Le Masque de la Force
Le Masque de la Force
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Le cirque Shusu n’est rien d’autre qu’un cratère vieux de milliers d’années sur la ligne équatoriale de Gravlex Med, au cœur duquel s’est logée une épaisse jungle. En survolant la zone, on peut donc voir une tâche vert sombre entourée de montagnes aux cimes acérées. C’est à l’intérieur de cette zone que se cachent les Anx depuis des semaines. Il n’est pas réellement étonnant que l’Empire ait eu du mal à prendre la zone : il est impossible de s’y poser à l’intérieur en vaisseau. Il faut donc soit atterrir à l’extérieur, et entamer un véritable voyage à pied, variant escalade et vertigineuses descentes, soit être parachuté directement au-dessus de la jungle. Après cela, la zone végétale et marécageuse relève d’un second défi : des troncs énormes, visqueux et glissants, baignent dans des marais sombres où la lumière du jour perce à peine. La gravité importante de la planète, pour un humain, empêche toute progression aisée au travers cette zone.
Bien sûr, les Anx ont établi des pontons qui conduisent à la cité dissimulée à l’intérieur, selon les informations dont dispose la République, mais ils ne sont guère aisés à trouver dans ce labyrinthe végétal. Cela assure cependant leur discrétion et leur sécurité tout à la fois. La seule chose qui paraît étrange, c’est que l’Empire ne se soit pas contenté de bombarder la zone. C’est donc que quelque chose les intéresse, dans cette singulière zone de Gravlex Med ? Il faut le croire, car des troupes impériales seraient a priori postées à proximité du cirque Shusu, attendant le bon moment pour un assaut…

Pour plus de sécurité – bien que la notion soit toute relative au beau milieu d’une guerre – les deux Maîtres Jedi ont été purement et simplement lâchés dans les airs par leur transporteur. A plus de mille deux cent mètres au-dessus de la cime des arbres tortueux de la jungle, ils se sont retrouvés suspendus dans les airs, ou plutôt filant à travers eux à une allure vertigineuse – avant bien sûr d’ouvrir leur parachute respectif. Quelques minutes plus tard, ils ont atterri tant bien que mal dans la végétation dense et ont abandonné derrière eux leur attirail. Pour sortir d’ici, il faudra trouver un autre moyen… Mais chaque chose en son temps. D’abord, trouver la cité des Anx !
Ces derniers, heureusement, ont donné quelques indications. A l’aide d’une boussole et d’une carte, Lorn et Alyria parviennent à s’orienter vers l’extrême centre de la jungle, pour dénicher ce lieu où les Anx sont tapis dans l’effroi…

… et étroitement surveillés d’une bonne trentaine de militaires impériaux, ainsi que de quelques Sith aguerris. R’win et Kaël font partie de ce commando qui a mis des jours et des jours à trouver la cité des Anx. Après la disparition de plusieurs éclaireurs impériaux, ils ont réussi une expédition pénible à partir du sud-ouest du cirque : franchir les cimes des montagnes, redescendre par des cours d’eaux, s’enfoncer dans la jungle où des animaux étranges et dangereux leur barraient la route, crapahuter pendant des jours et des jours. Perdre des hommes en éclaireur, tourner en rond, manquer d’eau et de provisions. Une horreur.
Jusqu’à cet instant où ils posèrent le pied sur un étroit ponton de métal qui courait à travers la jungle, et qu’ils n’eurent qu’à suivre pour arriver à la fameuse citée enfouie.
Les Anx n’avaient pas résisté longtemps. Impressionnés par les armes, par la rapidité d’action et par les menaces des impériaux, ils rendirent rapidement les armes, et obéirent sagement aux consignes contre la promesse d’une vie sauve pour leurs enfants.
Ensuite avait commencé l’attente. Les soldats avaient pris leurs aises dans ces quartiers agréables constitués de bâtiments de métal flottants, bas de plafond et à l’atmosphère épaisse, mais où l’eau était filtrée et donc potable et la nourriture préparée par les Anx eux-mêmes. Quelques jours de répit…

Qui prirent fin lorsque la présence des Maîtres Jedi se fit sentir. Et dès qu’ils se montrèrent devant l’entrée de la cité, R’win et Kaël ordonnèrent à la moitié des soldats de prendre des otages parmi les Anx, et à l’autre moitié de se préparer à se défendre des Jedi. Un drôle de combat s’annonce…



Seuls les joueurs Alyria Von, Lorn Vocklan, Kael Yemenwo & R’win Oarr peuvent intervenir dans ce sujet. S’agissant d’un combat purement RP, vous serez départagés sur la qualité d’écriture de votre RP, la pertinence, l’originalité et le réalisme de vos actions et de vos choix ainsi que votre fair-play vis-à-vis de vos adversaires.
Ordre de post : R’win – Lorn – Kael - Alyria.
Invité
Anonymous


Le ravageur Sith franchit le sas métallique qui donnait sur l'une des innombrables salles de briefing de la frégate « l'Intrépide ». Quelques mètres devant lui, une silhouette rigide se leva derrière un bureau méthodiquement rangé. Un individu au regard flegmatique, vêtu d'un uniforme noir virginal, effectua un rapide salut militaire en fixant le guerrier méconnaissable. R'win ne bougea pas d'un trait.
-Capitaine Kampft, déclara l'homme en entamant quelques pas, ses mains passées derrière son dos. J'ai eu vent de vos antécédents en milieu hostile, ainsi que de vos expériences de leadership. Vous êtes exactement le soldat qu'il me faut.
-J'irais où l'Empire aura besoin de moi.
-Excellent.. La situation est critique. Une flotte républicaine vient de sortir du sous-espace et fait route vers nous. Vous allez descendre en surface avec un peloton de commandos dont vous aurez la charge avec un apprenti Sith.
Votre zone d'opération est le cirque Shusu. Un accident géologique glaciaire à présent rempli d'une vaste jungle, et qui est hermétiquement bordé de monts escarpés.
Son excellence le Moff Soker a décidé de lancer l'assaut final. Vous serez déployé au sud-ouest de la zone et aurez pour mission d'investir à pied cette cuvette. Je veux que vous trouviez la cité des Anx et que vous la capturiez. Elle est forcément dans ce bourbier.

Alerté par une brève impression de « déjà-vu », le ravageur s'autorisa une question connexe.
-D'accord. Combien sont-ils à l'intérieur ?
-Je n'ai pas d'informations là-dessus. Ils sont probablement supérieurs en nombre, mais ils sont livrés à eux-même. Aucun renfort ne leur est a priori parvenu. Le professionnalisme de nos hommes aura raison de ces racailles aliens. Les hommes qui partent avec vous sont des troupes de choc de la Legion-I « Dromund Kaas ». Ce sont des durs.
-D'accord. Quand suis-je censé partir ?
-Immédiatement. Votre collègue Sith vient d'être briefé, rejoignez-le au hangar T09. La navette furtive vous y attend, le reste du commando a déjà embarqué. Les détails tactiques vous seront transmis en vol.
Une dernière chose. La gravité tellurique de Gravled Mex est sensiblement supérieure à la moyenne des mondes habités. Passez à l'armurerie du huitième secteur y récupérer des bottes à semelles magnétiques. Cela pourrait vous êtres utile. Force et Victoire, guerrier. Et ne décevez pas l'Empire.

Le bretteur frappa sa poitrine du poing. L'officier impérial lui rendit son salut, puis R'win détourna des talons et quitta la pièce.

Tenue de ravageur Sith de R'win:

Deux semaines auparavant il était encore assistant à l'Académie de Korriban. Il y dispensait ses cours de sabre, pendant que sa deuxième personnalité poursuivait son travail de déstabilisation pour le compte de l'Astre Blanc. Mais depuis maintenant un mois, le jeune-homme de vingt-quatre ans sentait qu'il n'allait pas bien. Du moins, pas aussi bien que lorsqu'il était arrivé sur la planète Sith, plein de résolutions et de persévérance. Son esprit était tourmenté par un insaisissable dilemme. De plus, il faisait régulièrement des cauchemars et était depuis peu, étonnement irascible.
Jusqu'au bout, il avait fait appel à la Force afin de poursuivre sa requête au service de la Lumière. C'est en se mettant au service du bien qu'il espérait faire pardonner ses nombreux crimes commis sur Tatooine.
Au soir de son affectation à la flotte impériale assiégeant Gravled Mex, il s'était questionné sur la qualité de son mental. Notamment, sa capacité à continuer de tenir un rôle au cœur d'un territoire où la Force était si sombre. S'il réussirait, il savait qu'il n'en sortirait pas indemme. Il y avait trop de fardeaux à porter. La mission était délicate et fastidieuse.
Malgré tout, R'win savait, ou du moins se convainquait, qu'il irait jusqu'au bout. Il remplirait son rôle et compléterait sa quête de rédemption, si chère à son équilibre personnel.

Le hangar du croiseur était aigre et terne. Le gigantesque sas de sortie rectangulaire était ouvert, et un certain nombre de transports aériens manquaient.
L'atmosphère antipathique du lieu donnait presque l'impression à ses passagers de ressentir le froid glacial de l'espace, que l'on apercevait à travers le filament magnétique translucide qui comblait la brèche de sortie des vaisseaux.
Le ravageur Sith fut rapidement aiguillonné vers son transport par un droïde de navigation. Il traversa le hangar d'un pas vif et déterminé, le manche de son sabre gambillant depuis son ceinturon. La navette trièdre et fine était garée entre trois chasseurs atmosphériques et une place vacante. Sa trappe arrière était déployée, et une imposante silhouette quadrupède s'entretenait en aval avec un militaire. Le Chironien au teint baie faisait certainement plus de deux-mètres avec ses cornes acérées, et parfaitement symétriques. L'impression d'avoir déjà croisé l'individu quelque part traversa le jeune-homme.
Probablement à l'Académie Sith, se dit-il.
C'était cela, il l'avait déjà aperçu de loin en parcourant les salles d'entraînements partagées par les guerriers et les apprentis. Le bougre était solidement bâti et vraiment colossal. Un élément de choix pour une mission d'aussi haute importance.
Son regard s'arrêta rapidement sur l'objet que l'apprenti tenait dans ses mains. R'win ne rêvait pas, il s'agissait bien d'un arc, une arme encore utilisée par quelques peuplades primitives de la galaxie. Derrière son voile, il haussa un sourcil, se demandant si son homologue comptait réellement l'utiliser au sol.
Chassant rapidement cette idée saugrenue, il effectua le salut Sith à l'intention du duo qui lui faisait à présent face.
-Je suis le guerrier R'win O'arr, rattaché à cette mission par le .. Capitaine Kampft. Dit-il plus particulièrement à l'intention de celui qui s’avérerait être Kael Yemenyo, effectivement apprenti Sith de l'Académie de Korriban.
Le troisième individu, un militaire en tenue de combat, n'était autre que le lieutenant de l'unité embarquée.
Les trois âmes s'entretinrent un bref instant par-dessus le bruit des turbines des aéronefs et de l'énorme système d'aération du hangar, puis R'win fit comprendre à Kael qu'il était honoré de combattre avec un « frère » de l'Ordre, et expliqua au lieutenant qu'il allait avoir besoin de son entière coopération pour ce qui allait suivre.
-J'ai l'habitude de ce genre d'escarmouche. Dit-il à l'attention de l'officier impérial. Faites nous confiance et contentez-vous de faire appliquer nos ordres. Je n'ai jamais combattu avec des militaires, j'espère que ce ne sera pas différent qu'avec mes anciens guerriers. Ces derniers savaient obéir aveuglément à leur chef. Je suis certain que vos hommes sauront faire de même.




Concluant ainsi, R'win et Kael gravirent la rampe du véhicule pour se trouver dans un contenaire relativement étroit, éclairé par une lumière rouge, et dans lequel flottait désormais une forte odeur équine..
Un long couloir flanqué d'une vingtaine de sièges disposés face-à-face s'étendait en ligne droite. À travers son dispositif de vision améliorée, dissimulé sous son épaisse couche de bandelettes, le bretteur remarqua la quarantaine d'individus méconnaissables qui l'observaient depuis leurs places sanglées. Les militaires aux armures noires immaculées saluèrent les nouveaux passagers, tandis que R'win frappait sa poitrine de son poing une troisième fois. Il gagna aussitôt le fond autrement plus spacieux de la cabine où l'attendait sa place ainsi que celles de Kael et du lieutenant.

Puis, après s'être de nouveau entretenu avec l'apprenti, et tandis que les pilotes se préparaient au décollage, il s’apprêta à accomplir le même rituel qu'il effectuait sur Tatooine avant de partir à la guerre.
Il s'avança vers les soldats, et, les mains posées sur ses hanches, il s'adressa à eux sur un ton rude et autrement plus autoritaire. Son accent fort et singulier accentuait probablement l'effet de sa sévérité.

-Cette unité appartient à notre commandant en chef, mais l'apprenti Yemenyo et moi-même seront vos seuls leaders au sol. Nous ne sommes pas là pour plaisanter, vos règles hiérarchiques se morfondent en présence de combattants Sith. Une fraction de seconde d'inattention en bas et vous êtes cuits. Tout ce que je vous demande, c'est de me faire confiance et de vous aligner sur nous. Si vous faites ce que je fais, vous avez une chance de vous en tirer. Obéissez-nous toujours au doigt et à l’œil.
Si je vous donne personnellement un ordre, si je vous dis d'abattre un civil, ou deux, ou dix, vous obtempérez. Réfléchir, c'est désobéir. Notre Impératrice compte sur nous. Nous appartenons à la race des forts, nous ne devons avoir aucune pitié envers les faibles et les incompétents.
Il céda sa place à Kael, au cas où le Chironien désirait lui-aussi haranguer la troupe, et rejoignit son siège.

Pendant sa tirade, l'agent de l'Astre Blanc jouait certes un rôle, mais ses propos étaient identiques à ceux qu'il proférait autrefois avant de partir au combat, et son état d'esprit à ce moment restait le même. Il n'avait plus la tête à songer à sa mission d'infiltré. L'heure était à la guerre, et une lourde responsabilité lui avait été imputé à lui et à Kael.
Ne serait-ce que pour rester en vie, il allait devoir faire appel à son passé de guerrier et appliquer ce qu'il connaissait dans ce domaine.

Sept jours plus tard..

R'win sortit le visage découvert de la case qu'il empruntait. Une charmante habitation sphérique qui flottait parmi les innombrables autres logis, sur les eaux stagnantes du marécage.
Calme, sagesse et volupté planaient dans l’atmosphère de ce sanctuaire perdu dans la jungle.
Les pas du guerrier résonnèrent sur les pontons tentaculaires qui serpentaient çà et là entre les habitacles, en se dispersant tel un fleuve se segmentant en un vaste delta, ruisselant entre un archipel d'habitations excentriques.
La flore était proche de tout côté, et se mêlait à la cité qui reposait elle-même sur un marécage calme. Une vaste canopée la dominait, donnant lieu à une végétation basse, de même que l'étaient les plafond des villas. De maigres rayons lumineux franchissaient cette dense couverture végétale d'où s'échappaient de nombreux hululements d'animaux. Faune et flore vivaient en harmonie dans ce territoire placide et tranquille.
Les autochtones intelligents, les Anx, avaient une grande proximité avec la nature. Comme en témoignait d'ailleurs, la singularité de cette cité construite sur un marais, ainsi que les plate-formes tantôt boisées, tantôt métalliques, qui enlaçaient certains grands conifères sur plusieurs niveaux.
R'win prit une inspiration profonde, emplissant pleinement ses poumons d'un air d'une pureté inhabituelle, bien loin de l'atmosphère polluée de Coruscant, bien loin du climat sec et aride de Tatooine et de Korriban. Il savourait pleinement ce troisième jour de repos dans la cité des Anx, s'appropriant avec Kael et ses hommes les plus belles habitations, appréciant l'agréable gastronomie locale et la beauté des lieux. Pour eux, les opérations semblaient terminées. Les ordres se limitaient à stationner dans la ville aussi longtemps que possible, et d'appréhender d'éventuels renforts ennemis qui voudraient porter secours aux autochtones. Une hypothèse bien fantaisiste selon le jeune-homme qui avait mesuré la difficulté à dénicher la ville, d'autant qu'à priori, les troupes du Général Omeda, subordonné du Moff Stoker, s'étaient discrètement déployées en embuscade autour du cirque. L'heure était donc au repos. Et le commando impérial l'avait pleinement mérité. Car les jours qui avaient précédé la prise de la cité avaient été autrement plus difficiles ..

En effet, après avoir atterri dans une zone relativement éloignée de leur objectif, il avait fallu au commando progresser dans une jungle dense qui recouvrait largement la paroi des contreforts donnant l'accès au cirque. L'apprenti Kael avait été d'une aide précieuse pour l'ensemble de la troupe. Son impressionnant sens de l'orientation avait permis de guider les hommes à travers l'obscur et hostile territoire humide. De son côté, R'win n'avait pas caché son incompétence totale dans le domaine. Habitué au climat arido-désertique de Tatooine, renouvelé sur Korriban, il se sentait tout à fait perdu dans cet abîme vert, privé de tout sentier et de toute ornière.
Il avait passé la plupart du trajet à progresser avec l'eau au niveau des hanches, parfois des épaules, bravant avec ses camarades certains spécimens particulièrement monstrueux de la faune locale.
Au terme d'un périple de quatre jours, en ne dormant parfois que trois heures par nuit, et après avoir perdu un quart de leurs effectifs, les impériaux avaient découvert la fameuse cité où s'étaient réfugiés les Anx de la région. L'apprenti Kael était effectivement tombé sur un étonnant système de passerelles perdu au cœur d'un marais. Après avoir mené une reconnaissance autrement plus approfondie, le commando avait déniché la cité.
La flotte avertie, R'win, Kael et leurs hommes avaient commencé à encercler la ville et à bloquer tous les sentiers par lesquels des autochtones pourraient s'enfuir. Deux tireurs d'élite dissimulés sur des tumulus s'étaient alors mis à tirer sur les fantassins adverses pendant qu'un mortier bombardait les habitacles de grenades soniques. Une contre-attaque totalisant une cinquantaine de gardes fut arrêtée à l'arme automatique, puis la panique gagna les Anx lorsque le reste du peloton pénétra dans la cité en ouvrant le feu, après avoir ouvert une brèche à l'explosif dans les petits remparts qui l'enlaçaient.
Le spectacle des défenseurs Anx battant en retraite avec les Sith à leur trousse, et les militaires enfonçant aléatoirement les portes des bâtiments, expliquera sans doute la reddition éclaire des autochtones.
Quelques heures avaient suffit aux impériaux pour prendre le contrôle de la ville.

Sur les lieux, R'win poursuivait sa promenade en dégustant un fruit local au goût acide et mielleux.
Il s'arrêta et s'appuya un moment sur le rebord métallique tiède d'un ponton, scrutant l'archipel de nénuphars qui colonisait la grande marre s'étendant en aval.
Une décharge glacée lui parcourut soudain la colonne vertébrale. Il sursauta brusquement en lâchant son fruit qui tomba dans l'eau vaseuse en provoquant une onde. La température externe lui parût alors chuter à une vitesse vertigineuse. Quelque chose venait de se produire dans la Force. Une profonde perturbation courbant son champs, quelque part, non loin de lui. Il déduisit n'avoir jamais ressenti une torsion si importante. Pas même lorsqu'il avait détecté la présence de Darth Valeras sur Tatooine.
Prit d'un vertige, il se passa une main sur le front pour y chasser l'humidité qui commençait à s'accumuler depuis plusieurs heures. Il cramponna ensuite ses deux mains à la barrière de la passerelle, fit appel à la Force et se concentra en fermant les yeux. Il la sentait de nouveau couler en lui, vibrante, vivante. Son champs se déployait tout autour de lui, tel une immense toile d'araignée plane.
Il était sur le point de localiser l'accident qui venait de cambrer son champs quand plusieurs voix s’élevèrent à une quarantaine de mètres de sa position. Interrompu dans sa méditation, le bretteur chercha du regard d'où provenaient les conversations.
Une dizaine de militaires en tenue de combat était agglutinée devant les portes de la cité, et échangeait un dialogue animé avec les deux sentinelles postées sur les maigres remparts en amont du groupe. Ses oreillettes se mirent aussitôt à vibrer.
-Mon seigneur, les hommes ont vu des herbes bouger anormalement devant les portes de la ville. Il reconnut la voix du lieutenant.
-Ce sont sûrement des Jedi. Rétorqua t-il, persuadé par l'expérience qu'il venait de vivre. Et pas n'importe lesquels. Attendez les ordres.
En se rendant à la rencontre des militaires, le ravageur tomba sur l'apprenti Yemenwo qui sortait d'une case et qui semblait avoir été lui aussi mis au courant de la situation.
-Tu l'as senti aussi ? Dit-il avec effarement. Je n'ai jamais ressenti une chose pareille. C'est un gros morceau.
Rapidement, on apprend de la flotte qu'il s'agit vraisemblablement de membres de l'Ordre Jedi, peut-être même du Conseil, et que le nouvel objectif est de les capturer par tous les moyens, en dernier lieu de les éliminer.
-Kael. Déclara t-il à l'intention du Chironien. Je vais faire prendre la population en otage, j'ai besoin de vingt minutes. Nous allons les faire chanter. Mieux vaut privilégier la ruse contre ces maudits Jedi.
Saluant son frère d'arme, il courut à sa case enfiler son matériel manquant. Il y récupèra notamment son dispositif de vision amélioré, et enlaça sa tête de ses bandelettes traditionnelles. Certes il n'était pas un véritable Sith, mais à l'heure actuelle, il ne réfléchissait absolument plus à sa mission de base pour le compte l'Astre Blanc. Depuis son arrivée sur cette planète, il était en danger de mort en permanence. Son cerveau reptilien formaté par des années de guerre fonctionnait à plein régime. Il n'y avait plus que lui, ses camarades, et les ennemis. À mesure qu'il donnait des ordres, il ne sentait pas l'Obscur ronger son esprit.

Cependant, un des militaires est allé chercher le gouvernant local qui ne tarde pas à s'entretenir avec R'win. On s'empresse alors de faire venir l'adjoint du chef de la ville, qui parcourt bientôt les pontons, flanqué de deux soldats impériaux, annonçant après roulement de tambour, que toute la population doit immédiatement se rassembler sur la place principale.
L'incertitude reprend de plus belle lorsque la troupe d'une vingtaine de soldat, dispersée en éventail sur les pontons, se met brusquement à tirer en l'air, à défoncer certaines portes à coups de crosse, à pousser et à malmener les familles sur les quais.
Dans les bâtiments communautaires, les impériaux ont fait irruption en vociférant : « Tout le monde dehors ! » Précipitamment, les adultes ont rassemblés leurs enfants et les ont conduits, en rang, vers la place indiquée. Plusieurs enfants pleurent mais on les fait avancer tout de même, le plus calmement possible, estimant qu'on ôtera à l'agresseur tout prétexte pour user de violence si l'on se plie aux menaces et aux provocations
.
Invité
Anonymous
On pourrait croire que passer sa vie sur un champ de bataille finissait par perdre de son intérêt et de sa saveur au fil du temps, que chaque combat finissait par ressembler à tous les autres jusqu'à ce qu'un soldat se traîne d'un massacre à un autre non pas par sens du devoir mais par simple habitude. Peut-être était-ce bien le cas chez certains soldats vétérans mais, fort heureusement pour les jeunes recrues, ce n'était en aucun cas vrai pour le colosse aux prunelles azurées. S'il n'était pas un soldat à proprement parler, ayant toute la latitude nécessaire pour mener ses actions comme il l'entendait, Lorn savait que ces héros anonymes vivaient au quotidien car il avait été à leur contact et avait combattu à leur côté en de maintes occasions. S'il n'était pas soumis au même respect de la hiérarchie militaire grâce à son statut particulier de jedi, statut mis encore plus en avant depuis son accession au très convoité conseil jedi, l'épicanthix savait que sur le terrain tous les hommes étaient égaux face à la mort.
De par son expérience du terrain et son endurance physique le colosse avait pris l'habitude d'enchaîner les missions à un rythme soutenu, en s'autorisant le minimum de repos requis par son corps avant de partir de nouveau là où sa présence était nécessaire et aujourd'hui ne faisait pas exception. Mais aujourd'hui il revenait d'Ondéron, aussi frais et dispo que possible.

L'empire faisait de nouveau parler de lui et des renforts avaient été appelés jusqu'à la planète reculée de Gravled Mex afin de venir en aide à la population qui résistait péniblement aux troupes impériales. Nul ne savait combien de temps les autochtones pourraient encore tenir et c'était sans doute pour cela que plusieurs vaisseaux furent dépêchés pour tenter de changer la donne. Et deviner qui étaient les têtes d'affiches de l'ordre jedi présentes pour cette mission de sauvetage ? Maître Von et Maître Vocklan, les deux plus fines lames de l'ordre jedi, au moins.
Dire que l'ordre jedi avait sorti l'artillerie lourde ici serait un bien bel euphémisme mais il fallait au moins cela pour une mission de sauvetage, les habitants de cette planète luttaient seuls depuis trop longtemps et menaçaient de céder à l'impérialisme à tout instant : une intervention rapide et efficace était donc nécessaire. Le convoi arriva bientôt en orbite de la planète et aussitôt la demoiselle à la crinière de feu réquisitionna une navette pour se diriger rapidement vers le cirque Shusu, probablement le dernier bastion où se terraient les autochtones.

Ni une ni deux le duo grimpa dans la navette qui décolla aussitôt pour un voyage de plusieurs minutes. Pour cette opération ils ne seraient que deux et il n'y avait personne d'autre que la pilote avec eux, les laissant seuls dans le compartiment exigu de la navette. Sans une once de gêne le jeune homme se déshabilla quasiment entièrement pour revêtir son armure de combat couplée à sa bure de jedi, de quoi lui offrir une protection contre les dangers qu'il finirait forcément par rencontrer. Fouillant dans une caisse à ses pieds il en extirpa également deux ceintures anti-grav et en tendit une à la demoiselle qui l'accompagnait avant de s'équiper de la sienne. Même s'il n'était pas vraiment habitué au fait de combattre sur des planètes à forte gravité le colosse se doutait d'à quel point cela pourrait s'avérer handicap : il voulait donc mettre toutes les chances de son côté. Qui pouvait dire ce que le duo trouverait une fois arrivé ?

Sentant la navette ralentir et les moteurs vrombir à un rythme moindre le colosse se pencha pour observer l'extérieur à travers le hublot et, en-dessous de lui, il put observer l'énormité du cratère qui se trouvait là. C'était donc dans cette dense forêt marécageuse que ces braves résistants se cachaient, attendant de savoir si c'était leur salut ou leur damnation qui débarquerait depuis le ciel ? Le maître d'armes laissa son scepticisme de côté pour aujourd'hui, préférant croire qu'en dessous de lui se trouvaient des hommes et des femmes qui avaient encore en eux une flamme combative qu'il suffirait de raviver. Pour une opération comme celle-ci la coopération de la population locale était primordiale.
La navette se stabilisa et une lumière verte éclaira l'habitacle, signifiant aux passagers qu'ils pouvaient sauter depuis ce point. Attrapant un parachute et le sanglant fermement à son torse, préférant éviter de mauvaises surprises une fois qu'il aurait sauté, le colosse se redressa de toute sa hauteur et ouvrit la perte de la navette, forçant sur ses appuis pour ne pas être repoussé en arrière par la bourrasque de vent qui le frappa en plein visage.
Jetant un coup d’œil en-dessous, se demandant ce qu'il allait bien pouvoir trouver en bas, le colosse se tourna vers sa promise et lui attrapa doucement les mains. Il savait que ce serait le premier et dernier moment d'intimité et d'affection qu'il pourrait montrer aujourd'hui...ou qu'il pourrait jamais montrer, la possibilité de rejoindre la Force au cours d'une mission était toujours présente. Fermant un instant les yeux pour faire la paix dans son esprit, chassant toutes les pensée superflues pour ne se concentrer que sur la mission, il rouvrit ses yeux et posa un doux baiser sur les mains jointes de la demoiselle avant de conclure par un :

« On se retrouve en bas.»

Un pas en arrière, deux pas, trois pas et le colosse n'eut bientôt plus que le vide pour seul support, se laissant chuter en se rendant compte qu'il n'avait pas le vertige. Et bien quoi ? C'était la première fois qu'il faisait un saut en parachute d'une telle hauteur, il avait de quoi s'interroger ! Fermant les yeux pour éviter d'être aveuglé par les bourrasques de vent et tout ce qu'il pourrait trouver sur son chemin, s'autorisant à les rouvrir de temps en temps pour corriger sa trajectoire, le jeune épicanthix sentit le sol se rapprocher à une vitesse vertigineuse jusqu'à ce que, enfin, son altimètre lui fasse comprendre qu'il était temps de ralentir sa chute.
Portant sa main droite à son torse, Lorn tira la manette d'un coup sec et eut le souffle coupé par le recul provoqué par l'activation de son parachute, il eut bien quelques secondes de flottement avant de se rappeler de la situation dans laquelle il se trouvait. Levant les bras pour attraper les manettes pendues à sa droite et à sa gauche afin de contrôler sa direction, le colosse regarda partout autour de lui afin de retrouver sa dulcinée.
Hein ? De ? Ah non ce n'était pas du tout par inquiétude mais techniquement ils étaient en territoire potentiellement ennemi et se séparer n'était pas du tout la meilleure des approches. S'ils pouvaient ne pas se perdre de vue dès leur arrivée ce serait déjà cela de gagné.

La lente chute dura quelques poignées de secondes jusqu'à ce que, pliant les jambes pour éviter de se les briser en se réceptionnant, Lorn crut presque s'enfoncer dans le sol marécageux sous ses pieds. Se délestant de son parachute aussi rapidement que possible ce fut dans une certaine pagaille que le maître d'armes atteignit la terre ferme, observant son parachute s'enfoncer dans le marécage avant de lâcher avec une pointe de cynisme :


« Charmant. Un vrai petit paradis.»

Combattre en territoire inconnu n'était déjà pas facile mais si en plus l'environnement lui-même se mettait à lui mettre des bâtons dans les roues alors il ne s'en sortirait jamais. Cherchant du regard sa camarade sans utiliser son communicateur, pas encore certain que les communications n'étaient pas écoutées, la recherche fut terminée au bout de cinq petites minutes et le duo de renom fut de nouveau complet. Fouillant dans ses affaires pour en sortir une carte et une boussole, pour une fois le colosse s'en remit totalement à son aimée dont le sens d'orientation ne pouvait pas être vraiment pire que le sien. Quoi ? Chacun pouvait avoir ses faiblesses !
La recherche fut laborieuse mais plusieurs dizaines de minutes après leur arrivée le duo réalisa qu'il était enfin sur la bonne piste et celle-ci les conduisit jusqu'à l'orée de la forêt bordant la cité où se cachaient les résistants. Par habitude plus que pas profonde inquiétude le colosse étendit son esprit vers la cité pour savoir si tout allait bien mais ce qu'il en retirait était une inquiétude et une panique qui n'allaient qu'en grandissant. Fronçant les sourcils devant cette sensation qui ne lui plaisait guère, c'est sur un ton cassant que Lorn lâcha :


« Quelque chose cloche.»

Que ces habitants soient inquiets était une chose normale au vu de leur situation précaire mais ils étaient en sécurité dans cette cité, pourquoi diable Lorn ressentait-il une telle panique émaner de ces autochtones ? Ce n'était peut-être rien, peut-être qu'une mauvaise interprétation de sa part mais sa camarade de toujours lui fit comprendre que cette sensation était partagée. S'enfonçant un peu plus dans la forêt pour réfléchir à un plan d'action, ne désirant pas avancer sans trop savoir dans quoi ils allaient s'embarquer, les deux maîtres mirent en commun leurs cerveaux pour établir une stratégie . Pour une fois il ne s'agissait pas de foncer la première en direction des portes principales, sabre à la main en espérant que tout se passe bien, il fallait faire preuve d'un peu plus de subtilité que cela.

Fermant les yeux pour se concentrer, imitant sa camarade, Lorn usa de la Force pour se recouvrir d'un voile pouvant masquer sa présence physique..peut-être même à travers la Force également. Ce fut non sans une certaine gêne que le colosse s'avança à pas de loups jusqu'aux portes principales de la ville, observant des gardes et des sentinelles qui n'avaient définitivement pas leur place ici. Des impériaux ? Certainement oui, comme quoi le sentiment d'inquiétude était justifié.
Retenant presque sa respiration par peur qu'elle ne dévoile sa présence, pas vraiment habitué à utiliser ce voile de Force, l'épicanthix longea l'un des flancs de la porte afin d’esquiver les gardes autant que possible, pénétrant avec sa compagne dans la cité sans trop savoir ce qu'il se tramait ici. Pourquoi capturer la cité plutôt que de la faire sauter pour écraser la dernière poche de résistance ? Encore une question dont le maître n'avait malheureusement pas la réponse.

Sachant très bien quel était son but, le jeune homme progressa avec sa compagne à travers la ville et, au détour d'un croisement, observant un couple d'autochtones se faire traîner de force hors de leur maison, le tout bercé par les pleurs de leur enfant ayant cédé à la panique et la tristesse la plus totale.
Cela ne leur suffisait pas d'occuper la ville, ils s'amusaient à oppresser les habitants ? Le plus difficile à comprendre n'était pas leur volonté de ne pas raser cette ville mais bien ce que les soldats échangèrent, à savoir leur ordre de rassembler tous les habitants au même endroit. Qu'était-ce que cela, une prise d'otage globale ? Pourquoi ?
Si le premier désir du colosse était de dégainer son sabre et de réduire ces soldats en charpie sa compagne posa sa main sur son bras pour l'en empêcher et lui faire comprendre quelque chose d'évident : ils ne pouvaient agir sur un coup de tête avec autant de vies en jeu. Serrant les points jusqu'à blanchir ses extrémités, se mordant la lèvre pour se retenir de foncer le tas, Lorn sentit de la nausée monter en lui en constatant que les méthodes abjectes des siths n'allaient pas en s'améliorer. Se cacher derrière des civils, c'était donc à cela qu'ils en étaient réduits pour faire face à ce duo ?
Fermant les yeux pour se forcer à faire la paix dans son esprit, repoussant dans un coin cette volonté de tailler dans le gras de ces soldats comme dans du beurre, le colosse resta immobilisé un instant avant de rouvrir les yeux. Il n'était pas totalement serein, pas du tout même mais il acceptait de laisser sa camarade ouvrir la voie vers leur objectif.


Cette cité avait beau être particulière il ne fallut que quelques minutes au duo pour se faufiler à travers les ruelles de la ville et tomber sur ce qu'ils cherchaient finalement. Ceci n'était bien sûr que la première étape mais de la subtilité était nécessaire pour sortir les habitants de ce pétrin, une stratégie assez peu habituelle pour le roc d'Aargau mais il faisait confiance à sa camarade pour établir une stratégie plus efficace qu'il n'en serait capable.

Le plan pourrait bientôt commencer.
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Kael avait suffisamment horreur des planètes désertiques comme Korriban, ou polluées comme Coruscant et Nar Shaddaa, pour savoir profiter quand il était envoyé en mission sur des planètes ayant de la verdure, de la fraîcheur, des points d'eau et un air respirable. Ca avait été le cas quand il avait été envoyé sur Myrkr, où il avait fait la rencontre incroyable de Samaël, ce Chironien qu'il avait déjà cotoyé des années auparavant sur leur planète natale et qui depuis était devenu un Jedi et avait été envoyé sur la même planète, au même endroit au même moment. La Force avait parfois un certain sens de l'humour. Myrkr était une planète à la végétation luxuriante mais très particulière puisque chargée en métal. Avant d'entendre parler de cette planète et de s'y rendre pour voir ça de ses propres yeux, Kael n'aurait jamais imaginé que cela pût exister.

Une nouvelle mission avait été confiée à l'Apprenti quadrupède, et il devait débarquer sur une autre planète ne manquant pas de régions vertes. Là où il devait se rendre, il faisait même un climat quasi tropical. L'endroit pouvait être décrit concisement comme une jungle marécageuse. A vrai dire, même si Kael était toujours heureux d'évoluer dans des endroits où une nature verdoyante se développait librement, sa prédilection raciale allait plutôt pour les forêts clairsemées et les plaines sauvages. Imagineriez-vous un cheval déambuler dans des marécages ? Non, évidemment que non. Il en allait donc forcément de même pour un Chironien.

Kael se demandait donc pourquoi il avait été choisi, lui, pour cette mission. Loin de vouloir risquer de donner l'impression de remettre en cause les ordres, il n'avait pas posé la question à ses supérieurs. Peut-être qu'il finirait par comprendre de lui-même en découvrant les lieux. Les marécages n'étaient peut-être pas profonds et peu répandus, alors pourrait-il se déplacer dans la jungle sans se piéger les pattes dans de la vase tous les vingt mètres.

Le bruit de ses sabots à chacun de ses pas résonnait dans ce vaste hangar au revêtement gris métallisé implacablement terne, dans lequel plusieurs vaisseaux se préparaient au départ. Ceux qui n'avaient encore jamais vu le Chironien ne purent se retenir de tourner le regard, laissant leur attention quitter un instant leur tâche, distraits par cette étrange race quadrupède, avant de revenir à eux. Kael ne connaissait que trop bien ces regards. Certains se permettaient parfois de s'étonner que « l'Empire Sith se plût à recruter des animaux dans ses rangs », et alors il retenaient vite qu'il fallait éviter de dire ça en présence même de l' « animal » en question. Les personnes présentes dans le hangar étaient également surprises par un autre détail, en sus de la race de l'Apprenti : son arme. Kael portait bien évidemment son sabre-laser à la ceinture, mais il avait tenu à emporter son arc avec lui. Une arme des plus rudimentaires mais dont il refusait de se séparer lorsqu'il partait en mission. Autant qu'on ne demandait pas à un Sith de se séparer de son sabre-laser, on ne demandait pas à Kael de se séparer de son arc, même si les raisons étaient différentes.

Kael alla se présenter à un officier chargé de superviser la préparation du vaisseau. Il fut très tôt rejoint par celui qui allait être son coéquipier dans cette mission. On lui avait parlé d'un Tusken, mais Kael ne connaissait pas cette ethnie. Et s'il l'avait connue, il n'en aurait pas identifié un membre en voyant son coéquipier s'approcher de lui : ses vêtements n'étaient en rien ceux d'un Homme des Sables, et s'apparentait plutôt à une tenue destinée à imposer une aura de terreur et à impressionner l'ennemi. Les Chironiens, eux, dans ce but, se maquillaient avec des peintures colorées et se dessinaient des motifs ; les humanoïdes, eux, portaient des tenues et des masques. Chacun sa culture.

R'WIN – Je suis le guerrier R'win O'arr, rattaché à cette mission par le... Capitaine Kampft.

Kael répondit par le salut sith, tandis que l'officier cocha le nom de R'win O'arr dans une liste qui lui avait été dressée, avant d'inviter les deux Siths à prendre place. R'win signifia à Kael qu'il était honoré de combattre avec un « frère de l'Ordre ». Kael ne savait rien de l'histoire de R'win et le prit pour un Sith comme les autres, il fut seulement gêné de ne pas savoir s'il avait un grade de Guerrier, mais il se dit que si ça avait été le cas, ça lui aurait certainement déjà été communiqué. R'win s'adressa ensuite une dernière fois à l'officier :

R'WIN – J'ai l'habitude de ce genre d'escarmouche. Faites-nous confiance et contentez-vous de faire appliquer nos ordres. Je n'ai jamais combattu avec des militaires, j'espère que ce ne sera pas différent d'avec mes anciens guerriers. Ces derniers savaient obéir aveuglément à leur chef. Je suis certain que vos hommes sauront faire de même.

Dans sa tenue et avec ces mots, R'win avait la stature d'un meneur. Kael avait comme lui l'habitude des escarmouches. Avant de devenir Sith, il avait été un guerrier tribal, du moins avait-il aspiré à en devenir un – il avait été enlevé à sa tribu avant d'avoir eu l'âge de participer à sa première bataille. Il connaissait au moins certaines tactiques basiques. Les humanoïdes, cependant, de part leur mobilité inférieure, devaient forcément agir différemment dans le cadre de batailles. Kael n'allait pas effectuer cette mission avec des Chironiens mais avec des humanoïdes, il allait donc devoir s'adapter, mais il était certain qu'il constituerait un atout unique s'il devait y avoir une bataille à livrer durant la mission.

Dans le vaisseau, Kael se sentit un peu à l'écart. La quarantaine de personnes – essentiellement des soldats – étaient toutes assises sur des sièges, ce qui ne pouvait pas être le cas du Chironien. De plus, ses cornes frottaient contre le plafond du vaisseau. Le Chironien passa donc son temps allongé, le torse droit ; et le vaisseau fut assez vite empli d'une odeur de cheval particulière que Kael lui-même ne sentit pas puisque c'était la sienne. A un moment, l'officier vint informer Kael qu'un équipement particulier lui avait été livré, et il l'invita à le trouver dans la caisse métallique où avait déjà été rangé son arc. Intrigué, Kael se leva et se rendit à l'arrière du vaisseau. Il ouvrit la caisse, caressa un instant le bois de son arc, puis souleva l'étrange objet don l'officier lui avait parlé. Cela ressemblait... à des fers à cheval. Kael fut tout d'abord choqué qu'on puisse l'insulter de cette façon, mais finit par comprendre que ce n'étaient pas des fers à cheval classiques. Les humanoïdes envoyés en mission dans le Cirque Shusu étaient pour quelques uns équipés de semelles magnétiques qui aidaient à compenser la gravité supérieure de la planète et donnaient ainsi à leur porteur la sensation de marcher sur une planète à gravité normale. C'était le cas de R'win et des militaires gradés de l'escouade. Evidemment, avec ses sabots de cheval, le Chironien ne pouvait pas porter de telles semelles faites pour des pieds humains. A la place, il pourrait donc porter ces semelles ayant la forme de fers à cheval, mais qui ne se clouaient pas sur le sabot ; ces “fers à cheval” magnétiques s'attachaient au canon, et Kael aurait donc tout intérêt à les porter. C'étaient donc simplement des semelles magnétiques adaptées à sa race, et il n'y avait rien de rabaissant là-dedans. Kael soupira d'aise et remit l'objet à sa place dans la caisse métallique, puis reprit sa place à côté des soldats, à qui R'win fit un discours de briefing :

R'WIN – Cette unité appartient à notre commandant en chef, mais l'Apprenti Yemenyo et moi-même seront vos seuls leaders au sol. Nous ne sommes pas là pour plaisanter, vos règles hiérarchiques se morfondent en présence de combattants Siths. Une fraction de seconde d'inattention en bas et vous êtes cuits. Tout ce que je vous demande, c'est de me faire confiance et de vous aligner sur nous. Si vous faites ce que je fais, vous avez une chance de vous en tirer. Obéissez-nous toujours au doigt et à l’œil. Si je vous donne personnellement un ordre, si je vous dis d'abattre un civil, ou deux, ou dix, vous obtempérez. Réfléchir, c'est désobéir. Notre Impératrice compte sur nous. Nous appartenons à la race des forts, nous ne devons avoir aucune pitié envers les faibles et les incompétents.

R'win avait vraiment l'attitude d'un meneur. C'était rassurant, car Kael lui-même ne savait pas comment il pourrait diriger des humanoïdes. En tout cas, il adhérait en tous points au discours de R'win. Un vrai guerrier ne remettait pas les ordres en question au milieu de la bataille, ou c'était la défaite assurée. Kael ne réfléchissait aux ordres qu'il recevait que lorsque la situation le permettait.
Pour la toute première fois de sa vie, il allait avoir des personnes sous ses ordres. Loin de lui mettre la pression, cela l'exaltait. Il se sentait fier, et valorisé par l'Empire Sith. Il commençait à ne plus trop avoir besoin de se demander pourquoi il avait été choisi pour cette mission. La nature marécageuse du terrain n'était qu'un détail finalement.

Une fois sur place, il se rendit compte que non, ce n'était pas du tout qu'un détail. Les soldats et R'win portaient des bottes hautes étanches, et heureusement pour eux, car ils eurent plus d'une fois les pieds dans l'eau. Quant à Kael, il ne portait pas de chaussures, forcément, il n'avait donc pas ce souci, mais sa morphologie était tout à fait inadaptée à un terrain marécageux. Heureusement, la jungle était saine et la vase pratiquement absente ; de plus, l'eau n'était jamais profonde, elle ralentissait donc la progression sans l'entraver. Les semelles magnétiques de R'win et de Kael n'étaient cependant d'aucune aide contre ce terrain ; en revanche, sur terre ferme, le Chironien sentait bien qu'il pouvait, s'il le voulait, galoper ou se cabrer avec autant d'aisance que sur des planètes à gravité habituelle, ou presque. Il n'en restait pas moins que chaque objet pesait plus lourd. Le Chironien le sentait bien avec son arc notamment, mais il ne portait qu'une demi-bure sith légère tandis que les soldats souffraient du poids de leur armure.

Si le Chironien était donc inadapté pour se déplacer en terrain marécageux, il avait en revanche un avantage profitable sur tous les autres membres de l'escouade, y compris R'win : son sens de l'orientation en terrain sauvage et boisé. Il était certes plus dans son élément dans des forêts clairsemées que dans des jungles épaisses, mais il retrouva un certain nombre de réflexes qui s'appliquaient indiféremment dans ces deux types de terrains. Dans un premier temps, il apprit à avoir le pied sûr, en reconnaissant parfois les zones où il risquait de s'enfoncer dans l'eau. Plus l'escouade passait du temps dans la jungle, plus Kael marchait sur terre ferme sans s'enfoncer dans les mares. Bien sûr, il fallait beaucoup plus de temps pour apprendre à maîtriser cet environnement, et les mares les plus traîtresses eurent raison de lui à chaque fois. En tout cas, il se distingua en permettant à l'escouade de ne pas tourner en rond dans ce labyrinthe vert et humide. Il fallut du temps pour trouver les premiers pontons artificiels contruits par les Anx, mais sans les compétences de Kael, il en aurait fallu cinq fois plus.
Voilà aussi pourquoi Kael avait été choisi pour cette mission, à n'en point douter.

Quelques jours plus tard, Kael et R'win étaient en train de se détendre dans les habitations les plus larges que les Anx avaient bâties. Le Chironien devait s'avouer impressionné par cette race. Ne serait-ce que physiquement, d'abord : lui qui avait l'habitude d'être toujours le plus grand dans un groupe depuis qu'il avait quitté Chiron, il était là entouré par des êtres mesurant en moyenne dans les quatre mètres. La sensation de devoir lever la tête pour s'adresser aux gens, à ce point et avec autant de personnes d'un coup, lui était inconnue. Les Anx l'impressionnaient enfin par leur caractère. Leur refuge était envahi par les soldats impériaux, mais ils s'adaptaient. C'était une bêtise de ne pas chercher à défendre leur territoire, mais peut-être ne faisaient-ils jamais la guerre et ne savaient-ils donc pas se battre... En tout cas, ça dépassait ce à quoi Kael avait pu s'attendre. Les Anx feraient de parfaits esclaves, c'est ce que ne put s'empêcher de se dire Kael en repensant sans nostalgie aucune aux trois années qu'il avait vécues en tant qu'esclave lui-même.

Kael avait mis ses compétences de guerrier tribal d'une autre manière : dès leur arrivée dans la cité anx, il avait parcouru les lieux de long en large pour en repérer tous les endroits stratégiques. Il avait appris l'existence d'un tunnel secret débouchant dans la jungle, utilisable en cas d'évacuation ou de repli nécessaire. La cité anx ne disposait que d'une seule porte, mais Kael avait essayé de repérer différents endroits par lesquels il était possible de s'infiltrer, bien que d'instinct son cerveau n'analysât ces possibilités qu'avec la morphologie d'un Chironien, et Kael devait imaginer les capacités d'un humanoïde pour ne rien oublier. En quelques jours, il avait aussi appris par cœur la disposition des habitations, afin d'avoir l'avantage du terrain si des soldats républicain venaient attaquer.

Tout se passait donc bien jusqu'au moment où Kael fut alerté par un soldat d'une potentielle présence intrue : en effet, les sentinelles postées à l'entrée de la cité anx venaient de repérer des mouvements suspects dans la végétation, sans parvenir toutefois à apercevoir qui que ce soit. Kael quitta sa tente pour aller chercher plus d'informations, mais on ne fit que lui répéter le peu d'indices qui lui avaient déjà été rapportés. C'est en fait la Force elle-même qui vint lui en apprendre plus. Il sentit un flux étrange et ferma les yeux, se concentrant pour essayer d'analyser ce flux. Kael avait appris à se livrer à cet exercice, cela avait fait partie des premières leçons de Juga Johito. Encore en phase d'apprentissage, Kael n'était pas très pointu encore, loin de là, dans ses compétences à analyser la Force, et pourtant il n'eut vraiment pas besoin d'efforts pour percevoir des remous importants. Il sentit la présence de R'win qui s'approchait de lui, et ouvrit les yeux. Son coéquipier s'adressa à lui :

R'WIN – Tu l'as senti aussi ? Je n'ai jamais ressenti une chose pareille. C'est un gros morceau.

Kael hocha la tête. Il ne sut prononcer le moindre mot dans l'immédiat tant il se sentait perturbé par ce qu'il ressentait. L'hypothèse fut vite émise : des Jedis approchaient, et Kael ne put qu'y adhérer. Il fallait donc vite agir pour protéger la cité d'une offensive des Jedis. R'win prit les choses en main, expliquant à Kael qu'il allait nécessiter vingt minutes pour réaliser une prise d'otages. C'était une bonne idée : les Jedis seraient sensibles au sort des Anx et seraient forcés à la discussion.

Quant à lui, Kael alla parler à l'officier. Il fallait organiser le reste des soldats. R'win avait déjà détaillé à l'officier son idée de prise d'otages, Kael donna donc ses instructions pour la défense de la cité :

KAEL – Que les sentinelles à la porte ouvrent bien l'œil, mais il faut des sentinelles ailleurs. Je vais indiquer plusieurs endroits où les soldats doivent se cacher. Au signal d'une sentinelle, ils attaqueront. Si les Jedis s'infiltrent dans la cité par une autre issue que les portes, nous devons être prêts à les prendre par surprise. J'ai repéré plusieurs endroits où il sera possible de les acculer, mais l'idée première est qu'ils comprennent que la vie d'otages est en jeu. Surtout, ils doivent sous-estimer notre nombre. Rassemblez vos soldats les plus compétents en trois groupes de cinq. Chacun de ces trois groupes se postera dans un point différent que je leur indiquerai, et devra se tenir prêt à une embuscade.

L'officier acquiesca et appela quinze matricules pour constituer les trois groupes. En entrant dans la cité, les Jedis ne verraient que les soldats en charge de la prise d'otages, ceux postés sur les points stratégiques, où la prise de vue était la meilleure, et les sentinelles. Mais au final, ils ne verraient que la moitié des forces militaires. Quinze soldats, sur une bonne trentaine, seraient postés en embuscade grâce à l'analyse de terrain opérée par Kael pendant plusieurs jours.

Les forces de l'Empire avaient donc l'avantage du terrain, de la surprise, de la prise d'otage, et peut-être bien même aussi l'avantage du nombre. Après avoir posté chaque groupe de cinq soldats dans un coin, Kael prit place sur le plus haut point d'observation de la cité. Agitant parfois la queue, le Chironien trônait avec prestance, parcourant des yeux chaque parcelle de la cité à la recherche du moindre mouvement suspect, tout en s'aidant de la Force. De là où il était, il avait aussi un contact visuel avec chacune des sentinelles ; si l'une d'entre elles repérait quelque chose, elle ferait signe à Kael. Ce dernier avait expliqué à R'win son plan. Si un ennemi était repéré, il suffirait à R'win de regarder Kael pour savoir où. La consigne était en tout cas de ne pas se disperser. On ignorait encore le nombre de l'ennemi et il ne fallait pas tomber dans le piège d'une diversion.
Kael prit son arc et une flèche en main, laissant son sabre-laser caché par sa demi-bure. Sa queue fouettait l'air alors qu'il se tenait en alerte.
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Face à l’espace moiré, infini, Alyria contemplait la flotte alsakanie qui faisait fièrement barrage aux forces impériales. Parfois, au milieu de ce déploiement d’acier et de mécanique qui démontrait toute la fierté d’une planète à se dresser contre la barbarie surgissait la zébrure rougeâtre d’un tir de barrage adverse, prompt à rappeler que la mort déchirait le ciel comme elle emplissait la terre de son long manteau constitué de cris et de souffrances. De tous les côtés, ingénieurs et matelots s’activaient, et soudain, trahissant la tension qui régnait dans ce vaisseau qui n’avait guère connu de relève depuis plusieurs semaines, une main malheureuse commençait à trembler, avant que son propriétaire n’inspire profondément et ne s’attèle de nouveau à sa tâche, qui aussi minuscule soit-elle, demeurait indispensable pour permettre le bon fonctionnement de cette ruche géante en orbite de Gravlex Med.

Il n’y avait pas besoin d’être jedi pour comprendre la complexité de ce théâtre d’opérations multiples, et encore moins pour s’avérer sensible à la détresse silencieuse ainsi qu’à la force d’un caractère de cette union improvisée entre deux peuples qui s’échinaient à maintenir un ennemi redoutable et redouté à distance de tout ce qui était cher aux Anx et à Alsakan, et par extension à l’Ordre et à la République : c’était une planète qu’il fallait protéger, certes, mais aussi une civilisation millénaire, avancée technologiquement, une puissance commerciale reconnue ainsi qu’un peuple qui n’avait cessé de démontrer sa férocité et son courage durant ce siège interminable. Peu de races pouvaient se targuer d’avoir offert une résistance aussi dantesque aux troupes sith : les humains de Dubrillion et Artorias avaient cédé en bien moins de temps. Certes, les circonstances n’étaient pas les mêmes. Pourtant, la maîtresse d’armes ne pouvait s’empêcher d’éprouver, alors qu’elle contemplait la surface embrumée de Gravlex Med, dont l’atmosphère était quelquefois ébranlée par une explosion massive ou un bombardement, offrant une morne symphonie au spectateur spatial d’une endurance qui se payait en milliers de cadavres pourrissant dans la jungle, une forme de respect profond pour les impressionnants sauriens qui ne déméritaient guère. Sans doute que culminer à plus de quatre mètres du sol, au milieu d’une gravité terrible, posséder une corne tranchante comme l’acier et une queue plus grande que la plupart des humanoïdes normaux et avoir des connaissances en anatomie renommées dans toute la galaxie au point d’être considérés comme de redoutables combattants, même désarmés, aidait à contrer l’ordinairement implacable avancée des séides de Darth Ynnitach, sans compter la possession d’un système de communication par ondes totalement inintelligible pour n’importe quelle autre espèce et prompte à ébranler les os des plus récalcitrants. Quant à la marine d’Alsakan, nul doute qu’avoir conduit de multiples conflits contre Coruscant avait eu pour conséquence de transformer les aptitudes de sa population et de son armée, ce qui expliquait en partie la résilience d’une unique flotte planétaire contre la terrible armada adverse. Oui, ils avaient lutté avec panache. Et désormais, ils ne seraient plus seuls. Les renforts républicains arrivaient, de même que ceux de l’Ordre jedi, qui avait été engagé à leur côté dès les premiers jours et relevait ses propres maîtres, chevaliers et padawans à bout. Maître Manteer en personne avait collaboré avec le Sénateur Jeresen Fylesan lors des premières phases de la longue nuit qui s’était abattue sur le secteur Raioballo. Désormais, ce ne serait non pas un, mais deux maîtres du Conseil qui allaient affronter l’ennemi.

La décision avait été aisée. L’organisation de l’aide à Lorrd et Gravlex Med avait été attribuée au duo formé par Alyria et son amant au cours de la réunion du Conseil qui avait suivi les seconds événements de Dubrillion. Mettre en place les envois de jedis en sélectionnant soigneusement les appelés, négocier avec les dirigeants en place, participer aux réunions stratégiques multipartites … Désormais, tous deux avaient le devoir de participer à l’effort jedi autrement que par leur seule présence sur le terrain, ce qui n’avait pas manqué d’évoquer chez la trentenaire son passé en tant que Chancelière. Si les années avaient atténué les doutes qui l’avaient rongée suite à cette parenthèse de son existence si particulière, l’expérience acquise à la tête de la République demeurait une chance qui apparaissait dans toute son étendue lorsqu’elle devait affronter des situations requérant minutie et travail bureaucratique. Peut-être que certains avaient trouvé pour le moins étrange qu’une gardienne, une maîtresse d’armes s’acquittât de ces tâches pour le Conseil. C’eut été oublier qu’elle avait été également, durant plusieurs mois, la femme la plus puissante de la galaxie. Elle s’était donc nourrie des rapports en tout genre adressés à l’organe décisionnel de l’Ordre, et estimait à l’heure actuelle avoir une vision plus que correcte des avantages et défauts de la position Anx sur Gravlex Med. Inutile de préciser que ces mois de préparation allaient s’avérer cruciaux pour ce qui les attendait en contrebas.

En effet, désormais, le temps était à l’action. Frapper de façon chirurgicale pour soutenir les immenses reptiles devenait une nécessité afin d’assurer la survie de Gravlex Med, aussi un plan audacieux avait été mis au point avec les officiers commandant la flotte d’Alsakan. Puisque le cirque Shusu, gigantesque cratère naturel formant une couronne proéminente dans la terre de la planète était l’écrin renfermant les plus âpres combats autour des positions Anx, appuyer leurs soldats tout en évitant une capture des civils était logiquement la solution stratégique la plus évidente pour repousser l’ennemi fermement et le détourner de ce qui semblait constituer un objectif important pour l’Etat-Major impérial, ce dernier s’échinant depuis plusieurs semaines dans des assauts terrestres sans recourir au bombardement orbital massif. Manifestement, un bras de fer se déroulait sous leurs yeux, et il appartenait aux deux maîtres et amants de prendre leur part du fardeau pour permettre à la balance de pencher du côté qui leur était cher : celui de l’indépendance.

« Le Sénateur Fylesan vous attend pour un ultime briefing, Maître Von, Maître Vocklan. »

L’enseigne venue à leur rencontre arracha Alyria à ses pensées, et elle hocha la tête pour signifier qu’elle la suivait. Arrivés sur le pont de commandement, ils s’installèrent tous deux en face de l’humain, qui détailla la situation. Conformément à ce que la jedi avait observé depuis son poste d’observation, la flotte adverse arrivait. La célérité serait de mise. Rapidement, les détails furent abordés, le politicien appuyant sa demande de prêt d’une navette, si bien qu’ils purent quitter la réunion quelques minutes à peine après avoir été introduits dans le cénacle principal du vaisseau-amiral de la flotte alsakanie. Les préparatifs ne durèrent guère. Tous deux avaient déjà tout ce dont ils avaient besoin : la Force veillait sur ses champions, les enveloppant doucement de sa présence rassurante, même au cœur de l’espace. En se sanglant sur son siège, la gardienne ne put s’empêcher de puiser dans cette compagne de toujours pour apaiser son esprit … ainsi que les tourments intimes qui l’assaillaient depuis quelques jours à peine, et dont elle n’avait soufflé mot à personne, pas même à son partenaire, ce qui constituait une exception inhabituelle à leur promesse murmurée au creux de la nuit de Coruscant de tout se dire, de tout partager. Le fait est que la jedi ne savait pas de quoi il retournait, et si elle le subodorait, le craignait tout en le désirant jusqu’aux tréfonds les plus secrets de son âme, la confirmation n’avait pas encore eu lieu.

Depuis quelques jours, son flux de Force paraissait perturbé, ou plus exactement … différent, comme si une partie d’elle-même aimantait ailleurs ce qui habituellement serpentait doucement au sein de son corps. Plusieurs explications pouvaient s’entendre afin d’éclairer pareil phénomène : la réminiscence d’une vieille blessure, une maladie développant lentement ses miasmes putrides, un trouble intérieur et psychique qui ne s’avouait pas … ou une situation propre à sa condition féminine. Ordinairement, elle aurait enquêté elle-même, se basant sur ses propres connaissances médicales relativement pointues pour élaborer un diagnostic avant de se rendre au Centre médical d’Ondéron si le besoin se faisait sentir. L’appel de Gravlex Med avait retardé cette échéance, surtout que ses premières observations indiquaient que sa santé ne semblait pas atteinte et qu’elle était apte à partir sur le terrain. La maîtresse d’armes avait donc remis à plus tard l’examen, autant par contrainte que par manque de volonté, quand bien même elle ne se le serait jamais avoué. Il était des vérités qui demandaient des temps autrement plus calmes pour se révéler. Ses pensées ne pouvaient néanmoins se détacher de toutes les possibilités qu’elle envisageait, qui se bousculaient dans sa tête silencieusement, qui creusaient un sillon rempli d’inconnues et d’interrogations pour une femme qui ne s’était, finalement, que peu conformée aux idéaux attendus de féminité, quitte à occulter cette partie d’elle-même sauf dans son intimité propre, et avait désormais l’intuition que le destin allait l’y confronter enfin, sans qu’elle ne sache encore comme elle réagirait, si jamais ce que lui soufflait son intuition s’avérait exact.

Que Lorn lui tende une ceinture antigravité fut une distraction bienvenue, qu’elle s’appliqua immédiatement à exploiter, trouvant comme souvent l’apaisement de l’esprit dans l’exercice manuel, celui s’avérant plus corsé que d’ordinaire pour cette réfractaire à la technologie. Si son allergie à tout engin électronique avait quelque peu diminué depuis deux ans, en raison notamment de ses efforts pour tenter de combler ses lacunes dans ce domaine, elle n’en demeurait pas moins bien vivace. Néanmoins, les égouts de Sy Mirth avaient curieusement été un apport bénéfique, en combinant exploration de laboratoires malfamés et observation d’un Joclad qui n’avait cessé, il fallait bien l’admettre, de l’impressionner par sa dextérité dans l’extraction de données. Autant l’avouer d’emblée : ses propres méthodes avaient été nettement plus brutales, puisque griller les circuits constituait l’essentiel de son talent en la matière. Son désespoir technologique était tel que la Force elle-même paraissait s’en amuser, en la gratifiant inopinément d’une connexion supérieure aux flux électriques … et d’un don certain pour faire sauter tout plomb un peu trop proche d’elle. Oui, décidément, l’entité mystique avait un curieux sens de l’humour. Particulièrement concentrée, la jedi calcula donc les mesures nécessaires pour contrer la gravité si particulière de Gravlex Med pour permettre aux deux jedis de se mouvoir avec un peu plus de facilité une fois au sol. L’initiative était habile, car les outils magnétiques ordinaires présentaient souvent le problème de ne pas contrecarrer la physique si particulière d’un monde comme celui des Anx, mais au contraire de l’accentuer en émettant une force attirant leurs porteurs vers la surface, au risque d’accentuer les risques. En utilisant un outil fait précisément pour se libérer d’une pesanteur normale et en le manipulant pour rétablir une concurrence des forces adaptée à leurs organismes, les jedis avaient bon espoir de pouvoir déployer la majeure partie de leur panoplie martiale.

Un brin de méditation acheva de la laisser fraîche et dispose pour l’entreprise, l’esprit résolument et entièrement tourné vers leur objectif. Pressentant que le dénouement approchait, la Main Brisée agrippa la poignée de son casier et l’ouvrit, pour voir se déverser son parachute sur sa tête, ce qu’elle n’évita que par un plongeon réflexe, une sangle heurtant tout de même son occiput, ce qui lui arracha un grognement de mécontentement. Manifestement, les habitacles de navette recelaient plus de dangers pour les maîtres jedis que les pires champs de bataille. Le temps de remettre tout en ordre puis de vérifier soigneusement son paquetage, Lorn était déjà entièrement harnaché, prêt à sauter. Sa comparse ne perdit donc pas plus de quelques minutes pour se mettre au diapason et bientôt, tous deux se firent face tandis que la porte coulissait et que l’air frais des hauteurs s’engouffrait dans le compartiment, fouettant le visage d’Alyria, qui inspira profondément une bouffée de cet oxygène pur. Son amant en profita pour apposer délicatement ses mains sur les siennes, et immédiatement, presque instinctivement, dans un élan du cœur qui ne manquerait jamais de la surprendre, comme si tout son organisme répondait aux sollicitations de celui pour qui son être se consumait, la trentenaire referma ses doigts fins sur ceux de son amant, caressant délicatement la peau striée de veinules et de vestiges d’anciennes ampoules, témoignages charnels des heures passées à l’entraînement par le colossal épicanthix. Tous deux s’accordèrent cette minute égoïste de douceur, y trouvant sans doute une motivation supplémentaire. Maintenant que leur lien avait obtenu, sinon la bénédiction, du moins l’absence d’opposition du Conseil, la gardienne tenait à le mettre toujours plus au service du bien commun, puisant sa détermination profonde dans les yeux cyans de celui qui partageait son existence depuis tant d’années déjà. Elle se plongea dans leur baiser, y répondant avec une tendresse presque déplacée, alors qu’ils se dirigeaient vers une mission que beaucoup auraient volontiers qualifiée de particulièrement dangereuse. Il n’était pas exclu que l’un d’entre eux y laisse la vie. Après tant de temps à défier la mort, ce ne serait peut-être que justice qu’ils l’accueillent enfin. Oui, il eut été logique, attendu même, d’assister à une étreinte passionnelle, désespérée. Pour autant, cela aurait été en contradiction totale avec la nature de leur affection, qui acceptait ce que la Force leur offrait et se résignait à ce qu’elle leur retirerait sûrement. L’Ordre avait parlé. La Justice demandait. Le Bien ordonnait. Leur devoir était de se plier à leurs volontés communes. Le reste n’avait pas d’importance. A vrai dire, le reste n’avait jamais importé. Lentement, leurs lèvres se séparèrent, et Alyria souffla en réponse à son aimé :

« Evidemment. A tout de suite. »

Puis, Lorn sauta et quelques instants plus tard, la jedi le suivit, plongeant dans le vide bleuté. Immédiatement, une sensation vertigineuse l’étreignit, tant cette impression de voler était exceptionnelle. Hélas, cette félicité ne dura qu’une poignée de secondes, car la gravité intense de Gravlex Med reprit rapidement ses droits, offrant à la voltigeuse un cocktail contradictoire de ressentis. La pression sur son corps, nettement plus élevée que ce à quoi elle avait été habituée rendait l’exercice périlleux, pour ne pas dire douloureux, tant en raison de la force pesant sur ses muscles battant l’air que de la célérité avec laquelle elle était attirée vers le sol. Manifestement, le réglage de sa ceinture n’était pas optimal. La moindre erreur, le moindre retard, la moindre déconcentration risquaient d’être fatal. Lentement, la main de la maîtresse d’armes remonta vers les filins qui maintenaient son parachute fermé, et alors que la surface boisée, pareille à un serpent huileux et vert entourant sa proie, à savoir le cirque Shusu, se rapprochait à vive allure, elle actionna la poulie, ouvrant l’immense toile qui put enfin supporter sa chute, apportant à ses tendons éreintés par la pesanteur un souffle bienvenu. Soudain, ses pieds s’enfoncèrent dans le sol, et dans un crissement, l’atterrissage se fit, la trentenaire se retrouvant empêtrée dans un fatras de câbles et de tissu. Finalement, elle parvint à se débarrasser de son fardeau, et entreprit avec des gestes lents de paramétrer correctement la ceinture antigravité. Au bout de plusieurs minutes, elle sentit brusquement un poids quitter ses épaules, ses mouvements devenir plus fluides et ses articulations être moins sollicitées : l’effet tant désiré venait d’être obtenu. Se réjouissant de son succès, certes tardif, Alyria héla Lorn qui marchait vers elle, pour constater avec satisfaction qu’il n’était ni blessé, ni incommodé par les conditions locales. Souriant à sa verve soudaine, la gardienne en profita pour le taquiner gentiment :

« Allons, cette jungle rappellerait presque Ondéron … Et la fois où nous nous sommes perdus dans celle entourant le Temple quand nous étions de jeunes padawans écervelés ! »

De l’eau avait coulé sous les ponts depuis cette époque bénie de leur enfance, et il suffisait d’observer leur progression, qui se passait sans coup férir notable, pour s’en rendre compte. Alors que, dans l’atmosphère relativement hospitalière de la planète des Kira, à l’heure des découvertes, ils avaient passé des heures à trébucher sur le moindre accroc naturel à leur marche, désormais, les deux adultes, nettement plus expérimentés, évoluaient avec une certaine grâce, interrompue parfois évidemment par une branche traîtresse ou un sol curieusement plus spongieux. Pour autant, malgré ces légères déconvenues, force était de constater que le décor bucolique de la planète Anx ne parviendrait pas à les ralentir suffisamment pour les empêcher de parvenir au cœur du domaine des imposants sauriens. Attentive à la direction qu’ils prenaient, puisque Lorn lui avait laissé le soin de les guider, la maîtresse d’armes évoluait avec toujours en tête les précisions précieuses apportées par leurs relais auprès de la population locale, plusieurs officiers de ce qui restait de la flotte des Anx ayant consignés minutieusement le moyen de parvenir à leur repère pour les deux jedis. Sauf qu’entre une carte, aussi annotée soit-elle, et la réalité d’une nature sauvage, il y avait un gouffre, ce dont Alyria se rendit compte plus d’une fois. Cependant, elle parvint tout de même à les tirer de ce mauvais pas, et enfin, ils aperçurent l’entrée de la cité enfouie … Ou du moins, l’ouverture conforme aux descriptions dont ils avaient été pourvus. Néanmoins, alors qu’elle s’apprêtait à accélérer la cadence, une impression de malaise diffus lui intima de ralentir. La Force se teintait d’ocre en ces lieux, se moirait même, et serpentait en longues veinules turbulentes et saccadées qui la firent frissonner. Ces lieux étaient empreints de crainte, de haine et de tristesse, comme si l’obscurité avait étendu sa main décharnée et sanglante sur le cirque Shusu, l’imprégnant des restes de tous ces défunts qui s’entassaient autour de lui depuis plusieurs semaines. Confirmant le sentiment de Lorn, la Main Brisée murmura d’une voix songeuse :

« En effet. La Force est particulièrement … troublée. »

Peut-être que des chevaliers, jeunes et ardents, auraient malgré tout continué à avancer. Mais la demi-echanie et l’épicanthix avaient traversé suffisamment de pièges et de situations complexes au cours des dernières années pour ne pas prendre quelques précautions élémentaires quand leur instinct, pire quand la Force elle-même leur soufflait de renoncer. Apprendre à écouter les signes devenait, à force, une seconde nature chez eux. Byss et Makem Te avaient été les exemples typiques de l’avantage offert par une préparation adéquate et minutieuse : en fonçant tête baissée comme ils l’avaient fait dans le Noyau, les deux maîtres avaient été confrontés à l’inénarrable, comptant sur leur puissance brute pour se sortir de l’ornière. Au sein d’un croiseur impérial, ils étaient parvenus à détourner un navire de guerre entier grâce à leur invasion minimale mais réfléchie du bâtiment … et notamment en raison de l’usage du Voile de Force fait par Alyria. Cette maîtrise, initialement forgée durant ses années de padawan au service de Maître Lond et mise en sommeil durant des années, avait trouvé une place nouvelle et éclatante dans son arsenal depuis plusieurs mois, culminant dans son approche des envoyés de Borenga sur Panatha qui avait achevé de lui conférer une pleine connaissance du moindre de ses mouvements afin de masquer sa présence à quiconque, y compris aux senseurs infrarouges et autres objets utilisés pour détecter de potentielles intrusions. Du reste, si Lorn ne partageait pas nécessairement son expertise dans le domaine de la dissimulation, lui aussi y avait été entraîné. Mettre à profit leurs anciennes expériences pour ne pas se précipiter allait s’avérer crucial, et c’était à cela que l’on reconnaissait la sagesse venue avec l’âge.

« Dissimulons-nous dans la Force pour progresser, puis essayons de nous rapprocher du centre de la ville, ou au moins d’un point où nous pourrons trouver des civils prêts à nous éclairer sur la situation. »

Aussitôt dit, aussitôt fait, et bientôt, les deux maîtres arrivèrent devant la cité, pour observer que l’entrée était gardée … par des soldats impériaux. Voilà qui confirmait de manière éclatante leurs pressentiments. Lorn se faufila assez facilement, et Alyria s’apprêtait à le suivre quand d’autres militaires arrivèrent, manifestement envoyés là en renfort … Ce qui signifiait que ces occupants inattendus étaient au mieux sur leurs gardes, au pire conscients que de nouveaux venus comptaient s’inviter aux réjouissances locales. L’un dans l’autre, aucune de ces considérations n’était appréciable pour les intrus jedis. Non, il allait falloir ruser. La gardienne resta donc légèrement en retrait, observant les individus face à elle. Au bout d’un moment, elle s’intéressa à celui du bout, manifestement plus jeune que les autres et un peu embêté par ses camarades, à en juger par les quelques plaisanteries douteuses lancées çà et là pour détendre une atmosphère pleine de tensions. Avec un léger sourire, elle sut quoi faire. Se plaçant aussi près que possible du garçon, elle attendit le bon moment pour décaler son arme d’une simple pichenette, lui faisant lâcher prise. La poussière soulevée par le fusil blaster en s’écrasant, alliée au cri de surprise et à la petite crise de panique de chacun lui offrit l’intermède nécessaire pour passer tout en douceur au travers de leur vigilance, des éclats de voix morigénant le maladroit et les plates excuses de ce dernier accompagnant sa fuite.

Une fois Lorn rejoint, tous deux purent continuer leur chemin, Alyria insistant pour passer en biais afin de ne pas tomber sur une éventuelle nouvelle patrouille, tandis que son esprit s’étendait autour d’eux, sillonnant la profonde cavité dans laquelle était installée la cité pour sonder d’éventuelles présences. Il n’était clairement pas complexe, avec un brin de concentration, de repérer les esprits non-sauriens dispersés, tant ces derniers se détachaient parmi la foule de pensées si particulières des cerveaux reptiliens. Apparemment, la majorité des forces ennemies, qui comptaient tout un détachement quasiment, étaient concentrées au centre de la ville, tandis que de petites grappes se localisaient dans certains points un peu plus éloignés. Alors qu’elle s’apprêtait à faire part de ses découvertes à son compagnon, la gardienne se stoppa net : tandis que ses tympans saignaient soudainement suite à des braillements brutaux, un cri d’Anx fut suffisant pour ébranler son corps jusqu’aux os, le faisant vibrer de façon plus que désagréable et manquant lui faire perdre sa concentration. Seul le couvert de l’ombre empêcha la jedi d’être repérée, et elle se morigéna silencieusement pour avoir fait preuve de tant de négligence … avant que son cœur ne s’emplisse d’une pitié douloureuse face à la scène qui se déroulait sous ses yeux : une maison était vidée de ses habitants à grands renforts de menaces émises par les impériaux, qui braquaient leurs blasters sur le plus petit des Anx présents, sans doute un enfant, même si ce dernier faisait en réalité la taille de Lorn très largement, en hurlant des ordres pour éviter que les redoutables guerriers de Gravlex Med ne réfléchisse, avant de les pousser à coup de crosses vers le bout de la rue. Révulsée, la jedi sentit le dégoût l’envahir, mais demeura suffisamment attentive pour percevoir les paroles échangées par les bourreaux : manifestement, ils devaient rassembler la population locale sur la place, en guise d’otages. Pour quoi, au juste ? Les forcer un peu plus à la tranquillité ? Ou bien en raison de … ? Quoiqu’il en soit, cette donnée changeait tout. Pas question de foncer tête baissée sans un plan, car cela signerait à coup sûr la mort de plusieurs civils, pris entre deux feux. Se dévoiler révèlerait leur infériorité numérique, et donc leur faiblesse, alors qu’intervenir en espérant jouer sur un furtif effet de surprise ne servirait qu’à se débarrasser de quelques gêneurs. Il fallait faire mieux. Et pour commencer … La maîtresse d’armes devait arrêter Lorn qui bouillonnait à côté d’elle. Oui, ils interviendraient. Mais selon leur vision, à leur façon, pas en se laissant dicter le tempo par l’ennemi. Sa main se posa sur le bras de son amant, diffusant une aura douce de calme qu’elle cherchait à infuser en lui. Imperceptiblement, elle sentit ses muscles se détendre, et lui chuchota à l’oreille, une fois le danger écarté :

« Suis-moi. J’ai une idée. »

La stratégie qui venait de germer dans son esprit n’était pas sans risque, certes. Alyria était néanmoins persuadée de son bien-fondé. Ils avaient besoin de gagner du temps, premièrement, d’élargir leur effet de surprise, deuxièmement … et de l’aide des autochtones, troisièmement. La jedi ne pouvait pas croire que ce peuple si fier soit incapable de répliquer. Un seul Anx en colère ne manquerait pas de faire des ravages. Pour le moment, leur instinct était probablement bridé par la peur de voir leurs petits molestés, mais une fois convaincus de se rebeller … Alors la situation changerait du tout au tout. Et pour parvenir à cela, la jedi avait imaginé une série d’actions qui renverserait le cours des événements, grâce notamment aux confidences fournies par les commandants sauriens et alsakanis vis-à-vis des installations ordinaires de Gravlex Med. En effet, pour alimenter leurs cités enfouies, les reptiles avaient bâti de complexes réseaux électriques, et leurs positions avancées camouflaient les générateurs aux arrivants, qui de toute manière, contrairement à eux, pouvaient difficilement se passer de lumière, les Anx se servant de l’électricité pour alimenter leurs besoins de tous les jours. Couper le courant, c’était donc plonger la ville dans le noir, désorienter les simples soldats, profiter d’un effet de panique et contrer les différents observateurs. Mais ce n’était que la façade immergée de l’iceberg de sa réflexion, qu’elle égrenait à Lorn au fur et à mesure. Après plusieurs minutes, ils arrivèrent en vue de leur cible, et pénétrèrent dans le complexe.

Une fois arrivés, ils se regardèrent, et lentement, Alyria hocha la tête. Immédiatement, l’épicanthix lia son âme à la sienne, profitant de leur connexion unique, de leur lien si particulier pour se fondre en elle et contourner les limitations de sa race en pouvant lire pleinement tout ce que la demi-echanie pensait, cette dernière en retour percevant les émotions et intuitions de son vis-à-vis à travers la Force. Délicatement, la gardienne prit le contrôle de leurs esprits fondus en un tout, et qui pourtant conservaient leur personnalité pour transformer cette masse en une pointe, une lance qui avancerait résolument vers l’extérieur avec la vivacité requise pour permettre à son idée de fonctionner. Sa capacité à scanner les environs ainsi largement agrandie, elle repéra finalement une autre famille d’Anx délogée de leur foyer et entreprit doucement, délicatement, presque maternellement d’effleurer la conscience du plus âgé de la troupe. La réaction première du saurien face à cette agression mentale fut la surprise, mais avec une infinie précaution, les deux maîtres diffusèrent en lui leur message de paix, tranquillisant l’autochtone à travers la Force pour éviter de se faire trahir, lui répétant sans cesse le même message :

« Nous sommes les maîtres jedis Von et Vocklan et nous venons vous aider. »

Les Anx sensibles à la Force n’étant pas si rares, cette race avait une certaine connaissance de l’Ordre et bientôt, leur victime consentit à dialoguer avec eux, sans cacher son trouble intérieur, quand bien même le colossal reptile était conscient que tout geste brusque pourrait alerter ses geôliers. En quelques mots et en une ou deux images mentales partagées, Alyria lui expliqua quel était son plan. L’Anx finit par acquiescer, toujours mentalement, et sa corne vibra bientôt de grognements contenus, qui passaient aisément pour des récriminations de crainte vis-à-vis des gardiens. Mais en réalité, la gigantesque prise de guerre appelait ses comparses, les prévenait à l’aide de ces ondes impossibles à détecter, et ce dans un rayon de plusieurs kilomètres, particularité si étrange de cette race. Dans le même temps, les deux jedis appliquaient la même méthode quatre fois d’affilée, pour couvrir un maximum de terrain. En une dizaine de minutes, tous les Anx de la ville étaient au courant de leur présence, et de leur idée. Epuisée par cette épreuve, la maîtresse d’armes coupa brièvement le contact avec leur relais principal, se baignant dans la Force pour s’y ressourcer, tant cet effort lui avait coûté, avant de revenir dans la tête du premier Anx, à présent emmené sur la place, pour lui souffler :

« Impact dans trois, deux, un … »

Main tendue, la trentenaire se focalisa sur la connexion entre le générateur et le réseau qui sortait de l’imposant appareil pour alimenter toute la station. Il ne servait à rien de faire griller tous les plombs … Simplement de faire sauter l’infime parcelle qui entretenait l’ensemble du flux. Ses doigts crépitèrent tandis qu’ils se chargeaient de force, attirant les particules à elle et débutant le court-circuit. Son travail continua pendant plusieurs secondes d’intense concentration … Et finalement, le filin céda, grésillant doucement, alors que la nuit descendait brutalement sur le cirque Shusu. Au même moment, guidé par leur vision nocturne supérieure à celle des humanoïdes, les quatre Anx avec qui ils étaient liés entamaient la révolte, intimant par leurs ondes aux adultes d’entraîner les plus jeunes avec eux, au milieu du chaos le plus total. Quant à Lorn et Alyria, se guidant à travers la Force, ils entamèrent leur course vers le lieu où tout se jouerait.

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Une quinzaine de minute plus tard, un peu plus de cent personnes sont déjà rassemblées sur le foirail : les mâles d'un côté, les femelles et les enfants de l'autre. Un tireur à plat ventre derrière son arme automatique, bande-chargeur engagée dans la culasse, braque son canon vers la foule. Un second élément adoptant la même attitude surveille le comité depuis le toit d'une maison. On entend des femmes et des gosses sangloter bruyamment. Beaucoup d'autres en revanche, l'air hébété, se tiennent par la main.
Soudain les impériaux sortent de leur mutisme. Ils annoncent au chef de la cité que les femelles et les enfants vont être emmenés dans plusieurs bâtiments bordant la place circulaire. Fusil à la main, un détachement de huit hommes les entoure et accompagne la longue procession des femelles de tous les âges, qui agrippant leurs enfants, qui soutenant une grand-mère clopinant sur le court trajet les menant aux habitations.

Simultanément, dehors, on a ordonné aux mâles de s'asseoir sur trois rangs, face aux structures sphériques qui bordent un autre côté du grand quai orbiculaire, à seulement une vingtaine de mètres du second groupe de civils disposés par groupe de quinze dans cinq maisons voisines.
Tandis que d'autres Anx continuent d'affluer, amenés par l'adjoint local et cinq soldat impériaux dispersés sur les quais, l'un des trois fantassins sur place, probablement le lieutenant, leur crie haut et fort de se tenir tranquille, leur arguant qu'une bonne coopération les tirera très probablement d'affaire.
À cet instant, le militaire est loin de se douter jusqu'où est prêt à aller son supérieur, ignorant largement les crimes qu'il a commis par le passé, et qui ont probablement, banalisé la violence dans son esprit.
Ce dernier de son côté, à pris le gouverneur à l'écart et l'entraîne sous le seuil d'une maisonnée. Il lui somme de révéler si un plan de secours républicain est à l’œuvre.
L'Anx, qui comprend le Basic, lui avoue ne pas saisir ses propos, mais lui assure qu'aucune action d'appel à l'aide n'a récemment été entreprise par lui-même ou par l'un de ses collaborateurs. En puisant dans la Force, le ravageur semble partiellement porter crédit aux paroles du dirigeant. R'win n'est peut-être pas à même de lire dans les pensées intimes de ses interlocuteurs, mais il se sent capable de deviner si, oui ou non, on est en train de lui mentir. Il reste cependant sur ses gardes et jette régulièrement des regards discrets en direction de Kael.
Dès l'alerte lancée par les sentinelles, le Chironien a rejoint un poste d'observation depuis lequel il balaye la cité de son regard perçant, à la recherche du moindre intrus. Pour son homologue Sith, l’initiative est excellente, en plus d'avoir pensé à dissimuler une partie de leurs soldats en embuscade dans des bâtiments. Pour un apprenti Sith, Kael est décidément plein de ressources, ce qui rassure son coéquipier, soucieux d'être entouré d'individus compétents pendant cette mission à haut risque.

La bonne prise en main de la situation n'a toutefois pas mis fin au torrent d'adrénaline qui s'écoule dans le corps du bretteur. Ce dernier continue de percevoir un déséquilibre croissant tout autour de lui, et sent l'énervement le gagner. Les yeux clos, il laisse son esprit vagabonder dans les ondes la Force qui, si près de Gravled Mex, est tellement puissante, tellement brute, qu'elle ravive ses sens. Ses courants représentent une nuée omniprésente, invisible autant que tangible, qui tourbillonnent et se transforment constamment autour de lui. Aucun mot, nulle description ne peut rendre compte de cette sensation. La seule façon de la comprendre est d'en faire soi-même l'expérience.
Si le jeune-homme a jadis souvent convoqué la Force, il y a cette fois-ci quelque chose de singulier dans la communion qu'il entreprend avec elle. La consistance de l'énergie qu'il puise et qui s'harmonise avec son corps est différente de l'habituelle. Son aspect, imagé, lui paraît « cendré », elle est plus expansive, plus audacieuse. Plus agressive. Son aura salvatrice n'apaise en rien la colère qui ne cesse de monter en lui.
R'win finit par comprendre que le Côté Obscur résonne en lui comme les décharges d'un éclair d'ébène. Sa puissance essaye de s'harmoniser avec sa psyché et ses intentions consécutives. La lumière ne cherche pas à le retenir au contraire, chassée par les idées noires qui flottent dans la pensée de celui qui fut autrefois un réel adepte du bien.
« Ce n'est rien, juste une étape. » Pense t-il tandis qu'il se remémore les paroles de son ancien maître, afin se donner du courage, quelles que soient les conséquences de ses actes ultérieurs. « Il n'y a pas de victoire, sans sacrifices. »

Le lieutenant qui s'est précédemment entretenu avec le jeune-homme déclare soudain tout haut dans son traducteur vocal :

-Les ennemis de l'Empire ont caché dans ce village des armes et des stocks de munitions. On va fouiller chaque maison. Pendant ce temps, pour faciliter les opérations, vous allez rester ici. Les fautifs seront arrêtés. Si vous connaissez des dépôts d'armes il faut le dire immédiatement.

Un vieux mâle à la peau malachite déclare alors qu'il possède un très ancien modèle de fusil blaster, qu'il utilise parfois pour la chasse.

-Ça ne nous intéresse pas. Répond le militaire.

Un saurien solidement charpenté, assis au premier rang, interpelle à son tour les impériaux dans son dialecte, tandis que plusieurs chuchotements s'élèvent parmi la cinquantaine de captifs.

-Pourquoi avoir pris une partie de nos femmes et de nos enfants en otage ?

-C'est .. C'est pour faire de la place. Rétorque l'officier, perturbé dans son mensonge. Faciliter les opérations je vous ai dis. Nous ne contrôlons que les mâles.

Un second autochtone prend aussitôt la parole.

-Alors pourquoi des femmes et des enfants continuent d'être emmenés ici ?

Le ravageur s'est avancé vers le groupe, serrant le long manche courbé de son sabre, éteint, dans sa main droite. D'un signe de la main, il interpelle l'Anx et le somme de « la mettre en veilleuse. » La colère vient de le transcender définitivement. Sa paranoïa névrotique le met une fois de plus hors de lui. Un vaste complot se trame tout autour. On cherche à l'abattre. Il a toujours été le chasseur. Il ne supporte pas d'être la proie. Sa mission initiale lui paraît extrêmement lointaine, hors de portée. Ce ne sont pas seulement un ou deux jedi qui les narguent, mais probablement tout un commando républicain. Il est certainement déjà dans la base, c'est une évidence. Peut-être sont-ils même supérieurs en nombre. Le gouverneur local, cette vipère des marais, lui ment cyniquement. Ces autochtones, qui ne valent pas mieux que les Hutts, se moquent effrontément de lui. R'win croit le remarquer distinctement, sur leurs visages taquins, perfides, frappés de petits rictus en coin. Ils le narguent. Mais comment osent-ils ?
Un terrible courroux habite déjà son esprit et guide la moindre de ses intentions. Ce jeune-homme de vingt-quatre ans, abîmé par la guerre, laisse maintenant la rage s'emparer de son libre-arbitre, accentuant significativement la ventilation de ses bronches et le débit sanguin qui coule dans ses veines.
Un frisson brûlant, prenant son origine dans son cervelet reptilien, vient de traverser sa colonne vertébrale. Entre deux regards jetés vers Kael, l'obscurité totale a envahit l'atmosphère de la cité. Toutes les lumières se sont subitement éteintes, précédant un véritable mouvement de panique parmi les Anx assis sur la place. Malgré l'aveuglement temporaire suscité par le passage brusque de la lumière à l'obscurité, le ravageur discerne plusieurs silhouettes humanoïdes qui se remettent sur pied, à travers le brouhaha général allant crescendo.
Le lieutenant venant d'équiper son arme d'une lampe de poche s'est alors mis à crier pour se faire entendre, mais un plus grand nombre encore parle maintenant à voix haute.

-Restez où vous êtes. Rasseyez-vous en vitesse !

Du côté du second groupe, une femelle Anx massée au fond d'une case avec ses camarades veut forcer la sortie avec son enfant. Une première détonation surgit, suivit de deux autres. On indique rapidement dans le canal radio que deux civils viennent d'être abattus.
Sur la place centrale, il y a alors de la bousculade et des échanges de coups. Le fusil blaster de l'officier ne tarde pas à voler en l'air et lui-même perd le contrôle de sa propre personne, passant de bras en bras, flottant tel un navire au-dessus de la foule. Son collègue, allongé au sol, n'est pas plus chanceux et se fait cruellement piétiner par ses geôliers en colère. Puis R'win qui vient d'activer sa VNA, comprend qu'il s'agit d'une mutinerie et perd complètement la tête.

-Feu à volonté..

Le tireur restant, posté sur le toit d'un habitacle, déverse aussitôt un torrent de tirs ininterrompu qui flanque un certains nombre d'Anx au sol.
Le ravageur dont la lame supérieure jaune de l'arme luise à présent dans obscurité, a sauté au milieu de la foule et exerce de grands moulinets menaçants autour de lui.

-Rasseyez-vous, ou tout le monde va mourir ici.

C'était la bonne méthode. Les Jawas n'avaient jadis pas non plus été facile à mater. Il était important de faire comprendre à l'ennemi que sa vie était insignifiante.
Et tandis que le calme revient, R'win cherche du regard, parmi la dizaine de cadavres de tous les âges, les corps des deux soldats pris à parti par les Anx. Il tombe d'abord sur celui de l'artilleur qui repose, inerte, à côté de son arme à bipied. Puis il découvre celui du lieutenant, à une vingtaine de mètres de la dernière position occupée par l'officier. L'homme est mort également.
Un détail interloque alors plus particulièrement le Jedi gris. Le fusil du militaire est introuvable et son arme de poing n'est plus dans son holster. Il y a donc potentiellement deux individus armés dans le groupe de civils.

-Ils ont volé deux armes. Dit-il à l'intention de Kael, dans son communicateur vocal.

Puis, prenant ses distance avec le groupe d'otage, dont des sanglots émanent auprès femelles et des plus jeunes, il crie haut et fort en Basic, la lame de son sabre bourdonnante.

-Ceux qui me comprennent, vous traduisez aux autres. Trois choses vont se passer. Chaque mort impériale coûtera cinq vies Anx. Jusqu'à ce que la lumière revienne, deux d'entre vous seront abattus toutes les trente secondes. Tant que vous ne m'expliquez pas qui vous a donné l'ordre de vous rebeller, une femelle ou un enfant sera exécuté chaque minute.
Compris ? Bien. Dix volontaires se désignent tout de suite.

HRP:
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Les jedis étaient connus pour être de fervents partisans de la paix et de la diplomatie avant tout, présents à travers la galaxie pour régler les conflits avant qu’ils ne dégénèrent et pour maintenir l’équilibre entre ténèbres et lumières. Cependant, comme dans n’importe quel type de société, il y avait au sein de cet Ordre millénaire des individus diamétralement opposés et c’était de cette différence que naissait la richesse de cet Ordre. Se tenir à un code de conduite tout le long de sa vie était une chose aussi louable que difficile, les tentations étaient innombrables, mais le but d’un tel code n’était pas de créer une armée d’individus formatés de la même manière. Il y avait les diplomates qui croyaient que les mots pouvaient régler tous les conflits, il y avait les sentinelles qui agissaient dans l’ombre et surveillaient les menaces potentielles puis, pour finir, il y avait ceux qui acceptaient le fait que les mots ne soient pas toujours tout-puissants et qu’il faille parfois se salir les mains pour régler une situation que la diplomatie ne saurait calmer.
Ces hommes et femmes étaient appelés les gardiens, ils étaient les lames de l’Ordre jedi et les boucliers qui défendaient les faibles contre la barbarie et la violence qui leur tombait injustement dessus. Contrairement à ce qu’on pourrait croire ces gardiens n’enfreignaient en rien le code jedi et n’étaient pas vus comme des parias par leurs camarades plus pacifistes, ils étaient considérés comme une éventualité nécessaire car la réalité n’était jamais aussi douce et naïve que ce qu’on pouvait apprendre dans les livres et durant les cours. C’était pour cela que tous les padawans apprenaient à se servir d’un sabre laser, parce que la persuasion ne suffisait pas toujours et qu’une action armée était parfois la seule solution restante. Certains voyaient l’usage de la force comme un échec face à la barbarie présente dans le cœur de chaque homme mais les gardiens, eux, voyaient cela comme la simple réalité sous sa forme la plus pure : les paroles ne résolvaient pas toujours tout.

Parmi ces gardiens arrivaient parfois à sortir du lot des individus dont le talent et la maîtrise du sabre-laser surpassaient tous les autres, ces individus se voyaient ]offrir le titre de maître d’armes et atteignaient une renommée et un respect rarement égalés et uniquement surpassés par les membres du conseil jedi. Ces individus étaient les plus fines lames de l’ordre et étaient souvent identifiés à leurs lames violacées mais, outre cette couleur atypique, ces individus étaient aussi là pour enseigner le maniement du sabre laser aux futures générations jusqu’à ce qu’un autre maître d’armes ne finisse par prendre leur place.
Ils étaient le dernier rempart quand les autres gardiens échouaient, ils étaient les détenteurs de maîtrise de formes oubliées ou très peu enseignées car considérées comme trop dangereuses et aujourd’hui la planète de Gravlex Med accueillait deux de ces illustres individus.

Les maîtres d’armes étaient généralement déployés là où une action armée était nécessaire, là où leurs sabres lasers seraient des plus utiles, aussi était-ce assez singulier de voir deux de ces bretteurs déployés seul, sans soutien. Pourquoi ? Parce qu’en plus d’être maîtres d’armes ces deux individus siégeaient également au conseil jedi, un fait assez rare pour être souligné. Mais était-ce vraiment la seule raison ? Non, à ce niveau-là c’était même presque un détail. La vérité était qu’à force de travailler ensemble certains jedis finissaient par développer une impressionnante cohésion, cela arrivait très souvent entre un maître et son padawan mais cela ne s’y limitait pas, certains chevaliers pouvaient choisir de travailler souvent ensemble et un puissant lien finissait par se créer au fil du temps.
Ces deux maîtres d’armes n’étaient pas déployés ensemble sur ce théâtre d’opération parce qu’ils étaient les plus fines lames de l’ordre, pas uniquement en tout cas, ils n’étaient pas non plus déployés à cause de leur renommée qui leur vaudrait le respect des civils et la crainte de leurs ennemis. Alors pourquoi ? Parce qu’ils se côtoyaient depuis plus de deux décennies et qu’ils pouvaient aisément être considérés comme le duo le plus efficace de tout l’Ordre Jedi. Leurs faits d’armes parlaient à leur place.

Étaient-ils inquiets à l’idée de mettre les pieds sur cette planète ? La gravité pouvait devenir un problème autant que le fait d’avancer à l’aveugle mais, de manière générale, le maître Vocklan n’était pas plus inquiet que lors de ses opérations précédentes. Comme pour les soldats qui étaient d’habitude avec lui le colosse savait qu’à chaque opération il prenait le risque de rejoindre la Force prématurément, d’autant plus que son rôle de maître d’armes le mettait au centre de l’attention et devant les troupes afin de les mener. On ne pouvait pas faire mieux que cela comme cible vivante, avec son sabre laser violacé en main il pourrait mettre une pancarte clignotante au-dessus de sa tête et cela serait du même acabit.

Cela n’était pas devenu une routine pour autant car chaque opération était différente, mais le doute et la peur de l’échec n’avaient plus leur place ici depuis très longtemps. Aujourd’hui par exemple le jeune épicanthix était forcé d’user de discrétion, chose avec laquelle il n’était pas forcément très à l’aise, mais il avait décidé de se plier à cette exigence car il savait que c’était nécessaire pour le bon déroulement de cette opération. En d’autres circonstances certaines personnes auraient tenté de négocier afin de sauver le plus de civils possibles mais les deux maîtres avaient décidé de demander un coup de main aux civils, chose assez inhabituelle.
Pourquoi ? Parce qu’ils étaient des colosses de plusieurs mètres de haut capables de faire vibrer les os d’une cible par la seule force de leur voix et, pour finir, leur grande crête était suffisamment solide pour être utilisée comme une arme face à un opposant. Autant dire qu’un petit soldat humain armé de blaster n’était pas la plus terrible des menaces pour un Anx.
La surprise de cette attaque et la peur générée par la prise d’otage étaient compréhensibles mais les deux maîtres étaient persuadés que le courage de ces autochtones n’était pas perdu pour autant, comme une flamme vacillante il ne suffisait que d’un souffle pour la raviver…ou la faire disparaître à tout jamais.

Recouvert d’un voile de force le colosse se faufila donc à travers les rues de cette cité jusqu’à voir le vrai visage des impériaux : des brutes désireuses de prendre en otage les habitants de cette ville dans on-ne-sait-trop quel but. Grâce à l’intervention de sa moitié le jedi se retint de plonger dans la mêlée et d’arracher la tête de ces deux gardes pour finalement se diriger vers les générateurs de la ville. Quel bien pourrait leur faire leur armement, à ces impériaux, s’ils n’avaient pas la lumière pour leur montrer où viser ?


Grâce à leur puissant lien dans la Force les deux individus parvinrent à joindre leurs esprits pour toucher la conscience de quelques-uns des autochtones afin de les rassurer et de leur demander de l’aide. Ils étaient plus nombreux que ces gardes et les surpassaient physiquement de très loin, un peu comme si un groupe d’adultes était encerclé par une poignée d’enfants, à ceci près que ces enfants étaient armés. Mais malheureusement Lorn était conscient que ce fait ne devait pas les arrêter, les siths avaient leur propre plan et éviter la moindre victime se révèlerait impossible sans rentrer totalement dans le jeu de ces êtres corrompus. Les deux maîtres allaient devoir minimiser les pertes et cela commencerait par éteindre la lumière pour surprendre les assaillants.

Les générateurs sautèrent donc et les ténèbres s’installèrent dans la cité en un clin d’œil, poussant ainsi les prisonniers à se relever et se rebeller contre leurs geôliers. Même d’ici maître Vocklan put entendre le vacarme que provoqua la courte rébellion qui, bien vite, fut mise à mal à coup de blasters et de menaces. Si vite ? Était-ce donc cela l’étendue de la détermination de ces géants de quatre mètres ? Voir mourir quelques-uns de leurs proches pouvait les ramener bien abruptement à la réalité, Lorn pouvait comprendre cela, mais il ne pouvait accepter que cette rébellion soit morte dans l’œuf aussi rapidement.
Chassant de son esprit ces morts dont il se sentait totalement responsable, acceptant de repousser à plus tard ce sentiment de culpabilité pour le bien de la mission, le jeune homme sortit accompagné de son aimée, tous deux voilés dans les ténèbres.

Joignant son esprit à sa camarade comme précédemment, Lorn toucha l’esprit de l'Anx contacté plus tôt et qui était désormais amené à traduire pour le compte de ses congénères, tentant de le calmer dans un premier temps. Joignant des images à ses intentions, le colosse fit comprendre à l’Anx qu’il désirait leur demander d'utiliser tous leur voix en même temps, lui demandant d'ajouter cela à la traduction que le sith exigeait de lui. Pourquoi ? Parce que si un Anx était capable de faire vibrer les os d’un individu par la seule force de sa voix, le maître d’armes n’osait imaginer l’effet qu’aurait l’intervention de plusieurs dizaines de ces créatures en même temps.


Coupant le lien après avoir demandé à l’Anx de faire passer le mot, les deux jedis utilisèrent la Force pour se recouvrir d’un bouclier et de toute protection leur permettant de survivre à la tempête qui se préparait. Après tout qu’espérait ce petit sith en brandissant ses menaces pour obtenir des réponses ? Rien ne lui permettait de penser qu’un individu extérieur avait demandé à ces Anx de se rebeller, il ne faisait guère plus que de donner un coup d’épée dans l’eau en espérant vainement faire mouche. Mais malheureusement pour lui les jedis étaient très peu sensibles aux menaces, il était en plus tombé sur des deux jedis les plus teigneux : autant dire qu’il n’obtiendrait jamais réponse à sa question.
Se servant de la Force pour se repérer dans le noir, repérant également les présences des gardes et des autochtones grâce à son alliée de toujours, le colosse renforça ses appuis et campa sur sa position lorsque les voix tonnèrent toutes ensemble, faisant trembler les bâtiments ainsi que les os de tous les gardes présents tout autour d’eux. Combien seraient capables de rester debout quand leurs os finiraient en morceau sous le poids de ces innombrables et insistantes vibrations ? Autant que des doigts à une seule main, peut-être moins.

Puis, en moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, la tempête passa et un silence presque religieux s’installa dans la cité. Sans même avoir besoin de se parler les deux jedis surent que c’était le bon moment pour intervenir, la seule fenêtre qu’ils auraient avant un bon moment. Laissant sa camarade bondir sur les toits pour aller se charger du tireur à l’arme lourde au-dessus, le jeune homme usa de la Force et bondit avant d’apparaître à quelques pas de l’inconnu au sabre laser dans la main.
Répondant à sa proposition de tout à l’heure, Lorn lâcha :

« J’ai une contre-proposition à faire. La mort d’un Anx coûtera la vie à dix d’entre vous. »

Activant son sabre laser, en un mouvement de poignet Lorn leva la lame pour que la lueur violacée vienne éclairer son visage, révélant son identité aux personnes présentes. Comme pour joindre le geste à la parole en une démonstration tombant à point nommé, le garde à l’arme lourde perché sur le toit vint s'écraser lourdement sur le sol dans un craquement sourd ne présageant rien de bon pour sa structure osseuse.

« Maintenant il est temps de baisser vos armes et de rentrer chez vous. Ou je vous garantis qu’aucun d’entre vous ne sortira d’ici. »

Les jedis étaient présents pour préserver la vie mais ils savaient se montrer déterminés et létaux lorsque la situation l’exigeait…et cela semblait être le cas aujourd’hui. Maître Vocklan, maître d'armes et membre du Conseil Jedi venait de faire son apparition, sa demande ne souffrant d'aucune ambiguïté. Les gardes se rendraient immédiatement ou aucun d’entre eux ne reverrait jamais leur foyer. Jamais.
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De son poste d'observation, Kael posait un regard hautain sur chaque parcelle de la vaste cité. Il se savait en évidence visuelle pour l'ennemi également, aussi se garda-t-il de regarder dans la direction des trois groupes qu'il avait disposés pour d'éventuelles embuscade. Chacun de ces groupes se trouvait à un point que le Chironien avait jugé stratégique, à une distance d'environ cent à deux cents mètres des deux autres ; ils n'étaient ni trop rapprochés, ni trop éloignés, et Kael devait s'efforcer de ne pas trahir leurs positions par des regards insistants et anxieux. Le Cirque Shusu ne se résumait pas à un patelin d'un hectare. Il devait bien faire entre trente et quarante hectares à première vue, mais Kael n'avait pas le compas dans l'œil, n'ayant jamais eu à estimer comme cela la superficie d'un terrain.

Son rôle était de coordonner l'action. De son côté, R'win se concentrait sur la prise d'otage. Kael pouvait relayer des informations aux différents groupes, par exemple si une sentinelle repérait quelque chose ou que R'win nécessitait un mouvement de troupes. En somme, il était un peu la vigie. Puisqu'il n'y avait pour l'instant aucun combat à mener et qu'il avait déjà suffisamment passé de temps à faire des repérages, il avait décidé de se rendre utile autrement alors que des soldats avaient repéré du mouvement dans la végétation et que la Force était quelque peu troublée.

En bas, la prise d'otage s'organisait bien, et en quinze minutes les Anx furent disposés selon les directives de R'win. Kael n'entendit pas ce que ce dernier et le gouverneur Anx échangèrent brièvement comme paroles, et c'est à peine si les questions du lieutenant impérial et les réponses et inquiétudes de quelques Anx lui furent intelligibles depuis sa position. Si R'win avait quelque chose d'important à lui communiquer, il le ferait, de toute façon. Chacun à son poste, l'essentiel étant que la communication soit la plus fluide possible pour permettre une réactivité optimale. En revanche, il lui suffit d'un peu d'instinct pour deviner que quelques Anx devenaient nerveux et cherchaient à se rebeller. Les otages seraient sûrement vite matés, d'autant que l'on avait décrit à Kael les Anx comme une race pacifique et manipulable ; mais si l'ennemi devait se montrer incessamment, il serait préférable de ne pas avoir de contretemps.

Soudain, l'éclairage de la cité expira. Habituer ses yeux à l'obscurité allait prendre quelques instants pendant lesquels l'ennemi, s'il était bien là, pouvait agir. Kael se baissa, par peur de recevoir un tir impossible à voir venir et donc à esquiver. Le temps pour lui de discerner les contours de son environnement le plus proche à la faveur d'une maigre luminosité naturelle, il entendit l'agitation faire trembler le cœur de la cité où la prise d'otage se tenait. Kael laissa passer la tête par-delà sa couverture de pierre pour voir que le lieutenant avait fixé une lampe amovible à son arme blaster et que plusieurs soldats l'imitaient, afin de s'offrir une vue plus que minimale dans le chaos qui naissait. Les Anx qu'ils éclairaient devenaient donc visibles pour Kael lui-même, ce dernier observant donc la scène “par procuration”.

Kael n'osa pas se remettre debout tout de suite. Il ne savait pas du tout si cette coupure de courant était accidentelle ou s'il s'agissait d'un sabotage de la part d'un ennemi encore invisible, et dans le doute, il préféra ne pas prendre de risques inutiles. Il savait que si un ennemi voulait neutraliser les défenses impériales autour de la cité, l'une des premières idées qu'il aurait, est d'éliminer la vigie postée en évidence sur son point d'observation en hauteur. Kael était vulnérable et encore plus dans cette obscurité. Si seulement il savait que les deux Jedis infiltrés n'avaient en réalité même pas fait attention à lui...

La vision du Chironien était donc doublement réduite, à la fois à cause de l'obscurité et à cause de sa mise en couverture, mais son ouïe capta très bien l'agitation en contrebas. Les Anx remuaient et les soldats leur hurlaient de rester tranquille d'un ton menaçant, jusqu'à ce que R'win s'imposât dans ce vacarme pour rappeler les immenses reptiles bipèdes à la raison avec autorité. Gardant le ton haut pour s'adresser en même temps à un éventuel ennemi infiltré, il proféra ses menaces :
- cinq Anx seraient abattus à chaque mort d'un soldat impérial ;
- deux Anx seraient abattus toutes les trente secondes jusqu'à ce que la lumière revienne ;
- une femelle ou un enfant Anx serait abattu par minute jusqu'à ce que quelqu'un dénonce celui qui avait eu l'idée de la rebellion.

Kael sourit intérieurement. C'étaient des menaces honnêtes, et cela eut le mérite de faire taire les velléités des Anx, du moins pendant un instant, car le répit fut de courte durée : soudain, les Anx se mirent à gronder presque tous en même temps. Leurs voix si graves s'unirent dans une telle puissance que les ondes sonores firent presque tout vibrer. A commencer par les personnes présentes. R'win, encore, connaissait peut-être un moyen de se protéger par la Force. Les soldats avaient de lourdes armures qui amortissaient probablement les ondes, et il valait mieux avoir son armure qui vibrait que son propre corps. Mais Kael, lui, qu'avait-il ? Rien. Il ne maîtrisait pas suffisamment la Force pour se générer une protection, et il ne portait pas d'armure complète. Ce n'étaient pas sa ceinture et ses “fers-à-cheval” magnétiques qui allaient tout encaisser.

Les vibrations atteignirent sa chair, ses muscles, et par endroits même ses os. Ce fut trop pour lui, il devait réagir car la sensation risquait de le tétaniser tant elle était indiciblement insoutenable. Il tendit les pattes pour se mettre debout d'un bond et repéra l'Anx le plus près de lui. Il arma son arc et tira en visant le cou. Il ne put pas prendre en compte l'étonnante gravité de la planète, et de toute façon, même en prenant tout son temps pour tirer, il n'avait jamais eu à ajuster un tir par une gravité supérieure à celle à laquelle les races les plus courantes étaient habituées. Le manque absolu d'expérience de tir à l'arc dans ces conditions atmosphériques amenuisait en soi de façon considérable ses chances de réussir son attaque ; mais s'ajoutait à cela les vibrations générées par les voix des Anx, qui rendaient les trajectoires de flèches en bois déviantes. Le tir de Kael partit donc n'importe comment. Jamais le Chironien n'avait à ce point raté un tir de sa vie. Il pouvait sans mauvaise foi le justifier, mais en cet instant, sa fierté personnelle n'avait pas d'importance : il fallait juste faire cesser les vibrations.

Le Chironien lâcha son arc et se recroquevilla, et heureusement pour lui, les grondements des Anx cessèrent aussi subitement qu'ils avaient débuté. Il attendit plusieurs secondes avant de lentement se remettre debout, mais il ressentait des courbatures dans tout le corps, séquelles de ce qu'il venait d'endurer pendant un instant. C'est alors qu'il vit une lame-laser violette s'allumer au milieu d'un pâté d'habitations, éclairant le visage d'un grand Humain qui ne pouvait être qu'un Jedi. A son apparition, Kael entendit via son communicateur radio un chuchotement de R'win :

R'WIN – Mauve-5 sur moi. Discrets.

Kael n'était déjà pas bien sûr d'avoir reconnu la voix de R'win à cause de ce ton chuchotant, mais il n'eut surtout aucune idée de ce qu'il avait en tête. Il avait une idée, toujours, c'était ça de rassurant. Le présumé Jedi prit la parole à la cantonade :

LORN – J'ai une contre-proposition à faire. La mort d'un Anx coûtera la vie à dix d'entre vous.

Kael n'avait entendu que bien peu de choses sur les Jedis, et ça avait été des informations partisanes. Il ne savait donc pas quel était exactement leur code de conduite, sinon il aurait été vraiment étonné par les mots de celui qui imposait sa voix dans le Cirque Shusu à cet instant, et même choqué par son cynisme indécent. En effet, ce Jedi négociait les vies des Anx qu'il était censé, dans sa tête, vouloir sauver. Il les mettait en jeu contre les vies des soldats impériaux. Si ce n'était pas du cynisme, c'était de la stupidité. Les soldats impériaux étaient des personnes entraînées depuis des années à se battre et à mettre leurs vies en péril pour la bonne cause de l'Empire. Les Anx, eux, étaient des innocents n'ayant pas cherché à mourir au milieu d'un conflit entre deux puissances militaires ennemies. C'est justement pour cela que R'win les avait pris en otage : l'on aurait été tenté de penser que les Jedis ne voudraient pas mettre les vies de ces Anx en jeu. Pour les Siths, incluant donc R'win et Kael, il était tout à fait pragmatique d'agir de la sorte en n'accordant pas plus d'importance à la vie d'un Anx innocent qu'à celle d'un soldat engagé.
Apparemment, pour les Jedis aussi, c'était normal.
Kael avait déjà une idée du genre de personnes qu'étaient les Jedis : des gens prêts à tout pour éliminer les Siths, y compris à risquer des vies innocentes. C'est un jugement que Kael basait sur le spécimen Jedi qu'il avait en ce jour l'occasion de rencontrer de loin, mais qui n'était en réalité par du tout représentatif des Jedis.

LORN – Maintenant il est temps de baisser vos armes et de rentrer chez vous. Ou je vous garantis qu'aucun d'entre vous ne sortira d'ici.

Kael analysa la situation. Aucun des trois groupes de soldats en embuscade n'était à proximité suffisante du Jedi pour une attaque éclair. Au lieu de précipiter n'importe quoi, Kael laissa R'win répondre au Jedi au nom des soldats regroupés ici. Le décompte de temps courait toujours : à vouloir discuter au lieu de réactiver le courant, le Jedi sacrifiait des Anx. Plusieurs étaient déjà mort, preuve que les Siths respectaient les conditions qu'ils énonçaient, et d'autres Anx allaient être sacrifiés par le Jedi au prétexte d'une idiote négociation. Deux toutes les trente secondes. Avait-il vraiment envie de jouer à ce jeu-là ?
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L’esprit est le sanctuaire le plus sacré de chaque individu, l’ultime siège de sa conscience, le dernier rempart de sa personnalité face à la douleur et aux vicissitudes du monde. Entrer en contact avec un individu de la sorte était donc à la fois un acte d’une extrême intimité comme une solution de dernier recours, de même qu’une manière de témoigner à un être cher sa foi inébranlable en sa personne, sa confiance absolue, car il s’agissait tout simplement de se mettre à nu comme jamais. Même l’éclatante étreinte de deux corps amoureux ne pouvait rivaliser avec la tendre caresse psychique d’un autre être vivant, tant il paraissait impensable à bon nombre d’individus de commettre cet effrayant partage de son cœur, et non uniquement de sa chair. Dans sa jeunesse, Alyria avait parfois éprouvé des réticences à ce mode de communication initié régulièrement par son maître qui, en Ombre efficace et discrète, appréciait ce moyen d’échanger sans être repéré par l’ennemi, mais aussi, la trentenaire en était désormais certaine, louait leur connexion pour sa capacité à le faire se sentir plus proche de sa padawan, à jauger de la moindre inflexion de son humeur, et être ainsi en mesure d’apaiser ses doutes d’un effleurement mental empli d’espoir ou d’encouragements muets. Pour autant, ce n’était qu’une fois devenue professeure à son tour que la maîtresse d’armes avait réellement compris l’étendue des possibilités offertes par la création d’un tel lien, et pourquoi nombre de jedis y répugnaient ou enseignaient à leurs élèves la plus grande prudence à ce sujet. La tentation s’avérait parfois très forte de profiter du flux ouvert pour obtenir des informations violant la liberté de l’autre, et c’était l’une des raisons pour lesquelles la plupart des membres de l’Ordre préconisait un emploi de la télépathie avec parcimonie, sauf bien sûr ceux issus d’espèces y ayant recours de façon instinctive. S’ouvrir à l’autre, c’était réellement tout partager, avec les risques qu’un tel acte pouvait comporter, et auquel la demi-echanie allait bientôt se voir confrontée, elle qui appréciait tant être liée à son amant de la sorte. Elle se souvenait encore de la première fois où, timidement, Lorn avait approché de son esprit, dans une volonté de transcender les limites inhérentes à sa race. A l’époque, ils n’étaient que des amis, très proches certes, et pourtant, la rencontre avait été totalement électrisante pour chacun d’entre eux, même si elle-même était incapable de lire dans ses pensées, car la gardienne était tout de même apte à sentir les changements dans ses humeurs, la Force fluctuant doucement autour de lui … La sensation n’avait jamais été aussi grisante, jusqu’au jour où ils avaient embrassé leur connexion d’une manière charnelle, joignant aussi bien leurs corps que leurs psychées dans une union fusionnelle. Depuis ce jour, ils n’avaient cessé d’errer à la surface du mental de l’autre, conservant toujours cette présence douce à leurs côtés. Ils n’étaient jamais seuls, et ce lien qu’ils partageaient, qu’ils chérissaient dans la Force en était la preuve. Parallèlement, cela leur avait permis de découvrir les ressorts de cette technique complexe et de l’approfondir, leur assurant une compréhension fine du cerveau des êtres sensibles en général, d’où leur capacité à rentrer en contact doucement, avec un profond respect et une infinie délicatesse, avec d’autres sentients. Ainsi, quelques minutes auparavant, ils avaient partagé l’espoir fou, soudain, des Anx qu’ils avaient contactés, reçus précieusement en leur sein une kyrielle d’images créées par la possibilité d’une fuite, de sauver les familles autrement qu’en se soumettant à un pouvoir ennemi auxquels tous résistaient depuis des semaines, surtout face au comportement menaçant des arrivants. Tant que ces derniers étaient restés à piller les réserves et mener une dolce vita tranquille, beaucoup avaient espéré être délivrés de leur présence au bout d’un moment, ou bien simplement supporter un temps ces envahisseurs relativement accommodants. Sauf que le masque se craquelait, et les plus méfiants commençaient à trouver les mesures draconiennes prises par l’homme masqué qui menait la troupe impériale suspecte. On ne séparait pas les mâles des femelles sans un dessein bien précis derrière la tête, comme le massacre pur et simple de certains. Or, sur Gravlex Med, le souvenir de la guerre contre les Shusugaunts était bien vivace, en raison notamment de la quasi-extinction des Anx qui avait failli survenir. Autant dire que, si l’instinct de survie et la raison avaient pris le dessus dans un premier temps, nul doute que trop tirer sur la corde ne pourrait qu’inciter ce peuple imposant à prendre une fois de plus le contrôle de son destin. N’avaient-ils pas colonisé des planètes entières ? N’avaient-ils pas résisté à une première invasion autrement plus terrifiante ? La nature n’en avait-elle pas fait des guerriers redoutables ? Et pourtant, malgré sa foi envers ceux qu’ils devaient aider, rien n’aurait pu préparer Alyria à la violence atroce qui déferla en elle quand l’un des sauriens que Lorn et elle avaient approchés reçut un tir de blaster dans la partie non-protégée de son corps par la peau chitineuse des reptiles géants.

Instantanément, le monde cessa de tourner pour la jedi, qui encaissa immédiatement la douleur insupportable de la chair qui se tord et se déforme sous l’impact, des organes qui sont brutalement traversés par le plasma en fusion, de même que l’insondable de ces quelques dixièmes de secondes où un être comprend qu’il va mourir, que tout est perdu, que tous ces souvenirs sont voués à disparaître avec lui, que son voyage dans cette galaxie s’achève brutalement, tandis que son cœur pompe désespérément du sang pour tenter de s’accrocher goulûment à cette vie qui le quitte, à la Force qui s’échappe doucement de lui, accompagnant les gouttelettes de liquide vital qui s’échappent du trou béant ayant mené au drame. Soudain son muscle cardiaque finit par s’apaiser, s’endormir presque alors que les longs doigts gourds de l’abîme l’encerclent et l’oppressent pour délivrer l’estocade finale, que la respiration ralentit pour n’être plus qu’un souffle rauque, et que le corps s’abat sur le sol, imprimant sa longue marque dans la poussière rocailleuse qui recouvre désormais le saurien inanimé. Tout cela, Alyria le vécut en des instants d’une éternité insoutenable, et le choc la laissa pantelante, ruisselante même, prise d’une nausée féroce alors que le remords et l’horreur le disputaient à un dégoût féroce pour ces êtres qu’ils devraient affronter tôt ou tard. Justice serait faite. Lentement, ses yeux verts emplis de larmes douces-amères se fixèrent vers leur cible, animés d’une farouche détermination, d’une volonté impavide de protéger tous ces innocents et de rendre gorge à ceux qui osaient se faire les maîtres d’autres destins que le leur. Jamais la jedi n’avait ressenti un tel sentiment de force l’étreindre, tandis que ses joues séchaient doucement et que sa main se refermait sur son sabre, que son envie de vomir laissait place à une injonction puissante de rétribution pour ceux qui ne demandaient qu’à vivre, et dont elle avait partagé la souffrance. Heureusement, les trois autres Anx qui avaient été leurs interlocuteurs étaient encore debout, lui offrant un soulagement bienvenu après cette terrible épreuve émotionnelle. Certes, la maîtresse d’armes savait que chercher à sauver entièrement toute une ville relevait de l’utopie. C’était l’une des leçons les plus cruellement salvatrices qu’elle avait apprises en tant que Chancelière, quand une seule de ses décisions pouvait précipiter des régions entières dans la misère ou sous le joug impérial. Elle n’était plus cette jeune chevalière éprise d’idéaux absolus qui n’aurait souffert la moindre blessure d’autrui, quitte à entreprendre des actions insensées qui, bien souvent, faisaient infiniment plus de mal que de bien. La mort faisait partie de la Force, et des impondérables de la guerre. Elle n’en demeurait pas moins regrettable et douloureuse, surtout quand elle était ressentie d’une façon aussi intense, et la connaissance d’un fait n’avait jamais oblitéré la souffrance de le voir réalisé dans sa dimension la plus abjecte. Les conflits détruisaient toujours, et les meilleures intentions ne pouvaient suffire : voilà pourquoi les jedis affirmaient qu’il n’y avait pas de grandeur dans la guerre, car jamais personne ne ressortait vainqueur de ces luttes. Il y avait simplement ceux qui parvenaient à limiter les dégâts de leur camp au mieux, et ceux qui sombraient. Accepter cette vision profondément pessimiste n’était jamais évident pour un jedi, et seul le temps et l’expérience amenait à cette réalisation. Là était aussi le trait commun de tous les maîtres du Conseil : tous avaient un jour pris une décision lourde de sens et connu le goût acre de ces victoires défaitistes, que ce soit Sai Don sur Coruscant, face à Darth Ritter, Icare Manteer sur Dubrillion, Lorn Vocklan sur Aargau ou bien encore elle-même en tant que Chancelière. Ils étaient marqués par le fer rouge de la responsabilité, de la culpabilité, et Gravlex Med n’était que la réminiscence de leurs devoirs les plus hauts : sauver ce qui pouvait l’être, encore et toujours, sans jamais se renier.

Sans presque qu’elle ne s’en rende compte, les pas des deux jedis les avaient mené à l’orée du lieu de rassemblement, aussi purent-ils contempler dans toute sa hideuse folie l’ombre qui s’étendait sur les Anx, mue par l’esprit tordu d’un être qui paraissait commander l’ensemble de la troupe armée et autour duquel la Force se gondolait, craquait, se contorsionnait dans des convulsions saccadées comme si elle était incapable de se fixer en un flux sain, happée par les inflexions brutales de ce cerveau rongé par la noirceur et incapable peut-être de se rendre compte d’à quel point il perdait le contrôle de son âme à s’avilir de la sorte. Ses menaces étaient sordides, tout autant qu’un simulacre de procès d’intention à leur égard, car Alyria ne doutait pas que le vrai but de cette sinistre entreprise n’était autre que la révélation de ceux qui avaient aidé les sauriens. Pour autant, bien que révoltée à l’entente d’une telle décision, l’aspect pragmatique de son cerveau ne pouvait qu’analyser avec un odieux détachement ce qu’elle jugeait comme un acte totalement contre-productif. La terreur pouvait faire plier les plus farouches, certes, mais elle se devait d’être appliquée à bon escient, avec le dosage subtil propre à paralyser les sens et les pensées. Pousser trop loin son avantage, surtout en présence de captifs qui n’avaient, malgré leur absence de blasters ou de vibrolames, rien de désarmés consistait à prendre le risque d’obtenir une réaction de défi mêlé de désespoir. Or, le sith aurait dû le savoir : il n’y a pas pire ennemi que celui qui n’a plus rien à perdre, qui voit sa famille acculée, sa propre vie menacée, et à qui aucune échappatoire n’est offert. Pour tous les Anx sauf trois, c’était très exactement ce qui était en train de se passer. Déjà, les mâles rompaient les rangs, les reptiles reculaient, grondaient … Seuls, ils auraient du mal pour autant à s’organiser, mais il suffisait d’une étincelle pour rallumer le brasier de leur instinct et frapper à nouveau. Malgré lui, l’homme encapuchonné venait de fournir aux jedis la continuation parfaite de leur plan initial. Pis, puisqu’aucun des soldats impériaux n’avait bronché face à l’iniquité des ordres précédents, la maîtresse d’armes n’aurait aucun remords à agir contre eux, notamment ceux qui avaient tiré. Ils avaient choisi leur destin. Qu’il en soit ainsi. Son regard émeraude s’accrocha à la silhouette de Lorn, qu’elle détectait aisément dans la Force, et elle le laissa envahir une fois de plus son être le plus profond pour qu’ils se projettent vers l’Anx qui s’était avancé pour traduire, le même que celui avec qui elle avait échangé en premier. Sans doute que le brave saurien, du nom de Horox Vaunk, avait pris cette décision dans l’espoir de faire gagner du temps aux siens. Elle laissa Lorn le contacter, l’apaiser, le rassurer, sachant que parfois, les manières directes de l’épicanthix étaient infiniment plus efficaces que les siennes, plus ampoulées, tandis qu’elle s’éloignait doucement, maintenant le contact mental tout en l’amenuisant pour se concentrer pleinement sur sa propre mission. Elle savait parfaitement que Lorn ne pourrait résister longtemps face à une telle scène, et contrairement à la fois précédente, elle n’avait aucune intention de l’arrêter, au contraire même, car cela correspondait en tout point à ce qu’ils avaient prévu, et qui correspondait finalement parfaitement à leur façon habituelle de procéder. A lui d’attirer l’attention, à elle d’agir dans l’ombre, exactement comme ils avaient pu le faire sur Panatha.

L’avantage de vider des maisons de leurs habitants sans autre forme de procès, arme au poing résidait dans le fait qu’aucun militaire ne pensait généralement dans ce cas à fermer les portes gentiment après le passage de la troupe, trop occupé à s’assurer que personne ne manquait à l’appel ou à faire usage de la force et à proférer des menaces diverses et variées au besoin, pour encadrer la marche des prisonniers. Inutile de préciser que cet oubli des plus communs rendait le processus d’infiltration nettement plus simple, puisque Alyria, toujours camouflée par les ombres et totalement indétectable, à présent recouverte d’une Protection de Force tissée délicatement autour d’elle, n’eut aucun mal à contourner les miliciens restants avant de pénétrer dans l’une des demeures entourant les lieux, sa porte béante lui offrant l’ouverture nécessaire. Une fois à l’intérieur, elle courut aussi vite que ses jambes le lui permettaient, consciente du compte à rebours qui se jouait à l’extérieur par son esprit toujours connecté à celui de Lorn. C’est ainsi que, parvenue au deuxième étage, elle comprit que les Anx allaient déclencher leur botte secrète, leur arme ultime et en effet, bientôt, ses os tremblèrent avec fracas. De fait, contrairement à un Bouclier, une Protection de Force durait plus longtemps, mais était plus lâche, absorbant donc moins efficacement certaines agressions extérieures. Malgré le soin accordé à l’érection de cette seconde peau défensive, il lui était strictement impossible d’encaisser complètement une attaque d’une telle ampleur, à tel point que la sang-mêlée eut, l’espace d’un bref instant, presque pitié de ces humanoïdes qui allaient devoir supporter un tel assaut sans l’aide de la Force. Si déjà, à puissance très réduite, l’impact était aussi déstabilisant, elle préférait ne pas savoir ce que donnerait la version pleine et entière de ces ondes dévastatrices. Nul doute qu’il y avait de quoi briser les colonnes vertébrales et cages thoraciques de leurs opposants, surtout que les ondes avaient la capacité de passer outre la plupart des armures physiques classiques. Serrant les dents, la jedi s’ouvrit à la Force pour diffuser un flux bienfaisant dans ses membres douloureux et ankylosés, recouvrant ainsi rapidement ses capacités, bien que son martyre ait laissé des traces dans son organisme. Avec célérité, prenant sur elle et comptant sur sa robuste constitution pour faire la différence malgré les rugissements qui ne cessait pas, elle acheva sa course et grimpa d’une main sûre sur les toits, en acrobate douée, pour se retrouver derrière le tireur qui avait dardé ses traits mortels contre les civils en contrebas. Elle n’eut même pas besoin de réfléchir, réagissant à l’instinct. Impavide, sa main d’acier avança pour agripper le cou de sa victime et se serra. L’homme résista un bref instant, ruant comme un fou, ses yeux affolés sortant de ses orbites à mesure que l’air s’échappait de ses poumons en feu. D’un coup de pied bien placé, il heurta violemment l’estomac d’Alyria qui lâcha momentanément sa prise, lui donnant l’occasion de tenter une riposte. Mal lui en pris car la réaction fut immédiate : le poing de la Main Brisée s’abattit sur son visage, les os craquant sous la force de l’impact métallique qui transperça la boîte crânienne, faisant reculer le soldat qui bascula en arrière avant de s’écraser en contrebas dans un bruit sourd.

Silencieuse, reprenant son souffle et ahanant doucement, portant la main à son abdomen pour calmer la douleur, la jedi contempla le spectacle qui s’offrait à sa vue. Lorn se tenait entre la soldatesque impériale, l’encapuchonné et les Anx, son sabre en main et sa voix imposante achevant de résonner dans la cité enfouie, alors que les militaires carapaçonnés qui avaient survécu à l’attaque des Anx contemplaient le corps désarticulé de leur comparse qui gisait à quelques mètres d’eux, la face méconnaissable et les membres brisés comme une poupée de chiffons. Même sans la Force, n’importe qui aurait pu ressentir l’atmosphère lourde, pratiquement irrespirable qui prenait corps dans les profondeurs du cirque Shusu alors que ces êtres qui n’avaient pour certains rejoint l’armée impériale que par peur de représailles et s’accommodaient au mieux de leur nouveau mode de vie examinaient le colosse aux yeux cyans et le cadavre alternativement. Combien ces jedis étaient-ils ? Les encerclaient-ils ? Par ce geste qui n’avait au départ rien de prémédité, Alyria avait jeté le trouble, accentuant sans le vouloir les paroles de l’épicanthix, qui écarta quelques tirs quand les soldats voulurent tout de même exécuter les ordres donnés. Pour autant, la maîtresse d’armes avait pleinement conscience que la situation n’était pas tenable : il ne pouvait seul faire rempart éternellement. Surtout, il fallait urgemment cesser ce cercle vicieux qui prenait corps dans l’inanité de cette prise d’otages tout en protégeant au mieux les civils qui reculaient encore plus sous l’effet conjugué de la peur et de l’énervement. Avisant un jeune sur le côté mis en joue ainsi que sa compagne, la maîtresse d’armes étendit son esprit vers eux, leur criant mentalement de se jeter à terre, pendant qu’elle encerclait de sa puissance doucereuse les projectiles, les absorbant dans une enveloppe cotonneuse qui étouffait leur potentiel mortel et suçait la verve plasmatique de leur impact potentiel. Les tirs s’éteignirent juste avant d’atteindre leurs cibles qui avaient autant réagit par instinct que face à l’injonction de la jedi. Toutes les trente secondes, ce manège recommençait, donnant l’illusion aux envahisseurs que les Anx tombaient alors qu’ils demeuraient protégés par les jedis. Or, trente secondes, c’était exactement ce dont avait besoin Alyria pour mettre en branle la seconde partie de son plan. Sa concentration était au maximum, alors que Lorn et elles se relayaient. La moindre erreur se payerait par une vie brisée. La sueur perla rapidement à son front, alors que son esprit attaquait sans relâche la charpente retenant le plafond rocheux de la grotte, se glissant entre les interstices, écartant la pierre avec leur force télékinétique combinée. Le sol marécageux de la jungle de Shusu offrait heureusement une prise facile, surtout que les infiltrations d’eau avaient peu à peu rongés ce qui soutenait la voûte rocailleuse, creusant des sillons profonds au sein de la pierre, les jedis n’ayant qu’à suivre ces rigoles avec la Force pour en accentuer le tracé et séparer peu à peu les blocs entre eux, sans compter le fait que l’explosion du réseau électrique avait fragilisé les supports en brûlant certaines attaches qui avaient pris feu en raison de la surcharge du réseau qui serpentait dans les poutres métalliques pour éclairer la ville. En d’autres temps, leur travail eut sans doute été plus minutieux, moins hâtif, mais l’impératif de leur mission les tenaillait. Enfin, au bout de quelques minutes qui parurent une éternité à Alyria, leur travail de sape paya. Elle balaya d’un regard la scène sous elle … et elle abaissa son bras, tandis que Lorn effectuait un impressionnant bond en arrière. Immédiatement, des tonnes de minerais tombèrent, creusant une ouverture béante dans les parois du cratère, séparant les Anx et les jedis de leurs adversaires, les entourant de deux immenses palissades rocheuses créées par les éboulis conjugués par la chute d’un morceau de la charpente et d’une brisure au sein de la voûte, les protégeant des soldats qui se retrouvaient désormais hors de leur portée.

« Dépêchez-vous ! Il faut vite partir d’ici ! La République va envoyer plus de secours, mais nous devons faire vite ! »

Sonnés, certains Anx, guidés par Alyria, commencèrent à se rassembler pour grimper sur l’éboulis ou par-dessus le toit des maisons, leur haute taille leur permettant d’arriver rapidement à hauteur du plafond une fois arrivés au sommet des bâtiments, tandis que Lorn s’activait pour dégager des décombres certains sauriens. La lumière de l’extérieur éclairait doucement la colonne qui s’ébranlait, sous l’œil anxieux des deux jedis. Allumant son comlink, la maîtresse d’armes envoya un signal de détresse à la flotte alsakanie en hauteur, ainsi qu’aux forces terrestres et aériennes déjà engagés :

« Nous avons besoin d’une évacuation en urgence ! Une centaine de civils ont été exfiltrés du cirque Shusu, je répète, des civils sont exfiltrés du cirque Shusu ! »

Les deux jedis n’avaient cherché à aucun moment l’affrontement, fidèles en cela à la devise de leur Ordre. Depuis le début, ils avaient volontairement fait sauter le courant pour avoir l’avantage de la surprise et affaiblir les supports de la voûte, puis avaient gagné du temps précieusement grâce à l’intervention de Lorn et à l’appui des Anx, focalisant l’attention de l’ennemi sur un point précis et non plusieurs, rendant leur division non-opérante, avant de faire s’effondrer une partie du plafond en deux points de façon à détacher deux blocs rocheux pour obtenir des éboulis qui les sépareraient des différentes menaces auxquels ils étaient confrontés pour évacuer. Ils étaient harassés par l’usage intensif de la Force, par leurs blessures pour Alyria, par la charge mentale qu’avaient requise de telles actions. Rarement le duo avait été autant mis à l’épreuve, et à vrai dire, la maîtresse d’armes doutait que leurs furieux opposants en restent là. Ils n’avaient finalement résolu qu’une partie de la douloureuse équation face à eux, du moins le croyait-elle. Pour autant, en voyant émerger à l’air libre un père et son fils, leur corne rougie démontrant toutes les émotions les traversant tandis qu’une voix douce murmurait timidement aux côtés de la jedi un petit « merci », la gardienne s’autorisa un très léger sourire. Rien ne vaudrait jamais ces minuscules instants au goût d’infini … pas même sa vie. Si elle devait se sacrifier pour sauver les Anx, elle le ferait car face à des innocents qui avaient traversé tant d’épreuves, son existence n’avait pas la moindre once de valeur. Elle était venue pour servir, et espérait continuer à le faire à travers la poussière, le sang, la sueur et les larmes. Elle était prête à tout. Elle ne renoncerait jamais, pas même sous le feu de la plus atroce des pressions : elle était une jedi, une maître du Conseil. Seules la Lumière et la Justice comptaient à ses yeux. Le reste n’était que peccadille, et s’il fallait faire rempart de son corps meurtri, elle l’acceptait pleinement. L’avenir était aux Anx, et les jedis n’étaient que l’instrument de leur destinée. Gravlex Med était entre les mains de son peuple, Lorn et Alyria n’étaient que des outils entre les mains de la Force qui déciderait de l’issue de cette bataille qui avait déjà fait trop de morts. Alors tous deux combattraient, ruseraient, feinteraient jusqu’à ce qu’aucune vie ne soit plus en jeu. Ils avaient déjà trop perdu.
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Comme la plupart des enfants, on aurait pu supposer qu'il avait lui aussi été bercé par un intense amour familial, sensé lui enseigner les vertus de l'éthique et de la morale. Le pouvoir de cette tendresse, parmi les humains, et bien d'autres races, agissait tel un catalyseur sur l'esprit, une manière de consoler et d'adoucir la colère, la rage et la haine qui pouvait à chaque instant l'envahir.
Sa tendre enfance avait été poignante et chaleureuse. Ses souvenirs dans les rues ocres, sous une température de plomb, de cette petite ville perdue au cœur de la Mer de Dunes tel un coquillage acajou égaré dans le sable, défilaient dans son esprit à une vitesse vertigineuse, étourdissante. Les gens cheminaient dans les rues, s'arrêtant ça et là devant un étalage de marchand, y acheter des fruits, de la viande ou simplement des babioles. Les enfants, plus jeunes, ou même de son âge, déambulaient dans les étroites ruelles de la cité carmine en rigolant, en se dispersant. Un petit garçon brun aux yeux verts, se tenait sous le seuil des remparts, revenant avec son père d'une promenade dans les environs, à la recherche du patrimoine culturel que les vents mettaient à jour en déplaçant les ergs ; les poches pleines de pierres, les regards radieux chargés d'émotion, de gaieté et de jubilation. Sa psyché s'illumina d'un éclair blanc qui l'aveugla réellement, l'espace de quelques secondes. Les Tuskens marchaient dans le sable par milliers telle une immense colonne d'insectes, un essaim de sauterelles prêt à faucher la flore et même la faune, sur les sentiers de la miséricorde.
Il faisait léviter un petit bol de dates vers sa mère, assise dans la basse-cour sableuse, derrière leur logis de terre cuite, si fier de lui montrer ce qu'il savait à présent faire, si heureux de l'impressionner par son précieux savoir. Derrière, les images pleines de violences et de larmes s'agitaient toujours inlassablement ; les petites casbahs brûlaient par dizaines sur le passage de ces êtres à la vision de mort, et dont les pas chargés de haine creusaient un large sillon dans le sable, empreinte de peine et de lamentation. Il est dit, depuis ce jour, que les vents refusèrent d'ensabler ce fossé de la honte. Que les rayons des deux soleils cessèrent de se poser sur cette malebrèche traversant le désert.
Sur leur chemin ils abattirent chaque obstacle et chaque adversaire, fauché par des tirs, ou par une lame de sabre laser.
Sur Korriban, à la recherche de la rédemption, ce fut à l'amour, cette vertu qui lui semblait si lointaine, de venir doucement bercer son esprit tourmenté par tant d'années d'affliction, et de tristesse. L'image se plaça en travers du cauchemar et marqua son territoire. C'était au cours du dernier mois, dans la montagne aride qui dominait l'édifice érigé par l'enseignement des sages qui s'étendait en contrebas. Il était assis sur la terre rouge, s'abandonnant à la transcendance que lui offrait cette vision onirique des monts cachous perdus dans un panorama de ciel alezan et grenat. Hodaya était dans ses bras, son dos posé sur son solide abdomen, sa tête reposant prêt de la sienne. Il était traversé par ce sentiment profond d'affection et d'attachement envers celle qu'il aimait, cette sensation charnelle qui l'avait poussé à chercher une proximité physique avec cette Sith Arkanienne. Cette sensibilité supérieure le traversait chaque seconde, celle de se sentir aimé, important au yeux d'une autre, de ressentir chaque veine de son corps s'emplir d'un flux excessif, sous les battements soutenus et réguliers d'un cœur exalté, d'un cœur apaisé.
Hodaya disparue au cours d'une mission contre la République. Lui, qui avait déjà suffisament perdu de son âme sur Tatooine, ne s'en remis probablement jamais. Son esprit, fatigué, épuisé, considérablement affaibli par cette perte, n'était plus en mesure de faire barrage à l'immensité des ténèbres qui enlaçaient ces lieux maudit par la Lumière. Ces lieux où la Force était si sombre, si noire. Depuis, il gardait sur lui en permanence, le large bracelet de sa bien-aimée qu'il portait autour du poignet de sa main droite. Un artefact qui renfermait encore, une part intégrante de l'énergie de la défunte, un souvenir à double tranchant, qui diffusait en permanence l'obscurité dans son esprit suffisamment corrompu. Il le savait, cela lui était maintenant égal. Les représailles était l'unique réponse qu'il daignait bramer aux sourds échos de l'appel de la vengeance qui résonnaient dans son âme. La quête de rédemption au service du Vrai Bien venait d'être brusquement écartée. Elle n'aurait pas lieu d'être, jusqu'à ce que justice soit faite. Jusqu'à ce que l'usage de la violence ne lui permette d'apaiser l'ouragan de souffrance et de haine qui soufflait dans son cœur, dans son âme, l'entraînant, misérable, sur la voie de la désolation.

Les flashs venaient de cesser, interrompus par une immense tempête sonore qui s'abattait sur la ville, maintenant parcourue par des légions d'ondes sonores qui émanaient des Anx. Si puissantes, qu'elles firent d'abord frémir, puis réellement vibrer de façon insoutenable, le squelette entier du jeune-homme. Ces ondes de la colère contorsionnaient même certains muscles de ses jambes, provoquant de douloureuses crampes qu'il chercha à chasser en raidissant brusquement ses membres inférieurs. Les sensations produites par ces cris ardents sur les os et les muscles n'étaient pas ce qu'il y avait de plus infernal, leur sonorité était une épreuve tout aussi conséquente. C'était comme si mille bouches hurlaient de colère.
Sonné, R'win qui avait plaqué ses mains sur ses tempes en fléchissant un genou à terre, se remit sur pied en s’apprêtant à lâcher un ordre implacable dans le canal de l'unité. À la place, il sursauta en se tournant instinctivement dans la direction de la voix qu'il venait d'entendre, tout prêt de lui. La silhouette correctement discernable d'un individu se dessinait dans l'obscurité, à quelques mètres seulement de sa position, éclairée par la lueur violette du sabre laser que le personnage tenait dans une main.
L'apparence du type était impressionnante. Avec ses deux mètres de haut et sa carrure athlétique, puissante et souple, c'était sans doute un combattant de premier ordre. Un combattant d'élite, très probablement, à juger la courbure que sa présence, si proche du bretteur, exerçait dans la Force. Les masques commençaient enfin à tomber.
Son visage aux traits fins et anguleux, frappé de deux yeux bleus vifs tirants sur le cyan, était ferme et imperturbable. L'expression qui s'y dessinait n'était pas moins intrigante : elle affichait la détermination et l'absence de peur. Le guerrier qu'était R'win avait appris, a posteriori, à reconnaître ces émotions dans les regards de ses comparses et de ses adversaires.
Une épaisse chevelure marron raide coiffait le visage du Jedi à l'âge indéfinissable, et le teint de sa peau était à peine plus clair, devrait-on dire plus « lilas », que le sien, son teint naturel qui tirait légèrement vers le mâte. Il portait une bure, caractéristique des combattants Jedi, de couleur grise maculée, qui laissait même entrevoir une sorte armure de combat au niveau du thorax.
Le jeune guerrier conclut qu'il s'agissait bêtement d'un humain, comme lui, mais bien plus impressionnant. Un peu comme l'avait été Darth Valeras, ce Sith dont il n'oubliera probablement jamais la rencontre sur Tatooine. En apparence, il n'y avait pas de raison que cet intrus appartienne à une autre espèce, tant cela correspondait en tout point à la même que lui.
Sa voix était puissante et ferme, il somma les geôliers, ses adversaires, de mettre un terme à leurs menaces au risque d'êtres tués par dizaines, se targuant d'être vraisemblablement en mesure d'éliminer l'ensemble d'entre eux à sa convenance.
Le bretteur ne perçut d'abord pas cette déclaration comme de l’arrogance. Il n'était pas impossible que l'homme, pour une raison légitime, que ce soit par d'inhérentes facultés de combat exceptionnelles, ou simplement la présence d'alliés autrement plus nombreux dans les parages, soit dans le vrai. C'était deux hypothèses à prendre en compte, avec évidement celle du bluff usuel et sommaire.
Malgré tout, le jeune bretteur ne voyait pas comment ce Jedi comptait s'en sortir avec près de soixante-quinze prisonniers cloîtrés dans cinq cases différentes, tenus en respects par huit soldats. Avec une quinzaine de militaires placés en embuscade dans la ville, prêt à prendre de nouveaux otages ou à commettre simplement de purs homicides. Avec les deux tireurs de précision, l'équipe Mauve-5 en l’occurrence, qui étaient entrain de se glisser discrètement sur le toit d'une maison offrant un visuel sur le groupe réparti sur la place centrale.
Un groupe d'intervention ennemi était-il déjà sur place ? La réponse à cette question semblait logique. Probablement pas. Kael l'aurait remarqué depuis son poste d'observation, à moins que les ennemis ne soient équipés d'armures invisibles, subséquemment une technologie qui n'existait en tout cas pas du côté de l'Empire.
Pour le moment ce Jedi paraissait bel et bien seul et la perturbation que le « ravageur » présentait autour de lui dans la Force semblait correspondre en tout point à la courbe, devrait-on dire au puits, que ce géant provoquait dans le champs de Force qui l'entourait. Malicieusement, dans l'optique claire de tromper la vigilance de son adversaire, R'win prit le soin d'éteindre la lame supérieure de son arme qui était restée allumée depuis le début de la mutinerie.

Il sursauta lorsque le dernier membre du commando en vie, affecté sur le premier groupe d'otage, vint brutalement s'écraser à côté de lui à même le sol de jais polis, après une chute de six mètres. Deux décharges d'adrénaline filèrent le long de sa moelle épinière tandis qu'il jetait un regard rapide vers le cadavre avant de ramener aussitôt ses yeux sur la silhouette du Jedi. Il y avait donc d'autres personnes sur place. Kael venait de le lui confirmer dans son oreillette. Une deuxième ombre, bien plus discrète, rôdait autour. Sa ventilation s’accéléra brusquement sous l'effet des battements toujours plus rapides et plus puissants de son cœur. La mort était entrain de descendre sur cette ville, et scrutait probablement la scène avec diligence et malice, planant tel un charognard au-dessus de ce qui pourrait, prochainement, devenir un champs de bataille.
Il était maintenant parfaitement clair pour le jeune bretteur que sa vie puisse s'achever ici même, cette journée là, sur cette planète terriblement insignifiante à ses yeux. L'homme qui lui faisait face était probablement plus puissant que lui, ce n'était pas difficile à déduire. Et pourtant, ce constat ne l’arrêterait pas, comme il ne l'avait pas arrêté le jour où il faisait face à un terrible Seigneur Sith.

Il se prépara à sauter sur son rival pour couvrir ses hommes de la sinistre tâche qu'ils risquaient fortement d'accomplir dans les minutes qui allaient suivre, tant la tension était haute.
À la vue de la tournure des événements, R'win qui avait déjà vécu des expériences semblables comprit parfaitement que la situation allait probablement déraper. Il réfléchit très rapidement, faisant intervenir son intelligence cognitive et pragmatique. Il n'avait plus beaucoup peur de la mort. Il était prêt. Son existence ne valait plus grand chose depuis la mort de son père, depuis la mort de son amante, depuis l'échec manifeste de sa dernière mission, depuis la corruption généralisée de son âme dont il prenait déjà conscience il y a plusieurs semaines. Sa mère était heureuse auprès de ses sœurs, qui prenaient soin d'elle. Il ne les voyaient finalement que très rarement, il avait su se faire oublier pendant toutes ces années de fugue sur Tatooine. Il ne manquerait pas tant que cela à ses derniers proches, sa conscience pouvait être tranquille sur ce détail. Continuer de vivre dans un monde si cruel, tandis qu'il devenait un monstre, était quelque chose d'évitable. S'il devait mourir aujourd'hui, rejoindre la plénitude du Grand Au-delà décrit par les chamanes Tuskens de son ancienne tribu, auquel il croyait de toute son âme, ce serait chose faite.

D'un geste rapide, il retira sa coiffe de bandelettes et son système de vision amélioré qu'il jeta à terre. Son visage apparut dans l'obscurité, dévoilant un teint étonnement pâle, tirant même parfois sur le violet. Il était devenu comme tel depuis son départ de Coruscant où Pandore lui avait prêté sa confiance. Ses cheveux ordinairement bruns grisaillait légèrement sur les pointes. Ces tristes prodiges découlaient sans doute du poids de la corruption en phase finale, qui rongeait son être depuis déjà trop d'années. Une voix au fort accent cassé émana de sa bouche alors qu'il s'adressait au Jedi.

-Savais-tu qu'il était père de famille, comme de nombreux militaires ici présents ? Je discutais encore hier soir avec lui, de sa petite fille de six mois qui vient de naître sur Galidraan. Vous étiez obligé de le tuer, d'une façon si brutale.. ? Un Sith, même, n'a pas ce cynisme.
Vous ne lui avez laissé aucune chance. Vous avez fauché sa vie plutôt que de vous embarrasser à le désarmer. Voilà donc la vraie nature des Jedi.
Ton regard méprisant et insensible n'est chargé que de cruauté et d'indifférence. Rarement j'ai vu un être aussi vil, aussi froid. Un jour tu nous rejoindra. Crois-moi, je sais de quoi je parle, tu tomberas comme moi, de l'autre côté de la pente, du vrai côté, quand tu arrêteras de nier ta véritable nature.


Le jeune-homme aveuglé par la colère n'était visiblement plus capable d'analyser son propre comportement, il laissait entièrement ses émotions le transcender. Exactement comme le rabâchaient les mentors de l'Académie de Korriban.
Il était pourtant véritablement étonné par la « cruauté » des Jedi. De toute son existence, il avait entendu parler d'eux comme des êtres bienveillants au service de la vertu, des chevaliers blancs prêts, à chaque instant, à sauter dans les abîmes pour y extirper les plus faibles, pour les arracher de l'enfer.
Qu'avaient-ils fait pour le moment ? Pas grand chose, sinon de la dissimulation et du zèle, pas franchement efficaces puisqu'une dizaine de cadavres étaient, déjà à déplorer. C'était donc cela les « êtres bienveillants ». Tulcier, son ancien et unique maître, s'était décidément bien moqué de lui. Ces Jedi étaient des couards et des fourbes arrivistes.

-Tu penses donc nous arrêter avec ces complaintes infernales. J'ai peur que nos soldats n'aient pas été très impressionné. Ces hommes que tu vois autour de toi sont des êtres loyaux. Ils ont prêté serrement à leur Impératrice et préféreront la mort à l'humiliation, tout comme moi. Nous vous massacrerons jusqu'au dernier si vous n'acceptez pas de vous rendre.

La paranoïa le rongeait. Valeras lui avait également parlé des Jedi. Les paroles de ce Sith faisaient terriblement sens face au spécimen de la malignité et du mensonge qui lui faisait face. Ce gaillard qui prétendait, avec une arrogance assumée, qu'il laisserait partir ses adversaires s'ils acceptaient d'oublier leur devoir. Cet homme n'avait tout simplement aucun devoir à remplir. Aucun principe. Aucune morale. Il mentait en plus de cela, il cherchait cyniquement à fragiliser la cohésion et le stratagème de la troupe avant de leur tirer dans le dos. Son attitude rappelait nettement les méthodes employées par les quelques fréquentations républicaines qu'avait connu R'win : Carole, Pandore, l'Astre Blanc.
Les paroles des hiérarques et des magisters de l'Académie Sith résonnaient dans sa tête, s'emparant lentement de son libre-arbitre. Ces Jedi réputés pour leur franchise et leur courage n'étaient, au final, que des hypocrites et des lâches qui usaient des pires méthodes pour se tirer d'affaire. Ils n'avaient aucun honneur. Les Sith avaient parfaitement raison, eux au moins, assumaient leur vraie nature, bien loin des escobarderies et du déguisement.
Son esprit était bercé par les vents brûlants d'un terrible courroux sur le point de faire éclater un violent orage.


-Imaginez que je donne l'ordre d'exécuter toutes les familles entassées dans ces cases, derrière nous. Il effectua un balayage des habitacles de l'index. L'air dépité, il poursuivit : comment allez-vous être à cinq endroits à la fois ? Ces tours de musique ne vont pas empêcher huit gardes de dégoupiller leurs grenades avant de vider leurs chargeurs sur ces pauvres habitants que vous placez en fâcheuse posture. Ça va durer longtemps encore ?
Avec une touche de moquerie dans sa voix, qui lui permettait de tempérer sa colère, il désigna ensuite l'autre groupe présent sur la place centrale. Vous avez un plan pour les tireurs qui ciblent en ce moment ces gens ? Il pensait effectivement aux trois membres de Mauve-5, l'équipe d'appui-feu. Sans doute seraient-ils bientôt en position, s'ils n'avaient pas été repéré.
-Si quelqu'un, vous où un autochtone, s'approche de mes hommes, il désigna le groupe de geôliers qui gardait les cinq habitations, ces personnes à l'intérieur des maisons mourront toutes. Ce ne sont que des femmes et des enfants. J'ai fais exprès de les regrouper. C'est terrible, mais c'est la guerre. Et la guerre, c'est comme ça.

Malgré sa grande colère et sa volonté inhérente de suivre les sentiers tracés à l'avance par la providence, il fit des efforts considérables, et tenta de calmer ses ardeurs afin de poursuivre la mission que l'Empire lui avait confié. L'infiltré qu'il était toujours, quelque part, en mettant pied sur le croiseur stellaire « l'Intrépide », semblait avoir réellement disparu.

-Vous êtes tombé dans un piège. Nous sommes là pour vous. Il hurla plus fort afin que tous l'entendent, espérant que certains autochtones comprenant le Basic traduisent ses paroles à leurs convives, ce qui ferait sans doute chuter lourdement leur moral.
Ce n'est pas tout. La flotte impériale tient ses canons braqués sur cette ville. Il y a longtemps que nous aurions pu la détruire ! Tout ce que j'ai à faire, c'est d'approcher ma bouche de mon micro et de prononcer quelques mots dans le bon canal.
Du large bluffe. Il ne savait pas du tout si la flotte disposait en ce moment d'un axe de tir, et si elle avait l'intention de détruire cette ville avec les Jedi, les Anx et ses propres soldats à l'intérieur.
Il désigna le grand humain du doigt.
-Je ne sais pas combien vous êtes, je m'en moque, tu vas te rendre avec tes collègues où nous mourrons tous ici. Un impérial ne craint pas de la mort, contrairement aux Jedi capables de sacrifier une ville pour se tirer d'affaire.
Nous ne réclamons que vos deux personnes, ces habitants n'ont rien à se reprocher. Ils seront épargnés, ainsi que leur planète une fois que votre satanée flotte sera anéantie.


Le visage du jeune-homme n'avait jamais été aussi inexpressif. La désolation, la haine et l'indifférence étaient tout ce qu'une âme avisée aurait pu y lire.

-Est ce que les « valeureux » Jedi vont se rendre pacifiquement pour épargner les habitants, ou bien vont-ils tous nous faire périr au nom de leur grand égoïsme ?
Qu'est ce qu'on fait ? Vous vous rendez où je fais exécuter tout le monde avant de demander un bombardement ? Je sais que c'est pénible, mais vous avez vingt secondes pour réfléchir. Et je n'en accepterais pas une de plus.


À la quinzième seconde, un inquiétant bruit de craquement attira son regard au-dessus de lui. Il ne voyait pas distinctement la paroi de la grotte, mais rapidement, il comprit ce qui était entrain de se passer. Le terrible bruit de la fracturation de la roche montait crescendo, puis des tonnes de pierres illuminées dans leur chute par les rayons qui sortaient de la brèche tombèrent droit sur lui. Il se tourna dans la hâte et décampa en sautant aussi loin que possible, atterrissant à l'extérieur du ponton, dans l'eau vaseuse qui lui montait jusqu'aux épaules. D'où il était, il sentit les terribles vibrations du sol qui se mettait à trembler sous l'éclatement des énormes rocs, les uns après les autres. On l'avait berné. La tempête allait s'abattre.

Quelques secondes viennent seulement de s'écouler quand R'win allume soudain les deux lames de son sabre et se met à crier des ordres dans le canal radio. Alors, hurlant comme s'ils chargeaient à la vibrolame, les huit soldats impériaux répartis devant les cinq cases garnies d'enfants et de femelles se mettent à tirer frénétiquement sur leurs otages. Les premiers Anx touchés allaient dans un premier temps se trouver protégés des tirs suivants par les corps de ceux qui s'effondraient sur eux. Certains se couchèrent à plat ventre, les bras sur la tête. Le crépitement continu des blasters, dont les tirs ricochaient parfois sur les murs métalliques, faisaient significativement monter la température de la pièce. Les blessés appelaient leur mère, leurs enfants ou seulement un proche quelconque. Des grenades furent jetées à l'intérieur des maisons pour terminer le travail et s'assurer qu'il n'y ait plus aucun survivants, tandis que certains commençaient déjà à mitrailler les Anx alentours qui essayaient d'arrêter le carnage. L'âme de R'win était définitivement perdue dans les abîmes du Côté Obscur.

Tout se passa tragiquement, et très mal. Tandis qu'il remontait sur le ponton en s'approchant du groupe, il entendit plusieurs paroles défiler dans le canal radio. Mauve-5 alertait de la fuite des Jedi suivit par une centaine d'Anx qui provenaient de la place centrale et d'autres habitacles de la ville. Ils tentaient de grimper sur les maisons pour atteindre le trou béant crée dans la la paroi supérieure de la grotte. Effectivement, celle-ci était basse et les drôles qu'étaient ces aliens pourraient certainement l'atteindre grâce à leur grande taille. Kael était entrain de cracher une panoplie d'ordres à l'intention de Cyan-1, l'une des trois équipes placées en embuscade, afin d'abattre à la grenade un groupe d'Anx qui montait sur le toit d'un bâtiment communautaire. Après avoir confirmé la présence d'un deuxième Jedi au côté des rescapés, le Chironien guida les tirs de Mauve-5, les deux tireurs de précisions, qui venaient de recevoir l'ordre d'abattre tous les Anx qui tentaient de grimper sur les villas flottantes. Ce serait chose faite. Les tirs commencèrent à fuser dans tous sens. À ce rythme, on pouvait sérieusement se demander combien d'Anx allaient s'en sortir. Ces derniers, faisaient offices de cibles en or, éclairés comme ils l'étaient au milieu de la pénombre, par le grand rayon lumineux qui traversait la voûte.
Tandis que Kael appelait la flotte, précisant que les Jedi cherchaient à s'échapper avec des Anx, R'win qui avait rejoint ses huit hommes occupés à canarder les civils en fuite lâcha rapidement un nouvel ordre.

-Sergent, restez groupés et cherchez les survivants dans les maisons. Tuez absolument tout le monde. De son côté, il chercha à atteindre ses ennemis pour les affronter directement et les empêcher de protéger les Anx pris pour cible par les tireurs.

Finis les bagatelles, ce sont maintenant de purs homicides. Les autochtones n'ont rien pour se protéger à part leur hurlement racial. Ils sont dispersés, traversés par la peur, occupés à escalader des maisons.
Les Jedi étaient tombés dans un piège. Depuis le départ, ils étaient à la merci de leurs bourreaux qui détenaient bien trop d'otages pour qu'ils inversent le cour des choses. N'importe quel individu, aussi exceptionnel soit-il, n'aurait pu retourner l'avantage de son côté. C'était le principe d'un piège.
Malgré tout, ces « Gardiens de la Paix » auraient pu négocier la vie des civils en acceptant de se rendre. Ils ne l'avaient pas fait, ce qui convainquait définitivement R'win de ce qu'ils représentaient réellement.
Ce dernier, poussé par la frénésie, se mit à escalader la barricade de pierre, cherchant à surprendre ses ennemis par surprise, tandis que Kael et le reste du commandos s'attelaient à ne laisser personne de vivant dans cette ville.

HRP:
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Les missions se suivaient et ne se ressemblaient pas mais le chemin du jeune maître d'arme semblait être pavé de rencontres avec ses cousins déchus, comme s'il était destiné à combattre ses frères égarés encore et encore dans une éternelle punition. Mais en était-ce vraiment une ? Non, il se trouvait simplement que les opposés finissaient toujours par s'attirer, pour combattre les ténèbres il était nécessaire de faire appel à la lumière et les jedis la représentaient. Ce n'était donc pas étonnant que des jedis soient envoyés pour combattre les siths et inversement, c'était une danse qui débutait depuis le tout premier schisme et qui se terminerait lorsque plus aucun jedi et sith ne serait en vie.
Pourquoi pas l'un ou l'autre ? Parce que l'un ne pouvait pas exister sans l'autre et c'était de là que venait le terme d'équilibre. Aussi longtemps qu'il y aurait des jedis arpentant la galaxie il y aurait, parmi eux, ceux désirant plus que ce qu'ils possédaient et s'abandonnant aux ténèbres pour l'obtenir. Certains pourraient voir cette façon de penser comme du défaitisme ou du fatalisme mais Lorn avait côtoyé suffisamment de déchus ou de jedis marchant sur la corde raide pour en arriver à cette conclusion, il croyait toujours qu'apporter la lumière dans ce monde était la chose à faire mais il n'était pas naïf au point de croire que viendrait un temps où aucun être sensible à la force ne se laisserait corrompre par l'attrait du côté obscur. Cela n'avait rien à voir avec le bien ou le mal mais avec les populations, ce monde était désespérément injuste et de cette souffrance naissait des désirs de liberté et de pouvoir, des désirs d'obtenir ce que telle ou telle personne n'avait pas. Alors que faire ? Plus que de belles paroles il faudrait vivre dans une utopie où personne ne serait malheureux pour que les ténèbres disparaissent à tout jamais et, franchement, cela coûtait au colosse que d'arriver à ce constat.

Mais la naïveté n'était plus de mise et chaque jedi devait constater par lui-même l'horreur de la réalité, les compromis étaient de rigueurs et Lorn combattait bec et ongles pour protéger les faibles et repousser ses cousins corrompus partout où il en rencontrerait. Sa vie était placée sous le signe d'incessants combats et cela lui convenait parfaitement ainsi, il ne s'imaginait pas être autre chose que le bouclier protégeant les faibles face à la barbarie pullulant à travers la galaxie. C'était son rôle et cela lui convenait très bien.

Mais aujourd'hui il ne s'agissait pas simplement de combattre en brandissant son sabre laser et en tranchant dans tout ce qui passerait à porter de sa main, aujourd'hui Lorn représentait l'ordre jedi tout entier comme membre du conseil et on attendait de lui autre chose qu'un guerrier renommé fonçant la tête la première dans la mêlée. Il venait de mettre les pieds dans une situation qui nécessiterait du doigté et, dans son for intérieur, le colosse voyait ceci comme une espèce de test pour le mettre à l'épreuve dans une situation qui ne le mettait guère en valeur. Comment diable pourrait-on savoir de quoi il était vraiment fait, autrement qu'en le sortant de sa zone de confort? L'expérience aurait été excitante, enivrante même si elle ne se faisait pas au prix de vies de nombreux Anx. Le roc d'Aargau avait beau être une arme il n'en restait pas moins le bouclier protégeant les faibles.


En effet les jedis étaient les gardiens de l'équilibre et les protecteurs des faibles, ils étaient envoyés pour régler des situations conflictuelles sans les envenimer ou, dans d'autres cas, pour régler un désaccord avant qu'il ne dégénère en conflit majeur. Des diplomates en robes et tuniques, voilà comment le monde voyaient ces individus nimbés de mystère, des hommes et des femmes mettant la vie de plus faibles avant tout le reste. Et c'était précisément de cette réputation que se servaient les siths pour parvenir à leurs fins, mettant en danger les faibles pour attirer les parangons de la lumière à l'endroit voulu ou se servant des opprimés comme otages pour parvenir à leurs sombres desseins. Bien entendu Lorn méprisait de telles tactiques non pas parce qu'elles manquaient d'honneur, un tel terme n'ayant pas cours sur le champ de bataille, mais parce que cela démontrait une lâcheté sans pareil qui devait être combattue avec la plus grande fermeté.

Ainsi les deux jedis s'étaient-ils introduis dans cette ville souterraine en se faisant violence pour ne pas intervenir face à l'oppression dont les Anx étaient victimes, ces colosses aux crêtes osseuses avaient eu le malheur de résister à la puissance impériale et pour cela ils étaient devenus des otages à la merci des siths. Pourquoi une prise d'otage plutôt que l'éradication de la ville par un bombardement orbital ? Soit ils cherchaient quelque chose ici, soit ils tendaient un piège pour ceux assez stupides ou braves pour se jeter dans la gueule du loup.
Mais, alors que cette idée lui traversait la tête, le jeune maître d'armes s'interrogea sur un point. Tous ces efforts pour un piège, sans savoir qui viendrait à la rescousse ? Tous ces efforts déployés pour deux jedis alors que, pour ce qu'il en savait, quelques escouades des forces spéciales ou des troupes régulières auraient très bien pu être déployées à la place du duo de jedis ? Non, tout cela pour un simple piège n'aurait pas été sage...mais depuis quand les siths étaient-ils connus pour leur sagesse de toute façon ?

Laissant cette question en suspens, sachant pertinemment qu'il aurait la réponse bien assez tôt, Lorn suivit sa compagne qui déploya ses talents pour faire sauter les plombs et faire régner les ténèbres dans la cité enfouie, créant la pagaille parmi les troupes impériales armées de simples torches face à l'obscurité oppressante. Les deux jedis s'unirent donc dans la forcent et demandèrent aux Anx d'unir leurs voix pour faire face à l'oppresseur, la voix d'un Anx suffisait à faire vibrer les os et il était donc inutile de dire ce qu'une centaine d'Anx pouvait faire ensemble.
La tempête fut terrible et elle immobilisa temporairement les soldats impériaux, chose qui étonna d'ailleurs Lorn qui s'attendait à en voir plusieurs à terre sous l'effet de l'immense vibration mettant leurs corps à rude épreuve . Ces hommes étaient-ils des surhommes ? Non, alors comment expliquer leur indifférence face à cette attaque, là où tous les autres auraient été neutralisés par la violence de ces vibrations combinées ? Lorn ne savait l'expliquer et ce manque de réponses commençait doucement à l 'agacer.

Chassant ces vaines pensées de son esprit pour se concentrer sur l'essentiel, le maître d'armes fit une entrée remarquée en sentant sa camarade non loin de lui, prête à l'assister et à agir depuis les ombres car elle était la plus douée des deux dans ce domaine. Sabre à la main, les yeux braqués sur celui qui semblait donner des ordres, Lorn offrit à ces impériaux une chance de sortir d'ici en vie mais son interlocuteur cracha sur cette proposition sans regret. Alors qu'il était sur le point de débuter les hostilités, soulagé à l'idée d'en finir de la façon la plus directe possible, le colosse soupira en entendant son interlocuteur débuter son interminable speech moralisateur.

« Encore un autre qui aime trop s'écouter parler. »

Ce n'était pas la première fois que Lorn croisait la route d'un sith ou autre cousin égaré et tous semblaient adorer s'écouter parler, ils semblaient si fiers de leurs discours à rallonge que cela en devenait presque risible. Ils étaient donc là pour deux jedis ? Deux jedis qui, la veille encore, ne savaient pas qu'ils allaient être déployés sur cette planète, alors que ces hommes étaient arrivés bien avant eux ? Conneries oui, ce crétin aux bandelettes essayait de justifier ses exactions du mieux qu'il pouvait mais cela ne prenait pas, il voulait se donner le beau rôle en forçant la main des jedis de la seule façon qu'il savait : la ruse et la perfidie.
Les discours des siths étaient toujours passionnés et créés pour provoquer les jedis, c'était ainsi que cela fonctionnait mais malheureusement les piques de l'homme aux bandelettes n'eurent aucun effet sur le roc d'Aargau qui n'en était pas à son coup d'essai.
Laissant son interlocuteur poursuivre son interminable discours sans montrer la moindre réaction, sachant pertinemment qu'une réaction était justement ce que cherchait cet homme, Lorn finit par prendre la parole d'un ton sec et cassant.

« Tu as fini ? Tu veux revoir un peu la cohérence de ton discours ? Non parce que menacer de raser une ville et m'assurer que la planète sera épargnée, abattre les habitants un à un et me certifier que les Anx n'ont rien à se reprocher, c'est à croire que tu agis et réfléchis après. Mais je ne serais guère étonné venant d'un sith. »

Lorn n'était pas le plus habile avec les mots mais il était connu pour ses discours francs et cassants, aujourd'hui ne ferait pas exception à la règle. Ce sith d'opérette voulait pousser les jedis à négocier mais faisait tout pour les pousser à le haïr ? Il y avait mieux comme méthode de négociation. Le maître d'armes reprit donc son discours, sentant sa camarade prête à agir.

« C'est ça ton ultimatum ? Nous capturer ou les tuer tous ? Sachant que vous les tuerez dans les deux cas, soyons honnêtes, je vais te dire quelque chose. Tu as perdu le droit de négocier le jour où tu es venu dans cette ville l'arme à la main, abattant ceux qui désiraient lutter pour leur liberté. Tu as perdu le droit d'exiger quoi que ce soit le jour où tu as débarqué sur cette planète avec ta troupe de bras cassés. Mais comme je suis dans un bon jour je vais te faire une autre proposition.»

Laissant un petit silence s'installer le temps de choisir ses mots, rassemblant ses pensées en une masse cohérente et compréhensible pour tous, il lâcha finalement :

« Nous allons partir d'ici, avec tous les Anx, en te laissant seul avec ton petit coup de bluff minable. J'aimerai voir ta tête quand tu vas devoir expliquer ton échec à ton patron mais, fort heureusement pour toi, j'ai autre chose à faire de ma journée que de parler à un idiot qui tue aveuglément et espère négocier après avoir perdu toute crédibilité. Donc, si tu veux bien m'excuser, on va y aller. »

À ces mots le colosse joignit son esprit à celui de son aimée pour appuyer l'effort de cette dernière le plafond se mit à trembler grâce à l'effort combiné des deux maîtres, quelques secondes plus tard, le ciel tomba littéralement sur la tête de toute l'assistance, les roches et débris s’amoncelant en deux parois bien distinctes, isolant ainsi les maisons et les otages des soldats alentours. Pour le coup maître Von après très bien joué son coup, entourant volontairement les otages de parois rocheuses à même de les protéger des tirs qui fuseraient très bientôt. Lorn aurait pu prendre le temps de remercier sa camarade pour son timing impeccable alors qu'il se remettait juste de son dos, cependant le temps pressait et il savait pertinemment que cette barrière rocheuse ne durerait pas éternellement. Aussi, fort de leur expérience et de leur cohésion, les deux jedis s'attelèrent au sauvetage des femmes et des femmes installés dans 5 maisons tout près d'ici. Comment ? En faisant preuve de finesse mais surtout d'un peu de sournoiserie, en optant pour une approche à laquelle le maître d'armes n'était pas du tout habitué.


N'ayant pas le don d'ubiquité il était illusoire d'espérer pouvoir agir dans toutes les maisons en même temps mais, à défaut de ne pouvoir être à plusieurs endroits à la fois, les jedis pouvaient « demander » à d'autres d'agir en leur nom. Comment ? Un peu de persuasion, un brin de contrôle mental et vous voilà avec un soldat impérial agissant à votre place...bien que ce soit clairement plus facile à dire qu'à faire.
L'important était de pénétrer l'esprit sans trop l'écraser car c'était la méthode des siths, en unissant leurs esprits au sein de la Force Alyria put montrer à Lorn la voie et celui-ci rapprocha son esprit du premier soldat impérial, pénétrant son esprit pour le persuader de retourner son arme contre son camarade planté là, à quelques pas de lui. Certains s'offusqueraient de cette fourberie mais le but était plus de blesser que de tuer ces hommes, ce n'était pas du ressort des deux jedis de décider si ces soldats méritaient ou non la mort mais c'était leur rôle de limiter les pertes au maximum...d'un côté comme de l'autre.


De par des origines l'épicanthix était immunisé contre toute forme de contrôle mental aussi ne savait-il pas ce que cela faisait que d'avoir quelqu'un dans sa tête mais, en pénétrant l'esprit du premier soldat, il ressentit l'écho de la surprise de l'infortuné parcourir chaque fibre de son corps et remonter jusqu'à son cerveau. Dire que c'était déplaisant aurait été l'euphémisme de l'année, cependant le maître s'efforça de repousser cette gêne pour se concentrer sur la tâche, il ressentit donc le contrôle exercé par sa camarade qui fit pivoter le soldat avant de mitrailler son camarade qui ne tarda pas à s'écrouler par terre. Ne coupant pas pour autant le lien avec le soldat, les deux maîtres s'attelèrent à répéter l'opération en faisant pénétrer leur petite marionnette dans la maison suivante mais, malheureusement, l'un des deux soldats fut un peu plus vif d'esprit et abattit la marionnette au moment où plusieurs tirs criblaient sa carcasse.

Bien sûr que le colosse n'était pas fier de manipuler les gens de cette façon mais contrôler un soldat pour le faire blesser ses camarades était toujours préférable à voir des familles entières se faire massacrer comme des moutons envoyés à l'abattoir.
Alors que le chaos régnait tout autour d'eux les membres du Conseil s'évertuèrent à répéter l'opération dans la maison suivante, chassant la fatigue qui embrouillait leurs esprits et engourdissait leurs corps. Plusieurs échanges de tirs de blasters éclatèrent dans les maisons restantes jusqu'au moment où une mère Anx prit son courage et son instinct maternel à deux mains, profitant de l'action des deux jedis pour se lever et bousculer violemment le seul garde restant dans cette maison.
Oh oui le soldat avait un beau fusil blaster flambant neuf mais il faisait face à un colosse de 4 mètres de haut, cela revenait à voir un enfant avec un couteau tenter de s'opposer à un adulte : l'issue fut sans appel pour l'impérial. À quoi avait bien pu penser cet homme aux bandelettes en détachant uniquement 8 soldats contre des individus qui les dominaient largement sur le plan physique ? Sous-estimer las Anx, hommes, femmes ou enfants aura été sa première erreur. Sa seconde ? Diviser les otages en groupes, dispersant ainsi ses forces en isolants ses soldats avec la possibilité que les rôles soient inversés, transformant ainsi les soldats en otages au moindre imprévu.


L'éternel duo cessa sa session de marionnettiste lorsqu'un seul garde resta dans la dernière maison. La respiration lourde et haletante, des gouttes de sueur perlant le long de son visage, le roc d'Aargau rassembla ses maigres forces et se rua dans la dernière maison, l'arme à la main, séparant la tête du garde de ses frêles épaules avant qu'il n'ait pu presser la détente. Alors qu'il sentait déjà les tirs impériaux attaquant les protections rocheuses établies par la demoiselle, le colosse tendit la main aux Anx et leur demanda de le suivre, ce qu'ils firent sans se faire prier et bientôt ce fut une colonne entière de géants qui se rua à travers l'ouverture créée dans le seul but de retrouver une liberté payée chèrement.

C'était loin d'être gagné et le maître d'armes le savait, il ne se reposerait que lorsque tous les Anx seraient à bord de leur vaisseau et en route pour un endroit plus sûr mais, en attendant, ils devaient prendre la fuite en espérant que le transport ne tarde pas à arriver. Frappant sa jambe gauche de sa main libre, sentant celle-ci trembler sous l'effet de la fatigue gagnant du terrain, Lorn leva la tête pour voir quelques grenades être lancées en cloche par-dessus les parois rocheuses, sans doute dans le but de faire de faire autant de victimes que possible mais, fort heureusement, la demoiselle à la crinière de feu avait encore assez de jus pour se servir de la Force afin de renvoyer ces objets à l'expéditeur.

Tir après tir la roche commençait à faiblir et bientôt quelques tirs fusèrent à travers les ouvertures de plus en plus nombreuses, un tir réchauffa même le beau visage du colosse en passant à quelques centimètres de sa joue, lui rappelant ainsi qu'il était aussi mortel que n'importe qui ici, sabre laser ou non. Serrant les dents tout en dégaina sa seconde lame, se positionnant comme un barrage face aux tirs visant les Anx, le jedi se rapprocha de l'esprit de sa camarade pour lui demander de mener le colonne de réfugier pendant qu'il s'occuperait de l'arrière-garde.
Un par un les réfugiés avancèrent donc en direction du point de rendez-vous, la peur au ventre pendant que le duo le plus terrible de tout l'Ordre jedi s'occupait personnellement de leur protection.

Si le maître Vocklan était surnommé le roc ce n'était pas un hasard, sa maîtrise exceptionnelle du Soresu faisait de lui un formidable bouclier contre toutes les attaques venant dans sa direction.
Plus aucun Anx ne mourrait aujourd'hui. Pas ici, pas sous sa garde. Que cet homme aux bandelettes s'approche, qu'il vienne en personne se frotter à un maître jedi sans se cacher derrière ses soldats et l'épicanthix se ferait une joie de lui faire ravaler son arrogance à coup de sabre laser. Enfin non, pas vraiment une joie mais vous m'avez compris.

Spoiler:
Invité
Anonymous
L’existence de tout être n’était pavée que de choix, exactement comme le pire des enfers. Seuls les enfants et les naïfs imaginaient que la plupart de ces décisions ne seraient pas douloureuses. En vérité, chaque moment d’une vie était le prolongement d’une infinité de variables qui avaient mené à une situation inextricable, laquelle appelait à trancher fermement, dans un sens ou dans l’autre. La demi-mesure n’existait pas, du moins, elle conduisait à une impasse qui venait à l’annuler. On pouvait temporiser, palabrer, délayer … A un moment, agir devenait une nécessité, pour soi et pour les autres. Là venait le principe de la souffrance des êtres sensibles à la Force, car avec de plus grandes possibilités venaient fatalement des responsabilités plus importantes : plus les enjeux devenaient élevés, plus le choix prenait de l’ampleur. Certains auraient pu s’étonner qu’Alyria et Lorn ne soient pas des diplomates, pas ces agneaux auxquels beaucoup pensaient en s’imaginant un maître jedi. Et pourtant, en vérité, tout leur parcours avait été motivé par le soin de savoir prendre le bantha par les cornes, comme tous les membres du Conseil. A cet instant précis où des vies se trouvaient en danger, en partie à cause de ce qu’ils avaient décidé, la maîtresse d’armes ne regrettait rien : ils avaient, en conscience, analysé leur infériorité numérique écrasante, le nombre de victimes potentielles et les ressources dont ils disposaient, à savoir aucune hormis leur propre ingéniosité. Ils n’avaient rien à négocier, surtout à un adversaire largement supérieur en termes d’hommes dispersés dans toute la ville. Après la Chancellerie, la gardienne avait appris les bases de tout échange, et cela impliquait d’avoir quelque chose à proposer. Sinon, ce n’était que du temps de perdu. Or, les Anx n’avaient pas de temps, menacés qu’ils étaient. Les actions des siths prouvaient a posteriori à quel point cette stratégie aurait été futile : manifestement, l’Empire ne souhaitait pas prendre Gravlex Med, mais l’annihiler. En tout cas, les supérieurs de leur armée avaient jugé bon d’envoyer quelqu’un de suffisamment dévoué pour exécuter à la lettre des ordres iniques, ou bien d’assez dérangé pour faire comme bon lui semblait, au détriment des répercussions politiques, car cette tentative de massacre en aurait. Si la jedi en réchappait, elle se faisait la promesse de répandre dans la galaxie, en usant de ses connexions en haut-lieu si nécessaires, les méthodes impériales de pacification des villages occupés. Nul doute que le reste des mondes neutres apprécieraient ainsi que la République. Cependant, un assaut frontal n’aurait pas non plus été possible : les deux maîtres étaient certes puissants, ils demeuraient faillibles, et si l’ennemi avait divisé ses forces, il aurait été complexe de vaincre quinze soldats eux-mêmes séparés en deux groupes de sept et huit sous le feu des autres unités qu’ils avaient ressentis dans la Force. Non, décidément, progresser dans l’ombre puis analyser la situation avait été obligatoire … Avant de poser un jugement sur la situation et agir en conséquence. Bien sûr, il y aurait des victimes. Alyria ne se leurrait pas. Elle ne serait pas assez rapide pour tout circonscrire, évidemment, et Lorn non plus. Au vu néanmoins des ordres donnés jusque-là par leurs opposants, néanmoins, ne rien faire serait encore pire. Alors, la mort dans l’âme, la trentenaire avait voulu tout tenter, quitte à se tuer, pour ne rien regretter. A l’image d’Icare Manteer au moment de bombarder la flotte impériale au-dessus de Dubrillion, causant des dommages irréversibles à la planète et par-là même à ses habitants, de Sai Don tuant un sith sur le parvis du Sénat et mettant en danger tout l’Ordre, elle avait jugé avec son compagnon que certaines causes méritaient d’être conduites jusqu’au bout. Désormais les dés étaient jetés. Et advienne que pourra. Ils avaient joué, et savaient parfaitement qu’ils ne gagneraient pas. Le fait était que, malgré tout, ils n’avaient pas encore perdu.

Les deux jedis n’avaient pas le don d’ubiquité, et Alyria en était douloureusement consciente. Sauver tous les otages tenait donc de la gageure … quand ils n’étaient que deux à pouvoir influencer sur le cours des événements. Elle avait mené la première vague de survivants en haut, mais il était urgent de redescendre, car la suite s’annonçait autrement plus ardue. Pour autant, les éboulis avaient permis de circonscrire la menace immédiate des sept hommes entourant celui qui paraissait être le chef en les mettant à distance pour un tout petit moment, car la barrière de fortune ne survivrait pas à un assaut en règle … Ou même à un usage intelligent de la télékinésie par un être qu’elle devinait sans mal maîtriser la Force, au vu de son sabre. Ils handicapaient également les troupes disséminées dans la ville pour intervenir, du moins autant que les deux jedis pouvaient l’envisager, maintenant que l’effet de l’obscurité devait avoir été contré et qu’aucun d’entre eux n’était plus masqué par les ombres, car il était à douter que les siths n’aient rien fait pour circonvenir le problème. A vrai dire, il était même étonnant que le courant n’ait pas encore été rétabli en mettant en fonctionnement un générateur de secours. Surtout, le point de chute, aux coins de la place principale, permettait d’enfermer les preneurs d’otages des maisons avec les deux jedis. Restait à profiter de la situation au maximum. Des êtres moins expérimentés se seraient précipités dans la première habitation, et ainsi de suite. C’était là une erreur cruelle, car ils n’étaient que deux … pour plusieurs endroits à investir. Une fois encore, l’opposition présente n’était pas constituée de deux jeunes chevaliers impétueux, mais de maîtres jedis qui n’en étaient pas à leur première bataille, bien au contraire … et avaient de surcroît une expérience non-conventionnelle qu’ils étaient prêts à mettre au service de leurs objectifs. Quand Lorn joignit son esprit au sien, la demi-echanie sut ce qu’il désirait qu’elle fasse. Il n’ignorait rien des pouvoirs qu’elle avait développé au cours de son passage à la Chancellerie, et surtout du plus controversé d’entre eux : le Contrôle des esprits. Pis, il savait parfaitement les effets de son usage pour avoir fait équipe avec Léonard Tianesli sur Aargau quand ce dernier avait soumis un guerrier sith à son emprise en tordant son cerveau jusqu’à la soumission. Y recourir avait toujours été considéré par la maîtresse d’armes comme une solution de dernière extrémité, quand les enjeux devenaient trop importants, ainsi qu’elle l’avait fait sur Sy Mirth pour éviter un bain de sang en coupant les effets d’un militaire très porté sur la violence. Cet instant relevait de ces moments précis où tout bascule, et où, au nom d’une finalité qui les dépasse, des vies qui dépendent d’eux, certains jetaient leurs ultimes forces dans la bataille.

Soutenue par Lorn, se gorgeant de sa présence bienveillante, de son esprit qui lui était si précieux, de sa marque dans la Force qui la nourrissait, l’emplissait, la pénétrait, ravivant ses sens émoussés et son corps meurtri, Alyria propulsa son esprit en avant, trouvant sa cible innocente sans s’appesantir réellement sur le choix à faire. Ils étaient deux dans cette maison. Pourquoi celui de droite, et pas celui de gauche ? La Force, ou le hasard, l’appellation importait peu finalement, en avait décidé ainsi. Cet homme ressentait la peur d’être face aux Anx, l’excitation de faire ses preuves, la crainte de ne pas être à la hauteur, la jalousie envers son chef plus gradé qui patrouillait devant les otages … Tant d’émotions mauvaises, contradictoires, qui craquelaient ses défenses mentales sans qu’il ne le sache, offrant l’appui rêvé à ceux qui voudraient le faire plier. L’intrusion fut brutale, rapide, violente. Il ne s’agissait pas d’un contact amical. C’était une bataille qui se jouait, entre deux esprits qui se soutenaient, et un qui sombrait. Sous la douleur, le malheureux trébucha, son arme lui échappant. L’autre se retourna, avant de décrocher son comlink qui vibrait pour une communication de l’extérieur. Et pendant ce laps de temps si crucial, l’ancienne Chancelière usa de tout ce que son expérience à la tête lui avait appris de plus délétère. Elle vogua dans cet océan de pensées brisées, l’entourant d’une poigne de fer, tandis que des larmes coulaient sur ses joues, à plusieurs mètres de là, tant sous l’impact de la souffrance ressentie, de l’effort consenti, que de l’horreur que l’acte lui inspirait. Mais son avancée était implacable, et un bras qui n’était pas le sien mais qu’elle contrôlait ramassa maladroitement son arme, la braqua sur son collègue … et tira. Faiblesse de sa part ou bien impossibilité à soumettre entièrement cet autre être vivant qui tentait de se rebeller ? Sans doute un peu des deux, en tout cas, elle eut clairement la sensation que le tir n’avait pas été mortel, seulement incapacitant temporairement, suffisamment pour que l’homme s’écroule par terre, probablement touché à la jambe ou au thorax. Les Anx contemplèrent ce coup du sort avant que les mères ne comprennent que la voie était libre et ne commencent à fuir. Alyria ne s’en préoccupa pas. Les autres otages étaient en danger. Le sang battait, bourdonnait à ses tempes, alors que la sueur coulait à son front, et que certains tirs s’infiltraient déjà dans leur barricade de fortune. L’un d’entre eux manqua l’atteindre de peu, ramollissant son contrôle. L’homme tenta de s’en défaire, et seul l’appui de Lorn qui le désarçonna lui permit de reprendre l’avantage. Plus déterminée que jamais, elle contraignit sa victime à sortir de la maison pour se précipiter dans la suivante. Son premier tir s’écrasa au plafond, conséquence de son emprise imparfaite, donnant aux autres la possibilité de toucher sa marionnette. La surprise la sauva … pour un temps du moins, mais suffisamment pour donner la possibilité de riposter, tandis que des tirs éclataient de toutes parts et que le chaos emplissait la caverne. Vite, il fallait faire vite … La jedi serra les dents, et son esprit força l’être sous son contrôle à appuyer sur la gâchette. Un soldat s’écroula. Le second fut mis en joue … et la maîtresse d’armes tomba à genoux, tant la violence du choc fut atroce, expulsée de la tête qu’elle avait empruntée au moment où cette dernière explosait de concert avec son ultime victime.

Ressentir la mort d’un être avec qui elle s’était liée avait été une abomination. Subir celle d’un homme qu’elle avait conduit à sa perte fut au-delà de tout ce qu’elle avait précédemment vécu. Sourde au monde qui l’entourait, elle ne put rien faire quand une grenade passa par-dessus l’éboulis, blessant plusieurs Anx non loin d’elle, ni quand un tir fusa et la toucha au bras. Elle en devenait même insensible à sa propre douleur, tant elle hoquetait, sincèrement horrifiée par ce qu’elle venait de traverser. Et pourtant, elle ne devait pas craquer. Sa santé mentale chancelante se raccrochait à cet espoir, de sortir vivant de cet enfer, de convoyer le plus d’Anx avec eux. Et surtout, la présence mentale de Lorn demeurait à ses côtés, plus vibrante que jamais, son phare au milieu du désespoir. Il était sa lumière, ce qui la portait, ce qui lui avait permis de ne pas perdre pied quand elle avait été mutilée, quand le meurtre de Valérion Scalia et la Chancellerie avaient failli la mener à l’irréparable, quand elle avait été vulnérable. Il était son roc, son horizon, son passé et son futur. Le sentir auprès d’elle, c’était se sentir aimée, rassurée, portée par un idéal qui la dépassait, pour lequel tous deux se vouaient. L’épicanthix avait toujours été son Roc, mais elle ne l’avait jamais ressenti avec une telle acuité, une telle force. Quand elle n’en pouvait plus, il lui montrait qu’aller au bout d’elle-même était possible. Pour lui, pour l’Ordre, elle avait été prête à faire l’ultime sacrifice sur Dubrillion. Il n’en irait pas de même aujourd’hui. Elle se redressa … et chercha une seconde victime qu’elle trouva rapidement, une grenade à la main sur le point d’être dégoupillée. La femme arrêta son geste, et la grenade tomba par terre, non utilisée. Son comparse se retourna, surpris par ce bruit derrière lui, aux aguets ... mais rien ne pouvait prédire la trahison d’une collègue qui avait été de toutes les campagnes avec lui, d’une amante de certains soirs. Le blaster s’éleva, tira, et Alyria eut l’impression de trancher une histoire si semblable à la sienne d’une pression mentale qui lui arracha un cri de douleur psychique, surprenant les Anx autour d’elle. La jedi était au supplice, et pourtant, continuait, presque aveuglée. Une autre grenade fusa vers un Anx qui grimpait, le fauchant dans son effort. Le saurien s’écrasa lourdement au sol, projetant des débris et de la poussière qui achevèrent de la maculer de saleté, se mêlant aux brûlures sur sa personne pour constituer un tableau saisissant d’une joute qui se déliait, de la mort et de la vie qui tentaient de coexister férocement dans cet antre de la terreur. Déjà, la gardienne éloignait la femme de sa maison de cantonnement, laissant les otages déferler à l’extérieur, pour l’envoyer comme précédemment à côté … et assister au massacre du garde par une femelle qui avait décidé de se rebeller face à l’indicible, lumière d’espoir dans cet océan de tristesse. Sa connexion avec Lorn s’amenuisât, et Alyria devina qu’il était parti aider les dernières femelles à se débarrasser de leur geôlier. C’est alors qu’un tir en cloche atteignit sa propre prisonnière, tranchant le fil de sa vie, expulsant pour la seconde fois la jedi qui, sans l’apport de l’épicanthix, chuta lourdement au sol, se tenant la tête dans ses mains. Pourvu que tout s’arrête … que tout finisse … une grenade chut à son côté, lui éraflant violemment le bas de la jambe. La douleur fut insupportable … et paradoxalement salutaire, rappelant à la jedi que d’autres combats étaient encore à mener. Se relevant une ultime fois, la jedi regarda les Anx qui s’échappaient malgré tout … et reprit courage. Sa détermination n’était plus à prouver. Son corps avait enduré pires avanies. Elle tiendrait bon. Elle survivrait, se battrait jusqu’à la fin, jusqu’à ce que tous ceux qu’ils pourraient sauver soient à l’abri. Les larmes coulaient toujours sur son visage, traçant leur sillon délicat sur son visage encrassé, telles les perles de lumière roulant dans la fange de la dévastation. Elle n’en avait cure. Elle était prête. Quand trois engins explosifs parvinrent à franchir leur maigre barricade, elle se concentra uniquement sur la Force, remontant son cours jusqu’à revenir sur Aargau, où elle avait sauvé la vie de Grendo S’orn en écartant une grenade du même type d’une Vague de Force. Alyria s’immergea dans ce flot ondulant de souvenirs mêlés et de présent qui se mélangeaient, pour une fois dans son existence, elle l’adepte de la Force Vivante, puisant ardemment dans son être le plus profond et … dispersa les grenades, ébréchant au passage l’éboulis. Aussitôt, les tireurs s’engouffrèrent dans le passage, mitraillant tout ce qu’ils pouvaient à travers l’ouverture. Certains impacts trouvaient l’une des lames de Lorn pour les arrêter, d’autres sa propre arme … voir leurs corps, offerts pour protéger les Anx.

La défense d’Alyria reposait avant tout sur sa haute maîtrise du Makashi, dont une version dérivée permettait de repousser les tirs nettement mieux que les bases de la forme II. Pour autant, elle n’avait jamais été particulièrement douée là-dessus, et ses suffisances se reflétaient aisément quand elle préférait esquiver les canonnades plutôt que les renvoyer, contrairement à un adepte du Djem So comme Lorn qui évoluait aisément. Du coin de l’œil, pour autant, elle ne cessait de suivre la progression des Anx, et, après un coup d’œil à son compagnon, prit sa résolution. Elle commença à grimper … et trébucha lamentablement. Son organisme était à bout, et elle n’osait tenter de se guérir de peur d’atteindre ses limites avant que le pire soit passé. Alors qu’elle s’apprêtait à intervertir leurs rôles, de crier à l’épicanthix de la laisser sur place s’il le fallait pour se faire pilonner et offrir le répit tant attendu pour permettre aux sauriens de s’enfuir, la demi-echanie sentit un poids derrière elle … une corne … avant de se faire soutenir par cette dernière, l’aidant à avancer péniblement. Un Anx l’aidait ! Remerciant silencieusement ce bienfaiteur qui venait en aide à sa prétendue sauveuse, la jedi progressa vers la sortie, avant de se retourner une fois son pied sur la terre spongieuse … et de constater que son appui inespéré était Horox Vaunk. Alors, dans une scène miroir de sa précédente ascension, Alyria souffla :

« Merci … »

Doucement, elle regarda les alentours : ceux qui regardaient vers l’horizon, ceux qui tremblaient, ceux qui pansaient leurs blessures et se réconfortaient auprès des leurs. Plus question de redescendre. Elle n’en avait tout simplement plus la force. Quand elle eut la sensation que plus personne n’était en bas, ou que du moins il ne restait plus qu’une dernière colonne, Alyria souffla doucement :

« Venez. »

Et les Anx survivants s’engouffrèrent dans la jungle, retrouvant leurs marques dans cet environnement qu’ils connaissaient mieux que la jedi, finalement, tandis qu’elle jetait un coup d’œil angoissé sous terre, se demandant si Lorn avait tenu, attentive à toute nouvelle arrivée, descendant parfois de quelques mètres pour détourner des tirs rasant le plafond et protéger l’ascension des derniers géants de Gravlex Med. Au sol, sinistres rappels de son impuissance, les cadavres de ceux que les deux maîtres n’étaient pas parvenus à sauver gisaient, pitoyables carcasses de ces seigneurs de la nature qui avaient fait trembler les murs, la lorgnant de leurs yeux morts grands ouverts et accusateurs. Curieusement, ses larmes s’étaient taries. Ne restait plus dans le vide de sa conscience que la froideur de la solitude, l’horreur des gestes accomplis … et le sentiment d’avoir trop perdu pour ne pas avoir assez gagné. Non, il n’y avait pas de demi-mesures … et pas de demi-victoires, car pour un jedi, chaque vie perdue était une défaite. A cet égard, Alyria avait perdu plus que n’importe quel autre jedi. Elle était un chantre du revers, une incarnation de la débâcle. Elle était l’ombre qui accompagnait la mort … Car telle était la voie des gardiens. Et parfois … Telle était la voie des jedis. Il n’y avait pas de choix facile, pas de décision bonne ou mauvaise. Il y avait des actes, et leurs conséquences, aussi funestes soient-elles. La jedi avait appris à vivre avec ces échecs : avec Byss, avec Dubrillion, avec Aargau. Elle vivrait désormais avec Gravlex Med, car un peu de son être était mort aussi dans cette caverne.

La Main Brisée venait d’émietter son cœur, pour le plus grand bien.

Spoiler:
Le Masque de la Force
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La cité dissimulée des Anx est complètement dévastée. De nombreux cadavres de ces imposantes créatures jonchent le sol et seulement une cinquantaine parvient à suivre les Jedi dans leur fuite désespérée vers l’extérieur du cirque. Après le déluge provoqué par les Maîtres, Kael, R’win et leurs hommes encore en vie mettent plusieurs secondes à réaliser ce qu’ils viennent d’accomplir : ils ont survécu à deux maîtres Jedi, du Conseil qui plus est. Est-ce la Force qui a influencé le destin, ou bien le doivent-ils à leur ingéniosité et leur persévérance ? Ils y réfléchiront plus tard : pour l’instant, ils peuvent librement envoyer les coordonnées approximatives de la position des Jedi et des Anx, ainsi que la leur propre à leur hiérarchie. Après tout, des membres de leur flotte, à travers l’espace et le ciel, peuvent se charger de mettre un terme à cette tentative désespérée de fuite…

Conscients du risque qu’ils viennent de prendre, Alyria et Lorn courent à travers la jungle dans une direction opposée à celle de la cité, en espérant pouvoir atteindre, dans quelques heures, le bord du cirque Shusu. Quelques heures ! Ils ont conscience que cela est bien trop conséquent. Et tant d’Anx sont morts dans cette confrontation… Cela leur laisse un goût amer dans la bouche, un échec qu’il leur faudra psychologiquement surmonter, si du moins ils sortent de ce piège vivants…




Rwin O’arr et Kael Yemenwo remportent l’affrontement.

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