Korgan Kessel
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« Typhon Leader, en position. »

Planqué derrière un buisson épineux, j'ai les yeux rivés sur l'objectif. Un immense manoir, vieille bicoque ayant jadis appartenu à un excentrique plein aux as... Juste là, rien de très intéressant. Sauf que, d'après les renseignements républicains, ici se terrent la branche d'un cartel lié à Borenga le Hutt. Trafics en tout genre... Franchement, j'ai pas vraiment écouté cette partie du briefing. Le pourquoi du comment c'est pas ce qui me fait bander. Moi, la seule chose qui m'intéresse : c'est avec quoi on va leur refaire leurs tronches de cake. Les autres Typhons se manifestent à leur tour. La mission est simple : on entre, on nettoie les lieux, et on laisse la place aux fouines de labo qui viendront passer murs et planchers au peigne fin.

Enfin une mission simple ! Cette fois, j'vois pas ce qui pourrait mal tourner !

« Typhon Leader, y'a du mouvement... »
« Une ombre vient de passer au dessus de ma tête ! »
« Ils me foncent dessus ! »


L'espace d'une seconde, c'est une cacophonie indescriptible... La peur et la panique s'invite dans les voix des autres Typhons pourtant habitués à aux situations critiques. Merde ! Qu'est-ce qui se passe ?! J'ouvre la gueule pour leur ordonner de se taire, mais un silence de plomb s'abat soudain autour de moi. Silence radio. Plus une seule voix. Je me tapote l'oreillette. Rien. Même pas un grésillement... Que... Un putain de malaise me noue l'estomac. Je sus comme un porc, mets plusieurs secondes avant de réaliser d'où vient cette terreur incontrôlée qui me bouffe les tripes... Il n'y a vraiment plus un seul bruit... Rien, nada, quedal. Plus un seul bruissement de feuille, plus un seul grattement qui attesterait de la présence d'un quelconque animal. Autour de moi la végétation dense, sauvage, est de plus en plus menaçante... La pleine lune, sur fond de ciel sans étoiles, balance ses rayons blafards dans toutes les directions, transformant la moindre des ombres en une créature de cauchemars...

Putain de merde, c'est dans ma tête ! Korgy, faut te reprendre ! T'es pu un grosse merde ! T'as pas peur du noir hein ! Mais alors même que j'essaye de reprendre le contrôle de mes émotions déchaînées, le brouillard devient de plus en plus épais, créant un écran quasi impénétrable entre le manoir et ma position à l'orée des jardins laissés en friche. Une décharge me parcoure l'échine, me file la chair de poule...

« Les gars ?! Vous êtes là ?! »

Pas de réponse rien. Putain fait chier. Je grimace, me redresse, debout, les jambes devenues du coton. Pire qu'un gosse !

Soudain, un bruissement me fait sursauter. Volte-face. Rien. Un mouvement sur la gauche, je tourne vivement la tête, juste à temps pour distinguer une silhouette qui s'évapore aussitôt dans les volutes de vapeur d'eau. Je braque mon flingue dans cette direction, me fige, respiration coupée... D'abord j'entends rien... A part mon pouls qui menace de me faire éclater les tympans. Mais rapidement, mon oreille décèle un bruit... Comme une respiration, lourde, irrégulière...

« Y'a quelqu'un ? Si c'est une blague c'est pas drôle hein... »

Craquement d'une branche au sol. Quelque chose bouge... Et c'est alors que je la vois... Une lueur, dans le brouillard. Un œil énorme...

OH PUTAIN DE MERDE C'EST QUOI CETTE EMBROUILLE !

Mon sang ne fait qu'un tour ! Mon corps réagit avec l'énergie du désespoir... J'ai même pas le temps de calculer ce qui se passe, que je détalle, jambes à mon cou, en direction du manoir. Son imposante silhouette devient de plus en plus nette. Tel un athlète, je saute par dessus les haies et les parterres de fleurs laissés à l'abandon. Merde, j'ai jamais couru aussi vite. Dans mon comlink, à tout hasard, je tente d'articuler, complètement essoufflé  :

« L'assaut... Je... l'assaut ! »

La façade du manoir m'avale de toute son ombre. Je fonce, sans réfléchir. Mon corps est en mode automatique. Face à moi, un mur de pierres dégoulinantes d'humidité, recouvertes de mousses et de plantes grimpantes. Plusieurs fenêtres aux solides volets fermés... Et une porte. Petite, pas très large. Elle est en bois... Je distingue clairement de la lumière de l'autre coté. Toujours sans réfléchir, je l'enfonce d'un coup d'épaule et entre en trombe...

Pour me retrouver au milieu d'une cuisine, entouré d'une douzaines de silhouettes...
Darth Velvet
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Un souffle de vent balaye les frondaisons, et sous cette caresse langoureuse et chaude, les roseaux bruissent doucement, ploient, leurs têtes couronnées frôlant avec souplesse, le sol meuble et déchirant la brume de leurs pointes frémissantes. Là, dans un silence absout du hululement des nocturnes, sous une lune trouble, des nuages sombres, et la main blanche d'un brouillard effiloché, se dresse orgueilleusement un manoir flanqué de ses crénelés, de ses tours ivoirines et de ses persiennes en vitrail. Ma destination... mon objectif...

Je foule le sol, de cette grâce propre aux félins , aux prédateurs en chasse, et malgré la fraîcheur de cette nuit sans étoiles, malgré cette vibration ténue et fébrile dans la force, comme un l'avertissement d'un danger à venir, je demeure imperméable, concentrée. Ma main, pourtant, s'attarde sur la garde de mon sabre, puisant le réconfort et la Force qu'il m'est nécessaire pour mener ma mission à bien. J'aurais pu, probablement, m'introduire dans les méandres de cette demeure, telle une ombre, une silhouette fantomatique d'obscurité et de défi glisser dans les corridors jusqu'à ma cible, mais je préfère cette fois ci, avancer différemment les pions de mon échiquier. J'ignore,une fois n'est pas coutume, celui qui règne sur ces pierres, le parent de cette mafia et les tentacules qu'il manœuvre au cœur de la Cité. En revanche, ce que je sais, c'est qu'il use, abuse de cet enfant de la Force dont il est le maître et la parentèle contestée. Que les jedis volent des enfants à leurs parents, et laisse celui-ci à cet homme dont j'ignore tout, me laisse pantoise. Qu'importe...

Je frappe, n'ignorant rien de ces regards perchés par dessus de moi, par les meurtrières sombres. Nous avons rendez-vous. La porte s'ouvre et grince et l'on m'accompagne. Au loin, la musique brutale d'un groupe contemporain gamoréens, accompagne le claquement de mes bottes sur les dalles. Il fait sombre, et l'éclairage diffus, sans homogénéité dessine sur les murs salis des ombres fluctuantes, mouvantes, inquiétantes. Des doigts enserrent d'une poigne puissante, mes entrailles, nouant une boule au creux de mon ventre. Est-ce en raison de l'atmosphère pesante de la maisonnée, dont les craquements de poutres, les papiers-peints vieillots, d'auréoles jaunies et de pans déchirés, les lampes poussiéreuses attisent une angoisse primale ? Ou simplement est-ce cette impression persistante de n'être qu'une musaraigne prise dans la nasse d'un piège qu'elle ignore.

La cuisine. Je pénètre dans le halo, avisant des plans de travail ébréchés par le temps, de la marque de couperet et de couteau qui entaille un bois gondolé par l’humidité et les moisissures. Là, attablé devant une large table propre et une assiette remplie de sauce rouge, de viandes grillées et de pâtes, trône un humain, forci par la bonne chère et des années de beuverie. A son coté, assis par terre, la tête entre les mains et se balançant d'avant en arrière, il y a un enfant. Aveugle. Dénué d'orbites.


Ma présence doit le troubler, il s'agite, commence à marmonner, pleurniche. Je me mord la lèvre, rétracte mon aura pour qu'elle ne le perturbe pas davantage. En vain.

« Ainsi c'est vous. Vous êtes venu. Je n'y croyais pas que Fantôme me dégotterais un truc dans votre genre . Vu comme vous coutez cher, vous avez intérêt à assurer avec le gosse ! »

« Évidemment ! »

« Ouais, enfin il a pas l'air de beaucoup vous apprécier. Hé le morveux, ferme ton claque merde ! »

Et une gifle s'envole, cueillant l'enfant, alors que la peur hante ses traits, déforme sa bouche d'un hurlement déchirant. Je sens ses larmes au travers de la force, acides, brûlantes et ses borborygmes s'amplifient, dans des cris assourdissant. L'humain, se lève, lui colle un coup de pied dans les cotes, alors qu'il s'écroule, tandis que je ronge mon frein. La haine glisse en moi, puissante, sans que je la contrôle complètement. Mon aura ourlée de violence lèche l'enfant qui bondit sur ses pieds, la folie sur lui. A nouveau, il lève sa main sur lui, mais cette fois ci, je file, vif argent, entre sa proie et lui, attrapant cette main trop leste, alors que le miraluka s'enfuit dans un chapelet d'hurlements.

« Suffit ! »

Soudain, comme un écho à ma voix, la porte s'ouvre brutalement, les blasters se dressent sous le fracas, par réflexe.

« C'est quoi ce bordel ! » claque la voix du parrain.
Korgan Kessel
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Rapidement, mes pupilles s'étrécissent, ma vue s’adapte à la lumière. Les silhouettes floues deviennent des êtres vivants. Je reconnais direct le parrain du cartel, accompagné de ses sbires. Depuis le briefing sa gueule est gravée dans ma mémoire. Les types réagissent, me braquent de leur armes. Y'a une aussi une femme, Mirialan. Le cœur palpitant, la souffle court, je trouve la force d'hurler :

« Vous êtes en état d'arrestation ! Jetez vos armes, vous êtes encercl... »

Évidemment, la réponse est immédiate. Les gars me tirent dessus, à feu nourri. Je me jette derrière un plan de travail. Les lasers mortels me passent juste au dessus de la tête. La plupart s'écrasent contre les murs, y laissant un cratère noirci à l'intérieur duquel brûle les reste du papier peint décrépit. Je roule, riposte en tirant à l'aveuglette. Plusieurs tirs mortels frappent une batterie de casseroles suspendues au plafond, produisant des ricochets aux trajectoires imprévisibles. Les ustensiles frappés de plein fouets retombent au sol, dans un concert assourdissant.

Bref, c'est le chaos le plus total : spectacle son et lumière.

Profitant d'une accalmie, probablement que les types rechargent, je me redresse, genou à terre, et pose le canon de mon fusil sur un plan de travail ravagé par les années. Je presse la détente, canarde tout ce qui bouge. Mes adversaires réagissent avec célérité, renversent une table, se terrent derrière. Je peste, conscient que seul contre tous, je vais pas pouvoir tenir bien longtemps...

Un nouveau frisson me parcours l'échine. Merde, appelez ça l'instinct de survie ou un sixième sens. Je fais volte-face, assis dos pressé contre mon couvert, les yeux rivés sur la porte par laquelle je viens d'entrer... Un hurlement strident déchire l'air... Les échanges de tirs s'arrête aussitôt, comme si le temps lui même venait de se figer...

Et c'est alors qu'une grosse patte griffue s'échappe de l'ombre chargée de brouillard. Elle se pose sur l'encadrement de la porte, y laissant des profondes cicatrices. MERDE, J'AI PAS REVE ! Y'a bien une saloperie dans ce putain de brouillard ! Réflexe à la con, je lève mon arme et tire dans le tas. Sur quoi exactement ? Aucune idée... Les lasers fendent en une fraction de seconde le maigre espace me séparant de la bête. Lueurs aveuglantes, hurlements de douleur à vous en vriller les tympans. La main disparaît dans les ténèbres... J'suis là, paralysé, comme hypnotisé par ce que je viens de voir... Les mugissements du monstre, sa respiration irrégulière, sont toujours audible, de l'autre coté des murs pourtant épais. Elle se déplace, dans le noir, contournant le manoir...

Soudain, dans un fracas de verres brisés, l'une de vitres explose, ses volets arrachés par une force herculéenne. Un bras immonde traverse le cadre défoncé, velu, difforme. Pour les malfrats, c'est la débandade. Ils beuglent comme des tapettes, prennent les jambes à leur cou. Yeux rivés sur ce bras cauchemardesque, je ne réagis même pas... Ils quittent la cuisine, claquent la porte. Crissement du métal. Ils la barricadent derrière yeux. Je secoue la tête, recouvre mes esprits.

Le bras est toujours là, tâtonnant, comme à la recherche de quelque chose. Ses doigts griffus se referment sur la poignée... Et là, je pige que ce machin est suffisamment intelligent pour l'ouvrir et entrer...

Je me redresse, tire dans sa direction. Cette fois, il est bien plus rapide, et disparaît avant même que mes lasers ne le fauche. Je tourne la tête. Contre toute attente, je ne suis pas seul : la Mirialan est là...

C'est simple : si elle était avec les autres, elle aurait déjà tenté de me tuer, ou se serait enfuit avec eux. Alors, si elle n'est pas avec eux, elle est potentiellement avec moi. Je lui hurle dessus :

« Cherche un moyen de sortir de la cuisine ! Je tiens le monstre en respect ! »


L'ombre de la bête passe à nouveau devant la porte que j'ai enfoncée. Je tire. Putain, elle joue avec mes nerfs ! Mais elle va voir de quel bois je me chauffe...

Au même instant, un bourdonnement me fait vivement tourner la tête... Une nuée d'insectes armés de dards impressionnants traverse les reste de la fenêtre brisée par le monstre... Manquait plus que ça...
Darth Velvet
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Un maelstrom de tirs tranche l'obscurité, de rouge et d'ambre, et les détonations grondent et vibrent dans l’atmosphère chargée d'hurlements, et d'injures. L'ampoule au dessus de la table éclate, libérant des éclats de verre coupant sur les hommes du parrain. Je me réfugie entre le frigidaire et un plan de travail effrité par la moisissure, ouvrant la porte de métal jaunâtre, aux coulures suspectes en guise de rempart aux assauts furieux des fusils et des blasters. Au dessus de la cuisinière, les casseroles entonnent un chant mortuaire, distribuant à l'aveuglette les rayons mortels venant se perdre sur leurs flans argentés.

Quelle idée, de s'annoncer de la sorte, de brandir et clamer haut et fort son appartenance lorsqu'on se trouve seul et isolé face à ceux que l'on espère arrêter. Si j'ignore l'identité de cet homme, je ne peux m’empêcher de le classer dans cette catégorie de personnes dopées à la testostérones au QI frôlant le zéro absolu. Soudain, une vibration forte, puissante, comme un séisme affleurant la surface calme d'un étang, ébranle la Force, furieusement. Je grimace, ressentant au plus profond de mon âme, cette lame, cette distorsion précurseur d'un drame imminent. Et mon regard, par dessus le couvert de ma protection, harponne l'obscurité inquiétante. Un mouvement ? Peut-être . Et le cri strident d'une créature en réponse, féroce et agressive, comme une promesse de chasse et de mort prochaine déchire un silence de glace. Rien ne bouge, un instant, et la temporalité, suspendue aux froissement de la Bête dans l'ombre, s'ourle d'un peur palpable.

Puis, surgissant de la nuée obscure, griffant la brume, elle surgit, cette patte toute droit échappée d'un holofilm d'horreur, nantie de ses griffes courbes et létales, et de la puissance d'un prédateur. Elle recherche sa proie, avide de chair et de sang, malgré le chaos des laser qui fendent son antre de ténèbres. Elle se retire dans un feulement atroce, et tout autour, l’effroi s'installe dans le cœur de chacun. Nouvel assaut, les hommes s'enfuient, la panique zébrant leur faciès de grimaces horrifiées et je demeure là, hypnotisée, emprisonnée par sa présence dans la Force, par la nasse qu'elle tisse autour de nous, par son beuglement meurtrier qui résonne dans mon esprit comme un appel à l'hallali.


« Cherche un moyen de sortir de la cuisine, je tiens le monstre en respect. »

Oui, mais pour combien de temps... Et comme s'il ne suffisait pas de combattre cet ennemi invisible et sournois, un bourdonnement d'insectes accaparent notre attention lorsqu'ils pénètrent par la fenêtre brisée. Une douleur vive fulgure dans mon bras, alors que j'arrache la bestiole de mon derme, dont l'abdomen s'arrache me laissant enfoncé dard et morceau de corps déchiqueté. Aucune chance qu'il tienne en respect ces saletés. J'inspire calmement, réunissant les fils de ma Force autour de mes mains.

« Ecartes-toi ! »
Lui hurlais-je, balançant le frigo contre l’encadrement de la porte arrachée, puis la table contre la fenêtre d'une poussée télékinésique

Et le bruit écœurant des insectes qui s'écrasent contre le bois vermoulu de la table, ponctue l’effroyable silence de la cuisine.


« Viens, on doit sortir d'ici, immédiatement. »

Et sans chercher à dissimuler la couleur de ma clarté, et celle de ma lame, je déploie mon sabre rougeoyant, avant de le planter dans la porte métallique et les barricades qui nous retiennent en ces lieux. Il n'y a là rien de très subtile, mais le souffle sur ma nuque, froid et terrible, remonte d'une salve de frissons sur mon échine et me presse d'ouvrir notre geôle improvisée. Rapidement, une volée de bois et de fer éclate, et je m'engouffre dans le hall, superbe dans sa décrépitude. Aucune trace des autres, il ne reste que lui et moi, et cette bête qui hante les jardins, prête à dévorer celui qui s'y risquerait.

« Par là ! » designais-je un l'escalier, espérant que la hauteur des fenêtres sera salvatrice quoique j'en doute.

Espérant qu'il me suive, je grimpe quatre à quatre les marches usées, pour bifurquer sur une pièce dont la porte en parfait état, m'inspire une confiance toute relative. Une bibliothèque. Les livres arrachés gisent au sol, traînent au milieux des pages déchirées et des bibelots craquelés, abandonnés. Les étagères vides et poussiéreuses arpentent les murs abîmés, recouvert d'une moisissure grise . Je referme la porte sur nous, l'invitant à pousser une commode contre elle.

« Au fait, moi c'est Velvet... » commençais-je, m'attendant à un afflux de questions de sa part.

Au dehors le hurlement du monstre fuse, et au loin, les cris d'un homme, entre agonie et désespoir déchire la nuit, m'arrachant un tremblement craintif.
Korgan Kessel
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« Qui... Qui es-tu ?! »

Je recule lentement, arme braquée dans sa direction.

« Une Sith ?! »

La couleur Rubicon de son sabre ne laisse planer que peu de doutes. Mes mains tremblent. Je serre les dents. Une mission de route hein ?! Putain, j'ai encore pensé trop tôt... Je me porte tout seul la poisse ! Je recule encore, bute contre une table.

« Si tu fais un seul geste brusque, je n'hésiterais pas à tirer »

La menace est réelle, même si je la sais vaine. D'un seul mouvement, elle serait capable de m'arracher l'arme des mains. D'un autre, elle pourrait m’étrangler, me briser les os. Clairement, je ne suis pas en position de force. Un nouveau hurlement me fait sursauter. Dehors, dans la nuit, il n'y a plus une seule créature, mais plusieurs. Raaah. Je cogite, comme rarement. Qui est cette femme, que fait-elle ici ?! Les questions fusent sous mon crane. Questions justifiées mais qui s'avèrent être un luxe que je ne peux me permettre. Je peste, grogne, gronde. Ouais, c'est ma façon de réfléchir ! Finalement, je dois reconnaître un truc : si la Sith avait voulu me couper en rondelles, elle l'aurait déjà fait... Alors je ne gagnerai rien à la menacer maintenant.

Je baisse mon arme.

« Mais bon... On est visiblement dans la même merde. L'ennemi de mon ennemi hein, tu connais la belle histoire ? Alors on va dire qu'on joue dans la même équipe, ok ? »

Je me masse les tempes... Qu'est-ce qui se passe ici ? D'où sortent ces monstres ! On se croirait dans un holofilm d'horreur ! Je m'efforce d'écarter toutes ces pensées parasite. Reste concentré Korgan, putain, reste concentré...

« Kessel, Korgan Kessel. Caporal-chef dans les Forces Spéciales Républicaines. »

Je ne vois pas de raison de cacher mon identité à celle qui se présente comme « Velvet ».

« J'suis ici avec mon équipe pour chopper le big boss de ce cartel... »

Je suis coupé dans mes explications par un nouveau hurlement, humain cette fois. Un hurlement de terreur immédiatement suivi par des échanges de tirs.

« … Mais bon, faut croire que ce monstre est en train de faire tout le sale boulot... Putain. Si t'as une idée de ce qui se passe ici, j'suis preneur ! »

J'ai besoin de vider mon sac :

« J'étais dans les jardins, d'un seul coup le brouillard s'est levé... Mes gars ont beuglés, puis silence radio. Plus rien... Après y'a eu cette silhouette, un œil énorme... Alors j'ai foncé... J'ai enfoncé la porte, et tu connais la suite... »

Je m'efforce de ferme ma gueule, de me calmer les nerfs. Merde, j'suis vraiment pas du genre à flipper ou à perdre mes moyens, sauf en présence d'une nana mignonne à moitié nue... Ce qui n'est pas le cas ici. Hein ? Non j'ai pas dit qu'elle est moche, juste qu'elle est habillée normalement. Bref. Non, ce qui me fait vraiment flipper : c'est de ne rien comprendre. Au final, je ferme ma gueule, laisse à la verte l'opportunité de me répondre... Jusqu'à ce qu'un grognement me redonne la chair de poule. Bruits de pas feutrés, quelqu'un ou quelque chose monte les escaliers.

« Chut... Éteint tout ! Plus un bruit ! »

Je coupe la lampe torche fixée au dessus du canon de mon arme. Dans la pénombre, la pièce est encore plus glauque. On n'y voit pratiquement rien. Pièce rectangulaire, toute en longueur. Sur le mur opposé à la porte s'ouvre une très haute fenêtre sur laquelle se reflètent les rayons de la pleine lune. Instinctivement je recule. Me rapproche de cette unique source de lumière naturelle. A chacun de mes pas, le parquet grince. Je serre les dents. A tâtons j'avance, laissant mes doigts gantés glisser sur le bord des tables de lecture occupant le centre de la pièce. Plusieurs fois, je manque de buter sur une chaise.

Le silence devient de plus en plus oppressant. Seule ma respiration m'accompagne. La sith est aussi silencieuse qu'un fantôme...

Soudain, une détonation me fait sursauter. Mon sang ne fait qu'un tour. Un livre vient de tomber d'une étagère, produisant un raffut d'enfer. Je tourne sur moi-même, haletant. Je chuchote

« Velvet... C'est toi ? »

Je me retourne, encore et encore, la cherchant du coin de l'oeil... Rapidement j'ai l'impression que l'on m'observe... Vous savez... Cette sensation qu'un visage se trouve à queques centimètres seulement du votre... Je déglutis, bruyamment... Mais craque.

J'allume ma torche... Pour me retrouver face à un visage hideux, aux yeux globuleux. Je lâche un hurlement de terreur, lève mon arme, et tire sans réfléchir. Le monstre se redresse, déploie ses ailes, rue dans les rayonnages... Mais mes lasers mortels le fauchent, brûlent sa peau, ses plumes. Il retombe lourdement à mes pieds, lâchant un ultime soupir... J'ai du mal à reprendre mon souffle, complètement crispé sur mon arme. Mon cœur bat à m'en déchausser les côtes.

« Je... Je crois qu'il a eu son compte... »

Il trésaille, je sursaute, lâche une nouvelle salve de laser. Complètement en panique.

C'est un chauve-faucon, originaire de Coruscant... Qu'est-ce que cette bestiole foutait ici ?! Pas possible ! Mais mes interrogations sont de courte durée. Un grognement se fait entendre de l'autre coté de la porte de la bibliothèque. Je lève mon arme, juste à temps pour voir le monstre l'arracher de ses gonds. Ses deux énormes yeux jaunes reflètent la lumière de ma torche comme des miroirs...

Ni une ni deux, je tire dans sa direction, mais la bête disparaît rapidement. Merde ! Y'a pas d'autres sorties ! Enfin si... Une...

« Velvet suis moi ! »

Je fonce en direction de la fenêtre... Et d'un bond la traverse... Chute libre... Mon cul passe au travers d'une verrière pour retomber lourdement à l'intérieur d'une serre. Fort heureusement la végétation folle amorti ma chute. J'ai le cul en compose... Mais d'un bond je suis sur pied, prêt à réceptionner la Sith, au cas où...
Darth Velvet
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Les Forces Spéciales Républicaines ? Pourquoi ? Qu'est ce qu'ils font ici, attiré par ce minable mafioso, qui n'est en soit, rien de plus qu'un brigand de bas étage. Celà nécessite-t-il réellement le déploiement d'une Force d'Elite ? Je dévisage le soldat me faisant face, cherchant à lire ce qu'il cache, dans le fond de ses prunelles.

« Qu'est ce que ce cartel a de si important qu'on envoie des soldats tels que vous ? » lui-demandais-je, devinant qu'il ignorera ma question puisqu'elle renvoie à une corde sensible. « Je suis ici, pour l'enfant et... »

Se pourrait-il que sa crise soit l'origine de toute cette folie, de ces horreurs qui s’abattent une à une sur les murs de ce manoir ? Que les ondes qui se répercutent dans la Force, distillent un appel aux créatures de ces lieux, comme une balise lance un SOS ? J'arpente le parquet, yeux plissés et bouche infléchie, cherchant à démêler l’écheveau de nos problèmes, à percer le mystère de cette nuit horrifique.

« Peut-être... que l'enfant est celui qui attire toutes ces choses vers nous. Il est... disons spécial, c'est un enfant de la Force mais sa sensibilité acrue est brute et instable. Dans un jargon plus terre à terre, il est autiste, et de ce fait n'exerce aucun contrôle sur la Force, d'autant plus que personne ne lui a enseigné à le faire. Avant que vous ne débarquiez, il a commencé à faire une crise. Je crois qu'il est le responsable de ça. Inconsciemment. Probablement que lui aussi est mort de trouille à présent... »

« Chut. Éteint tout... plus un bruit »

Le silence envahit la bibliothèque, inquiétant , frémissant sous le craquement du plancher et du mouvement de Kessel. Moi je demeure figée, pétrifiée, les sens aux aguets, et les doigts crispés sur mon arme. Là, sous les ténèbres fendues du halo blafard d'une lune frêle, j’attends, le cœur affolé, la respiration contrôlée, et mes muscles sous tension. Lorsque le livre s'écrase au sol, je reste immobile, devinant le froissement d'une aile et, par dessus, la voix terrorisée sur Caporal.

« Non... »

Et mon murmure se perd dans le rayon d'une lampe torche que l'on allume rapidement. Le faisceau éclaire le profil monstrueux d'une chauve-faucon, et la réaction ne tarde guère. Avant même que j'esquisse un pas, vers elle, une salve de tir la fauche et la cloue au sol. Ma main, gantée frôle l'épaule de l'humain.

« Ca suffit, ne gâche pas tes munitions... mais juste au cas où... pour la forme...»

Et mon sabre rubescent tranche l'ombre, séparant la tête du corps, comme l'on coupe le beurre avant de disparaître d'un mouvement délié, à ma ma ceinture. Un grognement résonne par derrière la porte, suivit d'un grattement et du craquement du bois qui se fend. Il faut croire que la Bête de tout à l'heure se focalise particulièrement sur nous. Ou que nous sommes appétissants au point qu'il refuse de nous laisser nous échapper. Ses griffes raclent lugubrement sur le plancher, arrachant un gémissement atroce tandis qu'il s'approche, ses iris comme des torches, et ses dents impressionnantes. J'ai un mouvement de recul, et, des perles de sueur gouttent sur ma tempe alors que je me prépare à l’assaut, crocs contre laser, serres contre sabre.

Mais Kessel n'a visiblement pas l'intention d'en découdre en frontal, il tire sur la fenêtre et se jette tout en m'invitant à le suivre. Une seconde, ou peut-être deux, je regarde la Bête, affronte son regard de braise et ses canines luisantes de sang. Elle va nous suivre... évidemment pourquoi se priver d'un repas aussi appétissant. Alors, basculant à la renverse dans le vide, à la suite du soldat, je projette sur elle, les débris de vitre, comme un millier d'aiguillons de verre, venant se planter dans son corps. Ce n'est peut-être rien mais peut-être, en jouant de chance, pourrais-je l'éborgner ou du moins lui passer l'envie de planter ses dents dans notre gorge, mais se faisant, je ne maitrise nullement ma chute.


Des feuillages me fouettent le visage alors que j’atterris presque en douceur ? En douceur ? Des bras m'enserrent,et je suis rattrapée juste avant de m'écraser sur le sol d'une serre. Pourtant je ne retiens pas la galanterie du geste, lorsque je m'en extrait brusquement, un rictus à la commissure des lèvres et le regard incendiaire alors que je le plante dans le sien, menaçante, cruelle mais mes démons encore muselés. Mon index se pointe vers lui, hargneux, querelleur, tout comme ma voix hivernal.

« Ne me touche jamais plus, ou je te rentre ton arme jusqu'au fond de ta gorge, c'est clair Kessel ? »

Mon poing me démange mais je le retiens. Il ne pensait pas à mal, mais le venin de ma névrose, plus fort que ma raison l'emporte et je frappe violemment dans le tronc d'un arbre pour ne pas lui refaire le portrait. Comme si c'était le moment adéquat ! Au dessus de nous, le hululement de douleur du monstre m'arrache de ma torpeur vindicative. Il faut avancer, retrouver l'enfant, arrêter toute cette mascarade.

« Trouvons le gosse... »

J'avance, recherchant l'issue de cet endroit, écartant les branches et les ronces, du bout des doigts, lorsqu'au dessus de nous, le claquement d'une mâchoire se fait entendre. Et Kessel voit fondre sur lui, le bulbe d'une plante carnivore, alors que je descelle mon sabre, taillant les treilles qui s'abattent sur nous, tel un piège, une toile d'araignée de sèves et d'épines
Korgan Kessel
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Je grogne. Ça m'apprendra à être sympa avec une Sith.

« Ouais... Ouais... La prochaine fois je te laisse t'éclater au sol, pas de soucis... »

Paye ton ingratitude. Pfff. C'est n'imp. Mais bon, c'est pas le plus urgent. Je lève la tête, pointe le faisceau jaunâtre de ma lampe torche vers le plafond de verre éventré, cinq mètres plus haut. Je distingue vaguement, plus haut encore, la silhouette de la fenêtre par laquelle on vient de sauter. Aucun mouvement. Rien. Si la bête est encore là, elle ne nous observe pas au travers du verre brisé... Le contraire serait vraiment ultra flippant.

Bon, retour à l'objectif. Le gosse donc. La petite histoire de la Sith a eu le temps de tourner dans ma tête, et si je l'ai incité à sauter, ce n'est pas par pure hasard non. J'suis pas aussi con que j'en ai l'air, enfin pas tout le temps :

« Oui, faut retrouver le gosse. Et où vont se planquer tous les gosses qui ont les chocottes ? Dans leur piaule... Et mon petit doigt me dit que notre pote commun n'est pas du genre à faire dormir un autiste dans une jolie chambrée pleine de peluche...

On devrait aller voir à la cave. »


Sordide mais réaliste. C'est pas le premier type de ce genre auquel j'ai à faire. Déjà, avant d'entrer dans les Forces Spéciales, quand je bossais dans l'armée régulière sur Ryloth, les esclavagistes n'hésitaient pas à enfermer des mômes dans des cages. Pas de raison que ce soit différent ici... Mais à peine ai-je eu le temps de formuler cette ultime pensée, qu'un mouvement me fait tressaillir. J'ai pas le temps de réagir. Un truc énorme me fonde dessus, je tente de l'esquiver... Mais des lianes s'enroulent autour de mes pieds, me soulèvent dans les airs. Saloperies de plantes carnivores ! Manquait plus que ça ! Lueur rouge, vrombissement d'un sabre. Plusieurs tentacules retombent lourdement au sol. Mais elles sont nombreuses, mobiles et visiblement déterminées... En quelques secondes une véritable toile végétale me sépare de la Sith.

Les bulbes carnivores, eux, frétillent... heu... frénétiquement. Leurs mâchoires bardées de picots végétaux claquent, tandis que des sucs digestifs dont je préfère ignorer la composition dégoulinent jusqu'au sol. Elles s'ouvrent largement, prêtes à recevoir l'énorme morceau de viande que je suis devenu...

Mais bon, hein, j'suis pas du genre à me laisser chopper aussi facilement. Surtout pas par des saloperies de plantes à la con ! Bref, plutôt que de me débattre, je laisse la tentacule me rapprocher des mâchoires... Je tends les bras, ma prothèse bien en avant... Et au dernier moment, juste avant de me faire happer, j'active le lance-flamme intégré. Une gerbe s'en échappe... Et forcément... Les végétaux s'embrasent immédiatement.

Comme pris d'une panique convulsive, ils s'agitent chaotiquement. La pression se relâche sur ma jambe, je parviens à me défaire de la liane, et retombe lourdement au sol. Je roule sur le coté, évite de justesse le cadavre enflammé d'un bulbe qui s'écrase au sol. Je me redresse, saute par dessus l'écran de flammes, tout en continuant d’arroser tout ce qui passe à ma portée. En quelques secondes seulement, la serre s'est transformée en un immense brasier... Et entre les flammes se découpe bientôt la silhouette floue d'une Sith armée d'un sabre rougeoyant.

« Par ici ! »

Je saute dans sa direction. Les gaz toxiques me piquent les narines, les yeux. Faut pas rester ici ! Au dessus de nos têtes, la structure d'acier de la verrière grince, se déforme lentement alors que la température monde. Le verre est noirci par les fumées surchauffées qui s’agglutine sous la voûte. Entre les crépitements des flammes, on peut entendre les hurlements des créatures apeurées par le spectacle pyrotechnique. Plusieurs rongeurs de tailles impressionnantes me filent entre les jambes, en direction du Manoir.

« Velvet ! Attrape ça ! »

Je lui balance les restes d'une grosse branche d'arbre à demi carbonisée tombée au sol. Puis je me précipite vers une petite réserve à l'intérieur de laquelle j'espère trouver du matos utilisable. Bingo. Engrais, outils de jardinages... Et plusieurs blouses. J'en choppe une, la déchire, pour en faire des lanières, puis les imbibe de produit inflammable. Je retourne voir la Sith

« Enroule ça autour du bâton. C'est plus que rudimentaire... Mais paraît que les bêtes sauvages ont peur du feu... Reste à voir si ça marche sur les bêtes sauvages enragées par un autiste déchaînant les énergies de la Force, hein. »

D'un coup d'épaule, je pousse la double porte de la serre donnant sur l'intérieur du manoir juxtaposé. On se retrouve dans une sorte de petit salon. Ambiance glauque. Des dizaines de tableaux ornent les murs, peintures représentant des visages, des bustes. J'ai soudain l'impression d'être observé par une douzaine de paires d'yeux. Certains visages sont déformés, comme si l'artiste avait un peu trop picolé. Plusieurs divans éventrés habillent la pièce, ainsi qu'une table basse pleine de restes de bouffe putréfiés. Ma main à couper que nos copains les mafioso sont responsables de tout ce bordel. Pour bouffer y'a du monde, pour nettoyer beaucoup moins. A coté des assiettes traînent plusieurs seringues qui ne laissent aucun doute quant à leur utilisation. Je secoue la tête, soupirant.

« Ne traînons pas. Faut qu'on retrouve le gamin avant que cette saloperie de bestiole pleine de dents nous retrouve... Une idée d'où on accède à la cave ? »

Puis j'ajoute, sourire aux lèvres :

« Ah... Et sinon... Ta tunique est déchirée dans ton dos, entre tes omoplates. j'aurais bien viré moi-même l'énorme sangsue qui s'y est collée pendant qu'on faisait mumuse avec les plantes carnivores... Mais bon, je voudrais pas te toucher par accident... »

La saloperie fait la taille de mon poing ! Luisante de mucus ! Berk !
Darth Velvet
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Une sangsue ? Je grimace, dégoutée à la perspective de cette horreur accrochée dans mon dos, ses petits crocs plantés dans mon derme, suçotant mon sang et ma moelle. Je frissonne, portant ma main entre mes omoplates pour sentir la peau lisse et gluante de la créature. Quelle cochonnerie ! Pourtant, avec Ragda, je suis rompu aux être visqueux mais là, imaginer cette chose sur moi.. me révulse. Je l'agripe, déchargeant entre mes doigts une salve d’éclairs bleus pour ne pas qu'elle s'acharne comme une bernique à son rocher, puis l'arrache violemment avant de la jeter loin de moi.

« Quelle Saloperie ce truc..  t'aurais pu le dire plus tôt !» crachais-je perdant mon calme

Je dresse ma torche entre nous, projetant sur mon visage, la lumière orangé des flammes. L'envie de lui faire ravaler son sourire narquois me traverse l'esprit, et je la repousse à regret, comme une promesse de lui rendre la monnaie de sa pièce ultérieurement, lorsque nous nous serons échappés de ce guêpier et de son zoo de monstres.

« Ca, tu l'emporteras pas au Paradis. »

Et je prend les devant, écrasant sous la semelle de mes bottes, les reliefs de repas, la porcelaine brisée et les débris de seringues usagées. Ce n'est pas dans ce salon aux allures de musée des horreurs que se cache la porte dérobée des sous-sols, peut être dans ce grand hall, par là où je suis rentrée, ou bien la cuisine, quoique je me refuse à m'y aventurer. La porte grince lorsque je la pousse et, affalé juste au devant, les restes d'un corps à demi-dévorés dans une mare d'entrailles encore fumantes. En voilà un qui n'a pas su échapper aux griffes de la Bête. Je secoue la tête, enjambant ce morceau de viande méconnaissable, le nez pincé pour ne pas sentir les effluves de mort et d'urine.

« Je me demande ce que sont devenus ses petits copains... »

Et la réponse tombe, rapidement, couperet de fatalité. Ils sont étendus, au milieu de cadavres de Fwits, les chairs grignotées par leurs petits crocs pointus, affalés sur le carrelage , sur les escaliers du hall, derrière les barricades de fortunes, d'un vaisselier échoué sur son flan. Les orbites vides, les doigts arrachés, les blasters abandonnés. Il y a eu un affrontement, et pourtant nous n'en avons pas entendu le moindre souffle, le moindre tir, comme si la brume du dehors s'était infiltrée au dedans pour en absorber le fracas des combats et des hurlements. Je frémis. Il y a dans cet endroit l'ombre sordide d'un mystère et l'emprunte de l'obscurité. L'enfant, au final, est-il l’unique cause de ce déchaînement à notre encontre ? J'avise d'une porte, petite et dissimulée sous la pente de l'escalier. Un placard peut-être ou alors l'entrée vers les sous-sol. Prenant garde à ne pas maculer mes bottes du sang des victimes et des agresseurs, j'avance jusqu'à elle, guettant le moindre signe de celles-ci. Après tout ne chassent-elles pas en bande ? Mais il n'y a rien. Ni craquement, ni grondement, pas même le froissement du vent dans les frondaisons du parc, ou le chant de chasse des monstres qui habitent cette nuit. Rien que le silence et la respiration rauque du soldat, le tambourinement de mon cœur au garde à vous.

J'ouvre le cagibis qui n'est autre qu'un accès à la cave. La noirceur s'ouvre devant moi, fendue par les flammes mouvantes de ma torche. Les escaliers sont étroits, les marches traîtresses. Je manque à plusieurs reprise de chuter , le bois crissant sous mon poids, rompant parfois, dans une volée d'échardes, finalement pour déboucher sur un palier, un vestibule. Des étagères remplies de bocaux vides et de toiles d'araignées dessinent les contours d'un mur, et, un peu plus loin en longeant celui-ci, des barreaux dévorés par la rouille et les champignons. On entend le chuchotement et les pleurs d'une voix enfantine, perdus dans l'écho de ces pierres. Ma torche s'élève entre la grille, laissant apparaître en clair-obscur l'amoncellement de paille et de tissu faisant usage de lit, et les contours d'une silhouette recroquevillée.

« Il est là ! »

Mais ma voix réveille sa terreur, et lorsque son regard se pose sur nous, il n'est qu'effroi et épouvante. Un cri sort de sa gorge, et je ressens à nouveau son impact dans la Force. La douleur me vrille l'esprit, m'obligeant à poser un genou à terre pour ne pas choir sur le sol humide. Mes mains s'apposent sur mes oreilles dans l'espoir de le faire taire ou de me couper de cet afflux. Je suis en sueur, mes doigts se crispent sur mes tempes, et j’exsude de douleur ne parvenant à alerter Kessel que de quelques mots incompréhensibles.

« Ils viennent... »

Parce que oui... je les devine, je les hume, je les repère dans cet appel qu'il lance au travers du voile de la Force. Et eux, lui obéissent, aiguisant leurs griffes, affrétant leurs crocs, se préparant à nous déchiqueter, à nous dévorer. Et dans l'ombre, tout en haut de l’escalier, les frottements de leurs pattes sur les marches sont comme un hymne à la chasse, le cor d'un hallali.
Korgan Kessel
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« Ils viennent ? Qui vient ?! »

Je fais volte-face, lampe torche braquée vers haut des escaliers miteux. Ils sont étroits, en pente raide, si bien que d'ici j'ai du mal à distinguer la porte donnant sur le rez-de-chaussée. Je ne l'ai pas refermée derrière moi, de peur de produire encore l'un de ces ignobles grincements qui me donnent la chair de poule. Maintenant je le regrette. Les jeux d'ombre que je projette sont encore plus flippants. La gamin autiste est de plus en plus agité. D'ici, on pourrait presque le prendre pour un épileptique. Tressaillements, gémissements. Recroquevillé, il se balance d'avant en arrière, de plus en plus rapidement. Plusieurs fois l'arrière de sa tête cogne durement contre la pierre, mais il ne semble y prêter la moindre attention, perdu dans un monde imaginaire dont je préfère ignorer tout.

« Velvet, ça va ?! »

La Sith est genou à terre, visiblement en proie à des troubles internes. Même moi qui ne suis absolument pas sensible à la Force, je ressens une peur incontrôlable. J'ai soudainement froid, très froids, ma tension nerveuse est telle que tous mes muscles tremblent. De la sueur dégouline de mon front, ruisselle le long de mes joues. L'espace d'une seconde, l'ai même l'impression d'entendre des murmures tout autour de moi... Et l'ambiance des lieux ne fait qu'accentuer ce malaise...

Une cave humide, sombre, basse de plafond. De la vieille pierre supportée par une charpente en bois qui craque alors qu'une brume dont je ne m'explique l'existence coule le long des escaliers, jusqu'à nos pieds. Je savais les Jedi assez puissants pour jouer avec les éléments... Mais un gamin autiste a t-il réellement le pouvoir de faire toutes ces choses ?!

« Velvet ?! Reprends toi ! Il faut calmer le gosse ! »

Je lâche ces mots entre mes lèvres que je n'ose desserrer, de peur d'entendre mes dents claquer. Déjà des mugissements inquiétants nous parviennent. Elles sont là haut, juste au dessus de nos têtes. A chacun de leurs pas, les bêtes font craquer le parquet du rez-de-chaussée. Elle se déplacent, convergent vers l'unique accès permettant d'entrer ou de sortir de cette cave... Du moins à ma connaissance. Mes doigts se crispent toujours plus sur ma détente... Lorsqu'un mouvement, à la limite du halo lumineux généré par torche, me fait sursauter... Sans réfléchir, je tire.

Les lasers mortels fusent, traversant l'espace qui me sépare de la créature en une fraction de seconde. Flash lumineux, hurlement sinistre de douleur. L'ombre s'effondre, face contre terre, et dégringole la cage d'escaliers... Pour tomber mollement à mes pieds. Je baisse les yeux, grimace.

Un rakgoule. Un Rakgoule ?! Oh putain de merde. Une seule griffure, une seule morsure et c'est l'infection assurée... Mais comment cette foutue mission a pu en arriver là ?!

D'autres mouvements. Cette fois je connais la menace. Ma détermination émoussée par le doute et la peur recouvre toute sa vigueur. Genou à terre, je me cale dans une position de tir stable, puis, sans hésitation, j'arrose généreusement le haut de l’escalier. Plusieurs cri stridents me font lâcher un rictus victorieux. Rapidement, une odeur de chair brûler plane jusqu'à nos narines. Ce qui m'avait d'abord paru être un piège mortel s'avère en définitive être une excellent position défensive. Impossible de rater une cible dans une cage d'escaliers aussi étroite.

Pour autant, on est loin d'être sorti d'affaires. Derrière, malgré les efforts de la Sith, le gamin ne se calme pas, bien au contraire. Faut dire que mes exploits guerriers n'ont certainement rien de rassurant...

Les minutes s'égrènent, interminables, meurtrières pour les créatures qui tente de descendre, telle une vague de zombies. Leurs corps difformes s’amoncellent. Plusieurs fois je baisse les yeux sur l'indicateur visuel de mon chargeur. Je peste, mais continue d'arroser, n'ayant d'autres idées.... Jusqu'à ce qu'un grincement effroyable me fasse sursauter, cheveux dressés sur la tête. Je lève les yeux... Juste à temps pour voir deux énorme mains griffues arracher le parquet au dessus de nos têtes. Trou béant par lequel passe une puissante gueule pleines de dents acérées. Ainsi qu'une paires d'yeux jaunes... La Bête de la cuisine, de la bibliothèque... Ses mouvements sont vifs, endiablés. Elle grogne, bave, tandis que ses coups de griffes achèvent d'arracher les lattes de bois centenaires.

Je recule alors, tente de l'aligner. Mais alors que je presse la détente, rien ne se passe. Chargeur vide... MERDE ! Ma main plonge dans ma ceinture tactique pour en sortir un nouveau... Mais au même instant, le monstre saute, pour atterrir lourdement devant moi. J'ai juste le temps de lever les bras pour me protéger le visage, qu'un puissant coup de patte m'envoie traverser la moitié de la cave en vol plané. Les plaques d'armures de mes avants bras sont arrachées, la peau dessous est lacérée. Je peste, sonné. Me redresse...

Déjà le monstre saute sur la Sith.

Je roule sur le coté, peine à me redresser, pour me retrouver finalement face à face avec l'enfant autiste. Sa face est déformé par un rictus d'épouvante. Il me regarde de ses grands yeux exorbités, sans me voir réellement. Je lui décoche un sourire en coin super cool, et lui fait :

« Hé, mon grand ! Si t'es sage, je te paye une glace, ok ?! »

Contre toute attente, il se fige, cligne des yeux, braque son regard dans le miens. Genre putain, c'est ultra flippant... Et pour toute réponse, il lâche un hurlement strident, suraiguë, qui me glace jusqu'aux os.
Darth Velvet
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"Le gosse... oui..." Lâchais-je d'une voix éraillée, à bout de souffle, sciée en deux par cette douleur lancinante qui transcende mon crâne, de milliers d'aiguillons acérés.  
 
Je me redresse, difficilement, la vision trouble, les mains moites , délitée par toute cette détresse, cette démence furieuse, ce cri qui me frappe au travers de la Force et vrille mon esprit de ses assauts stridents et éthérés. Mes doigts palpent le mur, cherche un ancrage à mes sens et à mon équilibre. Ils s'écorchent sur les reliefs de la pierre, m'octroyant l'amarre nécessaire tandis que j'évolue jusqu'à l'enfant. Plus je m'approche, plus mon âme tangue sous une atmosphère qui se densifie, glaçante et menaçante comme s'il me fallait trancher l'air pour parvenir à l'atteindre. La sueur dégouline dans mon dos, perle sur mes tempes, humidifie ma chevelure d'ébène et dans mes veines, mon sang se fige sous une oppression morbide. Je peine toujours davantage à mettre un pas devant l'autre, une force invisible et déchainée, s'appliquant à dresser des barrières entre le garçon et moi. Malgré ma persévérance, mes muscles me brûlent sous l'effort, mes tympans bourdonnent, et ma tête prisonnière d'un étau de plomb, menace d'exploser. La peur, lentement marque mon cœur, alors que je lui cède mon souffle. 
 
Derrière moi, l'écho des détonations se répercutent en cascade sur les parois, nourri du flash sporadique des tirs, illuminant la cave comme en plein carnaval. J'espère que Kessel parvient à tirer son épingle du jeu et assurer nos arrières parce que je doute de lui être d'une quelconque aide, si ce n'est celle, peut-être de calmer l'enfant que je parviens enfin à rejoindre. Je m'agenouille auprès de lui, dans la crasse poussiéreuse, avisant de sa litière de fortune, de ses joues sales baignées de larmes et de ses yeux horrifiés. Et, dissimulant ma douleur sous le velours d'un sourire factice, je lui parle doucement, de cette vois douce et persuasive dont use les mères pour calmer les nourrissons, et en dessous, le fredonnement d'une berceuse s'invite dans mon timbre. 
 
Il me regarde, et ses prunelles s'élargissent, abandonnant cette lueur de folie et d'effroi, pour un apaisement précaire. Ses mouvements cessent, et se concentrant sur le son de ma voix, sur mon regard encourageant, je le sens revenir doucement vers le monde des vivants. Déjà la pression sur mon esprit se délie, se relâche. Je l'encourage, je le félicite, je ne cesse de lui parler, refusant de le laisser céder, une fois encore à la panique. Peut-être y serais-je parvenu si l'on m'avait accorder plus de temps... peut-être... Mais les craquements sinistres du plancher que l'on arrache le saisirent. A nouveau, son regard se perd entre terreur et mutisme. Je me tourne, que pour deviner le corps du soldat cloué à terre et la Bête gisant au dessus de lui, avant qu'elle ne se jette sur moi. 
 
Mon bouclier, gangue argenté, se lève autour de moi, une seconde trop tard pour empêcher les griffes acérées du monstre me lacérer les bras et les côtes, une seconde assez tôt pour qu'elle ne puisse libérer et répandre mes entrailles sur le sol. Le choc et la douleur m'arrache un grognement, alors que je déploie ma lame rubescente, d'un mouvement saccadé et imparfait. Je voudrais hurler ma souffrance, mais les cris ne sont qu'une perte d'énergie, et, celle-ci, je la conserve pour frapper l'animal encore et encore. La bête est agile, vif argent d'écailles et de crocs, elle me harcèle, cherchant une faille, m'affaiblissant à mesure que mon sang goutte sur le sol, dessinant une corolle carmine.  
 
"Saleté..." Soufflais-je, sentant mes forces fuir mon bras. 
 
C'est alors qu'elle s'élance, m'étreint entre ses pattes puissantes, ses griffes recourbées, cherchant à m'happer dans sa gueule béante. Je me débats, j'enfonce mon sabre dans ses flans, pour une volée de blessures superficielles. Sur sa peau, mes attaques glissent, comme le ru sur les cailloux de son lit, et ses plaies ne sont que des égratignures. Je m'acharne en vain, faiblissant sous son emprise, ma résistance amenuisée, mes muscles ankylosés. Je déploie alors mon esprit, étirant la Force entre nous, créant un lien de elle à moi et j'aspire. Violement. Brutalement. Je vole sa vie, vampirise son essence, buvant au calice de sa vitalité. Et sous cet élixir de jouvence, mes côtes brisées se ressoudent, mes chairs se referment alors que la Bête se voit lardée de mes blessures. Cette fois, elle trésaille, et j'en profite, enfournant mon épée dans sa gueule, perçant sa gorge, jusqu'à ce qu'elle s'affale, inanimé, le cœur ruiné et une mare de sang vert autour de nous. J'exhale un soupir, essuyant d'une revers de manche, le sang qui me macule les joues. Le sien, le mien. Et autour de nous, il y a comme le souffle d'une accalmie, comme si détruire le monstre suffisait à détruire le cauchemar. J'inspire lentement, vérifiant que nulle autre horreur ne guette notre inattention pour fonde sur nous. Mais il n'y a plus rien. Juste les morceaux de cadavre, du sang, et le murmure apaisé de la Force.
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