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Une foule de corps aux proportions extrêmement versatiles se pressaient pour passer les vomitorium de la rotonde sénatoriale. Chaque sénateur avait son propre chemin, un trajet tracé pour lui tout comme il avait sa propre planète mais beaucoup aimaient à sortir en groupes qui auréolé de ses assistants, gardes du corps et mignons qui seuls mais conversant avec les sénateurs qui avaient appuyé sa proposition ou hôché la tête en écoutant son discours au lieu de draguer son voisin ou sa voisine. En tant que « homo novus » - ou plutôt « mulier nova » pour le coup, Sobée était seule au sortir de la séance et cela n'était pas pour la déranger. Elle n'avait encore participé qu'à très peu de ces marathons politiques éreintants mais elle s'était rendue compte qu'elle aimait à les rejouer dans son esprit et à réfléchir toute seule sur ce qu'il s'était concrètement passé une fois la journée terminée. En ces temps de guerre tiède elle se sentait, à chaque fois qu'elle quittait le sénat, comme une bourgeoise chanceuse qui aurait réussi à quitter sa ville frappée par une tempête et se retrouvait désormais seule survivante dans une petite barque sur un fleuve renversé par la violence de l'ouragan et qu'elle parcourrait en silence. Dubrillion, la motion de censure contre la chancelière Kira s'étaient très vite enchaînés aux propres rebondissements de la vie de l'ancienne émissaire de Caamas : elle était sénatrice, devait gérer la famille impériale de son pays, satisfaire son peuple en profitant des fameux cent jours d'invulnérabilité d'une nouvelle élue et ainsi appliquer son programme. La pauvre sénatrice était atteinte d'une névrose native qu'on appelle honnêteté et qui frappe les sénateurs les moins aguerris. Cette étrange maladie l'obligeait non seulement à appliquer son ambitieux programme social mais lui donnait en plus envie de le faire et d'aider tous les types sociologiques qui peuplaient Impératrice Téta.


En conséquence la tempête était tout autant sur Dubrillon et dans le sénat qu'en elle : elle était constamment tiraillée par ses différentes obligations et se donnait entièrement dans la tâche pour refouler son inquiétude de ne pas en être à la hauteur. Toutes ces pensées se bousculaient donc dans sa tête alors qu'elle sortait du sénat. Elle adressa un sourire poli à un sénateur Ayrou avant de se laisser aller à un regard circulaire dans les couloirs de l'emblématique bâtiment coruscanti. La constante peur de tomber sur une vision de Kalane flottant à quelques mètres du sol dans cet endroit si peuplé l'habitait depuis sa première intervention sénatoriale. Sobée se taillait petit à petit une réputation et réussissait à donner des orations convaincantes au sein de la rotonde qui, il faut le dire, avaient commencé à lui donner une certaine confiance en elle et en ses capacités rhétoriques. Mais cette vision terrifiante, le corps si étrange et si coupé de la réalité qu'elle sentait parfois léviter à quelques mètres d'elle pouvait la couper dans son élan. Tous ses élans. Et couper l'élan d'Impératrice Téta avec. Après avoir attendu tout une éternité qu'un petit groupe de sympathisants du FLR la laissent passer la jeune héritière de l'Impératrice guerrière se mit à arpenter les couloirs d'un pas plus rapide, plus déterminé. D'abord absorbée dans la lecture d'une datacarte préparée par un assistant sur la route commerciale de « Koros Trunk Line » et sur les possibilités de restructuration ou de mise sous sécurité qu'elle envisageait, la dernière Yorshka rangea finalement ses affaires et s'occupa dans la remise en ordre de sa queue de cheval. Ce genre de gestes, des réflexes délicats et précis, lui permettait de mettre son corps en pilote automatique pour réfléchir.


Sa réflexion fut rapide. Elle s'arrêta soudain, vérifia que sa coiffure était terminée et s'approcha du plus proche représentant de la presse galactique qu'elle put trouver... puis s'en détourna, inspectant les couloirs plus précisément. Depuis son élection elle avait identifié le principal problème de l'Impératrice Têta comme un défaut d'image : tout ce qui s'était déroulé avec Lord Keto une demi douzaine plus tôt avait porté un coup formidable au monde impérialo-républicain le faisant plonger dans l'opinion publique.. Depuis quelques années Téta dormait dans les bras de Lethé alors qu'il s'agissait d'une des planètes les plus peuplées de la galaxie et d'un fer de lance du Noyau Profond malgré l'ombre éternelle de Coruscant. Le principal combat de la sénatrice, plus important encore s'était elle rendue compte que le partage culturel ou que le trésor national qu'était l'économie de la carbonite résidait dans la réhabilitation de l'image de la planète. Faire oublier aux milliards d'être qui suivaient les séances sénatoriale que son prédécesseur avait été un Sith complotant contre la République était son cheval de bataille. C'est pour cela qu'elle avait pris l'habitude lors des quelques premières séances de chercher le journaliste le plus important qui rôdait dans les lieux, de le traquer comme une panthère et de le coincer dans un coin pour pouvoir donner l'avis de la population tétane qu'elle représentait sur le sujet du jour et ainsi dédiaboliser sa planète en occupant l'espace médiatique. Une technique ancestrale dont Sobée ne voyait aucune raison de se priver.


Cependant lorsqu'elle trouva enfin sa proie, la jeune humaine s'arrêta net. Un homme d'une trentaine d'années, aux cheveux blonds tirés en arrière et vêtu à la manière des aristocrates ou des maisons nobles des secteurs humains ou affiliés se tenait près du journaliste. Si Sobée n'avait pas dirigé la grande bibliothèque de Yorshka et n'avait pas prêté attention aux séances importantes du moment elle n'aurait pas reconnu les symboles dessinés sur sa tunique. Mais elle avait étudié la galaxie durant laquelle elle vivait bien plus longtemps qu'elle ne l'avait dirigé et reconnut donc les marques du prestigieux secteur Tapani, constitué en monde nobiliaires unifiés non pas sous la bannière d'une seule comme l'avait fait l'Impératrice Téta mais dans une entente aristocratique représentée par un seul sénateur. Malheureusement la précision des souvenirs de la jeune femme s'arrêtait là : cet homme était-il le sénateur en question ? Etait il l'un des aristocrates pullulant dans le secteur aux sept maisons ? N'était-t-il qu'un assistant ou un émissaire portant les couleurs Tapani ? Elle n'arrivait pas non plus à discerner son activité exacte. La foule des politiques et de leurs hommes de main et autres caméristes formaient des vagues humanoîdes qui bloquait la vue de la jeune femme. Il ne restait qu'une seule solution pour découvrir si le journaliste était disponible ou non. D'un pas décidé, la dirigeante d'Impératrice Teta s'avança vers son homologue, mieux habillé qu'elle. Elle avait en effet choisi un habit civil violet qui la mettait en valeur au sénat tout en soulignant sa proximité avec son peuple, le lien le plus important à ses yeux. Sa robe violette la démarquait à la fois des aristocrates et des sénateurs de petite importance tout en lui permettant de ne pas cacher son fameux tatouage qui, en détonnant au sénat, faisait briller son individualité. Une simple humaine aurait été invisible entre toutes sur Coruscant. Une sénatrice tatouée en robe civile était d'une toute autre dimension.


- Excusez-moi, mes hommages au système Tapani. Je suis Sobée Yorshka, sénatrice d'Impératrice Teta et d'Atale. Ce journaliste est-il à tout hasard disponible ?
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La tension est à son comble, alors que les sénateurs sortent par paquet de la rotonde. On entendrait presque les insultes qui fusent, quand elles ne sont pas prononcées lâchement à voix basse. Aujourd’hui, pour beaucoup, a été une mauvaise journée. Pour tous ceux qui n’ont pas su se démarquer et réellement s’imposer dans le débat tout d’abord, mais également pour les membres du FLR qui se sont fait fusillés sur place, et enfin pour les quelques représentants qui n’apprécient guère de telles joutes verbales, prônant la sagesse et la raison. Après tout, nous sommes en politique, et plus encore en démocratie, il faut que toutes les tendances se retrouvent. Pour autant, je ne comprendrais jamais ceux qui redoutent ou bien se lamentent de ces joutes verbales : elles permettent de se faire un nom, et je compte bien en profiter d’ailleurs, elles permettent à chacun de se dévoiler au grand jour. N’est-ce pas le cas du sénateur de Caamas, qui s’est montré tel qu’il est réellement, ou bien encore du sénateur de Neimoidia, chef de file du FLR ? Si la politique est un rideau richement décoré, alors les joutes et autres accrochages sont les moments où le rideau tombe, comme sur scène.

J’ai été l’un des premiers à sortir de la rotonde. Je n’aime pas attendre, parler aux uns et aux autres pour me rassurer sur la qualité de ma prestation. Puis, j’ai dû me faire un certain nombre d’ennemis aujourd’hui. Pour le moment, mieux vaut être discret et efficace. Je serre quelques mains, des représentants de mondes proches généralement, et sors par l’un des vomitoire. Ce qui me permet de profiter des journalistes et des quelques rafraîchissements mis à disposition, sans que la grosse vague de politiciens ne viennent parasiter l’entièreté du dispositif. J’apprécie converser avec les journalistes, même si, en bon homme politique, je sais qu’il vaut mieux être prudent et choisir autant ses sujets que ses mots. Il est toutefois assez simple d’établir une relation cordiale entre sa personne, ce que l’on représente évidemment, et les médias. Il suffit pour cela de donner quelques informations, suffisamment pour assurer quelques articles sans toutefois donner des éléments compromettants, que ce soit sur soi-même ou sur un autre, qui pourrait être tenté de rendre la pareille. Cette entente, beaucoup de mes collègues ne l’ont pas, ne la cherchent pas ou n’arrivent pas à l’obtenir. Cela doit alors sans doute venir du fait que ma maison noble contrôle l’intégralité du réseau HoloNet propre à Tapani…

Mais avant d’aller rendre visite aux journalistes présents, dont j’ai d’ailleurs remarqué une ravissante Twi’Lek dans leurs rangs, je ne vais pas me priver d’un petit rafraîchissement, diront certains, ou remontant, diront d’autres. Une cuvée rouge d’Aldera me conviendra à merveille. Le droïde serveur s’attelant à la tâche, l’on s’approche de moi.

« Sénateur Munsk ! Ahrold, du Coruscant Post. Un petit mot sur la séance d’aujourd’hui ? Pas facile non ? »

Cet homme ne me dit rien, mais son journal par contre, me parle plus. Certes, je ne suis pas un vétéran de la politique, un vieux loup de mer qui connaît chacun des journalistes, chacun des journaux, chacun des politiciens et des hommes à connaître de cette planète et de cette république. Il est vrai, je n’ai qu’une maigre expérience, un mois tout au plus, et ce n’est qu’aujourd’hui que je me suis finalement exprimé pour la première fois. C’est dire.

Mais je ne peux pas, et je pense que je ne pourrais jamais, oublier les longues heures interminables à réviser les grands médias de ce monde et de cette galaxie dans ma suite sénatoriale, leurs lignes éditoriales, leurs spécificités, leurs directeurs de publications, et enfin leurs rédacteurs en chef. Un travail acharné mais plus que nécessaire. Car si la politique se joue bien sur un terrain, plus qu’au Sénat c’est dans les médias que tout se détermine. Je ne fais pas de la politique pour plaire à des sénateurs, mais pour plaire au peuple qui m’a élu. Je pense que je ne les ai pas déçu aujourd’hui, et qu’en leur nom, qu’en leur responsabilité, je me suis bien battu.

« Ahrold c’est ça ? Enchanté. »

J’aime bâtir mes relations sur une sorte de respect mutuel, tout en montrant toutefois ma main-mise. Une simple poignée de main peut traduire beaucoup de choses : c’est la gestuelle. Ainsi, lorsque j’en viens à serrer la main de ce journaliste, en tournant légèrement ma main de façon à ce que la partie extérieure soit en haut, je montre implicitement mon pouvoir, et lui fait comprendre que je peux rester sympathique et agréable, mais qu’il ne faut pas trop me chercher. Au vu de son âge et de sa confiance, je pense qu’il est suffisamment expérimenté pour être au courant.

« La séance d’aujourd’hui ? Oh et bien.. Certains vous diront qu’elle a été lamentable, en particulier les membres du FLR, notamment après la pirouette d’un leader bien trop désireux de favoriser sa carrière. D’autres vous diront qu’elle a été constructive. Moi, je dirais simplement que le Sénat est en colère et qu’il a raison de l’être. Nous nous sommes fait insultés du début à la fin. »

A cet instant, je suis conscient du missile que j’envoie en plein dans la Chancellerie et le Front de Libération Républicain, qui ne porte d’ailleurs pas du tout son nom. Mais l’occasion était trop belle. Puis, cela fera parler de moi au moins, on ne m’oubliera pas.

« Insultés du début à la fin ? »
« Oui en effet, nous avons été insultés. Insultés par des… »
« Excusez-moi, mes hommages au système Tapani. Je suis Sobée Yorshka, sénatrice d'Impératrice Teta et d'Atale. Ce journaliste est-il à tout hasard disponible ? »

Intrigué, je me retourne pour me retrouver face à une femme aux traits relativement plaisants. Ah oui, la sénatrice de Koros Major. Je me souviens de ses interventions.

« Sénatrice Yorshka, enchanté. Mes hommages au système Teta. Je termine et il est à vous. »

Amusons-nous de la situation un peu, et laissons-la quelques instant douter de mon identité.

« Je vous disais donc que nous avons été insultés du début à la fin. Que ce soit par des sénateurs peu intègres, capable de changer d’avis sans même donner d’arguments valables, ou que ce soit par une Chancelière dont la maturité laisse à désirer, et dont l’honnêteté est à remettre en cause, il est certain. Notons d’ailleurs l’accusation honteuse quant à la possibilité d’infiltrations dans le Sénat ! Notons plus encore les accusations répétées envers des sénateurs, le gouvernement et même le système militaire. Nous ne sommes pas dans l’union que nous propose la Chancelière, l’union que nous devrions adopter aux portes d’une guerre que nous avons déclenché et que nous devons assumer. Nous sommes même loin d’une entente. La République a de sérieux soucis à se faire si elle continue sur cette voie, croyez-moi ! »

Voilà qui était dit. Dès demain, nul doute que tout cela sera repris dans de nombreux médias. Dans un sens, tant mieux. Je respecte mon programme.

« Et je vais donc vous laissez à la ravissante sénatrice Yorshka. Vous trouverez plus de détails dans mon discours, et mon assistant reste à disposition pour une interview. »

De quelques pas je vais mine de m’éclipser, restant toutefois suffisamment près pour bien écouter ce que la sénatrice aurait à dire, alors que la foule envahit progressivement la pièce.
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Sobée s'avança vers le journaliste acculé avec un petit sourire sans croiser le regard du Sénateur qui n'avait pas donné son nom. Elle dût même faire attention à ne pas marcher sur la traînée de son costume cérémoniel pour ne pas passer sur le mauvais canal et finir en boucle dans les hologags des Best-Ofs de chaque planète. D'un geste innocent, aussi tacite qu'évident, elle demanda au journaliste de se pousser un peu puis entra dans la zone qu'il occupait auparavant comme une colon qui met les deux pieds sur la terre promise au sortir de son bateau. Elle venait de conquérir l'espace du journaliste et partait désormais en guerre contre l'espace médiatique qu'il vendait, avec ses appareils d'enregistrements et sa fausse attention pleine à craquer de questions bateaux et de vieux dossiers sur chaque planète déterrés par toute une équipe de fouineurs du Coruscant Post.

En bonne sénatrice de terrain, adepte du combat du bruit et de la parole, elle attendit un creux dans le brouhaha qui agitait les couloirs – pas très différent finalement de celui qui régnait dans la rotonde durant les séances – avant d'attaquer. Un petit mouvement de cheveux faussement naturel qui avait pour objet de la faire passer pour une être humaine avant d'être une représentante politique purement fonctionnelle devant la caméra et elle s'approcha encore plus près du journaliste, l'acculant quasiment contre le mur avec dans ses iris bleu la flamme qui meut les véritables prédatrices. Tout cela n'aurait servi à rien si la conquérante n'avait pas commencé à parler avant sa proie : un journaliste qui prend la parole ne la lâche jamais vraiment puisqu'il soumet automatiquement la parole de ses interlocuteurs à une herméneutique tordue, corrompue par la ligne éditoriale de son canard. Commencer les hostilités était pour Sobée une nécessité.

"Arhold ai-je entendu ? Enchantée, je suis Sobée Yorshka et je parle au nom de la famille royale d'Impératrice Têta... dont je suis la sénatrice."

Petite pause. La sénatrice tenta de continuer sur sa lancée comme si elle avait réussi à passer les lignes ennemies mais devait encore enfoncer la porte du quatrième pouvoir avec le bélier de son discours. Malheureusement, le journaliste avait repris ses esprits et s'était souvenu qu'il ne faisait pas un microtrottoir devant les bars mal famés de Taris mais une interview historique au sortir d'une des séances du Sénat les plus importantes de ces dernières années.

"- Euh, oui, bonsoir Madame Yorshka, vous savez, nos auditeurs se demandent si.."

"Et ils ont raison." Elle hocha la tête avec une sincérité qui ressemblait à une délicate attention. "Ils ont raison ! Je crois qu'il y avait beaucoup de vrai dans les réponses de mon prédecesseur. Cependant je ne pense pas qu'il soit convenu de créer un « nous » aux contours lâches qui aurait été insulté par une menace extérieure. Je pense que c'est la République elle-même qui vient de se blesser, de se renier elle-même. La République est aujourd'hui exactement comme un schizophrène qui se croit plusieurs en un seul corps et se fait souffrir lui même ou repousse son propre bras en pensant qu'il appartient à quelqu'un d'autre. Tenter de donner encore plus de pouvoir à un individu qui a agi sans l'aval de nous tous, dans le dos de chacun de vos auditeurs, chez Arhold ? Oui, notre chancelière a ignoré les représentants choisis par les millions de milliards de personnes qui écoutent votre retransmission ou celles de vos congénères, par tous les électeurs et les sujets de la Galaxie et elle a frappé seule dans le dos de tous !"

"- Il a fallu se battre aujourd'hui ! Se battre au nom de la constitution. Mon prédecesseur – elle n'avait toujours pas retrouvé le nom du personnage qui venait de lui prêter le journaliste – se plaignait du fait que la République ne soit plus une union ce soir. Je pense que la République ne doit jamais être une union bien sûr, la dialectique et l'émulation de tous contre tous sont à la base de tout notre système. Un système sans dissensions et sans discussions tumultueuses pour donner un sens à l'Histoire, sans crises des passions qui s'entrechoquent vers le bien commun serait bien sûr un Empire, ou une dictature. Cependant il faut que l'on vise un objectif commun qui pour moi était l'évidence de la paix. L'évidence surtout, de la concertation sénatoriale. Que des franges oligarques se soulèvent aussi facilement et proposent des actes aussi inconsidérés et aussi importants que la guerre sans penser ni au sens commun ni à l'aval de tous.... Voilà l'insulte en effet que nous nous sommes adressés à nous-mêmes ! Ce n'est pas une question de FLR, d'UGSS ou de groupes de lettres se battant les uns contre les autres. Je ne veux pas aujourd'hui me lancer dans des attaques ad hominem et accuser tel ou tel d'être peu intègre."

"- Êtes-vous certaine ? Ne faut il pas justement désigner les mauvaises herbes pour les arracher ?"

Non, au contraire. Il faut trouver la bonne tutelle pour faire grandir le sénat et redonner le pouvoir au peuple pour qu'il empêche des individus isolés de devenir des mauvaises herbes. Oui, sur Teta comme à l'échelle de la Galaxie, je prônerai jusqu'au bout l'importance du peuple dans les décisions et je pense qu'il est plus important de défendre le suffrage de tous vos auditeurs que de punir ce que vous appelez « mauvaise herbe. »

"- Mais est-ce un échec ? Vous avez tout de même voté contre et .."

Je vais vous avouer quelque chose mon cher. Un grand homme, un érudit de la planète dont je viens et qui aurait toute sa place sur la planète que je gouverne a dit qu'il fallait aller jusqu'au bout de la destruction, de la décadence et de la déchéance pour que tout s'effondre enfin et que règne sur leurs ruines la vertu et la vérité. Je dirais que... tout ce qui s'est déroulé aujourd'hui mène un peu plus la République vers ce .. Grand Soir.


Elle ne dit pas aurevoir et détacha ses cheveux juste avant de partir, les faisant retomber sur ses épaules pour pouvoir se retirer dans un mouvement magistral qui tranchait avec la manière peu cérémonielle dont elle s'était vêtue et comportée jusque là : une sénatrice engagée venait de bondir derrière l'image floue d'une simple jeune femme. Mais sa déclaration comportait une part de provocation et d'une sorte d'engagement peu commune qu'elle pourrait payer au prix fort. Alors qu'elle se retournait Sobée croisa la figure du sénateur du système Tapani qui ne s'était pas visiblement éloigné autant qu'elle l'aurait pensé, et c'est avec un sourire satisfait de prédatrice repue qu'elle avait du mal à effacer qu'elle le remercia d'avoir attaqué le journaliste en premier comme « le brave hérault de Tapani » qu'il était.
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La sénatrice d’Impératrice Teta ne manque pas de coffre, ni d’idées. A peine commence-t-elle à parler au journaliste qu’elle attaque avec des procédés rhétoriques fort. De ce que je vois, elle a appris à bonne école c’est certain. Malgré le bruit, je tend l’oreille pour écouter l’ensemble de son discours.

Dès le début, elle charge en soutenant mes dires et même en insistant. Pour elle, c’est la République entière qui aujourd’hui s’est blessé. Des mots forts et des comparaisons lourdes de sens, comme notamment l’image du schizophrène. Je n’avais pas entendu grand monde dire de notre système qu’il est semblable à un malade mental, c’est osé. Mais d’un autre côté, elle n’a pas tord. Avec cette Chancelière, avec cette incohérence dans une partie de nos politiques, il ne faut pas oublier que plus que jamais, nous sommes malades et en danger. Sur ce point, je la comprends et je partage son avis.

Sa reconnaissance qu’Emalia Kira est le problème me fait d’autant plus chaud au coeur. Je suis parfaitement conscient que certains, si ce n’est beaucoup, pensent que nous sommes simplement des mauvais perdants, que nous haïssons l’idée de ne pas avoir été contactés plutôt que d’autres, la rhétorique du « tous pourri » en somme. Cela, je le réfute. Il ne s’agit pas de place, de carrière. Il s’agit de vies, de futurs morts par simple incompétence, il s’agit d’honorer les morts et de respecter les principes de la démocratie, ce pourquoi tant ont perdu. Notre histoire ne doit pas être un combat vain, mais une lutte pour le progrès constant.

Je suis moins d’accord cependant lorsqu’elle estime que la République ne doit pas être une union. Là dessus, il y a plusieurs niveaux de lectures. Bien évidemment, dans le sens d’une union pour former un seul corps, une seule opinion, une seule pensée, je suis d’accord avec elle, la République ne doit pas être une union. Mais dans le sens de l’appartenance à une même idéologie, à un même mode de pensée politique, à de mêmes principes, alors là je considère que la République doit être unie, que nous devons être sûr de mêmes bases pour être plus fort, et pour simplement s’entendre. Ce qui n’est pas possible, et nous fait courir un grave danger, si nous ne sommes pas sur de mêmes bases. La clé de la victoire pour les Sith, ce n’est pas de vaincre militairement la République, mais bien d’appuyer sur ses fissures pour provoquer des fractures.

De son avis sur les mauvaises herbes, là encore je suis bien moins d’accord. Puisque les mauvaises herbes tels que les incompétents, les arrivistes, les carriéristes, les oligarques, ne le deviennent pas parce qu’on leur permet de le devenir, mais bien parce qu’ils ont une idéologie négative et individuelle, parce qu’ils voient le profit et la carrière avant de voir les responsabilités qui leurs incombent. C’est pour cette raison d’ailleurs que je soutiens le vote public obligatoire pour chaque nomination de sénateur. Notamment pour les forcer à s’impliquer et pour empêcher que l’avis du gouvernement prenne le pas sur l’avis du peuple. Après tout, nous sommes un régime démocratique.

Du reste, sa petite mise en scène précédant son départ m’amuse, je dois l’admettre. Maintenant, la voilà qui s’approche. D’un sourire particulièrement étrange, elle me remercie brièvement d’avoir attaqué en premier. Provocatrice.. J’aime ça. Embrayons directement, il pourrait y avoir matière et intérêt, comme l’on dit par chez moi.

« Vous vous êtes fait remarqué aujourd’hui. Entre votre intervention et cette déclaration à la presse, vous figurez parmi les plus actives du Sénat ma parole ! »

Un peu de provocation moi aussi, on verra bien comment elle réagira. Mais plus tard car j’enchaîne immédiatement.

« J’ai apprécié vos allocutions sénatrice. Non pas parce qu’elles sont proches de mes idées mais pour leurs qualités. Pour connaître un peu Cinnagar, vous représentez là à merveille un monde fort agréable. »

Si je peux bien me placer après tout, cela peut être utile..

« Toutefois, je ne suis pas d’accord avec certains points. Mais cela, vous devez vous en doutez. Comme vous le prônez, la République ne doit pas être une union, mais doit s’opposer pour en sortir le meilleur. Concept intéressant, mais critiquable. Vous oubliez les différents niveaux de lecture. »

Ah et j’oubliais presque..

« Oh et c’est Sénateur Munsk, pas Sénateur Prédécesseur. »

Laissons-la un peu souffler maintenant, puis donnons lui aussi le temps de répondre. On risque de me taxer de sexiste sinon.
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- "Je n'oublie pas des niveaux de lecture, Sénateur Munsk, j'adapte mes idées à une entrevue rapide, médiatisée quelques secondes seulement au milieu d'un flot d'autres paroles, comme la vôtre par exemple. Je suis nouvelle mais j'ai eu le temps d'apprendre qu'une existence en politique, ça se résume, c'est éphémère et ça doit se vendre très vite pour continuer à exister. Pantha rhei, vous savez."

Ce n'était pas une réponse acrimonieuse ni une attaque immédiatement méfiante à l'égard du représentant de Tapani mais plutôt une pique qui servait à la fois de test contre la face positive de Shey Munsk,, d'entrée en matière pour une discussion plus longue en lançant le sujet plus bateau encore que la météo qu'est la médiatisation du politique et une présentation rapide d'elle-même qui permettait de se montrer à la fois comme nouvelle – ce qui peut avoir ses avantages – et comme idéologue compétente. Pour souligner tout cela, la jeune humaine atténua légèrement son sourire sans l'effacer et se rapprocher du blond sans se presser. Pendant ce temps, le journaliste avait plié bagages et commencé à chercher un nouvel endroit où recueuillir des témoignages. D'abord pressé par ses prédateurs ( les sénateurs qui avaient un message à faire passer et qui préféraient jouer leurs pions avant que leurs adversaires aient bougés ) il allait traquer lui-même ses propres proies ( les sénateurs plus timides, par exemple les dirigeants funambules pris entre deux feux et qui avaient réussi jusque là à ne pas se mouiller ) avant qu'elles ne quittent l'immense sénat. Près des hangars diplomatiques, ces sénateurs timides allaient devoir prier tous les membres du Conseil et promettre des offrandes à tous les dieux de la Galaxie pour n'être pas arrachés à leur neutralité par le quatrième pouvoir.

Sobée et Munsk s'étaient jetés parmi les premiers dans les griffes de ce dernier parce qu'ils étaient jeunes, parce qu'ils étaient homo novus et parce que comme tous les jeunes homo novus, ils avaient un plan. Parce que ce que Munsk niait en insistant sur l'union sacrée de la République et en faisant croire à son homogeneité, c'est que chaque sénateur jouait pour sa propre équipe même s'ils partagaient tous le même championnat. Si la République avait été une union aussi solide, alors tous les représentants se seraient présentés docilement devant les journalistes comme autant de shaak d'un même troupeau et auraient répété la même litanie sans aucune dissensions, sous la dictée de la bergère locale, la Reine d'Ondéron.

La sénatrice d'Impératrice Têta et son congénère de Tapani avaient certes probablement beaucoup de dissensions mais ils étaient justement tous des exemples de l'indépendance de chacun dans le corps aux liens très lâche que doit être une République. En avançant vers le dirigeant au manteau décoré, la jeune femme se permit de continuer sa prise de parole en réagissant à une sortie intéresante de son interlocuteur.

"- Alors vous connaissez Cinnagar d'expérience ? J'avouerai ne jamais m'être rendue dans le secteur Tapani, si vous excusez mon honnêteté.Et pourtant, vous ne pouvez imaginer à quel point j'ai joué l'aventurière exploratrice pendant des années.. Qu'avez vous donc pensé de la cité de tous les possibles ? Je serai curieuse de voir comment vous la comparez à Procopia."

A l'instant où elle arriva devant le sénateur, son mysérieux sourire à la fois méfiant et facétieux refit surface et elle leva lentement une main gantée, avec dans les yeux ce pétillement de malice qui illumine le regard de ceux qui vont au bout de leur logique. Devant le médiateur des nobles, sa main n'était pas tendue comme celle d'une collégue qui va saluer un collègue mais d'une noble qui demande un baise-main. Ou d'une apparatchik qui teste un étranger.
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La réponse de la sénatrice Yorshka est pour le moins.. osée. Quand bien même elle n’apparaît pas comme une réponse sèche ou insultante, elle est d’ailleurs diplomatiquement tout à fait correcte, elle montre que quand bien même la sénatrice d’Impératrice Teta est une novice, elle ne se laissera pas faire et n’est pas prête à abandonner un millimètre de terrain. Je n’aimerais pas figurer parmi ses adversaires, c’est certain.

Mais je ne peux tout de même m’empêcher de lâcher un bref rire de complaisance. Parce que sa réponse peut prendre un air très.. magistral. Comme si elle me faisait la leçon sur ce qu’est un homme politique, et sur ce que la médiatisation du personnage implique. Oui, les choses doivent aller vite, l’on nous force à toujours résumer, à toujours en dire plus, on cherche dans notre passé, on analyse chacune de nos phrases, de nos mots, pour tenter de déterminer nos prises de positions. Certes.. Mais personne ne nous empêche de prendre un peu de temps, et d’aller au-delà de ce que les journalistes, de ce que les peuples veulent.

L’homme politique n’est-il pas le phare, celui qui doit voir là où le peuple est dans l’obscurité, celui qui guide par son intelligence, sa réflexion, sa sagesse, en ayant toutes les cartes en main ? Si chacun pouvait tenir cette place, en avait les capacités et les moyens, nous n’aurions aucune légitimité d’être ici d’une part, nous n’en aurions pas intérêt non plus.

C’est pourquoi je ne peux m’empêcher de répondre.

« Oui, il est certain que les impératifs vous forcent à répondre de la façon la plus brève, la plus concise possible. Mais vous savez.. Je ne crois pas que nous sommes forcés de suivre ce que les peuples et les médias cherchent à nous imposer. La politique, c’est au-delà pour moi. Peut-être serais-je pris comme un idéologue. Mais j’aime à penser que nous ne nous agitons pas pour rien ici, que nous ne brassons pas du vent, mais que nous éclairons les peuples, que nous avons ce don, ce talent, de pouvoir disposer d’un maximum de cartes pour prendre de grave décisions. Alors la question qui, à mes yeux, se pose est la suivante : faut-il gâcher ce talent, faut-il gâcher toute la politique, sa complexité, pour suivre les règles ? Ne faut-il pas un peu prendre le temps, surtout en cette période si trouble ? »

Ma réponse, je l’ai déjà. Mais ce que je cherche à savoir, c’est ce qu’elle, elle pense. Est-elle une de ses politiciennes nouvelles mais vieille dans l’âme, cherchant désespérément à trouver sa place entre les ténors de la rotonde et la ‘jeunesse politique’, celle qui croit, qui a l’idéologie, les idéologies pour être exact, pour elle ? Croit-elle en quelque chose, si ce n’est l’argent ? En l’ambition, en des croyances quelconque, en ce que nous faisons ?

Je l’espère. Car elle pourrait alors être une proche, peut-être une alliée de circonstance. Mais si elle fait de la politique comme on l’a toujours fait, si elle ne pense pas à autre chose qu’aux gains matériels et financiers, si elle n’a pas cette soif du pouvoir, cette arrogance de l’ambition, si elle ne se pense pas une élue parmi la populace.. Alors elle n’aura guère d’intérêt à mes yeux et ne pourra pas me servir, ni aujourd’hui ni demain, quand les nuages seront gris et menaçants.

Mais pour l’instant elle enchaîne sur un tout autre sujet, et l’idée qu’elle me teste me passe par la tête. Car voila qu’après plusieurs questions sur ce que je pense de Cinnagar, la sénatrice enchaîne en me tendant sa main gantée, pour recevoir le baise-main qu’exigerait une aristocrate.. Sauf que de mémoire, elle n’en est pas une. Et si elle en était véritablement une, cela serait considéré comme un affront de baiser une main gantée.. Mais bon.

Ainsi, avant même de répondre à ses questions, j’enveloppe sa main des deux miennes, et lui retire délicatement le gant, avant de pencher ma tête pour finalement embrasser sa main. Vient ensuite un léger coup de pouce sur le baiser légèrement humide, une marque de l’aristocratie Tapani qui pourrait passer pour une caresse. Je me plais à ne pas l’oublier, contrairement à beaucoup des miens, justement pour déstabiliser. Maintenant, je peux répondre.

« Cinnagar est une cité magnifique, et je ne dis pas cela pour vous flatter. La culture, l’art, les innovations sont omniprésentes. Mais quand l’on vient de Procopia, l’eau manque. Ici aussi d’ailleurs. Voyez-vous, Procopia est une planète-archipel, dont les trois plus grandes îles, Estalle, Lalos et Destato, font office de joyaux. Partout, on retrouve de grands jardins, d’immenses fontaines, des sculptures ancestrales, des allées massives. C’est vrai que Cinnagar est là dessus bien différente mais tout aussi traditionnelle et majestueuse. Je peux dire que je me sens bien autant à Procopia qu’à Cinnagar. J’y ai d’ailleurs passé d’excellents moments. »

Vient la seconde partie, plus douce.

« Mais c’est avec joie que je vous inviterais à vous montrer les différents paysages Tapani. Notre espace est vaste, nos planètes nombreuses : des mondes aux forêts sans fins, des planètes-villes, des déserts, des mondes rochers. Inoubliable, je peux vous le garantir. »
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