Darth Velvet
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Aeten II -  zone de l’astroport - Territoire des prospecteurs 

La rue, soulignée par les lumières crues des enseignes de magasins, des tripots, des bars à striptease, serpente dans les méandres glauques de ce quartier délabré envahit par l’obscurité d’une nuit épaisse et brûlante. Ici, il y en a pour tous les goûts, toutes les espèces. Un petit eden pour les baroudeurs de l’espace, les prospecteurs épuisés en mal de divertissements et d’amour. Je ne compte plus le nombre de visages, croisant mes pas, entre les prostituées aguicheuses accolées aux façades lézardées, les voyageurs battant le pavé avec la joie de ceux qui retrouvent les plaisirs d’une terre ferme et d'un endroit plus accueillant que les scories des mines ou les rivières de lave. J’imagine que, pour cette fois, je me fonds difficilement dans cette atmosphère bigarrée, tandis que j’arpente l’asphalte avec sobriété, pèlerine vêtue de cape et d’ombre. Un homme heurte mon épaule, sans un regard, réveillant en moi un frémissement prédateur, l’onde d’un dégout haineux. Je réfrène les noires pensées qui soudainement m’agitent sous l’outrage, préférant déverser la hargne de cet effleurement contre la porte d’une cantina, que j’ouvre non sans une certaine violence.
 
« Le StripBee » n’est pas réellement une cantina, plutôt un bar de nuit aux danseuses toutes en jambes qui s’enroulent  le long de barres en métal, lorsqu’elles ne sont pas suspendues dans des cages au dessus de la salle. Je réprime difficilement une moue avant de m’installer sur une banquette matelassée rouge aux taches douteuses. Dos contre le mur, regard rivé sur l’unique entrée et sortie de l’endroit, je commande sans empressement un cocktail. La serveuse se fraye un passage parmi les tables, laissant quelques mains curieuses s’égarer sur la courbe de ses reins avant de revenir avec ma boisson. Décidément, rien ne me ferait plus plaisir que de quitter cet endroit… Elle pose le verre paré d’une paille fluorescente, versant quelques gouttes supplémentaires sur une table devenue collante par l’usage et l’alcool des précédents clients.
 

« Merci » 

Ma voix couvre tout juste la musique, mais ses yeux s’éclairent lorsqu’elle aperçoit les crédits entre mes doigts.  

« Vous voulez que je vous appelle un gars… ou une fille peut-être » ajoute-elle désignant d’un mouvement de menton, l’estrade pailletée et la barre métallique trônant au centre de ma table. 

« Ca ira, je pens… » 

« Je trouve que ce serait plutôt une bonne idée, moi. Ma chérie, tu peux faire venir R’becca. Vous verrez Mamzelle Velvet, elle danse divinement bien ! Et je prendrais également un Moritho-rien avec beaucoup de glaçons » S’exclame une voix provenant de derrière la serveuse.  

L’homme, d’ailleurs, s’empresse d’offrir un éclatant sourire à la jeune togruta, avant de s’installer sur ma banquette. Malgré la climatisation et les ventilateurs habilement disséminés en périphérie, l'atmosphère est lourde, chaude, à trancher au sabre. Même la boisson me semble insuffisante pour casser cette impression de pesanteur qui règne sur cette planète. 


"Qu'Est-ce que tu veux Vriks? Pourquoi tu m'as fait venir, on en avait fini, il me semble..." 

"Ouai, mais y'a du nouveau! J'ai quelqu'un qui cherche à passer incognito, du coté hutt. Pis comme t'y vas, j'ai pensé à toi quoi! Tu vas te faire du blé, fastoche !" 

"Dis plutôt que TU vas te remplir les poches. Je ne suis pas intéressée." 

"Mamzelle Velvet! Vous pouvez pas m'faire ça?! Et puis elle arrive de toutes façons!" Conclut-il en faisant de large signe à quelqu'un.
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Myir se demandait si elle n'avait pas tout simplement épuisé son quota d'émotion. Son corps était engourdi, et la colère ou la peine qu'elle aurait dû ressentir était absente de ses entrailles. Seul son cerveau semblait garder une lueur d'entendement, dans un déni évident : ce n'était pas possible. Littéralement, elle n'avait pas pu ainsi perdre la trace de son amant pour qui elle avait quitté l'Empire, après l'avoir soigné des jours durant, après l'avoir veillé chaque nuit dans cette fichue clinique privée. Le prix d'un lit sans question dans cet endroit pas franchement aseptisé était tel que Myir était forcée de travailler le jour et de donner presque toute sa paye chaque soir à l'institut.
Et un soir, une neimoidienne avait refusé d'encaisser l'argent au motif que la chambre avait été réattribuée. Au terme d'houleux échanges, la Twi'ek avait fini par comprendre qu'Emhyr s'était tout simplement volatilisé. Elle avait fait un tapage pour voir la chambre, le personnel qui s'était occupé de lui, mais aucun indice valable ne s'était révélé : un homme était venu chercher Emhyr, et ce dernier l'avait suivi volontairement, semblait-il, et ils n'avaient rien laissé derrière eux. Aucune description précise : l'homme en question était vêtu d'un costume, portait une barbe bien taillée et une coupe courte pour ses cheveux noirs. Il ressemblait à la description de n'importe quel homme d'affaire de la galaxie. Personne ne savait où ils étaient partis, personne ne les avait vus ailleurs qu'à la clinique. Les recherches de Myir avaient tourné en rond des jours durant. Même la Force était d'un silence effarant. Elle n'arrivait pas à se détacher de l'idée saugrenue selon laquelle Emhyr avait tout simplement décidé de s'en aller pour refaire sa vie sans elle. Cette pensée était un poignard dont la lame était sans cesse tourné et retourné dans sa poitrine.

Alors, elle était retournée travailler des jours durant. Elle avait eu ce drôle d'espoir, qui désormais paraissait stupide, qui consistait à se dire qu'Emhyr avait dû devoir faire une course, arranger quelque chose pour eux, et qu'il allait réapparaître un jour ou l'autre en leur annonçant qu'il avait deux billets pour filer discrètement à travers la République en toute sécurité.

Et puis, un matin, alors qu'elle se rendait à l'usine où elle comptait des boulons et les disposaient dans des petits sachets du matin au soir ; ce matin-là, la vérité la frappa : Emhyr avait quitté Aeten II depuis des semaines et il ne reviendrait pas.
Alors sans prévenir, elle n'était pas allée travailler. Elle était retournée fréquenter les drôles d'oiseaux qui traînaient dans les cantinas des quartiers mal famés, avait payé quelques verres pour essayer de retrouver les personnes qui les avaient la première fois accueilli avant de les diriger vers la fameuse clinique moyennant quelques paquets de crédits. Mais ils étaient introuvables. Sa première idée avait été de mettre la main dessus et de leur faire cracher à qui ils avaient pu signalé avoir rencontré Myir et Emhyr, mais bientôt cela parut tout aussi futile qu'irréalisable. Alors, après avoir remballé quelques mâles trop insistants, elle avait fini par être mise en contact avec un homme qui avait dit pouvoir la faire passer dans l'Espace Hutt. Il lui avait donné rendez-vous le soir même, dans une autre cantina, devant la façade de laquelle elle se trouva désormais.

L'établissement, d'emblée, ne paraissait pas recommandable. Le genre d'endroits où ceux de l'espèce de Myir se trémoussait à demi-nues ou totalement nues pour le plaisir des yeux, voire des mains, des mâles en mal de virilité. La Twi'lek hésita à rebrousser chemin, avant de grimacer et de pousser la porte de l'établissement malgré tout. Un dévaronien à l'entrée, grand et musclé, la toisa de haut en bas, avant de lui faire une révérence et de lui dire d'une voix mielleuse.

- Bienvenue, Mademoiselle...

Ce vigile avait l'air ravi de faire entrer de la clientèle de son type. Myir resta de marbre et se contenta d'entrer en tâchant de faire abstraction du regard de l'alien, qu'elle savait fixé sur elle bien après qu'elle fût passée.

L'intérieur de l'établissement n'était pas mieux que ce à quoi elle s'attendait. L'heure n'était pas encore tardive mais la soirée semblait avoir bien commencé. Pas mal de clients au comptoir, des groupes de jeunes autour de tables rondes et déjà douteuses, des danseuses qui se trémoussaient à des barres de métal. Myir eut un regard circulaire autour d'elle en espérant ne pas trop dépareiller dans un endroit comme celui-ci : elle était bien trop couverte pour être le genre de personne qui fréquentait cette établissement, mais elle tenait à son gilet ample qui dissimulait à la fois les courbes de son corps et le sabre qu'elle portait toujours à sa ceinture.

Elle reconnut immédiatement l'homme qui faisait de grands gestes : c'était celui qui lui avait donné rendez-vous. Il l'invitait avec évidence à le rejoindre à sa table, occupée également par une mirialan au visage plutôt fermé, d'un âge proche du sien. La Twi'lek se hâta de les rejoindre, puis serra la main de Vriks.

- Aayla, te voilà ma belle ! Assis-toi, on parlait justement de toi.

La Twi'lek grimaça un sourire contrit, exaspérée par le tutoiement de cet homme qu'elle ne connaissait guère mais bien décidée à jouer le jeu des innocentes en fuite pour mieux endormir les soupçons. Aayla était bien entendu un nom d'emprunt ; c'est un prénom commun twi'leki.

- Je t'avais promis que je te présenterai quelqu'un de sûr qui t'emmènerait dans l'Espace Hutt, et bien la voilà !

Vrisk désignait sans nul doute la mirialan à ses côtés. Une femme donc. Cela lui convenait très bien ; elle aurait été ennuyée de devoir tuer un pilote qui aurait cru pouvoir s'acheter ses services charnels en guise de rétribution. Ce genre arrivait moins souvent avec les femmes.
Myir tendit une main vers la mirialan pour la saluer.

- Aayla'Rho, se présenta-t-elle sobrement.

Il fallait maintenant espérer que la mirialan ne fût pas une chasseuse de primes qui consultait régulièrement les avis de recherche ; auquel cas elle risquait d'être reconnue. Elle avait beau s'être lourdement maquillée, ce qu'elle ne faisait jamais, pour donner une apparence différente à son visage, elle n'était pas sûre que cela fît illusion face à un chasseur avisé...
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Une grimace contenue ourle mes lèvres de dépit. Je n’apprécie que peu Vriks. Ses attentions obséquieuses, ses « chérie » à l’intonation acidulée comme si nous partagions davantage qu’un business, et cette constance à remuer la fange pour s’emplir les poches. N’est-ce pas ce qu’il fait, alors qu’il lorgne sur la twi-lek avec cet air qu’arbore les chiens devant un peu de viande fraiche sur un os à ronger, alors qu’il me contraint à jouer les passeuses. Mes doigts se crispent sur mon verre au contraire de mon visage impassible, déniant à mes courbes, l’agacement que je ressens pourtant de plus en plus intensément. Puisqu’il me faut intégrer cette pitoyable comédie qu’il m’octroie, inconscient de jouer là, un jeu dangereux qui pourrait bien finir par lui être fatal, je m’adosse confortablement au divan, les yeux rivés sur cette jeune twi-lek, mon cocktail entre mes doigts agiles.

« Aayla’Ro » se présente-elle d’une main tendue

Et mon attitude se fait d’autant plus hivernale que je me refuse à ce protocole. L’idée même que ses doigts se mêlent aux miens, m’hérisse. Je ne m’acquitte que d’un mouvement de tête, succinct en guise de salut.

« N’en veux pas à mon amie, ma belle ! » interrompt Vriks, me lançant un regard noir comme si mon attitude pouvait faire fuir sa cliente.

Mais les désespérés aux abois ne se formalisent pas de si peu ou alors ont-ils plus de ressources qu’ils ne se l’imaginent. Il pose sa main sur celle tendue de la jeune femme, l’abaissant lentement, glissant imperceptiblement la pulpe de son pouce sur sa peau d’azur, les lèvres retroussées sur un sourire réconfortant et au-dessous du vernis de cette bienveillance factice, le calcul.

« Mamzelle Velvet est peu friande des contacts humains. »

« Mademoiselle Vevet n’aime surtout pas tes manières Vriks » commençais-je abrupte. « Vas donc te chercher un verre et une conquête le temps qu’Aayla’Ro et moi-même discutons entre femmes. »

Ma voix ferme ne lui laisse aucune opportunité de me répondre. Il me connaît suffisamment pour savoir l’inutilité d’une protestation même si je devine à sa mine contrite, le désir obsédant de découvrir et d’entendre nos négociations. C’est là, un sujet qui ne le concerne en aucun cas, quoi qu’il en pense. Il s’exécute, se faufilant au travers des tables vers le bar, d’un pas souple et lent. Espère-t-il recueillir quelques bribes d’informations ? Probablement. Elle est une denrée rare et précieuse dans un monde aussi inhospitalier, pour celui qui sait en user avec sagesse ou malice. Je me demande même, au vu de cet intérêt presque névrosé pour les informations quelles qu’elles soient, s’il ne vas pas soudoyer l’une des serveuses pour obtenir le contenu de notre discussion.

« Bon… maintenant que nous sommes débarrassées de lui, il y a plusieurs choses que nous devons voir ensemble, avant que j’envisage de vous laisser monter à mon bord. »

Je me penche au-dessus de la table, mes coudes s’ancrent à son bord, et mes mains se croisent sous mon menton.

« Qu’est-ce qui vous pousse à rechercher un moyen illicite de quitter cette planète, Aayla. Qu’est-ce que vous fuyez, ou qui est-ce que vous fuyez ? S’il vous plait soyez franche et sincère, je n’apprécie guère que l’on me mente, et surtout si on le fait « pour mon bien ». En tout cas, pas si vous souhaitez entrer en territoire Hutt avec moi. »

Et mes prunelles deviennent inquisitrice, fouillant ce qu’elle voudrait me taire ou me dissimuler, et si je n’use de la Force, mon aura naturelle restreinte à son usage minimal, je laisse l’Intuition guider mon avis.
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Myir baissa lentement la main en toisant la mirialan, contenant difficilement l'agacement qui perçait sous les apparences de jeune femme naïve et inoffensive qu'elle s'était soigneusement tissée. Cependant, elle serra les dents et se garda de faire aucun commentaire tandis que Vrisk, à qui elle n'accordait pas un regard, lui demandait de pardonner son amie. Myir joignit ses deux mains sur la table devant elle, essayant de ne pas remarquer que sa peau restait légèrement collée à la surface peu hygiénique. Sa bouche légèrement tordue trahissait son dégoût. Mais elle s'efforça de grimacer un sourire malgré tout.

- Je comprends, aucun problème,
grinça-t-elle.

Vu le discret glissement de peau de Vrisk contre la sienne, pouvait-elle vraiment en vouloir à cette étrangère de refuser un contact dans un tel milieu ? C'était peut-être elle, finalement, qui avait un comportement déplacé à cause de sa méconnaissance de l'endroit.
La mirialan congédia abruptement l'hôte aux airs obséquieux, et Myir fut surprise de la célérité avec laquelle il lui obéit. La mirialan avait peut-être davantage de réputation et de pouvoir qu'elle ne se l'était imaginé au premier abord. Les avoir débarrassées de cet homme pouvait en tout cas lui faire oublier l'affront de se voir refuser une simple salutation... Pour le moment tout du moins.

Le cœur de Myir battait la chamade alors qu'elle se penchait vers Madame « Velvet » pour entendre ses premiers avertissements. Bien sûr, la mirialan semblait avoir deviné que la Twi'lek fuyait. Evidemment. Qui donc irait dans un endroit miteux comme celui-ci, prêt à sacrifier toutes ses économies pour traverser la République vers l'Espace Hutt, sinon une fuyarde ?
Myir soupira imperceptiblement, les yeux baissés vers ses mains, alors qu'elle réfléchissait à la façon dont elle allait présenter les choses. Le voyage durerait sûrement plusieurs jours. Mentir ne lui vaudrait que des ennuis sur le long terme, car madame Velvet, si elle était intelligente, aurait tôt fait de regarder si une Twi'lek lui ressemblant n'avait pas une prime sur sa tête. Elle leva soudain les yeux pour observer le visage de son interlocutrice, afin de voir comment elle allait percevoir ce qu'elle avait à lui dire.

- Je suis recherchée,
annonça-t-elle de but en blanc, abandonnant toute apparence de fragilité pour jouer cartes sur table. Par de nombreuses personnes prêtes à payer le prix fort. Je ne dois me trouver ni dans l'Empire, ni dans la République, d'où ma présence sur Aeten II. Mais vous savez certainement déjà que si je cherche à rejoindre l'Espace Hutt, c'est que je cherche un refuge.

Elle avait pris garde à ne pas parler trop fort, d'une voix égale tout de même pour ne pas attirer la suspicion des tables voisines en ayant un comportement inapproprié. Formuler les choses ainsi l'aidait quelque peu à les relativiser. Elle s'était sortie, déjà, de ce type de situations. Bien pires, même.

- Je n'ai aucune animosité particulière à l'égard de passeur tel que vous. Vous cherchez, j'imagine, de l'argent, et je cherche à passer. Si vous me considérez être une passagère trop dangereuse, je trouverai un autre passeur. Si vous acceptez, je ne vous causerai aucun problème. Je ne me mêlerai ni de l'itinéraire choisi, ni des affaires que vous pourriez faire en route.

Myir se pencha un peu plus vers madame Velvet pour que celle-ci entendît un petit détail supplémentaire, ses lekkus frémissant tandis qu'elle les ramenait autour de ses épaules.

- La seule chose que vous devez prendre en compte, c'est que je sais me défendre. Utilisez-le pour vous ou contre vous, à votre guise.

Une façon bien sûr de lui signaler qu'il ne serait pas aisé de la vendre à l'Empire ou à la République. Mais la mirialan avait l'air intelligente : elle avait dû déjà avoir compris que si recherchée à haut niveau elle l'était, c'était alors qu'elle avait eu des ressources pour déjà échapper à bien des détracteurs.

Myir se redressa, prête à entendre la décision de madame Velvet sur leur potentiel accord. Et les règles éventuelles qui en découleraient.
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Mon regard s’attarde sur le visage de mon interlocutrice, détaillant avec sagacité les lueurs dansantes de ses iris, avant de glisser par-delà son épaule, vers la frontière aux éclairages criards du bar et de ses habitués.

« Je me doute que vous êtes recherchée, sinon Vrisk ne chercherait pas à se débarrasser de vous, auprès de moi. Et.. J’apprécie votre franchise, à ce sujet. »

Une denrée rare, surtout dans un coin aussi mal fréquenté de la galaxie. Cependant la curiosité me saisit. Je ne suis pas femme à me restreindre aux apparences, et mieux que quiconque, je sais qu’on ne juge la valeur de quelqu’un à l’aulne de sa mise, ou de son apparence. Qui est-elle cette twi-lek trop fardée qu’elle pourrait œuvrer dans les recoins sombre de cette cantina à l’instar des danseuses exotiques se trémoussant sur leur podium dans le rayon coloré des spots ? Quel est son crime ?

Et au loin, dans le fond de ce bouge, il y a comme un léger mouvement, un frémissement, qui, s’il accapare mon regard ne lui vole pas mon attention.

« Dangereuse ? Oui… je suis persuadée que vous l’êtes, néanmoins je le suis également. Je ne crains pas de vous emmener à mon bord mais voyez-vous, j’aime savoir à qui j’ai affaire exactement. Je me moque de votre nom, les noms n’ont de valeur que celle qu’on veut bien leur accorder. Les faits en révèlent davantage sur une personne. Aussi j’aimerais savoir qui et pourquoi. »

Mes doigts tapotent doucement la table, au rythme de ma voix.

« Comprenez bien que si je vous aide, si je m’engage et j’ai besoin de savoir contre qui je joue… »

Il y a dans le fond, toujours cette agitation et quoique mon regard va et vient du visage de la jeune femme, au décor par-dessus son épaule. Mes lèvres se pincent et mes yeux se froncent jusqu’à ne plus être deux fentes d’azur. Ce n’est pas tant sa réponse qui délite la minéralité de mon visage, que ce bruissement dans la Force, ce murmure…

« Vous n’avez pas d’inquiétudes à avoir quant à mon intégrité. Nul besoin de menace, l’argent hypothétique d’une prime ne m’intéresse pas. Mais pour vous rassurer, de vous à moi, je n’ai rien d’une sainte et il se pourrait que vous ne soyez pas la seule, à cette table, à avoir son portrait dans la poche de tout bon chasseur de primes. La question qui se pose c’est plutôt… qui de vous ou de moi leurs rapportera le plus de crédits… » continuais-je ne lui désignant de la pointe du menton, l’attroupement près du Bar et de notre contact.

Vriks… Vriks … Vriks… N’a-t-il donc rien appris ? N’a-t-il donc aucune autre loyauté que celle de l’argent ? Sinon pourquoi s’entourer d’une cour de mines patibulaires et nous designer, la twi-lek et moi, avec l’assurance supposé qu’offre la supériorité numérique et les armes, du bout d’un doigt commandeur. Quel imbécile. Ruiner nos affaires pour une vulgaire commission, détruire en quelques secondes des mois et des mois de négociation et la confiance méfiante que je lui octroyais.

« Il se pourrait qu’une démonstration de vos capacités de défense soit au programme… j’espère que vous êtes aussi dangereuse que vous le sous-entendez… »

Je me cale contre le dossier rembourré du sofa, les muscles aux aguets malgré la nonchalance de mon attitude de décontraction illusoire, et la placidité de mes traits. Le groupe avance vers nous, et le doute, l’espoir que nous ne soyons pas leur destination finale, s’amenuisent à chaque seconde, à chacun des pas qu’ils font jusqu’à venir butter contre notre table. Je lève un regard de glace sur leurs visages fermés, aussi engageant que les leurs.

« Vous désirez Messieurs ? Parce que voyez-vous, ma compagne et moi sommes occupée, vous seriez aimable de vider les lieux et importuner quelqu’un d’autre. » déclarais-je des tessons dans la voix et mes doigts pianotant sur la table avec agacement.
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Les yeux bleu océan de la Twi'lek restaient durs malgré le maquillage qu'elle avait appliqué à son visage afin d'avoir l'air d'une innocente jeune femme en fuite. Non pas qu'elle eût particulièrement des pensées dures, mais son passé l'avait habituée à froncer les sourcils, à ne pas sourire, à se faire respecter, à se méfier, à soupçonner, à défier. On ne se défaisait pas aisément de ce genre d'habitudes si facilement. Son visage resterait jusqu'à la fin marqué par cette dureté : elle imaginait peu probable qu'une nouvelle idylle – qui lui avait apporté au passage bien des ennuis – ne vint de nouveau lui apporter légèreté et douceur.
A cet instant, elle se concentrait pour détailler la mirialan dont le ton s'était imperceptiblement adouci. Etait-ce de l'approbation ? Difficile à dire. Madame Velvet avait ceci en commun avec elle qu'elle n'essayait pas de plaire ou de chercher l'assentiment. Elle avait l'air du genre de femme qui vivait selon ses propres règles, ce qui impliquait parfois de tailler dans le bantha dans une galaxie aussi tordue que la leur. Myir respectait cela... Même si elle ne savait pas ce que cette mirialan pouvait bien cacher comme activité rentable en dehors de celle de passeur. Et les apparences ne suffiraient pas à lui attirer toute sa confiance : voilà bien longtemps que la twi'lek avait appris à ne plus croire en rien ni en personne, sauf peut-être elle-même.

Visiblement, madame Velvet non plus n'était pas encline à faire confiance aisément. Myir ne cacha pas cette fois un léger soupir – pas vraiment pour protester, mais plutôt face à son incapacité à formuler facilement des explications sur le cheminement étrange qui avait été le sien. Dit simplement, son parcours avait l'air d'être celui d'une idiote. Dans le détail, il était trop long et compliqué. Mais la twi'lek, après un pincement de lèvres, s'efforça de trouver quelques mots simples.

- Je suis une ancienne Jedi qui a trahi les siens au profit de l'Empire, dit-elle, l'amertume naissant dans sa voix grave. Mais j'ai échoué lors de l'une de mes missions. L'Empire ne tolère pas l'échec et m'aurait exécutée, alors je me suis laissée prendre par la République pour leur échapper. Je me suis évadée une fois loin des impériaux, et me voici.

Elle avait volontairement omis que tout ce pétrin avait été causé par une histoire d'amour avec un ancien Jedi. Son histoire avait déjà suffisamment l'air ridicule comme cela. Elle omettait aussi que son échec avait causé la mort de l'apprentie de l'Impératrice en personne, ce qui faisait d'elle une cible important de l'Empire, mais elle n'avait pas envie de donner davantage de détails dans un lieu comme celui-ci. Madame Velvet et elle auraient tout le temps de se dévoiler si elles voyageaient ensemble...

La twi'lek pivota sur son fauteuil pour tourner la tête vers la direction indiquée par la mirialan. L'obséquieux Vrisk discutait avec un petit attroupement d'armoires à glace et de petits voyous armés de blaster.

- Boc'ara, persifla Myir entre ses dents.

Elle se retourna vers la mirialan au moment même où le petit groupe se décidait à bouger, probablement vers eux. Alors que madame Velvet se décontractait visiblement sur la banquette, la twi'lek s'était quant à elle raidie, les deux poings fermés sur la table tandis qu'elle leur tournait le dos. Elle n'avait pas besoin de les voir davantage : ils étaient six, la plupart armés de blaster. Un dévaronien à la face brûlée et au rictus désagréable, deux gamorréens dont l'un était peut-être l'un des videurs, un humain qui avait eu la bonne idée de recouvrir tout son visage d'un casque, un twi'lek à la peau verte et aux lekkus boutonneux déposés nonchalamment sur les épaules, et enfin une cathar d'un certain âge, les bras couverts de tatouages sur des muscles saillants. Myir était déjà en train d'évaluer leur dangerosité respective lorsqu'ils arrivèrent à leur hauteur, et que madame Velvet engageait élégamment la conversation.
Le dévaronien avait pris la tête du groupe. Myir n'eut pas besoin de les regarder pour comprendre que plusieurs d'entre eux avaient sortis leurs blasters de leurs holsters. Le dévaronien au nez crochu gratifia la mirialan d'un sourire.

- Quel accueil, fit-il de sa voix grinçante. Mais il n'est pas question d'importuner, seulement d'aller faire une petite balade, mesdames. Si on allait faire un tour dehors ?

Il ponctua sa phrase en pointant lui aussi le bout du canon de son blaster vers elle. Myir serra les dents. Elle avait envie de bondir et s'enfuir, mais ç'aurait été déclencher la fusillade. Autour d'eux, remarqua-t-elle avec ennui, la cantina continuait sa vie bruyante. Les quelques personnes qui avaient remarqué l'attroupement avait judicieusement détourné le regard pour s'intéresser de près à leur boisson ou la discussion voisine. Quelques créatures se déhanchaient, peut-être un peu plus nerveusement que d'habitude.
Myir daigna enfin tourner le visage vers le groupe qui s'était arrêté près d'eux. Leur nombre leur donnait une assurance malvenue. Visiblement, ils ne surestimaient pas leurs proies. Pour autant, la supériorité numérique était à prendre en compte. La twi'lek faisait un rapide calcul dans sa tête : si elle utilisait son sabre, elle devrait décamper sans demander son reste car elle aurait trop attiré l'attention, perdant peut-être en cours de route le ticket pour l'espace Hutt que lui offrait la mirialan. Ou bien, elle se débrouillait autrement, histoire de faire comprendre à ceux-là qu'ils se trompaient de cible. Mais cela ne leur achèterait que quelques minutes avant que d'autres chasseurs ne rappliquassent.
Myir leva les mains devant elle, paumes ouvertes, pour prouver son innocence, tout en se levant doucement de sa chaise.

- Bien sûr messieurs, nous ne souhaitons pas nous donner en spectacle. N'est-ce pas madame Velvet ? fit-elle avec un regard appuyé vers la mirialan.

Le dévaronien sembla fort satisfait de la voir obtempérer. Il la laissa passer devant. Un gamorréen la suivit avec de lourds et lents pas ainsi que l'humain casqué. Myir fit quelques pas, le temps que les quatre autres se désintéressassent d'elle. Au bout de quelques mètres, la Twi'lek fit soudain mine de trébucher. Elle s'effondra sur une table en laissant échapper un juron. En s'excusant de sa maladresse, elle se redressa, attrapant subrepticement un verre au passage, avant de pivoter sur elle-même. Ni une, ni deux, Myir envoya dans un grand coup s'écraser le verre sur la face du gamorréen tandis que sa main libre attrapait le canon du fusil blaster de l'humain. L'énorme créature poussa un cri de douleur, puis chercha à l'attraper sans y voir. Elle évita facilement ses gestes maladroits pour se concentrer sur l'humain qui s'acharnait à essayer de récupérer la maîtrise de son arme. Il tira plusieurs fois, engendrant des cris de terreur parmi les clients de la cantina. Myir se tortillait pour éviter de se trouver en face du canon qu'elle tenait d'une main. De l'autre, elle retenait le bras de l'humain qui essayait de la repousser. Pendant quelques secondes, ils se déplacèrent dans une étrange lutte, puis elle parvint à le bloquer le faire trébucher contre un siège. L'homme casqué bascula, tira une nouvelle salve qui se traduit en plusieurs trous fumants dans le plafond de l'établissement, tandis que Myir lui arrachait de force le casque pour dévoiler un visage buriné et tordu par la haine. La twi'lek lâcha enfin le blaster pour lui asséner des coups de casque dans la figure des deux mains. Il ne fallut pas longtemps avant qu'il fut complètement hors d'état de nuire.
Ce n'est que lorsqu'il lâcha son arme qu'elle réalisa qu'un nouveau tir venait de lui frôler un lekku. Ixta ! Les autres s'étaient rendus compte du problème et tâchaient de l'abattre de loin ! Myir plongea de côté en emmenant le fusil blaster avec elle. Elle s'effondra au sol derrière une table qu'elle renversa d'un bon coup de pied. Les tirs fusaient maintenant à travers toute la cantina. Dans quel szu'tak elle s'était encore fourrée ! Si ces imbéciles tuaient la passeuse, elle avait perdu sa soirée et ses quelques contacts utiles. Mue par la nécessité de protéger la mirialan pour ses propres bénéfiches, la Twi'lek se redressa rapidement et jeta un coup d'oeil au-delà du bord de la table : Velvet était bien vivante, et en fait... Hé bien, elle n'avait pas l'air inoffensive pour un sou.

- VELVET, A TERRE ! cria Myir en sortant le canon de son fusil blaster à découvert.

Elle arrosa le groupe d'une salve qui stria la paroi du mur à peu près une tête au-dessus d'un humain normal : pas très bien visé, mais le deuxième gamorréen s'était pris une prune dans un coin du crâne qu'il n'était pas prêt d'oublier...

Au fait, qu'était-il advenu de l'autre gamorréen ? Avec un sursaut terrifié, elle se projeta en arrière, au moment elle où le premier gamorréen au visage ensanglanté abattait à l'endroit où elle s'était tenue une machette énorme qui se planta dans le sol avec un bruit mat. La lame avait au passage éraflé Myir à l'épaule, dont s'échappait un filet de sang qui ruissela sur son bras.

- Ryma gesu'tuno chod ! l'insulta-t-elle.
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« Dommage… » grinçais-je imperceptiblement.

Je n’ai pas particulièrement envie de les suivre. Certes, vider ce problème dans l’obscurité de la ruelle, est probablement le moyen le plus discret de nous sortir de ce guêpier tendu par ce cher Vrisk, mais je n’aime pas cette idée. Qui sait ce qui nous attend au dehors des murs poisseux de cette cantina.

« Soit… nous vous suivons. »

Rien ne me ferait, en cet instant plus plaisir que de planter les cornes de ce dévaronien dans la plateau de la table, aussi, c’est d’une lenteur menaçante que j’obtempère, abandonnant le moelleux relatif du sofa pour un canon de blaster habillement dissimulé au creux de mes reins. Mes pas s’emboitent dans ceux de la twi-lek, tout aussi encadrée que moi, et mon regarde coule vers Frisk, toujours accoudé au comptoir, de fiel et de glace. Une promesse… oui, il y a comme une  promesse menaçante dans le bleu assassin de mes prunelles, et ce sourire carnacier qui ourle un instant, mes lèvres à sa seule attention. Je crois qu’il devine mes intentions, blêmissant, cherchant au fond de son verre d’alcool, l’once de courage dont il est dépourvu.

Mon attention se détourne de lui, aimantée par la diversion de cette Aayla. Il ne me faut pas plus d’une seconde pour déceler dans sa maladresse supposée, la marque de son insoumission et celle de sa contre-attaque. Aussi, réagissant au cri du garmoréen défiguré par les éclats de verre comme s’il s’agissait, entre nous, d’un signal, je me retourne vivement sur le mercenaire et le canon de son arme caressant le bas de mon dos avec une insistance narquoise, repoussant d’un revers le blaster, alors que ma main libre s’en va écraser sa gorge dans la continuité de mon mouvement.

Ses yeux se révulsent, ses lekkus boutonneux frémissent sur cette gorgée d’air qu’il tente vainement de happer, sa bouche s’arrondissant à la façon d’un poisson hors de l’eau, alors que des tirs fusent. Contre ma compagne. Contre moi. Souple, je glisse sous le bras du twi-lek, usant de lui, comme d’un bouclier entre moi et cette stupide cathar si prompte à occire son camarade pour m’atteindre. Entre mes doigts serrés dans son dos, sur le tissu rugueux de sa tunique, son corps se ramollit, sous les baisers mortels de cette mercenaire, et menace de s’effondrer sur le sol en m’emportant dans sa chute. Je grimace, saisissant d’une main, la dague dissimulée dans ma botte, et de l’autre, appliquant à ma paume une poussée de Force. Projetée contre la féline, le corps inanimé s’affale contre elle, la bloquant sur le sol collant de la cantina.

VELVET A TERRE !

Je me jette sur le sol, échappant de peu au poing un peu trop leste d’un garmoréen venu en renfort de sa collègue. Sa face éclate sous l’impact d’un tir, et je me faufile entre les tables, et les clients apeurés, couchés au sol. Heureusement que l’entrée de ce boui-boui était contrôlée par quelques vigiles prudents sur le port des armes dans cet établissement, sinon c’est une fusillade chaotique qui régnerait à présent entre ces murs.

Rejoindre Aayla et s’enfuir devient une nécessité de plus en plus urgente à mesure que s’égrènent les secondes. Ce n’est qu’une question de minutes avant que le quartier ne grouille des forces de sécurité de la ville, et des chasseurs de primes opportuns, ou de balourds inexpérimentés espérant pouvoir attraper un joli morceau pour la gloire et l’argent. Une belle nasse ! Et si je pourrais abandonner la jeune femme aux prises avec ce mercenaire à faciès de porc, pour filer à la correllienne, je n’envisage même pas cette potentialité. Je cours vers, elle, lançant dans mon élan, ma dague vers son agresseur, avec la précision mortelle que me confère les années d’un entrainement quotidien. L’arme se fige dans son œil, et si je n’entends pas le bruit écœurant de l’éclatement du globe, je l’imagine sans mal.

« Viens ! » lui lançais-je en passant devant elle pour récupérer mon arme « Faut qu’on sorte d’ici ! »

Courir. Encore. De nouveau. Le bruit des bottes martelant le sol résonne derrière nous, ponctués de tirs. Pour autant je ne me préoccupe que d’une chose, l’issue de secours dont le marquage scintille au-dessus d’une porte comme l’unique évidence salutaire qu’il nous reste. Elle claque violemment lorsque je l’ouvre à la volée sur l’obscurité de la rue, de la nuit.

« Mon vaisseau…. ? Tssss… ce sale morveux de Vrisk doit y avoir envoyé un comité de réception, à moins que… avec un peu de chance il aura péché par orgueil ! Les docks , donc ? »
Invité
Anonymous
La dague se planta avec soudaineté dans la face du gamorréen penché au-dessus de la twi’lek. Un filet de sang gicla et tâcha le visage de Myir tendit que la bouche arrondie par la surprise, elle contemplait, l’espace d’une demi-seconde, cette image odieuse, avant que le corps massif de son ennemi ne commençât à s’effondrer sur elle. Avec dégoût, elle se dégagea en repoussant sans délicatesse le gamorréen et se remit sur ses pieds le dos voûté, au cas où de nouveaux tirs essaieraient de l’abattre. Sans réfléchir, elle s’élança à la suite de la mirialan vers la sortie de cet établissement décidément infréquentable.

Les deux femmes aboutirent dans la rue en faisant claquer la porte d’une sortie de secours, que Myir prit soin de fermer en claquant une seconde fois. Le visage luisant de sueur, ses yeux fouinèrent l’endroit du regard, tandis qu’elle passait la lanière du fusil chipé au dévaronien en bandoulière. Une benne à ordure dont dépassaient des morceaux de métal, des cartons déformés par l’humidité. Une silhouette affalée au sol, à quelques mètres d’elle… Morte ou trop ivre pour renseigner qui que ce soit sur elles. La twi’l’ek se saisit d’une des barres de métal dans la benne pour la coincer entre la porte et sa poignée, histoire de compliquer la tâche de leurs poursuivants, tandis que Velvet parlait. Il lui fallut plusieurs secondes pour comprendre ce qu’elle lui disait, son corps étant furieusement occupé à avaler goulûment l’air frais de la rue pour se remettre de ses émotions.

- Ça se tente, finit-elle par répondre. Comme tu dis, avec un peu de chance…

Et en cas de résistance près du vaisseau, et bien… Elle était armée, bien qu’elle aurait préféré ne pas faire remarquer cela.
Elle sentit contre sa cuisse le métal de son sabre dissimulé sous son gilet ample. Avec le petit exercice qui venait de se produire, il avait dû être dévoilé. Mais quelqu’un y avait-il prêté la moindre attention ? Probablement pas. En tout cas, le temps jouait contre elles.

- Je te suis, déclara Myir, prête à repartir au pas de course vers les docks.

Le cœur battant à tout rompre, la twi’lek se remit donc à courir derrière la mirialan au pas… sportif. Dangereuse, certainement. Velvet n’avait pas menti sur son propre compte, et Myir se félicitait désormais d’avoir été honnête elle aussi.




----------Elles avaient avalé la distance qui les séparait des docks en un temps record, en évitant les rues trop fréquentées. La nuit était avancée, et Aeten II ne disposait pas d’éclairages trop onéreux dès que l’on sortait des grandes artères. Myir était prête à parier qu’elles n’avaient pas été suivies – ses sens aiguisés lui auraient indiqué tout individu incapable de se dissimuler dans la Force.

Elles ralentirent en arrivant aux pieds des plateformes d’atterrissage. L’endroit paraissait trop désert. Plusieurs vaisseaux étaient stationnés là, silhouettes sombres se découpant dans une nuit presque noire, seulement tâchée par les faisceaux des projecteurs illuminant les quais. Prises d’un réflexe de prudence synchronisé, les deux femmes ralentirent et adoptèrent une démarche plus silencieuse. La twi’lek était prête à voir surgir un assaillant derrière n’importe quelle caisse de marchandise. Elle resserra ses mains sur son fusil blaster, canon pointé vers l’extérieur, mais rien ne les attaqua.
A pas de loups, telles des ombres en file indienne, elles progressèrent entre les plateformes pour s’approcher enfin d’une passerelle que la mirialan commença à emprunter. Mais à peine avaient-elles fait quelques pas qu’elles se figèrent toutes deux sur place.
Myir leva les yeux vers le mirialan : l’avait-elle perçue aussi ? La lumière des projecteurs avait très sensiblement oscillé. Cela pouvait n’être que dû à un défaut du réseau électrique. Ou bien c’était autre chose.
La twi’lek se sentait nerveuse et… étrangement animée. Après des semaines passées à se morfondre, plongée dans cette torpeur d’avoir perdu une nouvelle fois sa vie d’engagement, se retrouver au cœur de l’action réveillait soudainement ses sens. Comme si son corps avait eu faim d’exercice et d’adrénaline. Comme s’il se réveillait. Un sourire étira ses lèvres avant qu’elle ne se rendît compte qu’elle fixait toujours madame Velvet. La pauvre elle allait trouver bizarre. Tant pis, elle avait fait le deuil d’apparences raisonnables depuis un certain temps.

- Ils sont là, chuchota la Twi’lek pour que toutes deux restassent concentrées sur leurs objectifs. Cachés quelque part…

Ils ne s’étaient peut-être pas attendus à avoir vraiment un rôle à jouer, d’ailleurs. Avec un peu de chance, ce serait deux laissés pour compte à qui on avait dit qu’ils seraient précieux si jamais leur prise leur échappait, mais il était clair que ceux qui comptaient empocher l’argent étaient ceux qu’elles avaient affronté à la cantina. Si ceux postés ici n’étaient pas en train de faire une bruyante partie de pazaak, toutefois, c’était probablement qu’ils avaient été avertis par comlink.

Myir reprit l’ascension de la passerelle à pas silencieux, courbée pour rester dissimulée derrière des caisses empilées de marchandises. Mais si elles voulaient s’approcher du vaisseau, il allait falloir qu’elle sortît de l’obscurité à un moment ou un autre. Comment faire pour ne pas se faire trouer la peau à ce moment-là ? Les mercenaires dissimulés étaient sûrement sur leurs gardes s’ils avaient compris qu’elles étaient plus dangereuses que prévu.

Parvenue au bord du muret de caisses, la Twi’lek pencha la tête vers l’espace découvert, prête à rétracter son geste dès qu’un tir surviendrait. Mais rien ne vint. Les mercenaires devaient être nerveux, mais pas au point de laisser partir une cellule d’énergie au moindre mouvement. Pas autant des bleus qu’elle l’aurait voulu. Bref, elles n’avaient pas beaucoup de temps, et Myir tenta le tout pour le tout : il fallait qu’elle sût où il se dissimulait alors…

Elle prit un pas d’élan et fit mine de courir vers la passerelle du vaisseau encore scellée. Bien sûr, elle n’avait pas prévu d’aller en réalité vers l’entrée du vaisseau et d’y attendre l’ouverture, où elle aurait été une cible trop aisée, mais de dévier sa trajectoire ensuite pour attirer les tirs pour voir d’où ils venaient avant de se planquer de nouveau vers une autre série de caisses.

Bi-bip.

Elle n’avait fait que quelques pas. Mais elle comprit immédiatement son erreur en reconnaissant ce drôle de bruit : une mine !
Dans un réflexe désespéré, elle plongea de côté une demi-seconde avant l’explosion.

Sssschpaooofff !

Le souffle la projeta à terre, et elle roula et ripa douloureusement ses jambes, ses bras et ses lekkus contre le béton rugueux. Un nuage de fumée rendit son univers épais comme de la purée de pois. Sans prêter attention à sa douleur, Myir se releva à la va-vite. Courir. Les mains toujours crispées sur son arme, elle haletait pour se remettre à couvert. Quand elle plongea derrière une nouvelle caisse, une pluie de tirs de blaster inondait déjà l’espace où elle avait glissé quelques instants plus tôt. Ixta ! Les tirs venaient de plusieurs endroits, c’était un vrai comité d’accueil !
Darth Velvet
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La nuit noire, couvre le spacioport et, le silence, oppressif, dessine sous les projecteurs des quais, l’ombre d’une menace. Je ne saurais dire avec précision, les causes qui me nouent les entrailles d’un avertissement sombre. Est-ce cette absence totale d’effervescence malgré la nuit avancée, ou le sifflement du vent grinçant contre les carcasses des vaisseaux endormis ? Ou juste, peut-être, cette infime variation dans la Force, cette vibration grinçante bourdonnant désagréablement dans mon esprit.

« Ils sont là… cachés quelques parts » chuchote ma compagne.

J’opine d’un mouvement de tête, renforcée dans ma certitude que cet endroit ressemble plus à un guet-apens qu’a tout autre chose. Nous avançons sur la passerelle, à couvert pour ne pas leur offrir une chance de nous prendre pour cible, pour autant je ne suis pas certaine qu’une confrontation directe soit notre meilleure opportunité. Nous ignorons combien d’hommes nous guettent dissimulés dans l’obscurité de la nuit. Peut-être même que cette petite ordure de Vrisk s’est arrangée pour poser des scellés sur mon vaisseau, après avoir graissé la sécurité locale. Je ne doute qu’il ait le bras long, et que certains agents soient largement corruptibles… Et puis, ne sommes-nous pas recherchées toutes deux par les autorités et les chasseurs de primes ?

Je n’ai pas le temps de proposer à Aayla, une approche moins frontale, qu’elle tente sa chance. Le calme se fissure sous la détonation d’une mine, et, comme un signal, un déluge mortel s’abat sur nous fendant l’obscurité nocturne d’une pluie de lasers. Je tente de la couvrir, usant de mon blaster, le temps qu’elle se remette à couvert, mais les origines des tirs sont trop nombreuses et je ne peux juguler ce qui ressemble davantage à une exécution qu’à un traquenard pour nous prendre vivantes. Un juron s’échappe de mes lèvres, noyé sous le fracas des détonations et des impacts.


« AAYLA ? » criais-je pour m’assurais qu’elle soit toujours vivante ou consciente. « Tu es touchée ? »

Les ennuis se profilent à l’horizon, sous la forme de silhouettes mouvantes. L’ennemi se déplace tout en nourrissant ce feu continu sur nos positions. Pour nous encercler. Pour nous couper toute retraite possible. Contre ma cuisse, la garde de mon sabre brule ma peau d’une une invitation à le laisser répandre, sous la morsure de sa lame, le chaos. Comme si j’avais la moindre chance, seule, contre cette petite armée probablement équipée jusqu’aux dents. Un sourire désabusé ourle mon visage minéral, s’arrondissant sur l’inéluctable, sur la seule issue qu’il nous reste si nous souhaitons conserver notre liberté et notre vie : la fuite.

Je ferme les yeux, abandonnant un instant, mon âme à la caresse de la Force, emplissant chaque parcelle de ma peau, chaque atome de mon corps de son flux. Et, devenant moi-même une ombre de la nuit, un spectre invisible, je me glisse dans les ténèbres, occultée de cette obscurité mortelle, pour rejoindre la Twi-lek. Je suis rapide, je suis invisible, un souffle dans cette accalmie qu’ils nous offrent. Les tirs ont cessé depuis qu’aucune de nous ne se montre. Peut-être espèrent-ils que nous sommes blessées, ou apeurées comme de petites souris acculées attendant l’ultime attaque du prédateur, dos au mur et l’œil apeuré. Mais ils se leurrent. Je ne suis pas taillée de ce granit-là, et je doute qu’une femme telle qu’Aayla renonce aussi facilement.


« Il faut que nous partions d’ici… immédiatement » glissais-je à son oreille, spectrale.

Elle est proche. Trop proche. Pourtant, sans tenir compte de cette gêne, oubliant la souffrance que me procure le contact avec d’autre, ma main glisse vers son bras, indifférente. La nécessité, l’urgence de la situation prime sur tout autre sentiment, muselant mes démons en mon sein, comme l’on referme une porte sur des invités indésirables. Sous mes doigts, je sens comme une étincelle lorsque nos peaux se rencontrent. Un léger frémissement… une douce électrisation… à peine plus que la décharge statique émise par le frottement de deux matières trop différentes. Un instant fugace imprégné de Force, m’obligeant à réviser ce que j’aurais pu imaginer de cette femme. Pour autant, je ne lui en dit rien. Il n’est ni l’heure, ni l’instant de faire tomber les masques, ce moment viendra plus tard, lorsque nous ne serons plus des proies. Tout de suite, il y a plus pressant. Lentement, difficilement presque, mon voile s’étire vers elle, dévorant son bras, son épaule, son corps tout entier jusqu’à ce que nous ne soyons plus qu’une forme jumelle, flou et indéfinissable dans cette nuit ébène.

Ma main enserrant son poignet, je l’entraine, silencieuse, à ma suite. Nos silhouettes éthérées frôlent les mailles de cette nasse prévue à notre capture, croisent sous la lumière crépitante des projecteurs ceux chargés de cette corvée. Ils s’approchent de notre ancienne position, ignorant encore que nous ne sommes plus où nous le devrions. Je presse le pas, rasant furtivement les quais. Je n’ai aucune envie d’être encore là, lorsqu’ils s’apercevront de notre tour de passepasse, lorsqu’ils aviseront de notre disparition, à moins que ce ne soit ma dissimulation qui ne s’effiloche auparavant, leur facilitant la tâche. La sueur perle sur mes tempes, et je sens mon emprise sur la Force se libérer à mesure que nous rejoignons les rues plus animées de la ville jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de cette mante d’ombre.

Je relâche brutalement la Twi-Lek, levant un regard neutre sur ses grands yeux bleus trop maquillés.


« Pour mon vaisseau c’est raté. Je propose une virée chez notre ami Friquebrac… On ne pensera pas nous y trouver. Il nous faut un peu de temps nous devons réfléchir à un stratagème pour le récupérer, panser nos blessures et nous reposer.»
déclarais-je tout en guettant son avis, avant de reprendre mon souffle.
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