapper et j’aurais dû sentir plus tôt que l’on pouvait faire confiance aux autorités.

L’autocritique était aussi l’une de ses spécialités, vraisemblablement un héritage de sa formation de Jedi. En l’occurrence, il l’estimait tout à fait utile et précieux : c’était en portant un regard sans concession sur soi-même que l’on pouvait se pousser à l’excellence et Noctis ne se contentait jamais de ses aptitudes présentes. Le désir de la perfection personnelle était l’une des sources principales de son adhésion au Côté Obscur. C’était une forme de mégalomanie, sans aucun doute, mais elle était très productive.

Arrivés à l’un des quais de l’hôpital, ils embarquèrent dans un speeder entièrement fermé. Leurs hôtes ne laissaient plus rien au hasard pour assurer leur protection et il était évident qu’ils craignaient les retombées politiques des événements de la veille. L’appareil s’éleva rapidement pour filer vers l’astroport militaire. Noctis engagea la conversation avec leurs gardes, l’un de ces menus bavardages dont il avait le secret et qui lui assurait la sympathie spontanée de toutes sortes de gens.

Comme Syn avait pu le constater, l’Hapien ne négligeait personne, et surtout pas le petit personnel. Pendant la durée de leur mission diplomatique, il avait fait la conversation à des serveurs aux dîners de réception, à l’assistante de la sous-secrétaire en charge du développement urbain, à un homme de ménage. Il y avait là un mélange de curiosité sincère et de stratégie bien comprise, car ceux à qui personne ne faisait attention étaient souvent ceux qui avaient le plus à observer.

Quand le speeder atterrit sur le tarmac de l’astroport militaire, Noctis connaissait le nom de tous les enfants des gardes, et ceux de leurs femmes ou de leurs maris. Et si quelque chose venait à se tramer sur Serenno à l’avenir, nul doute que l’un de ses nouveaux amis lui fournirait volontiers des informations.
Invité
Anonymous
Après que mon maître eût congédié la capitaine, mon esprit fut harcelé de dizaines de questions. Qu'allions nous faire sur Ziost ? Si cette société écran n'était qu'un nom, comme allions nous pouvoir retrouver nos agresseurs ? J'avais déjà mené ce genre d'opérations de vendetta, mais jamais auparavant je n'avais eu à attaquer à tâtons comme cela. A chaque fois, ma cible était prédéfinie, nommée, et j'avais toujours en ma possession un datapad complet contenant des pages et des pages d'informations. Là, il s'agissait de découvrir qui attaquer, quand et comment le faire. J'espérais que mon maître avait une idée précise de la marche à suivre, car hélas, je craignais de ne pas être capable de beaucoup d'initiatives.

Je savais que mon mentor avait des ennemis, ou tout du moins des rivaux. Lorsque l'on atteignait son niveau d'influence, c'était hélas inévitable. J'avais appris à mes dépends qu'il était impossible de faire l'unanimité, même parmi ses pairs. Avec le trône de l'Empire plus ou moins vacant, la stabilité déjà précaire de notre gouvernement était d'autant plus vacillante. Etant riche et influent, Darth Noctis faisait donc logiquement office de proie de premier choix pour tous les rapaces qui enviaient la place de la Dame Noire.

Malgré mes doutes, si le Seigneur Sith parvenait à orienter notre frappe avec succès, je ne craindrais pas de me jeter dans la bataille. Non seulement nous avions de la chance d'être toujours en vie, mais en plus de cela, si nous parvenions avec succès à châtier l'instigateur de toutes ces attaques, la crédibilité de mon maître, et donc par conséquent la mienne, serions plus importante que jamais. De coup du sort, ces péripéties s'étaient changées en opportunité.
J'étais de ces armes brutales qui demandent à être maniées avec force et précision pour frapper brutalement. Nul doute que si l'hapien parvenait à utiliser mes compétences à plein potentiel, son agresseur serait rapidement puni, et ce avec une extrême sévérité.

-Je ferai au plus vite maître, lui répondis-je une fois qu'il m'eût exposé ses projets et invité à me préparer.

Lorsque je fus seul, j'enfilai activement la tenue militaire que m'avait remis les autorités de Serreno. Ainsi vêtu, j'avais l'air d'un pilote. Tout de noir et de gris vêtu, dans une matière imperméable, mais somme toute plutôt agréable. Ample comme toujours. J'avais choisi une taille au-dessus de la mienne, car j'avais en horreur les textiles qui me collaient à la peau.
Au moment d'accrocher mon sabre laser à ma ceinture, je fus pris d'un léger sentiment de désarroi. Il était dans un piteux état. L'acier était éprouvé, brûlé par endroit, noirci à d'autres. La vitre de verre blindée, qui laissait échapper une vive lumière rouge lors de l'activation de la lame, était fissurée. Mon arme, qui m'avait accompagnée tant d'années, et répandu tant de sang, était désormais une relique repoussante. Elle aussi appartenait à une époque révolue. Il était vraiment temps que j'affirme aux yeux de mes pairs l'homme que j'étais devenu, et ce sabre me le rappelait amèrement.

Je rejoignis ensuite mon maître. Ses conseils me flattèrent, mais au fond, je conservais une certaine rancœur envers moi-même. J'aurais du moi aussi sentir venir ce piège grossier. J'avais évolué dans des champs de bataille minés et bombardés. J'aurais du sentir venir une telle explosion avec que le Sith confirmé n'ait à intervenir. Je portais au moins autant que lui la culpabilité de cette affaire. Je gardais cependant ces remords pour moi, me contentant de le remercier chaleureusement.

-J'ai déjà commencé à éplucher les dossiers de certains de vos suiveurs. Je me montre le plus sélectif possible. J'ai commencé à me pencher sur la personne d'un Aleena reconnu pour ses compétences d'infiltration, partageai-je avec lui au sujet de ce projet encore informe qu'était le commando que j'aspirais à mettre en place.

Sur le chemin, je constatai que mon maître faisait toujours preuve de la même bienveillance, du même civisme. Il ne fallut pas longtemps avant que nos nouveaux amis militaires ne lui fassent confiance au point de s'ouvrir sans craintes sur leurs vies intimes. Je prenais soin de constater et d'apprendre chacune de ses approches. Sa sociabilité était exemplaire, et je ne nourrissais aucun doute quant à son utilité. Si nous venions à revenir dans ce système, nous y serions sans doute les bienvenus.

Bientôt, nous rejoignîmes l'astroport, jusqu'à être prêts à embarquer à bord d'une navette à destination de Ziost. J'ignorais si nous avions un pilote, ou si nos devions conduire nous-mêmes, mais je n'eus pas le loisir d'y réfléchir plus que cela, puisque vint le temps de faire nos adieux aux militaires de Serreno. Je tâchai au mieux de reproduire la relation de respect et de familiarité qu'avait su nouer mon mentor en un temps record avec ces soldats, serrant leurs mains chaleureusement tout en leur souriant avec sympathie.
Nous montâmes enfin à bord de la navette, et retrouvions un peu d'intimité. A peine le sas fut-il fermé et les lumières du vaisseau allumées que je m'empressai d'interroger mon maître :

-Qu'allons nous faire ensuite maître ? Par où devrions-nous commencer ?
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
— Par décoller, s’exclama Noctis d'un ton enjoué !

Il avait repoussé l’offre d’un pilote, estimant qu’il eût été trop facile de placer à la tête de l’engin un agent infiltré. Les deux Siths s’installèrent donc à l’avant de la manette. Les compétences de Noctis en pilotage étaient élémentaires mais tout à fait suffisantes pour la trajectoire simple qu’ils avaient à suivre. Le petit vaisseau s’éleva donc sans effort et, bientôt, il filait à travers l’atmosphère de Serenno.

— Il y a à mon avis trois possibilités, qui ne seront pas nécessairement exclusives les unes des autres, commença finalement l’Hapien, tout en calculant la trajectoire hyperspatiale.

Les chiffres s’enchainaient sur l’écran holographique de l’appareil et il était évident que Noctis avait une aisance singulière pour les manier. Sa connaissance profonde des mathématiques servait en général plutôt à des considérations de macroéconomique galactique ou de spéculations financières mais, épaulé par l’ordinateur de bord, il l’appliquait sans mal aux ajustements nécessaires pour calculer leur route astrale.

— La première, c’est que notre arrivée attire tellement l’attention que nous soyons attaqués peu de temps après. C’est peut-être le cas idéal. Nous ne sommes plus éprouvés par l’explosion, fatigués et obligés de réagir dans l’urgence : cette fois-ci, nous pourrons capturer un assaillant et l’interroger. La deuxième possibilité, c’est qu’une investigation auprès des autorités commerciales et administratives de la planète nous révèle des informations précieuses sur la société écran. Certainement pas le nom du commanditaire mais l’origine d’un premier acompte, par exemple, ce qui nous ferait progresser jusqu’à l’étape suivante. La troisième, c’est de nous mêler à la population interlope de chasseurs de prime et autres mercenaires, dans un bar local, que les Nautolans auront sûrement fréquentés, s’ils cherchaient à s’établir là-bas et se faire un nom. Quelqu’un aura sans doute entendu quelque chose de leur part.

Il comptait sur les bavardages bravaches si courant chez les mercenaires et qui avaient dû, du reste, être nécessaires aux deux frères, pour faire valoir leur réputation et attirer une plus vaste clientèle. Il avait néanmoins conscience qu’il n’était pas impossible que l’enquête fût longue et fastidieuse.

La navette ne tarda pas à quitter l’atmosphère puis à sauter dans l’hyperespace. Dans une petite heure, ils attendraient leur point de rendez-vous, au milieu de nulle part, à mi-chemin entre Serenno et Ziost, avec le vaisseau envoyé par son intendant. Après avoir vérifié que le pilote automatique fonctionnait correctement, Noctis se laissa aller contre son siège. Il avait fermé les yeux et il était évident qu’il se plongeait dans une méditation qui excluait toute discussion.

Il n’en sortit qu’en sautant la sortie de l’hyperespace. Dans un secteur désert, sans lune ni planète à l’horizon, pas même la lueur chaleureuse de quelque étoile proche, les deux Siths virent se dessiner la silhouette d’une petite corvette impériale. Bien vite, les manœuvres de rapprochement furent entamés et Syn et Noctis purent monter à bord d’un vaisseau un peu plus familier. Un Corellien grisonnant les accueillit.

— Seigneur, dit-il, en posant un genou à terre.
— Relevez-vous, Darth Oblivion.

Oblivion était un homme solidement bâti, dont les muscles étaient bien dessinés par son uniforme impérial. La mâchoire carrée, avec une barbe bien taillée, le cou puissant, il en imposait par son physique. On l’imaginait sans peine briser la nuque d’un autre guerrier sur le champ de bataille à mains nues. Il adressa un signe de tête à Syn, avant de les accompagner tous les deux jusqu’à la pièce principale.

— J’ai apporté des vêtements de rechange, des rations de survie, quelques explosifs, des blasters, quelques poisons. Et Mikr, qui pilotera la navette serenienne jusqu’à son point de départ.

Mikr était un Koorivar encore assez jeune, à en juger par sa corne qui n’avait pas fini de se développer, mais qui portait l’uniforme de pilote impérial. Cette tâche simple relevait sans doute pour lui d’un exercice de formation. Le Koorivar était manifestement intimidé par la présence des trois Siths et il ne murmura pas un seul mot.

— Dois-je en déduire que vous comptez nous accompagner ?
— Vous êtes bien protégé, Seigneur, mais trois hommes valent mieux que deux. La Force seule sait ce qui vous attend sur Kiost et je ne me pardonnerai pas d’être resté les bras croisés en sachant que vous et votre Apprenti auraient pu avoir besoin de mon assistance.

Comme la plupart des fidèles de Noctis, Darth Oblivion observait son maître avec un respect religieux qui relevait quasi du fanatisme. L’Hapien finit par hocher lentement de la tête. Oblivion fit signe à Mikr de se mettre en route et, quelques minutes plus tard, une légère secousse indiquait la séparation des deux navettes.
Invité
Anonymous
-Je dois admettre que je préfèrerais mettre la main sur l'un de ces agresseurs maître. Qui que nous soyons en train d'affronter, je doute qu'il puisse nous envoyer un nombre illimité de Sith. J'ai envie de reprendre la main dans cette affaire, de mener la danse. Le combat, c'est encore ce que je sais faire de mieux. Et grâce à vos enseignements maître, je saurai faire parler nos ennemis, répondis à mon maître lorsqu'il m'eût exposé ses plans.

Parmi les trois plans qu'il m'avait exposé, ma préférence allait clairement à la capture d'un de nos agresseurs. Ne pas avoir su trouver cette bombe, et avoir été mis plus d'une fois en position de faiblesse sur Serreno m'avait donné des envies de vengeance assez dures à satisfaire. Je ne serais épanoui que lorsque j'aurais infligé une correction au commanditaire de cet assassinat. Je devais apaiser un peu ma rancœur, et rien de tel pour cela que de vaincre et de dominer lors d'un affrontement direct ?
J'étais convaincu que je saurais garder en vie un nouvel assassin, puis que grâce à la faculté de contrôler les esprits, que je devais à mon mentor, je saurais faire plier n'importe quelle volonté, et découvrir les plus obscurs secrets de ceux qui avaient tenté de nous faire taire à jamais. Me placer à nouveau au sommet de la chaîne alimentaire m'apaiserait.

Après un moment à ne rien faire, si ce n'était attendre que mon maître finisse sa méditation, nous fûmes enfin rejoints par le second vaisseau, une corvette familière, appartenant à Darth Noctis. Dès que nous pénétrâmes dans ce dernier, j'eus le privilège de rencontrer un fidèle que je n'avais encore jamais croisé : Darth Oblivion. La rigueur et la force disciplinée qui se dégageait de lui suffirent immédiatement à me faire éprouver un certain respect à son égard. J'avais toujours beaucoup d'estime pour les guerriers prêts à se sacrifier pour une cause plus grande qu'eux-mêmes. Une cause comme Darth Noctis.

-Nous aurons besoin de toute l'aide disponible, merci Seigneur Oblivion, remerciai-je ce dernier en m'inclinant.

Le vaisseau trembla, signe que nous avions atterris. Le vaisseau s'ouvrit, dévoilant une prairie recouverte d'un fin manteau de neige. Je m'aventurai alors hors de la corvette, et découvrais alors que nous étions assez proches d'une ville manifestement assez importante, dont j'ignorai pourtant le nom. Je ne connaissais pas très bien ce système. Ma seule vraie venue consistait en mon combat contre Alara. Une victoire écrasante, mais tout de même amère.
Alors que l'air froid de la planète brassait ces souvenirs nostalgiques, je fus rejoins par le Sith en uniforme impérial, qui engagea alors la conversation avec moi.

-Vous avez une chance incroyable d'être l'apprenti de notre maître, murmura-t'il.
-Je le sais monsieur, je mesure mon privilège. Chaque jour, je prends un peu plus conscience de l'honneur qu'il me fait, répondis-je.

Le guerrier fit quelques pas en avant, et je pus à nouveau constater le caractère imposant de sa carrure. Il semblait sans nul doute être bien plus fort et endurant que moi. Du moins en apparence. La fidélité qu'il semblait nourrir pour mon maître, son admiration dirais-je même, suintait par tous les pores de sa peau. Je me permis alors de lui demander :

-Pourquoi êtes vous tant dévoué à mon maître ?
-Je suis un homme qui marche à l'honneur. Il y a quelques années, j'ai fait une entorse à mes valeurs. Face à un jedi redoutable qui massacraient les nôtres sans difficultés, j'ai fui. Alors que mon nom était traîné dans la boue et que je songeais moi-même à mettre un terme à mon existence misérable, Darth Noctis m'a offert la possibilité de retrouver ma fierté. Jamais je ne saurais le remercier à la mesure de ce qu'il a fait pour moi, répondit-il immédiatement en me tournant le dos.

Je reconnus là les méthodes de mon maître, et toute sa sollicitude. Avec un sourire en coin que l'on pouvait qualifier d'admiratif, j'entendis alors ce dernier nous rejoindre. Mais avant que je puisse lui poser la moindre question, je fis signe de ma main de tenir le silence. En tendant l'oreille, j'entendais déjà le bruit de speeder au loin qui s'approchaient. Avions-nous pu être déjà repérés ?
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
— Du calme, messieurs, du calme, murmura Noctis alors que le speeder se rapprochait, éveillant une méfiance bien naturelle chez Oblivion et son Apprenti. Les autorités probablement. Nous ne nous sommes pas exactement posés de manière protocolaire.

Éviter les astroports de New Adasta avait néanmoins paru relever de la nécessité, après leur expérience malheureuse sur Serenno. Noctis avait préféré courir le risque d’alerter les autorités que celui de se voir reçu par un comité d’accueil qui les exposerait à un affrontement immédiat, dont le caractère trop public aurait fait inévitablement fuir les suspects qui les intéressaient véritablement.

Le speeder se rangea à quelques mètres d’eux et des canons de blaster furent aussitôt pointés sur eux mais une voix s’éleva soudain :

— Ne tirez pas ! Seigneur Noctis ?
— Lui-même.
— Ah, bon, très bien. Nous approchons.

Le speeder franchit les quelques mètres pour se poser au sol et il en descendit quatre humains, tous des hommes jeunes et athlétiques, qui appartenaient aux forces de l’ordre locale, et un autre homme, plus vieux, plus petit, qui était probablement leur supérieur. Celui-ci fit une sorte de révérence maladroite à l’intention du Seigneur Sith, qu’il avait reconnu à cause de son physique particulier.

— Je ne savais pas que vous veniez sur Ziost. Si on avait su, les chefs auraient fait quelque chose de, je sais pas. Plus clinquant.

De toute évidence, il n’avait pas souvent à s’entretenir avec les pontes de l’Empire et son sens du protocole était pour le moins approximatif. Noctis balaya les excuses d’un revers de main.

— Notre voyage a été très improvisé.
— L’atterrissage en particulier, dites donc, c’est assez peu pratique. On a des astroports très bien, vous savez.
— Disons que nous craignons d’attirer l’attention.

Le vieux policier leva un sourcil inquisiteur. Après un instant de réflexion, il ordonna à deux de ses hommes de garder la navette, avant d’inviter les trois Siths à monter à bord du speeder. Il n’avait pas l’air très impressionné par leur présence, sans pour autant paraître irrespectueux. Un homme de tempérament. En peu de mots, Noctis lui expliqua que Syn et lui avaient été victimes d’une attaque sur Serenno, par deux mercenaires locaux.

— Ah oui, je vais pas vous mentir, il y a des bouges par ici. Pour les ambitieux, c’est plus facile que de s’installer directement sur Dromund Kras. Kas. Kasr. Bref. Mais quand même mieux que de croupir aux frontières. On fait comme on peut pour assurer l’ordre mais avec tout l’argent qui passe dans la guerre d’expansion, la sécurité intérieure, vous savez ce que c’est.

Le policier, dont ils avaient appris au fil de la conversation qu’il s’appelait Arib Yen Assef, ne se privait pas de la présence de Darth Noctis pour y aller de sa petite suggestion politique. Il se trouvait que ses récriminations s’accordaient fort bien aux propres analyses du l’Hapien, de plus en plus préoccupé de constater que les investissements considérables réalisés dans la guerre se faisait aux dépends du développement de l’Empire.

— Mais on a quelques informateurs.
— Donnez nous une adresse, et on se chargera de les faire parler, gronda Oblivion de sa voix grave et profonde.
— Je vais vous déposer pas très loin de chez Cady la Fouine. C’est un faussaire de seconde zone, mais ses oreilles trainent partout et s’il y a quelque chose à savoir, il le saura. Mais d’abord, un détour au commissariat. On va vous trouver des vêtements un peu plus adaptés à l’infiltration. Parce que là, sans vouloir vous vexer…

Assef ne finit pas sa phrase. Le speeder avait pénétré pour de bon dans l’enchevêtrement de buildings sombres qui constituaient le cœur de New Adasta. Quelques minutes de voyage encore furent nécessaires pour que l’appareil pénètre dans un hangar, au dixième niveau d’un immeuble qui abritait divers services administratifs, dont l’un des commissariats principaux. Une fois le moteur coupé, Assef les guida dans la succession des couloirs.

Il prenait de toute évidence bien des détours pour éviter de croiser ses collègues et garder ainsi secrète l’arrivée des trois Siths. Finalement, ils pénétrèrent dans un vestiaire où s’entasser un bric à brac de vêtements et d’accessoires les plus divers.

— J’serais vous, je taperais dans le look baroudeur passe-partout.
Invité
Anonymous
Bien que mon maître nous ait détendus, Darth Oblivion et moi-même restions sur nos gardes, la main à portée de nos sabres laser. Mes yeux se perdirent d'ailleurs sur celui du guerrier Sith. Son arme était bien plus noble et entretenue que la mienne. Son manche recourbé était si rutilant que l'on aurait pu le croire neuf. Ce détail technique me rappelait avec amertume à la différence de rang qui nous séparait encore, les Sith accomplis et moi. Mais désormais, avec mon âge, mon expérience, et le maître qui était le mien, je pourrais bientôt accéder à un grande plus important, j'en étais convaincu.

Après que Darth Noctis eût partagé notre situation avec le représentant des forces de l'ordre dont je n'avais même pas écouté le nom, celui-ci se permit de nous fournir son analyse de politologue en herbe. Cette certaine condescendance me surprit, mais ce fut encore pire pour Oblivion. Les traits de cette armoire à glace se tirèrent encore davantage, tandis que l'on pouvait observer sa large mâchoire se crisper encore davantage.
Le fanatisme qu'il semblait éprouver pour mon maître était mis à rude épreuve lorsqu'il constatait un "simple" civil s'adresser à lui sans y mettre vraiment les formes. D'un regard échangé, je tentais de l'apaiser un peu, ou tout du moins, je l'invitai à ne pas montrer sa colère.

Quelques temps plus tard, nous avions rejoint le fameux commissariat, et le vestiaire où nous commençâmes à nous changer. Sans faire preuve de la moindre pudeur, après que nos hôtes m'y eurent invité, je me déshabillai, et m'orientai alors vers les vêtements qui me semblaient les plus adaptés à un environnement urbain. Je revêtais ainsi un pull à capuche, une veste par dessus, et un pantalon assez confortable, suivant ainsi les conseils du fameux Assef. Je choisissais bien sûr une taille au-dessus, par confort et par habitude.

Après que mon maître et son fidèle se soit retirés un peu plus loin dans le vestiaire pour changer de tenue, au grand malheur de Darth Oblivion d'ailleurs, qui semblait ne pas apprécier les vêtements civils, nos nouveaux amis nous rejoignirent une fois de plus.

Je pris alors les devants, leur demandant :

-Où pouvons nous rencontrer cette fameuse fouine ?

Le policier sembla surpris que je ne l'aie pas gratifié d'abord de remerciements. Il était vrai que dans ce genre de mission pesante pour le moral, qui ne laissait pas vraiment la place à la gaieté d'esprit, j'avais la fâcheuse tendance de faire preuve d'une évidente froideur. Un aspect de ma personnalité que je comptais bien gommer au mieux pour satisfaire mon maître, et correspondre davantage à ses méthodes.

-Un peu plus près du centre-ville. Il y a un quartier un peu plus malfamé que les autres, répondit-il. On y trouve une taverne qui s'appelle le Hutt papillon. C'est le coin où tous les poivrots se retrouvent pour miser l'argent qu'ils n'ont pas au sabacc. Cady a l'habitude d'y jouer.

-N'est-il pas préférable de nous rendre dans son domicile directement ?

-Son domicile ? me répondit aussi sec le vieux policier, en échangeant un regard amusé et complice avec ses collègues. Un paquet de gens vivent à son domicile, excepté lui-même. Il doit y rentrer une fois par mois pour changer de fringues.

Le grossier personnage ricanna avec ses collègues. Bien qu'il commençait à user de ma patience, je ne le montrai pas, et dans un effort titanesque de diplomatie, je me permis de sourire moi aussi, l'air amusé. Ou niais.

-Vous serait-il possible de nous y conduire ?

C'est à ce moment que mon maître me rejoignit, reprenant les rennes de l'opération. Immédiatement, je redevins muet, comme si je n'osais plus prendre la moindre initiative en présence de mon mentor. Le policier et tous ses collègues, eux aussi, semblèrent tout à fait oublier notre bref échange, et se tournèrent vers le Seigneur Sith.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
— Je dis pas lui fracasser le crâne, souffla Oblivion en insistant, mais juste le secouer un peu.
— Mais ça suffit, oui, répondit un Noctis faussement fâché, parce que l’animosité de son fidèle à l’endroit d’Assef l’amusait plus qu’autre chose.
— N’empêche, conclut le colossal guerrier.

Ils achevèrent de se changer. Un policier avait peut-être coulé vers l’Hapien un regard impur où il s’était découvert des désirs qu’il aurait préféré ignorer toute sa vie mais tout le monde reprit un air vaguement professionnel quand les deux Siths rejoignirent le petit groupe. Noctis avait revêtu une tenue de…

… hé bien, de prostitué. Il fallait bien avouer qu’il avait le physique qui allait avec et les cheveux blonds soigneusement ébouriffés, le débardeur blanc si ample qu’il servait plutôt à révéler ses muscles qu’à les cacher et le pantalon en cuir achevaient de lui donner l’air d’un garçon à louer, du genre peu farouche et conciliant, dont les talents n’avaient rien d’innocent. Pour les policiers, le déguisement si convaincant n’était pas sans éveiller un certain malaise : s’imaginer un Seigneur Sith en train de satisfaire les désirs pervers d’un vieux Twi’Lek bedonnant dans une allée obscure, c’était le genre de dissonance cognitive qui vous abattait un homme.

— Reprenez-vous, messieurs, j’aspire à me fondre dans le paysage.
— Y a pas que ça que vous aspirerez dans cette tenue, plaisanta l’un des policiers.

Avant de tomber raide mort.

La plaisanterie graveleuse lui avait échappé mais elle n’avait pas échappé à Oblivion, qui, avec des gestes beaucoup plus rapides que sa carrure n’aurait pu le suggérer, avait dégainé son sabre, activé la lame droit dans le crâne de l’homme, l’avait désactivée et raccroché à sa ceinture. Un silence de circonstance suivit cette exécution expéditive qui se passait naturellement d’explication.

Assef hésita à faire des excuses mais il jugea plus prudent de ne pas remuer l’affaire et de faire comme si tout était normal et que rien ne s’était passé. Pourtant, il était livide et sa voix paraissait étranglée dans sa gorge. Le sourire tranquille de Noctis n’arrangeait rien à l’affaire. Franchement, ils auraient préféré avoir affaire à un Seigneur Sith plus typique, dans le genre du psychopathe ordinaire, quelque chose de prévisible et de plus compréhensible que l’étrange Hapien.

— On va… Oui, on va vous conduire. Bien sûr. Par ici.

Les trois Siths emboitèrent le pas à Assef pendant que les autres policiers s’occupaient de nettoyer le vestiaire du cadavre, après avoir reçu chacun un regard menaçant d’Oblivion. L’exécution disposait tout le monde à un rude silence et personne ne reprit la parole jusqu’à ce que le speeder d’Assef se range à quelques encablures du quartier dit des jeux.

— J’suis connu comme le loup blanc, je crains de pas pouvoir vous emmener plus loin. Mais vous suivez la passerelle aérienne pendant cinq minutes, vous descendez deux niveaux, à droite, puis à gauche, et vous manquerez pas l’enseigne.
— Merci beaucoup.
— De… De rien.

Assef n’avait qu’une envie : décoller le plus vite possible et tenter d’oublier ces trois spécimens. Oblivion, Syn et Noctis se mirent en route. Une population bigarrée se pressait sur la passerelle et personne ne faisait vraiment attention à eux. C’était le même tableau que tous les bas quartiers de toutes les planètes de la galaxie : les mêmes bouges, les mêmes regards en coin, les mêmes mains baladeuses.

— Je ferais bien le ménage, maugréa Oblivion, en pensant à un nettoyage de printemps qui impliquait plutôt des coups de sabre que de balais.
— Disons que c’est animé.

En grand habitué de l’Espace Hutt, Noctis n’était pas vraiment choqué par l’ambiance. Ils ne tardèrent pas arriver au Hutt Papillon, une taverne-casino dont l’enseigne, qui représentait en hologramme une grosse limace avec des ailes membraneuses, trahissait une imagination artistique sérieusement perturbante. Après avoir sondé dans la Force les dangers qui s’y cachaient peut-être, s’être assurés qu’ils étaient très nombreux, certes, mais pas spécialement destinés à eux en particulier, les trois Siths passèrent le pas de la porte.

À l’intérieur, des gens rassemblés autour de table de jeu fumaient des tabacs de toutes sortes, l’alcool de plus ou moins bonne tenue coulait dans des verres un peu crasseux, et on parlait fort, très fort. Leur arrivée se perdit dans la foule, même si Noctis attira quelques regards franchement lubriques et même carrément prédateurs. Il ne restait plus qu’à trouver la Fouine.
Invité
Anonymous
Je fus assez surpris de voir mon maître ainsi revêtu. Je savais que c'était pour correspondre aux besoins de notre mission, mais j'eus préféré qu'il ne s'abaisse pas à de telles extrémités. J'espérais au moins que cela ne soit pas vain, et que "la fouine", ne tarderait pas à se mettre à table. J'étais prêt à toutes les extrémités pour débusquer les commanditaires de cette attaque odieuse dont nous avions été victimes sur Serreno.

Si Oblivion n'avait pas immédiatement assassiné l'impudent policier, je m'en serais chargé. Il y avait un monde entre la courtoisie qu'entretenait mon maître envers toutes les personnes qui croisaient son chemin, et ce genre de plaisanteries ou de manques de respect. Jamais je n'aurais laissé un imbécile l'insulter de la sorte, même avec tout le second degré et toute l'auto dérision du monde.
Même si mon mentor considérait déjà l'incident comme clos, un échange de regard avec le policier suffit à lui faire comprendre que jamais je ne tolérerais à nouveau un el incident. Ma mine grave, mon air méprisant et hautain firent parfaitement passer le message.

Nous fûmes enfin conduits jusqu'à la fameuse taverne, le Hut Papillon. L'hologramme représentant la mascotte de cet endroit parvint même à m'arracher un rictus. Je me demandais quel prodige intellectuel avait pu avoir l'idée d'un tel symbole.

Et en parlant de prodiges, c'était le mot qui convenait pour caractériser les clients de cet endroit miteux. C'était comme si toutes les raclures de la galaxie s'étaient donné rendez-vous pour réunies pour partager toutes leurs plus incroyables compétences. Comme se hurler dessus, s'amuser à se gifler l'un après l'autre dans des éclats de rires gras, ou encore se rafraîchir le crâne en vidant des bouteilles d'alcool bon marché dessus. J'eus presque honte de partager la même morphologie que les diables de cet enfer. Fort heureusement, je fus soulagé de constater que peu de membres de la gente féminine participait à ce carnage spirituel. Ma galanterie serait épargnée de cette désillusion vis-à-vis de l'intellect humanoïde.

Alors que nous passions la porte, et que déjà, je sentais des regards vulgaires s'attarder sur mon maître, ce qui eût le don de nous mettre hors de nous, Oblivion et moi. La patience du guerrier Sith était déjà arrivé à sa limite, et sa rage transpirait par tous les pores de sa peau.
Tout à coup, j'aperçus deux vigiles trainer un homme en caleçon jusque sur le seuil de l'entrée, et le portant par les coudes. Son visage était méconnaissable, enflé à chaque centimètre carré.
Ils vidèrent les poubelles, et sans atteindre une seconde, je saisis l'un des deux vigiles par le bras. Un humain à la peau noire, le crâne rasé, des bras aussi épais que mon tour d'épaule, et qui me dominait de presque trente centimètres. Le genre de géant qu'on veut en général loin de soit. Mais je comptais sur le principe bien connu que les brutes épaisses dissimulait souvent l'intelligence d'un crustacé.

-Conduit moi à Cady la Fouine, lui ordonnai-je en plongeant mon regard dans le sien.

L'espace d'un instant, sa mine fut renfrognée, puis, après que j'eus implanté mon ordre directement dans son esprit, ses traites se détendirent, et il répondit alors :

-Suivez moi.

J'échangeai un regard avec mon maître et le guerrier Sith, les invitant à me suivre s'ils le voulaient, puis j'emboîtai le pas au géant, à travers la foule d'imbéciles immatures.
Le vigile désigna alors du doigt une grande tablée de bois rectangulaire, rayée ça et là par les capsules de bouteilles, ou tâchée par l'alcool renversé.

Sur cette longue table, une petite dizaine de joueurs jouaient aux cartes, à un jeu dont je ne savais rien, amassant ça et là des jetons. J'imaginais qu'ils devaient miser une énième tournée ou simplement des crédits. Le vigile pointa du doigt silencieusement un individu en bout de table un des joueurs, puis s'en alla.

Le joueur, qui était donc la fameuse fouine, était un blondinet à la mine déplorable, sale, presque habillé en haillons, portant une dizaine de bijoux ridicules et mal accordés, et une coupe de cheveux honteuse : le mulet. Darth Oblivion prononça mots pour mots ce que je pensais, d'un air révolté :

-C'est ça, Cady la Fouine ?
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
— Avec un surnom pareil, vous vous attendiez à Darth Odium ?

Cette plaisanterie innocente eut le mérite de dérider un peu Oblivion, c’est-à-dire que le guerrier sith eut pendant une fraction de seconde moins l’air de vouloir se curer les ongles de pied avec les gens présents. C’était toujours ça de pris.

— Suivez moi.

Noctis se dirigea vers la table de jeu et un type particulièrement répugnant, les cheveux gras et les dents jaunis, le déshabilla du regard, comme il l’aurait fait de n’importe quel giton twi’lek qui aurait eu la malchance d’échouer dans ce bouge infâme. L’Hapien lui décocha un sourire qui assécha la gorge du pervers, avant de s’asseoir sur l’une des choses encore libres.

— De la place pour un joueur de plus, demanda-t-il d’une voix exagérément maniéré ?

Tout bas, derrière lui, Oblivion souffla à Syn :

— Une fois, je l’ai vu se déguiser une vieille femme, on aurait juré qu’il sortait tout le droit de la maison de retraite. Je crois que je préfère largement la vieille mégère à… ce rôle là.

Objectivement, les talents de comédien de Noctis, qui mêlaient le talent à de solides techniques d’acteur, d’imitateur et de psychologue, forçaient le respect, mais ils étaient si radicalement différents de ce qui constituait le canon des prouesses d’un Seigneur Sith au sein de l’imaginaire populaire impérial que même Oblivion, avec toute la dévotion sincère qu’il portait à son maître, ne pouvait s’empêcher de se sentir un peu mal à l’aise.

— Pour une beauté comme toi, y a toujours de la place, mon joli. Et si t’as pas de crédits, j’suis sûr que tu trouveras un moyen de payer autrement.
— Ça ira, déclara tranquillement Noctis, en libérant une poignée d’espèces sonnantes et trébuchantes sur la table crasseuse.
— C’est qui ces deux là, demanda une joueuse moins sensible aux charmes de l’Hapien, en désignant Syn et Oblivion ?
— Mes gardes du corps. J’ai un client qui tient à protéger ses plaisirs nocturnes et qui ne voudrait pas que quelque chose vienne me défigurer.
— Et il te laisse venir dans un endroit pareil, ton client ?
— Un joli garçon a besoin d’un peu de liberté.

Oblivion poussa un soupir sonore et Noctis ne put réprimer un sourire mais les autres joueurs durent considérer que le garde du corps était simplement contrarié de voir ses talents gâchés à surveiller un prostitué frivole. La partie repris en tout cas et la chance au jeu du Seigneur Sith s’avéra phénoménale — sans doute parce que la Force guidait son intuition et qu’il l’employait pour manipuler ses adversaires. Les crédits s’amoncelaient petit à petit de son côté de la table et, rapidement, un à un, les autres joueurs déclarèrent forfaits, pour noyer leur défaite dans l’alcool.

Seule la Fouine s’obstinait, et il était évident que le jeu avait sur lui un attrait plus considérable encore que la boisson. Quand il eut tout perdu, il se lança dans une négociation un peu désespérée :

— Je peux payer plus tard ! Tu… Tu me fais un crédit, je te repaie après, et on continue à jouer ou… Je te file mes bijoux. Regarde, regarde ça, c’est un vrai cristal de sabre laser, pris sur un Jedi que j’ai tué, enfin tué, je dis ça, disons qu’il était plus ou moins déjà mort mais…
— J’ai une autre idée, suggéra l’Hapien qui avait levé un doigt pour l’interrompre, parle moi de deux mercenaires nautolans qui ont récupéré ici un gros contrat, récemment.
— Les deux frères ? Ah, facile, oui, ils sont pas très discrets, ils voulaient vraiment faire parler d’eux, de gros vantards, mais apparemment assez doués, ça vaut combien de crédits, ce que je dis là ? Hein ? Hein ?

Noctis en poussa quelques-uns en travers de la table.

— Cool, t’es un vrai toi, tu me comprends, hein ? Tu sais ce que ça fait hein ?
— Les deux frères.
— Ah ! Oui ! Ils ont été repérés vite faite par Maïza Bovarg.
— C’est la fille avec les trucs, enchaina aussitôt Noctis, une technique éprouvée pour faire croire à son interlocuteur qu’ils étaient bien du même milieu, et connaissaient les mêmes personnes, en laissant son imagination faire le reste.
— Ouais, c’est elle, avec les blasters, tu sais, elle gère les contrats de sous-traitance pour quelques uns des sorciers, parait qu’il y a un des types en capuche, hein, qui veut éliminer un peu la concurrence, si tu vois ce que je veux dire, rapport au fait que l’impératrice, plus personne la voit, enfin moi je dis ça, je dis rien, mais ça vaut quand même…
— Quelques crédits, oui, oui. Elle crèche où, Bovarg, ces temps-ci ?
— Ah bah toujours pareil, elle loue le vingtième étage de l’Hôtel Kestwo, mais ils laisseront jamais rentrer quelqu’un comme toi, puis Bovarg, elle est pas intéressée par ce genre de service.

Noctis balaya l’objection d’un revers de main, avant de se relever en empochant le reste des crédits. Ce n’était pas qu’il en avait besoin mais il n’allait pas laisser la Fouine faire fortune sur son dos. Il trouverait bien quelques pauvres diables à qui les distribuer dans la rue. Alors qu’il s’éloignait de la table en compagnie d’Oblivion et Syn, la Fouine lançait derrière lui :

— Hé mais attends, mon frère, mais reste jouer, enfin, quoi, ma chance était sur le point de tourner !
Invité
Anonymous
Il me fallut redoubler d'efforts pour ne pas devenir fou lorsque mon maître s'attabla avec la lie de la galaxie. Quelle honte que de devoir se mêler à de tels individus lorsque l'on était aussi noble que mon maître l'était. Même si la plaisanterie sur Darth Odium et Cady m'avait arraché un sourire, ma mâchoire était désormais excessivement crispée.

Lorsque notre maître attira le regard d'une énième ordure, j'eus encore plus de mal à réprimer cette envie de faire un massacre qui m'oppressait. Malgré l'anecdote amusante du guerrier Sith sur les talents de comédien de notre maître, je commençai vraiment à manquer de patience.

J'observai donc la partie d'un air menaçant, dupliquant les manières d'armoire à glace de l'autre "garde du corps" bien plus impressionnant que moi qui semblait jouer de ses muscles pour les faire grossir.
Voir mon maître user de ses talents pour l'emporter aisément sur chacun des joueurs fut cependant un petit exutoire. Les dépouiller de leur argent, fusse-t'il aussi sale que le reste de cet endroit maudit, était vraiment très agréable.

Enfin, Darth Noctis vint à bout de cet imbécile heureux bien trop bavard pour la fonction qu'il exerçait. Je retins au mot près l'information essentielle qu'il nous confia, sur la fameuse Borvag et son adresse. Nous finîmes enfin par nous en aller, quittant ce gouffre à bêtise immonde.

Alors que nous nous approchions de la sortie, l'un des odieux pervers vint à notre rencontre. Un voyeur que j'avais déjà identifié, tant ses dents jaunies et ses cheveux odieusement gras avaient pu me dégoûter en une seconde. Il nous interpella avec une expression à la mesure de son apparence, et cette fois s'en fut trop. Dès qu'il à ma portée, face à moi, j'envoyais mon crâne en avant. Le coup fit un craquement sourd, et le pauvre impoli tomba à la renverse le visage ensanglantée. D'un revers d'un main, j'essuyai le sang qui suintait de mon front avec la manche de ma veste. Ce genre de spectacle étant monnaie courante dans un tel endroit, personne ne s'enquit de l'état de l'impoli, encore moins de me réprimander.

-Allons y, disais-je soudain plus détendu.

Nous sortîmes enfin de cette taverne qui s'apparentait à un cauchemar effrayant pour tout individu civilisé. Enfin libérés du joug de la bêtise, nous rejoignîmes un parking, et nous trouvâmes un chauffeur le plus vite possible. Après que Darth Oblivion eût discuté quelques minutes avec ce dernier, nous montâmes à bord de son speeder, encore une fois dans un état pitoyable, tant le cuir de ses sièges était usé.

Nous traversâmes une fois de plus toute la ville, jusqu'à parvenir au pied d'un immense immeuble dont la pointe atteignait presque les nuages. Nous demandâmes au chauffeur d'attendre quelques instants, le temps de dresser un plan.

-On fonce ? demanda Oblivion, tandis que je réfléchissais à une autre façon de parvenir au vingtième étage sans prendre de risque.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Noctis réprima une remarque un brin sarcastique sur le zèle de ses deux associés à défendre sa vertu. Mieux valait ne pas titiller les nerfs d’Oblivion et de Syn. Il n’osait imaginer ce que Syn éprouverait s’il surprenait un jour le genre de discussions que les militaires impériaux avaient parfois au sujet du Hapien, de ses frasques masculines et de ses aventures en tout genre. Il aurait certainement été plus facile à Noctis d’évoluer au sein de l’élite impériale s’il s’était dispensé de sa passion pour les jeunes hommes et s’il avait fait l’économie de ses talents de comédien.

Bientôt, ils se retrouvaient à examiner le Kestwo. L’hôtel changeait du tout au tout avec le décor qu’il venait de quitter. Ses lignes élégantes se dressaient dans l’obscurité de la ville, contre un ciel de nuages, et le grand hall qu’ils apercevaient au-delà des vastes portes annonçait un établissement confortable et élégant. Peut-être pas un palace mais sans aucun doute, un séjour de standing pour personne de qualité.

— On a besoin de se changer, déjà. Niveau zéro.

Le chauffeur longea sans broncher, habitué à ne pas se poser de questions sur les clients qu’il récupérait au Hutt Papillon. L’entrée principale de l’hôtel, avec sa vaste plate-forme d’atterrissage, était située au milieu de l’immeuble et, plus l’on descendait dans les étages, plus on atteignait les chambres aux prix modestes, tout à fait respectables il est vrai, mais privée de la vie spectaculaire des suites principales. Enfin, les tout derniers niveaux étaient consacrées aux infrastructures.

Une fois sur le sol de la planète, Noctis glissa quelques crédits à leur chauffeur et les trois hommes descendirent de speeder. Ils entreprirent de faire le tour du bâtiment, jusqu’à repérer une porte de service qui ne semblait guère protégée.

— Y aura des caméras dans les couloirs, forcément.
— Sans doute. Tenez vous prêts à pêcher nos déguisements.

Cette recommandation ne fut pas d’abord très claire. Noctis ferma les yeux et inspira profondément. Son esprit s’étendit dans la Force, serpenta dans les couloirs de l’hôtel, juste à côté d’eux, jusqu’à trouver ce qu’il cherchait : quelques employés. Il s’insinua dans leurs pensées, dans leurs souvenirs, pour avoir une idée de leurs fonctions, de leur apparence, avant de passer au suivant, jusqu’à en trouver qui lui conviennent. Alors, il les attira à eux, dans un état second, subjugués par le contrôle du Sith.

Trois hommes dont la silhouette respective approchait à peu près celle de l’un ou l’autre des Siths sortirent par la porte de service. À en juger par leur tenue, ils devaient être affectés aux diverses réparations de l’hôtel. Quand on payait les êtres vivants une misère, c’était encore moins cher que les droïdes, mais, au moins, pour eux, le travail était sûr et sans histoire. Une chance assez rare dans l’Empire.

Sans histoire, en tout cas, jusqu’à ce fameux soir où ils se firent assommer par Oblivion et Syn, trainer un peu plus loin dans l’allée obscure et presque entièrement déshabillés. Alors qu’ils achevaient de remettre les bleus de travail, propres et bien taillés, signe d’un établissement qui veillait à sa réputation même dans les tenues de ses plus modestes employés, Noctis interrogea Oblivion du regard, lequel balaya la question silencieuse du sorcier.

— Oh, ils vont roupiller pour plusieurs heures.
— Excellent. Allons-y.

Les trois hommes pénétrèrent dans l’hôtel et, sans rencontrer d’obstacle, purent gagner un ascenseur qui commença à s’élever jusqu’à l’étage qui les intéressait.

— Déguisement ou non, je suppose que Mademoiselle Bovarg a son petit service de sécurité et que le ton va rapidement monter. Tenez vous prêts. Je vous fais confiance pour gérer ses gardes, pour ma part, je m’occupe de veiller à ce qu’elle ne s’envole pas. Profitons de quelques étages qui restent pour tâter le terrain.

C’était l’heure de fermer les yeux et de se concentrer. Ils profiteraient non seulement de l’effet de surprise mais, en sondant ce qui les attendait à travers la Force, à trois, ils pourraient avoir une idée assez fidèle des forces en présence. Noctis devina deux gardes dès la sortie de l’ascenseur, deux autres à la porte de l’immense suite, encore quatre au-delà, à moins que ceux-là ne fussent que de simples associés, et une présence plus imposante, qui devait être la fameuse Bovarg.

Syn et Oblivion auraient décidément de quoi s’occuper.
 
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn