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Emhyr se réveilla, et la première chose qu'il sentit, ce fut la douleur dans ses muscles, et en fait, comme il ne tarda pas à le comprendre, dans tout son corps. Il ignorait comment il avait pu avoir aussi mal, en fait, puisque le combat ne s'était pas spécialement mal déroulé pour lui. Le souvenir de ce qu'il s'était passé lui revint en mémoire, et il ouvrit alors les yeux, découvrant autour de lui les murs nus d'une cellule. Il essaya de projeter la Force pour deviner davantage d'éléments sur son environnement, mais sans succès. Il était encore trop fatigué, ou trop endolori. Ou les deux. Il tenta de se redresser, mais n'y parvint qu'au bout d'un intense effort.

Il regarda autour de lui ; sa cellule comportait seulement un lit. Les Jedi n'avaient pas la notion de l'hospitalité, ou alors il n'était pas chez eux. En une journée, cela aurait été étonnant, cela dit. Il devait probablement être encore dans un vaisseau. Il aurait préféré être sur la terre ferme. Au moins, il n'aurait pas menacé d'exploser à la moindre altercation entre les Républicains et les Impériaux. Cette foutue guerre qui se profilait n'augurait d'ailleurs rien de bon. Mais cela ne le concernait plus. Tout ce qui le concernait, c'était Myir. Laquelle, il pouvait le sentir à présent, était à côté de lui.

Enfin presque. Un champ de force les séparait tous les deux. Elle avait sa propre cellule de l'autre côté, laquelle comportait également un simple lit. Cela ne le surprit pas : exiguës, elles n'étaient pas conçues pour leur confort. Surtout pas celui de la Sith, en l'occurrence. Il pouvait comprendre. Elle restait un danger, aussi vaincue soit-elle. Son visage s'assombrit, alors qu'il repensait à ce qu'il lui avait fait. Il s'était plus ou moins retournée contre elle, en attaquant l'apprentie de l'Impératrice. Laquelle gisait sans doute morte à l'heure qu'il était. Et même si par miracle elle avait survécu, Myir ne la reverrait sans doute jamais.

 « Myir ? »

Sa voix croassa, et il dut s'éclaircir la gorge pour qu'elle retrouve un ton normal. Ah, la douleur dans ses muscles commençaient à se dissiper. Mais bon sang, ce qu'il avait soif. Il regarda de nouveau autour de lui, essayant de voir s'il y avait quelqu'un pour les surveiller. Mais non, personne. Il se tourna de nouveau vers Myir.

 « Tu m'entends ? Si oui, réponds-moi. Je crois qu'il n'y a personne autour de nous, donc si tu as quelque chose à me dire... »

Il sentit un changement, chez elle, dans la Force. Une émotion qui s'éveillait d'un coup. Il n'aurait su dire quoi, mais il était à peu près persuadé qu'elle était concentrée contre lui. Si c'était de la colère, cela ne l'aurait pas étonné. Il n'avait absolument pas le droit de lui en vouloir pour ça. Il avait pris une sacrée liberté par rapport à la Sith, et en plus il y avait une apprentie morte par sa faute. Et elle, Myir, risquait de le prendre comme un échec de sa part. Il s'en voulait.

Mais il restait persuadé d'avoir fait ce qu'il fallait, pour eux deux.
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Les yeux de Myir étaient fixés vers le plafond, si écarquillés qu'elle en avait mal aux orbites, mais elle était incapable de cligner des yeux. Il lui semblait que si elle les fermait, elle sombrerait dans le cauchemar le plus terrible qu'elle eût jamais vécu. Un cauchemar où elle ratait une deuxième fois la mission de sa vie, son engagement, sa loyauté envers son camp. Cela ne pouvait être. C'était une illusion, un mauvais rêve. Elle avait mal à la mâchoire aussi, elle serrait trop les dents. Et sa peau la brûlait par endroits, comme pour essayer de lui rappeler que le combat avait bien eu lieu, qu'il était certes un souvenir, mais un souvenir indébile, dont elle ne se débarrasserait jamais.

Combien d'heures était-elle restée ainsi ? Elle ne savait pas. Cela faisait longtemps qu'elle entendait le champ d'énergie qui la tenait captive dans cette cellule. Elle se souvenait avoir à peine résisté aux mains d'acier qui s'étaient emparées d'elle après qu'elle se fût effondrée au sol, sur Dubrillion. Y étaient-ils encore ? Ou bien avaient-ils décollé ? Etaient-ils loin de la guerre, déjà ? Elle avait perdu le fil. Elle ne voulait pas le retrouver.

- Myir ?

Un souvenir d'Emhyr lui parlait-il depuis l'intérieur d'elle-même ? Non, la voix reprit, lui demanda de lui répondre. Il fallut plusieurs secondes à la Twi'lek pour parvenir à trouver la force de tourner le visage. Allongée qu'elle était sur la couchette, il lui semblait que c'était le maximum d'énergie qu'elle pouvait fournir : si on la bousculait, elle basculerait de sa couchette et s'effondrerait, peut-être morte, sur l'acier froid de sa cellule.

Au-delà du champ coloré, elle reconnut Emhyr. Il était si loin, et si proche à la fois. Elle avait tant eu confiance en lui. Et pourtant, elle venait de vivre le pire de ses cauchemars, et dans son rêve il en était la cause. Elle devait se tromper. Il n'y avait pas d'autre solution. Elle le toisa longuement, le regard vide, les yeux toujours écarquillés et la bouche entrouverte.

- Je n'ai rien à te dire, croassa-t-elle après avoir tenté de réfléchir longuement, sans succès.

Il n'y avait pas là de reproche spécifique. Elle n'avait réellement rien à dire. Si quelque chose devait être dit, cela devait venir de lui. S'il y avait des explications, des justifications, de nouveaux plans à faire... Ca ne viendrait pas d'elle. Elle n'en avait pas la force, ni même l'envie. Elle retourna le visage, se remettant à fixer le plafond avec ahurissement. Il lui fallut plusieurs nouvelles minutes pour que des rouages se réactivassent dans son crâne, mais rien d'émotionnel ne pouvait entrer dans la danse. Non qu'elle n'eût pas des choses à ressentir. C'était plutôt qu'elle n'était pas prête à les laisser s'exprimer. Elle y perdrait certainement la raison.
Mais il y avait des énigmes, des choses que précisément sa raison ne pouvait s'expliquer.

- Tu étais au courant de l'attaque ? demanda-t-elle soudain d'une voix blanche.

Peut-être était-il venu sur Dubrillion parce qu'il savait que les Jedi allaient apparaître. Peut-être avait-il même planifié leur combat, la défaite d'Ysanne. Peut-être avait-il tout manigancé pour le compte des Jedi : mettre hors jeu simultanément l'apprentie de l'Impératrice et l'une de ses plus ferventes guerrières, ancienne Jedi. Etait-ce seulement possible ? Ils ne s'étaient guère vus ces derniers mois, elle n'avait aucune idée de comment il avait organisé son temps.
Le visage d'Odium s'imposa à elle et elle le chassa vivement. Si elle avait été aveugle, lui aussi.
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Il eut l'impression qu'on lui enfonçait une lame dans le torse, laquelle se serait profondément enfoncée dans son cœur. Il s'était attendu, bien sur, à une telle réaction de la part de la Twi'lek. Après tout, il aurait été sot de croire qu'elle réagirait « bien ». Il lui avait pris beaucoup, voir trop. Il se passa une main sur le visage, essayant d'envisager ce qu'il aurait ressenti à sa place. De l'amertume, de la colère. Mais elle, elle paraissait simplement éteinte. Peut-être attendait-elle qu'il fasse le premier pas ? Il n'était pas doué pour ça.

Pourtant, si je l'aime, je dois lui prouver que j'ai eu raison. Elle a le droit de savoir pourquoi j'ai fait ça. Il fut tenté de lui mentir, sur l'instant. Lui dire qu'il avait eu une vision de la Force, qu'elle lui avait montré Myir et lui, réunis, sans entrave. Qu'abandonner le Côté Obscur, et adopter le même point de vue que lui, les sauverait. Sauverait leur avenir. Il aurait pu lui dire ça, mais alors, il aurait été incapable de se regarder en face. Ou même de la regarder elle. Non, l'honnêteté était ce qui importait. Il n'avait pas le choix.

Il poussa un profond soupir.

 « Je ne savais rien, pour l'attaque. Tu as ma parole. »

Sa parole... pff. Elle ne valait sûrement plus rien, aux yeux de Myir. Mais il se devait d'essayer. Il s'assit en tailleur, essayant de ne pas grimacer à cause de la couleur dans ses muscles.

 « Dubrillion était une planète sur laquelle je n'avais d'ailleurs encore jamais posé les pieds. Peut-être que la vraie question, derrière celle que tu m'as donnée, c'est : serais-je venu tout de même ? Oui. J'avais le choix entre poursuivre le combat à tes côtés, quitte à en mourir. Me retourner contre toi, mais j'en étais incapable. Alors j'ai entrevu une possibilité. Nous avions en face de nous deux Jedi, parfaitement entraînés. Mais Alyria Von est quelqu'un de compréhensif. Elle a été chancelière, elle sait faire des concessions. »

Il l'observa, marquant une pause. Il réalisa qu'il ne se confiait généralement pas aux autres. Sauf à elle. Parce qu'il le devait ? Oui. Parce qu'il savait qu'il pouvait tout lui dire ? Sans doute. Parce qu'il en avait besoin ? Oui, également.

 « Alors je me suis dit, n'y avait-il pas un moyen de te faire ouvrir les yeux ? J'ai toujours trouvé que tu étais trop aveugle, à cause de la puissance du Côté Obscur. Et après notre mission sur Yaga Minor, je savais – et Odium également – que quelque chose existait entre nous. Un quelque chose de puissant qui pouvait te faire ouvrir les yeux, de sorte à ce que tu te débarrasses de cette obscurité. Alors, je me suis dit, en nous voyant combattre, que l'apprentie de l'Impératrice représentait exactement cette sombre puissance. »

Nouvelle pause, à dessein. Il ne détectait toujours aucune émotion chez elle. Mais elle écoutait. Probablement avec attention.

 « C'est la chance que j'ai saisie. Je ne pouvais pas fuir, en te laissant là, sans tenter quelque chose. Et maintenant... je ne sais pas. J'ai pris la bonne décision, celle en accord avec mes pensées et mon cœur. Tu m'en veux probablement, autant que tu t'en veux d'avoir échoué. Mais je ne regrette rien. »

Une question lui brûla alors les lèvres. Il devait la poser.

 « Te rappelles-tu de ta première impression, quand tu es arrivée au Temple Jedi ? De l'émotion ressentie sur le moment ? De ce que tu as pensé ? »
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Il ne savait pas. Ce devait être mieux ainsi. Cela aurait-il changé quoique ce soit, en réalité ? Planifié ou non, l'acte était une trahison de sa part, un échec de la sienne.

Il était étonnament loquace, lui qui ne s'exprimait d'ordinaire qu'à demi-mots ou par sarcasme. Etait-ce cela, d'avoir l'air coupable ? La Twi'lek tourna de nouveau le regard vers lui, pour l'observer plus attentivement. Il n'était pas vraiment fringant. Elle l'avait rarement vu au meilleur de sa forme, de toute manière. Leur activité ne leur avait que rarement permis une petite vie reposante.
Sauf peut-être quelques jours radieux, sur une planète républicaine, quelques mois de cela plus tôt.
Mais il ne fallait plus penser à Yaga Minor et au jeu puéril du petit couple tranquille auquel ils avaient joué. Plus que jamais c'était devenu impossible. Myir ne serait plus jamais une employée ordinaire. L'Empire allait vouloir sa peau, et très vite. Quant à l'Ordre Jedi...
La Twi'lek fronça les sourcils, et ses lekkus jusqu'ici inertes frémirent.

- Compréhensif, répéta-t-elle comme hébétée, avant de toiser son compagnon d'un regard noir. Au mieux, je serai jugée pour mes crimes contre les Jedi et jetée en prison, Emhyr. Au pire, je serai coupée de la Force à jamais.

Aucune de ces concessions des Jedi ne lui paraissait valoir le coup. Et même s'ils la laissaient libre, à quoi servirait-elle, désormais ? Passerait-elle le reste de sa misérable vie de planète en planète pour éviter d'être retrouvée et abattue par des chasseurs de primes ?

La suite du discours d'Emhyr fit entrer en elle une bouffée de colère. Non ! Il ne fallait pas ouvrir la porte des émotions ! Pas maintenant ! Elles étaient trop nombreuses, elles allaient l'engloutir, la dévorer, la...

- M'ouvrir les yeux ?!

La Twi'lek s'était brusquement redressée, douchée par la conviction absurde de l'humain.

- M'OUVRIR LES YEUX ? répéta-t-elle en criant. TU AS SACRIFIE UNE GAMINE JUSTE POUR M'OUVRIR LES YEUX ?! ET C'EST MOI QUI N'Y VOIT PAS TRES CLAIR ???

La colère réveillait son corps, ses membres s'échauffaient brusquement, mais il n'y avait rien sur quoi se défouler dans cette minuscule cellule. Elle ne se serait de toute façon pas abaissée à se donner en spectacle. Plutôt, elle serra les poings à s'en blanchir les jointures et s'en transpercer la peau de ses ongles.

- Et qu'est-ce qui te fait croire que mes yeux n'étaient pas juste braqués sur ce qui m'intéressait ? poursuivit-elle plus froidement. Tu croyais avoir une vérité absolue en toi, de celles qui s'appliquent à tous parce que tu l'as décidé ?? Qu'est-ce qui t'es arrivé au juste, Emhyr ? Tu as vu des Jedi et tu t'es souvenu que tu pouvais en être un ?

Et dire qu'elle l'avait aimé précisément parce qu'il était différent d'eux ! Que lui prenait-il soudain, à oublier sa neutralité ? Il avait mis son intelligence au service d'un absolutisme simplement autre que celui des Sith en faisant abattre une simple apprentie au nom de la lumière. Ce n'était pas l'Emhyr qu'elle connaissait. L'Emhyr qu'elle connaissait aurait saisi l'opportunité et se serait enfui, et ne serait jamais revenu. Et ils se seraient recroisés, des années plus tard, et ils auraient souffert des doux souvenirs de leurs étreintes, mais chacun aurait été toujours libre de ses choix. Prisonnier de l'un ou de l'autre, ils avaient finalement toujours respecté la liberté de l'autre.

La Twi'lek inspira et expira longuement, afin de retrouver le calme. Elle était toujours hébétée par ce qui venait de se produire, et était loin d'être prête à affronter la réalité : elle serait une paria à tout jamais, elle qui avait voulu servir une cause plus grande qu'elle. Elle ferma les yeux, tâchant de se souvenir de son amour pour l'humain. Après tout, n'aurait-elle pas dû être heureuse de se trouver avec lui, lui qu'elle pensait avoir quitté à tout jamais ? Ces retrouvailles avaient un goût bien amer, en plus de ne présenter aucune perspective.
La colère laissait place à l'abattement. Voilà ce qui avait dû motiver Emhyr : la perspective d'être l'un à l'autre, définitivement. Mais il avait fait une terrible erreur. Elle rouvrit les yeux et posa su rlui un regard désespéré tandis qu'il lui posait ces drôles de question. Elle réfléchit à sa réponse, puis soupira.

- Emhyr, souffla-t-elle. Ces souvenirs-là appartiennent à un passé lointain. J'étais fière, c'est vrai, j'ai pensé que je serai une grande Jedi et, tu vois, j'avais tort. Pas seulement parce que je ne suis pas devenue celle que je voulais en arrivant au Temple, mais aussi parce qu'à l'époque je croyais qu'être un Jedi, c'était apporter la félicité à la galaxie. Mais j'avais tort, car la paix n'est pas l'état naturel de ce monde, Emhyr. Ce n'est pas ce à quoi la galaxie aspire. Ce n'est même pas ce à quoi les Jedi aspirent. Regarde-nous, Emhyr, nous sommes prisonniers. Demain ils t'offriront peut-être une rédemption, mais moi ? Je serai éternellement placée en ennemie, enfermée, contrôlée, peu importe la forme.

Elle eut une bref lueur de pitié dans le regard. Le pauvre avait cru qu'il les avait sauvés. Mais les Jedi n'allaient jamais lui faire confiance de nouveau. Elle serait prisonnière. Une vraie prisonnière cette fois-ci, avec interrogatoire et restrictions.
Abattue, elle s'allongea de nouveau et ferma les yeux. Mais dès que ses paupières la plongèrent dans le noir, elle vit les visages de ses anciens camarades Jedi, et de son maître d'alors. Comme ils allaient être déçus. Elle vit aussi de nouveau le corps ensanglanté d'Ysanne, inerte, et ses yeux pleins d'incompréhension avant la mort. Elle revit les yeux de l'Impératrice lors de leur combat, ce regard dément, acharné, supérieur, et imagina ce qu'il serait lorsqu'elle apprendrait que celle à qui elle avait épargné la vie avait pris celle de son apprentie. Elle revit le regard d'Emhyr lorsque sur Dromund Kaas, elle avait décidé de se joindre à sa couche. Elle revit leurs étreintes passionnées et se remémora comme tout cela était interdit par le Temple, elle sentit de nouveau le plaisir de pouvoir rejeter à jamais la culpabilité de ce rapprochement sensuel... et mortel.

Elle rouvrit les yeux pour ne plus rien voir d'autre que le morne néon au-dessus d'elle.
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Le regard d'Emhyr se fit distant, froid. Son visage également. Il ne s'était pas attendu à une telle réaction de violence de la part de Myir, mais elle était justifiée. Il n'avait pas le droit de s'emporter également. Et pourtant... pourtant il en avait assez. Il ne savait pas véritablement pourquoi, mais il en avait marre. Il avait trop sacrifié durant sa vie pour se laisser faire comme ça. Si elle s'imaginait qu'il resterait flegmatique, comme à l'accoutumée, elle se trompait lourdement. Il n'allait pas se laisser faire par sa colère suivi d'un ton empli de pitié. Il avait fait tout ça pour elle. Pour eux deux.

Sa voix se fit donc froide. Terriblement froide.

 « Tu t'imagines peut-être que je l'ai fait sans la moindre hésitation ? Que jamais je n'ai pensé à ce que tu n'y sois pas réceptive ? Evidemment que si. Mais jusqu'à maintenant, je n'avais pas imaginé que tu aurais pensé que moi, l'homme qui t'a soutenu dans un moment douloureux, aurait pu t'abandonner ainsi. Tu m'avais dit de partir. De ne jamais revenir. Parce que tu m'aimes et que je t'aime. Et parce qu'il n'y avait pas de place pour un « nous » dans ce foutu empire. »

Il se leva, à la fois pour soulager ses muscles endoloris et pour se mettre à faire les cent pas.

 « Et pour avoir entrevu une possibilité, pour avoir fait le choix que tu étais incapable de faire, tu laisses ta colère et ta pitié parler ? Quelle ingratitude ! J'ai sacrifié tant de choses dans ma vie, que je pensais que tu comprendrais pourquoi j'avais fait ça. Pour nous. POUR NOUS!Tu as échoué à être Jedi, tu as échoué à être Sith, et alors ?! N'est-ce pas ce que tu souhaitais au fond de toi ? Qu'on ait une chance de partir vivre comme on l'entendait ?! Ose me dire que tu ne le voulais pas.
« 


Il sentait la colère affluer dans ses veines et dans son cœur. Il n'avait pas l'habitude de s'énerver ainsi. Mais il devait bien admettre que ça défoulait. Et sur l'instant, peu lui importait qu'il s'agisse de leur première dispute, qu'il s'agisse de la femme qu'il aimait.

 « J'en ai rien à foutre des Jedi et des Sith. Je préfère simplement vivre à l'écart de l'obscurité. Toute ma vie, cette face sombre a cherché à tout me prendre. Ma vie. Ma padawan. Mes amis. Toi. Alors pour une fois que j'avais l'occasion de faire quelque chose de bien, à ce sujet, tu aurais voulu que JE NE FASSE RIEN ?! Que je reste impassible devant tout ça ?! Que je te laisse MOURIR sur une putain de planète ?! Non, Myir, jamais. Que la Force me soit retirée si jamais je t'abandonne un jour à ton sort. Tu m'as avoué un jour ne pas savoir ce qu'était cette émotion, l'amour. C'est ça, aimer quelqu'un. C'est vouloir son bien, même lorsque cette personne est incapable d'agir. »

Il savait qu'elle s'apprêtait à répliquer. Il ne lui en laissa pas le temps.

 « Ne me sors pas que je n'avais aucun droit de faire ça. On sait parfaitement, toi et moi, que tu n'aurais pas été capable de me suivre. Alors OUI, il a fallu la mort de cette gamine. OUI, tu as commis des actes répréhensibles. Moi aussi. Mais je n'en ai rien à foutre. Les Jedi sont des hypocrites qui n'attendent qu'une chose : qu'on se soumettes. S'il faut cela pour que nous soyons tranquilles, alors je ferais ce sacrifice. »
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Ingrate. Le mot entra dans son coeur comme une lame glacée, qu'elle essaya d'ignorer. L'ingratitude supposait qu'elle aurait dû remercier. Pas seulement Emhyr, mais l'Empire de lui avoir donné sa chance, et l'Ordre de l'avoir formée avant eux. Elle n'avait jamais vraiment remercié personne. Elle avait toujours tout acquis à la force de ses muscles, à la sueur de son front, à ces nuits entières passées à étudier ou s'entraîner. Certes, on lui avait indiqué la voie, mais n'avait-elle pas toujours remboursé ses dettes, en accomplissant son devoir ? Elle avait rempli bien des missions pour l'Ordre avant de le quitter, et risqué sa vie bien des fois pour l'Empire avant d'en être arrachée. Et pourtant, elle serait encore et toujours considérée comme une ingrate. Elle n'avait pourtant jamais demandé à mener cette vie-là.

Ses membres lui parurent lourds. La Twi'lek se sentait apathique. Comme si plus jamais l'énergie ne reviendrait à son corps, à cet esprit devenu inutile, embrouillé et fallacieux. Il avait raison. Elle était un échec, c'était évident. Elle n'avait aucune utilité, ou alors passagère. Au fond, elle n'avait servi ni l'Ordre ni l'Empire. Elle avait été un parasite. Un insecte lavant les poils d'une mammifère en s'en nourrissant, justifiant ainsi sa survie. Arrachée à un corps hôte, elle n'était plus rien qu'une bestiole remuant vainement ses petites pattes dans le vide.

Oui, il aurait été mieux qu'Emhyr la laissât mourir là-bas, sur cette fichue planète, sans avoir encore connu l'étendue de la futilité de son existence. Les larmes lui montèrent aux yeux et elle tourna la tête pour empêcher l'humain de le voir. Elle ne pouvait décemment pas lui dire qu'elle aurait dû mourir. Après tout, ce qu'elle avait voulu plus que le reste, ces temps-ci, n'était-ce pas qu'Emhyr trouvât un moyen de s'enfuir ? Si comme il disait, il n'avait rien à faire ni des Sith ni des Jedi, et qu'il voulait rester à ses côtés, il y avait peu de chances pour que l'Ordre l'entendît ainsi.

Refermer la boîte aux émotions par le raisonnement était tellement facile. Elle l'avait déjà fait, tellement de fois. Il suffisait de mettre ses sentiments de côté, de rester pragmatique. Elle ravala ses larmes en se redressant, serrant les dents pour que son corps ne se laissât pas aller, avant de se lever de nouveau. La Twi'lek marcha jusqu'au champ d'énergie qui la séparait d'Emhyr. Il était fâché. Elle aussi. Mais ce genre de choses avait-il encore une importance ?
Elle aurait voulu poser une main sur cette surface qui les séparait, mais elle s'y serait brûlée. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était le regarder dans les yeux, ces pupilles grises allumées de leur feu d'énergie... Pour une fois. Il avait la force de poursuivre. Il fallait compter sur lui. Tous les deux compteraient sur lui. Elle n'avait plus de force de son côté.
Et rester pragmatique.

- Ce ne sera pas suffisant, lui souffla-t-elle à voix basse, espérant qu'il l'entendrait néanmoins de l'autre côté de l'écran lumineux. Emhyr, notre seule chance...

Elle inspira, baissa les yeux. Ses lekkus s'enroulèrent autour de ses épaules comme pour la réchauffer, vainement. Il lui aurait fallu les bras de l'humain, mais c'était plus de confort qu'elle n'en méritait.

- Notre seule chance, reprit-elle, c'est de nous enfuir, Emhyr.

Un moment, elle crut que la colère de l'humain l'empêcherait de s'en remettre à cette évidence. Mais la seule énergie qu'il lui restait, elle était bien décidée à ne pas la gaspiller : il fallait trouver un moyen pour qu'Emhyr ne soit plus détenu ni des Jedi ni des Sith. S'il était enchaîné à elle par ses émotions, alors... C'était leur seule option.
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Il resta un bon moment surpris, ne sachant pas quoi dire. Il devait s'avouer vaincu, pour le coup : jamais il ne se serait attendu à ce qu'elle prononce ces mots et exprime une telle hypothèse. Elle était abattue, ne croyait visiblement plus en rien – hormis peut-être ce qu'elle ressentait pour lui ? Myir n'avait visiblement plus la force de se battre jusqu'au bout, d'être froide, amère et de balancer des invectives tout en gardant la tête haute. Non, elle était éteinte. Il devait l'aider à rallumer une certaine lueur en elle. Mais ce qu'elle proposait...

… C'était pas impossible. Non, malgré la situation dans laquelle ils étaient. S'ils tentaient quelque chose comme ça, malheureusement, il allait falloir s'attendre à une solide résistance. Les Jedi et les soldats de la République ne les laisseraient sans doute pas partir de leur plein gré. Et Emhyr doutait quand même beaucoup du fait qu'Alyria leur donne une permission spéciale. Lui-même avait trop traîné chez l'ennemi, et Myir était, en dépit de son état et de sa capture, une dangereuse Sith. L'évasion pouvait se faire, mais elle était ardue. Et là, pour le moment, il n'avait simplement pas la force de s'y atteler. Ses muscles le faisaient souffrir.

Il ne savait plus quoi dire, sa colère étant complètement douchée. Il resta un instant supplémentaire songeur, le temps de porter le regard sur les épaules las de sa compagne. Ses lekkus en témoignaient, elle ne se sentait pas en forme. Epuisée, aussi bien physique que mentalement. Il aurait voulu la serrer dans ses bras, et pouvoir lui dire que tout irait bien. Mais c'était impossible, et faux de surcroît. En admettant qu'ils parviennent à sortir d'ici, même indemnes, ils auraient de très nombreuses difficultés. Lui-même avait certainement une image beaucoup moins bonne auprès de la République. Quant à l'Empire... Ce n'était même pas la peine d'y penser.

Il finit par essayer de chercher son regard, mais ne trouva que le vide. Elle regrettait peut-être ses paroles, lesquelles étaient peut-être trop hâtives. Ou alors elle attendait tout simplement qu'il prenne lui-même toute la décision. Il posa une main sur le champ de force, pour la retirer aussitôt. Evidemment, c'était répulsif. Et brûlant. Saleté.

 « Bon, soyons réalistes. Et examinons nos options, comme a dit mon père le jour où je l'ai revu. »

Ce jour-là, il avait été difficile pour Emhyr de se rendre compte que sa famille n'avait eu d'autres enfants. Ses parents avaient été heureux de le revoir, même s'ils savaient qu'il ne serait jamais à leurs côtés. Néanmoins, de temps en temps, il se tenait aussi informé que possible de ce qu'ils devenaient. Plus depuis plusieurs mois, voir presque un an, bien sur. Mais pourquoi avait-il fait mention de cela ?

 « D'un côté, nous avons ces... confortables, splendides, cellules. De l'autre, la possibilité, faible mais existante, d'une folle escapade. A coup de sabre-laser. Je ne te cache pas qu'entre les deux, je préférerais l'escapade, mais soyons réalistes : nos chances sont minimes. Et du coup... »

Il poussa un soupir.

 « Je me vois mal supplier qui que ce soit de nous laisser partir sur notre bonne foi ; et ça ne marcherait pas. Je me vois mal les laisser nous emmener sur Tython, où nous aurions le droit à une cellule et à une hospitalité relative. Mais cette dernière option nous offre quelque chose que nous n'avons pas avec le reste : le repos. S'il y a un truc que les Jedi font, même avec leurs prisonniers Sith, c'est leur accorder du repos. Et qui sait, peut-être que là-bas, nous pourrons passer du temps ensemble. Et nous acheter une conduite, pour ensuite être libres. »

Ces paroles sonnaient faux, et il le savait. Il regretta aussitôt de les avoir prononcées. C'était un espoir idiot. Mais même si lui n'y croyait pas, peut-être que Myir s'y rattacherait. Et si elle le faisait...

Alors il pouvait survivre à tout, et l'aider à réaliser tout ça.
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Plusieurs secondes de silence s’égrenèrent entre eux. Myir était suspendue à la volonté de son comparse, comme si sans Empire ni Ordre, elle réalisait soudain n’avoir aucune ambition personnelle et qu’il valait mieux laisser un autre prendre les décisions qui scelleraient son futur. Si futur il y avait.

Emhyr se brûla au contact du champ d’énergie. La Twi’lek resta stoïque, constatant platement qu’elle n’avait plus guère de force pour surmonter des souffrances supplémentaires. Et pourtant, il serait tellement plus facile de se concentrer sur des douleurs physiques plutôt que morales… Non, non, le placard aux émotions devait rester fermé. A double tour. Ici, ce n’était pas sûr.

Le commentaire de l’humain la tira de sa réflexion. Son père ? Voilà qui était une remarque étonnante. Elle s’était figurée qu’en ex-Jedi, Emhyr était comme elle : sans famille, et issu d’une planète à laquelle il n’appartenait plus depuis longtemps. Et pourtant, ce « père » était la trace ineffaçable d’un passé plus riche, constitué de proches, d’amour. Voilà peut-être ce qui les différenciait tant tous les deux. Voilà peut-être pourquoi ils n’avaient pas vécu leur relation de la même manière. Voilà peut-être pourquoi il avait été prêt à sacrifier beaucoup pour ce sentiment, alors qu’elle faisait passer ses devoirs avant l’amour. Et l’amour l’avait emporté. Quelle formule naïve. Comment ceci avait-il été possible ? Elle ne parvenait ni à s’en réjouir, ni à en être déçue. Seule subsistait une vague curiosité – que restait-il de la famille d’Emhyr ? Elle aurait tout le temps de l’imaginer grandir dans des passés fictifs, si elle devait passer ses prochaines années dans une cellule de l’Ordre Jedi.

La déception lui parvint enfin. Non, Emhyr ne comptait pas s’enfuir. Il espérait que les Jedi leur offriraient une reddition. A lui, peut-être… Mais à elle ? Elle en doutait fortement. Quelles garanties pourrait-elle offrir ? Elle avait été en contact avec l’apprentie de l’Impératrice, avec l’Impératrice elle-même. Elle l’avait affrontée sur Byss, travaillé pour elle sur bien d’autres planètes. Elle détenait des informations capitales. Elle serait interrogée inlassablement, jusqu’à ce qu’elle n’en pût plus, jusqu’à ce qu’elle débitât des sottises pour se débarrasser d’eux, et même si dans plusieurs années elle parvenait à se faire offrir une liberté relative, les Jedi l’auraient épuisée psychologiquement. Mais n’était-ce pas ce qu’elle était déjà ?
La Twi’lek soupira imperceptiblement.

- Je ne voulais pas dire tout de suite,
corrigea-t-elle, la mine déconfite. Mais si nous attendons d’être dans une cellule… Nous ne nous reverrons plus sans surveillance, Emhyr. Plus avant des années. Plus d’intimité, plus de plan. Pas de plan… Pas de liberté.

Elle en était certaine. L’idée fugace de s’enfuir malgré les idées d’Emhyr lui traversa l’esprit. Mais non, elle n’en aurait pas la force. S’enfuir sans lui, ce serait pour aller où ? Elle ne trouverait de refuge ni dans la République, ni dans l’Empire. Sa vie n’avait plus de sens, c’était évident.

- Emhyr, souffla-t-elle, pour eux, je ne serai jamais rien d'autre qu'une ancienne Sith. Pire, une ancienne Jedi qui les a trahis.

Il n'y avait que lui qui ne la regardait pas comme si elle n'était pas un animal. Elle savait qu'il était trop tard pour changer l'opinion de l'Ordre à son égard. Il la percevrait à jamais comme un être faillible, dans l'erreur, dans le mal. Il fallait qu'il saisît à quel point l'image qu'elle offrait n'était positive que dans ses yeux à lui.

Elle se détourna lentement d’Emhyr, le laissant à cette réflexion, pour retourner s’allonger sur sa couchette, l’œil de nouveau vide, sans être capable de se raccrocher à un quelconque espoir. Il n’y avait plus qu’à attendre.

Longtemps.

Eternellement, peut-être.
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Anonymous
Ils attendirent longtemps avant qu'ils ne reçoivent de la visite. Emhyr avait laissé sa compagne plongée dans son silence, sans essayer de le briser ou de l'embêter avec des paroles inutiles. Il devait se rendre à l'évidence, il n'avait rien à dire. Il réfléchissait à toute allure, en fait, passant tous les scénarios possibles au peigne fin dans sa tête De l'évasion la plus spectaculaire à la manipulation la plus fine et la plus tordue, le Jedi gris essayait de savoir ce qui était réalisable et ce qui ne l'était pas. Il s'efforçait d'être objectif et de rejeter tout ce qui ne pouvait pas se faire. Malheureusement pour lui, le nombre de scénarios irréalisables était élevé ; celui des réalisables était de zéro. Ils ne pouvait rien faire, depuis cette cellule. Et même après en fait.

Une journée passa, peut-être ? Il ne savait pas. Ils eurent le droit d'être emmenés aux sanitaires à un moment donné, chacun leur tour. Un maigre repas leur fut donné également, probablement prélevé sur les rations du vaisseau. Personne ne vint les voir, leur parler. Rien ne se produisit, personne ne parla. Seul le bourdonnement des champs énergétiques et leurs respirations faisaient du bruit. Et encore, seulement quand Emhyr y prêtait attention. Il passa le plus clair de son temps en méditation. Il pensait à différentes personnes : Myir, bien sur, mais également sa famille sur Naboo, Konstancja, Cékatre, Lyanna, et même Galdur le Trandoshan. Où pouvait bien être ce dernier, d'ailleurs ? Sûrement en vadrouille quelque part, à affronter de rudes adversaires.

Enfin, au bout d'un moment, il se rendit compte que quelqu'un approchait. Non, deux personnes approchaient. Emhyr émergea doucement de sa méditation, reprenant au plus vite le contrôle de son corps. Il jeta un rapide coup d’œil à Myir, dans sa cellule : elle dormait ? Sûrement. Ou elle essayait et faisait semblant. Deux personnes entrèrent donc soudainement dans la pièce, et le cœur d'Emhyr se serra un peu. Il y avait un Jedi qui lui était inconnu, et l'autre semblait être une femme de l'armée. En effet, comme le signalait son insigne de lieutenant. Cette dernière jeta un coup d’œil à la Sith, avant de s'approcher de la cellule d'Emhyr.

 « Emhyr Zaknafein ? Je suis le lieutenant Horam. Votre compagne ayant l'air de dormir, c'est à vous que je vais m'adresser. »

Elle prit une inspiration, tout en sortant un datapad de sa poche.

 « En vertu des lois de la République et de l'appui de l'Ordre Jedi, vous serez conduits, vous, Emhyr Zaknafein, et elle, Myir Alshain, sur Yaga Minor afin d'y être jugés pour sabotage d'installations militaires, usurpation d'identités et falsifications de documents secrets. Le procès sera fait en présence de membres de l'Ordre Jedi, afin de s'assurer que vous ne tentiez rien pour influencer le jury. Le jugement sera fixé à une date ultérieure, en fonction de votre propre date d'arrivée sur Yaga Minor. »

Elle rangea son datapad et sortit, accompagnée du Jedi. Pour Emhyr, tout cela résonnait étrangement en lui. Il allait être jugé, pour quelque chose où il avait plus ou moins contraint et forcé. Mais comment réussir à faire passer ça ? Il sentait presque l'étau d'une prison se refermer sur lui. Quelle serait la réaction de Myir ? Il devait savoir. Il s'approcha à nouveau du champ de force, quasiment persuadé qu'elle ne dormait pas.

 « Myir ? Tu as entendu ? »
Invité
Anonymous
Les secondes, les minutes, les heures s’égrenèrent, dans un silence seulement troublé par les vrombissements des champs d’énergie qui les retenaient prisonniers. Parfois, au loin, on entendait tout de même de sourds grondements, comme le tonnerre d’un orage lointain. Etaient-ces les détonations des attaques de Dubrillion qui se poursuivaient à quelques kilomètres ? Ou bien les moteurs de la navette, déjà partie dans l’espace noir et profond, qui vrombissaient pour réaliser une nouvelle manœuvre ? Myir se sentait si détachée de la réalité qu’elle ne savait plus même si elle avait senti les vibrations d’un décollage ou non. Cela avait-il la moindre importance ?

Elle sentit du mouvement dans la Force lorsqu’un Jedi accompagné d’une militaire firent irruption dans la coursive qui bordait leur cellule. Instinctivement, en se redressant, la Twi’lek porta la main à sa hanche. Mais elle se referma sur sa ceinture vide. Elle se sentit nue, idiote, sans dignité. Qu’était-elle sans son arme ?

Visiblement, pour la République, elle était d’abord une femme recherchée. Le nom Yaga Minor sonna à ses oreilles comme un tintement doux et faux à la fois. Yaga Minor… Leur expédition ressurgissait du passé. Ainsi, on les avait confondus en quelques mois. Elle qui croyait avoir bien maquillé ses traces… Mais non, bien sûr, il y avait eu tous ces dérapages idiots. Ils avaient certes accompli leur mission, mais c’était loin d’avoir été propre. Myir soupira imperceptiblement. Lorsque la militaire eut terminé, elle et le Jedi les laissèrent tous deux là, sans plus d’explications. La Twi’lek ressentit une vague frustration, mais elle n’avait pas la force de les héler pour demander plus d’explications. Ils sauraient de toute façon bien assez tôt quel serait leur avenir.
Elle tourna son visage sans expression vers Emhyr. Au-delà du champ d’énergie, elle avait du mal à distinguer ce qui se passait dans son regard. Certes elle avait entendu. Et alors ? Devait-elle y voir un quelconque espoir ? Elle haussa les épaules.

- J’ai bien entendu, confirma-t-elle platement.

Elle faillit ajouter qu’elle ne savait pas si c’était ou non une bonne nouvelle, mais se retint. Revoir Yaga Minor après avoir échoué, ce serait comme si quelqu’un lui fichait devant les yeux les photos de sa vie avant qu’elle ne fût ratée. Il n’y avait pas vraiment de quoi se réjouir. Mais ce n’était guère ce qu’elle devait dire à Emhyr. Il ne pouvait pas comprendre, il ne venait pas de ruiner son existence ; il recouvrait son statut de citoyen républicain.

A cette pensée, les morceaux d’un stratagème se mirent en place dans sa tête, comme un puzzle qui donnait du sens à la situation. Oui, c'était une opportunité, au moins pour lui. Elle se leva et rejoignit elle aussi le champ d’énergie, sourcils froncés.

- Nous allons être jugés, remarqua-t-elle. Nous allons devoir témoigner. L’occasion pour toi de montrer patte blanche. J’avouerai que tu étais mon prisonnier depuis Makem Te. Nous n’avons aucun intérêt à mentir devant les Jedi. Ils reconnaîtront que c’est la vérité, et tu seras relâché. Cela corroborera l’hypothèse selon laquelle tu n’as pas été corrompu par le côté obscur, et que c’est la raison pour laquelle tu as aidé les Jedi sur Dubrillion. Rien ne sera donc retenu contre toi, et tu seras libre.

Pas elle, bien entendu, mais son cas personnel était déjà décidé depuis longtemps. Rien n’avait fini comme elle l’avait voulu, mais ils parviendraient au but qu’elle s’était fixé : Emhyr serait libre. Quant à elle… S’évaderait-elle un jour ? Se repentirait-elle ? Il faudrait certainement de longues années pour le savoir. Elle n’avait pas la force de prendre de décision maintenant, seulement celle d’attendre que l’on décidât de son sort.

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