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Quelle mission désastreuse !... Kael goûtait à tous les aléas de la vie d'un Sith. Il avait besoin d'être endurci, de toute façon, car se prendre pour le meilleur guerrier d'une tribu primitive sur une planète reculée ne prédisposait pas à la vie rythmée, pleine de rencontres, de voyages et de dangers, d'un Sith.
Cette mission aurait été une catastrophe aussi bien dans son épilogue que dans son prologue. Ca avait commencé avec la rencontre d'un mercenaire impoli n'ayant pas appris le respect qu'il devait à l'Empire Sith et à tous ses représentants, surtout quand il devait effectuer une mission en collaboration avec eux pour leur compte. Kael avait donc dû faire appel à ses supérieurs pour effectuer la mission avec un autre Sith, plus gradé que lui, plutôt qu'avec un mercenaire.
Seulement, son passage sur Nar Shaddaa n'était pas resté inaperçu. Alors qu'il s'était retrouvé seul, des chasseurs de prime lui étaient tombés dessus. Le Chironien, pris au dépourvu, et seul contre plusieurs, n'avait pas pu se défendre.

Tout ça pour une scientifique Céréenne, à la base...

Se réveillant un jour de plus dans sa cellule, Kael se demanda si toutes ses missions futures présenteraient autant d'imprévus que celle-ci. Cela faisait maintenant le quatrième matin où il se réveillait dans cette cellule de dix mètres carrés, sur la planète Groth. Un droïde passait trois fois par jour lui apporter un repas frugal et nettoyer le sol de ses déjections. Le troisième jour, il avait reçu la visite d'un Hutt qui l'avait examiné sous toutes les coutures, de la crinière aux sabots.

Tout cela évoquait de biens mauvais souvenirs, que Kael avait cru ne jamais avoir à revivre. C'est ce jour-là, avec la visite de ce Hutt dégoulinant, qu'il avait appris la vraie raison de son emprisonnement : il était voué à servir de gladiateur esclave sur Groth. Une punition pour avoir voulu... faire quoi ? Agir pour l'Empire Sith sur l'une des plus importantes planètes de l'Espace Hutt ? Ces grosses Limaces étaient tellement contentes d'avoir pu mettre la main sur un Sith, en plus d'une espèce rare... Elles n'avaient peur de rien.

En attendant, pour Kael, c'était l'humiliation. Emprisonné, observé et traité comme un animal, comme un cheval dans un box d'écurie, il pensait que personne encore n'était au courant sur Korriban, mais s'il restait trop longtemps sur Groth, ça finirait par se savoir d'une façon ou d'une autre, ou au moins l'Académie ouvrirait une enquête.

Dans la matinée de ce quatrième jour d'emprisonnement, l'on vint occuper une cellule voisine de celle de Kael – l'autre restant vide. Les cloisons entre les cellules étaient transparentes, il s'agissait de cloisons plasmatiques, bloquant les masses matérielles mais pas le son. Kael fut à peine ravi de savoir qu'il allait avoir un voisin avec qui discuter... Ca n'allait pas empêcher ses sabots de s'abîmer à force de marteler ce sol métallique.
Karm Torr
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— Et le p’tit dej, c’est room service ou bien y a des ho…

La question impertinente fut interrompue par la gifle d’une main lourdement gantée qui jeta Karm contre le mur de sa cellule. Le jeune homme essuya le sang qui coulait de sa bouche d’un revers de manche et eut le bon sens de réprimer un sourire insolent, alors que le garde se détournait, verrouillait la cellule et s’éloignait de son pas lourd.

Tout bas, le Jedi soupira :

— Luke va me tuer.

En tout cas, une conclusion s’imposait : il n’était définitivement pas un enquêteur né. Il n’avait pas fallu longtemps, de son arrivée sur la station spatiale pleine de contrebandiers à son arrestation par le service de sécurité. Plus tard, il analyserait les raisons de ce spectaculaire échec. Des questions trop directes, peut-être, sur la fameuse bombe qui avait pulvérisé le Trépidant, ce vaisseau bakurien où Luke et lui avaient voyagé.

Ou alors, c’était simplement sa tête, qui ne leur revenait pas. Les Ark-Ni comme lui n’étaient pas légions, certes, mais on en trouvait parfois aux frontières de l’espace hutt : Karm avait cru que cela suffirait à se fondre dans le paysage. Grave erreur. Tant pis. Il ne restait plus qu’à s’évader. Mais ce ne fut pas d’abord la cellule qui retint son attention.

Il avait un voisin.
Pas n’importe quel voisin.

L’espèce du Chironien le frappa moins que sa présence dans la Force. Les mains dans les poches de sa tenue de contrebandier, Karm s’approcha de la paroi transparente qui le séparait de l’autre prisonnier. Ses yeux turquoises réfléchissaient la lumière faible qui éclairait la cellule, alors qu’il scrutait Kael — il regardait moins le corps de celui-ci que son aura, bien sûr.

Il n’avait pas pris la peine de voiler la sienne, trop occupé à ne pas se faire briser les côtes par ses geôliers, et tenter de dissimuler qu’il était un Jedi aurait été un exercice tout à fait futile : si son corps petit et léger trahissait une relative faiblesse physique, son aura lumineuse dans la Force ne laissait guère planer le moindre doute sur ses talents en la matière ni sur son affiliation.

— OK…, finit-il par murmurer d’un ton prudent.

Pour être honnête, Karm ne savait pas grand-chose des Siths. Il en avait combattus, certes. Beaucoup, même : les batailles avaient été sa première spécialité. Mais il n’était ni une Sentinelle, ni un Consulaire, et en règle générale, il n’opérait pas dans l’Espace Hutt. Alors savoir ce qu’un jeune Sith pouvait bien fabriquer là était hors de sa portée.

— C’est quoi ton nom ? Darth Psychopathus ?

Et ça, c’était la raison pour laquelle on ne lui confiait pas des missions diplomatiques.

— Torr. C’est le mien.

Le sang-froid pragmatique qui faisait sa réputation n’avait pas tardé à reprendre le dessus. Les ennemis de ses ennemis étaient ses amis, au moins pour un temps. Sith ou pas Sith, ils avaient un intérêt commun. D’un geste de la tête, il désigna les parois transparentes.

— J’suppose que les coups d’sabot, ça a rien donné. La télékinésie non plus. Pourquoi ne pas avoir attaqué les gardes ?

À mains nues et quand on était un quadrupède dans un espace somme toute exigu, c’était bien sûr beaucoup plus facile à dire qu’à faire mais, à en juger par la carrure du spécimen, Karm supposait qu’il avait affaire à un guerrier. Avec un peu de chance, le Sith aurait assez de bon sens pour collaborer — avec plus de chance encore, il en aurait un peu appris sur l’endroit où ils se trouvaient.

— Note que c’est pas que j’apprécie pas le pittoresque d’un séjour à la prison des limaces mais j’ai des tas de séries holonet en retard à regarder, du coup…
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Kael observa la scène avec l'espoir vain que l'Humain à la carrure fluette réussisse à bousculer le garde lourdement armé qui le violentait jusqu'à l'intérieur de sa cellule. Vu le rapport de force, de toute façon, il n'imaginait pas bien comment l'issue aurait pu être heureuse. Du peu que Kael avait vu, son nouveau voisin avait l'air d'un petit plaisantin qui ne prenait pas bien au sérieux l'idée d'être emprisonné ici dans une cellule sans latrines pendant un temps indéterminé au bon vouloir de grosses Limaces baveuses esclavagistes.

C'est seulement quand le garde s'en alla, que Kael réalisa quelque chose chez son voisin : une aura, une couleur invisible perceptible par un sixième sens propre aux manipulateurs de la Force. Kael était peu formé encore mais il savait maintenant reconnaître la Force, ça avait été la base de son apprentissage avant même qu'il ne fût introduit à l'Académie Sith. Il était cependant habitué à déceler la Force chez des adeptes du Côté Obscur, et après avoir eu besoin de se concentrer quelques secondes. Cette fois-ci, il n'eut pas besoin de se concentrer, comme si l'aura était plus forte que chez les Apprentis que Kael cotoyait au quotidien, et surtout, l'aura avait une texture différente. Rien dans les habits de cet Humain – ou de cette Humaine, Kael ayant un peu de difficulté à déterminer le sexe de cet individu – ne ressemblait à un uniforme : c'étaient des habits quelconque, passe-partout. Pourtant, la Force ne trompait pas : elle était bien palpable chez cet individu. Si Kael le sentait facilement, alors n'importe quel Sith ou Jedi devait pouvoir le sentir aussi, et il était difficile d'imaginer cet Humain sans aucune formation.

L'échange de regard qu'il y eut entre Kael et son nouveau voisin laissa penser que ce dernier avait aussi perçu la Force chez Kael réciproquement. S'il avait reçu une formation, alors il sentait la texture du Côté Obscur, et peut-être était-ce justement cela qui l'interpelait. L'Humain s'approcha de la cloison plasmatique et dévisagea le Chironien.

KARM – C'est quoi ton nom ? Darth Psychopathus ?

Kael fixa son interlocuteur d'un regard sévère. Il ne goûtait pas à sa petite moquerie. Sa queue claqua l'air d'un mouvement nerveux.

KAEL – Kael.

répondit-il d'un ton grinçant. Par de “Darth”, pas de “Psychopathus” ni autre pseudonyme débile. Peut-être Kael s'en attribuerait-il – ou s'en verrait-il attribuer – un dans le futur, mais il n'aurait pas une étymologie aussi vulgaire. Jusqu'à présent, il aimait se faire appeler par son vrai nom.

KARM – Torr. C'est le mien.

Torr, était-ce un nom masculin ou féminin ?
L'Humain ne perdit pas de temps en futilités ne toute manière, posant directement les questions pratiques et évidentes :

KARM – J'suppose que les coups d'sabots, ça a rien donné. La télékinésie non plus. Pourquoi ne pas avoir attaqué les gardes ?

Et qu'est-ce qui lui faisait croire que Kael n'avait pas essayé ? Croyait-il qu'il s'était passivement laissé pousser dans sa cellule ?

KAEL – Je l'ai fait en chemin. Il m'ont affaibli avec un poison, m'ont entravé les pattes, et frappé avec une matraque de choc.

C'était suffisant pour lui faire passer l'envie de se défendre quand en plus il savait cela vain.

KARM – Note que c'est pas que j'apprécie pas le pittoresque d'un séjour à la prison des Limaces, mais j'ai des tas de séries holonet en retard à regarder, du coup...

Entre son jeune âge, sa voie fluette, son petit corps frêle et son insouciance, cet Humain avait tout d'un petit apprenti à peine formé. Même Kael devait paraître beaucoup plus mature à côté de lui.

Le Chironien approcha son nez semi équin à un petit centimètre de la cloison et dilata ses “naseaux”, reniflant son interlocuteur à la recherche d'indice olfactif sur son sexe. Même l'odeur était équivoque, mais ressemblait quand même plus à celle d'un homme.

KAEL – Tu es un mâle ? Et tu es... un Jedi ?

Torr n'avait quant à lui pas besoin de pousser son odorat pour sentir l'odeur de cheval répandue dans la pièce par le Chironien. Il fallait bien dire aussi que c'était une odeur d'autant plus inhabituelle dans un endroit pareil. Ca sentait le cheval, et Torr n'avait qu'à se pencher pour savoir que le Chironien était bien un mâle. Et il avait déjà deviné qu'il était un Sith.
Karm Torr
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— Mâle, femelle, qu’est-ce qu’on s’en fiche, murmura Karm d’un air distrait, en examinant le couloir de l’autre côté de leurs cellules.

Ça, c’était une réponse typiquement ark-ni — et tout à fait sincère. Dans la société où il avait grandi, les différences de genre étaient inexistantes et celles de sexe souvent imperceptibles. Ce qui constituait l’un des piliers de l’identité personnelle dans bien des civilisations était, pour Karm et les siens, absolument accessoire.

À la seconde réponse, il répondit par un hochement de tête. Un Jedi, en effet.

— La bonne nouvelle, c’est que j’ai été capturé parce que je posais trop de questions sur un sujet trop sensible.

Il ferma les yeux et se laissa gagner par la Force.

— Ça veut dire qu’on va venir poser des questions.

Et donc que des gardes rompraient un instant le champ de force de leur cellule, au moins de son côté à lui, ce qui laisserait une opportunité pour combattre. Le rapport de force serait sans doute peu favorable et l’esprit tacticien de Karm s’était déjà rendu à l’évidence : si, à mains nues, il voulait avoir une chance contre des gardes plus nombreux, armés de matraques et de poison, sa première action devait être de libérer son compagnon de cellule, pour équilibrer les forces en présence.

— Sous terre.

La présence de Karm dans la Force devenait une pulsation de plus en plus insistante, à mesure qu’il étendait ses aptitudes à la détection, pour embrasser le plus possible des chemins, des escaliers, des ascenseurs qui les entouraient. Il cherchait quelque chose de précis, bien sûr : son sabre laser. Mais les limites de sa perception furent finalement atteintes dans le dédale de la base et il en fut réduit à graver autant que possible dans sa mémoire les détails de ce qu’il avait ressenti.

Il rouvrit les yeux.

— Ils étaient quatre pour m’amener ici. Probablement autant pour v’nir me chercher. Ils ouvriront ce champ de plasma. J’m’arrange pour ouvrir de ton côté, t’en prends deux, j’en prends deux…

On avait du mal à admettre que le petit Jedi allait pouvoir terrasser deux gardes qui le dépasseraient de deux bonnes têtes mais Karm n’avait pas l’air de s’inquiéter de ce détail. Ou plutôt, il comptait précisément dessus : si sa constitution fragile était sans aucun doute un handicap, elle avait aussi ses avantages, en cela que beaucoup le sous-estimaient et que l’effet de surprise était souvent de son côté.

— On récupère les blasters, on court, la résistance sera importante en chemin, ça va être violent et peu délicat.

Il aurait bien ajouté qu’il était préférable de blesser plutôt que de tuer mais il doutait que ce genre de considérations fasse mouche auprès d’un jeune adepte du Côté Obscur. Et Karm n’était pas du genre à se lancer au débotté dans du prosélytisme pacifiste.

— On travaille ensemble jusqu’à être libres et après… Chacun sa vie. À circonstances exceptionnelles, alliance exceptionnelle.

Franchement, ça ne l’empêcherait pas de dormir. Il n’avait aucune sympathie pour les Siths, aucune sympathie pour le Côté Obscur non plus mais chaque situation avait ses particularités qui exigeaient des solutions adaptées. La vie était trop complexe pour admettre de se réduire à une morale toujours abstraite et sans nuance.

— Deal ?

Et, en attendant la réponse de Kael, Karm s’assit en tailleur sur le sol, prêt à méditer. On pouvait venir l’interroger dans cinq minutes comme dans cinq heures et, en attendant, il était essentiel de garder ses sens affûtés et son corps reposé. La présence du Côté Obscur à deux pas de lui ne favorisait guère l’apaisement de la conscience et la transe tranquille mais Karm était trop habitué à la fureur des batailles pour se laisser désarçonner.
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KARM – Mâle, femelle, qu'est-ce qu'on s'en fiche...

Torr était déjà absorbé à d'autres considérations. Il observait le couloir, la disposition des cellules et les issues possibles. Kael reconnaissait cette attitude pour l'avoir eue lui-même pendant les deux premiers jours. Seulement, les rares plans qu'il avait pu imaginer n'étaient pas applicables seul. La bonne nouvelle était qu'il avait maintenant un allié potentiel, tout Jedi qu'il fût.

KAEL – Alors pour moi tu seras un mâle.

Kael avait quand même envie de savoir s'il devait dire “il” ou “elle”, sans pour autant s'apesantir sur la question. La réponse de Torr était surprenante, c'était bien la première fois que quelqu'un affirmait se ficher du sexe qu'on lui attribuait. Enfin, non, la seconde fois : la première, ça avait été un Hutt. Pour avoir cotoyé cette race plus qu'il ne l'aurait voulu, Kael savait que ces Limaces étaient hermaphrodites, chaque individu se sentait souvent plus proche d'un sexe mais certains restaient indécis et laissaient leurs interlocuteurs les traiter indifféremment au masculin ou au féminin. En tout cas, venant d'un Humain, cette indifférence était une première.

Torr confirma au moins être un Jedi. Sur ce point, pas d'ambiguïté. Kael secoua la tête en faisant un tour de sa cellule, incrédule sur sa situation et en même temps déjà agacé : s'il voulait se sortir de là, il allait devoir coopérer avec un Jedi. Incroyable. Et quitte à devoir se retrouver à coopérer avec un Jedi, la Force aurait au moins pu lui choisir autre chose qu'un blanc-bec insouciant de constitution chétive ! C'était une véritable épreuve pour le guerrier Chironien. Une situation minable à résoudre avec un allié minable.

Torr s'était fait emprisonner parce qu'il avait posé trop de questions sur un sujet sensible. Kael se dit qu'au final, ce serait sans doute l'arène de gladiateurs et l'esclavage qui l'attendraient de la même manière ; mais Torr révélait cette information pour en venir à un autre fait : les gardes allaient bientôt revenir pour le soumettre à un interrogatoire. Kael comprit l'avantage à en tirer : les geôliers allaient devoir prendre plus de risques.

Le Jedi avait l'air concentré dans la Force. Kael se sentit un instant enveloppé par son aura, et ce fut très désagréable car il n'avait aucune envie d'être ainsi dominé psychiquement par un Jedi. Kael devinait la puissance de Torr. Comment un blanc-bec de bas étage pouvait-il développer cette puissance dans la Force ? Torr réussit en tout cas à analyser son environnement puisqu'il fut capable de dire que la prison était souterraine ; Kael pouvait le confirmer puisqu'il avait été conscient pendant qu'on l'avait forcé à avancer jusqu'ici.

KARM – Ils étaient quatre pour m'amener ici. Probablement autant pour v'nir me chercher. Ils ouvriront ce champ de plasma. J'm'arrange pour ouvrir de ton côté, t'en prends deux, j'en prends deux... On récupère les blasters, on court, la résistance sera importante en chemin, ça va être violent et peu délicat. On travaille ensemble jusqu'à être libres et après… Chacun sa vie. A circonstances exceptionnelles, alliance exceptionnelle.

Torr s'emballait vite. Dit comme ça, son plan avait l'air simple. Seulement, si le guerrier Chironien s'imaginait facilement dominer deux Humains ou Gamorréens, il avait plus de doute quant aux capacités physiques du petit Humain chétif aux cheveux argentés.

KARM – Deal ?

Kael hocha la tête. Il serait beaucoup trop bête de refuser cette alliance nécessaire et temporaire sous prétexte que Torr était un Jedi. Ils étaient tous les deux dans la même galère et ne pourraient pas s'en sortir individuellement.

Torr s'assit en tailleur et se livra à la méditation. Histoire de se purger de toute émotion qui aurait pu le rendre plus puissant dans la Force, il n'y avait pas mieux ; la Force, voilà pourtant la seule arme valable dont Torr aurait pu se servir, sachant sa potentielle puissance, et il la gâchait en méditant. Kael renacla bruyamment et commença à faire les cent pas dans sa cellule, sûr que le plan de Torr n'avait aucune chance de réussir avec un Jedi aussi incapable et faible.

KAEL – Arrête de méditer, tu vas avoir besoin de la Force pour t'en sortir, vu comment tu as l'air faible pour le combat physique...

Kael frappa la cloison d'une ruade, déclenchant un bourdonnement aussi bref qu'insupportable, afin de sortir Torr de sa torpeur, et avec un peu de chance, de l'énerver.

KAEL – C'est un robot qui vient servir à manger et nettoyer la cellule. Nous sommes comme des animaux, ici. Quand il est agressé, le robot se couvre d'un champ électrique, tu ne peux le toucher nulle part sans te faire assommer par une décharge. Et bien entendu, il s'arrête pile dans la porte de la cellule quand il vient te servir, ce qui t'empêche de forcer le passage.

Si Kael savait tout cela, c'est parce qu'il avait déjà essayé plusieurs fois depuis quatre jours.

KAEL – Les gardes ont une armure efficace à l'avant, mais les faiblesses se trouvent derrière les genoux. Si tu frappes là, tu les feras tomber. Moi, je peux aussi les bousculer avec une charge.

Kael pointa du doigt un bouton sur le mur.

KAEL – Je ne l'ai pas vérifié mais je suis sûr que c'est leur bouton d'alarme. Il faudra tout de suite les empêcher d'appuyer dessus. Quand ils t'ouvriront, tu ne seras pas capable de forcer le passage pour couvrir ce bouton. Moi, si. Tu me dis qu'ils seront quatre pour venir t'interroger ? Alors j'attendrai qu'ils ouvrent ta porte et je les insulterai. Puisqu'ils seront nombreux, l'un d'eux voudra venir me corriger. Je sortirai en force de ma cellule et me positionnerai devant le bouton d'alarme. Toi, tu profiteras de la distraction créée pour les mettre à terre : frappe derrière le genou. Si besoin, nous les prendrons en étau, je les chargerai par derrière et je te ferai sortir de ta cellule. Et après... tout dépendra de leurs réactions et de combien seront à terre.

Kael avait essayé d'analyser les points faibles des ennemis, la configuration du terrain... Tout ce qu'un bon guerrier Chironien était exercé à faire pour protéger le territoire de sa tribu ou attaquer un territoire ennemi. Seulement, il était impossible de tout prévoir. Le père de Kael lui avait déjà enseigné ceci : dans une bataille, on ne pouvait prévoir que les premiers instants, et seuls les plans à court terme pouvaient se réaliser, mais passé les premiers moments d'une bataille, il fallait improviser en fonction du plan ennemi.

KAEL – Tu te sens capable de suivre ce plan ? Je ne pouvais pas faire ça tout seul, mais à deux, si tu es efficace, nous le pouvons.
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— Yep.

Après l’exposé entier du Chironien, Karm avait enfin consenti à ouvrir un œil, pour lui jeter un regard en coin. Kael était exactement le genre de personnes qu’on ne croisait jamais chez les Ark-Ni : ceux qui parlaient beaucoup et qui cherchaient à s’imposer aux autres. Les premières années que Karm avait passées en dehors de la Flotte des siens lui avaient appris que ce genre de tempérament n’était pas rare. Alors il s’y était fait.

Et donc, ce fut le silence. La bonne volonté respective n’allait pas jusqu’à échanger des banalités et en tout cas, Karm, qui parlait peu d’ordinaire, ne fit aucun effort pour ranimer la conversation une fois le plan convenu. Les yeux fermés de nouveau, il laissa son esprit embrasser la Force et il patienta, une heure, et puis deux, et puis trois.

— Ah, finit-il par souffler d’un coup, sans bouger.

Il fallut encore plusieurs secondes pour que les premiers bruits des gardes qu’il avait perçus se fissent entendre, et que les gardes eux-mêmes se présentent à eux. Cinq, en réalité, et non quatre. Karm ouvrit les yeux.

— L’heure de dîner ?
— Ta gueule.
— Toi, t’as pas fait le lycée hotelier.
— J’vais t…

Le premier garde fut retenu par la main d’un autre, probablement son supérieur, un grand type basané avec une cicatrice en travers de la face. Celui-ci s’approcha de la cellule et considéra Karm qui se relevait.

— Vakro a des questions à te poser.

Les rires inquiétants de ses acolytes n’annonçaient rien de bon.

— Le secret de mon teint d’albâtre ?

Le chef des gardes frôla un bracelet électronique à son avant-bras et la barrière de plasma de la cellule tomba. C’était le moment d’agir. Karm ne jeta pas un regard à Kael. Il ne doutait pas que le jeune Sith remplirait sa part du contrat, puisque c’était son propre plan et qu’en somme, il y en allait de son honneur.

Le ton commença à monter. Le bouton d’alarme fut protégé. Alors Karm fit ce qu’il savait faire de mieux, ce pour quoi il avait reçu une formation si particulière, même au sein de l’Ordre : se battre. Le premier coup, paume ouverte, doigts recourbés, projeté en pleine poitrine et aussitôt suivi d’une poussée télékinésique, prit le premier garde par surprise et l’envoya à travers la pièce s’écraser contre le mur, avec un craquement peu réjouissant.

Aussitôt, les matraques firent leur apparition.

— Deux sur le putain de cheval, beugla le chef qui n’était pas chef pour rien, et surtout pas homme à oublier qu’ils avaient deux fronts à couvrir.

Deux hommes firent volte-face pour s’approcher de Kael, pendant que Karm, dans un saut périlleux retourné, atterrissait derrière le cinquième garde. Un coup de pied derrière le genou pour le faire plier, pendant que Karm détachait la vibrolame à sa ceinture — une seconde plus tard, le poignard fusait à travers la pièce en direction du chef, qui l’évita de justesse. Karm bondit pour éviter un coup circulaire de matraque lancé un peu au hasard par sa deuxième victime, dont il attrapa le poignet en plein mouvement et, profitant de son énergie cinétique, il le propulsa contre le mur de plasma qui séparait les deux cellules.

Chétif ou non, il était évident que le jeune Jedi était un expert des arts martiaux et le chef des gardes décida que les réponses aux questions de Vakro valaient moins que sa propre vie. Il laissa tomber sa matraque et dégaina son blaster mais Karm s’état élancé hors de sa cellule et il glissa au sol pour le tacler. Un coup de blaster partit par réflexe laissa une trace de brûlure sur le mur. Le chef s’écrasa à terre, Karm s’était déjà redressé ; d’un coup de talon, il lui fit lâcher son arme et le blaster, attiré par la Force, bondit dans sa main. Rapidement, le Jedi le régla pour assommer et décocha deux tirs à son geôlier.

Il se retourna, l’arme au poing, pour déterminer si Kael avait besoin d’aide. Théoriquement, il aurait pu s’engouffrer dans les escaliers et laisser le Sith en plan, mais un pacte était un pacte et il comptait bien le respecter.
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Le jeune Jedi affirma avoir assimilé le plan et être capable de le réaliser. Kael restait peu confiant malgré tout : déjà, devoir compter sur un Jedi était un paramètre hasardeux, mais en plus, ce Jedi en particulier semblait peu disposé à la réussite. Chétif, insouciant voire guignol, gâchant son potentiel dans la Force par la méditation... Ce dernier point hérissa encore une fois les poils du Chironien. Torr restait assis, inerte et silencieux. Kael n'aimait pas les boute-en-train et ceux qui parlaient pour ne rien dire ; il venait peut-être de paraître bavard aux yeux de Torr, mais il n'avait fait que dévoiler toutes ses observations et énoncer un plan, sans fioritures. Seulement, garder le silence n'impliquait pas forcément de se relaxer bêtement. Au bout d'une demi-heure, Kael essaya de le rappeler à l'ordre :

KAEL – Je t'ai dit d'arrêter de méditer, éveille ta Force plutôt, ce sera ta seule arme !

Et comme la première fois, le Chironien rua sur la cloison pour produire le même bourdonnement de plasma aussi bref qu'insupportable, dans le but de gêner la méditation du Jedi. Bon, le hic, c'est que ce bourdonnement était aussi insupportable pour Kael, c'est la raison pour laquelle il ne réitéra pas son geste malgré l'entêtement de Torr à rester dans la même attitude. A côté, Kael faisait les cent pas dans sa cellule, tel un lion en cage, même si là, il était plutôt un cheval en box. L'on n'entendait que les claquement de ses sabots sur le sol métallique ; et encore, il ne portait pas de fers, ou le son aurait été plus fort encore. Kael angoissait, pas confiant du tout en son allié exceptionnel.

Et puis finalement, vint le moment de vérité. Cinq gardes, et non pas quatre comme prévu, arrivèrent aux cellules. Voilà déjà une première difficulté imprévue. Déjà que Kael craignait que le Jedi soit un boulet, il n'avait vraiment pas besoin d'avoir des difficultés supplémentaires...
Torr fit encore le guignol prétentieux, mais cette fois-ci, ça n'avait rien de gênant. Quand la porte de la cellule du Jedi fut ouverte, Kael en rajouta une couche.

KAEL – Il a raison : vous ne savez pas à qui vous avez affaire et vous allez regretter de nous traiter de cette manière.

Cette phrase attira l'attention de l'un des gardes qui répliqua savoir très bien à qui il avait affaire : à une bête d'arène destinée à se battre ou à mourir.

KAEL – Regarde-toi : tu n'es pas moins une bête puante qui obéit gentiment aux ordres d'un Hutt avec une soumission aveugle. Vous êtes les seuls animaux ici, bien dociles, bien dressés.

Le chef ordonna à deux gardes d'aller lui apprendre le respect et la soumission. Kael jubila intérieurement : voilà qui était plus facile que prévu, finalement. Certains gardes, bien entraînés, seraient restés de marbre face aux provocation ; mais le goût du pouvoir et le sentiment grisant de domination sur des prisonniers, les empêchaient de résister à la tentation de corriger un futur gladiateur qui ne restait pas à sa place.

Matraque en main, les deux Humains ouvrirent la porte de la cellule de Kael. Ce dernier les prit de court : sitôt la porte ouverte, il chargea comme un taureau fou, les cornes en avant. Il réussit justement à encorner l'un des deux gardes et à le repousser contre le mur opposé à la cellule dans un fracas d'armure métallique ; l'autre garde réussit de justesse à esquiver la charge, et vint relever son collègue alors que Kael protégeait déjà le bouton d'alarme. Les gardes se regroupèrent, pris en étau.

Torr était toujours dans sa cellule, et si les gardes finissaient de se replier, la porte de sa cellule se refermerait et Kael se retrouverait à un contre cinq.

Chef des gardes – Deux sur le putain de cheval !

Ouh, lui, il allait manger ses dents.
Mais chaque chose en son temps : deux gardes revinrent au contact de Kael, dont celui qui avait esquivé la charge, et un autre – à croire que celui qui s'était fait encorner avait peur maintenant, ou bien avait encore un peu mal et préférait se battre contre un Humain chétif que contre un fier Chironien.

Kael tourna le dos aux deux gardes qui l'approchèrent, et lâcha une ruade sur l'un des deux, celui qui avait déjà esquivé sa charge... et qui esquiva la ruade cette fois-ci encore. Bon sang !

Garde – Attention à ses ruades ! Encercle-le !

Un devant, un derrière, les deux avec matraque électrique en main. Kael voyait du coin de l'œil Torr se battre... pour le moins efficacement. C'en était déconcertant, mais Kael dut rester concentré, car le garde derrière lui essaya de lui frapper la croupe, et c'est de peu que l'homme-cheval réussit à se décaler pour ne pas prendre de choc.
Kael se cabra, ses cornes griffèrent le plafond mais la gêne fut minime. Agitant les sabots, il hennit d'un ton menaçant. Le garde derrière lui réessaya de le frapper, mais Kael bondit en avant pile à se moment-là. Le garde réussit à esquiver sur le côté, mais au lieu de poursuivre une charge inutile, Kael s'arrêta et pivota sans lui laisser le temps de répliquer : le garde se prit son flanc en plein abdomen et fut emporté par le poids du Chironien.

Kael faisait maintenant face à l'autre garde. Il se cabra, puis pointa ses cornes une fois ses sabots retombés au sol. Son vis-à-vis faisait jouer sa matraque de choc entre ses mains et restait mobile sur ses appuis. Puis le garde passa à l'offensive, ses gestes étaient rapides et Kael eut du mal à se défendre autrement qu'en reculant. Il piétina le garde qu'il avait mis au sol l'instant d'avant, mais voyait le bouton d'alarme devenir à portée de l'ennemi.

C'était une situation périlleuse, Kael savait qu'au moindre mauvais geste, il recevrait un choc étourdissant. Contre toute attente, ce fut lui qui eut besoin de l'aide de Torr, et non l'inverse...
Karm Torr
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Le tir de blaster fusa à travers la pièce et le dernier garde s’écroula. Ça n’avait pas été la partie la plus spectaculaire du combat, parce que Karm s’était contenté de viser un homme et de lui tirer dans le dos mais le Jedi s’intéressait moins à l’élégance qu’à l’air libre. Un silence pesant tomba sur la cellule, interrompu par les gémissements des gardes encore conscients — qui reçurent successivement un tir assommant.

Karm craignait cependant qu’ils vinssent d’exécuter ce qui serait la partie la plus simple du plan, celle qu’ils avaient pu prévoir, grâce aux observations de Kael. Le reste de la base était relativement inconnu. Sans un mot, le Jedi se retourna vers le corps inanimé du chef des gardes et commença à lui faire les poches, laissant Kael récupérer les armes qui, de son côté, lui sembleraient utiles.

Tourner le dos au Sith n’était pas une perspective réjouissante mais le pragmatisme dont le Chironien avait fait preuve en exposant son plan confortait Karm dans l’idée qu’ils travailleraient de concert, au moins tant qu’ils auraient d’autres ennemis communs en face d’eux. Le Jedi glissa le vibrolame de sa victime à sa ceinture et tira de son cou un petit chapelet de circuits imprimés circulaires.

— Plein de clés, pas de biométrie, lança-t-il à l’intention de Kael.

Ça, c’était plutôt une bonne nouvelle. Il fallait dire que dans les bases hutt, le personnel ne restait jamais très longtemps et reprogrammer des serrures personnalisées devait paraître inutilement fastidieux. Karm se redressa, le blaster toujours en main. Restait à savoir quelle clef ouvrait quoi.

Après avoir vérifié le niveau de la batterie de son blaster, il suggéra :

— Allons y.

Le bouton d’alarme resté inactivé leur avait fait gagner une avance précieuse mais il viendrait fatalement un moment où quelqu’un s’interrogerait sur l’absence des cinq gardes. Il fallait se presser. Karm prit la tête, parce que Kael n’était pas exactement passe-partout et qu’il était plus logique que lui, avec sa petite carrure, serve d’éclaireur aux entournures.

L’escalier large qui descendait aux cellules menait plus haut sur une succession de couloirs étroits, sales et plongés dans une demi-pénombre. Le jour tombait par des soupiraux, au moins deux étages plus haut, ce qui suggérait qu’ils n’étaient pas très loin sous terre : un bon signe. À en juger par le petit nombre de cellules et par la sécurité somme toute sommaire, ils ne devaient pas être dans un lieu dont la détention était la première fonction. On avait dû attendre le moment opportun pour les transporter vers un endroit plus sécurisé.

Le premier couloir était désert. Karm laissait la Force guider ses sens et une partie de ses décisions. Il cherchait la bonne direction mais il cherchait aussi autre chose, quelque chose de précis : son sabre laser. Le cristal résonnait dans son esprit, comme un son familier. Ils passèrent devant des portes dont des inscriptions dans une langue qu’il ignorait décrivaient la fonction. Ils arrivèrent à un nouveau tournant. Karm jeta un bref coup d’œil avant de se redresser pour se plaquer contre le mur.

Tout bas, il souffla :

— Ascenseur, deux gardes, de part et d’autre.

Ils avaient l’effet de surprise pour eux, rien de compliqué en somme, mais il ne fallait rien laisser au hasard.

— Dix mètres, cible immobile. J’prends à gauche, tu prends à droite.

Il y avait une question implicite : Kael savait-il se servir convenablement d’un blaster ? Karm connaissait certains Jedis si puristes du sabre laser que les armes de poing leur étaient pratiquement étrangères. Grave erreur tactique, à son avis, mais il supposait qu’il en allait parfois de même chez les Siths. Mieux valait être certain que son compagnon d’infortune sache viser — encore qu’ils n’eussent guère le choix.

— Quand t’es prêt.

Karm se décala pour laisser au Chironien, cible plus massive, la protection du mur, prêt à s’exposer de son côté, le blaster dans un poing, le chapelet de clés dans l’autre, au cas où il faudrait activer d’urgence l’ascenseur.
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Kael sursauta au tir de blaster. Pas le garde. Parce qu'il en fut la cible.
Kael ne savait pas comment il allait pouvoir sauver les apparences, lui qui avait pensé que le Jedi serait un boulet, et qui venait pourtant d'être le plus en difficulté des deux. Heureusement, Torr ne fit aucune remarque désobligeante. Pour une fois, il n'eut même plus globalement aucun mot superflu. Comme quoi, en fait, il savait être sérieux quand il le fallait vraiment.

Le Jedi tourna le dos au Sith pour fouiller les poches du chef des gardes. Kael n'eut aucune tentation ; non seulement le moment était mal choisi pour se farcir un Jedi, mais en plus, Kael préférait se battre à la loyale plutôt que de frapper sournoisement. Quand bien même il aurait voulu rompre l'alliance temporaire et achever seul son évasion, il aurait annoncé son intention pour affronter le Jedi dans un duel digne.

Le Chironien se pencha sur les corps des gardes encore vivants – il n'avait pas de temps à perdre à les achever mais, à la place de Torr, il n'aurait pas mis le blaster en mode choc, et ne comprenait pas bien cette précaution du Jedi. Une forme de pitié idiote ? Peu importe. Seuls deux gardes possédaient une vibrolame ; parfait, c'est tout ce dont les deux évadés avaient besoin. Kael récupéra également deux blasters : à défaut d'avoir son arc, il était bon d'avoir tout de même une arme de tir. Seulement, Kael n'était pas du tout habitué au maniement d'un blaster, et il n'avait pas appris cela à l'Académie. De son côté, Torr récupéra un jeu de clés anonymes.

Cela leur permit de franchir plusieurs portes, avec Torr jouant l'éclaireur puisque le Chironien était à l'antipode de la furtivité dans le bâtiment. Incapable d'étouffer le bruit de ses sabots, il ne se déplaçait qu'une fois que Torr avait déjà vérifier que la voie était libre et que personne ne l'entendrait. La présence de soupiraux permettait de déduire qu'il y avait tout au plus un étage entre eux et le rez-de-chaussée.

Les deux évadés arrivèrent à l'ascenseur, mais Torr, plus sensible dans la Force, apporta une information importante :

KARM – Ascenseur, deux gardes, de part et d'autre. Dix mètres, cible immobile. J'prends à gauche, tu prends à droite.

Kael apprécia la concision et le sérieux de celui qu'il avait pris pour un guignol avant de quitter leurs cellules. Dans la situation, il ne pensait plus au fait que son allié temporaire était un Jedi. Seul comptait l'objectif de l'évasion, et l'ombre d'une trahison ne planait pas (encore). Kael regarda le pistolet-blaster d'un air circonspect, essayant de s'habituer en quelques secondes à son poids, répétant un geste de visée jusqu'à se sentir prêt. Il hocha la tête à l'attention de Torr pour lui signaler de passer à l'offensive.

Torr se décala, se mettant à découvert pour permettre au Chironien de garder tout l'arrière-train jusqu'aux flancs à l'abri. Kael tendit les bras, levant son pistolet-blaster devant lui, un peu maladroitement. Le garde de droite. Kael tira. Il visa la cage thoracique, il eut l'abdomen.

Le garde, non tué sur le coup, s'écroula dans un râle de douleur. Torr fut plus efficace. Kael galopa jusqu'à sa cible pour lui tirer à bout portant dans le coude.

KAEL – Où sont nos armes ? Parle !

Gémissement de douleur. Kael ôta son casque au garde et réitéra :

KAEL – Sabres-lasers, arc. Où c'est ?
Garde – Deuxième porte à droite par là...

répondit-il d'une voix gémissante en indiquant un couloir de la main gauche.

Garde – Mais vous aurez besoin d'un pass...
KAEL – Nous l'avons.

Kael ne doutait pas que le chef des gardes avait, parmi son jeu de clés, le pass de la réserve de possessions des prisonniers. Pressé de retrouver son sabre-laser et surtout son arc, Kael n'attendit pas que Torr fasse l'éclaireur. Devant la porte, il eut toutefois besoin de lui, et eut raison de ne pas s'en faire pour le pass. Torr ouvrit la porte, et Kael chercha d'abord son arc. Il n'y en avait qu'un dans la pièce, de toute façon : le sien. Son sabre-laser et son comlink avaient été rangés juste à côté, et une étiquette indiquait à quel prisonnier appartenaient ces objets. Kael se délesta du pistolet-blaster qui n'allait désormais plus lui servir.

L'ascenceur permit aux deux évadés d'atteindre le rez-de-chaussée. La prison était au sous-sol d'un bâtiment administratif, Kael avait été conscient quand il avait marché sous la contrainte dans ce rez-de-chaussée, et savait qu'aucune porte verrouillée n'allait retenir leur fuite. Pendant la montée de l'ascenseur, Kael en informa Torr :

KAEL – Le rez-de-chaussée est moins gardé, il y a surtout des employés administratifs. Je galope et tire sur les gardes à notre gauche, tu n'auras qu'à tirer sur ceux à notre droite. Nous serons dehors en quelques secondes... Monte sur moi.

Torr n'eut qu'une seconde pour comprendre ce que venait de lui dire Kael, avant que les portes de l'ascenseur ne s'ouvrissent. Kael avait plus qu'horreur d'être pris pour une monture, mais là, c'est lui qui proposait, car il allait avoir besoin que Torr avance à la même vitesse que lui pour tirer sur les gardes, or il n'était qu'un Humain.
Karm Torr
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C’était mieux. Tout était rentré dans l’ordre, puisqu’il avait son sabre laser. La normalité, en somme — si l’on exceptait le fait d’être dans un ascenseur avec un Sith mi-homme, mi-étalon, en pleine évasion, après avoir lamentablement échoué à poser trois questions malignes à des contrebandiers un peu épais. Karm réprima un soupir. Dire qu’il allait devoir raconter ses péripéties peu glorieuses et…

L’humain haussa un sourcil quand son camarade lui fit une proposition indécente. Il lui fallut une longue seconde de perplexité pour bien intégrer ce que Kael voulait dire et s’exécuter, en chassant les images exotiques que la phrase lui avait évoqué. Il s’installa sur le Chironien avec une aisance qui trahissait bien qu’il n’en était pas à sa première monture : il faut dire que lorsqu’on passait sa vie avec le Corps d’Exploration Jedi, à traverser des planètes inconnues et sauvages, on finissait par être plus familiers des véhicules vivants que des speeders.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent — la charge commença. Scène improbable et confuse d’un humain version poids plume aux yeux turquoises brillants, à dos de Chironien, qui tiraient de concert sur des gardes pour le moins pris au dépourvu.

Mais un coup de blaster érafla la main de Karm et le força à jeter son arme devenue brûlante. Sans hésiter, il bondit, laissant Kael plus libre de ses mouvements et son sabre laser vint voler jusqu’au creux de sa paume avant même que ses talons ne touchent le sol. Bientôt, un vrombissement caractéristique se fit entendre dans le hall et la lame bleutée, typique des guerriers de l’Ordre, renvoya un dernier rayon de blaster à son expéditeur.

Les bookmakers, les faussaires, les maquereaux, toute la population interlope qui hantait ordinairement les grands halls des repaires hutts, tous s’étaient dispersés en criant sans demander leur reste. La voie était libre, relativement, si ce n’était hors de la planète, du moins hors de leur prison. Karm rétracta la lame de son sabre et échangea un regard avec Kael. C’était donc la fin de leur alliance.

Le Jedi hocha la tête, sans savoir lui-même très bien ce qu’il voulait dire par ce geste. Que c’était fini. Que chacun irait de son chemin. Sans attendre l’autre. Sans protéger. Pendant un instant, il se demanda si Kael allait se retourner contre lui mais une alarme stridente mit bientôt un terme à toutes les tergiversations. Sans un mot, Karm se dirigea au pas de course vers une porte latérale, certains que Kael trouvera au galop son propre chemin.

Dehors, les rues de Groth étaient bondées.

— Qu’est-ce qui se passe, lui demanda sans le regarder une passante au physique reptilien, qui tenait d’apercevoir par dessus les épaules de l’attroupement ce qui se passait à la sortie du bâtiment.

Karm fit promptement disparaître son sabre sous son haut, derrière la ceinture de son pantalon. Il accrocha le blaster plus en évidence.

— Évader prisonniers o-hutt, répondit-il en forçant volontairement son accent et sa grammaire ark-ni.

La curieuse émit un sifflement désapprobateur et Karm put commencer à se frayer un chemin dans la foule. Le plus sage lui paraissait de gagner l’astroport, de se glisser dans un convoi commercial ou clandestinement dans la soute du premier cargo en partance pour l’extérieur de l’Espace Hutt. Après cela, son identité de Jedi deviendrait auprès des autorités un atout plutôt qu’un handicap.

En chemin, il ne put s’empêcher de songer au Chironien, incapable de savoir s’il devait souhaiter la réussite de son évasion ou au contraire que les gardes eussent raison de lui et éliminent un Sith de la Galaxie. Il avait du mal à ne pas se dire qu’un Jedi plus expérimenté que lui, une Sentinelle surtout, aurait su profiter de l’occasion pour instiller quelque chose en Kael. Le ramener vers le Côté Lumineux de la Force.

Mais peut-être tout cela n’était-il que l’expression de sa naïveté de jeune Jedi…
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