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La vice-chancelière sortait tout juste d'une réunion un peu tendue avec les représentants du secteur bancaire de Tapani, qui continuaient à lui poser des problèmes après les bravades de leur sénateur dans la rotonde. Pourquoi personne ne voulait comprendre que la situation était grave, qu'il était un peu temps de fermer sa gueule afin de se battre pour la République, et non plus pour ses petits profits ou mesquineries personnelles ? Pourquoi ne voulait-il pas se rendre compte que Lana se battait, bien malgré elle, pour la démocratie et contre l'Empire ? Parfois, elle se disait que les Sith n'avaient pas besoin d'attaquer, mais bien seulement d'attendre pour gagner ce conflit. Les temps difficiles faisaient peut être ressortir les meilleurs côtés des êtres vivants dans cette galaxie, mais ils faisaient aussi indéniablement ressortir les pires. Cela mettait l'umbaranne sur les nerfs, car elle avait accepter le rôle de bergère de ce troupeau récalcitrant. Enfin, bergère secondaire. Elle n'osait même pas imaginer la pression que subissait Emalia.

Elle avait besoin de se détendre, et se dirigea vers un des nombreux jardins installés dans l'enceinte du Sénat. La nuit tombait tout juste, mais sa journée était loin d'être finie, car une tonne de paperasse l'attendait dans son bureau. Si elle souhaitait éviter de démembrer un membre du mobilier afin de se passer les nerfs, elle avait besoin de se dégourdir un peu les jambes et de profiter de la fraicheur de la nuit tombante. A cette heure, elle n'eut aucun mal à trouver un petit parc inoccupé - elle ne souhaitait voir personne - pas trop loin de ses quartiers. Elle disposa les membres de son escorte à chaque entrée, afin qu'on ne la dérange pas. Elle était vice-chancelière après tout, elle avait le droit de se réserver un parterre de fleurs si ça lui chantait.

Enfin seule, elle parcourut lentement les lourds massifs de fleurs encadrés d'arbre. Comme beaucoup d'autre chose au Sénat, cela semblait bien trop parfait, bien trop arrangé pour sembler naturel, mais bon, cela n’intéressait pas tellement Lana. La majorité des fleurs arboraient des couleurs qu'elle ne pouvait de toute manière pas voir. La flore des autres planètes était bien trop différente de celle de sa planète natale pour qu'elle puisse les différencier. Tout ce qui comptait était que cela sentait assez bon, et surtout que c'était calme. Un fait rare dans sa vie de politicienne ces derniers temps. L'obscurité ne gênait pas ses yeux d'umbaranne, et elle suivait sans peine le petit chemin de pierre, qui aurait semblé bien pittoresque s'il avait été placé n'importe où ailleurs que dans un parc. Elle s’arrêta un instant devant une petite mare pour observer son reflet dans l'eau.

Elle portait tous ses atours pour les réunions officielles, avec une longue robe légèrement bouffante de couleur mauve, dans laquelle elle avait étouffé une bonne partie de la réunion malgré la climatisation. Le tissu était de la plus fine coupe, brodé à la héraldique de la République sur la poitrine et aux manches. Elle portait un ensemble de bijoux discret, car elle ne sortait plus la tiare princière de Kuat : elle devait rester impartiale après tout. Sa peau pâle n'était maquillée que pour cacher ses cernes et sa fatigue permanente depuis qu'elle avait endossé son nouveau rôle politique. Lana n'avait jamais été belle, mais dans l'habit de la fonction elle avait un peu de prestance au moins. Elle resta un instant à se regarder ici, hypnotisée par son propre regard, ses yeux umbarans sans pupilles, qui reflétaient légèrement la lumière, et perçaient les ténèbres ambiantes grâce à leur vision dans l'ultraviolet. Elle ne remarqua pas un seul instant un imposant serpent qui s'était perché dans l'arbre derrière elle. Comme si elle s'attendait à voir un serpent...

Qu'elle ne fut pas sa surprise quand elle se retourna pour voir l'énorme reptile qui se dépliait pour... Pour quoi faire au juste ?! Venir à sa rencontre ? Lana eut la réaction toute naturelle de reculer brusquement. Elle trébucha contre le rebord de la mare, et y tomba. Son auguste arrière-train s'enfonça promptement dans l'eau claire, et elle se retrouva bientôt assise au fond du trou d'eau, l'eau lui montant jusqu'au niveau du ventre. Cela ne l'empêcha pas de sortir des replis de ses jupons mouillés un couteau d'un geste mécanique et de le brandir bien devant elle. Dans son esprit, il était clair qu'il s'agissait d'une agression. Une attaque au serpent géant pouvait paraitre originale, mais ce n'était pas si étonnant que cela pour les umbarans. Son peuple adorait toutes les bestioles venimeuses, ce qui incluait une bonne quantité de créatures exotiques et inattendues !

Pas un seul instant elle n'avait reconnu le sénateur Qademanda, mais elle semblait prête à le découper en rondelles s'il s'approchait un peu plus. Assez choquée par la soudaineté de "l'attaque", elle n'avait pas encore pensé à appeler à l'aide, mais cela ne tarderait pas à venir !
Niganoht Qademanda
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La République allait mal. Suite aux actes militaires commandés par la Chancelière Kira, le Sénat avait implosé sous la pression de réactions plus exagérées et dangereuses les unes que les autres. Les Sénateurs Menk et Munsk avaient pris des décisions commerciales mettant en péril les forces de la République, tout ça pour se venger de ce qu'ils considéraient à juste titre comme une trahison de la Chancelière envers les lois et le Sénat. Le Sénateur S'orn s'était révélé comme un personnage indigne et avait pourtant réussi son petit jeu en remportant au final une place au sein du nouveau gouvernement. Quant aux autres, la majorité d'entre eux étaient restés bornés, caricaturant les propos des uns et des autres et notamment ceux de Niganoht. Enfin, la République devait faire face à des mouvements de l'Empire approchant des Mondes Neutres. L'Empire Sith cherchait à reprendre des forces, et le Sénat semblait trop divisé maintenant pour permettre une réponse irréprochable à la fois sur le plan diplomatique et sur le plan stratégique.

Le seul point positif dans tout ce chaos, est que la Chancelière Kira avait réussi à faire valider un vote repoussant sa destitution ainsi que Niganoht en avait exprimé le vœu. Une enquête serait donc diligentée et Emalia Kira renonçait à son immunité républicaine. Niganoht avait donc quitté la Rotonde avec cette consolation.

L'inquiétude lui pesait, cependant. Il venait déjà de prendre la décision de voyager pour oublier cette scène du Sénat. Il pensa à Nar Shaddaa. Rendre visite à une connaissance Hutt, voilà qui lui changerait immanquablement les esprits. En attendant, une visite de certains hauts-lieux de Coruscant, notamment le Temple Jedi, constituerait une distraction agréable. Niganoht regagna sa loge et échangea un moment avec Shaffzi et Male Taoran. Il avait beau connaître le Fosh depuis de longues années, il avait toujours peur de lui et devait à chaque seconde faire l'effort de ne rien en laisser paraître. A la limite, le fait de si bien connaître Shaffzi rendait cet effort bien moins difficile.

Shaffzi ne voulait pas rester deux jours de plus sur Coruscant : il voulait repartir pour Agamar sans attendre. Niganoht l'y encouragea avec un peu trop d'enthousiasme. Il voyagerait par un autre moyen que le vaisseau gouvernemental, comme il l'avait toujours fait. Male Taoran rentrerait avec le Gouverneur sur Agamar. Niganoht n'avait plus besoin de lui, de toute façon. Il avait même envie d'être “seul”, du moins d'être avec d'autres personnes qui n'avaient aucun rapport avec Agamar.

L'Anacondan eut envie d'aller se promener dans le jardin du Sénat. Il s'agissait presque d'un parc, de par sa taille. Le Sénat était l'un des seuls endroits de la planète où l'on pouvait trouver un espace de verdure. Tout y était trop bien arrangé, trop artificiel en somme, mais cela faisait l'affaire sur une planète comme Coruscant. La nuit allait très bientôt tomber, mais ce n'était qu'une raison de plus pour Niganoht : il aurait ainsi moins de risques d'y trouver un autre Sénateur et pourrait laisser son esprit se libérer.

Il alla jusqu'à une mare décorée par une petite fontaine en son centre. Il s'assura qu'il n'y avait personne dans les parages, et s'immergea dans l'eau peu profonde, et nagea sur le petit périmètre. Cela lui fit un bien fou, comme l'impression de se déconnecter après les émotions de la journée.
Il quitta la mare et grimpa à un arbre juste à côté. Il s'étala dans les branches et observa le ciel qui prenait les couleurs de la nuit. Quelques oiseaux chantaient quand plusieurs de leurs congénères s'étaient tus par peur du serpent.

A un moment, Niganoht fut obligé de remarquer le bruit de pas qui approchaient. Il vit une femme, d'apparence humaine de loin, dans une robe mauve de haute couture. Alors que la personne approchait, Niganoht reconnut l'armoirie de la république sur le vêtement avant de reconnaître le visage de la femme : la Sénatrice de Kuat, Lana Anthana.

Et flûte ! Même à cette heure-ci, il fallait qu'un Sénateur trouve le moyen de se pointer pile à cet endroit ! En plus, Niganoht se souvenait que la Sénatrice Anthana avait été l'une des rares pendant le débat à prendre la défense de la Chancelière Kira.
Enfin, autant faire contre mauvaise fortune bon cœur, et laisser ces différends de côté. Niganoht ne voulait pas se gâcher ce moment plus que ça. Il ne voulait pas quitter son arbre, mais Lana Anthana se dirigeait résolument vers la mare.

Lana Anthana se pencha pour observer son reflet. Niganoht, dans son dos, eut l'impression qu'elle ne l'avait pas remarqué. Cela ne tarderait pas, alors autant lui dire bonsoir maintenant, pour ne pas avoir à se sentir impoli par la suite. Niganoht se tendit hors des branches, mais c'est alors que Lana Anthana se retourna, faisant face à la tête du serpent, et sursauta en reculant... trébuchant ainsi sur le rebord de la mare et tombant à la renverse en imbibant sa robe.

Niganoht fut sur le point de s'excuser pour lui avoir fait peur, ne voulant pas qu'elle se sente ridicule, sauf que Lana ne fut de toute façon pas en proie au ridicule : la voilà qui dégaina un couteau de sous les replis de sa robe ! Niganoht eut un léger mouvement de recul, ne s'attendant pas du tout à cette réaction !

NIGANOHT – Que comptez-vous faire avec ce couteau ? Cela me semble un peu exagéré pour me reprocher de vous avoir fait sursauter.
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Lorsque Lana dégaina son arme, le serpent eut un léger mouvement de recul, ce qui laissa à la sénatrice le temps de l'observer. Il faisait au moins quatre mètres de long, enroulé autour des branches de l'arbre. Il s'agissait d'un énorme reptile, massif, dont le cuir arborait des motifs beiges, marrons et noirs. Sur sa tête vaguement triangulaire, des yeux dorés la fixait d'un air qu'elle prit pour celui d'un prédateur. Lana ne s'était pas attendue à que qu'on vienne l’agresser ici, en plein milieu du Sénat... Qui pouvait avoir suffisamment d'influence pour introduire une telle bestiole au nez et à la barbe de la sécurité ?! Elle passa ses options en revue. Elle doutait pouvoir faire grand mal au reptile avec son couteau seul. Il s'agissait en plus surement plus que d'un simple serpent, surement une espèce entrainée pour l'assassinat... Elle pouvait toujours utiliser la Force pour se débarasser de l'animal, mais elle répugnait à le faire s'il y avait la moindre chance qu'on la surprenne... Puis les gens se poseraient des questions sur comment elle s'était débarrassé de l'animal...

Alors que son cerveau tachait de joindre les deux bouts pour se tirer de cette situation inattendue, le serpent lui parla d'une voix sifflante, ce qui ajouta encore plus au désarroi de l'umbaranne. Les serpents ne parlaient pas d'habitude, elle en avait possédé assez - bien que de plus petite taille - pour le savoir. Il devait donc s'agir d'un extraterrestre. Un sentient. Elle lança la Force pour effleurer discrètement l'esprit de l'anacondan, et ne détecta aucune volonté aggressive. De même, elle ne sentait pas cette impression tenace que lui soufflait la Force lorsqu'elle était en danger. Qu'elle avait été idiote de ne pas l'avoir remarqué plus tôt ! Ses nerfs étaient bien trop mis à rude épreuve avec son travail de vice-chancelière, et elle perdait de plus en plus le contrôle de ses émotions, elle qui était d'habitude si maitresse d'elle-même.

Son bras droit, celui qui tenait l'arme, commença à trembler. Elle finit par le baisser, sans toutefois lâcher le couteau. Ses yeux pâles, sans pupilles, brillaient dans l'obscurité, détaillant le reptile qui lui faisait face. Qui cela pouvait-il bien être ?


- Vous m'avez surprise... finit-elle par souffler.

Elle ne s'excuserait cependant sûrement pas d'avoir dégainé son arme. Fouillant son esprit, elle se rappela l'avoir vu dans la rotonde plusieurs fois. Elle se rappela l'avoir vu prendre la parole durant la session très musclée où Emalia était venue expliquer son attaque envers l'Empire. Il était sénateur d'un petit monde paumé dans la bordure extérieur. De là à se rappeler du nom de son interlocuteur, ou même se celui de sa planète... Lana avait une excellente mémoire, mais il y avait tout simplement trop de sénateurs et de planètes pour qu'il soit humainement possible de s'en rappeler.

A présent un peu rassurée sur sa sécurité immédiate, elle s'intéressa à son état. Elle n'était pas blessée, mais elle était tombée sur les fesses dans la mare. Elle reposait à présent sur son séant, immergée dans une petite quarantaine de centimètres d'eau, qui avait pourtant suffit à la tremper de la tête aux pieds. Elle sentait l'eau glacée lui ruisseler dans les cheveux et sur le visage, et trouvait cela très désagréable. Heureusement que l'eau n'était pas plus profonde. Ne sachant pas nager, elle aurait risqué de s'y noyer ! Ses genoux ressortaient de la mare, et chacun de ses mouvements lui rappelait à quel point ses vêtements lui collaient à présent à la peau. Sa robe était fichue, mais cela la touchait beaucoup moins que son inconfort immédiat !

Elle tenta de se relever dignement, tout en se préparant mentalement à passer une soufflante au reptile pour non seulement lui avoir coller la frousse de sa vie, mais en plus de l'avoir fait chuter dans l'eau. Son geste fut cependant stoppé. Son poignet gauche s'était enfoncé dans la vase quand elle avait pris appui dessus pour dégainer son arme de l'autre main. Son bras était à présent pris jusqu'à la moitié de son avant bras, et elle eut beau tirer dessus, elle ne parvint pas à le dégager. Elle n'avait aucun appui pour exercer sa force, si ce n'était l'eau et le fond vaseux de l'étang. Elle était à deux doigts de perdre la maitrise de ses nerfs. N'était-ce pas suffisant qu'elle tombe dans l'eau, on rajoutait à l'humiliation qu'elle s'y retrouva bloquée ?! Elle ne se voyait pas appeler ses gardes, et rajouter encore des témoins à cette scène cuisante.

Elle tourna son visage ruisselant vers l'anacondan, puis murmura à contrecœur :


- Je suis bloquée dans la vase. Pourriez vous me donner un petit... peu d'aide, sénateur ?

Elle s'était rattrapée au dernier moment de lui demander un petit coup de main, se disant que le serpent n'aurait pas apprécié l'expression.
Niganoht Qademanda
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Lana Anthana eut l'air déboussolée quand Niganoht prit la parole. Visiblement, elle ne s'était pas du tout attendue à ce que l'Anacondan sût parler. Elle avait cru être face à face avec un vrai serpent. Elle n'avait donc pas reconnu Niganoht Qademanda. Pourtant, malgré le nombre conséquent de sénateurs qui représentaient chacun un monde à la Rotonde, et alors qu'il était donc très difficile de se rappeler les visages et les noms de chacun, Niganoht Qademanda était l'un de ceux que l'on retenait le plus facilement, car pour autant qu'il sût, il était le seul sénateur Anacondan, et cette race était donc suffisamment atypique pour que l'on se rappelle son visage et son nom. Il était en fait plus probable que Niganoht Qademanda ne reconnaisse pas Lana Anthana mais soit reconnu par cette dernière, que l'inverse.

Un peu amusé, il fallait bien le dire, par la situation désormais, Niganoht détailla l'Humaine de son œil de prédateur, tout en dardant répétitivement la langue pour observer son odeur, un réflexe naturel chez lui. Niganoht avait pris, jusque là, Lana Anthana pour une Humaine, mais il révisa cette fausse impression : son odeur était légèrement différente de celle d'une Humaine, et elle n'en avait pas non plus le teint de peau. Niganoht ne connaissait pas la race des Umbarans et ne put donc pas faire le rapprochement.
Il remarqua également les tremblements de son bras, par lequel elle tenait son couteau. Il se demanda bien ce qui en était la cause : la surprise, la peur, la honte, la perplexité, la colère, l'épuisement ou une maladie ?
La Sénatrice de Kuat souffla d'un ton accusateur :

LANA – Vous m'avez surprise...

Certes, mais comme Niganoht venait justement de le dire à l'instant, cela ne valait pas de le menacer avec un couteau. Lana Anthana ne répondait donc pas à sa réflexion.
La femme de race inconnue voulut enfin se remettre debout. Il faut dire qu'elle manquait un peu de dignité en restant dans sa position actuelle, assise dans l'eau, toute trempée, la robe lui collant à la peau, sans parler de ses cheveux... Niganoht effaça son léger sourire, ne voulant pas non plus la mettre encore plus mal à l'aise par plaisir sadique. En fait, en temps normal, sa première réaction aurait été de lui demander si elle ne s'était pas fait mal, mais il fallait bien dire que la menace du couteau, très inattendue comme réaction de Lana Anthana, lui avait un peu coupé la chique. Niganoht avait donc eu une réaction un peu hébétée en retour, même si le léger sourire amusé qu'il s'efforça d'effacer ne le montrait pas forcément.

LANA – Je suis bloquée dans la vase. Pourriez vous me donner un petit... peu d'aide, Sénateur ?

En effet, Lana Anthana venait de forcer sur son bras gauche sans réussir à le sortir de la mare. Niganoht avait l'occasion offerte de se racheter un peu après son attitude un peu effrontée. Il se sentait coupable d'avoir souri devant la gamelle aquatique de son vis-à-vis et de ne pas avoir eu le réflexe de s'assurer qu'elle ne s'était pas fait mal.

NIGANOHT – Bien sûr.

L'Anacondan se glissa hors des branches, se réceptionnant souplement sur le sol. Il rampa jusqu'à une petite sculpture décorative en saillie du rebord de la mare, et qui allait lui servir d'appui pour tirer le bras gauche de la femme humanoïde. Il s'y crocheta en effet avec le haut du corps, et enroula la moitié caudale du corps autour du bras empêtré.

NIGANOHT – Dites-moi si je sers trop.

Niganoht, accroché à la sculpture décorative, tira le bras gauche de Lana Anthana hors de la vase, usant là de la force de ses muscles de constricteur.
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Niganoht la regardait de ses yeux froids de reptile, très difficiles à décrypter pour Lana. Sa langue dardait l'air régulièrement, tandis qu'il se glissait hors des branches de l'arbre. Il y avait de quoi donner des phobies à de nombreux humains, ne serait-ce que de voir cet immense serpent se mouvoir majestueusement dans un ensemble massif d'écailles. Pour beaucoup d'individu, voire d'espèce, il s'agissait d'un réflexe inné. Heureusement, la vice-chancelière était loin d'être sujette à l'ophiophobie. Sur Umbara, tous les types d'animaux mortels ou venimeux était très apprécié des natifs, et chaque famille en avait à la maison en tant qu'animal domestique. Lana avait eu plusieurs serpent durant sa jeunesse, même s'il fallait avouer qu'ils avaient été bien moins gros que ce spécimen...

Niganoht alla utiliser une petit statue au bord de la mare comme point d'ancrage, tout en venant enrouler son autre extrémité autour du bras captif de la sénatrice. Lana tressaillit au contact. Elle sentait les fines écailles frotter contre sa peau, comme une armure de cuir rugueuse. Après le froid glacé de l'eau, les écailles du serpent lui paraissaient agréablement chaude, et lui rappelaient de lointain souvenir, à une époque où tout était plus simple. Elle le laissa serrer autant qu'il le souhaita, ayant enduré bien pire comme douleur au cours de sa vie. L'étau des muscles du sénateur se contracta lentement, avec assurance, et le bras de Lana finit par se dégager de la vase avec un bruit de succion écœurant à peine étouffé par l'eau.

Elle rampa difficilement vers la terre ferme, sur laquelle elle finit par s'étendre. Le couteau avait disparu de sa main droite, avec laquelle elle tachait sans grande conviction de détacher la boue qui maculait en partie sa peau pâle et ses vêtements. Elle était dans un état désastreux, même si le plus gros risque qu'elle encourait était celui d'un rhume. Déjà, elle commençait à frissonner sous la brise nocturne. Elle se recroquevilla légèrement dans un bruit de vêtement mouillé. Elle n'en pouvait plus. Elle devait se retenir pour ne pas éclater en larmes. C'était la goutte d'eau qui avait mis le feu aux poudres. Mais elle devait conserver un minimum de dignité devant Niganoht, malgré tout ce qu'elle lui avait déjà concédé avec ce spectacle navrant.

- Pourquoi m'avez-vous sauté dessus, sénateur ? finit-elle par demander.

Elle était allongée à même le sol, sur le dos, tout juste en dehors de l'eau, et elle regardait le ciel sombre d'un air absent, un peu défait. Bien sûr, "sauter dessus" était probablement exagéré d'un point de vue extérieur, mais c'était pourtant bien exactement ce qu'elle avait ressenti. Si elle avait réagit un peu plus brusquement, peut être même aurait-elle tué le sénateur d'une décharge de Force par simple réflexe. Les choses auraient été alors bien plus compliquées... Mais dans l'instant présent, elle se souciait un peu plus de son propre état.


- Regardez moi, je suis trempée, crasseuse... Je compte sur vous pour rattraper votre erreur, gémit-elle tout bas.

Car c'était évident, il s'agissait de l'erreur du reptile. Comment une personne aussi parfaite que Lana, avec ses responsabilités et son charisme, pouvait commettre une erreur ?

- Vous n'avez pas intérêt à ébruiter cette affaire, sénateur !

Puis elle se rendit brutalement compte qu'elle devenait agressive. Elle avait déjà suffisamment d'ennemis comme ça pour ne pas y rajouter un reptile ninja en plus. Même si dans son esprit il était clair que Niganoht était en tord dans cette affaire, elle devait éviter de lâcher sa colère contre lui. Elle avait des domestiques quand elle souhaitait se défouler verbalement.

- Excusez moi, bredouilla-t-elle d'un ton plus doux. Je suis suis à bout de nerfs après cette journée. Je ne voulais pas vous crier dessus.

Enfin si, elle voulait lui crier dessus, mais elle savait que ce n'était pas une bonne idée de le faire. Elle se força à se relever sur des jambes encore tremblantes d'émotions et de fatigue. Sa robe était trempée et semblait vouloir aspirer toute la chaleur de son corps. Elle avait froid. Il lui fallait mettre un terme à cette discussion au plus vite. Elle écarta d'une main ses longs cheveux noirs pour dégager son visage blanc, y laissant une nouvelle trace de boue. Une fois de retour dans ses quartiers, elle exigerait qu'on rase toutes les saloperies de parc du bâtiment.
Niganoht Qademanda
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L'action de Niganoht fut suffisante et Lana Anthana eut le bras extirpé de la vase dans un bruit de succion. La Proche-Humaine s'écarta à quatre pattes de la mare puis s'étala sur le dos. Elle grelotait un peu à cause des vêtements humides sur sa peau, l'air n'étant pas suffisamment chaud. Les Humains et semblables n'aimaient pas être trempés. Les jours de pluie, ils se crispaient ou utilisaient des objets pour s'abriter de la pluie en marchant. Niganoht le savait, depuis le temps qu'il en cotoyait, et comprit donc l'attitude de Lana Anthana. Il ne sut que faire pour lui éviter de greloter. La femme essayait en même temps de retirer les restes de vase sur son bras, se grattant d'un air agacé.

Niganoht darda encore sa langue, analysant encore l'odeur de Lana Anthana, et mettant de côté celle de la vase qu'elle portait sur elle, il s'attarda sur les phéromones émotives qu'elle dégageait. Ca ressemblait à de la colère, en un peu différent. Il y avait des émotions fortes, en tout cas, du genre de celles qui vous mettent les nerfs à fleur de peau.

LANA – Pourquoi m'avez-vous sauté dessus, Sénateur ?

Et ça, typiquement, c'est le genre de bêtises que l'on peut sortir dans ce genre d'état émotif. Niganoht décida donc de passer outre. Il glissa au sol pour se rapprocher de la tête de son interlocutrice. Il s'étonna tout de même de ne pas voir la Sénatrice de Kuat se mettre au moins en position assise. Vu le genre de la personne, on s'attendrait à la voir chercher un minimum de dignité au lieu de rester là, allongée par terre dans sa robe trempée.

LANA – Regardez moi, je suis trempée, crasseuse... Je compte sur vous pour rattraper votre erreur.

Elle s'enfonçait dans l'indignité, là. Elle était trempée et crasseuse, certes, mais ce n'est pas Niganoht qui l'avait poussée dans la mare, non plus ! Il n'avait pas eu le temps de dire “bonjour” qu'elle s'était tournée face à lui et avait sursauté en trébuchant en arrière ! Niganoht sentait – au sens propre du terme – Lana Anthana stressée et à bout de nerfs, mais cette dernière en devenait grotesque, vraiment.

LANA – Vous n'avez pas intérêt à ébruiter cette affaire, Sénateur !
NIGANOHT – Et pourquoi m'amuserais-je à ça ?

Niganoht n'était pas pervers. Et puis, pour lui, cet incident n'avait pas la moindre importance, mais Lana Anthana en faisait toute une histoire pour rien. Elle en devenait elle-même agaçante.

LANA – Excusez-moi. Je suis à bout de nerfs après cette journée. Je ne voulais pas vous crier dessus.
NIGANOHT – Oui, je sens que vous êtes dans un état émotif violent.

Elle s'était excusée, alors Niganoht ne voulait pas l'accabler, mais tout de même, il devait lui dire ce qu'il pensait de son attitude, ce qu'il fit d'un ton posé, sans animosité :

NIGANOHT – Maintenant, descendez de votre piédestal, Sénatrice Anthana. Je vous ai fait sursauter et vous m'avez menacé avec un poignard. Je serais bien compatissant de nous trouver quittes. Mais soit, vous n'êtes peut-être pas dans votre état normal. Oublions simplement cela. Souhaitez-vous que nous rentrions dans ma suite ? Vous semblez greloter.
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La brise de la soirée commençait à lui paraitre glaciale. La chaleur de son corps semblait absorbée par la combinaison de l'air et de l'eau. Elle se retrouva bientôt à claquer des dents sans pouvoir s'en empêcher. Et Niganoht qui l'accablait, lui faisant remarquer qu'elle avait sorti un couteau, et qu'elle avait sa part de tord. Évidemment ! Mais elle n'allait pas pour autant l'admettre, ça aurait été mal la connaître, surtout dans son état actuel. Ce reptile au sang-froid pouvait bien se permettre de garder son calme, lui ! Mais il avait loin d'avoir l'air compatissant, malgré ce qu'il affirmait, avec son regard fixe de prédateur. Il aurait pu se mettre à sa place quand même... Lana se força au calme. Elle préférait encore oublié, comme il le proposait.

Le serpent lui proposa de rejoindre ses quartiers. Dans beaucoup d'autres situations, elle aurait refusé tout net. Ce n'est pas comme si elle en avait spécialement envie... Cependant, elle devait bien considérer la question. Ses propres quartiers étaient assez éloignés, et elle n'avait aucune envie, mais alors réellement aucune envie de traverser la moitié du bâtiment dans son état actuel, à la vue de tous. Pour son image, se serait désastreux. Elle ne savait même pas si elle en serait physiquement capable, épuisée comme elle était. Pourquoi ne pas accepter l'hospitalité du reptile après tout ? Ce n'était pas comme si on allait l'accuser de quoi que ce soit.


- Vos... Vos quartiers sont-t-t-t-ils proches ? demanda-t-elle d'une voix tremblante, essayant vainement d'empêcher ses dents de claquer.

Mais il y avait une question qui avait encore plus d'importance à vrai dire. Ce n'était pas la peine de se rendre chez Niganoht si elle n'avait aucun moyen de s'y laver avec une bonne douche brûlante pour réchauffer ses os.


- Vous y avez des co-commodités pour... Vous savez, p-pour humains ? Ou qu-qui marche po-pour les humains...

Ce qui était le cas, ce qui éviterait à la vice-chancelière de se promener trop longtemps dans les couloirs, trempée, grelottante et maculée de boue. Pour cela, elle voulait bien le pardonner après tout. Elle tacha de se relever. Ses jambes lui donnaient l'impression d'être en coton, mais elle tint bon sur ses appuis.

- Gu-Guidez moi, sssss'il vous p-plait sénateur.

Et elle se mit à suivre le long serpent jusqu'à ses quartiers, à vitesse réduite cependant. Elle ne se sentait pas d'adopter une allure plus soutenue. Lorsqu'ils passèrent à travers l'une des portes menant au jardin, le garde que Lana avait placé en faction leur jeta un coup d'oeil ahuri. L'umbaranne le prit de vitesse avant qu'il ne puisse poser la moindre question, tentant de raffermir sa voix tremblante :

- Aller me ch-chercher des vêtements de rechanges dans ma suite, et ra-ramenez les dans les quartiers du sénateur Qade-demanda qui a l'amabilité de m'accueillir en attendant.

Le garde hésita un instant à laisser la sénatrice seule avec un gros serpent, mais finit par s’exécuter. Lana leur demandait assez régulièrement de la laisser seule, surtout lorsqu'elle souhaitait traiter de sujet ayant rapport avec son passé de Sith... Aussi étaient-ils habitué et préféraient-ils obéir au doigt et à l’œil. Il détala sans demander de précision. Lana soupira, et reprit son chemin en companie de Niganoht.

- C-c-c-c'est très court-tois de votre part q-que de m'inviter, sénateur, grelotta-t-elle. V-Vos quartiers ssssssont-t-ils encore loin ?

Ils n'avaient pas encore fait vingt mètres, mais cela aurait pu tout aussi bien être vingt kilomètres aux yeux de la vice-chancelière. Pour l'instant, ils avaient eu la chance de ne croiser personne, et il fallait que ce soit le cas tant qu'elle ne serait pas à l'abri des regards, dans la suite du sénateur.
Niganoht Qademanda
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Dire qu'elle semblait greloter fut bien vite un euphémisme. Pour greloter, Lana Anthana grelotait, ça oui ! Elle en eut les dents qui claquaient. Un mécanisme que l'Anacondan ne comprenait pas. Il ne savait pas ce qui provoquait ce claquement de mâchoires frénétique quand les bipèdes à sang chaud avaient froid. Et il avait beau être d'un naturel curieux, il n'allait pas poser la question maintenant à la concernée. Mais pourquoi pas plus tard, une fois que l'Humaine se serait quelque peu réchauffée. Pour l'instant, Lana Anthana réfléchit dans un premier temps à la proposition aimable de Niganoht. Heureusement, ce dernier n'étant pas un Humain, il n'y avait aucun risque d'ambiguïté dans sa proposition. Cela pouvait donc aider à mettre la femme en confiance. Enfin, si tant est que se retrouver toute seule avec un gros serpent constricteur de quatre mètres soixante de long pouvait mettre en confiance... Qu'est-ce qui pouvait être le plus angoissant, tout compte fait ?

LANA – Vos... Vos quartiers sont-t-t-t-ils proches ?
NIGANOHT – Oui, j'ai justement eu la chance d'en avoir tout près du jardin. Ca m'aide à repenser un peu à Agamar quand je suis ici.

Un tout petit peu, vraiment... Parce qu'entre les magnifiques forêts sauvages d'Agamar et le pauvre jardin artificiellement agencé sur une planète dépourvue de toute verdure, il y avait un gouffre. Mais c'était mieux que rien, et quand il séjournait au Sénat, Niganoht appréciait de passer du temps dans le jardin. Il lui arrivait même souvent de préférer y dormir à la belle étoile. C'était bien pratique d'avoir ses quartiers à côté.

LANA – Vous y avez des co-commodités pour... vous savez, p-pour Humains ? Ou qu-qui marche po-pour les Humains...

Ce n'était pas une question bête, car avec les moyen dont il disposait, le Sénat aurait très bien pu effectuer des travaux pour offrir à l'Anacondan une chambre tout à fait particulière, adapté à sa morphologie. Niganoht avait estimé ne pas en avoir besoin. Avant lui, le Sénateur d'Agamar était un Humain, dont il avait pris la place il y a bientôt quatre ans.

NIGANOHT – Mon prédécesseur était un Humain et j'ai repris ses quartiers et sa chambre sans y effectuer de travaux d'accessibilité. Vous aurez donc tout ce dont vous pourrez avoir besoin.

Rassurée par ces réponses, Lana Anthana entreprit de se mettre debout. C'était assez dingue pour l'Anacondan de voir à quel point cette trempette dans la mare avait suffi à la rendre fébrile. Niganoht croyait les Humains un peu moins fragiles... Alors, peut-être que leur peau de mammifère les prédisposait moins à supporter l'immersion dans l'eau que les écailles du serpent, mais tout de même... Il leur arrivait bien de se baigner volontairement ! Etait-ce donc simplement à cause de la brise fraîche, qui devenait trop désagréable au contact de la peau humide ? Niganoht pensa plutôt que Lana Anthana était une chochotte, et voilà tout.

Elle se laissa guider par Niganoht qui rampait devant elle, ouvrant le chemin. Ils passèrent devant un vigile qui s'avéra faire partie de la garde rapprochée de Lana Anthana. Cette dernière ne lui laissa pas le temps de faire une quelconque remarque, lui ordonnant plutôt d'aller lui chercher des vêtements de rechange et de les apporter dans la chambre de Niganoht. Le garde obéit sans poser de question. Niganoht reprit son chemin, s'engageant dans le hall donnant sur le jardin.

LANA – C-c-c-c'est très court-tois de votre part q-que de m'inviter, Sénateur. V-Vos quartiers ssssssont-t-ils encore loin ?

Ils avaient fait quoi, trente mètres à tout casser ? Lana Anthana était déjà hautaine et chochotte, mais “impatiente” pouvait être ajouté à la liste de ses qualités. Niganoht répondit avec le plus de tact possible :

NIGANOHT – Je vous ai dit qu'ils sont proches, nous y serons dans une minute.

L'Anacondan glissa dans un couloir. Son corps décrivait de larges ondoiements au sol pour avancer sur le carrelage lisse. Le serpent avançait moins facilement que sur de la terre.

NIGANOHT – Quelques portes et nous y sommes.

En effet, au bout d'une petite minute, Niganoht se présenta devant une porte, se dressa pour placer sa tête devant un capteur déclenchant l'ouverture, et entra. Il se trouvait dans les quartiers d'Agamar, et laissa Lana Anthana entrer à sa suite. Plusieurs plantes vertes décoraient la pièce, et quelques miroirs donnaient plus de luminosité et plus d'espace. Plusieurs portes portaient chacune un cartouche indiquant çà la chambre de Shaffzi, là celle de Male Taoran, ou une autre celle de membres de la délégation. Celle dont s'approcha Niganoht portait son nom. Après en avoir déclenché l'ouverture, Niganoht fit entrer Lana Anthana dans sa chambre personnelle.

Cela ressemblait effectivement à une chambre d'Humain. Une baie vitrée donnait vue directement sur le jardin. Un écran holographique était installé face au lit. Une commode vide attendait qu'un individu d'une autre race ait besoin de se servir d'elle. Un petit bureau possédait des tiroirs ajourés ressemblant plus en fait à des étagères ; dessus était posé une photographie d'Antobin à ses 28 ans.

NIGANOHT – Désirez-vous quelque chose ? A boire ? A manger ? Mettez-vous à l'aise.
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Niganoht la guida jusque dans sa suite. Il y avait ici toutes les commodités classiques reservées ordinairement aux humanoïdes. Lana sa demanda pourquoi le sénateur, qui était loin de partager la morphologie des humains, n’avait pas demandé des aménagements spécifiques. Il en avait le droit, c’était après tout ses quartiers personnels… Au moins, Lana n’aura pas de mal à trouver la salle d’eau. Elle nota le caractère assez impersonnel de la chambre, comme si le serpent n’y avait jamais accordé de temps ou d’importance. Elle regarda un instant la grande baie vitrée qui menait sur le jardin qu’ils venaient de quitter. L’anacondan devait regretter son environnement naturel.

Son hôte l’invita à se mettre à l’aise, et Lana sauta aussitôt sur l’occasion


- Si cela ne vo-vous dérange pas, je vais utiliser la salle d’eau.

Et elle s’esquiva sans vraiment attendre la réponse. Même s’il faisait légèrement plus chaud à l’intérieur, il était hors de question qu’elle reste dans son état actuel, complètement trempée et crottée. Surtout qu’elle avait une douche à disposition à portée de main. Elle s’enferma dans la salle de bain. Ce répit solitaire lui permettrait de reprendre ses esprits et un peu de contenance. La sénatrice commença par se débarrasser de ses vêtements vaseux, les laissant à même le sol en un petit tas informe. Elle se jeta ensuite à corps perdu dans la douche, en quête de chaleur et de propreté.

Massée par les jets d’eau brulante, elle reprit peu à peu son calme. Elle s’en voulait d’avoir exposé une si piètre vision d’elle-même au sénateur Qademanda. Certes, il n’était qu’un membre mineur comparé à elle, la vice-chancelière, mais ce n’était pas une raison pour se permettre de craquée devant lui. Lana avait toujours prôné une certaine neutralité, une impassibilité à toute épreuve envers ses collègues. Cependant, depuis son accession au second poste de puissance de la République, il fallait bien avouer qu’elle avait un peu plus de mal à contrôler ses nerfs. Plus que jamais elle était la cible des critiques, des attaques aussi bien physique que moral. Elle devait prendre des décisions impopulaires et écarter les protestataires pour le bien de la République, et à tout cela s’ajoutait un certain nombre de problèmes personnels dont elle se serait bien passé…

Une fois propre, elle coupa l’alimentation en eau. Elle sortit de la cabine de douche, et se planta devant la glace. Elle prit un peu de temps pour maitriser sa respiration, fortifier son calme. Il faudrait qu’elle trouve quelque chose pour assurer la maitrise de ses nerfs à l’avenir. Peut-être plus de repos. Mais où trouver le temps ? Les journées lui semblaient déjà bien trop courtes pour rentrer tout ce qu’elle devait y faire, et elle se refusait de prendre une quelconque substance, même légale, pour s’éclaircir l’esprit. Il ne lui restait plus qu’à serrer les dents et encaisser, en espérant qu’Emalia ne lui donne pas de travail en plus !

Elle se sécha rapidement, s’attardant un peu sur ses longs cheveux noirs. Elle se saisit ensuite de la plus grande serviette qu’elle put trouver, en l’enroula autour de sa taille. Elle n’avait pas d’autres vêtements sous la main… De toute façon, Niganoht était probablement bien trop loin de sa morphologie pour trouver un intérêt particulier à son corps nu, ou alors ce vicelard cachait particulièrement bien son jeu. Enroulée dans une épaisse serviette de bain noire brodée au symbole de la République, elle finit par sortir de la salle d’eau pour rejoindre son hôte. Elle se sentait tout de même légèrement mal à l’aise dans un tel accoutrement, mais elle n’allait pas rester cloitrée en attendant ses vêtements de rechange. Autant ne pas se démonter, et faire comme si tout était parfaitement normal.


- Je vous remercie pour votre hospitalité, sénateur Qademanda. Vous m’avez ôté une sacrée épine du pied en m’évitant de parcourir les couloirs dans un état deplorable

Il n’y avait pour ainsi dire que le garde et lui qui avait été témoin de sa déboire. Elle avait suffisamment confiance en son personnel pour garder l’histoire secrète, elle saurait donc d’où viendrait la fuite si l’histoire venait à se savoir.

- Je vous prie également de me pardonner mon comportement de tout à l’heure…

Elle n’ajouta pas « Même s’il était parfaitement justifié », quand bien même elle le pensait fort. 

- Je dois dire que la charge de vice-chancelière me pèse énormément. Cela m’épuise tant sur un plan physique que mental. Notre aventure dans la mare a été… La goutte d’eau qui a fait déborder le vase. J’ai relâché quelques instants mon self-control. Que voulez-vous, il est des fois où l’on ne peut plus maitriser son sang-froid, tout du moins pour mon espèce.
Niganoht Qademanda
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LANA – Si cela ne vo-vous dérange pas, je vais utiliser la salle d’eau.
NIGANOHT – Je vous en prie.

Niganoht fit un signe de tête vers la porte de la salle de bain, dans laquelle l'Humaine grelotante se précipita. Niganoht balayant sa chambre du regard, cherchant comment il pourrait s'occuper. Il pourrait allumer l'holovision tout bêtement, mais n'avait rien envie de regarder en particulier, et puis il recevait une autre sénatrice, alors s'affaler sur le canapé en regardant l'holovision pendant qu'elle prenait sa douche, serait une forme de détachement familier à laquelle Niganoht ne voulait pas se laisser aller. Lana Anthana semblait assez coincée psychologiquement, cela ne ferait que la mettre mal à l'aise pour rien, et Niganoht n'était pas pervers.

Le Sénateur d'Agamar eut une autre idée, espérant mettre son hôte dans de meilleures dispositions et peut-être l'intéresser à son monde d'origine. Sur un buffet se trouvait quelques bouteilles de boissons, et l'une d'elle avait été rapportée d'Agamar. Cette boisson se consommait chaude, c'était une sorte de chocolat chaud légèrement alcoolisé avec une pointe d'épice locale. Une boisson typique d'Agamar, que Niganoht s'assurait d'avoir toujours à disposition dans sa chambre du Sénat. Il en ramenait donc toujours une bouteille à chaque déplacement pour Coruscant. Même s'il aimait bien cette boisson, il n'en était pas dingue pour autant ; s'il en gardait toujours une bouteille dans sa chambre, c'est pour deux autres raisons. Tout d'abord, c'était une façon pour lui de se rappeler sa planète. Quand cela remontait à plusieurs semaines voire plus qu'il n'était pas retourné sur Agamar, le goût de cette boisson le faisait voyager vers chez lui. L'autre raison, est que c'était une façon pour lui de montrer qu'en dépit de sa qualité de planète d'importance mineure dans la représentation sénatoriale, Agamar avait ses particularités, ses propres coutumes, ses épices uniques, en somme des choses qui lui permettait de se distinguer. La planète Agamar avait sa personnalité, et Niganoht aimait le rappeler.

Quand Lana Anthana sortit de la salle de bain, enveloppée seulement d'une serviette immaculée, la bouteille se trouvait sur la table basse devant le canapée, flanquée de deux coupes. Niganoht avait profité du temps de la douche de la Sénatrice de Kuat pour faire chauffer la boisson dans sa bouteille.

LANA – Je vous remercie pour votre hospitalité, Sénateur Qademanda. Vous m’avez ôté une sacrée épine du pied en m’évitant de parcourir les couloirs dans un état deplorable.

A sa place, d'autres personnes moins coincées auraient pris les choses avec plus de retenue, s'essuyant simplement les cheveux, attendant dans un coin du jardin plus ou moins à l'abri des regards que quelqu'un vienne apporter des affaire propres ou quelque chose pour couvrir la robe trempée. Lana Anthana, elle, en faisait toute une histoire, meurtrie dans sa fierté et son amour-propre. C'était assez exaspérant.

LANA – Je vous prie également de me pardonner mon comportement de tout à l’heure…

Voilà qui était dit. Niganoht accepta les excuses d'un hochement de tête, la laissant se justifier par un épuisement moral généré par sa charge de vice-chancelière. Quand elle parla de sang-froid, Niganoht ne se sentit pas d'humeur à plaisanter sur le fait que pour un Anacondan, il était beaucoup plus facile de garder le sien. Niganoht n'était de toute manière pas un grand plaisantin en règle générale, mais il aurait pu se permettre ce petit trait si Lana Anthana l'avait laissé de meilleure humeur et l'avait moins exaspéré.

Tout cela ne changeait pas ses plans en attendant que quelqu'un apporte des vêtements de rechange à la Sénatrice de Kuat.

NIGANOHT – Venez vous installer sur le canapé, et laissez-moi vous servir un réchauffement.

L'Anacondan se lova en repliant son corps pour faire de la place à l'Humaine. Finalement il déroula une partie de sa queue pour saisir la bouteille et remplir les deux verres avant de la reposer.

NIGANOHT – C'est du coppamo. Une boisson typique d'Agamar. J'ose penser que vous n'en avez jamais goûté.
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Sur la proposition de Niganoht, Lana vint s'asseoir aux côtés de l'énorme reptile. Beaucoup de gens, voire même tout simplement d'espèces auraient été particulièrement mal à l'aise à côté d'un tel prédateur. Malgré toute la technologie que l'on avait à sa disposition, les vieux instincts primaux avaient la peau dure... Mais la sénatrice avait l'esprit occupé par tout autre chose. Elle tentait de replacer les évènements, ses réactions. Elle se demandait comment elle avait pu finir dans une telle situation. Elle qui était d'habitude si calme, maitresse d'elle-même... Elle avait totalement déraillé ce soir. Elle avait eu une réaction explosive, irréfléchie. Peut être était-elle bien plus affectée par la fatigue et le stress qu'elle avait bien voulu l'admettre. Elle se sentait un peu honteuse en conséquence.

Maintenant qu'elle était dans cette situation... Et bien elle devait essayer de tirer parti de cette situation désastreuse, qui l'avait présentée sous un bien mauvais jour. Non pas que Lana n'était pas telle qu'elle s'était montrée : orgueilleuse, égocentrique et parfois colérique. Elle tâchait simplement de ne pas le montrer aux autres en règle générale. En politique, l'image que l'on donnait de soit prévalait largement sur ce qu'on était réellement. Lana n'aurait jamais pu atteindre une telle influence politique sinon ! Aussi allait-elle essayer d'amadouer Niganoht. Elle était particulièrement douée pour ce genre de chose. Quand bien même n'était-elle vêtue que d'une serviette.

Elle le regarda remplir son verre puis lui servir la boisson. Elle ne l'en aurait jamais cru capable d'ailleurs, et ne put s'empêcher de le lui faire remarquer:


- Vous êtes étonnamment habile pour une espèce dépourvue de mains, sénateur... J'ose deviner que vous me réservez d'autres agréables surprises de la sorte !

Elle se saisit du gobelet, le tenant de ses deux mains pâles pour profiter de la chaleur. Une boisson chaude, visiblement.

- Vous avez raison, je n'en ai jamais goûté. Je ne connais pas votre espèce aussi bien que je le souhaiterai, ni même votre planète. Je sais simplement que vous représentez Agamar, une petite planète aux frontières de la République, toute proche des mondes neutres et des conflits actuels...

Elle eut un sourire pauvre, puis poursuivit d'une voix douce:

- Je fais une bien piètre représentante du gouvernement, n'est-ce pas ? Je ne suis même pas fichue de connaitre mes collègues.

En même temps, il y avait tellement de sénateurs qu'il était difficile de les connaître tous, sans compter les planètes qu'ils représentaient... De part la position de sa planète, aux abords de la République et de sa zone de conflit, le sénateur venait tout juste de prendre de l'importance dans la Rotonde. Mais Lana n'allait pas lui sortir ce genre d'argument ! Elle trempa ses lèvres dans le breuvage qu'on lui avait servit. La saveur était très agréable, et lui rappelait vaguement le pain d'épice, avec son bouquet d'arômes. Elle sentait également une pointe d'alcool, même si elle n'y était pas vraiment sensible. Elle sourit, avant de poursuivre:

- Je suppose que vous accepteriez de me parler de votre planète ? Nous avons un peu de temps devant nous je pense... Et je souhaiterai rattraper mon retard sur la connaissance de votre culture et sur ceux qui peuplent Agamar. Ainsi que sur votre avis concernant le conflit avec l'Empire Sith... Votre planète semble être une des premières concernées, après tout.

Oui, s'il était bien beau de parler culture, la politique restait un des sujets de prédilections de l'umbaranne. Elle même avait du mal à discuter culture avec d'autres, car la civilisation de Kuat était déjà très connue de par son rayonnement, et celle Umbaranne était bien trop glauque pour beaucoup de personnes. Pourtant, son métier l'amenait souvent à se renseigner sur les coutumes, les langues ou les traits morphologiques des espèces qu'elle avait à rencontrer. Cela l'aidait beaucoup dans son travail, il fallait bien l'avouer...

Mais les anacondans comme Niganoht n'étaient pas spécialement nombreux dans la galaxie, et cette rencontre un peu impromptue l'avait empêchée de se renseigner en amont. Ce qui était bien dommage, car elle adorait les reptiles comme le sénateur, qui était un spécimen assez imposant. Elle était habituée a plus petit, mais il restait magnifique. Elle ne pouvait s'empêcher de le contempler avec un discret émerveillement.
Niganoht Qademanda
Niganoht Qademanda
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LANA – Vous êtes étonnamment habile pour une espèce dépourvue de mains, Sénateur... J'ose deviner que vous me réservez d'autres agréables surprises de la sorte !

Il était assez marrant de noter le nombre d'humanoïdes qui pouvaient lui faire cette réflexion débile, comme si pour eux, avoir des mains était la condition absolument primordiale pour être un tant soit peu habile. Ca semblait surprendre tout le monde qu'un Anacondan pût saisir un objet avec sa queue. Niganoht savait que le but était de le flatter, il n'allait donc pas bougonner parce qu'il en avait marre d'entendre cette sempiternelle réflexion. Il s'efforça de l'accueillir avec le sourire. C'est l'intention qui compte. Et puis, maintenant que Lana commençait à se montrer aimable, autant ne pas la couper dans son élan !

Lana se saisit de sa coupe de coppamo, et Niganoht l'imita. Il appréciait la chaleur de la boisson contre ses écailles. C'est d'ailleurs sans doute ce qu'il préférait dans le coppamo : le fait que ça se consommât chaud. La sensation de liquide qui réchauffait son corps de l'intérieur était délectable.

LANA – Vous avez raison, je n'en ai jamais goûté. Je ne connais pas votre espèce aussi bien que je le souhaiterais, ni même votre planète. Je sais simplement que vous représentez Agamar, une petite planète aux frontières de la République, toute proche des Mondes Neutres et des conflits actuels...

C'était déjà bien. Certes, c'était un minimum. Niganoht se souvenait qu'Antobin, de même que son frère et sa sœur, avait reçu des cours de géographie galactique à l'école, et apprenait donc le nom des planètes et leur emplacement, même si ce savoir devenait par la suite approximatif si l'on n'était pas amené à voyager hors de la planète. La géographie planétaire était déjà assez lourde à apprendre, alors y rajouter la géographie galactique relevait pour beaucoup du superflu. Voilà pourquoi c'était déjà bien que Lana se souvienne de la localisation spatiographique d'Agamar.

LANA – Je fais une bien piètre représentante du Gouvernement, n'est-ce pas ? Je ne suis même pas fichue de connaître mes collègues.

Au-delà de son mandat de Sénatrice, Lana Anthana était également Vice-Chancelière. Il était étonnant de l'entendre se dévaloriser, après l'image qu'elle avait donné d'elle-même. Niganoht essaya de faire sa connaissance sous cet angle nouveau. Il était évident que Lana Anthana ne pouvait pas avoir que des défauts, alors Niganoht avait envie de voir ses qualités.

NIGANOHT – Je suis loin de connaître tous les autres sénateurs moi-même, sachant le nombre que nous sommes et les changements de mandats dans toutes les planètes de la République...

Tout comme sa collègue, Niganoht vint porter sa coupe à sa bouche pour commencer à boire. Il fit frétiller sa mâchoire inférieure en savourant la boisson surtout pour sa chaleur. Le goût était assez agréable aussi, mais Niganoht préférait au coppamo plusieurs boissons froides sur cet unique critère.

LANA – Je suppose que vous accepteriez de me parler de votre planète ? Nous avons un peu de temps devant nous je pense... Et je souhaiterais rattraper mon retard sur la connaissance de votre culture et sur ceux qui peuplent Agamar. Ainsi que sur votre avis concernant le conflit avec l'Empire Sith... Votre planète semble être une des premières concernées, après tout.

Si Lana Anthana avait voulu grimper dans l'estime de Niganoht, elle n'aurait pas pu mieux s'y prendre. Niganoht posa sur elle un regard concerné et intéressé. Voilà que la conversation prenait une excellente tournure ! Il aimait parler de sa planète et en vanter tous les beaux aspects, et il aimait parler politique. Il appréciait également que l'on s'intéresse à son opinion, puisqu'il ne pouvait pas s'empêcher de la donner sur tous les sujets. Le pire pour lui était donc d'être ignoré. Cet intérêt de Lana Anthana pour sa planète et ses opinions, le réchauffèrent mieux que le coppamo dont il venait d'avaler quelques gorgées.

NIGANOHT – Avec plaisir, Sénatrice de Kuat ! Il est vrai que je crains pour ma planète compte tenu de sa position à proximité des Mondes Neutres. L'Empire Sith doit être contrôlé car c'est une menace permanente pour les peuples souverains, mais cela doit être fait avec discernement et recul. Je regrette l'escalade militaire qui s'est opérée. L'attaque sur Dubrillion, dans le dos du Sénat, a été une grave erreur ; nous faisons aujourd'hui face à des répliques sur Lorrd et sur Gravlex Med, et qui seront les prochains innocents à pâtir d'un conflit qui ne les concerne pas, si la République continue de jouer le jeu de l'Empire ? Je dois bien vous avouer, même si j'ai tout fait pour que cela soit entendu, que j'ai été quelque peu dégoûté par la tenue du débat à la Rotonde, au sujet de la destitution de la Chancelière Kira. Souhaiter la stabilité de la République dans un moment où la guerre est déclarée, ce n'est pas acquitter la Chancelière Kira et encore moins justifier ses actes. Quant à nier que la guerre est inévitable, c'est se mettre des œillères par peur de l'Empire. Seulement, je n'ai pas réussi à faire entendre mes opinions, car chacun a trop agi par émotion. Quand je dis qu'il faut agir avec discernement et recul, c'est tout ce dont les sénateurs ne se sont pas montrés capables dans leur manière d'alimenter le débat. Chacun est resté emmuré dans son émotion sans jamais ouvrir son esprit, ce qui a provoqué des paroles tantôt stupides, tantôt indignes.
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Quand Niganoht commença à parler de sa planète et de sa situation, Lana su qu'elle avait toucher à un sujet de passion. Oui, il valait mieux apprécier sa planète pour en devenir sénateur, mais beaucoup de leurs collègues avaient perdu au fil du temps cet amour fier et patriotique de leur nation. Bien, elle souhaitait l'amener sur un terrain sur lequel il serait à l'aise. Le pousser à parler. Si Lana appréciait les joutes verbales dans la Rotonde, son point restait les conversations individuelles. Loin des caméras, les points de vue pouvaient changer. Les langues se montrer plus libres. Surtout quand on discutait avec une charmeuse comme l'umbaranne, qui savait très bien amener ses interlocuteurs là où elle le souhaitait.

- Oui, cette séance de la Rotonde a été particulièrement mouvementée... Cela fait quelques années que vous êtes sénateur si je me souviens bien, vous devriez être habitué à ce type de réaction. Sous les feux des projecteurs et des caméras, nos collègues se montrent d'ordinaire fiers et orgueilleux. Alors quand on leur annonce une pareille nouvelle... Il était évident que les gens se braqueraient et n'écouteraient pas les autres !

Elle se retint d'ajouter que la majorité des sénateurs étaient, de son humble avis, de profonds idiots. Ce n'était pas spécialement un point de vue à partager !

- Que voulez-vous, il est difficile pour beaucoup de nos confrères, notamment pour les humains, que de faire abstraction de leurs émotions. C'est pourquoi, même si j'ai le plus grand respect pour les séances plénières de la Rotonde, je ne les juge pas très utiles. Tout juste bonnes à faire de grandes annonces au public, et à afficher la position "officielle" des différentes planètes...

Elle reprit une gorgée de sa boisson, avant de poursuivre:


-... Mais entre vous et moi, je pense que le vrai pouvoir se joue derrière les rideaux. Les réunions des commissions, les tête à tête informels... C'est là qu'on prend les vraies décisions, et que l'on peut faire avancer les choses. Réellement discuter avec les gens, et avec un dialogue construit, loin des brouhahas habituels !

C'était un peu comme lui signifier que, malgré qu'elle soit enroulée dans une serviette de bain, tout juste sortie de la douche à cette heure tardive, elle restait la vice-chancelière et qu'elle était en train de bosser.

- Ce jour là, j'ai trouvé que vous aviez un avis fort mesuré vis à vis de la situation... Plus ou moins la même que la Chancelière finalement, et que la mienne.

Ce qui expliquait pourquoi elle avait apprécié sa prise de position ! Elle reposa son verre, et constata qu'elle allait rapidement avoir froid aux mains après la sensation de chaleur dégagée par la tasse.

- D'autant plus que vous étiez bien plus concerné par la présente situation que beaucoup de ces hurluberlus... Comment se sentent vos compatriotes ? Je ne sais même pas de quelle population nous parlons. Vos compatriotes sont-ils tous comme vous ? Je veux dire, des reptiles.

Puis, passant à une question plus critique:

- Sont-ils prêt à se battre si la planète est attaquée ? Avez-vous une armée, ou bien vous reposez-vous uniquement sur la République ? Je veux dire, personnellement, je ne peux me reposer tranquille que parce que je sais Kuat en sécurité, avec sa puissante flotte et ses lourdes défenses...

Oui, l'ancien prince de Kuat lui avait laissé un bunker en guise de planète, comme s'il s'était apprêté à mener sa guerre privée. Lana disposait donc d'une force tout à fait décente, et indépendante de l'armée républicaine !

- Je ne veux pas revivre des désastres à la Artorias... Et malheureusement, à présent que je suis vice-chancelière, je me dois de partager les problèmes de la chancelière. Je dois donc me sentir aussi concernée que vous, et ce pour toutes les planètes menacées.

Elle s'arrêta un instant, savourant la sensation de chaleur dans ses mains. Puis son regard se fixa sur sa tasse, qu'elle avait posé plus tôt sur la table. Elle avait la main droite posée sur le long corps sinueux du serpent avec lequel elle partageait le canapé. Elle avait inconsciemment recherché la chaleur, et il fallait bien avouer qu'elle n'était vraiment pas loin du sénateur... Elle retira précipitamment sa main.


- Oh ! Excusez-moi ! fit-elle précipitamment.

Il y avait eu des affaires de harcèlements pour bien moins que cela...
Niganoht Qademanda
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LANA – Oui, cette séance de la Rotonde a été particulièrement mouvementée... Cela fait quelques années que vous êtes sénateur si je me souviens bien, vous devriez être habitué à ce type de réaction.

Finalement, Lana en savait quand même plus sur Niganoht que ce qu'elle voulait en montrer, puisqu'elle était capable de dire que cela faisait seulement quelques années qu'il était sénateur. Pour peu, elle serait allée jusqu'à dire que cela faisait quatre ans très précisément... Si Lana était capable de dire que Niganoht n'était pas sénateur depuis plus longtemps que cela, c'est donc qu'elle s'était déjà intéressée à lui, et c'était flatteur ; mais alors pourquoi faire semblant de ne savoir presque rien sur lui ? Lana Anthana était une personnalité étrange. Elle semblait enchaîner les comportement contradictoires. Elle se montrait puérile et impulsive, puis courtoise et flatteuse ; elle affirmait être une « bien piètre représentante du Gouvernement » sous prétexte qu'elle ne connaissait pas ses collègues sénateurs, mais était capable de dire depuis combien de temps Niganoht était en poste à la Rotonde, le nom de la planète il représentait et où se situait cette planète.

En tout cas, quatre ans n'avaient pas été suffisant pour vivre des débats autout d'évènements aussi majeurs que l'attaque de Dubrillion. C'est dans des moments pareils que chacun se doit de rester digne ; et les Sénateurs ne l'avaient pas été, aux yeux de Niganoht.

LANA – Sous les feux des projecteurs et des caméras, nos collègues se montrent d'ordinaire fiers et orgueilleux. Alors quand on leur annonce une pareille nouvelle... Il était évident que les gens se braqueraient et n'écouteraient pas les autres ! Que voulez-vous, il est difficile pour beaucoup de nos confrères, notamment pour les Humains, que de faire abstraction de leurs émotions. C'est pourquoi, même si j'ai le plus grand respect pour les séances plénières de la Rotonde, je ne les juge pas très utiles. Tout juste bonnes à faire de grandes annonces au public, et à afficher la position “officielle” des différentes planètes...

Niganoht n'était pas de cet avis. Du moins pas complètement. Là où il rejoignait en partie l'avis de Lana Anthana, c'est qu'il était impossible d'organiser des débats propres avec une telle assemblée, puisque les gens se réunissaient en partis politiques qui, aux yeux de Niganoht, étaient contre-productifs à un vrai débat d'opinion : les partis politiques transformaient cela en débats d'apparence. Tel parti devait absolument se montrer dans l'opposition du Gouvernement, alors l'opinion de ses membres était biaisée, forcée.
Néanmoins, l'on ne pouvait pas dire, d'un côté, que la Chancelière aurait dû parler au Sénat de son intention d'attaquer Dubrillion, et d'un autre côté, dire que les discussions à la Rotonde n'avaient aucune utilité. Les débats de la Rotonde étaient justement le moyen de permettre à chaque représentant des planètes de la République, de se sentir au moins concerné, au mieux investi, dans les affaires de la République, et de faire valoir aussi les intérêt de sa planète au-delà des intérêts des partis politiques.

Niganoht laissa Lana Anthana prendre une gorgée de coppamo, sans l'interrompre, fier de voir qu'en effet, la Proche-Humaine semblait appréciait cette boisson originaire de sa planète.

LANA – Mais entre vous et moi, je pense que le vrai pouvoir se joue derrière les rideaux. Les réunions des commissions, les tête-à-tête informels... C'est là qu'on prend les vraies décisions, et que l'on peut faire avancer les choses. Réellement discuter avec les gens, et avec un dialogue construit, loin des brouhahas habituels !

Niganoht comprenait ce qu'elle essayait de dire, puisqu'elle avait raison sur le fait que lors des discussions privées, hors caméras, hors Rotonde, les gens étaient plus enclin à parler en leur propre nom et à oublier la langue de bois.

LANA – Ce jour-là, j'ai trouvé que vous aviez un avis fort mesuré vis à vis de la situation... Plus ou moins le même que la Chancelière finalement, et que le mien.

Lana Anthana était véritablement dans une démarche de flatterie, puisqu'elle n'avait pas bien écouté ce que Niganoht lui avait expliqué, et du coup, elle tapait à côté : Niganoht n'avait pas envie d'entendre que son avis était « plus ou moins le même » que celui de la Chancelière.
Lana Anthana finit le contenu de son verre, et s'en libéra les mains en le reposant sur la table. Niganoht espérait qu'elle ne faisait pas semblant d'apprécier la boisson.

LANA – D'autant plus que vous étiez bien plus concerné par la présente situation que beaucoup de ces hurluberlus... Comment se sentent vos compatriotes ? Je ne sais même pas de quelle population nous parlons. Vos compatriotes sont-ils tous comme vous ? Je veux dire, des reptiles.

Voilà une question cocasse ! Quand on sait la place qu'avaient les Anacondans dans la région d'Agamar dont Niganoht était originaire, il y avait de quoi rire.

NIGANOHT – Oh non ! Bien au contraire, les Anacondans ne sont pas représentatifs d'Agamar, loin de là. Nous parlons donc d'Humains pour une majorité, mais aussi de Foshs, puisque le Gouverneur d'Agamar en est un, de Grans, de Rodiens, même de Karkarodons, en somme de races diverses.

Puisque le principal associé de Niganoht sur Agamar était un Karkarodon, autant faire mention de cette race pour montrer la diversité présente sur la planète.
Cela ne répondait pas à la première question : comment les Agamarans se sentaient-ils. Lana Anthana poussa la question vers un angle plus précis :

LANA – Sont-ils prêts à se battre si la planète est attaquée ? Avez-vous une armée, ou bien vous reposez-vous uniquement sur la République ? Je veux dire, personnellement, je ne peux me reposer tranquille que parce que je sais Kuat en sécurité, avec sa puissante flotte et ses lourdes défenses...

Le sujet de la sécurité était source de préoccupation pour Niganoht. Agamar était loin d'être sur-militarisée. La sécurité intérieure était à un niveau acceptable. En revanche, la sécurité spatiale était insuffisante, compte tenu de la menace grandissante que constituait l'Empire, et Niganoht en avait bien conscience. Il était sur ce sujet mitigé entre deux positions : d'un côté, il voulait conserver l'âme de sa planète et ne pas encourager Shaffzi à allouer un budget trop important à la construction de spatioports, de vaisseaux de défense et de tourelles anti-aériennes, et d'un autre côté, il ne voulait pas qu'Agamar soit dépendante de ses alliées républicaines pour se défendre d'une éventuelle attaque extérieure.

Lana Anthana ne le laissa pas tout de suite répondre, mais alors qu'elle démarra une phrase, Niganoht sentit un contact sur ses écailles, et vit qu'il s'agissait d'une main de son interlocutrice. Avait-elle fait exprès ? Niganoht appréciait le contact, alors il ne réagit pas, mais il fut tout du moins distrait et n'écouta pas les derniers mots de la vice-Chancelière qui se permettait de le toucher soudainement.

NIGANOHT – En l'état, si l'Empire attaque Agamar, chacun sera prêt à défendre la planète farouchement, je le sais. Notre planète a sa personnalité, sa beauté, nous avons tous des tas de raisons de vouloir la préserver, et l'Empire n'en aura cure s'il met la main dessus. La République est une alliée, une aide, un bénéfice dont ne disposent pas les Mondes Neutres, mais ni la République ni l'Empire ne doit altérer ce que nous chérissons sur Agamar. Je tiens à ce que nous ne dépendions de personne, nous devons avoir notre armée.

Voilà de la belle langue de bois. Niganoht n'avait simplement pas envie d'avouer à Lana Anthana qu'Agamar n'avait pas d'autonomie militaire dans l'optique de se protéger contre l'Empire. Il contournait donc la dernière question en revenant à la première : Lana avait demandé si les Agamarans étaient prêts à se battre si la planète était attaquée, alors il fallait répondre que oui et expliquer pourquoi, quand bien même ce n'était que théorique.

LANA – Oh ! Excusez-moi !

Lana Anthana retira sa main en sursaut. Niganoht comprit donc qu'elle n'avait même pas réalisé qu'elle avait posé la main sur son corps, ou alors elle jouait très bien la comédie. Elle avait l'air sincèrement surprise et gênée. Niganoht comprenait sa réaction, puisque Lana Anthana le traitait en tant que personne et que les “gens normaux” ne se permettent pas de se toucher de cette manière ; pour autant, l'Anacondan était habitué à être touché et même manipulé physiquement, et le contact physique ne l'avait jamais dérangé. Il ne voulait pas que Lana Anthana se sente donc gênée à ce point alors qu'elle n'avait aucune vraie raison, dans le cas présent, de l'être.

NIGANOHT – Ne soyez pas désolée, je vous assure, vraiment. Je vous aurais déjà demandé de retirer votre main, si j'avais voulu.
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Lana, un peu gênée, ouvrit puis referma discrètement plusieurs fois ses doigts dans le vide, comme pour se rappeler de la sensation quand elle avait touché Niganoht. Elle regarda le serpent, pensive. elle devait dire que ça n'avait pas été désagréable. Cela lui rappelait quand elle était jeune, et qu'elle manipulait ses propres serpents domestiques. Bien que beaucoup plus petit que son interlocuteur, elle les avait pourtant beaucoup apprécié. Tout ce qui était plus ou moins mortel était très en vogue sur Umbara après tout. Une culture morbide qui avait pourtant forgé le caractère de Lana, lui permettant même d'être impassible à côté d'un prédateur de plusieurs mètres de long replié à côté d'elle sur le sofa.

Elle avait sentit le cuir tiède de la créature, à travers lequel on pouvait sentir les muscles puissants du reptile, quand bien même il était au repos. Elle avait pu constater sa force, lorsqu'il l'avait sortie de l'eau. Elle avait également noté son adresse, et elle le devinait assez agile, tout comme les serpents qu'elle avait elle-même possédés. Proportionnellement à sa taille bien sûr... Tout cela lui donnait une idée sur laquelle s'appuyer pour la suite. Une opportunité qu'il serait dommage de louper. Elle resta quelques instants silencieuse, pour bien analyser les dires du serpent.

Elle savait lire entre les lignes: si Agamar avait une armée, c'était probablement juste pour repousser les pirates, comme la majorité des autres planètes à vrai dire. A part quelques riches planètes du Noyau comme Kuat, peu de mondes pouvaient se permettre l'entretien de défenses capables de repousser une invasion en règle. Si la population d'Agamar tenait vraiment à se donner les moyens de se défendre, pourquoi ne pas leur en donner les moyens ?


- Si tous les anacondans ont autant de dextérité et de force que vous, j'aurais bien une proposition à vous faire...

Elle tendit la main pour prendre son verre et une nouvelle lampée de la boisson d'Agamar, s'humectant la gorge.


- Je reçois sans cesse de Kuat des demandes pour obtenir du matériel et du personnel qualifié sur les chantiers navals en orbite. Outre les compétences techniques, mes concitoyens recherchent également des... Caractéristiques physiologiques particulières. Il est des endroits très difficilement accessibles sur des vaisseaux en construction m'a-t-on dit. Des endroits où seuls des robots très spécialisés peuvent accéder. Des robots chers d'achat, et d'entretien...


L'idée devait commencer à faire son chemin dans l'esprit du sénateur. Elle poursuivit :


- Les anacondans pourraient accéder à une partie de ces endroits. Ils pourraient ainsi nous fournir une main d’œuvre précieuse. Je parle des anacondans, mais d'autres de vos concitoyens pourraient se révéler être utiles aux équipes de Kuat. S'ils veulent vraiment se donner la peine de défendre leur planète, qu'ils viennent sur les chantiers navals.

A présent, la contre-partie. Tout travail mérite salaire...

- En échange de leur travail, outre leur salaire, je m'arrangerai pour débloquer deux stations spatiales de défense de type forteresse. Chacune est capable de repousser une escadrille complète de l'Empire si nécessaire.

C'était une défense plutôt prestigieuse. Kuat était considérée comme étant lourdement défendue car elle possédait quatre de ces stations spatiales en plus de sa flotte traditionnelle. Bien que Lana n'ait plus le contrôle direct des chantiers navals de sa planète, son poste de vice-chancelière lui donnait une très bonne marge de manœuvre pour décider au nom de la République. Elle savait à qui parler pour résoudre ce genre de problème. Rares seraient ceux qui trouveraient à redire à défendre un monde proche des frontières avec l'Empire de toutes manières !

L'offre était très généreuse, aussi Lana préféra-t-elle brandir les problèmes immédiatement, avant que Niganoht ne demande où était le piège.


- Ne considérez pas cette offre à la légère. Je tiens à souligner que les contrats à signer contraindront vos émissaires à plusieurs années de travail, sous peine de contreparties. Vous vous priverez de quelques uns de vos meilleurs éléments pour les années à venir. Pour ceux qui travailleront directement sur les chaines de montage, les endroits où ils devront travailler seront difficile d'accès. S'ils ne risquent pas leur vie, je ne peux pas dire pour autant que les conditions de travail seront agréables, ni les salaires très élevés... Mais je tiens à vous fournir les moyens de vous défendre seuls.

Lana, elle, était également plutôt avantagée par cette proposition. Elle offrait les moyens à une planète de se protéger par ses propres "efforts", les ouvriers travaillant sur les propres armes qui serviraient à leur défense. Elle pourrait avec quelques efforts tourner cela en coup de propagande à moindre frais. De plus, elle s'assurait d'une main d’œuvre substantielle sur les chantiers navals de sa planète, ce qui devrait assurer un peu plus le grand nom de Kuat dans l'industrie spatiale. Si elle pouvait avoir le soutien du sénateur en plus de tout cela...
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Il y eut un petit instant de flottement prévisible. Lana Anthana venait de commettre un geste qui lui paraissait très déplacé, et qui l'aurait en effet été s'il n'avait pas été porté sur un Anacondan tel que Niganoht – aux yeux de ce dernier, ancien animal de compagnie, non seulement ce geste n'était pas déplacé, mais il était même au contraire des plus banals. Seulement, Lana Anthana était gênée, et peut-être aussi surprise par cette réaction de Niganoht justement. D'où l'instant de flottement, que Niganoht laissa passer sans rien avoir à dire. Comme attendu, Lana Anthana finit donc par reprendre la parole :

LANA – Si tous les Anacondans ont autant de dextérité et de force que vous, j'aurais bien une proposition à vous faire...

A cette phrase, Niganoht repensa à Jadin. Il n'avait jamais oublié son ami, un ami qu'il avait considéré comme un frère puisqu'ils avaient partagé le même statut dans la famille. Tous les Anacondans étaient aussi souples les uns que les autres, mais ceux comme Jadin, typés cobras, étaient plus agiles et moins forts que ceux comme Niganoht, typés constricteurs. Tous les Anacondans n'avaient pas la même force que Niganoht, et bien que tous eussent sa dextérité dans la préhension d'objets, certains étaient bien plus agiles que lui bien qu'ayant la même souplesse – à moins d'être invertébré, difficile d'être plus souple qu'un serpent.

Alors que Lana Anthana prit une nouvelle gorgée de coppamo, Niganoht fut tout à son écoute, curieux de connaître la proposition qu'elle avait à lui faire.
Lana Anthana proposait à Niganoht de venir faire travailler des Anacondans sur les chantiers navals en orbite de Kuat. Outre les compétences techniques, l'on recherchait certains profils à morphologies particulières, pour accéder à des endroits difficiles pour des humanoïdes. En effet, les rares ouvriers à pouvoir accéder à ces endroits étaient en fait des robots chers d'achat et d'entretien. Des Anacondans, à la place de ces robots, fourniraient une main-d'œuvre moins coûteuse pour Kuat malgré le salaire qui leur serait dû. Leur capacité morphologique à se faufiler dans des endroits étroits couplée à leur dextérité et leur force, en feraient de précieux ouvriers. En plus de leur salaire, Lana Anthana s'engagerait à débloquer deux stations de défense de type Forteresse, capable chacun de repousser une escadrille complète de l'Empire.

Dans l'idée, c'était très alléchant. Niganoht refusait qu'Agamar soit véritablement dépendant de l'apport militaire d'une autre planète, mais si des Anacondans travaillaient eux-mêmes à fabriquer les armes et les infrastructures de défense, ce n'était plus vraiment de la dépendance. De plus, les chantiers navals de Kuat étaient réputés. Cette planète avait une importance majeure dans la République et ses chantiers navals y étaient pour beaucoup. Deux stations de défense de type Forteresse de technologie kuatane, ça paraissait bien. Niganoht n'était pas du tout en expert en la matière, aussi se fiait-il simplement à la renommée.

Lana Anthana le rassura sur l'absence de piège en précisant honnêtement que les conditions de travail seraient pénibles et que les salaires ne seraient pas bien élevés. La question des salaires n'était pas un souci pour Niganoht puisque ce dernier était favorable à la réinstauration de l'esclavagisme – chose qu'il se gardait bien de dévoiler à n'importe quel représentant de la République. En fait, le problème était tout autre : l'idée même de vouloir confier ces activités importantes à des Anacondans.

NIGANOHT – Tout d'abord, je dois bien vous dire que j'accueille votre proposition avec enthousiasme, et je vous en remercie. Il semble que ce soit un accord honnête qui profiterait à Agamar autant qu'à Kuat. C'est donc quelque chose que je discuterai avec le Gouvernement Agamaran, mais je dois pour être honnête vous avertir des risques que cette proposition intéressante à mes yeux ne puisse aboutir en dépit de ma volonté. Les Anacondans, sur Agamar, tout du moins dans la culture du continent d'où je viens, le plus important de la planète et dans lequel se situe le Gouvernement, n'ont simplement pas le statut de civils. Cela fait partie des principaux combats que je mène localement.

Niganoht allait devoir expliquer cela, car il devinait la surprise et la perplexité de son interlocutrice.

NIGANOHT – Les Anacondans sont considérés comme des animaux. Des animaux intelligents, raisonnés et parlants, mais des animaux de compagnie, ni plus ni moins. Ils ne sont même pas des esclaves, car un esclave travaille, occupe une fonction dans la société. L'on pourrait faire travailler des esclaves dans les chantiers navals de Kuat, mais faire travailler des Anacondans, aux yeux de la population d'Agamar, ce serait saugrenu. Rien ne l'interdirait pourtant. Les Anacondans ne sont ni civils ni esclaves. On ne leur reconnaît pas le droit de travailler, le droit à la propriété, ni aucun droit civique, mais ces droits ne leur sont pas non plus légalement refusés. Il y a un flou législatif sur le statut des Anacondans, ce qui les amène à être traités par défaut comme des biens meubles, appartenant à celui qui les élève ou qui les achète. Exactement comme des animaux de compagnie. Je ne tiens mon poste de Sénateur Républicain représentant d'Agamar qu'à un coup du sort, si je puis résumer cela aussi basiquement. Mais sachez que sur Agamar, je suis très impopulaire, par le seul fait de ma race. Les gens ne conçoivent pas qu'un Anacondan pût devenir Sénateur. Si des Anacondans sont envoyés travailler sur des chantiers navals pour construire la défense de la planète, ce sera vu comme la spoliation de postes rémunérés par une race indigne de cela. Voyez-vous ?

Lana Anthana avait feint de mal connaître Niganoht et sa planète Agamar, mais pour le coup, Niganoht pensait là réellement lui apprendre des choses. Il serait bien surpris que Lana sache déjà tout cela.

NIGANOHT – Vous comprenez donc pourquoi vous n'aviez nul besoin de vous excuser pour m'avoir touché avec votre main. J'ai beau être devenu sénateur, certaines choses en moi n'ont pas changé...

Voilà une phrase énigmatique que Niganoht ne daigna pas expliquer. Il ne voulait pas avouer clairement qu'il avait été un animal de compagnie pendant vingt-sept ans depuis sa naissance, même si c'était implicite dans ses explications. Il ne voulait pas être vu ainsi. Il n'en avait pas honte mais devait soigner son image malgré tout auprès de personnes n'ayant pas la même culture.

NIGANOHT – Il me sera donc très difficile de faire accepter l'embauche d'Anacondans dans des chantiers navals. Autant que vous soyez consciente de cela dès maintenant, même si cela ne change rien à l'intérêt que présente votre proposition.
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Lana écouta patiemment les explications de Niganoht à propos de son peuple, et du statut assez particulier des représentants de son espèce. Même si l'on entendait pas tous les jours ce genre d'histoire, l'umbaranne n'en fut pas particulièrement surprise. Dans une galaxie qui s'encombraient de sans cesse plus de règles et de lois absurdes, on pouvait trouver des petites dans ce genre. Il s'agissait le plus souvent de lois qui s'opposaient et se contredisaient, ou au contraire d'un vide juridique gênant, et trop difficile à combler sans heurter d'autres lois. Parfois, Lana se demandait si les limites de la démocratie n'avaient pas été atteinte. Il fallait mettre d'accord trop de gens, de trop d'espèces. L'Empire ne s'encombrait pas de ce genre de problème futile. Seule la loi du plus fort comptait chez les Sith.

La vice-chancelière se mit à réfléchir. Dans ce cadre juridique ou social, il y avait toujours moyen de contourner les problèmes de ce type... Pendant ce temps, le serpent laissait sous-entendre que cela ne le dérangeait pas d'être touché. Même si Lana n'avait pas su lire entre les lignes, elle pouvait sentir à travers la Force que non seulement cela ne le dérangeait pas, mais qu'il avait l'air d'en avoir envie. Elle eut presque envie de hausser les épaules. Elle s'était plutôt attendue à ce que Niganoht ne sente vexé d'être manipulé comme un vulgaire animal de compagnie. Mais après tout, pourquoi pas ? Elle ne connaissait pas tous les détails de son histoire... Bon, le client était roi, et elle devait se mettre le sénateur dans la poche.


- Dans ce cas, si vous le permettez sénateur... glissa-t-elle en le prenant à deux mains.

Elle se saisit du reptile avec précaution, évitant de le prendre trop près de la tête. On sentait dans ses gestes qu'elle avait une certaine habitude de la chose, ayant manipulé des serpents durant sa jeunesse sur Umbara. Un peu anxieuse qu'il change soudain d'avis, elle guettait le moindre geste qui aurait pu marquer son mécontentement. Visiblement, cela avait l'air d'aller... Elle faisait bien attention à ne pas serrer et le laissa s'enrouler naturellement autour de son épaule et de son bras droit, encaissant difficile le poids de l'animal. Dire qu'il n'était même pas entièrement sur elle... Elle ne se plaignit cependant pas, préférant laisser le sénateur se mettre à son aise.

La scène avait quelque chose d'irréaliste. Elle était presque nue - tout juste enroulée dans une serviette de bain - avec un énorme serpent qui s'enroulait autour de son bras. On aurait pu croire à quelque tableau rocambolesque d'artiste controversé... Et pourtant, Lana se sentait bien. Bien qu'elle n'ait jamais vraiment apprécié le contact des autres, elle savourait la chaleur transmise par l'énorme serpent. La sensation de son cuir sur sa peau. Cela la ramenait à une époque plus simple. Elle aurait presque pu se laisser aller à la mélancolie. Heureusement, tout cela se déroulait en privé. Lana frissonnait légèrement de froid, mais aussi un peu d'excitation. Elle tâcha de se concentrer.


- Nous trouverons une solution à ce problème. Nous avons également besoin d'ingénieurs mécaniques, de contremaitres... Rien ne les empêche d'amener leur anacondan et de les faire travailler sur le chantier pour faire avancer leurs propres travaux par exemple. Je sais que vous saurez parvenir à vos fins, sénateur.

Ils continuèrent ainsi à discuter de quelques modalités, puis de quelques mondanités. Chacun essayait de trouver la position la plus confortable, et Lana laissait le reptile se placer comme il le souhaitait. Elle ne semblait pas le moins du monde apeurée par Niganoht, qui aurait pu la broyer à n'importe quel instant. Elle était juste anxieuse de savoir jusqu'où elle pouvait aller avec lui. Pour ce faire, elle le surveillait légèrement avec la Force, sans pour autant insister. Si elle avait tenté de rentrer dans ses pensées, il l'aurait sentit, même s'il n'était pas aussi sensible qu'un jedi.

Finalement, un des gardes de Lana lui ramena des vêtements propres et secs. La vice-chancelière laissa le serpent se dégager de lui-même, avant d'aller se changer. Heureusement, le garde n'avait rien vu de toute la scène, et c'était aussi bien. Elle doutait que Niganoht aille le gueuler sur tous les toits, aussi s’abstint-elle de lui demander sa discrétion. Habillée de quelque vêtements simples, suffisants pour rejoindre ses quartiers à cette heure tardive, elle prit congé.


- Sénateur, merci pour votre hospitalité. C'était... Hum... Disons unique. Je ne pense pas qu'aucun de nous aurait pu faire cela avec nos autres collégues.

Les mots étaient peut être un peu maladroits, mais elle ne parvenait pas à en trouver d'autre pour décrire ce qu'il s'était passé. Avec une petite révérence, elle s'affaira à rejoindre ses propres quartiers.
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