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Le soleil se couchait à travers les vastes bais vitrés de la grande bibliothèque nimbant l’immense pièce d’une douce chaleur ocre aux reflets irisés. Les reflets colorés allaient se perdre jusque dans le chignon blanchâtre d’Hildegarde Marja, plongée dans la lecture de son datapad. Confortablement installée dans un fauteuil aux coussins rouges, la femme avait chassé un impudent padawan quelques dizaines de minutes auparavant afin de récupérer la place lui donnant une vue plongeante sur les étagères. Impeccable comme à son habitude, la fière grand-mère portait une longue robe fleurie s’arrêtant aux genoux. Elle était ajustée au niveau de la taille par une petite ceinture dorée à laquelle pendait son sabre laser. A une époque elle ne serait jamais permise ce genre d’excentricités mais elle avait pour elle le privilège de l’âge et savait pertinemment que personne n’oserait lui faire la réflexion.

Ses doigts ridés glissaient à rythme régulier sur l’écran du datapad, la vieille Jedi était si captivée par l’écran qu’elle fronçait les sourcils plissant les yeux d’un air débonnaire, très étonnée par ce qu’elle voyait.

Un bruit de discussion un peu trop fort se fit entendre entre deux rayons de la bibliothèque. Les paroles se transformèrent en éclats de rire brisant l’atmosphère studieuse et solennelle des lieux. Plusieurs jeunes padawan levèrent la tête interrompant leur lecture pour localiser la source de cette nuisance sonore pourtant parfaitement interdite dans un lieu comme celui-ci. Fulminant intérieurement, Hildegarde se leva brusquement laissant son datapad choir sur le fauteuil et se précipita vers les responsables de ce crime contre la bienséance. Les sourcils toujours froncés elle posa son regard sévère sur deux jeunes Chevaliers qui s’arrêtèrent de rire instantanément en voyant la Maître si en colère qu’on aurait cru pu croire que des éclairs de Force s’échappaient de ses yeux.

- Bonjour Maître Marja, dit le premier Chevalier en s’inclinant légèrement.

La caratienne ne perdit pas de temps en amabilités, fidèle à sa réputation.

- Chevaliers, nous sommes dans une bibliothèque au cas où votre sens de la déduction vous fasse défaut. Vous empêchez tout le monde de travailler et de se concentrer. Qui y a-t-il de si drôle au rayon médecine et techniques thérapeutiques pour que vous vous esclaffiez de la sorte comme deux petits gougnafiers turbulents.

- Mais Maître, s’affola le Kuati la mine déconfite.

- Il n’y a pas de mais qui tienne, silence insolent.

Le second Chevalier eut un léger sourire devant la déconfiture de son ami ce qui n’échappa pas au regard percent d’Hildegarde, elle le dévisagea aussitôt avec fracas le dévorant des yeux.
Partagez-moi ce qui vous fait sourire Chevalier Lans. En tous cas, je suis sûr que ce ne sont pas vos progrès en Makashi qui vous rendent si enthousiaste.

- Heu, non Maître Marja, nous parlions de…

- Je me fiche de vos sujets de conversation Chevalier, séparez-vous. Si je vous entends encore, je vous condamne pour crime contre le silence. Allez, vous, allez-vous asseoir là-bas, et vous Chevalier Lans de ce côté, profitez-en pour récupérer le guide du Makashi volume III par feu Maître Cezzei, voulez-vous. Je ne veux plus vous entendre, c’est un ordre.

Légèrement humiliés par l’hystérique Hildegarde qui avait attiré tous les regards de la bibliothèque vers elle, les deux chevaliers s’inclinèrent et prirent la direction demandée sans demander leur reste. Comme beaucoup, ils connaissaient la réputation peu flatteuse de la mamie Jedi qu’il ne valait mieux pas trop contrarier. Maugréant que plus personne ne respectait les règles, elle se dirigea vers sa place ne manquant pas d’apostropher le petit groupe de padawans assis en tailleur sur l’épaisse moquette.

- Reprenez vos lectures jeunes gens et vous mon garçon ôtez cette grimace de votre visage, si les cloches du Palais sonnent vous resterez bloquer tout votre vie, tança l’intraitable grand-mère d’une voix sèche.

Elle attrapa son datapad et continua à faire défiler le catalogue d’hiver de LDMH Fashion, une marque prestigieuse de prêt à porter haut de gamme venant de Bakura. « Bon sang mais elle va mourir de froid avec si peu de tissu à moins que ce ne soit d’une maladie vénérienne ». Songea-t-elle devant la photo d’un mannequin très légèrement vêtue et affichant un sourire béat. Songeuse le Jedi tâcha de s’imaginer avec cette robe mais se ravisa ne voulant pas se grimer en une prostituée des banlieues de Balossar.

Il lui fallait une nouvelle robe ! Elle avait été contrainte d’accepter un gala sur Alderaan pour rencontrer les Sénateurs nouvellement nommés. Bien qu’elle n’ait aucun rôle officiel vis-à-vis du Conseil Jedi, Hildegarde entretenait son réseau dans les sphères politiques et économiques. L’actualité politique était riche en ce moment. Hildegarde possédait un réseau puissant qu’elle cultivait ardemment depuis plus de cinquante ans et ce n’était pas une bande de vieux Maîtres rabougris qui allaient l’en empêcher. Le Conseil nouveau comme ancien continuait à imposer des mesures coercitives à SON encontre la reléguant loin des combats, là où avait sa place avait été bien des générations durant.

« Intrigante et sensuelle : robe de soirée, fabriquée main sur Sullust ». Son visage s’arrêta sur une belle robe en soie sauvage sur laquelle elle eut un coup de cœur. Esquissant un sourire, elle sélectionna l’article. Sur le site du fabricant le choix des couleurs s’afficha « orange tango » ou « orange capucine ».

Tant absorbée par sa séance shopping, elle avait oublié son rendez-vous avec son nouveau padawan. Enfin, ça serait à elle de voir. D’après ce qu’elle avait compris le padawan en question était à nouveau sans Maître et elle, n’était pas du genre à laisser tomber dans la solitude une jeune pousse Jedi. Elle s’était donc proposé pour le rencontrer.
Samaël Akiam, un Chironian, déjà présent dans la bibliothèque. Le padawan de par sa nature était facile à reconnaître, assis non loin du petit groupe qui avait assisté à la remontrance.
Il était à l’heure et même très en avance. Hildegarde se leva et se dirigea d’une démarche assurée vers le Chironian. Le silence se fit quand elle passa devant le petit groupe. Elle interpella ensuite le jeune Jedi d’une voix aimable mais autoritaire.

- Padawan Akiam, je suis Maître Marja. Veuillez avoir l’amabilité de me suivre.

Sans attendre elle tourna les talons et reprit la parole, interrogative :

- Connaissez-vous la différence entre l’orange tango et l’orange capucine padawan Akiam ?
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Lei n'avait pas eu la force nécessaire pour accomplir leur commune volonté. Samaël avait compris. Ce n'était ni lui, ni elle. C'était autre chose... La peur, le traumatisme, le manque de confiance en soi, peu importe, le résultat était le même. Après être ressorti du Conseil, la chevalière et le Pwdawan s'étaient simplement séparés, en bons amis quoique perclus d'une gêne que Sammy pensait irréversiblement installée. Heureusement, ce n'était pas elle qui avait finalement gagnée et remis de sa "mésaventure", soit le refus ultime devant l'autel-justifié cela dit- Samaël avait repris sa vie. Le nombre impressionnant de maîtres ayant défilé dans sa vie l'avait rendu plus philosophe. Il ne se formalisait plus, n'était guère attristé ou au contraire, trop heureux qu'un de ses aînés demande à le voir en privé. C'était parfois difficile, évidemment, mais le centaure était bien entouré entre ses amis-dont Lei et Kolin- et des Maîtres l'ayant déjà emmené avec eux en mission, notamment la vieille Maître Pie, une humaine loufoque mais adorable qui lui avait fait découvrir Myirk et... Un peu plus qu'elle ne l'avait imaginé d'ailleurs. C'est pourquoi le gamin ne s'était pas tellement étonné d'avoir un rendez-vous avec Maître Marja. En allant à la bibliothèque avant l'heure, le Padawan pourrait avancer dans ses devoirs, et en profiter pour faire des recherches sur cet étrange Kael et les bribes de son histoire.

Alors qu'il pensait à Kael, le premier Chironian rencontré depuis son départ de sa planète, le gamin resta un long moment scotché sur la même page. Il poussa un léger soupir en revenant à lui et changea de chapitre. À l'instar des autres livres en pile sur un coin de sa table, celui-ci ne contenait aucune information claire sur sa race, si peu connue. Lui qui aurait voulu savoir si un clan de Chiron avait été massacré par une catastrophe naturelle ou des intrus, il resterait encore un moment victime de l'isolement des centaures.

Sammy pris un autre ouvrage plus appétissant sur d'autres races exotiques, juste pour compléter un de ses devoirs prévus pour la semaine prochaine. Cependant il n'en eut pas l'occasion, une vieille humaine nettement moins innocente que Maître Pie commença à faire des siennes. L'apprenti Jedi reconnu sans mal la voix de Maître Marja, laquelle s'irritait souvent contre le manque de respect des règles tout en les enfreignant pour se faire. Sammy oscillait entre admiration, irritation et amusante, enfin parfois. Aujourd'hui, à l'instar des deux chevaliers grondés, l'apprenti se sentait pris au piège, presque effrayé. Quand Hidelgarde était de mauvaise humeur, mieux ne valait pas se retrouver devant son chemin. Manque de chance, il avait rendez-vous avec elle. En effet, le Conseil et ses mystères avait décidé que ces deux êtres si différents, tant dans l'âge que dans le caractère. Le centaure pensait que c'était pour une mission ou quelque chose dans ce genre, du coup il était aussi excité qu'inquiet, parce que partir avec Hidelgarde ne serait pas de la tarte.

Cela dit, la Jedi aimait les défis et Maître Marja s'adressa en de bons termes avec lui. Quand quelqu'un portait une robe fleurie maintenue par une ceinture dorée dans le Temple, le mieux à faire était de ne pas trop s'étonner de ses requêtes. Sous le regard compatissant des autres lecteurs, le Chironian releva son derrière précédemment posé à même le sol pour hocher la tête.

- Bonjour Maître Marja. Euh. D'accord...

Malgré la -presque-certitude qu'il n'avait rien fait de mal, Samaël ne pouvait s'empêcher de repasser ses dernières maladresses. Oui... Enfermer par mégarde Maître Ooh dans les archives allait lui coûter plus cher que prévu. Le centaure allait s'expliquer une nouvelle fois, dire que ce n'était pas une blague, qu'il n'avait jamais voulu causer d'ennuis au Mon Calamari et que tout ceci était encore du à son esprit distrait, mais la lumière se fit enfin dans son esprit. Le rendez-vous auquel il s'était docilement rendu en avance avait été convenu en avance.

De toutes manières, il n'eut par le temps de réfléchir à d'autres options que la question fusa. Sammy leva les yeux vers l'Ancienne et malgré ses précédentes résolutions, il se demanda quelle était la réelle volonté de la Jedi la plus à la mode qui soit. Il choisit soigneusement sa réponse, décidant de la prendre au sérieux. Les Jedis avaient toujours une énigme ou une métaphore à la bouche, il était donc probable que l'innocente question mène à une classe philosophique profonde, n'est-ce pas ?

- L'un d'eux est plus foncé ?

Tenta le gamin en ne cachant guère qu'il s'essayait à une hypothèse. Il faut dire que se faire passer pour un magnat de la mode serait une affreuse tromperie de la part du Padawan qui portait uniquement une tunique beige retenue par une ceinture utilitaire enlaçant sa taille où naissait son corps animal.

- Je peux faire des recherches pour être plus précis si vous souhaitez, mais... Euh je ne connais pas la réelle différence entre les deux.

Avoua de vive-voix l'apprenti qui essayait de cacher sa surprise. Il avait beau être maladroit, distrait, Sammy était non seulement respectueux de son entourage, il était aussi ouvert et très curieux. Il voulait savoir sur quoi déboucherait la question de la vieille femme et comptait bien mériter l'histoire à venir en se montrant sérieusement intéressé par la drôle de demande. Le voilà investi d'une nouvelle mission. Intrigué quoiqu'aussi un peu inquiet, Samaël rattrapa la vieille femme après s'être arrêté et avoir réfléchi un instant, il se demandait aussi où elle l'emmenait.

- Au fait elle est très belle votre robe.

Ne put-il s'empêcher de commenter malgré sa résolution à se montrer digne, fier et discret comme tout Jedi se devait de l'être. Bah oui, quand il aimait quelque chose, Sammy avait l'habitude de le balancer dans l'air comme ça. L'âge n'avait guéri ni sa maladresse, ni sa spontanéité et victime de cette dernière, facétieuse, le centaure rougit délicatement. Il l'avait pas senti venir sur le bord de ses lèvres, cette remarque aussi sincère que traîtresse.
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Hildegarde continuait à marquer à bon rythme dans les allées de la grande bibliothèque raide comme un piquet, le menton légèrement surélevé. Elle salua d’un rapide hochement de tête un vieux Maître de sa connaissance accompagné de son padawan avant de répliquer à son élève d’une voix forte qui se voulait catégorique.

- Il est fort convenable de proposer votre assistance padawan Akiam mais de grâce ne perdez pas votre temps. Votre emploi du temps sera bientôt si rempli que vous rendrez grâce de ne pas avoir à gaspiller le peu de temps libre qu’il vous restera.

Trancha Hildegarde sans s’arrêter mais appréciant la proposition de son élève tout autant qu’elle fut agréablement surprise. De son constat, les padawans étaient gangrenés par le terrible vice de la paresse. Plus aussi bien encadrés qu’avant la jeune génération de Jedis passait plus de temps à paresser lamentablement qu’à occuper leurs jeunes esprits à de plus saines occupations. À chaque réunion des Maîtres, Hildegarde ne cessait de tirer la sonnette d’alarme. À une époque – hélas révolue – se proposer pour cette tâche aurait été naturel pour n’importe quel initié. De nos jours le volontarisme de Samaël était surprenant, touchant mais surprenant. C’était un bon point pour lui.

Il ne le savait pas encore mais elle avait été chargée de l’évaluer en vue de devenir son Maître. Ainsi elle avait épluché son dossier et les rapports de mission dans lesquelles il avait été impliqué, elle avait également sollicité des avis auprès de ses professeurs pour se faire un avis sur le jeune Chironian. La vieille Caratienne avait toujours été très investie dans la formation des plus jeunes, enseigner et apprendre était son sacerdoce. Années après années malgré ses démons elle n’avait jamais perdu la flamme et chaque nouveau padawan à ses côtés était pour elle une source de joie et la promesse de voir une nouvelle fleur s’épanouir dans le jardin de l’Ordre. Peu encline à ouvrir les vannes de ses émotions elle se tenait régulièrement au courant des progrès de ses anciens élèves même bien longtemps après qu’il se soit mis à voler de leurs propres ailes.

Elle haussa un sourcil de surprise et s’arrêta un bref instant pour toiser de toute sa superbe le padawan qui venait de la complimenter. Un court instant elle ne sut comment réagir peu habituée à de telles démonstrations, surtout de la part des plus jeunes. Elle répondit sobrement un simple :

- Je vous remercie de ce compliment.

Porter une robe à son âge et dans sa position n’avait rien d’anodin, les femmes Jedis portaient plus souvent la bure qu’autre chose, par praticité ou par simple respect des mœurs. Le style de la fine fleur de Carratos tranchait avec la norme et on le lui avait d’ailleurs plus d’une fois reproché, mais comme elle se plaisait à le dire à sa vieille copine d’enfance avec qui elle partageait parfois une bière en cachette : « Les reproches c’est moi qui les fait pas l’inverse ». À un croisement entre deux rayons, elle fit une halte et s’engouffra dans l’allée où demeuraient les biographies des Jedis célèbres de l’histoire. Elle tira de l’étagère un vieux livre hors d’âge et le tendit à Samaël.

- Tenez padawan, voici une saine lecture que je vous conseille instamment, quand vous l’aurez terminé vous penserez à le remettre à la bonne place. Une bibliothèque mal rangée témoigne d’un esprit mal rangé.

Maître Zapoa’, une légende que Samaël ne pouvait ne pas connaître avait une histoire similaire à la sienne. De ce qu’elle avait compris, le Chironian avait été abandonné plusieurs fois par ses Maîtres, à un âge où l’on est en pleine construction perdre par deux fois son référent pouvait avoir de lourdes répercussions sur le moral et sur la confiance en soi. Pour l’avoir vécue des décennies auparavant elle en savait quelque chose. Zapoa’ lui avait vécu plus ou moins la même situation, délaissé et abandonné à son sort à maintes reprises il avait trouvé grâce à la Force le courage de toujours se reconstruire jusqu’à parvenir à devenir l’un des Maîtres du Conseil montrant ainsi que c’était dans la singularité que les plus belles fleurs s’épanouissaient.
Sans perdre de temps, elle fit marche arrière faisant signe à Samaël de le suivre dans l’allée principale.

- Jeune fille, veuillez remonter cette bure, nous ne sommes pas dans une maison de passe ici.

Tonna sèchement Hildegarde à une padawan dans la bure était si détendue qu’elle laissait presque apparaître son soutien-gorge. Grognant tout haut que toutes les valeurs se perdaient et qu’un jour on finirait par autoriser les Jedis à se balader en maillot de bain elle se dirigea vers une table entourée de deux fauteuils légèrement à l’écart. Remontant légèrement sa robe elle prit place et invita Samaël à s’assoir à son tour.

La Jedi prit quelques instants pour regarder son nouveau padawan avec une faible lueur de bienveillance, laissant son regard se perdre sur le corps si particulier du Chironian. Les représentants de sa race se comptaient sur les doigts d’une main au Temple, elle n’avait jamais entraîné personne avec cette morphologie, ça serait un beau défi : une source supplémentaire de motivation. Elle le sonda et perçu dans la Force son désarroi bien compréhensible.

- Vous avez raison, ces couleurs se différencient sans doute par leur teinte mais ça n’a pas tant d’importance. Elles sont identiques en réalité.

Elle s’interrompit perçant Samaël de son regard bleuté.

- Saviez-vous que l’orange est un mélange de la couleur rouge et de la couleur jaune, le jaune est lui-même un mélange. Certains théoriciens nous disent qu’il existe trois couleurs primaires le bleu, le rouge et le vert. Trois couleurs qui mélangées dans différentes proportions peuvent donner une infinité d’autres couleurs très différentes qui ne se ressemblent pas mais qui sont pourtant issues de la même base. Les Jedis sont exactement comme les couleurs, ils ne se ressemblent pas et sont tous très différents pourtant ils viennent tous de la Force, de la même Force et obéissent à sa toute puissante loi. Ils sont tous des variations de la Force. Mais pourtant sachant cela nous percevons le bleu différemment du rouge et sommes sensibles aux nuances des couleurs, ce qui n’a proprement aucun sens.

Elle s’arrêta un instant pour laisser son regard se perdre sur le grand nombre de Jedis de tous les âges, de tous les sexes et de toutes les races qui vaquaient à leurs occupations dans la grande bibliothèque emplissant les lieux de la présence de la Force, si belle, si forte et si rassurante.

- Voyez-vous où je veux en venir padawan Akiam ?
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La curiosité désormais piquée à vif, Samaël se promit de chercher sur Holonet deux images desdites teintes de couleur pour les comparer. C'est vrai que c'était une perte de temps quelque part, mais le Padawan adorait tout vérifier, surtout lorsque l'information possédait un certain historique personnel. Cette conversation, il en était sûr, mènerait quelque part et resterait gravé dans sa mémoire, ainsi que dans celle de Kolin à qui il avait déjà envie de tout raconter. Lorsque Hidelgarde n'était pas occupée à gronder quelqu'un, marcher derrière elle était plutôt agréable, le centaure appréciait son bon rythme qui ne l'obligeait pas comme souvent, à réduire considérablement le sien. Son dos s'étiraient tandis que ses pattes se déroulaient, loin devant, laissant le pré-adolescent exprimer l'habituelle énergie joyeuse qui se dégageait de sa personne.

- Merci !

Samaël tourna le bouquin dans le bon sens pour y jeter un coup d'oeil. Il ne connaissait pas l'ouvrage mais selon la première page, ça ne parlait pas des différentes couleurs de la Galaxie... Ou peut-être que si dans le fond, seulement lui n'en avait pas encore conscience. Il en était déjà à sillonner la seconde page du regard lorsque Maître Marja dit demi-tour. Le résultat ne se fit pas attendre, le visage de Sammy rencontra amoureusement le papier du livre et il pila juste assez pour seulement frôler la hanche de la vieille Jedi du bout du nez. Rouge de honte, le Chironian fit quelques pas en arrière, observa la scène puis poursuivit sa route en jetant un regard désolé à la Padawan grondée pour sa tenue.

- Euh... Non je ne savais pas.

Les apprentis Jedis étaient en général, de part leur formation, très cultivés, cela dit ils manquaient de connaissances basiques. Ainsi, les écoliers d'Ondéron savaient mieux que Samaël comment manier les couleurs pour leur classe d'arts plastiques. Quant à lui il avait trop tòt quitté les siens pour avoir accès à ce passe-temps utilisé par toutes les tribus un peu primitives de la Galaxie. Fasciné par l'idée que des couleurs puissent donner naissance à d'autres couleurs, l'enfant se concentra pour connaître la conclusion finale de cette fameuse histoire d'orange. Le Chironian réfléchit un long moment, s'octroyant un droit au silence pour mieux travailler sa réponse. Il connaissait vaguement la réputation de la vieille Maître. On disait qu'elle n'était pas encore au Conseil à cause de ses idées étranges, aussi différentes que sa manière de se vêtir, mais pour Sammy, si elle était dans le Temple, c'est que l'Ordre l'acceptait... Alors il se concentrait tout aussi bien sur ses questions que sur celles du dernier bretteur à la mode parmi les jeunes, glorifié par sa dernière mission réussite, de plus, le centaure appréciait les anciens depuis sa rencontre avec son second professeur, maître Shita Ashna, lequel avait cependant dû se retirer à cause de sa santé défaillante. Il aimait leur façon de penser, leur douceur-même si dans le cas de l'humaine c'était une caractéristique peu visible- et surtout leur excentricité aboutissant presque toujours à une leçon passionnante.

- C'est comme pour les parents, ils sont différents mais ils s'aiment, après ils ont un enfant qu'ils élèvent, ils leur apprennent des choses et passent du temps avec, alors normalement celui-ci à le mélange des couleurs de ses parents... Mais il a aussi ses propres idées et son propre caractère, alors ça donne une autre couleur. Ça veut dire que nous les Jedis nous avons deux points communs très importants, la même origine, et un mode de vie similaire, mais que nous avons tous nos idées et notre façon de faire, euh... Dans le cadre des règles de l'Ordre bien sûr.

Est-ce que cette histoire de couleur concernait aussi les Siths ?

- Et... Les... Siths ?

Osa-t-il finalement mentionner malgré sa propre auto-censure. Certains maîtres détestaient que les Padawans en parlent, craignant de les voir attirés par l'obscurité, mais le Chironian craignait que sa petite exposition de ce qu'il croyait avoir compris ne serait pas complète sans sincèrement évoquer le sujet. D'ailleurs pour Sammy, ces derniers n'étaient pas seulement un sujet théorique puisqu'il en avait rencontré des très vilains pas beaux répondant parfaitement au cliché des livres de contes horrifiques, tandis que d'autres avaient une aura plutôt grisée. Est-ce que les Siths avaient aussi des couleurs différentes ? Ressemblaient-elles à celles des Jedis ?

Quoiqu'il en soit, bien qu'il ne doive "rien" à Maìtre Marja, Samaël espérait avoir bien compris ses propos et la satisfaire. Il ne saisissait pas bien l'étendue de ses desseins mais était tout heureux d'avoir le droit à une leçon particulière. Kolin l'aurait sûrement traité de Mosochic... Mosachiste "quoi une heure de cours en traître en plus des autres heures de cours et t'es content, mon pauv' Sammy tu t'es fait avoir." Mais voilà, le concerné aimait bien être "Mosachiste". On apprenait plein de choses ! Et puis de toutes façons, le centaure avait l'habitude de trouver du positif à n'importe quelle situation. On pourrait bien lui faire laver la vaisselle qu'il finirait par s'amuser avec les bulles, ou encore lui faire balayer le couloir qu'il prendrait ça comme un bonus d'entraînement. C'était un comportement naïf parfois irritant mais au moins, le gamin ne souffrait pas de la frustration. Frustration ? Connaît pas. On n'avait pas encore réussi à lui faire faire un truc pour lequel qu'il ferait à reculons, contrarié, un détail qui expliquait sa dangereuse tendance à avoir sans cesse renouvelé les opportunités données à Yulpi pourtant instable à défaut d'être méchant.

- C'était ça dont vous vouliez parler Maître Marja ?
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Hildegarde émit un bref mouvement du visage qui ressemblait à un sourire quant à la réflexion de Samaël aux propos qu’elle venait d’énoncer avec le ton péremptoires qui lui allait si bien. La réponse n’était pas exactement celle à laquelle elle s’était attendue. Toutefois elle ne s’en formalisa pas. Si les Jedis étaient aussi différents qu’une palette de couleurs, pourquoi s’offusquer d’une réponse originale, c’était même ce qu’elle appréciait. La fraîcheur des padawans pas encore trop marqués par les dogmes de l’Ordre ne savait lui déplaire. Samaël dégageait une spontanéité qui lui plaisait à défaut de la rassurer. La discussion s’éloignait un peu plus de la couleur de sa future robe de soirée mais tant pis, elle choisirait plus tard ou se parerait d’une robe déjà portée par le passé.

- La Force nous laisse utiliser une partie de sa puissance, c’est un autre point commun que les Jedis partagent. Toutefois votre réflexion est pleine de justesse. Incomplète, elle reflète votre inexpérience, mais vous êtes sur la bonne voie.

Les mots étaient pesés comme à chaque fois, nombre de Jedis qu’elle avait eu le loisir de côtoyer avec plus ou moins d’enthousiasme considéraient que la Force était à leur service, cette idée l’avait toujours mis hors d’elle. Les capacités surnaturelles des Jedis leur faisaient parfois oublier toute mesure allant parfois jusqu’à omettre que la Force si elle était un don était également une très lourde responsabilité. L’humilité était toujours l’un des premières leçons qu’elle inculquait à ses padawans. La vieille femme ne perçut pas d’orgueil chez Samaël, c’était déjà ça de pris.
Les règles : Hildegarde avait une opinion très tranchée sur les lois et les principes des Hommes. Le temps passant la vieille Maître s’en affranchissait de plus en plus tout en ne tolérant pas que d’autres fassent de même.

À y réfléchir elle n’avait jamais été un modèle. Enceinte de son Maître à dix-sept ans démontrait que dès le départ la tâche serait ardue. Elle n’avait jamais été bonne pour les règlements, sa seule manière de se les appliquer était de les faire appliquer aux autres ; même si elle savait faire passer les bons messages au moment opportun.

- Les règles de l’Ordre sont immuables. Gravées dans le marbre des codex pour faire notre code. Vous apprendrez en grandissant qu’au départ il faut suivre scrupuleusement les règles qui nous sont imposées : elles permettent de se construire, de devenir un bon Jedi et d’avoir de très bonnes bases. Une fois ces règles assimilées, vous apprendrez à jouer avec ce qui fera de vous un meilleur Jedi. Enfin, un jour, vous créerez vous-même les règles bien que cette troisième étape soit réservée aux très grands Jedis.

La Caratienne n’avait jamais été adepte de la langue de bois, souvent critiquée pour son franc parlé. La question de son vis-à-vis sur les Siths l’amusa, le malaise du Chironian à simplement prononcer ce mot était symptomatique de ce qu’il se passait dans la pénombre des salles de classe du Temple. Le sujet était rarement abordé, presque honni. Un autre sujet de désaccord entre la bien-pensance Jedi et l’avis de la vieille grincheuse. Dans leurs écoles, les Siths apprenaient la haine du Jedi, la haine de tout ce qu’ils représentaient. Ne pas vouloir parler de l’ennemi était selon elle une erreur, comment combattre un adversaire dont on ne connaît rien ? Cette doxa enseignée de taire les Siths contribuaient à en amplifier la peur. Hildegarde avait lu le dossier de son élève, dans les rapports qu’elles avaient consultés le matin même il était explicitement écrit que les Siths étaient pour lui bien plus qu’un concept.

- Les Siths bien qu’ils soient nos ennemis sont forgés par les mêmes couleurs que les Jedis. C’est pour cela qu’il est si dangereux pour un Jedi d’écouter ses émotions et de s’attacher, surtout chez les jeunes. Les couleurs dont nous sommes composées peuvent évoluer. Pour passer du bleu au rouge, il n’y a besoin qu’un d’une infinité de vert. Le côté obscur de la Force est pour reprendre cette métaphore un assemblage de couleurs sombres, tristes et mortelles. Sachez simplement que fondamentalement, nous ne sommes pas si différents de nos adversaires, forgés dans les mêmes métaux et avec les mêmes aquarelles grâce à la Force. Les couleurs qui nous composent sont différentes tout simplement. C’est en partie pour cela qu’il est essentiel de bien connaître les différentes couleurs qui composent ce que nous sommes.

Elle marqua une pause laissant le temps à Samaël d’assimiler cette lourde tirade fièrement improvisée.

- Vous-même avez rencontré des Siths. Qu’avez pensé de ces rencontres, avez-vous senti leurs couleurs dans les remous de la Force ? Cette théorie des couleurs fait t-elle sens à vos oreilles ?

Le padawan la prendrait pour une moralisatrice, ce qu’elle était de toute façon bien que ce ne fusse guère important à ses yeux. Pour l’heure, le centre d’attention était bien Samaël Akiam. Les padawans étaient l’avenir des Jedis. Les gens âgés avec leurs discours âgés n’avaient pour seul rôle de que préparer les futures générations à continuer le combat de la paix. Aux yeux d’Hildegarde, la petite pousse qu’il était représentait un merveilleux don, une promesse en devenir. Une fleur dont les pétales tremblantes et graciles ne demandaient qu’à s’ouvrir. Il y avait dans ce padawan toute la fragilité et l’équilibre balbutiant de l’Ordre, son espoir ; son avenir.

- En réalité non, même si l’idée de discourir des palettes de couleurs avec vous m’est plaisante ce n’est pas la raison de ma venue.

La vieille Maître se perdit dans un sourire mystérieux tremblant qui étira les rides de son visage ridé.

- Le Conseil m’a demandé de devenir votre nouveau Maître.

Sans prévenir elle attrapa une des pattes du padawan dans ses mains creusées par les décennies. Son emprise se serra juste assez pour qu’elle puisse ressentir pleinement la Force dansante dans le corps du jeune, elle reprit ensuite à la parole d’une voix grave et lourde de conséquences.

- Je n’ai pas encore dit oui. Je voulais vous rencontrer pour que nous puissions en parler en toute franchise. Ce qui dit dans d’autres termes, vous laisse la possibilité de refuser. Voyez-vous, j’ai formé des dizaines de padawans et je suis à présent convaincu d’une chose : nul ne peut apprendre d’une personne qu’il n’aime pas, nul ne peut enseigner à une personne qu’il n’aime pas. Vous demandez votre avis sur le sujet est incongru, je l’admets, mais je voudrais que vous choisissiez.

Elle ferma les yeux.

- Concentrez-vous, fermez les yeux et essayer de lire en moi. Voyez quelles couleurs me composent. Allez-y, un peu de nerf !
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Sammy buvait les paroles de son aînée, il était facilement impressionnable mais difficile de lui en vouloir aujourd'hui, face au charisme de Maître Marja, qui ne se serait pas senti tout petit ? À part cet apprenti Hutt que l'on disait spécialement arrogant, qui sait.

- Alors vous aussi vous créez des règles?

La remarque avait fusée, aussi sincère que spontanée. S'il connaissait très vaguement la réputation d'Hildegarde, une Jedi particulièrement sévère, le Chironian ignorait ses fréquents désaccords avec le Conseil. Il trouvait, au passage, Maître Omeoteolt et Dase Aciel bien plus froids, désagréables que la femme qui commençait à lui plaire. Sammy aimait les cours de philosophie et malgré le fait que son cerveau trébuche, il ne disait pas non à des réflexions du genre. Au moins, on lui demandait son avis, et pour une fois le maître ne lui serait pas imposé. C'était une nuance qui, peut-être, ferait qu'Hildegarde ne l'abandonnerait pas, elle.

La surprise avait d'ailleurs coupé le souffle du Padawan qui s'était toutefois retenu de sauter de joie. Il se méfiait, et s'il était reconnaissant que la Jedi veuille avoir son avis, Samaël compris qu'il devait demander la même chose en retour. Que le Conseil demande à quelqu'un, que ce soit gentiment ou en tant qu'exigence, d'être son mentor ne le satisfaisait pas. Quoiqu'immature sur certains sujets, l'enfant centaure avait grandi dans d'autres, comme celui de l'apprentissage. La précipitation ne signifiait pas la victoire, bien au contraire, en voulant aller vite, en acceptant n'importe quoi, on se retrouvait vite au point de départ, d'avantage en retard encore.

- Les Siths sont tout en rouge-Confessa le jeune Chironian, un peu manichéen parfois.- Ou en noir. Celui qui était en colère très vite, je lui attribuerais le rouge, et l'autre qui s'en fichait des débris de vaisseau, celui qui me regardais juste froidement, sans haine apparente, je dirais qu'il est gris. Quant à vous... Je ne sais pas, tantôt... Orange ou gris aussi mais un gris argenté qui brille.

Elle n'était pas aussi douce que les nuances pastelles qui habillaient les auras des Jedis, mais pas violente. Guère reposante mais pas triste non plus, teintée d'élégance, un chatoiement qui brûlait parfois les yeux mais attisait aussi l'admiration. Au final la Maître semblait avoir raison, les Siths avaient la même couleur que les Jedis de base, ainsi, la vieille femme portait autour d'elle, un dérivé du rouge... Une vivacité qui la faisait s'éloigner du gris tentant, neutre, sans pour autant faire peur, comme le sang.

- Orange pour vous,-se décida-t-il finalement- et pour certains Jedis, jaunes, comme le soleil.

Malheureusement Samaël ne percevait pas la couleur à travers la Force, il associait les détenteurs à des couleurs qui paraissaient douces, harmonieuses, froides ou violentes dans l'esprit collectif. En tout cas, il essayait d'être sincère bien qu'il craigne blesser un peu Hildegarde, mais qu'y pouvait-il? Il ne la voyait pas comme les autres.

- Je ne crois pas avoir vu vraiment ces couleurs. Je veux dire, j'ai su qu'ils étaient Siths car ils étaient méchants, on le sentait dans la Force mais c'est pas apparu sous forme de couleur, je crois que c'était selon le mouvement de la Force... Vive, tourmentée, carrotique... Euh Chaochitique... Enfin en désordre quoi. Pour les couleurs, je trouve juste normal de leur donner le noir ou le rouge mais ça aide à situer les gens, c'est sûr.

Confessa le Padawan légèrement penaud de ne pas avoir totalement réussi l'exercice mais tenant à être sincère. Quant à la dernière question...

- Je vous aime bien moi. Je pensais que vous étiez râleuse et j'avais un peu peur mais finalement, je vous trouve très sage et juste... Et puis, j'aime bien le orange.

Signala l'apprenti avec un sourire, prenant soudainement conscience qu'il avait attribué à la vétérante la couleur dont elle lui avait parlé de prime abord.

- Mais, est-ce que vous, vous avez envie d'être mon maître ou c'est à cause de Conseil? Parce que c'est aussi important que vous choisissiez et que vous m'aimiez bien.

Continua Samaël en reprenant les mots de la vieille humaine, conscient qu'il offrait une porte de sortie à Marja, ce qui équivaudrait à un nouveau mur pour lui. Qu'importe, Sammy ne supporterait pas qu'on le prenne parce qu'on y avait été forcé.

- Je suis maladroit, j'ai déjà blessé un Chevalier sans le vouloir pendant un combat contre un Sith, et je suis distrait, j'oublie plein de choses ou je les perds... Mais j'ai toujours envie d'apprendre et de bien faire... J'essaye quoi.


Acheva le jeune Jedi en rougissant légèrement. À ce moment il se dit que Kolin le traiterait de Bantha pour s'être si mal vendu, pour ne pas saisir sa chance, mais Maître Marja avait le droit de savoir avant de se le coltiner.
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Hildegarde resta bouche fermée à l’insinuation qu’elle fût une très grande Jedi. De toute évidence elle l’avait été, bien des années auparavant. Avant ces douleurs, avant ces années qui se chargeaient de lui rappeler que rien ne serait pareil. Elle laisserait à Samaël le soin de juger de son niveau si elle le souhaitait, la modestie était une valeur cardinale chez un Jedi.

- Bien, apprendre à discerner les nuances de couleurs chez les personnes que vous rencontrerez vous sera utile. Il va sans dire que les couleurs sont tellement complexes qu’une personne pourra la percevoir différemment de vous. J’ai connu des Siths tirant vers le bordeaux et des Jedis tirant tristement vers le rouge. À partir de maintenant, quand vous rencontrerez une nouvelle personne, cherchez ses couleurs, vous verrez c’est un exercice fascinant.

Elle pensa à l’homme qu’elle avait aimé, son premier Maître, son amant et le père de son fils. Ce même homme qui l’avait blessée. Cet homme à qui elle avait ôté la vie après son passage vers le côté obscur. C’était sans doute à ce moment qu’elle avait basculé vers l’orange décrit par Samaël. Incapable de vraiment aimer, éventrée dans sa sensibilité. Même des dizaines d’années après, l’odeur de l’homme de sa vie continuait à la hanter.

- Vous voulez sans doute dire « chaotique. »

Trancha la Jedi devant la faute de basic de Samaël avant de reprendre d’une voix professorale.

- La Force est emplie de mystères, nous ne percevons qu’une très faible partie de son pouvoir, la vision des couleurs de la Force est une très ancienne théorie, réfutée par certains illustres Jedis, approuvée par d’autres. Au fond ce n’est pas l’essentiel, l’important est que cette théorie vous permette de progresser dans votre lien avec elle. La Force jeune padawan est remplie d’incertitudes, de paradoxe. Les membres du Conseil Jedi n’en maîtrisent qu’une très faible partie, aussi gradés soient-ils.

Une petite pique gratuite envers le conseil Jedi la mettait toujours d’excellente humeur. Samaël lirait peut être cette attaque comme une insubordination mais il faudrait si habituer, la vieille femme n’était pas du genre à mâcher ses mots ou à faire des politesses inutiles. Elle ne s’étendit pas sur le sujet mais elle trouvait à titre personnel que le niveau des Maîtres du Conseil ne cessait de diminuer avec les années. Sans être des incapables, les nouveaux membres avaient encore du lait qui sortait du nez lorsqu’on appuyait dessus.

Hildegarde allait se lever pour la suite du programme qu’elle réservait à Samaël mais une malheureuse phrase de ce dernier la fit sortir de sa réserve.

- Je vous demande pardon ?

Sans attendre elle renchérit en fronçant les sourcils d’une voix autoritaire.

- Faites attention à vos paroles padawan, je vous rappelle que vous vous adressez à un Maître Jedi, votre Maître qui plus est.

« Râleuse » oui elle l’était mais PERSONNE n’avait le droit de le lui faire remarquer.

- Je ne suis forcé à rien, surtout pas par le Conseil. J’attends simplement de vous le plus parfait dévouement et le plus grand sérieux, la plus grande humilité. Il est beaucoup trop tôt pour vous dire si j’éprouverai à votre égard une quelconque forme d’amour et si vous attendez cette reconnaissance de ma part, alors refusez ma demande, car vous finirez par en souffrir.

Trancha-t-elle en ajustant l’encolure de sa bure.

- Je suis un Maître dur, extrêmement dur, je n’excuse pas la paresse, le découragement, les oublis ou la distraction, je vous ferai pleurer, je vous pousserai dans vos derniers retranchements, vous serez fatigué, épuisé, usé jusqu’à implorer la Force ne pas être un Jedi. Je vous ferai répéter un exercice mille fois si cela est nécessaire, je ne vous serrerai jamais dans mes bras pour vous récompenser d’un exercice.

Elle ferma les yeux un moment et plongea à nouveau son regard ensorcelant dans celui de son élève.

- En revanche, je peux vous assurer que jamais je ne vous laisserais tomber, jamais je ne vous rabaisserai ou vous considérai comme un moins que rien, jamais je ne vous sanctionnerai si vous donnez votre maximum. Vous serez à mes yeux un égal, un partenaire. Vous m’accompagnerez partout : des terres arides des pires planètes de la bordure extérieure jusqu’aux salons du Sénat. Et surtout, je vous ferai grandir, je ferai de vous un grand Jedi, ça sera la façon pour moi de vous montrer que je vous aime.

Revigoré par cette longue tirade, la Jedi se leva de sa chaise en invitant Samaël à la suivre. Elle fit quelques pas au milieu de la bibliothèque. À l’aide la Force elle rapprocha deux tables et attira vers elles des livres de façon à former quatre piles d’ouvrage en forme de carré. Sans commentaire et sous les yeux effarés de la documentaliste elle prit appui sur la chaise et monta sur la table. Enfin, elle grimpa sur les deux piles de livres qui dépassaient de la table à une vingtaine de centimètres de hauteur.

- Eh bien, vous attendez la fin du printemps ? Rejoignez-moi.

Elle désigna les deux piles de livres en face d’elle.

La documentaliste s’était résignée, visiblement ce n’était pas la première fois que la vielle mamie se prêtait à ce genre d’exercices. S’entraîner devant tout le monde était un exercice difficile, la pression du regard extérieur déstabilisait, elle le savait et voulait tester Samaël sur cet exercice.

- Si vous êtes partant et que vous acceptez d'être mon padawan, sortez votre sabre et attaquez-moi, doucement. Il ne faut pas tomber.

Elle tira son sabre vert et l’alluma.

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- Pardon ! Je trouvais pas que c'était une insulte.

Balbutia le jeune Jedi en rougissant délicatement. Bloqué par la honte, Sammy fut réveillé par la vieille humaine qui l'interpella. Forçant ses articulations, le Padawan la rattrapa, levant avec difficulté les yeux vers Maître Marja. Tandis que cette dernière parlait, elle s'était rapprochée d'une table où des livres étaient empilés. Samaël s'intéressa aux couvertures d'un regard en biais, persuadée que la femme allait lui proposer d'un emprunter un et tâchant de deviner lequel ce serait. Cependant, jamais l'apprenti n'aurait pu soupçonner les réelles intentions de sa potentielle mentor qui grimpa allègrement sur la table. Surpris, il jeta un coup d'oeil aux alentours, croisant les regards presque blasés de ceux qui connaissaient ses habitudes, dont la documentaliste.

- Oh oui, faut pas laisser les erreurs s'infiltrer. C'est bien de les combattre, pas de pitié pour elles!

S'était-il exclamé avec un certain retard mais non moins de sincérité. Contrairement à ce que laissait entendre l'apparence fleur bleue du gamin, celui-ci n'était pas tendre envers lui. Il s'entraînait maladroitement mais avec dureté, sans pitié pour ses failles. Lorsque ses muscles faiblissaient, Samaël se rappelait alors de ce jour où, il avait blessé un Chevalier parce qu'il avait mal visé en ruant. La loyauté était son véritable moteur, il se moquait des grandes déclarations- après tout Kolin était son meilleur ami et n'était pas un tendre.- et ne réclamait que des preuves subtiles qu'il savait capter. Si le centaure était un peu brute malgré lui, malhabile, il savait remarquer qui se donnait ou non dans une relation. Maître Marja en se montrant sous son mauvais jour lui semblait honnête. C'est pourquoi après une petite hésitation, l'enfant-cheval monta sur la table.

Heureusement le meuble était solide, préparé à recevoir les coups d'élèves peu consciencieux, appartenant à des races vraiment lourdes, des ouvrages pesants et nombreux. Peu sûr de son équilibre, le Padawan mit un certain temps à bien caler ses sabots, puis il sortit son sabre. Là encore Sammy douta, jetant un coup d'oeil désolé à la documentaliste. Les joues en feu, mort de honte mais confiant envers la vieille femme, il alluma son sabre-laser et projeta ce dernier à la verticale, comme pour atteindre l'épaule de sa nouvelle maîtresse. Jamais Kolin n'allait le croire, ni lui ni les rumeurs qui le précéderaient par ailleurs... Car il était évident que le sujet de la journée était tout trouvé. Samaël allait entendre parler de lui à la cantine et dans les couloirs.

C'était un peu difficile pour lui, déjà peu intégré, de faire parler de lui de la sorte. Néanmoins il accordait plus d'importance à l'idée de recevoir une leçon de valeur de la main de la propre Hidelgarde, grande sabreuse reconnue. Habitué aux mentors hors normes, le Padawan acceptait plus facilement que d'autres ce type d'enseignement en-dehors des sentiers.

- Est-ce que vous avez déjà connu quelqu'un qui avait appri-boisé... Apprivoisé totalement la Force ? Qui connaît toutes ses facettes ?

Demanda le pré-adolescent en faisant référence la précédente phrase de Maître Marja qui disait que même les plus hauts gradés avaient une connaissance de la Force plutôt faible. La honte toujours visible sur ses joues minces, l'apprenti Jedi parvint toutefois à la troquer contre de la curiosité. Il se demandait ce qui allait suivre et comment Hidelgarde allait répondre à sa première feinte, un point pour elle car Sammy s'était malgré tout pris à son jeu. Sans volonté d'attaquer sans pause l'humaine- il trouvait ça malhonnête de porter coup sur coup.- le Jedi attendit patiemment comme un "fier" et preux chevalier près à un échange d'escrime fait dans l'art du duel. Cela dit, intérieurement il ne se sentait pas vraiment rassuré sur sa table. L'équilibre sur une surface limitée, ça n'était pas son truc. Et quant à regarder les autres il s'y refusait, rongé par la honte. Le regard planté dans celui de la vieille femme, il luttait visiblement contre sa nature timide pour suivre des instructions.
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Hildegarde avait balayé l’excuse du padawan d’un revers de la main n’y prêtant guère d’attention ; les excuses ne l’intéressaient pas. Installée en équilibre sur ses piles de livres debout sur la table les yeux fermés elle répondit à son padawan un élément qui n’allait sans doute pas l’aider à se détendre.

- Il faut viser la perfection, la magnifique perfection, l’incommensurable perfection. Le moyen n’est pas tolérable, le bon n’est pas tolérable, le très bon n’est pas tolérable. Seule la perfection compte.

Et elle parlait en connaissance de cause. Si avec les années elle ne s’appliquait plus ce principe avec autant d’acharnement, la fine fleur de Carratos avait été par le passé une acharnée de l’entraînement. Sacrifiant son sommeil et sa santé pour toucher cette perfection qu’elle affectionnait tant. Soixante ans plus tôt on la raillait et la traitait de tous les noms dont celui de « fayotte » car elle sacrifiait les rares soirées de liberté offertes au padawan pour continuer à lire des manuels plus lourds qu’elle ou à s’entraîner, plus toujours plus. On ne devenait pas l’experte reconnue au Temple dans l’art Juyo par hasard.

- Ne vous préoccupez pas de ce qui se passe autour de vous, plus tard vous serez peut être amené à combattre au milieu de la foule ou à filer une cible au milieu d’un casino de Coruscant, vous devez vous concentrer sur la Force, le reste n’existe pas. Vous en êtes capable croyez-moi.

Quel déchirement pour le jeune Samaël, réputé pour être plutôt discret parmi la horde de gamins bruyants qui déambulaient au Temple. Subir les regards, sévères, moqueurs c’était là tout l’objectif de cet exercice. Le même que son Maître et amant Théramène avait infligé à une jeune fille craintive et timide au même endroit bien des décennies plus tôt.

- J’ai connu nombre de Jedis doués pour entrer en communion avec la Force mais je crois qu’aucun Jedi n’est capable de connaître tous les secrets de la Force. C’est d’ailleurs cela qui est merveilleux, que nous resterait-il à apprendre autrement ?

Une fois qu’il fut installé elle lui fit un signe de tête en guise d’encouragements comme pour l’assurer qu’il était entre de bonnes mains.

- Bien échangeons quelques attaques, doucement. Prenez votre temps,
concentrez-vous. L’objectif n’est pas de nous blesser.


Comme pour faire écho avec douceur elle attaqua plusieurs fois Samaël en prenant son temps. L’exercice n’était pas un entraînement au sabre. Samaël l’avait probablement compris depuis le début. Elle riposta également à ses attaques en souriant comme pour l’encourager.
Un mètre plus bas trois gamins de dix ans à peine s’étaient assis en tailleur et pointaient du doigt l’incroyable duo perché sur leur table. La documentaliste elle envoyait à ce moment un message furieux au secrétariat du Conseil pour se plaindre du bazar qu’on mettait dans SA bibliothèque.

- Parlez-moi de vous, si vous le voulez bien.

Murmura Hildegarde poussant l’exercice un peu plus loin. Discuter en équilibre avec la gêne qui était celle du padawan tout en manipulant un sabre laser était un exercice délicat. Tant pis si il tombait, il se relèverait, comme tous. C’était immuable aussi sûrement que le soleil se couchait chaque soir. Le coup de la table fonctionnait toujours très bien d’autant plus qu’elle avait encore beaucoup d’autres tours dans son sac.

- Nous allons ajouter une petite difficulté. Dès l’un de nous deux prononcera le mot « Jedi », l’autre devra alors crier de toutes ses forces le même mot.

Elle eut un sourire malicieux.

- Compris jeune Jedi ?

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Les yeux de Samaël se mirent à briller. Lui qui était parfois pataud se prit à rêver de gestes particulièrement bien calculés, d'une danse au sabre-laser parfaitement exécuté et le tout avec une classe rappelant ces chevaliers de l'ancien temps. Courtoisie, élégance, pondération. Ce qui ressortait si maladroitement de sa personnalité de véritable petit gardien servant de lumière. La perfection, si impressionnante, effrayante, belle. L'apprenti Jedi admirait le port de la vieille femme, sa droiture et son assurance lorsqu'elle parlait. Lui aussi souhaitait parvenir à cette assurance un jour, même s'il n'était pas persuadé, en revanche, de recourir à ce type d’exercice qui mettait la pauvre bibliothécaire en difficulté et dérangeait les étudiants.

Le coup de sabre plutôt doux fit comprendre au Padawan que définitivement, Hidelgarde ne cherchait pas à ce qu'il fasse ses preuves en tant que bretteur. C'était à la fois rassurant car il n'était pas le meilleur de sa classe au sabre-quoique ce n'était pas le pire non plus.- et inquiétant. En effet, l'apprenti commençait à deviner ce que son potentiel mentor demandait... Il voulait y parvenir mais faire face à ses complexes, comme ça, d'un coup, n'était pas facile. Encouragé par Maître Marja, le Chironian brandit son sabre-laser pour guider la pointe vers le milieu de l'autre lame, il essaya de la repousser en faisant glisser son arme vers l'avant jusqu'à l'épaule de son adversaire pour la toucher. Ses gestes n'étaient pas brusques, on voyant qu'il s'appliquait bien que la gêne vole de la fluidité à ses mouvements.

- Je... Di...

La voix roula dans la gorge de Samaël, chatouillant son gosier et surprenant son propriétaire.
Le mot victime du phénomène mourut sur les lèvres, échoué sur les grèves de la honte. Le Padawan planta ses yeux soudainement larmoyants dans ceux d'Hildelgarde. Une seconde,
il supplia la vieille femme d'arrêter sa torture, puis il secoua la tête. Le liquide cristallin qui s'était installé dans les grands yeux de Sammy s'échappa, chassé sans ménagement et il redressa la tête, raffermissant sa prise sur son manche. Quelque chose disait à l'enfant qu'il pouvait avoir confiance en Maître Marja. Suivre son enseignement ne pouvait que l'aider. Il prit conscience qu'il n'aurait pas suivi Maître Omeoltolt dans ce qui semblait être une petite folie douce, ni Dase Aciel ni même Shita Ashna, l'ancien sage si proche de sa personne. C'était à elle que l'apprentie eu envie de s'adonner totalement, faisant fi de sa honte. Elle avait raison, il en était capable.

- Jedi ! - La voix mourut cette fois, en digne combattante, sur les rebords des lèvres rougies de l'enfant cheval. Il frappa la table d'un petit coup de sabot qui ponctua son cri tandis qu'il plantait ses yeux dans ceux de Maître Marja, aveugle à ce qui se passait autour de lui. Le Padawan reprit d'une voix plus suave quoique déterminée.- Je m'appelle Samaël Akiam. J'ai grandi sur une planète appelée Chiron. Mes parents étaient très bons avec moi et ils m'ont accepté malgré ma différence, car j'aurais du avoir des cornes sur le front. J'aime aider les autres, je veux que le monde soit meilleur et c'est pourquoi je veux devenir... Jedi!

Aucune fioriture. Aucun véritable détail. Juste l'essentiel.

Le sabot de Samaël glissa légèrement, l'enfant le redressa et le posa fermement sur la table,
les flancs légèrement tremblants encore mais le maintien stable. il voulait finir cet exercice et bien.


Pendant ce temps du coin de l'oeil, il remarqua la bibliothécaire qui avait pris le comlink. Surtout ne pas la regarder, éviter sa colère et son propre "excusez-moi" qui lui brûlait la gorge.
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