Invité
Anonymous
Evran avait de l’argent. Pas de quoi acheter une villa ou encore une planète de la bordure extérieure, mais une somme tout de même importante. Ses épargnes du temps passé sur Celanon, sa compensation financière comme conseiller au temple, mais surtout ses gains récents au pazaak l’avaient incité à investir dans un moyen de transport efficace et présentable pour ses visites officielles. Ses trajets en navette publique avaient beau être remboursés par le temple, force était de constater qu’il pouvait trouver plus confortable. Après une soirée arrosée passée la veille au décevant bar branché Le Good Move, ainsi que la fiesta plutôt rocambolesque de Tressy, Evran avait prolongé son séjour sur Coruscant d’une ou deux journées, et avait passé la majeure partie des heures ensoleillées sous la couette de son hôtel, épuisé. Le lendemain, l’idée lui était venue d’utiliser tout cet argent gagné pour faire l’achat d’un vaisseau. Il était donc passé au spatioport le plus près, espérant faire la rencontre d’un voyageur désireux de se départir de son moyen de transport. C’était là probablement le meilleur moyen de faire une bonne affaire tout en gardant une partie de ses gains, s’était dit Evran.

Beaucoup de petits chasseurs, de vaisseaux à une place où l’on avait l’air d’être coincés une cabine minuscule et un siège inconfortable. Très peu pour lui. À ce compte-ci, autant employer la navette, on y disposait de plus de place! Non, il poursuivit sa recherche, se faisant offrir par la suite des vaisseaux nubiens, à la coque entièrement chromée, qui firent rapidement saliver le porte-parole. Néanmoins, ses réserves étaient bien trop faibles pour se payer ce genre d’extravagances, et il le savait que trop bien. Puis au troisième sous-sol du port, un groupe s’était approché de lui; un hutt, un humain et un zabrak.

- C’est toi qui cherches une aubaine, dit?

Evran sourcilla; sa petite recherche n’était pas passée inaperçue, au point d’éveiller les gangsters locaux. Du moins, cela semblait être le cas à en juger à leurs vêtements militaires et les nombreuses armes qu’ils portaient sur eux. Mais si traiter avec eux se traduisait en un prix plus bas, le porte-parole était tout à fait ouvert à négocier.

- Cela dépend. Vous vendez?

Ils échangèrent alors un regard complice. Évidemment que oui.

- Suivez-nous.

Ensemble, ils descendirent d’un étage supplémentaire, défilant sur plusieurs baies, toutes fermées et gardées par des mercenaires. Quelques pas plus loin, le zabrak s’avança près du panneau de contrôle de l’espace H-612, entrant un code spécifique pour ouvrir les lourdes portes de métal qui camouflaient la vue du vaisseau. Enfin, dans un vrombissement cacophonique, le métal glissa contre le sol pour révéler l’appareil : un grand vaisseau cargo reconverti, armé de plusieurs canons blaster et visiblement muni de réacteurs à vitesse sous-luminique très performants. Néanmoins, la coque avait besoin d’un petit coup de polish, il allait sans dire.
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

- Combien? demanda Evran.

- Allons, avant de discuter de prix, vous voulez sûrement entendre ce que nous avons à offrir.


Evran se mordit la lèvre. Soudainement, l’idée de faire affaire avec des gens à la fréquentation douteuse lui semblait beaucoup moins intéressante.

- J’écoute.

L’humain s’avança en s’éclaircissant la gorge, comme s’il s’apprêtait à livrer un discours.

- Monsieur, je vous présente l’Hurricane; un vaisseau rapide et spacieux, disposant d’un large espace de cargaison, de moteurs à la fine pointe de la technologie et d’un réacteur d’hyperespace venant tout juste d’être remplacé. Bon, certes, la coque est un peu vieillotte, comme vous pouvez le constater, mais j’ai des hommes qui peuvent la décrasser un peu d’ici une heure ou deux pour vous.

- Elle semble avoir essuyé des tirs récemment.

- Et! En prime, nous vous offrons un fabuleux droïde astromech, qui est déjà chargé à l’intérieur, et qui peut effectuer quelques réparations d’usage pour vous, au besoin. Le tout à moitié prix.

Evran camoufla un petit rire, voyant comment l’humain avait totalement esquivé son commentaire. Le hutt lui glissa alors un datapad, sur lequel était inscrit le montant demandé. Absolument dérisoire, surtout s’ils ajoutaient un droïde sur la facture. Qu’est-ce qui pouvait bien les motiver à inclure autant de bonbons à leur offre si c’était pour le vendre au rabais? Voilà qui n’inspirait que de la méfiance chez le spécialiste des communications.

- Pourquoi si peu cher?


Le groupe de gangsters se regarda de nouveau, cette fois avec plus d’appréhension que de confiance. Ce fut le hutt qui répondit à la question du porte-parole, la voix un peu chevrotante.

- Notre flotte quitte Coruscant bientôt, et nous avons perdu un pilote pour emmener l'Hurricane avec nous. Nous devons nous en débarrasser. Maintenant.

Pourquoi pas? Evran trouvait le prix honnête, et même s’il se doutait qu’il s’agissait d’un odieux mensonge, il en aurait pour son argent. Le porte-parole transféra les crédits au groupe, et s’approcha du vaisseau pour l’inspecter, alors que l’équipe du hutt commençait déjà à récurer le métal noirci par les tirs.

La passerelle hydraulique descendit sur la plate-forme dans un nuage de fumée blanche, invitant Evran à inspecter l’intérieur de sa nouvelle acquisition. Segmenté par un long couloir circulaire qui menait à une grande salle principale, le vaisseau était idéal pour accueillir plusieurs passagers pour un long voyage, et disposait même d’une cabine privée munie d’un lit et d’un ordinateur de bord. Le cockpit, lui, était fonctionnel, mais loin d’être facile à comprendre pour un pilote peu expérimenté. Et Evran était tout sauf un pilote expérimenté. Le jeune jedi regarda les commandes un long moment, essayant de décrypter le fonctionnement de l’appareil, sans trop de succès. L’ignition et les commandes de bases semblaient similaires aux autres vaisseaux qu’il avait pilotés, mais le processus pour entrer en hyperespace avait l’air beaucoup plus complexe. Il prit place au siège de pilotage, et se demandait alors comment il était censé faire décoller ce machin sans l’aide d’un copilote, indéniablement nécessaire pour effectuer toutes les vérifications.

Puis, un son électronique se fit entendre. Du langage de droïde, sans aucun doute. Evran se leva et se dirigea en direction du bruit, ses notions de code lui revenant peu à peu. Tournant le coin, il fut alors renversé de plein fouet par le droïde astromech qui roulait à toute vitesse, lui aussi surpris de tomber nez à nez avec le jedi.

- Bon sang!

Evran se releva, observant l’astromech qui continuait de déblatérer une multitude de sons. Il s’agissait d’une unité T3 visiblement en piètre état. Tout le comme l’Hurricane, le pauvre avait l’air d’avoir survécu à plusieurs batailles. En effet, sa coque détaillait différentes pièces de remplacement aux couleurs différentes, les premières étant plus rouillées et impactées de suie. Au moins, ce petit tas de ferraille était toujours fonctionnel, et pourrait probablement l’aider à emmener le vaisseau sur Ondéron. Mais l’aubaine devenait de moins en moins intéressante…
Invité
Anonymous
Evran retourna au poste de pilotage, suivi par le petit droïde. Le jeune homme se gratta la tête, espérant fortement que son nouveau compagnon de ferraille avait la programmation nécessaire pour faire décoller l’engin.

- Allez, branche-toi.

Le droïde tourna la tête vers lui, émettant quelques bips qui laissaient entendre une confusion assez claire dans leur sonorité. Evran souffla. Il jeta un nouveau coup d’œil au panneau de bord en lisant attentivement les inscriptions à moitié effacées qui se logeaient sous chaque bouton, sans que cela ne l’aide à véritablement saisir le fonctionnement du démarrage. La moitié d’entre elles étaient écrites en Hutt, pour ne rien arranger à l’affaire. Puis, il remarqua du mouvement juste au-dessus de lui, derrière la vitre circulaire du cockpit. Un nouveau groupe venait de faire son entrée dans le hangar. Des humains vêtus de casques et armures rouges, portant de gigantesques blasters attachés à leurs épaules. L’un d’entre eux traînait une sorte de monture à trois pattes, pour y déposer la tourelle. Voilà qui n’augurait rien de bon. Ils se mirent à courir, sous le regard complètement ébahi d’Evran, qui essayait de ne pas perdre son sang-froid devant la situation.

Les employés des vendeurs, affairés à restaurer le vaisseau, abandonnèrent leurs postes pour se jeter sur une caisse contenant plusieurs pistolets avant de les mettre en joue. Les trois hommes avec qui il avait conclu la transaction s’avancèrent, essayant de calmer le jeu en faisant face aux nouveaux arrivants.

- Allons, dit le Zabrak. Nul besoin d’en venir à cela.

Le vaisseau avait sans doute été volé par ces trois bandits et leurs complices. La bonne chose à faire serait probablement de le rendre. Mais à quoi bon essayer de régler un larcin en rendant leur bien à d’autres mercenaires? Non, l’appareil serait sans doute dans de meilleures mains au sein de l’Ordre Jedi, il faisait nul doute, se convainquit Evran. Suffisait maintenant de le faire démarrer.

L’humain ne sembla pas convaincu par le ton amical du Zabrak, et lui asséna un coup au visage avec la crosse de son long blaster. Ce dernier tomba sur le sol, brisant même l’une de ses cordes, et hurla à ses collègues dans une autre langue d’ouvrir le feu. Les « nettoyeurs » commencèrent à tirer sur les mercenaires, alors que des renforts commençaient à arriver. Ils étaient maintenant une trentaine à s’échanger des tirs lasers. Et Evran ne comptait pas particulièrement sur l’intervention d’une quelconque autorité pour mettre fin à ce bazar, surtout à ce niveau-ci de la ville. Il n’y avait plus de temps à perdre; il fallait partir.

Evran ouvrit un compartiment sous le siège du pilote, et regarda les dizaines de fils électriques qui s’entrecroisaient, alors qu’il faisait de son mieux pour se souvenir de ses quelques connaissances sur la chose. Puis, il reconnut une prise compatible avec plusieurs droïdes astromechs.

- Toi, viens ici, lança-t-il au droïde.

L’unité T3 s’avança alors qu’Evran tira le câble vers lui, et ouvrit une petite trappe sur le droïde avant de le brancher à l’ordinateur du vaisseau. Le porte-parole se releva et regarda l’écran de bord, l’informant qu’un pilote virtuel devait être installé sur l’unité avant de pouvoir enclencher le démarrage du vaisseau. Pris de panique, il accepta, faisant apparaître un minuteur sur l’ordinateur. Trois minutes de transfert étaient nécessaires. Derrière la vitre, les mercenaires en rouge gagnaient du terrain, et certains d’entre eux essayaient même de faire une percée pour se réfugier à l’intérieur du vaisseau. Il n’avait visiblement pas le temps de fermer la porte avaient qu’ils ne l’atteignent.

Evran s’empara de son propre blaster à sa ceinture, et se positionna près de la porte pour embusquer ses poursuivants. Deux d’entre eux mirent le pied à l’intérieur de l’Hurricane, et furent accueillis par les traits rouges qui s’échappaient du canon d’Evran, explosant contre les plates de leurs armures. Les deux hommes tombèrent aussitôt au sol, suivis par un autre, qui lui portait une armure plus robuste. Déduisant la provenance des tirs d’Evran, il fit aussitôt feu avec sa mitrailleuse, obligeant ainsi le jedi à trouver refuge derrière les parois de la porte. L’un des tirs atteignit T3, arrêtant alors le transfert. Evran se rua sur l’ordinateur pour fermer la passerelle du vaisseau, pour éviter que d’autres ne se joignent à celui-ci. Il sortit la tête pour mettre son blaster en joue, mais son arme fut presque instantanément atteinte d’un des tirs de la mitrailleuse. Il retira aussitôt sa main, regardant le morceau de ferraille, maintenant inutilisable, tomber au sol en fumée. Il n’y avait pas quarante solutions à ce combat, Evran souleva son manteau pour atteindre son sabre laser, et se présenta devant le mercenaire en allumant son arme, faisant reluire la lumière bleue contre le métal du couloir.

L’homme en rouge tira de nouveau, seulement pour voir ses projectiles lui être renvoyés par le sabre d’Evran. Quatre tirs suffirent alors à l’abattre, tandis qu’au même moment, la passerelle se fermait sur elle-même, bloquant ainsi l’accès au reste du groupe. Le jedi éteignit son sabre pour revenir à l’ordinateur, où il redémarra alors le transfert sur son droïde, dont les bruits étaient tout à coup moins vifs que tout à l’heure.

- Allez, ne me lâche pas.

Le transfert affichait maintenant un peu moins de deux minutes. Dans le hangar, des hommes couverts par leurs collègues étaient en train de monter la tourelle portative, faisant ensuite feu sur les « nettoyeurs ». En presque vingt secondes, presque tout le monde avait été balayé, et deux des vendeurs encore vivants avaient été fait prisonniers. Il ne restait plus qu’Evran, et le vaisseau verrouillé. L’un des hommes en rouge s’avança, faisant signe à tous ses hommes de mettre l’Hurricane en joue.

- Sortez, les mains en l’air, et nous vous laisserons partir. Restez-là, et nous allons détruire le vaisseau.

L’homme garda sa main en l’air, comme si l’abaisser allait déclencher la fureur des autres mercenaires. De son autre main, il retira même son casque, en guise de bonne foi, sans doute. Un homme à la peau sombre, aux cheveux et à la barbe blanche. Il était assez âgé pour être son père; pourquoi diable un homme vénérable comme lui gagnait-il sa vie comme mercenaire? Peut-être bluffait-il. Il venait de perdre plusieurs hommes pour reprendre le contrôle de ce vaisseau, les chances qu’il veuille le réduire en miettes étaient plutôt minces. Au même moment, le transfert se terminait, et le droïde confirma l’installation du pilote d’allumage. Evran prit place sur le siège, et tenta d’activer la fonction de démarrage, inscrivant l’unité T3 comme copilote. Les voyants à l’intérieur du cockpit s’allumèrent tous d’un seul coup. Le porte-parole afficha un sourire, tandis qu’il voyait les traits de l’homme durcir. Il abaissa son bras, et tous ses hommes commencèrent à décharger leurs blasters, ainsi que la tourelle, contre la coque de l’Hurricane. Evran activa les boucliers de justesse, avant de rétracter les pattes du vaisseau et de commencer le décollage. Le large moteur sous-luminique derrière s’activa d’un seul coup en expulsant une énorme quantité d’air, levant avec lui un grand nuage de poussière. Evran fit demi-tour alors que le vaisseau continuait d’encaisser des dizaines de tirs à la seconde, puis sortit de la baie du spatioport. Enfin, il pointa vers le ciel et enclancha la poignée de vitesse pour monter le plus rapidement possible. Bientôt, il était hors de portée des mercenaires, et commençait à voir la lumière du soleil taper contre le verre du cockpit. Il abaissa les écrans de protection, et continua son petit bout de chemin jusqu’à sa sortie de l’atmosphère. Il confirma le numéro d’authentification que lui avaient donné les vendeurs pour sceller sa possession, et fut autorisé à quitter l’espace de Coruscant.

Evran souffla, regardant avec un certain soulagement son compagnon de ferraille.

- Bravo. Ça t’a pris un moment, mais je suis bien content que tu te sois décidé à me donner un coup de main.

T3 répondit d’un bip appréciatif, du moins pensait-il. L’heure de vérité approchait maintenant : savoir si le générateur de vitesse lumière fonctionnait correctement. Evran demanda à l’ordinateur de commencer un calcul vers Ondéron, et quelques minutes plus tard, sa route en hyperespace était maintenant tracée jusqu’à son retour sur Iziz.

- Excellent. Voyons voir ce que tu as dans le ventre.

Le jedi posa sa main sur la barre du générateur et, soudainement fier de sa nouvelle acquisition, tira un grand coup sur la poignée. Punch it. L’Hurricane grondait alors que les étoiles se distordaient à travers le point d’observation du cockpit. Une brèche s’effectua dans l’espace-temps, laissant entrer le grand vaisseau cargo. Pour tout observateur, le vaisseau avait disparu dans le néant, vers l’horizon infini de l’espace…
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn