Korgan Kessel
Korgan Kessel
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La rampe s'abaisse... Et aussitôt un putain d'air dégueulasse, chargé de relents putrides, me fouette le visage. Je grimace. L'enfoiré s'immisce dans mes narines, jusqu'aux poumons. Rapidement ma gorge s’assèche, irritée par la pollution. L'espace d'une seconde, j'ai même la sensation que les yeux me piquent... Mais je secoue la tête... Tout ça c'est dans la tête. Seulement dans la tête. Je descends... Et lève une main pour me faire de l'ombre. Même la luminosité, ici, est agressive. Raaah.

Je déteste cette putain de lune. Ou plutôt devrais-je dire cette poubelle flottant dans l'espace autour de la planète occupée par la race la plus dégueulasse de toute la galaxie. Rapidement, mon regard s'adapte à la lumière crue... Et alors s'offre à moi un panorama des plus désolants. Des constructions branlantes à perte de vue se grimpant les unes sur les autres comme une armée de chiens en chaleur... Des centaines de speeders fonçant à vive allure dans toutes les directions... Des cris dans le lointains, des klaxons, alarmes, sirènes en tout genre. Je crois même distinguer l'écho produit par des tirs de blasters. La pollution visuelle, elle aussi, est à la limite du supportable. Partout où mon regard se porte des panneaux publicitaires plus colorés et explicites les uns que les autres occupent le paysage. Un putain de bon gros bordel comme je les déteste. Ici, dans cette jungle urbaine, impossible de contrôler quoi que ce soit. Trop de coins sombres, d'angle morts... J'en regrettait presque le champ de bataille sur Gravelex Med. Au moins, là bas, tout était clair. D'un coté les potes, de l'autre les enfoirés d'impériaux. Et moi, entre les deux, mon fusil entre les mains, prêt à faire feu au moindre mouvement suspect. J'avance encore de quelques pas, sac à dos sur l'épaule, la mine grave, l'humeur massacrante. Enfin, je laisse tomber mes affaires au sol avant de m'accouder à une rambarde, face au précipice vertigineux s'ouvrant directement sur les bas-fonds distants probablement de plusieurs kilomètres, sous cet amas de permabéton et de duracier.

Connerie de mission à la con, je m’en serai bien passé de celle-là... Un claquement de bottes sur le sol tâché d'huile de la plate-forme d’atterrissage, dans mon dos, me fait tourner vivement la tête. Ma main se jette sur le holster accroché à ma cuisse. Quand je suis à cran, je suis sur la défensive. La petite silhouette se fige l’espace d’une seconde, surprise par mon mouvement brusque. Je soupire.
 
« Faut vraiment que tu te détendes Korgan… » 
 
Pour toute réponse, je lâche un grognement. Si je ne connaissais pas Dib depuis aussi longtemps, je lui en aurait probablement collé une, histoire qu'il se la ferme un peu. J'ai dû supporter ses jérémiades pendant tout le trajet depuis Tatooine... Grande gueule de Drall. Malgré tout, je reconnait qu'il a raison sur un point : je ne devrais pas être aussi tendu. C’est juste que... Bah que je ne me sens pas à ma place ici. Je ne suis pas sur mon terrain de prédilection. Et j'aime pas ça. Ouais clairement, c’est loin d’être une mission habituelle. La boule de poils se pose à côté, à une distance respectable de mon direct du droit. Il décapsule une bière, dont il engloutit quelques gorgées avant de lâcher un rot sonore qui se répercute en de multiples échos sur les façades décrépites. Je le mate, il me mate. Duel de regards, yeux plissés. Il ne met pas dix secondes avant de craquer :
 
« Ne mate pas comme ça ! Il fait une chaleur à crever ! J'ai soif quoi ! Tu comprendrais si tu avais autant de poils que moi… » 
« T’aurais pu me ramener un truc… » 
« J’avais que des bières au frais, et tu ne bois pas en missions, alors… » 
« Ta gueule, c’est bon. » 

 
J'ai pas soif de toute façon. Bref. A nouveau, mon attention dérive vers les bas-fonds qui s’étendent si profondément qu’ils semblent en permanence nimbés de brouillard. Enfin brouillard, je devrais plutôt dire des résidus les plus lourds de la purée merdique que j’inhale à chaque inspiration. Au milieu du dédale d’édifices, un trou béant. Ici, il y a plus d’un an et demi s’élevait la tour du Conseil des Kajidic… On aurait pu croire que l'urbanisation galopante aurait eu vite fait de dévorer cette plaie. Mais non. Sûrement que le terrain appartient encore aux Hutts, alors personne n'ose y toucher. En vrai, je ne me suis jamais intéressé à la politique… Une bande de menteurs qui promettent toujours des miracles aux pauvres cons qui les croient. Tout ce que je sais de cette tour en ruines, c’est que feu le gros Borenga s’y était invité lors d’un sommet critique réunissant pas mal de monde, juste avant que le mystérieux et dangereux terroriste « Fantôme » ne fasse tout exploser. Des centaines de morts… Et tout ça au nom de quoi ? Je laisse malgré moi échapper une moue dégouttée. J'ai toujours eu du mal avec ceux qui n'hésite pas à sacrifier des vies humaines... Ouais, c'est mon putain de coté humaniste faut croire.
 
« Bon, tu vas finir par accoucher ? Qu’est-ce qu’on fou ici ? Pour une fois, on ne s'était pas tirer dessus avant même d'avoir posé pied au sol... »
« J'appelle pas ça le sol... »
« Rah, t'as très bien compris ! Alors c'est quoi l'embrouille cette fois ?! Et me sort pas secret défense, tout ça... J'ai le droit de savoir merde ! »


C'est toujours la même rengaine... Et après il s'étonne que je ne lui en dise que le minimum. Le Drall est un pote de longue date, depuis que je lui ai sauvé les miches sur Félucia. Même il faut reconnaître que depuis j’use et j’abuse de ses services pour conduire l’escouade Typhon à travers les territoires hors du contrôle de la République lors des missions clandestines. Rah, au fond, je suis sûr qu'il kiff ça, sinon il aurait mis les voiles depuis des lustres... Sauf que cette fois le contexte est différent. Si tout se passe comme prévu, il n'aura pas à risquer sa peau outre mesure. J'ai juste besoin de lui comme d’un filet de sécurité pour me couvrir les arrières, pour m’exfiltrer de ce merdier en cas d’emmerdes ingérables. Je plonge la main dans la poche du gilet élimé que m’a refilé un connard des services secrets républicains. Pas d’uniforme ou de signe distinctif aujourd’hui, je ressemble à un contrebandier comme tant d’autres. Mes doigts se referment sur un petit datapad que je balance aussitôt au Drall. Surpris, il laisse échapper sa bière, qui dégringole vers les tréfonds de la planète. Il lâche un : 
 
« Putain t’es trop con ! Elle était encore à moitié pleine ! » 
 
Un sourire carnassier se dessiner sur mes lèvres. Mais je recouvre aussitôt mon sérieux. Droit au but. J'aime pas tourner autour du pot :
 
« Je dois retrouver la trace de Ragda Rejliidic. » 
« Tu déconnes là c’est ça ? Putain… Non, tu ne déconnes pas… Fait chier. On t'as déjà dit que t'étais complètement malade ?! Et ils sont où tes copains ?! T'y vas pas en solo quand même ? Si ? Tu va se faire buter ! On va se faire buter ! Ce type est un vrai fantôme depuis qu’il a fuit l’espace Républicain après sa trahison sur Makem Te ! Et il est dangereux merde ! C’est pas parce que ce connard de Borenga s'est fait buter qu’il en est plus vulnérable… »


Je le fusille du regard, avant de lui couper la chique :

« C’est bon, t’as fini de chialer ? Je ne te demande rien. A part de rester ici et de venir fissa si j’ai des emmerdes. OK ? »
« Je... Ok… Ok… »


Le silence s’installe. Façon de parler. Le bordel est permanent sur cette foutue lune. Dib en profite pour consulter l’écran du datapad… Puis finit par la rouvrir : 

« Et tu comptes commencer par où ? »

Il n’a pas besoin de connaître les détails. Alors je pourrais juste grogner, ou lui ordonner de la fermer. Mais faut avouer que moi-même je ne saurais répondre à cette question avec précision. J'ai loin d'avoir les qualités d'un détective privé. Les enquêtes et les énigmes c'est vraiment pas mon délire. Alors voilà, j'me dis que si j'en parle, peut-être que toute cette connerie paraîtra plus claire :

« C’est ici que le Hutt a été vu pour la dernière fois. »

Je désigne du menton le trou béant où se trouvait la tour du Conseil des Kajidic.

« Oui merci, je sais encore lire… Il n'était pas sur la liste des invités... Mais son yacht a été aperçu à proximité au moment de l'explosion. »

« Ouais. Et j'suis pas du genre à croire aux coïncidences... Surtout qu'il a embarqué la femme identifiée comme la poseuse de bombes, après une course poursuite sur les toits… Là, juste à coté. »
« Je vois… Mais bon, c’est pas ça qui va te dire où il se trouve maintenant. » 
« Chaque chose en son temps. »


Je me redresse, récupère le sac à mes pieds, avant de lui tourner le dos pour m’éloigner du précipice.

« C’est tout ? Tu vas juste… Y aller à l’instinct ?! »
« Ouais c’est ça. » 

 
Je ne crois pas non plus aux fantômes. Tout le monde laisse des traces. Ce Hutt... Il a forcément fait une erreur quelque part… Laissé quelque chose derrière lui… Et une fois que je l'aurai trouvé, il ne me restera plus qu’à remonter la piste. Sauf que depuis le temps, elle doit être sacrément froide. Ça promet d'être une sacrée histoire.

Je passe une bretelle du sac par dessus mon épaule, laisse l’autre pendouiller derrière. A l’intérieur, il n’y a pas grand-chose. Quelques chargeurs pour le blaster que je porte à la cuisse. De l’eau, de la bouffe. Bref, de quoi survivre quelques jours en autonomie sur cette planète de merde. Pas envie de chopper la tourista. A force de bouffer des rations de combat à longueur de missions, j'ai l'estomac fragile. Dib me trotte après pour me rendre le datapad. Je le range exactement au même endroit. Avec ses petites jambes, il doit faire trois pas quand j'en fait un. De l'extérieur la scène doit être hilarante. Manque de bol, j'ai pas envie de rire là tout de suite.

« Donc, j’ai juste à attendre, c’est ça ? »
« Ouais c’est ça. »
« Mais si j’ai un pépin, comment je dois te contacter ? »


Je me fige. Putain, j'ai failli oublier. Cette fois, c'est dans le sac que je plonge la main, pour en ressortir un petit comlink. Le genre de matos prépayé qu'on trouve au quatre coins de la galaxie.

« La fréquence est déjà paramétrée. »

Je lui tend. Il le choppe. Excité comme une puce, il s'empresse de l'allumer, et de jouer à l'agent secret d'holofilms de seconde zone :

« Allo...Allo... Tu me reçois... cinq sur cinq ! Ici Dib à Korgan, à vous ! »

On dirait un gosse. D'un geste vif, je le lui arrache des mains, la mine sévère :

« Si je te file ça, c'est pas pour faire le con ! Silence radio, sauf en cas d’extrême nécessité, pigé ? »

Il hoche sa petite tête de rongeur. Je le lui rend.

« Et interdiction de m’appeler Korgan, Kessel, Korgan Kessel ou même Caporal Kessel. Je suis pas là pour faire du tourisme. Mission secrète, blablabla, personne ne doit connaitre ma véritable identité... »

Évidemment j’évite de lui dire que tout ceci n'est qu'un plan des services secrets à plus long termes, vivant à infiltrer l'Astre Blanc afin de mieux en comprendre les ramifications. Ce genre de détails le ferait bader. Moi-même je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée...

« Heu… Attend. Mission secrète... Ça veut dire que si ça merde, personne ne viendra nous sortir de là ? » 
« Exactement. Alors, tu déconnes pas, on est OK ? »
« Putain, t’aurais pu le dire avant… Fait chier… Bon… Ok... Ok... En même temps je commence à avoir l'habitude... Et comment je dois t’appeler alors ?!  Hé toi, le type baraque sans cervelle ?! »


Je soupire. J'avais redouté cette question depuis le début du voyage... Je n'ai même pas la force de le lui annoncer moi-même. Au lieu de ça je lui fourre mon holocarte d'identité factice sous le nez. Il pose les yeux dessus, avant d’exploser de rire :

« Gonzales Esperanza ?! C’est sérieux ?! GONZALES ?! HAHAAHAHAAH »
« Putain ta gueule… Ca va..»


Je grogne et fait volte-face… Ces connards du Renseignement Républicain me font toujours le même coup. Il parait que les noms pourris sont ceux qui passent le mieux. Je suis sûr que ces fouines sont jaloux de mon corps de rêve, alors ils se vengent comme ils peuvent. J'me dis qu'un jour ça va foirer.. Alors ils m’entendront putain !

En même temps, je me dis… Ici, sur Nar Shaddaa, tout le monde ment sur qui il est, sur d’où il sort, et sur ce qu’il fait. Alors un mensonge de plus ou de moins, qui ira y prêter la moindre attention ? Rapidement, je descends la rampe de la plateforme d’atterrissage, pour rejoindre un dédale de rues plus larges où s'alignent divers commerces. L'odeur qui s'échappe de ceux qui vendent de la bouffe n'a vraiment rien de bandant... Il y a pas mal de monde : un véritable melting-pot de ce que la galaxie a pu faire de plus foireux. Le point de rendez-vous se trouve dans une échoppe un peu plus loin. Si j'ai bien pigé le truc, je dois rencontrer quelqu'un. Un membre de l'Astre chevronné ? Ou une simple recrue potentielle comme moi ? Aucune idée. Mais la mission reste la mission... Et sauter dans l'inconnu à pieds joints est devenu comme une seconde nature.
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2nd Semestre 21.571 – Nar Shaddaa

Elle regarde son dernier pion se faire briser en deux par le monstre holographique de MI et, alors qu’elle aurait dû sortir avec un magnifique table flap, elle s’en fout. Juste, elle s’en fout. D’ailleurs, MI n’essaye même pas de claironner. Il a analysé la partie, une gamine de six ans aurait fait mieux. Elle est préoccupée. Faut dire, là, sa situation évolue d’un coup sans prévenir, c’est un peu flippant. L’Astre Blanc. Elle en a pas entendu parler beaucoup et à la fois c’est pas étonnant, c’est censé être un groupe de l’ombre. Servir la République ? C’est ce qu’elle cherche à faire depuis quelques mois mais en même temps, elle se rend compte qu’elle a pas vraiment réfléchi aux conséquences. Si demain elle doit tirer sur sa mère, elle le fera ? Et puis Coruscant quoi… C’est quoi cette vieille poubelle ? C’est ça, la ‘grande république pleine de liberté’ ?

Elle soupire et éteint l’holotable. Y a ça de rassurant chez les Sith. Y a une vérité. Cette vérité, ils te la matraquent certes à la gueule, mais au moins elle est claire, elle est établie, t’as pas le droit d’y réfléchir. Là, tu peux. Alors y en a qui s’en foutent et qui végètent, et y a les autres connards comme Red qui cherchent à savoir, à faire des choses. Alors elle lit, elle lit beaucoup, c’est pas la première à trouver que la République c’est un peu de la merde emballée dans de l’or mais en même temps, c’est un peu mieux non ?


« Bop bop vrouuu inquiet : ‘Tu es malade, patron ?’

– Fatiguée, MI. C'est gentil de t'inquiéter mais… Faudrait qu’j’tire un coup peut-être… J’suis trop tendue. »

La console bip, le bruit de crash bizarre résonne tout autour, le couloir se disloque et soudainement la focale se fait sur Nar’Shaddaa et son trafic bordélique. De là-haut, elle a cette même beauté décrépite et flamboyante que Coruscant. Un gris sale, homogène, parcourut de veines sulfureuses. On dirait un peu une grosse grenade sur le point d’éclater. Qu’est-ce qu’on lui a demandé ? Retrouver l’ancien ministre de l’économie et du budget en cavale, ni plus, ni moins. C’est drôle ça, si on lui avait demandé le Chancelier, c’est déjà fait, mais malheureusement, c’est pas ça. Son boulot pour retrouver Emhyr leur a fait dire qu’elle saurait peut-être renouveler son exploit. Ils sont optimistes et en même temps, ça leur coûtent rien pour l’instant. Elle s’affale dans son siège de pilote plus qu’elle ne s’y installe et amorce la descente. Elle a rendez-vous avec un gars, pas de nom, rien, un lieu c’est tout.

En sortant du
Jen’ari, elle s’est totalement équipée, son fusil est ostensiblement accroché à son dos – s’agit de faire passer le message aux branleurs des environs qu’elle est pas la personne à emmerder pour réclamer trois sous. La porte s’ouvre, la passerelle est déjà occupée, l’homme est déjà arrivé. Il n’est pas seul. Red s’avance vers eux, sa démarche est assurée. Elle se taperait bien clope mais son masque l’en empêche… Ce sera pour plus tard. Arrivé à hauteur, elle sort la phrase à la con qu’on lui a donné pour code :

« Je cherche un lys dans la vallée. »

Elle doit attendre la bonne réponse, sans cette réponse, elle a ordre de faire demi-tour et de se débrouiller seule. Le premier gars a un look de contrebandier lambda mais son regard intense, la façon dont il évalue les alentours et la twi-bot qu’il a devant lui prouve sa prudence. Le drall, lui, donne envie a Red de venir lui faire frotti-frotta avec son nez sur son museau mais ça… Ce serait aussi pour plus tard.
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« T'es sûr que c'est là ?! Parce que... »
« Oui, c'est là ! Putain, pourquoi t'es encore dans mes pattes ?! Je t'avais dit de rester au vaisseau ! »


Je fusille le Drall du regard, quittant des yeux l'écran de mon datapad quelques instants. Pas de doutes, les coordonnées transmises par l'Astre conduisent directement à ce vieux bâtiment. Sur la façade décrépite, le nom de l'échoppe disparaît sous les tags et les dégradations. Je ne compte plus les traces d'urines sur les murs. Si la porte semble encore en bon état, les fenêtres, elles, sont brisées, barricadées de l'intérieur par des planches de bois rudimentaires. On dirait un squat abandonné depuis longtemps... C'est quoi cette embrouille.

« Ouais... Ouais... Mais bon... J'suis pas du genre à laisser un pote se jeter seul dans la gueule du sarlacc. Et mon intuition me dit que tu vas rapidement avoir besoin de moi. T'es pas dans ton élément ici, ça se voit ! »
« Conneries. Tout ce que tu vas foutre, c'est nous faire buter avec ta grande gueule. »
« Je prends ça pour un : Merci, t'es vraiment un super pote, qu'est-ce que je ferai sans toi ! »


Je grogne. L'esprit de contradiction incarnée ce Drall. Si je lui avais demandé de m'accompagner, il aurait été le premier à se plaindre... Il a pas intérêt à faire le con, sinon je le vire à coup de pompes dans l'arrière train. Bon. Du coup. Qu'est-ce qu'on fait ? Depuis l'ombre de la ruelle qui nous sert de poste d'observation, je ne parviens à me décider. J'y vais, j'y vais pas ? Ça pue cette histoire... Ici, la foule n'est pas très denses. Il faut dire que le coin n'a rien de touristique. Les passants ne traînent pas. Ils filent, sans même regarder autour d'eux... Comme si ne rien voir, ne rien entendre, les protégeait des petites frappes du quartier. Mais alors même que je commence à définitivement perdre toute patience, une silhouette s'arrête. Elle est fine, dissimulée derrière un long manteau à capuche. Typiquement le genre d'accoutrement sensé dissimuler les traits mais qui rend son porteur d'autant plus suspect. Le type – parce que j'estime que c'est un mec – semble hésiter devant la porte. Enfin il frappe. Elle s'ouvre. D'ici impossible de voir ce qui se passe. Enfin, au bout d'une trentaine de secondes, il entre.

« Bah voilà ! Y'a juste à frapper ! Tu vois... »
« Raaah, tu vas jamais la fermer ?! Surtout tu restes derrière moi, et tu ne l'ouvre pas ! Ils m'attendent moi ! Moi seul. Ok ? »


Il va faire tout capoter, je le sens... Mais cet enfoiré a raison. J'suis pas dans mon élément. Les villes, les intrigues, les conversations, ça n'a jamais été mon truc. Alors malgré l'envie qui me démange, je me retiens de l'envoyer chier. Bref, j'avance, d'un pas rapide, en direction de l'édifice. Autant ne pas perdre de temps... Surtout que j'ai la désagréable impression d'être observé en permanence. Il y a trop d'yeux dans ces ghettos urbains. Je me plante devant la porte... Et frappe... Aussitôt elle s'ouvre... Sur un droïde protocolaire rafistolé de partout. Aucun de ses membres n'est de la même couleur, tandis que de sa plaque pectorale éventrée dégueule une bouillie informe de câbles. Ses petits yeux ronds me fixent. Il fait :

« Nous sommes fermés. »

Je fronce des sourcils. Je suis pas habitué à ce genre de délire... Alors, forcément, je perds patience.

« Hé du con. Tu crois que j'suis là pour m'amuser ?! »

J'exhibe le datapad.

« Je suis exactement au bon endroit. Alors soit tu me laisses entrer, soit je te transforme en un tas de ferraille informe. »

Dans mon dos, je sens le Drall qui s'agite.

« Tu ne devrais pas... »

Mais j'en ai rien à foutre. Le droide s'est immobilisé. L'espace d'une seconde, je me demande même s'il n'a pas rendu l'âme. Mais ses yeux, d'un jaune pisse brillant, démontrent le contraire. Finalement, il me répond, de cette voix si monotone qu'elle me donne envie de lui en coller une :

« Vérifications effectuées. Confirmation identité. Vous pouvez entrer... »

J'avance, Dib fait de même, mais le droïde lève aussitôt une main.

« Vous. Pas lui. »

Putain, c'est la phrase la plus sensée que j'ai entendu de cette foutue journée ! J'en ai presque un orgasme. Je tourne la tête, ouvre la bouche pour sortir un truc ironique... Mais le Drall me prend de vitesse. Mes yeux s’écarquillent :

« Comment ça pas moi ?! Vous savez qui je suis ?! Vous savez qui je suis ?! Teddy le terrible ! Ça vous dit quelque chose ?! Lui, là, c'est mon associé. Où il va, je vais. Rien à foutre de vos conneries. C'est pige ?! »

Je reste figé sur place, incapable de prononcer le moindre mot. Ce petit con va nous faire tuer ! Mais, contre toute attende, le droïde recule, nous ouvrant le passage. Qu'est-ce que...

« Bon, tu bouges part'naire ? On va pas rester planté là hein ! »

Je secoue la tête, un peu paumé... J'entre. L'intérieur est à l'image de l'extérieur. En ruine et complètement dégueulasse. Un grand espace rectangulaire, vide à l’exception d'une table et de trois chaises. Le sol est couvert de poussière. Mais la table, elle, semble neuve. Lorsque je traquais les trafiquants de drogues sur Ryloth lors de ma première affectation, j'étais tombé sur ce même genre d'endroit. Une planque éphémère. Dès que nous en aurons terminé, cet endroit sera vidé, nettoyé, aseptisé. Il ne restera plus aucune trace de notre passage. Ni de nos cadavres si ça devait mal tourner.

Affalé sur la table le type de tout à l'heure semble perdu dans ses pensées. Entre sa capuche profonde et le manque de luminosité, impossible de distinguer ses traits. A mon tour je me pose, cul sur la chaise la plus proche. Dib prend la troisième. Puis... Rien. Les minutes s'égrainent, toutes plus longues et chiantes les unes que les autres. L'inconnu renifle à longueur de temps, comme un camé aux cloisons nasales défoncées par les drogues dures. Dib, lui, semble dans ton élément. Il est calme, occupé à se curer les griffes à coup de crocs. Pour moi, l'attente est insupportable... D'autant que je n'ai qu'une envie : chopper le Drall par le col pour remettre les points sur les « i ». Voire les poings sur les « i ». Mais là, devant témoins, je ne peux rien faire... Alors je ronge mon frein en essayant de me rappeler les détails de la mission... Mais bon : au bout d'un moment je craque. Je tourne la tête vers le droïde aussi immobile qu'une statue et fait :

« Bon ? On commence ? Votre gars là... C'est pas en restant le cul posé sur une chaise qu'on va le retrouver... »
« Nous attendons le dernier. »


Donc il y a encore une personne ? Logique. Trois sièges. Dib n'était pas compris dans l'équation. Peut-être que la boite de conserve ressent mon impatience, alors il précise :

« Son vaisseau est en approche. Je lui transmettrai les coordonnées dès son atterrissage. Elle sera parmi nous dans moins de quinze minutes... Si elle parvient à nous trouver... »

Quinze minutes ?! Pas possible. C'est vraiment comme ça que ça se passe chez ces bandes de criminels ? Des séries de tests et d'épreuves débiles visant à tester... A tester quoi d'ailleurs ? L'intelligence ? La débrouillardise ? Le bagou ? Ou peut-être simplement la circonférence des couilles ? En tout cas, moi, je ne peux pas attendre quinze minutes. Je me relève, m'approche du protocolaire d'un air décidé, index posé sur son torse de métal :

« Filez moi le numéro de sa plate-forme d’atterrissage. J'y vais, je la ramène. Ça nous fera économiser du temps. »
« Je regrette, ce n'est pas la procédure... »
« Tu sais où tu peux te la foutre ta procédure ?! »


Dib s'y met à son tour :

« Mon associé à raison. C'est une perte de temps. Plus vite on la ramènera, plus vite on en terminera avec cette mission... Alors, ouais, c'est pas la procédure, mais c'est ce qu'il y a de plus efficace. Tes patrons seraient d'accord. »

Une fois de plus, le droïde se fige, comme si sous son crâne d'acier, ses routines pesaient le pour et le contre. Finement, il recule pour nous laisser le passage, nous donne des instructions précises :

« Plateforme AX-37. J'ai communiqué les nouvelles instructions... Elle a été prévenue de votre arrivée. »

Je sors en trombe, Dib sur les talons. Et après une bonne centaine de mètres, je m'arrête net. Le Drall, surpris, me rentre littéralement dedans... Mes fantasmes deviennent réalité... Ma grosse poigne se referme sur le col de sa combinaison. Sans difficulté, je le soulève, ses pieds quittent le sol. Je le plaque sans ménagement contre le mur le plus proche. Je le menace de mon index cybernétique. L'autre ne fait plus le malin, il sait parfaitement qu'une droite de ma prothèse d'avant-bras lui briserait le crâne en milles morceaux.

« Tu joues à quoi putain ?! »
« Je joue à quoi ?! T'es sérieux ?! C'est toi qui fait n'imp ! Tu crois quoi ? Que pour entrer dans ce genre de milieu maffieux, on doit juste frapper à une porter et menacer le type qui te l'ouvre ?! Ça marche pas comme ça ! On a déjà eu du bol qu'il nous laisse entrer ! Ma main à couper que ce droïde est loin d'être aussi inoffensif qu'il en a l'air. Et là, maintenant qu'on est ressorti... C'est quitte ou double. On a intérêt à ne pas traîner ! Moi à leur place, je plierai bagage direct. S'ils ne le font pas, c'est qu'ils ont sacrément besoin de nouvelles recrues... Ou alors que quelqu'un fait de ce Rejliidic une affaire personnelle.... Bon tu me lâches ?! J'ai du mal à respirer... »


L'enfoiré arrive à me fourrer le doute dans le crâne. C'est vrai que je ne suis pas familier des codes de ce milieu, même si les gars du renseignements m'ont filé le maximum de billes pour m'en sortir. Du coup, faute d'arguments autres que poignants, je le repose. Pour autant, je l'ai toujours aussi mauvaise. Je réplique :

« Et toi alors ? Avec tes histoires stupides de Teddy le Terrible... »
« Stupides ? Tu crois que je suis né le jour où je t'ai rencontré ? J'ai eu une vie avant de m'enrôler sur le navire de ce connard de Colbert. Et ouais, je m'étais même fait une petite réputation ici, en bossant pour Balek le Hutt. Teddy le Terrible... J'ai gagné ce titre avec ma sueur et mon sang, alors ne t'avise pas de te foutre de ma gueule... Gonzales... Au moins, moi, mon CV sort pas du cul d'une bande grosses têtes planquées derrière les bureaux de ta belle et glorieuse République. »


Je lève les yeux au ciel. Mais dans quel merdier j'ai encore mis les pieds... Sérieux... Et je vais devoir le supporter tout le temps de cette mission... De toute façon je n'ai pas le choix. On est sorti à deux. Si je reviens tout seul, l'Astre va devenir suspicieux.

« Alors, sur ce coup mon pote, va falloir que tu me fasses confiance. Sans moi, tu tiendras pas deux heures avant de te faire coincer. Personne croira que t'as passé ta vie du mauvais coté de la loi... »
« Tu mériterais quand même que je t'en colle une... Rien que pour le principe... Raaah... La prochaine fois, t'as intérêt à prévenir, OK ?! »
« Ouais, ouais... Bien sur ! »


J'y crois pas.... Le pire, c'est qu'il a certainement raison. Ça me fout encore plus les glandes. Bref. Il nous faut moins de cinq minutes pour rejoindre la fameuse plate-forme. AX-37. Un emplacement isolé des autres. Déjà, le cargo approche, ses répulseurs hurlent alors qu'il se pose. Dib siffle d'admiration :

« Un Dynamic-class freightner... J'en avais pas vu un dans cet état depuis des lustres ! »
« Ouais bah calme ta joie. On n'est pas mal pour mater ce qu'il y a sous le capot. »


Le vaisseau se pose, rapidement la rampe s'ouvre sur une silhouette tout ce qu'il y a de plus féminine. Aucun doute là dessus. Dib chuchote :

« C'est une insulte de laisser une femelle piloter un vaisseau aussi mythique... »
« Pas plus qu'une boule de poils. »


Elle approche. Twi'lek. Équipement de pointe. D'un coup, c'est moi qui me sens à poil avec mes vieilles fringues de contrebandier, et mon pistoler-blaster à la con. Je ne comprends toujours pas pourquoi ces enfoirés des services secrets ont refusés que j'emporte un lance-roquettes. Bande de rabats joie. J'en ai déjà maté des biens plus gros qu'elle. Mais clairement, la puissance de feu n'est pas en ma faveur, alors autant se la jouer cool, éviter les provocations. De toute façon, sur l'instant, j'ai trop de conneries qui me passent dans la tête pour prendre le temps de la mater de la tête aux pieds, comme j'aurais pu le faire dans d'autres circonstances. Les gonzesses bien roulés avec des gros guns, je kiff. Sauf quand elle en a un plus gros que le miens...

Bref, la mercenaire – du moins je l'identifie de la sorte compte tenue de son équipement clairement prévu pour le combat – ne perds pas de temps en civilités. Et ça me convient parfaitement. Je lui réponds direct, usant du mot de passe prévu :

« Veuillez me pardonner, mais je suis, je vous l'avoue, d'une ignorance incroyable. Je ne distingue pas le seigle du blé, ni le peuplier du tremble. Alors en ce qui concerne les lys... »

Faut avouer que je trouve cette situation parfaitement ridicule. On se croirait vraiment dans un de ces vieux holofilms d'espionnage, où les agents secrets usent de mots de passes plus tordus les uns que les autres pour se reconnaître entre eux. Soit l'Astre s'amuse de nous, soit cette organisation répond encore à des us datant d'une autre époque. Dois-je voir derrière cette mise en scène une forme de tradition séculaire propre à ce groupuscule de l'ombre ? En fait, je m'en fous. Totalement...

Bref, une fois ces détails réglés, il est temps de retourner à la planque du jour...

****

Une demi-heure plus tard, planque de l'Astre,

« Moi je dis qu'il faut aller dans les bas-fonds. On doit fouiller les ruines de la tour... Il y a forcément un indice là-bas. »
« Faudrait plusieurs jours pour descendre ! Et personne ne sait vraiment quelles saloperies traînent en bas ! Tout ça pour quoi ?! Y'a des millions de tonnes de métal et de béton. Tu veux trouver quoi exactement ?! »


Le troisième homme. Celui qui cache toujours ses traits sous sa capuche, commence à me gonfler sérieusement. Il prend un malin plaisir à contredire tout ce que je peux sortir, comme s'il gagnait des points à chaque fois qu'il le faisait. Enculé de fils de pute. Lui, tout ce qu'il propose, c'est encore plus de la merde.

« Avec du bon matos, on pourrait retrouver les restes des explosifs. Remonter la piste en partant de là. Parce que ton idée d'aller voir les Hutts, non, c'est débile, je ne trouve pas d'autre mot. »

C'est au tour de Dib d'intervenir. Depuis l'arrivée de la Twi'lek, il se retrouve sans siège. Ceux placés de l'autre coté de la table, ne doivent voir que ses deux oreilles pointues dépasser. Haha.

« Mon associé a raison. Les Hutts se protègent entre eux, même s'ils savaient des choses sur Rejliidic, il y a peu de chance qu'ils nous le disent. Du moins volontairement... Alors soit t'as de quoi faire chanter une de ces limace soit c'est foutu.... Et quand bien même, sa vengeance serait terrible, on ne pourrait plus reposer le pied dans le système sans avoir une armée d'assassins à nos trousses. »
« Vous êtes pas du coin vous hein.... Ça se voit. Les bas-fonds c'est mille fois pire que les Hutts ! Mon choix est vite fait ! »


Je me masse les tempes... Ça fait prêt de vingt minutes qu'on se prend la tête pour mettre au point un plan d'actions. Le droïde reste silencieux, en retrait, comme observant pour mieux nous analyser. Mon petit doigt me dit que le type est dans la même situation que moi : un candidat potentiel qui tente d'entrer dans l'Astre. Ce qui explique qu'il cherche autant à s'imposer. Pour la Twi'lek j'en sais rien. Pas vraiment expressive comme nana.

« Sinon y'a une autre piste. Cette femme là. La Mirialan. C'est elle qui a posé les bombes sur ordre de Fantôme. Elle s'est enfuit à bord du Yacht de Rejliidic. Tout est lié. Si on la retrouve... »

Sauf que cette « Velvet » a déjà un avis de recherche sur le coin de la tête, elle se terre aussi bien, si ce n'est mieux, que le Hutt... Et elle est carrément plus dangereuse : c'est elle qui a buté Borenga si on en croit la version officielle. Je soupire. Perso, je vote sans hésiter pour les bas-fonds. Le reste me semble trop... compliqué. Mon regard fixe sur la mercenaire :

« Et toi t'en penses quoi ? »
Invité
Anonymous
Nar Shaddaa – Une demi-heure avant le présent

Elle est arrivée en avance. Mieux vaut ne pas partir immédiatement, dans ce genre de milieu, arrivé trop tôt c’est déjà éveillé la méfiance. C’est un jeu subtil, il s’agit de savoir où l’on va sans s’y faire voir. Là, elle ne peut pas, clairement. Elle tourne en rond, vérifie son matériel, une fois, deux fois, trois fois, vieux restes de l’armée. Elle se mord la lèvre, elle aurait envie de boire mais elle se souvient avoir donner l’ordre à T4-MI de jeter toute la picole. C’est ça, essayer de se reprendre en main ? Elle se revoit à table, avec cette gentille petite famille de Boz Pity, à raconter des conneries sur ‘comment que c’est bien d’être indépendant et d’voir des trucs de fous’… Foutaises ! Elle a pas le sentiment d’être libre là, elle se sent juste être une grosse, grosse, grosse boule de stress et de tensions.

Comme elle compte porter son masque tout du long, c’est le moment où jamais d’allumer une dernière clope. Sa consommation a explosé depuis quelques jours… Elle a peut-être troqué une cirrhose contre un p’tit cancer des familles… Tant pis ! Elle a encore vingt minutes devant elle, elle se paie le luxe de se glisser dans un bain en même temps, peut-être que ça parviendra à la détendre faute de mieux.

Au bout de dix minutes, T4 surgit du nuage de fumée, mélange confus des résultats de la combustion et de l’évaporation. Dans ses pinces métalliques, un plateau avec quelques rations de voyage.


« Twouit twouit soucieux : ‘Faut manger avant d’y aller, patron.’

- Je sais maman… Y a pas mieux au menu ?

– Petit bop constatant : ‘Pas tant qu’on gagnera pas plus, c’est efficace et pas cher, c’est tout’. »

Elle se sent obligée de râler pour le principe. Quelle grande vie. Il est loin le temps de l’armée où elle s’est imaginée ce que ça devait être cool d’être à son compte et de vivre dans le faste de son succès. M’enfin, ça devait aller mieux, non ?

Quand elle finit par sortir de l’eau, elle est au taquet, prête à niquer des pères comme personne.


Nar Shaddaa – Le présent

C’est quoi ce guignol qui se la joue mystérieux trou du cul de l’ombre ? Elle n’aime pas ça. Déjà parce que ça leur donne à la situation quelque chose de complètement con et parce que… Mais c’est complètement con ! Les filtres optiques existent depuis plus de dix milles ans et ça continue à vouloir faire genre ‘ma capuche elle cache mon visage, t’as vu, tu peux pas me voir, j’suis tout noir, ahahahaha, lolilo’. Nah mais gars, sors de chez toi, t’es pas dans un jeu-vidéo pour puceaux en mal d’adrénaline-là. C’est donc un Zabrack qui se cache là-dessous, il a l’air carrément trop jeune pour son arrogance, un picot-picot dont la gueule pleine de tatouages va pas tarder à finir pleine de bleus.

Et puis faut les voir là, les trois mâles alphas, à se battre en duel avec leurs bites pour savoir qui qu’aura la plus grosse et le plus raison. Ils savent que les Tachs font ça cent fois mieux qu’eux ? Et pis vas-y que moi j’veux pas aller dans les bas-fonds, y a que les cons qu’ont ce genre d’idée, et pis vas-y que moi j’veux pas aller chez les Hutts, sont pas gentils les Hutts, et pis vas-y que moi j’ai un associé alors forcément je tiens avec lui, … Exaspérée.

Et là, d’un coup, révélation, finalement on se tourne vers elle et on lui donne le droit à la parole.


« Ah ? Monsieur me donne le droit à la parole ? Scuzez-moi, comme ça réfléchit trop pour moi depuis tout à l’heure, j’ai un peu été larguée… R’gardez, là, j’sais même pas quoi en faire maintenant et la seule question qui me vient c’est : pourquoi j’ai pas le droit de gratouiller la tête de la jolie peluche qui parle, hein ? Ce serait plus insultant que de se jouer la scène en mode ‘les papas causent, chérie, ta gueule’ ? Tss… »

La remarque est cinglante et acide mais en même temps, ça lui pète les reins ces conneries. Elle est avec des professionnels ou des caïds des bacs à sables ?

« On vit dans un putain de monde numérique les bleus. Des caméras à chaque coin de rues, des lignes de codes à n’en plus finir, des informations à la pelle, et vous, vous voulez encore vous emmerder à obtenir quelque chose des Hutts ? C’est aux données qu’on doit avoir accès, les données – elles – peuvent pas nous raconter des conneries avec un rire gras. Et où qu’elles sont les données ? Bah elles sont dans les serveurs ou sur place. Alors vu que dans le groupe on a un Picot-picot chouineur « nnaann mais moi je veux pas aller en bas, moi j’me la joue gros dur de l’ombre dans ma capuche mais j’ai les miquettes pour trois gangs de rue » et bah il va gentiment aller dans la ville haute se démerder pour avoir accès à toutes les images d’holocaméra de cette période, de celle du petit bouiboui du coin d’la rue à celle de l’office de tourisme, okay ? Et puis la jolie belette elle va aller avec lui parce que si ça pète en bas, j’peux pas me permettre d’être distraite par une frimousse pareille.

Moi, avec le monsieur qu’a l’air de savoir supporter un peu mieux le stress, j’descends chez les p’tits rigolos et on va voir sur place ce qu’il reste – des images, des témoins, n’importe quoi – quitte à péter toutes les rotules du secteur pour les récupérer. »


Bon, si ça c’est pas entendu, ça se remarque par la façon dont elle envoie valdinguer une caisse qui traîne là en se levant, elle est plutôt énervée. L’envie de fumer la reprend, l’envie de boire aussi. Elle se mord à nouveau la lèvre alors qu’elle sort du bouiboui, la discussion est finie. Elle entend vaguement le picoteux lui gueuler dessus mais un doigt fièrement dressé lui fait savoir que la discussion s’arrête là. Le droïde, elle l’écarte avec le même doigt, lui appuyant sur la mécanique de l’épaule, l’obligeant à pivoter pour lui laisser la possibilité de sortir ; elle sort.

Dehors, la rue n’est pas plus remplie que tout à l’heure, elle dégomme un genre de cannette de l’espace qui s’en va entamer une chute de plusieurs centaines de mètres.


« Putain, j’te jure, ça a jamais foutu son nez dans la merde d’un champ d’bataille et ça ramène sa gueule comme si ça c’était tapé la mort en levrette… Mais va te faire foutre ! »

Elle s’approche du gouffre, s’appuie sur la rembarde, se perd dans la contemplation du vide pour retrouver son calme. Elle sait pas quand est-ce qu’elle est enfin rejoint par celui qu’elle a décidé d’appeler Muchacho – faut dire, avec le nom de merde qu’il se trimballe.

« C’est bon ? On peut enfin aller bosser ? »

Elle ne l’a pas regardé en parlant, elle est à peine plus calme qu’avant. Red ne lui adresse pas un regard s’en va immédiatement mais à pas tranquille vers une enseigne de véhicules de location situé à l’autre bout de la rue. Y a pas trente-six solutions pour aller si bas, il faut qu’ils louent un truc pour descendre. Pas besoin d’entrée, c’est un truc tout automatisé avec de vieilles consoles à moitié déglinguée, on met les pièpièces, ça ouvre le garage, ça vous crache sur les chaussures un speeder du siècle dernier, et c’est parti.

« T’es plutôt cabriolet ou berline ? »
Korgan Kessel
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Je vais être franc... Au moment où l'autre hystérique ouvre la bouche, une seule pensée me vient à l'esprit... Elle a ses ragnagna ou quoi ? Parce putain, là, c'est carrément le pétage de plomb pour rien. J'me dis que si elle perd aussi facilement son calme, que va-t-elle faire quand ça va vraiment chauffer ? M'enfin... Vu qu'elle a la plus grosse, je parle de l'arme hein, je me garde bien d'ouvrir la gueule pour la contredire. En fait, si on fait abstraction la forme, le fond de ses idées est pas con. Vraiment pas. Se séparer en deux équipes, ratisser plus large... Et surtout... Le truc que je pige direct : Pu de Dib dans les pattes ! Je signe où ?!

Malgré tout, y'a un détail qui me chiffonne. Ouais. Ok, elle a raison, les holobandes de surveillances ça peut être une bonne piste... Mais encore faut-il savoir où les dénicher. Parce si c'est faire du porte à porte chez les commençants tout le quartier, ça risque de prendre des plombes. Et encore faut-ils que ceux-ci en aient, des vidéo-surveillances. Je doute que les petites frappes qui sévissent dans ce genre de quartier mal famé se laissent aussi facilement tirer le portrait par n'importe qui. Bref, elle se lève, se défoule sur une pauvre caisse qui traîne là... J'suis coupé dans mes pensées. L'autre abruti encapuchonné tente de bien de la ramener, mais la fêlée n'est pas du genre à se laisser voler le dernier mot. Conservation terminée. Elle sort. Un silence apaisant succède à cet accès de colère sorti de nulle part. Dib est le premier à le briser, il me lance déjà un sourire amusé :

« Bonne chance mon pote, t'as tiré le gros lot... »
« Je préfère encore ça que tu supporter encore cinq minutes de plus. »
« Tu dis ça maintenant... Héhé, tu vas me regrette... Bon, faut croire qu'on a un plan ? Hé toi, c'est quoi ton nom déjà ? »


Le Zabrak baisse sa capuche, la mine mauvaise. Cédruc qu'il dit s’appeler. Ça rime avec trouduc. Sûrement même pas son vrai nom vu la coté parano qui transpire de chacun de ses pores tatoués. Son regard se fixe sur l'encadrement de porte que vient de traverser la mercenaire. Il lâche une saloperie, dans un murmure peu assuré :

« Connasse... »

Malgré moi ma face se fend d'un sourire. J'imagine la scène si l'autre nana avait entendu ça... Bref. Je me lève à mon tour. Qui se passe ici ce n'est plus mes oignons. Chacun son job :

« Dib, je te contacte. Pas l'inverse. Et comme j'sais pas si les com' vont passer en bas... Dans le pire des cas, on se retrouve ici ce soir ou demain. »

Avant de sortir, je demande au droïde où sont les chiottes. Il me désigne l'extérieur... Ok, je viens de piger pour les traces d'urine un peu partout sur la façade. Je secoue la tête, résigné. Probablement que ça doit en gêner certains. Mais l'avantage de bosser dans l'armée depuis des lustres, c'est qu'à force de prendre des douches communes, on n'a plus tout à fait la même notion de pudeur... Et puis au cours de mes opérations, j'ai déjà pissé et chié dans des endroits bien pires que celui-là. Du genre tu gardes la main sur le détente tout en poussant, espérant qu'un impérial ne va pas se pointer au moment fatidique. Alors que je sors, dans mon dos les discutions ont repris bon train.

« T'es du quoi toi non ? »
« Heu non, pas vraiment... Pas ce quartier en tout cas. »
« Putain, tu sers à quoi sérieux ?! »
« Hé ! Tu me parles pas comme ça la boule de poils... Je connais un type qui connaît un type qui... »


Je soupire... Quelle bande de guignoles. Je claque la porte derrière moi. Dehors, il me faut moins de trente secondes pour me soulager. A vrai dire, j'ai pas tellement envie de pisser. Mais par expérience, je sais qu'il vaut mieux le faire lorsqu'on en a encore l'occasion. Parce qu'une fois que les tirs commencent à pleuvoir, y'a plus qu'à faire dans le calbut... Je me rappelle un coup, putain c'est pas glorieux, j'ai même été obligé de le faire dans une combi de combat pressurisée. J'ai macéré dedans pendant une douzaine d'heures... Je vous dis pas l'odeur quand j'en suis ressorti... Même après la troisième douche, j'avais encore l'impression de schlinguer la pisse.

Bref, je fini par rejoindre celle qui fait des remarque sur les capuches alors qu'elle porte un casque intégral. Vraiment un phénomène celle-là... Je ne sais pas d'où elle sort, mais je n'ai vraiment pas envie d'en savoir plus. Direct elle me saute à la gorge. Je lève les yeux au ciel, mais prend sur moi pour ne rien répondre... J'ai jamais été un pro de la communication, bien au contraire... Alors je sais que quoique je dise, elle va péter une nouvelle pile. Du coup, c'est en silence que je lui emboîte le pas, restant par réflexe à une enjambée derrière elle, comme je le ferai avec un membre des Typhons pour lui couvrir les miches. Les habitudes ont la peau dure. Au bout de la rue, elle s'arrête devant une location de speeders dans un état dégueulasse. Ça pue l'huile de moteur et la rouille. Je grimace, lui répond :

« J'ai toujours préféré les bécanes... »

Je réponds instinctivement à la question, perdu dans la contemplation de l'épave. Merde, ça existe encore des modèles comme ça ? La pare-brise est tellement crade qu'on pourrait nourrir pendant deux semaines une famille du coin avec ce qu'il y a dessus. La carrosserie est mouchetée de tâches de rouilles, à tel point qu'elle part en morceau par endroits. Je m'approche, passe l'index dans l'un des trous.

« Tir de blaster... »

Ces mots s'échappent de ma gorge alors que je formule à voix haute ma pensée. Dans les locations classiques, il est de coutume de faire le tour du propriétaire avant de monter dans le véhicule... mais là, s'il fallait faire l'état des lieux, le petit croquis en bas du contrat disparaîtrait complètement sous les croix.

« J'sais pas combien t'as payé pour ça, mais c'est trop cher. »

On devrait ETRE payé pour monter dans ce tas de ferraille ! Et non l'inverse. Je fais le tour de l'engin, m'arrête pour soulever le capot, voir ce qui se trouve au dessous. Je m'attends presque à ne trouver rien du tout, genre le grosse arnaque. Mais heureusement, le moteur est bien là. Même si j'y connais pas grande chose, il est étrangement en bon était. Dégueulasse, bardé d'huile et de cambouis... Mais tout semble en place. Ces vieux modèles sont robustes. On n'en fait plus des comme ça... Je claque le capot pour le refermer.

« Bon... T'es sûre de vouloir mettre ta vie entre les mains de ce tas de boue ? »

Pas besoin de faire un dessin. Si les répulseurs lâchent alors qu'on survole la ville, on fera une belle chute libre. Pour le coup, on aura le temps de voir notre mort arriver. A vrai dire, je connais déjà sa réponse, si elle daigne m'en donner une. Mon petit doigt me dit qu'elle n'est pas du genre à revenir aussi simplement sur ses décisions. Un peu comme moi en fait... Bah ouais, c'est gonflant les enfoirés incapables de faire des choix, qui hésitent et changent d'avis tout le temps. Moi quand je tranche, je tranche... Et j'en assume les conséquences !

En fait, j'vois qu'un truc potentiellement positif sur ce speeder. L'absence de capote. Ça réduit les angles morts, et permet de tirer à trois cent soixante degré en cas de pépin... Accessoirement ça veut aussi dire qu'on a aucune protection en cas d'embuscade... On peut pas tout avoir.

Bref, je termine rapidos le tour du propriétaire, pour m'arrêter au niveau de la portière passager. Elle est encore en pire état que le reste. La carrosserie ressemble à du papier mâché. Mais c'est sur le siège que mon regard s'arrête. Il est tâché... Et pas avec du soda. Cette teinte brune de sang coagulé depuis des lustres je ne la connais que trop bien. Un type s'est littéralement vidé, juste ici. Mais bon, c'est la vie. Et comme je ne suis pas du genre superstitieux... Je prends appuis de la main droite, celle de chair et de sang, et saute d'un bon par dessus la portière, pour atterrir coté passager. Le siège est presque aussi inconfortable que je l'avais imaginé. Je défais mon sac à dos et le fourre sous mes jambes... Prenant bien soin de récupérer l'oreillette jusqu'alors rangée dans l'une des multiples proches latérales.

Bref, pendant tout ce temps, je laisse le loisir à la mercenaire de faire ce qui lui chante. Vu sa réaction précédente, je préfère ne faire aucun commentaire. Même si intérieurement j'imagine toutes les saloperies que Dib aurait pu sortir à propose des « femelles » qui conduisent les speeders. Héhé... Moi, franchement, je préfère avoir les mains livres pour tirer si besoin. Conduire ça n'a jamais fait parti de mes priorités... En plus c'est elle qui paye alors... Pas envie qu'elle vienne me prendre le chou pour une histoire de rayure. En plus, je suis convaincu qu'elle est du genre à aimer tout contrôler... Alors ça m'étonnerait que la situation la dérange. On verra... Je m'apprête à ouvrir la bouche pour lui conseiller de descendre par la plaie béante laissée dans le paysage urbain par la destruction de la tour du Conseil, mais je me ravise aussitôt. Elle est assez maligne pour y avoir penser toute seule... Et la prendre pour une conne serait le pire moyen de commencer cette... coopération.

Donc, puisqu'il n'y a rien à dire, je m'enfourne l'oreillette dans le conduit et l'active. Grésillement caractéristique.

« Dib ? Tu me reçois ?  »


*****


Au même instant, plus haut dans le quartier,

Le Drall sursaute. Incapable de se rappeler de la poche dans laquelle il a fourré le comlink, il entame un tapotage frénétique de l'intégralité de sa combinaison. Enfin, il parvient à mettre la patte dessus.

« Oui... Oui... »

Passé le stress, sa mine de rongeur se déride. Il ricane :

« Ça fait même pas quinze minutes qu'on s'est séparé. Je te manque déjà ?! »
// Haha, je suis mort de rire... //


N'étant pas certain que le Caporal-Chef l'ait mis sur haut-parleur, il ne préfère rien dire de plus. Autant éviter d'exciter l'autre timbrée avec des traits d'humour plus que douteux et déplacés.

// On a un moyen de transport. On va descendre. Et vous, de votre coté, du neuf ? //

Le Drall relève les yeux, croise ceux du Zabrak. Puis il décide de jouer la carte de la franchise : ça sert à rien de faire genre.

« Pas vraiment. On a fait le tour de la question pour les holovidéos de surveillance. On est monté sur les toits, là ou le vaisseau du Hutt a été vu pour la dernière fois. Aucun dispositif de surveillance à l'horizon... Faut dire, c'est pas le coin le plus vivant du quartier. C'est désert même. En fait y'a rien. C'est des toit quoi... En chemin on a bien croisé quelques échoppes... Mais soit les proprio n'ont pas de caméras sur l'extérieur, soit elles ne pointent pas vers le ciel... »

Ce qui est logique quelque part, même si cette dernière avait échappé à tout le monde à l'évocation de cette piste.

// Ok... Si tu me racontes tout ça, c'est que t'as un plan B non ? T'as toujours un plan B... //

Sous-entendu : si t'as rien, tu vas m'entendre. Dib hésite quelques secondes, préférant bien peser ces mots avant de répondre. Il n'a pas vraiment envie de donner l'impression s'insulter les idées de l'autre Mercenaire. Il a déjà bien assez d'emmerde avec les femelles...

« Heu... Oui... Enfin, on a un début de plan B on va dire... Je crois. Même si ça dévie un peu de l'idée initiale... Un peu mais pas trop... »

Ça c'est de l'assurance...

« Le droïde nous a filé une adresse. C'est une hackeuse freelance qui a déjà bossé pour... tu sais qui. »

Il évite volontairement de parler en pleine rue des organisations mafieuses versées dans les arts du secret et de la dissimulation, même si les toits sont déserts. La prudence rime souvent avec longue espérance (de vie).

« Voilà... La bonne nouvelle, c'est que c'est une bonne. Je parle la hackeuse hein. Parait qu'elle fait parti du top 10 des meilleurs dans ce coin de la galaxie. La mauvaise, c'est qu'il n'y a aucune certitude qu'elle nous filera un coup de main sur... ce coup justement. »
// Pourquoi ? T'as quoi en tête ? Tu vas accoucher, oui ou merde ?//
« En fait, on en a discuté avec Cédruc... »


Le Zabrak fait de grands geste genre : ne me mêle pas à tes conneries !

« Finalement, ce qu'on a besoin de savoir ce n'est pas où était le Hutt. Ça on le sait déjà plus ou moins... Non, ce qu'il nous faut c'est savoir dans quelle direction il est parti... Pour remonter sa piste. Or son vaisseau est quand même sacrément voyant. Y'a forcément des images quelque part qui le montrent quitter la lune, sur un vecteur donné avant de sauter dans l'hyperespace... Tu vois... Comme par exemple dans les serveurs du trafic orbital de... »
// Hein ?! //
« Oui, oui... Je sais, c'est complètement dingue... Convaincre une hackeuse qu'on connaît même pas, de nous aider à pénétrer dans l'un des serveurs les plus sécurisé de la lune, propriété de je ne sais quel Kajidic Hutt qui dirige d'une poing de fer cette zone de l'espace, et qui... »
// C'est un excellent plan ! Donnez-nous des news quand on remontera ! Esperanza terminé. //


Le com. est coupée net. Dib lui, reste là, figé, le regard dans le vide. C'est le Zabrak qui l'ouvre en premier :

« Ca va, il l'a bien pris... »
« C'est justement ce qui m'inquiète... Quand... Mon associé... Trouve un plan génial, c'est que ça va forcément mal tourner... Il a un don pour se foutre dans les emmerdes jusqu'au cou. Bon... Du coup, t'as un speeder ou on prend un taxi ? C'est pas la porte d'à coté. »
Invité
Anonymous
Bon, c’est pas difficile de se rendre compte quand même qu’elle a un peu pété les plombs pour rien ; pas qu’il n’y a eu aucune raison à ça, juste peut-être que la réponse au stimuli a pu être, osons-le penser, un peu disproportionné. Quelle idée de chercher à se sevrer dans une telle période ! Mais merde ! Ces p’tits cons aussi… C’est un truc qui pullule dans le métier, des morveux qui voudraient t’apprendre la vie du haut de leurs douze ans. Si elle avait pu, elle lui aurait mis une bonne fessée pour le recadrer…

Au moins, elle est a peu près sûre d’être tombée sur le plus capable de toute la bande. Déjà, il sait comment on vérifie l’état d’une machine et ça, ça fait plaisir. Ses commentaires sont les bons, il percute immédiatement sur les avantages, les inconvénients, les risques.


« Un motard ? J’crois qu’j’suis effectivement tombée sur l’meilleur des trois. Yep, j’sais bien que ce tas d’ferrailles a pas l’air gaillard comme ça mais plus j’en fais l’tour et plus j’ai l’impression qu’il saura nous amener là où on veut aller – vu qu’apparemment on est assez con pour vouloir y aller. »

Son masque reste figée mais elle se fait sourire. Son goût pour le danger. Ça c’est un truc qu’elle a depuis peu… C’est un moyen de se sentir vivant, peut-être ? C’est cool les prothèses, ça permet de faire plein de trucs nouveaux, elle a plus aucun problème pour se gratter le dos maintenant, et à la fois… Elle a du mal entre les bains d’huile et les recharges à se sentir encore ‘vivante’. Un vieux lui a déjà fait la réflexion – tiens ! – un truc du genre « j’ai le sentiment qu’il y a plus de machine que de femme ici »… Fils de pute.

Une fois la somme réglée, elle saute dans l’engin et invite d’un geste son coéquipier à faire de même malgré l’énorme tâche de sang séché qui s’y trouve. Il ne se fait pas prier.


« C’est parti. »

D’une main experte, elle active les cellules, chauffe les moteurs, les active. Keuf, keuf, brrrrr, klank, PAF, twoutwoutwouOUouOuOuuuouuu. Nope, c’est pas parti. Elle respire, ses filtres respirateurs grésillent. Rapidement, elle fait courir ses mains sur le tableau de bord, trifouille à tout, règle des machins et des bidules, ouvre un truc qu’elle est certainement pas censée ouvrir, sort des câbles, les chuintent, les déchuintent, les arrachent pour certains, referme, se redresse dans l’habitacle, se penche au-dessus du capot, BAM, violent coup rageur et son cul n’a pas le temps d’entrer de nouveau en contact avec le cuir élimé que l’ensemble c’est enfin mis en branle dans un rugissement mi-temps inquiétant, mi-temps rassurant selon que les injecteurs sifflent ou hurlent.

« Increvable ! Ces CI-TR0-BX ont pratiquement un siècle pour certains et ça tourne encore ! Putain, on en fera plus des comme ça dans dix ans ! »

Elle s’élance vers le vide. Les trois premiers mètres s’amorcent plutôt bien et – KLABAM – nouveau raté, ils tombent comme une pierre sur les cinquante premiers mètres, évitant de peu et tout à fait par hasard les autres usagers des airs, - BAMPOF – ça reprend.

« Tu vois ? Increvable !

– Ouais... Increvable... Ca aurait pu être pire... Imagine si on était tombé sur un FI-AT-500.

– Un FI-AT ? Jamais de la vie tu m’aurais vu monter là-dedans, on se serait retrouvé en bas après une chute d’un quart d’heure sans avoir sur ne serait-ce qu’allumer les phares. »

Il a pas l’air à l’aise plus que ça mais au moins, il s’y connait et ça ça lui plaît. Encore un POF et, effectivement, c’est parti pour de bon et vu la distance à parcourir, y en a pour une bonne heure à regarder les néons défiler. Au bout de cinq minutes, elle finit quand même par rompre le silence, la conduite l’apaise.

« J’suis désolée pour tantôt, fieu. J’ai pas supporté cette façon de faire, c’est pas clair, et voir ce marmot faire le mariole alors qu’à la première pétarade il risque de se faire dessus, ça m’a saoulée. J’pensais qu’en bossant avec l’Astre, j’tomberais sur des gars sérieux et là… ‘Fin, j’y suis peut-être allée un peu fort mais si on lui secoue pas les puces maintenant, il va se faire plomber.

- J'me suis fait la même remarque... Et puis si tu l'avais pas calmé, je l'aurais fait. Juste que je dois être un peu plus long à monter en pression. Faut voir le bon coté des choses... La prochaine fois que tu l'auras en face, il se la fermera, héhé. Tant que tu pètes pas une pile à chaque fois que j'ouvre la gueule, ça devrait le faire. Aller, j'te propose de repartir à zéro sur ce coup. Il lui tend une main dans laquelle elle tope.

– A condition quand même que tu la joues moins grosses couilles ! On demande pas son avis à maman quand de toute façon on a pratiquement décidé pour elle. Il ne le voit pas mais elle sourit. Le ton est suffisamment léger pour qu’il comprenne qu’elle plaisante, du moins à moitié.

- Gonzales Esperanza. Contrebandier. T'as juste à piger que je prends pas cette mission à la légère. Depuis que la guerre est ouverte entre l'Empire et la République, c'est devenu le bordel pour passer les frontières. J'ai vraiment besoin de contrat avec l'Astre. Bref, y'a aucune raison pour qu'on tire dans les pattes, toi et moi.

– Tu peux m’appeler Red. J’suis plutôt du genre mercenaire mais ça m’arrive aussi d’transporter des trucs. J’suis pas là pour rigoler non plus, alors on d’vrait s’entendre.

T’as une idée de ce qu’on va trouver en bas ? »


Il n’a pas le temps de répondre, son com’link accapare son attention. Il a l’air un peu surpris parce qu’il entend et revient finalement à elle.

« Tu peux te brancher sur la fréquence 73.501 ? Y a quelqu’un qui veut te parler visiblement… »

Elle s’exécute, curieuse.

« Red au bout des ondes, je parle à qui ? »

Hauts-Quartiers de Nar’Shaddaa – Quelques instants plus tôt

« Et vous voulez que je travaille pour deux pezzouilles comme vous ? »

La Rodienne se met à rire aux éclats. Quand on leur a parlé d’une hackeuse de génie, ils ne se sont pas vraiment attendu à tomber sur ça. Visiblement, la journée va être largement fournie en emmerdeuse. Le Zabrack, qui a renoncé à porter sa capuche après une autre remarque de la part de la rodienne, se râcle la gorge, un peu agacé, tandis que la belette reprend :

- Nous ne sommes pas tout à fait seuls. Deux camarades sont déjà en route pour se rendre sur les ruines de la tour.

– Et vos camarades, ils ont l’air aussi dégourdis que vous ?

– Je travaille depuis un bail avec le célèbre Gonzales Esperanza et pour l’occasion, l’Astre nous a envoyé une Twi’lek Cyborg qui n’a pas pris la peine de se présenter.

Les deux ronds noirs énormes qui lui servent d’yeux semblent s’agrandir – si c’est encore possible.

– Une Twi’Bot au sale caractère avec un foutu masque aux yeux rouges ? J’veux l’avoir au com’ avant qu’on décide de quoi que ce soit.

La belette a encore l’image de la tornade. Il est pas très à l’aise.

– Vous êtes sûre ? C’est que…

– C’est pas négociable, dépêche-toi. »

Pas vraiment rassuré, il finit par activer la liaison vers Gonzales, lui explique la situation et puis…

« Red au bout des ondes, je parle à qui ?

– Alors comme ça on se pointe sur Nanar sans contacter les copines pour aller s’amuser ? Sale pute, j’te déteste.

– HHHHeeeyyyy ! Greeny-puce ! Comment ça va ? Comment veux-tu que je t’appelle si je sais pas que t’es là, sale garce ! T’étais pas censée me rappeler après l’autre nuit ?

– Ouais, ouais, bon… J’avoue ! Dis… Depuis quand tu te promènes avec des rigolos pareils ? Y en a un, j’suis sûre que si j’me le tape c’est pour le dépuceler !

– Aaaahhhh m’en parle pas ! M’enfin… Faut faire avec ce que j’ai ! L’Astre m’a repérée et y a moyen que ça se goupille bien, tu peux faire l’effort pour moi, chérie ?

– Va, va… Si c’est pour toi ! Au fait, paraît que t’as foutu un sacrée bordel récemment du côté de Yaga Minor, mmh ?

– Ah ça… Un sacré bordel ouais ! J’t’en cause dès qu’on a fini tout ça, promis ! Et puis, tu me dois une revanche à SpiritCalibur ! J’ai tâté un peu depuis la dernière fois.

– J’espère bien ! Tu tiendras peut-être plus que les cinq minutes de la dernière fois, hein ? Allez, Greeny-puce, terminé. Elle raccroche, Bon, alors, mes mignons, qu’est-ce que la grande Greeny peut faire pour vous ? »

Vraiment ? Fallait qu’il tombe sur un clone taré de la première ? Soupire…
Korgan Kessel
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Y’en a qui disent que je suis un casse-cou, d’autres qui beuglent que je suis un putain de suicidaire. Ca c'est souvent ceux avec qui je fais équipe héhé. Ouais, bon j’avoue, c’est pas vraiment faux… On va dire que j’ai peut-être pas tout à fait la même définition du mot « danger » que la plupart des gens « normaux ». Charger sous le feu ennemi, pas de prob. Me jeter sur une grenade pour la ramasser et la renvoyer à sa case départ avant qu’elle n’explose, pas de prob. Affronter un rancor en rut, toujours pas de prob… Malgré tout, j’ai mes limites. Tout le monde a des limites non ? Si y’a un truc que je supporte pas, c’est bien d’avoir les pieds dans le vide.

C’est pas une question de vertige ou un machin du genre… Non. C’est juste quand t’es sur un putain de rafiot dans l’espace, ou à bord d’un speeder à plusieurs kilomètres au-dessus de la surface du sol, bah t’es totalement à la merci d’une avarie technique. Un pet de mouche mal placé, et adios amigos. Et si y’a un truc qui me fout grave les boules, c’est bien cette sensation de ne pas être maitre de mon destin. Bref, résultat, on peut carrément dire que j’suis pas à mon aise à bord de cette épave. Je serre les dents, sue à grosse goutte, tout en faisant mon maximum pour planquer ce foutu malaise. J’suis un gros dur, pas une flippette ! Les sentiments tout ça, c’est bon pour les gonzesses, pas pour les hommes les vrais…

Alors, lorsque le moteur a un raté, que le speeder chute comme une pierre sur une bonne cinquantaine de mètres, je manque carrément de tourner de l’œil. Merde, heureusement que j’ai un putain de self-control, sinon j’aurais gueulé comme une fillette. Mais rapidement, la twi’lek reprend la main, faut reconnaitre qu’elle sait y faire avec ces vieux machins. Ca se sent qu’elle a de l’expérience, qu’elle en a passé des heures à caresser des manches… Je parle des commandes de pilotages hein ! Certains ont vraiment un putain d’esprit mal placé…

Bref, une fois le bon gros flip passé, je tente de souffler lentement, de calmer ma respiration, tandis que mon cœur menace de me perforer l’intérieur de la cage thoracique, façon parasite alien… Étrangement, mentalement, je me sens déjà mieux. Et rapidement mon rythme cardiaque se calme, mes pensées recouvrent un flot habituel : c’est-à-dire pratiquement nul. On merci qui ? Merci Jacquie et... l’adrénaline héhé. J’en prendrais bien des shoots si je pouvais. Comme je le dis parfois, sur ce ton philosophique que je maîtrise si bien :

Flipper c’est comme chier. Ça fait mal sur le moment, mais putain qu’on se sent bien après. Ouais. Sauf si on dépasse ses limites. Là ça pique pendant plusieurs jours. Sérieux, un jour faudrait que je pense à noter tout ça, je pourrais en faire un best-seller.

Bref, les minutes suivantes sont bien plus calmes. Le speeder tient ses promesses. Je me détends… Et visiblement je ne suis pas le seul. L’autre folle a l’air plus calme. Même qu’elle s’excuse : je suis sur le cul. Je m’attendais pas à ça. Elle est peut-être pas si conne que ça finalement…

La conversation s’engage, cordiale. Je tente de la pipoter un peu sur mon passé et mes motivations. La pilule passe. Nickel… Mais je suis rapidement coupé dans mon élan par un appel. Dib ? Crétin de Drall, il pigera jamais ce que veut dire « silence radio ». Raaah. Bref, je décroche. Au bout du fil il a l’air paniqué, je pige que la moitié. Il a trouvé la hackeuse, elle veut parler à Red. C’est quoi ce plan chelou…

****

Quelques minutes plus tard, Hauts-Quartiers de Nar Shaddaa,


L’holo-projecteur tourne lentement, affichant, avec cette teinte bleutée si caractéristique, une image tridimensionnelle de la fameuse tour Dejsadii, sujet de toutes les pensées depuis la fin de la communication avec Red et Gonzales.

Pourtant, le trio est silencieux, plongé dans ses pensées. Comme « Greeny » la fait remarquer juste à l’instant, il sera impossible d’accéder aux serveurs depuis l’extérieur. Trop de sécurité, sans compter que les archives recherchées se trouvent possiblement sur des téraoctets de données isolées du réseau principal. Se lancer dans un piratage aussi audacieux sans avoir l’assurance d’extraire les informations voulues serait plus qu’une perte de temps : une tentative de suicide.

Dib, grimace, se gratte la touffe de poil dru qu’il appelle barbiche. Enfin, il brise le silence.

« On n’a donc pas le choix : il faut entrer. »

La remarque est si évidente qu’elle ne soulève que des sourcils dubitatifs.

« Cédruc, t’es du coin non ? Tu peux nous dire quoi sur cette tour ? »
« A part que c’est l’un des endroits les mieux gardés de la lune ? Laisse moi réfléchir… »
« Sérieux... Tu pourrais arrêter de chialer cinq minutes… »


Intérieurement le Drall peste. Putain, voilà qu’il se met à parler comme Korgan !

« C’est bon, lâche moi… Tu veux savoir quoi ? J’y suis jamais entré hein. Tout ce que je peux te dire, c’est ce sont les Dejsadii qui contrôlent la lune. C’est leur territoire. Toutes les saloperies qui se passent ici ne se font sans leur consentement. Et quoi de mieux pour garder la main sur tout bordel que de contrôler tout ce qui se passe dans le ciel et l’espace hein ? »
« Et c’est tout ? »
« Ouais à peu près… Pour entrer faut soit être en affaire avec les Dejliidic et être invité… Soit être suffisamment dans leurs petits papiers pour avoir un accès à leur petit casino privé… »
« Casino ? »


Le Zabrak pointe du doigt la base du building. Du moins la base visible. Sur cette lune les immeubles sont comme les iceberg sur Hoth. On n’en voit que la partie émergée.

« Les premiers étages sont en fait des salles de jeux privées pour les partenaires privilégiés du Kajidic. Et crois-moi que ces enfoirés de Hutt en ont beaucoup. Ça grouille en permanence de monde... »

Dib et Green se regardent, tiltent au même moment… Mais c’est le Drall qui ouvre la gueule le plus vite :

« Putain, c’est notre point d'entrée ! Mais ils ne nous laisseront pas passer aussi facilement… A moins que… »

Cédruc lui coupe la parole, regard dans le vide, petit sourire aux lèvres :

« A moins que je nous falsifie trois holo-cartes d’identité ! Oui c’est ça ! Green ? Tu saurais créer en deux-deux trois faux profils de truands ? Genre petits frappes montantes dans les bas-fonds ? »

Dib reste sans voix, voilà que le puceau se réveille, qu’il se met à proposer un plan plutôt qu’à geindre. D’ailleurs son langage corporel évolue. Tout indique qu’il éprouve une soudaine excitation, comme un gamin devant un putain d’énorme gâteau plein de crème colorée.

« J’ai tout mon matos chez moi ! Faut qu’on y aille tout de suite ! Putain, ça c'est un défi à ma hauteur ! On va s'éclater ! »

Mais face à la stupeur générale, il passe aux explications :

« Heu... Ouais... J’ai pas vraiment pris le temps de me présenter… Si l’Astre m’a contacté, c’est parce que je suis un faussaire. Un des meilleurs. En moins d’une heure je peux nous reprogrammer trois holo-puces d’identités. Suffit de les coupler avec des faux profils monté de toutes pièces sur l’holonet, et ça passera crème ! On nous déroulera même le tapis rouge pour entrer dans ce foutu casino ! Après une fois à l’intérieur… »

La phrase reste en suspens.

« On trouvera bien un moyen d’accéder aux étages sécurisés. Chaque chose en son temps. Green, une heure c’est bon pour toi aussi ? Pour nous créer trois vies fictives de toute pièces ? Genre truc qui impressionne, mais en restant credible tu vois ? Ok. Cédruc, je viens avec toi. On repasser chercher Green dans une heure. Pendant que vous bosserez, je vais essayer de nous dégoter de vraies fringues… »

Alors qu’il fait cette remarque, c’est sur le Zabrak qu’il pose les yeux. Même avec les meilleurs faux-papiers de la galaxie, personne ne le laissera jamais entrer habillé comme ça… Aucune classe. Il est suspect avant même d’avoir ouvert la bouche.

« Green, besoin d’autre chose tant que j'y suis ? »

Le genre de truc auquel Korgan aurait répondu : cent balles et une pipe en ricanant... En espérant qu'il s'en sorte lui aussi, de son coté, avec l'autre cinglée.

****

Trente minutes plus tard, beaucoup plus bas.

Bientôt une demi-heure qu’on descend. L’air est de plus en plus étouffant et irrespirable. La nappe de « smog » sous nos pieds est de plus en plus proche. Ici le trafic est moins dense : seuls les fous et les désespérés osent s’aventurer aussi bas. Là, tout de suite : j’en suis à me demander à quelle catégorie j’appartiens. Je soupire, méditatif. Cet appel chelou m’a au moins permis une chose : d'esquiver la dernière question de Red. Que va-t-on trouver là-dessous ? J’en ai foutrement aucune idée, et c’est justement ce qui me dérange.

Je me penche pour fouiller dans mon sac. J’en ressors deux objets. Un masque à gaz portatif. Je me le colle sur le nez. Aussitôt il se déploie, recouvrant l’intégralité de mon visage d’un voile transparent et souple qui me protège les muqueuses et les yeux des polluants et autres joyeusetés irrespirables du dessous. J’ai sous le nez deux boules, comme une paire de couilles. Les filtres sont à l’intérieur. Il est également muni d’un dispositif de retransmission vocale imitant à merveille mon timbre naturel.

L’autre objet, je l’exhibe sous les yeux de la mercenaire.

« J’ai piqué ça dans un stock impérial »

Techniquement c’est pas vraiment un mensonge. Ce petit bidule faisait bien parti d’un stock impérial… Sauf que c’est plutôt un type des renseignements qui l’a récupéré, avant qu’il ne me soit remis. Mais comme dit mon vieux pote Brandon : un bon mensonge, c’est avant tout un mensonge encapsulé dans un carcan de vérité. Putain. J’ai encore oublié d’aller voir dans un dico que ce ça voulait dire, ça, carcan…

« C’est un scanner portatif haute précision… Jamais vraiment su comment ça marchait… Mais ces machins peuvent reconnaître la signature de tout un tas de composants chimiques même à travers plusieurs mètres d’épaisseur. L’Empire s’en sert pour identifier rapidement le contenu des caisses qu’ils inspectent. Rapide, pratique, et sécuritaire. Rien besoin d'ouvrir. J’ai réglé le miens sur substances explosives et résidus associés. »

Le truc rectangulaire est équipé de deux sangles, que je fixe solidement autour de ma prothèse d’avant-bras. Métal contre métal. Je tire un grand coup dessus pour m’assurer qu’il ne bougera pas, quelque soient les circonstances.

Tout autour de nous, le silence se fait de plus en plus morbide. Seul le bourdonnement saccadé des répulseurs le perturbe. Ce que de loin je prenais pour des nappes de brouillard dense, sont en fait des volutes de fumées grisâtres en perpétuel mouvement, déformées, torturées par les courants ascendants et descendants créés par les tours artificielles et l’activité incessante dans les étages supérieurs. Rapidement, je perds tous points de repère. Seules les données du tableau de bord nous permettre de nous diriger. La luminosité elle aussi décline rapidement. Rien à voir avec un coucher de soleil. Les ombres des tours titanesques nous avalent. Une légende dit que, tout au fond, au niveau du sol, le soleil ne pénètre jamais. Qu’il existe un monde sous la fourmilière grouillante qu’est Nar Shaddaa. Un monde de ténèbres peuplé de créatures oubliées, transformées, mutées par les polluants, vivant au milieu des déchets rejetés par ceux vivant au-dessus. Ouais. A chaque fois qu’un type tire la chasse là-haut, tout fini ici. Alors imaginez la gueule du poisson rouge. Enfin, je réponds à la question :

« J'en sais foutrement rien… On pourrait tomber sur n’importe quoi. Mais certainement rien d’amical si tu veux mon avis. Si t’arrives à trouver un coin assez stable pour nous poser, on pourra inspecter les ruines de la tour. Vite fait, bien fait, et on remonte. J’ai bon espoir de retrouver les restes des explosifs posés par cette Velvet sur ordre du Fantôme. Fantôme, Velvet, Ragda, ces trois-là sont liés. Si on retrouve les explosifs, on pourra les analyser, déterminer leur provenance, remonter la piste… »

Autant dire que les chances de succès sont faibles. Cet enfoiré de Zabrak n’avait pas tort lorsqu’il disait qu’il faudrait fouiller des millions de tonnes de bétons et de métal. Et dire tous mes espoirs reposent sur la puissance et la fiabilité ce cette connerie de scanner impérial… Un putain de comble qui me file la gerbe.

« Le coin est peut-être même encore piégé. Si le Fantôme est resté aussi secret toutes ces années, c’est en couvrant ses arrières avec efficacité j’imagine. »

Quand on y pense, on prend des risques de dingue tout ça pour quoi ? Retrouver une énorme limace baveuse ? Putain, qu’est-ce que ce gros tas de gras a bien pu faire à l’Astre pour qu’il le recherche ? Cette question me fait soudainement dire que je ne suis pas en infiltration ici seulement pour filer un coup de main à ces criminels. J’ai ma propre enquête à mener. Alors, sous couvert de la causette, je peux peut-être grapiller quelques miettes d’informations à la con :

« Et toi Red ? Qu’est-ce qui te pousse à prendre autant de risques pour l’Astre ? »

Soudain, le speeder se met à vibrer...
Invité
Anonymous
Hauts-Quartiers de Nar’Shaddaa – Quelques instants plus tôt

La Rodian feint longuement d’hésiter avant de répondre :

« MMmmmhh… Disons, deux cents créd’ et un cuni’ ? »

Pose girly et rire bien gras qui n’va pas du tout avec.

Ville-Basse de Nar’Shaddaa – Trente minutes plus tard

En approchant dans la nappe de toxiques, elle a comme l’impression d’être en route pour les enfers. Au-dessus, les gens qui ont ‘réussi’, en-dessous, ceux qui ne sont rien ou autre chose. Ici, c’est une condamnation que de descendre aussi bas. La dernière punition avant la mise à mort, la suivante après l’exil. Tu veux faire peur à ton gamin qu’arrête pas de gueuler dans les magasins, tu le menaces de l’enfermer dans le prochain turbolift et de le descendre jusque-là, parmi les monstres. Là-dessous, les lois de la jungle semblent clémentes. Dans la jungle, tu peux encore compter sur un ou deux arbres pour te nourrir, là, rien ne pousse et tout ce que tu récoltes ce sont les déchets balancés d’en haut qui te tombent sur la trombine comme autant de seaux de merde. Tiens, d’ailleurs, à deux heures, ça vient de faire ‘flock’, ça a été moins une. Il faut qu’elle prévienne avant que ce ne soit plus possible.

« Greeny-Chou, tu m’reçois ? On est sur le point de traverser la nappe et toi-même tu sais ce qu’elle fait aux liaisons. Si d’ici trois heures on n’a pas donné signe de vie bah… Tu diras à la belette que j’aurais adoré que son p’tit museau se frotte au mien.

– Icgrbrbebrabarb Greessschhhrrbzbzbtztzt. J’te reçois déjà masschshthrrhschshtszz. J’sais pas ce que tu sscchhhzzzrtt avec Belette mais le messasssbzbzbztsschr passé. On s’appelle dans sscczzzeetthhhcchhzrois heures. Seeesschzhzhtht soon. Terminssscchzhzhch… »

Putain, ils ne sont même pas encore dans la nappe que cette saloperie interfère déjà. Faut dire, y a tellement d’machins dans ce truc que ça emmagasine tout, même les ions qui trainent. Résultat ? Bah rien ne passe aisément, ni la vue, ni les ondes. Encore à bonne distance, le bonhomme sur la place du passager s’enfile une paire couilles sous le nez pour réussir à respirer. Elle peut pas s’empêcher de sourire en voyant ça mais elle s’en fout, lui ne le voit pas. Avec un air trop sérieux pour les deux boules qui lui pendent au nez, il fait un topo sur ses nouveaux jouets.

« Un stock impérial hein ? J’connais bien les mesures qui encadrent tout ça, soit t’as pas mal d’amis, soit t’es vraiment bon ; or, si on en croit ta gueule, t’as pas l’air du genre sociable. »

Son rit sonne bizarre à cause de son masque. On ‘pique’ toujours plein de choses partout… Dingue ça ! Enfin, clair que ça pourra les aider, bien qu’elle connaisse les faiblesses de l’engin – elle – pour s’en être servi une paire de fois.

« Mine de rien, c’est une magouille de taille pour qu’un ex-ministre s’y trouve plongé jusqu’à la gueule. J’suis pas du genre à généraliser facilement, mais il sert vraiment pas la cause des Hutts ce con, ni celle de la République… Et ce nom à la con ! Le ‘Fantôme’ ? Sérieusement ? J’sais pas ce qu’ils sucent les gars mais faut vraiment qu’ils arrêtent… Tiens, c’est presque aussi con que s’appeler Gonzales ! »

Elle rit encore mais n’ajoute rien de plus. Alors qu’il lui demande plus ou moins ce qu’elle fout là, elle a pas le temps de répondre, y a toute la machine qui s’met à toussoter et à perdre en puissance. Elle parcourt de nouveau toutes les commandes, nada, pourtant, ils continuent de ralentir. Y a pas quarante explications et elle comprend vite.

« Tiens l’volant, chou, j’ai un passager à débarquer. »

Elle ne lui donne qu’à peine le temps de réagir, se retire du du cockpit, s’accroche solidement à la carlingue grâce à ses semelles magnétiques et, un pas après l’autre, elle commence à se retrouver la tête en bas, sous la bagnole. Sans surprise, y a trois grosses saloperies de suceuses d’énergie qui s’y sont collés. Elle a peu de chance de les rater de là mais… Sait-on jamais. Elle cale son fusil et…
-= Jet d’Attaque à Distance • Dextérité • Dé de Difficulté 5 =-

Histoire d’essayer de dégager ces parasites et de mettre un peu de piment dans notre vie de couple.

Résultat du Jet •
Réussite

Le vieux tacot est encore parcouru de vibration, son pilote temporaire a clairement entendu des tirs et des bruits dégueulasses de trucs qui meurent, s’il tournait la tête, il verrait les cadavres des deux chauves-pleureuses être avalés par la nappe. Schklang, schklang, schklang, schklang, v’là Red qui revient, le canon encore fumant. Elle reprend sa place, genre de rien, et s’active à nouveau sur le tableau de bord avant de pester

« Putain… Saloperies, elles ont mérité d’crever. Elles ont sucé les cellules, on va devoir se poser bien plus loin de notre site que ce qui était prévu et pis… Soit on trouve de quoi réinjecté de l’énergie là-dedans, soit faudra repartir autrement. Faut qu’on traverse la nappe tout de suite avant de tomber comme des pierres, nous faudra au moins vingt minutes à pieds pour rejoindre les ruines, si on se fait pas emmerder en chemin. »

Aussitôt dit, aussitôt fait, elle pousse le manche et le vieux coucou s’enfonce dans les volutes comme il l’aurait fait dans de l’air. Y a plus qu’à croiser les doigts et espérer tomber sur une zone assez clean et assez discrète pour s’poser sans emmerdes. C’est la première fois qu’elle va arpenter la surface d’une ville-monde.

Ville-Haute de Nar’Shaddaa – Au même moment


Incroyable, elle n’a pourtant pas quatre mains et ça virevolte dans tous les sens. Elle invente des profils, elle trafique des fichiers, elle falsifie des dates, elle fait naître des arbres et les enracines profondément. Quiconque taperait leurs faux noms tomberait sur un nuage de références prouvant leur belle et fausse existence. Elle finit par taper sur le bord de la table, à la façon d’un chef d’orchestre :

« Les enfants, les enfants ! Ecoutez bien car je ne pense pas qu’on aura le droit à beaucoup d’erreur. Alors, toi, piquou-piquou, tu seras John Kaffé, qui se prononce comme le café mais qui ne s’écrit pas pareil. T’es mon administrateur/secrétaire/laquais, originaire du coin, tu bosses pour moi depuis trois ans à présent. Ma p’tite belette, toi, t’es Jeor Ge’Klouneï, un génie de l’entreprise, t’as racheté Mecanics&Oil, tu l’as remise à flot, et tu payes gentiment les Hutts pour garder pignon sur rue. Moi ? Je suis la dirigeante d’un petit fond d’investissement de Rodia. On m’appelle Lady Auskarr, et j’aime particulièrement claquer la thune que je gagne en casino. Des questions mes loulous ? »

Il n’y a pas à douter un instant, elle est fière d’elle.
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Jet de dé de Rúnya réussi!
Korgan Kessel
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Putain, fait chier.

Ce sont les seuls mots qui me viennent à l’esprit lorsque Red m’annonce la nouvelle : on s’est fait sucer tout le jus. Saloperie de bestioles. Les sourcils froncés, yeux braqués vers le néant sous nos pieds, je lâche un commentaire même pas plus constructif :

« C’est pas la distance qui m’inquiète… Mais plutôt la hauteur… »

Je me penche un peu plus par-dessus la portière. On voit vraiment quedal. Même si ces saloperies de nappes de brouillards ne sont pas aussi opaques que je l’imaginais, leurs entrelacements rendent la visibilité impossible à plus de quinze mètres. La mercenaire en arrive visiblement exactement à la même conclusion. Elle pousse comme une tarée sur le manche, notre speeder se braque quasi à la verticale, en piquée. Il prend de plus en plus de vitesse…

Plus on s’enfonce, plus l’air est lourd, chaud, plus les volutes deviennent épaisses, grisâtres. Un mouvement vif, à la périphérie de mon champ de vision me fait vivement tourner la tête. Rien. Mon imagination ? Peut-être… Ou alors encore une de ces saloperies de bestioles. Difficile à dire. La luminosité baisse rapidement. Le peu qu’il en reste joue avec nos sens, créant des illusions d’optiques dans les nuages. Quel bordel… A l’aveuglette dans cette purée de poids, c’est limite du suicide ! Mais c’est pas comme si on avait le choix hein. Alors j’me dis, autant tenter le tout pour le tout :

Je tends le bras vers Red, active les phares d’une pression sur le tableau de bord. Flash lumineux. Le brouillard devant nous s’illumine, les gouttelettes d’eau en suspension nous réverbèrent la lumière crue. Aveuglé, la rétine en feu, je dois fermer les yeux. Putain de merde… Mais malgré la douleur, je me force à les rouvrir… C’est là que je l'aperçois.

Juste devant, une putain d’ombre énorme qui approche à vive allure… Non, c’est nous qui nous précipitons dessus ! Merde ! Réflexe de survie des plus rudimentaires. Je me jette de tout mon poids sur la miss, pour lui arracher le manche des mains et braquer à fond. Mais c’est déjà trop tard…. Une énorme poutre métallique, d’aux moins trente mètres de large jaillit des volutes, comme les restes d’un repas après un soir de beuverie. Impossible de l’éviter. On la percute de plein fouet… Le choc est d’une violence inouïe.

Crissement assourdissant du métal, étincelles. Je suis littéralement catapulté en avant, éjecté du véhicule alors que les alarmes de bord hurlent à m’en briser les tympans. La moitié passager est arrachée sur le coup, partie en lambeaux, tandis que le reste part en vrilles aériennes incontrôlables. Une myriade de points noirs danse devant mes yeux, alors que je résiste pour ne pas perdre conscience… L’air vicié me fouette le masque à gaz… Je réalise alors que… Je chute… Dans le vide. Vers les ténèbres. Une pensée m’effleure : Putain, c’est la fin, je vais crever comme une merde au fin fond du coin le plus pourave de la galaxie… Dépité, j’en serai presque à accepter mon triste sort. A force de jouer avec la mort, fallait bien que ça arrive un jour non ?

Mais faut croire que j’ai une bonne étoile au-dessus de la gueule.

Le brouillard se dissipe soudainement. A moins d’une trentaine de mètres : le sol. On était si proches, merde ! Je distingue des reflets. Ceux des phares du speeder devenu fou après le choc. C’est de la flotte ! De la flotte ! Une putain d’eau noire croupie… Mais de la flotte quand même ! J’ai peut-être une chance de m’en tirer…

Mon corps réagit au quart de tour. Preuve que les entrainements ça paye. C’est pas ma première descente en chute libre. Sauf que d’hab j’ai plutôt un jetpack ou un parachute. Mais si on met ce minuscule putain de détail de côté, l’exercice est somme toute assez classique : l’activer au dernier moment, le plus bas possible, histoire de passer sous la couverture radar ennemie… Les premières fois ça pique grave. Y’en a qui y ont laissés leurs tibias. Mais quand t’as la technique… Ça secoue mais ça passe. Bref, direct je pivote dans les airs. Position verticale, droit comme si j’avais un balais dans le cul. Bras croisés sur la poitrine. Y’a plus qu’à serrer les dents, et se décontracter un peu… Inspirer un grand coup.

Je percute la surface de l’eau à une vitesse folle. Sonné, je m’enfonce rapidement de plusieurs mètres sous la surface. Je perds mon masque à gaz, arraché par le choc. J’écarte les bras et les jambes pour freiner ma course… Et rouvre les yeux. Et là, c’est le flip total. Les ténèbres sont absolues. Je n’ai plus aucun point de repère. Le haut, le bas, nada. J’agite frénétiquement les membres… Et constate que la résistance est inhabituelle. Putain de merde, je réalise alors que c’est pas vraiment de l’eau… Mais plutôt genre une putain d’énorme tâche d’huile, d’hydrocarbures et je ne sais trop quels excréments qui ont macérés là depuis des lustres. La viscosité a certainement stoppé ma course suffisamment rapidement pour que je ne sois pas très loin de la surface, mais mes mouvements sont lents, difficiles. Plusieurs fois, je sens du bout des doigts des sortes de gros grumeau dont je préfère ne pas connaitre la composition. C’est vraiment dégueulasse.

Mais si je panique, je suis mort. Alors je garde la tête froide. J’ai connu pire non ? Comme cette fois ou ce connard de Sith m’a tranché l’avant-bras d’un coup de sabre. Chaque putain de chose à la fois. D’abord : faut que je sorte de là… Et une idée me saute à la gueule. Oui ! Je sacrifie un peu de l’air que j’ai pu sauver dans mes poumons. Une bulle se forme. Naturellement, elle remonte. C’est pas l’histoire de la poussée de j’sais pu qui ? En fait je m’en fous. Tout ce qui compte, c’est que je sais où se trouve le « haut » maintenant. Y’a pu qu’à…

Il me faut presque une minute pour remonter.

Ma tête jaillit, je lâche de râle roque alors que j’inspire à m’en faire péter les poumons. Quinte de toux, je gerbe. Mon cœur bat à fond, mon pouls frappe mes tempes comme s’il voulait m’exploser le crâne de l’intérieur. Le liquide visqueux me colle à la peau, me pique les yeux. Je tente de les essuyer d’un revers de la manche, mais mes fringues en sont tout autant souillées. Je lâche un chapelet d’injure… Mais, j’suis en vie et j’ai rien de pété : de quoi je me plains ?

Le bon côté avec la viscosité, c’est la portance. J’ai pratiquement pas besoin de bouger pour rester à la surface. Je pivote sur moi-même, repère un halo de lumière qui déchire les ténèbres à une distance que je n’arrive à estimer faut de repères visuels. Surement l’épave du speeder qui s’est craché un peu plus loin. Si les phares sont encore allumés, c’est qu’il est dans un état pas trop dégueux, non ? Je pense à Red. Il s’en est sortie ? Tu parles, une mauvaise herbe comme elle ne crève pas aussi facilement. Surtout que son armure a l’air de disposer de pas mal de gadgets. A cet instant, je regrette mon armure de combat. Cette saloperie de tenue de contrebandier est une vraie plaie, elle ne sert à rien. Raaah, faut que je sorte de là. Je tente de nager vers la rive… Mais je patauge dans la semoule. Difficile d’avancer dans une flaque d’huile. Mes forces sont déjà bien sapées, si je ne sors pas de là rapidement, je vais finir par faire une crampe et couler. Une silhouette énorme se détache sur le fond ténébreux à peine éclairé. C’est cette putain de poutre énorme qui est fichée dans le sol comme le majeur d’une main titanesque qui me faire un gros fuck façon : je t’ai bien niqué. Je grogne, mais voit là ma planche de salut. Je lève l’avant-bras gauche, celui équipé d’une prothèse. Je vise sommairement… Déclenche le grappin. La pointe acérée fuse en sifflant, s’enfiche dans la poutre. L’enrouleur s’active… Et je me laisse tracter, tranquillement. Sous mes bottes, la pente est abrupte si bien qu’après quelques mètres seulement j’ai déjà pied. J’ai eu un bol monstre en tombant plus loin, sinon je me serai brisé les jambes et la colonne en percutant le fond à vive allure.

Enfin je m’extirpe de cette saloperie. Je suis à bout de souffle. Je me redresse, reprends ma respiration. Mes fringues sont poisseuses, elles me collent à la peau. L’arrière de mon fut me rentre dans la raie, voyez la dégaine. Je retire la veste et le marcel, et les essore en les tordant de toutes mes forces… Puis les passe par-dessus mon épaule.

C’est ainsi, torse nu et huilé, pantalon me moulant le cul, que je me dirige vers ce qui me semble être le lieu du crash. D’une main, je tiens la veste et mon marcel passés nonchalamment par-dessus mon épaule. De l’autre, je me saisis du blaster. Lui aussi dégouline, mais par expérience, je sais qu’il en faut bien plus pour bousiller ce genre d’arme… J’espère juste que toute cette mélasse n’est pas inflammable, sinon je risque de me transformer en torche épicanthix au premier coup de feu.

Après une bonne minute de marche soutenue, les pieds s’enfonçant jusqu’aux chevilles dans le sol spongieux et poisseux, j’en ai enfin la certitude. Cette lumière qui déchire les ténèbres est bien celle des phares du speeder. Avec étonnement, je constate que le brouillard stagne au-dessus de ma tête, à trente bons mètres. Des courants d’air chaud ascendants qui me maintiennent à cette altitude ? Possible. Résultat, bien qu'il stage dans atmosphere une odeur de moisissure écœurante, l'air est parfaitement respirable. Bref, je m’approche sans perdre plus de temps. Je grimace. L’appareil est complètement défoncé, de la fumée s’échappe du capot. Pas de trace de… Une silhouette humanoïde apparaît dans mon champ de vision, je lâche alors un :

« J’espère que t’as pris l’assurance… »

Mais je réalise alors que ce n’est pas Red… Je lève mon arme, menaçant.


****


Ville-Haute, appart de Greeny,

La gueule de Dib se pare d’une moue dubitative, limite déçue :

« Un génie de l’entreprise… Pfff, je m’étais imaginé un truc plus… Rock’n’roll tu vois… J’sais pas, plus classe, plus… Pourquoi pas chirurgien pour la pègre ? Jeor Ge’Klouneï le chirurgien, ca sonne bien non ? C’est trop tard pour changer ? »

Bien-sur que c’est trop tard pour changer. Ils ne vont pas perdre une heure de plus pour ce genre d’infimes détails. Dib soupire, résigné. Il ferme les yeux, essaye de rentrer dans son rôle.

« Faut qu’on mémorise chacun un maximum d’info, au cas où on nous pose des questions. »

Mecanics&Oil… Réparation et entretien de speeders. Ouais, c’est pas con. Sur un monde-ville comme Nar Shaddaa, la moindre panne et c’est la chute libre garantie. Y’a moyen de faire de faire raquer les clients, façon chantage et racket… Les pigeons sont obligés de payer. Elle est loin d’être conne cette Rodienne. Elle tient là un rôle tout à fait crédible de petit mafieux qui gagne sa vie sur le dos des honnêtes citoyens, si tant est qu’il en existe sur cette lune… Et qui paye quelques royalties aux Hutt pour lui permettre d’assurer la pérennité de son commerce, tout en s’arrangeant pour évincer la concurrence sans faire de vagues. Héhé, oui tout colle. En l’espace de quelques secondes, le Drall se sent comme dans une nouvelle peau. Celle d’un type qui ne pense qu’à sa gueule, et au pognon. Qui traite ses employés comme des esclaves, ses clients comme des vaches à lait. Un type qui a une si forte opinion de lui-même qu’il ne s’est jamais remis en cause. C’est les autres qui ont tort, pas lui. Une boule de poil qu'on sous-estime, mais qui vous plume dès que vous tournez le dos. Excellent.

« Finalement, j’la sens plutôt pas mal cette expédition… »

Il ignore si Cédruc apprécie autant son rôle. Probablement pas, haha. Mais il ne dit rien, reste impassible. En fait le Zabrak n’a qu’une hâte : confronter son savoir-faire, son génie, aux scans d’identités de clan Hutt le plus puissant de la lune. Un défi qui définitivement lui assurerait d’être le meilleur à dix parsecs à la ronde.

Dib reprend :

« Bon. Récapitulons. Les passes d’identités sont OK. Nos profils aussi. J’ai « emprunté une caisse », refait la garde-robe de notre ami le faussaire. »

Fini la tunique à capuche. Bonjour le costume trois pièces chic mais cheap. Un accoutrement parfait pour son rôle. Administrateur/serviteur/laquais de bourge, bien sapé, mais qui n’en fait pas trop histoire de pas être plus classe que sa maitresse. Le Drall se félicite intérieurement. Tout colle.

« Y’a pu qu’à y aller… Bon… Cédruc, tu vas conduire notre petit bolide »

Un speeder de luxe, aux couleurs criardes, qui stationnait non loin de la piaule du Zabrak. Compte tenu de la fréquentation du quartier, aucun de ses habitants n’aurait pu le payer. Dib en avait conclu qu’il avait déjà été volé… Voler un voleur, est-ce réellement un crime ?

Tout en énonçant son plan, il tend le bras à la Rodienne.

« Vous, ma très chère, vous serez ma… Cavalière »

C’est par un peu ringard comme expression ?

« Je vous ai invité au casino pour la soirée, histoire de faire plus ample connaissance. Quoi de mieux qu’une table de jeu et quelques cocktails hors de prix pour briser la glace entre un investisseur et un patron d’entreprise cherchant à se développer toujours plus ?

Toi Cédruc, tu seras notre chauffeur… »


Voyant le Zabrak faire la grimace, il s’empresse d’ajouter :

« Tu auras le rôle le plus important. Dans ce genre de club, le petit personnel dispose d’un espace d’attente, histoire de rester disponible pour leurs patrons. Qui dit serviteur dit… Que tu seras invisible aux yeux de beaucoup. Tu vas pouvoir fouiner, pendant que Greeny et moi on devra surement faire la causette avec la pire pourriture de ce côté de la lune. C’est toi qui va devoir trouver un moyen d’accéder aux étages sécurisés… Alors déconne pas, t’es une pièce maîtresse de notre opération, ok ? »

Que de conneries… Ce qu’il ne faut pas dire pour calmer l’ego surdimensionné d’un geek qui pète plus haut que son cul. A la moindre emmerde, il risque de craquer et de se barrer, les jambes à son cou. Clairement Dib ne compte pas sur lui pour la réussite de ce plan…

« Prête ma chère ? Allons-y. La nuit nous attend ! »

Mais il se fige. Il hésite.

« Heu... Juste pour être sûr... Quelqu'un a penser à créditer quelque chose sur nos comptes... fictifs ? L'entrée est payante, et si on ne consomme pas ou on ne joue pas, on va vite se faire capter... »
Invité
Anonymous
Les batteries sont pratiquement à plat. Si elle a le temps d’atterrir, elle n’a pas le temps d’niaiser. Crac, paf, débaillage, gueulade du moteur, vvrrrroouuuuiiii, descente en piquet. On y voit rien, mais c’est pas comme si on pouvait planer. Sitôt que ça n’aurait plus d’jus, ça s’écraserait comme une pierre, alors le calcul de risques est vite fait. Foutue poutre. D’habitude, pourtant, c’est le genre de truc qu’elle arrive à éviter. Elle les ‘sent’ venir. Là ? Rien… Nada, quedal, dans sa gueule, bim, ça part en couille totale, d’autant que l’autre con lui saute dessus plutôt que de la laisser gérer. Sérieusement ? Tss… Bon, elle arrive plus ou moins à arrêter la vrille mais si elle reste à l’intérieur, elle risque de finir broyer. S’agit de prier, une chance sur mille que le truc finisse sa chute dans un tas de merde histoire de pas finir totalement cabosser.

Elle s’éjecte juste après être sortie de cette putain de flaque de brume. Elle tombe comme une pierre, n’a pas vraiment le temps de réfléchir, tire son grapin sur le premier truc qu’elle voit. Une autre putain d’poutre qui sort de la base d’une tour colossale : comment cette putain d’ville peut encore tenir avec la gueule que se tape ses fondations ? Truc de dingue…

-= Jet de Caractéristique • Dextérité • Dé de Difficulté 5 =-

Réussir, en chute libre, à faire filer droit son grapin et l’ancrer dans le mur histoire de se la jouer spider-woman.

Résultat du Jet •
Réussite

La pointe file droit, se fixe à la ferraille – vive les supers magnets – elle sent le câble flotter un instant puis se tendre violemment. De droite, sa chute se courbe, elle arrive plus ou moins à se stabiliser, elle laisse le fil se dérouler au maximum, histoire de se rapprocher le plus possible du sol, ça bloque, elle est au bout, le sol est en vue. Le sol ? Il est foutrement bizarre. Depuis quand ça ondoie le sol ? Et depuis quand ça à la gueule d’une énorme flaque de purin ? Elle est heureuse d’avoir réussi à se cramponner à quelque chose. Même à travers son masque, l’odeur du truc s’insinue jusque dans ses poumons et lui donne la nausée. Elle n’y échappe pourtant pas totalement, elle a vu un peu large pour ce qui est de la longueur du câble, son pied entre en contact avec la surface de la flaque, entre la vitesse et la longueur du fil, elle part immédiatement en toupie alors qu’elle aperçoit la berge. Elle remballe son câble, s’élève de plusieurs mètres au-dessus du sol sans pouvoir arrêter sa folle danse, retombe comme une merde dans un semblant de boue huileuse. Elle commence par ricochet, floc, floc, floc, puis ça finit dans une énorme glissade jusque dans un genre de tas d’bidons et de d’autres bordels qu’elle préfère pas identifier. C’est douloureux.



Hauts-Quartiers de Nar’Shaddaa – Au même moment, au milieu d’une douce odeur de parfum

Greeny vient de sortir de la pièce voisine, sa nouvelle robe de soirée lui sied à faire pâlir les plus ferventes grenouilles de bénitiers. Sobre mais d’une élégance toute chic, le décalage avec sa crète colorée rend le tout encore plus beau, à sa façon, d’autant que son oreille ne cling plus sous les anneaux mais sous de la verroterie ciselée qui semble perler plus qu’elle ne s’accroche. Elle pose son bras sur celui de la belette.

« Ne vous inquiétez pas, mon cher collaborateur, une amie de l’Astre m’a fait savoir que des fonds nous avait été versés pour nous couvrir. On n’a pas intérêt à faire cramer la banque et les gains retournent chez eux mais au moins, on peut s’amuser un peu sur le compte de la maison. Monsieur mon Intendant, veuillez vous occuper de ces viles banalités financières, je vous prie, une dame de ma qualité n’a certainement pas à se salir les mains de la sorte. Et veillez à ce que personne ne nous aborde aisément, il s’agit de faire des courbettes lorsque l’on veut accéder à une pétasse de mon rang. »

Elle rit. Ce n’est pas dur de deviner qu’elle va prendre beaucoup de plaisir à jour son rôle et qu’elle l’a déjà enfilé comme un gant.

« Bon… T’es sûr de tes puces mon gars ? J’veux bien donner dans le théâtral autant que tu veux, mais contre les scans, on a qu’une ligne de défense et j’ai l’impression qu’t’es un peu jeunot pour avoir fait quelque chose de propre… M’enfin ! J’propose qu’au pire, on te laisse te démerder avec les gars à l’entrée, allez hop ! »

Et elle entraîne d’un pas déterminé son cavalier vers la sortie. Elle admire un instant le speeder qu’il est parvenu à trouver. Il est passé de mode depuis presque deux ans déjà mais ça fera l’affaire… Et puis, il pourrait le faire passer aisément pour l’un de ses propres modèles. Elle attend qu’il lui ouvre la porte, il s’exécute, elle s’y glisse avec une grâce qu’on ne lui aurait pas soupçonnée deux heures plus tôt. C’est parti.

Surface de Nar’Shaddaa – Un temps plus tard, dans la crasse et la mauvaise humeur

« Putain de bordel de merde ! »

Avec un puissant appui du pied, Red envoie s’écraser un peu plus loin la plaque d’on n’sait quoi qui lui est retombée sur la gueule en fin de course. Elle est couleur locale maintenant, dégueulasse des pieds à la tête. Elle a l’impression que la poisse s’insinue jusque sous son plastron. C’est pas la peine d’aller plus loin dans cet état de crasse, elle abandonne là sa tenue de baroudeuse pour adopter le look Total Twi-bot, de toute façon, à peine les fringues jetées à terre qu’on arrive plus à les distinguer du reste des ordures.

Elle est encore secouée par sa chute. Faut dire, ça a été un sacré badaboum, y a qu’à voir la traînée qu’elle a creusé dans la merde jusque-là : une vraie tranchée. Elle essaye de visualiser un peu l’ensemble. Niveau éclairage, y a pas grand-chose. Au-dessus de sa tête, les nuages sont fait de touches de couleurs sporadiques et de gris, résultats des néons épars qui crachent parfois, çà et là, un peu de leurs ondes dans les vapeurs. Elle s’arrête un instant. Le tableau a sa beauté bien à lui. Cette mer d’huile sur fond de couleurs inopinées, c’en serait presque hypnoptique.


« Putain Bébère ! Bébère ! Y a un genre de truc bizarre qui vient de tomber du ciel, viens voir ça ! Putain Bébère ! Qu’est-ce tu fous ?! »

La rêverie sombre, inéluctablement, sous les assauts répétés des deux crastipouilles qui se présentent, toute gueule ouverte, devant une Red impassible.

« Oh, putain, Crado, t’as vu ses nibards ? Tu crois c’est un genre de putroïde ? Il paraît que leurs chattes artificielles sont mieux que des vraies !

– Parce que t’en as déjà vu une vraie, toi, connard ? Tu veux faire croire ça à qui ? Cassez-vous les bouseux, j’suis pas d’humeur et j’ai autre chose à faire que de botter des culs pas torcher. »

Les deux gars se regardent, médusés.

« Putain… J’savais pas qu’ces droïdes-là ils avaient une gamelle pareil, putain ! Hey, la connasse, tu vas fermer ta gueule et t’préparer à te faire troncher car j’vais t’montrer c’est qui l’patron ici, hein, Bébère ?

– Un.

– Un quoi ? Un par un ? Tu veux qu’on s’y mette à…

– Deux.

– Elle lit dans mes pensées la cochonne ! Fantastique !

– Trois. »

Elle est pas du genre patiente avec le blaireau. Sa lame laser vient jeter des éclairs rouges le long de sa cuisse et aussitôt, les deux trous d’uc balisent et reculent un peu ; résultat escompté. Seulement, elle a pas prévu qu’ils soient pas seuls, ces connards. De dessous les fagots, t’as trois autres types qui se ramènent, puis quatre, puis cinq. L’effet de groupe les revigorent, et certainement la came car z’ont pas une gueule à sucer que des arlequins. Elle espérait éviter le bain de sang inutile mais là… C’est pratiquement eux qui viennent s’égorger sur sa lame. Un guerrier surentraîné contre une bande de péquenauds des égouts. C’est tellement absurde que ça en devient écœurant. Si le dernier, elle croit bien que c’est Bébère, finit par détaler comme un lapin, y en a six qui resteront sur le carreau, le museau dans la merde après y avoir mis le cul toute leur vie. D’une tristesse…

Ses amis laissés derrière elle, elle prend la direction de ce qui lui semble être la colonne de fumée la plus proche, et donc certainement ce qu’il reste de son bolide de location ; elle espère encore naïvement pouvoir récupérer sa caution. Elle est plus qu’à une dizaine de mètres, la colonne s’élève juste derrière un genre de gros tas d’ferrailles. Surgissant des sons d’ambiance de cette ville-bien-trop-basse, elle entend soudainement gueuler son coéquipier – il a l’air de s’être aussi trouvé de nouveaux potos.

Plutôt que de se précipiter, elle dégaine son fusil et fait tranquillement le tour, espérant par-là prendre dans le dos les bouseux qui seront venus l’emmerder, si jamais y avait besoin de prendre qui que ce soit par derrière.
Le Masque de la Force
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Korgan Kessel
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Le capot du speeder est grand ouvert. La silhouette penchée dedans se relève… Mais les phares sont toujours allumés. Des milliers de saloperies genre mouches à merdes s’agitent dans la lumière. Foutu contre-jour : impossible de distinguer ses traits. Je peux juste dire que c’est pas Red. Trop maigre. Attention, j’dis pas qu’elle est grosse Red hein ! Juste qu’elle a des formes exactement là où il faut ! Là on dirait le profil d’une anorexique.

« T’es qui toi ?! Tu sors d’où ?! »

Ma surprise me fait oublier les menaces d’usage… Du genre : un geste et de bourre la tronche de décharges d’énergie. Alors, forcément, l’autre, en mode flippette totale, fait volte-face et détale en courant.

« Putain ! Reviens ici espèce de… »

De quoi ? J’sais même pas si c’est humain et si ça pige ce que je raconte ! Le canon de mon arme suit l’ombre… Mon index se crispe sur la détente… Mais je me ravise. Fait chier. Je suis intégralement enduit de cette saloperie huileuse. Si ce machin est inflammable, je vais me transformer en torche humaine à la première déflagration. Fait chier ! Je rengaine le pistolet, laisse tomber ma veste et mon marcel au sol… Et fonce, aux trousses de l’inconnu ! J’en fais une putain d’affaire personnelle ! Et à la course, j’suis un boss ! En moins de dix enjambées je suis déjà sur lui… Je bondis, le plaque au sol façon Huttball. Première chose que je sens : son odeur. Il dégage de ses fringues des relents de pourritures… Pouah. J’ai pas vraiment le nez sensible, mais là, je touche presque à mes limites.
Il se débat, tente de s’extraire de mon étreinte… Et c’est qu’il y arriverait presque ce salaud, une vraie anguille. Mais rapidement, mon avant-bras gauche se plaque sur sa nuque, écrase sa gueule dans la mélasse poisseuse qui recouvre le sol dégueulasse. De mon autre main, je lui crochète le bras… Il laisse échapper un gémissement de douleur alors que je presse de plus en plus.

« Bon, mon pote… On va reprendre depuis le début… »

Je le relève sans ménagement, clé de bras toujours aussi ferme.

« Si tu veux pas que je te pète un truc, tu vas faire exactement ce que je te dis… »

Je le pousse en direction du speeder.

« Avance. »

Visiblement, ça comprend le basic. Ça pue, c’est dégeux, mais c’est pas si con que ça. Enfin, lorsqu’on est de retour à la case départ, je le balance en avant. Il s’éclate la tronche sur la carrosserie défoncée de feu notre véhicule, tombe à genoux. Il est sonné, peine à se relever. Mes yeux s’égarent sur le speeder. C’est la merde. Y’a pas besoin d’être mécano pour piger que ce n’est plus qu’une épave. Enfin, encore plus qu’avant le crash. On ne ressortira jamais d’ici avec ça… Va falloir trouver une autre solution… Intérieurement je peste, tandis que je récupère mon flingue, histoire de garder un moyen de pression sur le fuyard. Je veux des explications, et il va m’en donner. C’est pas que sa vie m’intéresse, loin de là. Juste qu’à présent qu’on est paumé en plein territoire inconnu, et donc hostile, je préfère savoir où je vais mettre les pieds. La connaissance du terrain, c’est indispensable à la survie.

« Alors t’es qui ? Qu’est-ce que tu fous là ?! »

Il se retourne. Je distingue enfin ses traits. Il ne ressemble à rien. La gueule bouffée par des verrues, les yeux noirs, les cheveux rares, crasseux. Ses vêtements ne sont que des guenilles trouées qui peine à cacher sa maigreur. Un sac d’os. Il regarde à gauche à droite, l’air paniqué, pas dans son assiette le mec.

« Faut pas qu’on reste là, faut pas qu’on… »

Sa voix éraillée tire sur les aigus. Il est clair que le canon de mon arme ne l’impressionne pas autant que je ne le voudrais. Il a d’autres trucs bien plus flippants en tête, c’est net. Mais quoi ?!

« Le crash va attirer du monde… J’veux pas être là quand… »
« Hé ! Ta gueule ! Regarde-moi pauv’ con ! Regarde moi, dans les yeux... »


Le type est en panique totale, si je ne capte pas son attention direct, je vais le perdre. Il continue de trembler mais ses yeux se fixent dans le mien. Je reprends :

« Ok. T’es une sorte de ferrailleur, c’est ça hein ? »

Il hoche la tête lentement.

« Alors, on va faire un deal mon pote. Tu m’indiques un moyen pour quitter ce trou paumé, et en retour, je te laisse l’épave. »
« T’es sérieux ?! »


Ses yeux sont aussi ronds que des billes. Ouais, surement que les pièces détachées valent une petite fortune pour des clodos aussi miteux. Korgan, le mécène des bas-fonds. Je vais rajouter ça sur mon CV. Mais rapidement, son visage recouvre un air maussade. Il baisse les yeux.

« C’est juste que… Bah… Tu crois vraiment que je pourrirais ici si c’était si facile de remonter ?! »

La moutarde me monte direct au nez. Soit ce type me prend pour un con, soit il est vraiment con. Coup de sang. Je fais un pas en avant, lève mon arme prête à la lui claquer sur le coin de la gueule. De quoi lui remettre les idées en place. Mais un hurlement me fait sursauter. Je me fige, tous les sens aux aguets. Je pose un genou à terre, me sert de l’épave comme d’un couvert. Je scrute les ténèbres… Mais il fait très sombre dans les bas-fonds… Et avec les phares du speeder allumés juste à côté, mes pupilles ne se sont pas encore habitées à la pénombre. Bref, tout ça pour dire que j’y vois quedal. Le terrain monte, un peu comme une bute. Les hurlements viennent de derrière. Les échos se réverbèrent encore plusieurs secondes. Puis plus rien. Silence total. A côté de moi, l’autre abruti est roulé en boule, tout tremblant. Clairement, lui, il sait quelque chose : sinon il ne se serait pas mis dans cet état :

« C’était quoi ça… »

Il lâche :

« La bande à Bébère. Ils vont nous tomber dessus ! Faut qu’on se tire tout de suite ! »

Il se relève. Mais ma main gantée se pose fermement sur son épaule. Il croit aller où ?!

« J’en fais mon affaire de ton Bébère. »
« Non, non ! T’es complètement malade ! Ils sont au moins dix ! Des tarés ! Ils butent tout ce qui bouge ! Faut pas rester ici ! Faut aller au… à… »


Je le choppe par le col, de ma main libre, et le plaque contre la voiture.

« Aller où ?! Tu veux aller où ?! »
« A Immondice-city… »
« Hein ?! »
« C’est genre un bidonville, tout proche. Tu vois la tour qui est tombée y’a quelques temps ? Ben y’a tellement de truc à ferrailler, de machins à récupérer sous les décombres, que y’a carrément tout une ville qui s’est montée autour en quelques mois. C’est juste une putain de tas d’ordures avec des gens qui vivent dedans. Mais y’a Jacky la balafre et sa bande qui font régner l’ordre. Ils sont moins cons que la plupart… Tant que tu payes la taxe de protection… Faut qu’on bouge tout de suite ! Sinon Bébère, il va nous faire la peau ! »


Alors qu’il évoque cette histoire. Une putain d’image mon monte au crâne. Y’a des moments, quand je suis en perm, je me fais grave chier. Alors, je glande devant l’holovision, je roupille devant les documentaires animaliers. Je revois cette carcasse, énorme. J’sais même plus comment s’appelle ce truc natif de Mon Calamari. Bref, un monstre marin tellement gigantesque que lorsqu’il crève, son cadavre en décomposition devient une oasis de vie au milieu des fonds marins désertiques. Là c’est exactement pareil… Sauf que c’est encore plus gros et dégueulasse. Je manque de lui dire OK. Mais aussitôt je pense à Red. Je ne peux pas bouger, pas tout de suite. Si elle est en vie, elle va forcément revenir par ici. Sinon, bah... J'improviserai. Bref, du coup je tente de gagner du temps...

« Immondice-city ? C’est pas très vendeur… »
« C’est pas comme si on cherchait à attirer des touristes… »
« C’est pas faux… Je… »


Je me fige. Une silhouette plus sombre que les ténèbres ambiantes vient d'apparaître au sommet de la butte. Puis une autre. Et encore une autre. Cinq au total. La bande à Bébère comme dirait mon nouveau pote ? Ils approchent, lentement. Ils tiennent des objets dans leurs mains… On dirait des… Pas des pistolets lasers en tout cas. Non. Plutôt des armes blanches rafistolées avec les moyens du bord. Leurs vêtements sont encore plus loqueteux.

« Oh ! Non ! Pas ça ! Les canni… Les canni… »

Au même instant, je pige la raison de son malaise. Celui qui marche devant les autres porte un collier. Un crâne humain. Cannibales hein ? Putain, c’était pas marqué sur la brochure ça.

« Ok… Surtout tu ne bouges p… »

Même pas le temps de terminer cette phrase. Mon nouveau pote se redresse d’un bond… Et fonce comme un taré dans la direction opposée. Putain le con ! Je beugle :

« Putain ! Stop ! Arrête ! Revient putain ! »

Les cinq silhouettes ne bougent pas d’un pouce. Je sens leurs regards me fixer comme un bon gros bout de viande. Tu m'étonnes : un bon gros steak torse nu et huilé : y'a de quoi baver. Fait chier ! Je lève mon arme… Bloque ma respiration… Putain, j'aime pas ça... Mais il ne me laisse pas le choix ce con ! Je tire. Le laser s’échappe du canon et fuse à une vitesse folle en direction du fuyard. Je le fauche à l'arrière de la cuisse. Il tombe. C'est sa faute ! Il avait cas m'écouter ! J'ai encore besoin de lui pour trouver immondice-city !

Et, forcément, ce tir lance les hostilités. Les cannibales lâchent des cris de guerre gutturaux... Et s'élancent dans ma direction. Raaaah.

Faut voir le bon côté des choses : au moins je ne me suis pas transformé en torche humaine. J’ajuste ma visée, tire. Un premier s'effondre, le visage en bouillie. Je fauche le suivant au torse. Mais ces enfoirés sont rapides. Trop rapides... Putain Red, c'est le moment de faire ton come-back bébé !
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Alors que son pied s’enfonce encore profondément dans une flaque de merde, elle commence à se dire que finalement, elle aurait dû peut-être fermer sa gueule et rester au chaud dans les étages. Autour d’elle, les monceaux de détritus forment comme un genre de chaîne de montagnes, des défilés partant en tous sens, des pans entiers glissant parfois sans prévenir, ouvrant ou refermant des voies d’accès de façon anarchique. Toute une nouvelle géologie à étudier, avec pour principe moteur la crasse balancer d’en haut qui s’accumule en bas jusqu’à former ce bordel fumant.

Soudainement tirée de ses contemplations par un bruit de tir, elle s’active et part au petit trot, alternant les ‘floc floc’ et les ‘prouick prouick’ selon la surface du sol : huileux ou simplement gorgée d’huile. Lorsqu’enfin elle a fini de faire le tour de sa petite montagne, elle a pas vraiment le temps d’analyser la situation. Sans son masque, clairement, elle aurait pas vu à quinze mètres, avec, elle arrive à identifier les méchants du gentil : heureusement pour lui elle aurait tiré dans tous les cas… Elle a pas vraiment le temps de faire propre, il faut faire vite, elle pose un genou dans la terre, ignore dans quoi il s’enfonce pour éviter de vomir, cale son arme, ajuste, tire :

-= Jet d’Attaque à Distance • Dextérité • Dé de Difficulté 5 =-

Réussir à abattre l’un des compagnons de jeu du monsieur.

Résultat du Jet •
Réussite


L’un des trois guedins s’écrasent la gueule dans la boue et glisse sur plusieurs mètres jusqu’à s’arrêter, mort, à quelques pas de ce qu’il espérait être son repas. Les deux autres, pris au dépourvu par ce tir qu’ils n’ont pas vu venir, regardent derrière eux, hésitent un instant : pan, pan, sprock, sprock. En tir croisé, sans rien d’autres que des surins, la fin semble avoir été évidente pour tout le monde sauf pour eux. Les impacts ont tout juste fini de fumer lorsque Red parvient à la hauteur de son coéquipier, non sans regarder effectuer quelques petites 360°, analysant les montagnes alentours, elle s’assure par là qu’il n’y a pas d’autres copains planqués dans les hauteurs. Même si ça semble sage, elle garde l’arme en main ; ils sont clairement dans un territoire foutrement hostile. Alors qu’elle s’approche, lui-même se détend et plutôt que de venir à elle, se rapproche de ce qu’elle prend d’abord pour un cadavre avant de se rendre compte que, un cadavre ne gueulant pas à la mort, c’est pas un cadavre ; même si au premier coup d’œil, quand on voit sa gueule, on a de sérieux doute.

« Il suffit que je m’absente un instant pour que tu ailles déjà fricoter avec d’autres que moi ? Je te pensais plus fidèle que ça, Gonzy-chérie. »

Elle le laisse s’occuper de ce qu’elle imagine être un prisonnier par défaut – vu que les autres sont morts il va sûrement essayer de lui soutirer deux/trois informations – et se tourne plutôt du côté de leur épave. Elle s’autorise cinq bonnes minutes à regarder le massacre – peuvent pas vraiment trainer vu l’ambiance – et le diagnostic engage clairement la vie de l’appareil : ça a été son dernier vol, R.I.P. Enfin ! Faut aller de l’avant ! Avec sa lame-laser, elle récupère tout ce qu’elle peut selon trois critères : léger, pas encombrant, cher. Grosso-modo, elle ressort de là avec quelques cellules d’énergies et des composants électroniques qu’elle fourre dans le sac à dos de Gonzy qui, par un genre de miracle de la physique, est resté coincé à l’arrière du fauteuil conducteur ; dingue ce que le hasard peut faire quand on en a besoin. Elle rejoint les deux compères alors engagés dans une discussion certaine, qu’elle se gêne pas pour interrompre :

« Gonzy-chou, j’ai récupéré un max de ce qui pouvait l’être, des cellules d’énergie, la carte mère, des puces de calcul… ‘Fin bref, ce qui doit valoir une fortune ici-bas, alors évite de perdre ton sac, okay ? Tu m’présentes ton copain ? Rassure-moi, c’est pas pour lui que t’as commencé à te désaper au moins ? »

Grande, métallique, riant à travers le filtre respirateur de son masque, les yeux d’un rouge luminescent dans cette pénombre crade des bas-fonds, elle fait clairement flipper et le moche se ratatine et couine encore de douleur, refusant visiblement de faire un pas de plus en si mauvaise compagnie.
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Hauts-Quartiers de Nar’Shaddaa, à l’arrière du joli airspeeder – Quinze minutes plus tard
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Greeny regarde par la fenêtre en soupirant de toute son âme. Les embouteillages ne semblent pas vouloir finir de les retenir en l’air. Elle est pas trop du genre impatiente, en temps normal, mais là, l’excitation la rend plutôt intenable. C’est là que, miracle, ô miracle, une idée lui traverse la tête : peut-être que l’ancien propriétaire a laissé quelque chose dans le minibar ? Elle se jette sur la commande, le tiroir s’ouvre et… L’ancien propriétaire a bien laissé un truc mais elle préfère pas savoir ce que c’est et referme vivement.

« On aurait peut-être dû demander au chauffeur de nettoyer avant d’y aller… »

Nouveau soupir à fendre l’âme… Bon, quitte à être coincé en l’air, autant essayer de faire la conversation, non ? Et puis, la belette a l’air d’être un rigolo alors bon… Il la divertira peut-être.

« Alors comme ça, tu travailles depuis un moment avec Gonza… Merde, c’était comment déjà ? ‘Fin bref… Vous faites souvent ce genre de choses ? Foutre la merde dans les affaires des Hutts ? »
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Korgan Kessel
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Je me relève, sort du couvert offert par l’épave, le canon du blaster encore fumant. Je le rengaine, jugeant ces erzats d’être vivants cannibales trop cons pour concevoir une stratégie d’approche autre que l’attaque frontale. Je préfère avoir les mains libres. Si y’en avait eu d’autres, ils seraient déjà en train de nous foncer dessus. Pour autant, c’est pas vraiment une sensation de sécurité qui me tord les boyaux. Mon nouveau pote a raison : faut pas rester dans le coin, le crash va attirer tous les charognards à des kilomètres à la ronde.

Je me retourne alors que Red approche, lâche un sourire carnassier :

« Te fait pas de bile. Personne ne peut te remplacer… T’es du genre unique. »

Ouais, pas sûr que ce soit un compliment. En tout cas, elle s’est pointée pile au bon moment. Au moins je fais équipe avec quelqu'un qui assure un minimum. Tirer sur des connards, ça m’a fait du bien. Après tout le bordel des dernières minutes, voilà que je me retrouve dans un élément presque… habituel. En plein territoire hostile, prêt à dézinguer tout ce qui pourrait se mettre en travers de ma route. Du coup, ouais, j’me sens mieux. Plus détendu. Plus cool. Je désigne l’autre gland du menton :

« Ce… Type… »

Je réalise que je ne connais même pas son prénom. C’est qu’on a pas vraiment eu le temps de tailler une bavette. De toute façon c’est pas bien important. Dans quelques jours, j’aurais oublié son existence.

« Il a des infos. Parait qu’une ville a poussé autour de notre tour, façon colonie de mycoses. Et comme j’ai pas envie de perdre l’aprem à fouiner dans le coin, il va nous y conduire. »

Enfin… S’il nous crève pas entre les pattes ce con. Parce que je ne l’ai pas loupé. Allongé dans la fange en position fœtale, les mains crispées sur sa plaie, il gémit, les dents serrées à s’en fait faire saigner les lèvres. Ce qui est certain, c’est qu’il ne va pas se relever et nous indiquer la route comme par magie. Va falloir le porter… Et qui va se le taper ? C’est bibi. Fait chier. Il schlingue… Et je ne préfère même pas penser à tous les parasites qu’il doit se trimbaler sur lui. Raaaah. Faut que je m’occupe de lui avant qu’il ne tourne de l’œil. Du coup je me rapproche, lui file un coup de pied gentillet pour qu’il se retourne et me regarde, histoire de bien remettre les points sur les « i » :

« La prochaine fois, tu m’écouteras ok ? Bon. Maintenant tu la fermes, et tu me laisse faire. »

Quelle andouille ce type. Bon. J’suis pas spécialement fier de moi non plus. Tirer dans le dos d’un mec désarmé. Mais bon. Sur le coup, j’ai pas vu d’autres solutions… Bref, je me penche, le chope par les fripes, le soulève et le pose sur mon épaule. Poids plume, il pèse pas bien lourd. Puis, rapidos, je retourne à l’épave, où Red s’affaire déjà. Visiblement elle fait un peu de récup. C’est pas con, ça pourrait nous servir comme monnaie d’échange. Sans ménagement, je le pose sur la carrosserie arrière du speeder défoncé. Ce côté-là n’est pas trop amoché. Puis je le tourne, histoire d’avoir un aperçu de sa blessure. Putain, c’est pas beau à voir. Mon tir lui a carbonisé l’arrière de la cuisse jusqu’à l’os. Ça sent le barbeuk. Pas sûr qu’il puisse remarcher un jour, du moins, pas sans les soins appropriés. Le genre de médecine qu’ils n’ont certainement pas dans les bas-fonds. C’est con pour lui. Je soupire, dépité. Quel gâchis. Foutre sa vie en l’air sur une mauvaise décision, c’est vraiment con. Mais comme je ne suis pas un connard, j’me dis que je vais quand même faire le minimum syndical pour lui éviter de crever dans les prochaine quarante-huit heures d’une surinfection. Je relève la tête, ouvre la bouche pour dire un truc à Red, mais la miss me prend de court en me tendant mon sac. Elle l’a bourré de tout ce qu’elle a pu sauver. Je le choppe, le pose à coté de l’autre abruti qui commence à suer à grosses gouttes, à trembler. Choc nerveux. Classique. Sur le champ de bataille, j’en ai rafistolé plus d’un soldat. Quand je ne me suis pas rafistolé tout seul, histoire de ne pas rester coincé entre des tirs croisés.

Bref. Je plonge la main dans le sac encore ouvert. Sous les breloques technologiques, je saisis un sachet plastique que je ressors aussitôt. A l’intérieur, y’a ma petite trousse de soin spéciale mission en terrain hostile : gel aseptisant, lingettes au bacta, bombe aérosol de peau synthétique, quelques seringues prêtes à l’emploi. Je sens le regard de Red, alors même sans relever la tête je fais :

« Ouais. A défaut d'être un mec sociable, j’suis du genre prévoyant. »

Sans perdre plus de temps, je passe une première linguette sur la plaie, pour la nettoyer toute cette crasse accumulée depuis probablement des années d'hygiène négligée. Puis j’étale une couche épaisse de gel aseptisant dessus, avant de recouvrir le tout d’un film de peau synthétique. Reste plus qu’à apporter la touche finale à cette œuvre ! Je choppe une seringue, et lui injecte un savant mélange d’anti-douleur et de divers stimulants. Je connais par cœur cette sensation : comme du feu dans les veines qui te refile un coup de fouet. D’ailleurs mon pote réagit direct. Il tente de se relever, mais je l’entrave de mon avant-bras.

« Si j’étais toi, je resterais tranquille. Si tu bouges trop, tu vas tout arracher. »

Mais il ne m'écoute que d'une oreille. Je claque des doigts pour capter son attention, alors qu’il se contorsionne pour voir l’état de sa blessure.

« Hého, mongolito ! Tu te souviens notre petit marché hein ?! »

Je sors du sac une cellule d’énergie. Un cylindre luminescent à peine plus gros que mon poing. Je fais mine de lui filer, mais lorsqu’il tend les bras, les yeux pleins d’espoirs, je le lui arrache des doigts, d’un geste vif. Sa mine se rassombrie.

« Minute papillon. Tu l’auras quand on sera à Immondice-city. Pigé ? »

Ouais, il a pigé. Il est pas aussi con que ça. Je refourgue le machin dans le sac… Mais avant de passer la sangle sur l’épaule, mes doigts replongent dedans. Cette fois, pour en sortir un marcel, froissé mais neuf. Couleur kaki militaire. Je ne porte jamais d’autre couleur. Sauf le noir.

« Ouais. J’suis un type vraiment prévoyant. »

Je l’enfile. Le machin s’imbibe aussitôt de cette huile visqueuse qui me colle à la peau. Effet T-shirt mouillé. On devinerait presque mes tétons au travers. Putain ça craint… Mais c’est mieux que de se balader torse poil. Enfin, j’extrais d’une des poches latérales un paquet de bonbons à sucer. Un truc composé d’un mélange de plantes imprononçables du genre fluteufloff. J’en enfourne trois d’un coup, puis tend le paquet à Red :

« T’en veux ? »

L’espace de quelques secondes, j’ai enfin autre chose qu’une odeur de merde et de pourris dans les narines. Ça te requinque un homme !


****

Pendant ce temps, dans la ville-haute,

« Ouais, Gonzales et moi c’est une longue histoire. »

Dib se pare d’un sourire bien trop large pour être honnête, révélant ses petites dents pointues de rongeur de l’espace.

« Je lui ai appris toutes les ficelles du métier, tu vois. Ensemble, on a traversé toute la galaxie ! Esquiver des flottes impériales, Républicaines. On s'est même traversé plusieurs fois la passe de Kessel. »

Une private joke qui lui arrache un fou rire.

« T’as surement entendu parler de Teddy le terrible hein ?! J'étais le meilleur ! »

Haha. Si avec ça il n’emballe pas la petite rodienne… Mais face au manque de réaction il se met soudain à douter.

« Teddy le terrible ? Non ? Mais si... Pfff... Laisse tomber… »

Il tourne la tête, mine déconfite, vexé. Putain, ça c’était pas une connerie pourtant ! Il avait eu sa petite heure de gloire sur Nar shaddaa. Ok, ça remontait à près d’une dizaine d’année. Il était jeune, complètement timbré. Un vrai casse-cou qui n’avait froid aux yeux. D’abord simple coursier, il avait su faire ses preuves, gagner assez de fric pour se payer son propre vaisseau, puis jouer quelques temps le contrebandier pour Balek le Hutt alors maître de l'espace Hutt.

Il soupire, le regard perdu dans les embouteillages, de l’autre côté des vitres teintées. Quel bordel. Heure de pointe. La voix de Cédruc jaillit de l’autre côté de la séparation entre la partie réservée au chauffeur et les luxueuses banquettes arrière :

« Je crois que ça se dégage un peu ! C’était un accident. D’après le gps, on sera au casino dans une demi-heure à tout casser… »
« Ouais bah magne ton cul ! On en n’a marre ! »


****

Trente minutes plus tard, dans les bas-fonds.

Immondice-city. Putain, jamais un patelin n’avait aussi bien porté son nom. Une unique rue principale, qui serpente tel heu… un serpent ? Le long de la montagne de débris qu’est devenue feue la tour du conseil des Kajidics. Et quand je pense « montagne », je n’exagère même pas. Le sommet s’élève au-dessus des nuages de pollution. Des centaines d’habitations délabrées, bancales, composées de tout un tas de conneries glanées sur place, bordent l’unique axe de circulation. Evidemment, rien n’est stable. Il ne se passe par dix secondes sans qu’une saloperie dégringole de tout là-haut, emportant avec elle une avalanche de détritus plus ou moins impressionnante. Clairement, ça donne pas envie. Mais c’est pas comme si on avait le choix. Alors qu’on approche, un vent tiède et nauséabond se lève. Un nuage de poussières nous saute à la gueule, rapidement suivi par plusieurs boules composées de grillages rouillés, façon vieux holo-western.

La ville est étrangement silencieuse... Et à mesure qu’on approche, je pige que la populace se planque. Vu le coin, surement qu’ils se méfient des inconnus. Ça peut se comprendre. Le rue est assez pentue. Avec l’autre abruti que je me trimbale sur l’épaule depuis trente minutes, je commence peiner. Surtout qu’il gigotte de plus en plus à mesure que les effets de l’anti-douleur se dissipent dans son organisme fragile. Je serre les dents, essouflé. Un claquement me fait vivement tourner la tête, les sens aux aguets. Un volet métallique vient de se refermer violemment. Derrière, je devine une paire d’yeux inquiets qui nous espionne.

« J’aime pas ça… »

Je souffle ces mots, révélateurs de ma soudain inquiétude. J’ai comme un don pour sentir les coups foireux. Une silhouette jaillit de derrière une tôle rongée par les intempéries. Par réflexe, ma main se pose sur la crosse de mon arme… Mais le type en face, grand, large d’épaules, patibulaire, nous invective :

« J’s’rai vous, j’f’rai pas ça. »

Voix rauque, assurée. Une impressionnante balafre lui court le long de la joue gauche, du menton jusqu'au cuir chevelu. Elle barre une orbite vide à l’intérieur de laquelle il a fourré un cache en métal. Il porte un imperméable dégueulasse, rapiécé, mais étrangement cool. Sur sa tête trône un chapeau style cow-boy. Définitivement, ce connard a trop regardé de vieux holofilm. Il lève l’œil. Je suis son regard. Au-dessus de nos têtes, sur des plateformes dissimulées sur les toits branlants, une quinzaine d’hommes nous tiennent en joug. Cette fois c’est pas des sauvages cannibales à la con. Du coup j’écarte la main de mon holster. On va dire que c’est mon coté diplomate.

« Ouais, j’préfère ça. Z’etes ici sur mon territoire, étrangers. Tout s’que vous voyez est sous la protection de Jacky la balafre. Ici c’est moi qui fait la loi. »

Il mate Mongolito avec insistance, et reprend, sans nous avoir laissé le temps de l’ouvrir :

« Si vous êtes venu, pour chercher les emmerdes, vous… »

Contre toute attente, mon pote lui coupe la parole. Il est carrément en stress, sa tirade est hachée, il bouffe les mots. Plus que le courage, c'est l'instinct de survie qui parle. Si ça vire en pétarade, il se fera cribler de lasers tout autant que nous :

« Jacky ! Je… Ils sont avec moi ! »
« C’est pas eux qui t’ont fait ça tu dis ?! »
« Heu… si, enfin, non ! Non ! Tu crois qu’ils me porteraient sur leur dos sinon ?! »
« P’tet ben, p’tet ben que non… »
« J’te jure Jacky… »


Il se tripette la barbiche, méditatif.

« Tu connais la règle hein ? Tu vas devoir payer pour leur protection… On fait pas la charité ici. »
« Oui, oui, j’ai tout ce qu’il faut ! Dans le sac à dos… »


Putain l’enculé ! Si on laisse faire ce Jacky, clair qu’il va tout nous tirer. Si on résiste, on va se faire canarder de tous les côtés. A moins de trouver un arrangement, j’sais pas… On pourrait…

J’ai pas le temps de terminer cette pensée, que Red prend déjà les choses en main.


****


Au même instant, dans la ville haute.

Enfin le speeder de luxe s’arrête. Devant le tapis rouge. Un portier s’approche, aide Greeny à descendre, avec classe et élégance. Dib fait le tour, les rejoint. Pfff, il ne comprendra jamais pourquoi les femmes ont toujours le droit à tous ces privilèges ! Tout ça pour une différence de quelques chromosomes ! La bonne blague ! Mais il ferme sa gueule. L’objectif c’est quand même de ne pas se faire remarquer.

Cédruc redémarre dans leur dos, s’engage dans sa mission solo bidon : celle de trouver un moyen d’accéder aux étages supérieurs depuis l’envers du décors luxueux. La rodienne au bras, Dib affiche un sourire de façade qui cache une inquiétude grandissante. Chacun de leur pas les rapproche du portique de sécurité automatisé où seront contrôlées leurs puces d’identités. Seuls les plus proches « amis » du Hutt qui gère les lieux ont le privilège de l’esquiver. Les autres doivent montrer pattes blanches. Il chuchote :

« Si ça foire, je prends celui de droit… Je lui vise les yeux, et on se tire ! »

Mais fort heureusement, rien ne se passe. Les voyants restent au vert alors qu’ils traversent l’impressionnante double porte s’ouvrant sur un hall démesuré. Dès l’entrée s’alignent déjà plusieurs rangées de machines à sous multicolores. Plusieurs arches conduisent vers des salles de jeux plus privées, où des tables de pazaak et de sabacc attendent les amateurs. Le plafond est voûté, couvert de gravures en haut reliefs retraçant les moments forts de la mythologie Huttesque, ainsi que l’histoire romancée des faits d’armes célèbres du clan Dejsadii. Ce n'est pas un casino, mais un vrai Temple dédié aux jeux. Rapidement, les échos de la circulation urbaine dans leur dos disparaissent face aux cliquetis frénétiques des jetons et au brouhaha des joueurs excités. Dib a retrouvé le sourire. Un bon gros sourire, tout ce qu’il y a de plus franc et naturel :

« M’zelle Auskarr… J’me disais… On devrait… J’sais pas… Rejoindre une table de Pazaak… Vraiment histoire de parfaire notre couverture, tu vois ? On trouvera bien une idée entre deux parties, non ? »

Déjà il ne tient plus en place, excité comme une puce.
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Une colonie spontanée autour des ruines ? C’est pas étonnant. Pour un gusse qu’a pas froid aux yeux, qu’à pas peur de se retrouver empaler sur une poutre dans un glissement de terrain, y a moyen de récupérer pas mal de matières brutes – bien sûr, les plus friqués et les entreprises de récupérations auront déjà récupérer les trucs les plus onéreux avec tout plein de machines. Mais les charognards, ça se régalent même de miettes. La surface a déjà dû être pas mal grattée mais y en aurait des années pour les plus audacieux, d’autant que sans matos ou presque, il faudra gratter fort – et ça sans compter les poutres aiguisées qui attendraient avidement que tu t’empales dessus au moindre glissement de terrain.

« Ouais. A défaut d'être un mec sociable, j’suis du genre prévoyant.

– Ah bah ça… Faut dire, si tu tires dans l’cul de tous tes indics, mieux vaut prévoir les boites de pansements. »

Trop concentré, il relève pas, mais elle est sûr qu’au fond de sa tête il a quand même entendu sa blagounette. Alors qu’il rafistole celui qu’elle a décidé de baptisé Qui-Pue (elle peut pas le sentir mais elle en doute pas une putain de seconde), elle surveille les alentours. Plus un trou d’uc pour venir les emmerder, faut croire que les cadavres qui viennent tout juste d’arrêter de fumer c’est un bon message pour les quelques tarés qui doivent bien les regarder de sous leur tas de merde ; z’ont compris, vont attendre qu’ils soient partis.

« Ouais. J’suis un type vraiment prévoyant. Il enfile son nouveau débardeur et lui tend un genre de cachou.

– Graouh… Quand j’te vois comme ça tout poisseux, j’ai l’impression qu’on est à deux doigts de l’holoporno’ où tu joues le rôle du réparateur de machine à laver sonique et moi celui de la femme de maison qu’à besoin d’un coup de clef hydraulique.

Ah, et non merci pour ton truc, il est hors de questions que je prenne le risque de laisser s’infiltrer l’odeur de s’t’endroit en rompant l’étanchéité de mon armure. »


Elle rit avant de prendre les devants de l’expédition jusqu’à la Terre-Promise lowcost de Tas-De-Merde-City.
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Casino du Clan Dejsadii – Trente minutes plus tard

Un frisson ne cesse d’aller et venir à travers tout son corps. Ici, des fortunes se font et se défont en un claquement de doigt. Un battement de cils, vous êtes parmi les fleurons du secteur, un second battement, vous voilà nu comme un vers, sur le point d’être jeté sur le trottoir comme autant de crasseux. Quel monde ridicule…

« Le Paazak, chéri ? Tu rigoles, tu veux qu’on se retrouve pris dans une bagarre ? Non, chou, on va jouer contre un croupier, dans un bon p’tit truc où le hasard nous servira d’alibi, qu’on vienne à gagner ou à perdre, okay ? T’as envie d’embrasser mes dés avant que je ne les lance ? »

Elle ne lui laisse pas vraiment le temps de répondre et déjà elle s’engage dans la direction des tables qui l’intéressent. La chance allait-elle être de leur côté ?
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Immondice-City – Plus ou moins au même moment
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Mais quelle énorme tas de merdes… Dingue ! Comment peuvent-ils encore avoir la force de vivre dans un truc pareil ? La chose lui paraît simplement invraisemblable. Y a un moment, ta dignité t’incite à en finir, non ? Faut croire que non. Le vivant, ça se débat jusqu’au bout, même si ça doit être dans son propre tas d’excrément. Red soupire, elle n’a même pas la force de trouver une insulte convenable.

A travers la ville, la tension est palpable.


« J’aime pas ça…

– Ttsss… Non seulement ils sont pauvres, mais en plus ils sont désagréables ? Ils n’ont vraiment rien pour plaire ces gens. »

Blague à part, elle se sent terriblement exposé et son sixième sens lui dit de se tenir prête : ça risque de partir en sucette. Et devinez quoi ? Très vite, ça part en sucette. What a surprise ?

« Oui, oui, j’ai tout ce qu’il faut dans le sac à dos…

– Stooooppp ! Stop ! On va se calmer tout de suite là, les bouseux hein ? On va r’mettre les choses à plat. »

Elle s’est tenue en retrait jusque-là mais y a des limites à tout, surtout à sa passivité. Elle s’avance, le crétin qui les a accueilli a beau faire le mariole, devant la twi-bot, qui fait pratiquement sa taille et qui a dans ses mains un gros fusil, il a un instant d’hésitation. Red, elle, elle rentre dans le personnage, elle chope leur pouilleux de compagnie par l’oreille et l’oblige à sortir les mains du sac.

« Ecoute, Joe le Rigolo, ici, t’es peut-être le caïd, mais j’te rappelle que Nar Shadaa, non seulement c’est le trou du cul de la galaxie, mais qu’ici, c’en est le fond. Ta ville, elle pue la merde, toi, tu pues la merde, nous – surtout Gonzy – on pue aussi la merde mais… C’est pas notre quotidien. Alors on va pas commencer à faire comme si on était impressionné pour te faire bander, hein, pour ça tu trouveras bien deux-trois gueuzes du coin, on va plutôt te refiler deux cellules d’énergie – et, on va pas s’mentir, ce sera certainement ta plus grosse paye du mois – et toi, tu vas juste arrêter ton cinéma et reprendre ton petit quotidien : promis, dans douze heures max, on est parti, et si c’est pas le cas, on te donne encore une pile… »
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-= Jet de Caractéristique • Charisme • Dé de Difficulté 3 =-

Le culot, ça passe ou ça casse. Soit le nigaud est impressionné et obtempère, soit ça va partir en vrille.

Résultat du Jet •
Réussite

-
Elle lui tapote la joue, doucement, avant de lui fourrer les cellules dans la main. Le gars, complètement pris au dépourvu, ne sait pas trop comment réagir – d’autant que cette conne a raison, des cellules d’énergie parfaitement utilisable, même de secondes mains, ça court par les rues. Il se contente de se racler la gorge, de bredouiller un truc du genre « C’est bon, les gars, on laisse pisser, jouez pas aux cons, vous trois, on vous surveille. » et se retire avec ses hommes dont seulement quelques-uns restent à faire le guet, tout là-haut.

Il faut bien cinq ou dix minutes pour que la ville recommence à s’animer. Le trio, qui s’est éloigné du centre de la ville, attire tout de même encore les regards. C’est peut-être pas une super idée de rester là.


« Bon, Gonzy-chou, une idée ? J’avoue, maintenant qu’on est là, je sais pas trop par où commencer… Ton pouilleux, il a d’autres gens utiles à nous présenter ? »
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Korgan Kessel
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Je mate le balafré, Red, le balafré, les types au-dessus de nos têtes, Red, le balafré, Red… Putain, j’le sens pas des masses. Red est une putain d’enfoirée de couillue. Enfin. J’devrais plutôt dire ovairue non ? J’me dis : ça va partir en live… Clair que les types qui font la loi dans le coin ont pas l’habitude d’être traités de la sorte. Les bas-fonds, je connais plutôt pas mal. Y’a deux types de personnes : ceux qui butent, et ceux qui se font buter. Et clairement, là, tout de suite, on n’est pas vraiment en position de buter tout le monde…

Mais contre toute attente, Red obtient ce qu’elle veut. Sacrée nana. Jacky est clairement décontenancé. C’est à peine s’il la ramène. Faut dire, le Twi’lek respire l’assurance, et c’est net qu’elle est bien plus dangereuse qu’on pourrait le croire au premier regard, lorsque l’on bloque sur sa paire de nibards. L’enfoiré le sent. Il a de l’instinct je dirais. Les bons leaders savent lorsqu’il est judicieux d’ordonner un repli stratégique, plutôt que de foncer dans le tas. Finalement, il nous laisse passer, non sans lâcher une ultime menace. Il fait signe à ses gars, dont la plupart disparaissent sans un mot des toits.

Pour autant, je ne me détends pas le moins du monde. Toujours l’autre débile sur l’épaule, ma seconde main collée à la crosse de mon blaster. Jacky l’embrouille nous tourne déjà le dos, s’engouffrant dans un grand bâtiment fait lui aussi de bric et de broc, mais qui semblent bien moins branlant que les autres. Probablement le QG de sa bande. Ça m’étonnerait qu’il l’ait construit de ses propres mains. Aux fenêtres, plusieurs silhouettes apparaissent. Types patibulaires armés de guns rafistolées, qui ne nous quittent une seule seconde des yeux. Putain, c’est clairement un autre monde ici.

On se retrouve ainsi de nouveaux seuls. En tête à tête à tête de con. Autour de nous, l’artère principale se fait plus large, plus stable. C’est genre la place du village. Le centre-ville. Ou un truc du genre. Le silence est pesant encore quelques minutes, alors que sans vraiment y réfléchir, on reprend l’ascension de la pente en direction du sommet de la montagne de déchets. Mongolito est aussi muet qu’une tombe. Faut dire : après le coup qu’il vient de nous faire, il ne fait pas le malin… Histoire de briser ce silence qui m’oppresse, je balance à Red :

« J’sais pas ou t’as appris à négocier toi… »

Puis j’explose de rire. Un rire franc quoi qu’un tantinet nerveux. J’ai jamais été du genre doué pour les interactions sociales. Alors, ouais, clairement, j’aurais pas été capable de faire mieux. Mais mon hilarité ne dure qu’une poignée de secondes, je recouvre immédiatement mon sérieux, jetant un coup d’œil par-dessus mon épaule pour nous assurer qu’on n’est pas suivi :

« … Mais on ne devrait pas rester dans le coin. T’as pris ce connard par surprise. Quand il va piger qu’il a perdu la face, il va vouloir marquer le coup pour s’assurer que ces gars savent toujours qui est le boss ici. Surtout que maintenant il sait qu’on se trimballe avec un vrai trésor dans ce sac à dos… »

Une porte claque, je tourne vivement la tête, blaster déjà en main. Une femme vêtue de haillons se recroqueville sur le perron de sa masure en ruines. Je baisse mon arme. Elle détale en courant. Fausse alerte. D’autres mouvements alertent mes sens. Rapidement, la ville recouvre un semblant d’activités. Les volets se réouvrent. Les gens sortent les bras chargés de tout un tas de saloperies. Plusieurs gamins crasseux dévalent la rue en courant. Des vieux se posent sur des bancs, nous fixant de leurs yeux injectés de sang, signe de toutes les saloperies médicales qu’ils doivent se trimballer. Clairement, la foule nous évite, nous épie, se méfie encore de nous, ne sachant s’ils doivent avoir peur de nous ou de la réaction du big boss après notre altercation. Je grimace. Impossible de surveiller correctement nos arrières avec toute cette activité. Les sbires de Jacky pourraient se planquer n’importe où, prêt à nous faire sauter la cervelle.

« Jacky ne le fera pas. »

Un frisson me parcoure le dos, alors que la voix du mongolito me surprends. Je l’avais complètement zappé.

« Il joue au gros dur pour maintenir l’ordre… Mais s’il ne respecte pas un marché, il va griller sa réputation. Et ici, au fin fond du trou du cul de la galaxie, la réputation est ce qu’un homme a de plus précieux ! S’il la perd, il perdra la confiance de ses gars, et tout le monde se tirera d’ici. Tout son petit royaume s’effondrera. »

Même si ça se tient, j’y crois moyen. Faut jamais sous-estimer les conneries débiles que peuvent faire les petits caïds pour des questions égos. J’suis né et j’ai grandi dans les bas-fonds de Coruscant. Même si ça fait une vie entière que j’y suis pas retourné, j’ai bonne mémoire de toutes les saloperies dont j’ai été témoin. Y’a pas plus dangereux et imprévisible qu’un type s’étant fait couper les burnes par une gonzesse bien roulée. Alors ouais. Peut-être que Jacky va cogiter pendant des lustres pour trouver un moyen de nous faire payer sans niquer sa réputation… Mais c’est certain : il se vengera tôt ou tard. Et comme j’ai la flemme d’expliquer tout ça à l’autre abruti, je me contente de lui répondre par un grognement qui lui intime l’ordre de sa la fermer. Je hausse mon épaule de libre, avant de répondre à la question de Red :

« J’en sais rien…. »

Je lève les yeux vers le ciel… Enfin, vers de gros nuage de pollution qui leur sert de ciel. La montagne de déchet disparait sous les volutes.

« J’sais pas trop à quoi je m’attendais… Mais certainement pas à ça. »

Paye ta réponse constructive. Sous mon crâne ma cervelle cherche une solution… Elle chauffe… Raaah. On est sensé faire le nécessaire pour retrouver les traces des explosifs utilisés pour faire sauter la tour… Et à partir de là remonter la piste jusqu’au Hutt. Si sur le papier ça a l’air simple… Là, franchement, j’sais pas par quel bout commencer…

« Peut-être qu’il faudrait trouver une personne qui en sait plus que nous sur ces ruines. Qui pourrait nous filer quelques tuyaux pour commencer nos recherches… »

C’est pas avec ça qu’on va avancer c’est sûr…

« Faut que vous parliez à Martha ! C’est une veille folle qui habite là-haut. »

Mongolito désigne du doigt une série de bâtisses accroché à flanc du tas de déchets, à une centaine de mètres au-dessus d’Immondice-City.

« Elle n’a plus toute sa tête… Mais elle vivait déjà dans le coin… Avant que la tour ne s’effondre. Y’a une rumeur qui dit qu’elle aurait tout vu ! Que toute sa famille aurait été tué par l’explosion, qu’elle serait la seule survivante… Si tu veux mon avis, même si elle a survécu, elle a snifé trop de poussières, ça lui a flingué la cervelle. Depuis elle vit là-haut, au sein d’une petite communauté de timbrés qui pense que la fin de la galaxie est proche… Tout le tralala habituel des illuminés du genre… »

Je regarde là-haut, je regarde Red. Impossible de piger ce qu’elle en pense au travers de mon masque intégral. Mais bon… Comme j’ai pas mieux, et elle non plus j’imagine je lâche un :

« Ok. On y va. »

Mais Mongolito réagit direct :

« Attendez ! Attendez ! Le deal s’était de vous conduire ici ! Pas d’aller là-haut ! J’vous ai dit, ces types sont barges. J’veux pas y aller ! Posez-moi ici, je me démerde pour rentrer ! »

Pour être franc, c’est pas par bonté que j’obtempère… Non, jusque que j’en ai vraiment ma claque de ce gars qui pue la merde. Je le pose au sol sans ménagement, au milieu de la rue. Il lâche un grognement, la face dévorée par la douleur, lorsque sa jambe fait bisou bisou avec le plancher des banthas. Il tient à peine debout tout seul. J’sais pas où il habite, mais qu’il flippe assez pour tenter l’aventure tout seul… Ça n’augure rien de bon. Mais bon. Echange une bande de barges pour une autre bande de barges, techniquement ça change pas grand-chose pour Red et moi. Je fouille dans le sac, choppe une cellule d’énergie, et la lui file. Moi aussi j’suis du genre à tenir parole. Surtout que bon, franchement, à mes yeux ces machins n’ont strictement aucune valeur. J’lui fait un signe d’adieu sous la forme d’un majeur dressé, puis je lance à Red :

« Parée pour l’ascension ?! »


                                                                   ****

Pendant ce temps, casino du clan Dejsadii,

L’holoroulette tourne à une vitesse hallucinante. Dib sautille sur place, les papattes chargées de jetons multicolores qu’il a reçu en échange d’un bon millier de crédits. Sourire carnassier aux lèvres, il en oublierait presque sa mission, hypnotisé par les rotations de la roulette. Il en oublierait surtout que cet argent ne lui appartient pas… Qu’il s’agit de fonds débloqués par l’Astre pour cette mission… Et que s’ils n’obtiennent pas les résultats escomptés, ils devront les rembourser d’une manière ou d’une autre. Le droïde croupier, buste humanoïde plaqué or incrusté à la table de jeu lance la procédure d’usage :

« Faites vos jeux ! »

Aussitôt, la dizaine de joueurs assis autour de la table de jeu posent leurs jetons. Certains misent sur une couleur, d’autres sur les chiffres. Dib, frénétique, balance ses mises un peu partout, sans réelle logique. Son voisin de gauche, un dévaronien patibulaire explose de rire. Il lui file un coup de coude avant de l’invectiver :

« Hey ! Tête de cadavre. C’est ta première fois ?! Ahah, tu vas te faire plumer… »

Dib l’ignore. Trop excité. Sa technique à lui, c’est l’instinct. L’intuition. Il pose d’abord plusieurs jetons sur la table… le 1, le 36, le 11… Mais agacé par les ricanements de son voisin, il balaye ses mises, et pose l’intégralités de ses jetons sur son chiffre porte-bonheur : le numéro 23. Son mois de naissance. L’autre se fige, surpris par une mise aussi… folle. Dib lui lâche un sourire carnassier, puis se tourne vers Greeny qui le fusille déjà du regard.

« Pas de stress… Je… Heu… Maitrise parfaitement la situation. »

Il dégluti bruyamment, ayant d’un coup pleinement conscience de s’être un tantinet emporté.

« Les jeux sont faits ! »

Le droïde presse une touche sur son tableau de bord. Une bille virtuelle, fluorescente, apparait flottant au-dessus de l’holoroulette. Il presse une seconde touche. Un cadran composé de deux chiffres qui défilent à vive allure se forme. Rapidement ils ralentissent… Puis s’arrêtent. Le croupier cybernétique annonce :

« Simulation de gravité à 3.2G »

La bille holographique est lâchée sur la roulette. Elle s’écrase dessus à une vitesse plus de trois fois la normale, avant d’être prise dans le tourbillon infernale des rotations. Un compte à rebours s’affiche. Dix, neuf… Huit, sept, six, cinq… Quatre…

« Rien ne va plus ! »

Trois, deux… Un… La roulette se fige. La bille roule encore une poignée de secondes… Avant s’arrêter sur la case portant le numéro… Vingt Trois !

« 23, rouge, impair et passe ! »

Dib explose de joie, couvrant de ses éclats les annonces des gains énumérés par le droïde croupier.

« Tu vois je te l’avais dit ! Je gère ! Haha ! Raboule les jetons tas de boulons ! »

Mais aussitôt, la situation dérape. Le Dévaronien se redresse, renversant son siège.

« Il a triché ! J’ai tout vu ! Il a changé sa mise au dernier moment ! Juste après que sa petite copine ait trifouillé un truc dans sa robe ! »

La rumeur s’amplifie autour de la table, d’autant plus que Dib n’est pas du genre à se laisser traiter aussi facilement :

« T’es Jaloux face de cul ?! C’est qui le cadavre maintenant hein ?! Va te faire foutre ! J’ai pas triché, j’ai juste de… »

Il est coupé dans son laïus par une main énorme qui s’écrase sur sa petite épaule poilue. Il tourne vivement la tête, découvrant un agent de la sécurité. Probablement un Epicanthix vu sa carrure. Plus de deux mètres, une montagne de muscles encore plus impressionnante que Korgan. Il se fige. Lâche sur un ton soudain plus calme :

« C’est vrai m’sieur… J’ai pas trich… »

Et si cet enfoiré avait raison ?! Et si Greeny avait… Oh !

Manu-militairi, les deux protagonistes sont escortés jusqu’au bureau du directeur, ou les attend un Muun particulièrement antipathique. Svelte, très grand, le crâne proéminent. Il se tient debout, derrière son bureau imposant. La double porte capitonnée claque derrière le duo capturé. Le type de la sécurité les force à s’assoir sur deux sièges rembourrés incroyablement confortables. Il reste juste derrière yeux, mains posées sur les hanches, attendant les ordres. Le Muun leur offre un regard d’une condescendance indescriptible. Ses longs doigts jouent fréquemment avec le cordon de son monocle. Malgré toute la tension qu’il est impossible de ne pas ressentir, il s’adresse à eux d’un ton froid et calme :

« On m’a rapporté une… irrégularité. »

Il presse de son autre main plusieurs boutons enfichés dans la bordure de son bureau. Une cloison coulisse derrière lui, révélant un holoécran géant. Il s’allume. S’affiche alors les images filmées par les caméras de surveillance dissimulées un peu partout dans l’établissement. Dib et Greeny sont de dos, assis à la table. Le son est désactivé. C’est donc en silence, que la bille holographique retombe sur le numéro 23. L’image se fige. Le directeur reprend :

« Vous avez pris le temps de repérer la position des caméras avant de choisir votre table… »
« Non pas du tout… »
« Suffit ! »

Dib se tait, sentant la présence imposante du gars de la sécurité dans son dos. Intérieurement il peste. C’est Greeny qui a choisi la table… Aurait-il tout prévu depuis le début ?! Si c’est le cas alors….

« On voit clairement que votre amie… »
« Bon, ok, je craque ! J’avoue ! J’ai triché ! »

Silence lourd de sens. Le Muun peine à cacher sa surprise. Surement que peut son ceux qui avouent aussi facilement.

« Mon… Amie… n’a rien à voir là-dedans… Je voulais juste l’impressionner un peu… »
« Il va me falloir de plus amples explications pour que je vous crois. »
« Oui… Oui… Je… »

Il ouvre grand la gueule, révélant une série de petites dents acérées, avant de plonger sa petite patte velue dedans. De sa bajoue, il ressort un petit objet cylindrique, noir, mate, couvert de bave. Le Muun détourne les yeux, dégouté.

« C’est un parasiteur Alphatech dernière génération. Commande vocale. J’ai juste à annoncer un numéro et… »
« N’importe quoi. Jamais entendu parler d’un dispositif pareil ! »
« Ouais, bah, c’est pour ça qu’on vous a plumé… »

L’autre en face s’empourpre. Il ordonne sans ménagement à l’Epicanthix de confisquer le dispositif suspect. Mais, juste à l’instant où celui-ci pose ses énormes paluches dessus, Dib presse un petit bouton dissimulé à la base du cylindre. La seconde suivante, le taser s’allume. Le gorille est électricité. Il s’effondre, pris de convulsions, les yeux exorbités, la langue pendante. Le Muun lâche un hoquet de surprise, se jette sur son bureau dans l’espoir de déclencher l’alarme du casino… Mais Dib bondit, s’interpose, les babines retroussées, exhibant une dentition de carnivore en parfait état.

« Un seul geste, un seul cri, et je t’attache la gorge, pigé tête d’œufs ?! »

Le pire, c’est qu’il en serait vraiment capable. Sans quitter une seule seconde sa proie des yeux. Une proie transit de peur. Il demande à Greeny :

« J’imagine que c’était ton plan depuis le début hein ! La roulette, la triche, le bureau du directeur… Bon… C’est quoi la suite ? Je vais chopper une crampe aux lèvres avec tes conneries ! »


                                                                        ****

Pratiquement une demi-heure plus tard, dans les hauteurs d’Immondice-city,

L’ascension a été plus lente, plus pénible que prévue. Je peste, à bout de souffle. Cette foutue montagne n’est qu’un tas de saloperies posées les unes sur les autres. Le moindre faux pas, c’est risquer de se faire entrainer par un éboulis ! Rapide coup d’œil derrière moi. La ville en contre-bas parait encore plus bordélique vue d’ici. Comme une fourmilière dont les fourmis seraient devenues complètement tarées. La ville serpente le long de ce flanc. La rue s’arrête définitivement trente mètres plus bas. Il a fallu terminer l’ascension avec les moyens du bord… Conneries. Au moins d’ici, on peut être certain de ne pas avoir été suivi héhé.

Devant nous, s’élève une palissade de fortune, montée à l’arrache à coup de tôles ongulées et de morceaux de tiges de fer rouillées. Trop solide pour être aisément défoncée. Trop fragile pour être escaladée. Putain, y’a pas trois milles solutions pour entrer. De toute façon, on n’est pas monté jusqu’ici pour chercher la merde. Même s’il parait que les types de l’autre côté sont genre des barges sectaires croyant en la fin imminente des temps galactiques, nous on veut juste tailler le bout de gras avec la vieille Martha. J’sais vraiment pas si on pourra en tirer quelque chose… Mais bon. Ce plan a le mérite d’exister, et de nous offrir un mince espoir d’obtenir assez d’informations pour focaliser nos recherches sur un secteur précis de ce tas d’ordures à ciel ouvert.

Du coup, ni une ni deux, je m’approche de ce qui semble être la porte et cogne trois grands coups dessus. C’est comme donner un coup de poing dans un gong. Le bordel me pète les tympans. D’abord il ne se passe rien. Seulement le silence après la cacophonie. Alors je lève le poing pour tambouriner un autre coup… Mais des bruits pas de l’autre côté de la palissade me font changer d’avis. Je me fige. Mon autre main glisse vers la crosse de mon blaster.

« Qui va là ?! »

Le type est tout sauf amical. Soit ils ont pas l’habitude des visiteurs… Soit ils les aiment pas. Surement un peu des deux j’me dis. Bon. Je pourrais laisser Red recommencer son numéro de diplomatie… Mais mon petit doigt me dit qu’elle a eu sa dose. On va essayer de se la jouer cool cette fois :

« On est deux. On veut pas d’histoires… »
« Alors dégagez ! »
« Ouais… On dégagera lorsqu’on aura parlé à Martha. »
« Elle ne veut voir personne ! »
« On veut juste lui parler, putain de bordel de merde ! Ça vous coute quoi de nous laisser entrer ?! On vous dédommagera pour le dérangement si y’a que ça… »

Là, le type de l’autre côté de la tôle ondulé pige un truc : qu’on ne va pas se barrer aussi facilement. Quelque chose crisse, un autre machin grince. La seconde suivante, la porte s’entrouvre… Je recule d’un pas, le canon d’un fusil hors d’âge à quelques centimètres de mon front. Le type, pas bien vieux, la vingtaine à tout casser, avance à ton tour. Dans mon dos, je fais un signe à Red : celui de ne rien faire. On dirait pas comme ça, mais je gère ! C’est pas le premier type qui me colle son canon sur la gueule ! Ni le dernier j’imagine. Enfin. Sauf si je me foire. Il beugle :

« JE VOUS AI DIT DE DEGAGER ! LAISSEZ MARTHA TRANQUILLE ! »

Son halène fétide m’arrache un rictus de dégout. J’en viens à douter. Qu’est-ce qui est le plus mortel ? L’air qui sort de sa gueule ou son arme antique rafistolée à de multiples reprises ? Ses yeux d’un bleu cristallin me fusillent, entre ses mèches blondes négligées. Je fais mine d’obtempérer… Je lève les deux mains, paume en avant, pour lui montrer que je suis cool.

« Comme je viens de le dire mon pote, on ne veut pas de… »
« JE NE SUIS PAS TON… »

Je ne le laisse pas termine cette phrase. Je réagis avec une célérité due à des centaines d’heures d’entrainement. Ma main gauche se plaque sur le canon de son arme, le repousse. La droite se jette sur la crosse, que j’arrache des doigts de son proprio. La seconde suivante, c’est moi qui le menace avec sa propre arme, posée juste entre ses deux sourcils. Je lui décoche un sourire amusé :

« Tu disais, mon pote ?! J'crois que je t'ai coupé la chique héhé »

Il se renfrogne, grogne. Mais contrairement à ce que j’avais imaginé. Il ne se fait pas dessus. Ce type a un minimum de couilles. Je presse le canon sur son front, le forçant à reculer. Lentement, on pénètre dans l’enceinte fortifiée. D’autres gars sont à l’intérieur. Une bonne dizaine. Mais tous ne sont pas armés. Ceux qui le sont me mettent direct en joug. Je fais :

« Un seul geste, et je repeins votre pelouse avec la cervelle de votre copain, suis-je clair ?! Alors vous allez baisser vos armes ! J’ai dis que je ne voulais pas d’emmerdes ! On baisse les nôtres, pigé ?! »

Haha, l’irone de la situation, c’est qu’il n’y a pas un seul brin d’herbe dans le secteur… Mais personne semble piger la vanne. Ça cogite grave d’un coup. Deux jeunes balancent leurs fusils. Mais trois plus anciens, entre quarante et cinquante balais je dirais, hésitent encore. L’un, la voix rendue graveleuse par l’abus de drogue et l’alcool me lance :

« Qu’elles garanties as-t-on ?! Si on baisse nos armes, tu peux tout aussi bien nous tirer dessus ! »

Ouais. Pas faux. Je cogite, m’apprête à dire un truc… Mais une nouvelle silhouette fait son apparition. Une veille femme, enroulée dans une toge d’un blanc quasi immaculé. Le contraste avec la crasse ambiante est si violent que mon cerveau bug l’espace d’une fraction de seconde. Un regard intense se pose sur Red et moi. Elle lève une main et ordonne :

« Tout le monde pose ses armes. »
« Mais, Martha… »
« Daniel, est-ce de cette manière que je vous ai appris, à tous, à accueillir les visiteurs ? Ces gens sont entrés. Ils ont par conséquent nos invités. »
« Mais, s’il… »
« J’ai donné un ordre Daniel. Regardez-les encore. Ces deux-là ne sont pas de la bande à Jacky la balafre. Ses sous-fifres ont déjà récolté leur impôt la semaine dernière… Et ils n’ont rien des désespérés qui viennent tambouriner à notre porte dans l’espoir que mes visions leur offrent une chance d’avenir meilleur. Non. C’est deux-là ont quelque chose de plus important à demander. »

Pour une vieille folle, elle est loin d’être conne. En tout cas, il se dégage d’elle un charisme naturel, malgré sa silhouette voutée, sa chevelure grisâtre éparse. Ses adeptes obtempèrent sans un mot. Même ce Daniel qui visiblement n’apprécie guère la tournure des évènements. A mon tour, je baisse le fusil, avant de le refourguer à son propriétaire. Je me tourne vers Martha, ouvre la bouche pour lui dire un truc mais elle me coupe aussitôt :

« Soyez patient jeune homme. Il se fait tard. En tant qu’hôtes vous êtes ici chez vous. Il y a de l’eau purifiée à votre disposition si vous voulez vous… Laver de toutes les impuretés qui trainent ici. Le repas sera servi dans vingt minutes dans la salle commune. Alors nous pourrons échanger. »


                                                                    ****

Vingt minutes plus tard, salle commune,

Martha n’a pas menti. C’est loin d’être aussi jouissif qu’une bonne vieille douche… Mais j’ai pu me laver les mains, le visage… Et me passer un coup sur le reste du corps, afin de me débarrasser de cette saloperie huileuse qui me collait à la peau depuis notre arrivée dans les bas-fonds. Mon T-shirt est encore détrempé malgré l’essorage musclé… Mais n’ayant d’autres fringues à ma disposition, je l’ai renfilé aussitôt. J’ai juste l’impression de porter un haut transparent. J’ai les tétons qui pointent… Je pourrais presque couper du beurre avec ! Tout ce petit monde est assis sagement autour de la table. Plusieurs enfants dans l’angle. Martha à l’extrémité, nous pas très loin. Les autres se sont installés sans un mot, à des places probablement pré-attribuées. Une femme, elle aussi en toge blanche, remplit les assiettes d’une sorte de soupe infecte, à grands coups de louche. Les gamins se jettent dessus, affamés, mais les adultes attendent patiemment que tout le monde soit servi. Serait-on tombé dans un havre de civilisation au milieu de cette anarchie ? Par expérience, je sais que les trucs trop beaux cachent toujours des saloperies moins reluisantes. La femme s’arrête à coté de Red et moi. Nous regarde. Regarde Martha qui lâche un sourire amical. Elle nous fait :

« Ne le prenez pas mal… Mais je doute que cette soupe soit adaptée à vos estomac. Et mon intuition me dit que vous n’aurez sûrement pas envie de la gouter… Alors autant ne pas en gâcher. »

La servante passe donc sans nous en servir la moindre goutte. Enfin elle s’occupe de Martha, en dernier. Yeux mi-clos, celle-ci récite alors un psaume chelou :

« Père de l’univers. Ceux qui ont observé l'avenir rendent hommage à votre œuvre. La sérénité de nos cœurs bienveillants vous accompagne dans la fin des temps… »

Et blablabla. Le tout dure une bonne dizaine de minutes. Je suis là, figé, incapable de formuler la moindre pensée cohérente face à un comportement aussi… déroutant. Oui, définitivement. Ces gens sont complètement timbrés. Enfin, une fois les bénédicités récitées, Martha se tourne vers Red et moi. Elle me désigne de sa fourchette :

« Vous. Votre visage m’inspire confiance. »

Putain, c’est bien la première à le dire. Ouais clair. Elle est complètement fêlée. Ou alors c’est juste une putain de forme d’ironie parce que Red porte son masque ?!

« Qu’êtes-vous venu cherchez au sein de notre communauté. Comme vous le voyez, nous sommes des gens simples qui n’inspirent que la sérénité en attendant la fin des temps. »
« Ouais, je vois ça. »

Putain Korgan, bon. Essaye de synthétiser le truc.

« On est à la recherche de quelque chose… »
« Comme tout le monde »
« Heu… Ouais, je suppose. »

Raaah, si elle me coupe toutes les trente secondes, ça va pas le faire ! Est-ce sa manière de me dire : arrête de tourner autour du pot petit ? Du coup j’enchaine, droit au but :

« Nous enquêtons sur ceux qui ont fait sauter cette tour. »

Lorsque je dis « cette tour », mon index pointe le sol sous nos fesses.

« Une… personne… Nous a dit que vous pourriez nous renseigner… Que vous étiez-là le jour où tout a explosé. »
« Cette personne dit vrai. »

Excellent ! Putain, enfin une bonne nouvelle !

« Que s’est-il passé ? Où l’explosion a eu lieu ?! Peut-on s’approcher encore aujourd’hui de cet endroit ?! »

Elle ricane, doucement.

« Tant de questions… Par où commencer ?! Oui. J’ai tout vu. Deux spectres. La création immaculée. La destruction tout de noir habillé. L’ultime guerre entre le bien et le mal. L’Epilogue des temps. »

Heu… J’ai raté un épisode où ?! Qu’est-ce qu’elle raconte ?!

« La création a lutté, du mieux qu’elle le pouvait… Mais la Destruction l’a emporté. De ses griffes sont nées les gerbes de feu qui ont tout détruit. Tout le monde a été… pulvérisé. Excepté moi. J’ai été choisi par le Père créateur comme messager. Messager de la fin des temps. Le cœur des êtres doit s’emplir de sérénité avant la fin de toutes choses. Ou alors, ils iront rejoindre Destruction dans son antre fétide et haineuse pour le reste de l’éternité… »

Oh, merde. C’est quoi ce PUTAIN de charabia ?!

« Donc oui. Pour vous répondre : j’étais présente. J’ai tout vu. Et j’ai décidé d’établir mon sanctuaire sur les lieux même du désastre. C’est exactement sous nos pieds qu’a eu l’explosion cosmique après la défaite du Bien face au Mal… »

Sous nos pieds ? L’explosion ? Elle est sérieuse ou c’est juste un autre délire ?! Cette femme est-elle complètement folle, ou juste… Complètement folle ?! J’ouvre la bouche pour répondre un truc, mais du grabuge dehors me fait vivement tourner la tête vers la porte donnant sur l’extérieur. Elle s’ouvre en grinçant, un type entre, souffle court !

« C’est Jacky… Ils… »

Dans son dos, plusieurs détonations de blasters retentissent.

« Ils nous attaquent !! »

Je me redresse d’un bon, flingue en main. Putain fallait s’y attendre à celle-là ! Avec une célérité déconcertante, les vieilles disparaissent avec les enfants. Tous les adultes se jettent sur les armes entreposées dans des rack fixés aux murs. Martha, debout sur la table, un pied dans son bol de soupe, hurle comme une démente :

« ILS ONT OSES PROFANER NOTRE HAVRE ! ILS VONT PERIR DANS LE SANG ET LA SOUFFRANCE ! »

Elle plonge la main dans un pan lâche de sa toge, d’où elle sort un fusil à canon scié. Antique arme fonctionnant encore à la poudre et aux balles. Elle le lève bien haut. Tire un coup dans le plafond.

« POUR LE PERE DE LA CREATION ! »

Je jette un coup d’œil à Red… J’sais pas quelle expression j’ai sur la gueule exactement. Mais y’a pas à dire : on est tombé chez des putains de barges ! Mongolito nous avait prévenu non ? Ce qui est sûr pour autant, c’est que Jacky est revenu nous faire la peau… Et qu’il va le payer cher cet enculé.
Invité
Anonymous
Casino du clan Dejsadii – Une heure plus tôt…
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Elle a simplement rien bité à ce qu’il vient de se passer. Son cœur, pourtant du genre bien accroché, a, en quelques minutes, atteint et l’apogée et les abysses de ses humeurs. Elle a pas eu le temps de se voir pratiquement millionnaire que déjà elle se retrouve menacée de mort et l’autre belette qui pète une pile et se la joue agent secret… C’est de la folie ! Et le pire dans tout ça ? ça l’amuse terriblement ; alors forcément, quand il lui demande si elle y est pour quelque chose, elle hurle de rire comme un Rodian (c’est assez désagréable comme son, faut l’avouer).

« J’imagine que c’était ton plan depuis le début hein ! La roulette, la triche, le bureau du directeur… Bon… C’est quoi la suite ? Je vais chopper une crampe aux lèvres avec tes conneries !

– Mais tellement pas, ma belette ! Qu’est-ce que tu crois ? Qu’on trafique une table de jeux en un claquement de doigts ? Entre l’étude du modèle, la recherche du fabricant, l’études des algorithmes, des codes, c’est pratiquement deux ans de boulot seul que tu dois abattre ! C’est pour ça que ça vaut pas le coup de tricher, c’est une perte de temps quand t’as pas d’potos pour t’épauler ou de contact avec le mec qui la mise au point. Non, non, mon con, t’as vraiment gagné et ces connards-là voulaient juste pas nous filer la caisse ! Putain… On était pratiquement millionnaire avec ça, et v’là qu’ils vont vouloir nous faire la peau, Tête-de-Gland&Co.

M’enfin… Puisqu’on est là, autant en profiter non ? Monsieur Tête-de-Gland, comme mon copain vous l’a suggéré, vaudrait mieux pour vous, ou du moins pour votre intégrité physique, vous montrez sympathiques. On va rien voler, on va rien dégrader, on va pas vous couper les balls du moment que vous vous tenez à carreaux. En vrai, j’peux même vous certifier que, mis à part une petite frayeur, vous ne garderez aucun souvenir désagréable de notre venue et n’en découlera aucune emmerde. R’gardez, j’vais même aller jusqu’à faire un truc tout bête. »


Malgré ses belles paroles, le Muun a un sursaut lorsqu’elle se lève et passe de l’autre côté du bureau en quelques pas élancés. Elle saisit le fauteuil roulant du monsieur, le tire en arrière doucement et allume son terminal.

« Voyez, on est juste-là pour accéder à certaines images. Rien d’autre. Du coup, si tu me donnes tes identifiants, Monsieur Gland, j’fais tout mon bidouillage sous tes yeux pour que tu puisses avoir la certitude que je ne prends rien d’autres que ces images. »

Elle s’assoit sur le bureau, attendant la réponse de l’autre qui, il faut bien le dire, est totalement sidéré par ce qui est train de se passer.


Camp de Martha&Co’ – Une heure plus tard…

Que dire ? que dire ? que dire… C’est assez drôle en fait, que le sommet de la connerie soit atteint au sommet de la crasse. Dans ce pays de cons, ils viennent de trouver les seigneurs et putain c’que ça valait le coup d’grimper jusque-là. Y a deux secondes, Madame-J-Ai-Tout-Vu a sauté sur la table, p’tit pepon au bout du bras, pour hurler la charge et la voilà maintenant, sur la dite table, à se tordre comme un ver de crasse. Qui est assez con pour tirer, à son âge, avec une telle arme, à une main, sans se mettre caler son bras ? Bah, sans surprise, c’est carrément le poignet ET le coude de la vieille qui sont partis en couille du même coup et qui traînent maintenant par terre, refusant de suivre les spasmes qui vont et viennent dans le reste de son corps. Si c’était pas complètement con de se face-palmer quand on a un masque et une main d’acier, elle l’aurait bien fait, Red.

Gonzy-chéri a déjà les blasters tout de hors et les coups de feu se multiplient à l’extérieur de la barraque. Y a un souci évident : les murs sont pas assez épais pour retenir les tirs à énergie. Si l’autre connard a l’idée de faire arroser la barraque, ils vont se faire cribler sans même pouvoir répliquer. Repoussant sa chaise tranquillement, elle fait signe à son coéquipier de la couvrir une minute. Attrapant l’un des connards qui trainait là, elle lui le secoue fortement afin d’attirer son attention avant de lui demander :


« Ce mur, là, il donne sur l’extérieur, ducon ?

– Bah… bah… oui, pourquoi ? Faut aller à la porte, ils sont à la porte, qu’est-ce tu fous ? »

Sans trop de ménagement, elle le balance littéralement par-dessus la table en direction de la porte qu’il souhaite tant rejoindre. C’est tellement le bordel qu’il n’y a pas grand-monde pour le remarquer. Plutôt que de sortir par-là où on les attend, Red, elle a bien envie de ménager un p’tit effet ; elle active sa lame, découpe proprement plusieurs épaisseurs de métal fine comme une peau de bébé et VLAN, un grand coup de pieds pour faire sauter le tout.

« Camarade Gonzy, je crois que je viens de trouver une porte dérobée ! Si nous allions expliquer gentiment à Jacky qu’il aurait mieux fait d’écouter la dame quand elle lui a conseillé de fermer sa gueule et de s’occuper de ses affaires ? »
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Casino du clan Dejsadii – Au même moment…
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Vu qu’il a eu le choix entre se faire égorger comme un gizka ou coopérer, curieusement, Monsieur Gland a choisi de se montrer conciliant ; m’enfin, là, après pratiquement une heure à devoir être sympathique avec ses tortionnaires – pourtant fort amicaux – il commence à montrer quelques signes d’impatience.

« N’en avez-vous donc jamais assez ? J’ai déjà fait preuve de beaucoup de patience et…

– Votre service informatique ne serait pas complètement demeuré, Monsieur Gland, tout serait déjà fini ! Quel foutoir ! M’enfin, avec ces images, on devrait en avoir assez. Elle finit par débrancher son pad et revenir au menu principal du terminal toujours sous le regard inquisiteur du patron. Alors, que faisons-nous ? Allez-vous oublier cette malheureuse méprise et nous laisser repartir sans plus de souci ? Après tout, nous avons été réglos, on pourrait simplement dire qu’en échange de votre aide, nous laissons généreusement nos gains – obtenus honnêtement malgré toutes les probabilités – mmmh ? »

Tout en parlant, elle replace la chaise de bureau du cador, qui continue de siéger à sa position initiale mais, contre toute attente et au dernier moment, elle frappe puissamment dans les roues de celui-ci, l’envoie ainsi valser loin en arrière, entraînant la chute vers l’avant du patron dont elle a endormi la vigilance, saisit au vol sa nuque de gland et fracasse littéralement sa face déjà fort plate sur le terminal désormais bleu et sang. Au juger, il en aura pour une grosse demi-heure à compter les diodes qui tournent déjà autour de sa tête.

« Bon, belette, on a ce qu’il faut mais mieux vaut ne pas trainer ! Aller, zou ! Je te suis. »
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Sommet du tas de merde – Au même moment…

What a surprise ! Dehors, ça pétarade à tout va et déjà le tiers des crétins qui se sont lancés dans l’assaut rampe au sol en priant qu’on les achève tandis que les autres fous furieux continuent de se battre même les deux bras arrachés – pris par une frénésie toute sectaire. Les deux comparses, sortis en toute discrétion, rampe dans les amas de merde et les trucs branlants. Clairement, si Red est pas déjà parti, c’est avant tout pour les gamins qu’elle a vu disparaître. Elle sait pertinemment, au fond d’elle, que si ça part en vrille, les gars de la bande de Brutus-Débilus-Kaïminus vont pas les épargner : prostitution, esclavage, mort… Autrefois, et même y a pas si longtemps, elle en aurait rien eu à foutre mais là… Et puis, s’ils les éliminent maintenant, ces guedins, y aura pas besoin de s’inquiéter pour eux plus tard. M’enfin… Quand même, ils peuvent pas… Raaahhh ! Bon, elle a pas prévu ça mais c’est pas comme si elle a trop le choix, elle peut pas se permettre d’embarquer Gonzy là-dedans sans… Bon. Alors qu’ils sont bien planqué derrière un énorme tas de trucs, elle s’arrête soudain et se retourne – sans son masque.

« Bon, mon Gonzy-chérie, j’vais pas te mentir, stratégiquement, vaut mieux qu’on se fasse la malle mais… On peut pas laisser ces dégénérés raser e camp. Y a trop d’enfants et même si ce sont des enfants qui deviendront tarés un jour, peut-être qu’ils le seront pas tous au même degré. Alors j’suis d’avis d’aller régler son compte à la bande de péquenaud qui se trouve là-bas derrière et de mettre fin au règne de terreur de Joe-Le-Rigolo. T’es pas obligé d’me suivre, j’assume mon élan d’héroïsme gerbatif. Du coup… »

Elle a plus qu’à attendre sa réponse. Selon, soit elle fait diversion en partant bien loin, soit ils rentrent ensemble dans le tas et ça, ça risque de donner une scène dantesque comme les holofilms sauraient pas vous en faire avaler.
Korgan Kessel
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Planqué derrière un tas de bordel, monticule de merdes sans nom, je mate la scène de guerre préhistorique. Les deux camps sont déchaînés. Ils se tirent dessus avec des armes sorties d’un autre temps. Les crânes explosent, les membres volent. Putain de boucherie. C’est du grand n’importe quoi… Je repense à la vieille Martha. Je soupire. Je commençais à bien l’aimer moi… Je sens le regard de Red sur moi, tourne la tête, hausse un sourcil en la découvrant sans son masque. Première fois que je mate son visage… Mais vu le contexte, on peut pas dire que je prenne le temps d’apprécier, ou non, le truc. Dans ses yeux brille un éclat intense. Avant même qu’elle n’ouvre la bouche, je sais que c’est pas pour dire des conneries. Je hoche lentement la tête, pose ma grosse paluche sur on épaule.

« T’inquiète Red. J’suis avec toi, jusqu’au bout. Et puis, entre nous… Les trucs cons et stupides, c’est ce que je sais faire de mieux… »

Je lui lâche un sourire amical. Histoire qu’elle se décoince un peu. Elle a l’air un poil tendu. Est-ce à cause de la présence de gamins au milieu de tout ce bordel ? Y aurait-il finalement un cœur sous cette combinaison intégrale ? Mentalement je hausse les épaules. C’est une gonzesse après tout.

« De toute façon, si on en croit les paroles de la vieille folle, ce qu’on cherche se trouve juste sous nos pieds… Alors on va faire un peu de ménage, et après on reprend la mission, ça marche ? »

Je relâche la pression sur son épaule, plonge ma main dans l’une des poches de mon pantalon crasseux. J’en ressors deux grenades en piteux état, à moitié bouffées par la rouille. J’en balance une à la miss :

« J’imagine que tu sais t'en servir... »

Je les aient trouvées dans le tiroir d’une commode de la salle commune quelques minutes plutôt alors que la Twilek s’excitait sur le découpe des tôles de métal. Genre rangées juste à côté des cuillères et des fourchettes. Quelle belle bande de tarés… Même si elles peuvent paraître dégueulasse, je m’y connais assez en explosif pour certifier qu’elles sont encore opérationnelles.

« A trois ! Un… Deux… TROIS ! »

Je me redresse, arrache la goupille d’un coup de dent et balance la grenade aussi loin que possible. Plusieurs types me captent, lève leurs armes rudimentaires dans ma direction. Ils font feu… Mais au lieu de me jeter au sol, je bondis en avant, arme déjà en main…

Au même instant, la grenade retombe, roule sous le 4x4 rafistolé de toutes parts qui a permis à la bande de Jacky-les-emmerdes de monter jusqu’ici aussi rapidement. Les enculés calculent le truc bien trop tard… Elle explose. La détonation est tonitruante. Le véhicule est soulevé dans les airs de plusieurs mètres, retombe lourdement sur le côté, bouffé par les flammes. Des débris sont projetés dans toutes les directions… La seconde grenade explose à son tour. Autant dire que c’est le chaos le plus total…

Mais je ne perds pas une seule seconde en observations inutiles. Arme braquée droit devant moi, je presse la détente, commence à arroser tout ce qui bouge, et même ce qui ne bouge plus. Les deux mains sur la crosse de mon flingue, œil au niveau du canon, une posture tout ce qu’il y a de plus militaire et efficace. Tout en tirant, j’avance, froidement. Un pas après l’autre, la visée assurée. Je fauche un type au visage, un autre à l’épaule. Un troisième au ventre. Une silhouette sort de son couvert, riposte. Le laser me frôle, mais je la descends aussitôt. La gorge carbonisée, le gars retombe en arrière en émettant des gargouillis écœurants. Non loin, Red aligne tout autant de types. Elle aussi assure. Putain, on forme un sacré duo. Plusieurs autres gars, à moitié déchiquetés vivants par l’explosion gémissent en essayant de se relever, l’air hagard, complètement déboussolés… Je les descends, tous, les uns après les autres sans leur laisser la moindre chance.

Pendant ce temps, la carcasse du 4x4 continue de cramer. Les flammes montent à trois ou quatre mètres de haut, libèrent une fumée noire, épaisse, irritante aux muqueuses. Plusieurs silhouettes gigotent de l’autre côté du rideau de flammes, en hurlant. J’avance encore… Un pas, deux pas… Lorsque, soudain, l’épave explose. La déflagration est si violente que je suis repoussé en arrière, manquant de perdre l’équilibre. Des flammèches sont projetées un peu partout, retombent lentement au sol. Plusieurs incendies secondaires se déclenchent autour de nous. Faut dire, le sol est bardé de tout un tas de trucs inflammables. Rapidement, les nouveaux brasiers gagnent en intensité. La chaleur monte de plus en plus… Mais je ne lâche rien. Je reprends ma marche infernale, doigt crispé sur la détente, alignant tout ce qui a le malheur de passer devant mon canon. Enfin… Enfin, jusqu’à ce qu’un tir m’atteigne à l’épaule. Je laisse échapper un grognement de douleur, me jette au sol.

Putain ! Je roule, me redresse en position accroupie, vide le reste de mon chargeur sur l’enculé planqué derrière un morceau de tôle arraché à l’enceinte du village. Je le reconnais direct. C’est pas un des gars de Jacky le connard… Non… C’est Daniel. Ou plutôt c’était. Plusieurs de mes tirs le fauchent. Il s’éclate la gueule dans la merde, visage transformé en une bouillie informe à moitié carbonisée… Comme quoi, dans ces bas-fond merdique, on peut faire confiance à personne.

Une bourraque se lève. Un air chargé d’odeur de sang et de fumée me rentre dans les narines, me pique les yeux. L’odeur du chaos que je ne connais que trop bien. Un grondement sinistre me fait vivement tourner la tête. Le sol sous l’épave du 4x4 se dérobe. La seconde suivante, un impressionnant glissement de terrain l’emporte lui et une bonne douzaine de cadavres encore chaud vers Immondice-city, en contrebas. Je bondis, sentant le sol sous mes pieds bouger à son tour. Je termine mon sprint dos contre un morceau de palissade encore intact, à proximité de Red. Je recharge, mâchoires serrées, à bout de souffle, avant de presser ma main non armée contre la plaie suintante à mon épaule. L’éboulement produit un tel bordel, que je n’entends plus rien d’autre… Et enfin, lorsque celui-ci s’arrête, c’est un silence de mort qui nous pète les tympans. Le vent souffle de nouveau. Il s’engouffre en sifflant entre les jointures approximatives des tôles élevées en palissade. Je tends l’oreille, ose passer la tête par le trou géant qui fut jadis la porte du campement des tarés qui habitent ici…

Rien. Nada. Que t'chique. Aucun mouvement. A croire que tout ce qui se trouvait dans les parages est raide mort… Mais par expérience, je sais que les apparences sont trompeuses. Pour autant, on ne peut pas rester là à attendre. Qui sait si d’autres types, attirés par tous ces cadavres, vont pas se pointer sous peu ? Je pénètre donc prudemment dans l’enceinte du campement. Plusieurs bâtisses brûlent. Une autre est éventrée. La salle commune semble intacte. J’avance encore, mon pied butte sur un bras tronçonné au niveau du coude. Toujours aucun signe de vie… Fait chier, je déteste ça. On est trop à découvert, ici, au milieu de la cour.

« Red… Prend à gauche… »

On se sépare. Elle sur la gauche, moi sur la droite. Ainsi nos champs de visions respectifs couvrent plus de terrain, tout en conservant la possibilité de se couvrir mutuellement. Je progresse lentement, dos contre l’intérieur des palissades du camp, afin de ne laisser aucun angle mort à l’ennemi qui se planque encore dans le coin. Ils sont là. J'en suis certain. Je le sens... Il n’y a aucun corps de gamins en vue… Et Jacky-le-connard-des-bas-fond manque toujours à l’appel. Ça pue l’embrouille. Un crissement de métal, au-dessus de ma tête, me fait faire volte-face, je lève mon arme. Une silhouette apparaît sur le chemin de ronde au sommet de la palissade. Mon doigt se fige sur la détente. J’ai face à moi un visage de gosse couvert de crasse balayée par deux torrents de larmes. Je lui fais signe de descendre, il refuse, recroquevillé en position fœtal. Pauvre gosse putain. Mais au moins, là-haut, il en craint rien…

Un cri me fait soudain sursauter. Je tourne la tête. Flash lumineux. Echanges de tirs ! Merde ! Où est passée Red ?! Elle est sortie de mon champ de vision ! Sans réfléchir, je fonce façon sprint finale en direction des détonations… Mais alors que je passe devant le grand édifice central du campement, un hurlement de moteur me fait faire un véritable bond de côté. Je lève mon arme, mais trop tard. Une silhouette massive me tombe dessus depuis le toit… Tout ce que j’ai le temps de voir, ce sont les dents d’une tronçonneuse à quelques centimètres de mon visage.

Réflexe qui me sauve la vie. Je me laisse tomber en arrière, lève le bras gauche. Les dents de la tronçonneuse se plantent dans le métal de ma prothèse d’avant-bras dans un crépitement d’étincelles qui s’impriment sauvagement sur ma rétine. Au-dessus Jacky ricane comme un dément, les yeux injectés de sang, le visage fendu d’un sourire de psychopathe. Dans le feu de l’action, j’ai laissé échapper mon arme. Bordel de merde ! Fréquemment, ma main droite tâtonne tout au tour de moi, à la recherche de… de… de n’importe quoi ! Mes doigts se referme sur les restes d'un cadavre découpé… Je tourne la tête… Il tient entre ses mains une sorte de pistolet à clous modifié. Je lâche un sourire carnassier…

Dos au sol, je lève une jambe, balance un violent coup de pied dans les burnes de l’autre enculé. Jacky lâche un grognement de douleur, laisse échapper sa tronçonneuse qui, putain, j'ai du bol, s'arrête aussitôt. Plié en deux, il ne comprend que trop tard que pour lui c’est la fin… Je lève la cloueuse… Et presse le morceau de métal qui lui sert de détente. Une volée de clous se plantent dans son torse, ses avant-bras, ses mains serrées contre ses couilles endolories. Il trésaille, ouvre la bouche, relève la tête… A l’instant même où la salve suivante lui fauche le visage, lui perforant son dernier œil intact, le nez, l’intérieur de la gorge. Déjà à moitié mort, il recule, trébuche, son dos percute la porte de la salle commune solidement fermée de l'intérieur… Je presse encore sur la détente. La troisième salve lui cloue le torse et les bras dessus. Sa tête retombe en avant, mollement. Plusieurs filets de sang coulent de ses plaies au visage. Cette fois Jacky est mort, raide mort. Ca fait toujours un con de moins dans cette putain de galaxie.

Je lâche une série de jurons. Qui concernent autant cet enculé que les activités sexuelles de sa mère. Je me relève, tente d’arracher la tronçonneuse dont les dents sont solidement enfichées dans le métal de ma prothèse. Je grimace, tire de toutes mes forces. Enfin elle cède… Laissant derrière elle une entaille profonde de cinq bons centimètres. Si les fonctions motrices sont encore intactes, le réservoir de mon mini-lance flammes est quant à lui perforé… Mon grapin est lui aussi HS, le filin sectionné. Conneries. Tous les sens en alerte, je tourne sur moi-même. Red est encore aux abonnées absentes… Mais les coups de feu ont cessés. Mon instinct me dit qu’il en faut plus pour descendre la mercenaire. Au sol, je retrouve rapidement mon pistolet, tombé non loin. Je balance la cloueuse, le récupère.

C’est alors que j’entends quelque chose derrière la porte de la salle commune. Ca bouge à l’intérieur. Les bruits sont presque imperceptibles… Comme des pas feutrés. Le métal qui la compose est lui aussi bouffé par la rouille. Une ombre passe devant l’un des trous... Un œil apparait. Je lève mon flingue, le pointe dans sa direction :

« Soit t’es avec moi, soit t’es contre moi mon pote. Dans tous les cas si t’ouvres pas cette porte de suite, je te descends. »

C’est plutôt clair non ? Mais contre toute attente, c’est une voix de gamine qui me répond :

« Non ! Partez ! Laissez-nous ! »

Plusieurs scénarios me sautent à la gueule pour expliquer tout ce qui vient de passer. Jacky et sa bande s’étaient surement retranchés à l’intérieur en prenant en otage les mômes… Est-ce Red qui a poussé cet enfoiré à sortir de son trou pour me sauter dessus ?! Aucune idée. La seule chose certaine, c’est que s’il y avait encore l’un des assaillants à l’intérieur, la gamine aurait jamais pu l’ouvrir… Mais va essayer de faire entendre raison à un gamin apeuré…

« Bordel ! J’suis dans ton camp ! On vient de vous sauver les miches ! Ouvre-moi ! »

J’ai jamais su comment faire avec les gosses. Merde, j’ai vraiment pas la fibre paternelle. Avec ma grosse voix, mon épaule couvertes de sang, mon arme dans une main, la tronçonneuse dans l’autre, on peut pas dire que j’inspire la confiance… La gamine laisse échapper un cri strident, comme si je venais de la menacer. Raaaah. Et comme j’suis vraiment pas du genre patient, je beugle, volontaire agressif pour être obéis :

« RECULE ! »

D’un geste vif, je range mon flingue dans son holster, choppe la tronçonneuse à deux mains… Je tire un grand coup sur la poignée… Une fois… Le moteur crachote, mais ne se lance pas… Deux fois… Rebelotte… A la troisième fois, dans un hurlement à vous en briser les tympan, la tronçonneuse démarre. Je la lève bien haut, fait un pas en avant, et l’abat sur la porte de la salle commune. Elle pénètre dans le métal comme dans du beurre. En moins de quinze secondes je découpe un rectangle assez large pour entrer… Sectionnant au passage les bras de Jacky toujours cloué dessus. Je dois fermer les yeux pour que les éclats d’os ne me déchirent les cornées. Mon œuvre finie, la découpe tombe lourdement en arrière, emportant avec elle le corps démembré de l’enfoiré. Je pénètre à l’intérieur.

Une dizaine de gamins me font face, recroquevillés au fond de la pièce commune, à côté des cadavres de vieilles femmes battues à mort par Jacky et sa bande. Je crois reconnaître Martha parmi elles. Je grimace… Ils sont en flippe total, en état de choc même. Soudain j’ai une idée. Je laisse tomber la tronçonneuse, et plonge la main dans mon pantalon, pour en ressortir un paquet de bombec. Ceux là même que Red avait refusé ce qui semble une éternité plus tôt. Je m’approche lentement, leur tend :

« C’est pour vous. Vous voyez, j’suis pas un monstre… »

Je tente un sourire cool… Mais avec la gueule couverte du sang de Jacky j’imagine que ça doit pas être des masse rassurant. Pour autant, la gamine la plus âgée se jette dessus, la bave aux lèvres. Doivent pas en manger souvent des saloperies aussi sucrées. Du coup, je m’adresse à elle :

« Hé petite. Sérieux, j’suis pas là pour vous faire du mal. Tout ce que je veux savoir c’est heu… »

Raaah, comment dire ça…

« heu… C'est en savoir un peu plus sur… le sanctuaire… Tu sais, le truc sacré dont parlait tout le temps Martha. »

La tiote hoche lentement la tête, la bouche pleine à craquée de bonbons. D’abord j’ignore si elle a pigé ou non… Mais rapidement, elle m’indique de l’index un coin de la pièce. Intrigué, je m’avance dans cette direction. J'y découvre une plaque d’acier en parfait état, posée au sol. Je fronce les sourcils. Il y a des gonds dessus. Une trappe ? Je m’accroupis, glisse les doigts d’une main sous la lourde plaque et la soulève. Elle grince… Au-dessous, un puits pratiquement vertical. Une échelle de fortune permet de rejoindre le fond. Je plisse les paupières. Distingue vaguement un couloir plus bas… Et je pige alors qu’il s’agit des restes miraculeusement préservés d’une série de coursives de l’édifice avant son effondrement. Si Martha dit vrai… Que l’explosion a eu lieu à proximité… Alors peut-être pourrions-nous y trouver ce que nous cherchons…

Un mouvement à la limite de mon champ de vision me fait vivement tourner la tête. A l’extrémité de mon canon levé, je découvre Red. Je lâche, avec soulagement :

« Raaaah, t’as failli me faire faire un arrêt cardiaque merde ! »

J’explose de rire, toute la tension accumulée par le combat s’évacue d’un coup.

« Tu ne me croiras jamais si je te dis comment a fini notre pote Jacky… héhé… Et toi t’étais où bordel ?! »

Je ne lui laisse pas le temps de répondre, j’enchaine, lui désignant du canon de mon arme le puits à mes pieds :

« J’espère que t’es pas clostro. Ca m’a tout l’air d’être une ancienne section de la tour du Conseil des Kajidic qui est restée intacte malgré l’explosion et l’effondrement. Mon intuition me dit qu’on va trouver ce qu’on cherche là-dessous… »

Je lui décoche un sourire amical.

« Mais rien ne nous oblige à descendre tout de suite… Si tu veux souffler… »

Mon regard se pose sur les gamins encore apeurés. Red semblait se soucier de leur sort. Mais comme je me dis qu’elle n’est probablement pas du genre à aimer exposer ses émotions, je lâche un :

« J’ai justement envie de chier depuis un bon quart d’heure, j’vais voir plus loin si je trouve un coin sympa… Et puis faut aussi que je retrouve mon sac à dos... Je crois que je l'ai laissé là ou on s'est lavé tout à l'heure... Je reviens dans dix minutes. »

Ainsi je lui offre une fenêtre de tir pour rassurer les enfants, faire ce qu’elle veut avec, sans avoir mon regard gênant sur le dos… Et puis, bon, moi, tous ces trucs émotionnels, j’ai un peu de mal à gérer… J'ai rien contre. C'est juste que c'est pas du tout mon truc.
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Anonymous
Là, pour le coup, elle est surprise et elle tique. Un mercenaire, ce mec ? Le gars est prêt à se jeter dans la mêlée plutôt que de filer alors même que ça semble être la pire idée ever ? Elle prend deux secondes pour penser : c’est exactement ce qu’elle va faire elle-même alors bon… Soit. P’t’être qu’elle va se mettre à collaborer avec de plus en plus de gars bien finalement. Et bien gaulé en plus. Un plaisir.

« De toute façon, si on en croit les paroles de la vieille folle, ce qu’on cherche se trouve juste sous nos pieds… Alors on va faire un peu de ménage, et après on reprend la mission, ça marche ? Sa main, qu’il a porté sur son épaule un instant plus tôt, relâche son étreinte pour gagner ses poches et en sortir deux p’tits jouets à l’ancienne – du genre kaboum.

– J’aime quand tu me parles crade comme ça Gonzy-Chou. »

Elle s’empare de l’explosif avec un sourire des plus inquiétant avant de replacer son masque et de se préparer au rock’n’roll à venir. Tiens, une idée surgit dans son cerveau fumeux, comme un trait de lumière, et si elle installé une option pour accompagner ses combats de playlist ? Histoire de rendre le tout encore plus animé ?

« Trois ! »

Les deux pommes d’amour s’élancent dans les airs, l’une se glisse sous un 4x4, l’autre au milieu des motos à chenilles qui volent se retrouvent bientôt en flammes. L’image est saisissante, les deux mercenaires s’avancent, les balles filles autour d’eux, le temps semble s’écouler au rythme d’une solide constipation, on verrait presque les mouvements d’air tant le tout semble suspendu. Précis, efficace, one shot, one kill.

Schding.

C’est pas passé loin, là. Elle a senti une balle frôler son genou qui, heureusement, l’a déviée sans broncher. Faut dire, les deux cons se sont rudement exposés, histoire de faire diversion et d’amener la bande de pouilleux à relâcher la pression sur l’intérieur. Là, le 4x4 s’envoie en l’air, le souffle déstabilise tout le monde, Red comprise qui, pour encaisser, a le réflexe de s’accroupir et de prêter le flanc au souffle. Lorsqu’elle se relève, c’est pour voir Gonzy faire la peau à l’un des pouilleux qu’est censé être de notre côté. Pas besoin de lui faire un dessin, s’il lui tire dessus, c’est qu’il a ses raisons – toute façon, elle aurait pris le parti d’un cadavre si ça l’avait gêné, autant s’épargner cette peine. Alor qu’elle continue d’avancer et que le flux d’ennemis s’est tari, v’là qu’un truc lui attrape la cheville.


« Pitié… S’il vous…

– Fallait y réfléchir avant d’venir, connard. »

Tir dans la tête, le gars a pas eu le temps d’ajouter un mot. Soudain, une terrible vibration lui secoue tout le corps. C’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de sentir ça. Par instinct, elle se rue vers l’entrée du camp et se colle à la paroi, juste à temps pour voir une bonne partie de la montagne se casser la gueule. La porte, sans surprise, a été littérairelement balayé de ses gonds dont la plupart sont partis avec elle, les autres sont encore là, défoncés, témoins de la violence et de la soudaineté de l’attaque.

A l’intérieur, après le barrouf de l’éboulis, plus un bruit sinon l’écho lointain des choses qui se stabilisent. Ils entrent, balayant un maximum la cour, l’arme en joug. Elle se sent comme une énorme pintade au milieu d’une arène avec des Maalraas prêts à débouler de tous les coins.


« Red… Prends à gauche. »

Un mouvement des doigts suffit à communiquer son accord. Il s’agit de faire le tour du camp avant d’entrer de nouveau dans le bâtiment qui tient le centre. Elle longe le mur d’enceinte, son sixième sens lui hurle dans les oreilles que ça pue la merde. Alors qu’elle avance, elle remarque un gamin dans l’embrasure d’une porte, au niveau de ce qui pourraient être les garages de tout ce bordel – ou les chiottes mais ça, ça marche pour tout ce qu’elle voit autour d’elle. Elle s’approche, doucement, paume de la main en avant, pour tenter de le rassurer, place son indexe sur les lèvres de son masque pour lui suggérer de ne pas faire de bruit. Il la regarde, les yeux écarquillés, ne semble pas vouloir ou pouvoir bouger. Soudainement, à la faveur d’une bourrasque qui vient faire remuer la porte, elle devine l’arme que le petiot a pointé sur la nuque.

Les choses vont très vite : devinant qu’ils se sont faits repérés, les gars à l’intérieur jette le gamin de côté, ouvre la porte à la volée, balance une grenade flash dans les pieds de Red, ainsi qu’une sonique. Elle a pas vraiment le temps de réfléchir, elle a tout juste le temps de shooter dans la seconde que la première lui explose pratiquement en plein dans la gueule. Le coup est dur, même à travers un masque. Les capteurs de celui-ci sont HS, elle voit plus à travers que comme à travers de simple lunette. Ses oreilles sifflent, elle voit des étoiles. Tant bien que mal, elle essaye de se redresser et de courir pour se mettre à couvert mais déjà elle sent qu’un truc la saisit et la balance contre le mur en taule comme si elle n’avait été qu’un poids plume.

Elle accuse le choc, forcément, son souffle court semble un flux diffus, lointain tandis que les acouphènes continuent de hurler. Elle redresse la tête, une énorme gamoréenne la braque avec ce qui ressemble à une vieille pétoire. Elle a tout juste le temps de lancer son grappin, qui choppe l’arme, un coup sec, elle part en l’air et se perd dans les tas de merdes plus loin. Une douleur cuisante dans sa cuisse lui annonce que le coup est déjà parti, même si elle était pas capable de l’entendre. Mais putain, quelle idée à la con ces capteurs de la douleur ! Sa cuisse grésille alors qu’elle essaye de se redresser. Aux côtés de la Gamoréenne, un crapaud-duros armé à l’ancienne : des vibro-lames. Putain ! Comment est-ce qu’ils ont pu se procurer des trucs pareils ? Elle peste intérieurement, sans ça, la chose aurait été facile. Deux coups de lames-laser et vlan. Là, si son truc marche, il arrêtera la lame et ça va être autrement plus galère.

La vieille truie charge la première, profitant que Red soit encore un genou à terre. Profitant de son élan et de sa masse, la twibot la gère comme à l’école, prise échani, utilisation de l’impédance de l’ennemi, vlam, la grosse s’éclate la gueule dans la paroi qui cède sous sa charge, entraînant avec elle un pan entier du chemin de ronde. Red sait qu’elle doit profiter de cette ouverture : la grosse va certainement se relever et quand elle le fera, le moche devra être mort.

De nouveau sur ses deux jambes, elle s’élance à son tour. Il s’agit de jouer de l’effet de surprise, ne dévoiler sa lame qu’au tout dernier moment. Le gars mouline dans tous les sens. Il sait à peu près se servir de son arme mais elle a affronté deux Jedi il y a peu, c’est comme de voir un bébé avec une machine gun. M’enfin, même avec une machine gun, les bébés peuvent blessés.


« Crève, sale pute, Jacky va m’donner plein d’pez pour ta tête de pute !

– Mon blaireau, économise ton souffle, t’es déjà deux doigts de tourner de l’œil. »

Il charge, elle évite, elle évite, elle évite. Elle fait la maligne mais son souffle commence à lui manquer aussi, la journée a été longue.

-
-= Jet de Défense • Agilité • Dé de Difficulté 3-4 =-

Je pars du principe que le gars peut avoir réussi un jet d’attaque à 3 et je tente donc le jet de défense à 3-4.

Résultat du Jet •
Réussite

-

Alors qu’elle se jette au sol pour éviter un coup horizontal, Red active sa lame et transperce l’abdomen du type qu’elle envoie ensuite valdinguer par-dessus elle en lui chopant le poignée de l’autre main.

POM, POM, POM, POM, GGRRUUUIIICCCCCKKKK.

Le coup est au moins deux fois plus violents que tout à l’heure. La grosse truie est à deux doigts de réussir un home-run(ya). Malgré le plastron, elle a pas besoin de retomber pour savoir qu’y a une côté qui vient d’omettre une objection au traitement qu’on lui fait subir. Elle n’a pas le temps de se relever, la grosse la prend par la tête, la soulève, patate, patate, patate. Son masque vole. Patate, patate, pa… BANG, BANG, BANG, BANG, BANG !

Le silence retombe, les corps aussi. La tête littéralement explosé de la truie recouvre une bonne partie du mur du garage et à quelques mètres, l’enfant se tient, terrifié, la pétoire dans les mains, l’épaule déjà bleue des coups reçus à cause du recul. C’est juste un putain de miracle qu’il ait su tirer comme ça. Red, la lèvre fendue et la pommette qui déjà violace lui sourit de toutes ses dents avant de lui dédier un magnifique pousse vers le haut.

Le temps de reprendre sa respiration, elle reste un temps à regarder l’épaisse couche de fumée qui recouvre ce monde apocalyptique. Qu’est-ce qu’elle est venue foutre ici, bon sang ? Péniblement, elle finit par se redresser, titube un peu, le temps de retrouver l’équilibre. Le gamin, qu’a décidément un esprit de survie certain, lui tend son arme qu’est tombé dans la boue. Elle l’inspecte rapidement. C’est mort, va falloir la nettoyer à donf, si elle tente de s’en servir maintenant, elle risque une défaillance.


« Fais chier… Putain ! Dis… Mon p’tit gars, mon jouet il est pas prêt à resservir tout de suite, tout de suite. Y a moyen tu me prêtes le tiens et en échange je bute tous les méchants ? Vu l’état de ton épaule, c’est pas tout de suite que tu vas pouvoir t’en remettre de toute façon. »

Le bonhomme hésite un instant avant de tendre son arme. Reste moins d’une dizaine de balles. Bon… C’est toujours mieux que rien ?

« C’est quoi ton nom, mon p’tit bonhomme ?

– Moi ? Mais… mais j’ai pas de nom, je suis juste un disciple de la vérité, j’ai pas encore le droit à un nom, moi. »

Oh putain, le gros dossier psychiatrique. Bon… Vu que c’est pas vraiment le moment elle va peut-être faire sobre, hein ?

« Bon, bonhomme, vu que t’as pas de nom, pour les besoins du reportage, on va t’appeler Jango, car Jango c’est badass et que ce que tu as fait, c’était sacrément badass. J’t’en dois une, t’as certainement sauvé ma peau. Donc, vu que je t’en dois une, j’dois te proposer de te sauver la tienne aussi. Si, au moment où je repars, tu veux m’suivre et sortir de… ta vie tout en dessous de toute ça, tu hésites pas, okay ? »

Le gamin la regarde comme un poisson sorti de l’eau. Pas le temps d’en dire plus.

« Bon, Jango,si la cabane d’où t’es sorti est sûre, tu y retournes, hein ? Moi j’vais finir mes p’tites affaires. »

De retour sur la façade du bâtiment, elle découvre le bordel monstre que Gonzy y a laissé. Bon, comme elle sait pas ce qui s’est passé, elle rentre en mode Rainbow Six, en mode j’vais tous vous butter, alors forcément, les enfants à l’intérieur se crispent. Elle repère rapidement Gonzy au fond de la salle, le tas de cadavres qui les séparent fait froid dans le dos. Elle baisse son arme, tente le sourire tuméfié aux enfants – maintenant qu’elle est a visage découvert, et s’approche doucement de Gonzy qui, lui, est un poil tendu vu le flingue qu’il lui colle sous le nez.

« Raaaah, t’as failli me faire faire un arrêt cardiaque merde.

– Oups ? Sourire un brin moqueur.

– Tu ne me croiras jamais si je te dis comment a fini notre pote Jacky… héhé… Et toi t’étais où bordel ?!

– J’ai rencontré maman-cochon et ses copains. Trois fois rien. Ah, et je me suis fait un copain.

– J’espère que t’es pas clostro. Ca m’a tout l’air d’être une ancienne section de la tour du Conseil des Kajidic qui est restée intacte malgré l’explosion et l’effondrement. Mon intuition me dit qu’on va trouver ce qu’on cherche là-dessous…

– ça tombe bien, j’ai perdu mon masque, j’vais être aussi aveugle que toi là-dessous. Il regarde les gamins, genre il veut lui signifier quelque chose mais elle comprend pas vraiment.

– Mais rien ne nous oblige à descendre tout de suite… Si tu veux souffler… J’ai justement envie de chier depuis un bon quart d’heure, j’vais voir plus loin si je trouve un coin sympa… Et puis faut aussi que je retrouve mon sac à dos... Je crois que je l'ai laissé là ou on s'est lavé tout à l'heure... Je reviens dans dix minutes.

– Dix minutes ? Tu vas te pougner ou quoi ? J’vais pas rester là à jouer la maman hein, magne ! »

Okay, fallait les sauver, mais là, elle sait plus quoi en faire de la marmaille. Ils la regardent tous, genre elle va ressusciter les morts. Elle tente un premier contact.

« Euh… Vous faites quoi dans ces moments-là ? Y a encore quelqu’un pour vous gérer ? »

La question est complètement conne, elle s’en rend vite compte, d’autant que les plus jeunes viennent de se mettre à pleurer et que rapidement ça vire à l’hystérie collective. Ils sont au milieu des corps de ceux qui les ont élevés. Pas vraiment la joie. Avec son tact légendaire, elle finit par vite en revenir à sa tradition martiale.

« OOOHHH ! On se calme tout de suite hein ?! Les plus grands, va falloir que vous assumiez, on pleurera plus tard, hein ? Faut enterrer vos morts là et essayer de réorganiser ce bordel, bon sang ! La vie vous fait pas de cadeaux, faut vous battre jusqu’au bout. »

Les gamins sont sidérés. Finalement, les grands commencent à se mettre à bouger, certains rassemblent les plus petits et les amènent dans un coin à peu près propre, d’autres commencent déjà à tirer tant bien que mal les morts à l’extérieur avec Red qui donne un coup de main, notamment pour dégager l’énorme carcasse de Jacky. Alors qu’elle sort, elle aperçoit l’autre bouseux qui leur a servi de guide à l’entrée du camp qui regarde le massacre, horrifié.

« Viens, du con ! T’as plus rien à craindre, Jacky mouftera plus. Y a pas mal de gamins ici qui viennent de perdre leurs parents, si tu pouvais redescendre pour aller leur chercher de l’aide… Ils vont pas s’en sortir seuls. »

Un temps, il la regarde comme si c’était un putain de fantôme mais finit par acquiescer et partir en courant chercher de l’aide. Enfin, elle l’espère.

Lorsque Gonzy revient avec son petit sac-à-dos, elle vient tout juste de finir de vider la grande salle avec les gamins. Tous les corps sont alignés, d’un côté les méchants, de l’autre les moins méchants.


« Quelle bande de tarés… Bon, Gonzy-chou, faut qu’on s’active, il est hors de question que je passe la nuit ici, c’est parti pour la spéléologie ? »
Le Masque de la Force
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Korgan Kessel
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Je quitte la grande salle commune, par une porte dérobée qui donne sur un bâtiment attenant… J’aurais su qu’il y avait une autre issue, je me serais pas emmerdé à découper la porte à coup de tronçonneuse. Quel con. J’agis toujours avant de réfléchir. Bref. Je laisse derrière moi une Red qui semble d’un coup moins motivée par la marmaille… haha… Sourire amusé, mais qui disparaît aussitôt. Cette saloperie de blessure à l’épaule m’arrache un grognement de douleur, alors que l’adrénaline quitte irrémédiablement mes veines. Je tourne la tête, tente d’apercevoir l’étendu des dégâts. La chair est à nue, transformée en une bouillie informe où se mélangent résidus de peau carbonisée et fibres synthétiques fondues du t-shirt. J’ai connu pire, j’y survivrais… Mais bon, c’est pas une raison pour laisser la plaie s’infecter. Surtout vu les saloperies qui doivent trainer dans les parages. J’ouvre une autre porte, celle-ci donne sur l’extérieur. Je marque un arrêt, flingue en main. C’est pas parce qu’on a buté Jacky l'andouille, que tous ses potes sont HS. La logique voudrait qu’une fois le chef de meute abattu, les autres se soient tirés fissa… Mais voilà : les connards et la logique, ça fait souvent deux ou trois.

J’attends dans l’ombre, une poignée de secondes. Rien ne bouge. Alors je décide de sortir. Personne ne me dire dessus. Je souffle. Y’a des des cadavres partout. Maintenant que la tension est retombée, je suis en mesure de prendre du recul : et l’horreur de la scène est difficilement descriptible. Le sol est jonché de morceaux sanguinolents. Il est poisseux, gorgé du sang encore tiède de tous ces crétins. Déjà la vermine s’affaire. Une horde de rats womp aussi gros que mon avant-bras se battent pour les bouts les plus juteux. Alors que j’approche, ils s’enfuient en piaillant genre frustré d’abandonner un festin de premier choix. Ma pensée s’attarde sur les gosses survivants restés avec Red. Ils vont devoir se taper tout le nettoyage, de quoi les traumatiser pour le reste de leur vie… Après on s’étonne que certains deviennent de vrais psychopathes, ici, dans les bas-fonds. La vie est une salope injuste. Mais je ne peux rien y faire. J’suis pas là pour porter sur mes épaules tous les malheurs de la galaxie… Alors je range cette pensée dans une petite boite à l’intérieur de mon crâne, là où je stock toutes ces questions sans réponses… Et je passe à autre chose.

Je repère le petit bâtiment où nos cinglés d'hôtes nous ont accueillis quarante cinq plus tôt. La porte est grande ouverte, comme défoncée à grand coups de pieds. J’approche, me plaque contre le mur, tend le cou pour jeter un coup d’œil fugitif à l’intérieur. La pièce a été intégralement retournée, c’est un chaos sans nom. Fait chier. Au milieu de tout ce bazar je distingue mon sac à dos, vidé au sol. Raaah. Encore une fois, rien ne bouge. J’entre.

Tous les objets de valeur ont disparu. Les cellules d’énergie notamment. J’imagine que si je fouille les cadavres dehors je devrais les retrouver… Mais bon… Comment dire… J’en ai pas tellement envie là, tout de suite, maintenant. Bref. Je récupère ce qu’ils ont laissés. Pas grand-chose. Je mets la main sur une bombe d’antiseptique qui a échappée à la curée. Le reste de ma trousse de secours est éparpillée au sol. Les sachets de bandages ont été éventrés… Les bandes sont déroulées dans la fange dégueulasse. Toutes sauf une, miraculeusement préservée. J’inspire un grand coup… Et c’est parti pour les premiers soins façon médecine militaire de terrain… Je retire le t-shirt, serre les dents lorsque les fibres fondues s’extirpent de mes chairs. La plaie suinte de plus belle, la lymphe translucide dégouline sur mes pectoraux. Je l’essuie d’un geste vif, avant d’appliquer l’antiseptique dessus. Je lâche un grognement de douleur. Putain ça pique cette connerie au Kolto !!! L’extrémité de la bande coincée entre les dents, j’entreprends de l’enrouler fermement autour de mon épaule meurtrie. La pression sur la plaie me soulage. Je la noue… Puis me relève, renfile mon t-shirt. Je suis sur le point de quitter la pièce lorsqu’un mouvement à la limite de mon champ de vision me fait vivement tourner la tête. Une silhouette disparaît derrière un meuble renversé. Frêle. Je lève mon arme, approche… Et d’un puissant coup de pied, je dégage l’obstacle. Lovée dans la pénombre, je découvre une jeune femme roulée en boule, à moitié nue, les vêtements déchirés. Elle cache son visage sous ses mains. Difficile de lui donner un âge, mais elle n’a certainement pas la trentaine. La rude vie des bas-fonds marque les corps autant que les esprits. Ses avants bras et ses cuisses sont couverts de meurtrissures gonflées. Je n’ose imaginer ce que les gars de Jacky lui ont fait pour qu’elle se retrouve dans cet état… Je lui lance, baissant mon arme :

« Ne craint rien. J’suis pas là pour te faire du mal. »

Je range le flingue dans le holster à la cuisse. Lève les deux paumes.

« Tu vois, j’suis cool. On a buté Jacky et ses gars, ils ne te feront plus jamais de mal… »

Elle réagit, écarte les doigts pour me lancer des œillades dérobées. Je lui tends une main, elle se recroqueville de plus belle. Bon. Je vais pas y passer la journée hein. J’suis pas là pour jouer au psy. On leur a sauvé la vie, c’est déjà pas mal non ?! Alors, en guise de conclusion, j’lui fais un rapide topo de la situation :

« Ça a été un vrai carnage dehors. Beaucoup de tes potes s’en sont pas sortis… Mais y’a tout une bande de gosses apeurés qui auraient bien besoin de la présence d’un adulte. Qui sait, y’en a peut-être d’autre comme toi planqués dans le camp. Bref, t’es pas seule… Et si tu veux survivre, va falloir te bouger. »

Franc et direct. Ma marque de fabrique. Et comme elle ne répond rien… Je lui tourne le dos, pour me diriger vers la sortie, sac à dos sur mon épaule intacte.

« Att… Attendez. »

Je me fige, tourne lentement la tête. Elle s’est redressée, tente de cacher comme elle le peut sa nudité qui n'a rien de bandante vu la couche de crasse.

« Vous… Vous partez ?! Si d’autres viennent… »

Ça aurait pu être genre un cas de conscience. Mais voilà. Après des années à vivre les pires saloperies, je suis comme blindé. Mon esprit est cloisonné. D’un côté les sentiments, de l’autre mon professionnalisme. Et comme je ne suis pas ici pour jouer les bons samaritins… Je hausse les épaules :

« C’est pas mes affaires. Va falloir apprendre à te défendre seule. »

Ça peut paraitre abrupte. Mais c’est juste la putain de vérité. J'ai fait ma part du taff, à elle de faire le reste ! Elle fronce des sourcils, son visage devient plus dur. A ses yeux, je viens de passer du chevalier héroïque au salaud classique. Mais rien à foutre.

« On va descendre dans les ruines sous les décombres. Je vais avoir besoin d’un peu de matos… Genre lampe torche, tu vois le genre… Vous devez bien avoir ça quelque part, non ? »

La déception est lisible sur ses traits. Elle baisse les yeux. Hésite de longues secondes. Elle n’a plus envie de m’adresser la parole faut croire. Mais elle finit par lâcher, résignée, désabusée :

« Vous trouverez ça dans la réserve… A côté du hangar. »

Petit signe de remerciement, proche du salut militaire, deux doigts posés sur le front… Et sans un mot de plus, je l’abandonne à son sort. Coup d’œil à gauche, à droite. Je repère rapidement le fameux hangar. Faut dire, c’est surement l’édifice le plus large du camp, équipé de portes prévues pour le passage de véhicules. Je presse le pas. Red risque de s’impatienter. J’ai beau la connaitre seulement depuis peu, je l’ai suffisamment cernée pour savoir qu’elle n'est pas le genre de nana qui aime poireauter. On a au moins ça en commun : l’attente et l’inaction nous rendent dingue. Ce qu’ils appellent réserve, c’est un simple placard métallique à moitié défoncé, probablement sorti des décombres de la tour effondrée sous nos pieds. Il est posé contre la cloison extérieure du hangar, calé à l’aide d’un vieux bouquin calciné. Il n’est même pas fermé à clé. Je l’ouvre. A l’intérieur je récupère deux lampes torches dont les piles ont assez de jus pour qu'elles fonctionnent encore. Je fourre dans mon sac une pelle à manche télescopique, une paire de gants de jardinage, une corde métallique tressée. Bref, en résumé : je pille tout ce qui me semble utile. Qui sait ce qui nous attend là-dessous. Mieux vaut se préparer au pire. Je check les munitions qu’il me reste. Encore deux chargeurs dans les poches de mon pantalon. De quoi lâcher une bonne centaine de lasers avant d’être à sec. Ça devrait le faire. Des éclats de voix retentissent dans mon dos. C’est Red qui gueule. Je secoue la tête. Putain de caractère cette gonzesse. Je referme le placard, file pisser contre la palissade la plus proche… Pour le gros popo, on verra plus tard. Une fois la dernière goutte secouée, je reviens sur mes pas. Le grand ménage a déjà commencé. Mongolito est là, probablement attiré par les explosions. Je lui fais un grand signe de la main, mais il ne me capte même pas, aussi pâle que le cul d’une Umbarienne, l’œil vitreux, à deux doigts de régurgiter le contenu de son estomac sur les morceaux de cadavres qu’il déplace avec les gosses. Quelle bande de petite nature… La nana que j’ai laissé derrière, sort à son tour de sa cachette pour les aider, elle s’est enroulé d’un drap façon toge crasseuse antique. La scène quelque chose… D’émouvant ouais. L'entraide tout ça. Putain c'est beau. Bref, je détourne la tête, et presse le pas pour rejoindre la mercenaire Twi’lek. Je lui répond :

« Ouais, j’ai récupéré ce que j’ai pu… »

Je lui balance une lampe torche. Avant de lui sourire :

« Je suis passé devant ton œuvre. Putain, t’y es pas allée de main morte. La grosse truie ne ressemble plus à rien. »

Comme si les gamoréens pouvaient ressembler à quelque chose, même en temps normal. Haha. Humour raciste à la con. Je la rejoins à proximité de l’écoutille.

« J’te dirais bien honneur aux dames… Mais bon, j’ai toujours eu un faible pour les réduits sombres et humides… »

Haha. Humour de mec lourd à la con. J’sais pas pourquoi, mais je me sens d’humeur à sortir quelques conneries. Surement que je commence à trouver mes marques dans mon rôle de « Gonzy ». Ou que je me sens plus à l’aise avec Red maintenant qu’on a traversé un déluge de lasers ensemble. Bref. Je lui file le sac, tourne le dos au trou, avant de me baisser, pour chopper le premier barreau de l’échelle de la pointe du pied. Le métal grince. On peut pas dire qu’il est en bon état… Mais il supporte mon poids sans trop broncher. Lampe allumée entre les dents, j’entreprends la descente. Rapidement, les sons extérieurs du camp s'étouffent, remplacés par le clapotis des gouttes d’eaux qui s’infiltrent par je ne sais où. Une odeur d’humidité et de moisissure de plus en plus forte me monte aux narines. C’est comme entrer dans un anus géant. Trente barreaux plus bas, je pose enfin pied à terre. Claquement de botte qui résonne en échos multiples dans cet espace clos. Faut pas être claustro. Le sol, les murs, tout est métallique. Ça ressemble à un couloir de maintenance. A peine assez large et haut pour se tenir debout. Je relève la tête :

« RAS ! Balance-moi le sac ! Tu peux descendre ! »

Je récupère le matos... Et histoire de lui libérer la place, j’avance un peu. Mais à peine ai-je fais trois pas, que je me laisse surprendre. Le sol se dérobe sous mes pieds. Hoquet de surprise, j’échappe la lampe-torche. Je glisse, tombe à la renverse, sur le cul. La pente est raide, elle m’entraîne, comme sur un toboggan. J’écarte les jambes, tente de me freiner comme je le peux… Mais les murs sont aussi lisses que le fessier d’une Twi’lek. Ma course folle s’achève en vol plané. Mon torse percute un obstacle invisible dans le noir total. Je suis sonné, je roule sur moi-même, me redresse. La lampe torche, encore allumée, est tombée juste à côté. Je la récupère, tente d'éclairer tout autour de moi. Je suis tombé dans une petite pièce rectangulaire. Le sol est jonché de matériel informatique réduit en purée électronique. Tables et chaises réservées. Plusieurs couinements m’indiquent que d’autres locataires ont déjà pris possession des lieux. Surement des rats womps. Je braque la halo lumineux en direction de la conduite d’où je suis sorti, percée dans le mur, en hauteur. Je m’en approche, beugle à plein poumon dedans :

« Red ! Fait attention à… »

Même pas le temps de terminer cette phrase. Je prends les deux pieds de la miss en pleine gueule. Putain, je prends cher. Je m'éclate au sol, dans les vapes.


Quelques minutes plus tôt, casino du clan Dejsadii,

Dib fait un bond en arrière, pris au dépourvu. Ses yeux passent frénétiquement de Greeny au Muun ensanglanté.

« On t’as déjà dit que t’étais une grande malade ?! »

Sous son petit crâne velu, les idées fusent à une vitesse indescriptible. Il regarde à gauche, à droite, cherche une issue. Impossible de repasser par l’intérieur du casino, la sécurité a certainement été alertée de leur tentative de tricherie… Sortir tranquillement du bureau du directeur en sifflotant serait trop suspect. Le pire dans cette histoire, c'est que personne n'a triché, bordel !

« T’étais sérieuse ?! J’avais vraiment gagné ?! Merde quoi ! Merde, merde merde et re merde ! »

Forcément, ça ne l’aide pas vraiment à réfléchir. Impossible de sortir par la grande porte donc. Et laisser deux témoins derrière eux c’est risqué… Mais les buter le serait encore plus. Le Kajiidic Dejsadii ne leur lâcherait plus les basques. Alors que là, n’ayant rien volé, y’a de fortes chances pour qu’ils abandonnent les poursuites s’ils parviennent à quitter le coin sans se faire toper. Une question lui saute au visage :

« Greeny ? Tu arriverais à pirater l’holo-surveillance depuis le terminal du patron ? Faudrait effacer les bandes où on apparaît. Sans description precises, ils n’arriveront jamais à nous retrouver. »

C’est raciste de dire ça, mais c’est vrai : rien ne ressemble plus à un duo Rodien/Drall, qu’un autre duo Rodien/Drall. A part l’énorme double porte en bois précieux qui donne sur les salles de jeux, le bureau du directeur compte une seule autre issue : un turbolift chromé visiblement réservé à son usage exclusif. C’est pas le plan du siècle : ils ne pourront plus faire marche arrière s'ils montent. Mais ne trouvant mieux, Dib lève la patte, pour porter son bracelet-comlink à ses petites lèvres fines de rongeur :

« Cédruc ! Tu me reçois ?! »

L’autre ne répond pas tout de suite. L’attente dure pratiquement trente secondes. Les trente secondes les plus longues de la vie du Drall. Enfin, le Zabrak chuchote :

« Oui, je suis là. J’ai prétexté devoir aller aux chiottes pour me planquer dans un placard à balais. Je surveille tout d’ici… Je crois que j’ai une idée pour… »
« Laisse tomber ! Faut que tu sortes ! Viens nous récupérer sur le toit ! Grouille ! »


Sa petite patte presse déjà le bouton d’appel. L’écran, au-dessus, affiche « 50 », puis « 49 »… Un mauvais pressentiment comprime soudain les intestins du rongeur. Si le directeur était le seul à utiliser cet ascenseur, alors celui-ci ne devrait-il pas être ici, à l’attendre ? Quelqu’un d’autre l’a forcément emprunté pour monter au cinquantième étage ! Mais qui ?! Ses doigts velus se crispent sur son taser, s’attendant au pire. Ils risquent vite de le découvrir. Ou pas. Qui sait…


[Pour le fun, je lance un jet de « chance » pour savoir s’il y a quelque chose dans l’ascenseur ou pas… 1-3 rien, 3-6 surprise !]


DING

Après une minute d'une attente interminable, la porte s’ouvre enfin… Sur un mec en tenue de cuir moulante, monté comme une armoire à glace doublé d'un équidé, un bâillon boule entre les dents… Il est menotté, un foulard de soie sur les yeux. La mâchoire de Dib se décroche... Il tourne la tête vers Greeny, yeux ronds comme des billes. Il écarte les bras façon de dire : Mais c'est quoi ce putain de bordel ?! L'inconnu lâche quelque chose du genre :

« Hmfmf fffmmf hmfmff hmmmf »



Dans les bas-fonds,

Je reviens à moi, met plusieurs secondes avant piger ce qui se passe. La dernière image qui me revient en tête, c'est les semelles de Red. Putain. Je tousse, crache du sang, ainsi que deux dents.

« J'ai loupé quelque chose ? »

Je m'essuie la tronche d'un revers de manche. Sauf que j'ai pas de manche vu que je porte un t-shirt. Bref, je m'étale du sang dans les poils de l'avant-bras. J'ai la gueule en feu, comme si on venait me foutre un tison ardent à l'intérieur. Je passe la main sur ma joue. Elle gonfle rapidement. Mon œil gauche aussi accuse le coup. Je peine à l'ouvrir. Comment dire : elle m'a pas ratée... J'ai miraculeusement conservé ma lampe-torche cette fois. Je lève le faisceau lumineux vers un plafond zébré de fissures inquiétantes.

« Bon... J'sais pas trop ce qu'on cherche, mais faudrait pas trop trainer pour le trouver, ça ne m'inspire rien de bon. »
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