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21 heure

Le début de la Nuit du Carnaval approchait. L'origine de cette fête coruscantii se perdait dans l'histoire républicaine. Il y avait sans doute quelque chose à fêter à l'origine. Une victoire quelconque, la mort d'un personnage illustre, Aarona n'en avait aucune idée. Seule la tradition qui persistait lui importait : une nuit de fête où nombre de petits délits étaient, disons, passés sous silence. Il n'y avait en théorie aucun adoucissement et bien sûr les vrais crimes étaient traités comme d'habitude. Mais disons simplement que, pour une nuit, la loi devenait plus souple et que nombre d'infractions mineures, en particulier relatives à l'alcool, à la fête et à d'autre choses de cet acabit, n'étaient pas jugés dignes d'intérêt par les forces de l'ordre chargés de travailler cette nuit-là.

Et puis bien sûr il y avait les déguisements. La tradition exigeait un simple masque, probablement pour ne pas être reconnu à l'origine, mais plein de gens s'amusaient de créer des déguisements bien plus originaux. Certains travaillaient des mois sur le déguisement qu'ils ne pourraient vraisemblablement porter qu'une nuit. La plupart, ceci dit, faisait tout simplement leur choix parmi la multitude de modèles proposés par les magasins. La plupart mais pas Aarona, oh non. Elle n'avait jamais eu recours à quelque chose d'aussi insipide : ses premières années sur Coruscant, elle avait cousu elle-même ses déguisements à partir de vieux vêtements récupérés de droite à gauche. Plus tard, au début de sa carrière d'artiste elle avait piqué dans les vieux costumes de sa troupe. Désormais qu'elle était riche et célèbre, elle faisait appel à des tailleurs particuliers pour lui confectionner des costumes sur-mesure.
Et elle s'était surtout procuré un vieux costume de Espèce d'Artiste, l'un de ceux qu'elle avait porté lorsqu'elle dansait avec eux. C'était Yvonne qui lui avait passé lorsqu'elle s'était vu sur un plateau deux jours avant. La tenue était chatoyante, multicolore et complétée par un masque qui lui recouvrait la moitié du visage et arborait des motifs en losange aussi bigarrés que le reste. Sur scène, le costume était censé représenter un genre d'esprit-farceur qui tourmentait l'héroïne de la pièce. Lorsqu'elle l'avait porté elle avait tellement éblouit les spectateurs qu'elle était devenue la vraie star du numéro qu'on avait réécrit spécialement pour elle. Son premier vrai succès. Mais elle doutait que quiconque à part elle-même se rappelle qu'elle avait joué ce rôle. Aarona fourra le déguisement dans son sac à main et enfila celui qu'on avait créé pour elle. Un truc branché, noir métallisé, qui la laissait presque à moitié nue. Non, réellement à moitié nue en fait. Elle aimait beaucoup aussi, surtout avec ce loup noir aux courbes fines qui venait se coller à son visage. Une fois satisfaite de sa toilette, elle sortit de sa chambre et descendit un escalier pour rejoindre la pièce principale de son appartement de luxe.

Quand elle arriva un type en costume noir cintré se leva. Deux mètres de haut, un mètre d'épaules, crâne rasé et quasiment jamais un sourire : le prototype du garde du corps parfait. Seul concession à la soirée : un masque sur son visage, jaune fluo, qui faisait plus pirate de l'espace dans un mauvais feuilleton holo qu'autre chose.

« Vous êtes prêtes madame ?
-Oui, Butler. Nous pouvons y aller. »

Et cette manie de l'appeler madame ! Le seul truc qu'elle pouvait supporter chez lui, c'était sa relative discrétion. Mais il était exigé de ses producteurs, qui ne voulaient certainement pas voir leur précieux investissement se mettre dans quelque situation inextricable. Ils quittèrent l'appartement et montèrent dans le speeder de luxe garé devant la porte. Puis ils décollèrent dans l'intense circulation de la ville-planète en direction de la première soirée.
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22 heures

Ce n'était pas son meilleur début de soirée. Certes le Musée des Arts et Culture avait mis le maximum pour les accueillir. Le gratin des artistes en vogue était ici. Une soirée ''spécial controverse''. Le problème c'est qu'il y avait de nombreuses sortes de façons de faire de la controverses dans l'art et que toutes ne s'accordaient pas entre elles. Et qu'Aarona en avait plus qu'assez d'écouter des philosophes débattre avec des performeurs sur d'hypothétiques sens de lecture à des œuvres qu'elle trouvait le plus souvent stupides quand elles n'étaient pas profondément débiles. Par exemple cette sculpture en résine de la nacelle de la chancellerie dans la rotonde mais placée à l'envers. Ça faisait un bon quart d'heure qu'un humain et une mon calamari débattait de la portée symbolique de la sculpture et de la critique intrinsèque contenue dedans. Elle avait arrêté de suivre et quand on lui avait demandé ce qu'elle en pensait, elle avait simplement dis que c'était stupide et bien trop difficile de danser dessus quand elle était dans ce sens.

Elle avait envie de faire quelque chose. Elle aperçut du coin de l’œil quelqu'un qu'elle connaissait : Demax, un musicien humain dont elle appréciait particulièrement les airs, très dynamiques mais avec qui elle n'avait jamais vraiment eu l'occasion de discuter. Elle le rejoignit en jouant un peu des coudes et le salua. La discussion s'engagea rapidement entre eux, d'abord relativement professionnelle puis franchement détendue, tandis que l'homme avait du mal à décrocher le regard du sein découvert de la danseuse. Alors qu'il discutait de leurs travaux respectifs, elle lui demanda soudainement :

« Tu as tes instruments avec toi ?
-Ouais, bien sûr, tous les musiciens ont été invités à les amener. Pourquoi ?
-J'ai une petite idée pour mettre de l'animation, approche-toi. »

Elle lui glissa quelque mots à l'oreille qui élargirent le sourire du musicien d'une oreille à l'autre, puis elle s'écarta légèrement :

« T'es partant ?
-Bien sûr ! Laisse-moi juste le temps d'aller récupérer mon clavier et je m'installe sur le balcon, ça sera parfait.
-Ok, je vais me préparer. »

Elle fendit de nouveau la foule en direction du bord de la salle. Elle n'eut aucun mal à repérer Butler. Négligemment appuyé contre un mur, il échangeait quelques mots avec ce qui ressemblait fort à un autre garde du corps, un cathar puissamment bâtis qui ne portait qu'un pantalon de costume et un masque papillon bleu nuit sur les yeux. Et c'était tout. Elle se fit la réflexion que son garde du corps avait des partenaires de discussions presque plus intéressant que les siens.

« Butler, j'ai besoin de vous ! Et amenez une chaise ! »

Le garde du corps soupira et traversa la foule en tenant une chaise à la main. Ce qui ne manqua pas de faire tourner quelques têtes dans sa direction. Aarona fit asseoir le gaillard sur la chaise qu'il transportait, juste au pied de la statue moche de nacelle, dos à l’œuvre « d'art ». Les gens autour d'eux les regardaient désormais franchement intrigués et laissèrent même un peu d'espace. Une performance surprise n'avait rien de très étonnant, mais la plupart ne s'était attendu à rien d'une danseuse un peu vulgaire. Aarona retira ses chaussures à talons, certes pas excessifs mais qui allaient bien trop la gêner pour ce qu'elle escomptait faire.
Demax se présenta finalement au balcon, installa son clavier et, après un signe de connivence entre les deux artistes, commença à jouer. La musique était puissante, entraînante. Aarona prit son élan et courut en direction de Butler, qui semblait un tout petit peu moins impassible et un tout petit plus inquiet. C'était léger cela dit. Arrivé juste devant lui elle sauta avec grâce et, se servant du garde du corps comme d'un marche-pieds, prit appui sur sa jambe puis sur son épaule -elle le sentit d'ailleurs sérieusement flancher à ce moment là et faillit ne pas réussir le dernier saut-, et atterrit sur le haut de la structure. Elle prit une seconde pour se réceptionner tandis que la statue tanguait légèrement -en fait ça semblait creux, marrant-. Puis elle commença à danser. Rien d'exceptionnel, surtout que la forme arrondi de sa scène improvisé ne lui facilitait pas la tâche et qu'elle manqua glisser plus d'une fois. Et puis, à force de bondir dessus, d'aller en tout sens, elle sentait bien que sous ses pieds tout commençait à se casser la gueule. Elle encouragea le mouvement, commençant à sérieusement faire tanguer la statue sur son socle vers l'avant. Ce qui provoqua un reflux de la petite foule d'artistes. Finalement, s'en fut trop, dans un craquement sonore la réplique tomba vers l'avant, tandis que Deax improvisait une descente de notes pour accompagner la chute et qu'Aarona se projetait en avant. Elle se réceptionna au sol en roulade, presque sans froisser son costume -il n'y avait pas assez de tissus et il était bien trop moulant pour réellement se froisser- et se redressa tandis que derrière elle la nacelle s'effondrait sur elle même en craquant de toutes parts. Les réactions ne tardèrent pas : certains la traitaient de vandale, d'autres applaudissaient ce qu'ils qualifiaient de « performance critique absolument brillante » et la plupart ne savaient pas quoi en penser. Aarona, elle, saluait son public avec de grands gestes tout en riant à gorge déployée.
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Attention a écrit:La scène qui suit peut ne pas convenir à toutes les personnes. Elle aborde une thématique sexuelle.
Même si je suis resté soft, ne lisez que si vous êtes à l'aise avec ce genre de sujet.


23 heures

La pièce était plongée dans un clair-obscur provoqué par les lumières de la ville qui filtraient à travers les stores. Les chaudes lumières des éclairages publics, plus celles multicolores des installations du carnaval, découpaient le petit bureau -probablement un comptable quelconque travaillant pour le musée, ou un bureau de recensement des objets, vu le nombre de classeur contre l'un des mur- et rendaient les ombres encore plus noirs qu'elles n'auraient du l'être. Dans le lointain, on pouvait entendre les musiques de la soirée organisée par le musée, mais c'était un tout autre type de mélodie qui flottait dans la petite pièce. Une mélodie faites de caresses, de baisers, de gémissements et de petits cris de plaisir mal contenues tandis que les deux silhouettes, découpés par la lumière, s'enlaçaient et glissaient l'une contre l'autre, ne se séparant que brièvement pour mieux se retrouver. Un éclair plus lumineux révélait parfois une peau luisante de sueur, qu'elle soit brune ou citron, ou bien la rotondité d'un sein caressé par des doigts agiles, ou encore des cheveux noirs et violets, que fouillaient d'agiles lekkus jaune, baignant deux visages dont les lèvres se séparaient le moins possible.

Aarona fit basculer son amante sur le côté, repassant au-dessus. Elle cessa un instant de la dévorer de baiser pour contempler le visage légèrement poupin, aux yeux orangés qu'elle avait trouvé irrésistibles lorsqu'elle les avait croisé dans la salle de réception. Il s'agissait d'une jeune artiste peintre prénommée Elyskale qui avait été très impressionné par la réputation d'Aarona, son aura et son petit spectacle improvisé. La convaincre de la suivre dans un endroit isolé n'avait pas été très dur et, au vu de ses réactions, elle ne regrettait absolument pas. La danseuse embrassa de nouveau les lèvres offertes qui ne demandaient que ça, puis commença à descendre doucement, dévorant de baisers d'abord le cou de son amante, puis sa poitrine et son ventre, jusqu'à arriver plus bas. Les gémissements d'Elyskale se firent plus forts et elle se cambra sous cette nouvelle caresse. Quand elle se laissa retomber contre le bureau, épuisée, Aarona la rejoignit et vint s'allonger contre elle, peau nue contre peau nue, déposant de petits baisers sur ses seins et ses lekkus tandis que les mains de la twi'lek dessinaient du bout des doigts les tatouages de la zabrak, ce qui lui provoquait de petits frissons d'excitation quand elles s'aventuraient dans certaines zones plus sensibles.
Elles restèrent ainsi de longues minutes, avant de se séparer et de se rhabiller. Avant de quitter le bureau, elles s'embrassèrent de nouveau puis regagnèrent la soirée, où elles firent mine que rien ne s'était passé et où leurs interlocuteurs firent mine qu'ils n'avaient rien remarqué tandis que seuls quelques journalistes de presse people qui avaient réussit à rentrer prenaient note.
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Minuit

« Aarona chériiiiiiie ! »

La voix tonitruante arrivait à se faire entendre par-dessus la musique, dont le volume suffisait pourtant déjà à faire trembler l'alcool dans les verres. Mais ça n'avait finalement rien d'étonnant puisque celle qui avait émis ce son était une hutt -ou un ? c'était compliqué- et pas n'importe quelle hutt, une hutt qui avait dédié une partie de sa longue vie à entraîner sa voix. Et quand on voyait les performances vocales qu'elle pouvait atteindre, certes pas tant en harmonie qu'en puissance, on se demandait pourquoi si peu des siens n'avaient pas tenté de percer dans ce milieu.
La zabrak se retourna pour voir Yvonne lui foncer dessus. Enfin c'était très relatif puisque la cantatrice ne pouvait guère aller plus vite que quelqu'un en train de trotter à petites foulées. Toutefois la masse qu'elle représentait rendait le tout suffisamment impressionnant.

« Yvonne ! »

Le plus souvent, pour saluer un hutt on se contentait d'un hochement de tête. Les plus attentionnés ou indifférents à leur état leur serrait la main. Il était donc particulièrement peu banale de voir une zabrak se jeter dans les bras d'une hutt sans même une moue de dégoût. C'est pourtant bien ce que fit Aarona. Comme elle l'avait expliqué à Yvonne à l'époque où elles s'étaient rencontré, elle avait du offrir bien plus à des clients bien plus repoussants parfois. Au moins Yvonne avait-elle le soin d'elle-même et même si sa biologie ne l'y aidait pas, elle essayait d'être la plus propre possible au yeux des autres espèces.
Et puis de toutes façons, il y avait une fontaine en plein milieu du hall, il fallait bien que ça serve. Les deux amies se séparèrent finalement et tandis qu'elle l'entraînait au travers de la pièce en direction du bar, Yvonne entama la conversation :

« Alors t'as réussit à t'échapper de cette exposition au musée ?
-Oh tu sais c'était pas si mal. J'ai rencontré une jeune peintre fort intéressante.
-Hum... ses toiles t'ont fait forte impression ?
-J'en ai vu aucune, mais elle a des mains et des doigts si agiles ! »

La hutt explosa de rire, ce qui fit sursauter plusieurs personne non-habituées autour d'elle. Elles parvinrent finalement au bar de la discothèque. L'établissement était habituellement un sanctuaire pour les personnalités connues de Coruscant qui pouvaient venir faire la fête entre elle et derrière un service de sécurité qui donnait des problèmes même aux plus tenaces des paparazzi. Mais pour le Carnaval, les portes étaient ouvertes à tout le monde et les alcools de luxe bradés : chacun pouvait venir se prendre pour une star pendant une nuit et se mêler avec ses idoles. Bien sûr, une bonne partie de la clientèle habituelle désertait alors les lieux pour les soirées privées dans les appartements des hautes-sphères de Coruscant, mais il restait toujours des chanteurs, des présentateurs d'holos ou d'autres icônes populaires pour venir et donner aux gens se sentiment de privilégié. Les masques devenaient particulièrement intéressants puisque personne n'était jamais sûre de qui était qui. De là où elle était, Aarona pouvait apercevoir au moins deux zabraks qui lui ressemblaient un peu et qui avaient adoptés ses habitudes vestimentaires.
Seule Yvonne n'était pas déguisée. Elle n'avait mis qu'un banal masque devant ses yeux globuleux, qui peinait à en faire le tour et était presque invisible. Mais bon, même si elle s'était enroulée entièrement de tissu, la cantatrice aurait été reconnaissable entre mille, alors...

« Je n'ai que deux alter-ego cette année.
-Trois, mais l'une d'elle t'as bien cerné et a disparue dans les étages supérieurs en charmante compagnie. Un danseur de ta troupe d'ailleurs. Il avait l'air de réaliser un de ses fantasmes si tu veux mon avis.
-Hum, ça doit être Dracen. J'ai toujours pensé qu'il avait très envie de me sauter. D'ailleurs puisque tu m'a sauté dessus dès que je suis arrivé je m'attendais à ce qu'on vienne me harceler.
-Oh t'inquiètes j'ai fais la même aux trois autres. Y en a même une qu'à osé me faire un semblant de câlin. C'est celle qui est trempée là-bas. Je crois qu'un de tes admirateurs l'a nettoyée en l'aspergeant de champagne vert.
-Courageuse. Elle me dit quelque chose.
-Elle t'imitait déjà l'année dernière.
-T'es sûre ?
-Certaine, je reconnaît ses tatouages.
-En parlant de ça j'arrive pas à comprendre comment les gens se laissent berner. C'est quand même vachement reconnaissable...
-Pour vous peut-être. Pour la plupart des espèces, c'est qu'un entrelacs informe de couleur variable. »

Tandis qu'elle discutait le serveur, qui avait évidemment reconnu Yvonne et qui avait l’œil attentif et avait donc reconnut Aarona -faut dire qu'une fois elle lui avait sauté dessus derrière son bar, complètement saoule et particulièrement peu vêtue-, leur avait apporté leur boisson favorite. Yvonne se retrouvait donc avec une véritable chope d'alcool hutt à faire tourner de l’œil presque n’importe qui -c'est ce qu'Aarona avait bu le jour où elle avait sauté sur le serveur- tandis que la zabrak se voyait servir un plateau sur lequel une dizaine de verres de toutes les couleurs se côtoyaient, certains pétillants, d'autres non, mais tous dégageant une bonne odeur d'alcool fort. Très fort. Elle en saisit un, qu'elle fit tinter contre la chope d'Yvonne.

« Tu as la moindre idée de ce qu'il y a dedans ?
-Absolument pas, c'est ça qui est drôle ! »
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Heure indéterminée

Aarona se sentait légère, très légère. Elle peinait à sentir le sol sous ses pieds, comme si elle flottait légèrement au-dessus. Tout autour d'elle semblait immense, les murs de la discothèque étaient comme de hautes murailles par-delà les immenses plaines vallonnées. Le plafond était devenu un manteau sombre parsemé d'éclairs et d'étoiles plus brillantes les unes que les autres. L'air était chaud, lourd, encombré de bruits qu'elle avait presque l'impression de pouvoir voir comme des traînées de couleur parcourant les airs. Certains étaient agressifs, d'autre mélodieux.
Elle était au milieu de tout ça, à danser comme une feuille ballottée par le vent, au milieu des ombres qui peuplaient les lieux, qui prenaient parfois des formes humanoïdes lorsqu'elle se rapprochaient. Elles étaient de toutes les couleurs et la plupart arboraient des visages distordus, sans aucun sens, sans symétrie même. Certaines l'envoûtaient et elle se laissait porter par leurs caresse, dansaient avec elles, les enlaçaient. D'autre au contraire l'effrayaient et elle les fuyait.
A un moment elle se sentit attraper par le poignet. En se retournant elle se retrouva face à une ombre plus imposante que toutes les autres. Elle semblait faire plusieurs mètres de long, repliée sur elle-même comme un serpent prêt à attaquer. Son visage s'ouvrit en deux et une haleine putride s'en échappa. Des sons comme des raclements de pierre parvinrent aux oreilles d'Aarona, sans qu'elle n'en comprenne le moindre sens. C'était trop pour la jeune femme qui retira vivement sa main et frappa de l'autre. L'ombre se recula un peu en l'invectivant, déversant sa haine, mais elle courrait déjà dans l'autre direction. Elle sentit quelque chose lui faucher les jambes et elle s'étala sur une surface plane, dure, surélevée. Autour de celle-ci, un groupe d'ombre la regardaient avec des yeux étonnés pour la plupart. Une réagissait, s'agitait, s'énervait contre elle. Aarona lui saisit le visage et colla ses lèvres contre les siennes. Quand l'étreinte se finit l'ombre resta muette, immobile, tandis que les autres autour explosait d'une joyeuse cacophonie qui sonnait comme une multitude d'oiseaux. Aarona sauta par-dessus les ombres et atterrit derrière. Une léger bruit de cascade parvint à ses oreilles et elle regarda dans cette direction. Non loin d'elle il y avait un lac. L'eau scintillait comme des saphirs. La zabrak courut dans cette direction, posa un pied dans l'eau et plongea en avant. L'eau, glacée, la frappa et la sonna comme un coup de marteau et elle sombra dans l'obscurité.


« J'ai l'air de quoi ? »

Le visage d'Yvonne sembla un instant songeur, ses gros yeux comme examinateurs. Puis, en prenant son temps elle répondit :

« Franchement, pour quelqu'un qui s'est éclaté sur le fond d'une fontaine en métal, ça va largement. Bon ton arcade droite ne s'en remettra pas tout de suite, pas plus que ton menton, mais en dehors de ça tu es plutôt en grande forme. Je suis sûre que la plupart des gens avec qui tu pourrais en avoir envie ne refuserais pas. Par contre faudra pas qu'ils t'empoignent le sein gauche, ou tu vas douiller. Enfin ça peut être un trip après.
-Si tu le dis, Aarona tâta du doigt la plaie à son menton, légèrement gonflée et s'en voulut instantanément car ça raviva la douleur. Désolé de t'avoir frappé au fait. Tu n'as rien ?
-Va falloir que tu te muscle sacrément avant de pouvoir me faire mal avec tes petits poings, surtout que là t'avais autant de vigueur qu'une huître de kashyyk. T'inquiètes pas pour moi je vais bien. »

Aarona se laissa aller contre le siège de la banquette où on l'avait ramené. L'infirmier qui s'était occupé de ses blessures remballait la trousse de soin qu'un vigile lui avait fournit et s'éloigna en serrant contre lui l'autographe que lui avait signé la danseuse. De l'autre côté de la table, Butler se massait le front de son air profondément ennuyé. Ça allait encore lui faire des problèmes, les producteurs n'aimaient pas qu'Aarona se blesse, tout spécialement au visage. De là où ils étaient ils avaient une vue en surplomb du reste de la boîte. Elle pouvait voir les petits groupes de gens qui discutaient et lançaient parfois des regards dans sa direction. Tout le monde savait désormais qu'elle était la vraie : peu de gens sont capables d'effectuer un double salto en étant sous l'emprise de stupéfiants lourds. Yvonne suivit le regard de son amie :

« T'as mis un sacré bazar, t'étais impossible à arrêter. Je crois que plusieurs couples ne se remettront jamais de ton passage d'ailleurs. Et ce vuvrien que tu as embrassé semble encore tétanisé, je sais pas si c'est de bonheur ou de peur par contre.
-C'était un vuvrien que j'ai embrassé ?!
-Après que tu te sois écrasée sur une table ? Ouais, pas de doute, même un masque intégral ne peut pas cacher leur sale tronche. »

Aarona regarda frénétiquement autour d'elle et se jeta sur une bouteille qui traînait sur une table avant d'en boire une longue gorgée.

« Hey, fais gaffe ça titre au moins du 70 ce truc !
-Justement c'est exactement ce qu'il me faut pour me désinfecter ! » articula-t-elle entre deux gorgées tout en s'en tartinant les lèvres. Elle retint un cri de surprise mêlé de douleur quand le liquide dégoulina sur son menton encore ouvert et laissa échapper la bouteille qui s'éclata au sol. En prenant garde aux éclats de verre elle regagna la banquette et s'y laissa tomber. Yvonne continuait de contempler la salle, accoudée à la balustrade.

« Tu lui avait demandé de te servir un tel truc au barman ?
-Non, je lui avais juste demandé des cocktails surprise en précisant que je voulais les expériences les plus fortes. Pourquoi ?
-Parce que je viens de voir Fesolggio lui glisser une barre de crédits quand personne regardait.
-Ah l'enculé. Je suppose que je peux m'attendre à faire la couverture des magazines pour les prochains jours. »

Un autre serveur s'approcha de la table et déposa un plateau devant Aarona, sur lequel reposait des verres remplis d'un liquide à la délicate couleur ambrée. Le serveur jeta un regard en biais à la bouteille éclatée et glissa quelques mots dans un petit communicateur accroché à sa manche. Butler jeta un œil aux verres, puis à Aarona :

« Vous êtes sûr que c'est une bonne idée ?
-Détendez-vous, cette fois ce n'est que de l'alcool, assuré. Et puis vous savez que je n'aime pas les bonnes idées de toutes façons. »
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02 heures

« On sourit pour la photo ! Et celui qui me mets une main au cul la retire immédiatement, merci. »

Un petit clic bien vieillot émana du droïde qui flottait doucement face à eux et le petit groupe se sépara. Aarona était entouré d'une demi-douzaine d'humains. Deux jeunes adultes, visiblement un couple, trépignaient de joie depuis qu'ils avaient osé venir lui parler tandis que les quatre autre étaient des amis qui se foutaient un peu de leur gueule sans manquer l'occasion de se la péter pour avoir côtoyé une super star. Et l'un d'eux, un mec si elle devait juger à la taille de la paume, en avait profité pour la côtoyer d'un peu trop près. Ils discutèrent encore un moment, plaisantant et riant, jusqu'à ce qu'ils la laissent reprendre la direction de l'alcôve qu'elle occupait depuis presque deux heures. Ce genre d'interruptions n'arrêtaient pas, suite à son petit spectacle improvisé quand elle était défoncé, puisqu'il n'y avait plus trop de doutes sur son identité. Même si elle s'amusait bien à essayer de faire croire aux gens qu'en fait elle était la doublure cascade de la vraie Aarona. Ça avait marché trois fois.

Elle déposa le plateau de verre qu'elle était partie chercher sur la table : l'affluence était telle que c'était plus rapide que d'attendre qu'un serveur les repère. Elle se laissa tomber sur la banquette en soupirant :

« Dernière fois que je vais chercher les commandes, je mets trois plombes à me débarrasser des fans à chaque fois.
-T'as qu'à être meilleure au sabbac aussi, je pourrais te battre sans regarder mes cartes. »

Celui qui venait de répondre était un bith, Fopu Jim : un artiste qui faisait partie de Espèce d'Artistes et avait rejoint la troupe après le départ d'Aarona. Mais ils avaient très vite sympathisé aux différentes soirées organisés par les membres. Le petit alien était un acrobate très doué, s'étant fait remarqué pour ses numéros de jonglage très esthétisés, où ils lançaient en l'air des orbes luisantes multicolores et n'hésitaient pas à les faire se rebondir les une sur les autres dans des éclats de lumière.
Hormis lui il y avait deux choristes de Espèces d'Artistes et trois danseurs/ses de la troupe d'Aarona, Yvonne qui occupaient la place normalement réservé à un sofa de la banquette, Demax et Elyskale qu'Aarona avait invité à les rejoindre après que la soirée au musée se soit réellement finis. Tout ce monde discutait, riait, jouait aux cartes, chantait ou jouait des mélodies improvisés sur les instruments des uns ou des autres tout en buvant abondamment. Demax essayait de jongler avec des résultats mitigés qui renversèrent plusieurs verres, Yvonne, Elyskale et l'un des danseurs discutaient peinture traditionnels et mouvances modernes, à peine interrompus par Aarona qui venaient parfois enlacer la twi'lek, le plus souvent en boudant après une autre défaite aux cartes.

Ah, et puis il y avait Butler qui, surprenamment, n'était pas en train de se faire chier mais écoutaient distraitement les conversations entre les gens, participait occasionnellement, en particulier lorsque le sujet dérivait sur la politique où se révélait alors chez le garde du corps une véritable passion.
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03 heures

« Et maintenant le moment que vous attendez tous : le concours de danse ! Sur qui se poseront les projecteurs, c'est ce que nous allons voir bientôt. »

Une cacophonie de cris de joie suivis l'annonce des hauts-parleurs de la discothèque tandis que la plupart des lumières s'éteignaient, plongeant la piste de danse dans l'obscurité et ne gardant que juste assez de luminosité pour deviner les silhouettes qui s'agitaient. C'était exactement le moment qu'avait attendu Aarona. Elle se leva d'un bond et sautilla presque jusqu'à la piste, sans qu'aucun de ses compagnons de soirée ne s'en étonne, elle fut d'ailleurs rapidement suivie de nombre d'entre eux. Butler la suivit du regard, distraitement, jusqu'à la perdre dans le noir et la foule qui venait essayer de se démarquer.
Aarona, elle, ne pensait pas à danser, pour une fois. Elle se glissa entre les gens, tournoyant à l'occasion avec un partenaire, mais parvint assez rapidement à sortir de l'autre côté. Elle se dirigea vers la porte des toilettes et y entra discrètement.

La pièce était vide, comme elle l'espérait : le concours de danse était l'un des événements de la soirée, l'un des derniers de surcroît, alors quasiment tout le monde voulait y participer. Les autres regardaient. Elle posa son sac sur le rebord d'un évier et en sortit le costume qu'avait récupéré pour elle Yvonne. Elle se débarrassa rapidement de son costume, aidée par sa légèreté provocante. Alors qu'elle commençait à enfiler la tenue multicolore, elle entendit la porte s'ouvrir. Elle se retourna pour voir une humaine qui s'était arrêtée en plein milieu de son mouvement, et rosissait légèrement en regardant la zabrak nue comme un vers. Puis elle bafouilla une excuse et ressortit en refermant la porte. Aarona haussa les épaules et mit le reste de sa tenue, puis ajuste bien le masque sur la moitié de son visage. Heureux hasard, il recouvrit la majorité de ses petites ecchymoses, suite à son bain involontaire. Elle finit de ranger son costume noir dans son sac à main et abandonna celui-ci sur le rebord de l'évier. Butler le récupérerait probablement.
Elle s'approcha ensuite du mur du fond. Un rapide examen lui permit de repérer le panneau amovible duquel devait sortir le droïde d'entretien. Pour tester, elle attrapa l'un des flacons de savon -on était dans un discothèque de luxe- et le projeta au sol où il s'éclata en répandant son liquide partout, tandis qu'elle revenait se placer juste à côté de l'ouverture supposée. Une série de vrombissements et de déclics plus tard, le panneau coulissa pour laisser sortir un droïde d'entretien pas plus haut qu'un enfant qui commença aussitôt sa tâche. Sans attendre, Aarona se glissa par l'ouverture avant que celle-ci ne se referme derrière elle. Elle se redressa prudemment : il faisait noir comme dans un four et presque encore plus chaud. Elle était dans les coulisses de la discothèque. Sur sa droite, il y avait un peu de lumière qui diffusait. Elle se glissa dans cette direction. C'était visiblement un couloir d'entretien, comme elle l'avait espéré. En arrivant à la lumière, elle vit qu'il s'agissait d'une porte signalée par une diode. Certainement menait-elle à d'autres salles de maintenance. Elle l'ouvrit pour effectivement tomber sur un escalier qui descendait, éclairéet davantage pensé comme un lieu de passage pour des humanoïdes, puis sur un couloir. De l'ambiance de la discothèque, seules les basses étaient encore perceptibles, faisant légèrement trembler les murs et clignoter les néons qui éclairaient ces couloirs mornes.
Elle s'avança sans gêne, comme si elle était chez elle. Non loin devant elle il y avait une porte ouverte d'où elle entendait des voix discuter. Elle s'en approcha et se tint dans l'encadrement. C'était une petite salle de repos : deux techniciens humains, un homme et une femme, discutaient avec ce qu'elle reconnut être une des serveuses de salle les plus appréciées, une zeltronne aux tenues... appréciables. Ils discutaient de tout et de rien et se turent progressivement quand ils l'aperçurent, en la dévisageant comme s'ils n'étaient pas sûrs qu'elle soit vraiment là.

« Excusez-moi, la sortie de service la plus proche est où ?
-Vous continuez dans le couloir, vous prenez à droite, descendez deux niveaux puis à gauche et c'est la première porte sur votre droite. » répondit l'humaine, hésitante.
« Merci beaucoup. »

Elle leur adressa un grand sourire -qui s'affichait également sur le masque qui recouvrait la moitié de sa bouche- et repartit. Elle entendit leur discussion reprendre, essentiellement sur qui elle était et ce qu'elle foutait là. Elle accéléra le pas des fois que l'un d'eux veuille essayer d'en savoir plus et ne la retienne. Mais elle n'eut pas de problème et elle atteignit la porte de sortie, sur laquelle un symbole rouge indiquait qu'elle menait à une passerelle extérieure. Elle l'ouvrit et sortit.

La première chose qui la cueillit fut le vent qui manqua la faire trébucher. Elle s'agrippa d'une main à la rampe et referma la porte tandis qu'elle savourait l'air de la ville. Elle avait descendu plusieurs niveaux comparé à celui où elle était entrée et se trouvait dans une ruelle davantage prévue pour la maintenance et la livraison des nombreux restaurants, hôtels, brasseries et autres lieux de divertissement que pour le trafic. Il faisait assez sombre, il faisait assez chaud et l'odeur était peu agréable. Un avant-goût de ce vers quoi elle allait descendre. Elle suivit la passerelle qui longeait les façades et donnait sur plusieurs dizaines de mètres de vide jusqu'à la première rue en contrebas qui, de loin, semblait véritablement marqué le commencement des quartiers moyens de Coruscant. Une première étape mais loin d'être la dernière qu'elle prévoyait pour cette nuit.
En continuant sur la passerelle elle put rejoindre l'une des avenues principales, à peine plus d'une dizaine de mètres en dessous de l'entrée de la discothèque. Elle se dirigea vers l'une des bornes de navettes en commun. Une nuit comme ça, le service tournait à son maximum entre les différents hauts-lieux de divertissement. Tandis qu'elle embarquait dans une navette pleine de gens fatigués et qui songeait sûrement à rentrer dans leur appartement de classe moyenne, elle se disait que désormais, la fête pouvait vraiment commencer. Elle eut de vagues remords pour Butler qui allait sûrement s'arracher les cheveux qu'il n'avait pas et quelques regrets de ne pas pouvoir emmener Elyskale avec elle, mais elle les balaya bien vite, elle aurait tout le temps de regretter ses actes le lendemain, quand elle paierait ses abus de débauche, effondrée de fatigue et d'alcools dans son lit -ou son sofa, voir son hall d'entrée, suivant son état-.
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