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Le visage à moitié masqué par une grande écharpe rouge qui serrait délicatement sa longue chevelure contre sa nuque, Saery marchait paisiblement dans les rues bondées d'un grand district de Nar Shaddaa. Les yeux levés au ciel, elle observait les tristes néons d'une planète qui cachait ses misères avec un grand voile lumineux. Tout en jouant du bout des doigts avec quelques babioles qui se trouvaient dans le fond des poches de son long manteau brun, elle se laissait porter par les senteurs somme-toute alléchantes qui venaient des nombreux restaurants de la grande allée. Elle avait bien envie de s'arrêter quelque part pour s'accorder une petite pause, mais elle avait un rendez-vous.

Presque par hasard, la Jedi se laissa porter jusqu'à un square où quelques arbres étaient traités comme de rares sculptures. Illuminés de quelques reflets bleus de mauvais goût, deux gros buissons touffus et mal taillés masquaient à peine une ruelle que l'on avait oublié d'illuminer. Maître Vespen quitta alors le brouhaha incessant des rues marchandes pour se glisser dans les ombres.

Dans cet endroit lugubre, Saery marchait paisiblement. Il lui arrivait cependant de lever les pieds pour enjamber quelques tuyaux mal cachés ou d'autres bricoles dans lesquelles il ne valait mieux pas marcher. Elle n'avait aucune envie d'emporter avec elle les terribles odeurs de l'endroit. Celles-ci étaient bien moins charmantes que celles des rôtisseries. 

Quelques croisements plus tard, la jeune femme toqua à une porte que l'on avait renforcé en y soudant maladroitement plusieurs plaques de métaux divers. En attendant qu'on lui répondre, elle découvrit que de nouvelles marques de brûlures étaient apparues sur l'entrée. Le propriétaire n'avait décidément pas que des amis.

Enfin, une petite lame d'acier glissa pour laisser le champ libre à deux petits yeux jaunes. Saery ne put s'empêcher de sourire en voyant les pupilles reptiliennes s'écarquiller en découvrant qui se tenait derrière la porte. Sans même un mot, les nombreux verrous sautèrent. La porte racla et grinça pour laisser apparaître un imposant trandoshan.

— Ma-madame, c'est un plaisir de vous revoir ! Avoua-t-il, un peu penaud. Entrez donc, Kelko vous attend !

Saery hocha la tête, puis entra. Suivie du gros trandoshan, elle traversa un petit couloir pour passer sous un fin rideau gris et déchiré. Après avoir mis un pied dans la grande pièce éclairée, la morellienne leva un sourcil et dégaina son arme. Le vieux blaster, dont la lunette avait été arrachée, visait une touffe de poils hirsute. 

— Kelko ! Tu as trois secondes pour me dire ce que fiche ce rat ici ! Lança Saery en tenant en joue un invité inattendu. 

— Du calme ! Reste zen, ma jolie. Demanda le rodien qui se levait en agitant doucement les mains. C'est pour lui, que je t'ai contactée. C'est lui qui a tes infos !

Intriguée, la Jedi abaissa le canon de son arme pendant qu'un petit ranat, tout touffu et mal peigné, se levait à son tour pour se retourner.

— Comme on se retrouve, petite peste ? Tu croyais te débarrasser de moi si facilement ? Grinça-t-il de son agaçante voix trop aiguë.

Saery redressa à nouveau son canon. Elle se montrait plutôt impatiente. Le rat se fit plus petit, comme si la banquette rougeâtre allait le protéger des tirs.

— Si tu as vraiment ce qui m'intéresse, dis moi ce que tu sais. Et si je suis de bonne humeur, je te laisse en paix.

Le ranat pouffa d'un rire sifflant.

— Pas si vite, pas si vite… Parlons finances, avant ! 

— Le prix habituel. Et pas de coup bas !

— Ahah ! Pour ça, il va falloir payer un supplément ! Rétorqua le rat, en sortant son propre blaster.

— Hé ! C'est fini, là ? Vous pouvez pas baisser vos armes ? Ecoute, Aljia, tu me mets mal à l'aise, là. Vous êtes tous les deux mes invités, aujourd'hui.

Saery, ou plutôt Aljia, se décida à rengainer son blaster. Le ranat n'en valait pas la peine et ça se lisait sur son visage. Le rat fit de même, tout sourire. Le trandoshan, lui, n'avait même pas prit la peine de dégainer. Ces affaires-là se déroulaient toujours de la même manière, de toute façon.

La morellienne s'approcha de ses deux collègues de fortune pour se laisser tomber sur une banquette miteuse. La poussière qu'elle souleva fit tousser le rat qu'elle observa s'étouffer en souriant sous son écharpe.

— Et donc, machin, tu as des informations sur mon collectionneur ? Embraya la Jedi en dévoilant son visage.

— Bien sûr, sinon je ne serais pas venu là pour voir ta sale tête !

Le rodien hocha la tête et le trandoshan roula des yeux pendant qu'il montait la garde. Tous deux trouvaient que celle qu'ils appelaient Aljia avait une sacrée bouille, mais il fallait croire que les ranat avait une autre conception de la beauté.

— Je suis là où se trouvent les affaires. C'est Kelko qui s'est dit que j'aurais peut-être ce qui t'intéresse. 

— Ah, toujours à rapprocher les gens, ce bon Kelko...

L'intéressé se contenta d'hocher la tête. Personne n'était encore mort, c'était une bonne journée.

— Bon, tu déballes ? Reprit Saery, plus sérieusement.

— Ici, comme ça ? Devant tout le monde ?

La morellienne, d'un regard assassin, tua le sous-entendu.

— Parle. Ils ne sont pas intéressés.

— Ok, ok ! Bon, alors ton type s'est effectivement offert une magnifique collection d'armes en tous genres. Je le sais, je l'ai vue ! Il a voulu se faire mousser devant le grand Bolbha ! 

Bolbha était un hutt, c'était aussi le patron du sale rat ainsi qu'un brigand de la pire espèce. Il dirigeait un certain nombre de clubs assez lugubres. Ils lui servaient à maquiller un vieux réseau de recel. Ce que le ranat ne savait pas, c'est que celle qui se trouvait devant lui avait déjà fait énormément de mal à ce trafic qui ne faisait pas circuler que des pierres précieuses. Le malfrat se laissa aller pendant de longues minutes 

— J'vous le dit, il y avait de ces trucs ! Tu as déjà vu un hutt avec un sabre-laser ? Parce que moi, oui ! 

Saery venait de gagner du temps : elle savait maintenant que sont collectionneur avait bel et bien au moins un sabre en sa possession. Avec un peu de chance, il s'agissait vraiment du sabre de son ancien maître. C'était sa seule piste pour le moment et, aussi minces les chances soient-elles, elle devait aller jeter un œil. Ces armes étaient assez rares pour que ça en vaille l'effort. Du regard, la jeune femme signifia sa satisfaction à Kelko qui s'effaçait pour laisser la discussion aller bon train.

— Tu traînes tellement. Bon. Je sais qu'il y a eu un échange, tu ne m'apprends rien. Je suis là pour l'adresse. 

— Tu sais que nos petites rencontres sont censées rester confidentielles, n'est-ce pas ? 

— Oh, la ferme ! Et si tu fais savoir à qui que ce soit que tu me racontes ça...

Le ranat ne pouvait décidément pas masquer son sourire carnassier.

— Si tu paies directement, ça sera comme si je n'étais jamais venu ici. Ton hutt se trouve au sud du secteur Kiktha, ça doit être à six heures d'ici à tout casser. 

— Son business ?

— Oh, du classique. Il vend sa protection, il fait des prêts et du trafic de cobayes avec ceux qui ne le remboursent pas. Tu sais comment ça marche, hein ? Tu serais pas intéressée par un boulot de souris de laboratoire à plein temps ? Hé-hé !

— Regardez qui parle… Et j'imagine que la collection est bien gardée ?

— Un peu, ouais ! C'est la pègre du coin, quoi. Et a moins d'avoir un bon paquet de crédits à lâcher, ne passe pas par la grande porte. Bon c'est pas tout ça, mais en parlant de crédits, je te passe les coordonnées dès que j'ai les miens !

— A ce sujet, approche un peu... Suggéra la jeune femme.

Saery se leva pour se pencher sur le ranat. Pendant qu'elle approchait sa bouche de son oreille, le rodien déglutit bruyamment. Qu'est-ce qu'il aurait aimé être à la place de l'ordure qui ne profitait même pas du spectacle !

— Tu réalises que tu te sens mal pour la dernière fois et tu vas m'offrir ces infos en gage de bonne volonté. Souffla-t-elle tout doucement au creux de l'oreille de l'homme-rat.

En poussant sur le dossier de son interlocuteur, de chaque côté de ses épaules, la Jedi se donna assez d'élan pour retomber mollement sur sa banquette. L'informateur, un peu confus, reprit :

— J-je… réalise que je me sens mal pour la dernière fois et je vais t'offrir ces infos en gage de bonne volonté. Ouais, voilà... je vais faire ça !

Saery ne se priva pas d'afficher une mine très faussement surprise.

— Oh, vraiment ? Si je m'attendais à ça !

Un peu perdu, le rodien observa la fille et le rat tour à tour. Elle avait du lui envoyer une sacrée menace pour qu'il soit si docile d'un seul coup ! Plus important encore, il pensait à son argent !

— Vous n'oubliez pas quelque chose, là ? S'inquiéta-t-il.

— Kelko, je ne te fais pas travailler gratuitement… mon ami. Insista Aljia.

Ces mots étaient à la fois rassurants et terriblement douloureux. L'entremetteur allait recevoir sa part de crédits, mais cela venait de coûter si cher à ses maigres espoirs !

— Allez, envoie les coordonnées. Je dois aller faire un tour au secteur Kiktha ! 

— A cette heure ? Demanda le ranat encore déboussolé par sa propre générosité.

— Pourquoi pas ?

— Tu pars déjà ? Tu ne prends même pas un verre ? Rien ? Dit le rodien, prit de court.

— J'ai un planning à tenir ! Expliqua Aljia en tendant un petit datapad au ranat.

— Et tu voudrais pas me dire pour qui tu bosses, cette fois ?

— Ca te coûterait beaucoup trop cher, crois moi. 

Sans même jeter un oeil au petit écran qu'elle venait de récupérer, la morellienne prit la direction de la sortie. La maladresse de Kelko ne dérangeait pas la Jedi. C'était un filou, mais pas un meurtrier. Le ranat, lui par contre, était de bien trop mauvaise compagnie pour qu'elle perde son temps avec lui. 

Les deux hommes, tout aussi confus l'un que l'autre, se demandaient ce qu'ils allaient bien pouvoir faire de leur fin de soirée ! Le rodien, par réflexe, attrapa une petite puce de crédits qu'Aljia venait de lui lancer avant de quitter la pièce. Peut-être qu'il irait faire un tour du côté des restaurants...
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Saery, ou plutôt Aljia, emprunta un taxi pour pouvoir se reposer le temps du trajet. Après quelques heures passées à dormir la main sur la crosse de son blaster, la Jedi arriva à bon port. Très tôt dans la matinée, à une heure ou seule la lumière des gros néons multicolores illuminait la cité, la jeune femme commençait son enquête.

A cette heure, il ne vallait mieux pas trop traîner près des cantinas ou des clubs nocturnes. Les plus tordus en sortaient à peine pour aller s'écraser et dormir au coin d'une rue ou dans leur speeder s'ils n'étaient pas capable de retrouver leur chemin jusqu'à chez eux. Elle devait attendre un peu avant de pouvoir parler à quelqu'un de sobre. Ca lui laissait le temps de se familiariser un peu avec le secteur Kiktha.

L'endroit ressemblait à n'importe quel morceau de la lune du crime. Les immeubles se cachaient les uns les autres et leur piteux état était toujours autant masqué par ces dégoûtants panneaux lumineux. A mi chemin entre le ciel et le sol, Saery se promenait sur un niveau fait de plateformes qui reliait diverses galeries. Cachée sous son écharpe pour échapper à l'air frais du matin, la jeune femme regardait son datapad pour se faire une idée de ce qui l'attendait à la zone industrielle vers laquelle elle se dirigeait.

Après s'être un peu plus enfoncée dans la jungle de buildings, Saery dut supporter le retour à des températures plus élevées. La densité de la ville produisait parfois d'étranges chocs thermiques ! Au moins, ça avait le don de secouer la Jedi qui se réveillait à peine. Sans trop faire attention à son trajet, celle-ci se laissa guider pendant de nombreuses minutes par un petit chemin de fer qui bordait une grande allée où quelques speeders passaient de temps à autre.

Son nez, baissé pour la laisser voir son petit écran, se leva pour mieux sentir la délicate odeur qui venait d'une terrasse qui venait d'ouvrir. Appelée par les viennoiseries, Saery décida qu'il était peut-être temps de manger quelque chose. Qui plus est, l'endroit avait l'air désert. C'était une bonne occasion d'engager la discussion avec quelqu'un du coin.

La toute petite cantina dans laquelle Saery s'aventura n'était pas bien grande. Quelques tables vides attendaient des clients qui viendraient regarder les écrans encore éteints qui bordaient tout un pan de l'endroit. Tranquillement, la jeune femme commanda une sorte de brioche ronde qui présentait d'étranges épines bleues. Le patron était un humain aux cheveux grisonnants. Celui-ci était plutôt curieux :

— C'est rare de voir une jolie fille seule à cette heure-ci. Le soleil se lève à peine ! Votre soirée s'est mal passée ?

La culture de Nar Shaddaa n'était pas inconnue à notre Jedi, mais le sous-entendu du propriétaire la fit tout de même sourire tant son air était explicite.


— Je me lève à peine, je suis là pour affaires.

— Oh. Je vois. Et quel genre d'affaires, si ce n'est pas trop indiscret ?

L'homme était curieux, Saery devait faire attention à ne pas dire n'importe quoi. Qui savait à qui il pouvait raconter cette rencontre ?

— J'ai besoin d'argent. J'ai entendu dire que Pogdra le Hutt était bon prêteur.

— Quoi ? Non, non ! N'allez pas voir ce malade. Vous allez vous faire bouffer toute crue ! Je vois pas pourquoi il vous prêterait de l'argent, vous lui rapporterez bien plus en tant qu'esclave. Ce type est une véritable ordure !

Le patron avait l'air de ne pas vraiment apprécier le hutt. Pour Saery, c'était une aubaine. Faussement inquiète, elle répondit :

— Il est connu, par ici ?

— S'il est connu ? Je crois bien qu'il tient tout le monde ici par les... Enfin, vous me comprenez, quoi ! Vous savez comment sont les hutts. On vous fout tout en l'air avant de vous offrir une "protection". Je vous recommande vraiment de faire demi-tour. Ca ferait bien trop plaisir à ce salopard de mettre la main sur quelqu'un comme vous !

— Vous me flattez ! Mais, j'ai vraiment besoin de cet argent. Où est-ce que je peux le trouver ?

La morellienne avait déjà la réponse à sa question, mais le barman pourrait peut-être lui donner quelques informations supplémentaires. Le petit air timide de Saery l'aiderait peut-être à parler.

— Personne ne sait vraiment ! Si vous devez absolument le voir, il vous suffit de passer près des usines. Il a des gars à lui un peu partout, là-bas. Et ils n'aiment pas laisser circuler n'importe qui. Vous en choppez un et vous lui racontez votre histoire. Avec un peu de chance, il vous rencontera dans un de ses entrepôts. Enfin, je dis ça, mais vous devriez vraiment envoyer quelqu'un à votre place ! C'est un conseil d'ami.

Que ces derniers mots étaient doux ! Sur une lune où tout se payait, au moins un homme était prêt à empêcher une belle fille au sourire enjôleur de se faire enlever. Saery, de son expression la plus mignonne, serra le sac dans lequel se trouvait sa brioche fraîchement acquise contre elle.

— Merci ! Je pense que je vais le suivre. A la prochaine ! Lança la jolie fille avant de conclure par un petit clin d’œil.

Laissant un barman un peu rêveur derrière-elle, la morellienne savait désormais qu'il ne vallait mieux pas s'approcher de la zone industrielle sans précautions. Il ne lui restait plus qu'à trouver un moyen de s'y balader discrètement...
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Assise sur le bord du toit d'un grand immeuble, Saery finissait de manger la moitié de brioche qu'elle s'était gardée. Elle avait passé la journée à tourner en rond et à chercher le meilleur point d'observation. De là où elle se trouvait, elle avait la meilleure vue sur la grande zone industrielle qui se trouvait en contrebas. Cachée des regards et du vents par une large structure qui tenait une antenne, elle laissait balancer ses pieds dans le vide en attendant de mettre l’œil sur quelque chose d'intéressant. Tenter de s'infiltrer en plein jour lui avait traversé l'esprit, mais elle préférait de loin profiter de la noirceur de la nuit. Son impatience lui avait déjà coûté assez cher par le passé.

Alternant entre méditation et préméditation, la Jedi attendit paisiblement que le jour fasse place à la nuit. Elle avait eu tout le temps de noter que la zone était très bien surveillée. Peu de speeders survolaient l'endroit qui était surement soumit à tout un tas de restrictions. Les seuls véhicules qui pouvaient aller et venir semblaient soumis à de rigoureux contrôles. Si Saery n'était pas sûre que Pogdra ait la main mise sur tout ce territoire avant cet instant, elle l'était désormais. Seule la prudence des hutt pouvait être une raison valable pour autant surveiller un tel complexe. Le baron du crime avait sûrement de belles choses à cacher.

Alors qu'elle finissait de se préparer et de rassembler ses longs cheveux en une grande tresse, la Jedi fut surprise par son holocom qui bipait. L'objet en main, elle découvrit un visage familier.

— Zelko ! Tu as l'air crispé. Un problème ?

— Oui, enfin non. Mais, toi, tu en as un ! J'ai parlé au rat, aujourd'hui. Il paraît qu'il se comportait bizarrement et… ce que j'ai à te dire ne va pas te plaire. Tu n'as rien tenté encore, hein ?

La mine réjouie de la morellienne s'effaça d'un seul coup. Elle était un peu blasée. Son meilleur contact sur cette lune avait un don pour lui annoncer de mauvaises nouvelles. Elle haussa les épaules.

— Je t'écoute.

— Devine quoi ? Cet abruti avait parlé avant même de nous rencontrer ! Je l'ai un peu travaillé et…Enfin, je sais pas ce qui s'est passé ! il n'arrêtait pas de dire qu'il se sentait mal pour la dernière fois. Ça ne lui ressemblait pas. Mais alors, pas du tout !

— Je vois. Et où se trouve-t-il, maintenant ?

— Euh... C'est à dire que…Il a paniqué quand je me suis énervé contre lui. Tu comprends ? Il a sorti son blaster et a commencé à l'agiter dans tous les sens avant d'essayer de me tirer dessus. Du coup, Arlh l'a flingué.

— Merveilleux. Lança la Jedi, pleine de sarcasme. 

Arlh était le trandoshan qui suivait Kelko à la trace. C'était un peu son garde du corps, mais il était surtout là pour éviter que le rodien ne fasse trop de bêtises. Finalement, c'était toujours lui qui dérapait. Il s'entendait plutôt bien avec son protégé.

— Merveilleux, oui. Bref, ça fait toujours ça de moins à gérer. Donc, pour en revenir à ce qui t'intéresse, j'imagine que ton hutt attend déjà de la visite.


— Il sait qui arrive ? 

Sûrement pas. Ce vieux rat n'a su que l'info était pour toi que quand il est arrivé chez moi. Mais, je crois quand même que tu devrais attendre que l'orage passe avant de tenter ton coup, quel qu'il soit.

— Hm… Ca serait sûrement ce qu'il y aurait de mieux à faire, si j'en avais le temps ! C'est gentil de prévenir, mon Kelko ! 

Un grand sourire aux lèvres, la Jedi coupa la communication alors que son contact s'apprêtait à lui dire au revoir. Elle savait que le rodien aimait son côté insaisissable et elle en abusait. Mais, sitôt l'hologramme disparu, l'air amusé de la jeune femme fit de même.

La mise en alerte du hutt expliquait grandement le manque de mouvement de la zone industrielle. Saery se dit qu'elle avait vraiment bien fait de ne pas s'approcher de la zone sans prendre de précautions. Tout semblait plus logique, d'un seul coup. 

Il allait falloir faire très attention à ne pas être repérée. Heureusement, le ranat avait cédé à une carte très détaillée de l'endroit à "Aljia". Cependant, il y manquait le plus important : les détails de la résidence du hutt. C'était dommage, mais l'essentiel était que Saery puisse y accéder. Une fois à l'intérieur, elle saurait se débrouiller pour trouver son chemin.

L'intrication des bâtiments et des usines qui s'entassaient les unes sur les autres sur de nombreux étages rendaient l'observation difficile. Cela donnait d'autant plus de valeur à la carte que Saery décida de projeter à nouveau devant elle. L'hologramme provenait d'une petite barrette qu'elle avait relié à son datapad. L'écran de lumière bleue ne projetait que sur deux dimensions, mais c'était une interface très pratique. 

Après deux bonnes heures d'étude pour attendre que la nuit soit assez noire, Saery avait terminé de tracer son itinéraire. Il ne lui restait plus qu'à faire le plus difficile : entrer par là où on ne l'attendrait pas. Après avoir rangé son matériel, la Jedi se mit en route vers un autre immeuble. Elle choisit le chemin le plus court et sauté d'un toit à l'autre en faisant attention qu'on ne la remarque pas trop. Bien plus proche de la zone industrielle, mais pas assez, la Jedi suivait tranquillement son plan. 

Elle se promena quelques instants sur le bord du toit où elle se trouvait. Les speeders ne passaient pas par là et peu de monde irait l'embêter là-haut. L'endroit était parfait. Il ne lui manquait plus qu'un peu d'élan pour arriver à ses fins. Grappin en main, Saery sauta sur une épaisse perche métallique qui dépassait du bâtiment. En visant bien, elle arriva à lancer son crochet à travers la structure d'un gros panneau lumineux qui se trouvait à peine plus bas. Elle tendit la corde pour que le crochet s'y attache, comme si elle avait fait ça toute sa vie. Puis, sans hésiter, elle se laissa tomber dans le vide. 

Le grand arc de cercle qu'elle décrit entre les bâtiments lui donna assez d'inertie pour se projeter très loin en avant. Une telle chute aurait eu raison de n'importe qui, mais les Jedi avaient plus d'un tour dans leur sac. Pendant qu'elle fendait l'air en s'aidant de ses bras et de ses jambes pour maintenir un certain équilibre, Saery se préparait à l’atterrissage. Sa longue chute, menée avec un certain flegme, se termina par une simple roulade afin d'éviter un trop grand fracas.

Arrivée entre plusieurs gros tuyaux et autres cheminées, la jeune femme épousseta son manteau à l'aide de ses deux mains. Il ne lui restait plus qu'à descendre de quelques étages pour arriver à son objectif. Ce n'était pas si difficile de trouver le repère d'un hutt, lorsque l'on avait la carte ! Après un bref coup d’œil, elle sauta à nouveau. La chute était moins impressionnante, mais tout aussi dangereuse pour quelqu'un qui ne faisait pas appel à la Force. Cette fois, elle atterrit au niveau qui l'intéressait le plus : celui de la planque de Pogdra.

Après avoir retiré une épaisse grille, Saery se faufila dans la ventilation de l'usine. Toute la poussière qui s'y trouvait la poussa à mettre son écharpe par dessus son nez pour ne pas tousser. L'ombre traversa toute une chaîne d'assemblage sans quitter le petit conduit dans lequel elle rampait silencieusement. Après s'être éloignée du vacarme que produisaient les bras mécaniques travaillant sans relâche, elle arriva devant une nouvelle plaque. 

Avant de l'ouvrir, elle procéda à une inspection similaire à celle qu'elle avait menée sur la grille précédente. Cette fois-ci, cependant, elle nota qu'il y avait un petit capteur. L'alarme, toute bête, était simplement une petite tige de métal que la grille maintenait en place. Si on la retirait sans faire attention, un ressort poussait la tige vers l'extérieur et le mécanisme déclenchait l'alarme.

Saery fouilla dans ses poches pour sortir les restes d'un rouleau de ruban adhésif. Elle en coupa un bout à l'aide de ses dents puis le plaça de manière à ce qu'il retienne la tige à la place de la grille qu'elle dégagea en la poussant simplement. Il fallait toujours avoir du scotch sur soi, c'était une règle d'or ! Ça, et beaucoup d'autres petits objets bien utiles. La morellienne avait toujours un kit d'outils sur elle.

Arrivée dans un long couloir circulaire coloré par des lumières jaunâtres, la Jedi se mit en route après avoir remit la plaque en place. Longeant discrètement le mur intérieur, blaster à la main, Saery était prête au pire. Elle était en territoire inconnu ! Mais, pas pour longtemps : elle repéra le genre d'interfaces que l'on réservait aux droïdes de maintenance. Sans attendre, elle dégaina son holoprojecteur qu'elle raccorda au système. La petite barrette afficha alors un écran bleu où se trouvaient de nombreuses informations inutiles.

Saery pianota sur la base de son écran quelques instants avant d'obtenir ce dont elle avait le plus besoin : la carte des lieux. Sur celle-ci, elle put voir qu'elle se trouvait dans un couloir qui reliait la résidence à l'usine qu'elle venait de traverser. Il y avait peu de chances pour que quelqu'un décide de l'emprunter la nuit ! Elle prit donc les mesures pour désactiver quelques systèmes de sécurité et… Bip ! Son hologramme lui indiqua que le réseau s'était figé dans une boucle. 

La Jedi débrancha son appareil pour le ranger et reprendre son arme. Il était temps de trouver l'endroit où ce gros hutt gardait ses trésors !
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Le long couloir donnait un grand hall désert. Saery, qui se faisait toute petite contre le mur de son point d'accès, n'aimait pas vraiment passer par ce genre d'endroits. La nuit était jeune et n'importe pouvait croiser son chemin dans un lieu si ouvert. Bien que la Jedi soit capable de percevoir les êtres vivants à travers la Force, les droïdes restaient un problème auquel l'ombre n'avait pas de temps à consacrer. Détecter les machines requérait une concentration bien plus grande que celle dont elle avait besoin pour sentir les étincelles de la vie.

La pièce, dont le sol aurait bien eu besoin d'un coup de balais, était à peine éclairée par quelques veilleuses qui laissaient tomber des halos de lumière sur d'étranges statues. Sans hésiter, Saery traversa l'endroit en se faufilant à travers les ombres et en se cachant derrière les sculptures qui trahissaient les goûts discutables du propriétaire des lieux. Sans douter, se dirigeait vers une pièce qu'elle avait visualisé grâce à la carte qu'elle avait obtenu. Là bas, quelques étoiles brillaient dans la nuit sombre : la Jedi s'approchait de ce qu'elle recherchait.

Ses pas silencieux la menèrent jusqu'à une grande porte qui laissa s'échapper un long râle métallique avant de s'ouvrir. Avant d'entrer, la Jedi jeta un oeil à ses alentours pour s'assurer que le bruit n'avait alerté personne. Elle emprunta le large couloir aussi triste et peu décoré que celui qu'elle avait déjà traversé. Celui-ci décrivait une courbe allant vers la gauche qui l'empêchait de voir ce sur quoi il donnait. Tout au bout de celui-ci, un twi'lek musclé et patibulaire montait la garde, mais Saery avait remarqué sa présence avant même d'avoir ouvert l'accès. Elle rangea son arme : il n'était pas une menace.

— Qui va là ? Lança l'homme, sèchement par dessus le son de porte qui se refermait au loin.

— Juste moi ! Répondit Saery, d'une toute petite voix charmeuse.

La morellienne se présenta avec sa démarche la plus féline. La peau qu'elle avait choisit de révéler capta sans faillir l'attention de notre homme en manque de distraction. Sous son écharpe, qu'elle avait pris soin de remonter, les quelques boutons qu'elle avait ouverts faisaient leur petit effet.

— Ce n'est pas ici, la chambre de…

La Jedi ne finit pas sa phrase, crispée, surprise l'arme pointée sur elle !Apeurée, la jeune demoiselle leva les mains. Sa respiration trahissait certainement un cœur battant à cent à l'heure. Le garde baissa son arme sans quitter des yeux les délicieuses formes qui s'agitaient au rythme des inspirations et des expirations de la jeune femme terrifiée.

— Qu'est-ce que tu veux ? Tu... C'est une zone interdite !

Rassurée de ne plus être dans la ligne de mire du terrible blaster, Saery baissa les bras et souffla un grand coup. Elle fit quelques pas vers le garde en agitant la main,comme pour lui dire de lui laisser le temps de se remettre de ses émotions.

— Je… ouah ! Elle chercha ses mots, un peu confuse à cause de la grosse peur qu'elle venait de vivre. Pardon. Euh... je viens voir le grand patron. J'ai un service à lui rendre. Tu peux m'ouvrir ?

— Tu t'es trompée d'endroit, ma jolie. Il doit être à l'étage du dessus. Maintenant c'est dommage, mais tu dois sortir d'ici. 

— Déjà ? Soupira la fille, toute triste. J'aurais préféré passer un peu de temps avec un bel homme comme toi plutôt qu'avec un hutt.

— Ah, vraiment ? Demanda le twi'lek, surpris et intéressé.

La fille, le regard plein d'envie, attrapa le bras du garde qui s'apprêtait à appuyer sur son comlink pour prévenir son boss. Elle le repoussa délicatement avant d'effleurer le torse musclé du twi'lek du bout des doigts. Puis, son geste plein de douceur se mua en une violente acrobatie. La Jedi tourna sur elle-même pour donner de l'élan à l'arrière de son pied gauche qui se leva et vint brutalement s'écraser contre la mâchoire du garde déboussolé. Assommé sur le coup, le grand twi'lek s'effondra comme une lourde masse inerte. La morellienne n'était pas très fière, mais le travail était fait.

En le prenant par dessous les épaules, elle écarta le pauvre homme de la porte. Celle-ci était très épaisse et maintenue en place par un gros verrou que rien ne semblait pouvoir faire bouger. Rien, à part peut être le sabre laser qu'elle alluma pour le percer. A force de temps et d'efforts, la lame jaune fit assez de dégâts pour que Saery puisse la dégager du métal brûlant et se reculer pour faire appel à la Force. Elle rassembla ses mains pour doucement les éloigner l'une de l'autre. La porte s'ouvrit lentement pendant que son centre incandescent finit de se déchirer et de s'effriter. 

D'un bond, Saery fila à l’intérieur de la pièce et alluma à nouveau son sabre. Trois droïdes attendaient dans le noir s'occuper de l'intruse. Les tripodes, dont la tête ressemblait à une queue de scorpion prête à piquer, pivotèrent pour aligner leurs canons et leurs capteurs rouges vers la Jedi. Celle-ci, repliée sur elle-même contre le sol, sabre en main, usa de toute sa détente pour filer plus vite que les tripodes ne pouvaient réagir. Son saut, si vif et imprévisible, la fit passer entre deux des machines et derrière la troisième. Cette dernière, déjà tranchée par le coup lumineux qui avait accompagné le mouvement de la Jedi, tomba aux pieds de l'ombre en deux morceaux rougeoyants.

Alors qu'il se tournait pour retrouver sa cible, un autre droïde quitta le sol en luttant contre une force invisible. Le bras tendu, Saery le tenait au creux de sa poigne qu'elle resserrait sur le vide. D'un geste vif, elle l'envoya s'écraser contre son collègue qu'il renversa dans sa brutale et étincelante chute. D'un nouveau saut, la Jedi acheva les deux gardes de fer en les embrochant d'un coup de sa brillante lame jaune. Débarrassée des défenseurs qui n'avaient pas eu le temps de cracher le feu, Saery pouvait désormais jeter un coup d’œil à l'endroit où elle se trouvait.

Un simple bouton sur une console alluma la lumière. La Jedi était entrée dans une pièce qui lui rappelait un musée. De nombreux socles présentaient divers objets d'arts rares pour lesquels l'ombre n'avait aucun intérêt, mais pour qui d'autres auraient tué. Tout au fond de la pièce, elle remarqua que des vitrines protégeaient les pièces ayant le plus de valeur. Elle s'en approcha avec précaution pour se rapprocher de cette lumière qu'elle sentait à travers la Force. Quand, soudain, elle fut parcourue par un frisson qu'elle n'avait pas senti venir. Devant elle, derrière une simple vitre, se trouvait le sabre de son ancien maître.

Sans attendre, Saery inspecta la vitrine. Celle-ci avait un système de sécurité indépendant du réseau qu'elle avait désactivé. Elle connaissait bien ce genre de dispositifs. Il ne fallait pas briser la vitre ou toucher à l'objet sans l'avoir désactivé. Le moindre mouvement trop brusque pouvait activer l'alarme. La Jedi s'empressa de sortir son holoprojecteur qu'elle raccorda à un petit boîtier qu'elle posa sur le clavier où l'on devait entrer le code pour désactiver l'alarme. Ce genre de système ne se contentait de faire du bruit, une fois qu'on le réveillait. Il alertait son propriétaire en émettant un signal à tout ce à quoi on le raccordait. Qui disait signal, disait communication. Qui disait communication, disait piratage.

Après avoir trouvé le bon flux, Saery accéda aux commandes en faisant passer ses actions pour une routine de maintenance. De là, elle isola la vitrine qu'elle trafiquait du système indépendant des armoires de ce véritable petit musée. Son outil lui permettait de faire appel aux méthodes des droïdes sans avoir à gérer le poids mort que ceux-ci représentaient. Cependant, il était nécessaire d'avoir de bonnes connaissances dans le domaine afin de ne pas faire n'importe quoi. Une fausse manipulation, par exemple, aurait très bien pu déclencher toutes les alarmes.

Si tout avait marché, il ne lui restait plus qu'à s'occuper du bruit qu'allait produire l'engin lorsqu'il allait être perturbé. La solution était assez simple. Laissant de côté ses outils informatiques, Saery dégaina à nouveau son sabre et le planta au cœur de la base qui tenait les vitres en place. Les petites lumières qui signalaient que celle-ci fonctionnait disparurent aussitôt. Aucun bruit ne venant des autres vitrines, l'ombre en déduit que son opération était un succès.

Pressée par le temps, Saery enroula son écharpe autour de sa main pour la protéger des éclats et brisa la vitre avec la poignée de son sabre. Elle pouvait enfin récupérer l'arme de son maître qui se trouvait là, entre deux autres poignées ayant appartenu à on ne savait qui. Sans attendre, elle accrocha les deux sabres supplémentaires au revers de sa veste. Plus cérémonieusement, elle récupéra l'arme de maître Morens pour l'observer. Il s'agissait d'une poignée noire comme la nuit qui avait une forme similaire à la poignée de Saery. Celle-ci était plus sobre de part sa noirceur, mais il était le modèle qu'avait suivit la Jedi pour fabriquer sa propre arme. 

Pour vérifier que le sabre soit encore en état de marche, elle jeta un œil à son cœur avant de l'allumer. Elle observa la lame un bref instant avant de la faire disparaître. Elle fixa la poignée à côté de sa propre arme, à sa ceinture, là où on ne la verrait pas sous son manteau. La Jedi était satisfaite, mais elle refusait de sauter de joie. Elle n'était pas en position de le faire, car ses objectifs étaient loin d'être atteints.

Le plus facile était fait. Saery devait maintenant savoir d'où provenait ce sabre. Si elle avait toujours eu le sentiment que cette arme avait été séparée de son propriétaire, c'était sûrement parce que la Force la guidait pour retrouver sa trace. Il lui fallait cependant remonter la piste elle-même et trouver d'où venait l'objet. Pour pouvoir avancer dans son enquête, l'ombre afficha la carte des lieux sur le projecteur qu'elle avait laissé de côté. Après s'être informée, elle rangea son matériel pour se mettre en route vers son prochain objectif. En sortant, elle récupéra le blaster du twi'lek qui n'avait pas l'air d'être prêt de se réveiller. Celui-ci était en bien meilleur état que sa propre arme qu'elle abandonna dans un buisson synthétique du grand hall. Qui plus est, ce blaster avait l'air d'avoir la fonction paralysante dont tous les chasseurs de primes aimaient abuser. Cela promettait d'être utile à la Jedi qui refusait de tuer ou de blesser sérieusement pendant ce genre d'opérations.
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Quelque part dans le grand repère de Pogra le hutt, la fête battait son plein. Brigands et associés s'étaient réunis pour prendre un verre au comptoir tandis que quelques musiciens multicolores faisaient danser trois twi'lek à peau bleue sous les yeux avides du gros hutt. Celui-ci, posé tranquillement sur son grand lit de toiles et de coussins, se dandinait mollement sur l’entraînante musique. Certain d'être entouré de l'une des assemblées les plus capables, Pogdra en oubliait ses soucis.

Pourtant, alors que tout allait bien, l'alarme retentit. Surpris, les musiciens arrêtèrent de jouer et les danseuses cessèrent de danser. Une petite machine glissant sur le sol vint alors biper de tout son saoul près du grand chef tout en décrivant de petits cercles paniqués. Intrigué, celui-ci se tourna vers un droïde protocolaire chromé qui lui servait d’interprète. 

— Maître, il souhaite vous informer que le problème vient de l'étage -2 ! Il s'agit probablement des intrus que vous craigniez recevoir !

Le gros patron, dans sa langue si particulière, ordonna au droïde de transmettre ses ordres ainsi que de faire taire l'alarme. Les hutts pouvaient très bien pratiquer le basic, mais parler leur langue leur donnait des airs de grandeur qu'ils n'étaient pas prêts à sacrifier pour le bien de la praticité.

— Le maître vous annonce que la fête est terminée ! Aux armes ! Et direction l'étage -2 ! Attention, il souhaite que vous capturiez au moins l'un des intrus afin de l'interroger !

A ces mots, tous les brigands se pressèrent de suivre les ordres. Les musiciens, eux, commencèrent à ranger leurs instruments en vitesse. Pogdra interpella deux niktos qui passaient entre les danseuses qui couvraient leurs tenues trop légères après leur performance. 

— (Vous deux, vous restez avec moi. On ne sait jamais). Lança-t-il, en huttese.

Les deux hommes acquiescèrent sans avoir besoin de traduction. Très vite, la salle se vida. Le hutt se contentait de ronchonner sur l'audace des intrus. Il préférait rester ici avec les musiciens et les twi'lek. Les fous qui pénétraient dans sa résidence n'avaient aucune chance de vaincre la vingtaine de bras armés qu'il venait d'envoyer à leur trousses.

Il ne fallut pas longtemps avant que le hutt soit surpris par le son de la porte qui se verrouillait. Pourquoi celle-ci se fermait-elle ainsi ? Avant qu'il ne puisse trouver la réponse, deux tirs de blaster assommèrent les deux gardes qu'il avait gardé près de lui. Depuis là où on ne l'attendait pas, Saery frappait. Sortant de derrière l'une des piliers qui tenaient l'endroit en place, la Jedi s'avança blaster en main. Les twi'leks et les musiciens filèrent à l'autre bout de la salle pour se cacher derrière le bar. Le droïde qui servait de barman, lui aussi, se baissa pour s'éloigner du conflit. 

— (Comment ?!) S'exclama le hutt.

— Le maître demande comment vous...

— Ce n'est pas la peine, droïde. Je comprends très bien. Coupa la jeune femme qui tenait Pogdra en joue.

Le protocolaire, visiblement déçu, perdit de son entrain et baissa les bras.

— Faisons vite. J'ai besoin d'un renseignement.

Un tir fila sur Saery qui se pencha aussi sec pour l'éviter. Elle se redressa en allumant le sabre de son maître pour dévier un second coup qui bisa un verre en mille morceaux. Le hutt sursauta à cause des éclats, mais aussi à cause du bruit grave que le sabre produit en s'allumant. La Jedi orienta son blaster vers un bith qui se cachait derrière ses percussions.

— Jette ton arme, tu ne fais pas le poids. 

Sans même protester, celui-ci s’exécuta et jeta son arme hors de portée de bras avant d'à nouveau se cacher. L'ombre revint alors à son hutt et rapprocha un peu plus sa lame de ses grands yeux oranges.

— Toi ! Dis moi où tu as trouvé ce sabre. Et vite !

— (Comment es-tu arrivée jusqu'ici ? Comment es-tu passée au travers de ma sécurité ?!)

— C'est simple... Je ne l'ai pas croisée ! Maintenant, parle !

— (Tu crois que tu vas t'en sortir comme ça, Jedi ?)

— Jedi ?

Saery fronça les sourcils. Il était vrai que peu étaient capables de dévier des tirs de blaster avec une lame. Avec son pouce, elle appuya sur un bouton de son blaster, puis elle tira une rafale en direction de ceux qui l'épiaient en regardant par dessus le comptoir. Les tirs, bien réels, manquèrent leurs cibles qui s'étaient cachées à temps. Ils brisèrent de nombreuses bouteilles et quelques verres avant de faire se détacher une étagère qui fit chuter tout le contenu du bar sur le sol et sur ceux qui se cachaient là. Plus apeurés que blessés, les malheureux crièrent et paniquèrent jusqu'à ce que les tirs cessent enfin. La "Jedi" fit claquer sa langue, comme si elle était déçue d'avoir manqué sa cible.

— Je ressemble à une Jedi, d'après toi ? Ecoute moi bien : tu peux me faire gagner du temps, mais tu n'es pas indispensable. J'ai été gentille jusque-là, mais si je n'ai pas ma réponse dans trois seconde, tu y passes. C'est bien clair ?

Saery aimait faire les choses calmement. Cependant, sa grande expérience avec les bandits lui avait montré que la manière douce était inutile. Ses actes mûrement réfléchis n'étaient faits que pour intimider le hutt. Leur instinct de préservation leur permettait de survivre aisément dans les milieux criminels, il ne ferait pas l'erreur d'aller contre quelqu'un qui tenait un sabre laser sous son nez. Sans surprise, Pogdra finit par craquer sous le regard perçant et assassin de la jeune femme qui se trouvait devant lui. Malgré son jeune âge apparent, il fallait prendre la fille au sérieux.

— (Je l'ai acheté, bien sûr !) Répondit le hutt en tentant de préserver sa dignité.

— A qui ? Quand ? Où ? Insista sèchement Saery.

— (Un zabrak est venu ici, c'est lui qui a pris contact avec moi. Il savait que je cherchais des pièces…plutôt rares. C'était il y a deux semaines, déjà. C'est lui qui a pris contact avec moi !)

Saery venait peut-être de retrouver une piste qu'elle avait perdue. Elle jouait au chat et à la souris avec un zabrak depuis quelques années. Celui-ci avait déjà été impliqué dans un trafic de sabres. Tout collait, mais Saery ne changea pas son attitude.

— A quoi ressemble-t-il ? 

Le gros hutt grogna et cligna des yeux, la lame brillante gênait sa vue. Il cherchait à se souvenir des détails.

— (Hm... Peau grise, tatouages noirs, yeux oranges...)

Saery plissa les yeux. Le hutt ne mentait pas, mais elle n'arrivait pas à croire que cette affaire la menait à une personne différente. Quelque chose lui échappait.

— Des infos sur lui ? N'importe quoi ! Maintenant ! Relança Saery en approchant un peu plus sa lame de la grosse tête verte du hutt.

Pogdra se mit à rire nerveusement. Il n'avait simplement rien à dire.

— (J'ai bien essayé d'en avoir, crois moi ! Mais, mes hommes n'ont même pas pu trouver où il avait atterri.)

Saery haussa un sourcil, elle était curieuse d'en savoir plus sur les méthodes du hutt. Elle leva brièvement le menton, pour inciter Pogdra à développer.

— (Personne au spatioport Dongoda n'a pu nous informer à son sujet. Sache pourtant que je les tiens au creux de ma main. Je doute que tu aies plus de chances que moi, petite voleuse !)

Saery sourit, l'élan de confiance du hutt semblait lui faire oublier qu'à cet instant c'était lui qui dansait au creux de sa main. Elle s'apprêtait à le remettre en place quand plusieurs coups frénétiques se firent entendre à la porte.

— Boss ! Tout va bien ? Ouvrez-nous ! Lança une petite voix étouffée.

Le temps était écoulé, quelqu'un avait prévenu les sbires du danger qui guettait Pogdra le hutt. La Jedi ne changea pourtant pas d'expression et se contenta de reculer de quelques pas avant de planter la lame de son maître dans le sol métallique.

— (Mais, qu'est-ce que tu fais ?!) Cria Pogdra en tendant ses petits bras vers l'intruse.

Celui-ci estimait que la fille avait fait bien assez de dégâts comme ça !

— Je descend d'un étage, bien sûr ! Lança Saery, tout naturellement.

Amusée, elle jeta un œil au hutt qui ne savait pas comment réagir. Un sourire narquois aux lèvres, elle termina de tracer un cercle autour d'elle dans le métal avant qu'elle ne disparaisse dans le trou rougeoyant. L'intruse avait disparue. 

Pressé et frustré, Pogdra décida de troquer sa splendeur contre du temps :

— En bas ! A l'étage du dessous ! Attrapez-moi cette peste ! Tuez-la ! Hurla-t-il en basic.

Les hommes qui essayaient de forcer la porte se mirent en route aussi sec. Ils devaient rattraper l'intruse qui avait tant secoué leur grand chef ! Il n'aurait jamais pris la peine de leur adresser un ordre aussi directement si la tâche n'était pas d'importance capitale !

Saery, elle, prenait déjà ses jambes à son coup. Sortir de la résidence n'était pas un problème : il lui suffisait de passer par là où elle était entrée. Filant à toute vitesse, la Jedi quitta la pièce sombre dans laquelle elle était tombée pour traverser le grand hall. A l'étage, tout en haut des escaliers, les hommes de Pogdra se précipitaient pour la rattraper tandis que d'autres arrosaient la fuyarde avec leurs blasters. Sabre en main, Saery n'eut qu'un seul tir à dévier dans sa fulgurante course avant d'entrer dans le couloir par lequel elle était entrée.

Alors qu'elle apercevait à peine la grille de l'aération qu'elle avait empruntée, elle usa de la Force pour la faire tomber tout en continuant de filer comme une flèche. Avec tout son élan, la Jedi fit taire la lame de son maître et sauta les bras en avant dans l'ouverture. Elle glissa quelques mètres dans la poussière avant de se mettre à ramper pour continuer sa fuite. 

Rejoindre le toit en escaladant par l'aération prendrait beaucoup de temps. Il lui fallait une alternative. Après quelques mètres et quelques pièces traversées, Saery entendit à nouveau les chaînes d'assemblage. Elle décida que l'endroit méritait une nouvelle bouche d'aération et lui en offrit une à l'aide d'une brillante lame jaune. Sans prendre le temps de visiter, elle détala à travers les bras mécaniques qui soudaient et serraient sans se soucier du vacarme métallique qu'ils produisaient. 

L'ombre se dirigeait vers ce qui l'intéressait : une issue. D'un simple geste de la main, celle-ci s'ouvrit pour laisser entrer l'air frais qui vint balayer l'odeur de brûlé qui dominait l'endroit. La sortie ne menait cependant que sur une grande plateforme d’atterrissage où l'on venait poser des cargos. Sans même évaluer la situation, la Jedi suivait son plan : elle se mit à escalader le bâtiment. 

Accrochée à la structure métallique, elle s'arrêta à mi chemin pour regarder en contrebas. Des yeux, elle chercha où se trouvaient les motojets dont elle venait d'entendre les moteurs. Ce n'était qu'une question de temps avant que les pilotes ne se mettent à chercher plus haut que le niveau des issues contrôlées. Pour quitter la zone, Saery était obligée de passer par cet étage où tous les hommes de Pogdra s'activaient à la rechercher, mais cela ne faisait pas partie de son plan...
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Après son bref arrêt, Saery reprit son escalade sans même accorder un regard à ce qui se déroulait dans son dos. Tout en bas, on criait, on fouillait, on agitait des lampes-torches et on se demandait bien ce qui avait pu mettre le boss dans une telle colère. Les ordres de celui-ci étaient clairs : il fallait retrouver et tuer l'intruse, sécuriser tout ce qui pouvait voler et tirer à vue sur le premier véhicule qui aurait eu le malheur d'essayer de quitter la zone.

La Jedi, une fois arrivée tout en haut du bâtiment, se hissa sur le toit et s'installa au milieu de gros générateurs qui ronronnaient paisiblement. Assise en tailleur, l'ombre ferma les yeux. Par dessus les bruits mécaniques, elle entendait les hommes de Pogdra inspecter la moindre cachette qu'elle aurait pu utiliser. Aucun d'entre eux ne soupçonnait l'intruse d'avoir décidé de s'éloigner des sorties. Celle-ci, plongée dans la Force, attendait le bon moment pour agir.

Quelques minutes passèrent et les instructions que l'on hurlait étaient déjà moins nombreuses. Les brigands avaient compris que leur cible ne cherchait pas à fuir dans l'immédiat, mais à se cacher pour décamper une fois la pression retombée. Bien décidés à attraper la voleuse, ils s'organisèrent de manière à pouvoir observer l'entièreté du complexe. Avec leurs speeders, ils commencèrent à patrouiller la zone et à l'éclairer de mille feux depuis les airs.

Saery ouvrit les yeux, il était temps d'agir. Tout en haut de son immeuble, la Jedi se releva et s'étira comme si elle sortait d'un long sommeil. Un grand cercle lumineux qui passait là manqua de la révéler à celui qui tenait la lampe, mais elle s'était vite cachée derrière l'un des moteurs. Il était temps, une fois encore, de surprendre Pogdra avec quelque chose qu'il ne pouvait pas prévoir. Seule au milieu des lourdes machines qui peuplaient le grand toit sur lequel elle se trouvait, l'ombre s'élança. Sans même s'arrêter pour regarder, elle plongea dans le vide avec toute l'assurance de la galaxie.

Sa chute, imprévisible pour le commun des mortels, la mena exactement là où la Force lui avait promit qu'elle serait. Avec légèreté, la morellienne tomba le siège arrière d'un gros swoop qui s'élevait à peine dans les airs. L'engin, qui était une sorte de grosse moto qui fait de la concurrence aux speeders, était l'un des moyens de transport favoris des criminels. Agiles, rapides, mais aussi très dangereuses, ces machines étaient soumises à de nombreuses restrictions dans le monde légal. Son propriétaire, loin d'avoir son permis, se retourna pour donner un coup de crosse à celle qu'il n'attendait point. Saery se pencha en arrière et attrapa le poignet du pilote pendant que celui pressait frénétiquement la gâchette de son blaster. De son autre main, elle le fit basculer en lui assénant un grand coup de paume au plexus. L'homme chuta et cria avant de se heurter à un toit de taule, de rouler et de s'écraser dans une benne à ordures. Couvert de saletés, celui-ci se redressa tant bien que mal pour jurer et hurler avant de réaliser qu'il sentirait la mort jusqu'à sa prochaine douche.

Pendant ce temps, Saery mit les gaz. Les tirs et les cris avaient alertés toute la troupe du malheureux pilote et celle-ci prenait déjà l'intruse en chasse. Quelques secondes suffirent à la Jedi pour quitter la zone : l'engin était incroyablement rapide. Cependant, il lui fallait semer les fous du volant qui la coursaient. Ceux-ci n'allaient pas abandonner si facilement ! C'est à travers les néons et les panneaux lumineux que la course poursuite commença réellement.

Le nez en avant, sa longue écharpe rouge au vent, la Jedi fonçait à travers les immeubles. Elle évitait les grands axes de circulation autant que possible : son échappée mettait des innocents en danger, elle préférait limiter les risques. Les hommes de Pogdra, eux, se réunirent pour former un grand groupe désordonné mélangeant speeders et swoops. Si Saery filait à pleine vitesse grâce à ses réflexes et à la Force, ses poursuivants faisaient de même grâce à leur connaissance du terrain. Ce secteur n'avaient aucun secrets pour ces brigands qui, sans réfléchir, essayaient de rattraper la fuyarde tout en lui tirant dessus.

Filant à une vitesse folle à travers les grandes allées du secteur, Saery cherchait un moyen de semer les fous qui tiraient à tous va derrière elle. De temps en temps, elle se penchait d'un côté ou de l'autre pour laisser un tir aller s'écraser contre les parrois cuivrées d'un immeuble. Il était impératif de prendre des chemins plus tortueux pour se rendre moins vulnérable. Un tir mal placé dans le swoop et celui-ci partirait en vrille. D'autant plus qu'il n'était pas en très bon état !

Avec ses yeux que le vent séchait à mesure qu'elle avançait au dessus du vide, Saery ne pouvait pas continuer sa course très longtemps. Alors qu'elle orientait les répulseurs de l'engin vers les murs qui dessinaient l'extérieur des virages serrés qu'elle empruntait à toute allure, la Jedi cherchait du regard son échappatoire. Elle balança son poids sur le guidon du swoop avant que son lourd moteur ne l'entraîne vers un tunnel qui se trouvait en contrebas.

Ses poursuivants ne se laissèrent pas faire, ceux qui étaient loin derrière elle passaient leurs informations à ceux qui pourraient encore lui barrer la route. De l'autre côté du passage, un gros speeder vint se heurter au swoop. Saery eut tout juste le temps de balancer sa jambe en arrière pour se sauver d'une terrible douleur. Quand les deux véhicules se séparèrent, elle put constater que le choc aurait pu lui broyer la jambe au même titre qu'il avait plié le métal.

Très vite, elle balança son poids pour s'éloigner un peu plus des fous qui en voulaient à sa vie. Non content de leur mauvaise surprise, les trois gaillards qui l'attaquaient poursuivirent leur assaut à l'aide de leurs blasters. Le swoop de la Jedi, qui laissait s'échapper une fumée noire à cause du choc, se mit à étinceler de plus belle à cause de quelques tirs mal encaissés. Les lumières de son tableau de bord passèrent au rouge, puis s'éteignirent avant de se rallumer et de ne plus savoir quel signal afficher !

Penchée sur sa machine, Saery continuait de foncer tout en cherchant du coin de l'oeil la cause de l'inquiétant bruit que produisaient les répulseurs de l'appareil. Evitant immeubles et tirs de blaster, la Jedi prenait de la distance. Le gros moteur de sa moto rendait l'âme dans un dernier coup de théâtre : il s'emballait comme jamais il ne l'avait fait. Hurlant à la mort, l'engin se donnait plus de vitesse qu'il n'en fallait. Il devenait incontrôlable, indomptable ! Même les larges routes que dessinaient les immeubles bruns de Nar Shaddaa n'étaient plus assez pour lui donner le temps de tourner !

Chaque virage menait aux portes de la mort, chaque vibration du guidon suppliait Saery d'en finir. Alors, si loin des traqueurs qui n'arrivaient plus qu'à voir la traînée noire que laissait le swoop derrière lui, ce dernier partait pour son dernier voyage. Envoyé à pleine allure contre l'épaisse porte d'un garage, l'engin éclata dans une impressionnante déflagration. Quelques témoins crièrent, surpris, tandis que d'autres passants nocturnes s'amassaient sur les plateformes d’atterrissage pour observer les flammes qui naissaient plus haut.

Dans la foule curieuse qui se rassemblait, une personne se faufilait discrètement pour s'éloigner de la scène. Saery, qui avait sauté bien avant l'impact, estimait qu'il valait mieux éviter de rester trop longtemps sur les lieux. Sa course poursuite avait déjà alerté les autorités qui n'allaient pas tarder à se rassembler autour des débris. Les poursuivants n'avaient pas pu voir la scène, ils devaient certainement croire à la mort de la voleuse. Mais, rien n'assurait à Saery qu'ils ne continueraient pas à la chercher. Sans même jeter un œil au speeder des brigands qui faisait demi-tour, la Jedi se dirigeait vers les ombres...
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