Le Masque de la Force
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Au milieu de la bataille acharnée, dans laquelle le Drall se voue cœur et âme, il a remarqué la discrète échappée de son compagnon, El Masaari. En effet, l’homme masqué s’est débarrassé de quelques ennemis en progressant vers les étages supérieurs de la forteresse et disparaît bientôt aux yeux d’Etiam qui se retrouve seul à passer les défenses du Hutt. Immédiatement, son instinct à travers la Force le prévient que cette soudaine disparition est suspecte. Il doit encore se défendre de deux gardiens de Dennogra lorsqu’enfin la voie est libre pour lui également : les mercenaires ne cherchent plus le combat, ils fuient de toute part en cherchant à protéger leur vie et seuls les droïdes dont il vient de se débarrasser cherchaient encore le combat. Et pour cause : une fumée noire s’insinue sous les plafonds du sombre palais.

Quelques instants, le Drall est partagé… Avec tout cela, Borenga est certainement sorti de son trou : il conviendrait de sortir du lieu le plus rapidement possible, de retrouver le reste de son équipe et de revenir au vaisseau tout en donnant l’alerte à la seconde équipe Jedi qu’il est l’heure de venir cueillir le Hutt. Mais il sait bien que tout ne se passera pas comme prévu : il faut qu’il en ait le cœur net, que va-t-il se passer sur cette plateforme pour Borenga ?
Alors il s’élance sur les traces de l’homme masqué qui l’a quitté quelques minutes plus tôt.
Le Drall grimpe dans les étages, puis emprunte une passerelle à l’air libre qui conduit directement vers la plateforme d’atterrissage. De loin, il aperçoit le Hutt et deux silhouettes proches d’une navette… Et non celle des Jedi ! La scène est mystérieusement illuminée par les flammes en contrebas : un incendie qui ravage le hangar… Autant dire que la diversion des deux padawans s’est avérée particulièrement efficace. Que les Jedi s’en sortent par eux-mêmes, le temps qu’il rejoigne cette plateforme pour s’assurer du sort de Borenga…

Mais à peine grimpe-t-il les premières marches de la passerelle qu’une silhouette qu’il n’avait pas perçu jusque-là surgit devant lui : une mirialan qui lui barre la route. Après s’être débarrassée d’un Jedi, Darth Velvet doit encore protéger la zone jusqu’à ce que le sort de Borenga soit définitivement hors de portée de l’Ordre. Plus que quelques minutes, et elle pourra s’enfuir. La chaleur de l’incendie tout proche lui lèche la joue et la fumée se mêle dans les mèches de ses cheveux.

Suspendus à plusieurs mètres du sol, les deux êtres dont les silhouettes sont illuminées par les flammes en-dessous se regardent les yeux dans les yeux quelques instants. Où est le mal, où est le bien ? Que va-t-il arriver à Borenga là-haut ? Est-ce un sauvetage du Hutt organisé par l’homme masqué ? Le Drall et la Mirialan seront-ils forcés de combattre pour défendre leur vision du destin d’un Hutt sanguinaire et meurtrier ? Prendront-ils ce risque, alors que toute chute de la passerelle engendrerait sans doute une mort certaine dans les flammes ?




Seuls les joueurs Etiam Benhult & Darth Velvet peuvent intervenir dans ce sujet. S’agissant d’un RP de stratégie et/ou combat, vous serez départagés sur la qualité d’écriture de votre RP, la pertinence, l’originalité et le réalisme de votre argumentation et de vos propositions ainsi que votre fair-play vis-à-vis de vos adversaires.
Ordre de post : Etiam - Velvet.
Etiam Benhult
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« Velvet... »

En cet instant, Darth Velvet était l’une des rares personnes à pouvoir pousser le Drall à stopper sa progression. Dire qu’il était pressé aurait été un doux euphémisme. Son stoïcisme ressemblait de plus en plus à de la colère froide, assassine.

El, ce fils de chien ! Cette vile raclure ! Etiam détestait qu’on le mène en bateau et là, il avait la conviction de se faire avoir. Non ! Cent fois non ! Borenga n’allait pas lui échapper deux fois ! Quand bien même devrait-il faire sauter toute la plateforme et perdre par la même les secrets de cet abjecte tas de bave que cela resterait une bagatelle face à la satisfaction de la vengeance. Makem Te, la Station S, l’orgueil du maître Jedi Gris réclamait réparation ! Tant que le plan suivait son cours, Etiam pouvait calmer cet égo, vaguement confiant en la réalisation de la mission, mais plus maintenant, alors que tout partait en vrille !

Et voilà que Velvet était sur son chemin, Velvet qui avait partagé ses tourments à la Station S...

À chaque fois que la Mirialan voyait le Drall, celui-ci avait une apparence peu amène. Couvert d’immondices, ou rasé, là il avait presque une tête présentable. Mais son pelage, collé par le sable, sa tenue, mouchetée de sang, et l’éclat de son regard, n’invitant pas au copinage, sans compter son aura éloquente, ne pouvaient définitivement pas le faire passer pour un aimable Jedi. Les flammes, en contrebas, se reflétaient sur l’or des anneaux pendant à ses oreilles, ainsi que sur l’or de la garde de son sabre, sabre allumé dans son poing déterminé.

Il n’adopta pas de posture particulière, il s’était juste arrêter de courir. Sa voix portait les échos de la surprise. Jamais il ne se serait attendu à voir Velvet ici, tout du moins, pas dans cette situation, pas en travers de son chemin. S’il devait la tuer pour passer, il le ferait. Mais il ne parvenait pas à imaginer que ce soit possible. Velvet détestait Borenga au moins autant que lui !

« Qu’est-ce que tu fais ici ? »

Une question directe qui appelait une réponse directe. Chaque seconde dépensée en parole était une seconde perdue. Sous ses pieds, la passerelle vibrait. La chaleur de l’incendie montait, l’air puait le brûlé. Et là-haut, sur la plateforme, une scène se jouait, une scène où il devrait être. Borenga, El... qui était la troisième personne ?
Darth Velvet
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Les flammes flamboient, ravagent le hangar, engloutissant de leurs langues ardentes les dernières illusions du hutt et ses ultimes espoirs de fuite. Matériel et hommes sombrent dans cette fournaise opaque, envahie d’une fumée épaisse à fendre au couteau. Et pourtant, en cette heure où le glas d’un règne despote sonne, où le tocsin résonne du cri des trahis et de la colère iridescente de leur maitre, je suis telle une funambule, en équilibre sur le fil d’un rasoir, terrassée par l’étreinte d’une intuition.

On dit qu’il existe un instant, en dehors du temps, exempt de son emprise, un instant à la fois infini et extrêmement court où il se disloque, laissant à l’errance notre esprit. Ce même instant qui régit le funambule, alors que flanche son équilibre, que ses bras battent le vide, alors qu’il comprend que la chute est inévitable, absolue. Cet aparté à la temporalité qui s’ouvre à sa compréhension, lui offrant l’opportunité de ressasser ses erreurs, le placement imprécis de son pied le long de la corde tendue, le geste malhabile, la pensée éparpillée, tous ces manquements à la discipline qu’impose cette pratique, et même, parfois aux souvenirs inopportuns qui s’invitent au souffle de notre mortalité proche.

La silhouette du drall, de sang et de poussière mêlés, drapée dans une juste colère teintée d’ombres et de surprise, s’impose à moi comme la chute au funambule. Sa présence, un coup de poing dans mon estomac, m’assène avec violence, un étonnement dévoilé par la courbe expressive de mes lèvres et l’arc de mes sourcils. Etiam Benhult alias Lame d’Or. Mon regard se plisse sous le sien, et mon inquiétude grandissante s’envole vers El. Aurait-il organisé cette rencontre entre le jedi gris et moi-même pour que je n’assiste à la chute de Borenga comme convenu ? M’impose-t-il cette confrontation, ignorant tout de notre passé commun, et de cette camaraderie qui ne se tisse que dans le sang versé pour l’autre et le danger, espérant ainsi m’éloigner de ses manigances ?


« Que fais-tu ici ? » claque la voix de celui qui me fait face.

La passerelle vibre sous nos pieds, et sous l’effet combiné de la chaleur et du métal, il me semble, maintenant, sentir l’odeur âcre du caoutchouc de mes semelles à mesure que la température augmente.

« Je suis ici pour participer à la fin de Borenga. » J’inspire profondément. Je n’imagine pas qu’il soit ici pour une autre raison que celle-ci, même si son équipée avec les jedis m’inspirent autant d’étonnement que d’incompréhensions. « Je suppose qu’il en va de même pour toi, même si je ne comprends pas ta volonté à le voir capturer… après tout rien ne prouve qu’il ne réchappera pas de cette soi-disante justice républicaine, avec l’argent, les informations et les contacts qu’il possède... Je n’aurais pas cru que tu ferais alliance avec l’Ordre pour obtenir réparation, une réparation partielle… »


Une chaleur incandescente lèche mes joues, et des gouttes de sueurs perlent sur mes tempes, alors qu’une fumée, épaisse et noire, gonfle sous le treillis de la passerelle, reflux de cette mer de feu sous nos pieds. Bientôt, elle léchera nos chevilles, serpentant insidieusement jusqu’à nos cuisses, à moins que le brasier ne fasse céder le métal et rompe notre plate-forme. Cependant, j’esquisse un pas vers lui, paume ouverte. Il n’y a aucune once d’hostilité dans ma posture, dans la félinité de ma démarche et les reliefs de jade de mon visage. Juste une détermination franche et peut-être la volonté secrète de ne pas fouler à mes bottes, le respect que je lui voue et ce lien si particulier qu’unit les frères d’armes.

« Etiam, as-tu réellement l’intention de laisser vivre cette pourriture ? Il n’y a que deux solutions. Si tu estimes qu’il est plus juste qu’il survive, plus nécessaire alors nous n’aurons d’autre alternative que cet affrontement entre nous. Ou alors… nous pouvons monter ensemble cet escalier pour surveiller qu’El exécute bien Borenga comme cela doit être. »

Mes paupières se closent, un instant sur les doutes qui m’assaillent, sur cette méfiance que m’inspire l’homme masqué et ses intentions.

« Dis-moi que tu seras, encore une fois, un partenaire sur lequel je peux compter et non un adversaire à faucher. »

Etiam Benhult
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Velvet s’avançait, sans encore l’intention de se battre. Le fragile équilibre n’était pas encore rompu. Un rien cependant et tout volait en éclats. Etiam savait à quel point elle était redoutable, il l’avait vu à l’œuvre. Il avait la conviction que l’affronter n’était en aucun cas une solution. Jamais il ne pourrait la battre assez vite, peut-être même ne pourrait-il pas la vaincre. Il était plus probable qu’ils y passent tous les deux, la passerelle rompue signant leur glas.

Velvet, par ses mots, lui donna quelques clefs de compréhensions. Ainsi, elle avait fait affaire avec El, El qui était sensé éliminer Borenga. Ça n’expliquait pas qui était la troisième personne sur la plateforme de décollage. Et la chaleur suffocante n’encourageait pas à de longues palabres. Sous peu, la fumée opaque engloutirait cet endroit, compliquant encore d’avantage une situation déjà bien délicate. Le Drall constatait qu’un rideau de larmes commençait à troubler sa vision. Il souffrait de la température, il en souffrait d’autant plus qu’il était couvert de fourrure, qu’il ne pouvait pas suer autant que les espèces plus glabres. L’air qu’il respirait donnait peu à peu l’impression d’être chauffé à blanc. Et le brasier, en contrebas, vrombissait si fort qu’il fallait élever la voix pour espérer être entendu.

Lame d’or s’essuya le visage d’un revers de la manche, puis observa un instant la plateforme. Il chercha ses mots, il fallait aller droit au but.

« J’ai saisi une opportunité, Velvet. »

Il revint à elle. Il n’avait toujours pas adopté de posture martiale. Mais son sabre continuait de luire, menasse latente, pourtant insignifiante à côté de la fureur des flammes.

« Il se peut que Borenga ne soit qu’un pion entre les mains de quelqu’un d’autre. Les informations qu’il détient ont énormément de valeurs. Si tu me promets de me laisser une chance de les obtenir, je te promets que cette ordure ne quittera pas cette planète en vie. »

Il parlait avec une absolue franchise. Il aurait préféré honorer son contrat avec l’ordre, mais ce n’était plus possible. Il avait trop de ressentiment envers le Hutt pour ne pas envisager de l’éliminer. Il s’y était déjà résolu. Et quand bien même il en serait allé autrement, faire ce compromis était la seule chance qui lui restait d’obtenir les fameuses informations. Il désigna de son sabre la plateforme de décollage.

« Je ne sais pas quel jeu joue El Masaari, mais il risque de nous doubler tous les deux. »

S’ils pouvaient tous les deux s’entendre, s’ils pouvaient à nouveau unir leur force, alors rien n’était perdu. Etiam voulait y croire.
Darth Velvet
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« Oui… c’est une possibilité que j’ai déjà envisagé… Son ambition guide son bras, et nous ne sommes que des cartes dans l’ombre de sa main et de son jeu. »

J’exhale un soupir résigné et mes lèvres ploient du sourire las des guerriers et des assassins repentis, de cette langueur propre à ceux dont le regard hanté se refuse à verser inutilement un nouveau sang. Et mes prunelles, en désaccord avec mes volontés apprivoisées par cette possible entente, harponnent les siennes, reflet du tumulte qui agitent mes pensées, entre inquiétude, désarroi et détermination.

« Je ne comprends pas ton désir de le questionner, et pour être honnête, je doute sincèrement qu’il révèle qui se cache derrière lui mais… soit… Si tu imagines parvenir à lui soutirer des informations, je t’accorde dix minutes. Pas une seconde de plus. Et si j’estime qu’il existe un risque pour qu’il me file entre les doigts ou pour tout autre raison mettant en péril son exécution, alors j’agirais en conséquence. C’est là tout ce que je peux t’accorder… »

Et peut-être est-ce déjà de trop ? Agissant de la sorte, je lui offre l’alternative, la potentialité de renverser le rapport de force entre nous. Et si en cet instant, il penche en ma faveur, je n’ignore pas que lorsque nous rejoindrons El, il s’inféodera au drall. Ici, je peux le contraindre, l’arrêter, l’écarter de l’homme masqué, qu’il ne puisse le rejoindre, même si je doute de sa probité à mon égard. En lui accordant ces quelques minutes d’interrogatoire, je lui arroge le droit de me voler ma victime et, peut-être aussi, ma liberté.

« Au-delà de ça, si tu te mets en travers de mon chemin, et ce en dépit de mon respect envers toi, sache que je n’hésiterais ... »


Mes mots, ma menace, ma voix s’étouffent dans le fracas d’un grincement métallique, dans l’âcreté de cette épaisse fumée noire. Le craquement du fer que l’on tort, crisse à mes tympans et la passerelle, comme agitée de la houle d’une mer démontée, tangue dangereusement. Elle se déforme encore dans un hurlement d’agonie, ponctué de mon cri d’étonnement, inculquant brutalement à la plateforme précaire, un angle sordide. Sous mes pieds, le treillis se dérobe et me projette par-dessus le garde-corps racorni sous la chaleur. Je me rattrape, in extremis, et mes doigts empoignent avec fermeté une barre brûlante alors que mes jambes suspendues au-dessus des flammes du brasier, battent le vide et la fumée. Au creux de mes mains, libérés par le métal chauffé à blanc, des cloques se forment et éclatent, engendrant une souffrance supplémentaire.

Je fonds sous cette fournaise, luisante de sueur sous l’effort constant et la douleur. Et cette maudite fumée qui encrasse mes poumons de son gaz sombre alors que mes muscles luttent pour quelques atomes d’oxygène. Mes dents se plantent dans mes lèvres, maigre exutoire aux milliers d’épines fouraillant mes paumes, pourtant je ne cède pas à la panique. La peur n’évite pas le danger, elle vous tétanise juste, jusqu’au souffle de la Faucheuse sur votre nuque. Ignorant ce qu’il advient d’Etiam, tout en devinant que sa posture ne doit pas être beaucoup plus enviable que la mienne, je me recentre dans la Force, appelant son flux en moi sans l’endiguer. Et mon supplice, loin de devenir un frein à cet appel, se mêle à ma conscience et à l’assurance de mon âme. La réponse immédiate fuse dans mes jambes, délie les tensions de mes muscles, me pousse, me porte par au-dessus et j’atterris à nouveau sur ce qu’il reste de la passerelle : un squelette décharné, délité en pleine agonie.


Il est plus que temps de déguerpir. Oui... mais pas seule. Mon regard explore rapidement les alentours et je crie pour surmonter le bruit des flammes affamées et du fer moribond, dans l’espoir de le découvrir entre les côtes décharnée de la plateforme, dans l’espoir de lui porter assistance avant que tout ne cède définitivement sous nos poids.

« Etiam ! »

Etiam Benhult
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Maudite soit la main du hasard !

Alors que le compromis était trouvé, alors que la perspective d’un duel s’évanouissait, voilà que l’équilibre se rompait. La passerelle vivait ses dernières secondes. Ses sursauts d’agonie prirent Etiam au dépourvu, concentré qu’il était sur les mots et les gestes de Velvet.

Déjà la gravité jouait contre lui, désireuse de le précipiter dans cet abyme ardent. Il basculait, tombait, voyait la Mirialan pareillement déstabilisée. Point le temps de l’aider, la survie avant tout. Le Drall, par réflexe, attrapa d’une main un lambeau d’acier. Son pelage et le cuir de sa mitaine le prémunirent un instant du bouillant de la matière, un instant seulement. Appelant à lui la Force, dont il aurait bien besoin ne serait-ce que pour éviter de tourner de l’œil sous cette température infernale vomie par le vent noir de fumée, il resta suspendu, entre ciel et flammes. Son sabre, lui, voltigeait dans le vide, promis à l’oubli. Il l’avait lâché. Il tendit la main, usa de télékinésie, le récupéra, l’éteignit, le fixa à sa ceinture, puis exécuta quasiment dans le même mouvement un improbable salto que seul un adepte des arts Jedi pouvait espérer accomplir.

Le voilà réceptionnée sur l’un des rebords de la passerelle, le seul qui tenait encore, le plus élevé donc. Il se redressa, en équilibre sur cette poutre de métal affreusement étroite. Alors il perçut un crépitement proche, vraiment trop proche. Baissant les yeux, il constata que son manteau gris avait pris feu. Sans doute le vêtement avait-il rencontré quelques éléments trop surchauffé durant cette scène de haute voltige. Le Drall, un juron muet sur les babines, l’abandonna au brasier. Le voilà bras nus, le torse couvert d’un juste-au-corps assorti à ses mitaines noires. Plus rien ne cachait le pistolet blaster de gros calibre qu’il portait en compagnie de son sabre. C’était un souvenir d’une mercenaire qu’il avait apprécié... Velvet l’appela. Il se retourna. Sans trop de surprise, il la vit elle-aussi remise de l’incident.

« Dix minutes », lui cria-t-il en guise de réponse.

Sa promesse, leur compromis, leur pacte du moment. Dix minutes et une vie à prendre. Mais avant cela, il fallait atteindre la plateforme de décollage, et pas uniquement pour Borenga. C’était le point le plus proche où se réfugier. Faire marche arrière n’était même plus envisageable. D’ici une poignée de secondes, la passerelle se romprait pour de bon.

Lame d’Or s’élança donc, courant en équilibre précaire sur la poutre. Sa première foulée fut un rien maladroite à cause de ses semelles en train de fondre. Sa vision était trouble, un début de vertige s’annonçait. Cette poutre où il focalisait toute son attention, c’était le fil qui le raccrochait à l’existence. Velvet le suivrait, ou le devancerait. Si elle s’avérait félonne, elle pouvait aisément l’envoyer choir, mais il avait la conviction qu’il pouvait lui faire confiance. Elle était, ici et maintenant, sa seule alliée. El, lui, avait intérêt d’avoir de bonnes explications !
Darth Velvet
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J’hoche la tête à son assentiment et son cri, et filant sur cet étroit lien de métal encore subsistant de la passerelle, je cours loin du gouffre et de son brasier. Sous mes pas et ma fuite, le métal grince encore, ultime sursaut d’une agonie consommée, pourtant rien ne saurait me distraire de ma trajectoire, de cet autre qui fuit en écho aux martèlements de mes bottes. Ni mes semelles fondues, ni cet équilibre précaire, ni l’oscillation de ma poutre au-dessus de la fournaise alors que je la traverse jusqu’à atteindre le quai en quelques enjambées.

Derrière nous, un dernier mugissement métallique crisse lugubrement en une plainte sinistre, et l’ossature de ce qui fut notre chemin s’écroule, dévoré par l’incendie du hangar. Mon regard, un instant, s’attarde sur la danse des flammes et des volutes de fumée opaque, le miroitement fugace du métal fondu. L’enfer se déchaine, affamé, toujours plus avide, presque insatiable. A la fin de cette nuit, il ne restera de cet endroit qu’une trainée de poudre et de cendres, et peut-être aussi, un sillon d’ébène sur une aube sanglante.

J’essuie d’un revers de manche, la crasse maculant mes joues de noir, et me défait de ma mante, de cette mue d’étoffe brulée et d’obscurité mitée, l’abandonnant en corolle vénéneuse à mes pieds. Et mes prunelles s’enfuient vers le haut de ces escaliers, en ces lieux où résonnent mes incertitudes comme un écho dans la Force, là où El se doit de m’attendre, là où nous devons parachever cette folie et le règne de Borenga. Pourtant mes doutes, papillons de défiance et d’inquiétudes, vibrent, vibrionnent dans mon ventre en une nuée de fourmillement, en une mise en garde dont je ne parviens à m’absoudre.


« Attends Etiam… » l’arrêtais-je avant qu’il ne s’élance plus en avant. « Je… Je comprends que tu veuilles réclamer des comptes à El Maassari . Pour ma part, et malgré l’avertissement que je crois sentir par-delà la Force, je ne peux juger de ces actes à mon encontre. Sa trahison potentielle est loin d’être consommée même si… je ressens une perturbation et cette aura qui m’est inconnue. Qu’il se joue et se serve des jedis nous était nécessaire, et en cela il a agi selon notre stratagème. Je ne le condamnerais pas sans savoir… »

Et ne te laisserais pas davantage lui faire du tort s’il s’avère qu’il n’y a nulle traitrise à mon encontre. Mais cela je le tais. Me contentant d’appeler à moi la Force, de m’enrouler dans son tissu éthérée et arachnéen, de me fondre en elle, dans ses ombres, dans son obscurité, pour ne plus être qu’une ligne fantomatique, indécelable, une voix chaude et susurrante dans la nuit.

« Mais… il n’est pas prudent de se jeter ainsi dans une arène sans en connaître les règles, les tenants et les aboutissants. Jouons de discernement, usons d’une précaution. Si tu souhaites y aller de front, je demeurais dans l’ombre telle un atout et tu pourras obtenir ta confrontation avec El sans les parasites de ma présence. Me vaincre est, je pense à ta portée, du moins il le croira sans peine. Ou alors tu peux choisir de te dissimuler aussi et de venir voir en espion de quoi il retourne exactement… Ton choix. Ta décision. »

Etiam Benhult
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La passerelle avait été engloutie. Etiam fixait ce feu dantesque, songeant non pas à cette mort évitée de justesse, il dansait trop souvent avec la faucheuse pour s’émouvoir de pareil moment, mais à ces retrouvailles avec Velvet. Que leur réservait le destin pour avoir décidé de les réunir ? Borenga avait déjà changé tant de choses dans sa vie... allaient-ils vraiment mettre un terme à sa folie ?

Il récupérait son souffle, avait l’impression de respirer autre chose que du feu vaporisé. Il tâchait d’atteindre la sérénité avant l’ultime instant. Le spectacle des flammes avait cet avantage d’emporter les pensées. Il écouta sa compagne de circonstance s’adresser à lui. Il lui répondit avec un calme plus authentique :

« N’ais crainte, Velvet. Je parle avant de frapper. Et ça fait des années que j’ai quitté l’ordre Jedi. Je ne crois pas avoir des leçons de moral à donner à El. Et du moment que Borenga ne nous file pas entre les doigts, je crois que je pourrais entendre à peu près n’importe quoi avec le sourire. »

Il fit face à l’escalier, leva les yeux.

« Au demeurant, tu as raison. Je perçois également une aura qui m’est étrangère. Nous n’avons pas toutes les pièces du puzzle en main et nous serions bien mal avisés de nous avancer bille en tête. »

Il essuya son visage avec sa main, constata que c’était quasiment inutile, sa main étant tout aussi sale. Il devait avoir une mine vraiment affreuse. Peu importait. Il fixa la Mirialan qui, à son image, avait abandonné une mante roussie et qui, désormais, se tissait d’invisible. Décidément, il l’appréciait, pour ce qu’elle était, pour sa manière d’agir. Ce n’était pas le moment pour de telles réflexions. Il lui adressa un sourire confiant, qu’eux deux au moins sachent dans quel camp ils étaient, le leur à l’occurrence. Il ne se dédisait pas totalement de l’engagement pris envers Maître Don, il avait prévenu le sage vieillard qu’il prendrait des initiatives si la situation l’exigeait. Et la situation l’exigeait.

« Allons telles des ombres. »

Il commença lui-aussi à se dissimuler. Avant qu’il ne prenne d’assaut le vaisseau amiral du Hutt, il avait toujours été quelqu’un qui frappait dans l’ombre. Assassin furtif, il troquait une escrime perfectible contre un coup d’éclat foudroyant, escomptant une victoire rapide plutôt qu’un éprouvant duel. Dieu que ce temps lui semblait loin. Borenga l’avait poussé dans ses retranchements, l’avait changé, assurément. Toutes ces personnes qu’il avait occis, juste pour l’atteindre, lui...

« De toute façon, nous sommes morts », conclut-il avec un petit geste en direction du brasier.

On pouvait en effet croire à leur disparition. Ils s’étaient battus sur la passerelle et avaient péri. Lame d’Or, quoi qu’il en soit, commença à gravir les marches, dissimulé par un voile de Force.
Darth Velvet
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A son tour, il se dissimule dans l’étole fallacieuse et illusoire de la Force, se drape dans cette étoffe de nuit, de mensonges comme l’on revêt un costume. Deux ombres intriguant, vacillant sous la brise nocturne souillée du feu et des cendres, du sang et du cri de débâcle des miliciens. Un souffle éthéré, invisible et létal, à la fois une promesse de danger et de sauvegarde pour El. Et nous gravissons les marches de cet escalier, foulant d’un pas rythmé et muet le permabéton, le regard pointé sur notre horizon, sur cette destinée sibylline profanée par cette présence inconnue.

Ma respiration s’accorde aux battements de mon cœur troublé, oppressé sous l’effluve suave et mystérieuse de cette aura. Qu’elle est-elle pour voler l’oxygène de mon air, corseter ma poitrine jusqu’à m’abandonner suffocante dans les méandres anxieux d’un tourment et l’obsession d’un désastre futur. Et Etiam ? Ressent-il les relents de son empreinte huileuse, l’âcreté corrosive de sa présence ? Goûte-t-il, en miroir de moi, à sa morsure, à l’instillation de ce poison insidieux dans ses veines ? Malgré l’étau broyant ma confiance, égratignant mes convictions de doutes et d’angoisses, je chasse d’un mouvement de tête cet avertissement, continuant mon ascension jusqu’au sommet, jusqu’à Borenga, El et leur invité mystère.

Il ne nous faut que quelques secondes pour gravir toutes les marches et accéder à la plateforme. La grosse voix du hutt, suppliante, reste suspendue un instant, laissant résonner entre Etiam et moi, les résidus d’un nom. Darth Ynnitach… Mes prunelles noyées dans l’obscurité de ma dissimulation s’apposent sur le visage de la femme, dévalant les reliefs de son profil, la droiture de sa posture et la noirceur de son âme subitement révélée. L’étonnement s’imprime sur les miens, arrondissant ma bouche de surprise, alors que je glisse silencieusement à couvert. Que fait l’Impératrice sur ce tarmac à négocier avec ce maudit El, parce qu’en cet instant, je ne doute plus qu’il m’ai joué là, un bien sinistre tour. Entourlouper les jedis, Ragda et moi… pour attirer la Maitresse des Siths en ces lieux ? A quelles fins ? Une négociation ou ses ambitions le pousseraient-elles jusqu’à une autre extrémité plus mortelle ?

L’idée qu’il vise son titre m’effleure en même temps que l’opportunité d’assener un coup décisif à l’Empire. Mais les siths étant ce qu’ils sont, ce ne serait que bien temporaire… Quoiqu’il en soit, je demeure coite, sentant tout proche de moi, le souffle saccadé d’Etiam, et devinant sous la cendre, le dessin de sa botte.

Etiam Benhult
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Gravissant les marches, Etiam parachevait son camouflage tout en se focalisant sur les auras qu’il percevait. Il identifiait aisément celle de El Masaari. L’autre était sombre, puissante, celle d’un Sith assurément. Il ne se livra pas au petit jeu des suppositions, l’escalier était trop modeste, le chemin, trop court, pour ce genre de fantaisie. Il avait soif de concret.

Et il en eut.

Jamais, ô grand jamais, il n’aurait imaginé se trouver à quelques mètres de Darth Ynnitach, impératrice de l’empire Sith. Décidément, Borenga avait le chic pour attirer les puissants. Étaient-ce ses secrets qui lui donnaient tant d’importance ?

Avant toute chose, le drall marcha dans le sillage de Velvet. Se mettre à couvert, voir sans être vu, entendre sans être entendu, voilà leur priorité. Car ils avaient un puzzle à compléter et, inévitablement, une décision à prendre. Que manigançait El ? Qu’est-ce que le hutt allait dire ? Que voulait l’impératrice ? La vengeance d’Etiam avait-elle encore un sens ? Avait-elle besoin d’un sens ? Cette raclure allait payer, quoi qu’il arrive, mais fallait-il tenter quelque chose contre Ynnitach ? Lame d’Or avait cessé de représenter les Jedi depuis qu’il avait trouvé un compromis avec Velvet. Il s’était certes approché de l’ordre, préférait ce dernier à l’empire, mais comptait-il pour autant s’attirer les foudres de ce dernier en s’en prenant à sa dirigeante ? Était-ce seulement envisageable compte tenu des forces en présence ? Provoquer le chaos ne permettrait-il pas à Borenga de s’enfuir d’une manière ou d’une autre ?

Tant de questions à peser, à méditer. Présentement, Etiam se tenait à côté de son alliée de circonstance, immobile et aussi paisible que possible. Son souffle était devenu régulier, ses yeux noirs, par delà le voile de Force, scrutaient les visages, les postures... les armes.
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