Grendo S'orn
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Coruscant - Quartier Général du FLR - Chambre du Comité Central

« La Bourse s'affole depuis l'entrée en guerre de la République. Nous avons enregistré une hausse de 10% pour les marchés d'armement, de conception de vaisseaux, de droides de combat et de matériels militaire. » précisa Darius Morn-Dac, Directeur de la Bourse de Coruscant. A ses côtés étaient installés quatre autres individus, Grendo S'orn pour commencer, président du Front Libéral Républicain et Sénateur de Neimoidia, Jeanne Shadley, Sénatrice d'Aargau, Dau Soom, Directeur Général du Conglomérat Xen et Shrithek Fey'lya, représentant syndical patronal, ne manquait qu'une personne au Comité Central pour que celui-ci soit parfaitement au complet : Voyl Clawback, Directeur des Communications du puissant Clan Bancaire Intergalactique. Comme à son habitude, le Comité Central du FLR se réunissait dans cette Chambre au sommet du Quartier Général du FLR après chaque séance organisée au Sénat. L'occasion d'aborder des questions épineuses, d'émettre des idées intéressantes, des jugements ou des remarques afin de faire évoluer toujours plus loin le parti libéral.

« Le Directeur Morn-Dac a raison » souligna à la suite Jeanne Shadley apparemment satisfaite « Le Sénateur Artorius d'Anaxes m'informait peu avant le début de la séance extraordinaire que la vente de blaster longue portée sur sa planète avait augmentée de manière phénoménale, en quelques heures à peine ! Incroyable. » les affaires étaient juteuse bien que la galaxie sombrait chaque jour un peu plus dans un conflit dont-elle ne sortirait sans doute pas avant de longues années de souffrance. Aux yeux du Neimoidien, seul le chiffre d'affaire avait une réelle importance. Le crédit voilà la seule et unique religion dans laquelle il croyait dur comme fer. Si le sacrifice de quelques civils innocents était nécessaire pour en gagner alors il était prêt à appuyer lui-même sur la gâchette. Au diable les faux sentiments, ces gueux servaient de chair à canon n'est-ce pas ?

« Comme je l'ai dis devant le Sénat, c'est un jour historique pour la République. La Guerre va nous ouvrir de nouvelles opportunités que nous devrons sans hésitation saisir si nous désirons en tirer l'avantage sur le plan politique. » le Neimoidien resta parfaitement impassible contrairement à ses pairs. Pour lui il était inutile de crier victoire trop rapidement. Ne vendons pas la fourrure du bantha sans l'avoir achevé comme on disait bien souvent. La guerre avait débutée certes mais il ne s'agissait là que d'un élément du plan du Front Libéral Républicain pour parvenir à ses fins. Sans parler des multiples possibilités que ce dernier échoue lamentablement avant la fin. A ses côtés Shrithek semblait partager les mêmes inquiétudes que Grendo. Les deux individus étaient pour ainsi dire les plus terre à terre du groupe. Voyl l'était aussi mais il n'était pas présent pour le moment.

« Je crains personnellement de voir plusieurs événements tragiques comme celui de Corellia se reproduire en cette période sombre et funeste. Ce genre de situation ... ce genre de guérilla urbaine ... de révolution ... n'est pas bonne pour les affaires, encore moins pour le commerce. » répondit le Bothan, avant de replacer son cigare entre ses dents.

« Un événement tragique je vous l'accorde mais nous ne savons pas encore ce qui s'est réellement passé là-bas. Nos informations sont trop peu précise pour pouvoir affirmer que ce coup d'état militaire va perturber l'import/export sur le long terme. Laissons au Sénateur O'Connor l'occasion de s'expliquer. Comme vous le savez, j'ai rendez-vous avec ce dernier aussitôt cette réunion terminée. »

Corellia venait effectivement de subir un coup d'état militaire provoquant l'arrestation de la famille royale et des autres membres du Gouvernement. Mais comme venait de l'affirmer le Neimoidien, l'absence d'information ne permettait pas d'établir une position objective vis-à-vis de cet événement. Le nouveau sénateur de la planète aurait royalement l'opportunité de s'expliquer plus tard sur ce sujet.

« Et qu'en est-il du Rassemblement Républicain ? Ont-ils émis un communiqué ? »

« Aucun communiqué ni aucune réaction officielle de leur part. Des simples bruits de couloir qu'il n'est pas nécessaire de vous partager pour le moment Fey'lya. »
Voyl Clawback
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Muunilinst - Harnaidan - Grand Palais - 7:03 am

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Il était 7 heures du matin, ici sur Muunilinst, soit près de 21 heures sur Coruscant à des milliers de parsecs de là. Ce qui venait de se décider, Clawback l'espérait, serait retenu comme une décision historique. Qu'elle fut bénéfique ou non ne dépendrait que de la suite des évènements, mais les muuns avaient estimé à l'unanimité que, compte tenu des circonstances, les probabilités penchaient largement en faveur d'une issue qui leur profiterait d'une manière ou d'une autre.

" Les priorités de nos ancêtres ont fait de Mygeeto une forteresse imprenable, mais ce n'est pas le cas de Muunilinst. Jusqu'à aujourd'hui, nous ne nous sommes que trop reposés sur les seules forces de la République et de la LMP. Ni l'une ni l'autre ne seront dorénavant suffisantes pour assurer notre sécurité face à la menace que représente l'Empire : c'est pourquoi nous devons en priorité renforcer nos défenses planétaires, et ce dans les plus bref délais. Nous avons tablé sur une augmentation des investissements militaires. Le CBI a d'ores et déjà enregistré des hausses, seulement quelques heures après les premières annonces des médias. Nous avons tout à gagner à nous renforcer : notre position sur la carte galactique fait de nous une cible potentielle, selon une probabilité non négligeable. Le conseil d'administration du CBI a décidé un plan annuel visant à consolider notre flotte actuelle avec de nouveaux modèles. Ces vaisseaux ne seront pas destinés à stationner sur Mygeeto comme les précédents, mais ici-même, sur le Haut-Port. Ce sont là les premiers exemples de mesures que nous devons prendre. Le FLR compte parmi ses membres de fervents défenseurs du souverainisme planétaire : quand on assiste, comme aujourd'hui, à une action aussi irréfléchie d'une tête dirigeante, on est amené à y réfléchir. C'est la sécurité de l'économie galactique qui est en jeu ! Nous ne pouvons plus nous reculer. Notre position est stratégique, chaque minute que nous passons dans l'indécision est une opportunité manquée. "

Durant plus d'une heure, Clawback s'était fait l'effet d'un homme politique, tout autant qu'il pouvait l'être. Pour n'importe quel véritable tribun, il n'aurait ressemblé qu'à un financier essayant de vendre son produit - avec un certain brio cependant. C'est ce qu'il était et n'avait jamais cherché à le cacher. Il avait passé en revue les dernières nouvelles du front Dubrillionnais, ainsi qu'une liste non exhaustive du coût de l'opération. Un argument d'un poids considérable dans une assemblée constituée à 99% de muuns.

" Muunilinst doit rejoindre le FLR, pour défendre ses intérêts et enfin faire entendre sa voix face à tant d'immobilisme de mondes bien calfeutrés dans le Noyau. Nos priorités ne sont pas les leurs et nous ne pouvons plus rien attendre de partis et de mouvements qui pensent encore pouvoir acheter la paix ! Elle nous coûtera, mais ne nous rapportera rien. Par ailleurs, nous avons eu un vague aperçu de ce à quoi pourrait ressembler un futur sous les hospices d'un gouvernement irrespectueux des différents acteurs de son économie ! Après les nationalisations et les mesures sécuritaires, voilà la mise en danger direct de ses centres économiques pour un peu de gloriole personnelle. Je vous laisse seuls juges ! "

Une décision qui avait finalement fait l'unanimité, après plusieurs années d'attentisme et de scepticisme des familles dirigeantes vis à vis du nouveau parti libéral émergent. Le problème était qu'à présent, l'affaire de l'enlèvement de Klark fragilisait la position de Muunilinst dans la Rotonde. Laissée dans le flou des sans parti fixe après l'éviction de la LMP et toute l'affaire ayant suivi, Muunilinst n'avait pas grand chose à perdre. A l'heure actuelle, tous les regards se tournaient vers la chancellerie et les décisions qui étaient prises l'étaient plus sur les coups de sang et les jeux d'influences que sur de réelles réflexions menées jusqu'au bout. Mais c'était justement lors de telles crises qu'un monde, a fortiori aussi puissant, ne pouvait se permettre de ne pas se positionner. Il fallait choisir un camp.

Clawback avait, une fois n'était pas coutume, endossé son rôle de représentant pour palier à une délégation sénatoriale réduite à sa portion congrue. La nacelle étant restée vide toute la séance qui avait vue la chancelière aux prises avec ses détracteurs, c'est sur la planète même que le débat avait été suivi, avec grande attention, par toute l'assemblée dirigeante au grand complet - si l'on exceptait les Klark. A peine la séance levée, les dirigeants du CBI étaient retournés à leurs occupations, nombreuses. Voyl quant à lui, avait pris la direction des bureaux, en compagnie du Haut-Juge lui-même, qui n'avait pas manqué de le féliciter à son tour pour sa promotion. Un compliment aux accents de complicité, que Clawback avait apprécié avec tout le sel que son carriérisme lui conférait. Entre muuns, tout était affaire de sous-entendus réciproquement attendus.

" Un communiqué de notre gouvernement sera envoyé dès demain au Sénat pour officialiser notre position. Je suppose que votre ami S'orn doit déjà être au parfum ?

-Non, pas encore, soupira Voyl en consultant l'affichage holographique, mais je vais de ce pas informer le comité central de notre adhésion. Le FLR gagne des voix, notre mouvement s’amplifie : raison de plus pour ne pas perdre d'occasion d'en tirer quelques bénéfices. Si vous le permettez, je vais emprunter votre terminal pour se faire : les nôtres tournent à plein, pour l'instant.

-Faites donc. "

Sa toute nouvelle écharpe brodée d'argent sur les épaules, Clawback envoya l'appel depuis l'holocommunicateur central du Grand Palais, ou venait de se terminer une séance des plus éprouvantes. Il n'en était plus à une près, compte tenu de la nuit qu'il avait passé, et de toutes les précédentes... Resté seul dans la salle, il attendit quelques secondes avant que la liaison ne soit faite avec le terminal disposé dans un coin de l'élégant quartier général coruscanti du FLR, dont il avait personnellement suppervisé le financement. Sans grande surprise, ce fut la tête de S'orn qui l'accueillit en premier, suivie de celle de Fey'lya et son inimitable crinière dorée, Morn-Dac et sa moustache bien taillée, et dans leur dos, une tenue vestimentaire digne de la star Aarona elle-même, canne en plus : Dau Soom en pleine forme.

" Chers confrères, chères consœurs, c'est un plaisir de vous revoir. J'espère que la crise que nous traversons actuellement n'a affecté personne. "

Il s'inclina légèrement pour les saluer tous, digne et fier, autant par ce qu'il allait leur annoncé que par l'aura qu'il avait désormais parmi eux. Il avait beau ne pas être sur place, il devinait aisément l'ambiance qui pouvait régner parmi eux après autant de litres de sueur laissé sur les nacelles du Sénat. Même les membres n'ayant pas leur place avaient dû rester visser à leurs fauteuils pour regarder le lynchage en direct. Le mélange détonnant d'animaux politiques et financiers qu'était le FLR avait dû s'en délecter sans pudeur.

" Je suis navré de ne pas pouvoir être parmi vous ce soir, mais c'est un mal pour un bien. "

Chose rare et notoire : il souriait. Enfin, du sourire satisfait et carnassier de celui qui vient d'obtenir ce qu'il souhaitait.

" Les autorités muuns ayant tranché sur la question en absence de notre sénateur, c'est moi qui ait été chargé d'annoncer la nouvelle. Muunilinst annonce donc officiellement son rattachement au Front Libéral Républicain ! Après son désistement de la Ligue des Mondes Périphériques, certes tardives, mais pas moins à propos, nos citoyens ont jugé pertinent de nous repositionner sur l'échiquier politique, après un temps de neutralité bienvenu, mais à présent révolu. "

Par ce geste, le monde financier retranché dans la Bordure espérait envoyer un message clair. Il militerait désormais pour sa protection et sa prospérité, et non plus pour de grandes idées qui avaient failli leur coûté bien cher. Si guerre il devait y avoir, Muunilinst serait du côté des gagnants, ou ne serait pas.

" Un communiqué devrait prochainement paraître. Mais vous deviez en être le premier informé, Grendo. Après tous vos efforts pour militer en notre faveur, ces efforts ont enfin abouti. Même les plus récalcitrants ne peuvent plus faire semblant de croire qu'ils ont raison. Je ne peux hélas pas garder la communication bien longtemps, nous avons encore des réunions de crise à tenir. Mais soyez certain que je serais sur Coruscant d'ici le mois prochain. "

Il toussa à l'écart du champ holographique et y revint aussitôt, les mains dans le dos, comme si de rien n'était.

" Qu'en est-il de votre côté ? Nous avons eu la retransmission, mais je n'ai pas pu la voir jusqu'au bout. "
Grendo S'orn
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Muunilinst se joignait enfin au mouvement libéral. Le FLR pourrait bientôt se réjouir de compter un autre allié de poids en son sein, sans oublier sa principale colonie à proximité, Mygeeto. Trois ans de combat constant et de débats internes avaient été nécessaire pour officialiser cette toute nouvelle alliance. Grendo ne remercierait jamais assez son fidèle ami et allié, le Directeur des Communications du Clan Bancaire Intergalactique, Voyl Clawback.

« C'est donc une double victoire pour le camp libéral. Muunilinst ne regrettera pas cette décision, soyez-en sûr Voyl. Et remettez mes sincères amitiés aux familles dirigeantes de votre monde. »

Depuis sa création il y a trois ans déjà, le FLR avait fait du chemin. Un chemin important semé d'embuches dès le départ, personne ne croyait d'ailleurs à la survie du parti mais les faits étaient là, ili était toujours bien présent et évoluait encore et toujours, attirant sans cesse de nouveaux mondes sous son giron. S'orn se félicitait intérieurement d'appartenir à un tel mouvement aussi hétéroclite qu'inattendu. Encore plus de pouvoir le présider. Mais cette fierté se transformait régulièrement en peur, la peur d'être remplacé, d'être détrôné, la peur qu'on puisse un jour se passer de ses conseils, de son aide jusqu'à voir Neimoidia quitter le parti qu'il avait lui-même créé. Constamment convaincu que de nombreux individus proches lorgnaient sur sa place, Grendo restait sur ses gardes. La paranoïa du Neimoidien était si importante qu'il avait placé au fil des années plusieurs gardes fous pour ne pas perdre le pouvoir trop facilement.

« Cette Séance Extraordinaire a le mérite d'avoir pu remettre de l'ordre sur l'échiquier politique. Certes nous avons tiré notre épingle du jeu, c'est indéniable, mais de nouveaux opposants se sont dressés devant nous. Je parle bien sur des Sénateurs Menk de Rendilli et Munsk de l'Empire Tapani. »

« De beaux parleurs si vous voulez mon avis. Dans leurs interventions désespérées je n'ai vu qu'un objectif : sortir du lot et se faire voir mais surtout entendre. » affirma Jeanne Shadley en rejetant une mèche de ses cheveux sur le côté « Ce sont des débutants, de vulgaires enfants qui n'ont aucune idée des conséquences de leurs actes. »

S'orn appréciait bien Jeanne Shadley, non pas parce qu'elle partageait constamment l'avis du Neimoidien, mais bien parce qu'elle décelait assez rapidement l'objectif de chacun. Grendo la soupçonnait d'ailleurs d'avoir été comportementalisme dans une vie antérieur. Quelques secondes en compagnie d'un individu lui suffisait pour analyser de manière purement scientifique ses intérêts, ses qualités et au contraire ses défauts. Très vite elle avait cerné le sénateur de Neimoidia comme étant un opportuniste mégalomane et psychopathe. Une description plutôt bien trouvée qui lui avait permis d'intégrer le Comité Central, S'orn appréciant fortement l'honnêteté de ses proches collaborateurs.

« Des actes irresponsables et indignes d'un représentant planétaire. »

« Tout à fait. »

S'orn tourna son regard vers l'hologramme de Voyl Clawback et s'adressa directement à lui.

« Quel est l'avis de Muunilinst sur les intentions de ces deux perturbateurs nouveaux nés ? La rupture des accords commerciaux entre Rendili, Fondor et la République, en plus d'être illégal comme je l'ai expliqué dans mon intervention au Sénat, met en danger nos projets de privatisation des autres entreprises comme celui du CBI. A agir ainsi, les Sénateurs Menk et Munsk risquent fort de braquer le Gouvernement qui ne sera définitivement plus réceptif au moindre compromis en matière de privatisation. C'est un risque non négligeable selon moi. »
Voyl Clawback
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Ses quelques mots avaient suffi à faire s'agiter la petite foule qui tournoyait dans la pièce. Les joutes encore fraîches d'à peine une heure ne faisait que rendre propice un émoi facile parmi les rangs des officiels du parti. Clawback ne s'en formalisait pas. Il ne se formalisait pas de grand chose, en règle générale.

" C'est donc une double victoire pour le camp libéral. Muunilinst ne regrettera pas cette décision, soyez-en sûr Voyl. Et remettez mes sincères amitiés aux familles dirigeantes de votre monde. "

Une double-victoire : S'orn avait toujours les mots pour galvaniser ses troupes. Plus circonspect que son partenaire sénateur, le banquier préférait toujours parler en termes d'opportunités plutôt que de victoires. Pour Voyl, une victoire ne se comptait pas en nombre de voix gagnées, mais en milliards de crédits accumulés. Simple question de point de vue. Le coin de sa bouche remonta.

" Je n'y manquerai pas. "

Des politesses formelles qui n'en restaient pas moins très importantes dans leur milieu. Tout soutien se monnayait, a fortiori sur Muunilinst. Les clans espéraient, par leur décision, a minima ne pas trop perdre au change, au maximum remporter la mise. Les manœuvres au Sénat n'étaient pas nécessairement subtiles ou élégantes, mais se devaient d'être rapidement efficaces, sous peine de voir le vent tourner tout aussi rapidement. Voyl avait profité des évènements récents et d'une fébrilité inhabituelle sur son monde pour s'engouffrer dans la brèche : ses congénères à la recherche d'une nouvelle voie vers la stabilité lui avaient fait confiance, si bien qu'il savait désormais qu'il ne pouvait plus faire marche arrière.

" Cette Séance Extraordinaire a le mérite d'avoir pu remettre de l'ordre sur l'échiquier politique. Certes nous avons tiré notre épingle du jeu, c'est indéniable, mais de nouveaux opposants se sont dressés devant nous. Je parle bien sur des Sénateurs Menk de Rendilli et Munsk de l'Empire Tapani. "

Le neimoidien avait sa tête des jours fastes. Se battre dans l'arène lui réussissait, là où d'autres déprimaient en y laissant des plumes. Il fallait dire que cette espèce-là n'était pas connue pour s'épanouir dans des environnements de douce naïveté ou d'altruisme.
S'orn était l'une des figures les plus iconoclastes du Sénat, connu de longue date pour ses prises de position controversée et ses discours très "rentre-dedans". Un trait de caractère qui l'avait toujours au moins autant surpris que le sans-gêne de Doyle. Si bien qu'on se demandait comment ces trois là avaient bien pu se trouver, tant leurs caractères différaient. Voyl connaissait bien aussi la facilité avec laquelle le neimoidien pouvait s'emporter dès qu'on touchait à ses intérêts. Pour l'heure, ses intérêts étaient proches d'un nouveau poste au gouvernement : sorti par la petite porte quelques années plus tôt avec la couronne du traître, S'orn entendait y entrer derechef, cette fois par la grande et avec les lauriers du "je vous l'avais bien dit".

Que le nom de Munsk apparaisse n'était pas aussi surprenant qu'il n'y paraissait. Tapani n'était pas connue pour être une nacelle silencieuse, surtout en temps de crise. Malgré le fait que leur empire soit une entité singulière au sein de la république, en grande partie autonome et relativement fermée, les représentants successifs de cette région galactique connue pour ses richesses s'étaient montrés incisifs et loquaces. En revanche, que le jeune rendilli se range aussi facilement étonna Voyl. Rendilli avait été l'une des premières planète à hurler au scandale avec Aargau et Muunilinst. Ce qui était normal, quand on savait l'importance des dividendes dans des contrées aussi libérales. Il réfléchit une seconde, essayant de se souvenir de ce qu'il avait vu du débat.

" Menk ? Hm, je suppose qu'il fait partie de ceux furieux qui aboient après Kira ? C'est un humain, Grendo, ne l'oubliez pas. Il a certainement très mal vécu de voir son autorité bafouée, ce que je peux comprendre... Voir une logique rationnelle là-derrière est peut-être un peu prématuré, après un débat aussi peu porté sur le factuel. "

Il n'avait pas plus apprécié de se faire doubler. Bien que les accords conclus par eux avec certains mondes neutres aient portés leurs fruits, une attaque impériale sur les installations non rentabilisées l'aurait mis d'une humeur autrement plus massacrante que celle de Menk, tout muun qu'il fut. Mais cela, Grendo n'en savait rien.

" De beaux parleurs si vous voulez mon avis. Dans leurs interventions désespérées je n'ai vu qu'un objectif : sortir du lot et se faire voir mais surtout entendre. Ce sont des débutants, de vulgaires enfants qui n'ont aucune idée des conséquences de leurs actes. "

Le muun décala son regard de quelques degrés pour enregistrer l'auteure de mots aussi plein de morgue.

" Des actes irresponsables et indignes d'un représentant planétaire.

- Tout à fait. "

Voyl laissa s'échapper quelques notes d'un rire sans joie.

" Allons ma chère, malheureusement tout le monde n'a pas les dents aussi longues que vous. Certains se satisfont très bien de belles idées et d'un siège confortable dans une nacelle. Pour eux, certaines choses n'ont pas de prix. Peut-être parce que personne n'a jamais essayé de leur en proposer un qui en vaille la peine..."

Il dévoila une seconde ses dents chevalines parfaitement alignées. Elle avait de la suite dans les idées - il fallait en avoir, pour rester plus de quelques jours aux côtés d'une personne telle que S'orn. Qui plus était après avoir repris une ruine sociale telle qu'Aargau au lendemain de l'affaire Janos. Ce qui en disait long sur les capacités d'abnégations et la volonté de fer de la demoiselle.

" Quel est l'avis de Muunilinst sur les intentions de ces deux perturbateurs nouveaux nés ? La rupture des accords commerciaux entre Rendili, Fondor et la République, en plus d'être illégal comme je l'ai expliqué dans mon intervention au Sénat, met en danger nos projets de privatisation des autres entreprises comme celui du CBI. A agir ainsi, les Sénateurs Menk et Munsk risquent fort de braquer le Gouvernement qui ne sera définitivement plus réceptif au moindre compromis en matière de privatisation. C'est un risque non négligeable selon moi. "

Voyl croisa les bras, enregistrant la tête de FEy'lya juste derrière celle de S'orn. Le bothan semblait très intéressé par la discussion.

" Vous savez très bien que mes analyses politiques sont celles d'un financier, Grendo. Je ne suis pas le mieux placé pour deviner les intentions de vos orateurs, d'autant plus que certaines espèces ont parfois des réactions... étranges, voire illogiques. Mais bon !"

Clawback dodelina légèrement de la tête de droite à gauche. Il était contrarié, bien que sur ses traits longs et sévères, rien ne soit jamais aisé à lire.

" Je n'aurais pas l'audace de me prononcer au nom du gouvernement tout entier. Cependant, je dois dire que vos prises de position ce soir ne m'ont pas facilité la tâche. Certains ici n'aiment pas la facilité avec laquelle la chancelière s'en est sortie après un désastre pareil. Notre monde a été - certes l'espace de quelques heures - laissé à la merci d'une attaque impériale. L’afflux de troupes dans le secteur Myto aurait pu laisser le champ libre à une tactique telle que celle utilisée par Borenga sur Makem Te. Nos défenses planétaires n'étaient alors plus suffisantes... Tout cela pour dire que si notre adhésion au mouvement a fait l'unanimité, cela n'a pas été sans négociations et sans heurt. Je compte sur vous pour rassurer notre gouvernement sur la fermeté de nos résolutions et les opportunités réelles offertes par la solution Kira...

Il se revoyait encore traiter Kira d'enfant gâtée, juste après avoir entendu de ses propres oreilles un homme comme Fylesan la qualifier d'abrutie... Oui, il l'aurait volontiers étranglée sur le moment, malgré son sang-froid d'être tri-cardiaque. Dans les rangs muuns, la grogne avait été réelle, tout autant ou presque que le jour où Scalia les avait spolier. Clawback ne s'en serait peut-être pas sorti s'il n'avait eu la certitude que Kira ne pouvait pas se passer de leur soutien pour rester sur son trône républicain. La réaction du Sénat avait quelque peu surpris Voyl, qui, tout au long de la crise, avait pensé que la colère et les egos blessés aurait raison de la place de l'ondéronnienne. Il hésitait à se féliciter du sang-froid - ou de l'opportunisme - dont beaucoup de sénateurs, y compris parfois insignifiants, avaient fait preuve en mettant de côté l'envie de taper du poing sur la table en usant du seul véritable pouvoir qui était le leur : un boîtier à deux boutons. Il ne savait pas vraiment comment Klark lui-même aurait réagi s'il avait été sur sa nacelle ce soir-là.

Car l'opportunisme, de son point de vue, était réel : ils avaient désormais les mains libres. Les ficelles utilisées par S'orn avaient été tellement grosses qu'elles avaient forcé ses détracteurs à se gausser de lui. C'était la loi du Sénat, tout portait à la critique, surtout quand elle était facile. On accusait toujours son adversaire de ses propres tares devant l'holocaméra pour paraître assuré et gonflé à bloc. Tout pour l'image, de vrais publicités ambulantes ! Il y en avait pour tous les goûts, chaque électeur ou sympathisant pouvait se reconnaître dans l'une des figures qui combattait. Soit on soutenait simplement sa planète, son système, sa région, soit on applaudissait le sénateur dont les mots étaient les plus doux à ses oreilles. Si bien que des milliards de spectateurs vitupéraient dans le confort de leur foyer devant l'holoécran, comme devant un match de Huttball.

Kira n'était plus en position de force, obligée, pour sauver sa tête, de ratisser le plus largement possible, en sachant que tôt ou tard, ceux qui l'avaient hué au Sénat reviendraient à la charge. La moindre de ses décisions allait être épiée. Même si son mandat s'achevait sur une note positive, elle ne pourrait plus se débarrasser de l'image qu'elle s'était donnée ce soir-là, quand elle avait donné l'ordre de mettre le cap sur Dubrillion en douce. Un nouveau chancelier, mis en place par un Sénat inquisiteur, n'aurait pas eu ce fardeau et cette anxiété de celui qui a obtenu un sursis. Manœuvrer pour s'infiltrer au plus haut de l'état ou gagner des sièges n'aurait alors pas été aussi aisé. Kira chancelière et le couperet dubrillionnais aligné sur sa nuque, ceux lui ayant octroyé une deuxième chance allait rapidement faire savoir que rien dans cette galaxie n'était gratuit. Le FLR avait contribué à lui faire garder sa place... et entendait bien être rétribué pour ce petit coup de main, certes peu discret et risqué pour l'image, mais ô combien contributeur en matière de pouvoir.

" Quant à la volonté de Rendilli de s'opposer à la Chancellerie, eh bien, j'espère qu'ils ont étudié la question très sérieusement. Sinon, ce n'est qu'un effet d'annonce : peut-être a-t-il voulu effrayer d'autres planètes encore silencieuses pour les décider à se positionner ? Mon avis est qu'en plus de lui faire mauvaise presse, la décision de Menk ne va pas lui rendre service. Les nationalisations ont déjà suffisamment compliqué nos rapports aux instances galactiques, sans qu'un conflit ouvert ne soit nécessaire. Muunilinst a toujours été pour la voie de la raison. Le chantage que souhaite instaurer Menk se retournera contre lui si Kira parvient à reformer un gouvernement de coalition, avec derrière elle des mondes industriels tels que Loronar et Kuat ! Se croire irremplaçable est une erreur à ne jamais commettre, surtout en des temps pareils. "

Il était toujours envisageable que Menk et ses suiveurs aient quelques cartes cachées, mais qui n'en avait pas ? Personne, ni dans la sphère politique, ni dans le monde économique, ne tenait à montrer son jeu à d'hypothétiques adversaires. Rendilli jouait un jeu dangereux, qui n'avait pas échappé à d'autres requins plus silencieux. Difficile de savoir si un sénateur aussi récent que Menk avait bel et bien calculé son coup, ou simplement suivi un mouvement qu'il pensait bénéfique pour lui. Auquel cas, pensait Voyl, qui en avait vu des vertes et des pas mûres depuis quarante ans, il sera déçu. Les beaux rêves n'ont jamais été cotés en bourse...

" Si Rendilli se mutine, je parie que d'autres vont rapidement en profiter pour grappiller les miettes. A commencer par toutes ces jeunes entreprises qui tentent de sortir de l'ombre depuis des siècles ! Nous avons d'ailleurs des commandes de vaisseaux à passer. J'ai moi-même misé sur une croissance de l'armement. J'avoue ne pas avoir pris beaucoup de risques. "

Ce qui n'avait rien de très surprenant de la part d'un muun. Mais l'important était surtout qu'il y avait une chance pour que, dans le cas où Kira ne soit pas en mesure de sévir, le coup de poker de Menk tombe à l'eau. Que ferait-il dans ce cas ? Continuerait-il à s'opposer pour garder la face ? Quitte à s'aliéner les autres dirigeants de Rendilli ? Ou ferait-il volte face - comme Ress Laz'ziark l'incorruptible elle-même, quand, au beau milieu d'une crise, il lui avait fallu quérir le soutien d'un militaire aristocrate ? Une question que le représentant se posait sincèrement. Menk était ambitieux. C'était l'une des seules chose que Clawback pouvait parier sur celui qu'il n'avait vu que ès trbrièvement au cours des derniers mois. Mais du reste, était-il lui aussi un idéaliste ? Un de plus qui finirait broyé par les dents impitoyables de la machine républicaine, qui n'avait de démocratie que le nom. Ou qui devrait courber l'échine pour pouvoir accéder à la mangeoire comme tous les autres.

" Puis, le secteur Tapani, vous dites ? C'est une tradition chez eux que de vouloir asseoir leur pouvoir sur tout ce qui bouge. L'héritier des Melantha ne fait pas exception : Kira elle-même ne pourrait avoir assez de suffisance aristocratique pour égaler cet ego-là ! Je suis d'ailleurs étonné qu'il n'ait pas fait plus d'émules. En règle générale, les systèmes proches des Colonies applaudissent des deux mains tout ce qui vient d'eux... Ou presque. "

Entendre Munsk remercier Laz'ziark pour ses propos... Clawback n'aurait jamais cru entendre cela de son vivant. Pourtant, c'était arrivé, cela arriverait encore, c'était la magie de la politique... Il fallait du spectacle et les sénateurs étaient payés pour ça. Ce qui donnait souvent des choses incongrues et d'un comique trop grossier pour duper les véritables intelligences de la galaxie. Clawback, de son point de vue de lobbyiste planté loin des débats qui ne l'intéressaient guère, n'avait pas d'avis sur les personnes. La colère de S'orn le laissait dubitatif, bien qu'il comprit qu'elle devait trouver ses racines dans le caractère très particulier de l'alien vert-de-gris. Il préférait regarder seulement les arguments et les positions pour en tirer profit. Ce que tous les muuns faisaient de manière naturelle, même, parfois, sans intention particulière : une sorte de moyen de défense pour palier à leur faiblesse physique.

" Nous aliéner Tapani n'est pas nécessairement l'une des meilleures options, c'est certain. Ils ne sont pas les plus petits joueurs en matière de chiffres d'affaires systémiques - ils sont même bien placés. Mais ils ont plus tendance à se préoccuper de leur propre secteur et de ce qui s'y passe que du reste de la galaxie. Ce que l'on ne saurait leur reprocher. Vous savez ce que l'on dit à propos de la charité. "

Bien sûr que S'orn savait ! Cette évocation tira quelques rires des partisans. Un parti politique était rarement unanime sur quoi que ce soit, mais ne pouvait espérer grandir et prospérer qu'avec un minimum de cohésion interne. Si certains n'étaient pas d'accord, ils avaient le bon sens de ne pas le faire savoir en public : il fallait serrer les rangs, paraître unis et décidés, pour ne laisser aucune prise aux critiques des autres bords. S'il y avait bien une chose sur laquelle les membres du FLR étaient réunis par ailleurs, c'était bien la profitabilité de leur entreprise. Clawback en tête.

" Mais mettre une poignée d'opposants en balance avec tous ceux restés incrédules m'étonne de votre part, Grendo. Soyons pragmatiques ! Quoique Munsk puisse penser ou vouloir, il ne pourra pas aller jusqu'au bout de ses idées sans se trahir. Il y a trop en jeu... pensez-vous, le marché républicain ! A-t-on déjà vu un noble Tapani rogner sur ses économies ? Si les banques Tapani ne veulent plus prêter à la République, mon pauvre Grendo, il faudra bien que quelqu'un le fasse. Vous ne croyez pas ? Ce serait dommage de ne pas pouvoir gagner une guerre pour une stupide question d'argent. Après tout, la République aurait tort d'aller voir ailleurs pour ce qu'elle peut obtenir chez elle !"

Kira redevable, le CBI à la rescousse d'une République aux abois, avec sa propre bénédiction... Un scénario étrange, qu'il n'aurait pas pu prévoir même un mois avant. Depuis le temps que le CBI prêtait à des planètes de tous bords, personne ne serait surpris de les voir rappliquer, d'autant plus maintenant que la République avait acquis sa part dans la maison - de force plus que de gré. Nombreux avaient été ceux, Voyl compris, à pointer du doigt le danger qu'il y avait à prêter à un organisme d'état fédéral, dont la solvabilité était aussi imprévisible que la pérennité à long terme. Sauf qu'être plongé dans la tourmente avait au moins eu l'intérêt de faire comprendre à Clawback qu'en réalité, croire en la perte d'argent face à l'Empire était un faux calcul. S'ils gagnaient, la République continuerait d'exister, peut-être pour trente-mille ans, peut-être plus. Elle aurait largement de quoi rentrer dans ses frais et eux, de tout nouveaux marchés à conquérir pour renflouer leurs caisses. Dans le cas contraire ? Si la République perdait, la question ne se poserait même plus. Il ne serait plus question ni de bourse ni d'économie, seulement d'un sauve-qui-peut généralisé face à une armée qui n'était pas connue pour faire dans la dentelle. A tout tenter, les muuns seraient les premiers à retourner leurs vestes pour sauver leurs peaux. Comme à toute chose malheur est bon, les muuns avaient cela de commun avec les neimoidiens qu'ils parvenaient à tirer profit même de ce qui à l'origine ne leur était pas favorable. Ces dons qui en faisaient par ailleurs les espèces les plus sujettes à la critique dans les milieux populaires. Tous des voleurs !

" Le Sénat a parlé. S'ils sont ce qu'ils prétendent être, ils s'adapteront. S'ils ne le sont pas, eh bien ils seront remplacés, comme toujours. Soyons vigilants, mais ne nous dispersons pas pour si peu. "

Si le ton du politicien était plein d'une hargne aspirant à la vengeance, celui de Clawback était plein d'une morne et plate banalité. Il aurait tout aussi bien pu lui parler de l'évolution du prix du papier toilette sur Corellia au cours des dix derniers mois que l’intonation n'aurait pas différé.
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