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# L'âge de raison (partie II ~ PV Luuna) - Mer 4 Oct 2017 - 17:52
« La vraie question devrait être : est-ce que je vais parler au Conseil ou à Luuna en premier ? [...] Quitte à tourner la page, autant choisir la vérité, non ? »
Luke Kayan
( [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] )
Le chevalier arriva haletant dans le corridor où se trouvait la cellule de Luuna. S’il avait couru, c’était parce qu’il avait eu peur de perdre en chemin le courage que Luke venait de lui insuffler : si elle n’était pas dans sa chambre, alors tout cette détermination fondrait comme neige au soleil. Ne pas hésiter, ne pas réfléchir, c’était le seul moyen de mettre un terme à ses souffrances et aux mensonges qu’il avait dressé entre lui et sa partenaire.
Il frappa doucement la porte sans entrer, laissant à sa belle son intimité, mais ses coups devaient lui indiquer déjà qu’il s’agissait de Lyrae : depuis tout ce temps, ils avaient leurs propres codes, implicites et explicites, et ce genre d’introduction en faisait partie. Cette fois, ça y était : il ne pouvait plus reculer, il serait obligé de dire tout ce qu’il savait. Une part de lui se sentait soulagé d’avoir réussi à prendre cette difficile décision ; l’autre partie, une plus grande part pour être honnête, appréhendait la réaction de Luuna. Et si elle ne comprenait pas qu’il s’était agi d’un accident ? Et si elle le rejetait ? Que se passerait-il alors ? Mieux valait être radié de l’Ordre que de perdre à la fois Luuna et Laïkin. Car aucun jeune Jedi ne gardait de lien avec ses parents… Sauf si ceux-ci vivaient au Temple aussi, irrémédiablement. Si Luuna se tournait contre lui, si elle témoignait contre lui au Conseil, alors il était déjà certain de perdre sa place – le chevalier Shein, contrairement à lui, était tenu en haute estime du Conseil pour le sérieux avec lequel elle encadrait ses padawans et effectuait ses missions. Elle était bien sûr meilleure que lui ; elle lui avait même appris un certain nombre de choses, comme se dissimuler grâce à la Force. Pendant qu’elle avait retrouvé ses capacités, pendant qu’elle s’était remise d’une amnésie qui l’avait bouleversée, pendant qu’elle avait mis au monde un petit garçon et élevé une enfant adoptive, pendant qu’elle était redevenue un Chevalier Jedi digne de ce nom… Qu’avait-il fait, lui, sinon réparer des vaisseaux au hangar et ramasser au passage un môme mal taillé pour la vie au Temple, dont il n’était même pas sûr de pouvoir terminer la formation ? Jamais, pourtant, il n’avait ressenti la moindre jalousie. Au contraire. Elle avait souffert bien davantage que lui, lui mieux que personne savait que sa réputation ne recouvrait pas le quart des vertus de la jeune femme. Finalement, la seule chose qui pouvait lui être reproché n’était-il pas de s’être attaché à un demi-Jedi, du genre que l’on laisse au Temple histoire de ne pas faire honte à l’Ordre ?
Posant ses mains à plat sur la porte devant lui, Lyrae colla son front contre celle-ci et ferma les yeux en expirant longuement. Ce n’était pas la première fois qu’il songeait que si Luuna était un cadeau de la vie pour lui, c’était plutôt le contraire en ce qui la concernait vis-à-vis de lui. Ce jour en était encore la preuve : il revenait avec des frasques qui ne feraient que nuire à la réputation de la jeune femme. Il avait pourtant toujours souhaité être un soutien, mais à part la prendre dans ses bras quand elle était triste, qu’avait-il fait au juste ? Tout le contraire.
Un bref instant, il songea à plier bagage et s’enfuir du Temple pour libérer Luuna, Laïkin et Kolin du fardeau qu’il était inlassablement, mais il repoussa fermement cette envie : il devait prendre ses responsabilités. Au moins, révéler la vérité, sinon que penseraient-ils ? Qu’ils les avaient abandonné parce qu’il ne les aimait pas ; or c’était tout le contraire.
Et si Luuna décidait qu’il était mieux qu’il disparût, alors il obéirait. Mais au moins, elle saurait. Elle saurait qu’il l’aimait, qu’il avait commis des erreurs, et qu’il était prêt à se repentir pour cela. Non pas pour lui – à lui, il ne se pardonnerait pas, il était trop tard. Mais pour eux tous, pour leur équilibre et leur avenir, il ferait ce qu’elle penserait juste, même si c’était au détriment de sa vie propre. Surtout si c’était au détriment de sa vie propre : il l’aurait mérité et se sentirait, peut-être, un peu moins coupable si une justice était rétablie.
Du bout des doigts, il sentait les vibrations que provoquait la vie tout autour de lui. Bientôt, il sentirait le verrou de la porte, et son heure serait venue.
Luuna Shein
# Re: L'âge de raison (partie II ~ PV Luuna) - Ven 3 Nov 2017 - 4:14
Dormir,
- Luuna s'était laissée tomber sur son lit dès l'instant où elle avait poussé la porte de sa chambre et le sommeil s'était emparé d'elle immédiatement. Cela faisait des mois qu'elle n'avait pas eu l'occasion de dormir dans un environnement où elle se sentait chez elle et pour la première fois depuis bien longtemps cela s'était reflétée dans ses rêves, puisque aucun cauchemar n'était venu perturber son sommeil.
Vivre infiltrée dans une bande de voleurs et d'assassins n'était pas quelque chose de facile, mais la trentenaire s'y été habituée plutôt rapidement, si l'on mettait de côté ses terreurs nocturnes quasi constantes. Ce n'était pas la première fois qu'elle se faisait passer pour quelqu'un d'autre et elle devait bien avouer que l’identité de Lilith lui plaisait plus qu'elle avait pu l'imaginer lorsqu'elle l'avait crée, afin d'enquêter pour le temple.
Cette femme, à l'apparence sans foi ni loi, lui offrait un aperçu de ce qu'aurait pu être sa vie si elle n'avait pas renouée avec le temple, car s'il y a une chose dont elle était certaine, c'était qu'elle ne serait jamais resté au service de maître Ein. Son départ était inévitable et sans la sagesse et l'acceptation que les Jedi avaient su lui offrir à son retour, il y avait de fortes chances pour qu'au jour d'aujourd'hui elle soit une mercenaire au lieu d'une chevalière Jedi.
Mais malgré cette apparente liberté que lui offrait le personnage de Lilith, Luuna savait qu'elle ne pourrait s'y plonger complémentent tant elle avait à perdre ! Chaque jour vivre dans la peau de cette femme était un véritable défi, car elle devait jongler avec des principes moraux qui n'avaient normalement rien à faire chez une femme comme elle. Il lui était par exemple extrêmement difficile de se voir confronter à des situations où la vie d’autrui était das la balance et si elle faisait son possible pour sauver le plus de vies innocentes que possible, elle ne pouvait toujours agir sans faire tomber sa couverture.
C'était le côté le plus difficile difficile de ce genre de missions, mais elle savait comment donner le change. Flirter avait toujours été quelque chose de facile pour elle, maître Ein pouvait être fier de lui avoir enseigné comment prendre soin d'un homme sans forcement avoir besoin de finir dans son lit. C'était par ailleurs une des rares choses sur lesquelles personnes ne retrouvait à dire, on pouvait flirter avec Lilith de toutes les façons imaginables, mais jamais personne ne finissait dans son lit et tout le monde semblait être d'accord avec cela après avoir eu un aperçu de ce qu'il arrivait aux personnes un peu trop entreprenantes.
Mener une double vie ne voulait pas dire qu'elle était autorisé à oublier celui qu'elle aimait et pourquoi elle l'aimait. Ici, aux côtés de Lyrae, elle avait su se construire une vie bien meilleure que celle qu'elle avait pu rêver avoir plus jeune et c'était grâce à lui. Il lui avait offert un fils et s'était occupée de Jana comme si c'était sa propre fille, ce que la Zeltronne appréciait tout particulièrement.
Des coups sur la porte la firent sortir du sommeil, sa chambre était plongé dans le noir, une des diodes verte de son comlink offrait par alternance une teinte verdâtre à celle-ci. Quittant le lit, elle se saisit de celui-ci pour écouter le message que Jana lui avait laissé tout en se dirigeant vers la porte qu'elle ouvrit avec une expression qui ne pouvait mentir, elle semblait terrifiée !
" Lyrae ! Comment va Laïkin ? Je viens d'avoir le massage de Jana ! Que s'est il passé pour qu'il finisse à l'infirmerie ? Pourquoi personne ne m'a rien dit ? "
Lyrae O'Sil
# Re: L'âge de raison (partie II ~ PV Luuna) - Jeu 9 Nov 2017 - 14:11
La porte s’ouvrit et Lyrae sursauta. Instinctivement, il se retrouva droit comme un i, s’attendant peut-être à ce que sa compagne fût déjà en colère. Mais non – elle ne savait rien, bien sûr. Elle l’accueillait toutefois avec un air catastrophé en parlant de Laïkin, ce qui emballa le cœur du Chevalier – il était arrivé quelque chose à son fils ??
- Hein ?
Il lui fallut moins d’une seconde pour réaliser de quoi elle parlait. Il avait été tellement obnubilé par ce qu’il portait sur ses épaules et la tâche qu’il s’était donnée de dévoiler ses secrets qu’il n’avait plus beaucoup pensé à son enfant. Lyrae prit les mains de sa douce pour la calmer.
- Il va bien, ne t’inquiète pas, lui dit-il d’une voix qui lui semblait bien plus calme que ce à quoi il s’attendait. C’est une petite fracture, rien de grave. Il s’est cassé le tibia en chutant dans un exercice. Il n’a même plus mal, ils se sont bien occupé de lui au centre médical. Mais il ne peut pas remarcher tout de suite, alors il dort au centre ce soir. On ira le voir après, ne t’en fais pas. Il est même fier de sa blessure, je te jure.
Laïkin apprenait la vie pendant que ses parents tâchaient d’être des Jedi, pour en devenir un lui aussi. Quelle famille idyllique ils faisaient… En apparence.
Lyrae sentit que ses explications, toutefois, ne suffisaient pas à apaiser tout à fait la jeune femme, qui devait être prise d’une envie irrépressible de courir au centre médical – mais le Chevalier la retint par les épaules et s’invita à l’intérieur de la cellule, avant de refermer la porte derrière lui.
- On ira le voir dans quelques minutes, promis. Mais là, j’ai quelque chose d’important à te dire. Viens t’asseoir.
Dans la petite chambre de Luuna flottait l’odeur douce de son corps – il connaissait si bien cette chaleur. Le lit était défait, il devait tout juste l’avoir réveillée. Tous ces petits détails ! Tout cela lui semblait d’une simplicité merveilleuse, et représenter tout ce qu’il avait sacrifié par sa négligence, qu’il perdrait peut-être dans quelques minutes. Mais pour elle, pour Laïkin, il était important qu’il s’expliquât lui-même et que les rumeurs ne vinssent pas les prendre à la gorge dans quelques mois ou quelques années, quand leur enfant serait en âge de comprendre les erreurs odieuses de son père.
En entraînant Luuna avec lui, sans lui lâcher la main, Lyrae alla s’asseoir sur la couchette encore chaude de la présence de la jeune femme. Il serra sa main dans les siennes en la posant sur ses genoux, et sut qu’il n’aurait plus jamais deux fois le courage de réaliser ce qu’il était sur le point de faire. Il fallait parler vite. Parler vite avant que sa lâcheté ne le rattrapât.
- Luuna, commença-t-il en déglutissant et en la regardant dans les yeux. Ecoute… Il faut que je t’avoue quelque chose : j’ai fait une grosse bêtise. Mais avant de te raconter, il faut que tu saches que je t’aime, et que je t’aimerais toujours, et Laïkin aussi. Mais que je comprendrais si vous, après ça, vous ne m’aimiez plus. Même comme ça, je vous aimerai toujours.
Il eut un sourire maladroit avec lequel il espérait compenser la teneur dramatique de ses propos.
Comment expliquer, maintenant, la complexité de la situation dans laquelle il s’était plongé ?
- Alors voilà… Tu sais, il y a quelques semaines, tu te souviens, j’ai travaillé sur Balosar. On devait construire un dispensaire là-bas avec le medcorps. Et j’ai sympathisé avec une technicienne, une arkanienne du nom d’Alys vel Aath. On est sortis un soir – juste en amis bien sûr, pour s’amuser… Mais il y a eu un évènement inattendu. Au cours de la soirée, quelqu’un a fait exploser de la substance contenue dans les bâtons de la mort. On n’a rien pu faire d’autre que respirer ça, et… J’ai un trou noir ensuite. Je ne sais pas exactement ce qu’il s’est passé cette nuit – ou plutôt, j’ai dû reconstituer les évènements après coup, car ma mémoire me fait défaut.
Il soupira et baissa les yeux sur ses mains qui tenaient toujours celle de Luuna. Le pire serait contenu dans les prochains mots.
- Lorsque je me suis réveillé le lendemain matin… J’avais vendu mon sabre pour aider un orphelinat balosari, chez qui j’avais adopté un jeune enfant… Avec Alys, avec qui je m’étais aussi visiblement marié pendant la nuit.
Un lourd silence accueillit ces paroles, et Lyrae n’osait pas relever le visage. Il inspira en sentant ses tripes douloureusement entortillées.
- Je ne l’ai plus jamais revue, j’ai fait les papiers pour divorcer, j’ai récupéré mon sabre, énuméra-t-il en se disant que la liste de ce qu’il avait fait pour réparer ses torts aiderait peut-être Luuna à digérer ces informations. Et je viens te demander de me pardonner, si cela est possible.
Il releva les yeux pour observer le visage de sa compagne et y lire ce qu’il n’avait jamais voulu y voir.
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