Lloyd Hope
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- Non !

Au son de sa propre voix, Lloyd se réveilla en sursaut et se redressa d’un bond sur sa couchette. Il était couvert de sueur. Haletant, il lui fallut plusieurs minutes pour que l’image atroce s’effaçât de ses rétines brûlées par le souvenir. L’image était tellement nette : il voyait une version blanche et décharnées de ses mains se porter lentement au cou de sa douce Mat’aenna qui lui souriait, et alors, au lieu de la caresser il se mettait à l’étrangler brutalement. Elle perdait son sourire, elle pleurait, elle l’implorait de la laisser en vie, mais il était incapable de desserrer ses doigts. Il le voulait pourtant vraiment, mais son corps ne lui obéissait plus, et il serrait, serrait le petit cou dont la peau douce et chaude se fripait sous ses doigts et la vie quittait Mat’. Alors il la voyait morte dans ses mains, et il voulait la lâcher mais il ne pouvait toujours pas, il était enchaîné à jamais au meurtre de celle qu’il aimait, il était condamné à …

Stop. Quelle mauviette ! Arrête d’y penser.

Le Hapan passa ses mains sur son visage pour le débarrasser de la sueur. Un filet de lumière orange s’insinuait dans sa cellule et se déversait en un étroit faisceau vers la caisse qui faisait office de seul meuble dans la pièce. Le reste – sa couchette et son drap qui avait glissé parterre, un petit bureau, un espace rudimentaire pour faire sa toilette – était encore plongé dans l’obscurité. Lloyd se concentra sur ses perceptions pour se réancrer dans la réalité et éloigner cauchemar qui hantait presque toutes ses nuits. Il se concentra sur le vrombissement discret du ventilateur dans la conduite d’aération, du sifflement du vent qui déjà, à l’aube, tâcher de s’insinuer dans tous les orifices de l’Académie. A la lumière du faisceau, il observa les grains de poussière en suspension dans les airs, et la sensation de la chaleur du matin qui, en réchauffant les murs de l’édifice, venait doucement sécher sa peau humide. Le calme était revenu.
Lloyd s’extirpa de sa couchette et alla droit vers la caisse, sur laquelle se trouvait ses vêtements et son datapad. Il l’alluma et le consulta avant même de se vêtir, pour vérifier que, comme prévu, Darth Laduim était bien de retour aujourd’hui sur Korriban. Comme pour confirmer le message d’information, il sentit l’aura du Seigneur lécher la limite de ses perceptions à travers la Force – Oui, il était là, il n’oubliait pas son apprenti.
Le Hapan se hâta de faire une toilette rudimentaire, qui lui prit plus de temps qu’il ne l’aurait voulu : ses jambes étaient recouvertes de pansements qu’il lui fallait changer chaque jour, en plus de devoir supporter les souffrances infligées par ces brûlures à chacun de ses gestes. Les autres contusions laissées par ses aventures sur Lorrd, elles, étaient beaucoup plus bénignes et il n’en restait que des traces peu élégantes sur les bras, le torse, un bleu sur le visage.
Lloyd enfila ensuite sa tenue sombre habituelle avant de quitter les lieux. A pas pressé, il quitta les quartiers des apprentis et plongea directement dans le cœur de l’édifice encore endormi. Au fond des entrailles de l’Académie se trouvaient les geôles où l’on entassait les prisonniers, rangés par importance : Kolin avait été placé là par ses soins, dans un endroit où il était certain que le padawan ne serait pas exécuté par des apprentis avides de faire la démonstration de leur cruauté. Mais une légère crainte le faisait hâter le pas : on ne savait jamais ce qui pouvait arriver ici, entre ces murs : quelqu’un pouvait avoir volé son butin, ou avoir délibérément tué le padawan pour lui nuire personnellement, quand bien même il faisait des efforts pour éviter de se faire des ennemis.
Son soulagement ne fut que partiel lorsqu’il aperçut, dans la cellule, la silhouette avachie du padawan : on pouvait bien l’avoir tué et laissé ainsi. Lloyd entra le code qui permettait d’ouvrir la cellule et y entra rapidement. Il se pencha sur le padawan – qui avait bien mauvaise mine – et lui redressa doucement la tête en l’attrapant par les cheveux.

- Hé, petit ? T’es vivant ?

Bon, il respirait. Lloyd sentit une pression se libérer dans sa poitrine. C’était déjà ça.

- Allez, debout, tu vas avoir de la visite… Et c’est pas le genre d’invité que je peux faire descendre dans une cellule miteuse comme ça.

Sans attendre de réponse, le Hapan passa les deux mains sous les aisselles du gamin pour le soulever et l’aider à se mettre debout, en espérant qu’il pût marcher seul ensuite.

- Merde, tu fouettes, pesta-t-il à haute voix.

Tant pis, il ne pouvait pas faire mieux. Il faudrait qu’il supporte l’odeur et là où ils iraient… Il ouvrirait une fenêtre pour diluer le doux parfum de chair brûlée, de sang séché et de transpiration qui émanait du padawan. Avec une grimace, il entreprit de l’aider à marcher et ils quittèrent la cellule en ne croisant que quelques apprentis matinaux qui s’apprêtaient probablement à profiter des salles d’entraînement avant que celles-ci ne fussent trop fréquentées. Une zabrak leur jeta un drôle de regard, et Lloyd se dit que ce devait être parce qu’il aidait son prisonnier à marcher. Ça ne faisait pas assez cruel, probablement. Tant pis. Le gosse était suffisamment amoché comme ça, inutile de l’abimer encore plus. Il ne pouvait pas prendre le risque que le petit mourût, c’était sa seule victoire depuis des semaines.

Le plus compliqué fut de grimper les escaliers. En dehors de cela, leur petite épopée entremêlée ne dura qu’une dizaine de minutes, le temps qu’il leur fallait pour rejoindre la bibliothèque de l’Académie. Là encore, seuls quelques apprentis tombés du lit – ou pas encore couchés – se trouvaient là, et ne leur accordèrent que de furtifs regards. Lloyd traversa les rayonnages, un bras sous les épaules de son fardeau, pour se diriger dans une salle de réunion qui se trouvait au fond. A peine entrés, il referma la porte derrière lui d’un coup de pied, et bascula Kolin sur le centre de la table. C’est une longue surface ovale et sombre, entourée de sièges gravés. Des grandes étagères présentaient des ouvrages et des dispositifs électroniques de toutes sortes, et l’un des murs latéraux était strié de longues fentes qui donnaient sur l’extérieur, comme si un animal mythique avait autrefois griffé le bâtiment pour ouvrir les lieux sur Korriban. De l’autre côté, à perte de vue, le désert. Lloyd réprima un frisson – depuis son retour, ses blessures lui avaient infligé des épisodes de fièvre qui s’étaient espacés ces derniers jours, mais il ressentait encore parfois les effets à cause de ses nuits fort peu réparatrices.

Lloyd se tourna vers Kolin. A la lumière du jour, le gamin était encore moins beau à voir que dans la cellule. Il soupira. Ils avaient un peu d’avance, mais il ne savait pas exactement ce qu’il pourrait faire pour améliorer visuellement l’état du gosse afin qu’il parût une offrande plus présentable à son seigneur. Il tâcha toutefois de l’aider à se remettre sur son séant. D'une main, il lui attrapa le menton pour lui relever le visage et mettre ses yeux en face des siens.

- Hé ho, tu comprends ce que je dis ou t’es vraiment amorphe ? Tu vas rencontrer un seigneur Sith et si tu veux survivre, va falloir te montrer un peu plus pimpant que ça, tu saisis ?
Kolin Valkizath
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- Fachtre moi l’zoing

Maugréa le padawan faiblement dans une réminiscence soudaine du langage ordurier des souterrains de Coruscant tandis que l’épaisse main de son bourreau agrippait sa crinière ébène. Totalement déconnecté du temps et de l’espace, le padawan se sentait encore nauséeux et terriblement épuisé. L’austère et étroite cellule qu’il occupait lui avait coupée toute notion de temps, seul dans sa rancœur et sa tristesse.

Les puissants bras posés sur son séant lui arrachèrent un cri plaintif de douleur. La poigne de Lloyd était trop forte et il se leva sans résistance, décidé à conserver le peu de vitalité qui lui restait. Les yeux mi-clos, il suivit malgré lui son hôte s’appuyant sur lui de tout son poids – léger il fallait l’avouer –. Trop faible pour marcher seul, le Sith était prévenant il fallait bien l’avouer, ou alors il avait compris que le trajet prendrait trop de temps en laissant se mouvoir le padawan tout seul.
Son mal était pluriel. Son cuir était solide, la douleur physique avait été sa mère nourricière depuis les premiers jours, les coups sont quotidien. Le corps se remettait toujours surtout lorsqu’il était aidé par la Force. Mais le cœur.

Très tôt et jusqu’à maintenant, il avait compris que la douleur physique est encore préférable à celle du cœur et de l'âme, très tôt il ne s'était plus attaché à personne de peur de souffrir comme avec le départ de Joris. Conservant précieusement dans un recoin de sa tête, à l’abri des regards l’affection pour ses frères et sa mère. Le cœur n’avait droit de cité de là où il venait, son enfance entière s’était construite sur ce modèle. Puis les règles avaient changées, balayées par les Jedis et leurs valeurs.

Kolin s’était alors trouvé un idéal, la promesse qu’à force de vivre on pouvait finir par exister. Un Maître à admirer, des amis à aimer, des faibles à protéger, des règles à respecter. Lyrae, Samaël, Milésya et tant d’autres avait su dompter l’animal sauvage qui l’habitait, voyant au-delà des apparences, sachant à force patience réparer ce cœur cassé. Les Jedis l’avaient rendu fragiles et il en payait le prix. De pleins fouets, il revoyait les images de Lorrd, s’en sentant responsable, ne pouvant effacer ces images de désolation : cette douleur, impitoyable le hanterait. Il n’avait pas été à la hauteur de sa mission, pas à la hauteur des attentes qui étaient placées en lui. Lyrae aurait probablement eut honte de lui.

Beaucoup pensaient Kolin froid, peu avenant avec son visage qui n'exprimait souvent qu'une tranquille assurance, une fausse sérénité derrière des airs de caïds. On avait parfois décelé un peu de tristesse dans le pli amer de sa bouche, ou sous couvert de ses provocations incessantes. Mais en réalité, le frêle humain n’était qu’une armure entaillée derrière laquelle se cachait une sensibilité exacerbée. Une sensiblerie qu’il payait à prix d’or en ce moment, l’armure éventrée.

- Les civils sur Lorrd ?

Demanda-t-il d’une voix perdue toujours accroché à son ravisseur.

En quittant les geôles il plissa les yeux, aveuglé par la lumière crue qui tranchait avec l’obscurité glacée des cachots. Même dans son état, Kolin ne rata rien de la visite improvisée des lieux. Des apprentis s’entraînaient, comme au Temple, ils devaient être dans l’une des bases mères de l’Empire, peut-être même sur Korriban, le système principal des Siths. Un endroit où aucun Jedi n’était assez fou pour atterrir. Il y avait des ressemblances avec le Temple, comme un miroir qu’on aurait inversé, les mêmes bruits, les sons des droïdes. De longs couloirs silencieux et la Force, omniprésente.

L’ascension de l’escalier fut la partie la plus pénible du voyage, même si il sentait que Lloyd se donnait beaucoup de mal pour lui rendre la tâche plus aisée - il l’en aurait presque remercié en d’autres circonstances- . Pour le moment, ses idées étaient brouillées. Un visiteur qui ne pouvait pas se déplacer dans la cellule, était-ce la raison pour laquelle le Hapan l’avait épargné ? Le Sith aurait eu tout le loisir de l’exécuter sommairement sur cette passerelle gelée.

Un sage avait dit un jour qu’on ne connaissait vraiment une personne que lorsqu’on la combattait. La sauvagerie dont avait fait preuve l’homme, neutralisant sa défense et déjouant toutes ses bottes trahissait une puissance qui lui était inédite. Sa survie n’était pas le fruit de la pitié ou d’un remord. Il avait été épargné pour une bonne raison. Le petit humain n’avait aucune idée d’où pouvait venait venir cette attention, mais connaissant les Siths : il ne pouvait s’agir de charité.
Le chemin de croix se termina enfin au bout de cette longue, très longue bibliothèque. Jeté sans ménagement sur la table, Kolin retrouva peu à peu son souffle. Le répit ne dura pas et il se sentit de nouveau agrippé par le menton. Il plongea ses yeux, bleus contre bleus dans ceux du Sith cherchant une expression dans son regard à laquelle il pourrait se raccrocher, un quelconque signe d’humanité dans celui qui l’avait vaincu.

Ça va lâche moi.

Grogna Kolin en se libérant de la poigne de Lloyd d’un mouvement de tête. Il s’étira et passa une main délicate sur son torse, blessé.

On est où, ça fait combien de temps ? Il s’est passé quoi sur Lorrd ?

Demanda le padawan, obnubilé par son besoin de repères et oubliant jusqu’à la gravité de sa situation et le menace planante du Seigneur Sith.

Que ce soit toi ou lui qui me renvoie dans la sainte poubelle ça changera quoi ? J’suis pas expert mais je ne pense pas que cette histoire finira bien.

Lui cracha-t-il au visage en levant les yeux vers le paysage désertique qui s’étirait jusqu’à l’horizon immaculé. Son sort était scellé, ce constat était terrible à admettre mais c’était la pure vérité.
Pour la première fois Kolin détailla Lloyd un peu plus posément. La violence du combat ne lui avait pas laissé cette occasion. En dehors de son sabre rouge et de son aura rien n’aurait pu le distinguer d’un Hapan « normal ».

Dans l’imaginaire du padawan, un Sith digne de ce nom se devait d’être défiguré, abject physiquement. Hormis ces traces de fatigue et la mauvaise mine qu’il avait déjà notée lors de leur affrontement, Lloyd était tout à fait normal, du moins, en apparence. Lui, ses amis et ses Maîtres étaient coupables de la mort d’innocents, par centaines pourtant, il n’y avait aucune marque qu’elle soit physique ou dans la Force, il y avait chez lui une peine mais qui n’était pas lié aux récents événements. Le pire de tout, il n’était d’ailleurs pratiquement pas blessé.

Je pensais que je t’avais un peu plus amoché là-bas, je suis déçu.

Admit un Kolin mélancolique, le regard toujours perdu dans la contemplation de la fenêtre en forme de griffure.
Lloyd Hope
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Lloyd avait ignoré une première fois la question, feignant de ne pas comprendre. Quoi, les civils sur Lorrd ? Il n’en savait fichtre rien, de toute façon. Il n’était pas du genre à s’attarder pour voir les détails croustillants de la cruauté impériale, quand bien même d’autres apprentis se complaisaient à cette pratique. Il avait ignoré le sort des lorrdiens et avait bien l’intention de poursuivre ainsi. Cependant, le gosse lui n’avait pas l’air prêt de lâcher l’affaire. Lloyd soupira en le lâchant et s’éloignant – il était vivant, capable de comprendre ce qui se passait autour de lui, et c’était tout ce qui comptait. Lloyd devait maintenant se concentrer sur la façon dont il allait présenter son cadeau à son Maître, qu’il espérait voir arriver d’une minute à l’autre. Plus vite il serait là, plus vite le sort du gosse serait réglé. Allait-il le tuer ? Le faire tuer ? Lloyd repoussa la question de son esprit. Darth Laduim était puissant, mais pas idiot. Il ne gaspillait pas de l’énergie inutilement. Le gamin était un potentiel.

Il posait trop de questions. Il était trop réveillé, finalement. Le Hapan songea à l’assommer, mais ce n’était pas prudent. Plutôt, il s’écarta de lui pour aller s’asseoir sur un siège qui lui donnait une visibilité à la fois sur le padawan et sur la porte d’entrée, de façon à pouvoir rapidement se redresser si Darth Laduim arrivait.

- Tu es sur Korriban depuis six jours. Il s’est passé que l’Empire détient Lorrd, maintenant, et Gravlex Med aussi, lâcha-t-il, atone. On gagne la guerre.

La puissance impériale s’imposait d’elle-même. Il n’avait pas besoin d’essayer de convaincre le gosse ou de lui expliquer que les Jedi n’étaient pas assez puissants : les faits parlaient d’eux-mêmes et le padawan était bien assez capable de tirer ses propres conclusions. En revanche, il n’aimait pas beaucoup l’attitude du gosse. Les Jedi étaient censés s’accrocher à la lumière et à la vie, non ? Lloyd émit un souffle méprisant.

- T’es pas obligé de mourir bêtement, lui fit-il remarquer. Ni moi ni mon maître n’avons des raisons de t’achever… Pour l’instant.

Il espérait surtout qu’il n’en recevrait pas l’ordre. Depuis la scène de l’esclave étranglée… Tout souvenir qui le ramenait à elle le perturbait émotionnellement et physiquement, et ce parfois pour plusieurs heures. Il n’en avait parlé à personne – à qui aurait-il pu ? – mais il savait que cela constituait une instabilité, une faiblesse qu’il lui faudrait régler un jour. Ce n’était pas en empilant les cadavres les uns par-dessus les autres qu’il résoudrait le problème. A moins que ce ne fut le but du Seigneur… Lloyd frissonna et se redressa dans son fauteuil pour s’accouder sur ses genoux, ignorant la remarque du gosse sur son état de santé. Le gamin ne pouvait pas voir ses jambes couvertes de brûlures, et n’avait pas eu accès comme lui à des soins réglementaires. Peu importait. Il fallait lui donner quelques clés pour que tous deux n’en arrivent pas là où Lloyd craignait.

- Laisse tomber ton ego deux minutes, dit-il sèchement au padawan en le regardant de nouveau.

Le gamin était amoché mais malgré cela, il avait encore la bouille ronde de la jeunesse, les pupilles lumineuses de l’insouciance. Oui, il avait du potentiel. Bien plus que lui. Ils devaient pouvoir en faire quelque chose. Lloyd devait le prouver au Seigneur Laduim.
Le Hapan se releva de son siège sur lequel il n’arrivait pas à tenir en place pour revenir auprès du gamin, histoire de pouvoir parler sans avoir à élever la voix – ici les murs avaient des oreilles et pas toujours les mieux intentionnées.

- Ecoute, l’Empire recrute. Alors je sais ce que tu vas me dire : t’es un Jedi, un mec bien, tout ça. Mais là maintenant, on s’en tape, il s’agit de survivre. Les Jedi ils sont bien mignons, mais ils ne sont plus là pour te protéger aujourd’hui, ici. Et ils ne viendront pas. Même s’ils voulaient, ils pourraient pas. Donc tu es seul, et ta seule chance, c’est de faire la canaille prête à tout pour survivre. Compris ?

L’ennui, c’était que si le gosse jouait trop la comédie, Darth Laduim le sentirait et aurait tôt fait de le briser. Mais ici, on ne recrutait pas des faibles. Sauf lui, mais il était un cas particulier. Qu’il ne s’expliquait pas d’ailleurs.
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[Désolé j'ai pas pu m'en empêcher ]

« Six jours », ces mots raisonnèrent dans un écho d’éternité aux oreilles du padawan ne quittant pas l’immensité de l’océan de sable lumineux à travers la fenêtre. Les nouvelles du front annoncées avec autant d’indifférence lui brisèrent le cœur ; car au-delà de son propre échec, c’était toute la galaxie qui était en danger. C’était des milliers de femmes comme sa mère, d’enfants comme ses frères et d’hommes comme son frère qui payaient l’avidité de l’Empire. Sa défaite lui était intolérable. Non qu’il ne se soit jamais considéré comme un grand Jedi ou même particulièrement habile. Il savait en revanche toujours trouver au fond de lui cette énergie du désespoir qui l’avait toujours porté. Kolin s’était toujours senti invincible mû par l’optimisme et l’espoir d’un idéal. Mais, cette fois cela n’avait pas été suffisant.

Vous n’avez pas gagné la guerre.

Répliqua le padawan sachant pertinemment que cette réplique – entendue dans d’obscurs Holofilms quand, plus jeune il faudrait en entrant par la porte de service pour aller au holocinéma avec ses amis – ne servirait à rien et ne l’aiderait, ni lui, ni la République. Incantatoire, pleine de lyrisme ce nouvel accès de bravoure de la part de Kolin ne pouvait pas masquer l’ampleur du désastre. Lors du briefing de la mission on avait expliqué l’importance capitale de ces systèmes, l’Empire gagnait du terrain, Lloyd n’avait aucun intérêt à lui mentir.

Les renforts n’étaient jamais arrivés. L’évacuation menée si maladroitement par Kolin avait en fait été un suicide organisé. Cet appel d’air pour les Siths ne pourraient conduire qu’à de nouvelles et cruelles défaites. Tant de Jedis avaient péri.

Dans les dortoirs du padawan, les jeunes évoquaient l’Empire semblable à un épiphénomène, une minuscule menace qui finalement ne menaçaient vraiment pas grand monde. Les plus téméraires se plaisaient à vouloir combattre les Siths à tout prix comme si la menace n’existait pas. La menace était réelle, cette réalité leur revenait en pleine face. La bestialité de Lloyd qu’il n’avait su endiguer n’était qu’une nouvelle démonstration de la force du Côté Obscur.

Monnaie d’échange alors ? Je ne vaux pas suffisamment pour avoir un quelconque intérêt pour ton Empire. Le seul Jedi qui serait prêt à payer n’a pas les moyens depuis qu’il a adopté un Balossar.

Commenta laconiquement l’adolescent en se passant une main dans les cheveux tout en espérant que Lyrae et sa femme aient pu échapper à ce chaos.

Sur la passerelle quand nous avons combattu, tu as fait un geste et mon énergie vitale s’est échappée de moi, quel était ce pouvoir ?

Un pouvoir offert par le côté obscur, sans doute. C’était aussi grâce à ce don que Lloyd avait pris l’avantage.

Kolin oublia presque sa question et reporta finalement son regard maussade vers le Sith dont il ignorait toujours le nom. En réalité son nom lui importait peu c’était en son âme qu’il voulait lire, dans les yeux ténébreux de son bourreau. Ses prunelles n’offraient à son vis-à-vis ni conquête, ni triomphe là où d’autres se seraient léchés les babines. Les battements de cils presque invisibles du Hapan ne parvenaient à taire ce qui se cachait dans les tréfonds de son cœur. Ces tourments, ils pouvaient les sentir, parvenant presque à toucher les malheurs qui semblaient l’affliger, ces ronces qui dardaient si durement son cœur, il pouvait quasiment ressentir la caresse de leurs épines.

D’autres aurait perdu depuis longtemps cette humanité. Ces émotions si fortes, emprisonnées trahissait l’humanité que Lloyd tentait si mal de dissimuler. La façade dure qu’il arborait n’était que de la peinture. La Force et sa propre sensibilité lui offrait la capacité de sentir ce genre de chose. Cette peine qu’il avait déjà ressentie lors de son affrontement le rendait à la fois triste et heureux. Triste car la douleur était une amie fidèle qu’il n’aimait pas partager. Heureux ; car cela rendait le Hapan humain, comme lui.

Il n’y avait pas eu de vainqueur sur cette plate-forme enneigée, simplement du chagrin.

Pas trop près le Sith, il y a pas de dentifrice sur ta planète.

Ironisa Kolin en prenant une distance raisonnable par rapport à son interlocuteur qui s’était rapproché, un peu trop près de lui comme pour lui confier un secret.

La proposition si incongrue lui arracha un immense sourire et un petit rire de surprise qui lui occasionna une douleur au niveau des côtes. Il ne pouvait y croire, c’était beaucoup trop gros.

Nan mais tu rigoles là ? Tu m’as regardé.

Il mit un moment pour retrouver son sérieux n’en revenant toujours pas. Toutefois, il vit dans cette proposition le moyen de réaliser sa propre idée, il n’avait rien à perdre. Délicatement, il déposa sa main sur celle du Sith cherchant à créer le contact.

T’es pas un salaud, je le sens. Je ressens tes souffrances, tes doutes. Crois le ou non, mais t’es pas le premier Sith que je rencontre ou que je combats, tu es différent. Tu ne veux pas ces massacres, cette colère n’est pas la tienne. T’as rien à faire ici. Partons d’ici ensemble et fuyons. Tu ne seras pas jugé sur ce que tu as fait, mais sur ce que tu feras.

Il marqua une courte pause, empli de cette sincérité candide et du feu de l'espoir.

On prendra soin de toi, je prendrai soin de toi, je n’ai pas de rancœur, c’est sincère, je le promets. Fais moi confiance.

Deux chiens perdus ne pouvaient que s’entendre. Kolin n’était pas rancunier, chaque vie méritait d’être sauvée, une autre leçon de Joris, son frère. Tends la main à l’autre, chaque vie mérite d’être sauvée, la sienne incluse. Kolin n’avait jamais été animé que par l’envie d’aider et d’aimer ; Lloyd ne pouvait pas être tout à fait différent, il le sentait.
Lloyd Hope
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Cette histoire de balosar n’avait ni queue ni tête.

- Les Jedi, payer pour ton retour ? Tu penses bien que non, se moqua-t-il. C’est pas leur genre de trouver de l’argent pour ça, que je sache.

Ah oui, les héroïques Jedi, il fallait le savoir, ne s’ « abaissaient » pas à de telles pratiques. Trop terre à terre, d’échanger avec l’ennemi pour une brebis paumée. Lloyd haussa les épaules et, les mains dans les poches, suivit le regard du garçon pour contempler l’horizon de sable qu’offrait Korriban. Il y avait une certaine beauté à ce paysage qu’il avait mis du temps à remarquer. Quand on arrivait ici, la chaleur, la sécheresse et la lumière vous écrasaient. Et puis on s’habituait, vos pupilles même apprenaient à s’étrécir davantage pour supporter la luminosité et enfin, vous pouviez voir les étendues oranges qui se superposaient comme des vagues figées dans le temps.

La question du gosse interrompit sa contemplation, l’une des rares choses qui l’apaisait. Mais pour une fois, c’était une question qui ne le gênait guère.

- C’est un pouvoir d’absorption de l’énergie vitale, dit-il. La Force peut te permettre de sentir l’aura des uns et des autres, tu sais déjà ça. Hé bien, tu peux aussi la manipuler. Attirer à toi cette essence émanant du corps de l’autre, afin de régénérer ta propre essence. Ce peut être un pouvoir mortel.

Pour sa part, il évitait d’aller jusqu’au bout. Affaiblir l’autre lui était bien suffisant. Par ailleurs, absorber la vie lui faisait ressentir une forme d’addiction qui l’effrayait. Il ne voulait pas y être trop exposé, de peur de ne pouvoir s’arrêter de s’en servir, dans l’illusion délétère que se gorger de la vie des autres guérirait ses blessures intérieures. Mais elle était de celles qui ne peuvent être comblées.

- Entraîne-toi, à l’occasion, lui suggéra-t-il sans malice. Tu sens l’aura, tu l’attires à toi. Tu la déverses en toi, et tu panses tes blessures. Une forme de retour à l’équilibre, si tu es dans un sale état.

Comme maintenant, par exemple, faillit-il ajouter avant de se souvenir qu’il serait alors la personne sur laquelle Kolin agirait, et il n’en avait pas plus envie que ça. Il avait cette intuition légèrement désagréable que le gosse pouvait être plus doué que lui dans ces choses-là. Ce n’était pas la peine de le pousser trop non plus. Le Seigneur Laduim aurait tôt fait d’évaluer efficacement son potentiel, sans qu’il n’ait à servir de cobaye.

Lloyd avait presque retrouvé un semblant de calme dans son âme. Comme si, quand le gamin se décidait à ne pas être insupportable, et qu’il oubliait son avenir et son passé dans la conversation d’un instant présent, la réalité pouvait pour une fois paraître acceptable. Oui, il pourrait trouver en lui le courage d’affronter le Seigneur Laduim, étant revenu pour une fois triomphant. Il pourrait présenter ses requêtes avec calme et dignité. Il pourrait ne pas perdre son sang froid sous la main tendre et terrible du twi’lek…

… mais la nouvelle intervention du gosse ficha tout en l’air. Ses souffrances, ses doutes ? Lloyd baissa le regard sur le padawan, incrédule. Et il vit la sincérité dans les yeux noirs du gosse, cette candeur briller farouchement comme s’il existait encore de l’espoir. Et surtout, surtout ! la vérité que le gamin lisait dans sa propre allure, ses propres traits, ses propres paroles, ses propres actes. Transparent comme du verre prêt à éclater au prochain impact. Il se sentit si fragile qu’il crut qu’au mot suivant de Kolin, l’impact aurait lieu. Alors ses tripes s’embrasèrent, ses lèvres se déformèrent, ses joues s’enflammèrent et ses yeux s’écarquillèrent tandis qu’il leva les mains pour attraper le visage du gosse, pour l’empêcher de parler. Lui tordre le cou.

Mais au dernier moment, il se contenta de lui asséner un coup de poing sur le coin de la figure.

- FERME-LA ! lui hurla-t-il.

Il l’attrapa par les vêtements et le jeta au sol avec toute la brutalité dont il était capable. Puis il lui envoya un coup de pied dans le ventre, et vit le gosse se tordre de douleur sans que cela ne l’apaise en rien.

- TA GUEULE, TU ENTENDS !

Il lui semblait que s’il ne détruisait pas cet être, là tout de suite, c’était lui-même qui allait exploser. Sa poitrine se déchirerait, ses côtes se sépareraient et son cœur déverserait sur le monde toute la bile amère qu’il avait accumulé depuis des décennies.

Au bout de quelques coups supplémentaires, cependant, il se força à s’arrêter, de peur d’achever le gamin. Alors il recula, titubant, et envoya son poing dans la table une fois, puis deux. Il se brisa une phalange, et la douleur le ramena brutalement à la réalité.
Pendant quelques secondes, il tint sa main contre lui, la sueur dégoulinant de son front et humidifiant ses vêtements. Ce ne fut qu’au bout d’un long moment qu’il osa reposer les yeux sur le petit être recroquevillé au sol. Il constata avec haine, soulagement et dégoût tout mélangés que la poitrine du gamin se soulevait au rythme d’une respiration encore désordonnée.

Lloyd enjamba la chaise qui était tombée entre eux dans sa fureur – il ne se souvenait même pas de l’avoir bousculée – et alla s’accroupir devant le gamin. Il capta un bref battement de cils. Il était encore conscient. Alors il se pencha sur lui, encore tremblant de fureur, pour lui murmurer à l’oreille :

- Je ne veux plus JAMAIS entendre ces bêtises.

Puis il se releva et se retourna pour ne plus avoir sous les yeux cette petite chose odieuse qui aurait été capable de susciter en lui de la compassion. Pour calmer les images terribles, présentes et passées, qui faisaient encore battre son cœur follement, il retourna devant la fenêtre, et se remit à contempler le sable infini.
Kolin Valkizath
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En effet, les Jedis ne paieraient pas pour la libération de Kolin, un crédit était un crédit et même si le budget de l’Ordre était colossal, aucun Maître Jedi censé ne prendrait le risque d’acquitter une rançon sous peine d’ouvrir la boite de Pandore. Un crédit était un crédit. Par ailleurs, le padawan était trop peu apprécié au Temple pour espérer une mobilisation pour sa libération. Ce n’était pas les trois padawans de son cercle proche qui pourraient l’aider.

J’y penserai t’en fais pas pour ça, répliqua le Jedi comme une menace voilée à l’évocation du fonctionnement du pouvoir d’absorption de vie. Un don propre aux Siths qu’on n’enseignait pas au Temple et pour cause : aspirer la vie de son adversaire revenait à insérer une clé dans la serrure de la porte du côté obscur. Le paradoxe de cette étrange situation était criant. Refuser d’intégrer l’Empire mais s’intéresser à ses avantages. Devenir plus puissant en vendant son âme, le jeu en valait-il la chandelle, il le saurait bien vite. Nageant entre le bien et le mal à l’orée même de ce que chaque Jedi redoutait.

Une nouvelle modification dans l’aura tremblotante du Sith fut ressentie par Kolin alors que Lloyd égarait ses nerfs. Le coup de poing dans la mâchoire qui le fit choir au sol lui arracha un cri de douleur. Sa vision s’estompa quelques instants alors que ses dents se serraient sous cette nouvelle affliction qui s’ajoutait aux autres. Par instinct de survie, Kolin tenta vainement de se protéger de la pluie de coups de pieds qui pleuvait sur son corps déjà bien trop abimé. Un filet rouge coulait de son arcade. Il cracha du sang sous la violence des coups en fermant les yeux tout en poussant des râles indistincts essayant de retrouver le contrôle de sa respiration haletante lorsque l’averse s’arrêta.

Ces coups n’étaient pas les premiers loin de là. La violence était une compagne familière qui l’avait nourri depuis les premiers jours. Mais, celle-ci était différente, elle avait un goût d’échec. Peut-être car cette fois, il possédait les capacités de se défendre. Mais charger à son tour aurait donné raison à Lloyd qui ne parvenait à s’exprimer que par les poings et les pieds. Se défendre revenait à justifier ses actions ; se mettre à son niveau. Attaquer à son tour reviendrait à être comme lui et comme son père qui usait de sa force sur un plus faible que lui. Car de toute évidence, Kolin en était convaincu : Lloyd était plus faible que lui.

Plus que de la colère, il lui inspirait de la tristesse et de la compassion. Il n’avait pas été capable de l’achever sur la planète gelée il ne le ferait pas plus maintenant. Qu’il le frappe, encore et encore. Sa meilleure chance était de vider son réservoir de colère pour enfin pouvoir le remplir avec autre chose de plus pur.

Kolin était impétueux, suicidaire depuis sa plus tendre enfance. À risquer sa vie à chaque instant sous la férule de ses Maîtres ou dans les bas-fonds. Il avait appris qu’accepter de pouvoir perdre la vie était le meilleur moyen de la garder.

L’adolescent essuya le sang qui coulait de sa bouche avec sa bure et sentit qu’il avait perdu une dent dans l’assaut, en s’aidant de la table il se releva laborieusement et ouvrit les bras en serrant les dents.

Cogne minus !

Pour garder l’équilibre il prit appui sur la chaise relevée par le Hapan, ses jambes tremblaient alors qu’il posait son regard craintif sur celui courroucé de son vis-à-vis qui regardait l’horizon.

Cogne, bâtard !

Kolin sentait la souffrance de Lloyd plus fortement encore que la sienne.

Cogne, tu crois que tu me fais peur.

Il s’était mis à crier.

Cogne !

Il ferma les yeux.

Cogne, ton Ladium te récompensera.

Il tendit la main et essaya de mettre en pratique l’absorption de vie que venait de lui expliquer le Sith.

La Force vacillante se concentra dans ses mains alors qu’il essayait de tirer l’aura de Force du Hapan vers lui en se concentrant sur sa blessure au visage, il n’y parvint pas complétement cernant difficilement l’entièreté du halo et finit par libérer l’aura de Lloyd en s’écroulant au sol, finalement vaincu à nouveau .

Frappe-moi encore, si t’as envie, c’est ce que tu sais faire de mieux.
Un crachat de sang plus tard. Kolin reprit la parole, étrangement apaisé, toujours au sol. Sur le dos les yeux fixant le lustre au plafond.

J’ai déjà gagné de toute façon. Tu peux rien contre moi...

Vue de l’esprit, bien naturellement.
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Lloyd s’arracha de nouveau à la contemplation du paysage sableux lorsqu’il sentit la Force attirer son énergie vitale hors de lui. C’était une sensation très légère, discrète, mais remarquable car il en connaissait parfaitement l’usage. Surpris, le Hapan tourna le regard vers le pauvre padawan qui tendait vers lui une main tremblante.
Mais le gamin était trop faible, et bientôt il s’écroula de nouveau. Le Hapan resta mutique quelques instants, ne sachant pas s’il devait être agacé ou bien satisfait. Son réservoir de colère semblait s’être momentanément vidé et il n’avait plus envie de frapper le gosse. Il avait déjà eu aujourd’hui la correction qu’il méritait.

Lloyd se rapprocha à pas lents du gamin avant de s’accroupir à ses côtés. Il le voyait autrement que quelques minutes plus tôt : les contusions, les bleus, la transpiration, la saleté. Pauvre gosse. C’était dur d’apprendre ; Lloyd était aussi passé par là, il était capable de se souvenir de cette période désagréable. Mais l’initiation portait ses fruits… Puisque Kolin commençait à utiliser le côté obscur…

- Bonne réaction, conclut-il soudain, d’une voix plate. Tu as compris l’intention du pouvoir et sa façon d’agir. Tu étais juste trop faible pour pouvoir le mettre en œuvre… La prochaine fois, ça marchera mieux.

Oui, c’étaient des encouragements. Laduim serait satisfait si le gamin avait déjà commencé à exploiter efficacement le côté obscur qui brûlait en lui.
Car il existait en ce gosse tout autant que chez Lloyd lui-même, le Hapan en était convaincu.

- Ta colère et ton dégoût envers moi sont un bon carburant, continua-t-il d’expliquer à voix basse. Ils t’ont permis d’acquérir rapidement la technique. Tu es doué.

Le reconnaître ne provoquait en Lloyd aucune satisfaction. Lui-même n’avait jamais été un élément de gloire pour aucun de ses supérieurs. Mais c’était une réalité qu’il avait appris à accepter. Plus ou moins. Sa haine contre lui-même était son carburant.

Puis il se releva et retourna s’asseoir sur le fauteuil qui l’avait accueilli avant que la fureur ne l’eût pris. Darth Laduim n’était toujours pas là ; c’était anormal. Le Seigneur Sith avait dû être retenu et Lloyd se disait qu’attendre encore n’avait plus beaucoup de sens ; il ne viendrait plus. Le Hapan soupira bruyamment, avant de soupirer. Il était temps de prendre une décision.

Il se releva et se dirigea vers le gosse, qu’il remit debout avec des manières attentives, qui tranchaient avec la maltraitance dont il avait fait preuve quelques minutes plus tôt.

- Tu ne retournes pas en cellule. Je vais te faire préparer une chambre. Tu pourras dormir sur une couchette et manger à ta faim. Et même sortir de la pièce quand tu le voudras.

Et comme ça, il pourrait réacquérir les ressources nécessaires pour que sa prochaine utilisation de l’absorption de vie par la Force soit fructueuse…

- Ne te crois pas libre pour autant : tu ne seras pas autorisé à emprunter un vaisseau ni des communications extra-planétaires et je te surveillerai de près.

En réalité, les risques que Kolin s’enfuît, selon Lloyd, étaient assez maigres : on était en plein milieu du désert, et les apprentis n’avaient presque aucun droit en ces lieux, sauf s’ils étaient sous l’égide d’un Seigneur Sith. Il ne pouvait rejoindre la colonie de Dreshdae à pied. Autrement dit, il était toujours autant prisonnier, mais il ne serait plus attaché dans une cellule. Il aurait accès, comme les autres apprentis, au réfectoire et aux salles d’entraînement. Et comme les autres apprentis, il serait soumis à la compétition et la violence qui y régnaient ; c’était pour cela que Lloyd voulait le surveiller. Hors de question que son cadeau à Laduim mourût pour le prestige d’un apprenti assoiffé de sang et ayant envie de se faire remarquer.

Il y eut un moment de silence, désagréable.

- Allez ! On se casse, le Seigneur ne viendra pas, il s’en fiche de toi, de nous. Qu'est-ce que tu croyais ? Un Seigneur de son rang a bien d’autres choses à faire.

Et il poussa Kolin vers la sortie.
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