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« Il était une fois un homme qui rêvait d’un monde meilleur. Cet homme était prêt à tout pour changer le cours de la Galaxie, pour offrir un salaire au plus pauvre, au plus miséreux des conditions de vie décentes. Il devait cependant s’opposer aux bureaucrates les plus impitoyables, à tout un système prévu pour privilégier les riches aux dépens du peuple. Tout au long de sa vie, sur sa propre planète, il lutta. On essaya même d’attenter à ces jours, mais sa volonté était telle qu’il survécut, certes non sans blessures : il dut garder de terribles cicatrices pour le restant de son existence. Mais le combat en valait la peine. Grâce à un programme politique complet, il parvint à restaurer la situation économique de son monde : ainsi l’emploi revint, les richesses furent redistribuées, des villes nouvelles virent le jour et accueillirent les habitants dans des conditions de vie agréables. Il ne lui restait plus désormais qu’à étendre son idéal au-delà, et cet idéal se résumait à cette simple formule : Ordre, Paix, Harmonie. Cet homme, citoyens d’Aargau, c’est moi. Et pour que je puisse faire valoir mon rêve, notre rêve à tous, il ne vous reste plus qu’à faire parler les urnes : réélisez-moi sénateur ! »
 
Des ovations. Une foule en délire. Le bruit de leurs acclamations grandit, grandit encore, devient un bourdonnement. Il emplit mes oreilles, me bouche la vue. Et ma tête explose. Mon corps s’effondre au milieu de mes électeurs, entouré de morceaux de cerveau, de fragments de crane explosé. Mais eux, ils continuent de m’acclamer, hystériques, font un cercle et se mettent à danser autour de mon cadavre, à le fouler, à le piétiner…
 
Je me réveille brusquement. Ma tête… Elle me fait toujours aussi mal, c’est insupportable. Il me faut un petit temps pour me resituer. Nal Hutta, oui. C’est là que les Ombres Jedis m’ont débarqué. J’ai dormi plusieurs jours dans ce motel miteux, jusqu’à ce que le patron m’en vire. Et maintenant, je passe mes nuits dehors, comme un clochard, pour m’épargner un peu d’argent et pouvoir dépenser ce qui me reste en alcool. Pour oublier.
 
Je repense à ce cauchemar. C’était plus ou moins le discours que j’avais prononcé pour ma campagne de réélection au titre de sénateur. « Il était une fois un homme qui rêvait d’un monde meilleur… » Ah-ah ! Tu parles ! Le voilà, ton monde meilleur : une Galaxie au bord de la guerre, dans laquelle tu n’as toi-même servi qu’à causer une crise supplémentaire. Tout ça, c’est des conneries. Tout ce qu’il reste, maintenant, c’est l’alcool… et les migraines.
 
Derrière moi, j’entends le comptoir du bar s’ouvrir. Je me masse les tempes. Le patron, un Aqualish plus sympathique que ceux de son espèce, ouvre la porte. Il me regarde d’un air que j’imagine amusé :
 
« Eh ben, Jon ! T’es quand même pas resté là comme un con toute la nuit, si ? »
 
J’essaie de me relever péniblement.
 
« Pourquoi ? Ça te gène, que ton mur serve de dortoir pour clochards ? »
 
Si l’on m’avait dit un jour que l’homme qui rêvait d’un monde meilleur en finirait là, à tenir un langage pareil, sans plus se soucier de quelconques règles de bienséance…
 
« Oh, du calme. J’rigolais juste… »
 
Je grogne et rentre dans l’échoppe, m’assois sur l’un des tabourets qui font face au bar. A cette heure matinale, il n’y a encore aucun client. Je suis le premier, et je serai probablement le dernier, à claquer tout mon fric dans de l’alcool, pour oublier. Et quand je n’aurai plus d’argent… Je ne sais pas… On verra.
 
« Toujours ces saloperies d’migraine, Jon ? »
 
J’acquiesce silencieusement. Il me sert un brandy de son cru, un truc affreusement fort qui me permet de sombrer assez vite dans l’ivresse.
 
« Il faudrait qu’tu m’dises un jour d’où tu tiens ça. Un visage pareil, c’est de la chirurgie, non ? »
 
« A ton avis ? »
 
« Et j’dirais même : d’la chirurgie toute fraîche. Tu débarques comme ça sur Nal Hutta. Personne sait d’où tu sors. Tu peux garder tes p’tits secrets pour toi, mais j’suis certain que toi, t’as un long passé à faire oublier, pas vrai ? Même ta tête, tu veux pas qu’on la reconnaisse. »
 
Je bois mon verre cul-sec.
 
« Humph. Déjà entendu parlé de Lord Janos ? »
 
« Ouais, ça me dit quelque chose. C’est ce Sith qui avait fini vice-Chancelier, il y a deux ans de ça, non ? »
 
« Exactement. »
 
« Même dans l’espace Hutt, elle avait fait du bruit, cette affaire. Tu penses ! Un de ces trucs. Mais pourquoi tu m’parles de ça ? »
 
« Eh bien, Lord Janos n’est pas mort. Je suis Lord Janos. »
 
Il me dévisage, bouche bée. Je sais qu’en ce moment même, des Jedis doivent être occupés à observer cette scène à travers mes yeux cybernétiques. Saï Don ne m’a pas interdit de dévoiler mon identité : il m’a certifié que quand bien même je le ferais, on ne me croirait pas. Voici la parfaite occasion de mettre à l’épreuve ses dires. Le barman finit par exploser de rire :
 
« Ah ! Elle est bonne, celle-là ! J’savais pas qu’t’avais d’l’humour, Jon ! »
 
Je soupire. Un spasme me traverse la tête.
 
« Ouh-là ! Ça va pas ? »
 
« Encore ces foutues migraines… »
 
« Tu sais, tu ferais bien d’voir quelqu’un. J’connais un chirurgien, un mec bien. Darel Podran, qu’il s’appelle. Il est justement sur Nal Hutta, en ce moment. Peut-être qu’il pourrait t’apporter quelque chose. Et mieux rafistoler ta tête, aussi, ah-ah ! »
 
« Hum. Je vais voir. Pour l’instant, ressers-moi un verre. »
 
 
***
 
Je me tiens devant le vaisseau de ce Darel Podran. Le long imperméable de cuir que j’ai volé à un homme bourré, l’autre soir, me tombe jusqu’aux pieds. Je ne suis pas armé : vu le rythme auquel mes rares économies s’épuisent dans l’alcool, il va falloir tôt ou tard que j’"emprunte" un blaster à quelqu’un, un de ces jours. On ne sait jamais.
 
J’y vais au culot. Je rentre directement dans le vaisseau, y trouve mon homme. Un Zeltron à la petite barbichette, des anneaux aux oreilles. Il a l’air d’un dandy, à côté de moi. Je ne veux pas pour autant paraître hostile : je m’avance, lui tends la main.
 

« Jon Mac Soen. J’aurais besoin de vos services. »
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Depuis Tatooine, on avait récupéré du fric. Pas encore totalement assez, mais y avait du potentiel. J’avais pu en tout cas racheter un stock complet de médicaments et de matériel, ainsi que mettre à jour mes unités chirurgicales et quelques instruments, histoire de rester à la pointe. J’opérais pas souvent, mais j’avais une réputation à tenir, et mieux valait qu’aucun gros bras ne me claque entre les doigts, parce que sinon, c’est ma tête qui risquait de voler en éclats.

On s’était arrêté sur Nal Hutta quelques jours, que je puisse trouver quelques petits mélanges dont ce coin avait le secret. Plaque tournante du commerce hutt, ça signifiait donc que cette planète sans intérêt autre que sa pollution immonde et sa population locale réduite en esclavage avait le chic pour receler des trésors de contrebande, le genre que tout médecin illégal cherche pour parfaire son attirail. Forcément, je ne faisais pas exception à la règle, surtout que j’écoulais facilement ma propre marchandise, équilibrant donc mes comptes sans trop de problèmes. J’avais trouvé un acheteur de choc pour une caisse de médipacks « améliorés », soit totalement surboostés mais avec quelques petits désagréments si utilisés en trop grandes quantités. Bon, j’avais dit que le produit était instable, mais j’avais pas tout listé. Généralement, si t’es pas complètement débile, quand on te dit ça, tu réfléchis, et pour le prix, tu te doutes bien qu’il y a un problème quelque part. Déjà je suis sympa, je préviens. Les trois-quarts de mes collègues ont même pas cette délicatesse. Moi je prenais pas en traître : c’est de l’artisanal, c’est fait avec n’importe quoi, c’est complètement expérimental, donc c’est violent mais ça craint. Débrouillez-vous pour le reste, circulez, y a rien à voir.

J’avais eu un ou deux clients pour des opérations bégnines aussi. A force de passer, j’avais un bon réseau chez les barmen. A vrai dire, j’en avais sauté quelques-uns, et le reste … Bah leurs potes. Ou j’avais soigné leurs femmes, à défaut. Bref, ils savaient que j’étais réglo, pas trop mauvais et jamais avare d’un coup de main. Certains disent que rentre service, dans l’espace hutt, ça sert à rien. Je dirais plutôt qu’il faut judicieusement choisir qui profitera de tes largesses. Parce que avoir des dettes à récolter, c’est pratique … Et ça peut faire de bons informateurs gratos. Parfois, clairement, y avait des coups dans l’eau, mais dans l’ensemble, ça faisait mon fond de commerce depuis des années. Bref, en clair, ça marchait plutôt bien.

Je venais de finir avec un pantoran qui avait pris un coup de blaster au mauvais endroit. J’ai rien contre avoir le nez dans ces parties, d’habitude, mais quand ça pue le cramé et que ça suinte … Moyen, honnêtement. J’en avais sué des heures pour essayer de rafistoler tout l’équipement tout en lui évitant la castration. Franchement, ses futures conquêtes pouvaient me remercier. Bon, je garantissais pas tout, mais l’apparence, clairement, c’était du tout bon. Enfin, pas de près. Eh, oh, je suis pas urologue moi ! Un traumato, ça fait ce que ça peut. C’est versatile, mais en contrepartie, c’est excellent nulle part. Faut s’y faire, dans l’espace hutt, hormis à disposer d’une montagne de crédits … Ben, t’auras jamais rien de super. La rançon de l’illégalité. Si t’es pauvre, tu crèves. Si t’es pas trop pauvre mais pas millionnaire, tu crèves pas, mais tu seras pas entier non plus.

Je finis de me débarbouiller, nettoie la cabine, quand … J’entends une voix. Derrière moi. Immédiatement, je dégaine mon blaster, me retourne et … voit un géant inconnu à priori pas armé qui se tient dans l’encadrement. Dans mon vaisseau. Punaise, c’est qui ? Ca me rappelle curieusement le voyage dans le Consortium tiens, j’ai le chic pour avoir du monde de pas prévu dans mon vaisseau. La différence c’est que clairement, ce coup-ci, la surprise est nettement moins mignonne … Voir carrément loupée. Des cicatrices partout, une gueule pas possible … Chirurgie, et pas de la belle. Ou alors le modèle de base était vraiment hideux. Possible aussi, on sait jamais. Bref, c’est pas que je suis face à un mec mystérieux qui pourrait m’étaler d’une pichenette, mais un peu quand même, du coup, sans baisser totalement mon blaster, je réplique d’une voix faussement nonchalante :

« La prochaine fois, ce serait bien de se faire annoncer, chéri, ou tu pourrais te retrouver plombé pour un rien, un de ces jours … Y a plus excité de la gâchette que moi, dans ce coin. »

Euphémisme, quand tu nous tiens.

« Mes services hein ? En temps normal, je t'aurais demandé lesquels, et tenté de faire du plat, mais je crois qu’on est tous les deux d’accord pour s’éviter cette perte de temps.

Cela dit, je serais pas contre des précisions ...

Et aussi … Comment tu me connais ? »
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Je dévisage mon interlocuteur. Sa réplique ne m’effraie pas. Plus rien ne me fait peur, de toute façon. Je pourrais me demander comment je vais régler mes problèmes d’argent, par quel moyen je vais réussir à survivre dans cet endroit immonde et criminel qu’est l’Espace Hutt, mais tout semble se passer comme si mes instincts les plus primaires avaient été anesthésiés. J’ai trop vécu, je suis déjà mort une fois, j’ai ressuscité : après un tel destin, non, il n’est plus rien qui puisse encore m’effrayer. Et ce n’est pas une toute petite menace, assortie d’un "chéri", qui va me remuer l’estomac.
 
« J’ai connu bien pire que des excités de la gâchette, tu peux me croire, gamin. »
 
Il me tutoie. Je le tutoie en retour. Il m’appelle "chéri". Je lui réponds "gamin". Ce n’est que pure justice.
 
Je prends un siège qui traîne dans un coin et m’assois sans demander.
 
« Ouais, mon visage. Il fait flipper, hein ? C’est d’ailleurs un gars que je fais flipper qui m’a filé ton adresse… Un barman du coin. Ne me demande pas son nom, je n’en sais plus rien. Oublié. A cause de l’alcool. C’est le type qui tient "Au Hutt dégarni", si ça te dit quelque chose… »
 
Je rigole. J’ai l’impression que la métamorphose produite par ma chirurgie est bien plus profonde que sur un plan strictement physique. Toute mon attitude, et ce jusqu’à ma manière de parler, jusqu’à mon mode de pensée, en a été transformée. Il ne reste décidément plus rien du tribun d’Aargau que l’on taxait jadis de psychorigidité. A la place, ne reste plus qu’une grosse brute sans ambition, vivant au jour le jour.
 
« Ceci dit, je l’aime bien, ce visage. Il a pas mal d’avantages, crois-moi. Les excités de la gâchette, justement, ça les calme juste le temps qu’il faut. »
 
Je repense à la bagarre qui avait éclaté dans l’autre bar, il y a quelques jours. Un Twi’lek s’était tourné vers moi, avait levé le poing, mais, au moment où il avait vu la tête de son adversaire, il s’était renfrogné, paniqué, bredouillant quelques mots d’excuse. Ce soir-là, je pus siroter tranquillement mon brandy sans que personne ne touche à moi, entouré du pire chaos qui fût. Amusant…
 
« Donc non, je n’suis pas là pour me refaire une beauté. Seulement trois choses. Un… »
 
De ma main gauche, j’écarte l’une de mes paupières. Ce ne doit pas être un très beau spectacle à contempler…
 
« Ces yeux cybernétiques : j’aimerais que tu trouves un moyen de camoufler ça. Lentilles, ou autre : tu sais mieux que moi. Deux : j’ai des migraines pas possibles. Les contrecoups de la chirurgie, tu penses. Si tu as une solution… »
 
Reste le dernier point. Le plus tendu. Advienne que pourra.
 
« Trois : j’ai aucun moyen de te payer. Je peux te rembourser autrement, ceci dit. Si tu as besoin d’un service… »
 

J’attends sa réponse. Peut-être va-t-elle remettre un peu de piment dans cette vie devenue inutile. Cela ne pourrait me faire que le plus grand bien…
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Gamin ? Gamin ? Ben ça, c’est pas souvent que ça t’arrive, qu’on t’appelle comme ça. Parce qu’avec tes traits creusés, tes muscles secs et ton air de baroudeur qui en a trop vu, tu ne fais pas vraiment très jeune. Enfin, pas vieux non plus, disons simplement que la plupart des gens te donnent ton âge, ni trop ni trop peu, la trentaine, où le moment de la raison, soit quand tu découvres que les beuveries, la beuh et les minets, ça finit par se payer à un moment où à un autre. D’ordinaire, même, c’est plutôt toi qui donne du gamin aux autres. Les gâchettes que tu croises sont pas souvent des anciens. Dans le métier, de toute façon, on fait pas de vieux os. Ceux qui atteignent la quarantaine sont souvent des durs à cuire, ou des mecs qui finissent pas en première ligne de castagne. Un quinqua, c’est quasiment un centenaire, un survivant, le type à qui il reste deux membres à peine d’origine et une tronche à faire peur … Un peu comme le gars que tu as en face de toi. Combien de piges il a passé, lui ? Difficile à dire, avec sa tête rafistolée. En tout cas, il manque pas d’air. Et ce côté je-m’en-foutiste, tu as toujours adoré.

« Toi, tu m’plais bien. T’as été foiré dans les grandes lignes, mais tu perds pas l’nord. C’la dit … Ca fait peur qu’à ceux qu’en ont pas dans le pantalon et qui fanfaronne quand même. Un vrai, ça recule même pas d’vant un gamorréen saoul. Demande à ma partenaire, celle qui est en train de tout détruire en soute. »

On entend un bruit pas possible de là-bas à ce moment précis. Nai’ah doit encore s’amuser à tester ses flingues et à s’entraîner. C’est là qu’on voit la différence entre nous d’ailleurs. Elle passe son temps à bosser dur, quand j’en fous pas une pour garder mon niveau. L’explication est assez simple : c’est une mercenaire, une vraie, dans le sang et les aspirations. Moi, je canarde quand j’ai besoin de tunes ou pour sauver ma peau, mais l’essentiel de mon fric, je le fais ailleurs. Pour ça que je suis encore entier après dix ans dans l’espace hutt, d’ailleurs. J’ai pas trop eu à hypothéquer ma peau contre un blaster et trois crédits pour m’en sortir. J’ai toujours préféré la chirurgie aux tirs. Le sang que je pompe au sang que je fais couler, en somme. Et il me présente le défi du siècle, Monsieur-Je-Tire-Une-Gueule-Atroce.

Lui donner un regard potable ? Y a moyen. Lui virer les migraines. Ca, c’est carrément dans mes cordes. Enfin … Ca va demander du temps. De l’argent. Du matos. J’sens l’œuvre d’art possible, mais on a rien sans rien. Et pour couronner le tout, il me sort cash qu’il peut pas payer. Lui, vraiment, je l’aime. L’a peur de rien, hein. Enfin, je pige pourquoi l’autre raclure de cantina l’a envoyé chez moi. Tout le monde sait que j’ai rien contre les arrangements profitables, comme on dit dans le jargon. Mais là … Qu’est-ce qu’il peut m’offrir, gros bras ? Le paiement en nature … Sans façon. C’est pas trop mon truc, sauf pour un minois vraiment craquant, alors en plus, avec une tête pareille … J’ai mieux à mettre dans mon lit, vraiment. Et puis, il aurait pas assez d’une année de baise pour rembourser. On passe. Les creds, il en a pas. Dommage. Des infos ? Faudrait un truc semblable au casse de Luis, et ça se trouve pas sous le cul d’un bantha, ça. Ou alors … Depuis qu’on a papoté avec Nai’ah, j’vois grand. Enfin, j’vois plus loin que trois plans foireux et deux idées minables, disons. Ouais, je vois ce que j’vais lui proposer.

« Ta tronche, ta décision trésor. Par contre, bosser gratis, surtout pour un truc aussi gros, c’est pas le top. Il va me falloir des ingrédients spéciaux pour te concocter un stim anti-migraine, le genre remède de cheval.

Mais d’abord, tu vas me boire ça. L’alcool, c’est pas bon, ni pour opérer, ni pour diagnostiquer, et encore moins pour causer business.

Tu peux y aller. C’est dégueu, mais ça fonctionne. »

Le remède anti-gueule de bois de Darel, c’est un must toute catégorie. Si tu dégobilles pas, tu descends instantanément. Et si tout repart, ben … Eh, tu dessaoules quand même, donc tout bénéf’. Et j’ai b’soin qu’il soit au poil mon joli, avec tout son cerveau pour me répondre. J’attend qu’il ait fini mon horreur, que ça fasse son effet, avant de demander :

« Bon, maintenant, on peut y aller. Ton opération date de quand ? Précisément, on t’a fait quoi ? T’as des puces dans l’cerveau ou pas ? Des plaques de métal ? Si elles sont mal fixées, ça peut causer les migraines, et j’aurais plus vite fait de jeter un œil plutôt que de te coller des coliques. Alcool, j’ai compris que t’en prenais. Autre chose ? Si oui, ça peut faire réaction avec les médocs qui finissent de couler dans tes veines. Faudra stopper. J’peux aider. »

Pro, on a dit. On parle d’une opération d’envergure si ça se trouve, ou d’une occasion rêvée de tester mes pires décoctions. Et pour le reste …

« Pour les yeux … Lentilles, c’est le bas de gamme. Mais ça va t’emmerder, t’auras les quinquets ouverts en permanence. Doit y avoir moyen de faire mieux, ou alors d’intégrer une cornée artificielle au-dessus de la prothèse … Faut que je réfléchisse. Pour ça aussi, va me falloir un sacré matos. Et ça pousse pas dans la bouse de hutt. »

On en vient au principal. Le cœur du problème même.

« On va pas s’mentir. Pas de flouze, normalement … Pas de tout ça. Mais j’suis bon prince, et avec ma partenaire, on cherche à s’installer. Des bras supplémentaires seront pas de trop. Alors voilà c’que j’peux proposer.

Deux ans. Tu me files deux ans de ta vie, tu bosses pour nous, avec nous, logé, nourri, blanchi, soigné, et je te remets sur pieds. Après, tu feras c’que tu veux. Tu t’en vas, tu restes et on devient des associés … C’comme tu veux.

J’me fous de c’que t’a fait avant, tant qu’t’es honnête et que tu dis précisément où faudra pas qu’on foute les pieds avec toi. Pourquoi, rien à faire. Je saurais si tu me mens, de toute. Les zeltrons, c’est la plaie, t’apprendras vite.

Ici, pas d’entourloupes, pas de deals louches, pas de trucs du genre esclavage ou merde du genre. Le reste … C’est bon. »


Il trouvera difficilement meilleur deal que ça, entre nous. On a besoin de bras. Et lui, à voir sa tronche, ses fringues crades et le reste, il a besoin d’un boulot. 50/50.
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Il me tend un cocktail à la substance étrange. Je le renifle, prends une seconde pour m’en remettre, l’avale d’une traite. Dégueulasse. La nausée m’envahit d’un coup, comme on pouvait s’y attendre, mais elle n’est pas assez forte pour me faire vomir. J’en ai connu d’autres, et des pires. Les coups de pied dans l’estomac, en prison, pour me faire parler… Plus récemment, le passage en hyperespace alors que mon corps était resté enfermé entre quatre murs pendant des plombes… Oui, il m’en faut plus, désormais, pour que mon estomac me lâche. Je me frotte les lèvres d’un revers de main et écoute la suite.
 
« Marché conclu. », dis-je laconiquement d’une voix ferme – mon propre timbre continue encore de me surprendre : il est d’une telle gravité… C’est effrayant.
 
Inutile de se perdre en palabres. L’heure des négociations appartient à mon autre vie. Maintenant, je ne suis plus qu’un survivant prêt à sauter sur la première occasion qui se présente pour donner du sel à son existence. J’ai tout à y gagner, rien à perdre. Autant saisir l’affaire.
 
« Pour ce qui est des détails techniques… »
 
Je prends une pause, le dévisage un instant. Il a beau ne pas être très vieux, il doit avoir de l’expérience, vu sa manière de m’adresser la parole. Tant mieux. Je ne peux évidemment pas lui révéler ça, car il me faut tenir mon rôle jusqu’au bout, mais moi, je n’ai aucune expérience dans la contrebande. J’ai passé le clair de mon existence dans des salons luxueux et des bureaux spacieux, et mon emprisonnement ne m’a rien appris d’autre que la résignation et le désespoir. Un autre monde va bientôt se révéler à moi : il faudra s’y prendre habilement pour camoufler mon ingénuité.
 
« Mon opération remonte à un mois, environ. Je suis resté inconscient dix jours, d’après ce que m’a dit le gars qui tenait le motel où j’ai roupillé. Et je me suis réveillé il y a deux semaines. Sinon, non, à part la bibine, j’prends rien. »
 
"Gars", "roupiller", "bibine"… Ce vocabulaire ne m’appartient pas. Je me surprends moi-même à l’employer. Mais que dirait-on si l’on voyait une grosse brute comme moi user de la rhétorique qui faisait jadis la renommée de Lord Janos ? Le résultat serait tout simplement grotesque. Il faut que je m’habitue à mal parler. Heureusement pour moi, il est bien plus simple d’exploiter les bassesses du langage quand on en maîtrise les sommets que l’inverse.
 
« En vrai, une grosse partie de mon corps est cybernétique. Mon bras gauche, mon bas-ventre, mes jambes. Pour le reste… »
 
Je me tâte le menton.
 
« Ouais, j’ai des barres de métal dans le visage. Pour les puces dans le cerveau, j’en sais rien. Faudrait vérifier. Pour les yeux, l’idée de la cornée artificielle ne m’a pas l’air mauvaise… »
 
Je ne peux évidemment pas lui révéler les connaissances que j’ai dans ce domaine. Ça paraîtrait louche. Comment lui expliquer que je fus jadis un sénateur spécialisé dans l’assassinat professionnel, et que mon œil artificiel était connecté en permanence avec le poignet cybernétique de ma secrétaire, laquelle secrétaire était en fait une guerrière Sith éduquée au crime depuis la plus tendre enfance ?
 
Pas d’entourloupe, me dit-il. Certes. Je ne peux pas non plus lui dire qu’en ce moment même, notre conversation est enregistrée et que des Ombres Jedi sont occupées à m’espionner, prêtes à m’abattre au moindre faux pas. Tant pis. Advienne que pourra. Autant prendre le risque de lui mentir. Ce n’est pas comme si j’avais vraiment le choix, de toute manière.
 

« Sinon, j’ai pas grand-chose à cacher. Et mon passé… bah, il vaut pas la peine d’être raconté, crois-moi. »
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Premier bon point pour mon nouvel ami le gros bras : il a réussi à tenir le remède anti-gueule de bois. Bon, en un sens, je préfère : devoir éponger un sol bien puant et asperger le tout de parfum pour virer l’odeur … Brr. Je préfère pas. Mais quand même, il fait honneur à son côté … colossal. Et flippant. Au moins, y a pas que de la taille et du muscles là-dedans, y a aussi un estomac en acier. Eh, j’ai déjà collé un Whipid par terre avec cette horreur. Et Nai’ah m’a déjà dit qu’à moins d’une urgence, hors de question qu’il absorbe ce qu’elle appelle ma décoction de sith. Comme si c’était un produit de torture classe A … Quoique. Un peu. Ca y ressemble. Enfin je présume. J’ai jamais été bourreau, et je compte pas le devenir.

En tout cas, il n’a pas l’air du genre à faire des histoires. Deux mots et le marché est scellé, aucun marchandage. Lui, il vient vraiment pas du coin. Personne ne se fait embaucher comme ça sans négocier le salaire, la bouffe, la vinasse … Les à-côtés quoi. Il doit vraiment avoir faim, le Jon. Ou être à la rue. Bref, le genre de type qui saute sur la première proposition. Pas que je m’en plaigne. Plus on serait de fous … Plus on aurait une chance de survivre. Dans l’espace hutt, les loups solitaires et les petits duos sont condamnés à être les petites mains. A vivre au jour le jour, à bouffer la paye du dernier coup sans penser au prochain, à être balloté de gang en cartel. J’en ai assez de cette vie. Je veux plus. Et je veux vraiment la liberté. Les plans foireux, ça commence à faire … Y a au moins une chose que j’ai retenu de toutes les galères qu’on a traversé ces derniers temps. En plus … C’est le moment. Les hutts se bouffent entre eux, libérant de l’espace, leurs luttes intestines vont mener à une guerre des gangs affidés … La République et l’Empire vont bien finir par y aller à leur tour. Et ça, ça veut dire de la place pour s’installer, se faire son trou, et du boulot pour exister. En plus, vu la conjoncture … On risque pas de manquer de médecins de sitôt. L’un dans l’autre, c’est vraiment tout bénéf’ pour moi, toutes ces incertitudes, ces conflits à la noix … Comme si un camp était meilleur que l’autre. Bon dans l’absolu … Ouais, vaguement. M’enfin … Entre les fous qui s’affichent et les corrompus qui se planquent … Les va-t-en-guerre et les limaces trouillardes … J’sais pas s’il y a vraiment un mieux. Et de toute manière, c’est pas comme si mon avis comptait dans cette putain de galaxie. Alors autant se concentrer sur le présent, sur le business. Ca vaut mieux. Alors je tends ma main à ce type que je connais pas et avec qui je vais vivre pendant deux ans, et je lui dis :

« Tope-là, l’ami. Tu regretteras pas. »

Allez, on en vient au cœur de l’affaire. Donc … Ah ouais. Quand même. Il est fourni en kit, Jon, ou quoi ? Non parce que … Ce gars, c’est comme la favorite d’un magnat de la finance : y a rien d’origine. Enfin, pas grand-chose. Et puis … Les jambes, le bas-ventre. Mince, il lui reste sa … Ou … ? On va pas y penser ! Darel, vraiment, t’as de ces questions … Quoique … Pour la science, faudrait savoir … Ou juste ta curiosité maladivement mal placée. Nai’ah a raison de te traiter de pervers, par moment. Mais bon, en même temps, c’est pas tous les jours que tu rencontres un cyborg de cette envergure ! Oui, ce n’est pas une bonne excuse … Sauf que tu n’en as pas d’autres, alors zut.

« Cherche pas d’où viennent les migraines alors. Alcool et tout le reste, ça fait pas vraiment bon ménage, sans compter les broches et consort. J’verrais c’que j’peux faire … Mais j’avoue que j’garantis pas. »

Parce que, à la base, je suis traumato moi, pas neurochirurgien ! Alors bon, j’ai fait mes classes, et la traumato, ça touche un peu à tout, sans compter que j’ai bien dû improviser par ici. Mais bon, j’vais quand même pas lui promettre la lune et risquer de perdre mon nouveau compère sur la table. Niveau réputation, ça ferait mauvais genre.

« Bon … On va faire un tour pour trouver deux ou trois trucs. J’ai clairement pas tout sur moi, et pour certains, va falloir négocier pour pas être sur la paille pour les trois prochains siècles.
Puis, Nai’ah a pas fini son entraînement, et vaut mieux pas que je te présente de suite. Quand elle est à fond comme ça, elle risque d’arroser la porte dès qu’on essayera de l’ouvrir. J’ai essayé une fois, j’ai failli finir avec plus de trous qu’un vieux tapis mité. »


Tout en partant, je souffle :

« Le pire … C’est qu’tu m’donnes presque envie d’en savoir plus. Mais j’comprends. Chacun sa merde, comme on dit. Et parfois, y a des trucs qu’on fait dont on préfère pas parler. Je peux comprendre.

Juste … Si y a un camp ou un cartel avec qui tu préfères bosser, ou à l’inverse éviter … Vaut mieux être au courant maintenant. Qu’on sache un peu comment naviguer sans avoir de mauvaises surprises.

On a tous nos cadavres dans l’placard, disons. Ou nos préférences. Ça se discute pas. »


J’avance un peu.

« Sinon … Tu sais faire quoi, mon joli, hormis intimider les grands-mères et les chochottes ? »
Invité
Anonymous
« Juste… Si y a un camp ou un cartel avec qui tu préfères bosser, ou à l’inverse éviter… Vaut mieux être au courant maintenant. Qu’on sache un peu comment naviguer sans avoir de mauvaises surprises. »
 
A cette question, je n’ai qu’une réponse :
 
« Ragda Rejliidic. »
 
***
 
Un jour plus tôt, dans une cantina miteuse de Nal Hutta.
 
« … semble que l’ex-sénateur de la République Ragda Rejliidic a des chances de se faire une nouvelle place dans l’espace Hutt. Au vu de la conjoncture actu… »
 
J’abandonne un instant mon verre. Cet alcool est dégueulasse, de toute manière. Et me perds dans la contemplation béate des informations qui défilent au-dessus du bar. Ex-sénateur ? Il s’en est passé depuis que j’ai quitté le monde politique… Déjà, j’avais été amusé de constater que, de toutes ces intrigues, c’était Emalia Kira qui était sortie la grande gagnante. Chancelière suprême… Dire que si elle avait été élue à la place de Valérion, j’aurais obtenu le poste de ministre, et toute l’industrie galactique, républicaine comme impériale, aurait été sous mon commandement… Mais inutile de ressasser le passé. En revanche, de voir que Rejliidic est de retour dans le monde Hutt ne provoque aucun amusement de ma part. Au contraire, j’en suis stupéfié. Et intrigué…
 
« … relations avec Borenga pourraient… »
 
« Alors, Jon ! On s’intéresse à la politique, maintenant ? », me lance le barman.
 
J’esquisse un début de sourire en coin – ou ce qui doit y ressembler, vu mon visage.
 
« Ça m’arrive, parfois, ouais… »
 
***
 
« Ragda Rejliidic. »
 
C’est audacieux, c’est dangereux. A l’heure actuelle, des espions Jedi doivent se demander où je vais en venir et avoir tiré le signal d’alarme. Mais je ne vais pas leur offrir l’occasion de me tomber dessus aussi facilement, non…
 
« Ouais, Ragda Rejliidic. Il est ambitieux, il a plus de ressources que n’importe qui dans cette Galaxie, et il devient une figure montante dans l’espace Hutt. »
 
Je meurs d’envie d’ajouter : « Et je le connais bien. Très bien. », mais je me retiens. Autant se tirer une balle dans la tête.
 
« Il doit très certainement avoir besoin de bras, de mercenaires. Et il est riche. Extrêmement riche. Il sait récompenser ceux qui travaillent correctement pour lui. »
 
Je réfléchis scrupuleusement à mes mots, désirant éviter tout démêlé avec mes espions.
 
« Je suis prêt à parier qu’un jour, d’ici peu peut-être, il sera la figure la plus puissante de l’espace Hutt. Un coup de couteau dans le dos de Borenga ne me surprendrait pas de sa part. »
 
Je marque mon discours d’une petite pause.
 
« Bref, tu m’auras compris : si on veut se faire un trou, mieux vaut l’avoir comme allié que comme ennemi. »
 
J’attends de voir quelle sera la réaction de Podran. Elle peut être intéressante…
 
« Quant à mes compétences, eh bien… Mes yeux cybernétiques me permettent de ne pas manquer ma cible… »
 
C’est un mensonge, bien sûr. Je n’ai jamais tenu un blaster de ma vie. Ou, disons, une représentation déformée de la réalité : il est certain que cet appareillage pourrait m’être utile, dans les faits.
 
« Mais j’ai besoin d’entraînement. Mon opération m’a considérablement affecté. »
 
Espérons seulement que je n’aurais pas l’air trop ridicule au prochain entraînement de tir…
 
« Du reste, j’ai beau avoir la tête que j’ai, je ne suis pas mauvais en négociations. Quand tu me verras à l’œuvre, tu pourras te le confirmer. »
 
S’il savait…
 
« Pour une négociation avec Rejliidic, par exemple… »
Invité
Anonymous
« Amateur de limaces, hein ? Amusant. Souvent, ceux à qui on pose la question ont plutôt tendance à faire la liste de celles qu’ils veulent buter plutôt qu’aider. Mais je note. »

En posant cette question, sincèrement, je m’attendais plus à des noms à éviter plutôt que des envies d’embauche. Ce type est pas du coin, maintenant j’en ai la certitude. Ou du moins … Il a pas de casseroles suffisamment conséquentes pour le dire, donc il a pas bossé longtemps dans le coin. J’veux dire, quand tu poses la question à n’importe qui du métier, d’abord ça roule des yeux, ça te promet que ça a jamais eu d’ennuis, la main sur le cœur et le blaster mon pote, juré craché, puis ça finit par te déblatérer une liste longue comme mes amants agrémentée de « j’te promets mon pote, c’était pas ma faute, mais … ». Je sais de quoi je parle, j’ai la même au cul. Entre mon casier chez les républicains, le cartel que j’ai laminé, celui que j’ai aidé à cambrioler, plus nos dernières cabrioles suite au Conseil des kadjics … J’ai deux ou trois endroits où je suis pas mal blacklisté, et si j’ai un espoir à terme pour la République, j’en ai aucun pour les autres. La rancune, dans le milieu, ça conserve. Pourquoi vous croyez que les hutts vivent aussi longtemps ? Je parle même pas de Nai’ah. Elle, c’est carrément le Livre des Rancunes, sa vie, on dirait une série de holo-fantasy à elle seule.

Du coup … Eh ben, ça m’intrigue encore plus qu’avant, cette réponse. Et si y a un truc que je sais pas taire, c’est bien ma curiosité maladive. Oui, vraiment, je sens que ce gars a une histoire détonnante. J’ai le nez pour ces trucs-là. Vous voulez des preuves ? Alors, je me suis associée avec une nana qui a fui une planète inconnue des systèmes radars, premièrement. Deuxièmement ? J’ai choppé un jedi dans ma soute en allant sur Hapès, ce qui selon toute probabilité n’aurait jamais dû arriver, et si vous ne me croyez pas, faites le calcul, vous verrez, c’est à peu près aussi crédible que gagner la grande loterie de Muunilinst. Bref, récupérer des cas galactiques et me mettre tout seul dans des situations borderlines, je suis un pro. Donc selon toute logique, ce mec a forcément un casier de l’espace.

Sur le fond ce que j’en pense ? Rien. Enfin si. A titre personnel, les hutts, moins j’en vois mieux j’me porte. Et s’allier avec un hutt, c’est demander généralement à se faire baiser à un moment donné, et pas de la manière la plus agréable. Ces machins sont les pires enflures de la galaxie, avec les siths peut-être. Et les politicards. Ce qu’ils sont tous plus ou moins. Donc ça fait une catégorie complète en somme. Après, j’ai rien contre aller au casse-pipe vis-à-vis de Borenga. Vu ma désertion sur Makem Te, je dois pas être trop dans ses bonnes grâces. Et je parle pas du casse. Enfin, si, je vais en parler. Après tout, là, j’ai eu affaire à la limace dont on cause.

«  Rejliidic ? Je connais. On a bossé avec lui, pour une affaire. J’ai rien contre, si tu veux te faire du blé avec cette limace plutôt qu’une autre, pas de problème.

Mais pas plus. S’allier avec un hutt, c’est tendre le bâton pour se faire battre. C’est à qui te bouffera. Et j’ai autant confiance dans lui que dans Borenga, soit à long terme, aucune. La seule différence, c’est qu’il y en a un qui nous a pas encore grillé.

La philosophie du coin, c’est être indépendant. Et monter notre petite affaire pour ne pas se faire bouffer. »


Et peut-être un jour, bouffer les autres à leur tour. Doux rêve utopique, et d’ailleurs … J’y pense pas vraiment. Enfin … ça m’a effleuré. Mais c’est pas le but immédiat. Sur ces considérations … Revenons-en à nos banthas, à savoir trouver des yeux à notre ami. Et quand il me dit qu’il est bon en négociations, je rigole.

« Bah on va vérifier ça tout de suite mon grand. Tu vois la boutique là-bas ? Très bon fournisseur. Excellente camelote. Totalement hors de prix. Donc … Cuisine-le-moi comme il faut, à la fin, j’veux le rabais du siècle. Me l’abîme juste pas. Le proprio est un escroc, mais du genre honnête. Mine de rien, sa came, j’en ai besoin pour bosser. »

Oui, sur Nar Shaddaa, les escrocs honnêtes existent. Perturbant pour le commun des mortels, c’est vrai, mais c’est ce qui se rapproche le plus d’un type bien dans le coin. Rien n’est jamais gratuit chez les hutts. Faut juste savoir comment tu veux te faire entuber, et généralement, vaut mieux franchement qu’avec des petites saletés qui te tabassent derrière ou te refourguent des immondices sans nom. Repérer les bons et les mauvais fournisseurs, ça fait aussi partie du métier, au fond, dans le coin. Et après m’être fait avoir un paquet de fois plus jeune … J’avais fini par apprendre et développer mon réseau. Certes, y avait un bon nombre de raclures dans le lot. Mais eh, j’en suis une aussi. Donc ça compense.

« D’ordinaire, c’est moi qui m’occupe des négociations dans l’équipe. Mais j’ai rien contre te laisser à la manœuvre, mon chou. Ramène-moi juste tout ça … »

Je lui tends une liste rapide. Et à lui de jouer.

« Et peut-être que je me contenterais de vous rafistoler et de faire le snipper, si t’es doué. »
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