Le jour se levait à peine sur Korriban, mais de nombreuses personnes étaient déjà hors du lit. C'était le cas de Hakk Vyshtal. Depuis quelques jours, elle dormait très mal, les rêves qu'elle faisait dans son sommeil lui rendaient toute idée de repos difficile. Des visions très vagues, mais il lui semblait qu'elles annonçaient un grand péril pour l'Ordre. Restait à savoir ce que cela était. Peut-être de simples cauchemars. Pourtant, elle avait l'habitude de ne dormir que d'un œil.
Se frottant les yeux, Hakk s'étira et enfila sa tunique sans la fermer, encore un peu vaseuse et à moitié nue, elle observa sa peau tatouée dans le miroir. Sa tenue d'entraînement ne tarderait pas à la couvrir. Elle se dirigea vers son bureau pour réfléchir au calme pendant qu'elle se préparait un encas. A savoir un café et de la viande. Aujourd'hui, elle n'était pas en mission, elle pourrait donc récupérer un peu de sa fatigue et préparer ses futures opérations. Elle avait cependant décidé de mettre cette journée à profit pour s'entrainer.

Hakk termina d'enfiler sa tunique et accrocha son sabre à sa ceinture. Elle laissa sa bure de côté, elle n'en aurait pas besoin pour s'entrainer. Elle acheva sa préparation en nouant ses longues nattes en un chignon, puis elle sortit de ses appartements. Elle n'oublia pas son holocommunicateur, dans l'éventualité où le Seigneur Malevolus ait besoin de la contacter. Darth Caerys, elle, était en mission, les deux femmes ne pourraient donc pas s'entrainer l'une avec l'autre. Aussi s'était-elle résolue de le faire seule. Sans doute lancerait-elle une simulation avec droïdes, ou réviserait-elle ses katas. Ou bien trouverait-elle la salle occupée, quand bien même il y en avait un nombre incalculable. Capuche baissée sur le visage, la zabrak déambula quelques minutes, saluant çà et là ceux qu'elle rencontrait. Malgré l'heure matinale, les lieux étaient déjà en pleine activité, entre ceux qui partaient, ceux qui revenaient, et ceux qui vaquaient à leurs occupations habituelles.
Certains l'évitaient, d'autres l'ignoraient. C'était l'un des avantages de travailler sous les ordres de Malevolus. Asmenys n'était qu'une Sith parmi tant d'autres, à leurs yeux. Du reste, personne ou presque ne savait à qui elle prêtait allégeance. Pour la plupart, elle n'était qu'une petite silhouette assez fluette, une ombre parmi les autres...

Par chance, la première salle dans laquelle elle entra se révéla être libre. Cela dit, les cours habituels n'avaient pas encore commencé, non plus. A voir si sa tranquillité allait être perturbée par la suite. Pour s'échauffer, Darth Asmenys décida d'effectuer des passes d'armes, choisissant un zabohka dans l'arsenal de la salle.
Elle retira sa tunique, révélant un haut noir sans manches, mais conserva ses gants noirs. La zabrak commença à faire tournoyer les deux lames de son arme, entament ce qui pouvait presque s'apparenter à une danse. Mais une danse mortelle, le visage de Hakk affichait une concentration extrême. La moindre erreur pouvait lui octroyer une nouvelle cicatrice. Voire pire.

Rouge et noir. Un air concentré. Un jeu de lames mortelles.

Le cliché du vilain Sith doué qui s'entraîne quoi. Ahlala, il n'y en avait jamais un pour sourire ici ? Naël haussa les épaules, il avait depuis longtemps relégué son désir de rencontrer un collègue sympa au rang de l'utopie. De ce fait, sous son aspect décontracté, il demeurait prudent en toquant à la porte, trois petits coups vifs avant de s'appuyer sur cette dernière ouverte, les pattes et les bras croisés. Un air mutin posté sur ses babines.

- Joli joli.

Apprécia le maître d'armes qui avait quelque peu délaissé son entraînement avec deux sabres-lasers depuis son combat "amical" contre Eerhia, l'apprentie déchue d'Ynnitach. Il avait travaillé son corps -et désespéramment tenté de gagner un peu de fesses, mais planche à pain un jour, planche à pain toujours.- en reculant le moment de passer à un niveau supérieur avec deux armes. Pour l'instant, le félin en était encore au rang de "Moustaches Grillées" et "Sortez les pansements", voir cet entraînement achevait de lui raviver la mémoire ainsi que l'envie de reprendre cet exercice. C'était toujours beau de voir un professionnel de la sorte agir, ça paraissait tellement simple.

- Naël enchanté !

Et pour ne pas changer, la mystérieuse fille le jaugerait certainement de bas en haut, reluquant son jean et son tee-shirt où scintillait fièrement un "J'veux pas que Lundi revienne" avec une tête de chat pas contente. Elle remontrait ensuite vers son visage mince encadré par une cascade fournie de cheveux roux accrochés en queue de cheval par un chouchou rose. Ouais, comme d'hab, sûrement. Les Siths étaient tous des coincés, c'était assumé, mais qu'on ne compte pas sur le maître d'armes de l'Académie pour modifier son comportement et se couler dans le moule. Très à l'aise quoique respectueux puisqu'il ne s'approcha pas plus, le jeune Sith entama la conversation.

- Où avez-vous appris, les deux sabres-lasers j'veux dire. Nous pourrions faire genre... Un échange de connaissances. Vous savez comme ces bars où se retrouvent les étudiants étrangers, l'un parle en basic et l'autre en Tartufois ou je ne sais quoi... Et comme ça ils apprennent ensemble dans la bonne humeur.

Les mains jointes, le regard scintillant, Naël attendit la réponse de ce qui devait être, à l'aura, une guerrière. Lui-même était une figure assez connue ici en tant que maître d'armes. Au début Ynnitach lui avait donné ce rang pour l'attacher et le surveiller, mais il avait tenu bon, ingénieux, agile et doté d'un bon taux de midichloriens. Cela dit, le félin n'était hélas pas aussi célèbre qu'Odium, il était possible que l'inconnue le prenne juste pour une apprentie midinette inutile. Bah, il devrait alors lui prouver le contraire car recommencer à utiliser deux sabres le tentait réellement.

- Ahhh les clichés! Maître d'armes ça veut pas dire dico à sabre sur pattes!

Confessa Naël sans complexe, contrairement aux autres Siths, disons la majorité, le félin avouait ses faiblesses. C'était à double-tranchant, aussi bon que mauvais que les autres le sous-estiment.

- En plus j'aime pas m'éparpiller. Je préfère me spécialiser, bien apprendre dans un domaine avant de tenter un autre.

Ouais qui l'eut cru, le gosse des rues, élève appliqué et probablement plus que lui-même ne le croyait. Tout comme il avait appris à lire seul avec des bouquins de maternelle vraiment mièvres, le félidé avait engrangé des connaissances, d'abord de façon chaotique avant que l'expérience ne lui enseigne à se concentrer d'avantage. Avec sa tendance à papillonner, Naël devait se faire une raison.

- On va pas se blesser stupidement, hein. J'pense que les lames d'apprentissage réglées au minimum suffiront, comme ça reste réaliste, question poids et sensations.

Proposa le jeune Sith en passant sous silence l'évidence. Les brûlures légères seraient des marques de rappel efficaces, pour ne pas s'endormir et ce serait facile de voir qui avait touché qui et ou. Visant avec la Force une armoire qui se trouvait dans le fond. Les tiroirs s'ouvrirent, presque tendrement, la preuve subtile que la douceur n'était pas un sacrilège, même ici. C'était au contraire le signe d'une fine intelligence que Naël comptait bien utiliser avec Asmenys, car femme ou pas, elle semblait plus solide que lui. Depuis le temps, le félin avait appris à ne plus se sentir vexé.

- Honneur aux dames. Choisissez


Le Cathar lança les sabres d'entraînement à sa collègue, puis alluma les siens. D'abord une lame,
par habitude, puis la seconde. Il pris le temps de bien visualiser les objets en général, son regard d'émeraude glissant dessus. Le guerrier bougea ses pieds, de façon minime, aussi souvent que nécessaire afin de se positionner correctement. Si Naël n'avait pas de prédilection pour le sabre-laser au tout début, il avait été forcé de s'y mettre quand Ynnitach l'avait nommé Maître d'armes.
Il avait pensé qu'elle le faisait pour le surveiller, ou pour qu'il se fasse tuer au choix. D'abord déçu de quitter sa petite vie tranquille, le Sith s'était obligé à améliorer ses techniques avec l'épée de lumière, pour survivre, puis par goût. Son corps était fait pour cela, bien sûr après avoir trouvé le créneau poids léger, voir poids plume. Il devait tout au sabre-laser, ce "tout" du peu qu'il avait et dont il se satisfaisait.

Dans ces moments d'attention, dès lors, le guerrier perdait son petit sourire que certains assimilaient à un geste niais, pour devenir sérieux, soigneux. Après un temps que les moins patients qualifieraient d'interminable, Naël leva la tête et retrouva son sourire, aimable et amusé.

- Je suis prêt.

Que ce soit pour les katas ou pour le duel, évidemment. Pour le jeune métisse, peu importait, il appréciait simplement manier le sabre-laser même si les deux lames lui semblaient moins intimes. Enfin ce devait être le manque d'habitude.