Le son des moteurs sortent de leur vrombissement de vol, les différentes modulations.

« Atterrissage dans 5 minutes »

Une dernière rapide inspection à ma tenue. Je me touche la tête, oui mes lunettes de soleil sont bien en place. Sombres, mes globes oculaires sont invisibles et le solide strap de sport les maintiendront en place quel que soit mes acrobaties. Je touche le reste de ma tenue, le tissu qui couvre mes cheveux et bien en place, ma tenue de commando léger semble bien ajustée. Un choix assez habituel pour moi, une tenue résistante, souple et assez moulante pour ne pas restreindre les mouvements. Je ne peux vérifier la couleur mais j’ai bien vérifié 10 fois auprès de mon droide et des différents assistants. Marron et noir sans aucun reflet métallique. Enfin, mon petit sac étanche est toujours à mes pieds. Étanche, assorti mais à peine 10L, je n’ai pris que le strict minimum afin de ne pas m’encombrer.

Je suis interrompue par les secousses la navette viens de toucher le sol. Alors que le gémissement des moteurs et en train de se taire, les vérins hydrauliques se lancent dans la danse et déjà la rampe commence à se déployer. Je déboucle ma ceinture, et je me redresse en prenant mon temps. J’essaye de me préparer au choc qui m’attend dehors. A travers les parois de la navette j’aperçois déjà la multitude de vie qui nous entoure. Je place mon épée dans mon dos avant de glisser mon sac entre mes épaules et je sors doucement de la navette mon sabre laser dissimulé dans le pommeau de mon épée.

Comme je m’y attendais, mes sens sont immédiatement agressés par une multitude de stimulations. Après l’ambiance feutré et aseptisé le choc et violent. La vie et omniprésente et j’ai l’impression d’avoir un vrai feu d’artifice dans la tête. Je me fige un instant pour ne pas faire de mauvais pas. Devant des padawans se gaufrer lamentablement en descendant ferait mauvais genre.

J’avance en prenant place sur l’aire qui nous semble attribuée, en saluant le personnel présent. Pourtant, mon attention semble fixé sur la végétation qui nous entourent.

« - Vous allez être répartis en deux équipes, vous vous affronterez indirectement durant cette opération, une seule équipe l’emportera. Pour gagner, vous devrez exploiter l’intégralité des compétences et des connaissances du Jedi. L’art du sabre ne vous suffira pas. Mais avant de commencer et de faire les équipes, je voudrais que chacun votre tour vous vous présentiez au reste du groupe en énumérant quelle est selon-vous votre plus grande force et votre plus grande faiblesse, vous préciserez également quel est selon vous votre atout majeur dans cette opération dont vous ne savez pour l’instant rien. »

A la fameuse question qui de toute façon peut toujours se retourner contre vous. Une multitude d’idées me passe en tête mais je sais déjà quoi répondre, j’hésite juste sur le vocabulaire.

« Bonjour à tous, je suis Anathasia Our et j’ai le grade de Chevalier de l’ordre Jedi
Mon principal atout et ma ténacité morale et physique et contrairement à la croyance habituelle, ma principale faiblesse et ma vue»

Court, sobre, nous sommes nombreux à devoir nous présenter, inutile de rentrer dans des détails que je préfère garder pour moi. Rajouté « expérience » dans mes atouts et mes faiblesses aurait pu se faire, mais cela aurait été une porte ouverte à des questions.

Une mission au-dehors, quelle merveilleuse idée! Malgré les dangers potentiels, Sammy se sentait heureux. Comme toujours ou presque en réalité. Optimiste de nature, l'enfant se présenta gaiement à la ligne de présentation que certains franchissaient déjà. Ses points forts et ses points faibles... Le centaure eut un petit geste d'hésitation, son beau moral retomba un peu. Les défauts des autres lui semblaient bien peu importants en comparaison avec les siens. Cependant plonger son regard sur la silhouette d'Hildegarde lui offrit du courage. Elle avait déjà su lui apprendre à sortir de sa carapace, à se faire entendre et surtout à s'accepter. Ce n'étaient encore que les prémisses mais Samaël sentait qu'il pouvait au moins franchir cette première étape de mission sans trembler. Il s'efforça de ne pas se jeter sur la vieille femme pour la saluer aussi joyeusement que possible, reconnaissant envers tout ce qu'elle avait déjà fait pour lui. De la dignité! C'était la meilleure façon de remercier la vieille et noble Jedi.

Se remémorant le pénible mais ô combien ludique moment d'apprentissage sur la table de bibliothèque, le Padawan s'avança à son tour pour s'exprimer. Il avait l'air aussi digne que possible, tellement qu'on sentait que c'était légèrement forcé. Pour tout dire, Sammy ressemblait plus à un gamin qui veut jouer au grand-avec certes, toute la bonne volonté du monde.- qu'à un noble apprenti Jedi.

- Bonjour, je m'appelle Samaël. Mon plus grand défaut est que je suis très maladroit. J'oublie beaucoup de choses, je tombe, je trébuche même en combat... Et j'accumule parfois les bêtises. En plus je ne peux pas vraiment grimper partout à cause de ma physiozioziologie. Puis je n'ai pas confiance en moi souvent et... Euh... Ah bah ça fait déjà trois. Alors j'arrête. Hum et pour la qualité... Je... Sais pas trop. Ah si, je n'abandonne jamais! J'essaye de bien faire quoiqu'il m'en coûte.

Pas brillant, ce n'était pas un talent spécifique pour manier la Force ni le sabre-laser, mais c'était déjà une bonne vertu. Pas vrai, évidemment que ça comptait! Vu tous les apprentis qui ne faisaient pas leurs devoirs alors que lui s'endormait dessus à 3h du matin pour reprendre à 5h, il pouvait être fier de sa qualité! Oui! À long terme cela finirait par payer, de la même façon que le gosse espérait que son bon lien naturel avec la Force l'éloigne de la médiocrité. Pour commencer donc, l'apprenti s'était précipité à l'inscription de ce cours. Cela semblait difficile, de nombreux élèves étaient plus âgés que lui, d'avantage encore étaient plus matures mais Samaël comptait bien s'intégrer et rendre Hildegarde fière.

Légèrement intimidé, le Chironian fit un pas en arrière pour retourner dans la ligne formée par les participants regroupés. Son regard se porta sur la chevalière Jedi qui portait un bandeau, celle qui avait des problèmes de vue à cause de sa race. Il avait entendu beaucoup de choses sur eux, notamment cette histoire de voir à travers les murs, mais la jeune femme avait démantelé les légendes via son témoignages. Ainsi, les Miralukas étaient atteints de cécité réelle? Comme un Jedi blessé en mission qui perdait ses yeux. C'était si triste. Sammy eut autant envie d'en savoir plus que de consoler l'inconnue mais évidemment il n'en laissa rien paraître.

L'autre chevalière qui s'était présenté lui plaisait. Ses cheveux flamboyants, ses grands yeux verts. Tout paraissait naturel chez elle, jusqu'à sa présentation et son odeur... Son odeur? Sammy n'était pas habitué à user de ce sens, pourtant cette fois, quelque chose en lui le rapprochait de la femme. Son instinct lui donnait envie de se rapprocher de la chevalière qui semblait ne faire qu'un avec toute cette nature environnante. Tiens... Il aurait pu arguer comme qualité, ses connaissances en plantes. C'était une qualité utile ça au fait?

Glurba se souvenait de son entraînement au sabre-laser avec Maître Marja quelques mois plus tôt. Cette dernière n'était définitivement pas son maître d'armes préféré. Entre Maître Sliviqas qui était plutôt “cool” et Maître El'Dor qui était “un bel étalon carrément canon”, la vieille Humaine acariâtre et exigeante ne s'était pas fait une grande place dans le cœur tendre du Hutt. Et pourtant, quand une mission d'entraînement avait été annoncée sous la direction de Maître Marja, Glurba avait trop tenu à pouvoir y participer. Il faut dire que tous les évènements récents notamment sur Lorrd et Gravlex Medd avait échauffé tous les esprits. L'Empire avait dangereusement repris du poil de la bête et il y avait eu trop d'échecs pour le contrer et trop de morts. Glurba avait même réussi à apprendre que le Sénateur Qademanda, qu'il avait rencontré en présence de Maître El'Dor et de Solal Kalel, avait été sollicité pour des négociations sur Argazda, mais avait échoué à rallier la planète à la cause de la République. Maître Marja avait donc décidé de prendre les choses à bras le corps pour donner une formation pratique à un maximum de Padawans. La théorie, ça a ses limites. Les salles d'entraînement aussi.

Ainsi, même si son combat d'entraînement avec Maître Marja avait tourné court quelques mois plus tôt, Glurba était tout excité à l'idée de cette mission d'entraînement. Les Padawans devaient faire comme s'il s'agissait d'une vraie mission sur le terrain. Glurba était impatient de participer. Il aurait été terriblement frustré de ne pas être sélectionné. Parfois, le Hutt passait pour paresseux, aimant se prélasser dans des lieux de débauche en charmante compagnie et avec bouffe et boisson à volonté ; pourtant, en même temps, on ne pouvait pas nier qu'il était l'un des Padawans les plus volontaires du Temple d'Ondéron, surtout quand il s'agissait de cours pratiques. Les cours sur l'histoire de la Force, sur la biographie des plus grands Jedis du passé, ou sur les techniques d'approches de civils, le barbaient, clairement. Mais pour aller s'entraîner au sabre-laser, pour partir en mission sur d'autres planètes et pour se rendre utile à la République, il était toujours dans les premiers. Difficile pourtant d'imaginer un Hutt comme un “homme d'action”. Et pourtant, il y avait Glurba.

Une navette déposa tous les participants au point de rendez-vous, dans la jungle d'Ondéron. Maître Marja était là, et quand tout le monde se fut mis en ordre, elle prit la parole. L'opération prenait le nom de code “Lire entre les lignes”. Intéressant. Glurba avait beau adorer se battre, il n'était pas un gros bourrin, il aimait d'ailleurs tout autant résoudre des conflits par le dialogue que par le combat, une ambivalence qui faisait partie de ses plus gros atouts et qui devenait même polyvalence de par ses multiples compétences en mécanique, informatique et bricolage notamment. Glurba voulait être “le mâle à tout faire”, celui qui pouvait faire face à n'importe quelle situation. Le pilotage manquait à ses compétences, mais ça s'expliquait facilement : difficile d'imaginer un Hutt dans le cockpit d'un chasseur.

La polyvalence de Glurba tombait bien pour cette mission : Maître Marja expliqua que l'art du sabre-laser serait insuffisant seul pour accomplir la mission et donner la victoire à son équipe. Tout en écoutant la Maître Jedi, Glurba lista du regard les autres Padawans participant à cette mission. Ils étaient environ quinze, de toutes races. Glurba, en tant que Hutt, n'était pas le seul cas atypique, il y avait aussi une sorte d'homme-cheval, mais pas comme Maître El'Dor qui avait seulement une tête chevaline, c'était en fait l'inverse : cette race possédait, à n'en juger que par ce jeune adolescent, un torse et une tête humains mais un corps entier chevalin au-dessous de la taille, avec donc quatre pattes d'équidés, des pieds réduits à des sabots, un arrière-train de cheval, avec la même queue et la même croupe ronde et ferme. Glurba ne savait pas comment ce jeune Padawan s'appelait, il n'avait jamais discuté avec lui et l'avait seulement croisé de temps à autres dans les couloirs du Temple.

Mais en fait, le participant qui accrocha le plus le regard globuleux de Glurba, fut un Falleen. Seul un Padawan les séparait. Le Falleen lui avait lancé un regard, ne pouvant ignorer la présence d'un Hutt, mais ce simple regard avait fait fondre son cœur. Glurba était sous le charme. Bon, il préférait quand même Maître El'Dor, il n'avait encore trouvé personne au Temple pour rivaliser avec la beauté pure du Nazzar aux traits d'étalon ; il y avait bien ce garçon de race mi-humaine mi-cheval, mais il était un peu trop jeune. Le Falleen, lui, devait avoisinner l'âge adulte, il était donc proportionnellement du même âge que Glurba – “proportionnellement” seulement. Sa peau reptilienne semblait si douce, son port était noble, sa démarche élégante, son regard de braise. Glurba le reluquait indiscrètement en bavant plus que la normale – il était pourtant déjà bien plus baveux que la moyenne pour un Hutt.

Glurba aurait été peut-être le premier à prendre la parole quand Maître Marja eut demandé aux participants à la mission de se présenter en énumérant chacun sa plus grande force et sa plus grande faiblesse, mais il était distrait par ce Falleen charmant à trois mètres de lui. C'est quand le fameux garçon-cheval se présenta à son tour, que Glurba sortit de ses rêves torrides. Il entendit ainsi son nom : Samaël. Il avait l'air stressé : ses phrases étaient brouillonnes, sa diction était hachée au point qu'il bégaya sur “physiologie”, et il manquait beaucoup de confiance en lui, listant plus de faiblesses qu'il n'en fallait. Glurba le laissa poliment finir avant de prendre la parole à son tour de sa voix glaireuse mais pleine de coffre :

GLURBA – Bonjour Maître Marja, bonjour tout le monde. Mon nom est Glurba Lugliiamo.

Son principal point fort et son principal point faible ? Il pourrait bêtement répéter les réponses qu'il fournissait mécaniquement à ce genre de questions de la même manière qu'il l'avait fait en préambule de son combat d'entraînement avec Maître Marja, mais alors il parlerait simplement de sa ténacité quand cette mission était l'occasion pour lui de mettre justement en avant sa polyvalence. Pourquoi choisir entre ces deux points forts ? Connaissant Maître Marja, il faudrait par contre contrebalancer avec un second point faible...

GLURBA – J'ai l'habitude de dire que ma plus grande force est ma ténacité ; mais pour cette mission, sachez aussi que j'ai des compétences polyvalentes et que je sais me rendre utile dans bien des domaines. Ma principale faiblesse est d'avoir du mal à faire appel à la Force ; nos instructeurs disent aussi souvent de moi que je me laisse trop facilement distraire.

Ca semblait honnête de dire cela. Non, non, non et non : Glurba n'exposerait jamais son manque flagrant de mobilité comme une faiblesse, ni son mucus particulièrement collant qui pouvait l'handicaper parfois. Il n'était psychologiquement pas capable de remettre cela en question. En revanche, Glurba se rappelait que Maître Marja n'avait pas apprécié qu'il parlât de “maîtriser la Force”, et juste pour elle, il venait de tourner les choses autrement, en espérant que la principale intéressée noterait ce détail.

Et le Falleen, c'est quoi son joli nom ?...