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Autorisation de sortie stellaire, de passage dans les couloirs spatiaux du Consortium, vérification des passeports de … Sans déconner, il allait continuer longtemps l’autre empafé ? Pas que je sois impatient de nature, mais c’est bien la troisième cigarette que j’envoie valser par terre et qui s’écrase sous ses yeux courroucés. Et en comptage de temps, trois clopes c’est long. A croire que les hapiens voulaient concurrencer la République en matière de paperasse … En même temps, vu que leur reine veut apparemment jouer dans la cour des grands, y a peut-être un lien de cause à effet. Il paraît que plus t’es gros, plus tu fais remplir des papiers sans intérêt. Bon, ça se vérifie pas trop dans l’espace hutt, parce que les limaces ont beau être monstrueuses, niveau machin administratif, c’est le néant. Quoique si on remplace les signatures par les crédits à verser, ça marche pas mal. Bref. En gros je poireautais. Et ça m’agaçait.

Bon, ok, je pouvais toujours mater le grand escogriffe en face. Pas désagréable à l’œil, comme tous ceux du Consortium. Le problème, c’est qu’il avait l’air tellement pincé que j’avais peur qu’il finisse par s’étouffer à force de pas respirer correctement. En plus, tous les hapiens avaient cet air emprunté qui te hurlaient au visage « tu peux regarder mais pas toucher. » Et ça, c’est comme mettre un gosse au milieu d’une boutique de bonbons et lui taper sur la main dès qu’il approche ses doigts pour en goûter un : complètement décevant. C’était pas faute d’avoir tenté ma chance, hein, la nuit dernière, quand je m’étais trouvé un petit coin sympa pour passer ma soirée le temps de réapprovisionner le vieux coucou qui me sert de vaisseau.

Résultat des courses ? Rien. Que dalle. Désert de Tatooine du sexe. La déception du siècle. J’avais fait tout le trajet en me disant que j’allais avoir une bonne récompense et … Oui, bon, la paye avait été pas mal, bien rondelette, du genre que j’allais pouvoir écouler tranquillement en la convertissant en une sacrée fiesta. Ou en alcool fort. Ou en alcool fort dans une sacrée fiesta. Un combo de ce genre, disons. J’avoue que je vois pas trop ce que leur reine va bien faire avec ce que je lui ai refourgué comme matos. En général, pour les livraisons, j’évite de trop regarder les colis. Mieux on en sait, plus longtemps on reste en vie, règle générale du mercenariat. Sauf que j’aime bien m’assurer qu’il y a pas d’entourloupes, du style un truc dangereux qu’on a omis de mentionner … Ou une marchandise vivante … Avec Sinlas, on s’était fait avoir une fois par les siths, et sincèrement, allez ouvrir votre soute pour vous retrouver assailli par trente paire d’yeux horrifiés, vous allez devenir aussi paranoïaque que moi. Pas mon meilleur souvenir. Pas mon meilleur moment non plus, il faut l’avouer. Parfois, j’y songe, à ces pauvres gens. Je me demande si certains ont pu se libérer. Combien sont crevés, la gueule tailladée par un fou furieux. Combien de ces gamines se sont fait passer dessus par la moitié de l’espace hutt. C’est le genre de pensées désagréables qui te prennent d’un coup et dont t’arrive pas à te débarrasser, à moins de te shooter ou d’être complètement saoul.

C’est une de mes grandes théories sur les mecs de la pègre. En fait, je me dis souvent que les plus bourrés sont les plus honnêtes, parce qu’on peut pas supporter toutes ces horreurs sobres. Ou alors sinon, on est un hutt, un sith, un abruti ou une enflure. Pas ce qui manque dans la galaxie, vous me direz. Mais pour les pauvres types qui ont encore vaguement une conscience, je vois pas trop comment on peut supporter tout ce bazar sans un peu d’aide. Personnellement ? Je n’y suis jamais arrivé. Oh non, je n’ai pas commencé à essayer tout ce qui passait après avoir débarqué dans l’espace hutt. J’étais déjà une épave en arrivant, et ça n’a pas franchement changé. Forcément, l’explication est de suite moins glorieuse, mais je peux pas vraiment faire croire le contraire. Je n’en ai pas envie, en fait. Cette vie, elle est celle qu’elle est, pourtant, j’ai fini par l’aimer. Cette liberté, rien ne pourra la remplacer.

Et l’autre continue à causer … Un vrai moulin à paroles. Pire que moi, et c’est pas peu dire, croyez-en un baratineur professionnel. Qu’est-ce qu’il veut savoir ? Si le cargo vole ? Sérieusement ? Non, non, je l’ai garé là pour la décoration. Je souffle dans les réacteurs pour le faire décoller, d’ailleurs. Allez, inspiration, expiration, sourire charmeur, phéromones au vent, et je lui réponds par l’affirmative, en ajoutant que s’il veut, je connais une ou deux méthodes pour le faire décoller lui aussi. Bon, vu le regard qu’il me lance, il a pas aimé. Dommage.

Enfin, il a fini. Pas trop tôt. J’ai failli attendre. Dernier remerciement, dernier sourire hypocrite, et je le regarde se barrer. Bon sang, toute cette affaire m’a donnée soif, et c’est pas une heure supplémentaire qui va vraiment faire la différence, au point où j’en suis. N’écoutant que mon manque d’entrain et mon alcoolisme militant, je rebrousse chemin et finit par atterrir dans la cantina du spatioport. Trois verres plus tard de je ne sais trop quelle mixture locale, pas trop mauvaise en plus, et un petit échange de sous-entendus pour le plaisir avec le barman, je ressors. Il est temps de quitter cette fichue planète.

J’allume les coursives de mon brave vieux vaisseau. C’est toujours étrange de me dire que ce cher tas de ferraille galactique m’appartient, parce que j’aurais toujours l’impression que c’est le bijou de Sinlas, comme il l’appelait avec affection. Sauf que le vieux grigou est mort, et je me retrouve seul avec son bébé sur les bras. Pas qu’il ne m’arrange pas, clairement, c’est pratique pour se déplacer et concourir aux contrats de transport. J’ai juste l’impression qu’il manque un truc, vous voyez ? C’est mon côté sentimental qui ressort, en fait.

Installé aux commandes, je vérifie un peu tout, et au moment où je m’apprête à mettre les gaz et quitter cet amas … J’entends un barouf de tous les diables ! Bon sang de bois, par la culotte du grand Borenga, c’est quoi ce bordel ! Je peux même pas accuser de la marchandise, puisque j’en ai pas, et je suis pas du genre à garder un bébé bantha dans ma cabine ! Oui, j’ai connu un type une fois qui en avait un et … Bref, je m’égare, mais vous voyez le genre.

Ni une ni deux, je fonce vers l’endroit d’où semble provenir le brouhaha, soit la soute. Blasters en main, je me plaque contre la porte, j’écoute … ça râle, ça respire … C’est vivant. Ou alors un droide super bien fait. En gros, c’est un brin flippant. N’écoutant que mon courage … J’attends pour rentrer. Eh oh, y a pas marqué noble jedi ou sith cinglé sur mon front hein, mais honnête chirurgien amateur et mercenaire à mes heures perdues ! Enfin, quand faut y aller … J’entre, j’allume, je braque les flingues et je vois … Un truc à terre. Enfin, un mec à terre. Mignon en plus. Si on aime le genre carpette hagarde gémissante.

Et voilà comment une crapule dans mon genre s’est retrouvé à faire du bouche à bouche sans penser à mal à un jedi … Je vous dis, j’ai un don pour attirer les emmerdes comme le miel les mouches. Allez, il crachote, respire, toussote. Jeunot, un peu perdu. Et dans ma soute. Normal, quoi. Je m’éloigne pour le laisser reprendre son souffle, avant de lui dire, blaster baissé dans la main droite, posé derrière moi pour celui de gauche :

« Tu sais, pour me demander un baiser, ça allait plus vite d’y aller franco, les surprises dans les soutes, c’est un peu old-fashion. »

Avant d’ajouter, le sourire plus indulgent cette fois :

« Plus sérieusement, petit … T’as pas l’air bien en point, ni hapien, et sans mauvaises rimes … J’ai pas très envie de faire chauffeur pour fuyard d’appoint.

Alors … Une explication sur le pourquoi du comment t’es dans ma soute ? »
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Ce qui m’était arrivé au cœur de l’Amas et du Consortium m’était encore très flou. Je n’arrivais pas à me souvenir clairement de ce qui s’était passé pour me retrouver au cœur de ce territoire très autarcique. Les différentes raisons qui m’avaient été avancé lors de ma détention étaient plausibles et cohérentes mais je ne pouvais pas avoir une confiance aveugle envers les Hapiens et cela même si leur Reine-Mère était une de mes grandes cousines éloignées. Je l’avais rencontré en personne et elle s’était montré plus à l’écoute que je n’avais pu le penser. Était-ce pour autant suffisant pour que j’en vienne à lui faire confiance ? Peut-être. J’avais des certitudes, mais elles me paraissaient quelque peu plombées. Il faut dire que lorsque l’on ne se souvient de rien et que l’on vous présente des preuves et des affirmations à ce sujet… bah on ne peut pas être totalement sûr que ce bourrage de crâne soit exclusivement porteur de vérité. Pourtant, j’avais étrangement confiance en l’Ereneda et ses décisions. Elle avait fait en sorte que je fusse libéré et m’avait même offert une porte de sortie du Consortium pour prouver qu’elle n’était pas totalement réfractaire à ma condition d’homme et de Jedi, mélange de choc et souvent destructeur au cœur de l’Amas. Sa décision était d’ailleurs très risquée, car l’opinion publique ne l’aurait sans doute jamais approuvée si elle avait pu connaître le fin mot de toute cette histoire. Les Jedi étaient à l’origine de la disparition des pirates originels de l’Amas et de la libération des esclaves. Les Hapiens nous accusaient et nous accusent toujours de génocide envers les leurs, d’avoir massacrés leurs parents. C’était peut-être en partie véridique mais s’il n’en tenait qu’à moi alors j’affirmerais sans hésiter qu’ils en ont tout de même bien profité : l’Amas est désormais riche, avec un pouvoir fort et un système de vie quasi-unique dans la galaxie. Une zone dont l’invasion relèverait de l’impossible mais qui cherchait tout de même à s’ouvrir lentement mais surement vers l’extérieur.

Une preuve de cela : j’étais toujours en vie et sur le point d’en partir. Dans quel état, ça, c’était une autre histoire car si la Reine-Mère m’avait laissé repartir sans animosité, ce n’était pas le cas de la plupart des Hapiens –ou plutôt des Hapiennes, pour être plus précis. Si ma présence au sein de l’Amas s’était avérée discrète, mon départ fut visiblement ébruité aux oreilles de certaines qui se virent pousser des ailes à l’idée de pouvoir livrer un Jedi, homme de surcroit, à leur Ereneda qui m’avait en réalité laissé partir. Vous suivez toujours ? C’est assez compliqué à comprendre, et vous le résumer l’est tout autant car la Reine-Mère m’avait peut-être laissé repartir mais elle ne m’avait offert aucun moyen de quitter l’Amas. Sauf que voilà : qui oserait embarquer un Jedi au travers du territoire Hapien ? Pas l’un d’eux, déjà. Je ne pris d’ailleurs pas le risque, je n’étais pas encore assez fou pour cela.
Trouver un transporteur fut difficile car il y avait peu de non-Hapien sur le territoire contrôlé par l’Ereneda. En fait, ce fut même mission impossible car je ne pouvais révéler ma condition réelle sans prendre de risque. J’avais bien tenté de vendre du flan Corellien à quelques contrebandiers et mercenaires mais je ne reçu que des refus. Trop dangereux, qu’ils disaient. Je le comprenais parfaitement, car les lois Hapiennes étaient assez claires sur le sujet. Du coup bah… je dû battre en retraite et me replier dans les recoins les plus mal famés pour éviter de me faire repérer et attraper par des Hapiennes trop zélées. Ca fonctionna pendant un temps. Je masquais mon sabre-laser sous les frusques que j’avais pu dégoter. Ce n’était pas super bien habillé mais ça me permettait de me fondre dans la masse. J’évitais contentieusement d’avoir à faire aux femmes et à la sécurité Hapienne pour éviter de me faire repérer. J’avais pu apprendre beaucoup des us et coutumes ces dernières semaines mais je n’étais pas encore parfaitement au point sur les relations hommes-femmes. L’idée de devoir faire preuve de soumission et de servitude à l’égard de quiconque ne me plaisait guère… et c’est comme ça que les problèmes commencèrent.

Une autorité trop ferme et une demande inacceptable. Un refus de ma part et un coup de pistolet manqué de leur côté. Un retour de sabre mortel de mon côté et une retraite du leur et me voilà de nouveau dans de beaux draps. L’usage de mon arme de Jedi avait suffit à donner l’alerte dans le secteur et je dû accélérer mes plans. M’enfonçant à travers les ruelles à vive allure, je ne cachais plus mon état de Chevalier de l’Ordre. Usage intensif de la Force oblige, je virevoltais de bâtiments en bâtiments pour éviter les patrouilles des forces de sécurités du quartier. Ca fonctionna le temps de me rapprocher du spatioport grâce à la densité des bâtiments mais la tâche se compliqua lorsque le terrain se révéla plus ouvert. Sautant dans la rue, je poussais les passants pour finalement bifurquer et feinter un éloignement. Je ne voulais pas qu’elles puissent connaître ma destination finale pour ne pas qu’elles finissent par condamner mon unique porte de sortie. Je m’enfonçais donc à nouveau dans les ruelles le temps de les semer, évitant de faire usage de mes armes. Cela éviterait bien des problèmes à ma grande cousine au passage –que de considérations de ma part ! Je finis cependant par être touché par une patrouille alors que je pensais enfin les avoir semer : deus fléchettes vinrent s’écraser contre mon corps avant que ma lame n’eut finit de s’abattre sur les deux Hapiennes et je ressentis immédiatement les picotements typiques de l’empoisonnement.

Je faisais donc appel à la Force pour endiguer la menace mortelle. Je n’avais pas le temps la dissiper totalement et je repartais vers le spatioport malgré le danger qui guettait mon corps. Je n’avais de toute manière guère le choix. Je finissais par entrer par la zone de fret du bâtiment pour m’infiltrer en direction d’une des consoles gérant les entrées et sorties des cargos et autres transporteurs. J’allais m’engouffrer dans l’un d’eux sans l’autorisation du pilote et attendre patiemment. La douleur et l’effet du poison commençait à s’intensifier. Je me sentais faiblard alors que je pianotais sur l’une des consoles à la recherche du bon navire et je finis par trouver au bout de quelques minutes : un transport qui quittait l’Amas avec pour pilote un Zeltron. Une cargaison marchande, pas de passager. C’était parfait et il partait bien assez tôt.

Je luttais contre ma chute de tension, m’avançant en titubant entre les caisses pour finalement activer la rampe du vaisseau. La Force ne m’indiquait aucune présence et j’entrais donc à bord du navire. La cargaison semblait déjà présente et je venais m’immiscer au milieu de celle-ci avant de m’écrouler. Je n’avais plus beaucoup de force et je faisais appel à mon alliée de toujours pour repousser le puissant poison. C’est là que je constatais que j’avais aussi été éraflé par plusieurs décharges de blaster, ce qui expliquait ma démarche boiteuse. Pour plus d’efficacité, j’étais entré en méditation pendant de longues heures, repoussant le poison et pansant mes blessures. A vrai dire, je n’étais jamais entré dans une transe aussi profonde et je ne savais pas trop où je mettais les pieds.

Je finis par me réveiller d’un sursaut lorsqu’un bruit me tira de ma transe. J’étais encore perdu, et l’éveil brutal se révéla destructeur au lieu d’être salvateur. J’étais soigné, mais extrêmement faible. Craignant l’arrivée de la sécurité, je m’étais redressé d’un bond pour finalement m’écrouler sur les caisses, en renversant une sur mon passage. Niveau discrétion, on repassera. Je m’étalais sur le sol, la respiration saccadée et bruyante. Je me senti dériver, m’éloigner. Ma vision se brouilla de nouveau, l’obscurité écrasant les quelques couleurs floues dont la résistance flanchait.

Mais ce n’était pas encore la fin. Je finis par sentir une pression sur mon thorax, puis une autre. Mon corps semblait renaître alors que je retrouvais mes sensations. Mes paupières s’agitèrent à nouveau, pour finalement dévoiler mes pupilles encore dilatées. Les contours et les couleurs apparurent de nouveau, alors que je réalisais le contact mielleux sur mes lèvres. Ma main droite se crispa, alors que je reprenais enfin mes esprits, à la recherche de mon arme. Pourtant, l’image qui s’affichait n’était pas hostile ; Ce n’était pas l’une de ces Hapiennes enragées qui me poursuivaient. Le teint rouge qui constituait le visage de mon sauveur ne concordait pas. Ce ne pouvait être que le Zeltron…

Super ! J’allais devoir tout lui expliquer, maintenant….

Je toussotais, alors que ma main se libérait pour se porter sur mes lèvres puis sur mon front. Je clignais de nouveau des yeux alors que ma senestre venait prendre appui sur le coin d’une caisse pour m’aider à me redresser dans une position assise. Mon regard finit par dévier vers le Zeltron. Son visage était plutôt amical et sournois. Il me semblait de faible constitution –la Force me le confirmait, d’ailleurs- et son regard semblait trahir quelque peu ce qui le rongeait intérieurement. Etrangement, je trouvais que ça lui donnait un air gracieux ; Mignon. Ses propos, eux, manquèrent de me faire rire et je ne toussotais que plus fort en réaction avant de déglutir. Il avait mit dans le mille quant à la raison de ma présence à bord mais je ne pouvais pas tout lui dire non plus. Qui sait, à travers l’aura apaisante que je lui trouvais peut-être était-il plus dangereux…

Je ne l’espérais pas..

« Je dois quitter l’Amas… et au plus vite. J’ai beau être en bon terme avec la Reine-Mère, on me recherche pour ce que je suis. »

Je restais flou, pour mieux cerner sa réaction et en déduire sa position. Lui révéler ouvertement que j’étais un Jedi n’était peut-être pas la meilleure des solutions. Mon ton restait grave, mais tout autant amical.

« Vous aussi, vous devez partir car si elles nous trouvent, je ne donne pas cher de ma peau… et de la votre. »

Lentement, je me redressais pour me lever. Je me servais d’une caisse comme appui, mon dos s’y apposant contre et ma senestre servant de levier. Ma dextre, elle, venait se saisir de mon arme pour la dévoiler au grand jour dans une posture d’attente, baissée, dévoilant ma réelle condition. Tout vient à point à qui sait attendre. Je ne voulais pas paraître agressif, mais seulement déterminé. J’esquissais d’ailleurs un sourire sincère, pour montrer mon manque d’animosité. Quoi qu’il en fût, je n’étais pas son ennemi et je ne souhaitais pas le devenir. D’une certaine manière, je sentais au travers de la Force une aura de confiance naturelle qui se dégageait de lui -et ce n’était pas des phéromones. J’ajoutais donc, avec un léger amusement :

« A moins que nous ne souhaitiez encore profiter des lèvres d’un chevalier Jedi inconscient, bien évidemment... »


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J’avais dû avoir la main lourde sur ma dernière confection de stim. Une erreur de dosage, un composant périmé … Bref, une sacrée confusion à même de produire des hallucinations dignes d’un sith sous bâton de mort ! J’en avais vu un dans ce cas, une fois, avant que je ne reparte de Korriban pour une livraison. Le gars avait pas trop supporté et s’était mis à faire un bad trip du tonnerre. Jusque-là rien d’anormal, je vous l’accorde. Sauf que les visions chez un mec qui peut te rôtir à coup d’éclairs … Sans mauvais jeu de mots là encore, ça sent vite le roussi pour tes abattis. Bref, tout ça pour dire que les forceux, dans l’ensemble, c’était pas ma tasse de whisky wookie.

De base, j’avais rien contre eux. Je veux dire, y a des gens qui naissent avec un don pour le sabacc, d’autres pour le blaster, d’autres encore pour la culture des patates douces sur Naboo sans doute … Et certains avaient droit à l’ensemble de trucs un peu flippants du genre déplacer des montagnes, sauter partout sans effort ou balancer des cailloux dans la tronche des voisins. D’accord, y a des talents plus utiles que d’autres … On sait jamais quand on aura besoin d’un bon gratin dauphinois, pardi !

A vrai dire, j’en avais déjà fréquenté pas mal, des forceux. Des jedis dans cette jeunesse qui paraissait si lointaine, dont les souvenirs se trouvaient souvent embrumés autant par des années de consommation de stupéfiants que par le remords d’une vie ratée, qui aurait pu être et ne serait jamais, parce que j’avais été assez stupide pour céder à mes pires pulsions d’expérimentations, et ce, afin de satisfaire aux jolis yeux d’un humain. Et à son beau … Enfin, je vais pas faire un dessin, on a compris. En tout cas, de cette époque, j’en gardais pas un mauvais souvenir. Y en avais des mignons dans le lot déjà … Un peu comme celui que j’avais en face de moi, avec ses cheveux un peu en bataille avec sa chute et son air trop sérieux, trop mature pour son âge. A vue de nez, je lui donnais la petite vingtaine, pas beaucoup plus. A la voix, de suite plus … Autant l’avouer immédiatement : les barytons ont toujours été mon péché mignon.

Evidemment, dans l’espace hutt, quand j’en avais croisé, les relations avaient été un poil plus … froides. Soit parce qu’ils étaient à mes fesses, et pas comme j’aurais voulu, hélas, soit parce qu’ils étaient en infiltration et ceux-là, ils n’ont généralement pas trop de temps pour bavarder tranquillement avec un mercenaire complètement camé. J’en avais croisé aussi sur Dantooine, après la débandade de Dubrillion, et pour le coup, je m’en tenais à mon jugement premier : c’étaient de sacrés guérisseurs. Clairement, en tant que médic, je pouvais m’incliner devant leur science, même si pour moi, un bon vieux médipack allait quand même plus vite qu’appeler un machin que personne ne voyait pas … Désaccord professionnel mineur.

Les siths … Je les divisais en deux catégories : les cinglés psychopathes et les psychopathes à retardement. Les premiers étaient à fuir comme la peste, les autres savaient faire affaire. Bien mieux que les jedis, d’ailleurs, pas étonnant que la plupart de mes collègues préfèrent traiter avec les yeux rouges ou pas nets : ils payent sacrément biens, ont un sens moral semblable à celui d’un hutt et acceptent de se faire refourguer quantité d’objets pas très nets. Leur seul petit inconvénient, c’est que du coup, ils n’ont aucun scrupule à se débarasser d’un témoin gênant … Alors qu’un jedi au moins, on est sûr de pas avoir d’embrouilles à l’arrivée. Entre la sécurité de l’emploi ou les crédits, il faut choisir … Et dans ce charmant coin de la galaxie qu’est l’espace hutt, soyons francs, les seconds ont toujours primé sur le premier.

Jusque-là on pourrait donc se dire que j’ai plutôt un a priori favorable sur les jedis. Ce n’est pas complètement faux. Sauf que par principe, avec mon métier super présentable pour un parangon de vertu, ma gueule de camé et la palanquée de procédures que j’ai au cul dans la République … Disons que je me méfie de l’excès de zèle. Le principe d’un hors-la-loi, c’est quand même de se tenir le plus éloigné possible des hommes de loi, justement !
Si je pigeais bien, donc, j’avais un jedi dans ma soute, mal en point, qui se disait recherché. Chouette. De suite, je me sens super en confiance, pas de doute ! Peut-être que les hapiens avaient un problème avec les sabre-lasers ? Non, je ne connais pas tous les interdits galactiques, merci bien, donc autant dire que la première remarque qui me sort est d’une grande classe, à mon image quoi :

« Si ça peut te consoler, avec ton joli minois, moi aussi je te rechercherais pour ce que tu es. »

Je suis un gars subtil, y a pas de doute. Enfin, ça me permet surtout de me donner une contenance, parce que mine de rien, j’aime pas trop l’idée d’avoir un forceux armé dans mon vaisseau. Si je lui dis non, il fait quoi ? J’ai pas envie d’être transformé en tranches de zeltrons fines ! Ni de me faire retourner le cerveau. Il a déjà suffisamment de mal à fonctionner, pas la peine de le traumatiser ! En gros, comme d’habitude, je débite des sornettes et de la dragouille bas de gamme pour me faire passer pour un crétin le temps d’avoir un plan.

Sauf que j’en ai pas. Enfin hormis le refroidir d’un coup de blaster. Et ça, c’est pas franchement ce que j’appelle un plan. Plus … Une solution de dernier recours. Allons, inspiration, expiration, empathie, c’est parti ! Il a pas l’air dangereux, plutôt … stressé. Fatigué. Alors, avec un sourire un peu torve, je finis par lui répondre, amusé qu’il réponde à mes vannes minables :

« Je demanderais pas mieux, mais je préfère les baisers conscients … Plus de répondant.»

Et j’ajoute rapidement :

« … Et ceux qui ne vont pas me mener en taule. Accessoirement. »

Là, je ne rigole plus du tout. Mon sourire est froid, son inclination a basculé de quelques millimètres amplement suffisants pour lui donner cette allure dérangeante. La main fermement serrée sur mon blaster, je siffle :

« J’aime pas les ennuis, et encore moins la perspective d’en avoir avec un bon client. Alors, petite question, chevalier anciennement inconscient :

Qu’est-ce qui m’empêche de t’envoyer un tir entre les deux yeux et de te refourguer aux beaux gosses coupeurs de cheveux en quatre ?

Non pas que j'en ai envie ... Mais t'avoueras que les perspectives sont un peu pourraves, entre nous.

J’ai pas de sympathie pour eux. Mais je risque jamais ma peau gratos. Elle a perdu en qualité, mais ce qu’il en reste… J’y tiens. »


Avant de conclure, l’expression un peu plus douce, mon corps exsudant sans que je ne m'en rende compte des phéromones, presque comme un réflexe de protection, comme si mes pores savaient d'elle-même que je préférais passer un accord rapide et ne surtout pas partir en live. En même temps, je pue la trouille à des kilomètres, donc bon ... Coincés entre les fous en bas et le jedi ... Y a qu'à moi que ça arrive ce genre de choses, et le pire, c'est que pour une fois, je n'y suis pour rien!

« Et dans mon métier, on rend rarement service par bonté d’âme. Ca fait pas crédible, derrière. Tes potes auront rien contre un peu de flouze pour un bon samaritain qui est venu en aide à un des leurs ? »

A prendre ou à laisser. Je fais rien gratuitement, je l’ai déjà dit, et je le pense. J’ai trop donné dans le secteur de la gentillesse. La seule chose que ça apporte, c’est un paquet d’ennuis. Et j’en avais déjà assez comme ça, pas la peine en plus de les accueillir à bras ouvert. Ou alors, je leur ouvre les bras, et je tends la main pour recevoir l’oseille.
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Débiter des punchlines débiles pour me sortir d’un mauvais pas, je savais faire mais ça ne fonctionnait pas toujours. Preuve en était le Zeltron qui me faisait face, puisque ce dernier se révélait au final du même acabit sur le sujet. Moyen détourné pour gagner du temps et orienter ma réelle réflexion, j’envisageais les options qui m’étaient laissés alors que l’on se regardait en chien de Fayence. J’avais déjà fréquenté des Zeltrons et je n’en gardais pas vraiment de très bons souvenirs. La plupart du temps des femmes, je devais bien admettre que ma légère aversion pour ce qu’il était venait surtout du fait qu’elles avaient le plus souvent cherché à me violer ou à profiter d’un instant de faiblesse pour me forcer à faire des choses originales et guère Jedi, si vous voyez ce que je veut dire. Si vous ne comprenez pas, ce n’est pas grave, ça m’arrange ! Après, vous pourrez toujours demander à Velvet mais je ne suis pas certain que vous ressortirez en vie d’un entretien avec elle sur ce sujet.

En fait, les seuls Zeltrons que je pouvais apprécier étaient les hommes, car c’était bien les seuls qui n’avaient pas cherché à m’amadouer pour profiter de moi. De fait, j’étais légèrement plus enclin à lui faire confiance plutôt qu’à un individu féminin de son espèce. Surtout qu’à la vue de ma situation, il serait sans doute moins dangereux que la horde de Hapiens et Hapiennes jetés à ma poursuite par une baronne guère satisfaite de savoir un Jedi sur son territoire. C’était assez malheureux de constater que j’étais le petit cousin éloigné de la Reine-Mère de l’Amas et de me faire chasser à mort par certaines de ses subalternes alors que l’Ereneda avait semblé m’apprécier. Enfin… de mon point de vue, en tout cas !

Donc ouais, un Zeltron mercenaire et contrebandier pourrait bien faire l’affaire et m’offrir mon billet de sortie. Surtout que malgré son côté fil de fer et plutôt faiblard, il était plutôt sympathique et agréable à regarder. Ses yeux de braises étaient quelque peu envoûtants et ses cheveux rangés en bataille tout aussi charmants. Le seul problème avec lui était qu’il avait un blaster dans les mains et qu’il représentait donc encore une menace latente pour ma personne.

Je secouais très légèrement la tête, me surprenant à contempler un homme alors que j’en suis moi-même un. Je savais que j’avais des goûts assez étranges, surtout depuis mon passage sur Impératrice Têta où j’avais pu découvrir certaines de mes affections cachées. Oui, je savais que je n’avais aucun complexe à apprécier un homme autant qu’une femme mais la situation ne s’y prêtait pas du tout ! Surtout que s’il venait à ressentir cet instant de faiblesse à le trouver mignon, bah j’étais pas près de m’en débarrasser ! Et puis j’étais tout de même pris en effraction par le propriétaire d’un vaisseau, dans sa soute, blaster en main, dans un astroport totalement hostile à ma présence. Donc ce genre de pensées, je comptais bien me les garder pour plus tard, lorsque je m’estimerais en sécurité ! Et puis de toute manière, je n’étais pas un individu facile sur ce genre de sujets et Velvet l’avait remarqué à nos dépends lors de notre kidnapping.

Faisant fi de ses quelques remarques amusantes et qui auraient pu me faire rougir end ‘autres circonstances, j’essayais de masquer au mieux mes quelques prémices de ressentis à son égard pour mieux me concentrer sur les opportunités qu’il me restait. Mon arme en main, je pouvais toujours me jeter sur lui et le désarmer rapidement. La Force viendrait m’aider dans mon œuvre pour ne lui laisser aucune chance. Du moins, je l’espérais. Cependant, je viendrais refermer la porte de ma seule échappatoire et je me retrouverais au point de départ. Surtout qu’il ne semblait plus rigoler. Je pouvais ressentir son état dans la Force tout comme il pouvait sans doute renifler mon incertitude avec son don d’empathie.

Il avait raison, il pouvait toujours tenter de me trouer la peau mais je ne me laisserais pas faire. Je ne savais pas s’il avait déjà eu affaire à un Jedi ou autre forceux en qualité d’adversaire mais il n’aurait pas fait le déplacement pour rien me concernant. Je n’étais pas du genre facile à dégommer. Mais bon, je sentais aussi qu’il n’en avait pas la réelle envie malgré sa détermination à préserver sa peau. Je ne savais pas vraiment si ça venait de ce que je ressentais dans la Force ou s’il tentait de se défendre avec ses dons. J’étais encore trop faible pour en faire le réel discernement mais je savais que quelque chose n’allait pas, qu’il tentait quelque chose. En avait-il conscience ? Peut-être mais je n’avais pas de certitude si ce n’est qu’il n’était pas serein à l’idée de m’affronter. Aussi, sa proposition prenait elle plus de sens et de sérieux. Le problème était juste que je n’avais rien à lui proposer de certain.

Je baissais lentement mon arme éteinte, signe que je ne voulais pas en venir aux mains. Je préférais encore l’idée de pouvoir quitter cette zone de l’espace que celle de devoir encore me cacher dans ce territoire qui m’était totalement hostile. Je me détendais largement, affichant un sourire amical et sincère alors que je mon regard glissait le long de son corps pour tenter de discerner une quelconque tromperie.

« Je n’aime pas les ennuis non plus, et je ne tiens pas à en avoir avec la seule personne qui peut me sortir d’ici. Je ne peux rien te garantir si ce n’est ma gratitude et le fait d’avoir un service à te rendre en conséquence. Mais je pourrais toujours tenter d’arranger quelque chose à mon arrivée en lieu sûr. »

Quitte à se tutoyer, autant le faire pleinement. Quand à ma proposition, je préférais rester sincère et ne pas partir dans des promesses que je ne pourrais pas respecter. Il me fallait partir, et il devait m’aider. Nous étions tout les deux en danger désormais, et par ma faute.

Instinctivement, je faisais un pas en avant, posant mon sabre sur une des caisses. Je ne cherchais pas l’hostilité, surtout avec un Zeltron qui me faisait de l’effet –et c’était bien la première fois, d’ailleurs, ce qui rendait la situation plus étrange encore !
J’écartais les bras pour paraître encore plus sincère, un sourire amical sur les lèvres :

« Ce que je peux promettre, par contre, c’est que je peux assurer ta sécurité le temps de me mener à bon port et de me débarquer. Et te donner les quelques crédits que j’ai en poche. Ca ne suffira pas à payer le plein, mais c’est un début de marché équitable, tu ne crois pas ? »

Bah quoi ? Je lui proposais tout de même de lui couvrir les fesses au cas où ça dégénèrerait ! Une promesse de la sorte venant d’un Jedi, ça valait tout son pensant de crédits ! A prendre ou a laisser, beau Zeltron. C’est ma première et dernière offre.


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J’ai toujours eu un problème dans mon boulot : je suis un type bien. Si, je vous assure, selon les standards du mercenaire moyen, je suis un zeltron tout ce qu’il y a de plus intègre. Et pour être franc, quand je vois certaines raclures dans les bons coins de la galaxie … Je me dis que ça vaut aussi à l’échelle de pas mal de système. D’accord, je ne serais jamais au niveau des jedis, mais bon, j’ai pas les pouvoirs qui vont avec le fait d’avoir la main sur le cœur, donc je me dis que j’ai une bonne excuse. C’est vrai, faut quand même bouffer, et la mangeaille, elle vient rarement toute seule quand on baroude un peu partout.

Certes, d’un point de vue moral, je pourrais vaguement me réjouir de pas en être réduit au niveau de la bave d’un hutt. Sauf que c’est sacrément ennuyeux, dans la pègre. Déjà, je regarde toujours mes contrats, je laisse toujours filer les gros transports d’esclaves parce que je déteste alors que c’est le moyen de se faire un sacré paquet de pépettes sans trop d’ennuis : suffit de sceller sa soute, et advienne que pourra, d’après les conversations entendues une ou deux fois, suivant le destinataire, c’est pas un ou deux cadavres qui font la différence. Au pire, faut accuser le vendeur et dire que les morts étaient pas en bon état, et roulez jeunesse. En plus, c’est l’excuse rêvée : vous avez déjà vu un esclave en bon état ? Pas moi. Ah si, pardon. Les putes. Et encore, ça dépend du souteneur ou du propriétaire, entre ceux qui ont des goûts bizarres et ceux qui ont le fouet facile …

Résultat des courses : je gagne moins ma vie, et je déteste les coups tordus. Je sais, un contrebandier camé pas fourbe, ça vous en bouche un coin, hein ? Je dis pas que ça m’est jamais arrivé, histoire de me tirer d’un mauvais pas. Faut pas exagérer, je suis pas du genre à me sacrifier pour sauver la veuve et l’orphelin. Moi, mon truc, ce serait plus de coucher avec l’orphelin. Enfin s’il est adulte ! Pas de méprise, je suis clean. Mais voilà : dans l’ensemble, j’aime pas les situations où je me dis que d’un côté, je passe à côté d’une occasion en or de me faire un max de thunes, et de l’autre, que ce serait quand même un peu salaud. Et risqué. Surtout risqué en fait. Bizarrement, ma moralité se renforce quand je suis pas sûr d’avoir le dessus. Que voulez-vous, je suis un être bourré de qualités, enfin, surtout bourré, mais le courage n’en fait pas partie. Chacun ses petits défauts.

Et du coup, je suis là, à peser le pour et le contre en voyant le joli cœur jedi me répondre et déposer son sabre plus loin en signe d’apaisement. Enfin, je me fais pas d’illusion : en un quart de seconde, il peut le récupérer. Faudrait que je sois sacrément rapide. Je le suis. Mais j’sais pas de quoi il est capable, et avec les forceux … Je prends pas de risque. Quand je peux les éviter en tout cas. En plus, il est gentil, le ptit gars … Est-ce que je vais le filer aux harpies dehors ? Ce serait moche. Et lucratif. Et re-moche. Zut. Je vous l’avais dit : avoir une conscience, c’est vraiment une idée pourrie.

Bon, en même temps, j’hésite un peu moins quand je prête un peu plus attention à ses paroles, parce que soudain, je flaire la bonne affaire. Limite, son fonds de creds, et une promesse, ça paye pas son homme … En revanche, avoir un débiteur jedi, là, je prends. Ça pourrait avoir son utilité, plus tard. J’ai même déjà quelques idées. Et presque pas illégales, en plus ! C’est dire si je suis un gars bien, mais ça, je crois l’avoir déjà dit. Ouais, il a dit le bon truc, le reste, c’est du bonus ou je m’en fiche un peu. La sécurité, je sais encore faire. Allez, il est sacrément mignon, ça aide. J’ai toujours été faible en voyant de jolis minois, j’aime pas quand ils se font déglinguer par des furies. On va appeler un soucis esthétique …

« Un service à la hauteur ? Ça pourrait m’arranger. »

Je m’approche. Blaster toujours en main. Et je lève … mon bras gauche, avant de lui tendre la main :

« Tope-là. »

Avant d’ajouter :

« En plus j’aime pas les hapiens. ‘Sont tellement culs pincés, c’est atroce. Ca leur fera les pieds pour m’avoir gardé aussi longtemps à signer des papelards à la noix. »

Pis j’ai un peu la rancune tenace, et rien qu’à l’idée de faire passer un jedi sous leur nez, je ricane.

« Allez, en voiture Simone ! Ou ton ptit nom, si tu préfères. »

Je rouvre ma soute et file dans les coursives, avant d’atteindre le cockpit et de me caler sur mon siège. Je mets les gaz et lui souffle à côté, alors qu’on commence à décoller :

« Moi, c’est Darel ! »

Et c’est parti pour se tirer d’Hapès. Enfin … D’Hapès seulement.

« Alors, voilà le topo : j’ai le permis de décollage de cette planète, mais pour se barrer du Consortium, faut s’arrêter sur leur dernière avant leur couloir de sortie, là, et passer tout le bazar des vérifications. Je pourrais essayer de passer en force, mais je tiens pas à être suspect, ni à me brouiller avec une bonne cliente.

Donc euh … Ben … Vous savez vous planquez, avec vos trucs de Force, vous les jedis, non ? Tu te colleras dans mon labo, ça vérifie rarement trop là-dedans, et voilà. »


Une pensée me vient, et je siffle, un poil inquiet :

« Enfin euh … Tu sais faire ? Non parce que sinon, ça va être coton. »

Manquerait plus que je sois tombé sur un jedi au rabais !
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Je ne savais pas vraiment comment interpréter la réaction du Zeltron devant la proposition que je venais de lui soumettre. Mon offre était clairement généreuse pour celui qui serait capable de réellement lire entre les lignes. Ce n’était pas que quelques crédits et une protection pour le voyage que je lui proposais mais bien un semblant de dette en retour de son aide. J’étais recherché dans ce secteur du Consortium et je ne souhaitais pas tenter ma chance dans un autre. De plus, faire machine arrière pour trouver refuge auprès de ma lointaine mais Grande Cousine qu’était l’Ereneda n’était pas une option : ma présence à ses côtés ayant été masquée, elle ne pourrait m’accueillir officiellement à bras ouverts. Il ne me restait plus qu’une solution, donc : retourner dans l’espace Républicain.

De fait, l’offre que je faisais au pilote Zeltron était à la hauteur de mes besoins et je ne me faisais pas d’inquiétude pour la contrepartie : il pourrait demander mon aide à l’avenir, certes, mais il ne pourrait pas me demander de franchir mes limites morales. Il était peut-être contrebandier ou mercenaire mais je pouvais ressentir qu’il n’était pas un mauvais bougre via nos empathies mutuelles. Ses phéromones, aussi, car je n’en réalisais clairement leur présence que maintenant. Au final, ce don n’était pas forcément aussi néfaste et dangereux qu’on le disait au Temple lorsque l’on nous parlait de Zeltros et de ses autochtones. Celles de celui présent face à moi étaient apaisantes et relaxantes sans chercher à embrumer mon esprit. Elles mettaient en éveil mes sens et mon empathie à son sujet sans pour autant me manipuler.

Comme quoi, les Zeltrons honnêtes existaient peut-être...

Mon discours était peut-être un peu biaisé, je vous l’accorde, car il était tout de même mignon et disposait d’un certain charme. Je n’avais jamais présenté de pareils sentiments envers les membres du même sexe mais j’étais alerte depuis quelques temps que je ne leur avais pas fermé la porte. Mon expérience avec Velvet avait réveillé des ressentis féminins longtemps endormis au plus profonds de ma personnalité par mes ascendances masculines. Des ressentis que j’avais renvoyé aux oubliettes de mon esprit sans jamais en verrouiller réellement la porte. Hors, pour la première fois, un homme me faisait de l’effet.

Mais de l’effet seulement. En tant que Jedi, j’avais tout de même d’autres obligations ! Cependant, son joli minois... Mouais, non, la mission d’abord. Bref, c’était compliqué...

De toute, le Zeltron avait réagi et fait un pas en avant. Sur mes gardes, je ne voulais pas me laisser surprendre par son mouvement. Il avait toujours son blaster en main et je tissais toujours la toile de Force autour de mon sabre-laser, prêt à l’appeler pour me protéger. Pour autant, ce ne fut pas sa main armée qui s’éleva mais plutôt celle de la diplomatie et de la négociation. Oui, j’avais bien parlé d’un accord et j’étais un Jedi de parole.
J’esquissais un sourire sincère lorsqu’il me proposa de conclure notre marché et je me détendais à nouveau, puisant dans les restes de phéromones qu’il avait diffusées précédemment. D’un mouvement rapide, je venais saisir sa main entre mes doigts pour sceller notre décision.

« Oui, marché conclu. »

Je ne pourrais décrire la sensation qui me transcenda lorsque la peau avait effleuré celle de sa main tant le contact fut bref. J’avais déjà desserrer l’étreinte de nos doigts pour attirer lentement mon arme au creux de ma paume, venant alors le ranger à ma ceinture, passant l’attache autour du cylindre pour le maintenir en équilibre contre ma hanche droite.
Mon sourire ne disparût pas à sa remarque sur les Hapiens. Il était vrai que leur caractère et leur mode de vie était étrange et j’avais du mal à accepter le fait qu’une partie de la population soit soumise à l’autre partie. Leur protocole était aussi extrêmement strict et j’avais eu du mal à ne pas me faire avoir par ma méconnaissance.

Je ne rajoutais cependant pas un mot, ne préférant pas me positionner sur le sujet. Cela aurait pu donner des indices sur mes connaissances au sein du Consortium. Je suivais néanmoins le Zeltron hors de sa soute, répondant à son invitation amusante. Je le rejoignais dans le cockpit, prenant place dans le fauteuil situé à ses côtés.

Je commençais à recouvrir réellement mes forces et à retrouver pleinement mes capacités dans la Force. Mine de rien, le Zeltron m’avait sauvé la vie en me réanimant car je n’avais jamais poussé la Guérison de Force aussi loin. Bientôt, je serais de nouveau au summum de mes capacités.
Pourtant, je me sentais un peu faiblard face au Zeltron, ce qui pouvait ressembler à une drôle de blague à la vue de la constitution de ce dernier.

Darel, comme il s’appelait. C’est joli comme nom ça, Darel.

« Joclad » murmurais-je à mon tour, sans trop savoir pour quoi. Sans doute parce qu’il avait ouvert la conversation sur ce ton.

Bon, je ne savais pas trop quoi penser de son plan pour quitter l’Amas mais je n’avais pas les mêmes certitudes que lui. J’étais Jedi là où lui se révélait contrebandier et expert dans la dissimulation de marchandise. Si l’un de nous deux était plus à même de savoir comment flouer les Hapiens, c’était bien lui. Et puis... Il ne me demandait pas l’insurmontable. Je savais dissimuler ma présence dans la Force et je peaufinais quelques connaissances sur la dissimulation physique. Il me devrait être assez simple de me camoufler aux regards déjà biaisés des purs Hapiens et Hapiennes.

« Évidemment que je sais faire ça. Enfin... Je maitrise les bases, quoi. Mais pas d’inquiétude, je gère. C’est plutôt à vous qu’incombera la tâche la plus dure. »

Une idée me venait alors à l’esprit, un peu espiègle. Je le dévisageais un instant tout en faisant puissamment appel à la Force et, soudainement, je m’enveloppais d’un voile occultant me masquant à son regard.

« Là, vous voyez ? » lâchais-je ironiquement, joueur. Je me levais du fauteuil et me glissait dans le dos de celui de mon sauveur pour alors réapparaître, les mains sur le cuir du dossier. « Ne vous en faites pas pour votre cliente. Si tout se passe bien, alors elle n’en saura rien. Et puis bon, la Reine-Mère ne vous en voudra pas de m’avoir aidé si personne ne le sait au sein du Consortium. »

J’esquissais un nouveau sourire espiègle, comme si j’étais redevenu un grand enfant. Finalement, je reprenais un air intéressé pour demander :

« Je peux vous demander ce que vous faites dans votre laboratoire ? Si ce n’est pas indiscret, bien sûr. »




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Y en a qui disent que les jedis sont aussi cul-pincés que les fonctionnaires hapiens. En soi, c’est pas faux … Pour les vieux croûtons. Je me souviens des pépés et mémés de Rhinnal que j’avais en profs pendant mon échange là-bas, lors de mes études de médecine … Bon, clairement, ça rigolait pas. Y en avait un, une horreur, avec la barbe, la bure et le sermon glué aux lèvres, une caricature du genre. Maître Olronchond, c’était son nom, et croyez-moi, il le portait plutôt bien. Jamais vu ce type sourire. En fait, je sais pas s’il parlait un autre langage que celui de la chimie moléculaire végétale. Sans doute pas. Mais alors, autant être honnête, c’était un génie, un vrai, qui aurait pu facilement être un des plus formidables scientifiques de la galaxie s’il avait pas atteri au Temple. En fait, même là-bas, c’était ce qu’il était. Je crois qu’il filait de temps en temps des conférences sur Aldéraan. Il faisait partie d’une organisation spéciale, si j’ai bien tout suivi dans ce temps-là, un corps agricole … Ben je vais vous dire, si tous les paysans en savaient autant, y aurait pas besoin de professeurs.

Tout ça pour dire que sur certains points, les stéréotypes sont pas faux … Comme dans pas mal de cas, en fait, y a toujours des individus qui correspondent et d’autres pas du tout. Mais généralement, j’avais remarqué que les petits jeunes étaient moins dans le moule. Sans doute qu’ils avaient pas encore eu le temps de s’infuser correctement tous les préceptes. Ou qu’il fallait que jeunesse se passe. Ou qu’ils s’étaient pas encore fait latter la gueule dans la galaxie pour une cause perdue. Mine de rien, finalement, hormis dans leurs Temples, fait pas bon être jedi. Dans l’espace hutt, t’es détesté par la pègre, vu comme un pigeon par les habitants, et pris pour un con par les limaces. Chez les siths … pas besoin de faire un dessein. Et chez les Reps … Bah suffit de se poser dans une cantina sur n’importe quelle planète et écouter les insultes courantes après deux verres de bière pour piger un peu. Je me dis qu’une fois quelques temps passés à se faire regarder de traviole par tout le monde pour des prunes, le jedi, c’est comme le zeltron : ça se dit que tant qu’à faire, autant pas s’emmerder à essayer de prouver au monde qu’on est différent et embrasser pleinement ce qu’on te reproche, ou bien devenir cinglé et partir sur une planète paumée à jouer aux explorateurs. Perso, je me dis que j’ai rudement bien réussi à correspondre en tout point à ce qu’on attend de ma race : je bois comme un trou, fume comme un sapeur et baise comme un lapin. Un zeltron, un vrai quoi. Et dire qu’au départ, j’étais censé être l’exemple type prouvant qu’on était pas tous comme cette image de carte postale pour vieux nababs libidineux … Ouais, faut attendre de se casser un peu la gueule pour finir par ressembler à ce qu’on attend de soi, je crois.

Bref, je vais pas m’appesantir sur tout ce que j’ai foiré, ça risque de briser l’atmosphère sympa qui se crée. Le jedi me dit son nom, tout doucement, et je me demande un peu pourquoi. J’impressionne rarement les gens. Ou alors … Je le regarde un peu mieux, le mignon avec ses jolis yeux et son visage bien découpés, tentant de profiter au maximum de mes dons d’empathe … Et pour la première fois, j’envisage un truc que j’ai volontairement laissé de côté, mais que je trouve plutôt amusant. Je crois que je lui fais de l’effet.

Oui oui, je sais, je m’égare, j’ai d’autres banthas à fouetter. Enfin quand même, on peut s’amuser un peu non ? Je vais prendre des risques pour je sais pas trop quoi si ce n’est un charmant minois, alors si en plus ledit charmant minois trouve que le mien n’est pas non plus trop dégueulasse, je vois pas où est le mal. Autant joindre l’utile à l’agréable, comme on dit. Alors, tandis qu’il me répond, je croise mes jambes négligemment et lui lance un sourire enjôleur, de ceux qui ne laissent pas énormément de place au doute quant à la teneur de ce qui anime leur porteur. Celui-là, c’est ma marque de fabrique, mon préféré, mon sourire-étendard. Sauf que généralement, je le fais plus prédateur, plus carnassier, suivant les circonstances … Parce que bon, si c’est juste pour se coller un type dans mon plumard, on va pas passer cent ans en œillades enflammées, les préliminaires, je les aime au pieu en priorité. Là, j’évite. Faudrait pas l’effaroucher. Ni le mettre trop mal à l’aise. Pas que ça me gênerait, mais je me dis que pour un peu qu’il prenne peur, le voyage va être sacrément long, et ce serait un poil ennuyeux. Donc je suis raisonnable. Enfin presque. Dans la limite des stocks disponibles chez le Darel normal, quoi.

Et voilà que mon joli jedi fait des siennes. Quand je demandais s’il savait faire quelques tours, je ne demandais pas forcément une démonstration … N’empêche, tout ce qu’on pourrait faire avec ça … Cambrioler sans encombre, buter des types discrètement … Je parle pas des scénarios coquins. Euh, oui, non, pas ça. Enfin si. Chassez le naturel, il revient au galop. Allez, mon vieux, on se concentre. Une fois les pensées parasites chassées, je me dis après coup que le déguisement est pas parfait. En l’observant bien, on peut distinguer une forme, un peu comme pour un caméléon qui se font dans le décor au lieu de réellement masquer totalement sa présence. Cela dit, c’est plutôt efficace, il faut être assez vicieux pour vraiment faire attention. Avec le bazar du labo, la trouille que toute personne censée en a vu la fumée et les odeurs bizarres si je m’y prends un peu à l’avance, un bon baratinage en règle made in moi et une petite dose subtile de phéromones, ça devrait passer crème. Ou pas, me connaissant. On va jouer au chat et à la souris avec le Consortium. Et avec le jedi. Je suis joueur et parieur. On ne se refait pas. Alors je fais pivoter mon siège et le fixe avec ce même sourire appréciateur et je réponds sur un ton totalement équivoque :

« Je vois très bien, en effet. »

Quant à ma cliente, quand il évoque la reine, j’ai une petite envie de rire que je rattrape bien vite. On va éviter les quiproquos, sait-on jamais, avec un jedi en fuite, ça ferait mauvais genre. Quoique.

« Les puissants sont tellement seuls sur leurs sommets qu’il faut toujours s’en méfier. J’ai autant confiance en la reine d’Hapès qu’en un hutt. Quand on est en bas de la chaîne alimentaire, vaut mieux partir du principe que le gros bonnet local se fera une joie de vous faire étriper joyeusement en cas de problème. »

Avec un mince sourire, j’ajoute :

« Comme ça, si c’est pas le cas, on est agréablement surpris. Et si ça l’est … on a déjà préparé un plan de secours pour leur filer entre les doigts. »

Toujours avoir un coup d’avance. Et là, le mien est simple : au moindre pépin, on jarte les beaux gosses, et on met les gaz. C’est l’avantage d’un vieux coucou comme le mien, il est tellement décrépi que personne ne fait trop attention au moment de le coincer au ponton d’amarage. Et je compte sur le fait qu’une petite planète comme celle-là, dans un système complètement isolé, ça ne doit pas être si doué en sécurité que ça. Oh je dis pas qu’il n’y en aura pas, au contraire même. Je parie sur le fait qu’elle tiendra plus de l’esbroufe que des vrais trucs de pro … Et qu’un escroc comme moi arrivera à s’en sortir. Comment je le sais ? Justement, j’en sais rien. Je me fie à ce que je devine des hapiens et de leur fichue fierté d’être si bien à l’abri derrière leurs astéroïdes. Ils sont trop imbus d’eux-mêmes pour imaginer qu’un larbin de contrebandier leur fausserait compagnie si besoin était.

La question sur le labo, je l’attendais … Mais pas aussi vite. Enfin, ça au moins, c’est plutôt flatteur pour ma pomme non ? Savoir que sous le contrebandier se cache en réalité un super chimiste ? Je me demande comment il va réagir tiens. Je vais ménager mes effets. Un brin de théâtralité, ça en jette toujours. Alors je sors nonchalamment un paquet de cigarettes de mon coin à saleté, comme je l’appelle, soit un tiroir spécial, j’en allume une avant de lui tendre sa sœur :

« Clope ? »

J’inspire, avant d’expirer calmement un peu de fumée. D’accord, c’est immonde … Mais ça calme les nerfs quand même, et j’en ai légèrement besoin, après ma petite surprise de tout à l’heure. Je patiente encore un petit moment, puis je finis par me décider à répondre, en le fixant droit dans les yeux :

« J’ai connu mieux comme questions indiscrètes. Je suis un peu déçu … Joclad. »

J’ai appuyé sur son prénom avec délice, parce que voir ses réactions m’amuse profondément. J’aime tester, titiller, sans que cela porte à conséquence, juste parce que la vie est plus simple quand les gens se prêtent à mes petits jeux et oublient un peu le danger ou juste qui ils sont, ou ce que je suis.

« Du matériel de chimie, pour de la synthèse en produits pharmaceutiques principalement. Je les fais moi-même, et ça m’arrondit les fins de mois, disons. »

Mon sourire se fait plus nostalgique alors que je finis d’expliciter :

« Je suis médecin. A la base, en tout cas. »
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Le voile de Force que je pouvais appliquer autour de ma personne était loin d’être parfait. J’avais commencé à étudier cette faculté il y a des années mais je n’avais jamais trouvé le temps de développer suffisamment mes capacités dans ce domaine pour pouvoir disparaître totalement de la vue d’un individu. Il y avait toujours une impression de flou sur les contours de l’application mystique et une impression de déplacement qui ne laissait pas de place au doute. Cependant, les récents évènements m’avaient fait remarquer qu’une pareille compétence pouvait s’avérer très utile pour passer les barrages ou encore éviter d’être reconnu par le premier passant désireux de gagner quelques crédits auprès des autorités. J’allais donc le développer à l’avenir. Ma démonstration avait cependant visiblement fait ses preuves à la vue du regard qu’il me portait. A moins qu’il ne s’agissait là de rien d’autre que de l’intérêt pour ma propre personne ? Vu son sourire et le ton avec lequel il avait commenté ma démonstration, il n’y avait plus vraiment d’hésitations sur la question. C’était bien ma veine, d’ailleurs ! Moi qui avait à tout prix voulu éviter d’attirer son attention sur les pensées contraires qui animaient mon esprit à la vue de son minois, j’avais tout l’inverse ! Et vous savez ce que c’est, avec les Zeltrons. On a beau tenter de marquer le pas voir pour ne pas s’aventurer trop loin, voir de faire machine arrière, ils finissent toujours par revenir à la charge lorsqu’ils sentent qu’ils sont sur un bon coup. Autant être honnête, il n’avait pas tort en ce qui me concernait.

C’était assez embêtant, d’ailleurs. Moi qui avait réussi à apprendre de Léonard comment masquer mes émotions et mes ressentis à autrui, j’avais l’impression d’avoir tout perdu en quelques minutes. Oh, il me restait bien évidemment une solution qui consistait à éteindre la lumière et ainsi faire le vide dans tout ça. Là encore, Léonard m’avait dispensé comment procéder pour couper court à tout mes ressentis mais je ne me sentais pas encore dans une situation qui requérait pareil traitement. Me transformer en un semblant d’androïde n’était pas la meilleure manière de remercier le Zeltron de l’aide précieuse qu’il me donnait en me faisant quitter le Consortium. Oui, c’était bien là ma priorité : me tirer de cette nébuleuse pour m’éloigner le plus loin possible des traqueurs et traqueuses qui étaient à ma poursuite quand bien même la Reine Mère semblait bien me considérer.

Bah quoi, j’étais son cousin éloigné tout de même ! Ce n’est pas rien.

M’enfin, je ne pouvais pas réellement me montrer en désaccord avec les propos de Darel. J’en avais assez vu pendant mes semaines passées à la Chancellerie et au Sénat pour me rendre compte que bien des grands de la Galaxie n’étaient que des corps pourris jusqu’à la moelle. Mais bon… je n’avais pas l’impression de m’être fait berner par l’Ereneda au final. C’était un sentiment étrange et difficile à expliquer. Je ne saurais trop dire pourquoi mais c’était instinctif.

« Je suis bien d’accord. Bien que j’ai quelques doutes me concernant au sujet de la Reine-Mère de Hapès. »

Était-ce judicieux de lui révéler les liens familiaux que j’entretenais avec Astarta Espara ? Évidemment que non. Je n’allais pas lui donner pareille information tant que je n’aurais pas quitter l’Amas pour la simple et bonne raison qu’une telle donnée pourrait donner des idées, ou même le faire changer d’avis. Or, j’avais vraiment besoin de quitter Hapès, je ne le répèterais jamais assez.

Bref, je ne préférais pas m’étendre sur le sujet. La politique et les coups foireux, ce n’était pas vraiment mon truc. Je préférais l’action et le terrain à ce jeu de dupes sans fin. Et encore, il était même possible d’avoir à faire à ce genre de manège dans les rues de Coruscant. C’était même monnaie courante, et il était souvent compliqué de savoir différencier le vrai du faux. Les entrainements que l’on suivait au Temple étaient utiles et l’une des épreuves pour être adoubé Chevalier consistait justement à ne pas se faire flouer et à savoir trouer la vérité au cœur du mensonge dans des scénarios toujours différents. M’enfin…

Mon regard dévia soudainement vers la cigarette qui m’était tendu par Darel, alors qu’il m’interpellait hors de mes pensées. Mon regard était toujours fixé sur lui, à étudier les moindres traits de son visage. Je ne me sentais pas très bien, ni même serein. Peut-être qu’il était temps de dresser le mur en durabéton que nous, Jedi, étions capable de construire lorsqu’il était nécessaire de se séparer de nos émotions pendant un temps.

« Je ne suis pas fumeur. »

Je soufflais légèrement, repoussant les quelques volutes de fumées vers l’arrière du poste de pilotage dans un mouvement habile alors que mon regard se posait à nouveau sur le Zeltron. Sa réponse me perturba franchement, et je ne savais pas quoi penser de sa remarque, et surtout de son intonation.

Mais c’est qu’il me faisait du pied, maintenant ! Je n’avais pas encore réalisé que déjà mon corps interprétais mes ressentis. Je rougissais soudainement, totalement pris au dépourvu. Lorsque je réalisais que j’avais laissé filtré mes sentiments, je m’en voulais cruellement de ne pas avoir adopté la méthode Léonard Tianesli et couper tout lien avec mon centre des émotions. J’aurais eu la paix, même si l’ambiance en serait devenue des plus mornes à bord du vaisseau. Là, je me découvrais trop. C’était dangereux mais j’adorais le goût du risque et de l’aventure. Du coup, je ne faisais rien et je laissais couler. En conséquence, j’esquissais un sourire gêné et je venais m’installer dans l’autre fauteuil.

Fort heureusement, le fait de revenir sur le sujet de la discussion me faisait passer mon soudain mal-être –ou bien être ?-. Il était très inhabituel de trouver un laboratoire au sein d’un vaisseau, et encore moins à bord d’un transporteur. De fait, ma curiosité était piquée à vive et je me sentais bien obligé de creuser pour obtenir un maximum d’informations. Pourquoi était-il là ? Que faisait le Zeltron en dehors de transporter des marchandises en dehors de Hapes ?

La réponse m’étonna, car je ne m’attendais pas à ce qu’il puisse s’agir d’un laboratoire pharmaceutique. Il faut dire que Darel n’était pas d’une forte constitution et je pouvais aisément deviner qu’il avait testé tout les types de drogues qui povuaient courir la galaxie. De facto, la première idée qui m’était venu à l’esprit était qu’il synthétisait sses propres doses nocives à bord de son vaisseau. De quoi me dégoûter, en somme. Sauf que ce n’était pas vraiment le cas, et il marquait donc des points.

La révélation finale, elle manqua de me clouer le bec pour de bon. Lui, médecin ? je ne l’aurais jamais cru. Et pourtant, c’était la seule chose qui pouvait expliquer qu’il soit parvenu à me réanimer alors que j’étais à l’agonie dans sa soute.

« Médecin ? Je dois bien admettre ma surprise. Mais ça explique comment tu… vous avez pu trouver comment me réanimer. La méditation profonde de guérison a dû me mener dans un état d’inconscience profonde pour pouvoir diluer le poison que j’avais dans mon organisme. »

Surtout que je n’avais jamais expérimenté cette technique auparavant. J’avais simplement fait confiance à la Force et à mes capacités de guérison. Est-ce que ça allait être suffisant ? Je n’en avais pas eu la moindre idée et pourtant, je l’avais fait car je n’avais tout simplement plus rien à perdre. Sincèrement, je ne savais pas comment il était parvenu à faire cela. A moins que….

« Vous avez déjà pratiqué des soins avec un Jedi ? »


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« Ah ouais ? J’vois pas tellement ce que la reine des gars qui sont censés te pourchasser aurait à faire de toi. Hormis te faire pendre en place publique pour amuser sa populace. Paraît qu’il y en a qui braillent un peu sur ces purges, de ce que j’ai pigé … Une petite exécution, ça remets tout le monde d’aplomb. »

Faut savoir, j’ai envie de dire. Soit tu veux fuir, soit tu veux faire ami-ami avec la dictatrice locale. Mais les deux, c’est pas trop compatible, chez moi, et j’ai beau avoir l’esprit large, je vois pas franchement ce qu’il pourrait espérer de la cheftaine des culs-pincés, surtout que c’est un jedi normal. C’est pas dur à comprendre : comme je dis, soit il a une autorisation spéciale, un truc qui le rend important, et dans ce cas, si t’es un être à peu près censé, t’évite de le faire buter par le premier crétin venu. Soit … T’en as rien à faire, donc débrouille-toi mon joli. Je spécule peut-être, mais je vois pas trop la reine locale du genre … sympathique. Proche du peuple. Bref, vous voyez le genre. Pour avoir traîné dans les coins glauques, parce que t’as beau polir ton monde comme un rocher, il reste toujours de la crasse accrochée qui veut pas se faire voir, et que les instincts pourris, ça se cultive même chez ceux qui se bouchent le nez d’un air offensé quand tu leur en parles, je peux dire qu’après un gros paquet de verres, y en a un ou deux qui se lâchent, sur la boss locale. Pauvres gars, je me dis que eux, dans pas longtemps, ils finiront dans une cellule et on en entendra plus parler.

C’est quelque chose que j’ai toujours aimé, dans la République. Mine de rien, et malgré tous les défauts de ce machin gargantuesque et bouffi qui ne sait pas trop où il va, mais qui, bon an mal an, y va quand même, c’est que tu peux dire ce que tu veux. Mais vraiment. Hurler ta haine de ce que tu veux, critiquer à tout va les élites … A moins de dire que les massacres siths, c’est trop cool, t’auras pas de problème. Et encore. Même en sortant une connerie pareille, y a moyen de s’en sortir. Et j’vais pas mentir : par moment, cette liberté là, elle me manque. On s’en rend pas compte quand on y va, de cette chance. Alors, oui, techniquement, c’est pareil dans l’espace hutt. Sauf que, si t’as la malchance de te faire gauler par le hutt local en train de lui cracher dessus … Bingo. Y a des chances pour que ça se passe pas très bien, tendance tir de blaster dans le fondement avec supplément cocard dans la tronche par gamorréen bourré. Et croyez-moi, c’est pas du tout un cocktail agréable à tester. Je parle pas des siths. Là, j’ai toujours appliqué un principe de sécurité simple : fermer son plomb. Tu dis oui, non, merci votre excellence, même à un morveux de quinze pige qui te fout son sabre sous le nez juste parce qu’il le peut, tu déposes la marchandise, tu encaisses le fric, surtout tu recomptes pas, y en a que ça froisse, et tu te tires fissa. Y en a des à peu près normaux, c’est clair, faut pas croire … Sauf que comme tu sais jamais si t’es tombé sur un bon numéro … Dans le doute, j’ai toujours fait profil bas.

Le temps de penser à tout ça, j’ai quasiment fini ma clope. En solitaire d’ailleurs, dommage, même si ce n’est pas franchement surprenant. J’aime bien fumer en groupe, pourtant, j’ai envie de dire, la crapotte, c’est comme le sexe : à deux, c’est mieux. M’enfin, seul c’est pas mal non plus, pour faire passer le temps. Oui, je parle toujours de la cigarette. Presque … Bon, je sais, je fais pas illusion cinq minutes, mais eh oh, faut pas non plus trop m’en demander. J’ai l’imagination fertile, et la vue pour la titiller. Quoique, généralement, même sans vue, j’ai envie de dire, j’y arrive quand même … C’est un don chez moi.

Allez, on se reconcentre. Bon, je m’y attendais, manifestement, comme à chaque fois que je sors mon vrai métier, ça loupe pas, j’ai droit à une version de « sans blague ? ». C’est fou comme quoi la plupart des gens pensent que dans le crime, t’as juste les pirates et les contrebandiers, et uniquement la version porte-flingues. Pas de bol, y a finalement un paquet de gens comme moi qui ont eu une vie avant, on fait des conneries, et se sont retrouvés à devoir bouffer. Oui, non, la vocation, j’ai pas trop eu … La mienne, c’était rafistoler des corps, et je dois dire que si j’aime ce que je fais aujourd’hui, c’est plus un apprentissage qu’un coup de foudre, ce boulot. Et j’suis jamais aussi heureux que quand j’examine un patient, que je fabrique un composé chimique .. Ou que je baise. Ou que je fume. Ou que je boive. Ou que je … Bref, on va arrêter la liste ici, le début ça fait classe, mais après, ça part un peu en cacahuètes. C’est beau au fond, je suis présentable sur un quart de mes passe-temps fétiches. Y en a, ils doivent même pas arriver à ce super score. Quand je dis que je suis un gars bien !

« Ca t’en bouche un coin, je parie ? Dis pas le contraire, c’est toujours ce que je récolte quand je dis que mon vrai boulot, c’est pas d’ouvrir les crânes, c’est de les réparer. On est pas tous arrivés dans le métier comme d’anciens as de la gâchette ou meurtriers psychopathes. Quoique, y en a, on va pas se mentir. Mais bon, de mon expérience … Souvent, c’est plus par hasard, en voyant un premier contrat, et parce qu’une fois dans l’espace hutt … Faut bien vivre, j’ai envie de dire. »

Et là, je me rends compte que sans y penser, une fois la case présentation passée, je me suis mis à le tutoyer. L’habitude, je crois. Le vouvoiement, chez moi, c’est en face des gros bonnets ou de ceux en qui j’ai pas confiance. Ou qui me font flipper. Ce qui revient au même. Mais sinon, je mets rarement les manières, ça met les gens en confiance, ça les détend … Tout bénef ! Et puis, c’est plus intime non ? Que du bon, je vous dis. Et manifestement, c’est contagieux, vu qu’il a un peu cafouillé sur les pronoms, aussi, après ma petite tirade, je finis par sortir avec un grand sourire aux lèvres :

« Tu peux me tutoyez. J’préfère. Il paraît que ça rapproche les gens … Avec tout ce petit voyage, ce serait pas une si mauvaise idée non ? »

J’arbore mon sourire le plus angélique. Enfin, bon, le moins canaille quoi. Innocent et Darel, ça va pas trop ensemble, généralement. C’est fou d’ailleurs, je vois vraiment pas pourquoi … Bon, ok, je l’avoue, sur le coup, la pensée d’autres rapprochements que ceux que je sous-entendais au départ a pu m’effleurer. Voire me défoncer le cerveau aussi vite qu’un croiseur sith en vitesse-lumière.

Sa dernière question est plus embêtante, sous ses airs anodins. Enfin, non, ma dernière collaboration avec un jedi, c’était sur Dantooine, pour soigner les blessés de l’attaque sur Dubrillion. C’est quand même sacrément vendeur ! J’suis un héros ! Dans l’idée, disons. Celles d’avant … Bah, voilà, si je commence à dire que j’ai fait des études dans la République, que j’ai été sur Rhinnal, il va me demander comment j’ai atterri là. Et ça, c’est nettement moins vendeur. Pourquoi je me soucie de ce qu’il pense ? Je sais pas. Si je sais. Evidemment. En face de confrères et consoeurs, raconter tes conneries de jeunesse, c’est limite un passage obligé, on a tous un sacré bagage. Ca nous fait rire, finalement. Là … Bizzarement, j’ai un gros doute sur le côté rigolade. C’est un jedi. Pas le genre à aimer les petites erreurs nommées trafics de drogue. Et j’ai pas envie de passer le reste du trajet à me faire regarder de travers. Merci, non merci. Bon, on va commencer par le plus facile.

« Ca m’est arrivé. Récemment en plus. Sur Dantooine, avec tous les réfugiés de Dubrillion. Longue histoire. Disons qu’on était là-bas, avec mon coéquipier de l’époque. On a entendu la promesse d’embauche de la LMP, comme on était dans le secteur pour une livraison.

Il a été tué là-bas. Moi, j’ai filé avec les derniers vaisseaux, et j’ai atterri avec le gros de la troupe. Y a avait une femme … Elle m’a filé ses gosses. Pendant que ça pétait. J’allais pas les emmener avec moi … Je veux dire, c’est pas trop la vie de rêve, hein, l’espace hutt. Donc bah, j’ai débarqué, j’ai vu que les jedis avaient ouvert un dispensaire, je les ai confié à un chevalier là-bas … Et puis, c’était tellement le bordel que je suis resté. »


Avec un sourire un peu étrange, presque mélancolique, j’ajoute d’un air entendu :

« On crache jamais sur de l’aide dans ce genre de cas. »

Je continue après cette petite aparté :

«  Y avait le gars qui s’occupait du tout qui m’a collé à transporter. Sauf que merci, les macchabés, ça sert à rien de les emmener. Donc, j’ai fini par faire le triage, et quand il s’est enfin rendu compte que je disais pas des cracks depuis le début, il m’a collé à faire équipe avec lui. »

Je savais pas quoi penser en songeant à ce passage de ma vie. C’était l’horreur … Mais putain, qu’est-ce que c’était bon ! Je me sentais vivant, utile, les mains sur le bistouri à te trifouiller les chairs, à contrôler les hémorragies les doigts dans les artères pour les boucher le temps que l’autre fasse sa magie … Ouais. J’avais adoré cette sensation, bien plus que sur Artorias, ou j’avais eu l’impression d’aider à un massacre. Là … C’était des civils souvent. Quelques soldats aussi. Un ou deux jedis. Des gens qui s’étaient trouvés là où il fallait pas, et d’autres qui y avaient été envoyés alors que concrètement, ils en avaient rien à faire de cette planète du fin fond de la Bordure. Ce que j’ai fait là-bas … Ca avait du sens. Et c’était bon.

« C’était pas la première fois que ça m’est arrivé … Mais je dois avouer que ça fait toujours son petit effet, vos tours. Bon, j’avoue que j’aime pas trop, parce que mine de rien, je vois pas ce que vous faites et c’est sacrément galère pour bien se coordonner, surtout quand on a pas l’habitude … »

Non mais, personne n’y a pensé, mais sans rire, essayez d’opérer avec un gus qui a les yeux fermés et agite ses mains dans le vide, vous allez voir ce que ça fait !

« Enfin, faut être honnête … C’est pratique pour les interventions d’urgence, ce que vous faites. Et une fois qu’on a compris le principe … C’est comme un flux, faut juste le garder en tête, et agir en conséquences. »

Et merde. J’en ai trop dit. Ca, normalement, je devrais pas le savoir. Enfin, bon, si, avec beaucoup d’intuition et un jedi qui m’aurait tout bien expliqué. Sinon, faut avoir vraiment bossé avec des jedis, et pas juste dans l’urgence. Changeons de sujet, histoire de pas s’éterniser là-dessus.

« T’étais là-bas ? Z’avez sacrément dû en chier, à ce moment-là, entre Dubrillion, Artorias, votre copine qu’est devenue Chancelière … »
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Je n’aurais sans doute par survécu à mon séjour sur Hapès si je n’avais pas rencontré la Reine-Mère, s’ils n’avaient pas fait des tests sanguins pour déterminer qui j’étais réellement. Il en était ressorti que j’étais de la même famille, certes éloignée, que l’Ereneda, et ça avait suffit pour m’immuniser, alors que j’étais un homme doublé d’un Jedi en plein cœur de l’Amas. Sans la protection de l’Étoile du Soir, j’aurais sans doute fini exécuté en place publique. Ou plutôt me serais-je suicidé devant toute une assemblée venue assister à ma fin. De fait, j’estimais que la confiance et la gratitude que je portais à l’égard d’Astarta Espara étaient légitimes. Je ne pouvais donc pas être totalement en accord avec les propos de Darel. Dans mon cas, en tout cas, ça ne c’était pas passer comme cela. Enfin, c’est ce dont j’étais convaincu. Est-ce qu’il s’agissait là de la réalité ? Bonne question. Je l’ignorais, et je ne me l’étais même pas posé.

« Pourquoi ? Hé bien… Peut-être le fait que la Reine-Mère n’est autre que ma cousine… Éloignée, certes, mais ça reste ma famille. »

C’était sortit tout seul, et je m’en voulais un peu d’avoir laissé filtrer une révélation pareille aux oreilles d’un inconnu alors que nous étions encore au cœur du Consortium. Tant que je n’aurais pas quitté l’Amas nébuleux, je restais vulnérable et rien ne m’assurait logiquement que Darel n’allait pas changer d’avis et me livrer aux autorités. J’aurais très bien pu lui avoir menti et raconté cette histoire de poursuite pour qu’il me vienne en aide. Peut-être était-ce justement ce à quoi il pensait en cet instant, maintenant qu’il avait pu saisir cette révélation. Ce serait logique, justement, qu’il en vienne à penser à m’enfermer pour pouvoir récolter une bourse de crédit une fois qu’il m’aurait livré aux autorités. Pourtant, je n’y croyais pas une seconde car je pouvais facilement renifler ses pensées, sentir son état émotionnel. Il ne pensait pas du tout à cela. Il pensait juste… à moi. Je me retenais de rougir, préférant penser à ce que je ressentais à son égard. Et ce n’était pas mieux. Il m’inspirait confiance, et j’avais vraiment envie de lui céder la mienne.

Ce n’était pas l’individu parfait, ça je vous ‘accordait sans le moindre problème. Je n’avais pas eu à réfléchir longtemps pour comprendre qu’il était l’un de ces camés qui ne parvenait pas à se soustraire efficacement à leur drogque. Son corps, sa constitution en étaient le reflet et il fallait être atteint d’une profonde cécité pour ne pas s’en rendre compte. Son visage portait les mêmes traits mais je le trouvais très agréable à regarder. Le côté rosé de sa peau avait un attrait certain et ses yeux rouges comme la braise me paraissaient hypnotiques. Tout ceci et surtout le fait qu’il enfreignait les règles faisaient tout son charme et j’y succombais en plus de minute en minute. Il semblait être quelqu’un avec qui l’on pouvait parler de bien des sujets, sans le moindre complexe, une personne à qui se confier.

Preuve en était que j’avais raison lorsqu’il confirma être médecin avant d’être contrebandier. Oui, je fus totalement surpris par cette révélation et le fait qu’il représentait le contre-exemple qui venait balayer mes préjugés sur les mercenaires et les gens de sa trempe. Au contraire, j’avais toujours pensé qu’il y avait un réel lien précis et déterminé de cause à effet menant à ce genre d’emplois et de comportements guère légaux. Que les gens comme ça n’étaient que des abrutis pour se porter volontaire dans pareille entreprise, qu’ils avaient le choix et qu’ils privilégiaient les crédits devant tout autre chose. Je n’avais jamais vraiment pensé au fait qu’ils aient pu réellement ne pas avoir le choix ni même la capacité de surgir hors de ce sable mouvant dans lequel ils s’enfonçaient un peu plus à chaque contrat.

C’est pourquoi Darel me fascinait : il était la preuve que je me trompais, que j’étais partiellement aveugle. Le fait qu’il savait me parler et me faisait de l’effet aussi… Surtout ça, en fin de compte.

« Je pense que… Si tu veux, oui. Je dois pouvoir le faire. »

Le tutoyer ne me posait aucun problème et pourtant j’avais bégayé. Son sourire m’avait une fois de plus déstabilisé car je pouvais facilement connaître les pensées qui animaient son esprit. Il me suffisait juste de sonder son aura. Ce que je faisais depuis le début, et qui m’empêchais de me détacher de mes émotions. Le lien responsable de ma lente chute vers le désir. C’était apaisant. J’étais à présent parfaitement détendu et je m’enfonçais un peu plus dans mon siège alors qu’il commençait le récit de son histoire avec les Jedi, ou plutôt son anecdote.
Elle me rappelait certains souvenirs, car j’avais participé aux événements dont il parlait. Pas sur Dubrillion, cependant. Je n’avais pas prit part à cette débâcle mais je pouvais aisément comprendre le contexte qu’il me présentait pour l’avoir vécu au jour le jour. Tout comme je comprenais sa réaction et sa décision à cet isntant. J’aurais sans doute agi de la même manière pour protéger ces enfants.

De plus, sachant qu’il avait des connaissances solides en médecines, il était appréciable de savoir qu’il avait préféré continuer à se rendre utile et aider au lieu de prendre la poudre d’escampette. Il avait eu le courage de rester face à l’adversité. J’étais désolé que les Jedi du Medcorps ne l’aient pas crû la première fois, mais il fallait admettre que ces Jedi étaient aptes à se rendre compte de leurs erreurs, et à accepter des non-adeptes pour les aider dans leur tâche.

J’étais guère étonné de sa remarque sur les dons dont nous, Jedi, pouvions disposer pour venir soigner les maux et panser les blessures. Beaucoup ne comprenaient pas comment cela fonctionnaient, ou étaient déroutés lorsque nous en faisions l’usage. Mais lui, il semblait savoir, comprendre. Comme s’il avait longtemps pratiqué aux côtés de mes confrères. C’était peut-être le cas, mais s’il n’en parlait pas c’était sans doute pour de bonnes raisons. Des raisons que j’aurais aimé connaître. Peut-être pourrais-je obtenir des réponses plus tard, car sa question venait rompre ma réflexion. Le mot d’Artorias avait résonné avec lourdeur dans mon esprit, car il s’associait à mes pires souvenirs. Je le regardais avec un sourire, mais mon regard s’était perdu dans le vide, entre ses deux yeux.

« Je n’étais pas sur Dubrillion, non… Mais sur Artorias, oui. »

Je semblais m’éveillé tandis que je me redressais dans mon fauteuil, mon regard déviant vers les cigarettes du Zeltron.

« Je peux en avoir une ? »

La mise en scène était parfaite, mais clairement pas voulue. Artorias était presque maudite pour moi, même si j’étais parvenu à me défaire des démons qui tournoyaient autour de sujet depuis longtemps maintenant. Je me souvenais de tous les détails de cette bataille, et surtout de ses conséquences. En parler était difficile, mais pas impossible. J’aurais très bien pu garder ce sujet pour moi, mais j’avais envie de me confier à lui. J’avais l’impression qu’il pouvait comprendre. Et puis ça pourrait toujours lui être utile, à l’avenir.

J’attrapais la cigarette qu’il me tendait. Je n’avais jamais consommé auparavant. Mais il y avait un début à tout… Et puis bon, ce n’était pas comme si je pouvais contrecarrer les effets dévastateurs…

« Je n’étais pas sur Artorias même. Je n’ai pas vu les effets des bombardements orbitaux de l’Empire ni les blessés des combats. Mais j’étais en orbite. J’ai combattu les forces spatiales de l’Empire et j’ai ressenti tout ces morts dans la Force. »

Je semblais distrait, alors que je venais prendre une bouffée de la clope que j’avais entre les doigts. Je manquais de m’étouffer, d’ailleurs. Je n’avais vraiment jamais fais ça auparavant.

« Mon coéquipier et moi n’avons pas pu rejoindre la flotte qui se repliait. On a été fait prisonnier par les Sith, et internés dans un navire prison. Une abomination. Une monstruosité. J’ai été drogué, torturé par la Sith qui a déclenché les feux du ciel sur Artorias pour en raser les villes. Là où tu as pu sauver des enfants, je n’ai pas eu cette chance. Elle les a supprimés sous mes yeux, pour tenter de me faire parler. »

Je frissonnais légèrement, alors que la scène s’écoulait une nouvelle fois dans ma tête, image par image. Je me souvenais de ce sourire sadique au milieu de ce visage angélique. Je déglutissais, avant de prendre une nouvelle bouffée. Et encore une autre…

« Si tu a un jour l’occasion de travailler pour eux, ne la saisis jamais. Ce sont des monstres. Ils n’ont que faire de la vie, ils ne sont là que pour la détruire. Ils ont tenté de me détruire, moi aussi. De me transformer en l’un des leurs. Mais leur suffisance et leur égo sont leurs plus grandes faiblesses. J’ai pu m’échapper grâce à ça. »

Quand à la Chancelière… Non, je n’allais surtout pas dire qu’Alyria était elle aussi une de mes cousines. J’avais peur de sa réaction, s’il réalisait directement qu’elle était également de ma famille. Que penserait-il ? Que nous complotons à l’échelle galactique pour y régner sans partage ? Je manquais de m’étouffer une nouvelle fois à cette pensée.

« Je connais Maitre Von. Elle a été l’un de mes Maitre d’Armes quand je n’avais même pas quinze-ans. »

Je soupirais, un nouveau sourire faisant renaître des émotions positives et relaxantes. Je reposais mon regard sur lui, lui offrant un sourire malicieux.

« Combien de temps avons-nous avant d’arriver à la frontière ? »


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« AHAHAHAHA, excellent ça ! »

Fou rire. Paf, c’était sorti tout seul, impossible à contrôler, le genre qui vient des tripes, te colle des spasmes de malade au point de te cisailler les côtes tellement t’en peut plus. Je suis tellement surpris devant sa sortie que j’en avalais la fumée de ma clope, ce qui n’est vraiment pas agréable. Du coup, forcément, mon rire s’étrangle et … Se termine plus en un vague gargouillis pas très glorieux.

« Kof kof ! »

Zut. Je dois avoir l’air d’un abruti, à brandir ma cigarette à bout de bras pour l’éloigner de mes lèvres alors que les larmes perlent au coin de mes yeux, autant à cause de mon hilarité que de ma semi-asphyxie. Non mais aussi, je tombe sur le seul jedi qui me sort de but en blanc, cash, que c’est le cousin de la reine d’Hapès. Sans dec ? Et moi je suis le beau-frère de Rakka le hutt ! Quoique … Ouais nan, mauvais exemple, ça reviendrait à se taper un hutt, et même si je suis vraiment pas difficile, la bave, j’aime pas. Ça tâche, c’est collant, c’est … Non. Juste non. Comme disait mon frangin, on peut être un gigolo, mais un gigolo de principe ! Je me demande ce qu’il est devenu, ce parasite. Sa vieille est toujours en vie ? Si c’est le cas, il doit toujours vivre à ses crochets. Sinon … oh, il a bien dû s’en trouver une autre. Les nanas richissimes à la recherche d’un bel étalon, ça doit pas être si dur à trouver. Puis on est frangin, donc il est aussi beau gosse que moi ! Enfin presque. Des deux, je suis évidemment le plus beau. Comment ça ? Quoi ? Humilité ? Connaît pas.

Mais … Il bouge pas un pouce, l’autre terreur. Mince. Oh, il est bon, il me teste. C’est forcément ça. Quoique. Ca dure quand même. Un peu trop. Carrément trop pour que je sente pas un léger malaise s’installer. Le genre pesant, quand y a erreur sur la personne ou gros cafouillage dans les ordres. J’y crois pas. Il a quand même pas dit … Naaaaaaan. Naaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan. Si ?

« T’es sérieux ? Sérieux, sérieux ? »

Qu’on soit bien clair. D’accord, là, ça y est, j’ai l’air d’un parfait crétin. Mais au moins, j’en aurais le cœur net. Nom d’un bantha, j’y crois pas ! Sauf que du coup, y a comme qui dirait un truc qui colle pas, et mon cerveau se met à travailler. C’est mon petit problème ça : à force de traîner dans l’espace hutt, j’ai les neurones qui flairent les embrouilles ou les détails qui cadrent pas. Enfin, quand ils sont en état de fonctionnement, donc pas souvent, sauf que là, pas de bol, ils le sont. Donc, si c’était vrai, je vois pas trop pourquoi la toute-puissante sur son trône, elle laisserait un jedi se trimballer sur sa planète qui a l’air de pas trop vouloir les piffer. J’veux dire, s’il est là pour une visite de famille, enfin, c’pas dur de lui trouver un petit transport rapide pour se barrer en toute discrétion, non ? Elle doit pas être totalement débile, la Ere-truc-chose, j’arrive jamais à retenir sa palanquée de titres qui veulent rien dire. Ou alors … Elle en a rien à carrer. Ouais. Bizarrement, je suis peut-être complètement partial, mais ça cadre vachement plus avec l’idée que je me fais d’une reine qu’a l’air d’avoir la purge facile. Et mon joli jedi se fait des idées. Ce serait moche de lui dire que sa cousine a l’air d’une dingue assoiffée de sang qui doit se moquer comme de son dernier diadème de lui, non ?

« Bah dis donc, vu l’aide qu’elle t’a filé pour te barrer de sa planète, elle a le sens de la famille, ta cousine … »


Pas pu m’empêcher. J’aime trop parler je crois. Du coup parfois, ça sort sans filtre. Je me dis, je me répète : Darel, mon pote, arrête de dire des conneries, et boum, qu’est-ce qui se passe la seconde d’après ? C’est plus fort que moi, je vous dis ! Je suis innocent ! C’est pas ma faute ! Je suis né comme ça ! Bon on va partir du principe qu’il est pas vexé. Ce serait mieux que de me taper une grande défense enflammée de la madame ou une bouderie pendant tout le trajet. Un passage clandestin, déjà, c’est pas cool, si en plus, je me tape un muet, pitié ! Il a pas l’air de trop m’en vouloir cela dit, la preuve, il me tutoie et veut une de mes clopes. Oh bah ça … Ca fume les jedis ? Question débile. Ouais. Sans doute. Quelques-uns. J’veux dire, ils sont comme nous tous, hein, un jedi, ça boit, ça mange, ça pisse, et ainsi de suite. Donc, ça doit cloper. Même si ça me fait un peu drôle quand je compare joli cœur aux vieux profs que j’avais sur Rhinnal. Eux, je les vois pas la cigarette au coin du bec, quand même. Pas du tout même. Préjugés ? Sans doute. M’enfin, fallait voir les fossiles aussi. Drapés dans leur bure et tout, la totale. Alors super doués, supers intéressants … Mais ça faisait pas trop rêver sur le futur.

« Déjà contaminé par mes mauvaises habitudes ? Si j’avais su, c’est pas celle-là que j’aurais choisi … »

Décroisement de jambes, enroulement de langue sur les bords de la clope. Pas super subtil, je vous l’accorde. Mais bon, c’est rigolo. Et j’ai jamais dit être le pro de la subtilité. En plus, après dix ans de drague essentiellement dans l’espace hutt … On va pas se mentir, c’est pas trop la timidité, les avances discrètes et les petits cadeaux galants, là-bas qui fonctionnent. Certains diraient que c’est plus simple. Je te veux, tu me veux, t’es partant, je suis partant, qu’est-ce qu’on attend ? Y en a qui regrettent que ce soit si éphémère, justement. Moi ? J’ai pas d’avis. Les deux ont raison, je pense. Mais d’un autre côté, on cherche pas la même chose dans une boîte qu’à draguer quelqu’un ailleurs. Un plan cul, c’est un plan cul, pas la peine d’emballer là joliment. Le reste … Bof. Depuis dix piges, je connais pas. Je connais plus. Pas envie. Je me ferais pas avoir deux fois, j’ai déjà donné, merci, circulez, y a rien à voir.

Accessoirement, je me dis que ça va le distraire. Parce que quand un jedi me dit « j’ai été sur Artorias », j’entends immédiatement « problèmes. » Non, je me sens super à l’aise, pas de toute. Surtout quand j’entends la suite. Gé-ni-al. Bon, je réponds quoi à ça ? Non mais sérieusement ? Ah mince, pas de bol pour la torture. Moi ? Oh, bah je bossais pour les mecs d’en face, justement. Ne jamais saisir une occasion de travailler pour eux ? Alors en fait … C’est déjà fait, mais je retiens la leçon promis. Urgh. Horrible. Rappel élémentaire : ne plus jamais mentionner cette foutue planète dans une conversation. Ouais, je vais prendre une bonne résolution tiens, ça m’éviterait d’avoir l’impression d’avoir été foutu sur un grill.

« Heureusement qu’ils t’ont pas trop amoché alors. Ça aurait été du gâchis … »

Oui oui, parfaitement, je viens de lâcher la plus superbe platitude de la drague intergalactique alors que le mec vient de m’expliquer qu’il vient de se faire exploser la tronche par une cinglée à sabre laser. De un, on ne se refait pas, de deux … C’est toujours ma solution de replis quand je ne sais pas quoi répondre. Je l’ai souvent dit, mais je suis un pro pour jouer les idiots superficiels. C’est un de mes dons. Pour le reste … J’avoue que je sais pas quoi répondre. J’expire mécaniquement une bouffée en réfléchissant. La vérité ? Pas question. C’est déjà pas un truc dont je suis fier, je vais pas lui filer en plus l’occasion de m’étriller avec son joujou lumineux. On va la jouer un peu plus finement.

« Les siths … Ouais, ils ont une réputation … Mitigée dans le milieu. Bons payeurs, mais patrons capricieux. Ceux qui se ruent sur leurs contrats par envie sont pas franchement légions. Puis c’est souvent du transport d’esclaves. Et ça, je fais pas. »

C’est vrai. Non mais eh, pour une fois que j’ai un soupçon de moralité, je peux bien le dire !

« Après … Parfois, c’est pas trop dit explicitement. T’as vent d’un arrangement possible par l’intermédiaire d’un intermédiaire d’un intermédiaire … Et une fois sur place, face à eux … Bon, tu vas pas trop taper la causette sur le droit et la morale, hein … »

C’est vrai aussi. Initialement, on savait pas trop, pour Artorias. J’avais eu des bribes de détails, juste qu’il y avait un gros truc en préparation … C’était mon binôme qui avait pris le contrat, et encore aujourd’hui, je me demande ce qu’il connaissait exactement du plan. J’espère qu’il a été aussi surpris que moi. J’en doute. Mais bon … Je saurais jamais, et j’ai pas envie de me prendre la tête avec ça. C’était un chouette type, je ternirais pas son image.

« Enfin … J’ai pas fait que sauver des mouflets dans ma vie hein … Loin de là. »

Doux euphémisme.

« Y a des trucs qu’il faut faire pour bouffer, peu importe qui t’emploie. C’est pas joli-joli … Mais une fois que t’y es … Bref, tu finis par le faire. Peu importe qui paye. »

Bon, clairement, faut que je trouve un moyen d’arrêter de m’empêtrer, ça va pas le faire. Oh, oui, donne-moi l’occasion de m'en tirer, vite !

« On arrivera … Dans pas longtemps. A vue de pif, deux heures peut-être ? Avec toute leur caillasse interstellaire et leurs petites cachotteries, les voies ont beau être dégagées … J’préfère être prudent, chez les hapiens. »

Détournement de conversation, enclenchée. Oui, j’ai littéralement sauté sur l’occasion. Je suis un trouillard. C’est pas nouveau. J’aime pas la confrontation, les conflits … J’aime les trucs simples. Donc, on va continuer avec les sujets légers.

« Dis donc t’en connais du beau monde. Moi, mon carnet d’adresse, c’est plus Nanar le salopard et Tocard le soiffard. »

Bah quoi, c’est vrai ! Pas de reine, pas de Chancelière … Juste des hutts baveux et des prostitués crasseux. La grande classe, quoi.

« Ca fait rêver hein ? »

Sarcastique ? Moi ? Pensez-vous …
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Il n’avait pas l’air de me croire, et je le comprenais bien. Il était difficile de se retenir de rire lorsqu’un inconnu débarquait et venait vous annoncer de but en blanc qu’il était affilié à la famille d’une personne gouvernant d’une main de fer sur plusieurs années lumières. Je le comprenais d’autant mieux que j’avais eu la même réaction lorsque les faits me furent exposés au grand jour. Je n’avais pu le nier, même si je l’aurais d’abord voulu. Au final, j’estimais avoir été plutôt bien traité. Enfin… si j’avais été conscient que l’on avait altéré mes souvenirs, alors j’aurais sans doute dit autre chose. Mais bon, voilà. Je ne sais rien de cela, et je ne peux me contenter de ces certitudes quelque peu détournées.

Il riait, alors que j’étais des plus sérieux. Il sembla le réaliser, car il chercha à se calmer, et à se ressaisir après avoir compris que je ne lui racontais pas une blague. Certes, ma situation aurait pu prêter à sourire étant donné ma révélation. Mais bon, les choses étaient ce qu’elles étaient, et je répondais donc naturellement à sa question insistante avec une platitude ne retirant rien à mon sérieux :

« Ais-je l’air de plaisanter ? »

Je ne savais pas à quoi il pensait en cet instant, mais j’étais certain qu’il avait désormais des doutes sur ce qu’il avançait. Des incertitudes que j’avais déjà balayé pour les avoir déjà questionné pendant ma longue fuite. Pourquoi ne m’avait-elle pas aidé à partir à bord d’une navette, par exemple ? La raison était simple : les Jedi étaient détestés. Même si elle était la Reine-Mère, les complots étaient légions dans son entourage et une révélation telle que le fait qu’elle ait pu me cacher à leur insu aurait signifié la fin de son règne. Dès lors, elle n’avait pu que me désavouer et me laisser filer. Il y avait une certaine logique dans ce raisonnement, et j’encaissais assez mal sa remarque maladroite. Mon regard s’était fait soudainement plus dur, signe typique que je n’appréciais pas ce qui avait été dit :

« En attendant, elle m’a laissé partir comme elle l’a pu. Elle n’allait pas affréter une navette pour moi et écrire « Jedi en mission, ne pas toucher » sur la coque. On parle de Hapes, pas d’Ondéron. »

M’enfin, je ne pouvais pas le blâmer pour autant. Il avait raison de se poser ce genre de questions. J’aurais juste préféré qu’il les garde pour lui au lieu de les exposer à tous. Je n’avais pas nécessairement besoin de savoir qu’il n’y croyait pas un mot. J’avais déjà fait l’effort de lui révéler quelque chose d’importance, et que j’aurais sans doute préféré garder pour moi-même. J’avais pensé qu’il aurait pu avoir un peu plus confiance en moi, pour la suite. Visiblement, je m’étais un poil trompé. Le fait était que je ne lui en voulais pas vraiment. Comment aurais-je pu en vouloir à un si joli visage, après tout ? Je me demandais s’il n’essayait d’ailleurs pas de me faire craquer à ainsi alterner entre les tentations explicites et les gaffes incongrues. Preuve en était sa réaction lorsque je lui avais demandé une cigarette. Sa petite remarque me fit immédiatement réagir, et je me retenais de rougir ou d’humecter mes lèvres alors que mon regard venait glisser sur lui pour interprêter facilement son mouvement. En d’autres circonstances, j’aurais sans doute été insulté de voir aussi peu de retenue. Mais là, en cet instant, je trouvais juste la chose plaisante, amusante. J’avais envie de jouer un peu, comme pour deviner s’il n’avait que de la gueule ou s’il serait prêt à passer à l’acte, à tenter quelque chose. Ma bonne conscience se liquéfiait de minute en minute et je n’avais pas vraiment envie de l’empêcher de fondre. Je me laissais de nouveau aller dans le fauteuil, m’y affaissant quelque peu pour venir croiser ma jambe avec l’autre et tirer un peu plus sur la cigarette que j’avais glissé entre mes doigts. Je le dévisageais avec malice, pour finalement demander avec amusement :

« Ah ? Et qu’aurais-tu choisi, Darel ? »

Mais sérieusement, qu’est-ce qui me prenait d’agir ainsi ? J’avais l’impression de retrouver une partie de la personnalité qui avait surgis lors de mon périple sur Impératrice Theta, mais avec une certaine retenue relative digne de ce que j’avais pu présenter à Alys sur Helmad. Je crois qu’il venait finalement de faire mouche. Je venais de passer la ligne rouge, celle de non-retour, sur ce sujet. Je crois qu’il avait finit par comprendre que j’étais potentiellement intéressé, alors que je ne réalisais pas encore moi-même la portée de ces quelques actes. Enfin si, mais je ne les admettais pas.

Enfin, rien n’était encore joué. Avec ses habitudes, Darel venait doucher sévèrement mes ouvertures potentielles à l’aide d’une seule et simple remarque qui fit ressurgir à nouveau les mêmes souvenirs douloureux que j’avais rejeté au rebus de mon esprit. Mon regard dévia vers la verrière, pour observer le flux continu d’étoiles bleutées qui fendaient l’espace devant nous. Je soupirais quelque peu, avant de lâcher une plate réplique :

« Heureusement, oui… »

Je ne le regardais plus. Je n’avais pas besoin de cela pour savoir qu’il était gêné de devoir aborder le sujet d’Artorias, et qu’il se maudissait d’avoir lancé cette discussion. Sa voix était incertaine, et son aura semblait chercher à se faire plus discrète. La manière dont il venait aborder la chose ne faisait qu’éclairer un peu plus la fin de son récit avec un dénouement bien prévisible. Je me retenais de bondir, en réalisant que j’avais tenté de prodiguer des conseils à une personne qui ne pouvait plus rien en faire. A une personne qui avait travaillé pour ces monstres. Je le sentais, que ce fut dans le ton de sa voix qui sonnait fausse ou bien dans les ondelettes de la Force. J’avais une soudaine envie de m’emporter, de lui faire la morale sur les choses, sur le fait qu’ils étaient impardonnables pour avoir mené le génocide des habitants d’Artorias, et d’avoir joué aussi imprudemment avec mon esprit dans l’espoir de le détruire. Mais d’un autre côté, pouvais-je réellement le blâmer ? Sans doute avait-il été recruté pour ce qu’il sait faire, ce pour quoi il est compétent : à savoir soigner, protéger la vie. La vie des Impériaux et des Sith, certes, mais la vie quand même. C’était quelque chose qui pouvait être juste, même si cela venait à devoir soigner les pires horreurs de la Galaxie. Sincèrement, je ne pensais pas être capable de pareil détachement, et mon raisonnement était donc sans doute biaisé, mais bon… Disons que je comprenais en partie ses actes passés à condition qu’il ne les réitère pas à l’avenir. Même moi je n’aurais pas osé soigné Shaar-là si cette dernière fut été à l’agonie. Je l’aurais sans doute laissé rejoindre les courants de la Force, là où elle n’aurait massacré personne.

De fait, je n’allais pas craquer. Je n’allais pas lui balancer tout ce que j’avais sur le cœur au sujet des Sith sur Artorias. Il ne le méritait pas. Il avait été si agréable avec moi, depuis qu’il m’avait sauvé la vie, dans la soute de son vaisseau. En revanche, je ne pouvais pas ne rien dire pour autant, et c’est pourquoi je venais lui lâcher une remarque bien froide, historie de lui faire comprendre que oui, j’avais compris :

« Oui, ça je n’en doute pas. »

Mon regard dévia sur lui, comme pour appuyer ma phrase. Avant de se relâcher dans un signe d’apaisement, pour lui faire comprendre que je comprenais et que je le pardonnais. Tout le monde avait le droit de commettre des erreurs. Je ne représentais pas l’inquisition Jedi qui venait s’occuper du cas de tout ceux qui approchaient de trop près les Sith ou venaient travailler pour eux. Je n’étais une Ombre. J’étais un Gardien, un Jedi défendeur des libertés, de la Paix et de la Justice. J’étais à la rigueur une Sentinelle.

Je profitais d’ailleurs du changement de sujet initié plus tôt pour lui faire totalement comprendre que je ne lui en tenais pas rigueur, et que ça ne changeait pas vraiment la vision que j’avais de lui. Aussi, lorsqu’il parlait de la prudence vis-à-vis de notre périple sur l’espace Hapien, je sautais sur l’occasion pour refermer définitivement le sujet douloureux d’Artorias :

« Je vois. Sage décision, j’aurais sans doute pris la même à ta place. J’espère juste que l’on ne va pas se faire sortir d’hyperespace par un de leurs croiseurs. »

Je souriais légèrement, finissant la clope que j’avais au bec pour venir en jeter les restes dans le conteneur approprié. Je soupirais alors, à la recherche d’un moyen de ne pas être trop direct. Oui, je connaissais pas mal de gens mais ils n’étaient pas tous aussi bien étoilés que ne l’était Alyria. ‘en avais vu, des raclures.

« Je connais aussi de vraies enflures. Beaucoup trop. J’ai même tendance à les attirer comme des mouches. J’espère juste… Que tu n’en ais pas un de plus, quoi. »

Nouveau sourire, plus sincère encore et cachant sans aucun doute une pensée plus intéressante. Je me penchais un peu dans sa direction, décroisant les jambes pour me jeter dans une certaine proximité toute relative, pour signaler un changement dans la discussion, pour lui lâcher un petit secret. Enfin, ça n’avait rien de secret. Disons que c’était plutôt une conclusion de mon analyse hormonale :

« J’ai d’autres rêves, j’dois bien admettre. »

Je me retirais, pour mieux quitter mon siège. Tout ce périple à échapper à la traque des sbires Hapiens m’avait quelque peu éreinté. J’étais cuis. Oh, je pouvais bien tenir la discussion encore une heure ou deux mais je devrais alors faire piocher dans mes réserves. Disons que si je fermais les yeux maintenant, je pouvais facilement m’assoupir. Enfin, ça c’était lorsque j’avais une envie réelle de dormir. Là, je ne saurais trop dire si c’était le cas. J’étais trop déstabilisé et prit de volontés contraires. Surtout après ce que je venais de dire. Darel pourrait très bien me sauter au cou que je n’en dirais sans doute rien. Je l’avais cherché. Je le trouvais séduisant, et j’avais laissé ses avances creuser la maigre palissade que j’avais laissé entre émotions et mes volontés. Palissade qui était naturellement un mur des plus infranchissables, mais que j’avais relégué à un simple obstacle.

« Je vais m’allonger un peu. J’ai besoin de me détendre après ces heures passées à fuir les Hapiens. Tu devrais faire de même. On pourrait avoir du grabuge à la fontière.»

Je lui faisais limite un clin d’œil avant de sortir du poste de pilotage. Je marchais quelques mètres avant de m’arrêter et de faire demi-tour, réalisant que je ne savais même pas où j’allais. Je me calais dans l’embrasure de la porte, m’appuyant contre celle-ci, mordillant légèrement ma lèvre inférieure alors que mes yeux dévoraient une fois de plus son joli minois et d’un sourire se dessinais sur mon visage.

« Euh… Les chambres, c’est par où ? »


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Qu’est-ce que j’ai dit déjà, à propos de la prudence ? Du savoir-vivre ? De la patience ? Oubliez. Jetez tout ça aux orties. Foulez-le au pied. Peu m’importe ce que j’ai pensé au moment d’ouvrir cette soute, de pointer mon blaster dans le noir. En vérité, je n’ai jamais su résister à la tentation, je suis trop joueur, trop faible sans doute, aussi, pour savoir quand s’arrêter. Il ne faut jamais tendre la perche à un zeltron. Souvent, il s’empresse de la prendre. Nous ne sommes pas une race qui aime les fioritures, les faux-semblants, du moins sans but. Qu’une porte s’ouvre, et je l’enfonce. Comme tout joueur de Sabacc, si j’abats mes cartes et que l’autre suit, alors la partie prend tout son sens et se perd dans des abîmes que je n’ose décrire, dans les délices de l’attente, du fait de pousser toujours plus loin sa chance. J’en suis là, et je sais que je ne vais pas me poser de questions. Je pourrais. Il y en aurait beaucoup, à vrai dire, qui devraient germer dans mon esprit. Si j’étais sage, je hocherais la tête, je donnerais une indication, et j’attendrais tranquillement que ça se passe. Sauf que là est tout le problème : je ne suis pas sage. Je suis un chien fou kath fou qui à trop jouer avec son os, finit par se muer en prédateur. Ma proie est là, avec son joli sourire, ses joues rougies et ses dents blanches. Oui, je devrais la laisser partir. Mais je ne le ferais pas, parce que mes crocs se sont déjà refermées sur elle. Sans que je ne le veuille vraiment. Sans avoir anticipé que ce pourrait être le cas. Victime de mon succès ? Ne me faites pas rire ! Quoique. Presque. Et je dois admettre que ça m’amuse autant que ça m’excite.

Au départ, j’ai lancé mes petites plaisanteries pour détendre l’atmosphère, et parce que c’est dans ma nature de faire le trublion faussement superficiel. Je n’aime pas être sérieux trop longtemps. Pas parce que je n’en suis pas capable. Mais parce que la vie est trop belle pour qu’on s’attarde pendant des heures sur les moments difficiles. Chacun pose des choix, et à la fin, ceux qui doivent payer payent à la grande loterie de l’existence. Qu’est-ce qu’on peut y faire ? Pas grand-chose. Mes rêves de justice, je les ai abandonnés sur le pavé, en même temps que ma première dérouillée sur Nar Shaddaa. Rire, sourire, vanner, flirter, c’est une protection, une manière de tout laisser filer par-dessus son épaule, et de ne jamais se retourner. Le rire, comme le sexe, permet à tous d’avancer, de se défier des conventions, de ne pas s’appesantir sur la vacuité de son existence. J’en ai fait ma devise, finalement, de rire de tout, et surtout de moi-même. Parfois des autres, aussi. Souvent, à vrai dire. C’est mon côté un peu commère. Et quand je ne ris pas … Alors, c’est que tout va mal, ou que je suis occupé à mon plaisir. Inutile de préciser que généralement, il vaut mieux pour tout le monde que le second cas prévale sur le premier.

Aurais-je donc réellement pensé faire mouche ? Pas le moins du monde. Aux premières réponses, aux premières inflexions que je pouvais capter, je me suis dit que j’étais parvenu à mon but initial, à savoir apaiser la tension. Qu’il avait compris que je jouais, et répondait par courtoisie, par simple envie de s’aérer l’esprit … Le genre de petits sous-entendus qui ne veulent rien dire et sont faits pour être agréable, ni plus ni moins. Je ne demandais que cela. Et pourtant, je sens que je peux demander plus. Que je l’ai fait, sans le vouloir, et que j’ai obtenu ma réponse. Un abruti seul ne comprendrait pas ce qui vient de se passer. Sérieusement, si jamais quelqu’un vous explique à demi-mot qu’il attend pas mal de vous, se lève pour trouver une chambre avant de se retourner pour vous dévorer des yeux en exsudant tellement d’envie qu’il y a de quoi en avoir un début de … Bref. Pas besoin d’un dessin, plus clair, tu meurs. Si c’est pas un appel à se faire sauter dessus, je m’y connais plus en séduction. Et s’il y a bien un domaine que je maîtrise sur le bout des doigts, dans tous les sens du terme, c’est bien celui-là !

Oui, je sais. C’est un jedi. Embarqué clandestinement dans mon vaisseau. Au milieu du Consortium d’Hapès. Et alors ? A moins d’une mauvaise surprise, il doit avoir tout ce qu’il faut là où il faut, y a peu de chances qu’on se recroise un jour … Franchement, je risque quoi, hormis une beigne ? Pas grand-chose. Bon si, un voyage un peu longuet. Sauf qu’une ambiance pourrie après un baiser volé, c’est pas exactement pareil que se taper la tête contre le mur à cause de conneries que j’ai pu faire dans le temps. Et puis connerie … Chacun son point de vue. Mine de rien, j’ai vécu comme un nabab après. D’aucuns diraient que c’était plutôt une bonne opération. Va dire ça à celui qui s’est pris des tartes dans la tronche, et sans doute pire encore, pendant des mois, je sais. Donc je ne le ferais pas. De toute façon, ni lui ni moi n’avons à rendre de comptes à l’autre. On se connaît pas. En toute logique, on ne se connaîtra pas plus que ça. Quelle importance ? Il me plaît. Je lui plais. Le reste ? Peu importe. Ceux que ça amuse peuvent juger. Je n’ai jamais mêlé le plaisir et la morale, l’envie et les camps, la politique … Je m’en fiche. Tant que mon désir en rencontre un autre, toutes les autres considérations n’entrent pas en compte. Ce que je fais de mon temps personnel, de mon corps, avec qui je le fais n’a jamais regardé que moi, est la synthèse de ma liberté.

Ce sourire qui se dessine tandis que je me lève lentement, dans une démarche presque calculée, féline, c’est celui du séducteur sûr de lui. De l’homme qui sait que sa conquête ne sera pas farouche, et tient pourtant à lui faire prendre conscience de ce qu’il se passera, quand elle cèdera. Un mot et je reculerais. Sans insister. Quel plaisir plus fort que celui pleinement offert, librement consenti ? Je n’en connais aucun. Je méprise ceux de ma race qui emploient nos dons pour s’adjoindre quelques minutes de jouissance. Imbéciles, quel est l’intérêt d’une danse qui n’est est chorégraphiée seule, quand le partage des partenaires rend cette valse irrésistible ? Ceux-là n’ont tout simplement aucune idée de ce qu’est la réalité de la volupté.

Je m’avance, avec ce même sourire aux lèvres. Difficile de ne pas deviner mes intentions, avec mes yeux rouges qui brûlent d’ombres lascives, celles de mes envies impudiques qui s’y livrent à un théâtre de reflets sous-entendant tout ce que mon esprit peut receler de fantasmes. Entre nous ne subsistent plus que quelques centimètres, les derniers voiles de la volonté, les ultimes barrières de la pudeur, l’unique obstacle que mon désir consent à observer, tandis que mes mains se plaquent contre la porte, l’entourant, l’enserrant dans ce moi qui veut déjà l’englober. Je veux qu’il m’appartienne. Je ne le nie pas. Un mot, un geste, et ce sera le cas. Et je serais sien aussi, s’il le veut autant que moi. Il n’y a pas d’égoïsme, dans ce partage-là, au contrairement. Ce doit bien être le seul moment dans mon existence où je suis collectiviste. En même temps, le contraire serait étonnant : je suis un stakhanoviste de l’amour, un marathonien de la sensualité.

Mes lèvres s’approchent de son visage, avant de bifurquer vers son oreille. Allons, je ne suis pas fat au point de viser une première bataille si directe. Soyons plus imaginatif. Fouettons son imagination, ses sangs. Qu’il ne puisse plus résister. Qu’il s’abandonne en conscience. Commençons ce jeu si fascinant, si brûlant, par un susurrement au creux du vent :

« Est-ce que tu veux vraiment que je te montre les chambres ? Est-ce que tes rêves t’y amèneraient? »

Mon souffle se perd dans son cou, presque dans un baiser qui ne dit pas son nom, dans un effleurement volontiers trop rapide, soudainement envolé :

« C’est exactement ça que je choisirais. Si tu veux vraiment savoir. »
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Quand avais-je ressenti ce besoin pour la première fois ?

Voilà une question bien intéressante, mais qui nécessitait plus de temps de réflexion que je n’en avais. Je me souvenais de la première fois où mes sentiments pour quelqu’un s’étaient faits forts, et où j’avais brièvement entrevu les possibilités qu’offrait le besoin de l’autre. C’était il y a de cela dix ans, lorsque j’avais développé mon amitié avec la padawan Greystone. Kara, de son prénom. C’est joli, Kara, vous ne trouvez pas ? Je me souvenais encore de son visage angéliques aux traits doux ; de sa longue chevelure de jais qui battait l’air ; de son agréable proximité lors des entrainements. A mes yeux, elle avait finit par devenir plus qu’une amie, au-delà même de l’amitié que je pouvais avoir avec Johun, Cale, Bant ou encore Dakin. Pourtant, je n’ai jamais su trouver le courage de lui admettre mes véritables sentiments à son égard. Était-ce par peur de sa réaction ? Par crainte qu’elle ne se détourne et préfère s’éloigner à jamais de moi pour mieux se concentrer sur nos dogmes ? Peut-être un petit peu, en effet. Pourtant, je savais que je lui avais moi-même tapé dans l’œil, et que ce changement dans notre relation était plus qu’envisageable. Il me suffisait de flirter avec son esprit lors de nos séances de méditation pour m’en rendre compte, ou bien encore lorsqu’elle débarquait la nuit dans ma chambre pour m’inciter à fuguer hors du Temple pour explorer la vieille ville d’Iziz.

Oui, j’ai fugué. Et à plusieurs reprises. Vous pensiez vraiment que je fus un padawan parfait, qui respectait les interdictions de Maitre Ob’tu à la lettre ? Allons, les interdits du Twi’lek devaient être transgressés !

En réalité, je dirais que ma timidité était la seule véritable responsable, car je n’étais pas aussi à l’aise à l’époque que je ne le suis maintenant. Surtout sur ce genre de sujet. J’avais raté cette ouverture à l’époque, et je n’aurais jamais plus l’opportunité de le lui demander. Kara avait disparu en mission il y a quatre ans, et après des mois de recherches infructueuses, l’Ordre avait abandonné l’idée de la retrouver un jour. Je ne saurais jamais ce qu’il lui était arrivé. Peut-être fut-elle tuée, mais j’avais la quasi certitude qu’elle était encore en vie, quelque part dans l’Espace Hutt. Là où elle fut envoyé en mission.

Je réalisais que les choses auraient pu être bien différentes…

Mais ce sentiment que j’avais éprouvé pour elle n’était pas exactement celui qui me transcendait à cet instant. C’était encore différent et je me rappelais avoir déjà ressenti cette soudaine excitation pour la première fois sur Impératrice Téta ; ce besoin d’accepter, d’expérimenter, de découvrir l’autre. Je me souvenais des sensations, lorsque Velvet et moi nous étions laissé submerger par les drogues. Je me rappelais ce plaisir de sentir ses mains, sa peau venant glisser contre la mienne, nos mouvements communs et l’agréable sensation des tissus qui coulaient contre nos corps. Le simple fait de me rappeler nos baisers échangés me faisait trembler, même si tout cela sonnait toujours aussi faux dans mon esprit. Tout simplement parce qu’il n’y avait eu aucune volonté réelle d’agir ainsi. Tout ceci n’était qu’uné cran de fumée, des réactions engendrées par cet Elixir que j’avais promis de détruire. Une drogue qui nous avait fait en sorte que nous adorions cela, que nous en redemandions, en réveillant nos facettes cachées ; Une drogue qui m’avait forcé à me travestir, en titillant à la fois ces désirs celés et mon désir d’explorer, de découvrir de nouvelles choses.

La chose était aujourd’hui bien différente. Il n’était plus question de faux-semblants ou encore de drogue. Mais bien d’un sentiment réel, issu de cette expérience, et de ces désirs longtemps camouflés et tût, au point que j’en avais ignoré l’existence. Il me suffisait de laisser glisser mon regard vers les yeux de braises du Zltron pour que mon désir naisse subitement, soudainement, et naturellement. J’étais clairement volontaire, mais je me questionnais encore et toujours sur la légitimité d’aller plus loin, de m’abandonner pleinement à ces désirs que certains disaient futiles.

Étais-je certain que tout ceci était bien réel ? N’était-ce pas simplement une interprétation de mon besoin de libérer toute cette pression accumulée en essayant de fuir les Hapiens ? Je devais admettre que Darel avait superbement bien manœuvré, qu’il l’ait souhaité ou non, et je ne pouvais pas cacher le fait que je n’avais nullement cherché à l’arrêter. J’étais coupable. N’était-ce pas une preuve de la sincérité de mes sentiments ? J’avais envie de lui, mais je n’osais pas le lui dire ouvertement. Cette timidité qui m’avait empêché d’aller plus loin avec Kara semblait surgir à nouveau, tel un garde-fou.
Le fait était que ma tentative n’avait pas pour but de l’attirer, mais bien de l’éloigner. Si je m’étais levé, c’était bien pour quitter la pièce, pour ne plus avoir à la dévisager, et à me retenir de craquer.

Ma voix m’avait cependant trahi, tout autant que mon corps. Ma pose dans l’embrasure de la porte n’avait rien à voir avec cette volonté de m’éloigner, de ne plus le coir, de ne plus avoir à résister. Au contraire, adossé de la sorte contre le cadre de la porte, je l’incitais involontairement à venir ! Au temps vous dire qu’il ne se fit pas prier ! Je compris bien vite ce qu’il se passait lorsque ce sourire si explicite se dessina sur ses lèvres ! Je rougissais presque immédiatement, tandis qu’il venait se poser devant moi, son visage s’immobilisant à quelques centimètres du miens. Je pouvais déjà ressentir l’air s’alourdir, mon esprit s’étourdir avant même qu’il ne se décala, ses susurres se répandant en de puissants échos au travers de mon esprit, abattant toute résistance sur leur passage. Je me sentais tremblant, et je fermais les yeux alors que le souffle de sa voix venait glisser dans le creux de mon cou.

Je me demandais si je devais aller plus loin, ou bien encore le repousser ? J’en avais encore le temps, l’occasion était toujours là. Ces sentiments étaient-ils seulement partagés, ou bien voulait-il simplement ajouter un Jedi à son tableau de chasse ? Était-ce là le début d’une relation durable et sincère, ou un simple coup d’un soir, comme ce fut le cas avec Alys ? D’une certaine façon, je ne le pensais pas capable de maintenir une potentielle relation sur la durée. J’avais compris qu’il était un coureur de jupons, et qu’il n’hésiterait pas à aller voir ailleurs dès que j’aurais débarqué sur Ondéron. De fait, je n’estimais pas cela très raisonnable, et puis… on m’avait toujours dis de me méfier des Zeltrons, au Temple. Peut-être était-ce vrai, au final ?

Je laissais ma main s’apposer automatiquement sur son torse, prête à le repousser, à mettre fin à cette mascarade. D’un mouvement léger, je l’attirais vers moi, balayant en une seconde le début de morale qui venait de germer dans mon esprit. J’avais envie de lui, je voulais découvrir ce que cela faisait. Mes doigts glissèrent doucement sur son torse, dans une caresse exploratrice, alors que je laissais échapper ma décision dans un soupir, espérant de tout mon être de ne pas m’être trompé sur son compte :

« Je ne rêve que de ça… Darel. »

Je laissais ma tête glisser vers lui, pour laisser mes yeux plonger dans les siens, m’abandonnant lentement au plaisir de le sentir si proche, au sentiment de soulagement qui venait me transcender.

J’ai envie de toi, Darel. Ne me fais pas regretter mon choix…


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Mes lèvres s’écrasent dans un bruit moite contre les siennes, les dévorant avec avidité, les suçotant au gré d’un mouvement avec mes dents, comme pour commencer à imprimer ma marque, tandis que mes mains encadrent son visage et caressent ses joues avec ferveur, contrôlant la profondeur et la suavité de notre échange qui se prolonge sans fin, nous menant au bord de l’asphyxie, tant je ne saurais décemment m’arrêter alors que le désir se meut en réalité, pour reprendre le dessus et pousser à approfondir encore et encore les déperditions de nos langues affamées l’une de l’autre, prêtes à tout pour goûter une seconde de plus à cet autre qui fait mine de résister. Et encore, je me restreins, je me contiens pour ne pas lâcher mes hormones et lui donner l’impression que je veux le contrôler. Non pas que je ne le veuille pas … Mais ça, il l’apprendra plus tard, quand j’aurais arraché ces vêtements qui gênent la progression de mes mains et de mon genou calé entre les siens au moment où je l’ai plaqué contre la porte. Et ce sera parce qu’il le voudra, parce que je le voudrais, pas à cause d’une intoxication aux phéromones.

Enfin … Le plaisir monte, alors que nos bouches s’entrechoquent, se chevauchent, se mordent, se nouent et se dénouent pour revenir à la charge, et je sais que bientôt, je devrais laisser la nature prendre son dû, et ouvrir les vannes de mes envies. Je pousse mon corps à sa limite, ma résistance à son paroxysme. Bien sûr que les zeltrons ont un certain contrôle sur leurs phéromones. Nous pouvons les relâcher en temps normal quand nous le désirons, pour peu que notre corps soit capable d’en produire en nombre suffisant. Souvent, les plus jeunes le font sans s’en apercevoir, occasionnant bien des déboires quand ils sont élevés en dehors du cercle bienveillant de Zeltros. Et même sur ma planète natale, d’ailleurs. Moi-même j’ai eu quelques petites aventures amusantes à ce sujet, encore que d’après mes parents, de toute la fratrie, j’étais celui qui posait le moins de problèmes. Ironique n’est-ce pas ? Mais c’est la vérité, fut un temps où j’étais le zeltron le plus sage du quartier. En tout cas, ça m’a servi, pour plus tard. J’ai toujours été doué pour contrôler l’usage de ce qui s’apparente presque à une drogue, finalement, pour en relâcher en nombre concentré, doser la puissance … Peut-être parce que je suis chimiste et j’applique mécaniquement ce que je fais dans une éprouvette à mon propre corps ? Possible. En tout cas, le constat est clair, l’âge et l’expérience ayant aidé à consolider cet édifice patiemment bâti : pour ma race, je suis un modèle de contrôle. Sauf que les nécessités organiques sont ce qu’elles sont, et il arrive un moment où il n’est plus possible de ne pas relâcher des endorphines dans l’atmosphère. Après tout, c’est aussi physiologique, dans le cas présent. Sauf que je vais devoir le prévenir. Et m’arrêter de l’embrasser. Hum … Non. Ça attendra bien quelques instants. Pour les trente seconde d’oxygène qu’il me reste avant de périr, j’ai mieux à faire.

Quand enfin, hors d’haleine, je me détache de lui, je sais que je suis au bord de l’implosion … Et lui aussi. Il est plutôt mignon, avec ces lèvres rougies par l’effort, la marque d’une morsure sur le côté, et ses joues qui rosissent sous le coup de la chaleur … Du désir ? Je vais partir du principe qu’il a apprécié. Quoique … Ce que je sens sous mon genou suffira à m’en convaincre, et mes yeux luisant de convoitise expriment à merveille l’océan de mes propres envies alors que je me perds dans les siens, toujours haletant, reprenant mon souffle à coup de goulées d’air puissamment inspirées, aussitôt expirées, comme un noyé qui revient à la vie. Il faut que je garde les idées claires, encore quelques minutes. Après … Après je me noierais réellement dans le corps à corps qui se profile, dans la jouissance et la passion de l’instant.

D’une main rapide, j’ouvre la porte derrière, le retenant de tomber d’une main pas du tout négligemment posée sur ses fesses, en profitant pour pincer légèrement avec un sourire que certains qualifieraient poliment de mutin, quand d’autres emploieraient le mot de pervers facilement. Je ne vois pas réellement le problème. Je ne cache pas ce que je veux, si cela gêne, vous pouvez aller voir sur Tatooine si j’y suis.

« Le paradis des rêves, c’est par ici … T’as eu que l’antichambre, chéri. »


Je l’attire contre moi et m’empare à nouveau goulument de ses lèvres, mes mains descendant cette fois plus bas, explorant le corps de jedi qui s’offre à elle et qui se dessine sous les tissus. Clairement, je trouve complètement barge de faire subir des entraînements pareils à des gens depuis qu’ils sont mômes, et ça vaut pour toutes les organisations de ce genre, mais bon sang, faut avouer que ça a un point positif : ça fait des mecs super bien gaulés. Ce qui, dans la situation présente, est quand même franchement dans mon intérêt. Ce qui suit s’apparente à une chevauchée fantastiquement ridicule où nos dos se heurtent alternativement au gré des échanges contre les murs du couloir, mes pieds guidant à peu près la direction de notre avancée entre deux charges de baisers voraces. Quand je me retrouve moi-même adossé au mur de la pièce qui me sert de chambre, un sourire se dessine sur mes lèvres tandis que les siennes les attaquent toujours avec volupté, et j’ouvre, nous faisant perdre l’équilibre à dessein.

Nous roulons, dans une lutte qui aurait l’air gamine si elle n’était pas aussi érotique, et enfin, par une botte vicieuse qui consiste à mordiller sa clavicule sur ce point faible que je sais si bien trouver chez mes partenaires, j’arrive à prendre le dessus. Et je sais pertinemment, alors que je le contemple entre mes cuisses, que je ne parviendrais pas à me contenir plus longtemps. Déjà, sans que je ne puisse rien y faire, les pores de ma peau exsudent des phéromones doucement, et il est temps que je l’avertisse.

« Mes phéromones … Elles vont commencer à agir. Je ne peux pas les retenir plus longtemps. T'as qu’à t’en prendre qu’à toi-même, si j’étais pas aussi excité, j'en perdrais pas le contrôle si facilement. »

Se penchant à nouveau sur lui, je souffle, l’air chaud de ma respiration caressant ses lèvres ourlées :

« Alors parle-moi un peu des rêves … Qu’est-ce que je fais dedans, exactement ? Ou bien, dois-je te parler des miens ? »
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Que dire ? Que faire face à tant d’entrain ? Devais-je lui résister, alors que je venais tout juste de lui ouvrir les portes, de lui offrir le prétexte ; le casus belli qu’il attendait tant pour me sauter dessus ? Quel hypocrite aurais-je fais, si je n’avais pas répondu à ses premiers assauts par une riposte dévorante, marquante ? Qu’aurais-je dis, si j’avais repoussé ses mains caressantes, pleines de ferveur ? Aurais-je dû détourner mon regard de ses yeux de braise qui m’avaient d’ors-et-déjà envoûté depuis son arrivée ? Je ne pouvais pas résister, et je laissais au contraire ma prudence et mon esprit d’analyse sombrer sous les baisers écrasants, captivants et déchirants de cet homme qui, malgré son aspect décalé loin de mes habituels principes, me faisait déjà rêver. Je laissais mes bras glisser dans son dos, pour mieux l’enserrer et maintenir notre corps à corps tandis que nos lèvres se malmenaient et s’emprisonnaient à un rythme immodéré. Plaqué contre la porte, j’avais laissé l’une de mes jambes enrouler les siennes, ma tête adossée à l’acier du sas contre lequel il m’avait encagé de ses bras et de son corps.

Je ressentais ce besoin depuis trop longtemps, cette nécessité d’explorer et de découvrir des facettes de mon esprit que j’avais longtemps ignoré, interloqué par les images et les questionnements dérangeants qui les accompagnaient. Certaines personnes avaient déjà tenté d’aborder subtilement la question il y a longtemps, lorsque ma longue tresse de Padawan venait encore glisser le long de mon cou. J’avais refusé d’entrevoir cette possibilité, le fait de pouvoir apprécier aussi bien les hommes que les femmes. J’avais finis par bien comprendre le message lorsque, forcé par les drogues et les phéromones, j’avais dû y faire face de la pire des manières. Au lieu de générer un blocage naturel, la chose n’avait fait qu’attiser mon avide curiosité, mon besoin de découvrir pour comprendre. Et le moins que je puisse en dire, c’est que les réponses à toutes mes questions avaient une saveur particulièrement plaisante et envoûtante. Plus encore, j’en redemandais.

Mes lèvres repartaient à l’assaut de sa bouche, voraces, animées par cette volonté subconsciente d’explorer chaque recoins, chaque millimètres-carrés de cette nouvelle prise. Nos bouches s’entrechoquaient et se chevauchaient, alors que les mains redescendaient le long de son dos en douce cavalcade, s’échouant sur son fessier pour mieux maintenir le Zeltron contre-moi, pour mieux sentir les traits de son corps contre le miens tandis mon excitation, mon désir atteignait de nouveaux paliers. J’étais étonné de ne pas encore ressentir les assauts de ses propres phéromones, moi qui étais presque désormais un coutumier de leurs effets. Depuis Impératrice Teta, Koros Major pour les puristes, j’avais bien compris comment détecter les « spores » que disséminaient les êtres de sa race lorsqu’ils se retrouvaient épris de désir et de plaisir. Peut-être étais-je face à l’exception qui confirmait la règle selon laquelle les Zeltrons, tout comme les Falleens, devaient être appréhendé avec méfiance. Il semblait parfaitement réglo, préférant jouer carte sur table plutôt que de chercher à me soudoyer par des moyens détournés.

Nos corps semblaient doucement s’ourler l’un avec l’autre, alors qu’une de mes mains venaient soudainement se porter contre son visage, l’autre venant prendre appui contre le froid de la porte. Hors d’haleine, on se repoussait mutuellement pour mieux savourer la vue de l’autre. Je reprenais ma respiration, alors que je rougissais déjà à l’idée de connaître les désirs qui le passionnait. Ma langue glissait sur mes lèvres meurtris par le délice. Je le regardais, le contemplais alors que ma main revenait s’apposer sur son torse, alors que je me redressais le long de la porte contre laquelle je m’étais avachi. Je reprenais mon souffle, dévorant son regard des désirs et plaisirs qui naissaient en mon sein.

Je chutais soudainement, alors que la porte d’acier venait disparaître dans mon dos, mon corps rattrapé d’une main de maître par cet amant qui me faisait respirer comme jamais je ne l’avais fais. Je laissais filer ma surprise, alors que mes jambes l’attiraient de nouveau vers moi, que nos lèvres revenaient goulûment se saisir et se chevaucher. Je savourais le contact de ses mains contre mon corps, alors qu’il se lançait dans une exploration que j’avais moi-même déjà pratiqué quelques instants plus tôt sur son propre corps, ma main se remontrant pourtant baladeuse alors qu’elle remontait sous ses vêtements, remontant le long des courbes de son torse à la recherche des secrets que j’aurais pu manquer. Je voulais le connaître à la perfection, alors que je me laissais entraîner le long du corridor, mon dos heurtant les parois à chaque embardée de mon pilote, lequel nous guidait lentement vers notre destination. Je savourais chaque baiser, le rendant du mieux que je le pouvais malgré mon inexpérience. Ce n’étais pas un coup d’un soir sur Halmad ou un malheureux concours de circonstance sur Koros Major qui pouvaient rivaliser avec la précision et la ferveur de mon Zeltron.

Je me laissais finalement plaquer à nouveau, mes jambes s’enroulant de nouveau autour des siennes pour mieux le capturer, mes mains s’appuyant négligemment sur mon dos et sur son fessier pour mieux le garder contre moi. Je ne voulais pas le perdre, pas à cet instant, alors que je me gavais de son odeur, que je me satisfaisais du bonheur que je ressentais de savoir son corps contre le miens.

Le vide se fit pourtant soudain. Acculé précédemment à ce qui semblait être un mur, je me retrouvais entraîné dans une chute non contrôlée, mes mains s’agrippant avec ferveur à sa peau alors que je tombais. Mon dos heurta le sol sans que je n’en ressente la moindre douleur. Mon esprit était déjà tourné vers d’autres cabrioles, alors que nous roulions dans une lutte qui me rappelait allègrement les souvenirs de mes jeunes années au Temple. Oh rassurez-vous, rien de tout cela n’avait de volonté aussi… coquines à une époque où nous ne savions même pas ce qu’étais l’amour ou le plaisir charnel. N’allez pas croire que le Temple puisse tolérer pareille chose dans son enceinte ! Enfin… chez les Initiés comme chez les Padawans, en tout cas. Le reste… ne me regardait pas !

Finalement, je finissais mon chemin sur le dos, Darel venant de stopper net mes velléités d’une morsure précise et ô combien délicieuse. Mon regard venait glisser sur ce corps qui se présentait à moi, alors que je le ressentais resserrer son emprise. Mon esprit venait ressentir immédiatement le changement, alors que la Force m’avertissait d’un danger qui n’en était pas. Ses phéromones, je les ressentais. Je pouvais aisément les bloquer, les refouler, les repousser de toute ma conviction. Pourtant je n’en faisais rien. Je voulais ressentir, je voulais qu’il me guide. Je voulais me laisser bercer par le plaisir et le désir.
Je rétorquais donc avec malice à son avertissement, néanmoins satisfait qu’il ait prit la peine de me prévenir. Ce Zeltron… mon Zeltron était vraiment bien différent des autres !

« Est-ce vraiment une mauvaise chose… que tu perdes le contrôle ? »

Je le dévisageais, un sourire amusé se dessinant sur mes lèvres rougies alors que je cherchais à mieux l’enserrer entre mes jambes, à mieux l’enfermer alors que ses lèvres s’approchaient à quelques encablures des miennes. Je savourais son souffle chaud, alors que ses phéromones venaient finalement toucher mon esprit. D’un geste rapide, j’avais comblé la distance, mes lèvres venant se saisir des siennes dans un long baiser passionné et moins agressif que les cohortes que nous avions déjà échangées.

Je me détachais finalement, laissant mon souffle chaud glisser dans son cou, ma tête venant reposer contre le sol dont je suis prisonnier :

« A ton avis, Darel ? Crois-tu les Jedi capable de rêver ?


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« Oui. Je préfère que t’aies le sabre allumé parce que je t’excite, plutôt que parce que tu réagis d’instinct. »

Joignant le geste à la parole, un sourire d’une perversité sans nom aux lèvres, comme le chasseur qui se pourlèche les babines en contemplant la proie dans laquelle il va mordre, qu’il a même déjà mordu et dont il demande à nouveau, gourmand, de goûter la chair, ma main descend pour tâter l’arme dégainé, amusé malgré moi d’une réaction que je devine aussi instinctive qu’incontrôlable. Rien qu’à ça, au plaisir qu’il a ressenti dès que mes baisers se sont fait plus appuyés, plus sensuels, je devine une envie à fleur de peau. Inexpérience ? Peut-être. Pas forcément. Certaines personnes sont plus réactives que d’autres, plus sensibles à ce type d’échanges. Je sais que j’ai eu des amants que la plus langoureuse embrassade aurait laissé coi, mais qui se damnaient pour une caresse placée à un endroit improbable : pied, antennes, lekkus, montrals … La variété galactique amenait une foultitude de moyens érotiques, et je les avais étudiés avec le plus grand professionnalisme. Même au sein d’une même race, les préférences divergeaient. Ce constat avait quelque chose de profondément fascinant. A ceux qui se demandaient ce que les libertins de mon espèce pouvaient trouver à leur profusion de partenaire, c’est ce que j’aurais répondu : le plaisir d’apprendre tous les secrets de la galaxie, le bonheur d’apprendre à aller au-delà de ses préjugés, l’envie de se perfectionner dans un art aussi dangereux que délicieux. Parce que oui, je considérais l’amour physique comme un art, le corps comme une toile, un instrument dont je m’amusais à titiller les ressorts, que je recouvrais de symboles dont moi-seul connaissait la signification, tandis que mes mains vagabondaient et se resserraient à un rythme qui accélérait petit à petit, déterminé à le faire haleter par mes gestes, avant de le clouer au pilori du désir, de le torturer avec mes armes machiavéliques de la sensualité zeltronne. J’allais y venir. Il m’en donnait l’occasion. Sans arrêter mes gestes précis, je murmurais à son oreille, dans le creux de son cou, faisant frissonner la peau délicate avec mon souffle :

« Tout le monde rêve. Surtout des choses interdites. Et si ce n’est pas le cas … Je peux toujours t’y contraindre. Te faire voir tout ce qui me traverse à l’instant. »

C’était évidemment une expression, un jeu amoureux sans prétention. Aucune violence là-dedans, je n’imposais jamais à un amant quelque chose qu’il n’aurait pas voulu. Mais il y avait dans ce genre de requête pressante une charge sensuelle brûlante que beaucoup appréciaient, chacun à leur façon. Certains se rebellaient, et j’appréciais toujours la lutte qui s’ensuivait, la sauvagerie qui prenait le pas et faisait commettre les plus belles folies. D’autres se soumettaient à mon envie avec plaisir, et je les récompensais de leur conduite avec mes plus somptueuses rêveries. De quelle sorte serait-il, ce jedi ? Manifestement, pas de la première, si j’en crois ses baisers inexpérimentés mais délicieusement excitants, ses joues rosies, rougies même par le plaisir qu’il prend, ses jambes qui s’enroulent autour de moi pour ne pas me lâcher. Il me veut comme je le désire. Je vais exaucer son souhait.

« Rêve. »

Et mes phéromones se déchargent brutalement, envahissant la pièce. Ma peau les exsude, toutes les glandes de mon corps se vident complètement tandis que mon esprit se perd dans des méandres que je n’oserais moi-même décrire. Je lui conte comment je le vois, je le laisse admirer ce que j’entrevois de son corps, de comment je veux le marquer, le pétrir, le plier à mes désirs. Je lui montre ce que je ferais ensuite, où mes lèvres voyageront, ce que mes mains découvriront, comment je le porterais au pinacle de l’extase, de quelle façon je l’y préparerais, comment moi-même je me fraierais un chemin depuis sa chaleur jusqu’au paradis. Je le tente, je lui fais miroiter la plus folle des soirées, la galaxie qu’il aura dans les yeux une fois hors d’haleine, déposé sur une couchette et pleinement satisfait, la façon dont il voudra me remercier, dont son corps dira non, dont il l’ignorera pour continuer à sa guise notre merveilleuse promenade sur les sentiers de la jouissance. Je lui promets la lune, et je compte m’y tenir. Déjà je l’embrasse derechef, je commence mon lent travail de sape sur ses vêtements définitivement de trop …

BZIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIP

PAR LES SEPT ENFERS DE MIRIAL ! QUI OSE M’INTERROMPRE !

Hors d’haleine, agacé, je me retourne pour contempler KG-8, mon droide, bipper comme un fou devant la porte, l’air complètement paniqué. J’hésite entre l’envie meurtrière de réduire ce tas de boulon en cendres et la raison qui me pousse à l’écouter. J’essaye de me calmer, de respirer pour faire redescendre la pression, et tente de l’écouter. Inspection ? Quelle inspection ? Comment … Oh. Mince. Oui. D’accord. Les saletés de cul-gelés. On est déjà arrivé. Pas de bol. Ces hapiens, je les détestais déjà avant, là, ils viennent de m’interrompre le coup du siècle, alors autant dire qu’en ce moment, ce sont carrément des bouffées de haine que je ressens. Mais pour ma sécurité comme celle de mon joli jedi, mieux vaut interrompre les plaisirs … Temporairement. Je me relève, non sans lui voler un baiser, et souffle :

« Planque-toi. On est arrivé plus tôt que prévu. C’est le moment d’être un bon acteur, et toi, une bonne ombre. »

Un clin d’œil pour faire bonne mesure.

« On r’prendra après. Pour fêter notre départ du Consortium. »
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« Ais-je vraiment l’air d’avoir agi par instinct ? »

Je laissais échapper un léger rire amusé, resserrant doucement l’étreinte de mes jambes, excité que je suis par l’envie, par le désir. J’ai besoin de découvrir, de comprendre une facette de ma personnalité que j’avais jusque là jamais exploré et que j’avais laissé au rebus dans un coin sombre de mon esprit. Une facette qui s’était éveillée sur Impératrice Téta, avec Velvet. Je ne faisais pas cela par instinct, mais uniquement par envie, parce que l’individu qui me fais face me fait remonter des désirs et des idées d’un plaisir que je n’avais ressenti qu’avec Alys. Mais un plaisir plus vibrant, plus entraînant. Ses yeux de braises, sa peau rosée… Certes, le physique de Darel n’était pas le plus attrayant de l’univers. Il était clairement assez faiblard, rongé par les drogues. Mais les choix ne sont pas uniquement basés sur le physique. Il y a aussi la pensée et la psyché, bien qu’à cet instant c’était bien plus mes pulsions et l’alchimie qui me guidait. Sentir ses mains sur mon corps me font d’ors-et-déjà rêvé. Je sens se doigts glisser, éveillant en moi des sensations et des réactions inattendues. J’avais clairement envie de lui, de le sentir. Dès que je le l’avais vu, dès que j’avais entendu le son de sa voix, quelque chose c’était déclenché en mon sein. Une impression, un ressenti que je ne saurais exprimer mais que je voulais comprendre et entretenir. Savoir son corps prêt de moi, ses mains occupées à des tâches attentionnées qui me font grimper avait un effet relaxant et entraînant.

Les yeux clos, je me sentais explorateur. Les Jedi affirmaient être les piliers de la connaissance, les gardiens du savoir de la Galaxie. Pourtant, nous nous refusons un pan de cette conscience, au prix de l’ignorance. Je n’étais pas de ceux-là, extrême au point de me refuser à explorer certains interdits. Lorsque l’on était pleinement conscience du réel danger, on était bien capable de s’en éloigner, de l’éviter. L’amour physique n’était pas un danger. Je l’avais bien saisi avec Alys et je m’en rendais pleinement compte avec Darel. Ma respiration s’accélérait et mes jambes se resserraient d’avantage autour de son être. J’avais passivement ouvert mon esprit à la Force, à l’écoute du flux. Je ressentais ce qui animait mon amant, le pourquoi de ces gestes, les sensations qui bouillonnaient en lui. Je le sentais lutter contre sa nature et je me retrouvais bien plus en confiance, bien plus détendu. Je laissais échapper un gémissement, surpris par l’afflux soudain et rapide des sensations et la maîtrise avec laquelle Darel venait figer mes envies et torturer mes désirs. Je lui demandais instinctivement de continuer, mes bras glissant sur le sol et cherchant à l’atteindre pour l’inviter à poursuivre.

Je lui confie qu’il n’a pas besoin de me contraindre à rêver, que je peux déjà entrevoir et ressentir l’empreinte de ce qui le traversait. Je n’imaginais d’ailleurs pas que ses phéromones puissent venir m’étreindre encore plus, me libérer de mes dernières entraves ou encore projeter aussi fortement les images et les envies de mon partenaire. J’avais expérimenté leurs effets sur Impératrice Téta, mais pas avec une pareille promiscuité des corps, pas avec des idées concrètes. Mes mains se remontraient baladeuses alors qu’il me contemplait, venant glisser sur son torse avec tact et délicatesse. Je voulais qu’il me montre, qu’il me fasse découvrir une facette de ma personnalité que j’avais ignoré, avec ses envies, ses désirs. Je tentais de l’attirer à moi mais il résista, jusqu’à ce qu’il libère ses pulsions et que je renonce à vouloir écraser mes lèvres sur les siennes pour me laisser submerger par l’effet puissant et brutal de ses phéromones. Je me sentis presque immédiatement partir, embarqué dans le vaisseau de l’envie, du désir et du plaisir. Ses paroles semblent s’éterniser, comme suspendues dans le cours du temps alors que mon esprit se met à imager les scènes ou que mon corps se met à réagir à des caresses invisibles. Je me sentais porter vers une infinie plénitude, dans une parfaite béatitude. Je sentais mes pulsions, mes envies et mes désirs resurgissant avec plus de force et de conviction. J’avais envie de lui. J’avais envie de rêver, encore et encore. Je ressentais la nécessité d’explorer intégralement son corps, de lui rendre les plaisirs qu’il comptait m’offrir.
Je venais me gaver de ses lèvres, les dévorant avec une passion débordante. Je laissais mes mains emprisonner son visage, le talon de mon pied frotter contre son fessier…


BZIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIP


Je me redresse aussitôt, mon dos quittant le sol froid de la chambre dans un mouvement synchronisé. Perturbé, ma main avait glissé plus mollement vers ma ceinture pour venir se saisir de mon arme d’une prise incertaine sans pour autant la décrocher. Mon regard glisse un instant vers le droïde puis vers Darel, coupant ma connexion à la Force pour ne pas me faire envahir par ses soudaines pulsions. Mon autre main vient s’attarder sur son torse, dans une volonté d’apaisement. Avec la dose de phéromones que j’avais pris en pleine figure, j’avais du mal à réaliser ce qu’il se passait. J’étais encore ailleurs, partiellement, le temps que je parvienne à me soustraire suffisamment de leur effet.

Mes lèvres vinrent s’échouer une nouvelle fois sur les siennes, brièvement, avant que je ne me décide à l’imiter. Je me relevais, redressant vite fais ma tenue dans une naïve volonté de pudeur alors que ses mots tombent.

Le plan. Se fier au plan.

« Je m’en fais pas, j’ai confiance en tes talents. »

J’acquiesçais vivement, le laissant filer avec un sourire aux lèvres alors que je me retourne pour cartographier la chambre. Ma main vînt s’écraser sur l’interrupteur, plongeant la pièce dans une ombre éclairée par le couloir puis je me glissais rapidement vers le lit, me laissant choir sur le ventre pour finalement rouler au-dessous. Je venais heurter plusieurs cartons, ou bien des caisses. Je grognais, avant que ma curiosité ne me pousse à les ouvrir… pour les refermer aussi sec à la vue des objets et tissus qui s’y trouvaient. Je repoussais les conteneurs de quelques centimètres, pour m’offrir un peu plus de place.
Je n’eu pas à attendre longtemps pour entendre les premiers bruits de pas, la Force m’ayant indiqué leur approche bien avant que mon ouïe ne les perçoivent. Je commençais à avoir les idées claires et je laissais le flux mystique m’envelopper pour me draper dans l’invisibilité. Enfin, dans une illusion d’optique, quoi !

Allez Darel, c’est pas le moment de me… de nous faire faux bon. Pas maintenant. Pas après ça.


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« Tous mes talents hein … »

Je la joue goguenard avant de filer, mais en vrai … J’en mène pas forcément large. D’abord parce qu’après une telle décharge de phéromones, j’ai forcément un peu de mal à me remettre dans le bain du grand mensonge. Eh, qu’est-ce que vous croyez, il n’y a pas que ceux qui en subissent les effets qui ont un contrecoup. Bon d’accord, c’est sans commune mesure … Mais dans un contexte pareil, il y a une forme de fatigue qui vient si on a pas fait attention … Ce qui est précisément le cas ici. Pas besoin de m’économiser pour un sale coup, où d’y aller subtilement. Pour une fois, j’avais vraiment utilisé mes dons pour moi, juste pour moi. D’une certaine façon, c’est vrai qu’on pourrait dire que ça devrait toujours être le cas. Mais ne soyons pas faux-derche : honnêtement, avec un cadeau de la nature pareil … N’importe qui s’en servirait pour autre chose qu’attirer un partenaire et lui signifier sa satisfaction. Si Zeltros n’avait jamais souffert d’invasion, c’était à cause de nos phéromones. Si notre société était ce qu’elle était … C’était aussi à cause d’eux. La félicité perpétuelle contre la dépendance hormonale … L’illusion du réel … Certains trouvaient cela proche de l’asservissement. Après deux tiers de mon existence passée en dehors de ma planète de naissance, quasiment … Je devais l’admettre : ceux-là avaient raison. Clairement. Je n’aurais sans doute pas voulu, évidemment, que ma vie devienne ce qu’elle était … Mais je m’estimais mieux loti que mes parents, engoncés dans une forme de langueur monotone et faussement apaisante. Affaire d’expérience, sans doute.

Ensuite … Ensuite, je risque ma peau, moi dans cette histoire. Sans rire, ils le choppent dans ma propre cabine … Je fais quoi ? Y a pas trente-six solutions : je le dénonce en essayant de m’en tirer, gagnant au passage le titre de pire saligaud de l’histoire des zeltrons, ou … ben … On tente de passer en force, ce qui équivaut à se faire éclater la tête comme une pastèque à coup de blasters. Dans l’ensemble, y a pas à dire, j’ai de bonnes perspectives. Non parce que un étranger, mâle, vulgaire contrebandier … En fait, je sais même pas si j’aurais l’occasion de m’expliquer. Je pense pas. Raison de plus pour pas se faire gauler. J’espère juste que je vais réussir à être convainquant. Allons, j’ai fait largement pire. Qu’est-ce qu’ils m’ont préparé comme comité d’accueil ? Je déverouille et les laisse entrer, retenant ma respiration.

Une femme à l’air autoritaire entre, suivie de deux cerbères. Bon, si elle avait pas l’air d’avoir avalé un sabre laser de travers, la nana serait pas mal … Oui, ben, c’est pas parce que ça m’intéresse pas que je n’ai pas des yeux non plus … Niveau esthétique, je suis quand même pas le dernier des imbéciles. Donc … Je dirais pas belle mais … Y a quelque chose. Une forme de charme sérieux. Un peu dominatrice, à vue de nez. Enfin, quoique … On peut jamais trop savoir, ce genre de choses. Mais c’est plutôt rigolo à imaginer. Et l’avantage, c’est que penser des âneries me permet paradoxalement d’être plus concentré, comme si mon cerveau avait tellement l’habitude des pensées parasites qu’il se branchait sur cette fréquence instantanément en chassant toutes les autres possibles. Quant aux deux autres … Clairement plus à mon goût. Biens fichus, plutôt fins … Un peu trop peut-être. Les hapiens ne sont pas des forces de la nature, et sans avoir un fétiche pour les gros bras … J’aime bien quand c’est légèrement viril, juste ce qu’il faut, disons. Bon après, comme tout le monde le sait, je ne suis pas difficile … Mais quand même, tant qu’à choisir …

Ah, on m’aboie dessus. Dans le coin, ça doit signifier bonjour. Est-ce que j’ai mes codes d’identification. Oui, oui madame, je vous les donne, elle vérifie, jusque-là on est bon. Mes codes d’autorisation ? Pareil, tout est en règle, faudrait être fou pour se trimballer dans le Consortium sans toute la paperasserie électronique attenante. Y a pas quarante sorties, et s’il y a un passage de contrebande, celui-là, je ne le connais pas. A vrai dire, vu l’isolation générale, on est déjà pas beaucoup à connaître les voies spatiales légales vers Hapès … Bref, où on en est … Pourquoi j’ai répondu si tard ? Ah bah euh …

« J’étais occupé. »

Je dis ça nonchalamment, en lui battant des cils avec un regard de braise. Aucun effet. Je suis vexé. Ou elle préfère les femmes. Mince, ce serait pas de chance ! La poisse totale. Non sans rire … Ce serait le pire, parce qu’alors, mes phéromones auraient pas grand effet … Peut-être un peu pour la distraire, sauf que comme il n’y aurait pas d’excitation sexuelle directe … Elle se rendrait facilement compte que je cherche à la distraire. Zut. Enfin, n’anticipons pas … Vu la tête qu’elle fait, je sens que j’ai d’autres explications à fournir …

« A quoi faire ? Le pilote automatique était enclenché. »

« J’avais un rendez-vous avec Rosie Palms. Vous savez ce que c’est … »

Cash. Sourire obscène. Mains dans la poche, bassin en avant … Je ne peux pas faire plus direct. Plus explicite. Dans la vie, j’ai toujours eu une seule devise : plus c’est gros, plus ça passe. Enfin, pas dans toutes les circonstances … Disons certaines. En l’occurrence, sur le mensonge, ça marche très bien. Et là, c’est tellement pas permis de dire un truc pareil en public, c’est tellement inattendu … Que ça ne peut que marcher. Et elle me jette un tel regard de dégoût que je sais de suite que j’ai fait mouche.

« C’est ça, votre explication ? Vous étiez en train de … Urgh ! »

« C’est long, les voyages spatiaux … Faut bien s’occuper. J’aurais rien contre un peu de compagnie, mais je crois que vous êtes accompagnée, ce ne serait pas galant pour vos amis … Quoique, plus on est de fou. »

Le reniflement méprisant que je récolte en dit long. Et c’est exactement ce que je voulais : passer pour un abruti obsédé, histoire qu’elle soit convaincu que je lui dise la vérité, car personne n’irait inventer une horreur pareille, et qu’elle ait accessoirement envie de plier bagage au plus vite. On va pas se mentir, je peux difficilement faire mieux.

« Inspection du vaisseau. Ecartez-vous, les mains en l’air. »

Chutta ! L’insulte twi’lek me vient, et je me réprime difficilement pour ne pas la sortir à voix haute, même si traiter la maîtresse de mon destin de femme de petite vertu n’est peut-être pas l’idée la plus brillante qui me soit venue. J’inspire, j’expire, lève les bras et prends un air détaché, presque ennuyé par la formalité.

« C’est quoi ça ? »

Gros bras numéro 1 a trouvé le laboratoire. Et … est à deux doigts de me le saccager !

« Eh ! C’est un labo de médecine, et tout ça coûte assez cher, donc ce serait gentil de ne pas tout détruire ! »

Ca grommelle, mais la boss hume l’odeur pestilentielle qui se dégage de la fiole que l’autre imbécile vient de briser et finit par refermer la porte, en disant que c’est conforme à ma déclaration … Evidemment ! Lentement, ils fouillent tout mon cargo … Pour atterrir à la dernière pièce. Ma cabine.

« Allez, on y va. Tu suis. »

« Je ne sais pas, un homme doit savoir préserver son intimité … Vous devez connaître ça, avec tous ces beaux mâles à vos ordres … »

Je jacasse, je jacasse et me pose négligemment au fond, histoire de, juste à côté du jedi planqué, essayant de le camoufler au mieux. On est mal, on est très mal … S’ils s’approchent trop … Voilà que Gros bras numéro 2 arrive par là. Mince, mince … Dernier recours … Phéromones.

« Dis donc mon joli, arrête de fouiller mon lit, je vais croire que tu es intéressé … »

Je minaude, et l’autre me regarde complètement interloqué par la sensation familière qu’il doit ressentir, et qui ne correspond pas du tout à la situation. Il va se reprendre, mais c’est suffisant pour se pendre à son bras et le faire se retourner de dégoût quinze secondes plus tard. Ouf. Sauf que Gros bras numéro 1 revient à la charge. Non mais c’est pas vrai ! Et lui … Il cligne des yeux, mais a l’air de résister. J’ai plus d’idées moi ! Joclad si tu veux sauver ta peau … C’est le moment, n’hésite pas !
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Se planquer sous le lit ne fut clairement pas la meilleure idée du siècle. J’étais à l’étroit et je devais rester parfaitement immobile si je ne voulais pas renverser quoi que ce soit. Il semblerait que, comme la majorité des gens, Darel aimait bien ranger tout son bazar sous son pieu. Et quel bazar ! Ce que j’avais vu dans une des boites qui m’entouraient m’avait surpris, pour ne pas dire choqué. Sérieusement, il avait vraiment tout ces trucs ? Là ? Juste là, à côté de moi ? Je déglutissais doucement, alors que j’entendais les bruits de pas s’immobiliser devant la chambre. Je les entendais parler, alors qu’ils se décidaient à entrer. Enfin, j’entendais surtout Darel. Sans attendre, je comptais les paires de jambes que je pouvais entrevoir, utilisant mon lien dans la Force pour me confirmer le nombre de copains et copines qu’il s’était fait à l’entrée du sas de son vaisseau.

J’en comptais trois. Deux hommes, sans doute des gardes. De toute manière, sur Hapès, ils ne pouvaient être que des gardes s’ils servaient dans l’Armée. L’autre était une femme. C’était sans doute elle qui commandait. Pourquoi ? Bah Hapès, tout simplement. La remarque de Darel à ce sujet était parfaitement exacte, bien que décalée. Je me maudissais d’ailleurs de l’entre dire cela, alors qu’il venait se poser à côté du lit. Bon sang, mais à quoi tu joues ? Tu ne peux pas rester sérieux deux minutes, histoire qu’ils passent, ne trouvent rien, et retournent d’où ils viennent sans faire d’histoire ?

Immédiatement, je réfléchissais à d’autres options. Mes yeux ne quittaient pas les jambes du regard, et je voyais soudainement un des gardes s’approcher du lit, de Darel, de moi. Je me concentrais un peu plus dans la Force, confiant en le camouflage optique qu’elle m’offrait pour me dissimuler. A vrai dire, j’avais pensé depuis le début que je serais le maillon faible lorsque aurait lieu cette inspection, sauf que je réalisais bien vite que mon Zeltron n’était pas forcément très débrouillard non plus ! Enfin, il n’était clairement pas à l’aise, et je crois que ça jouait pour beaucoup. Ouvert de la sorte à la Force Vivante, je pouvais ressentir son incertitude et ses craintes légitimes. On était encore dans le territoire Hapien. Si tout foirait, alors il ne pourrait sans doute jamais plus y faire des affaires. Pire, il pourrait se retrouver prisonnier, tout comme moi. Et dans ce cas là, je ne donnais pas cher de notre peau.

Alors que le garde venait de s’immobiliser, je sentis le mercenaire tenter une riposte improvisée, sans doute instinctive. Je venais fermer immédiatement mon esprit d’une volonté hermétique mais j’étais encore trop étourdit par la précédente vague de phéromones pour pouvoir ignorer pleinement celle qu’il venait de lancer au gros bras sur lequel il pendait désormais. Bon sang, mais que cette scène était d’un ridicule, et le pire, je me trouvais aux premières loges ! Mon don empathique faisait affluer les émotions de chacun et les phéromones que je tentais d’ignorer transformaient l’ensemble en un cocktail instable. Je faisais le tri, mais je n’avais pas besoin d’analyser quoi que ce soit pour comprendre que Darel était face à une impasse. Et s’il l’était, alors je l’étais tout autant !

Allez Joc’, ce n’est pas le moment de flancher, fais confiance à tes instinct. Un bref instant, je cherche à attraper le sabre que je n’ai pas laissé bien loin, le temps de déplacer une boite et de faire du bruit. Je déglutissais, m’immobilisant l’espace d’une seconde dans l’espoir de ne pas avoir été entendu. Espoir stupide et ridicule. Tant pis, je n’avais plus le temps de sortir du lit et neutraliser la menace facilement.

Allez, plan B, comme on dit ! Ou plutôt un plan F, comme foutu. Je laisse une fois de plus mon instinct me guider, ou les phéromones, peut-être les deux. Je dois bien admettre que je n’avais pas réfléchis du tout lorsque je me mis à rouler pour sortir de ma cachette et me redresser d’un bond avec l’une des fameuses boites entre les mains. Je me retournais vers Darel, dans un mouvement presque comique alors que je venais sortir un des objets du conteneur pour le soulever à la vue de tous :

« Hé Darel ! Tu aurais pu me dire que tu cachais tes trucs sous le… Oh ! »

Je feintais la surprise en découvrant les deux gros bras qui l’encerclaient, laissant tomber la boite sur le sol dans un bruit sourd avant de retrouver une fausse contenance, les objets et les tissus s’y déversant sans attendre, roulant et s’étalant avec anarchie. Un large sourire s’efface face à la surprise, comme si des idées perverses venaient de s’imposer à mon esprit. Je lâchais les mots qui venaient sans même y réfléchir, avec une langueur étonnante :

« Tu nous as ramené des invités et tu ne m’as même pas prévenu ? »

Je leur offrais un clin d’œil, à croire que mon esprit était totalement absent. Au contraire, celui-ci bouillonnait. Je laissais la Force me transcender de nouveau alors qu’une idée venait finalement germer au cœur de mon esprit. Une idée saugrenue et qui risquait fort bien d’échouer. Sauf que je n’en avais pas d’autres. On allait devoir faire avec et croiser les doigts. Je laissais la Force se répandre en un puissant écho dans la pièce, en une déferlante visant uniquement les deux gardes Hapiens qui cernaient le Zeltron.

Allez, ça va le faire. Ça va le faire ! Pas vrai, hein ? Allez !



[ Jet de Sagesse pour tenter une persuasion sur le groupe de Hapien. Voir PS en bas ]


« Ce que vous recherchez n'est pas ici, vous devriez partir. »

La phrase venait de tomber calmement, appuyée par une volonté écrasante de la Force sur leurs esprits affaiblis par les phéromones. Ils s’immobilisèrent, leurs regards glissant entre le Zeltron et moi avant de se figer l’un dans l’autre, répondant par l’affirmative à ma suggestion. Ils relâchèrent leur étreinte autour de Darel, se préparant sans doute à repartir d’où ils venaient. Je sentais un soulagement parcourir mon échine, offrant un regard entendu avec Darel. Entendu mais bref, car la réalité me frappa soudainement :

[color:ab44= #ff9900] « Hé ! Qu’est-ce ce que tu leur à fait ! Retourne-toi les mains en l’air, que je puisse voir ton visage ! »

J’étais tellement concentré sur l’idée de sortir Darel du guêpier dans lequel il s’était fourré que je l’avais oublié, celle là ! Je me figeais, alors que les deux gardes semblaient reprendre contenance. Ils se frottaient la tête, à la recherche de réponses. Leurs esprits étaient encore embrouillés par la persuasion et les phéromones mais les choses n’allaient pas durer éternellement.

Je pivotais lentement mon regard glissant vers Darel alors que je haussais les épaules, lui lâchant d’un air presque amusé et gêné :

« Hum… Oups ? »

Je me retournais doucement pour faire face à la Hapienne, prêt à bondir, prêt à agir. En temps que Jedi, je n’étais jamais désarmé mais je voulais être certain que Darel suivrait si je me lançais de front. C’était son vaisseau, c’était à lui de décider. Et qui sait, il avait peut-être d’autres idées derrière la tête. C’est un Zeltron, et un Zeltron sait toujours comment se sortir des mauvais pas. Enfin, j’espère.



PS : Alors, j'ai pas Persuasion donc pour rajouter un max de difficulté car c'est pas évident de le faire...
Si 1 ou 2, réussite, les trois sont convaincus.
Si 3 ou 4, réussite partielle, donc ils ne sont pas tous persuadés.
Si 5 ou plus bah.... DAREL SAUVE-MOI ! wouah
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Tuez-moi. Tuez-le, plutôt. Ou encore mieux : je vais le tuer. Le massacrer. L’étriper. Le … Rôtir ? Tiens pourquoi pas ! Non mais franchement, qui m’a fichu un crétin pareil ! Se révéler comme ça, histoire de bien se faire voir et de mettre tous mes mensonges à jour … Quand je pensais à une intervention, je voyais quand même franchement autre chose que ce … Que ça ! Ils savent pas manipuler les gens à distance, ces maudits forceux ? J’aurais dû me souvenir de l’adage hutt : ne jamais faire confiance à un sensitif. Ces machins-là, ça a vraiment le chic pour vous attirer des ennuis.

Récapitulons : je suis donc encore dans l’espace d’une bande de cinglés matriarcaux fanatiques qui haissent les jedis, avec un qui vient d’apparaître comme un fou de sous mon lit alors que j’avais explicitement dit voyager seul. Magnifique. Et qui vient poliment de sous-entendre que nous sommes amants. Deux hommes … Dans un endroit où ces dernières ne sont pas nécessairement appréciées. Dans l’ensemble, je ne vois pas comment ça pourrait être pire, à moins d’avoir un poster de leur reine en train de se faire chevaucher par Borenga en personne. Me demandez pas comment c’est possible, j’ai jamais compris l’attrait de certains pour la série érotique « Mon hutt bien-aimé ». Il en faut pour tous les goûts, on va dire.

Le comble ? Que les deux gorilles regardent comme des abrutis qui découvrent le monde mes affaires. Les phéromones doivent leur brouiller le ciboulot, mais c’est à croire qu’ils n’ont jamais vu un … Enfin, mince, ce ne sont pas des moines puceaux, nom de nom ! Bon, je retiens au passage le fait que je me retrouve en face d’un jedi armé d’autre chose que d’un sabre-laser, ce qui, en d’autres circonstances, me ferait franchement rire. Sauf que là, j’ai plutôt envie de l’assommer avec. Ou de me venger en … Bref. Ne pas y penser, ça risque de me déconcentrer. Déjà, la cheffe a l’air déterminée à en découdre et braille un bon coup sur les deux gros bras, qui secouent leurs têtes de banthas comme pour reprendre leurs esprits. En clair, je n’ai que quelques secondes pour agir. Oh, et puis zut.

D’un coup de pied, j’expédie un des objet contondants tombé à terre droit devant, et la cheftaine prise dans son élan marche dessus, dérapant par terre et chutant à la renverse, comme espéré, sa tête heurtant le mur, ce qui vu l’endroit d’où elle partait était parfaitement attendu. Tout cela n’a duré que quelques instants, mais suffisamment pour détourner l’attention des deux autres. D’une main habile, je récupère les seringues à ma ceinture, celles qui font partie de mon kit de secours et ne me quittent jamais, puis j’en enfonce une dans les fesses de chacun. Et non, ce n’est pas fait exprès, c’était juste ce que j’avais … Je vais pas dire sous la main, certains y liront encore un sous-entendu vaseux. L’effet est immédiat. Ils se retournent, tentent de s’approcher, mais leur vue se brouille et bientôt, ils s’effondrent. Sans un regard pour Joclad, tout entier tendu et concentré, je franchis la porte de la cabine non sans avoir balancé derrière mon épaule :

« Porte-les jusque dans le cockpit. »

Comment ? Qu’il se débrouille ! La Force, ça doit bien servir à soulever des corps non ? Pendant ce temps, je file dans mon labo et je commence frénétiquement à verser plusieurs produits ensemble, veillant à ne pas non plus avoir la main trop lourde. Je n’ai pas beaucoup de temps. Cela dit, ce n’est pas un produit trop compliqué à faire, et par chance, j’avais commencé à synthétiser l’essentiel pendant le voyage aller. Sinon, j’aurais vraiment été dans la mouise jusqu’au cou. Ces petits bijoux, on m’en demande pas mal au marché noir, mais décanter les ingrédients est un cauchemar. Finalement, je finis par obtenir ce que je veux et peut donc décamper, armé de plusieurs seringues. Les trois gugusses sont promptement piqués, et une fois le fluide intégralement envoyé dans leur système sanguin, je pousse enfin un soupir de soulagement. Bon, maintenant … Plus qu’à expliquer.

« C’est un dérivé d’anabolisant. Le fait est que certains … composés, notamment l’extrait de balo, produisent des effets indésirables massifs, notamment des black-out. En gros, c’est ce qui fait qu’on se réveille sans se souvenir de rien après une ingestion massive. J’ai synthétisé la chose pour … une commande. Résultat, quand ils se réveilleront, ils n’auront pas de souvenirs immédiats de ce qu’il s’est passé, et je pourrais leur faire croire qu’ils se sont juste assoupis pendant que je leur listais la composition de mes composés chimiques. Les phéromones devraient suffisamment les embrouiller pour que ça passe, et surtout qu’ils ne se souviennent pas de toi.

Allez, on va juste les asseoir pour que ça ait l’air plus vrai. Et après, tu files te planquer dans la soute. Et pas blague … »


Aussitôt dit, aussitôt fait. Bientôt, les dormeurs sont installés, Joclad caché et moi … En train de déblatérer dans le vide, comme je ne sais pas quand est-ce qu’ils vont se réveiller. Bon, je n’ai pas trop à attendre, et je dévide des phéromones depuis le temps reconstituées pendant que je continue à m’époumoner. La femme papillonne des paupières, l’air perdue, pique un fard et donne un coup de coude à l’un des idiots à côté. Manifestement, la supercherie a l’air de faire effet. Je finis par m’arrêter au bout de dix longues minutes :

« Des questions ? C’est bon, je peux y aller ? Ou bien dois-je continuer à vous lister tout mon matériel scientifique ? »

La cheftaine me regarde, l’air incertaine, le front plissé comme pour combattre une terrible migraine.

« Non je … euh … Quelle heure est-il ? »

Je lui donne l’heure et elle se lève aussitôt, comme monté sur ressort. Et finalement, elle finit par me dire :

« Je crois que … euh … Non, tout a l’air … On a bien tout fouillé ? »

« Tout à fait. Enfin, sauf moi, mais je ne sais pas si vous y tenez … »

Clin d’œil suggestif, et la femme frissonne bizarrement. Les phéromones. Forcément. Finalement, après un nouveau regard, ils partent, l’air clairement désorientés. Ouf. Et ce n’est qu’après les avoir entendu partir que je pousse un ouf sonore de soulagement. Bon sang, j’ai besoin d’un remontant, un whisky corellien fera l’affaire ! Je m’en verse une solide rasade, le temps d’avoir l’autorisation de décoller. C’était juste. Trop juste. Je déteste ça. Va peut-être falloir que je sorte mon jedi de sa niche, tiens … D’abord, je finis mon verre. Mes verres. Ma bouteille, quoi. Et voilà, je suis requinqué … Sans être bourré, merci mes deux foies.

« La voie est libre ! »

Je braille, avant de m’installer aux commandes et de mettre le turbo. On file !
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Bon, ok, ce n’était pas une bonne idée. Elle avait en bonne partie foirée, mais l’intention était bonne, tout de même ! J’avais mis Darel dans un sacré pétrin en m’imposant à son bord, et il était légitime que je tente quelque chose pour le sauver des Hapiens. Sauf que… bah… ça n’a pas trop fonctionné. Je pensais pourtant avoir suffisamment appris de la Force pour comprendre comment m’en servir pour leurrer leurs esprits à l’aide de la persuasion. Je m’étais dis, également, que les phéromones dans l’air allaient me faciliter la tâche. Sauf que j’avais oublié plusieurs détails assez importants : premièrement, c’est lorsque l’on pense avoir compris la Force que l’on réalise que l’on ne sait rien d’elle. Et deuxièmement, j’étais sans doute tout autant qu’eux sous l’influence des phéromones du Zeltron. De fait, c’était un peu comme tenté de faire un saut en vitesse-lumière sans hyperdrive : on se vautre totalement. Ou presque. Certes, la cheffe a l’air sure d’elle-même et a déjà la main sur le holster de son blaster, visiblement indifférente tant aux suggestions de mon Zeltron qu’aux miennes. Mais le tableau n’était pas totalement noir, car honnêtement, je percevais tout de même les esprits des deux gugusses encerclant Darel comme deux pauvres mélasses sans volonté propre.

De fait, remonté comme un ressort, je m’apprêtais à bondir en direction de la Hapienne pour la désarmer avant qu’il ne soit trop tard, ma dextre enserrant mon sabre-las… mes yeux s’écarquillèrent soudainement à la vue de l’objet maintenu fermement dans ma main. Je ne pouvais plus bouger, comme figé dans le temps et l’espace alors que toutes sortes d’idées venaient assaillir mon esprit. Et c’était sans oublier du vague souvenir que la vue de ce… truc m’évoquais : Impératrice Téta, Cinnagar, Velvet, la pièce cachée sous la piscine de la salle 10, ses objets suspendus sur les étagères, sur les murs, ...

Un bruit sourd me fit reprendre mes esprits, ainsi que ma contenance. Lâchant l’objet sur le sol, j’avisais la cheffe allongée en partie sur le sol, le reste contre le mur. Deux nouveaux bruissements, suivit d’un court vacarme, et je découvrais les deux gardes à leur tour inconscients sur le sol. Mon regard se leva brièvement vers Darel, indemne. Un léger sourire de soulagement glissa entre mes lèvres, alors que je me détournais pour me porter au niveau de la Hapienne, pour vérifier que le choc n’avait pas été trop violent pour elle.

Dans mon dos, j’entendis le Zeltron s’adresser à moi en quittant la salle, brusquement, sans la moindre attention. Mon ventre se noua, et je me retournais pour tenter de l’intercepter, en vain :

« Je suis désolé Darel ! Je… Bhesj !» Je soupirais, réprimant la soudaine vague d’émotion qui cherchait à me renverser, me submerger.

En tant que Jedi, ce genre de ressentis devaient être ignorés, mais néanmoins compris.

« … je n’aurais pas dû t’embarquer dans cette histoire. » finis-je, pour moi-même, avant de me relever.

J’avisais les deux gardes allongés sur le sol, et je décidais de m’occuper d’abord de leur cheffe. Attrapant ses bras, je venais la tirer avec moi en dehors de la pièce, faisant usage de la Force pour affaiblir la tension et la fatigue que générait pareil mouvement. Je la menais vers le poste de pilotage sans prendre le temps de l’installer dans un fauteuil. Au fond du vaisseau, j’entendais Darel qui trafiquait je ne sais quoi, je ne sais pourquoi. De toute manière, je ne souhaitais pas vraiment le déranger, pas après ce qu’il s’était passé et le fait que je nous avais tout les deux mis en danger. Je réitérais donc mon périple à deux reprises, déposant aux côtés de la Hapienne ses deux gardes du corps. Puis, je laissais mon Zeltron s’occuper de leur cas, regardant avec attention ce qu’il faisait, sans trop comprendre ce qu’il attendait des produits qu’il venait de leur injecter.

Mais Darel ne tarda pas, sans hésiter, à expliquer ce qu’il en était. J’acquiesçais doucement du chef, attentif, plissant le regard lorsqu’il évoqua subtilement la raison de la fabrication d’un pareil produit.

« Hum hum. Je vois. »

L’aidant à positionner nos trois invités dans les fauteuils, je finissais par m’éclipser, affirmant à Darel que je ne ferais pas de vague, pour finalement échouer dans la soute du vaisseau. Je refermais la porte derrière moi, et j’allais me placer derrière plusieurs caisses. Enfin, seulement, je me drapais dans la Force pour m’y masquer.

Je ne sais pas combien de temps j’ai dû attendre dans cette soute, à me remémorer ce qu’il venait de se passer, à comprendre comment la situation avait pu déraper, et pourquoi je ne parvenais pas à sortir ce Zeltron de mon esprit. Je m’étais déjà purgé de ses phéromones, mais je ne pourrais pas me séparer des images qu’il m’a projeté, et que j’ai pu lire à la frontière de son esprit. Je ne pourrais pas effacer mes sensations et le désir. Tout comme je ne pourrais pas oublier ce que j’ai vu vécu sur Impératrice Teta, ou bien plus anciennement sur l’Atramentar ou Naboo.

J’entendis le bruit des pas des Hapiens qui s’étaient finalement réveillés. Avec la Force, je sondais mon environnement et je comprenais qu’ils se dirigeaient vers la sortie. Darel avait donc raison, au sujet de l’efficacité de son produit, et de son plan. Il les avait entourloupés plus efficacement que moi j’avais pu le faire avec la Force. Le Zeltron avait de la ressource, et ça me plaisait beaucoup.

Je l’entendais finalement brailler à mon attention, signe que je pouvais enfin sortir. Je laissais tomber le voile de Force, enjambant une des caisses pour m’extirper au dehors de la salle de stockage. Je remontais le couloir lentement, m’arrêtant une seconde dans l’embrasure de sa chambre, avant de finalement reprendre ma route vers le poste de pilotage. Au moment d’y parvenir, je ressentais l’accélération précédant notre saut en vitesse-lumière, et en passant la porte, le flot bleuté de l’hyperespace.

En entrant, je reniflais l’air, secouant doucement la tête en constatant le verre et la bouteille posé sur le recoin du tableau de bord. Etait-ce bien nécessaire de faire passer sa frustration, ou bien son stress, de cette façon ? Enfin… je peux comprendre, on n’est pas passé loin de la catastrophe… Encore que… J’avais bien accepté de fumer alors que ce n’était clairement pas dans mes habitudes.

Mais bref… Je finissais par me laisser couler dans un des fauteuils :

« Darel, je… je suis navré. J’ai sentis que la situation se complexifiait, je voulais t’aider, mais j’ai surestimé mes capacités. Je n’aurais pas dû. Je crois que tes phéromones… que ça a pu me perturber, m’empêcher d’agir correctement. » commençais-je, simplement, le regard planté dans l’hyperespace.

Je me sentais pleinement responsable. Sans moi, tout ceci ne serait jamais arrivé. Il n’aurait jamais eu de problèmes. Si je n’étais pas parvenu à utiliser la Force correctement, c’était à cause du choc récemment causé par les phéromones, qui m’avait empêché de me concentrer correctement. Quel choc, d’ailleurs ! Je n’avais jamais ressenti pareil chose, quand bien même j’y avais déjà été confronté à plusieurs reprises.

« Tes phéromones… J’ai déjà vécu ça, une fois. Mais c’était différent. Sur Impératrice Teta, on m’avait contraint… Je sais que c’était forcé, que je n’avais le choix, peu importe ce que j’y ai ressenti. Mais là… »

Je cherchais mes mots. Ils ne venaient pas, tant je n’arrivais pas à décrire correctement ce que j’avais vécu, ce que j’avais pleinement ressenti.

« Là, c’était différent. C’était extraordinaire ; Exceptionnel. Je ne me suis jamais senti... comment dire… Enfin tu m’as compris….»

Je rougissais à nouveau, n’osant pas lui dire que ce qui c’était passé tout à l’heure avec lui était réellement ma première fois. Enfin presque. Nous avions été interrompus. J’avais déjà vécu un moment avec Alys, mais ça n’avait strictement rien à voir, et ce pour des raisons assez évidentes, d’ailleurs…

Je cherchais à contenir ma gêne, qu’il n’aurait aucun mal à interpréter vu comme je bougeais dans mon siège sans en avoir pleinement conscience. Je devais faire quelque chose. Je devais changer de sujet, où bien j’allais continuer de passer pour un imbécile, inculte et… euh… vous m’avez compris !

« Ta commande, c’est pour de vrai ? C’n’est pas pour ta consommation perso’ ? »

Pitié, étranglez-moi. Il fallait que je change de sujet, et voilà que je mettais les pieds dans un nouveau extrêmement glissant. En fin de compte, parler des phéromones et de mon inexpérience était peut-être préférable…

Bon, allez, Darel, par la Force, dis-moi que tu vas bien le prendre, que c’était juste une question, et pas un jugement.

Quoi que, quand même, si.

« Ce n’est pas une critique, hein… »


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« C’est ça. Et moi j’suis cardinal-archevêque du Pius Dea. »

Non bien sûr, c’est pas critique, Joclad, c’est juste une observation tout à fait innocente, de sous-entendre avec un ton à moitié dégoûté que je me came comme un fou avec une horreur pareille. Prends-moi pour un con, j’te dirais rien. A vrai dire, j’m’en fous complètement. Il pense sans doute pas à mal, et ce que je fais de mon corps et à mon corps n’a jamais regardé que moi. On va pas se mentir : je voulais le baiser tout à l’heure, pas en faire mon conseiller en désintoxication. Surtout que des pensées pas très amènes à propos de ce qu’il est et de sa vie, j’en ai un paquet à sortir, et j’ai pas honte de les penser. En plus, il a même pas complètement tort. Oui, je me drogue. Oui, pendant longtemps, j’ai consommé des merdes comme ça. Enfin non, pas comme ça, sinon je serais pas en train de déblatérer posément, arrivé à mes trente piges. Mais je sais que la prise de toutes ces saloperies a altéré mon apparence, mes réflexes, et que je ne pourrais pas rattraper mes idioties de jeunesse. Pis, je les continue, quoique sous une forme nettement moins nocive. Alors, on va pas s’fouetter les sangs pour ça.

« Je prendrais jamais une saleté comme ça. Consommer cette merde, c’est finir à la morgue dans les trois mois. L’effet est bien trop nocif, c’est l’équivalent de plusieurs bâtons de mort sans les effets agréables.

Si je prends un truc, je le dis. »


Qu’on soit bien d’accord. C’est ni un truc dont je suis fier, ni quelque chose dont j’ai honte. C’est ce que c’est, et si ça plaît pas, tant pis. Je m’en moque comme de ma première capote. J’ai beaucoup de défauts, trop sans doute, mais au moins, je suis un gars honnête. Enfin … euh … Bon, ça dépend du contexte, on va dire que sur mes petites avanies personnelles, j’ai jamais rien caché, à moins que ma vie en dépende. J’ai trop de bouteille pour me soucier de ce que pensent les autres, je crois, pour croire que ce la façon dont ils me jugent changera parce que j’ai dit le bon mot. A un mot, faut assumer ce qu’on est. Et ce que je suis, c’est moche. Autant se le dire. J’en ai conscience. Je le dis souvent, même, qu’il faut pas me faire confiance, sauf en affaires, que je suis une raclure, un pourri, un type qui couche et qui s’en va le matin, qui aime trop la boisson et la fesse. Je fais partie de ceux qui voient tout en noir, parce qu’ainsi, ils savent qu’ils ne sont pas déçus. Qui annoncent la couleur pour ne pas se reprocher d’avoir trompé une confiance qui a elle-même été brisée par le passé. Je suis ce que je suis. Je suis fait comme ça. Que voulez-vous de plus, que voulez-vous de moi, dirait le poète.

« Je bois. Je fume. Je baise. J’suis camé, un peu alcoolo, et aussi fidèle que le premier politicien venu. C’est la vérité. Tu peux critiquer et en penser ce que tu veux. Je dirais pas le contraire, j’en vois pas l’intérêt.

Y a des moments, faut arrêter de se voiler la face et de s’inventer des excuses. J’ai passé l’âge. C’pas pour ça que j’suis prêt à me suicider en sniffant n’importe quoi. »


A prendre ou à laisser. C’est dit. On pourra pas dire que je l’ai pas prévenu, que j’ai pas dit qui j’étais. Faut croire que l’alcool me délie la langue plus largement que je ne l’aurais pensé. Bah, au moins, il y aura plus de faux-semblants. S’il veut de moi, c’est de toute façon selon mes termes. Et ils ont pas changé depuis dix ans. Mais qu’il arrête de s’excuser dès qu’il dit quelque chose. Je suis pas une pucelle effarouchée ou un sénateur piaillant à la moindre contrariété. Mes conneries, je les assume, je les porte en étendard. Et surtout, je déteste qu’on essaye de rattraper ce qu’on pense vraiment. J’aime qu’on dise les choses. C’est trop rare dans les milieux que je fréquente.

« Dis ce que tu as à dire sans t’excuser. Tu le penses, tu le dis. La règle sur ce vaisseau. Et si ça me plaît pas, je te le dirais.

Mais je déteste quand on essaye d’atténuer la vérité. Ca sert à rien. On est adulte, on doit pouvoir encaisser la vérité sur soi ou les autres. »


C’était ma philosophie de vie, et j’en démordrais pas. Je me ressers un verre, car maintenant que les choses sont posées, autant passer au reste de la conversation. J’aime bien juste … partir de bonnes bases. Quoique le sexe était sacrément une bonne base, mais un peu directe quand on y pense. En même temps, fallait me repousser aussi … Comment j’pouvais savoir qu’apparemment, les phéromones, c’était pas son truc ? Je sais pas, je suis zeltron, ça se voit que ça va sortir à un moment non ? Je peux pas faire autrement, dans ce genre de moment, c’est biologique. M’enfin, j’vais tenter de lui expliquer la différence entre … bah …

« Prendre son pied versus un viol psychique. Y a pas à chercher plus loin. On peut exciter faussement une personne, à un moment, sa conscience reprendra forcément le dessus. J'veux dire, on peut exciter un cheval avec ses trucs, introduire tout un tas de désirs, même pas forcément voulus ... J'sais pas ce qui t'es arrivé mais ... C'est juste moche, c'est tout.

C’pour ça que j’me sers jamais des phéromones pour draguer. Ca gâche le plaisir de savoir que l’autre est pas vraiment dedans. Honnêtement, je pigerais jamais ce que ça peut apporter de le faire … Le principe d’une relation saine et d’une bonne baise, c’est d’être deux à en avoir envie en même temps et spontanément.»


Avec un clin d’œil, j’ajoute, vulgaire volontairement :

« Ou plusieurs hein, j’suis pas restrictif. »

Avant de dire gentiment, mais avec une pointe de reproche :

« Fallait me le dire. J’aurais été … plus prévenant. Réveiller les traumas, c’est pas vraiment une bonne idée. J’comprends que ça t’aie perturbé. C’est normal. »

Avec un grand sourire, je conclus, amusé :

« Mais je retiens que je suis exceptionnel. Flatter mon ego, c’est pas une mauvaise chose tu sais. Rien de mieux que se dire qu’on est le meilleur coup de la liste, pas vrai ? »

On va pas se mentir : j’adore quand on me sort des trucs comme ça, tout de go. Eh, vous aussi, vous aimeriez qu’on vous dise que vous êtes extraordinaire. Enfin, vos phéromones. Ouais, bon vous, on résume. C’est marrant, parce que c’est rare de dire ça à quelqu’un, surtout un demi-coup qui a même pas pu finir. Et d’avoir l’air aussi … Aussi … Comme un puceau qui avoue à sa copine qu’il a envie de …

OH NOM D’UN BANTHA DE … !

« Bhesj ! Merde ! Oh mais quel con … ! »

Voilà, je l’ai dit. Mais sérieusement, il est quand même pas … ?

« … Sérieusement, réponds-moi sérieusement … »

J’inspire profondément :

« Tu me dis ça parce que je suis le meilleur de la liste … Ou parce que la liste … c’est moi ? »
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Anonymous


« Darel… »

Je soupire et détourne le regard, me maudissant intérieurement pour avoir été incapable, comme bien souvent, de tenir ma langue ou de trouver une formule plus adaptée. Du coup, le voilà qui me fait la morale et me confirme de A à Z tout ce qui m’étais apparu comme une évidence que j’avais espéré tronquée, fausse, infondée. Je me mords la lèvre inférieure pour ne pas l’interpeller, le stopper. Et lorsque je tente enfin d’en placer une, il ne m’en laisse pas l’opportunité.

Sincèrement, qu’il puisse boire beaucoup, je m’en moque. Des cours m’ont été dispensés sur l’anatomie de la plupart des espèces, et je sais que les Zeltrons sont suffisamment bien équipés pour ne pas s’en inquiéter. Et moi non plus, de fait. Qu’il aime le sexe, ça, ce n’est pas une surprise. De part ses origines, d’abord, puis par la trop courte expérience que j’avais eu avec lui.
Mais le reste vient me frapper à la manière d’un vent solaire secouant un transport interstellaire : qu’il soit aussi fidèle qu’un politicien sur ses promesses pouvait encore passer, car c’est compréhensible. Mais qu’il puisse se droguer, alors qu’il se dit « médecin », ça, je ne comprends pas. Je n’accepte pas, même.

Alors certes une soudaine curiosité pour la chose vient de surgir en moi. Un besoin d’essayer, de découvrir sans adhérer. Mais voilà, justement. Adhérer n’est pas acceptable pour moi. Et lui ? Bah je ne sais pas. Je ne peux pas lui dicter sa conduite. Il est libre. Mais tout de même. Non, je ne peux pas.

Je me sens désormais mal, alors qu’il me fait la morale sur ce qui doit être dit ou pas dit, sur le besoin de franchise et non de faux-semblants. J’ai l’impression d’être revenu au deuxième stade de ma formation, lorsque l’on me demandait justement de mettre de côté cette franchise trop exacerbée, et donc d’agir à l’inverse de ce que le Zeltron me raconte.

Je soupire, conscient que nous partageons le même point de vue sur la question, et je profite de l’accalmie soudaine pour prendre la parole et exposer ma vision du sujet. Et donc, de prendre la main sur la discussion, enfin.

« La plupart des gens refusent de voir la vérité en face, justement. On est obligé de l’atténuer, sans pour autant la leur cacher. C’est une habitude prise avec le temps…

Même si je suis extrêmement mauvais sur cette question. »


Nouveau soupir, frustré de ne pas être parvenu à corriger ce problème qui me hante depuis tant d’années. Qu’il puisse remettre en doute ma sincérité m’agace, me révolte. Je ne peux accepter ce genre de sous-entendus, et ce malgré sa franchise.

« Je suis quelqu’un de franc moi-aussi, voilà, c’est tout. Quand j’essaye d’enrober la pilule, ça foire ! »

J’inspire, j’expire. On est sur la même longueur d’ondes, certes, mais je ne peux pas mettre de côté des enseignements qui me tendent à agir à l’inverse, surtout lorsque je ne connais la personne en face de moi que depuis quelques heures. Bon, certes nous avons… enfin… vous voyez très bien de quoi je parle, mais ce n’étais pas une raison suffisante. Pas encore en tout cas.

Néanmoins, j’appréciais sa position quand à l’utilisation des phéromones, et sa critique de ceux qui les avaient utilisé sur ma personne était partagée. Pour autant, j’accueillais sa conclusion avec une certaine froideur. Non, ce qui m’était arrivé n’était pas moche. C’était humiliant.

« Je sais, merci, je m’en suis rendu compte après coup ! »

Nouveau soupir, cette fois-ci pour réellement faire retomber la pression qui risquait de faire sauter un couvercle qui n’avait pas volé depuis bien longtemps. Depuis que Léonard m’avait prit comme Padawan, en fait. Et de rétorquer à la volée à son sous entendu parfaitement vulgaire, pour ne pas dire un peu… pervers ?

« Heu… A deux c’est déjà bien, hein. »

Hé, il faut y aller doucement avec moi. Je ne tiens pas à claquer à cause de ça. Déjà, je ne comprends pas comment on peut partager ce genre de choses. Ce n’est pas sensé être intime ? Bon, ok, je n'y connais rien. Mais tout de même !

Enfin bref, au moins apprécie-t-il ma flatterie parfaitement légitime et sincère. Encore qu’il ne semblait pas trop y croire…

« Je ne te l’aurais pas dit si ce n’était pas vrai, Darel ! A force de se contrôler constamment, pendant des années, on finit par s’aveugler, à se détacher de la réalité. Même si c’était bref, ça m’a fait du bien. Ça m’a délié. Ça m’a éclairé. J’a besoin de ne plus contrôler pour ne pas oublier. »

Voilà une chose qui venait du fond du cœur, et sa soudaine réaction pleine de jurons t d’insultes que je comprenais plus que bien signifiait qu’il venait enfin de comprendre mon problème. Oui, je n’avais aucune expérience, oui, je n’étais rien d’autre qu’un puceau. Enfin, presque.

C’est en rougissant quelque peu que je trouvais l’angle de réponse adéquat :

« Ça dépend… Tu en connais beaucoup des Jedi qui font ce genre de choses ? »

Moi, je n’en connais que très peu. Après, je ne connais pas tout les Jedi non plus. Nous ne nous retrouvons pas tous au Temple pour faire un barbecue entres copains.

« C’est plutôt tabou. Déconseillé mais pas interdit. Alors oui, je n’ai pas de listes. Et oui, je n’y connais foutrement rien ! »

Il s’attendait à quoi ? Que je cois un cheval de course ? Bah désolé Darel, ce n’est pas le cas. Alors tu peux balancer autant de jurons que tu veux, ça n’y changera rien. J’ai flashé sur lui, et j’ai été incapable de me contenir, de le repousser. Parce que j’avais envie. Et s’il n’est pas content, qu’il préfère me déposer sur la première planète pour retourner forniquer, qu’il y aille !

Je me lève soudainement, signe de mon agacement, et commence à faire les cents pas, l’espace de quelques secondes, avant de me fixer à nouveau. Oh, petchuk ! Il veut tout savoir ? Comprendre d’où ça vient ? Il va être servi. A chacun ses affaires, autant les partager !

« Tu voulais savoir ce qu’il s’est passé sur Téta ? Et bien voilà, tu vas savoir ! »

Je ne lui laisse pas le temps de rétorquer, ou d’objecter.

« On m’a drogué alors que j’étais en mission, avant de m’enfermer dans un complexe. On m’a injecté un produit, un truc qui réveillait des pulsions jusque là insoupçonnées, ou tut. Quand j’me suis réveillé, j’n’avais aucun souvenir de ce qui s’était passé. Rien du tout. Le blanc complet. J’étais nu. Totalement nu. »

J’en ai des frissons rien qu’à l’idée d’y repenser et mon regard se fixe sur tout sauf le Zeltron. Je ne veux pas me confronter à son regard, son attitude face à ces révélations. Je ne le ferait seulement lorsque l’explication sera close.

« J’ai exploré les lieux, pour découvrir d’autres personnes qui, pour la plupart, ne pensaient qu’à faire ce que nous avons fait tout les deux. Et puis les pulsions sont apparues. Des envies soudaines. Mon besoin de m’habiller s’est fait sentir, et j’ai pris les seules choses disponibles. Le genre lingerie féminine, si tu vois où je veux en venir… Puis il y a eu ces deux types, des faux, des acteurs. Pleins de phéromones. J’ai été emporté dans une tourmente. J’ai ressenti la passion, le besoin.

Si je n’avais pas pu compter sur quelqu’un d’autre, peut-être y serais-je encore. Ce truc, c’était tenu par l’Échange. Une sorte de show de télé-réalité, ou un truc du genre. On l’a démantelé, mais j’y ai vécu des choses… tout aussi intenses qu’horrible. Le désir comme la peur. Pourtant, ça a réveillé une forme de besoin chez moi, en plus de me confronter à une certaine réalité… »


Mon regard se fixe enfin sur lui, billes noisette qui ne quittent pas leur proie. Ma contrariété pointe dans ma voix, alors que je viens de lui révéler, sans réellement y réfléchir, de façon franche, une affaire bien fâcheuse dans laquelle j’aurais préféré ne jamais être impliqué.

« Maintenant tu peux te foutre de ma gueule si tu veux, j’t’en voudrais pas. Enfin si, peut-être. Si je n’en ai jamais parlé à personne avant, c’est bien pour une raison. J’étais ridicule, humilié, et pourtant j’ai presque eu l’impression d’avoir, un peu, aimé ça. »

Sérieusement, il peut le faire. C’est légitime. Je viens tout de même de lui affirmer que j’avais passé une journée à courir en talons, lingerie et froufrous sous l’œil des caméras d’un complexe de l’Échange, pas les types les plus honnêtes, réglos et bien pensants du coin. Bon, certes, les vidéos n’avaient pas pu être rendus publiques puisque Velvet et moi avions détruit les sauvegardes. Au pire, peut-être une bande avait-elle pu survivre et être diffusée sur un réseau si peu connu ou utilisé qu’elle était sans doute passée inaperçue.

Mais voilà, je lui ai balancé la chose, avec agacement. Je suis quelque peu remonté, et j’ai besoin de faire couler de l’eau sous les ponts pour mettre ces souvenirs de côté. Je me pose contre le mur, mon dos se collant à la froideur du métal et mon regard de perd vers le plafond.

« Bon. J’ai besoin de me changer les idées. »


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