Etiam Benhult
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Borenga...
Cette infâme tas de bourrelets ne se trouvait même pas sur le vaisseau amiral...
Quel lâche ! Quelle ordure ! Rien qu’une marionnette à la solde des Sith !

Etiam soupira. La crise de Makem Te était terminée. Il avait pu s’y forger une solide réputation, son nom allait être prononcé avec respect dans le petit monde des mercenaires, et pourtant, cette histoire le chiffonnait toujours. Elle avait un goût amère d’inachevée. Borenga était toujours en vie, quelque part dans la galaxie, probablement bien planqué. Lame d’Or n’était pas du genre rancunier et pourtant, il avait du mal à lui pardonner. Parce qu’il avait du mal à oublier. Oublier tous ces morts, toutes ces images... Non que cela ne l’empêche de dormir, mais elles étaient toujours là, à la lisière de ses pensées, prompte à le faire cogiter là où il aurait simplement dû profiter de la vie, cette vie qu’il avait bien faillit perdre. Nouveau soupir. Il attrapa son verre d’alcool et le vida d’un trait. Ses yeux parvinrent enfin à se détacher du minuscule écran holographique. Les flashs télévisés étaient d’une fadeur confondante en cette soirée. Politique, politique, politique... les journalistes n’avaient que ce sujet en tête. Rien d’étonnant, il fallait trouver un nouveau chancelier. La cantina baignait dans les cris et l’éclérage cru. Une atmosphère électrisée. Le commerce se trouvait dans les entrailles de Coruscant, loin du ciel, loin des nantis, loin surtout de l’appartement du Drall où attendait Sildi. Etiam cherchait à faire le point et pour cela, il s’offrait une promenade au gré du hasard. En d’autres circonstances, il aurait pu monter à bord de son cargo, Le Baladin, et se nourrir de la quiétude sidérale. Néanmoins, il sentait qu’une errance spatiale n’était pas recommandée dans son état. Son imagination aurait peuplé le vide de cadavres et d’épaves. Non, ce qu’il lui fallait, c’était de l’animation urbaine. Il prit un instant pour constater que sa bière avait un sal goût. Rien ne valait décidément la bière Corélienne ! Il abandonna la bouteille vide sur le comptoir et sauta de son tabouret avant de se glisser entre les clients imbibés. Revêtu de son long manteau gris, sa terne silhouette n’attirait le regard qu’à cause de l’or de ses boucles d’oreilles. Troublé ou pas, un Drall portait toujours des bijoux ! Il jeta un regard vers la rue visible au travers de la porte transparente. Elle se perdait dans la pénombre. Quelques airspeeders se croisaient à des vitesses déraisonnables qui les réduisaient à des phares enfiévrés et éphémères. Etiam faillit sortir tout de suite, mais il se mit plutôt en quête des toilettes. Sa vessie les réclamait. Après, il poursuivrait son périple hasardeux, voguant tout autant dans la cité-monde qu’au cœur de ses réflexions existentielles.
Darth Velvet
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L'obscurité propice aux actes répréhensibles étendait ses ailes nocturnes sur la sombre ruelle que le crachotement d'un réverbère ne pouvait chasser. Dans l'ombre mouvante des tours coruscanniennes, dans les frémissements malsains de l'air moribond des bas fond de la planète-cité, des silhouettes néfastes guettent avidement le passage d'une proie. Non pas le promeneur lambda, zigzaguant sous les effets des bâtons de mort ou des relents d'alcool frelatés. Non, la forme plus petite, plus frêle d'un drall. Le traquenard parfait pour un être que l'on disait particulier, exceptionnel selon leurs employeurs. Istaak s'en moquait bien, du moment que le paquet livré rapporte son comptant de crédits. Son ombre se fendit d'un sourire éclatant, dérangeant en pensant à cette future solde. Il n'envisageait pas d'échouer, il n'échouait jamais. Une question d'honneur et de code, dans son métier, il fallait soigner sa réputation, et la sienne, immaculée annonçait une compétence particulièrement appréciable pour ses clients.

Dans quelques instants, la cible s'engouffrerait dans la trachée, scellant ainsi son devenir. La gamine des rues, dénichée sous les cartons et des immondices, saurait convaincre une peluche encapuchonnée de lui porter assistance, surtout si elle miroitait une récompense généreuse. Lames d'Or l'incorruptible, surnom qu'on lui attribuait à présent, ne pourrait que fléchir sous l'innocente maltraitée d'un enfant. Et si cela ne suffisait, Istaak connait encore deux , trois moyens de prendre dans ses filets, ce fameux gibier. Il imaginait, un air satisfait habitant ses traits taillés à la serpe, la fillette s'agripper à la fourrure, suppliante, pleurnichante pour qu'il vienne en aide à sa mère. Elle le trainerait dans son sillage malodorant et déboucherait inévitablement ici. Une question de seconde à présent. Déjà les bruits précipités de pas résonnaient entre les murs du défilé. Pourtant seule la gosse apparut dans ses lunettes infra-rouges sans la moindre trace d'une seconde présence. Sa mains se lèva, ordonnant à deux de ses hommes un repérage immédiat de la zone. Le drall ne devait leur filer entre les griffes. Tant pis pour la subtilité, ils bénéficiaient toujours d'un effet de surprise conséquent, et s'en serviraient. Et si quelques badauds se retrouvaient pris en tenaille, ils balayeraient ces moins que rien de ces rues. Il en allait de leur expertise, de la survie de leur bande dans un milieu où l'on ne plaisantait ni avec l'argent, ni avec les contrats. Tout échec était proscrit.

Se mouvant dans les ombres, armée indénombrable d'un détachement de mercenaires avides, ils se paraient de la nuit, se dissimulant, traquant une proie qui s'ignorait encore poursuivie. Comment deviner la perfidie instillée dans l'air déjà hostile de ces endroits mal famés ? Ils se déployèrent lentement, discrètement pour l'encercler sur une place presque vide. Leur toile enserrait déjà le pauvre drall lorsqu'ils lui apparurent, auréolés d'infamies et d'obscurité, des bâtons de Stokhli logés entre leurs serres. Il était trop tard pour agir, pour réagir, pour se soustraire à la brume perverse et électrisante de ces armes atypiques. Sous les regards affolés, emplis d'une peur primaire, les mendiants se firent plus petits entre leurs cartons tachés, et les prostituées se glissèrent sous les arcades puantes d'urine, désireuses de se fondre dans le décor. Le drall était bel et bien pris, englué dans le brouillard épaissis et durci par l'oxygène. Un véritable sarcophage d'une matière étrange aussi résistante qu'un enroulement de filin. Mais parce qu'Istaak était un humain précautionneux, qu'il connaissait que trop bien la valeur de sa marchandise pour envisager qu'elle s'abime durant son transport, il injecta une solution dans ce qui dépassait encore de Lame d'Or, s'assurant de ce fait sa coopération léthargique jusqu'à la livraison.

« Le réveil sera déplaisant. »

« Dans ce genre d'affaire, le réveil est toujours déplaisant. Allez on l'embarque. »


Sa voix, à l'instar de son visage, n'était ni agréable, ni de bonne augure.

***************

Je jette un dernier regard sur l'appartement. Rien ne trahis ma présence, je m'en suis personnellement assurée. Et dire que je m'imaginais devoir passer encore quelques mois dans l'atmosphère détestable de Coruscant. Finalement la déchéance de Ragda, ne m'est pas aussi désagréable. Je ne suis plus obligée de rester ici, d'incarner le visage d'une demi-mondaine, d'assister à ces réceptions où le mensonge coule à flot presque qu'autant que le champagne. Adieu faux-semblant et obligations de mes prérogatives. Une part de moi, est satisfaite de ce revirement inattendu dans ma vie à un moment où je semblais manquer d'oxygène, pourtant, et quoi qu'on puisse en penser, j'ai de la peine pour le hutt. Oh évidemment, je suis son humble employée, et j'exécute ses ordres pour la satisfaction de recevoir un salaire bien qu'il ne me soit verser en espèce sonnante et trébuchante. Pourtant, je ne suis pas uniquement son ombre, chargée de sa protection. C'est comme si les événements sur Arkania avaient altérés les liens unissant usuellement un homme et son garde du corps. C'est un sentiment ténu, presque intangible, et pourtant fortement ancré en moi alors que je mesure et contemple sa chute depuis la capitale de la République. Un pincement au cœur... Je ne dis pas qu'il ne mérite pas ce qui lui arrive... à trop s'amuser avec le feu on se brûle, mais est-il le seul pour autant à jouer cruellement dans les rangs de la Rontonde. Pour autant que j'ai pu en juger, il est peu de politicien absous de toute gangrène quelle qu'elles soient...

Ma valise, contenant les vestiges de cette vide illusoires, roule sur la moquette carmin de l'Hôtel Particulier. Bientôt, même le nom de Sweety disparaîtra définitivement des registres. Je suis d'ailleurs pleinement étonnées que les autorités compétentes, cherchant à asseoir leur victoire sur le Sénateur de Bakura, n'est pas encore penser à exécuter une descente chez sa prostituée préférée. J'esquisse un sourire... de toutes façons, il n'aurait rien trouvé d'exploitables hormis une ribambelle de robes coûteuses et aguicheuses, et une armée d'escarpins. J'ai fait la folie d'en récupérer quelques-unes, sans vraiment savoir pourquoi je m'attache aux fantômes révolus de cette période de ma vie. Peut-être parce que je suis à l'aube d'un changement... probablement.

Les portes automatiques se referment derrière moi, atténuant l'au revoir du concierge togruta en livré rouge et or. Je m'approche des voies de circulation hélant au passage un taxi pour me conduire au spatioport.

***************

Sur les murs métalliques, grinçants et menaçants, s'affiche en lettre rouge, un « Station S » agressif. Hormis la lumière diffuse d'un néon enchâssé dans le plafond, et parfaitement inatteignable sous sa grille protectrice, il fait sombre. Et... froid. Le drall est là, déposé sur le sol taché d'huile et de substances indéfinissables, comme un vulgaire détritus bon pour la casse. En tout cas la pièce n'est pas très grande, juste suffisante pour accueillir une couchette si on s'était donné cette peine, mais visiblement quel que soit le but de cet endroit, une couchette semble un luxe bien superficiel. Un crissement lugubre retentit, un signal de réveil peut être et l'unique porte émet un cliquetis d'ouverture. Où qu'elle conduise ça ne pourra être pire... ou probablement que si... pour celui qui aurait la malchance de s'y engouffrer dans relever au préalable le Shyrack gravé dans le métal d'une main tremblante sur le montant de la porte.
Etiam Benhult
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Un taxi se hâta de répondre à l’appel de la demoiselle. Il jaillit hors de la circulation frénétique pour s’immobiliser adroitement face à l’hôtel. Une porte chromée s’ouvrit, révélant une banquette de cuir impeccable.

« C’est pour aller où ? » demanda le chauffeur, jovial.

Son sourire étincela. Il était beau et ses yeux brillaient d’assurance. Sa carrure, son maintient, son charisme, tout cela semblait le destiner à autre chose que la banale profession de taxi. Et pourtant, il était là, offrant maintenant son aide pour aider sa cliente à charger son bagage. Il prit note de sa réponse. Sitôt prêt, il fit rugir le petit réacteur de son bolide citadin et réintégra la circulation. Sa conduite était nerveuse et experte. À cette allure, le spatioport n’était déjà plus très loin. Le jeune homme conserva le silence, concentré sur ses commandes, comme s’il faisait une course. Sans doute un petit jeu avec ses confrères. Puis, sans prévenir, il pressa un bouton sur ce qui semblait être sa montre. Sous le siège de la cliente, une charge incapacitante s’enclencha, engendrant une violente onde électrique. Puis vint le gaz. Une nouvelle pression, sur le tableau de bord cette fois-ci, et l’avant de l’appareil se retrouvait isolé derrière une vitre blindée. L’arrière de l’abitacle fut noyé. Le gaz soporifique fit son office, achevant de faire sombrer la demoiselle déjà ô combien secouée.

Douze heures plus tard, le véhicule était retrouvé, vide et stationné aux abords du spatioport. Ce qui retint surtout l’attention des médiats, ce fut le cadavre dans son coffre, celui d’un individu corpulent, le légitime propriétaire de l’appareil...

* * *

Etiam gémit, remua, cligna des yeux et enfin se redressa. Ce ne fut pas sans difficulté. Son corps, tout engourdi, pesait une tonne. À peine arrivait-il à serrer les mains. Son esprit, également, était de plomb. C’était quoi cet endroit ? Et comment y était-il arrivé ? Son regard s’arrêta sur l’inscription. Station S... cela ne lui évoqua rien. Bon sang, il avait dû boire une bière de trop. Il lui fallait rentrer, Sildi allait s’inquiéter. Il voulut se lever mais n’y parvint pas. Non, ce n’était pas une cuite. Il n’avait pas mal à la tête. Sa bouche était pâteuse. Il déglutit laborieusement. Tout était une épreuve. Drogué, il avait été drogué. Ce fut le déclic. Il se souvint de la petite fille larmoyante, du groupe surgi des ombres, de leurs armes étranges, de cette espèce de colle. Drogué et kidnappé...

« Et merde... » parvint-il à articuler à mi-voix, presque dans un murmure.

Sa remarque tenait de la simple constatation. Il était encore trop dans les vapes pour avoir des réactions plus contrastée. Il lui fallait se concentrer pour aligner deux idées correctement. Il repéra une porte au moment où celle-ci émit un bruit métallique. Il loucha dessus, fouilla des yeux les autres murs, en conclut que c’était la seule issue. Est-ce qu’on l’invitait à sortir ? Il prit conscience du froid et de l’odeur peu agréable. À nouveau, il se demanda où il était, de façon plus concernée. Un sentiment de danger parvint enfin à naître en lui. Il devait évaluer sa situation, agir en conséquence. Il se fit violence, prit appui contre une paroi et parvint à se hisser sur ses jambes flageolantes. Puis il s’observa. Dans quel état était-il ? Et surtout, qu’est-ce que ses ravisseurs lui avait laissé ? Ses habits ? Ses bijoux ? Et surtout, son sabre ? Une fois qu’il serait, il testerait la porte.

* * *

Darth Velvet revint à elle, nue, allongée au milieu d’une pièce blanche immaculée. Un cercle de huit ampoules incrustées dans le plafond assurait un éclairage optimal. La salle était parfaitement cubique et entièrement vide. Toutes les parois étaient lisses, brillantes et plastifiées. L’un des murs était percé d’une porte qui se déverrouilla dans un doux déclique. Le mur opposé portait une étrange inscription en lettre rouge : "Station S". Pour finir, dans un angle, reposait un sac de velours. Il contenait une tenue noire et moulante qu’une main fallacieuse avait conçu afin de laisser à l’air libre bien des parties que la décence aurait préféré cacher. Pour autant, le costume témoignait d’une réelle recherche artistique. L’atmosphère était calme et fraiche. Seule une distante ventilation était audible.
Darth Velvet
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Je somnole, suspendue entre rêves et cauchemars, engluée dans cette indolence traitresse et factice, sans aucune échappatoire. Mes pensées brumeuses dérivent, léthargiques et éparses, sans que je parvienne à les rassembler, à les formuler. Tout ce qui m’entoure se drape d’un épais brouillard, cotonneux, impossible à percer malgré mes nombreuses tentatives infructueuses pour le disperser. Puis, doucement, alors que je n’osais plus espérer, il se délite monceaux par morceaux, reléguant cette opacité à une vague sensation désagréable et lointaine. Petit à petit mes sens éclosent à nouveau : une odeur inhabituelle chatouille mes narines, la fraicheur de l’air hérisse ma peau, et le silence… Complet, total... inquiétant, brouillé un instant seulement par le cliquetis d’une serrure.

J’ouvre les paupières, aussitôt assaillie par la lumière crue des plafonniers. Le réveil est abrupt, violent. Déstabilisée, à demi-aveuglé par cette éclairage agressif, je me redresse brutalement, glissant sur mes yeux endoloris, le revers d’une main. Bon sang, mais où suis-je ? Je me laisse basculer du bord de la table, mes pieds effleurant le sol froid et intensément blanc. Impossible de me remémorer les raisons de ma présence ici… Narcotique… drogue… elles inhibent mes souvenirs, m’abandonnant au flou de silhouettes fantomatiques, esseulée et perdue.

Une myriade de questions jaillit dans mon esprit, tambourinement lancinant à mes tempes. Des réminiscences me reviennent, se succèdent… l’appartement de Sweety… la valise, et même ce taxi avenant. Puis plus rien. Juste un abyme sans fond et sans consistance. Je ne sais pas à quel jeu, on m’assigne, mais je n’apprécie pas du tout qu’on use de ma personne ainsi. L’éclairage se fait moins insupportable et je parviens presque à ouvrir les yeux sans avoir cette impression virulente qu’on m’arrache la rétine. Monochrome… immaculé et vide. Et… je suis nue…

La rage explose en moi, inattendue et violente. Un feu de haine laboure mes veines d’un poison barbare et, si mon corps s’immobilise, profil de jade et peau stigmatisée des errances de mon passé, mon âme brule. Il n’y a aucun mot pour expliquer la colère qui étreint mon cœur, et la promesse de mort que j’offre à ceux qui se sont permis d’user de moi comme d’une poupée, qui ont posé leurs griffes sur mon corps pour m’avilir et m’asservir à leurs perversité. A ceux là, je ne voue pas ma haine, non c’est insuffisant, trop superficiel pour le traitement que je leur réserve. Mon aura fuse, suintante de fureur, écœurante d’obscurité, secouant la toile éthérée de la Force d’une vague brutale et sombre.

Simultanément, une vague de Puissance brute percute la table de métal, la propulsant avec une violence inouïe contre les parois. Elle rebondit, lézardant le matériau lisse et laqué, pour s’écraser contre le sol dans une gerbe d’étincelles, intacte... Mes lèvres se retroussent, sardonique. Alors ça recommence… Parfait. Ils souhaitent du spectacle, retranchés derrières les moniteurs de leurs caméras… je vais leur en offrir, du genre qu’ils n’oublieront pas de sitôt, du genre qui hanteront leurs nuits d’horreurs et de cris. Oh oui... et lorsqu’ils seront à ma portée je les pulvériserai. Lentement… juste pour le plaisir d’assister à leur très longue agonie, à leur gémissement, à leurs suppliques vaines et pitoyables.

Un voyant rouge clignote au plafond, glissé au centre des huit ampoules, comme une sentinelle. Je m’en approche, avec cette démarche propre aux assassins et aux prédateurs, féline et cruelle, les yeux étincelant d’une folie éveillée. Mes doigts se tendent et je décoche à mes admirateurs silencieux, un sourire machiavélique avant d’user de la Force pour griller les circuits de cet œil espion. Il s’éteint dans un gémissement de composants brulés et mon rire, reflet de mon aliénation, perle en cascade.

Je me dirige vers la porte, mais mon regard s’aimante dans ce coin où gît une tache d’ombre et l’écriture carmine. Un sac, velours noir, carcan protecteur d’une robe pernicieuse, que j’extrais habilement d’une main experte. Mon visage se fend, lame à nue sous un éclat de lune. Croient-ils réellement que je m’exposerai dans cet attirail. Leur jeu… mes règles. Maintenant et ici. Je déchire le tissu, arrache les coutures, scelle ma poitrine sous une bande d’étoffe noire que je noue entre mes seins, glisse une seconde sur mes hanches, formant de tous ces morceaux, l’un de ses pagnes primitifs, garant de ma pudeur et de ma motricité.

Et maintenant… A nous !

La porte s’ouvre devant moi, et j’entre, mon être entier vibrant d’une détermination farouche aux sons des tambours de cette guerre que je leur déclare, mes lèvres se brisent d’une sourire démoniaque, et mon regard à mi-chemin entre la folie et la cruauté s’ourle des couleurs de l’orage.

*************************

Sous les regards invisibles d’une caméra, habilement dissimulée par les grilles d’éclairage, le Drall s’éveille de sa torpeur, vêtu mais désarmé. Tous espèrent qu’il ne passera l’épreuve des Shyrack, dont le bruissement des ailes soyeuses, se répercute macabrement entre les parois d’acier de la salle suivante. Dans l’obscurité quasi-totale, uniquement agrémenté de lumières infra-rouges disperses, un labyrinthe dangereux s’étend, le domaine de l’Essaim, de ces petits « vampires » affamés, armées de dents et de serres acérées. Comment un drall, sans blaster, ni sabre, pourrait-il parvenir à s’extirper de ces méandres sans se faire dévorer ou capturer dans les toiles, comment pourrait-il trouver le levier, dissimulé sous une nidification et seul mécanisme possible pour ouvrir la lourde porte blindé accédant au Sas de repos ?

Etiam Benhult
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« Voyez messieurs, voyez et entendez. Elle sera parfaite. »

La voix grave et solennelle de Morlott se conjugua au rire de Darth Velvet, transmis via les micros espions jusqu’à la salle de contrôle numéro 1. Une seconde plus tôt, une des images venait de s’éteindre, conséquence de la destruction d’une des caméras, une des rares à être visibles pour communiquer l’oppressant sentiment d’être épié. Morlott se pencha, pressa une touche, remontant le temps jusqu’à retrouver ce superbe sourire. Il le figea et le contempla, appréciateur.

« S comme sauvage », reprit-il, pour lui-même, à mi-voix.

Son ton trahissait cette fois le passionné qu’il était. Il remit lecture. La destruction de l’objectif engendrait une coupure trop nette, il faudrait sans doute retravailler cela au montage, mais nul doute que cette séquence allait faire partie de l’épisode. Morlott se recula du moniteur et embrassa du regard tous les autres écrans sur lesquelles se succédaient toujours plus d’images. Toujours voir, toujours entendre, une priorité absolue. Il fallait obtenir un maximum de ressources exploitables pendant l’unique tournage, l’unique prise. La scène de la robe déchirée, diffusée sous pas moins de trois angles différents, fit sensation sur l’équipe qui partageait à présent la conviction de son supérieur.

« Candidat 1 quitte la salle d’éveil, déclama une synthèse vocale émanant de la surveillance centrale.
- On n’oublie pas les transitions entre secteurs », commanda Morlott, ce qu’il avait déjà répété cent fois lors du briefing.

Ha, quelle épisode mémorable en perspective, surtout si le candidat 2 se montrait lui-aussi à la hauteur ! Le parie était audacieux mais s’il était remporté, Station S ferait un bond de géant dans son audience.

* * *

La porte s’ouvrit en coulissant avec fluidité. Un doux suintement d’air comprimé l’accompagna. Devant la demoiselle apparût un long couloir visuellement très semblable à la pièce cubique. Même éclairage, même parois, même fraicheur... En revanche, le silence était quelque peu occulté par un bourdonnement énergétique. Tout au bout, à près d’une centaine de mètre de distance, il y avait une nouvelle porte qui attendait qu’on la rejoigne. Mais pour cela, il fallait au préalable se faufiler entre les innombrables rayons lasers qui barraient le passage. Certains étaient fixe, d’autres, mouvants. Certains étaient horizontaux, d’autres verticaux ou obliques, mais tous étaient rouge vif. Saut, contorsion et timing impeccable étaient nécessaires pour triompher de cette épreuve. Nul doute qu’un humain ordinaire n’aurait pas eu la moindre chance. Le dernier détail, et pas l’un des moindres, fut donné par une voix synthétique, quasiment inexpressive :

« Cinq minutes avant incinération. »

* * *

« Forcément », marmonna Etiam, après avoir constaté l’absence de son sabre laser.

Cela ne l’empêcha pas de rajuster ses affaires. Ses gros anneaux d’oreilles en or, son long manteau gris, ses bottines en cuir, son pantalon noir, sa chemise rouge... tout ceci avait au moins le mérite de préserver son style. S’abandonner à un brin de futile excentricité au sein d’une situation où chaque action devrait être rationnalisé avait un petit côté réjouissant. Il pouvait encore se permettre cela. Et pendant qu’il était occupé à reboutonner quelques peu le manteau, du cou à la taille, laissant plus bas les pans libres afin de ne pas entraver les jambes, son esprit retrouvait son acuité, ses muscles récupéraient leur vigueur. Jusqu’à preuve du contraire, il n’était pas pressé.

Ce fut alors qu’il perçu à travers la Force une noire déferlante de fureur. Il y avait un Sith dans les parages, un Sith de fort mauvaise humeur. Mauvaise nouvelle. Le Drall allait devoir redoubler de prudence, comme si ce n’était pas déjà assez. Il se refusa à la panique, se contraignit au contraire à un calme absolu. Ses yeux se portèrent de nouveau sur l’inscription sanglante. Peut-être la clé du mystère.

« Station S », murmura-t-il.

Il voulait comprendre, car comprendre c’était prévoir, et prévoir, survivre. Quel genre d’installation pouvait annoncer son nom dans ses cellules ? Pas une prison assurément. Lame d’Or pivota sur lui-même, déjà plus vif, plus maître de lui. Une gravure qui lui avait initialement échappée lui apparût. Un Shyrack. Il tendit l’oreille, devina les battements d’ailes. Alors il sut ce qui l’attendait, ce qu’on attendait de lui. Qu’il franchisse cette porte et se mesure aux créatures. Cela n’avait de sens que s’il était observé. À moins que ce soit une sorte de rituel, mais il n’y croyait pas. Était-ce une épreuve ? Un jeu ? Une mise à mort ? Il poussa un profond soupire, porta sa main à la poignée, l’actionna doucement. Sans surprise, point de verrou. Alors il franchit le seuil, découvrit l’obscurité et les prédateurs ailés.

Lui qui avait été jusque là d’une attitude très tranquille, devint subitement d’une vivacité stupéfiante. Les drogues qu’on lui avait injecté se dissipaient rapidement. Parce qu’on voulait lui donner les moyens de se défendre ou, à défaut, l’illusion que ce soit le cas. On voulait du spectacle. Ce "on" n’allait pas être déçu. Alors que les premières créatures fondaient sur le Drall, celui-ci déchira la pénombre d’un éclair aveuglant. Plusieurs bêtes furent fauchées sur le coup par l’énergie bleue électrique. Le claquement se répercuta en échos sur les parois d’acier. Déjà un nouveau flash, un nouvel éclair, de nouveaux corps fumants s’échouant sur le sol souillé. Au profit de cette lueur éphémère, Lame d’Or découvrit la porte suivante. Il s’y dirigea lestement, bondissant par-dessus les dépouilles et les obstacles, aussi léger qu’une plume. Mais il se retrouva face à une déconvenue. Cette porte-ci était verrouillée. Il devait y avoir ici un moyen de l’ouvrir. Si c’était un jeu, une épreuve, la logique l’imposait. Soit il cherchait, soit il tentait de défoncer la porte. En somme, soit il respectait les règles implicites, soit il trichait. Des serres lui griffèrent le dos. Cette réflexion avait été de trop. Etiam, se laissant guider par son instinct, tira un éclair par-dessus son épaule. Le Shyrack le libéra. Il se mit dos à la porte, tira à nouveau. Il vit les toiles, les nids, autant de cachettes potentielles. Il se décala dans un angle de la pièce, retranché, et entreprit une fouille atypique. D’une main, il tirait ses éclairs, de l’autre, il usait de la télékinésie pour arracher les toiles. La chance fut de son côté car il dévoilà le levier très rapidement. Il l’actionna à distance, toujours via la télékinésie, puis gagna la porte désormais ouverte, la franchi, découvrit un sas, s’y enferma et... s’affala contre le mur.

Il était épuisé par cette utilisation intensive de la Force. Tout maître qu’il soit, s’il ne se reposait pas, il ne pourrait plus y avoir recoure. Son dos lui faisait mal. Les griffes avaient déchiré le manteau, la chemise, la chair. Il sentait son pelage s’empoisser de sang. Une blessure superficielle néanmoins. Son dos n’était pas labouré, ses habits n’étaient pas en loque. Juste de belles griffures. En s’examinant, il en découvrit d’autres, plus modestes, au flanc, à l’épaule. C’était juste songea-t-il. Sans la Force, il aurait été massacré en un rien de temps. Que lui réservait la suite de cet étrange périple dans la fameuse Station S ?
Darth Velvet
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Des salles identiques, s'articulant en labyrinthe d'épreuves... un arrière goût amère de déjà-vu, les phéromones et les drogues avilissantes en moins, le danger mortel, instillé d'une voix monocorde de droïde en sus.

« Cinq minutes avant incinération. »

J'éclate de rire. Un rire profond, guttural, l'écho lugubre de mon âme pervertie par l'Obscur, reflet de cette sœur d'ombre, libérée de ses chaines. Mon ciel intérieur n'est que tempêtes brulantes et acides d'une haine ancrée et indissoluble. Terres arides, ravagés par mes démons, aux gueules acérées et dégoulinante d'une colère sans limites. Ont-ils seulement l'esprit de trembler alors que mon souffle saccadé scande ses oriflammes de guerre, et mon regard, de braises et de folie, présage de batailles sanglantes et de meurtres. J'aurais pu, tout comme dans l'anti-chambre précédente, évacuer toute ma fureur teinté d'une sourde et épaisse rancœur, d'un acte un peu fou, et inutile, mais je préserve les déchaînements de ma vindicte pour l'occasion où je serrerai leurs gorges frémissantes aux creux de mes doigts. Oh... je rêve de cette instant absolue, comme l'on déguste une gourmandise rare et délicieuse.

Le décompte des minutes coule mielleusement entre les parois laquées, se répercutant en cascade parmi le bourdonnement des lasers. Je m'en moque. Éperdument. Totalement. Il me faut davantage que des menaces brandies en étendard par la intonations robotique d'une IA. Je suis une sith, je suis une jedi. On peut me contraindre, mais on ne peut me briser. On peut me détruire mais on ne peut m'intimider. Pas de cette sorte, pas avec l'injonction platonique de cette élocution dépouillée d'humanité. Mon rire s'étiole, lentement pour n'abandonner sur mes lèvres qu'un sourire retors. S'ils s'imaginent m'astreindre à participer à leurs petites jeux pervers, c'est qu'ils ne me connaissent pas. Croire que je vais bondir entre les faisceaux mouvants et rougeoyants … quelle utopie !

Immobile devant les rayons, je contracte mon aura, sans que rien ne vienne perturber l’indicible étirement de ma bouche. Je fomente une boule au creux de mes entrailles, modelant, engrangeant les volutes de la Force, attirant dans mes toiles son énergie pour la condenser en moi, avant de la relâcher. Brutalement. Complètement, en une vague surtensive. Toute technologie aux alentours, émet un gémissement plaintif et rauque, diffusant des fumées blanchâtres de composants en surchauffe avant qu'une symphonie de grésillements ponctuée de claquements moribonds s'élève en une douce mélodie. Les lasers vacillent avant de se déliter. Les caméras s'éteignent, brulées, aveuglées. Le passage s'ouvre devant moi, sûr et sans danger. Je m'avance, dépassant les anciennes buses du piège sournois et leurs fumerolles, avec l'assurance que confère une victoire.

Il est peu être imprudent d'user, d'abuser autant de la Force, mais cette pensée ne me traverse pas. Seul le désir obséquieux de s'extirper de ce traquenard occupe tout mon esprit. Ca et le désir ardent d'arracher leur vie aux auteurs de ce guêpier. Un nouveau sourire sardonique me fend le visage, et je m'enroule dans les miasmes de mon aura, appelant à moi un manteau de Force dissimulateur, devenant Ombre parmi les Ombres. Mouvante et éthérée, quasi-indétectable même aux regards avisés des instruments de révélation thermique, je me glisse dans la salle suivante.


****************************

Le mot Sas écrit en imprimé rouge phosphorescent se dégage de ce qui ressemble à une cage de transparacier. Du moins, avant que les parois s'étrécissent rapidement autour de lui jusqu'à l'enserrer dans un tube. Il ne peut ni bouger, ni se débattre, alors que des bras mécaniques descendent vers lui, arrachant son manteau, sa chemise,et son pantalon, lui abandonnant l'usage de ses bottes, par des trappes automatiques dissimulées habilement dans les cloisons transparentes. Elles s'ouvrent, se referment au gré du voyage des doigts métalliques. Puis soudain, on applique sur sa fourrure, sur son torse, une bande adhésive de cire, où se détachent en lettres capitale un « Station S » laissant apparaître les poils orangés du drall au travers de ce lettrage, comme dans un pochoir . Deux autres bandes lui sont apposées sur les fessiers avant que le robot disparaissent, et que tube s'efface dans le sol immaculé de la salle, libérant Etiam. Cette fois ci, la pièce est plus grande que l'anti-chambre originale, d'une blancheur parfaite aux allures de salle d'opération si on omet le SOUFFRANCE affiché sur un mur, Une voix se dégage d'un haut parleur, glaçante et sûre d'elle.

«  Vous avez 5 minutes pour trouver le courage d’ôter ces bandes de cire, avant que cette salle ne soit entièrement électrifiée. C'est l'unique façon de sortir d'ici. »
Etiam Benhult
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Des regards anxieux se portèrent sur Morlott. Celui-ci demeura imperméable à l’inquiétude de ses subalternes, tout comme aux rapport d’avarie affichée par la surveillance centrale. Il y aurait de la casse, c’était prévu. On ne jouait pas avec les adeptes de la Force impunément, mais de toute façon un projet dépourvu de risque était la plupart du temps dépourvu d’intérêt. Comme il l’avait dit lui-même, il était grand temps que tout ce fric, que tout ce matos, que tous ces collaborateurs soient enfin utilisés à leur juste valeur. Et si cela capotait, alors c’était que le projet était de toute façon voué à disparaître, car incapable d’évoluer, incapable de se renouveler. Station S serait grandiose ou ne serait pas. Une ride de concentration barrait tout de même le front du chef d’équipe. Un couloir HS... Ce ne serait un problème que si la donzelle revenait sur ses pas car ils seraient alors aveugles et sourds à ses agissements. La vague de destruction avaient été captées par les micros et les caméras les plus reculées du couloir avant que ceux-ci ne grillent à leur tour. La scène serait tout à fait satisfaisante, soulignant encore le caractère de la candidate. Pour une entrée en matière, c’était parfait. Tant pis si elle n’avait pas exhibée sa souplesse en franchissant à la régulière les rayons, tant pis si les téléspectateurs ne pourraient pas se rincer l’œil sur cette séquence. Chaque chose en son temps.

« Monsieur, il semble que nous l’avons perdu, déclara un des employés penché sur sa console.
- Pas du tout, elle se dissimule. Et elle ne peut être qu’à un seul endroit, la section suivante. »

Une déduction facile puisque la porte au bout du couloir venait d’être ouverte. Les caméras de la nouvelle section en témoignaient. La toute première porte, celle de la salle d’éveil, était close depuis son franchissement. Morlott se gratta le menton avant de commander :

« Protocole Inferno.
- Mais ce n’est pas conforme à...
- Exécution ! On s’adapte. On joue. »

Et Morlott était un joueur redoutable. Il se tourna vers sa propre console et se mit à pianoter dessus. Avec la force de l’habitude, ses doigts semblaient danser sur le clavier. L’ennui des précédents tournages était décidément bien loin. Il vérifiait à la volée une foule de données sans jamais perdre de vu la réalisation finale.

« S comme sueur », marmonna-t-il, pour lui-même.

* * *

Darth Velvet déboucha dans une nouvelle salle cubique et immaculée, plus grande que la toute première où elle était revenue à elle. Cette salle possédait en tout quatre portes, une par mur, bien centrées. Chaque passage était strictement identique, symptomatique du dédale labyrinthique. Avant que la prisonnière ne puisse examiner plus en détail l’endroit, un rugissement dans son dos naquit et enfla, devenant vacarme. Le couloir qu’elle venait de déserter se faisait engloutir par les flammes. La surtension avait mis hors service l’électronique mais le mécanique était toujours en état. Une vague de chaleur terrible accompagnée par des lueurs infernales, envahit la pièce, s’engouffrant par la porte toujours ouverte. Les trois autres portes s’ouvrirent, révélant trois couloirs blancs qui, eux-aussi furent dévorés par les flammes furibondes. La température grimpa en flèche. Bientôt elle serait suffocante. L’éclairage de la salle s’éteignit, mettant en valeur le feu qui jaillissait maintenant en fluides langues écarlates par les quatre passages. La pièce demeurait préservée, mais elle se muait en four. La voix impersonnelle retentit alors :

« Le seul moyen de quitter cet endroit est de vous montrer et de danser. Détruire les systèmes de cette salle vous condamnera. »

* * *

Ha les salops ! Les infâmes salops ! Les yeux d’Etiam, déjà noirs, semblèrent plus sombre encore. Pour autant, ses traits demeuraient immuables. S’il avait joué le jeu, lors de la précédente épreuve, c’était probablement à cause de son côté artiste. Lui-même aimait les spectacles. Il en faisait d’assez extrêmes sans qu’on ait besoin de le contraindre. Mais là, on s’en prenait à son image, on le ridiculisait. Non que le fait de se retrouver nu le dérange, il était un Drall, les siens ne portaient traditionnellement aucun habit. Ou plutôt, leur habit, c’était leur fourrure, cette fourrure qu’on lui demandait d’arracher avec les bandes de cire. Pouvait-il se soustraire à la consigne ? Pouvait-il tricher, comme il pensait en avoir eu l’occasion précédemment ? Avec son calme apparent, il fit quelques pas dans la salle blanche. Ses griffes cliquetèrent sur le sol lisse. Son regard se promena sur les parois, s’arrêtant un instant sur l’éloquente inscription. Souffrance... Tout ceci n’était bien qu’un jeu, un jeu cruel... Peut-être pouvait-il disloquer la structure de l’endroit en déployant plusieurs tonnes de pression télékinésique. Mais il était fatigué, il aurait dû s’économiser. Un seul plan viable lui vint en tête, donner satisfaction à ceux qui tiraient les ficelles jusqu’au moment opportun où il pourrait échapper à leurs filets. D’ici là, il ferait bien d’avoir retrouvé des ressources psychiques.

Alors il serra les dents et se soumit à la demande. Ce ne fut pas sans cris, sans larmes. Heureusement qu’il n’était pas douillet, qu’il savait déjà ce que souffrir signifiait. Heureusement qu’il savait rester maître de lui-même, minimisant l’expression de sa douleur, de sa honte et, de plus en plus, de sa haine. S’il pouvait mettre la griffe sur ses ordures, ils le sentiraient passer ! Il leur ferait payer, au centuple, comme il avait juré de faire payer Borenga. Quoi qu’il en soit, voilà les bandes de cire au sol et le Drall, à vif. Là où le pelage avait été arraché, une peau irritée, constellée de gouttes de sang, réfléchissait la blafarde lumière. Lame d’Or crispait toujours les mâchoires, le temps de s’accommoder de l’intolérable. Il resterait stoïque et par là même, imprévisible. Qu’ils le pensent docile et ils s’en mordraient les doigts. Et à présent, à quoi allait-il avoir droit ? Impossible de nier qu’il appréhendait. Pour la première fois de sa vie il se sentait nu, vraiment nu.
Darth Velvet
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La haine déforme mon visage, gangrène mes iris d’une lueur bestiale et aliénée. Lentement, mon voile éthérée s’étiole et de délite, redessinant aux regards des voyeurs derrière les moniteurs, ma silhouette. Pourtant si je m’exécute en apparaissant, je me refuse à jouer cette comédie humiliante. Plutôt mourir brulée que de leur accorder la moindre satisfaction. Jamais je ne danserais, jamais je ne m’avilirai pour cette bande de lâches, calfeutrés dans leur salle de contrôle. Qu’ils aillent se pendre ! Qu’ils crèvent ! 
 
La chaleur gonfle, de plus en plus insoutenable, et les flammes, encore lointaines, lèchent et dévorent avec une avidité brûlante les parois des corridors. Pour alimenter un brasier aussi conséquent, il y a assurément une ventilation, une arrivée d’air dissimulée quelque part dans ce maudit endroit aux allures d’enfer. Mais le temps m’est compté, acculée comme je le suis, je ne peux me permettre de chercher une bouche d’aération qui pourrait, potentiellement s’avérer trop étroite ou petite pour que je puisse me glisser dans le conduit… Non… trop risqué... s’ils ne sont pas idiots, mes investigations ne seront qu’une perte de temps et c’est une denrée qui m’est autant précieuse que rare. Mes options s’amenuisent de secondes en secondes, à mesure que les murs de feu se rapprochent, et que ma sueur coule le long de mon épine dorsale.
 
J’inspire… J’expire… j’ai bien une solution… osée… fantasque et un peu folle. Théoriquement, elle a toutes les chances de réussir, mais en pratique elle résonne comme un dernier recours, une voie sans issue. De toute façon je n’ai plus le choix, il faut que je prenne une décision. J’approche de l’un des couloirs obstrués par la fournaise. Des gouttes rampent sur mon visage, dégoulinant sur ma peau avant de grésiller et s’évaporer. L’air est suffoquant et chaque respiration me brûle. Je clos mes yeux, juste le temps d’attirer les fils de la Force, juste de quoi puiser une vague de télékinésie que je projette en lame au devant de moi.  Je m’engouffre en courant dans son sillage, dans son souffle, aussi vite que mes jambes me le permettent. Les flammes se referment sur mon passage, grignotant de plus en plus ma course. Une étincelle embrasse ma chevelure, des flammèches s’enroulent autour de mes chevilles et mes bras, apposant leurs baisers torrides. Sous mes pieds nu, le sol est cuisant, insupportable, aux fragrances de purgatoire, mais je ne cède pas. Mon esprit se focalise sur cette porte à l’autre bout du couloir, ignorant la chaleur, la douleur et les sceaux enflammés parsemant mon corps de brûlures et de cloques, l’odeur de chair grillée, jusqu’à l’atteindre.
 
Sans me retourner, sans hésiter, je pénètre dans ce nouvel endroit, synonyme, sans nul doute d’épreuve à venir. Mon souffle court et saccadé, se mêle aux crépitements de mes vêtements noircis et exhalant la fumée. De la cendre macule mon visage. Je glisse une main, dans cette chevelure autrefois sauvage et ébène, dont il ne reste qu’une courte longueur devenue crépue sous les exactions des flammes. Ils me le paieront cher… très cher… 
 

******************
 
Lame d’Or, effigie de la Station S, arborant avec un panache ridicule les lettrages maudits de ce jeu infernal. Un regard particulièrement satisfait se posa sur l’écran, assorti d’un sourire machiavélique et d’un nuage de fumée, provenant d’un cigare horriblement coûteux. Morlott accomplissait un travail tout bonnement plaisant et assurément à la hauteur du salaire qu’on lui versait. Restait à savoir si le reste du spectacle, qui, il est vrai avait un arrière goût de vengeance, serait aussi réjouissant à voir, que la mine déconfite du drall, et ses poils perdus.
 
Morlott avisa de son pad avec bonne humeur. Même si l’avenir de la station dépendait de ses nouvelles recrues, et même si celles-ci échouaient à donner un coup de fouet au jeu, il ne doutait pas de recevoir une belle prime. Le message était plus que concis. Un seul mot, et pourtant il équivalait à tous les compliments possible. Si le propriétaire et exploitant de la société, même s’il préservait son anonymat aussi drastiquement qu’un jedi son honneur, le félicitait, il ne pouvait que continuer dans ce sens.
 
« Mettez celui-là dans la salle de Sabbac »
 
Une employée pianota sur son ordinateur, et lorsque Etiam pénétra dans l’anti-chambre suivante …
 
Un bras mécanique sortit du mur, implantant à sa cheville, un bracelet de chaîne, lequel l’attira dans une grande salle sertie, sur chacun de ses côtés, d’écrans holographiques géants. Au centre, une table au revêtement de velours vert accueillait trois personnes et une place libre qui visiblement lui était réservé. Toutes étaient attachées et exposaient des faciès épuisés, las, apeurés. Ils n’osaient se regarder, visant les cartes de leurs mains tremblantes.
 
« Bienvenue dans une nouvelle partie de Sabbac ! J’espère que vous connaissez bien les règles ! Seul celui qui gagne la partie pourra sortir d’ici… les autres… » La frimousse avenante d’une twi-lek bleue, disparut un instant pour laisser apparaître sur les écrans,  les images d’une tanière sombre, d’hurlements lugubres, de bruits d’os qu’on craque et de l’apparition fugitive d’une créature tenant du rancor   «  … les autres iront tenir compagnie à Igor ! Tous les coups sont permis, sauf évidemment d’assommer ou de tuer vos adversaires ! Alors faites attentions à vos jetons de mise, votre vie ne tient qu’à eux ! »
Etiam Benhult
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Cette rage, cette rébellion, cette détermination ! Quelle femme superbe ! D’autant plus superbe qu’elle avait eu la bonne idée de franchir un nouveau couloir avec tout ce qu’il fallait de capteurs pour recueillir l’intense moment. Morlott était satisfait. Le début était incontestablement une réussite. Or, de son avis, le début était toujours la partie la plus incertaine. Découvrir le comportement des candidats pouvait réserver moult surprises désagréables. La plaie ultime, c’était les gros durs qui s’effondraient sur eux-mêmes, se contentant de pleurnicher dans un coin. Adieux toute la planification minutieuse, adieux toutes les scènes croustillantes, que de frustration ! Certes, il existait un protocole pour gérer les mauviettes, mais cela restait du gâchis. Avec des adeptes de la Force, Morlott aurait été stupéfait de devoir en arriver là. C’était bien pourquoi il avait tant insisté pour s’en procurer.

« Elle risque d’avoir besoin d’un peu d’eau, déclara-t-il, les yeux rivés sur les moniteurs. Conduisez-la dans la salle des poupées. »

* * *

Lors de sa course folle, Darth Velvet sentit le couloir s’ébranler. La structure où elle se trouvait pivotait. Si le feu n’avait pas rugit aussi fort, il aurait été possible d’entendre travailler l’axe colossal et les moteurs hydrauliques. Juste avant qu’elle ne franchisse la porte, il y eut un à-coups. Le couloir venait de s’immobiliser. Le labyrinthe était une illusion. On allait toujours là où Morlott le désirait.

La nouvelle salle tranchait avec les précédentes. Elle était vaste et ronde, son toit était en dôme. Un tapis de velours pourpre recouvrait le sol. Des tentures rouges roses et or décoraient les murs. Du sommet du dôme pendait un lustre aussi imposant que magnifique. Fait de cristal finement ouvragé constellé de lampions aux lumières tamisées, il tournait lentement sur lui-même et, par ce mouvement, conférait à la pièce un éclairage changeant, déroutant. Au milieu de la salle, sous le lustre, il y avait un bassin creusé, peu profond mais suffisant pour s’y immerger en se couchant. Bordé de marbre blanc, la surface de l’eau agissait comme un miroir, réfléchissant les loupiotes qui prenaient des allures d’étoiles. Une musique se déclencha, émanant d’une boîte à musique invisible. Des notes cristallines ruisselant sur un air féérique. Et les poupées se mirent à danser.

Elles étaient plus d’une vingtaine. À taille humaine, leur corps semblait fait de porcelaine. Leur visage, sans relief, était peint de manière artistique. Les poupées portaient toutes des robes superbes, des robes de dentelles vaporeuses ondulant au gré de leurs gestes harmonieux, mais dissimulant des vibrolames acérées. Les prétendues poupées étaient des automates programmées pour attaquer traitreusement, que ce soit au corps à corps ou à distance. Le bassin, quant à lui, était plein d’acide dilué, de quoi lentement ronger les chairs sans pour autant condamner. Le seul moyen de franchir la fourbe pièce était d’atteindre la porte d’en face.

* * *

Trouver du positif dans une situation aussi infernale n’était pas chose aisée. Malgré tout, Etiam, philosophe à ses heurs perdues, y parvint. Cette nouvelle épreuve qui lui était imposée était plus que largement à sa portée. D’une part, pour avoir écumé bien des cantina et avoir misé bien des sommes pour le plaisir des cartes, il savait très bien jouer au Sabbac. D’autre part, ses pouvoirs Jedi lui permettaient d’avoir une emprise sur l’esprit de ses malheureux adversaires. Malheureux car il ne les connaissait pas mais les condamnait tous sans l’ombre d’une hésitation. Choisir entre sa vie et la leur n’était point un dilemme. Il sut, au moment même où il prenait place, qu’était venu le répit attendu. Certes il poussa un juron en découvrant qu’il ne pouvait s’assoir de manière conventionnelle, ayant les fesses à vif, et qu’il dût donc opter pour une position accroupie plutôt inconfortable, mais pour autant il se résolut à ne pas se presser. Il considéra ses cartes, ses jetons, n’eut pas un regard pour les autres joueurs, pour lui des anonymes qui devaient le rester, puis il laissa l’habitude prendre les commandes. Pour s’assurer la victoire, il n’eut qu’à convaincre ces anonymes de perdre, de façon subtile, presque indistinctes. Cette partie, donc, fut pour le Drall l’occasion de penser, faire le point.

La dernière épreuve avait touché à son image, à sa fierté, elle lui avait fait mal, elle l’avait atinte plus que ne l’aurait pu une simple douleur. Il parvint à s’en remettre en planifiant la manière dont il allait restaurer cette image fêlée. Dès que cette histoire serait terminé, et il comptait bien qu’elle se termine vite, il se raserait intégralement. Après tout, bien des humains le faisaient, dont cette mercenaire qu’il avait côtoyé et apprécié sur la barge de Borenga, Kelberth. Peut-être même qu’il se tatouerait aussi et qu’il lancerait une nouvelle mode. Cela lui permettrait de patienter sans honte jusqu’à ce que soit restaurée sa fourrure. Cette perspective esthétique le réconforta. Tout ce qu’il fallait maintenant, c’était trouver la faille, s’y engouffrer, et réduire en cendre cet endroit. Ce qu’on lui avait fait ne resterait pas impuni, ha ça non ! Voilà la partie achevée sur sa victoire sans appel.
Darth Velvet
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Des poupées… de vulgaires marionnettes aux silhouettes fantomatiques, au teint cireux et aux mouvances subtiles comme celle des feuilles sous la brise. Mon regard frôle les robes tournoyantes, pétales colorées de ces roses aux épines dissimulées sous les bruissements soyeux des étoffes. Elles virevoltent ces ersatz de jeunes demoiselles, mais ni la joie enfantine, ni la chaleur de la danse ne montent le rouge aux joues crayeuses de leurs courbes pantomimes. Automates sans substance, ni vie, asservies à ce jeu perfide par des inconnus, des lâches tapis derrière leurs portes blindées et leurs caméras.

Je devrais restée là, attendre loin du frémissement provocateur des lames et des froufrous, mais la douleur et la haine m’arpente, acide et amère. Je voudrais hurler toute ma frustration, et mes lèvres demeurent closes. Sur ma peau d’émeraude, les brûlures se disputent aux cloques, quant à la plante de mes pieds, je n’ose qu’en imaginer les plaies et les lambeaux de peau calcinées. Je serre les dents, retiens un gémissement rauque autant par fierté que de colère. Je peux occulter cette souffrance, taire cette myriade d’aiguillons acérés harcelant mes chairs brulées sans répit. Ce martyr n’est rien de plus qu’une épreuve supportable face aux spectres et aux démons de mon passé. Une bagatelle… une caresse cuisante que j’endure avec une impassibilité visuelle proche de l’insensibilité.

Mes iris, reflets d’azur, de vindictes et de douleur embrassent la salle d’une étreinte calculatrice. Ici sera parfait pour la contre-attaque, l’offensive que j’envisage de mener. Je me refuse à me plier sous le joug des instigateurs tordus et malsains de cet endroit, sans coups férir. Je ne suis pas à l’instar de leurs babioles dansantes, un jouet docile et malléable. Et si je me vois contrainte d’accorder cette bataille, de m’astreindre encore une fois à ce rôle qu’ils m’accordent, cette guerre sera mienne.

J’avance d’un pas, puis d’un autre sur le velours pourpre de la piste de danse. Pas de fioritures, aucune finesse dans mes actes, juste une force brute et sauvage appliquée à la destruction. La première poupée vole en éclat, son beau visage en porcelaine s’écrasant avec fureur contre le sol. Ses sœurs accourent, formant une ronde de tranchants barbelés et je les réceptionne à la pointe de cette vibro-lame arrachée sans peine aux doigts lâches et mécaniques de ma victime. Moi aussi j’exécute une danse. Mes pas sont mortels, mes entrechats assassins. Une à une, je les essaime dans mon sillage de minois brisés, de morceaux désarticulés et broyés. Rapidement la dernière libère un ultime grincement d’agonie, gisante à mes pieds dans une flaque huileuse et noire. Un souffle tout juste saccadé s’échappe de mes lèvres greffées d’un rictus satisfait.

Maintenant, il est grand temps de devenir ce petit grain de sable coincé dans les rouages, grand temps de passer à l’offensive et de leur montrer qu’on ne se joue pas impunément de moi.
Pour commencer, extinction des feux. J’expulse un anneau de Force en vague destructrice dont je forme l’épicentre. L’électronique frémit, crisse et expire autour de moi laissant aveugle mes tortionnaires derrière leurs écrans holographiques, réduisant à néants leurs pièges télécommandés, et leurs surprises sournoises. Une goutte de sueur roule sur ma tempe, et l’espace d’un court instant, les murs me semblent mouvants, instables. J’expire, lentement. Il est clair que mes forces s’amenuisent, le temps m’est compté, mais le leur également.

Je dois sortir de leur circuit, tout de suite. Il faut être passablement idiot ou affreusement sur de soi, pour offrir à un être tel que moi, une vibro-lame. Et si le tranchant de cette arme n’excelle nullement le fil incandescent de mon sabre, elle découpe tout à fait correctement le métal et le blindage. Après tout n’est ce pas à cette fin qu’on en équipe les escouades ? Mon choix est rapidement établi, c’est ici que je compte ouvrir ma prison comme l’on pèle un fruit. A cet endroit un peu plus faible dissimulé sous les tentures rouges et or, subtilement soulevée par le souffle d’une aération, et où le ronronnement des machines murmure légèrement. Ma pointe s’enfonce sans trop de difficulté, perçant et découpant tissus et métal. Il ne me faut pas plus de quelques courtes minutes pour m’exécuter un passage par lequel je glisse dans les coulisses de cette station « S ». Derrière, une machinerie en action, des tuyaux, des câbles et un couloir long, étroit de ce qui ressemble à une passerelle d’entretien des différentes geôles. J’esquisse un sourire… d’anticipation…. A nous deux !


***********************************


Le visage s’affiche à nouveau à l’issue de la partie, rayonnant, souriant… perfide ?

« Bravo à notre champion de Sabac ! » Des applaudissements préenregistrés inondent la salle. « Je pense qu’une petite récompense ne sera pas de superflue ! »

Une trappe s’ouvre brutalement au dessus du jedi, déversant un flot visqueux de mélasse ambrée sur lui. Le genre de substance nauséabonde et collante. Englué et poisseux dans un sirop gluant, il ne peut que, de son siège, admirer l’écran et le rire de la présentatrice.

« Surprise ! En tout cas, vous ferez un encas particulièrement délicieux pour ce cher Igor, toujours affamé malgré le sacrifice de vos concurrents ! Bonne chasse ! Ah oui… il y a une arme cachée dans sa tanière, à vous de voir si vous aurez le courage d’entrer dedans ! »

Le sol se dérobe sous ses pieds. Il parachève sa chute dans l’antre du rancor, aperçu un peu plus tôt sur les écrans de la salle de jeu. Assurément avec l’odeur qu’il dégage, il risque d’attirer très rapidement le maitre des lieux… Le SURVIE inscrit en lettre de sang sur les parois, semblent soudainement bien inadéquate, alors qu’un rugissement lugubre secoue l’endroit.

Etiam Benhult
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« Magnifique... » souffla Morlott, en extase devant son écran.

Quel superbe combat ! Voilà le genre de scène qui lui rappelait pourquoi il avait accepté ce poste atypique. Il fabriquait de l’épic et l’immortalisait, le magnifiait. Il donnait des sensations fortes à ceux qui suffoquait sous la routine de leurs vies insignifiantes. La candidate grilla certes les capteurs d’une nouvelle pièce, mais elle avait eu l’amabilité de le faire après le chorégraphique affrontement. Que demander de plus ?

« Monsieur, nous avons un problème. Elle sort du parcours, s’alarma un des employés. Elle emprunte le tunnel D3.
- Restez concentrez ! Le tournage n’est pas terminé ! Permutez vos consoles sur les capteurs de surveillance et continuez votre job ! Et puis faites-moi taire la surveillance centrale ! Ses messages d’alertes m’agacent ! On a besoin de calme !
- Mais Monsieur, la sécurité du personnel pourrait être compromise.
- On continue ! Tout est sous contrôle ! Je veux des images et du sons non-stop ! »

Le jeu continuait effectivement. Morlott était prêt à sacrifier sur l’autel du grand spectacle quelques agents de maintenances. Les choses devenaient sérieuses, plus authentiques. Le public allait adorer.

* * *

Etiam chuta, certes, mais libéré de son entrave, il eut tout le loisir de se réceptionner souplement, un étage plus bas. Ses pieds, rendus glissants par la peu ragoutante substance, faillirent le faire s’étaler, le contraignant à poser une main à terre. Il se redressa lentement, plutôt indifférent au rugissement du rancor. Qu’on l’ait recouvert d’immondice l’arrangeait presque. Au moins n’était plus visible sa tonsure parcellaire à la gloire de ce lieu cauchemardesque. Seule l’odeur était réellement accablante, nauséeuse à souhait. Tant pis, il s’en accommoderait. Il assura ses appuis, profitant de ses griffes, puis se résolut à abattre ses cartes, pas celles de Sabac, non, celles du maître Jedi Gris ayant pu se reposer, tranquillement assis à une table et qui maintenant en avait plus qu’assez. Il s’avança à pas lents vers l’entre du prédateur. Il entendait ce dernier approcher. Le sol tremblait. Bientôt il le vit, colosse de dents et de griffes. Il ne cilla pas. Une lueur froide comme l’acier brilla dans ses yeux noirs. Le monstre rugit encore. Ha, qu’il devait jubiler ceux qui filmaient tout, entendaient tout... Le drall, minuscule à côté, s’immobilisa, serra les poings, et se mit lui-aussi à crier. Un cri progressif, qui débuta tout bas, qui enfla, enfla jusqu’à devenir puissant, imposant. Et plus il criait fort, plus l’air se mettait à bourdonner, plus l’endroit se mettait à vibrer. Les cloisons d’acier, sous une pressions croissantes, gémirent, ployèrent, grincèrent. De menus éléments se brisèrent, se détachèrent. Etiam poursuivit son effort, sachant que s’il échouait, il serait probablement condamné. Le rancor hésita, troublé par la Force. Puis il y eut un craquement et des gerbes d’étincelles. Une poutre porteuse tomba en travers. Le plafond, fragilisé, laissa apparaître des tuyaux et des câbles. Le sol céda aussi, emportant le monstre, la poutre et tout un pan de mur. Un vacarme affreux témoigna du chaos en contrebas. Le rancor avait survécu. Tant mieux. Qu’il aille où bon lui chante, qu’il tue ce qu’il désire, du moment qu’il ne se mettait pas en travers du chemin d’Etiam. Le drall cessa de crier. Le bourdonnement cessa en même temps. En desserrant les poings, il constata que ses griffes avaient probablement entamé ses paumes, un moindre mal. Il poussa un profond soupire, jeta un coup d’œil dans le trou qu’il venait de faire, puis sauta par-dessus et s’avança dans l’entre désormais vide du colosse. Il trouva très vite les restes de ses malheureux adversaires de Sabac. En fouillant d’avantage, il dénicha sous un tas d’os une vibrolame toute dorée. Un très bel objet en guise de moquerie envers son pseudonyme : Lame d’Or. Il vérifia qu’elle était en état de marche. C’était le cas. Surprenant quoi que... pas tant que cela. On avait voulu le voir se battre. On avait voulu du spectacle. Les gens de cette station jouaient un jeu décidément très dangereux. S’en rednaient-ils compte ? Il était sage de considérer que oui. En tout cas, Etiam devait désormais s’enfuir, sortir du circuit...

* * *

« Monsieur, le candidat 2 risque de sortir lui-aussi du parcours. Je crains que la situation ne soit en train de nous échapper. »

Le stress des subordonnés était palpable. Morlott se contenta de souffler un nuage de fumée et de sourire. Sa haute silhouette se découpait sur les moniteurs, si droite, si inébranlable. Il en imposait à sa façon.

« Parfait. Ils sont à peut près synchrone. Enclenchez le protocole évasion et continuez ce pour quoi vous êtes payé, déclara-t-il, stoïque. On a un épisode à boucler, je vous le rappelle. »

Morlott refit face aux écrans et son sourire s’élargit encore. Ce... serait... mémorable !

* * *


Darth Velvet suivait l’étroit conduit d’entretien. Il se prolongeait en ligne droite sur une belle distance avant de donner accès à d’autres passages, tout aussi exigus. Chaque virage était à angle droit, semblant épouser une géométrie précise. La station étant capable de modifier l’agencement de ces pièces, il fallait forcément une conception minutieuse à tous les niveaux. Avant que la prisonnière ne puisse décider de la voie à suivre, elle perçut une vibration, un bourdonnement, quelque chose de distant mais qu’elle ne pouvait que reconnaître sur l’instant : la Force. Elle entendit l’acier céder petit à petit. Une puissante télékinésie faisait craquer les parois, non loin d’elle. Une grille d’aération lui permit d’observer une pièce blanche, pareille à celles qu’elle avait parcourut. Les lumières de cette pièces vacillèrent avant que le plafond ne s’effondre. La grille fut à demie enfoncée mais fort heureusement le couloir de maintenance demeura à peu près intact. Un rancor furieux venait d’apparaître dans la pièce désormais emplie de ferrailles tordues. Les rugissements du prédateur succédèrent au vacarme de l’accident, reprit en échos jusqu’aux tréfonds du complexe. La bête aurait pu être entendue plus tôt si une cloison insonorisée n’avait pas été installée pour isoler les étages, cloisons dorénavant perforée. Encore un peu et une alarme stridente nimbait de rouge la station.
Darth Velvet
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Un gémissement de métal. Brutal et rauque. Comme une plainte douloureuse de vaisseau endommagé, comme un avant-goût de désastre imminent. Je me fige, aux aguets, chassant l’insupportable bourdonnement dans la Force d’un mouvement de tête. Quoi que ce soit, je suis certaine de ne pas apprécier sa rencontre. Pourtant est-ce la curiosité malsaine de découvrir ce qu’il en est, ou tout simplement une question de savoir à quoi s’attendre pour survivre, qui me pousse à m’approcher d’une grille en espionne avertie ? Toujours est-il que positionnée derrière la protection relative de la grille, je m’essaye au petit jeu des voyeurs, tentant de capter l’essence du danger qui rôde autour de moi, prédateur à l’affut.

Rien, la salle d’une blancheur immaculée est vide. Absolument, désespérément vide et si semblable à celle de mes précédentes épreuves que je ne peux retenir un long frisson. Les parois vibrent soudainement avec acharnement et bestialité, la lumière grésille et vacille, puis jaillissant dans un enchevêtrement de tuyaux tordus, de fils électriques, de gaines et des éclats d’argent acérés de l’acier depuis le plafond, elle surgit. La bête. Le monstre aux crocs effilés et coulant de bave, les iris injectés d’une rage vorace. Un rancor efflanqué, affamé, énervé, et visiblement en fuite. Je me tasse sur moi-même. Se faire toute petite, toute discrète pour ne pas attirer son attention et se voir contraindre à un combat très inégal, malgré mon arme, malgré ses côtes saillantes sous sa peau reptilienne, c’est mon seul espoir.

Il ne s’arrête pas pour humer l’air comme il le ferait lors d’une chasse, pas davantage qu’il ne balaye les environs dévasté pour analyser les proies potentiels, les dangers. A croire qu’il est emprisonné depuis trop longtemps pour se souvenirs des rudiments de survie et laisser ses instincts prendre les rênes. Je ne vais pas m’en plaindre, tapis dans un coin, les muscles et le corps entièrement endoloris, les cloques de mes brûlures suintantes et atrocement sensibles. J’attends, mais je n’ai pas à le faire très longtemps au final. Le rancor, probablement rendu fou par sa captivité fonce à nouveau sur les parois, brisant avec une facilité presque déconcertante les panneaux de plâtres et de plastacier. Il s’échappe, laissant dans son sillage, gravats, débris, et sûrement cadavres.

Je m’extirpe de ma cachette sous les hurlements stridents de l’alarme nimbant la pièce ravagée de flash rouge. Le trou dans le plafond est impressionnant, bardé de poutrelles déformées et de matériaux éventrés. Tout comme l’odeur, forte et musquée, reconnaissable du monstre. Assurément c’était sa tanière ou plutôt sa prison…

******


Etiam aurait pu s’enfuir. Aurait du s’enfuir mais le gaspillage de quelques précieuses secondes pour admirer la lame dorée, symbole narquois à sa réputation, eurent raison de son léger avantage. Sous ses pieds, la structure affaiblie par les décharges de Force, et la folie du Rancor, cédèrent dans un craquement glauque de cliquetis métallique et d’os broyés.

******


… une prison qui s’effondre soudainement sur elle-même. Une large plaque dégringole, frôlant mon visage d’une décapitation manquée d’un cheveu. Je roule, j’esquive, récolant ecchymoses et égratignures dans cette manœuvre pour m’extirper de cette chute de gravats. L’alerte fut chaude, et ma peau, déjà bien marquée des précédentes épreuves se parent de nouvelles blessures. Je n’ose imaginer à quoi je ressemble, le visage blanchi par la poussière des décombres, raide et endolorie dans ma tenue négligée et à demi-brulée qui me donne un air de furie, de sauvageonne aux aboies. Probablement que j’inspire ce sentiment saisissant entre pitié et commisération. Un peu comme cet autre, se relevant de l’épicentre de la chute du plafond, auréolé des étincelles des circuits électriques dévastés, des poutrelles d’acier tordues, des blocs de béton et d’un tapis d’ossements.

Ma main se serre sur mon arme, par reflexe, par anticipation prudente. Il est trop tard pour me fondre à nouveau dans le décorum, trop tard pour disparaitre maintenant que son regard me transperce. Il n’a pas l’air en grande forme, mieux conservé que moi cependant. Je m’avance, claudiquant légèrement, malgré toute ma volonté de paraitre moins ravagée que je le suis réellement. Mes pieds me supplicient, la ligne de ma mâchoire se serre, muselant une plainte, avant que je me ressaisisse, ma voix hivernale charriant glaçons et sarcasmes.

« Seriez-vous également pensionnaire de ce charmant endroit ? En tout cas bravo. Belle sortie de parcours… »

J’esquisse un sourire amusé qui jamais n’atteint mes yeux, d’une froideur polaire.

« Ingénieux le coup du rancor en guise de démolisseur… je crois que je vais prendre des cours avec vous … On m’appelle Velvet. Vous êtes ? »
Etiam Benhult
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« Lame d’Or. »

Une réponse détachée, presque absente, qui venait avec un brin de retard. En temps ordinaire, Etiam aurait été plus loquace, plus expressif. Probablement se serait-il montré galant ou taquin devant la vision atypique de cette furie malmenée par les jeux sadiques de cette station diabolique. En tout cas, il y aurait eu de l’entrain. Là, non, juste deux mots, réponse lapidaire ô possible qui traduisait des préoccupations à des années lumières de la sociabilisassions. Si sa voix trahissait de la fatigue, son regard, lui, était d’une noirceur pénétrante et hostile. Celle qui lui faisait face était-elle une autre candidate ? Probable. Mais elle pouvait également être une employée envoyée pour le leurrer. Ne serait-ce pas cruel ? Cet endroit n’affectionnait-il pas ce genre de stratagème ? Il n’avait pas le temps de mener une enquête et sa situation était trop précaire pour qu’il puisse tourner le dos à un coup de main. Il se promettait déjà néanmoins de demeurer sur ses gardes. Qu’elle est une initiative malheureuse à son égard et il lui ferait la peau, tenterait en tout cas.

Il acheva de se redresser. Nu et maculé de l’infâme substance de la tête aux pieds, il savait ne pas avoir fier allure. Il lui semblait pourtant avoir moins dégusté que cette Velvet. Tant mieux. Il se dérida un peu alors que d’un geste il dégageait à nouveau ses yeux de son pelage empoissé et dégoulinant.

« Merci pour les compliments. J’ai fait avec ce que j’avais sous la main. Nous avons une sortie, profitons-en. »

Il désigna de sa vibrolame le trou ménagé par le rancor avant de s’extraire d’un bond de l’indescriptible fatras dont il était l’investigateur. La stridence de l’alarme, son éclat sanglant, les bruits quelque peu distants du prédateur en fuite provoquant morts et destruction, tout ceci indiquait qu’il n’y aurait pas meilleure occasion de reprendre en main son destin. Il fallait par contre faire vite, déjà retentissait des détonations nourries de blaster, signe qu’on commençait à s’en prendre au rancor. Le protocole évasion ayant été déclenché, les forces de sécurité de la station se déployaient pour neutraliser les éléments perturbateurs.

« Trouvons qui dirige ou par où se faire la malle. »

* * *

Morlott savourait l’instant. Tout c’était emballé, son job ne consistait plus à suivre de bêtes procédures. Maintenant, un vrai jeu s’était engagé, un vrai chalenge s’offrait à lui. Son but : obtenir toujours plus d’images spectaculaires, monter l’épisode du millénaire. Il ignorait comment tout ceci allait se finir et c’était bien ce qui l’excitait. Ce qu’il savait en revanche, c’était qu’il mettait dans la balance sa propre existence. Non qu’il craigne que les évadés n’arrivent à lui. Le centre de commandement était lourdement défendu. En revanche, la direction pouvait réclamer sa tête si les perspectives de gains financiers n’étaient pas au rendez-vous. Il savait déjà que ce seul épisode ne serait pas rentable. Réparer la station allait coûter des millions de crédits. Seulement Morlott avait une vision plus globale. Il voulait offrir à l’émission clandestine une pub d’enfer, élargir son audience, attirer de nouveaux investisseurs, ouvrir de nouvelles portes. Morlott voulait se rendre indispensable, prouver sa maîtrise. Non il ne jouait pas à l’apprenti sorcier. Il n’avait bien sûr pas tout prévu, mais ses précautions allaient lui permettre de récolter ses précieuses images, ses précieux sons, tout au long de l’événement. Les unités de sécurité avait des caméras. Les couloirs de maintenances avaient des caméras. Les secteurs réservés au personnel avaient des caméras. Le réseau de surveillance n’était peut-être pas aussi dense que celui de tournage, ils n’auraient au montage peut-être pas les angles parfaits, mais l’épisode pouvait aller jusqu’à la zone de transite, seule moyen d’évasion.

* * *

Morlott souffla un nouveau nuage de fumée et donna ses ordres avec un stoïcisme qui en désappointait plus d’un. De sa main libre, il pianotait désormais sur sa console afin d’afficher le plan tridimensionnel du complexe.

Velvet et la Lame d’Or,, devenus alliés de circonstance, s’élancèrent dans le sillage chaotique du rancor fugitif. Ils devaient surfer sur cette vague de destruction pour mettre toutes les chances de leur côté. Sur le plan tridimensionnel de Morlott, ils étaient devenus deux points rouges qu’il fallait coincer, acculer. Seulement ses points rouges étaient des adeptes de la Force armés de vibrolames et pour le moins énervés. Pour ne rien arranger, la station S, du fait même de son activité, était riche de passages, d’échappatoires. Le rancor joua son rôle avant d’être finalement abattu par le service de sécurité. Cela ne se fit pas sans pertes humaines et matérielles. Et cela ne mit pas fin à la fuite des deux évadés. Mais était-ce bien une fuite ? Ils provoquèrent leur propre vague de morts, laissant derrière eux cadavres d’agents et carcasses de droïdes. Tantôt proies, tantôt prédateurs, ils surent progresser dans le dédale mécanique où toujours retentissait l’alarme éperdue, où parfois raisonnait les instructions saturées des hautparleurs d’urgence.

« Stoppez-les bon sang ! » s’égosillait le responsable de la sûreté, qui craignait maintenant pour sa place, pour sa vie.

Morlott, lui, derrière ses écrans, souriaient encore. Les images étaient dantesques. De quoi éclipser n’importe quel film de holocinéma. La réalité avait tant d’impact. Les expressions sur les visages avaient cette vibrante authenticité, de quoi faire fantasmer bien des réalisateurs. Ne restait maintenant plus qu’à écrire la conclusion de cet épisode unique car les fugitifs approchaient de la zone de transite.

Velvet et la Lame d’Or s’étaient rendu compte qu’ils ne pouvaient atteindre le cerveau de la station, l’ignoble marionnettiste qui tirait les ficelles de cette sanglante fable. Les salles névralgiques, si elles n’étaient pas cachées, se trouvaient néanmoins derrières des protections aptes à rassurer même des pleutres. Une volonté de fer ne garantissait pas des ressources inépuisables. Etiam se sentait à bout. Mais devant lui cédait enfin la porte d’un hangar. Le hangar plutôt, celui que des flèches salvatrices, destinées au personnel, indiquaient. Là s’alignaient trois navettes. Il y avait de la place pour le double. La taille des engins laissaient supposer qu’ils possédaient tous l’hyper-propulsion. L’un des murs du hangar était vitré et comportait une porte, vitrée elle-aussi. Ils laissaient voir une salle de contrôle, commandant à priori l’ouverture du hangar pour accéder au vide sidéral. Le Drall n’hésita pas, il n’avait pas le temps. Derrière eux, le bruit des bottes, les cris des gardes, le crépitement des lasers.

« Velvet, le vaisseau ! J’ouvre les portes ! »

Et il s’élança vers la salle de contrôle...
Darth Velvet
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L’envie meurtrière de détruire cette station morceau par morceau, homme après homme, fuse dans mes veines, violence d’ombre, promesse de châtiment. Les doigts crispés sur la garde de mon arme, me démangent et autour de nous, les vagues successives de la sécurité s’écrasent, s’empalent contre notre volonté, et nos armes. L’épuisement, la douleur, l’inquiétude sonnent en demi-teinte derrière les coups donnés et reçus à la cadence de notre fuite. Seule la colère, la haine attise le peu d’énergie qu’il me reste et galvanise ce corps de plus en plus lourd. Je me refuse à laisser la torpeur envahir mes membres, endormir mon esprit. Ou je quitte cet endroit de cauchemar, ou je sombre dans l’oubli… Libre…  Je devine qu’il en va de même pour le Drall, dont le bras à l’instar du mien sabre avec l’efficacité de celui rompu aux meurtres et à la guerre. Mon frère d’arme, à nous deux nous sommes une terrible tempête, un tourbillon de lames acérées aux chants funèbres et pourtant aussi féroces et barbares que nous soyons, le temps joue contre nous.  La fuite demeure notre seule issue, et la vengeance une tentation inaccessible. 
 
Notre entrée fracassante dans le hangar se teinte d’un espoir renouvelé. Notre unique chance de s’échapper, s’incarne par les trois vaisseaux disposés sur la piste, irrésistible séduction pour des âmes en soif de liberté 
 
« Velvet, le vaisseau ! J’ouvre les portes ! » 

 
Je n’hésite pas et me précipite sur le plus proche des appareils. Il ne me faut pas plus de quelques secondes pour m’introduire dans le cockpit, allumer le moteur et démarrer les différents systèmes de navigation. D’un œil, je devine Lames d’or, jaillissant dans la salle de contrôle au travers des brisures du verre, son sabre brisant l’air d’arabesques sépulcrales. Je m’attache, parée pour son signal. Au devant moi, la mâchoire métallique du hangar s’ouvre sur l’immensité ténébreuse du cosmos au même instant où des renforts s’engouffrent dans le hangar, investissant les lieux de leurs armes et de leur menace. Je serre le manche, ouvrant une salve de laser sur les intrus, les cueillant comme on récolte les blés. 
 
« Lame d’or , presse-toi ! » m’époumonais-je dans la radio dont je ne doute pas qu’elle retransmet ma voix en salle de contrôle «  Ils sont de plus en plus nombreux ! » 
 
Un grésillement étouffé me répond, et alors que nos geôliers avancent sous ma mitraille, je perçois, en hauteur, par delà la porte vitrée, les fracas d’un combat. Il s’écroule, abattu sur le seuil, le museau effondré contre le sol couvert de verre. Mes dents se serrent sur la rondeur d’une lèvre alors que j’hurle mon impuissance. Je ne peux rien faire. Il est trop tard pour lui. A moins que... il se relève, je ne sais comment, avec l'équilibre d'un alcoolique et le visage couvert de coupures. Il peut encore m'atteindre. J'avance l'appareil pour raccourcir la distance entre nous, tirant largement sur la piétaille, déversant la totalité des réserves d'énergie des tourelles pour être sur de couvrir son chemin jusqu'à moi. Je lui ouvre une voie qu'il emprunte sans hésiter et lorsqu'enfin je sens sa présence à mes cotés, je décolle abandonnant cette station de malheur, l’horreur de ces jeux morbides…  pour les profondeurs protectrices et réconfortante de l’espace.

" On a vraiment eu chaud..." 

Etiam Benhult
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Morlott avait le regard vissé sur les écrans. Ses traits s’étaient tendus, sa bouche, crispée. Et en son poing achevait d’être broyé son cigare.
Enfuis ! Ils s’étaient enfuis ! Certes les images valaient de l’or. Mais il lui manquait sa conclusion, celle que voulait voir les fidèles de la série, une mort, un échec à défaut. Un épisode de la Station S où les candidats s’en sortent... impensables ! Inexploitable ! La direction allait hurler ! On allait réclamer sa tête, arguer à raison qu’il était allé trop loin. Un seul adepte de la Force, c’aurait été assez, surtout pour un coup d’essai, mais il en avait voulu deux...
Deux évadés... Toute l’installation était compromise. Des milliards de crédits d’investissement étaient en train de partir en fumée !

Dans le centre de contrôle, un silence relatif mais néanmoins lourd pesait. Chacun était conscient de la situation, et tout le monde ici, sauf Morlott, était désormais bien content de ne pas être aux commandes. On entendait, ténu, l’alarme hurler à l’extérieur, derrière les lourdes portes blindées. On entendait aussi les retransmissions de la sécurité qui ne cessaient de rapporter des avaries ou des pertes.
Morlott soupira. Il n’était pas du genre à reporter la faute sur ses subalternes. Les protocoles avaient bien fonctionnés. Mais ils n’étaient tout simplement pas encore prêts à faire face à ce genre d’incidents. Il avait joué, il avait perdu.
Il fit face à son équipe, les toisa tous.


« Achevez le traitement des ressources vidéos et confiez-les à la postproduction. Je veux qu’elle retravaille la fin. Je veux voir un missile partir et pulvériser la navette de nos fuyards. Messieurs dames, ce sera tout. »

Sur ce, il se dirigea vers la porte et plaqua sa main libre contre le scanner tactile. Un bip sonore confirma la commande, puis une série de déclique annonça le déverrouillage des lourds panneaux métalliques qui bientôt se mirent à coulisser sur leurs railles huilés. Dès lors, l’alarme devint vacarme et la lueur clignotante rouge du couloir envahit la pièce. Morlott s’avança entre les gardes postés sur le seuil et disparût au profit d’un virage...

* * *

« Heu oui, chaud... plutôt... » répondit Etiam, dans un filet de voix.

Adossé à l’écoutille de la navette, il s’était laissé glissé au sol. Maintenant assis, il voyait des points noirs danser devant ses yeux et sentait sa tête lui tourner. Il avait tout donné pour parvenir jusqu’ici... L’espace d’un instant, il se demanda s’il n’allait pas s’évanouir, mais peu à peu, le vertige sembla vouloir s’atténuer.

Le Drall passa une main sur sa figure, puis la contempla, couverte de sang et de l’infâme mixture dont il avait été maculé. Il n’osait même pas imaginer à quoi ressemblait son reflet. Néanmoins il était en vie. Sans Velvet, jamais il ne serait sorti d’ici.
Il tourna son regard vers elle, la voyant aux commandes. Elle-aussi avait triste allure, brûlée, presque nue...


« Trouve-nous un coin tranquille où récupérer. Dans l’absolu, je sais piloter, mais là... là, je crois qu’il est plus sage que j’aille m’allonger... »

Titubant, il se releva, réalisant qu’il tenait toujours sa vibrolame d’or. Il l’éteignit, la laissa choir dans un coin et alla s’affaler sur la couchette la plus proche. Même l’indispensable bain allait attendre qu’il se soit reposé. Quant à ses blessures, il les devinait superficielles.
Darth Velvet
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 "Trouve-nous un coin tranquille … » Plus facile à dire qu’à faire. Mais au vu du niveau de notre exténuation je préfère me taire et me concentrer sur la tache, enclenchant les moteurs supra luminiques. La saisie sur l’ordinateur de bord d’une petite planète discrète et sans prétention dans le système es54 me parait tout à fait adaptée et j’opte pour cette destination à la fois proche et suffisamment éloignée de nos possibles poursuivants, même si je les imagine davantage à dresser le bilan de leurs pertes et tracas, que disposés à nous pourchasser à l’autre bout de l’univers. 
En quelques minutes, nous entrons dans le système solaire d’une naine bleue, et je m’engouffre vers la planète, qui vu du cosmos, s’apparente à une sphère de jade et de gris.
 
 
"Lame d'or. On est arrivé." 
 
Où? Au milieu de nulle part, dans un endroit perdu pour panser les blessures de nos âmes et de nos corps. Depuis la baie du cokpit, on voit les frondaisons d'émeraudes d'une forêt dense et difficilement pénétrable, et cette brume étrange, fumée s'enroulant autour des feuillages telles une parure éthérée et fantomatique. Là, nichés dans la végétation dense, à quelques encablures de nous, des bâtiments discrets se dressent, arches de pierres et pinacle d'ébène dans un océan de vert. 
 
Je m'extrait du poste de pilotage, le visage tiré par la fatigue et les épreuves, les membres engourdis, alourdis par cette langueur qui pose sa main sur moi, traitresse. Les cloques et les lambeaux de peau, ma chair calcinée et les innombrables plaies constellent ma peau stigmatisée, libérant dans chacune des fibres de mon être, un venin douloureux. Je serre les dents pour ne pas gémir alors que j'attrape difficilement une mallette de 1er secours installée trop en hauteur pour ma petite taille. 
 
On ne peut pas dire que ce qu'elle contient soit extatique, mais je ne rechigne guère en comptabilisant les bandes de gazes, les seringues d'antidouleurs et ce minuscule tube de pommade au bacta.
 
 
"Je ne sais pas exactement où on est. Mais je crois qu'il serait judicieux de nous rendre plus présentable avant d'aller jeter un œil. J'ai trouvé quelques trucs pour réparer les dégâts..." 
 
Je jette un regard critique sur sa mise, puis embrasse mon corps de la même façon. 
 
"Bien que je doute que ça nous redonne un air potable qui ne semble pas tout droit sorti d'un holo-film d'horreur" 
Etiam Benhult
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Affalé sur sa couchette, il n’avait pas fallut à Etiam plus de quelques secondes pour plonger dans une torpeur agitée. Les récents événements tout comme sa présente situation n’aidaient pas à la paix de son esprit, loin s’en faut. Cependant, il demeurait un Maître Jedi Gris. Discipliner son être intérieur était devenu une seconde nature pour lui qui savait arpenter l’étroit sentier entre lumière et obscurité. Aussi parvint-il, peu à peu, à retrouver un calme qui ne devait rien à la froide colère demeurant tapie à la lisière de ses pensées.

Pour lui, le voyage sembla ne durer qu’une seconde et déjà Velvet l’apostrophait. Il souleva ses paupières, remua. Que son corps était lourd ! Mais au moins n’était-ce là que le poids d’une grosse fatigue presque ordinaire. Il se redressa sur son séant. La mixture qui le badigeonnait semblait de plus en plus collante à mesure qu’elle séchait lentement. Elle engendrait des démangeaisons à chaque mouvement, en plus de lui donner la vague impression d’étouffer. L’odeur, quant à elle, devenait intolérable en l’absence de problèmes plus urgent. Pour finir l’inventaire de ses sensations, ses coupures et contusions, certes superficielles mais nombreuses, apportaient leurs lots de brûlures. Il dût se faire violence pour conserver ce calme difficilement acquis pendant le voyage.

Ses yeux noirs tombèrent sur sa compagne d’infortune, puis sur la trousse de premier secours, enfin sur la vue Silvestre que le hublot le plus proche offrait.

« Tu as raison. On va faire ce qu’on peut, avec les moyens du bord. »

Il se leva, fut soulagé de ne pas ressentir de vertige, puis tâcha d’évaluer lesdits moyens du bord. Mis à part peut-être un antidouleur, rien de ce que contenait la trousse ne pouvait lui servir dans l’immédiat. Il devait au préalable se nettoyer. Or, la navette était trop petite pour contenir une salle d’eau à la hauteur de ce défi. Le Drall se mit donc à examiner l’extérieur.

Le vaisseau s’était posé dans une manière de clairière. Les bâtiments aperçus durant l’atterrissage était à présent masqués par l’abondante végétation. Un étang occupait une partie de la clairière et se poursuivait par-delà les troncs moussus. Sa surface paisible était comme un miroir et elle renvoyait le reflet des voutes émeraudes où se perdaient des morceaux de ciel azur. La brume retenait en des rayons dorés la lumière de l’astre du jour local. Voilà en somme un paysage fort accueillant, d’autant plus qu’il n’y avait pour l’heure aucun autochtone dans les parages.

« Je vais prendre un bain », déclara Etiam en s’emparant de la vibrolame d’or.

Il actionna l’ouverture, la passerelle s’abaissa et un air plus humide que chaud pénétra l’habitacle. Il fut accompagné par les trilles d’oiseaux exotiques dont le chant flûté ne rappela rien au Drall. Ce dernier s’avança, foula bientôt des herbes montant plus haut que sa taille. Il prit le temps d’inspecter les environs, puis une fois assuré de ne pas courir de risque, il déposa la vibrolame sur la berge et pénétra dans l’eau.

Il lui fallut près de vingt minutes pour triompher de l’immonde substance, ainsi que du sang. Des coupures encore suintante et les ravages provoqués par les bandes de cire avaient été révélés. Son fessier et son poitrail étaient à nue. Pire encore, son ventre arborait la signature de la Station S.

Etiam remonta au sec, encore qu’il était difficile de sécher sur ce monde tropical. Il récupéra sa vibrolame et retourna dans le vaisseau.

« Tu t’en sors ? demanda-t-il à Velvet. Je peux te donner un coup de main, maintenant. »

Le bain lui avait redonné un peu d’énergie. Par contre, l’eau irritait ses coupures. Il s’empara d’une seringue d’antidouleur et se l’administra. Il attendit ensuite de voir si sa collègue du moment avait besoin de ses services, sans quoi une nouvelle tâche l’attendait. Il avait en effet l’intention de se raser, de la tête aux pieds, se servant pour cela de la vibrolame, qu’il se garderait bien d’allumer. Sa décision pouvait sembler radicale, mais c’était à ses yeux le moyens le plus simple d’effacer la marque de la Station S. Plus tard, quand il serait reposé, il pourrait faire usage de ses pouvoirs de guérison, son pelage repousserait convenablement et tout ceci ne serait qu’un mauvais souvenir.
Darth Velvet
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Un bain… je ferais n’importe quoi pour un bain. Pour ne plus sentir cette odeur de brûlé, de suie et de sueur qui encrasse ma peau d’une croute épaisse. Et mes cheveux raccourcis, racornis, les mèches comme des queues de rat empestent la fumée. Sa proposition fuse comme une tentation irrésistible, et bien qu’il ne m’ait invité à le suivre, j’emboite son pas. Comment pourrais-je résister à cette envie alors qu’il me vient le désir furieux de frotter ma peau, jusqu’au sang, jusqu’à en oublier les dernières heures coincées dans cette maudite station.

L’étang, éclat du reflet des frondaisons sur l’eau paisible, perdu dans les hautes herbes et les plantes tropicales, se parfume des senteurs de fleurs de paradis, et lorsque je pénètre, naïade, dans l’ondée claire et fraiche, je ne peux retenir un soupir de satisfaction et de plaisir. Utilisant le sable comme décrassant, je le frotte rudement sur la peau de mes bras, de mes jambes, nettoyant les résidus de sang, de cendres, arrachant les lambeaux des cloques éventrées. Même mes plaies, toutes superficielles se retrouvent soumises à ce traitement draconien. Je grimace un peu, puis après quelques brasses, récupère mes vêtements pour un lavage tout aussi énergique. Je les préfère encore humides mais propres, plutôt que sèches et crasseuses. Déjà que ce genre d’accoutrement a plus de chance de me faire passer pour une prostituée fauchée, autant ne pas ajouter à la longue liste des récriminations de ma mise, les traces de sang séchés et d’autres déchets peu ragoutant.

Je sors, tordant le tissu pour en extraire le trop d’eau avant de réenfiler ma robe improvisée. L’étoffe me colle à la peau, et déchirée comme elle l’est, elle dévoile presque autant de mon corps qu’elle n’en cache, cependant je m’estime heureuse, au moins, moi, je n’ai pas une mélasse rebelle qui me colle le pelage. Abandonnant le malheureux drall à son toilettage, je retourne au vaisseau soigner mes plaies. Il ne me faut guère de temps pour appliquer le baume de bacta sur mes pieds que je panse avec soin, mes brûlures, mes coupures.


« Humm, non, c’est bon. J’ai terminé. » lui répondis-je atone, avant de poser un regard intrigué sur lui. « J’ai comme un doute en te voyant avec cette vibro-lame et le symbole de la station S sur ton ventre … tu ne comptes quand même pas raser ton pelage avec ça ? »

Non parce qu’une vibro-lame a la précision d’une tronçonneuse, parfait si on est pas regardant, mais pour le taillage de barbe, de fourrure ou jambes, je suis loin de recommander la technique. Pourtant, visiblement c’est son intention. Doucement, lentement, un fou rire s’égrène de mes lèvres, comme pour cristallisé l’incongru de la scène, comme pour chasser les derniers miasmes de tension dû à notre captivité. Ma main se plaque sur ma bouche, mais imaginer Lame d’or se rasant les poils avec une épée, alors qu’elle est presque aussi grande que lui est irrésistible. Et je ne résiste pas.

« Tu n’es pas sérieux ? » hoquetais-je entre deux chapelets de rire « T’es complètement timbré ! »

Et je suis repartit de plus belle. Je conçois qu’il puisse s’en trouver vexer, mais honnêtement, comment une idée aussi saugrenue peut s’inviter dans sa tête ! Fouillant la trousse de secours, je sors un bistouri, plutôt long quoique fin.

« Avec ça, ça devrait-être plus facile, non ? Bouges pas, je vais t'aider, on aura moins de chance de frôler la catastrophe ? Et sinon… comment tu as atterri sur cette saleté de station ?»
Etiam Benhult
Etiam Benhult
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Au début, Etiam accueillit le fou rire de Velvet avec une moue mitigée. Il finit toutefois par tourner les yeux vers la vibrolame dont le tranchant aurait bien besoin d’être désinfecté après la boucherie à laquelle il avait pris part. En effet, se raser avec ça, ce n’était pas le plus raisonnable. La fatigue n’était pas la seule responsable de ce comportement un rien irrationnel. Toucher à son pelage, à son image, lui avait fait mal plus sûrement que les coups qu’il avait reçus lors de cette fuite musclée. Il se sentait enlaidi, souillé et éprouvait une envie presque sauvage d’y remédier. Calme en apparence, la colère grondait toutefois au creux de son âme.

Il soupira et laissa choir l’arme au sol dans un fracas de métal. On pouvait encore deviner le mécontentement, la frustration dans ce geste, mais tout ceci n’était pas dirigé contre Velvet. Et déjà le Drall concédait un sourire.

« Avoues quand même que ce serait un sympathique chalenge. Sans allumer la vibrolame j’entends. »

Car dans le cas contraire, ce serait du suicide. Le Drall tourna le dos à la Mirialan.

« Fais ça proprement. Ne laisse rien. Peut être que je lancerai une nouvelle mode. »

Il acceptait son aide, mais pas sans exigence de qualité, ni sans limiter cette aide à ce qu’il ne pouvait pas lui-même faire correctement. Il se tint droit, immobile, laissant sa collègue d’infortune commencer à procéder. Il croisa les bras, pour se donner contenance, mais finit par les laisser ballant. Son regard errait du côté du hublot le plus proche. Lorsqu’il reprit la parole, ce fut avec un calme réellement retrouvé.

« Ils m’ont eu sur Coruscant. J’avais des choses à faire dans les bas-fonds. Ils devaient être vachement informés. Que de moyens mis en œuvre pour nous prendre car je subodore que t’avoir, toi, ne devait pas être plus simple que pour moi. Et tout ça pour quoi ? De l’argent je suppose. Ils filmaient, ils voulaient vendre ces images. Vendre notre mort... »

Court silence.

« Faut que je pense à vérifier sur l’ordinateur de bord la localisation de cette station. Avec des potes, j’irai finir ce qu’on a commencé, même si je pense qu’on a déjà fait un gros trou dans leur budget, ce qui risque de suffire. Mais passons. Puisque maintenant nous avons le temps, ce serait sans doute une bonne chose que de nous présenter de manière plus convenable. Etiam Benhult, Jedi Gris, mercenaire, artiste à mes heures perdues, amateurs de belles choses et de philosophie. À qui ai-je l’honneur ? »
Darth Velvet
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« Je doute que tu parviennes à lancer une mode. Mais qui sais... »

Une main assurée, le geste délié et vif, malgré l’inhabituel de l'exercice, je commence à lui raser la fourrure. La peau rougit sous la morsure du scalpel, irritée, sollicitée. Le fil de la lame, bien qu'aiguisée, n'a rien de commun avec un rasoir, et devoir passer et repasser à un même endroit, ne peut qu’entraîner des rougeurs, formant de larges plaques à mesure que j'avance dans mon ouvrage. C'est le prix pour une peau imberbe et parfaitement lisse.

« Tu as tords. Cela leur a été très aisé. Juste un taxi trafiqué. Je n'ai rien vu venir, rien senti, je me suis juste réveiller dans ce foutu endroit, aussi nue que le jour de ma naissance. »

Et à ce souvenir, ma mâchoire claque, mes dents se serrent, et mes doigts surpris par un tremblement de rage, s'arrêtent pour ne pas le blesser. Rien que l'idée que des mains inconnues m'ont touchées, frôlées, déshabillées, provoque en mon âme, un raz de marée sanguinaire. Je me crispe, contrôlant difficilement la fièvre de ma fureur. Alors je la laisse, infuser mon aura, exsuder de ma peau, envahir la flamme de mon regard d'un brasier funéraire, parce qu'elle n'est pas mon ennemie mais une arme, une parcelle de moi, qu'il ne sert de combattre ou de museler. Elle m'est tout aussi utile que l'air que j'inspire profondément, pour ne pas sombrer en deçà, là où mes démons s'agitent, impatients, sournois, avides d'user et d'abuser de ma volonté comme de mon corps, à leurs desseins macabres.

« En ce qui me concerne.... il n'y avait rien de hasardeux. Ils connaissaient ma fausse identité, et crois moi, elle était plus qu’inoffensive pour s'encombrer des mesures de précautions qu'ils avaient. Mon intuition me souffle qu'il y a plus..., un schéma... j'ai des doutes mais aucunes preuves. Mais j'imagine que ce genre de studio coûte un bras et ne passe pas inaperçu. Je connais quelqu'un qui se fera un plaisir de me renseigner à qui appartient ce foutu dispositif. »

Délaissant le drall dont la fourrure n'est plus qu'un lointain souvenir, je me dirige vers la radio.

« Pas d'ordinateur, mais une radio, c'est suffisant. Et j'appuie totalement ton idée d'aller la faire exploser. Le plus tôt sera le mieux, et récupérer le superviseur pour une séance à la hauteur de nos dommages.... une cerise sur le gâteau. Je mets mon pisteur sur leurs traces et tu ramènes des amis, plus on est de fou, plus c'est intéressante »

Je la saisis, enregistrant les fréquences protégées d'un canal bien particulier, d'un canal réservé entre Fantôme et moi.

« Etiam Benhult... enchantée. Je suis toujours Velvet, ça n'a pas changé depuis tout à l'heure, bien qu'il m'arrive d'endosser un tas d’identités différentes. Et... disons qu'actuellement je suis agent de sécurité. »

J'esquisse un sourire sibyllin, moins il en sait, mieux je me porte... un mercenaire... avec ma tête mise à prix... une chance, vraiment !
Je saisis mon message, puis me retournant vers lui, vigilante et attentive à ses mouvement, je lui annonce :


« Message envoyé, il va falloir attendre un peu. Allons voir dans ce village si on trouve de quoi se restaurer et accessoirement m'habiller. J'en ai marre de jouer les nudistes. »
Etiam Benhult
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« Non, en effet... je ne vais pas lancer une nouvelle mode... »

Etiam s’était juché devant le minuscule miroir qui se trouvait dans le presque aussi minuscule coin toilette de la navette. Il avait achevé ce que Velvet avait commencé et, désormais, il observait le résultat d’un air critique.
Un Drall, même au premier jour de sa vie, pouvait compter sur un fin pelage. Lame d’Or expérimentait donc pour la toute première fois de son existence la sensation d’une peau directement exposée à l’air libre. Il en résultait une impression de froid assez troublante conjuguée à un désagréable sentiment de fragilité. Son reflet, quant à lui, n’était guère flatteur. Une figure glabre, chauve, irritée, zébrée de coupures encore suintante de sang. Inutile de tergiverser, c’était moche. Sa main et son regard, en quête de perfectionnisme, n’en traquaient pas moins d’éventuels poils qui auraient pu échapper à la lame du bistouri.
Une semaine, une petite semaine, se dit-il en son fort intérieur. Voilà le temps qu’il lui faudrait endurer avant que ne commence à poindre une nouvelle fourrure.

D’un bond leste, il quitta l’évier, revint au sol. Ses jambes accusèrent un tremblement de fatigue. Il baissa les yeux et la vue de son torse lui rappela pourquoi il s’était rasé. L’ignoble marque de la Station S était désormais invisible, envolée. Et cela valait bien une semaine de laideur, d’après son égo. Relevant les yeux, il les posa sur sa comparse d’infortune. Il se permit d’un peu plus la détailler. Tout comme lui, elle était nue, forme de curieuse égalité entre eux deux. Il en faudrait plus pour vraiment les rapprocher. Il avait perçu de la méfiance dans ses propos. Velvet... Maintenant qu’il y pensait, ce nom ne lui était pas inconnu. Sa tête était-elle mise à prix ? Du fait de ses relations, de ses activités, ce genre d’informations venaient à lui sans qu’il ait à les chercher. Pour autant, même s’il lui arrivait de se changer en tueur à gage, ce n’était qu’occasionnel et uniquement s’il était recruté en ce sens par un commanditaire fortuné. Jouer le vulgaire vautour, peu pour lui.

« On fait comme ça. À toi la charge des infos, à moi celle de la puissance de feu. À nous deux, ceux qui tirent les ficelles devraient vite le regretter. Il faudra, par la même occasion, que nous récupérions os sabres laser. Je gage qu’ils doivent encore se trouver sur la station. »

Pour sa part, il ferait un crochet par Coruscant afin de récupérer son sabre de Padawan. Des années qu’il ne l’avait magné, mais ce serait toujours mieux qu’une vibrolame, fut-elle en or.

« Quant aux habits... Franchement, je ne serais pas personnellement contre. Allez, en route. »

Il sortit de la navette, ayant au préalable récupéré la vibrolame. Il alla jusqu’au lac et la nettoya histoire de ne point trop la rendre effrayante. Puis, avec Velvet, il prit la direction des bâtiments vus lors de l’atterrissage.

« Je suis en train de me dire un truc... Notre navette est en état de voler, on n’est pas au seuil de la mort, ni contraint de spécialement se cacher. Pourquoi risquer de tomber sur des indigènes belliqueux ? On pourrait repartir tout de suite. J’ai une adresse, un ami de confiance. Je t’invite. Oui, je sais, j’aurais pu te proposer ça tout de suite, mais j’étais plus vraiment en état d’aligner deux pensées cohérentes. »
Darth Velvet
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« Mon problème, Etiam Benhult, c'est que bien que nous ayons combattu ensemble, je n'ai en vous qu'une confiance limitée. Et en vos amis, encore bien moins. » glissais-je d'une voix douce mais néanmoins ferme.

Un homme, enfin un drall, qui ment sur une chose aussi triviale d'un patronyme, qui s'enorgueille d'être un mercenaire, ne faut-il pas s'en méfier quelque peu, surtout lorsque mon visage , quoique partiellement identifiable, orne des avis de recherches ? Je plisse les yeux, scrutant cet autre, ce compagnon de sang et d'arme, d'un regard acéré.Je ne ressens pas dans la Force, le frémissement précurseur d'une trahison, lorsque je détaille les courbes de son profil. La fatigue se transforme-t-elle en paranoïa... peut-être.... possiblement. J'inspire longuement, ignorant cette méfiance acerbe tout en envisageant que je commet là, probablement, une erreur de débutante. Pourtant ma voix ne transpire aucun autre sentiment que la résolution, lorsqu'elle brise le silence pesant qu'il y a entre nous, à présent
.

« D'accord. Allons chez votre ami. Les réponses du mien de devraient guère être longues mais autant reprendre des forces tant que nous le pouvons encore »

Je rebrousse chemin sans l'attendre, et mes pas s'enfoncent légèrement dans la terre meuble et souple, de mousse et de lichens avant de remonter dans le vaisseau, de m'installer dans le cockpit à la place du co-pilote. Il arrive, se glisse sur celui du pilote.

« Qui est votre ami ? Enfin où allons nous ? »
lui demandais-je curieuse et méfiante, une lueur prédatrice et menaçante dans la pupille comme une mise en garde.

Les réponses arrivent en simultanée de ma connexion avec Fantôme. Je baisse les yeux sur le datapad. Les informations se bousculent sur ma rétine, toutes plus désagréablement surprenantes les unes que les autres. Ainsi ce chien a usé de la station S comme d'un levier sur Ragda, me prenant en otage dans leurs guérilla sans merci. Cette sale limace ne perd rien pour attendre, et je lui réserverai avec un plaisir sanguinaire, la morsure de ma lame rubescente. Mes dents grincent, et une grimace déchire mes lèvres, ignorant le regard interrogateur du drall, glissant sur moi comme une question informulée. Le nuisible. La raclure. L'ordure ! Mes prunelles en meurtrières se gravent d'une promesse mortelle, alors que ma voix, glaçante comme les frimas de Hoth, s'élève entre nous.

« La station S, par un consortium de fonds privés et de sociétés anonymes est la propriété de Borenga.... Il semble qu'il y invite les personnalités lui ayant fait du tord ou dérangeantes ses plans machiavéliques. Si je connais maintenant les raisons de ma présence sur cet enfer, je m'interroge sur les motivations te concernant. Quelles sont-elles ? Pour qu'il t'envoie crever dans son émission fétiche ?
Etiam Benhult
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Borenga...
Responsable de la Station S...
L’âme d’Etiam s’embrasa. Ce chien ! La Force, le temps d’un soupire, vibra autour du Drall, faisant écho à la fureur froide de sa compagne d’infortune, mais déjà le Drall adoucit les flammes, les ramenant à l’état de braises. Grâce à Velvet, bien des questions venaient de trouver réponses. Et le fait de savoir, de comprendre, était déjà une satisfaction, tout comme le fait d’être certain qu’il y aurait revanche.

« Efficace ton contact. »

Lame d’Or refit face au tableau de bord. Il s’était apprêté à envoyer un message à l’ami auquel il pensait, les dernières nouvelles avaient stoppés son geste. Il écarta son doigt du bouton de la radio et poursuivit avec calme :

« Borenga m’a embauché pour faire un petit job sur Makem Te. C’était bien payé, mais mal documenté. Il m’a cependant assuré qu’il n’y aurait pas de coup foireux. Je sais ce qu’est un Hutt, ce n’était pas la première fois que je bossait pour eux, et je n’ai pas la prétention d’être un ange pétri de droiture. Cependant, il y a des limites à ne pas dépasser. J’étais responsable d’une barge de combat et j’ai découvert sur place que je devais prendre en otage des civiles. »

Le Drall hésita à parler de Kan Dravern, mais préféra ne pas entrer dans les détails. Ses relations avec l’ordre, c’était une autre histoire.

« Je considère que Borenga m’a mentit par omission et j’aime pas, vraiment pas qu’on me prenne pour un con. Avec quelques autres mercenaires, on a prit la barge, puis on est allé sur le vaisseau amiral de Borenga. Je suis allé le chercher jusqu’à ses quartiers, laissant je ne sais combien de cadavres et d’explosions derrière moi. Borenga n’était pas là. Même son équipage ne devait pas être au courant que leur big boss commandait à distance. Je suppose qu’il n’a pas apprécié le bordel que j’ai mis, le bordel et la volonté manifeste de vouloir le tailler en pièces. »

La colère passée, Etiam ne semblait pas trop affecté par son récit. Il remit le doigt sur le bouton de la radio, régla la fréquence.

« On va faire péter cette Station. Ce sera un début. Mais pour l’instant, on va se rendre chez Gorian Kazar. C’est un ami d’enfance, il est fiable. Et lui-aussi devrait avoir la vague impression que ta tête est mise à prix. Si c’est ça qui te stresse, tu peux être tranquille, les ennemis de mes ennemis sont mes amis, n’est-ce pas ? »

Il lança l’appel radio. Au même moment, il démarrait le vaisseau, décollait avec une assurance née de l’habitude. La navette s’extirpa de la végétation exotique, traversa les nuages, quitta l’atmosphère. Elle était en train de s’arracher à l’attraction de la planète lorsque la voix d’un homme sortit de la radio.

« Gorian, j’écoute.
- C’est Etiam.
- Ha, cool. Une fois de plus, t’as oublié de me donner de tes nouvelles. Ça gaze ?
- Ouais, ça peut aller. J’ai besoin d’un coup de main dans les plus brefs délais. Je te le revaudrait.
- De quoi t’as besoin ?
- Retrouve-moi à la station relai LX512, sur la route Corellienne. Je suis pas seul et je suis pas très présentable, alors je vais rester dans la zone d’amarrage.
- Si tu me dis que je dois emporter avec moi 100 000 crédits, je vais commencer à croire que tu es pris en hottage. Qui est avec toi ?
- En hottage ? Non, non, rien à voir. Je suis avec une charmante demoiselle. Et on n’a pas besoin d’argent, juste d’habits. Prends une de mes tenues de rechange et achète des vêtements de femme. »

Etiam jeta un coup d’œil évaluateur à Velvet.

« Des vêtements pour une humaine adulte de petite taille, ça devrait faire l’affaire.
- Vous êtes à poils ? C’est un plan cul qu’à foiré ?
- Tu verras bien une fois que tu seras là. Lorsque t’es arrivé à la station, reprends contact, je te décrirais la navette où je me trouve. Et merci. Ça me rend service.
- Mais de rien, j’adore laisser tomber tout mon programme de la journée pour mon drall préféré. Station LX512, avec des fringues, j’y serai. »

Ce fut la fin du message. Etiam enclencha le saut dans l’hyperespace.
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