Ses'kai Mora
Ses'kai Mora
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Encore cinq minutes avant l'activation du programme d'entraînement. Cinq petites minutes pour que le Chevalier Jedi se prépare mentalement, qu'il médite sur la raison et le but de cet exercice. Ses'Kai n'avait pas pour habitude de venir pratiquer au Temple, en vérité il préférait même s'en tenir éloigné autant que possible...mais quelques fois, il y revenait malgré tout, et dans un instant de solitude rejoignait les salles d'entraînement pour méditer en silence et entretenir ses compétences de bretteur, cherchant avant tout à les améliorer bien sûr, mais surtout à réfléchir à leur utilité.
En tant que Jedi, la violence ne pouvait pas être la seule raison de son existence. En tant qu'ancien gladiateur, en tant que combattant réaliste en revanche, il devait être aussi efficace que possible...mais il devait se garder du côté obscur. Il refusait la politique "pacifiste" et hypocrite des Jedis, mais encore plus de simplement sombrer avec les Siths, de devenir une brute épaisse n'étant pas capable de raisonnement autrement que parce qu'il était fort.
Voilà à quoi servaient ces entraînements en réalité, à comprendre pour quoi il se battait, et pourquoi il devait le faire...et pas seulement pour la victoire.

Un cliquetis mécanique l'informa que le droïde de combat passait en mode opérationnel, dégainant un sabre laser à la lame jaune en passant immédiatement à l'attaque. Alors agenouillé, Ses'Kai s'avança pour se relever et dégainer dans un seul geste fluide, contrant la première attaque du robot-sabreur, et recula pour amortir le second coup de la machine.
Sur la défensive, le Chevalier s'avança d'un pas mesuré en envoyant son sabre vers le "poignet" du droïde quand il fit mine d'armer une nouvelle frappe, l'obligeant à battre en retraite. Incisif, Ses'Kai avança à nouveau d'un pas, feintant un coup haut pour envoyer une taille vers la jambe du robot qui dévia son sabre pour repasser à l'assaut.
Contrairement à ce qui lui dictait son instinct, le gladiateur s'esquiva sur le côté et abattit son sabre vers la main du droïde. Le coup trop ample et trop lent laissa le temps à la machine de se retirer et de se replacer, le Chevalier se contentant de reprendre sa garde au lieu de poursuivre son adversaire.

"Telle est la raison d'être du Shii-cho", faisait encore la voix d'Exa'ren son maître, dans sa tête alors que le Thyrsian contrait et esquivait les attaques du droïdes par des mouvements simples et efficace. Il se faisait économe, patient, visant les membres du robot ou son sabre lorsqu'il pouvait frapper sans s'exposer, ou se repliait en arrière et sur les côtés lorsqu'attaquer représentait un risque. C'était ainsi qu'on apprenait la base de l'escrime...
"La méthode la plus simple est souvent la plus efficace" disait alors le Togruta. "Pas de violence excessive, inutile de faire couler plus de sang que nécessaire. Le Shii-cho apprend à mettre un terme au conflit, pas à alourdir la liste de ses conséquences" marmonnait Ses'Kai en même temps qu'il répétait inlassablement les techniques fondamentales de la première Forme, cherchant à désarmer le droïde ou à l'amputer de la plus petite partie possible. C'était là la base de la philosophie Jedi, se battre lorsqu'il n'y avait pas d'autre choix...mais s'élever au-dessus du simple meurtre, de la facilité que prisaient tant les Siths.
"Plus que tes ennemis, se sont les tentations que tu affrontes grâce au Shii-Cho. Chasse ta colère par la simplicité, la peur par la confiance, la haine par la sérénité. Réponds à l'agression par la clémence, à la menace par la patience. Si on t'attaque, protèges-toi, si ton adversaire s'expose, neutralise-le sans détruire sa vie. Voici l'art fondamental du sabre laser, l'art fondamental du Jedi."

Ses'Kai n'aimait pas la première Forme et ses angles d'attaques limités, sa façon simpliste d'alterner entre un pas en avant, et un pas en arrière. Il avait le sentiment de se retenir, de s'étouffer lui-même...et c'était là le but de l'exercice. Son maître aimait particulièrement ce style et avait tenté de lui transmettre la beauté de sa forme épurée, espérant que trouver l'équilibre dans les fondamentaux lui apporterait la sagesse.
Alors le Thyrsian poursuivait les anciennes leçons de son mentor. Il avançait pour frapper une fois, deux fois, une feinte en haut, un revers horizontal pour contrer le coup ascendant du droide, puis une coupe en diagonale vers sa jambe qui se heurta à la défense du droide. Puis ça recommençait, un pas en arrière et une défense, un autre et une riposte. Pointer le sabre en avant pour empêcher l'adversaire d'avancer, puis le frapper au poignet. Mais la machine était calibrée pour affronter de grands bretteurs et dévia aisément la frappe, avant de reculer de quelques pas en émettant une série de bips.
Se sentant frustré par l'arrêt soudain d'un combat qui n'avait connu aucun vainqueur, Ses'Kai recula pourtant en levant son sabre en guise de salut, par réflexe ou par coutume. Il n'aimait pas du tout le Shii-Cho, mais il devait le manier malgré tout. Car il était la base, la première Forme, et que le maîtriser, c'était maîtriser son corps et son esprit. C'était être un Jedi.

Un long "biiiip" émana du droide qui changea de position. Il venait de monter d'un degré en difficulté, et passa immédiatement à l'assaut, plus violent. Les muscles tendus comme la corde d'un arc, Ses'Kai se déporta d'un pas net sur le côté, laissant le sabre fendre l'air à côté de lui avant de porter un Shiak, un estoc vers la poitrine du robot, qui se jeta en arrière de justesse, la pointe du sabre noircissant son pectoral mécanique.
Deuxième Forme, le Makashi. L'art du duel, le minimum de mouvement pour un résultat optimal. Des gestes brefs, d'une précision mortelle. En garde, de profil et la lame tenue d'une main, pointée vers l'avant, Ses'Kai accueillait avec une concentration impressionnante chaque tentative d'assaut de la machine. En combat réel, il l'aurait démoli en quelques passes, mais la simple victoire n'était pas son objectif.
En tant que gladiateur, Thyrsian ou simplement amateur d'escrime, le Chevalier Jedi appréciait assez le Makashi et son efficacité. C'était un peu "l'art de tuer, à sa forme la plus directe et propre" et cela lui plaisait. Chaque coup du droide était immédiatement sanctionné ou tué dans l'oeuf. Lorsqu'il armait trop près, le sabre bleu de Ses'Kai menaçait de trancher des circuits vitaux ou de lui arracher le bras, lorsqu'il armait trop loin le Jedi s'éloignait simplement d'un pas et le punissait lorsqu'il frappait dans le vide. Leurs sabres se rencontraient rarement, Ses'Kai évitant volontairement le contact pour ne prendre que les coups à l'efficacité optimale.
C'était ça son défi sur la Forme deux. La concentration. En étant focalisé sur l'instant présent, le Jedi parvenait à éclaircir son esprit, à vider sa conscience de ses rancunes, de ses questions et à simplement sentir les assauts avant même qu'ils ne fussent esquisser, pour y répondre au mieux en un clin d'oeil, se gorgeant même d'être suffisamment focalisé pour retenir ses coups et ne pas devoir changer de robot trop tôt.
Duelliste dans l'âme, et grand amateur d'escrime, le Makashi avait toutefois un énorme défaut pour l'impétueux Thyrsian. Il était TROP propre. Il le qualifiait même de "timoré", voire de "chiant". C'est pourquoi il n'avait pas cherché à le maîtriser à outrance...mais le travailler lui faisait toujours plaisir quelque part, ça permettait de varier les plaisirs.

Le Shii-Cho pour défendre la philosophie Jedi contre les risques du combat, et le Makashi pour la prévenir contre la défaite l'arme à la main. Ses'Kai avait du mal adhérer aux philosophies de son maître Togruta à l'esprit rigide, mais il comprenait la complémentarité de ces deux styles.
Même pas essoufflé malgré que l'entraînement commence à se prolonger tant les deux formes étaient économes en mouvement, Ses'Kai réprima une moue exaspérée quand le droïde se retira à nouveau avec un biiiiip tandis qu'il reconfigurait ses paramètres.
Le Thyrsian effectua quelques passes en attendant, puis se mit en garde en se concentrant lorsque le robot se redressa et se mit à brandir un deuxième sabre, le chargeant avec une certaine forme de rage mécanique.

Sous la première Forme, Ses'Kai se serait déporté sur le côté, restant constamment en mouvement prudent pour n'avoir à affronter qu'un seul sabre à la fois jusqu'à parvenir à désarmer le droide et recommencer de l'autre côté. Avec le Makashi, le Jedi aurait simplement joué sur son allonge limite pour mettre en péril le robot malgré ses deux sabres, lui interdisant de s'avancer sans risquer un coup létal.
Mais la victoire à tout prix, écraser son adversaire, même avec toute l'adresse ou la patience qu'on pouvait attendre de ses formes, n'était pas l'objectif de cette troisième étape. Légèrement penché en avant, le sabre laser près du corps, Ses'Kai se fit souple sur ses appuis et utilisa le Soretsu pour dévier et repousser l'ambidextrie du droïde, réduisant ses gestes au minimum nécessaire pour gagner en vitesse et répondre aux coups qui pleuvaient à droite à gauche sans interruption, bondissant à chaque frappe trop ample pour se replacer et tourner autour du droide.
Totalement concentré sur les lumières virevoltantes du duo de sabres ennemi, il appelait à la fois à son instinct guerrier et à la Force qui murmurait à chaque Jedi plutôt qu'à ses seuls réflexes et talents pour repousser les armes du robot.
"La Force est la véritable arme du Jedi", disait Exa'Ren, "c'est elle qui te guide, qui t'inspire. Si tu sais l'écouter, tu ne pourras être défait". Comme il repoussait sans difficulté les assauts pourtant frénétiques du droide, sans même avoir besoin d'exploiter au maximum sa force musculaire, Ses'Kai voulait bien croire la philosophie de son maître.
De part son extrême passivité, le Soretsu dégoutait presque le Thyrsian. Toujours se protéger, se replier, reculer...quelque part, c'était la forme de la fuite, de la lâcheté même à ses yeux. Bien évidemment, beaucoup de Jedis la "vénéraient" pour cela, puisqu'elle était l'ultime technique de défense. Extrêmement difficile à passer, elle amenait l'adversaire à s'épuiser même, jusqu'à devoir déclarer forfait ou être vaincu...mais qu'est-ce que c'était ennuyeux, ou indigne !
Mais sa "docilité" mise à part...Ses'Kai admirait un peu le Soretsu. Si le Makashi était le style appelant la victoire, le Soretsu était celui qui interdisait la défaite. Or, si on ne peut être vaincu, on ne peut que vaincre à long terme, pas vrai ? Aussi, malgré son dégoût pour cette tendance à subir et à attendre que la pluie passe, le Chevalier Jedi avait appris à utiliser les arts défensifs avec un certain brio.

Au grand dam du droïde par ailleurs, qui avait beau s'acharner à frapper tout azimut, haut bas droite et gauche, à une ou deux mains, du même côté ou en opposé, mais rien à faire. Un contre sec déviait les lames vers le haut, un blocage glissé laissait le robot être emporté par sa force et le Jedi pouvait se replacer dans son dos. Une parade en biais, à deux mains, coupait tout assaut par la force pure, et Ses'Kai repoussait alors à coups de pieds le droide pour ne pas prolonger la proximité, et ses passes les plus habiles de la Forme Trois amenaient même la machine à se gêner elle-même.
D'un revers, il repoussa sur le côté un coup puissant en diagonale. Le robot frappa de l'autre sabre, croisant les bras, et Ses'Kai exécuta un blocage glissant pour laisser l'attaque passer à côté de lui. Quand la machine commença à essayer de se remettre en garde, le Thyrsian frappa à deux mains à la verticale, contraignant le droide à effectuer un blocage en croix pour encaisser la force du Jedi. Se faisant, Ses'Kai l'empêchait d'attaquer.

De toutes les Formes utilisées par les Jedis, le Soretsu avait été le style que son maître Togruta, n'en étant pourtant pas un fervent admirateur, avait le plus essayé de lui inculquer, pensant trouver dans la voie de la non-agression la solution pour équilibrer le tempérament brûlant de son padawan. Maintenant que l'âge lui avait apporté une certaine maturité, Ses'Kai savait mettre de côté, pour un moment du moins, ses envies, ses goûts, ses passions surtout, et offrir ses talents et sa volonté à l'art suprême des Jedis, essayant petit à petit même de pousser ses dons à non pas exécuter son adversaire, mais à le supplanter, à le faire s'exposer lentement, à retourner ses forces contre lui par le seul usage de la défense et de la pitié.
Et pour ça, un droide était un partenaire idéal. Il ne succombait pas à l'impatience et ne pouvait pas s'épuiser. Il frappait, encore et encore. Sans imagination certes, mais inlassablement, poussant le Jedi à se surpasser à chaque instant pour tenir le rythme, à affiner ses frappes, à supprimer les mouvements parasites pour gagner en vitesse et économiser plus d'énergie. Au combat d'endurance pure, un être biologique perdrait toujours contre une machine...
Pourtant, avec le seul usage du Soretsu et la Force comme alliée, Ses'Kai calquait petit à petit ses contres et ses pas sur le rythme du droide. Les frappes lourdes étaient déviées vers le robot, pour qu'il se gêne lui-même et réduise l'amplitude du second coup, ou bloquée dès leur préparation au moment où elles étaient le moins fortes. Les frappes légères étaient tout bonnement repoussées, déviées par l'expert du Djem So qu'était le Thyrsian.
Trouvant même de plus en plus d'opportunités de riposter, Ses'Kai dut redoubler de concentration pour rester défensif. Il s'adaptait de mieux en mieux au droide, calquait ses esquives sur ses tics mécaniques, ou forçait les réactions pré-programmées par des contres minutieux. Finalement, le Soretsu avait quelque chose de drôle...et contrairement aux autres Formes, Ses'Kai ne se sentait pas bouillir d'impatience, il n'avait pas le sentiment de se brider, de retenir son feu intérieur. C'était assez...apaisant, alors même qu'il commençait à suer de prolonger l'entraînement au-delà du raisonnable.
Bon, par contre il s'ennuyait pas mal aussi. La défense c'était bien beau, mais c'était pénible à la longue.

C'est avec un certain soulagement qu'il accueillit le "biiip" de la prochaine étape. Pendant une seconde, alors qu'il reprenait son souffle, Ses'Kai se demanda si c'était car il allait enfin pouvoir s'amuser...ou si le Soretsu l'avait amené à considérer que la fin d'un combat, par la victoire ou par défaut, était toujours bon à prendre.
Exa'Ren aurait bondi au plafond s'il avait su que son ancien Padawan avait eu une telle pensée. Toutefois, le Thyrsian préféra ne pas se prendre la tête plus longtemps. A l'origine, son entraînement intensif, cette révision de fond en comble de chaque Forme qu'il connaissait n'était ni pour le plaisir, ni pour "l'élévation spirituelle au-delà des besoins et désirs terrestres".
Certes, pratiquer ainsi chaque style, de la façon dont il était censé être plus ou moins exécuté, était une excellente façon d'éprouver à la fois ses talents et sa volonté...mais la réalité était tout autre. Ses'Kai convoitait le sabre violet, l'insigne du maître d'arme de l'Ordre, un titre qui ne pouvait revenir qu'aux plus fabuleux bretteurs parmi les Jedis, et s'il voulait prétendre à ce titre, il se devait d'exceller à tous les styles, même ceux qu'il n'aimait pas.
Un véritable maître, LE maître, devait être capable d'affronter n'importe quel ennemi, de n'importe quelle façon, avec n'importe quelle arme. Or, actuellement, ce n'était pas son cas...alors il s'entraîner pour remédier à cela.

Le cliquetis métallique reprit, et le droide repassa à l'attaque de façon plus méthodique avec des coups amples. Appelant la Force pour renforcer son corps massif, Ses'Kai commença à tourbillonner et voltiger dans tous les sens, utilisant la force des coups de son adversaire pour se donner de l'élan, et cet élan pour le frapper avec violence ou bondir par-dessus lui et essayer de le frapper dans le dos. Contrairement aux autres Formes, l'Ataru impliquait de rester au contact, tout proche de l'ennemi et de bondir sans cesse pour le prendre de court et l'oppresser. Après avoir du se retenir, ménager sa force, mesurer le moindre geste, laisser libre cours ainsi à sa fougue était un véritable plaisir.
Ses'Kai bondissait, tournoyait dans un sens ou l'autre, sautait dans les airs ou prenait appui sur les murs pour changer sans cesse d'angle d'attaque et de position. Son sabre bleu repoussait celui jaune du droide, et il avait déjà sauté ailleurs avant que le second ne s'abatte. Cela dit, cette agitation, cette passion dans le combat avait un prix. L'Ataru était très éprouvant physiquement, là où les styles précédents étaient économes à outrance.
Mais plus le Thyrsian se donnait à fond et sentait son coeur s'accélérer, ses muscles fatigués le brûler, plus il puisant dans la Force pour se ressourcer et maintenir le statu quo avec l'inépuisable droïde à deux sabres. D'autant plus que cette concentration poussée à l'extrême, cette connexion renforcée avec la Force, améliorait aussi son sens de l'anticipation.
Haletant, mais étonnamment clairvoyant, Ses'Kai savait où bondir, quelle rotation effectuer pour échapper aux sabres virevoltant du robot et continuait à sauter et se retourner en vol pour frapper et se défendre.

Trop agressif et épuisant au goût de son maître, le Togruta l'avait toutefois encouragé à pratiquer l'Ataru autrefois car il amenait ses pratiquants à favoriser la contemplation et les arts de la Force, plutôt que ceux du sabre. Hélas, Ses'Kai l'avait trouvé inutilement fatiguant et tape-à-l'oeil et l'avait à son tour délaissé...mais il devait bien avouer, alors qu'il lui semblait voler sur le terrain d'entraînement en se battant une seconde en avance dans le futur par rapport à son adversaire, que la quatrième Forme avait un certain charme.
Il contra une frappe en se laissant emporter par le coup, tournoya en faisant virevolter son sabre pour parer la seconde attaque, et enchaîna une triple attaque circulaire, à trois hauteurs différentes en tourbillonnant, obligeant le droide à reculer sous peine d'être découpé.
Bientôt à bout de souffle cependant, Ses'Kai se remit en garde...avant de remarquer que le droide ne bougeait plus et émettait un genre de ronronnement continu. Emporté par la concentration sur la Force, et par l'excitation de l'activité physique intense, il n'avait pas vu le temps passer.
En sueur, le Thyrsian ordonna au droide de mettre fin à la séance. Grand adepte du Djem So, il lui tardait de le pratiquer enfin pour se défouler et sentir enfin la victoire dans le creux de sa main...mais pour cette raison, et car il s'était efforcé jusqu'ici d'agir en Jedi, en futur maître d'arme - l'espérait-il un jour - Ses'Kai préféra laisser tomber l'entraînement à son style préféré. Il était venu pour renforcer sa maitrise de chaque forme Primordiale, ne supportant pas le Niman et ne pouvant pas pratiquer le Jûyo contre un pauvre droide, aussi choisit-il d'accepter la frustration de voir son adversaire repartir, de supporter cette sensation de n'avoir fait...d'avoir simplement combattu, pour un but plus grand que la seule victoire sur le champ de bataille.
En plus, quelle victoire, quelle gloire aurait-il pu trouver à vaincre un pauvre robot d'entraînement ? Ce n'était pas la guerre, ni un champ de bataille. Il n'avait pas à agir en guerrier ici, il était au Temple des Jedis, alors il devait agir en Jedi. Avec calme, et discernement.

Il s'apprêtait à ouvrir la porte de la salle, quand le pas mécanique caractéristique du droide retentit derrière lui, avec le crépitement d'ozone typique des armes du Temple. Ses'Kai fit volte-face, rallumant son sabre dans le même geste et bloqua une attaque sournoise du robot. Il se fendit sous le second sabre laser, et se jeta au sol pour s'éloigner avec une roulade, bondissant sur ses pieds à la première occasion en empoignant son arme à deux mains.
Le droide avait-il un dysfonctionnement ? Un bug dans son programme, qui ne parvenait pas à se stopper ? Une erreur de commande qui lui avait fait comprendre "terminer programme" comme "éliminer la cible" ?
Qu'importe.

Encore haletant, Ses'Kai n'en retrouva pas moins sa férocité en un instant et reprit l'initiative. Les puissants assauts à deux mains du Djem So contraignaient le robot à faire attention à sa défense, une défense trop légère pouvant simplement brisée par la force pure de la cinquième forme, ou la garde cassée et repoussée dans un sens pour provoquer une ouverture dangereuse.
Ses systèmes rigides n'offrant pas les moyens de surpasser la vitesse d'un Jedi, la machine de combat devait trouver une autre solution, incapable de s'extirper de la mêlée.
Mais sa force mécanique permettait de compenser largement celle du massif Thyrsian, et lui était armé de deux sabres. Lorsqu'il parvenait à dévier ou repousser les coups de Ses'Kai, il effectuait des passes, des feintes et frappait tout azimut pour essayer d'abattre le Chevalier bretteur. Mais la vraie force du Djem So n'était pas sa puissance brute, ni sa tendance à frapper en premier. C'était sa formidable aptitude à la riposte. Le Soretsu déviait les coups et s'en protégeait, la forme Cinq les contrait tout juste et les retournait contre leur utilisateur. Chaque attaque était sujet à une riposte, et chaque défense passive était la cible d'une agression pure et dure.
Bien que fatigué, les contre-attaques éclairs de Ses'Kai et sa persévérance dans l'assaut obligeait le droide à reculer pour ne pas se retrouver trop près pour exploiter au mieux ses deux sabres, et le Thyrsian sentait qu'il fallait exploiter ses atouts pour prendre l'avantage.

Il exécuta une feinte, forçant le droide à lever sa garde et frappa plus lentement vers son buste mécanisé. De son bras encore disponible, il dut dévier l'attaque et en profita pour riposter d'un large revers. Ses'Kai repoussa son attaque vers le haut, décrivit une seconde parabole de bas en haut pour frapper son autre sabre et lança enfin une taille parfaitement horizontale qui trancha en deux le buste du droide dans un torrent d'étincelle et une cacophonie de plaintes électroniques.
Méfiant, jugeant qu'un peu trop de zèle était mieux que pas assez de vigilance, le Thyrsian frappa trois fois de plus, décapitant le droide, le tranchant de l'épaule jusqu'à la hanche avant même que son torse en deux morceaux ne s'écroule et lui découpa une jambe dans le dernier geste, avant de faire tournoyer son sabre, de l'étreindre, et de le rengainer d'un geste net.
Ses'Kai regarda le droide en pièces, encore fumant là où son sabre l'avait découpé, pensif. Que s'était-il donc passé dans sa petite caboche électronique ? Bug, sabotage, défaut de conception, piratage ? Impossible à dire...mais en vérité, ça n'avait plus vraiment d'importance.
Sans plus s'en soucier, le Chevalier bretteur tourna les talons, rajustant sa tunique sur les épaules et alla se prendre une bonne douche, il en avait bien besoin, un léger sourire au coin des lèvres.
En devenant finalement son ennemi, le robot lui avait permis de retrouver la pression du champ de bataille et de mettre à l'épreuve son cher Djem So, avec succès. Il avait fait plus que prévu, et jusqu'ici...Ses'Kai pensait pouvoir considérer son entraînement comme une réussite, et le sentiment de réussite qui l'accompagnait maintenant avait un arrière-goût très agréable. Tant que le droide avait été un partenaire, un simple "robot d'entraînement", le Thyrsian avait su se contrôler, le préserver alors même qu'il l'attaquait, comme l'aurait voulu le Code Jedi.
Mais dès lors qu'il était devenu un ennemi, alors c'était sa peau ou la sienne. Une leçon fondamentale, que même les Jedis connaissaient et appliquaient sur le champ de bataille. Le fait d'être toujours debout, et pas le robot, lui donnait l'impression que son raisonnement était le bon.
Faudra qu'il remette ça de temps à autre, c'était sympa au final.
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