Emalia Kira
Emalia Kira
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21.571, 3ème jour du mois de Telona,
Bureau de la Chancelière Kira.


[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Emalia prit une longue inspiration, puis expira, les deux mains posées à plat sur la table des ministres. Il fallait qu’elle prît le temps de les regarder un par un, de soutenir leur regard, de leur montrer qu’elle était encore partie mais qu’elle en était encore revenue. Pas victorieuse, cette fois-ci. Sévère, elle s’attribuait pourtant cet échec tout autant qu’à ses collaborateurs.
Leur préparation n’avait pas tout simplement pas suffit. Leurs efforts n’avaient pas porté. Leurs armées n’avaient su se coordonner efficacement avec les Jedi, encore moins avec celles des mondes neutres. Ils n’avaient pas su prévoir la stratégie de l’Empire, ils n’avaient pas su prévoir la chute de Borenga, ils n’avaient pas su empêcher la mort de milliers de civils. Ils n’avaient pas su. Ils n’avaient pas été à la hauteur.

- La guerre n’évolue pas en notre faveur, constata-t-elle platement, le ton cinglant.

Les ministres étaient tous présents, fait rare. D’habitude un quart au moins était absent, un autre quart était présent par holographie interposée. Pas aujourd’hui. Emalia était vêtue d’une robe blanche, droite et fluide dissimulant doctement ses formes jusqu’à son cou cerclé d’une dentelle délicate. Ses cheveux étaient ramenés avec un chignon si serré qu’elle sentait son cuir chevelu la tirailler douloureusement. Elle ne portait pas de bijou, et un maquillage discret la faisait paraître plus pâle que d’ordinaire. La sobriété serait de mise, aujourd’hui.

- Dans quelques minutes, dit-elle de ce même ton cassant, je vais devoir affronter le Sénat pour leur expliquer pourquoi nous n’avons pas su gérer cette crise.

Oui, c’était elle qui portait la responsabilité publique de l’échec. C’était son rôle. Mais elle avait choisi ce gouvernement pour ses atouts, avec la ferme intention de les faire se tenir soudés jusqu’au bout. Dans les pires moments, comme celui-ci, elle s’attendait donc à du soutien.

- Nous devons donc nous accorder sur le discours à tenir. Hors de question que je voie une débandade générale devant le presse. Nous devons être cohérents en termes de communication. Nous montrer solides. Au-delà des Sénateurs, tout signal de faiblesse sera perçu par l’Empire.

L’Impératrice, même. Devant qui elle n’admettrait aucune faiblesse. Et pourtant, ils n’avaient pas fait preuve de leur puissance ces jours-ci.

- Madame Zari, je veux que me donniez la liste des raisons pour lesquelles l’Empire nous vaincus. Maintenant, et soyez concise.

Raide comme un pont de commandement, la Ministre pivota son siège vers la Chancelière sans croiser le regard des autres Ministres. Le masque d’impassibilité qu’elle arborait habituellement était crispé de frustration.

- Madame la Chancelière, les rapports qui me sont parvenus font état de difficultés de coordination interne. Nous avons perdu du temps à nous organiser pour prendre la direction de Gravlex Med et de Lorrd. Ce faisant, nous sommes arrivés trop tardivement auprès de Lorrd, et sur Gravlex Med la coordination avec les forces alsakanies, qui avaient pourtant bien préparé le terrain, n’a pas été très efficace. En outre, les moyens déployés par l’Empire…

La ministre déglutit, avant de reprendre, de la détermination dans le regard :

- Les moyens déployés par l’Empire ont été particulièrement dévastateurs. Sur Gravlex Med, ils avaient préparé un piège dans le cirque de Shusu qui devait dater de plusieurs mois et qui n’avait pas été détecté. Sur Lorrd, ils n’ont pas hésité à bombarder et gazer la ville pour parvenir à leurs fins. Même arrivés plus tôt, nous n’aurions guère pu les aider.


Emalia serra les dents en encaissant les constats.

- Les Jedi nous ont prêté main forte mais… Nous n’avons pas recueilli de problèmes de coordination avec eux. Ils se sont trouvés tout aussi impuissants que nous pour faire face au carnage mis en œuvre par l’Empire. Les impériaux ont joué sur un effet de surprise…
- Un effet de surprise ?! rétorqua Emalia qui ne parvenait pas à maîtriser la fureur qui animait sa voix. L’Empire s’en prenait à Gravlex Med depuis des mois ! Quant à Lorrd, ils avaient annoncé vouloir s’en prendre à eux.
- Nous n’avions pas toutes les cartes en main, Madame la Chancelière, s’expliqua froidement Zari. Les Jedi avaient passé un accord avec Lorrd dont nous ne savions rien. Ils avaient visiblement une base qu’ils étaient censés pouvoir défendre ! Quant à Gravlex Med, c’est l’imbroglio politique avec Alsakan qui n’a pas permis de donner plus rapidement les ordres pour une intervention anticipée.

La Chancelière eut envie de rétorquer de nouveau, mais elle serra les dents et fixa le mur droit devant elle, au-delà de la longue tablée. La Ministre avait raison. Leurs problèmes politiques avaient chargé l’agenda du gouvernement de façon démesurée, et ils ne s’étaient pas assez occupés des mesures opérationnelles. Après un tel échec, comment les mondes neutres accepteraient-ils encore de leur faire confiance ? Quel comble : seule Dubrillion s’était rangée aux côtés de la République grâce à sa fille. Milésya avait fait une entrée tapageuse dans le monde politique, qui était tout autant prometteur pour les capacités de la jeune fille que dangereux, car elle devenait une cible de choix. Emalia essayait de réprimer les peurs qui l’étreignaient en pensant à son enfant : un jour Milésya jouerait dans la cour des grands, comme elle, et elle ne devait pas la brider. Elle était juste entrée plus tôt que prévue dans ce monde de chiens kath.

- Nous tiendrons le discours suivant, dans ce cas : l’Empire a déployé des moyens qui n’avaient pas été prévus par nos forces, et notre stratégie militaire a donc échoué. Nous mettrons l’accent sur la menace qu’ils représentent et qui s’est dévoilée dans les évènements récents. Nous insisterons sur les efforts à fournir par l’ensemble de la République et bien sûr sur ceux qui seront déployés par le gouvernement.

Avoir une ligne de communication cohérente était extrêmement important pour tenir la Rotonde, même si elle anticipait déjà les remontrances qui lui seraient faites. Cette fois, au moins, elle ne reproduirait pas son ancienne erreur, à savoir faire confiance en des personnes qui l’avait trahie publiquement. Cette fois, elle demanderait à tout Ministre incohérent de prendre immédiatement congé de ses fonctions.

- Reste à savoir sur quoi porteront nos efforts, ajouta-t-elle d’une voix plus douce.

Oui, voilà ce qui était la meilleure chose à faire. Décider d’un plan d’action.

- Nos failles nous apprennent déjà qu’il nous faut améliorer nos fonctions de renseignement sur l’Empire, prévint-elle.

Il y avait un véritable travail à déployer dans ce domaine : infiltrer l’ennemi, soutirer des informations aux méprisés de l’Empire… Mais elle n’y connaissait rien. Ils avaient pourtant un service des renseignements, pourquoi avaient-ils été si silencieux ?

- Nous avons sous la main les mercenaires que nous avons recrutés pour conduire la guerre… Ils pourraient continuer à s’avérer utiles dans d’autres fonctions. Pensez-vous pouvoir effectuer des recrutements de ce type ?

Après tout, l’infiltration, n’était-ce pas par des milieux plus filous qu’on le réalisait ? Elle n’était plus très inquiète de garder ses mains propres, désormais. S’il fallait recourir à des techniques moins reluisantes, elle n’hésiterait pas. Il y avait bien les Jedi, mais… Aucune voie diplomatique avec eux ne fonctionnait pour le moment. Le Conseil Jedi était empli de gens imbus de leur personne avec qui il était impossible de discuter. La preuve en était qu’Eskos A’Lifa n’avait toujours pas trouvé un canal d’échanges auprès d’eux malgré ses talents légendaires.

- D’autres idées pour repenser notre stratégie ? lança Emalia en s’enfonçant dans le dossier de son fauteuil, le faisant légèrement pivoter de biais, afin de pouvoir laisser courir ses yeux sur le paysage opaque de Coruscant, qui s’imposait au-delà des baies vitrées de la pièce.
Grendo S'orn
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L'ambiance était pesante, les nouvelles du front n'étaient pas bonnes. Comme le disait si bien la Chancelière qui présidait la réunion, la guerre n'évoluait pas en leur faveur. Pire encore ils perdaient du terrain face à un empire dont l'appétit territorial semblait sans fin. Que s'était-il donc passé pour que la situation tourne à ce point à leur désavantage ? Il y avait forcément une faille dans la stratégie récente du Gouvernement et mettre le doigt dessus s'avérait être primordial pour la suite des opérations. Côté finance, le nouveau budget remplissait parfaitement son rôle. Tout comme l'avait conseillé Uthar Ozmac lors du précédent Conseil de Guerre, chaque Ministère d'un intérêt stratégique disposait désormais d'un portefeuille important pour pouvoir mettre en oeuvre un plan d'action efficace dans son domaine. Et même si Grendo S'orn n'avait pas hésité à se servir dans les caisses pour financer sa campagne en prenant soin de couvrir ses traces pour être indétectable, il se refusait de croire que tout était de sa faute. Il y avait forcément une autre raison à ce désastre. Ce n'était pas quelques milliers de crédits de plus ou de moins qui auraient fait la différence. Pour l'heure il devait prouver que les services de renseignements dont-il était responsable avaient bien fait leur boulot et quoi de plus efficace que de reporter la faute sur quelqu'un d'autre ...

« La Ministre Zari oublie sans doute de dire que l'efficacité de ses mercenaires sur le front était loin d'être à la mesure de ce que nous attendions. » la phrase avait eu don de lancer un véritable coup de fouet à la discussion qui risquait de prendre une toute autre tournure « Entre mutineries, règlement de comptes et trahison, je suis moi-même étonné que nous ayons décidé de faire confiance à ces malandrins de la pire espèce. Bien que j'ai été en faveur de cette décision, force est de constater que ces individus peu scrupuleux ne sont pas des soldats. Ministre Zari, dites le moi si je me trompe, mais ils ne disposent pas de cette discipline militaire si caractéristique de nos précieux soldats républicains. Et ne parlons même pas de leurs loyautés. A mon sens c'était une fausse bonne solution que de faire appel à eux sur le front. Comme vient de le proposer Madame la Chancelière ici présente, leur présence serait bien plus efficace ailleurs, lors de missions exceptionnelles par exemple; sur le terrain, tels que des infiltrations, du sabotage, ... » bien que le Neimoidien était de moins en moins convaincu par l'efficacité de ses mercenaires, il devait se plier face aux décisions qui avaient un lien direct avec l'image que le Gouvernement reflétait à travers les médias. Envoyer des soldats républicains se faire massacrer en plein territoire impérial était bien plus mal perçu par l'opinion publique que d'ordonner à des individus lambda de se faire tuer pour quelques crédits supplémentaires. De plus il n'était même pas nécessaire de parler de leurs morts aux médias, tout le monde se fichait de l'existence de ces vils malandrins.

« Mais ne nous voilons pas la face chers collègues, Madame la Chancelière, modifier la tâche de ces sombres individus ne va pas changer l'issue de cette guerre. Tout au plus nous pourrons mieux coordonner nos actions et garder nos militaires dans leur fonction première : la guerre sur le front proprement dites. » il prit une grande inspiration avant de se redresser sur le fauteuil dans lequel il était installé « Je vois plusieurs d'entre vous se poser de nombreuses questions par rapport aux services de renseignement, leur efficacité, leurs compétences, ... Il n'est guère facile de prendre en charge un Ministère tel que le mien surtout lorsque mes prédécesseurs ont préférés de pas prêter attention aux preuves qui pourtant étaient à leurs dispositions. Pots-de-vins, corruptions, chantage et j'en passe. Je ne cache pas mon dégout pour les politiques antérieurs qui n'ont pas hésité à cacher délibérément des éléments qui auraient pu mettre un terme définitif à des menaces bien plus meurtrières que nous connaissons aujourd'hui. » Grendo restait expressément très flou dans ces explications, profitant de cette occasion pour observer le visage et les mimiques de chacun « Nous avons mis du temps pour étudier chaque dossier et mettre en corrélation ceux-ci avec de nouveaux éléments qui se sont produits par la suite. Les preuves sont accablantes et j'encourage cette assemblée à condamner le plus rapidement chacun des auteurs que je vais nommer pour Haute Trahison. » la stupeur générale avait don d'amuser le neimoidien qui adorait être à l'origine de ce genre de nouvelle. Mais la menace était réelle. Preuves à l'appui, S'orn était bien disposé à faire tomber plusieurs têtes pour sauver la sienne.

« Madame Elizabeth Santhe et Madame Tallia Dinarlia toutes deux ex ministres sous les mandats du Chancelier Scalia et de Maître Alyria Von, Monsieur Kaal Tel’kasan, ex Chef d'Etat-Major des Armées lors du mandat du Chancelier Scalia, Sa Majesté le Roi Pelleon de Corellia fait mis en lumière par le Prince-Amiral Ghodric O’Connor que je remercie pour sa participation dans cette chasse aux traîtres. Et enfin ... » le silence fût bref « La Ministre Sana Zari. » le dernier nom avait été lancée sous la surprise générale, la Ministre elle-même n'en croyait pas ses oreilles et s'indigna aussitôt face à ses accusations sans fondement

« Comment osez-vous m'accuser sans aucune preuve à l'appui ! »

S'orn laissa échapper un léger rictus « Oh rassurez-vous ma chère, les preuves sont toutes ici. Je les garde bien précieusement dans ces dossiers que vous aurez tous l'occasion de lire. Nous les préparons depuis mon entrée en fonction malheureusement des éléments manquaient pour pouvoir réagir plus tôt. D'après nos récentes découvertes, vos voyages vers Corellia pourtant si fréquents se sont brutalement interrompu lorsque le Roi Pelleon a été écarté du pouvoir. Simple coïncidence me direz-vous, mais étrangement peu de temps avant chacun de vos trajets, des caisses d'armement militaire disparaissaient ce qui a conduit l'ouverture d'une enquête non résolue à ce jour. Sans compter les messages cryptés qui circulent entre vous et un étrange individu par delà la frontière, au sein de l'espace Hutt. Nos analyses ont permis de dévoiler une partie de ces messages, mes experts sont encore à l'oeuvre en ce moment et très bientôt nous pourrons lire clairement le contenu de ces messages. Et comme si cela ne vous avait pas suffit, vous avez délibérément donner de fausses informations à vos troupes sur le terrain dans l'espoir d'anéantir toute chance de victoire. J'ai plusieurs témoignages à l'appui qui prouvent que vous donniez des ordres contradictoires à plusieurs de vos subordonnés. » puis il se retourna face au reste de l'assemblée « Nous avons manquez de coordination non pas car nous nous sommes avérés inefficace face à la situation mais car l'un d'entre nous est un traître à la solde de l'ennemi depuis bien des années. Vous avez agis dans l'ombre depuis bien trop longtemps Ministre Zari. Vous et vos collègues du RR êtes mêlés dans de sombres affaires de trahison depuis la création de votre parti. Nous ne gagnerons jamais cette guerre si nous gardons des individus de ce genre à nos côtés. C'est de cette façon que les précédents Gouvernements ont permis l'installation d'une base sur Aargau, que le bras droit du Chancelier Scalia était lui-même un sith ! Il est temps de faire le ménage, jusque dans ce bureau Madame la Chancelière. Je vous implore de mettre cette femme aux arrêts. »

S'orn était bien disposé à faire son devoir, si tenté qu'on lui laisse l'occasion de le faire. Il savait pertinemment qu'apprendre la trahison d'autant de personnes autrefois influentes de par leurs fonctions au sein du Gouvernement Scalia ou Von et même d'un roi local et d'une Ministre encore en fonction risquait de faire grand bruit dans les médias galactiques. Mais préférait-on cacher la vérité aux médias ? Au risque que cela sorte un jour de toute façon officieusement ? Le Neimoidien n'attendait qu'une chose pour pouvoir mettre en place la création d'une police politique dont lui seul et la Chancelière étaient les maîtres, l'occasion de faire pression sur ceux qu'ils n'avaient pas encore sous leurs bottes. Outrepasser les lois républicaines, c'était un risque à prendre mais le temps presse, l'Empire n'attendait pas pour s'attaquer aux mondes neutres puis aux planètes de la République.

« A la lumière des récents événements, je demande à cette assemblée de m'autoriser à lancer la création d'une police politique, remplaçant immédiatement la Garde Licteur beaucoup trop liée aux intérêts des Jedi. Cette police politique aura le droit d'enquêter sur quiconque est suspecté d'avoir des liens avec une organisation étrangère et dont le but est clairement de nuire aux intérêts de la République. Nous devons à tout prix réduire les menaces internes pour pouvoir mieux gérer notre gestion du terrain extérieur. »
Emalia Kira
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Emalia fixa le neimoidien, bouche bée, avant de reporter ses yeux sur la ministre Zari qui ne parvenait plus à contenir son hostilité. La Chancelière avait du mal à croire ce qui était en train de se dérouler. Elle avait choisi la Ministre Zari précisément en raison de sa position détachée par rapport aux anciens gouvernements : sa réputation de forte tête en avait fait une petite terreur dans l'Armée, mais elle n'était pas connue pour ses liens avec les généraux prédécesseurs. Il fallait croire qu'en accédant au poste de Ministre, Zari s'était rapprochée d'anciennes têtes pensantes qui l'avaient mise au fait et dans d'affaires bien plus anciennes qu'Emalia ne l'aurait cru. L'on découvrait toujours quelques œufs de kinrath dans les dossiers laissés par les précédents chefs de service, comme de jolis cadeaux à gérer jusqu'au jour où on les transmettrait à son successeur. Mais Emalia s'était attendue à ce que ce genre de dossiers fussent soulevés et éradiqués par Zari, qui visiblement s'était au contraire plu à tirer parti de ces petits arrangements créés par les précédents gouvernements.

Pendant quelques minutes, la Chancelière ne savait que dire. Elle écoutait le neimoidien égrener les noms et les accusations sans pouvoir réagir. Tant et si bien que lorsque les propos se tarirent, elle resta silencieuse encore un moment, avant de poser les coudes sur le bord de la table et d'enfouir son visage dans ses mains.

- Dites-moi que ce n'est pas vrai, gémit-elle.

Zari parut prendre cette demande pour elle-même.

- C'est un tissu de mensonges ! cria-t-elle en pointant un doigt accusateur vers le neimoidien. Je n'ai rien à faire avec ces histoires ! Madame la Chancelière, vous devez le savoir !

Emalia grimaça derrière ses mains jointes : non, elle n'en savait rien. L'un des deux mentait probablement et la Chancelière était incapable de démêler le vrai du faux : elle n'avait tout simplement pas les éléments pour. Elle savait cependant que le neimoidien était aussi procédurier qu'un muun et qu'il n'aurait pas tenté de telles accusations sans preuve.
Finalement, la Chancelière soupira, et réemergea. Elle se laissa aller sur son siège.

- Non, Madame Zari, je suis navrée, je n'en sais rien. Ecoutez, si vous êtes innocente, la justice vous rendra très vite votre liberté.
- QUOI ? Alors vous...
- Gardes, prenez soin de conduire la Ministre Zari en lieu sécurisé sous surveillance.
- Madame la Chancelière !

Sans l'ombre d'une hésitation, les deux « gardes » qui n'étaient autre que des droïdes armés jusqu'aux dents obéirent à Emalia et se dirigèrent d'un pas mécanique vers la Ministre, qui bondit de son siège.

- Madame Sana Zari, vous êtes en état d'arrestation. Veuillez accepter de passer vos mains dans ces dispositifs et nous suivre. Dans le cas de refus ou de résistance, nous emploirons un dispositif d'immobilisation de votre personne. Veuillez coopérer. Tout ce que vous direz sera enregistré.

Tremblante de fureur, la Ministre tendit la main vers le droïde, qui scella des menottes électrifiées autour de ses poignets sous les yeux ébahis du reste des membres du gouvernement.

- Vous me paierez cette humiliation, cracha Zari vers le neimoidien, avant de s'éloigner à la suite des deux droïdes qui l'encadrèrent avec attention.

Un long silence fit suite à leur départ. Les ministres ne savaient que dire. Emalia inspira profondément.

- Je crois qu'il est inutile de poursuivre le Conseil dans ces conditions. Soyez assuré que je veillerai personnellement à ce que l'enquête nous apprenne la vérité sur cette supposée haute trahison, dit-elle en fronçant les sourcils.

Elle avait du mal à croire elle-même qu'une telle chose eût pu avoir lieu. Mais il fallait qu'elle montrât l'exemple et qu'elle continuât ses tâches.

- Quelqu'un a-t-il quelque chose contre la disposition proposée par monsieur S'Orn ?

Les ministres se regardèrent, mais aucun n'interféra. Craignaient-ils de s'opposer à un homme qui pouvait faire accuser de haute trahison ? Possible. En tout cas, l'occasion était trop belle. Même si Emalia était préoccupée par ces histoires, elle rêvait depuis trop longtemps de se débarrasser de la garde licteur pour refuser une telle opportunité. Et elle ne voulait plus rien avoir à faire avec les gouvernements précédents.

- Dans ce cas, la disposition est validée. Monsieur Arazben, veuillez faire paraître cette annonce au Journal Officiel. La séance est levée. Nous reprendrons nos discussions demain... J'ai désormais plus important à gérer.

Les ministres se levèrent brusquement sans poser davantage de questions. Ce qu'elle avait à gérer ? L'annonce au Sénat qui s'enrichissait de nouvelles désagréables d'heures en heures. Désormais, il faudrait également dire aux Sénateurs qu'ils allaient traduire des personnes en justice pour haute trahison. Cela n'allait pas plaire... Mais Emalia s'était promis de ne pas faire les choses pour plaire depuis longtemps. Elle faisait ce qui était nécessaire.
La Chancelière pivotait pensivement sur son siège moderne pendant que les occupants vidaient les lieux. Lorsque le neimoidien passa près d'elle pour les suivre, elle l'interpela :

- Monsieur S'Orn, veuillez rester, je vous prie. Nous devons parler en privé.

Elle attendit qu'il revînt ou se rassît, et surtout qu'ils fussent seuls. Lorsque ce fut le cas, elle se leva brusquement de son fauteuil et se dirigea vers les longues baies vitrées du bureau. Elle s'immobilisa en regardant les gratte-ciels qui se dressaient à perte de vue, entourés d'une nuée de vaisseaux.
Comment dire les choses ? Leur gouvernement n'allait pas si bien qu'elle l'espérait.

- Monsieur S'Orn, félicitations pour ces découvertes. Et pour votre... Culot.

Elle aimait cela, le culot. C'était ce qui lui avait plu chez Jake, chez Laz'ziark, chez Lana, chez lui à présent. Mais cela n'avait pas toujours été signe qu'elle faisait confiance aux bonnes personnes. Et justement, pouvait-on faire confiance à ce neimoidien qui autrefois était son opposant, et qui pouvait le redevenir un jour ou l'autre ?
Emalia se retourna pour lui faire face, les bras croisés et le regard sévère. Non pas qu'elle lui en voulût, mais la situation la tracassait et il était difficile de ne rien laisser transparaître.

- Expliquez-moi rapidement ce que vous pensez que Zari a fait avec ses petits copains. Je ne parle pas des preuves qui sont dans le dossier. Je parle de leurs intentions politiques. Vous avez du flair pour cela et je sais que vous avez déjà réfléchi aux hypothèses les plus viables.

Il lui était difficile d'admettre que son angoisse personnelle naissait de ce qu'elle avait du mal à identifier les propres failles de son système...

- Je dois comprendre, lui expliqua-t-elle, afin de ne pas nommer à la place de Zari quelqu'un qui nous trahira de la même manière. Comment ont-ils pu dissimuler de tels arrangements ?
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Comme tous les autres ministres, Lana était présente à la réunion. En bout de table, elle n'avait pas soufflé un mot de toute la réunion. Elle était restée discrète... Comme depuis quelques mois à vrai dire. L'umbaranne était une vice-chancelière particulièrement discrète. Elle preferait régler les problèmes dans l'ombre, à l'abri de confortables salles pour des réunions en tout petit comité, là où elle pouvait exercer au mieux son art. Elle se présentait de temps à autre en public, pour remplacer Emalia lorsque cette dernière était indisponible, mais pas beaucoup plus. Elle avait une tâche importante à réaliser: calmer les membres du Sénat, et aplanir le terrain pour qu'Emalia ait toute la latitude nécessaire pour ses manoeuvres. Et force était de constater que c'était efficace, car la République n'était pas encore en guerre civile.

Elle se plaisait à penser que le Sénat était remarquablement calme grâce à ses efforts. Elle avait fait rentré dans le rang le sénateur Munsk, et avoir forcé Remis Menk a reprendre la production de Rendili par un savant mélange de concessions et de menaces. Sans leur chef de file, la résistance qu'on avait opposé au gouvernement avait été moins forte. Elle avait ensuite usé de diplomatie, de pression et de cajolerie pour ramener de l'ordre dans sa bergerie. Cela avait été fastidieux, et très usant pour ses nerfs. Comme Remis lui avait fait justement remarqué, elle avait joué le rôle de bouclier humain pour le gouvernement Kira. C'était en grande partie sur elle que s'étaient déversées les remarques désobligeantes, voire calomnieuses. Les négociations jusque tard le soir. Les remarques à peine voilées sur son possible passé de Sith (qui avait un amère goût de vérité). La sith détestait les critiques...

Lana était fatiguée. Ses nerfs étaient constamment en pelote. Moralement, elle commençait à accuser le coup, et devenait parfois peu diplomate. Son sang-froid autrefois imperturbable se craquelait de plus en plus facilement, et il lui arrivait de piquer des crises de colère, comme lorsqu'elle était plus jeune et instable. Il n'y avait plus assez de temps lors d'une journée pour ce qu'elle devait faire. Le fait qu'elle ne déléguait quasiment rien, à part un peu de paperasse, ne l'aidait franchement pas, mais la confiance un mot qu'elle connaissait très bien.

Comme pour ne rien arranger, la défaite désastreuse de la République avait remis le feu aux ruines encore fumantes du Sénat, et l'avait forcée à mettre les bouchées doubles avant que la République décide d'imploser, ou de faire quoi que ce soit de stupide. Elle avait accumulé du même coup un nombre alarmant d'heures de sommeil de retard, ne serait-ce que pour obtenir de ses collègues sénateurs qu'ils se tiennent tranquilles en attendant une allocution de la chancelière. L'activité seule la maintenait éveillée à présent, et elle s'était surprise à s'endormir dés que la tension autour d'elle retombait un peu trop.

N'ayant rien de pertinent à dire lors de la réunion, elle avait assisté aux débats d'un oeil vide, Heureusement, elle portait ses grosses lunettes noires de protection pour préserver ses yeux fragiles de la lumière agressives des humains. Elle fut un peu plus surprise de l'arrestation d'une ministre sur des accusations directes de S'orn. Le regain de tension accéléra un peu ses pensées alors qu'elle commençait à mesurer toutes les implications. Perdue dans ses pensées, l'esprit toujours un peu vaseux, elle suivit les autres ministres. Elle n'avait même pas saisit que la séance était finie... Puis, alors qu'elle atteignait le bout de couloir, elle se rendit compte que ses jambes l'avaient portées seules. Elle avait laissé Emalia seule avec le crapaud S'orn ! Non pas qu'elle ne l'aimait pas (elle n'aimait personne de toute manière), mais l'homme venait de se révéler incroyablement dangereux en réussissant à mettre aux arrêts une ministre jusque là irréprochable. Lana se demanda si elle aurait pu être à la place de Zari. Après une manœuvre pareille, il avait l'occasion rêvée de faire pression sur la chancelière.

L'umbaranne fit demi-tour, et s'apprêta à entrer de nouveau dans la salle de réunion, à présent quasiment vide. Elle chercha une raison valable d'avoir fait demi-tour... Mais son cerveau transi abandonna très vite. Elle était la vice-chancelière. Elle n'avait pas besoin de raison. Par contre, elle était curieuse de voir Grendo et de discuter avec lui. Elle était douée pour flairer les mensonges, et elle voulait en avoir le cœur net, même si cela ne changerait rien à l'ébauche de ses plans. Elle entrouvrit donc la porte, espérant voler les dernières bribes de conversations, puis frappa avant de s'annoncer:


- Je vous prie de bien vouloir m'excuser, mais je dois parler à la chancelière...

Aussi mortellement pâle que d'habitude, Lana avait même abandonné l'idée de porter des robes, les plus simples soient-elles. Elle portait un simple tailleur noir, avec un pantalon. Un pantalon ! Depuis qu'elle avait quitté sa planète natale, les fois où elle avait porté un pantalon se comptait sur les doigts des mains, et toujours en privé. Sur une crise de colère, elle avait renvoyé ses caméristes, et était obligée depuis plusieurs jours de s'habiller seule le temps d'en embaucher d'autres. Comme elle devait toujours faire vite, le pantalon était devenu le plus pratique. Si cette tenue lui donnait un air professionnel appréciable, il ne l’embellissait pas, loin de là. Ses cheveux tombaient simplement dans son dos dans une cascade noire, sans qu'elle ait particulièrement cherché à se coiffer. Elle s'était peignée, ce qui lui avait déjà pris beaucoup trop de temps.

Après que la chancelière lui fit signe de s'approcher, Lana les rejoignit, puis entreprit de s'asseoir - ou plutôt de se laisser tomber - sur le siège le plus proche. Pour une fois, elle fut heureuse de porter ses lunettes noires: elles permettaient de cacher ses cernes, chose que le maquillage ne parvenait plus à faire seul.
Grendo S'orn
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Le Neimoidien avait une fois de plus frappé. Une frappe directe et forte en plein coeur du Gouvernement Républicain qui se voyait privé de la tête du Ministère le plus important en cette période de guerre, celui de la Défense. Sana Zari avait été mise aux arrêts. Une arrestation immédiate qui ne déplu pas le moins du monde à Grendo S'orn qui se félicitait intérieurement d'avoir accompli l'un de ces plus gros coups. Ainsi débarrassé d'une rivale de poids au sein de l'exécutif, rien ni personne n'empêcherait le Front Libéral Républicain d'acquérir le Ministère tant convoité, à moins qu'il n'envisageait de pousser la Chancelière à nommer une personnalité au faible charisme, un individu de seconde zone quelque peu malléable pour pouvoir l'influencer à sa guise. Nul n'aurait pu le dire, le Neimoidien le savait-il lui-même d'ailleurs ? Allez savoir ! Quoi qu'il en soit, les faits étaient là. De nombreuses enquêtes successives avaient révélés la trahison de plusieurs personnalités influentes de la République. Celle de Pelleon pour commencer, S'orn n'avait rien du faire pour constater que le richissime Monarque complotait depuis très longtemps avec les ennemis du nord. Ensuite Elizabeth Santhe et Tallia Dinarlia, toutes deux avaient pourtant bien pris soin d'effacer leurs traces mais c'était sans compter l'intervention des nouveaux services secrets du Neimoidien qui s'étaient afférer à trouver la faille. Kaal Tel’kasan, l'ex Chef d'Etat-Major des Armées avait été beaucoup plus difficile à percer à jour. Celui que Valerion Scalia considérait comme un maître lors de ses années à l'académie militaire avait bien mené sa barque jusqu'à aujourd'hui. Le nikto de 61 ans servait encore et toujours dans l'armée mais à une fonction plus administrative qu'auparavant. Selon l'enquête effectuée par Grendo et ses hommes, ce dernier aurait autrefois communiqué de lourdes informations top secrètes à l'ennemi, allant jusqu'à faciliter des victoires impériales sur le terrain. La dernière et non la moindre n'était autre que la Ministre Sana Zari. Celle-ci n'avait en réalité rien à se reprocher, elle avait toujours été loyale en vers la République mais se retrouvait à cet instant victime d'une véritable machination, un coup monté de toute pièce par Grendo S'orn lui-même qui avait ordonné à plusieurs de ses loyaux subordonnés de fabriquer des preuves compromettantes à son encontre. Tout avait été orchestré de main de maître par le Neimoidien, dans les moindres détails, rien n'avait été laissé au hasard pour empêcher quiconque de remonter jusqu'à lui en cas d'échec de son plan.

A présent seul à seul, S'orn s'exprima à son tour « Madame la Chancelière ... je suis navré d'avoir dû être l'auteur de ces sombres nouvelles. » mentit-il, il avait au contraire apprécié le moindre instant « Je me doute que celles-ci doivent être très dures à entendre, ce sont de graves accusations, à l'encontre de personnalités politiques influentes par le passé ou encore à notre époque. J'ai moi-même été très surpris de découvrir jour après jour les preuves inculpant ces individus qui ne sont qu'une infime partie des personnes qui rodent dans le Sénat et qui complotent pour mettre un terme définitif à notre noble système que nous connaissons aujourd'hui. Ces cinq personnes n'ont évidemment pas agis seuls, ce genre de réseau nécessite des moyens, des effectifs importants, une organisation minutieuse et c'est d'autant plus effrayant lorsque nous comprenons que tout a été fait au nez et à la barbe du Gouvernement. » S'orn était dure dans ses propos mais les faits étaient là, le séparatisme rodait dans les couloirs du Sénat, la corruption et la trahison aussi « Le Rassemblement Républicain est corrompu. Corrompu jusqu'à la moelle. Entre l'affaire Janos, la base Sith sur Aargau, planète qui faisait autrefois partie du RR, la trahison du roi Pelleon de Corellia, celle des anciens Ministres lors du mandat du Chancelier Scalia, lui-même membre fondateur de ce parti ... et je n'ose même pas imaginer ce que nous ne savons pas encore au sujet des affaires internes entre Janos, Scalia et Keyien ... » le Neimoidien envisageait toutes les éventualités, et si la trahison allait bien plus loin que ce qu'ils imaginaient ? La base du problème était bien plus profond. « Mon avis c'est que depuis la disparition des trois têtes pensantes du RR, ce parti s'est vu dépérir au fil des années, une longue et lente agonie allant jusqu'à des luttes internes de pouvoir. Je ne vais pas vous le cacher, lorsque j'étais dans l'opposition, j'ai moi-même pris la peine de contacter le Rassemblement Républicain afin de proposer une alliance avec mon propre parti pour avoir plus de poids au sein du Sénat. En vain. Seuls quelques accords commerciaux ont pu voir le jour mais d'un point de vue politique deux clans s'affrontent au sein de ce parti sur le déclin. Ceux qui sont proche de Corellia et les autres. Aucun leader politique n'a vraisemblablement réussis à rassembler tous les acteurs autour de la table afin de maintenir une certaine cohésion dans le groupe et la prise de pouvoir du Prince Amiral O'connor n'a certainement pas arrangé les choses. De toute évidence certains ont préférés agir dans l'ombre, voyant peut-être un avenir plus radieux ailleurs ... mais je reste sceptique quand à cette éventualité. Mon avis c'est que nous faisons face à un complot bien plus organisé que des individus éparpillés par-ci par-là en quête d'un plus grand confort. Non ce n'est que la face visible de l'iceberg, il y en a certainement d'autres mais pour qu'un tel système fonctionne il doit y avoir l'Unité. L'Unité autour d'un seul et même individu qui agit dans l'ombre, un individu également présent sur le terrain et qui communique précisément avec chaque pion lui disant quoi faire, quand et où pour faire avancer leur plan. Je crains malheureusement Madame la Chancelière ... que nous venons de mettre le doigt sur une situation bien plus complexe que nous ne l'imaginons encore aujourd'hui ... » il n'était pas défaitiste mais une telle situation exigeait fatalement une organisation sans faille. Qu'un membre aussi important et influent du Sénat soit un traître passe encore, un deuxième plus compliqué mais pas impossible, mais là cinq personnalités d'un coup, dont-une Ministre et de la Défense en plus, il y avait forcément un individu qui tirait les ficelles dans l'ombre depuis le début mais qui. S'orn mourait d'envie de le découvrir, allant même jusqu'à croire ses propres mensonges qu'il avait proféré au sujet de Zari.

« Ce que je vais vous dire, Madame la Chancelière, ne va certainement pas vous plaire. Mais si vous désirez sauver notre démocratie que nous chérissons tant aujourd'hui, vous devriez ... » il hésita à continuer sa phrase ou plutôt à comment la tourner pour qu'elle ne soit pas mal comprise. Ce qu'il s'apprêtait à dire risquait fort de jouer en sa défaveur à moins qu'il ne réussisse à choisir minutieusement les mots pour tourner la situation à son avantage « ... en limiter son application. Face à une menace d'une telle ampleur, qui pourrait vous en vouloir de prendre des mesures exceptionnelles ? Et je ne pèse pas mes mots, nos ennemis ... VOS ennemis, sont bien plus proches que nous ne l'imaginions encore hier. » tandis qu'il parlait, son cerveau était en ébullition. Chaque parole, chaque mot, chaque geste étaient méticuleusement choisis par le Neimoidien qui fit aller ses doigts sur la table comme si il attendait quelque chose, peut-être l'approbation de la Chancelière ? « Tandis que vos soldats se battent farouchement sur le front, votre vie ici-même sur la Capitale est en danger, celle de votre fille ... » il fallait en faire une affaire personnelle, et quoi de plus intéressant que de toucher l'amour d'une mère pour sa progéniture « Je ne pourrais tolérer un second Chancelier abattu par un quelconque déséquilibré ou par un traître que nous n'avons pas été capable de débusquer à temps. Il me faut plus de moyens, plus d'effectif pour faire face à ce danger ... Mais plus encore, la Constitution elle-même nous fait régulièrement obstacle lorsqu'il nous faut agir avec rapidité et efficacité. Elle n'est pas adaptée à une période aussi difficile que la Guerre ... » S'orn était dans l'excès, il n'avait absolument aucune preuve d'un potentiel nouvel attentat sur la personne de la Chancelière et encore moins de sa fille, mais le souvenir du défunt Scalia était un élément clé de son plaidoyer. La peur absolue voilà ce qu'il désirait apporter au Sénat puis au sein de la République. La peur était un sentiment étrange mais que tout Dirigeant se devait d'user à son avantage pour mieux contrôler la population à ses bottes. Kira devait elle-même le savoir vu son statut de Reine sur Ondéron. Régnait-elle d'une main de fer sur ses sujets ou plutôt enfilait-elle régulièrement le gant de velours pour faire passer telle ou telle réforme ? S'orn était plutôt partisan de la première possibilité et conseillerait sans hésitation la Chancelière dans ce sens. La crise actuelle nécessitait de lourds changements constitutionnels, temporaires du moins et l'avis du Sénat n'était plus nécessaire.

« Il vous faut désormais prendre des décisions lourdes de conséquences Madame la Chancelière, êtes-vous seulement prête à mettre notre démocratie de côté le temps que nous y voyons plus clair à la fin cette enquête, au risque de déplaire à la population et même aux autres Sénateurs de la rotonde ? Si vous m'avez nommé à cette fonction, c'est précisément parce que vous saviez que j'étais capable de faire le nécessaire lorsque la situation l'exigerait, je vous implore de ce fait de me libérer les mains afin que je fasse ... mon travail. » deux mots qu'il venait d'énoncer sur un ton à glacer le sang de n'importe quel être vivant. Zéro obstacle,zéro embuche, rien ni personne ne devait empêcher Grendo de faire ce qu'il devait faire. Il était prêt à endosser le mauvais rôle dans ce Gouvernement, celui d'Inquisiteur ou peu importe quel nom donnerait-on à cette fonction. Haït par certains et vénérés par d'autres, S'orn savait pertinemment qu'une telle fonction lui donnerait un pouvoir inimaginable au sein de la Rotonde et des frontières de la République. Il ne devrait référer qu'à la Chancelière en personne, à la Vice-Chancelière peut-être également si elle s'avérait être d'accord avec ses plans. D'ailleurs là voilà qui arrive, Grendo se tût automatiquement, tournant légèrement la tête dans sa direction. La jeune femme n'avait certainement pas apprécié être évincée des discussions de la sorte.
Quoi qu'il en soit, le Neimoidien avait enfin joué carte sur table avec la Chancelière, première fois depuis toute sa carrière politique qu'il avait été sincère du début à la fin sur ses intentions. Emalia l'avait très certainement compris désormais, S'orn était prêt à tout même au pire mais ses intentions étaient, d'après ses dires, bonnes. Alors fallait-il accepter de se lier à un bourreau dans l'espoir de débusquer les vils serpents qui rampaient au sein du sénat, ou préférait-elle encore vivre dans l'ignorance jusqu'au jour où le pire risquait d'arriver ?
Emalia Kira
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Emalia, le visage fatigué, tourna doucement le regard vers la porte de la pièce, qui s'entrouvrait pour laisser paraître la vice-chancelière. L'ondéronienne acquiesça pour lui indiquer de se joindre à eux – Lana était l'une de ses plus sûres alliées dans ce gouvernement. Peut-être même la seule en qui elle pouvait dire qu'elle avait confiance. Un mot qu'elle n'utilisait plus à la légère depuis longtemps. Si Emalia croyait Lana loyale, elle la savait aussi lucide, peut-être davantage qu'elle-même, sur les rouages politiques. N'avait-elle pas été la première à mettre en garde la souveraine contre les chiens kath du Sénat, lorsqu'elle menait sa première campagne pour la Chancellerie ? Et aujourd'hui, n'était-elle pas encore plus efficace qu'espéré pour calmer cette même Rotonde enragée ? Emalia savait qu'elle devait le calme de cette dernière en grande partie à sa vice-chancelière. Lana n'était pas remerciée à la hauteur de son travail – mais que pouvait-elle faire pour elle ? L'umbarane semblait se fournir à elle-même tout ce dont elle avait besoin. Une indépendance qu'Emalia était bien loin de ressentir et qu'elle lui enviait parfois.
Mais tout de même, Lana lui semblait rudement fatiguée. Peut-être pourrait-elle lui fournir quelque chose pour l'aider en ce sens ? Ce n'était pas le plus urgent de ce qu'elle avait à penser, mais si Lana lui faisait défaut, Emalia serait particulièrement handicapée. Ce n'était donc pas non plus un sujet à prendre à la légère. Mais elles ne pouvaient décemment pas discuter de cela devant le Ministre S'Orn.

La Chancelière passa sa main sur son visage comme pour se débarrasser de la fatigue accumulée ces derniers jours tandis qu'elle écoutait d'une oreille le neimoidien s'expliquer. Elle avait du mal à se concentrer sur le ton monocorde de l'alien, mais elle s'efforçait de retenir le plus important. Elle essayait de se représenter le réseau interne qui s'était formé dans les entrailles même de l'organisation de la République pour jouer contre eux. Pourquoi ce genre de serpent naissait-il toujours en leur sein ? Qui plus était au pire moment, lorsque l'Empire les poussait à bout ! Etait-ce seulement des egos qui complotaient seulement pour le pouvoir ? Ou bien... Emalia sentit son sang se glacer. Etait-il possible que l'Empire eût infiltré la République, le Sénat et les autres organes administratifs et politiques pour détruire le système de l'intérieur ?
La Chancelière ressentit un léger vertige. Elle avait l'impression d'être assise à la cime d'un arbre centennaire dont des individus masqués, à la base, sciaient le tronc depuis des années. Quand tomberait-il ?

Ne pas paniquer. Les propos du neimoidien ne la rassurait en rien, mais il fallait garder son sang-frois. Elle fronça les sourcils. Les membres du RR se faisaient de plus en plus rares. Elle ne parvenait pas à croire qu'ils puissent être les instigateurs d'un tel mouvement. Non, c'était autre chose...
Mais les propos de S'Orn étaient alarmants et alarmistes. Qu'entendait-il exactement par mettre la démocratie de côté ? Par lui libérer les mains ? Et cette animosité... Etait-il menaçant ? Non. Soit il était en colère, soit il paniquait, d'où ces demandes. Les deux cas étaient toutefois très différents.

- Je saisis bien la situation, rassura-t-elle le neimoidien en se mordant toutefois la lèvre. Mais... Qu'est-ce qui vous fait dire qu'un individu unique serait derrière tout cela ? Par ailleurs... Je suis d'accord sur le fait qu'il nous faille renforcer la sécurité. Mais avez-vous pensé à des mesures concrètes qui nous permettraient d'empêcher ce type de réseau de proliférer ? La République emploie des millons de personnes, monsieur S'Orn. Vous ne voulez tout de même pas tous les mettre sur écoute !

Ce n'était pas une question de moyens, c'était une question de bon sens. Les moyens, elle les avait. Ou elle les trouverait. Lorsqu'on était à la tête de la République, on trouvait des crédits, on arrangeait les budgets, on s'organisait. Pour elle, c'était moins une question de moyens qu'une question de stratégie. Elle ne voyait décidément pas comment elle pouvait empêcher des individus de comploter contre leur gouvernement, même avec tous les moyens à disposition. On ne contrôlait pas les pensées, les conversations.
La Chancelière vint se rasseoir lentement à la table de réunion, échangeant un regard circonspect avec Lana.

- Si j'étais l'Empire, souffla-t-elle à voix basse, comme si elle avait eu peur qu'on les entendît converser, je n'agirais pas autrement pour détruire la République. Il y a des... Individus qui seraient prêts, pour l'Impératrice, à se sacrifier avec une fausse identité dans la Rotonde pour forcer la division. Cela, même des Jedi ne pourraient le prévoir. Monsieur S'Orn, je voudrais bien vous donner des moyens... Mais pour une tactique bien huilée qui m'assurerait que vous identifiiez de tels individus. Car de mon point de vue... Il n'est pas du tout certain qu'il s'agisse d'un plan conçu par un cerveau unique et machiavélique. L'Impératrice est bien plus maline que cela. Elle aura su jeter de nombreuses graines et elle attend désormais que ces graines germent. Toutes les fleurs ne verront pas le jour, mais certaines y parviendront. Je ne peux décemment pas brûler entièrement mes terres sous peine de condamner notre avenir. Il nous faut donc soit un plan qui nous permettent d'agir à la source, pour que de nouvelles graines ne puissent être jetées, soit un plan de réactivité qui nous permettent d'agir dès un comportement déviant perçu. Dans l'idéal, il nous faudrait les deux.

Emalia se laissa aller en arrière, son dos se reposant contre le dossier du fauteuil. Elle n'était pas encore prête à jeter au feu à la démocratie républicaine. Elle devait agir avec mesure, même si elle sentait l'empressement du neimoidien. Elle se tourna vers Lana, qui peut-être avait des idées en ce sens. La vice-chancelière avait souvent une perception bien différente des problèmes, qui aidait Emalia à enrichir sa perception des choses et ses stratégies.
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Lana sentait le trouble de la chancelière. Elle se mettait à sa place: trahie par les membres de son propre gouvernement. Enfin, trahie... Elle n'en était pas sûr. Cela pouvait tout aussi bien être un coup tordu de S'orn. Et l'ancienne sith en connaissait un très long rayon dans le domaine ! Elle n'aurait pas fait autrement à sa place pour éliminer ses rivaux. Que cette affaire soit vraie ou fausse, c'était un bon coup. Elle considéra le crapaud d'un air nouveau, bien caché derrière ses épaisses lunettes noires. Elle ne l'aurait pas pensé si doué que cela... Cet homme était capable d'utiliser la moindre parcelle de pouvoir qu'on lui fournissait pour en gagner plus. Remarquable. Remarquablement dangereux également. Lana se sentait presque menacée à présent qu'elle faisait ce constat.

Durant très longtemps, bien avant de devenir vice-chancelière, Lana était restée dans l'ombre et dans la neutralité. N'appartenir à aucun camp ne permettait pas de gagner rapidement en influence, mais limitait les revers de fortune et les coups de sort. Lentement, mais sûrement, elle s'était tissée une place au Sénat. Cette réputation lui avait bien servie, même si elle avait mis longtemps à l'établir. A présent qu'elle avait rejoint un camp, elle était probablement devenue une cible pour les opportunistes comme Grendo, qui se serait surement bien vu à sa place. Elle devait être plus vigilante, et garder un oeil sur lui... Dans l'immédiat, elle devait soutenir Emalia, avant que le crapaud ne la manoeuvre exactement là où il le voulait. Elle sentait la détermination de la chancelière vaciller, affaiblie et démoralisée qu'elle était par les dernières nouvelles. Il aurait été honteux de laisser Grendo en profiter à son avantage !

Lana croisa les jambes, épousseta une poussière sur son pantalon de tailleur, et s'éclaircit la voix pour la faire paraitre moins fatiguée qu'elle ne l'était.

- Cette affaire la ministre Zari est affreuse. Même si je ne suis pas encore totalement convaincue par sa culpabilité... fit-elle en jetant un coup d'oeil à Grendo... Il serait dommage de ne pas profiter de cela. Présenter un coupable à la rotonde permettra de calmer les esprits. On donnera l'impression d'avancer un peu, de faire des choses. Même si par la suite elle s'avère innocente, cela nous aura fait gagner un temps précieux.

Elle sentit presque le poids du regard accusateur d'Emalia. A moins qu'elle ne l'imaginait ? Elle se sentit obligé de se justifier:


- Je sais que c'est un coup bas, mais les temps sont durs... Je ne sais pas encore combien de temps je parviendrai à tenir le Sénat tranquille. Estimez-vous heureux que j'y sois parvenue jusque là. Je dois utiliser tous les outils à ma disposition.

Elle soupira, puis reprit en se tournant vers Emalia, l'air sérieuse à travers ses grosses lunettes noires:

- Si jamais elle est innocente, cette histoire sera vite oubliée ou ignorée. J'en suis la preuve vivante. C'est un faible prix à payer je trouve.

Elle-même avait été jugée pour plus ou moins la même chose. Cela ne l'empêchait pas d'être vice-chancelière à présent, n'en déplaise à certains. Elle se tourna ensuite vers Grendo, lentement.

- Monsieur le ministre, je n'ai pu m'empêcher d'entendre la fin de votre proposition en entrant... commença-t-elle d'une voix neutre.

Et quelle proposition ! Avoir les mains libres, presque avoir plus de pouvoir que la chancelière elle-même ? Dangereux. Cela prouvait bien les ambitions du batracien. Elle laissa planer un silence quelques instants, le temps de la réflexion. Dans le fond, il avait raison, mais cela ne la rassurait vraiment pas de le laisser en liberté avec carte blanche. Elle n'avait pas suffisamment bien cerné le personnage pour décider du bien fondé de la chose. Comme elle sentait Emalia à deux doigts d'accepter dans quelques espoirs de se sortir de cette situation infernale, elle se décida à prendre la parole:


- Vous savez, Emalia, fit-elle, utilisant son prénom, S'orn a raison. Il faudrait muscler un peu plus la sécurité intérieure. Bien sûr, il est hors de question de mon point de vue de toucher à la constitution, ou aux droits civiques. Cela serait beaucoup trop voyant, et surtout mal accueilli. Le Sénat destituerait le gouvernement très rapidement au vu de l'agitation politique...

Elle marqua une pause, puis poursuivit d'une voix suave, surtout à l'attention de Grendo:

- Je propose de laisser monsieur le Ministre faire ce qu'il souhaite, du moment qu'il n'est pas pris. Nul besoin de changer les lois, il lui suffit simplement d'être discret dans ses actions.

Elle avait la carotte pour appâter le nemoidien, mais également le bâton.

- Je me propose de surveiller personnellement ses actions afin de m'assurer qu'il œuvre bien pour le bien de la République, et qu'il ne va pas trop loin. Je pourrai même couvrir les infractions mineures si nécessaire. Bien sûr, si les impacts commencent à être trop gros, monsieur le Ministre devra s'en tirer seul...

Voilà qui devrait limiter un peu les ardeurs et faire réfléchir Grendo sur ses futures actions, s'il acceptait. Cela permettait de même coup de permettre à Lana de mettre officiellement le nez dans ses affaires et de le surveiller, sans qu'il puisse refuser s'il tenait vraiment à obtenir ce qu'il voulait. Emalia s'en tirait également en vainqueur, car cela lui retirait une grosse partie de la responsabilité en cas de pépin.
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