Luke Kayan
Luke Kayan
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Taris la mutilée, la désertique attendait que l’on panse ses plaies. Alors que rien ne prédestinait Luke le Consulaire à devenir médecin quelques années auparavant, le hasard ou la Force avait décidé de lier son destin à celui de cette planète malmenée. Il avait appris à soigner, suffisamment en tout cas pour être assis à côté du vindicatif Moebius, un Chevalier plus âgé que lui. Pendant le trajet, l’homme aux cheveux ras avait essayé de convaincre son interlocuteur blond.

-Passer après le désastre, distribuer des poches de sang ne stoppe ni l’infection, ni l’hémorragie. Nous ne faisons que traiter les symptômes sans chercher de vaccin définitif.

Moebius avait vu beaucoup de mondes détruits par la guerre, des familles déchirées au point de porter à son cœur d’irréparables fissures. Mal à l’aise Luke avait tenté de le rassurer un peu avant de tourner la tête vers le hublot comme si essayer de contempler les étoiles sans nerfs optiques fonctionnels était finalement plus simple que raisonner cet homme-là. Le front appuyé sur la fraîcheur salutaire du verre, le Hapen avait clos ses paupières sans parvenir à concilier le sommeil, il en aurait eu bien besoin pourtant vu la tâche qui les attendaient.

Le camp provisoirement monté regorgeait de plaintes, cris et pleurs. Et même dans les recoins en apparence plus calme, le Jedi pouvait sentir émaner le chagrin. Il s’avança, attitude calme mais gorge nouée vers les volontaires qui palliaient aux problèmes les moins graves. À ses côtés, l’aura furieuse de Moebius grondait. Le dialogue s’était rompu entre eux, puisqu’ils ne partageaient pas du tout la même vision de ce que devait être leur mission, d’ailleurs le partenaire du Consulaire, un Gardien versant dans l’art de la médecine, semblait trop occupé au comlink pour tenter de rétablir la conversation.

L’après-midi fut chargée pour les deux Jedis dont les doigts pataugeaient dans le sang. Luke avait la voix cassée à force de réciter des posologies apprises par cœur et ses mains portaient de nombreuses égratignures, signe qu’il n’avait pas le loisir de faire attention à ses gestes lorsqu’il découpait des pansements. Voyant et plus expérimenté, Moebius opérait, secondé par un Luke silencieux mais docile qui soutenait l’anesthésie via la Force, calmait les patients ou facilitait l’acheminement des médicaments. Dans la moiteur lourde d’un soir qui s’annonçait pluvieux, l’équipe médicale éprouvait de réelles difficultés à faire face au flot d’êtres souffrants qui débarquait dans l’infirmerie de fortune. La perte d’un enfant après de vaines tentatives de réanimation ne firent que tendre l’atmosphère davantage. À chaque pose, Moebius se précipitait sur son comlink, Luke l’entendait parler vite et bas. Sans doute était-il en plein rapport préliminaire, glissant peut-être quelques mots sur son inutile de collègue au comportement impassible. C’était pourtant la meilleure attitude leur avait-on enseigné. La plus difficile à maintenir mais aussi la plus efficace afin d’enchaîner les patients. Le blond se souvint des propos de Karm. Était-il trop froid ? Ou la neutralité qui le caractérisait était-elle salutaire ? Le comportement de Moebius le déstabilisait, pour autant le Chevalier était une référence dans le domaine des soins sur des terrains accidentés. Le Hapien se consolait en se disant qu’écouter les ordres secs de l’homme lui permettait déjà d’apprendre beaucoup, à défaut de recevoir des conseils. En effet, après son prolixe exposé sur le besoin d’agir au lieu de simplement réagir, son aîné avait abandonné toute tentative discussion, axé sur un projet qui semblait préparé depuis longtemps déjà et qui se mettait doucement en place.

Le soir, d'humeur métaphorique, s’annonçait pluvieux, chargé en nuages qu'il était. Une silhouette en blouse, gringalette, découpa la brume lourde et épaisse. Sur le bout du long nez parsemé de tâches de rousseur du jeune volontaire, de grosses gouttes de sueur perlaient.

- J'ai regardé dans l'aile A.- le petit couloir débouchant sur une "salle" au toit en sacs de toile et de plaques en duracier récupérée en guise de sol était ce qu'ils avaient pompeusement appelé "aile A." Il y en avait trois au total sans compter l'unique bâtiment en dur plus propre et aseptisé pour les opérations ou les soins. Une pour les blessés/malades critiques, une autre pour les contagieux et la dernière pour les cas qui pouvaient attendre.- Maître Égos n'est pas là. Non plus. Nulle part!


Tandis que Luke s'attelait à montrer son inquiétude de manière moins euphorique que le rouquin, une femme, potelée mais vive fit son apparition. Keña était aussi une volontaire, originaire de Taris après que ses grands-parent y aient émigré. Avant la catastrophe, ces derniers avaient obtenu une bonne situation et leur fille n'avait jamais manqué de rien. Keña n’était pas habituée à cette atmosphère, elle n'était pas non plus infirmière. Pour autant, elle s’acquittait de sa tâche de réceptionniste avec ferveur. Une ferveur égale pour ses parents internés dans l'aile B -celle des cas qui pouvaient attendre.- que pour les autres patients.-

- Il y a du mouvement, un groupe dissident. L'Empire risque de resserrer l'étau.

- Humpf, tant que la tourmente reste loin de nous, je ne crois pas qu'il s'intéresse à nous. - répondit le Hapien en essayant de tranquilliser Keña. Les alertes comme celles-ci étaient légion. La majorité du temps l source du problème n'était même pas identifiée. Comme pour épaissir le mystère ou les enjoindre à passer à autre chose, la vieille radio grésilla avant de s'étendre avec un petit "clac" caractéristique. Elle était bonne pour sortir de l'infirmerie et terminer dans l'Aile Z, dehors parmi les cimetières improvisés et les charniers. Comme tant de victimes ici. Un instant, Luke songea à l'amertume de Moebius, il pouvait la saisir bien qu'il continue de désapprouver la manière de son aîné à la laisse sortir. D'ailleurs, où était-il?

***

- Comment ça, le Chevalier Érgos était avec eux?

La voix de Luke peinait à couvrir les clameurs et lamentations mêlées. Certains soutenaient la rébellion, tandis que d'autres gémissaient à l'idée d'attirer des inquisiteurs impériaux chez eux. Le blond faisait partie des seconds, surtout que Moebius manquait à tous ses devoirs de Jedi. Mal à l'aise à l'idée de reprendre un aîné mais conscient de cette nécessité, le Jedi attrapa son comlnk.

- Il n'y a pas d'autre solution. Vous ne pouvez ouvrir les yeux mais ouvrez-vous à la Force bon sang.

- Mais enfin, nous ne sommes pas des mercenaire! Notre mission est de...

La communication fut coupée. La réflexion de Luke sur la véritable implication de Moebius dans la possible attaque de pirates fut brisée par un bruit au-dehors. Un gros bruit.
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