Etiam Benhult
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Elle orbitait, insignifiante, autour de son étoile rougeoyante. À cette distance, elle ne semblait être qu’une petite bille vert-de-gris. Les rayons de l’astre proche se perdait dans sa terne atmosphère en des reflets de braise mourante. Ogbaä était son nom et elle se situait dans la bordure extérieure. Un monde loin des conflits qui secouaient présentement la galaxie. Un monde discret connus des seuls baroudeurs de l’espace en mal de voyage exotique ou des rares intellectuels capables de nommer le moindre point marginal d’une carte stellaire. Satisfait, Etiam se détourna du hublot et s’adressa à CO-3B36, son droïde, l’unique compagnie sur laquelle il puisse compter à bord de son vaisseau, le Baladin.

« Co, amorce la communication.
- Oui Etiam. Je dois cependant vous avertir, le signal est mauvais.
- Peu importe. »

Un hologramme, grandeur nature, apparût sur le socle de l’appareil de communication. Il illustrait la silhouette translucide d’un homme à l’allure sportive, coiffé d’un catogan et à la tenue fonctionnel de mercenaire. Le Drall s’avança pour lui faire face.

« Etiam, enfin ! Putain, je commençais à m’inquiéter ! »

La voix de l’hologramme, ainsi que son image, étaient brouillées, mais cela ne nuisait pas à la compréhension.

« Navré Gorian, je n’ai pas eu le luxe de pouvoir te contacter avant le saut hyper-spatial.
- Mouais, je m’en doutais. Alors ?
- Je l’ai. »

Lame d’Or saisit une mallette close par deux imposants cadenas magnétiques. Il la souleva pour que son ami puisse la voir.

« Tes informations étaient exacts. Tu m’as vraiment rendu un fier service. Ce codex Sith est authentique. Il m’en apprendra beaucoup.
- Je t’ai fait surtout prendre des risques de dingue. Tu t’en es pris à l’empire Sith, ce sont pas des rigolos. »

Le drall reposa la valise et eut un geste de dédain.

« Tu radotes Gorian. Cette mise en garde, ça fait cent fois que tu me la brandis au museau. Le vol n’était même pas si compliqué que ça, justement parce qu’il semblait impossible, que personne ne s’y attendait, pas de la part d’un individu solitaire en tout cas. Aucune chance qu’ils puissent me suivre. Si jamais ils extrapolent ma destination à partir de mon point de saut, ils vont atterrir dans l’espace Hutt. Et ma prise n’a pas de mouchard. »

Gorian eut une moue dubitative puis eut l’esquisse d’un sourire. Son image se distordit sous l’effet d’une perturbation plus marquée.

« Comme s’il n’y avait pas déjà assez de bordel comme ça... Sildi cherche à savoir où tu es passé.
- Dis lui que je vais bien mais pas un mot où je suis. Je ne veux pas qu’elle vienne, je ne veux pas être dérangé. Le Codex est plus imprégné d’énergie que l’Holocron que j’avais étudié chez toi.
- Tu en auras pour combien de temps ?
- Un mois, peut-être deux, pas plus. Bon, je coupe. Ça commence à vraiment devenir mauvais le signal.
- Fais quand même signe de temps en temps ! Allez, p’tite raclure, porte-toi bien ! »

Après un dernier soubresaut, l’hologramme s’estompa. Ogbaä ne cessait de croître à mesure que le Baladin, cargo corellien de son état, s’en approchait. Bientôt l’appareil, maniée d’une main chevronnée, pénétrait dans son atmosphère, crevait la couverture nuageuse. Dessous furent révélés marais, forêts inhospitalières et reliefs rocheux composant un patchwork putride où dominaient le gris, le brun et le vert poisseux. Même les océans semblaient saturés d’algues, à en juger par leur carnation, et ne donnaient guère envie de s’y baigner. Le cargo perdit en altitude, voguant au hasard, jusqu’à repérer un signal lumineux quelque part au cœur d’un des innombrables marécages. La planète ne comptait qu’une seule espèce pensante, des proches humains primitifs mais ayant déjà eu des contacts avec la technologie. Pour preuve, leurs immenses phares tournés vers les cieux pour attirer les visiteurs des étoiles qui pouvait offrir bien des merveilles qu’eux qualifiaient de magiques. Les visiteurs des étoiles étant toujours bien reçus, inspirant à la fois crainte et admiration, le Drall s’était dit que l’endroit serait propice pour sa retraite vouée à l’étude du pouvoir obscur. Le village apparût, plutôt vaste, ensemble de maisons de bois érigés sur pilotis et reliés entre elles par quantité de passerelles et autres pontons. Le phare était une tour, en bois elle-aussi, accueillant un dispositif métallique probablement obtenus grâces à des visiteurs précédents. La lumière était bien trop forte, bien trop concentrée pour provenir d’un simple feu. À côté de la tour, un espace dégagé, boueux, manière de piste d’atterrissage. Ce fut là que Lame d’Or se rendit.

Lorsque son appareil se fut posé, lorsque sa passerelle se fut abaissée, le Drall s’y présenta, flanqué de CO-3B36. Il avait troqué sa tenue noire dans laquelle il avait commis le vol du codex pour un grand manteau gris et, en dessous, une vêture assortie. Ainsi gris de mise et brun de pelage, il collait aux couleurs locales. Les anneaux d’or à ses oreilles ne s’en remarquaient que mieux. Il y avait déjà là une foule pour lui souhaiter la bienvenue. Le soleil perçait la grisaille céleste, éclairant de pourpre les visages olivâtres des autochtones. Des éclats vitreux flottaient sur l’eau stagnante. Les ombres se découpaient avec une étrange précision. Pareil décor n’était pas absolument repoussant. L’odeur, par contre, était un cocktail de moisissures diverses. Les locaux ne parlant pas le basic, Etiam se servit du droïde comme d’un interprète. Il n’eut aucun mal à offrir quelques babioles en échange d’un endroit tranquille où s’installer. Les villageois mirent à sa disposition une maison quelque peu à l’écart du reste du village. On lui proposa même quelques serviteurs pour faire bonne mesure, mais il déclina l’offre. Il n’avait besoin de personne et, en même temps, se méfiant du côté obscure, il ne désirait pas totalement s’isoler. Non, il ne devait pas se renfermer sur lui-même, il lui fallait respecter l’équilibre, les règles qu’il avait lui-même établi pour demeurer sur la frontière de la Force.

* * *

Le soleil déclinait, faisant s’allonger les ombres. Les rayons carmin se flétrissaient, devenant presque aussi terne que les étendues fangeuse d’Ogbaä. Au-dessus des mares dormantes commençaient à flotter des bancs de brume. Quelques flambeaux s’allumaient dans le village. La lumière du phare étant pour les cieux, depuis le sol la structure ne se distinguait du reste que par sa hauteur. Etiam, accoudé à la balustrade de bois vermoulu observait tout cela d’un œil songeur. Il considéra la silhouette mouvante de quelques locaux joyeux, puis, il tourna les talons. D’un pas tranquille, il remonta le ponton tout en s’imprégnant du chant des grenouilles. Il entra ensuite dans sa maison. Un braséro dispensait chaleur et éclairage. Sur la petite table ronde était posée la valise. Le drall s’en approcha, manipula les verrous pour les ouvrir. Alors apparût le codex... Lame d’Or se plongea avidement dans ses secrets.
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Le Capitaine Durnik est un homme d’expérience. De longues années de terrain au service impérial l’ont forgé au commandement et au métier de la guerre. C’est un homme à la mentalité sèche mais non dénuée d’imagination. Il sait prendre des décisions et les appliquer même en situation de tension. Un homme précieux, un de ceux qui fait pencher le cours d’une bataille et sur lequel on repose une stratégie. Un de ceux à qui l’on peut confier une tâche aussi sensible que de prendre contact avec un agent de terrain en possession d’un Codex Noir pour le garder en sécurité le temps de l’arrivée d’une envoyée de l’Impératrice elle même.

Il se tient au garde à vous mais le frisson qu’il ressent dans son échine n’est pas dû au froid ou à cette fine bruine qui s’insinue partout. L’émissaire Impériale est là mais il n’a plus le Codex. Les vingt hommes sous son commandement mourraient pour lui. Une force démesurée pour assurer la protection d’un seul ouvrage. Une force à l’aune de l’importance que l'Impératrice accordait à cette mission. Et il a échoué.

Une goutte glacée tombe de sa casquette sur sa joue mal rasée. Il la sent glisser sur la peau, tracer son sillon jusqu’à son menton tandis qu’il se tient immobile. Il vient d’annoncer la mauvaise nouvelle à la Sith qui se tient en face de lui. Elle n’a pas eu la moindre réaction. Rien. Maiis la morsure glacée de la peur s’est plantée dans ses entrailles à cet instant et lui qui préférerait mourir que de reculer, doute. Il ne connaît pas cette femme qui lui arrive à peine à la poitrine mais il a peur. Il sert depuis assez longtemps pour connaître la plupart des Siths importants, au moins de nom ou de réputation. Les jeunes ne l’impressionnent plus, les guerriers il en a fréquenté plusieurs au combat, a appris à apprécier le soutien qu’ils pouvaient apporter dans les situations désespérées. Il les respecte, sans les craindre, mais prudemment car il n’est pas fou. Mais le sentiment qu'il ressent aujourd’hui est neuf. Il a l’impression que le monde s’est estompé pour ne plus le laisser que lui face à elle. Que sa vie est en suspens, qu’elle se joue sur ces secondes qui s’égrainent. Ses hommes, pourtant situés à quelques mètres derrière lui, semblent loin, beaucoup trop loin. Un oiseau passe dans son champ de vision, trait noir sur un ciel gris. La poitrine de la Sith se soulève au rythme de sa respiration. Ses sens sont aiguisés, prêt à tout.

“Répétez moi cela, Capitaine.”

Le ton est calme mais la menace voilée évidente. Il sent des fêlures dans cette voix douce, comme un masque craquelé qu’il ne veut pas voir s’effriter.

Il reste factuel, ses années d’expérience lui ont appris cela, que c’est le mieux à faire.

“Nous avions sécurité le Codex dans notre navette elle même située dans le hangar de la base. Deux gardes en faction à l’extérieur, trois dans l'entrepôt, deux dans la navette dont un en permanence avec le Codex. Rotation toutes les huit heures. Des caméras situées au niveau de tous les accès. Il n’y a eu aucun bruit, aucun signe d’effraction. Mais lors de la relève j’ai constaté le vol et la fracture du coffre. Le soldat Gremor était allongé sur le sol, le crâne ouvert, simplement assommé mais avec une commotion cérébrale. Après enquête nous pensons que l’individu s’est introduit par les conduites d’aération pourtant trop petites pour un homme normal. Comment il a pu passer devant les gardes sans que personne ne le remarque reste un mystère. Au moins l’un d’entre nous aurait dû le voir. Nous avons une identification partielle, rien d’exploitable pour reconnaître l’individu mais assez pour comprendre ce qui a pu se passer. Sans doute un Cathar de petite taille, un Drall ou un Ewok difficile à dire à cause de l’obscurité,de la cape et de l’angle de la caméra. L’agilité me ferait plutôt penser à un Cathar mais ce n’est qu’une supposition. Il se serait glissé derrière les hommes au cours de leurs déplacements pour ensuite profiter des conduites. Que personne ne l’ait entendu est inexplicable. Un professionnel. Souhaitez-vous voir l’enregistrement ? Nous avons des coordonnées de saut supposées mais nous avons préféré vous attendre afin de suivre vos instructions.”

Il ne se fait pas d’illusion. Les mâchoires serrées il attend l’inévitable colère sous le regard brûlant qui s’éternise.

“Oui. Le coffre aussi.” Sans attendre, il montre l’enregistrement. Et le coffre aussi. La Sith observe les images,caresse les bords fondus de la caissette de métal, pensive.

“Jedi”, murmure-t-elle.

La colère ne vient pas, elle reste impassible et le Capitaine se prend à espérer.

“Allons-y. Dans l’espace.”

La navette décolle et les hommes sont sur les nerfs. Tout est trop calme, trop contrôlé, trop froid. N’importe qui aurait laissé échapper de la colère ou au moins un signe de contrariété mais pas cette réaction atone et glacée qui n’est même pas de l’indifférence mais la froideur du serpent. Les hommes le sentent et personne ne parle dans ce vaisseau tombeau. Seul le Capitaine a le courage, et l’obligation, de parler.

“Ils sont parti vers l’espace Hutt. Avec la guerre récente, les retrouver sera difficile.”

Il donne le signal du saut. Le pilote remonte la manette qui déclenchera l’hyperpropulsion lorsqu’une main glacée bloque son geste. Bien sur, il s‘arrête. Il ne sait pas quoi faire. Le Capitaine non plus. Elle reste silencieuse, les yeux scrutant l’immensité vide de l’espace profond.

“Pas chez les Hutts.” Un nouveau silence. “Par là. Programmez des sauts vers chaque planète habitable.”

Il est des ordres que l’on ne discute pas, aussi absurdes qu’ils soient.

La navette passe en hyperespace. Le pilote frotte discrètement son poignet cherchant à chasser quelque chose qu’il ne voit pas.

*******

Un jedi.
Voilà ce qui est venu ici. Un sale fouineur. Un de ces maudits qui sont venus nous attaquer en traître et qui recommence ici. Sans gêne, tout permis. A bafouer l’Empire de l’Impératrice. Je sens ma colère qui grandit et qui se noie dans la haine. Jusqu’où iront-ils ? A quel point nous méprisent-il ? Pas étonnant que ces soldats se soient laissés abuser. Ils n’étaient pas de taille. Faible, trop faibles. Insignifiants face à la Force. Mais le Codex est puissant. Noir, empli d’une odeur que je reconnaîtrais en tout lieu. Une fragrance dans laquelle je me suis baignée pendant des années : le Bogan. Je dois faire le vide et m’apaiser pour ne pas perdre cette trace ténue dans le néant sidéral. Ma rage m’aveugle, elle doit disparaître. Plus tard il sera temps de l’appeler, de la déchaîner.

Concentre toi.
Concentre toi.
Concentre toi.

Là.

*******

Les sauts s'enchaînent et les heures passent qui se transforment en jours. Une parole parfois vient briser la monotonie mais chaque discussion qui dure plus de quelques mots attire un regard noir de la Sith, une menace silencieuse mais claire, alors le silence reste et s’éternise.

L’Impératrice a appelé mais rien n’a filtré de la conversation. La Sith est revenue aussi impassible qu’avant, les mains croisées dans le dos et nous avons repris les sauts. Parfois les hommes en viennent à espérer que quelque chose brise cette immobilité. Qui aurait cru que l’absence de tout était plus éprouvant que la colère ? C’est l’incertitude qui ronge les nerfs et les laisse à vif.

Finalement, elle parle.

“Là. Sur cette planète.”

Et le soulagement est tel que chacun est prêt à tout pour échapper à cette morosité. La tension accumulée ne demande qu’à se transformer en adrénaline et en soif de tuer. Lorsque la navette se pose chacun n’a plus qu’un seul objectif : le Codex.

Nous nous posons à quelques kilomètres d’un village de primitifs. Il ne faut pas attirer l’attention et risquer de provoquer une fuite du Codex et perdre sa trace définitivement.

“Encerclez la maison, près du ponton. Le Codex y est.”

Le cadre est féérique mais nous n’y prêtons pas attention. Nous sommes des ombres mortelles traquant notre proie.  

“ Cinq hommes pour entourer la mare et couper la fuite . Grenade sonique à la ceinture. Si ce qui est à l’intérieur tente de s’enfuir à la nage, grenadez sans faire de distinction. Cinq hommes pour sécuriser le village. En embuscade. Genoux à terre, descendez tout ce qui se montre hostile après le coup de semonce habituel. Cinq hommes pour la navette. On entre deux par deux avec les reste en couverture. Silence total. S’il n’y rien, Grenades thermiques sur retardateur réglées à 2 minutes dans la navette pour la clouer au sol et avoir le temps de rejoindre le groupe d’intervention de la maison. Dès qu'ça saute, on entre deux par deux et on descend tout ce qui résiste. Tirez pour tuer. S’il y a des survivants et que le Codex est sécurisé on verra a ce moment là pour les prisonniers.”

*****

La nuit est presque tombée lorsque nous intervenons dans une lumière rasante qui nimbe le paysage d’une atmosphère irréelle. La poésie de l’endroit m’indiffère mais une douce odeur marécageuse titille mes sens. Je me reconcentre et regarde faire le Capitaine. C’est un homme compétent. Pas besoin d’intervenir. J’observe ces hommes racheter leur vie.

Leur approche est prudente et bien coordonnée. Ils se placent tous sans faire de bruit ni attirer l’attention. Quels autochtones errent à leur quotidien sans nous remarquer tandis que la première escouade parvient à la navette et pirate sa sécurité. Ils entrent, et ressortent peu de temps après. Elle est vide, comme prévu. Ils rejoignent les cinq hommes sur le ponton et chargent à la seconde même de l’explosion. Un mouvement parfaitement coordonné que j’apprécie à sa juste valeur. Les tirs et les cris fusent avant que les soldats ne soient projetés en arrière et ne viennent s’écraser plusieurs mètres en arrière. Un petit humanoïde sort de sa maison, l’air goguenard ou peut être irrité ? Ou endormi ? Un drall. Il sort son sabre et se lance dans le combat. Ils n’ont aucune chance. Il virevolte, taille, tranche. Il s’amuse de sa domination sur ces soldats d’élite. J’observe ses gestes, ses postures, j’apprends son rythme.

Alors que j’attends calmement sur la berge des tirs se déclenchent dans mon dos. Les autochtones paniqués s’enfuient.

Sa maîtrise technique est impeccable. Des gestes fluides, précis, dignes d’un maître d’arme. C’est donc lui le misérable cloporte responsable de ce vol. La colère qui s’était tue s’embrase et enflamme mon sang qui irrigue mes muscles et se tendent. Mes poings se serrent.

Il est temps d’intervenir. Je m’approche calmement et me poste à quelques mètres du Drall. Il  m’observe en souriant, sûr de lui,  alors qu’il se défait du dernier soldat à sa portée. Les autres font retraite. Arrogant !

Je sors un sabre puis le deuxième. Les allume. Il est petit mais je ne le sous-estime pas. Je le traite comme je traite toute menace : comme si elle était un danger mortel. Sans un mot, j’entame un ballet en tournant autour de lui. Il n’y a pas de fuite possible. Lui ou moi.
Etiam Benhult
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Ils l’avaient retrouvé...
Car bien sûr, la soudaine apparition de soldats impériaux dans son refuge ne pouvait être le fruit du hasard...
En voilà un constat frustrant. Gorian allait pouvoir dire qu’il l’avait prévenu, ce à quoi Etiam comptait bien répliquer qu’un peu d’animation de temps en temps ne faisait pas de mal. Présentement, cependant, le sentiment qui dominait en lui était la colère. Ces imbéciles devraient être pommés en plein espace Hutt, qu’avait-il commis comme erreur ? Qu’est-ce qui lui avait échappé ? Plus grave encore, le voilà dérangé. Cette soirée devait être consacrée à l’étude du Codex. Il avait eu le temps d’entrevoir ses secrets, d’efflorer son potentiel. Le savoir avait toujours exercé sur lui une forme de fascination. Quelle que soit l’issue de ce combat, sa quête de compréhension absolue de la Force allait être interrompue.

Son sabre prit une dernière âme. Du sang vaporisé par la lame laser s’échappa d’une gorge ouverte. Le soldat tomba à genoux, puis s’effondra pour de bon sur le ponton jonché de dépouilles. Le Drall demeura debout au milieu du carnage, un de plus à son actif songea-t-il. Celui-là était de moindre importance par rapport à la tuerie de Makem Te. Cette dernière l’avait marqué. Parfois il rêvait encore des couloirs du vaisseau amiral de Boranga. L’alarme hurlait, nimbant d’un rouge agressif des scènes terribles. Il n’avait pas voulu cela. Tout comme il n’avait pas voulu ôter la vie de ces soldats de l’empire. Mais il ne tolérait pas les obstacles. L’odeur de la mort flottait désormais dans l’air, occultant presque les senteurs pourrissantes du marais. Ses yeux noirs tombèrent sur les flammes du Baladin. Les salops ! Un sourire mauvais flotta sur ses babines. À peu de distances retentissaient des cris et des coups de blaster. Il avait attiré le chaos sur Ogbaä, le village était comme souillé. Il éprouva quelques regrets, il aurait dû choisir un monde désert. Tant pis, ce qui était fait était fait.

« J’aimais ce vaisseau. Il m’a tenu compagnie aux quatre coins de la galaxie. »

Le ressentiment roulait dans sa voix plutôt grave pour quelqu’un de sa taille. Il pivota, faisant désormais face à la Sith.

« Moi c’est Lame d’Or, et vous ? Non, inutile de répondre. Vous c’est cadavre ! »

Paradoxalement, s’il avait pu si facilement déjouer l’embuscade du commando, c’était grâce à elle. Il l’avait décelé dans la Force et avait pu se préparer. Il la devinait puissante. Il toisa cette forme à contrejour qui venait de dégainer deux sabres rouges. Son aura avait quelque chose de troublant, mais l’instant n’était définitivement plus aux questions. Il exécuta un moulinet avec son arme avant de prendre position. Les grenouilles s’étaient tu, un pesant silence était tombé dans les environs immédiats. On put entendre le manteau gris du Drall battre dans le vent. À la manière d’un Jedi, sa mise était ample. Étant botté et ganté, seule son visage permettait de révéler son espèce. Les anneaux d’or à ses oreilles luisaient, à l’instar de la garde de son sabre. Lui-aussi en imposait, à sa manière.

Ce fut elle qui entama la danse mortelle. Dès lors, pour Lame d’Or, le monde s’effaça au profit de ce duel. Plus de passé, plus de futur, seul comptait la seconde actuelle et la manière dont il allait s’y prendre pour vivre la suivante. L’univers ne comptait plus que deux personnes, lui et elle. C’était une de trop !

Dès le début, le ton fut donné. Une partie du ponton vola en éclats, pulvérisé par la télékinésie d’Etiam. La Sith dût bondir de côté pour ne pas finir à l’au. À peine se réceptionnait-elle que les sabres se heurtaient. Le Drall était un assassin. Il n’était jamais plus efficace que lors des confrontations courtes, pour ne pas dire expéditive. S’il avait eu à faire à une moindre menace, il se serait accordé quelques à-côté : beaux gestes, provocations. Au lieu de cela, chaque coup se voulait mortel. Ils ne le furent pas. Son enchaînement, emprunté au Makashi, ne passa pas l’habile défense ambidextre. Déjà la Sith contrattaquait, faisant preuve d’une égale détermination à vouloir l’occire. Il dût reculer. De toute façon, il rompait toujours les corps à corps. Elle vint sur lui, frappa de taille. Il se baissa, la lame rouge lui passa au-dessus de la tête. Déjà il devait rouler de côté pour se soustraire au coup d’estoc du second sabre. Il crut voir une ouverture mais faillit recevoir un coup de pied latéral. Ne cessait-elle donc jamais de frapper ? Voilà qu’elle le chargeait encore ! Assez ! Elle ne devait pas mener la danse ! Cette fois, il ne se retira pas. De nouveaux les sabres se heurtèrent. Etiam teint le sien à deux mains et bloqua d’un même coup expert les deux lames rouges. Il puisa dans la Force pour avoir la puissance nécessaire de rivaliser physiquement avec cette femme, cette ombre. Chacun faisant de son mieux pour enfoncer l’autre, ils s’immobilisèrent mutuellement, les sabres toujours croisés, elle penchée sur lui, leurs visages à moins d’un demi mètre. Il croisa son regard et ce qu’il put y lire ne lui plut guère. Elle profita de cet instant pour lui cracher à la figure. La garce ! Tant de bellicisme, même de la part d’un adepte du côté obscur, c’était surprenant. Et cette surprise faillit coûter cher à Etiam. Il dût reculer précipitamment, entendit un vrombissement, esquiva en aveugle, sentit l’odeur du poil brûlé, découvrit derrière lui la fin du ponton et finalement tira profit de l’Ataru pour sauter sur un des poteau de soutènement. D’une nouvelle pirouette, le voilà sur le toit de la maison qu’il occupait.

Enfin une seconde de répit. Il était essoufflé. Du revers de la manche, il s’essuya les yeux. Il n’était pas blessé, juste éraflé au coude, mais s’il continuait ainsi cette furie aurait raison de lui. Bien sûr, elle venait à sa rencontre, sans doute désireuse qu’il ne puisse pas récupérer. Sa main libre attrapa quelque chose dans son manteau gris. La seconde d’après, il faisait feu avec un pistolet blaster de gros calibre. La Sith exécuta une parade précipitée. Le tir d’énergie passa entre ses deux sabre et lui frôla le crâne pour finalement se perdre dans la brume du soir. Etiam profita de cet instant pour lui sauter dessus depuis son perchoir. Il réduisit soudainement de moitié la taille de sa lame et trompa ainsi de nouveau la garde de la Sith. Alors qu’elle pensait bloquer un assaut à la tête, elle vit la lame jaune fondre sur sa poitrine. Elle se déporta de côté, interposa sa seconde arme, qui lui fut arrachée de la main. Le sabre rouge virevolta dans les airs avant de disparaître dans l’eau vaseuse. Le Drall, à peine touchait-il le sol, qu’il bondissait, pivotait et frappait latéralement, se voyant déjà achever le combat par une décapitation. Il ne vit pas venir le coup de tête, mais il le sentit. Il eut l’impression de se prendre un mur dans le museau. Le monde chavira. Déconcentré, à demi sonné, il eut à peine le temps de se dire qu’il ferait peut-être bien de ne pas rester comme un con assis par terre avant qu’il ne sombre dans l’inconscience, assommé pour de bon.
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Tu perds son temps en provocations, prétends me vaincre. Voyons cela. J’ai fait couler plus de sang que tu ne saurais en embrasser.

Ton style est violent, imprévisible. La moindre distraction est mise à profit afin de me faire commettre une erreur. Ta télékinésie me heurte et me déstabilise, mais je tiens bon. Déjà ta lame plonge pour me trancher avec une économie de gestes remarquable.  Je riposte avec brutalité d’un coup appuyé du talon du sabre (la partie juste au dessus de la garde) sur le tien pour briser ta garde parfaite et plonge mon second sabre vers ton ventre. Tu bondis en arrière mais je ne te laisse pas faire, attaque de pointe et de taille, te force à te défendre. Un coup de pied cherche à faucher ton appuis, tu esquives, recule encore, passes sous ma lame et tente de te décaler afin de passer dans mon flanc. Tu évites facilement mon coup de genoux, plus difficilement le coup de pied latéral qui vient en enchaînement. Tu as l’habitude du combat, c’est indéniable. Un autre que toi aurait déjà été mis à terre ou touché durement. Je t’assène coup sur coup que tu pares, tes bras vibrant sous l’effort et sur un assaut de mes deux lames, tu mets toute ta rage pour engager une lutte de puissance. Pauvre fou. Je te crache au visage, te distrais, et seuls tes réflexes jedis t’évitent la mort.

Je t’arracherai les membres, boirai ton sang. Tu peux résister mais je t’aurai !

Tel un chat tu bondis jusqu’au toit. J’ordonne aux impériaux de te tirer dessus. “Tirez.” et ma distraction qui manque de me couter cher. J’esquive de justesse un tir parfaitement ajusté. Mortel petit Drall. Mais tu ne te suffis pas de cela non, tu veux en finir, bondis du toît et vient profiter de l’inertie pour m’enfoncer. Mais je n’en suis pas à mon premier combat, je connais le poids des corps, la loi du mouvement. Au lieu de résister comme l’aurait fait un de mes pairs, je me décale, évitant la majorité de l’assaut mais même ainsi tu manques de me tuer net. Ton changement de garde est parfait. Pas de force non, juste un mouvement traitre superbement exécuté et pénétrant. Si j’étais restée sur place je serais à tes pieds. Mais je suis Lumen ! Je pare et l’impact m’arrache un sabre qui vient se perdre dans l’étang. Mais tu es de flanc. J’en appelle à la Force et au Juyo, pour projeter ma tête de toutes mes forces sur ton arcade alors que je bloque ton sabre d’une manchette sur ton bras. L’impact m’arrache une grimace et me fait vibrer les dents. Un filet de mon sang coule de mes cheveux sur ma joue. Tu tombes à la renverse, lentement, surpris, t’assieds, incapable de réunir tes idées, t’effondres.

J’éructe avec tellement de violence que j’en crache.
“Alors, qui est le cadavre maintenant ? Qui a perdu ?” Je frappe violemment ta tête au sol d’un coup de pied, ton ventre, martelle tes genoux de plusieurs coup de talons. “Tu viens nous voler et penses t’en tirer ! Tu crois ! Tu oses ! Mais je vais te briser et me faire un manteau de ta peau, Jedi !” Je récupère ton sabre et me saisis de ton bras que je tors dans ton dos à la verticale, bloquant ta nuque de mon pieds et je tire jusqu'à que ce l’épaule se déboite. La douleur te réveille, tu te débats, mais que peux tu dans ton état avec un bras en moins ? Nous luttons un moment jusqu’à ce que j’inverse ma clef en roulant au sol et bloquant ton cou entre mes pieds. Ton coude en levier sur ma cuisse, je me contracte brutalement. Tu gémis, résistes, cède. Le craquement est brutal. Le coude à cédé.

Je me relève, victorieuse. Tu souffres à genoux, contemple ta défaite. N’espère pas de clémence. Je ne vais pas te tuer. Je vais te faire souffrir longtemps, te briser encore et encore et recommencer. Mais avant tout, j’aurai des réponses.


“Prenez le vivant.”

Les soldats encore en vie osent approcher après une longue hésitation et c’est la curée. La peur de la mort les a rendu sanguinaires. Ils frappent encore et encore sur le Drall réduit à l’impuissance, lui brisent les os.

“Suffit. Au village maintenant.”

Les hommes se rassemblent, récupèrent leurs morts et leurs blessés, j’appelle mon sabre qui jaillit des eaux. Je récupère le Codex et nous nous dirigeons vers le village.

“Prêt à tirer.”

Nous avançons et je vois de partout des visages terrifiés.

“ Qui dirige ici ?” Nul ne me réponds.
“ Qui dirige ici ?” Encore plus de terreur mais rien d’autre.
“Capitaine ?”

Il est épuisé, blessé mais debout. Il consulte son datapad.

“Ils ne parlent vraisemblablement pas le galactique.” Il fait signe à l’un de ses hommes qui attrape l’un des autochtone et lui met de force un traducteur sur la tête.

Je me répète. “ Qui dirige ici ?” L’autochtone me désigne le chef et je vais vers lui. Il se jette à genoux, m’implore. A l’aide des traducteurs, je comprends qu’ils ne savait rien des actions du Jedi.

“Vous avez accueillis ici un voleur et un assassin, un Jedi venu semer le trouble parmi nous.Vous l’avez hébergé, nourris, protégé. Sous de belles paroles, les Jedis sont des chiens. Plusieurs de mes hommes sont morts par votre faute.”

Je dégaine et décapite le chef. Les villageois hurlent, les soldats mettent en joue tout le monde, je me dirige vers le dernier des leurs à être en possession d’un traducteur. Il est terrifié.

“Voilà ce qui se passe lorsque l’on aide des Jedis. Si je dois revenir, je tuerai tout le monde.”

Je récupère le traducteur et nous partons.

Le Drall est ramené au vaisseau, je le fais attacher à la carlingue, les bras ramenés en arrière. Dans cette position la douleur doit être atroce avec ses membres démis. Cela l’occupera le temps du voyage.

Je m’assieds en face de lui en position de méditation. Nous décollons.

Derrière nous, les projecteurs invitant les étrangers venus de l’espace s’éteignent,brisés. Ils se raconteront de générations en générations l’histoire du jour maudit où ils ont aidé un Jedi.


*****

Note de bord du Capitaine Durnik.

“Nous rentrons à Dromund Kaas. L’assaut s’est très mal passé, j’ai perdu 5 hommes, deux autres sont dans des états critiques, 3 blessés. J’ai un poumon perforé mais je souffre moins que prévu, la blessure est cautérisée. Nous avons récupéré le Codex et le voleur. Je l’ai reconnu, il est célèbre. Etiam Benhult, l’Incorruptible Lame d’Or, l’un des héros de Makem Te. Nous n’étions pas prêts pour arrêter un Jedi et nous avons été massacrés.”

*pause*

“Mais je me demande si je n’ai pas plus peur d’elle que de lui. Il y a quelque chose de glaçant qui se dégage d’elle. Lorsqu’elle s’acharnait sur le Drall, nous tremblions comme des enfants. J’ai commencé à le plaindre. Nous sommes des soldats, disciplinés mais nous l’avons massacrés à notre tour, sur son ordre, ivre de rage. Comme fous. Vivement la fin de cette mission. Capitaine Dunrik, Terminé.

*****

J’ouvre les yeux sur le Drall. Il est conscient désormais.

“Je me nomme Darth Lumen, Lame d’Or, et je suis aux ordres de l’Impératrice qui m’a envoyé récupérer le Codex. Permet moi de te dire que le temps ou les Jedis étaient tous permis et fini. Je viendrai vous chercher, un par un s’il le faut et je vous exterminerai.”

Je me mure dans le silence jusqu’à notre arrivée, impassible, à l’écoute de la Force que j’appelle à moi.

*****

DROMUND KAAS

Nous descendons du navire.

“Ammenez le dans le geôles. Pas de soins, c’est un Jedi il se remettra bien assez vite. Mais s’il utilise la Force dans cette position, avec ses membres brisés, ils se ressoudront de travers.”
J’adresse un sourire pervers au Drall et sors de la navette avant de donner mes derniers ordres au Capitaine, hors d’écoute du prisonnier.

“Affamez-le, passage à tabac régulier. je veux qu’il soit réveillé toutes les heures s’il s’endort. Balancez lui de grand sceaux d’eau de temps en temps. Aucune question, je m’en chargerai personnellement dans une semaine. J’ai un rapport à faire à l’Impératrice.”

Laissons le s’assouplir un peu avant de le forcer à me révéler tout ce qu’il sait sur les Jedis.
Etiam Benhult
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« Je ne suis pas un Jedi, grande garce ! »

Tels furent les seuls mots qu’il adressa à cette Darth Lumen, lors de leur voyage vers Dromund Kaas. Les choses ne s’étaient pas dérouler comme il l’avait prévu. Pire, elles ne s’étaient pas déroulées comme il aurait pu se l’imaginer. Il avait perdu, mais il était encore en vie. D’ordinaire, lorsque retentissait le chant des sabres laser, il n’y avait pas de vaincu, il n’y avait que des morts. Cela faisait partie de la beauté du duel : tout ou rien, l’expression absolue de ceux qui savait défier le destin. Etiam n’avait jamais eu peur de la mort. Il aimait au contraire la côtoyer. Il savait, mieux que tous, marcher sur la brèche. Son existence était celle d’un équilibriste, une existence sans concession au service de son dogme de liberté. Et puis mourir, c’était facile. C’était juste désagréable sur le moment, encore que des fois cela venait si vite qu’il devait être difficile de le remarquer, et puis après c’était fini. Point de conséquence à assumer, seulement le grand mystère existentiel à élucider.

Mais il avait vraisemblablement tiré le mauvais numéro puisque le destin, taquin, l’avait placé face à cette Lumen qui déjouait les pronostiques. Il était encore en vie, donc, et découvrait ce que douleur signifiait. Même Darth Carnevock ou le Seigneur Datary ne lui avaient fait, en comparaison, que de risibles éraflures. Il était brisé, au sens propre du terme, et en bien des endroits. Bouger lui faisait mal. Respirer lui faisait mal. Parfois des quintes de toux lui venaient, alors c’était dans son corps le jeu des osselets. Il criait, ou plutôt gémissait, et cela lui faisait encore plus mal. Et lorsqu’il avait trop mal, il vomissait, tournait de l’œil, revenait à lui, avait de nouveau mal, toujours mal... Tant de souffrance, était-ce seulement concevable ? Au début, il fut clairement noyée par cette douleur. Impossible de penser, elle le hantait, l’écrasait. Impossible même de rassembler la Force. Il souhaita que son cœur lâche des dizaines de fois. Il avait perdu la notion du temps et de l’espace, voguant dans un semi délire. Ses geôliers se rendant bien compte qu’il était à deux doigts de claquer, ils ne purent appliquer les consignes de Darth Lumen, mais n’osèrent pas l’en informer, de peur de s’attirer à eux le courroux de cette Sith redoutée. Le Drall devait vivre, où certains d’entre eux allaient périr. Alors, lorsqu’ils venaient le tabasser, c’était surtout les murs qui recevaient les coups. Lorsqu’ils venaient le tremper, ils avaient une curieuse notion du mot viser. Et la nuit, ils oubliaient de le réveiller. Ils envisagèrent même de lui prodiguer en douce quelques soins, mais c’aurait été courir le risque d’être dénoncé par le personnel médical. Et puis, à leur grand soulagement, ce ne fut pas nécessaire.

Etiam finit par apprivoiser la douleur. Sa volonté de fer reprit le dessus et il put de nouveau recourir à la Force. Il se régénéra peu à peu, la mâchoire, le museau, les côtes surtout, afin de pouvoir respirer sans souffrir le martyre. Il put, aussi et surtout, se réfugier dans son Domène de prédilection : la méditation et la pure réflexion. Autour de lui, la réalité acquis un peu plus de consistance. Il se trouvait dans une inquiétante cellule, dans un bien triste état. Du sang séché couvrait une bonne partie de son visage. L’une de ses oreilles était déchirée, l’anneau d’or qui s’y trouvait avait disparu. Ses habits gris étaient déchirées en quelques endroits, mais ils avaient moins souffert que lui. N’en demeurait pas moins qu’il avait perdu toute sa superbe et qu’il dût composer avec une nouvelle sorte de douleur, celle de son égo blessé. Pourquoi croupissait-il ici ? Pourquoi ne lui posait-on aucune question ? Que comptait-on faire de lui ? Il l’ignorait et puisque penser à l’avenir était un rien sinistre, il considéra le passé. Était-ce une erreur d’avoir volé le Codex ? Gorian avait tenté de le dissuader, mais Gorian n’avait pas la moindre idée du plaisir que procurait le savoir, la connaissance, le pouvoir, la maîtrise. Non, il ne regrettait pas. Il regrettait juste d’avoir été pris. Et il avait été pris parce qu’il avait commis une erreur, deux en fait. Les impériaux avaient pu le suivre en dépit de ses précautions et il avait perdu son duel face à Lumen. Il repensa à ce dernier encore et encore. Il aurait dû se dégager une fois le premier sabre de la Sith partit dans l’eau. Elle basait son style sur l’ambidextrie. Avec un seule sabre, elle n’aurait plus été dans sa zone de confort. Il s’était précipité... C’était trop bête, il s’en voulait !

Ses geôliers finir par constater qu’il avait reprit du poil de la bête. Alors, ce fut avec soulagement qu’ils purent enfin exécuter correctement leurs ordres. À chaque fois qu’ils venaient tabasser le Drall, celui-ci se jurait qu’il ne crierait pas, par orgueil. Mais à chaque fois, il criait. Alors il lui fallait à nouveau lutter pour rendre la souffrance supportable. Ressouder ceci ou cela, faire le deuil d’un ou deux gestes... Le défi était de taille. La faim, la fatigue et le froid mirent la barre encore plus haut. On ne lui épargnait rien. Au moins les seaux d’eau qu’on lui versait dessus lui permettait de se désaltérer et ils le lavait, ce qui n’était pas un luxe pour quelqu’un n’ayant pas accès à l’hygiène la plus élémentaire. Penser, il devait penser et oublier ce corps qui le mettait au supplice. Il avait une volonté de fer, mais il devait parfois se le répéter pour s’en souvenir. Combien de temps tiendrait-il ? Il se refusait à parler aux gardes, toujours par orgueils. Pas une supplique, pas une question. Pourtant, il avait tellement envie de croire que tout ceci n’était qu’un cauchemar, qu’il allait se réveiller dans son lit, dans la cité monde. On le réveillait souvent et il était toujours au même endroit.

Un soir, pour ne pas changer, il tremblait dans des habits trempés, les mêmes qu’il portaient depuis une éternité. Il se pencha sur une flaque à ses côtés et considéra son propre reflet. Ce qu’il vit l’effraya. Il ne reconnut pratiquement pas son regard. Il y lut de l’épuisement, du découragement. Il songea à cette fable exotique, le Chêne et le Roseau. S’il ne voulait pas se casser, il lui faudrait ployer. Si au moins on lui en laissait l’occasion... Ou alors, il lui fallait s’enfuir. Mais c’était un rêve de dingue. Il ne pouvait pas se soigner correctement dans sa position. Même s’il pouvait neutraliser les geôliers et briser ses liens avec le concours de la Force, il n’irait pas loin... Sortirait-il jamais de cette maudite cellule ?
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Spoiler:

Une semaine a passé. Il est temps de me rendre auprès de mon prisonnier. L’attente est difficile à vivre mais l’incertitude est encore pire. Vivre sans raison est déjà un fardeau pour l’âme mais souffrir sans justification, sans une question, sans perspective autre que le demain et le recommencement de la douleur, cela est pire.

J’entre dans cette cellule enterrée sous la forteresse de ma Maîtresse. Simple pièce aux murs de pierre brute ou le Drall est enchaîné écartelé, le cou, les bras et les chevilles serrés au mur par des fers grossiers. L’odeur de sa sueur, de son sang, de son urine m’assaille, m’engloutit. Je la remarque à peine : seul compte l’être en face de moi et son crime. Le pire de tous, celui de s’être dressé contre les Siths. NON ! Cela n’est rien. Celui de s’être dressé contre la volonté de ma Maîtresse.

Je m’approche et constate la présence d’un plateau d’acier couvert d’instruments destinés à l’interrogatoire. Scalpels, pointes, maillets, brises os, scies, chignoles laissés là il y a quelques dizaines de minutes par ceux-là à qui j’avais confié la préparation de notre séance.

“Bonjour Etiam.”

Ton regard se lève et croise le mien. Tu es loin d’être brisé, je le vois. C’est quelques chose que j’ai appris à sentir avec les années, ce point où l’esprit défaille, où il devient une coquille vide, fragments de conscience hurlant pour la délivrance dans une cage de douleur. Tu y viendras toi aussi, comme tous les autres. J’ai le temps. Tout mon temps.

Mon arrivée attise ta fierté, tu te redresses, cherches à me prouver que même enchaîné tu restes maître de toi, me provoque à nouveau mais tu ne peux empêcher ton regard d’errer jusqu’au plateau. Tu comprends que les jours par lesquels tu viens de passer n’étaient que le début, le plus simple, et ta voix fléchit là où elle se voulait acerbe.

Bien.

“Tu voudras bien m’excuser si je te tutoie. Vu que je connais ton nom et toi le mien et que nous allons être proches à l’avenir, tous les deux, autant ne pas s’encombrer de formalités. Tu peux m’appeler Lumina aussi si tu le souhaites. Même si ce n’est pas le nom que je porte aujourd’hui c’est bien le mien. Ici ... “ je fais un geste vague pour englober le monde extérieur .. “ils ont essayé de me convaincre qu’ils possédaient tout le matériel nécessaire pour obtenir tes aveux. De la technologie de pointe, évoluée, précise. Un chef d’oeuvre de la science. Sans douleur ou presque même si l’esprit est écrasé, malmené, mais … je ne crois pas en ces méthodes modernes. Je suis quelqu’un qui aime la tradition, vois-tu, quelqu’un de simple. J’aime l’aspect manuel des choses, plus personnel. Il se crée ainsi un lien unique que ne remplacera jamais une machine… Tu me trouves sans doute un peu sentimentale et simplette dans mon approche mais je sais et TU sais que tu ne céderas jamais face à ces machines. Alors je dois recouvrir à ces méthodes, que certains décriraient comme barbares, mais qui sont pourtant les meilleures, les plus sûres.”

Je te parle paisiblement, je ne voudrais pas que tu te méprennes sur mes intentions. Je ne suis pas ton ennemie. Je suis ton juge. Certes je suis en colère. Certes tu vas être châtié. Certes je ferai de toi un pantin désarticulé mais cela n’empêche pas la politesse. Je pose ma main sur ton torse et plonge mon regard dans le tien. Tes pupilles dilatées et ta respiration qui s’accélère me prouvent que tu comprends ce que je dis. Je prends une paire de ciseaux chromés et l’approche de ton bassin avant de me saisir des haillons qui te recourent et commence à les découper lentement, frôlant ton corps de mes mains tout du long.

“Je regrette ce que tu me forces à faire tu sais. Tu vas te demander pourquoi, souvent. Pourquoi je fais cela, comment je peux en arriver là, pourquoi tu es ici ? Comme je ne suis pas cruelle je vais te le dire : c’est à cause de toi. A cause de ton arrogance, à cause de ta prétention, à cause de ta volonté de croire que tu pouvais nous humilier, profaner le nom de ma Maitresse et nous considérer comme des misérables que tu pouvais bafouer. Alors je suis ici pour te dire que tu t’es trompé. Que tu as commis une erreur. Imprimer cette erreur dans ton esprit, jusqu’au plus profond de ton être. Je vais te poser des questions également et tu y répondras. Tôt ou tard. Plutôt tard je dirais car tu es de ceux dont l’arrogance les pousse à croire qu’ils peuvent vaincre même dans la défaite. Mais rassure toi, cela n’arrivera pas avec moi. Ce n’est pas ma première fois et, même si j’ai un peu perdu la main, nous allons travailler cela ensemble.”

Tu es nu, je t’observe, tu me rends mon regard. Je te laisse le temps dont tu as besoin pour t'habituer à moi, apprivoiser mon image.

Je repose les ciseaux.

“Mes hommes t’ont bien malmené. Mais leurs méthodes sont un peu frustres tu ne trouves pas ? Je suis cultivée tu sais. En anatomie entre autre. J’ai appris le passage des nerfs, le placement des organes, des articulations. Je suis curieuse aussi, je m’intéresse aux races, à leurs différences à ce qui fait de chacune d’elle un élément unique. Puis je le brise. Méthodiquement. Savais-tu par exemple que la faculté d’assembler la force était liée à l’équilibre de certains réseaux nerveux. Oh je sais ce que tu penses ! Cela ne fait pas tout ! Tu as raison bien sûr. Tu dois rire intérieurement de la grossièreté de mon raisonnement. Mais … mais … cela joue. Il y a des centres nerveux, des ramifications qu’il est possible de contusionner, de léser, de mutiler jusqu’à ce que peu à peu, un jedi ne soit plus que l’ombre de lui même dans la Force. Je connais naturellement ces points et comment les travailler … superficiellement … et en profondeur… et tu seras certainement touché d’apprendre que je me suis renseignée sur les Dralls et leurs spécificités.

Maintenant cette longue introduction faite, maintenant que tu me connais un peu mieux, nous allons pouvoir commencer. Mes questions sont très simples tu verras. Tu n’auras aucun mal à y répondre. Qui t’a envoyé et pourquoi le Conseil Jedi s’intéressait-il à ce Codex ? Rien d’autre “
Je m’excuse presque de la naiveté de mes questions.

Sans surprise tu me mens. Alors la séance commence. Je n’ai pas besoin d’instruments, pas encore, pas avant longtemps. Je frappe durement, lourdement. Vise chaque point pouvant t’arracher des hurlements, confronte mon endurance à la tienne. C’est un bon exercice, il me permet de réviser mes connaissance des arts martiaux. La trachée, les yeux, les parties, chaque organe. Je frappe encore et encore et me laisse emporter par la fureur et le sang. Oui je suis folle. J’enrage, hurle, blasphème tout ce qui existe, mon esprit vacille et t'entraîne avec lui. Cette folie qui corrode l’âme, la brûle, te fait délirer à ton tour. Tu ris, pleures, tu ne sais plus où tu en es car moi non plus. Est-ce toi qui me torture ou moi qui le fait ? Je frappe encore et encore, chaque jour, sans fin. Il y a quelque chose en moi d’insidieux, de traitre, comme une odeur de purin que l’on est obligé de sentir et qui ensuite colle à la peau, colle à l’âme, comme des vers qui rampent dans ta conscience : ceux qui vivent dans la mienne, la démence qui m’habite. La démence que j’habite. Mais jamais je ne te laisse mourir. Je t’aime autant que je te hais.

Le plateau reste là sans que j’y touche aussi. Le moment viendra bien assez tôt.

Une fois la monotonie de notre quotidien est brisé par l’arrivée d’une haute silhouette à la peau rouge. Impérieuse, fière, magnifique ! Ma Maitresse nous regarde, nous insignifiants. C’est un jour spécial, j’espère que tu en es conscient, l’Impératrice te visite, Etiam. Elle observe la scène, acquiesce et repart. Ses pas résonnent alors qu’elle s’éloigne, marqués du tac-tac de ses talons. Ce sera une séance spéciale. Je suis sensible et je suis sur que tu ne peux t’empêcher de le remarquer. Ne ris pas de moi. Ne te moque pas. Cela me rend folle, folle de rage. Je hurle après toi, frappe.

Encore…
Et encore…

Quand je suis lasse je pars. Et d’autres prennent le relais. Le sommeil est un lointain souvenir pour toi, combien de fois as-tu pensé périr ? Mais je veille sur toi comme une mère attentionnée. Je ne voudrais pas qu’il t’arrive du mal après tout.

Tu finis par m’avouer tout ce que tu sais. Tes contacts mafieux, Gorian ton amis d’enfance. Mais je ne te crois toujours pas. Je sais bien que tu me mens encore et encore. Comme je passe mon temps à te le hurler : personne ne peut être assez stupide pour s’en prendre seul à l’Empire Sith. Personne. Alors je continue jusqu'à ce que tu me dises tout ce que je veux entendre, tout ce que tu ne sais pas. Que cela existe ou non n’a plus d’importance. Lorsque la douleur est trop forte on inventerait n’importe quoi pour qu’elle cesse. Mais je ne te crois toujours pas.

Les séances continuent, inlassablement, parfois espacées d’une journée, parfois de quelques heures. Mais la pire fut sans doute celle où je ne t’ai laissé qu’une petite heure le temps de me rafraîchir. On s’habitue à avoir une période de repos n’est ce pas ? Pas cette fois.

Je suis inlassable, obnubilée. Lorsque je suis dans ce trou, nous sommes plus proches que ne sauraient l’être deux amants, tu es le centre de mon univers. J’invente, innove, je veux que tu sois fier de moi. Mais je ne te crois toujours pas.

Alors un jour, après un temps infini, je dirige ma main vers ce plateau argenté que tu as sous les yeux chaque jour. Il est temps d’être un peu sérieuse et de cesser ce jeu puéril.

Mais je suis interrompue.
Un soldat rentre, il nous regarde tous deux et tu y lis l’effroi. De moi ou de ce qu’il reste de toi?

Il me tend en tremblant une missive. Je ne te crois pas.
Mais l’Impératrice, Elle, te croit.

Je suis déçue mais ma tâche ici est terminée. D’autres m’attendent.
Je pars.

La paix retrouvée, enfin. Un esprit brisé qui se reconstruit peu à peu, se raccroche au peu de lui qui subsiste, qui griffe les parois d’un abîme où moi je me complais.

A la douleur succède la guérison et le vide. Rien, abandonné. A nouveau une vie vide de sens, de contacts, de tout. Manger, attendre, dormir. Tu es toujours enchaîné, immobilisé, squelette animé d’une étincelle de vie qui refuse de mourir. Parfois il n’y a tellement rien que tu t’effraies à guetter mes pas. De façon perverses, je te manque.

Un jour enfin la routine prend fin. Mais en quoi espères-tu ? En la mort ? En demain ? En moi ? Des hommes viennent et te rasent, intégralement, ne laissant de fourrure que sur ta tête. Plus nu que tu ne le fus jamais du jour de ta naissance à aujourd’hui. Après t'avoir lavé, ils glissent une combinaison jaune tigrée autour de toi, attachent un collier autour de ton cou, repartent.

Incompréhension.
Tu entends des pas, tu les reconnais, les attends autant que tu les honnis.

J’ouvre la porte.

Je suis là.
Etiam Benhult
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Après le chaos, le néant...
Après le feu d’une souffrance dévorante, la glace d’une solitude intolérable...

Incalculables étaient les atrocités commises dans la galaxie. À chaque seconde son lot de milliards de cris, de larmes, d’âmes tourmentées, d’injustices... Peu d’esprits cependant avaient été mis à aussi rude épreuve que celui d’Etiam. Pareille atrocité était le fruit de la lutte éperdue entre deux volontés atypiques. Sans le bon tortionnaire, sans le bon supplicier, les choses n’auraient pu tourner ainsi. Il y aurait eu le coup de trop, celui qui tue et ruine tout. Il y aurait eu la folie, complète, irrémédiable, une autre manière de mourir en somme. Il y aurait eu lassitude, ou l’idée raisonnable de cesser cela. Il y aurait eu un renoncement, de la part de l’un ou de l’autre. Ce n’aurait pas dû durer si longtemps... Les prisons elles-mêmes semblaient désapprouver. Le souvenir de ces actes allaient infester les pierres humides à la manière d’une brume malsaine. Mais c’était ainsi et le personnel carcéral, loin des oreilles indiscrètes, tâchait dans rire pour diluer le malaise.

Les Drall aimaient la philosophie. Etiam ne faisait pas exception. Il était un grand penseur. Et il pensa beaucoup, pour sauver ses pensées, sauver sa raison des tourments de sa chair. Plus tard, peut-être, présenterait-il la chose comme le désir dément de tenir bon à tout prix. En vérité, il s’était enfuit par la seule porte qu’il puisse conceptualiser. Une porte qu’il avait presque entièrement refermé derrière lui, engendrant une profonde dissociation entre son univers intérieur et la réalité, une porte qu’il aurait été plus sage de clore mais cela aurait représenté un renoncement, l’abandon du présent, l’impossibilité d’y revenir. Non, il écoutait ce présent, mais il était à côté, le bruit était atténué, distant. Il entre bayait parfois la porte, jetait un coup d’œil, puis estimait préférable de rester dans ce monde intérieur riche de réflexions. Son royaume était fait de légions de questions et de quelques réponses destinées à faire débats. Tout y passa. Qui était-il ? Que cherchait-il ? Pourquoi le cherchait-il ? Comment le cherchait-il ? La Force, le côté obscur, le côté lumineux, les doctrines Jedi, Sith, sa propre idéologie du clair-obscur, à quoi rimait cette farandole ? Avait-il peur de la mort ? Pourquoi s’acharnait-il à vivre ? Pourquoi se régénérait-il toujours, farouchement, désespérément ? Réflexe instinctif de survie ? Simple goût pour le défi ? Analyser, comprendre, assimiler... il allait faire des progrès en guérison, c’était sûr, il s’attachait à ce pouvoir comme à une bouteille d’oxygène. Un comble de se focaliser sur une expression du côté lumineux alors que Darth Lumen obnubilait une bonne partie de ses pensées. Elle avait apparemment poussé plus loin que les autres Sith l’imprégnation avec le côté obscur au point qu’il ait l’impression de faire face à un concept, non à une personne. Était-il mis à l’épreuve par le côté obscur lui-même ? Elle l’effrayait tout autant qu’elle l’obsédait et attisait sa haine. Déferlante de sentiments violant, elle n’avait pas son égal pour stimuler tout ce qu’il y avait de noir en lui. Il rêvait de la tuer, il rêvait de son sang, de ses cris. Parfois, ces songes étaient plus réels que le présent. C’était lui qui donnait les coups, elle qui était enchaînée. Il s’imaginait la faire griller avec des éclairs de Force, lui broyer les organes... Après tout, il lui suffisait de le vouloir. Il avait la volonté, il avait la Force... Mais il avait conscience que ce serait lui donner victoire, que ce serait de surcroît se condamner car, alors qu’il jubilait devant ses désirs de revanche, il continuait de se guérir, ne pouvait arrêter sans quoi il laisserait à Lumen l’opportunité de le blesser de manière irrémédiable. En cela, il respectait l’équilibre, en cela il était lui-même, un maître Jedi Gris.

Lumen, Lumina... Il observait son portrait, immense. Lui était devant, assis en tailleur dans le néant. Il cherchait à l’analyser, la comprendre, l’assimiler. Elle était comme le Codex qu’il avait volé, qui l’avait conduit ici, une chose dangereuse, un abîme terrible emplit de secrets. Il tournait ses pages, jours après jours, nuits après nuis, soutenait son regard, sondait son âme. Elle était toujours là, alors que son propre corps, lui changeait, qu’il le reconnaissait de moins en moins. Elle devint le support de ses pensées, au même titre que la douleur.

Mais après le chaos, vint le néant...
Après le feu d’une souffrance dévorante, la glace d’une solitude intolérable...

Lumen n’était plus là. Ce Codex vivant ne venait plus se laisser lire. Et lui n’avait plus besoin de se régénérer car plus personne ne venait le blesser. Ironiquement, cela faillit être le coup de grâce, comme s’il était devenu dépendant de tout cela. Le silence était comme un vacarme. Heureusement que Lumen n’avait pas déserté ses souvenirs, heureusement qu’il savait vivre en pensée. Le temps perdit tout sens, plus encore qu’avant. Parfois, il songeait à Gorian, s’en voulait d’avoir livré son nom, espérait qu’il ne serait pas pris, redoutait qu’on lui annonce sa mort, pire, qu’on le présente devant lui. Cela lui permettait de garder les pieds sur terre. Ce devait être ce qui empêchait la porte de se fermer complètement.

Puis vint un bouleversement, un de plus. On le rasa, le lava, l’habilla. Dire qu’il ne comprit pas aurait été un doux euphémisme. Lorsqu’il baissa les yeux sur lui, ce fut définitivement un autre qu’il vit. Une chose laide et frissonnante. Il n’y porta aucun intérêt. Pourquoi l’aurait-il fait ? Lumina était de retour ! Ses yeux noirs tombèrent sur elle, ses babines s’étirèrent en une manière de sourire ambigu. Il avait le regard d’un fou, certes, mais un regard toujours très pénétrant, un regard pas dénué de réflexion. Un jour, il rouvrirait la porte, un jour, il recollerait les morceaux, mais pas encore... Il n’avait pas encore lut tout le Codex... Il n’avait pas encore parcé à jour Darth Lumen...

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