Le Masque de la Force
Le Masque de la Force
Messages : 5464
Eclats Kyber : 0
Depuis Sy Myrth, le voyage a été long (et compliqué) mais voilà enfin que le Maître Jedi Icare Manteer débarque sur Felucia. La flore magnifique de ce monde contraste follement avec son histoire douloureuse de ces dernières années. Il y a deux ans, Felucia a été le théâtre d’une attaque préparée par le terrible Borenga. La planète alors impériale à l’époque a été sauvée par l’action conjointe des Jedi et de la République, et Felucia a proclamé dans la foulée son indépendance pour sortir du joug de Darth Ynnitach.
Cependant, c’est le chaos qui règne depuis lors. Felucia ne parvient pas à retrouver une stabilité ni économique, ni politique. En cause, les industriels locaux qui, spécialisés dans la production de champignons de toute sorte, très vendables sur le marché pharmaceutique partout dans la galaxie, s’arrachent les territoires et font une pression sur le nouveau gouvernement. Certains pensent qu’appartenir à l’Empire promet une stabilité des ventes et une protection en cas de coup dur, alors que d’autres militent pour un libéralisme fort : une indépendance tant vis-à-vis des impériaux que des républicains, ce qui leur permettrait de faire monter les prix des produits au maximum. Mais leurs opposants craignent que cette montée en valeur ne se traduise par un nouvel assaut impérial… Bref, le gouvernement local est incapable de tout consensus.

Le Maître Jedi, lui, débarque sur ce qui lui paraît – en dehors de ces conflits politiques – être une planète paisible, avec une population qui respire la joie de vivre mais qui vit toujours sous l’épée de Damoclès : cette guerre qui ravage une partie de la galaxie… Et ils ne sont justement pas positionnés dans la zone la plus détachée de tous ces évènements. Tout ce qu’ils demandent, en somme, c’est la paix…

Darth Senjak, elle, a pu tisser quelques liens intéressants lors de son excursion sur Felucia, l’année précédente. Des sources proches du gouvernement lui ont appris la visite programmée d’un maître Jedi – et pas n’importe qui : un maître du Conseil, qui doit rencontrer le gouvernement. Pourquoi au juste ? Elle n’en sait rien. Ce qu’elle sait, c’est qu’il n’agira certainement pas dans le sens de l’Empire. Il est donc peut-être tant qu’elle revête son rôle d’analyste pour enquêter… Et déjouer peut-être les plans du Maître.
Elle arrive près du bâtiment principal du gouvernement quelques minutes à peine après qu’Icare Manteer ait été accueilli par Galixto Breen, le chef du gouvernement provisoire de Félucia qui semble attendre beaucoup du Jedi dans cette crise qu’il ne parvient toujours pas à gérer… Darth Senjak va-t-elle se montrer pour prendre part aux négociations ou agir dans l’ombre ?

Pour rappel, des informations sur certains personnages importants de Felucia sont disponibles dans le descriptif de cette mission : [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien].



Seuls les joueurs Icare Manteer & Darth Senjak peuvent intervenir dans ce sujet. S’agissant d’un RP de stratégie, vous serez départagés sur la qualité d’écriture de votre RP, la pertinence, l’originalité et le réalisme de votre argumentation et de vos propositions ainsi que votre fair-play vis-à-vis de vos adversaires.
Ordre de post : Icare - Senjak.

Invité
Anonymous

Détachement,

Sourde anticipation, tranquille frénésie, sincère indifférence.

Loin du chaos sanglant du siège de Gravlex Med, loin des Anx expirant, des Jedi résistant, des Alsakani s’obstinant, le Dragon de Dubrillion respirait de nouveau. Arraché aux tranchées, aux duels de volonté, de patience et d’endurance, aux luttes sanglantes des multiples assauts armés contre sauriens désarmés, dépassés, il voguait vers une nouvelle mission – une qui saurait le guérir de la flétrissure inhérente aux combats, pour en lui germer la corruption intrinsèque aux manœuvres politiques, diplomatiques.

Lorsque le Conseil lui avait assigné la défense de la planète, la responsabilité du secours accordé à ses habitants, il ne s’était guère inquiété – à ses yeux, et à ceux de la trentaine de Jedi qui l’avaient accompagné, il ne pouvait s’agir que d’une mission rapide, éclair. Soit ils allaient perdre, échouer, soit ils allaient gagner, l’emporter, repousser les hordes impériales. La dichotomie était simpliste, évidente, aisée à prédire – pourtant, elle s’était révélée inexacte. Ce qui aurait dû être une victoire triomphante pour l’Empire ou une réussite tacite pour l’Ordre et la République s’était enlisé, revêtant la forme abjecte du gâchis. Les victimes était innombrables ; les dommages, colossaux. Piégés dans une spirale perverse, n’arrivant jamais à se dégager et à obtenir l’avantage, autant ceux qui s’étaient portés au secours des Anx que ceux qui fomentaient les charges avaient encaissé des pertes grandissantes. Au nom de puissances rivales, Sith, Jedi, Alsakani et Anx s’étaient entre-tués, creusant lentement la tombe d’une civilisation millénaire dont les fondements physiques n’étaient que superficiellement attaqués. Au fil des semaines, un relai s’était installé, les Jedi se faisant remplacer, épuisés, par certains de leurs collègues tout justes arrivés – mais le briscard, lui, s’était obstiné. Si le découragement et la lassitude l’avaient accablé dès son entrée dans le système visé, ces deux sentiments n’avaient été que décuplés par le temps s’écoulant, amplifiés par un épuisement généralisé. Des semaines passés au front, à organiser, à modérer, à guerroyer, et le vieillard de cent-soixante ans aurait été prêt à accepter n’importe quelle autre assignation, pourvu qu’il ait été convenablement remplacé. Une bile tenace s’était mélangée à sa salive : celle du dégoût, de l’amertume et de la tristesse devant les vies perdues – perdues, mais jamais gaspillées. Après tout, le sacrifice dans le but de terrasser l’Obscur étaient aux Jedi non pas une corvée, mais bien une responsabilité.

Oh, il n’aurait pas pour autant abandonné – sa détermination demeurait de fer forgée. Mais, voilà, il avait été appelé ailleurs, remplacé par deux autres membres du Conseil, alors autant en profiter ! Surtout que les événements de Dubrillion pesaient encore sur sa conscience, l'empêchant de mettre tout son coeur au commandement... Après un bref interlude sur Ondéron, durant lequel il offrit à un plus jeune Épicanthix un ancien legs, il s’était donc mis en route vers son nouvel objectif, accompagné de la fidèle Jocelyne, un sabre en moins. Sa destination ? Felucia l’indépendante, Felucia la gerroyante, Felucia la rescapée – Felucia l’ingouvernable. Nouvelle entité autonome de la scène galactique, cette planète avait joué au fantôme dès sa souveraineté, trop instable à l’intérieur de ses frontières pour chercher à diplomatiquement s’imposer. Coincée entre deux géants, minée par les rivalités intestines de blocs trop influents et équivalents pour définitivement l’emporter, sabotée par l’égoïsme latent des individus cherchant à s’assurer de leur propre profit, elle s’enfonçait de jour en jour dans les tréfonds de l’indigence. Ses entrepreneurs visant le monopole de ses industries, ayant des opinions contradictoires de la meilleure course à suivre, ce monde et son gouvernement se retrouvaient donc bloqués, inutiles – de vulgaires pantins prisonniers d’une farce tragique pouvant se solder en la ruine de leur peuple. Ainsi, depuis l’arrivée de rapports épars provenant de leurs rares sources sur le terrain, Felucia avait été une cillement sourd aux oreilles des membres du Haut Conseil, ceux y voyant une opportunité certaine possédant une majorité croissante. Idéalement située, vulnérable devant les menaces l’entourant, la planète semblait toute indiquée pour être le lieu de plus grands développements Jedi, développements pouvant leur permettre de gagner l’avantage sur leur ennemi de la même manière que sur Lorrd.

Lorrd… C’était en s’approchant de Felucia que le Varan avait eu vent de l’attaque qui s’y était produite par le biais d’un message de la part d’Alanna, qui s’y rendait pour prêter main forte à leurs sœurs et frères qui défendaient ce qui avait pendant longtemps été leur maison. En recevant cette nouvelle, il s’était résigné à ne pouvoir qu’espérer que ses collègues aient la situation bien en main, le déboulement d’événements – curieux, d’ailleurs, comment les grandes crises semblaient toujours périodiquement coïncider, mhm… – n’ayant que renforcé l’idée dangereuse qu’il avait esquissé en s’embarquant dans la navette. L’ouverture du nouveau front avait donc justifié une éventualité qu’il avait longtemps repoussée, soit le commencement d’une périlleuse correspondance. Sur Felucia, pour obtenir ce que l’Ordre désirait, il allait avoir besoin de tous les alliés, amis et confidents à sa disposition… Surtout avec la présence qu’il avait senti rôder, dont l’aura devenait de plus en plus perceptible à mesure qu’ils s’enfonçaient dans l’atmosphère de la sphère céleste. Un nœud d’obscur, un nuage ténébreux – l’étincelle semblait perpétuelle dans sa vision périphérique, comme si tous ses sens cherchaient à l’avertir du danger. D’après l’intensité de la vergence qui faisait frémir sa barbe, le sifflement d’une douce haine et d’une colère maîtrisée, plus subtiles que celles du Minotaure qu’il avait débouté lors de la Crise de Dubrillion, il ne pouvait s’agir que d’un ou d’une Seigneur Sith – un adversaire à sa taille, donc. Bien qu’il puisse arriver à camoufler sa propre existence, à faire taire ses aptitudes, il se doutait bien que son ennemi allait l’attendre de pied ferme, certainement prévenu de son arrivée… Il allait devoir composer avec, et affronter la chose avec panache. D’ailleurs…

- JOCELYNE ?

Un énième sursaut lui chatouilla les oreilles, l’avertissant que son acolyte du moment s’était une nouvelle fois éveillée.

- Oui, maître ?
- Lorsque nous serons arrivés, tu joueras le rôle de mon assistante personnelle. Tu prendras mon datapad et tu feinteras être énormément occupée – par moment, tu me chuchoteras même des informations à l’oreille, comme si nous étions énormément préparés. Ce qui, évidemment, n’est pas le cas. Nous allons improviser, mais subtilement !
- Fort bien, maître, répondit la pauvre qui commença alors à sérieusement remettre en question la santé mentale du vieux briscard.

Ce dernier, quant à lui, était presque paisible alors que sa navette ralentissait pour atterrir à la surface – improviser, ça lui connaissait. Oh, il avait bien lu les rapports et résumés offerts par les bases de données du Conseil ; il était familier avec les problèmes qui torturaient le gouvernement qu’il cherchait à amadouer. Il avait même une sorte de stratégie, une ébauche de plan en tête ! Cependant, après cent-soixante ans de services, il était rodé et bien au courant de quoi ne pas faire afin de survivre en territoire hostile. De fait, il ne s’inquiétait pas vraiment pour lui – non, il s’inquiétait plutôt pour ses camarades, ses confrères et consoeurs, qui eux devaient réellement faire face à des dangers, qui risquaient leur vie. Il était conscient et convaincu de la pertinence de sa présence sur Felucia, de l’importance d’une réussite, déterminé à voir ses projets aboutir – mais, son cœur, ses tripes, la Force entraînaient son attention ailleurs, faisant déferler son empathie sur tous ceux qui participaient à des batailles meurtrières nécessaires à la défaite éventuelle de l’Empire. La sienne allait être politique – une horreur, donc, qu’il espérait ne pas voir se transformer en boucherie. Longtemps, avant qu’il ne soit une première fois nommé au Conseil, lorsqu’il revêtait encore le manteau du Vagabond, ç’avait été précisément le genre de situations qu’il cherchait à régler sur des mondes reculés – la tâche qui l’attendait était donc familière, déjà-vu. Icare était donc relativement confiant lorsqu’ils se posèrent au sol, à la place qui leur avait été assigné, devant le bâtiment principal du gouvernement felucien. Un violent sursaut agita l’armoire à glace lorsqu’elle remarqua la forme inédite de la construction. Un… champignon géant ? Accueilli par des bureaucrates, qui lui indiquèrent gentiment le chemin à suivre pour atteindre le chef du gouvernement avec discrétion, sans ameuter les journalistes et espions locaux, Icare continua à observer avec curiosité l’architecture félucienne, laquelle se fondait presque avec élégance dans le paysage tropical de l’endroit. Enfin, élégance… C’était une construction artificielle donc forcément contradictoire vis-à-vis de son entourage bien plus naturel. Deux escaliers, un ascenseur et un dédale de couloirs plus loin et voilà que le Maître se retrouvait finalement face à son interlocuteur du moment, Galixto Breen.

Le cinquantenaire aux cheveux bruns, ex-fonctionnaire impérial et déserteur à temps plein, désormais adulé par une partie de la population locale, l’accueilli dans une salle de réunion dépourvue de table de conférence, n’offrant que quelques fauteuils à ses visiteurs en plus d’une vue directe sur la capitale planétaire. Manifestement heureux d’avoir le Jedi enfin présent, il l’invita à s’asseoir immédiatement après les salutations protocolaires convenues – deux-trois hochements de tête de la part du Maître face aux quelques collaborateurs présents, etc. –, débutant leur entretien :

- Maître Manteer, dit-il, s’exprimant d’une voix claire, mature, articulée et confiante, j’aimerais avant tout vous souhaiter la bienvenue. C’est avec beaucoup d’anticipation que nous avons attendu votre venue sitôt que celle-ci nous fut communiquée par le Temple. Felucia traverse à l’heure actuelle une période difficile et est en grand besoin de solutions propres à aider ses habitants. Par conséquent, nous sommes heureux qu’un individu à la réputation aussi importante que la vôtre dans toute la Bordure s’intéresse suffisamment à nos problèmes pour qu’il se décide à se déplacer.

Immédiatement, après quelques minutes en sa présence, Icare détermina qu’il ne détestait pas le bougre – au contraire, il devina qu’il allait bien l’aimer. Non pas que les flagorneries à peine voilées du politicien avait produit le moindre effet. L’Épicanthix avait passé l’âge de se laisser séduire par de belles paroles. L’impression positive quant au caractère du monsieur vint plutôt des non-dits, de son aura, de sa manière de se comporter : en quelques minutes, un portrait plus ou moins complet du personnage se dressait dans le crâne du vieillard, qui percevait un technocrate désireux d’aider un peuple qui n’était pas au départ le sien, mais pour lequel il avait défié un Empire. Un homme qui s’était empêtré dans une servitude vis-à-vis d’un régime injuste, mais qui s’était affranchi de ses chaînes lorsque l’occasion s’était présentée, choisissant le courage par-dessus la couardise, coupable d’un altruisme trop puissant. Il avait pris la bonne décision dans un moment de grande urgence – par instinct, par désir d’aider. Il s’agissait pour le Dragon d’un acte facile, aisé à commettre. Un grand bien était aisément motivé. Mais, il s’agissait d’un pas dans la bonne direction ! Et puis, surtout, Breen était désespéré – il le cachait, l’occultait, mais il transpirait de panique refoulée tant il était dépassé par les événements, par la crise qui l’empêchait de jouer au leader victorieux. Or, les individus les plus désespérés étaient les plus aisés à satisfaire…

- Merci, monsieur, répondit calmement le briscard, qui s’était installé sur un fauteuil, Jocelyne demeurant debout, derrière son épaule droite. Je suis heureux d’être finalement présent ; depuis les événements durant lesquels de nombreux Jedi vinrent au secours de votre peuple, c’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai suivi l’évolution des affaires féluciennes après l’indépendance de votre monde. Avant toute chose, j’aimerais vous féliciter pour le courage qui fut le vôtre lors de la crise. Rares sont les hommes qui ont entre eux, après une vie à servir un Empire, la force de caractère enfouie nécessaire pour oser s’opposer à lui, à s’affranchir et à reconnaître la nature réelle de ses anciens maîtres. Pour cela, vous obtenez mon approbation. Cependant, sachez qu’il ne s’agit là que de la partie facile – les grands gestes et les grands éclats sont aisés. La vraie difficulté, l’épreuve des leaders, repose plutôt dans ce qui vient après. Dans la gestion de tous les jours, dans la construction d’un État stable ; c’est dans les petits gestes invisibles que se cache la véritable mesure d’un homme. Je suis venu sur Felucia pour une seule raison : afin de vous procurer toute l’assistance dont vous avez besoin pour l’établissement d’un gouvernement fort, fonctionnel, indépendant de l’Empire et ami du Temple.

- Je suis heureux de l’entendre et vous remercie pour ces bons mots, maître Manteer, répondit prudemment l’autre homme, qui échangea des regards avec ses collaborateurs. J’imagine que vous êtes au courant des problèmes auxquels nous faisons face…

- Oui, l’interrompit le Varan, je suis familier quant à votre situation. Mais, avant de poursuivre, j’aimerais préciser une chose bien importante qu’il est absolument nécessaire que vous et tous les membres de votre gouvernement comprennent : une alliance ou une collaboration avec le Temple par l’entremise de ma personne n’est pas synonyme d’un pacte avec la République. Celle-ci pourrait intervenir, se déplacer pour vous défendre, si d’aventure vous le désiriez. L’Ordre Jedi possède suffisamment d’alliés et d’influence pour s’assurer que vous ne vous retrouviez pas à la merci de l’Empire voisin. Cependant, je ne souhaite en rien vous forcer à rompre votre indépendance vis-à-vis de la guerre entre les deux blocs galactiques. Non, tout ce que je vous offre, c’est mon aide, mon amitié ainsi que celle du Temple, termina-t-il, achevant son avertissement. Maintenant, notre priorité doit être dans la stabilisation de votre gouvernement – sans cette étape vitale atteinte, j’ai bien peur que vous soyez bloqués, dans une impasse, forcés à observer le lent effondrement du rêve d’une Felucia souveraine à peine encore esquissé. D’un côté, vous avez devant vous les conglomérats et corporations exploitant vos ressources, divisées en plusieurs camps aux ambitions diverses, certains vous tirant vers l’Empire, d’autres vers la République, etc. De l’autre, les milices civiles, plus représentatives du peuple, nées suite à la fuite impériale et désireuse de conserver leurs acquis sociaux… Tous ces camps sont équivalents, incapables de s’imposer. Notre objectif premier doit être la rupture de cette situation. Nous devons prendre d’assaut le no man’s land tacite existant entre les acteurs de Felucia. Nous devons, chers amis, créer un bloc capable de dominer les autres. Préférablement, ce bloc, ce sera vous.

- Et comment proposez-vous de réaliser cette ambition, maître Manteer ? demanda sèchement l’une des collaboratrices de Breen qu’Icare devina être Sara Jiliet.

- Eh bien, répondit-il, en formant une alliance avec le groupe le plus proche de vos intérêts. Le statu quo n’est plus à votre avantage, il doit être bouleversé – sans quoi le chaos s’emparera de ce monde. Ce dont vous avez besoin, c’est d’une révolution tranquille.

- Une révolution ?! s’étrangla l’humaine.

- Tranquille, madame. Une révolution tranquille, insista-t-il, cherchant à étouffer les murmures troublés des représentants du gouvernement transitoire. D’ailleurs, pendant que j’y pense… Sachez qu’un ou une Seigneur Sith est présentement sur Felucia. Son identité m’est voilé, de même que sa localisation – tout ce que je peux sentir, c’est qu’il ou elle est à proximité. Par conséquent, nous devons procéder avec prudence pour les prochaines étapes, de manière rapide, afin de pouvoir prendre vos opposants par surprise. D’abord, organisez une rencontre entre les représentants des conglomérats pro-Empire et moi, j’aimerais voir s’il serait possible d’affaiblir leur soutien pour l’Impératrice. Ensuite…

Il leur exposa le plan qu’il avait esquissé dans la navette, n’étant interrompu qu’une seule fois par un homme dont il ignorait le nom :

- Et si vous échouez ?
- Si j’échoue, répondit-il, nous composerons avec mon échec le moment venu. Qu’avez-vous à perdre de toute manière ?

Rien. Absolument rien. Après une période aussi longue sans gouvernance stable, la vérité, c’était que Felucia n’avait plus rien à perdre.

Et, en même temps, tout.

Invité
Anonymous
« Et merde ! »

Le vase explosa en morceau qui volèrent à travers la pièce. Vriska posa dessus un regard à la fois énervé et songeur. Elle n'avait pas vraiment voulut provoquer cela mais la nouvelle l'avait si férocement contrarié que le premier objet sur lequel elle avait posé son regard en avait fait les frais. Dommage, elle l'aimait bien, orné qu'il était de vieilles gravures sith -contrefaçon, évidemment, mais plus jeune elle n'y avait vu que du feu-. Elle expira lentement pour se calmer et relut le rapport qu'on venait de lui transmettre : un maître jedi était en route pour Félucia.
Elle suivait les événements sur la planète depuis qu'elle y était intervenue. Elle n'était pas mécontente de ce qu'elle avait participer à faire : à savoir mettre le gouvernement dans une situation délicate. Félucia était au point mort politiquement et elle avait eu pour objectif de profiter de ça pour y avancer d'autres pions, des pions qui pourraient lui permettre de faire revenir, en douceur, la planète dans le giron impérial. L'on pouvait trouver absurde la façon qu'elle avait de s'intéresser personnellement à une planète si insignifiante dans l'ensemble -l'économie de l'Empire n'avait même pas noté la perte de la planète, ou peu s'en fallait- mais l'importance de Félucia était symbolique : devenue indépendante de l'Empire dans un accès d'héroïsme, la ramener pacifiquement dans l'Empire aurait montré à la galaxie qu'ils savaient convaincre autrement que par la force brute. Quelque chose qu'ils avaient bien du mal à démontrer alors que chaque jour la guerre dans la zone neutre faisait davantage de victimes.

Mais avec cette guerre justement, les événements de Bastion auxquels elle avait directement pris part et bien d'autres contretemps, elle n'avait jamais eu le loisir de donner à Félucia l'attention qu'elle méritait. Désormais, il allait falloir, où elle pouvait sentir que la planète allait leur échapper pour passer dans la sphère d'influence de l'Ordre. Le problème c'est qu'elle n'avait pas prévu de couverture : pas possible de se faire passer pour une consultante dans la situation actuelle, et ce n'était pas la meilleure façon de gêner un maître jedi. Elle serait amené à passer trop de temps avec lui, trop de risques d'être accusée en plein jour. Elle pouvait certes y aller sans artifice, Félucia n'avait jamais interdit aux agents impériaux de poser le pied sur son sol. Mais vu le dernier souvenir qu'avaient les féluciens de leur maître, elle préférait ne pas y aller ainsi. Il lui fallait donc une nouvelle approcha. Au bout d'un moment elle se releva, un sourire accroché aux lèvres.

Elle passa d'abord voir Sybian : le twi'lek, son ancien élève, l'aidait dans de nombreuses affaires depuis qu'elle s'était installé sur Bonadan. Elle avait besoin de lui pour surveiller le déroulement de la guerre et des interventions impériales -car évidemment ce jedi n'avait pu trouver meilleur occasion qu'au milieu d'un conflit militaire- pendant qu'elle serait sur Félucia. Puis elle quitta la tour où se trouvaient ses appartements et lieux de travail en speeder pour rejoindre le palace de la corporation Kriss-Io. Elle avait rendez-vous avec leur directeur, un de ses alliés dans le secteur privé de la planète. Quand elle pénétra dans le bureau de Gel-Marr-Kov, elle trouva le tiss'shar en grande conversation avec un humain. L'homme d'affaire reptilien la vit entrer du coin de l’œil et écourta son entrevue, non sans remettre l'homme à sa place. Lorsque celui-ci sortit, il passa devant Vriska et s'écrasa un peu : elle commençait à se faire connaître sur la planète.
Une fois seuls, Gel-Marr-Kov lui désigna un siège dans lequel elle s'assit :

« J'aurais pu faire le déplacement jusque chez vous, Excellence.
-Ce n'était pas nécessaire. Et puis c'est moi qui ai besoin de vos services présentement.
-Vraiment, en quoi ?
-J'ai besoin que vous montiez un groupe de représentants pour m'accompagner sur Félucia, où certains de mes contacts se chargeront de les introduire auprès des industriels locaux et du gouvernement. Je souhaiterais qu'ils tissent des liens commerciaux forts et profitables sur place. J'ai pour espoir que cela contribuera à faire revenir naturellement Félucia dans l'Empire.
-Maintenant ? En pleine guerre ?
-Un jedi est sur place. Si on le laisse faire, nous n'en aurons plus l'occasion. Il faut en profiter tant que le gouvernement est encore instable et nous présenter comme les meilleurs partenaires possibles. »

Gel se laissa aller en arrière dans son fauteuil, la jaugeant de ses yeux qui ne clignaient presque jamais.

« Un jedi vous dites ? Pas le genre de personne que l'on souhaite avoir en face dans une négociation. Nos représentants commerciaux ne sont pas habitués à de telles situations.
-Je les accompagnerais moi-même. Je me ferais passer pour l'une de vos employées.
-Et pour quand avez-vous besoin de tout ceci ? » Il se frotta le dessous du menton du dos de ses doigts écailleux.
« Vous pourriez être prêt pour dans deux heures ? »


Gel avait fait tout son possible. Au vu de la précipitation, Vriska s'estimait parfaitement satisfaite de ce qu'il avait réussit à lui trouver. Trois commerciaux, deux tiss'shar, dont une femelle, et un humain, très au fait de la situation sur Félucia et connaisseurs des marchés visés par les industries félicianes, à savoir les stupéfiants et le secteur médical et para-médical. Ils avaient emprunté une navette de transport de la corporation, certes correcte mais loin du luxe auquel elle était habitué. C'était un léger sacrifice auquel elle consentait de bon cœur si cela pouvait améliorer son déguisement. Elle ne portait pas de robe luxueuse, ni de costumes d'officier. Non, juste une simple tenue formelle qui pourrait passer pour celle d'un cadre en déplacement. Aucune parure extravagante non plus. Quant à son sabre, il était soigneusement caché dans la doublure de son sac à main. Elle ne s'attendait pas à être fouillée outre mesure, cela avait juste pour but d'éviter tout incident qui révélerait sa nature. Elle regarda à sa droite : Frann était là, dans une tenue civile tirée à quatre épingle. La zabrak avait insisté pour venir, insistant sur le fait qu'elle pourrait être utile dans les négociations. Quel que soit le genre de négociation. Vriska n'avait pas été trop dure à convaincre.

Ils se posèrent à l'astroport principal de la capitale. La chaleur et l'humidité pesante se rappelèrent à elle dès qu'elle posa un pied en dehors de la navette. Non, Félucia ne lui avait pas manqué. Elle lui rappelait un peu les vallées boisées de sa planète natale mais quelque chose dans l'air lui donnait cette impression poisseuse, qui faisait qu'elle ne se sentait jamais à l'aise. Et la situation qui l'avait amené ici n'avait rien pour arranger les choses.
Un de ses contacts sur place, qu'elle avait prévenu de leur arrivée sans lui préciser qu'elle serait présente les accueillit chaleureusement et les informa qu'on les attendait pour leur première entrevue. Alors qu'il les conduisait dans un speeder à travers le centre-ville, il leur expliqua que la situation était devenue tellement tendue que de nombreuses délégations des entreprises séjournaient pratiquement en permanence au bâtiment central du gouvernement, dont il leur désigna la forme, un peu grotesque de l'avis de la togruta. Ils s'arrêtèrent finalement au pied du bâtiment. Le jedi devait être là, elle le sentait. Après un instant d'hésitation, elle décida de laisser son sac dans le speeder.
Ils passèrent les inévitables contrôles à l'entrée sans problème, pour être guidés au travers des couloirs du bâtiment. On les amena à une salle où se tenait une sorte de table ronde visant à donner une voix claire et unie aux industriels de la planète. Quand ils entrèrent, il apparut rapidement que l'affaire était loin d'être entendue. Des représentants s'invectivaient en tout sens, parfois jusqu'à se traiter de tous les noms. Le médiateur, un gossam à la voix étonnamment puissante, intima le silence en les voyant arriver :

« Messieurs, mesdames, permettez-moi de vous présenter les représentants de la corporation Kriss-Io, de Bonadan : monsieur Tseth Mush, madame Chexu Guntenk, monsieur Davian Shaher et madame Saala Haze. »

Il était déjà facile de se faire une idée de ce vers quoi penchait chacun des hommes et des femmes présents autour de la table rien qu'à la tête qu'ils eurent en entendant le nom Bonadan. Et les personnes enthousiastes étaient terriblement peu nombreuses. Au moins avaient-elles le mérite d'exister. L'un de ceux qui étaient les plus hostiles parla en premier tandis qu'ils prenaient place à des sièges que l'on avait mis à disposition -Frann rejoignait les abords de la salle avec le reste des assistants et gratte-papiers- :

« Quelqu'un peut-il m'expliquer ce qu'ils font ici ? Cette réunion avait pour but de synthétiser nos demandes au gouvernement.
-Je pense que vous apprécierez d'entendre nos propositions avant, justement, répondit Tseth.
-Ce que j'apprécierais le plus c'est que vous partiez tout de suite et ne reveniez plus jamais sur notre planète, impérial.
-Arrêtez votre cinéma, Murgen, que vous refusiez que vos usines traitent avec l'empire, pas de problème, mais tous ici ne sont pas de cet avis. La corporation Kriss-Io peut être un partenaire commercial...
-Je connais au moins trois ou quatre firmes républicaines qui pourraient devenir des partenaires commerciaux, pourtant ils ne sont pas à cette table.

-Cela, mon cher, c'est parce que nous ne souhaitons pas vous offrir un simple contrat stipulant que nous vous achèterons à prix d'or votre production. Tseth venait de couper la discussion avant qu'elle ne s'envenime. Nous le ferons, naturellement, mais nous pouvons vous proposer bien plus. Kriss-Io est notoirement réputée pour la qualité de son matériel industriel. Un matériel qui pourrait vous être d'une grande aide pour développer votre industrie qui pour l'heure, sans vouloir me montrer vexant, n'est pas encore à la hauteur des abondantes ressources de votre planète. En échange d'un contrat nous garantissant la livraison d'un certain pourcentage de votre production que nous vous achèterons au prix normal du marché, nous serions prêt à investir dans le développement des usines de Félucia afin d'obtenir les meilleurs rendements d'extraction. »

La proposition eut le mérite de faire réfléchir même parmi les plus réticents. Vriska voyait bien que le dénommé Murgen pesait le pour et le contre. Rien d'étonnant, Tseth venait de leur proposer une certitude d'achat, sans rabais et avec investissement dans leur matériel. Ils n'étaient pas dupes pour autant et devaient se douter qu'une telle offre avait forcément des raisons. Elle espérait simplement que l'appât du gain suffirait à les convaincre.
Bien évidemment les discussions plus précises commencèrent. Quelle somme d'investissement ? Sur combien de temps ? Quelle proportion ? Quelles garanties en cas de rupture de contrat ? Comment fonctionnera la maintenance du matériel fourni par Kriss-Io ? Une foule de détails à discuter qui ne l'intéressaient absolument pas. Ils avaient déjà su intéresser les industriels, et c'était un bon pas en avant. Les détails ne dépendaient pas d'elle. Alors elle envoya un message à Frann sur sa tablette et elle se glissa dans la Force, s'en enveloppa pour que les gens ne remarquent plus sa présence. Quand se fut fait elle put se lever sans même que son voisin ne le remarque et elle sortit de la pièce sans que personne ne le note, tandis que continuait les discussions, parfois envenimées mais, au moins, constructives.

Dans le couloir elle cessa de plier la Force à sa volonté. Personne ne s'intéresserait à une togruta seule qui avait tout l'air d'une cadre affairée. Elle avait donc un peu de latitude pour essayer d'en apprendre plus sur la situation maintenant qu'elle était sur place. Pour l'instant, il lui semblait une bonne idée de réussir à savoir qui était ce jedi. Le trouver ne serait pas dur, mais elle craignait qu'il la trouve en même temps. Elle décida donc de se renseigner auprès des différents secrétaires et pris la direction des étages supérieurs.
Invité
Anonymous
Titillé.

Une sonde rapide de son environnement confirma à l’Épicanthix ce que ses sens endormis avaient détecté, déniché – déjà exacerbés par la présence ambiante d’un utilisateur de l’obscur, ceux-ci résonnaient entre ses oreilles comme une alarme, une cloche appelant au combat. Entre ses deux oreilles, les percussions de guerre tambourinaient, réclamant le sabre ; sa posture se relaxait, devenant féline, revêtant l’inertie trompeuse du félin chasseur. Plus de doutes, plus d’hésitations, l’Empire était bel et bien présent, se manifestant en la personne d’un ou d’une Seigneur Sith.

Alors qu’il patientait calmement dans une pièce vide, à l’abri des regards, l’arrivée de ceux qu’il aspirait à rencontrer, il eut la désagréable réalisation d’être en pleine partie de cache-cache. Son adversaire, pour le moment invisible, allait se déplacer à l’intérieur du bâtiment en toute impunité, revêtant costumes et artifices que lui seul serait à même de dévoiler. Ce faisant, il allait être libre d’intriguer, de comploter, de chercher à contrecarrer ses moindres mouvements et manœuvres afin de l’empêcher d’établir des bases durables pour une alliance entre le Temple et Felucia. Au même moment, Icare allait quant à lui vaquer le plus rapidement possible à ses occupations dans l’espoir de prendre de vitesse son Némésis du moment, perdant ainsi automatiquement l’opportunité de le pourchasser et de l’éliminer. Enfin, l’éliminer… Figurativement, évidemment – il ne pouvait se permettre de ses laisser emporter dans de vulgaires duels alors que le temps lui était compté. Ce serait faire le jeu de l’Impératrice et sacrifier par le fait même le maigre avantage qu’il estimait voir l’Ordre posséder sur cette planète. Il ne pouvait attendre, ne pouvait jouer, ne pouvait combattre, devant délivrer des résultats pour que ses commanditaires s’en révèlent satisfaits. Du coup, il était coincé, piégé – embusqué dans un guet-apens créer par ses propres soins, victime d’une ironie toute familière qu’il ne pouvait qu’attribuer à la Force vivante, cette vilaine farceuse. Enfin, farce ou non, il avait une mission à accomplir, Seigneur Sith ou non.

De sa vaste expérience – cent-soixante ans d’activités, ce n’était pas rien –, Icare avait au minimum la capacité de puiser des enseignements utiles de ses réussites et échecs dans des situations antérieures similaires au pétrin dans lequel il était fourré. Par le passé, certainement apaisé par l’influence pacifique de ses partenaires d’antan, il se serait abstenu d’encourager l’utilisation de mouvements ou d’actions brusques pour l’emporter. Probablement aurait-il cherché le consensus, tenté de bâtir des points communs, sans attirer volontairement l’animosité de quiconque. Il aurait joué au parfait Consulaire, au médiateur, afin de voir tous les cas la paix toujours l’emporter sur la guerre. Alanna, Sayamée… Dans sa tête, il imaginait bien sa compagne et son défunt ami l’encourager vers le calme, la détente. Or, de multiples problèmes l’empêchaient de sérieusement considérer un tel schéma d’action. Premièrement, comme mentionné précédemment, le temps lui était compté, les heures et minutes lui étant vitales – il n’avait tout simplement pas suffisamment de manœuvre pour s’enfoncer dans des négociations tripartites interminables aux résultats incertains. Deuxièmement, il n’était pas impartial – la victoire de l’un des camps impliqués lui était tout simplement inacceptables, seule la survivance du gouvernement provisoire et l’alliance de celui-ci avec le Temple était un issu qu’il pouvait songer envisager. Troisièmement, il était en guerre. L’Empire était voisin et ses sbires, si proches. Un moindre éternuement dans la mauvaise direction pourrait forcer une invasion impériale sans sommations – or, selon le vieillard, cette dernière était inévitable, rendant donc obsolète toute préoccupation vis-à-vis de sa potentielle apparition. Finalement, il n’avait pas le choix : il devait, par tous les moyens possibles, briser le statu quo à l’avantage de ses nouveaux désespérés alliés.

Ainsi, il allait devoir s’ingérer. Ainsi, il allait devoir revêtir le manteau rouge du révolutionnaire, embrasser la cause des masses populaires. Ainsi, il allait devoir encourager la potentielle violence, le clash martial. Il allait devoir devenir l’architecture d’une révolution tranquille. S’il échouait, les Féluciens allaient s’en mordre les doigts – la réplique de l’Empire serait implacable, incisive. La moindre résistance serait balayée, leurs troupes envahiraient les rues des cités et la population s’en retrouverait définitivement perdante – enfin, le serait-elle réellement ? Il s’agirait au moins d’une brèche dans le chaos ordonné actuel, dans le bourbier dans lequel ils étaient tous enterrés. Mais, s’il triomphait, ils s’en tireraient gagnants – indépendants, alliés du Temple, avec entre leurs mains les outils nécessaires à l’édification d’un avenir meilleur. Deux objectifs personnels de l’Épicanthix seraient ainsi atteints : améliorer l’existence d’autant d’innocents que possible et améliorer la position des Jedi pour cette guerre qui s’annonçait autant longue que dévastatrice. Le front de la Perlemienne serait ouvert un jour ou l’autre – il ne s’agissait que d’une question de temps avant que les frontières voisines déjà poreuses entre la République et l’Empire ne s’ouvrent pour laisser déferler sur la galaxie des flottes et armées innombrables ayant la victoire comme seule préoccupation. Posséder un allié, une base, dans la région devenait donc vital sur le long terme, primordial s’il osait espérer l’emporter. Pour toutes ces raisons, donc, le Dragon de Dubrillion s’apprêtait à exécuter ni plus ni moins qu’un coup d’état.

Plongé dans ses réflexions, il sursauta presque lorsque l’un des portes s’entrouvrit, dévoilant le visage souriant d’un valet de pourpre vêtu. Se levant au signe du domestique, qui lui indiquait ainsi que ses prochains interlocuteurs étaient prêts, il s’arrêta après deux pas, réalisant ainsi l’erreur grossière qu’il commettait depuis son arrivée sur le monde. Pour une raison qui lui échappait – distraction ? –, il avait négligé de dissimuler sa présence, de contrôler son aura probablement flagrant, tel un phare indiquant à son adversaire sa position approximative. Corrigeant son erreur, s’entourant d’un manteau rassurant d’anonymat, calmant l’onde provoquée par sa présence, la rendant perceptible qu’au plus attentifs des adaptes de la Force, il traversa le portique pour se retrouver dans une salle de réunion relativement miteuse, clairement délaissée au profit des plus prestigieuses. Répartis à travers la pièce, introduits de manière discrète à l’intérieur du bâtiment gouvernemental, étaient les dirigeants des plus importantes milices de la capitale ainsi que les représentants de celles des autres grandes vilaines. Une vingtaine d’individus aux âges et espèces diverses – jeunes et âgés, Féluciens, humains et Gossams – fixaient le maître et les deux autres individus qui l’avaient accompagné. À sa droite, Rachel Serrido saluait du regard ceux de sa connaissance, dont le représentant de son ancienne milice ; à sa gauche, Jocelyne, qui semblait éperdument perdue. La pauvre, elle ne se rendait aucunement compte de ce dans quoi elle était embarquée, ignorant toute l’étendue de la fougue avec laquelle son supérieur prévoyait d’accomplir leurs objectifs. Nerveuse, elle pianotait sur un datapad, n’arrivant même pas à se convaincre elle-même de la pertinence de ses actions.

Bref, classique Jocelyne.

Pour la peine, l’Icare théâtral avait délaissé sa bure grise de voyageur, revêtant sa robe épicanthix rouge traditionnelle, celle qui depuis longtemps était synonyme de sa colère et de son sérieux à l’intérieur du Temple. Sa barbe taillée et son chignon complétant ce tableau des plus austères, le maître savait que dès son entrée sa taille et son attirail combinés avaient immédiatement intimé une sorte de respect superstitieux aux plus simplets de ses nouveaux interlocuteurs. Devant eux se dressait un Maître Jedi, membre du Haut Conseil, représentant du Temple – un ancêtre vénérable à la stature guerrière toujours imposante, dont la réputation avait effleuré leurs oreilles. Le Dragon de Dubrillion – celui qui avait coalisé les indépendants, affronté l’Impératrice, vaincu les flottes ennemies. Le Vagabond – cet étrange personnage de légende dont leurs grands-parents chuchotaient quelques exploits, ce maître qui avait passé des décennies à écumer la Bordure. Devant eux se dressait la conjugaison de ces deux êtres indissociables, Icare prenant place devant le cercle brouillon, joignant ses mains au niveau de son ventre. Se raclant la gorge, s’avançant pour attirer l’attention des rassemblés, Rachel débuta la réunion :

- Amis, merci d’avoir répondu à notre appel de manière aussi rapide – discrète. Voici le maître Icare Manteer, représentant de l’Ordre Jedi, qui souhaitait s’adresser à vous.
- Merci, madame, pour cette brève introduction, débuta-t-il. Dans cette pièce sont rassemblés les représentants et dirigeants des plus importantes milices de Felucia. Dans cette pièce sont rassemblés des individus qui, lorsque leur planète eut besoin d’eux, décidèrent de prendre les armes, de s’organiser, de se fédérer, afin de ramener l’ordre dans les rues et oser participer à la construction d’une nouvelle Felucia indépendante, après l’abandon des Impériaux. Lors de la Crise de la Perlemienne, lorsque la ruine de cette planète semblait si probable, si proche, c’est vous qui avez relevé le défi, aidé par une foule d’individus. Une foule parmi laquelle se trouvaient des Jedi qui, malgré votre ancienne appartenance à l’Empire, décidèrent de relever le défi et de venir vous aider par tous les moyens possibles. Aujourd’hui, c’est dans le même esprit, dans le but de vous aider à éviter une catastrophe, que je me présente devant vous. Je ne vais pas vous mentir – à l’heure actuelle, dans ce même bâtiment, rôde un Seigneur Sith, révéla-t-il, attirant un concert de chuchotements préoccupés. Or, cette présence n’est que le symptôme d’un danger bien plus grave : malgré votre indépendance, malgré votre autonomie, l’Empire est toujours à votre porte. Toujours, il cherche à vous récupérer. Toujours, il cherche à de nouveau vous posséder. L’Ordre Jedi, lui, ne cherche qu’une seule chose : voir Felucia devenir un monde prospère, stable et souverain. C’est pourquoi je suis ici aujourd’hui – afin d’aider le gouvernement à concrétiser cette vision. Depuis votre indépendance, les querelles intestines et la lutte d’influence entre des camps rivaux mine la gouvernance de votre planète, accélérant de jour en jour le risque d’un retour des Impériaux.

L’affirmation est menaçante, mais pas assez pour que la foule cesse d’écouter le vieillard ou tente de l’interrompre.

- Seul, le gouvernement provisoire n’a pas les moyens de s’opposer aux industriels cherchant à retourner à l’intérieur de l’Empire. Seul, le gouvernement provisoire ne parviendra pas à bâtir un État fort propre à maintenir votre souveraineté, conserver vos acquis et défendre sa population. Seul, le gouvernement provisoire est voué à l’échec et les sympathisants des Sith, eux, à la réussite. Mes amis, le gouvernement provisoire, pour résister à l’influence des conglomérats, a besoin de votre aide. Déjà, par le passé, il vous manifesta son désir de collaborer par l’intégration de madame Serrido à ses rangs. Maintenant, il souhaite continuer cet effort afin que l’union des milices et du gouvernement – soit l’alliage de la force des premiers à la légitimité du second – soit à même de permettre la construction d’un État stable ainsi que la rupture bénéfique pour le peuple du statu quo qui le ramène lentement, mais sûrement, dans le giron de l’Impératrice. Voici donc ce pourquoi j’ai demandé à vous rencontrer : afin de demander votre aide, au nom du gouvernement provisoire.

Un silence gêné accueilli sa dernière déclaration. Ils se regardaient entre eux, attendant que d’autres ouvrent la bouche les premiers. Finalement, un brave se décida à intervenir :

- On veut bein aider le gouvernement si ça peut garder les Sith hors de not’ planète, m’sieur, mais en fait… comment ?
- Ouais, l’interrompit un autre, c’est bein beau vot’ discours, mais on veut plus de détails !

Le Jedi leva sa main droite, présentant sa paume, rétablissant immédiatement le silence.

- Merci pour ces questions. Dans quelques minutes, j’irai rencontrer les industriels les plus favorables à l’Empire – mon espoir est d’y croiser le Seigneur Sith mystère. Je leur offrirai une collaboration, une aide quelconque, bref, mon amitié. Évidemment, ils me refuseront – il est clair que notre ennemi les aura déjà sécurisés de son côté. Par la suite, ce sera à vous de bouger rapidement…

Il leur expliqua exactement en quoi il avait besoin d’eux, et observa les miliciens qui discutaient entre eux, pesant le pour et le contre de sa proposition, l’un d’eux se décidant finalement à parler :

- Toutes les installations, donc ?
- Toutes.
- Mais… L’Empire risque pas d’envahir si on fait ça ?
- Le risque existe, répondit le maître. Cependant, quatre raisons me poussent à penser que le pari en vaut la chandelle. Premièrement, si l’Empire était réellement prêt à envahir Felucia pour la récupérer, cela aurait été fait depuis longtemps. Par conséquent, mon analyse personnelle et qu’il n’estime pas que la planète et ses alliés présents dessus valent la peine d’être défendus obligatoirement par les armes, poussant donc pour une solution plus… lente. Deuxièmement, je compte m’en assurer personnellement en rencontrant en personne le Seigneur Sith présent sur Felucia, afin de tenter de deviner ses intentions. Troisièmement, je m’engage personnellement à ce que l’Ordre – et la République du même coup – défendent Felucia et son indépendance si d’aventure un tel événement en venait à se produire. Finalement, l’Empire n’a tout simplement pas les moyens d’ouvrir un nouveau front, pas lorsqu’il est enlisé depuis des semaines sur Gravlex Med et occupé à ouvrir une nouvelle offensive sur Lorrd. Gravlex Med était d’ailleurs dans une situation similaire à Felucia : indépendante, menacée par l’Empire, elle choisit de se lever et d’assumer sa souveraineté afin d’assurer sa survie, occasionnant ainsi une invasion impériale. Le résultat ? Ils y sont toujours bloqués, tenus en échec par l’Ordre et la République, et lentement, lentement, ils reculent. Maintenant, dit-il, je dois vous quitter. Madame Serrido demeurera avec vous afin que vous l’informiez de votre décision, mais aussi pour vous spécifier les détails du plan.

Hochant la tête dans leur direction, les saluant, il se dirigeant vers la sortie, accompagné de Jocelyne, un valet l’attendant à la sortie de la pièce. Ce dernier l’invita à le suivre, lui faisant traverser un dédale de couloirs et plusieurs escaliers pour finalement le faire atterrir dans un salon muni de plusieurs fauteuils. Obtenant du valet la promesse d’une théière bien remplie, le vieillard s’installa, patientant donc pour l’arrivée de ses prochaines « victimes ». Lorsque ceux-ci achevèrent de se présenter et de se calmer, manifestement troublés par la présence d’un Jedi, ce dernier relâcha le vide qui l’entourait, se dévoilant ainsi que sa position dans la Force pour ainsi attirer son insaisissable adversaire.

- Eh bien, et si nous commencions ?
Invité
Anonymous
Vriska se troubla un instant. La présence du jedi avait comme... disparue. Elle n'osa pas espérer qu'il soit véritablement partis. On n'obtenait rien par l'espoir. Elle en eut rapidement la confirmation : l'aura était toujours là mais diluée, difficile à cerner, guère plus qu'une impression. Il se cachait d'elle comme elle se cachait de lui. Un jeu du chat et de la souris, sauf qu'il était difficile de savoir qui était le prédateur de l'autre et ce qu'il se passerait lorsqu'ils se rencontreraient. Car cette rencontre devrait avoir lieu, à un moment ou un autre. Elle reporta son attention sur le secrétaire qu'elle était venu voir en premier lieu et qui relevait les yeux de son écran. Elle avait réussit à le convaincre par un mensonge alambiqué qu'elle avait besoin du nom du jedi qui avait atterri -elle avait mentionné les archives, personne ne s'intéresse jamais aux archives, c'était un excellent moyen de camoufler sa demande-.

« Voilà ce dont vous avez besoin : le maître jedi est Icare Manteer, et il est accompagné d'une chevalier prénommée Jocelyne. »

Elle n'avait qu'à peine écouté d'une oreille distraite la fin de la phrase. Icare Manteer. Le nom ne lui était pas inconnu. Comment le pourrait-il quand le personnage était à lui seul l'une des causes de la défaite impériale sur Dubrillion ? Elle contint ses émotions : ce n'était pas le moment de laisser libre cours à sa colère en brisant un autre vase, si ce n'était bien plus. Elle se contenta de remercier poliment le secrétaire et de se retirer. Dans le bâtiment, elle trouva un couloir plus calme que les autres et y prit quelques minutes pour canaliser ses émotions. Surtout pas les éteindre, ais les transformer. Utiliser la colère pour alimenter sa détermination. Peut-être viendrait un moment où elle pourrait laisser parler librement cette force difficile à contrôler, mais pas pour l'instant.
Alors qu'elle s'apprêtait à retourner explorer le bâtiment, elle entendit une conversation venant d'une pièce non loin. Une conversation qui ne semblait pas plus calme qu'elle ne l'était. Et les voix lui disaient quelque chose. Elle s'approcha lentement mais en essayant d'avoir l'air naturelle. Le pire pour sa couverture serait d'être prise à espionner directement. Quand elle put entendre distinctement la conversation à travers une porte entrouverte, ses doutes furent rapidement confirmés :

« ...je n'irais pas à cette réunion. Ce genre de procédé n'a rien de légitime ! Pourquoi pas nous demander de nous aligner devant des poteaux pendant que vous y êtes !
-Cessez de dramatiser Lucien, c'est un maître jedi. Il souhaite simplement vous parler et nous aider à résoudre cette crise.
-S'il souhaite parler aux industriels, qu'il parle à tous les industriels. En quoi ce qu'on pense de la République ou de l'Empire a quoi que ce soit à voir là-dedans ? Je refuse de me prêter à cette mascarade. Si nos opinions politiques vous gênent dites-le clairement !
-Mais enfin ça n'a rien à voir... »


Du mouvement devant elle. Elle le sentit bien avant que le petit groupe -pas plus de trois d'après ses montrals- ne passent l'angle du couloir. Vu le peu de personne dans ce couloir, sa présence ne passerait pas inaperçu. Elle pouvait se camoufler. Ou elle pouvait tenter d'entrer dans une discussion qui lui semblait intéressante, voir prometteuse. Elle composa son rôle et attendit. Comme elle l'avait sentit, trois personnes passèrent l'angle, un humain et deux gossams. Ils avaient plutôt la tête de personne chargées de la sécurité que de grattes-papiers. La gossam qui marchait en tête posa directement ses yeux sur Vriska et l'interpela :

« Madame, cette zone n'est pas autorisée à tous nos visiteurs, veuillez vous identifier.
-Excusez-moi, je suis Saala Haze, membre de la délégation de Kriss-Io. Nous avons atterri tout à l'heure. Je souhaitais rencontrer le ministre en charge du développement industriel Coldrin Jonas.
-Je sais très bien qui est le ministre. Vous avez une autorisation ?
-On ne m'a rien donné de particulier, on m'a simplement dis de venir me présenter ici. Et que le ministre jugera lui-même de s'il veut me recevoir. »

Il y avait dans cette phrase une légère inflexion qui la rendait difficile à ne pas croire. La gossam hésita un instant puis se dirigea vers la porte d'où provenait les voix et toqua. La discussion à l'intérieur se tût et on lui ordonna d'entrer. Elle le fit en refermant soigneusement la porte derrière elle, ce qui empêcha la togruta d'écouter ce qui se disait.. Quand elle ressortit, elle s'adressa directement à Vriska :

« Il accepte de vous recevoir. Nous attendrons ici pour vous reconduire dans les zones destinées à recevoir les visiteurs. »

Vriska hocha la tête en affichant un simple sourire poli et se dirigea vers la porte dont elle actionna la poignée. Elle savait déjà ce qu'il s'y trouvait. Assis de par et d'autres d'un bureau, Coldrin Jonas et Lucien Fel. Le premier, humain, ne dominait pas son interlocuteur grâce à un siège rehaussé, commun sur ce monde où les deux principales populations, égales en droit et en importance, avaient une stature aussi différente. Elle les connaissait, elle leur avait parlé lors de sa précédente visite. Coldrin était même devenu un contact régulier de Dame Sechii -Frann s'y entendait pour donner corps à de fausses identités-. Aucun des deux ne cachait son étonnement et un léger agacement de la voir ainsi débarquer. Comme souvent, Lucien fut le premier à parler :

« Peut-on savoir pourquoi vous nous interrompez de la sorte ?
-En tant que représentante de la corporation Kriss-Io venue négocier pour un contrat de grande envergure avec les industries de Felucia, je souhaitais m'entretenir avec le ministre Jonas. Je ne savais pas qu'il était déjà dans une discussion, monsieur ? » provoquer l'égo gossam était un bon moyen d'avoir son attention, elle l'avait découvert la dernière fois. Avant qu'il ne réponde, Coldrin parla :
« Pourquoi des industriels impériaux viennent-ils sur Felucia alors que la guerre fait rage ? Et, sans indiscrétion, j'ai l'impression de vous avoir déjà vu.
-Vous êtes certain qu'il ne s'agissait pas juste d'une autre togruta ? Sans vouloir vous manquer de respect, les autres espèces nous confondent facilement. » quelques inflexions légères de la force pour donner plus de poids à son discours permit, si ce n'était de les convaincre, d'endormir leurs soupçons : « Quant à ma raison ici, elle est en effet liée à la guerre. Kriss-Io aimerait pouvoir compter sur une source d'approvisionnement fiable pour fournir divers stimulants à l'armée impériale.
-L'armée impériale ne nous a jamais été très favorable.
-Présentement elle se bat à plusieurs parsecs d'ici. De plus Kriss-Io possède de bonnes relations avec le commandement de l'armée. Ses partenaires commerciaux ne sauraient souffrir des mains de l'armée. »

Plus ou moins un mensonge. Kriss-Io n'avait pas de si bonnes relations que ça avec l'armée. Elle n'était même pas son premier fournisseur. En revanche, Darth Senjak possédait de telles relations et, au final, seul le résultat importait. Elle n'accordait pas une grande importance aux traités commerciaux mais elle comptait tout faire pour que Felucia ne se transforme pas en nouvel exemple de la répression impériale. Lucien intervint de nouveau, supportant mal son exclusion :

« Je suis sûr que votre nouvel ami jedi va adorer cette visite. Il ne vous a pas encore demandé de les mettre à la porte ? » exactement ce qu'elle espérait entendre.
« Je ne sais pas s'il est au courant de ça. Et peu importe. Madame, si vous avez des propositions à faire, votre délégation devrait s'entretenir avec les chefs d'entreprise. Ce qu'elle fait à l'instant si je ne me trompe pas, puisqu'on m'a déjà porté des résultats de discussion préliminaires concernant votre offre, intéressante je dois dire, mais...
-Vous pouvez oublier cette offre, s'il y a un jedi ici, plus aucun accord n'est envisageable. »

C'était un coup de poker. Elle avait besoin de capturer leur entière attention, de les prendre à l'hameçon. Il lui fallait juste espérer que Tseth avait suffisamment garni l'appât. Et vu leur tête, c'était le cas. Bien qu'ils le cachaient avec l'expérience des hommes d'affaires, ils n'aimaient pas cela du tout. Coldrin se ressaisit le premier :

« Puis-je vous demander pourquoi ?
-Qu'elles que soient ses intentions, elles ne peuvent escompter rien de positif pour de futurs traités. Les jedis et le progrès industriel ne font juste pas bon ménage.
-Vous y allez un peu fort, il n'a jamais parlé de nos industries.
-Si vous oubliez qu'il veut rencontrer tous les chefs d'industrie qui sont partisans d'un commerce avec l'Empire, pour ''discuter''.

-Cessez votre paranoïa Lucien, que voulez-vous qu'il fasse ? Vous exécutez avec son sabre laser ? Soyez un peu sérieux, c'est un jedi, pas un sith. » le gossam haussa les épaules, laissant entendre tout le bien qu'il pensait des jedi.
« Les jedis se contentent rarement de paroles. Ils agissent. Pour le ''bien'', suivant votre point de vue sur la question.
-Ils ont sauvés Felucia.
-Non, une initiative heureuse de la part d'un commandant avisé a sauvé Felucia. Les jedi ont donné des coups de mains. Vous ne leur devez rien. Et certainement pas les laisser s’immiscer dans le fonctionnement de votre planète. Mais bon, je ne vais pas vous dire comment faire votre boulot. Je suis simplement étonnée qu'ils veulent juste discuter. Ce jedi a sûrement plus derrière la tête.
-Allez Coldrin, nous sommes dans le même bateau vous et moi. Pas toujours d'accord, certes, mais dans ce genre de situation on doit collaborer. » surenchérit Lucien, qui savait reconnaître une bonne occasion d'en savoir plus quand il en voyait une.

Le ministre hésita un instant. Vriska se refusa à faire pression sur son esprit. D'une part parce qu'elle ne tenait pas à manquer d'endurance si la situation devenait critique -la confrontation approchait, elle ne savait comment mais elle le sentait- et d'autre part parce qu'elle ne voulait pas qu'il ait le sentiment de s'être fait floué par la suite. La manipulation des esprits laissaient des marques après coup. Finalement Coldrin opina légèrement de la tête :

« Il n'a pas demandé à parler qu'aux chefs d'entreprises. Il a aussi voulut s'entretenir avec les chefs des principales milices. Je ne sais pas exactement ce qu'il leur a proposé. Mais ça n'augure rien de paisible.
-S'ils osent s'en prendre à nous...
-Vous allez faire quoi ? Riposter ? Vous avez moins d'hommes et d'armes, ne soyez pas bêtes. Le meilleur truc que vous ayez à faire, c'est d'attendre qu'elles se calment.

-Non. De filmer. »

Les deux se tournèrent vers Vriska qui venait d'intervenir, leurs regards l'invitant à détailler ce qu'elle avait en tête.

« La faiblesse des milices, c'est qu'elles sont dépendantes de leur image. Héros d'un jour, bouchers du lendemain. Prévenez les industriels à risques de filmer tout ce qui pourrait se passer. Provoquer des incidents si possible, assurez-vous de les prendre sous leur pire jour. Et diffuser un maximum. Dès que ça sera sur les ondes, vous, elle désigna le ministre, vous devrez dénoncer leurs actes. Le reste du gouvernement devra vous suivre ou assumer son éclatement tout en jouant les équilibristes sur une pente savonneuse. Bien entendu tout réside dans la vitesse d'exécution : si vous leur laissez le temps de présenter correctement leurs actions, elles n'auront rien de menaçant pour le citoyen lambda.
-Il y a quelque chose que je n'ai pas bien compris : quel intérêt au juste aurais-je à contrecarrer leurs actes ?
-Parce qu'une population qui règle ses problèmes par les armes en prend vite l'habitude. Parce que rien ne dit plus ''instabilité gouvernementale'' que ''milice populaire''. Et parce que rien ne plaît plus aux masses exaltées que de virer tous les symboles de l'ancien pouvoir impérial. Même ceux qui se dévouent à leur peuple depuis deux ans en tant que ministre. »

Un silence pesant s'installa après cette phrase. Coldrin posa son bras sur l'accoudoir de son fauteuil et appuya son menton dans sa main. Il regardait légèrement de biais, le regard perdu dans le vague. Lucien s'impatientait. Il allait dire quelque chose quand Vriska le stoppa d'un geste et que, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, il obéit. Finalement le ministre se redressa sur son siège :

« Je verrais ce que je ferais en temps et en heure. Pour l'instant, il y a une rencontre de prévu. Et vous allez y assister Lucien. Avec vos confrères. J'ai écouté ce que vous aviez à dire, à vous d'écouter ce que ce maître jedi a à dire. Il n'y aura plus de discussions sur ce point. »

Lucien Fel grogna un assentiment et sortie du bureau. Vriska allait le suivre mais, au niveau de la porte, Coldrin l'interpella :

« Une dernière question, madame Haze. Je croyais que les togrutas possédaient un seul appendice dorsal ?
-Une légère mutation, rare mais absolument inoffensive. »

Elle avait répondu mécaniquement et comprit aussitôt son erreur. Elle se contenta de fixer Coldrin dans les yeux en soutenant son regard interrogateur. Finalement il se contenta de lâcher :

« Qui êtes-vous ?
-Quelqu'un qui a la capacité de faire de ses paroles une réalité. Et qui, croyez-le ou non, ne veut que votre bien et celui de votre planète. »

Sur ces mots qui laissèrent le ministre songeur elle quitta le bureau et suivit Lucien qui n'avait qu'une courte avance sur elle. Il était plus que temps de cesser ces évasions ridicules. Arrivée aux étages plus fréquentés, elle croisa les représentants de Kriss-Io accompagnés de Frann. Celle-ci lui remit un rapport complet qu'elle lirait plus tard tandis que Tseth faisait un rapide résumé : ils avaient convaincus bon nombre d'industriels, au moins intéressés les autres, et leur proposition de contrat planétaire avait été inscrite au registre des demandes portées à l'attention du gouvernement, afin qu'elle soit examinée en haut lieu. Vriska le félicita.

Elle avisa Lucien Fel, de l'autre côté de la pièce. Il avait rejoint un groupe d'industriels. Elle aurait pu les rejoindre et, sans problème, participer à cette réunion. Elle en avait le projet jusqu'alors. Il lui fallait confronter ce maître jedi, c'était lui, sa seule présence, qui menaçait ses plans. Elle ne comptait bien sûr pas l'affronter de manière littérale mais il devait jouer à un jeu de manipulation aussi complexe qu'elle-même, même s'il était entré par la grande porte. Si elle parvenait suffisamment à le perturber, peut-être ferait-il des erreurs dont elle pourrait tirer parti.
Mais ce lieu n'était pas idéal pour leur discussion. Au milieu de ce bâtiment où elle devait être Saala Haze. Il fallait l'attirer au dehors. Mais ne pas rejoindre les industriels, c'était prendre le risque de les perdre. Elle hésita longuement. Prendre le risque de perdre ses soutiens ou celui d'être découverte ? Choix cornélien. Elle décida finalement de patienter. Pendant que la réunion commençait, elle se laissa aller à regarder par la fenêtre et ce qu'elle aperçut lui donna une idée. Puis elle se retourna subitement. L'aura était revenue. Le jedi ne se cachait plus. C'était aussi une invitation, à laquelle elle allait répondre à sa manière. Avisant un valet qui portait une théière sur un plateau, dont elle pouvait deviner à qui elle était destinée, elle demanda à Frann un bout de papier et un stylo. Bien que la zabrak en fut étonnée, elle obtempéra et Vriska griffonna quelques mots sur le papier : « Puisque vous tenez tant à me rencontrer, je vous propose de nous retrouver dans une heure à la terrasse que l'on peut apercevoir depuis les fenêtres de la façade, celle sur un champignon géant. ». Puis elle se dirigea vers le valet qu'elle aborda en demandant son chemin. Détournant son attention, elle parvint à faire glisser le papier sous la théière sans qu'il ne le remarque, puis le laissa partir. Ensuite elle repartit dans le sens inverse, donna quelques instructions à Tseth et les autres représentants puis quitta le bâtiment gouvernemental seule. Elle passa récupérer son sac dans son vaisseau puis rejoignit l'endroit où elle avait donné rendez-vous au jedi. Elle s'installa à l'une des tables et attendit, tout sens aux aguets pour s'éviter de tomber dans un traquenard grossier.

HRP:
Invité
Anonymous

Solitude.

Seul, isolé, délaissé – l’éloignement ressenti de son adversaire, son absence prolongée et son échec à se présenter convainquirent le vieillard que des utilisateurs de la Force il demeurerait l’unique représentant présent à cette réunion. La vergence n’était pas disparue – oh non. Mémento perpétuel, elle continuait de le titiller, de l’énerver. Comme une cousine malaimée s’obstinant à s’imposer, un client trop curieux, l’aura ténébreux persistait. Mais, la distance s’élargissait ; son invitation avait été refusée.

- Vous comprendrez aisément, maître Manteer, expliquait un humain dont la décadence physique était visiblement proportionnelle à sa morale, que nous ne pouvons vraisemblablement envisager de se ranger de votre côté. Nous sommes ouverts au dialogue, évidemment – c’est en dialoguant que nous arriverons à nous tirer de cette crise ! Mais, nous devons avant tout veiller à la santé de nos industries et de nos investissements, qui permettent d’hausser le niveau de vie de tous les Féluciens en leur procurant des emplois. Le gouvernement est peut-être important, mais les entreprises, elles, sont primordiales – elles sont le cœur de notre société, qui achemine sur tout notre monde le sang, enfin, les ressources, vous comprenez ma métaphore, nécessaires à la survie de tous ses membres. Or, pour que nous arrivions à prospérer, nous devons avoir accès aux marchés les plus avantageux…
- Et ces marchés, l’interrompit le Dragon, sont ceux de l’Empire ?

Un malaise accueilli sa question, tandis que l’individu plus crapaud qu’humain qui s’afférait quelques secondes plus tôt à le noyer sous d’innombrables banalités et images élimées respirait bruyamment, cherchant à retrouver le fil de ses pensées. Conservant le calme olympien caractéristique de ses dégoûts les plus virulents, l’Épicanthix ne pouvait qu’éprouver de la pitié. Devant lui se dressait la carcasse éthique d’êtres aux ambitions formatées par leur éducation, leur endoctrinement, celles-ci n’étant au final que les produits putrides d’années sous le joug impérial. Tous, ils n’étaient que les rebuts d’un système tyrannique plaçant le profit au-dessus de la plus élémentaire des compassions – tous, ils étaient des enfants, des bambins, habitués à des règles précises, créées pour les avantager, cherchant maintenant à les répliquer afin de récupérer leur confortable sécurité. L’Empire avait été bon pour eux ; il les avait hébergé, les avait formé, les avait engraissé. Il avait fait d’eux des particuliers puissants, influents, les avait convaincus d’être les moteurs du développement de Félucia. Lors de la Crise de la Permelienne, leur patrie nourricière s’était éloignée, leur retirant la protection de ses troupes armées – au final, c’était la peur de l’incertain, la peur d’être renversés, oubliés, qui guidaient bon nombre d’entre eux de nouveau dans le giron d’une maîtresse pourtant tortionnaire et malveillante envers leurs compatriotes. Ces derniers étaient pour eux des étrangers – ils ne les comprenaient plus et donc, par conséquent, les craignaient. Ils étaient conservateurs et, sans même le réaliser, étaient déjà dépassé par les événements.

Depuis qu’il avait débuté la rencontre, un éléphant était dans la pièce, un tabou que nul n’osait approcher. Ils savaient pourquoi ils étaient ici : leur support à l’Empire. Ils savaient pourquoi Icare était ici : pour emmener Felucia dans son camp. Leurs intérêts étaient divergents ; rien ne semblait pouvoir les réconcilier. Pourtant, le maître avait exigé de s’adresser à eux. Ils s’étaient attendu à de l’agressivité, à un air de supériorité typique des Jedi. Ils s’étaient attendu à recevoir un fanatique, un convaincu, un être hostile – cependant, ils n’avaient jusqu’alors qu’interagit avec le plus aimable des vieillards. Un peu rude sur les bords, un peu sec et direct dans ses structures argumentaires, mais totalement inoffensif du premier coup d’œil, si l’on oubliait son statut d’armoire à glace. La question du Varan, sa grossière interruption, avait donc été sa première attaque frontale, et leur silence, le premier sang coulé. Simplement, Icare s’était impatienté. Depuis le début, il les sentait hésitant, comme s’ils mesuraient leurs mots, cherchaient à occulter à son regard une information essentielle. Ils parlaient de prospérité promise – comme s’ils s’étaient entendus avec d’autres individus, comme si un accord échappait à son regard.

Pour cette raison, il avait interrompu l’obèse. Pour cette raison, il avait levé sa main, empêchant quiconque de lui répondre, et avait continué :

- Cessons de nous voiler la face. Vous savez pourquoi vous êtes réunis ici – vous savez pourquoi j’ai tenu à vous rencontrer. Alors, arrêtons de faire comme si nous l’ignorions tous, et tentons d’avancer de manière productive dans nos discussions. Tous, vous êtes connus – que ce soit par des informations privilégiées ou de par la nature vocale de vos déclarations – comme étant favorable à ce que Felucia penche dans le sens de l’Empire, ayant été identifiés de cette manière par le gouvernement. Cependant, tous, vous faites la même erreur. Vous calculez vos actions comme si Felucia était toujours membre dudit Empire, comme si les mêmes règles s’appliquaient. Comme si vos actes et désirs n’avaient pas des conséquences différentes des précédentes maintenant que cette planète est devenue indépendante. Vous agissez comme si la République, l’Ordre, l’Espace Hutt, les Bothans ne comptaient pas, comme si la Galaxie en entière vous était indifférente et que seule l’Impératrice était importante. Avant, c’était peut-être le cas. Maintenant… la situation est différente. Changée. Vous êtes désormais seuls, et la Galaxie, lorsque l’on est seul, peut être un endroit terrifiant.

Le malaise s’épaissit – ils ne s’attendaient pas à une confrontation aussi directe, aussi frontale, leur inconfort s’alourdissant avec la diatribe du briscard qui se poursuivait :

- Pour des raisons qui m’échappent, vous semblez tous confiants, bien que discrets dans cette conviction, que le retour de l’Empire sur Felucia ou l’alignement de votre planète sur celui-ci ne pourrait qu’être à votre avantage, vous ouvrir de nouveaux marchés propres à l’exportation de vos produits. Se faisant, vous ignorez les avertissements mêmes de l’Impératrice, qui affirma dès la souveraineté de Felucia proclamée qu’elle récupérera ce monde par les armes. Un tel retour ne pourrait qu’être difficilement à votre avantage pour deux raisons. D’abord, pour les dommages aux infrastructures qui seraient nécessairement infligés. Ensuite, pour la purge qui serait ensuite infligée – tous, d’une certaine manière, ne serait-ce que de par votre présence en ce jour sur le sol de cette planète, êtes traîtres à l’Empire. Si vous pensez que ce dernier l’oubliera, c’est que vous connaissez mal les Sith. De fait, votre insouciance quant à ces risques ne peut pour moi signifier qu’une seule chose : que vous avez des assurances de la part d’Impériaux que votre statut serait maintenu, affirma-t-il, remarquant aussitôt un cillement chez certains de ses interlocuteurs confirmant sa supposition. Or, c’est justement ces assurances qui devraient être pour vous les plus menaçantes. Je serai clair : la République est prête à se défendre. Elle n’est pas prête à accepter de voir son nouveau voisin souverain annexé par son ennemi. Rejoindre l’Empire, c’est certes accéder à des marchés plus proches et avantageux dans l’immédiat, mais surtout devenir l’adversaire de la République, faire une croix sur ses marchés bien plus vastes que les impériaux et, surtout, choisir le camp perdant.

Vidant sa tasse de thé, le vieillard avisa une note qu’il avait jusqu’alors négligé, glissée sur son plateau : « Puisque vous tenez tant à me rencontrer, je vous propose de nous retrouver dans une heure à la terrasse que l'on peut apercevoir depuis les fenêtres de la façade, celle sur un champignon géant ». Charmant, pensa-t-il, déchirant le bout de papier et se levant en regardant les industriels médusés qui lui faisaient face. Avec le délai qui lui était accordé, il allait devoir se déplacer rapidement pour mettre tous ses pions en place à temps, pour positionner l’échiquier de façon à être avantagé.

- Eh bien, je pense que nous avons terminé. Messieurs, je vous remercie pour ces discussions fort instructrices, dit-il, se retournant et marchant vers la sortie.

En passant le cadre de porte, il entendit quelques murmures – deux-trois commentaires déplaisants, provenant de ceux les moins touchés par son discours. Il ne pouvait convaincre tout le monde – tout ce qu’il voulait, c’était semer le doute, la confusion et la discorde dans leurs rangs. Or, en prime, il avait obtenu une information pertinente qu’il n’avait pas pensé gagner de cette manière. Dès qu’il fut dans le couloir, il fut rejoint par Jocelyne, la pauvre transportant toujours son datapad et affichant depuis quelques minutes un air des plus blasés. Icare, lui, était satisfait. Penser que les industriels étaient en contact avec des impériaux était une chose – le savoir en était une autre, une bien plus utile et profitable pour sa cause. Alors qu’ils déambulaient en direction des étages supérieurs, à la recherche d’un ascenseur, il questionna son acolyte :

- Jocelyne, des Impériaux sont-ils présents en ce moment dans la capitale ? Pas nécessairement des agents gouvernementaux, seulement des particuliers peuvent suffire.
- Mmhm, répondit-elle, cherchant l’information dans la banque de donnée rendue disponible par leur alliance avec les membres de l’État. Des représentants de la corporation Kriss-Io sont arrivés aujourd’hui. Ils ont rencontré des chefs d’entreprise, mais pas… Ah oui, pardon ; l’un d’entre eux a rencontré le ministre Coldrin Jonas.

Le vieillard hocha de la tête, comme s’il s’y attendait. C’était donc le déguisement de son Némésis du moment, le bouclier qu’il utilisait pour se déplacer en toute impunité et lui mettre des bâtons dans les roues. Il avait dû être pressé de rejoindre Felucia, pris par surprise par sa venue annoncée, pour avoir opté pour un artifice aussi grossier ; si ce dernier était efficace dans la mesure où il permettait au Seigneur Sith d’entrer par la porte avant, ses problèmes d’optique étaient dévastateurs, blessant toute les initiatives de celui y recourant. Dans certaines situations, les optiques étaient indifférentes, peu importantes – mais, dans le cadre de cette crise, ils étaient primordiaux, élémentaires. Après tout, toute révolution était fondée sur des optiques favorables à son exercice et à sa réussite. Par conséquent, savoir que la faction qu’il cherchait à déstabiliser, à émasculer, s’entretenait avec des impériaux, savoir que le ministre qui était le moins favorable à l’intervention Jedi avait fait de même et que lesdits impériaux étaient dirigés par un Sith était une occasion en or de prendre le dessus dans la danse, de prendre de vitesse ses opposants. Aussitôt, une foule d’idées bourgeonna dans son esprit sur comment prendre avantage de la situation, sur comment exploiter cette faiblesse à son maximum – lorsqu’ils atteignirent un ascenseur, sa stratégie était toute esquissée, planifiée, prête à être exécutée. Plutôt que d’appuyer sur l’un des boutons leur permettant de se rendre aux étages supérieurs, il opta pour le chemin de cinquième étage, où il savait que la liaison avec les différentes milices maintenant de son côté avait été installée. Il dénicha dans l’une des pièces Rachel Serrido, qui s’afférait à coordonner la prise de position des différentes troupes, relevant aussitôt la tête lorsqu’elle aperçut l’armoire à glace entrer.

- Rachel, les milices peuvent-elle répandre des rumeurs efficacement dans la population ? demanda-t-il.
- Maître Manteer, les milices sont la population, répondit-elle de manière légèrement condescendante.
- Fort bien. Qu’elles répandent l’information suivante : un groupe d’industriels ont aujourd’hui pactisé avec des impériaux présents dans la capitale, un Seigneur Sith étant même parmi eux.

La Gossam accueillit avec un calme remarquable l’information, fixant l’Épicanthix.

- Maître, le gouvernement a toujours caché la présence de représentants impériaux à la population afin d’éviter de l’affoler. Je n’ai jamais été d’accord avec une telle politique, mais devant une telle rumeur, je ne peux que la trouver judicieuse…
- Il n’y aura pas d’affolement, Rachel, seulement de la mobilisation motivée par le même patriotisme qui vous poussa à former votre milice durant les débuts de la crise afin de maintenir la paix dans les rues. J’ai besoin que le peuple soit informé de la situation – Felucia a besoin d’être informée de ce qui se passe dans les halles de son propre gouvernement. Pouvez-vous le faire ?

Elle hésita un instant, avant de hocher de la tête, se retournant pour aller transmettre les ordres à leurs alliés. Icare rebroussa immédiatement le chemin, regagnant l’ascenseur afin d’aller rejoindre les autres membres du gouvernement provisoire afin de leur donner ses dernières instructions avant sa rencontrer avec le Seigneur Sith. En répandant le mot, en laissant les foules s’enflammer devant la trahison des corporations, les sachant peu enclines à se laisser gentiment guider de nouveau sous l’oppression de l’Impératrice, il avait volontairement piégé ses alliés du moment. Comment le gouvernement pouvait-il agir, si ce n’était qu’en sévissant vis-à-vis des entreprises traîtresses ? Il ne pouvait demeurer inactif – non, ce serait admettre l’impuissance. Il ne pouvait endosser l’alliance – non, ce serait trahir le peuple et s’attirer sa colère. Il ne pouvait éviter, chercher les demi-mesures, chercher à rassembler – l’occasion était depuis longtemps passée. Ils n’avaient maintenant plus le choix : ils allaient devoir foncer, ou risquer de voir leurs têtes tomber. Certes, l’Épicanthix n’avait pas cherché à révéler au prolétariat le fait que l’un des ministres avait aussi rencontré les représentants de l’Empire. Cependant, n’importe quel fonctionnaire pouvait trouver l’information de la même manière que lui l’avait fait – or, si les fonctionnaires aimaient faire une chose, c’était bien fuiter et tout balancer sous le couvert de l’anonymat aux journalistes et aux masses populaires. Volontairement, Icare avait augmenté la précarité de leur situation, afin d’ainsi les forcer à prendre des mesures qu’ils pouvaient hésiter à voir mis en œuvre. Finalement, il arriva aux portes de la salle où attendaient ses alliés, salle dans laquelle il s’introduisit aussitôt, ayant de moins en moins de temps à perdre.

- Maître Manteer, entendit-il, alors, comment s’est déroulée votre rencontre ?

La voix provenait du fond, du ministre Jonas.

- Bien, dit-il. Suffisamment pour que j’en sois satisfait. Monsieur Breen, l’ordre exécutif est-il prêt et signé, prêt à être publié ?
- Oui, répondit l’intéressé, et les milices sont présentement en mouvement. Cependant, elles ont besoin de plus de temps pour pouvoir atteindre toutes les cibles. Même en comptant le délai nécessaire à la propagation de la nouvelle, nous manquons de marge de manœuvre. De plus, êtes-vous réellement convaincu, maître, qu’il s’agit de la meilleure manière d’approcher le problème ?
- La population sait que les industriels ont représenté des impériaux parmi lesquels était présent un Seigneur Sith. Nous n’avons plus le choix de foncer, sans quoi vous tomberez avec eux.

Au fond, Coldrin s’étouffa dans son thé.

- Que tout soit prêt. Je vais répondre à une invitation ; je vais aller discuter avec ce Seigneur Sith, et ce afin de nous acheter du temps. Utilisez-le à bon escient afin de finaliser nos préparatifs. Faites surveiller la terrasse à proximité située sur un champignon géant ; dès que je me lèverai et que je la quitterai, passez à l’action.

Il hocha la tête en direction des différents membres du gouvernement, remarquant au passage l’air insondable du ministre Coldrin, avant de regagner une dernière fois l’ascenseur. Il laissa Jocelyne dans le vestibule, obtenant de la part de l’une des réceptionnistes les indications nécessaires pour se rendre à son lieu de rendez-vous. En suivant un dédale d’escaliers, il arriva à sa destination. Sur le champignon, à une table, l’attendait une Togruta aux airs des plus banales. Pourtant, irradiait d’elle un nexus ténébreux des plus identifiables, convainquant ainsi le vieillard qu’il s’agissait bel et bien de son adversaire du moment. Une Dame Sith, donc. Il s’approcha lentement, prenant prudemment place autour de la table.

- Je m’excuse de mon retard, dit-il, faisant signe à l’unique serveur de l’endroit de leur apporter une théière. J’ai été retenu par d’autres occupations – vous savez, contrecarrer vos actions, ce genre de banalité. Je ne peux pas vraiment affirmer être heureux de faire votre connaissance, madame, ni même enchanté… Intrigué conviendrait mieux. Donc, intrigué de faire votre connaissance, madame..? demanda-t-il, laissant sa question en suspens afin de lui laisser toute la latitude de lui mentir sur son identité. J’espère que vous n’appréciez pas le climat félucien assez pour songer à vous y installer !

Un Dragon se promenait sur un champignon géant.
Il organisait une révolution tranquille.
Et prenait le thé avec une Sith.
Invité
Anonymous
« Senjak. Ravie de vous rencontrer en personne maître Manteer, la dernière fois nous n'avons guère fait plus que de nous croiser sur, ou plutôt devrais-je dire autour de Dubrillion. »

Pas vraiment des souvenirs reluisants dans lesquels se replonger. Certes l'Empire avait fait payer à la République le prix fort pour son attaque imprudente, et certes Vriska avait aussi parfaitement que possible tenu son rôle -même si le haut commandement n'avait pas vraiment apprécié certaines de ses initiatives-, néanmoins une défaite restait une défaite.

« Rassurez-vous, je n'aime pas cette planète. L'atmosphère y est trop moite et la végétation définitivement trop exotique à mon goût. Contempler sa ville depuis le sommet d'un champignon géant a certes quelque chose de distrayant mais au quotidien, je n'en veux pas. En fait j'aimerais ne pas avoir à me soucier de Felucia et la laisser croupir dans l'indifférence galactique, seulement voilà, je ne peux pas le faire.
Pas plus que vous, visiblement. J'ai été assez... -comment dire ?- désappointée d'apprendre qu'un jedi se rendait sur Felucia pour rencontrer le gouvernement. Vous l'imaginez aisément. Cela dit, j'ai été assez surprise quand j'ai su que c'était vous. Je m'attendais plutôt à ce que vous meniez quelques héroïques combats pour défendre Lorrd. Ou Gravlex Med. Que le Dragon de Dubrillion combatte aux côtés de ceux qu'il avait appelé à son aide, en somme. »


Elle n'était pas très courtoise, elle le reconnaissait. Mais enfin, ce jedi venait mettre le bazar dans ses plans pour ramener Felucia à l'Empire, elle n'allait pas l'encourager ou l'applaudir. Elle espérait surtout pouvoir jauger de sa réaction et, peut-être, pouvoir estimer à quel point son interlocuteur était convaincu du bien fondé de sa présence ici. Qu'il lui donne peut-être quelque chose sur quoi appuyer, un point faible à exploiter. Elle ne se faisait pas trop d'illusions cela dit, il allait falloir plus que quelques piques pour se frayer un chemin dans la carapace de ce jedi.

Elle devait le reconnaître, elle était face à quelqu'un qui savait soigner l'image qu'il donnait de lui. Le jedi était carrément imposant dans sa tenue rouge et avec un air que n'auraient pas renié nombre des confrères de Vriska. De fait, pour une fois, elle avait presque l'impression d'être quelconque. Un sentiment qu'elle se devait de combattre, elle n'avait pas besoin de ses bijoux et de ses robes pour être une seigneur sith. Et puis cette différence de taille ne l'aidait pas non plus.
C'est ce moment que choisit le serveur pour déposer une théière sur la table entre les deux et servir deux tasses. Elle le remercia avec un sourire et il repartit. Vriska reporta son entière attention sur le maître jedi.

« Une infusion ? »

Elle n'ajouta rien, se contentant d'afficher un air un peu amusé. Elle prit la tasse dans sa main. L'odeur était assez prometteuse déjà. Elle la porta à ses lèvres et but une gorgée. Le liquide était encore extrêmement chaud mais cela ne la gênait pas. Il avait un goût agréable. Elle reposa la tasse.

« Elle n'est pas mauvaise je dois dire. Même si je pense qu'il vaut mieux que je ne sache pas de quelle plante elle provient, vu ce qui pousse dans les environs. Mais je digresse. »

Elle semblait totalement à son aise, à discuter ainsi. A la voir, on aurait presque penser à une rencontre amicale entre deux personnes qui ne se connaissent que de loin. Bien sûr, entre ce qu'elle montrait et ce qu'elle était il y avait un gouffre. Elle était aux aguets, particulièrement attentive aux mouvements autour d'elle : il aurait été si facile d'essayer de lui tendre une embuscade. Mais même, pourquoi s’embarrasser d'une embuscade ? Après tout elle était seule avec un maître jedi. Pas d'escouades de soldat prête à intervenir, pas d'apprentis sur ses talons, pas même son akul -qui aurait pourtant adoré cette planète- prêt à mourir pour elle. Ce n'était pas une situation particulièrement enviable.
Et pourtant elle l'avait créée elle-même. Fatiguée de se courir après dans les couloirs de ce bâtiment, de s'opposer par petites manipulations interposées, elle avait souhaité amener cette situation au grand jour. Était-ce la meilleure chose à faire ? Elle en était difficilement convaincue, mais ça n'allait pas l'arrêter maintenant.

« Vous avez dis que vous vous étiez occupé de contrecarrer mes actions il me semble. Bien que je ne remette pas en cause votre intelligence ou votre savoir-faire, pour contrecarrer mes plans, il faut déjà les connaître. Je suis donc curieuse : pourquoi, selon vous, suis-je sur cette planète ? »
Invité
Anonymous
Senjak.
Darth Senjak.

Le nom résonna, écho d’une vague remémoration, d’un rapport légèrement quelconque. Pourtant, même en travaillant sa mémoire, le vieillard n’arriva pas à associer un dossier, un registre d’informations, à l’individu qui lui faisait face – malgré la découverte de son adversaire, il œuvrait donc toujours dans le noir, à tâtons dans les ténèbres. Cependant, l’information subséquemment révélée par sa Némésis est révélatrice – ainsi, elle aurait donc été l’une des commandants présents lors de la prise de Dubrillion, l’une des victorieux ayant fait retraite suite à la chute de leur Impératrice. Élusive, discrète, la Togruta avait alors échappé aux poussées martiales de l’Épicanthix par le fruit des circonstances, rendant donc comique qu’ils se rencontrent de nouveau dans un théâtre aussi différent après s’être d’aussi près manqués. Il ignorait qui elle était, ses ambitions, son caractère – mais, au moins, il avait à sa disposition un exemple de ses méthodes propre à le guider dans la danse qui allait s’amorcer.

- Oh, vraiment ? Navré de vous avoir manquée de si peu, répondit-il du tac au tac, le pensant réellement – il aurait bien aimé avoir réussi une série en mettant en échec trois Seigneurs Sith d’affilée. Je dois avouer avoir été passablement occupé à cette occasion par votre Impératrice qui, à son grand crédit, était une adversaire tenace.

Tenace, elle l’avait été, l’ayant contraint à employer des stratagèmes et tactiques que lui-même considérait comme moralement douteux. En triomphant sur Dubrillion, le Dragon était conscient d’avoir parié une partie non-négligeable de son éthique déjà bien dépensée. Non pas, bien sûr, qu’il ne s’en souciait vraiment ; les sacrifices éthiques étaient les derniers de ses soucis lorsqu’il s’agissait de sauver la vie d’innocents. La suite de la plaidoirie de la Togruta déconcerta momentanément le colosse, qui se garda d’extérioriser son trouble – l’indifférence galactique ? Le prenait-elle pour un idiot ? L’indifférence impériale n’était qu’une évidente feinte pour quiconque prenant la peine de se pencher un minimum sur la situation, le régime tyrannique escomptant manifestement une recrudescence dans le chaos planétaire en plus d’une dysfonction croissante de la part du gouvernement provisoire pour récupérer son monde égaré. Sur Felucia, le statu quo était l’allié de l’Empire et de ses intérêts et seuls les idiots en étaient inconscients.

- L’indifférence galactique serait effectivement l’attitude servant le mieux vos intérêts, Dame Senjak. J’ai aussi été dernièrement désappointé, savez-vous ? Déçu, même, lorsque j’ai compris que l’Empire profitait de l’indifférence galactique pour déstabiliser cette nouvelle planète indépendante, hypothéquer son avenir au profit de ses propres intérêts égoïstes. Devant une telle situation, la moindre des choses était que je me déplace en personne pour juger de l’état des lieux, ne pensez-vous pas ?

Une question rhétorique à laquelle il ne s’attendait pas vraiment à attendre une réponse, enchaînant :

- N’ayez crainte, toutefois. Même en mon absence, mes confrères et consœurs sont très à même de vaincre vos troupes, surtout si ces dernières maintiennent le niveau d’excellence dernièrement déployé sur Gravlex Med.

La pique était rapide – gratuite, inutile. Malgré l’épreuve qu’avait été les dernières semaines sur Gravlex Med et les pertes qu’ils avaient subi, le constat était tout de même véridique : pour conquérir cette planète, les Sith avaient été absolument lamentables, incapable de vaincre une trentaine de Jedi accompagnés des forces de réserve d’un monde fédéré de la République. Un monde important, majeur, de la République, certes, mais tout de même un monde fédéré – il ne s’agissait pas des soldats aguerris de la marine républicaine, mais plutôt de réservistes œuvrant sans le support de l’organisation militaire la plus puissante de la galaxie. Leur échange fut interrompu par le passage rapide du serveur qui, une fois la théière et les tasses correspondantes déposées, se précipita vers l’arrière-boutique pour échapper à la tranquille confrontation. Sirotant l’infusion, il ne put qu’acquiescer en accord à la déclaration de la Dame :

- Mhm, les feuilles utilisées sont aussi pour moi un mystère, une énigme, que je ne suis pas pressé de résoudre.

À les voir discutailler de la sorte, un observateur peu attentif ou même informé pourrait estimer qu’il s’agissait de deux amis longtemps séparés réparant leur relation – les circonstances étaient à la fois banales et extraordinaires, mêlant les deux qualités typiques des moments les plus historiques. Sans doute la Sith estimait-elle qu’il ne s’agissait que d’une rencontre – peut-être cherchait-elle à le ralentir, à tuer le temps, à l’immobiliser afin de l’empêcher d’infliger d’autres dommages à son château de carte bien construit. Elle ignorait qu’en réalité c’était plutôt l’inverse – elle ignorait que le briscard avait depuis quelques minutes joué presque toutes ses cartes, n’attendant plus que le moment opportun pour dévoiler son jeu. Ils allaient négocier, s’entendre, ne pas s’entendre – peu lui importait. Au moment où il allait quitter le champignon géant, quitter la terrasse, un ordre exécutif serait transmis, légitimant par le fait même au nom de la lutte aux traîtres conspirateurs la saisie subséquente par les milices civiles des patrimoines physiques des industriels les plus favorables aux intérêts impériaux. Ces industriels devenant dépouillés de la source de leur puissance et de leur influence, disgraciés par la rogne populaire consciente de leurs conspirations par le biais de la propagande des masses, le gouvernement et ses nouveaux alliés deviendraient donc libres de construire une Felucia forte, indépendante et souveraine.

Le contraire, donc, des intérêts de l’Empire. Un seul détail demeurait à régler : s’assurer qu’une action aussi directe ne puisse pas être écrasée par l’arrivée de croiseurs impériaux. D’où, d’ailleurs, l’intérêt de cette rencontre…

- Oh, n’hésitez pas à questionner mon intelligence, dit-il avec un petit sourire en coin. Il n’en fallait pas beaucoup pour appréhender le contour flou de vos actions. L’arrivée fortuite de représentants corporatistes impériaux accompagnée de la présence de votre aura ainsi que les rumeurs classiques de palais quant à la situation étaient les seuls indices nécessaires à cette révélation. Que vous cherchiez à consolider le support de vos alliés naturels n’était que tristement prévisible. Mais, continua-t-il, pausant pour ajouter un minimum de drame au moment, soyons francs quelques instants. Je ne souhaite pas voir Felucia quitter sa neutralité. Je doute que vous soyez prête à ouvrir un nouveau front par la libérer, considérant l’intervention républicaine immédiate qu’une telle action entraînerait, et je pense que le maintien de l’indépendance félucienne n’irait pas non plus à l’encontre de vos intérêts. Je serais donc curieux, madame, s’il serait possible de négocier nos retraits mutuels de cette planète afin de laisser les choses s’y développer sans… agents extérieurs. Qu’en pensez-vous ?

L’offre n’était pas réellement sincère, légèrement désespérée. Il ne s’attendait pas vraiment à la voir accepter – non, tout ce qu’il cherchait, c’était gagner du temps pour que les milices achèvent de se positionner. Toutefois, il ne pouvait s’empêcher de se questionner : pourquoi pas ?

Les Féluciens avaient tellement à y gagner.
Invité
Anonymous
« Votre proposition n'est pas très crédible puisque vous êtes le premier et principal agent extérieur à venir vous mêler de la politique de cette planète. »

Ce n'était pas exactement vrai mais puisque personne n'avait encore réellement fait le lien entre les deux venues de Vriska, c'était tout comme. Et depuis, elle avait laissé Felucia suivre son chemin. Un chemin autodestructeur qui lui allait très bien, mais néanmoins que la planète avait emprunté toute seule, sans aucune aide extérieure. Son arrivée récente n'était qu'en réponse à la venue de ce jedi. Une position qui, d'ailleurs, ne lui plaisait guère.

« Quant à la réponse républicaine immédiate... la République peut-être qualifiée de bien des façons, et contrairement à nombre de mes confrères, je lui en accorderais plusieurs de tout à fait positives. Mais 'rapide' ne lui sied en aucune circonstance. Sauf peut-être pour lancer des forces dans une attaque mal préparée sur un monde secondaire et devoir sa victoire à la providence. Forces de surcroît insuffisantes pour espérer tirer le moindre profit à long terme de cette victoire. »

Elle laissa une petite pause, le temps de boire une gorgée avant de reprendre :

« Vous avez raison sur un point cela dit, mon approche n'était pas la plus subtile qui soit. Improvisée pour tout vous dire. Mais vous faites fausse route : je ne parie pas sur les industriels. Pas entièrement en tout cas. Je parie sur le chaos.
Et puisqu'il me semble que vous avez rencontré les milices, pour leur proposer probablement quelques actions directes contre ceux que vous avez identifiés comme mes soutiens, laissez-moi vous remercier de votre contribution. »


Un sourire se dessina sur son visage. Un sourire sinistre, plein de dents acérées, qui disparut bien vite pour laisser place à la plénitude qui ne la quittait pas depuis le début de cette conversation. Elle continua toujours sur un ton calme, posé, assuré, comme si elle faisait un exposé de faits plus qu'elle ne débattait de possibilités.

« Le problème avec votre approche, c'est vos alliés. Je pourrais presque étendre ça à tout l'Ordre Jedi. Les milices sont utiles pour faire bouger une situation dans un sens qui, en apparence, semble vous être favorable. Le problème c'est qu'elles ne peuvent transcender leur propre nature. Et la nature des milices, c'est une bande de civils effrayés et armés qu'essaient d'encadrer quelques militaires un peu expérimentés vers ce que eux, et parfois eux seuls, pensent être la meilleure chose pour Felucia. La peur en est à l'origine. Un sentiment puissant. Et pas votre allié.
Dans un premier temps ça marchera peut-être, en surface. Vous déposséderez de leurs biens les soutiens à l'Empire et... je ne sais pas trop ce que vous espérez en tirer en fait, il y aura toujours des riches industriels qui essaieront de profiter du peuple qui lui aimerait voir son début de révolution débouchés sur de vrais acquis sociaux.
Il y aura moins d'accroches pour les agents impériaux, c'est vrai. Et donc une présence impériale un peu plus faible aux abords de la Perlemienne. Mais les bénéfices pour Felucia : proches de zéro.
Et puis viendra le contrecoups. Les milices auront réussit leurs avances, elles exigeront plus. Les industriels restants, même loyaux à la République, commenceront à craindre pour leurs biens. Ils chercheront probablement à se protéger. Et malheureusement pour la stabilité de Felucia, l'Espace Hutt est juste de l'autre côté de la Perlemienne. Les industriels ont l'argent et l'argent achète les armes. Le gouvernement manquera toujours autant de moyens pour faire respecter son autorité et ne pourra pas faire grand chose contre une nouvelle escalade de la violence. Une escalade qui, cette fois, ne se limitera pas à des paroles. Initiée par vos actes, elle se poursuivra par des actes.

La violence est la réponse basique de la plupart des gens face à ce qui ne leur convient pas. Même chez des gens comme nous, elle reste présente. Pourriez-vous m'affirmer sans mentir que pas une seconde l'idée de dégainer votre sabre pour régler notre différent ne vous a effleuré ? Bien sûr vous l'avez sans doute rejeté aussitôt. Puis que dans le cas présent une telle approche ne servirait à rien. Et comme nous en sommes tous les deux conscient, nous pouvons avoir cette petite discussion.
Mais je doute que les civils qui ont rejoints des milices dans un contexte quasi apocalyptique aient notre expérience et notre retenue. »


Elle laissa une pause s'installer en s'appuyant contre le dossier de sa chaise, s'étant petit à petit redressée et approchée pendant tout le temps qu'avait duré son monologue. Son sourire satisfait ne l'avait pas quitté pendant tout ce temps. Si la togruta était gênée, ou inquiète, elle ne le montrait pas. En elle-même, bien sûr, elle n'était pas aussi sereine : il y avait des tas d'autres facteurs à prendre en compte que la situation qu'elle avait résumé, évidemment. Mais elle était quand même convaincu de son argumentaire : les actions entreprises par le jedi, si elle les devinait bien, n'avaient rien de durables dans leurs effets.
Le Masque de la Force
Le Masque de la Force
Messages : 5464
Eclats Kyber : 0
Un bataille peut prendre de bien nombreuses formes, mais rarement ses participants se retrouvent à boire le thé face à face !

C'est pourtant dans cette atmosphère tendue-détendue que le Seigneur Sith Darth Senjak et le Maître Jedi Icare Manteer regardent à présent comment le jeu de la guerre avance, après qu'ils aient tous deux joué leurs cartes de bien différentes façons. Difficile de dire lequel des deux a fait les choix les plus judicieux tant leurs actions dépendent à présent de tiers sur lesquels ils n'ont plus aucun contrôle !

La Sith aura-t-elle été assez persuasive face à ses divers interlocuteurs ? Ses ambassadeurs sauront-ils porter sa voix ? De son côté le Jedi a-t-il bien fait de faire confiance à des hommes pouvant se retourner contre lui et ses plans sans prévenir à cause d'une petite étincelle rebelle ? L'avenir nous le dira sans doute !





Icare Manteer & Darth Senjak continuent l'évent.


Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by