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Thème - Rainy Day
Arkania...

Jamais Anado n'avait pensé y remettre les pieds de son vivant. Du moins, pas par sa propre volonté. Appuyé contre la vitre de son transport, l'arkanien observait son monde natal en silence. Son cœur battait de manière lente et régulière, mais avec une telle intensité que chacun de ses battement faisait vibrer ses tempes. Il avait un étrange sentiment au fond de lui-même, qui remontait de ses entrailles pour lui nouer la gorge. La peur ? La tristesse ? La nostalgie ? Un peu de tout ça, j'imagine. Des flocons de neige tombaient paisiblement du ciel tourmenté, déchiré par des orages lointains. Sous ses yeux, déserts de glaces et vastes toundras succédaient à des centres urbains isolés, et à demi-enterrés sous la neige et les massifs rocheux. Quelques complexes industriels et pharmaceutiques se dessinèrent ça et là. Sa destination à lui se rapprochait de plus en plus. S'il n'apercevait pas encore la suite de dômes et de plate-formes qui annoncerait l'arrivée à son spatioport, il devinait aux données affichées sur l'écran près de la sortie qu'ils approchaient de la communauté de Noctal. Le fief des Darssian, entres autres, et de leur empire pharmaceutique. La tour de Healthware Cybernetic, la firme familiale, se dessinait dores et déjà, seul bâtiment dépassant avec arrogance des autres.

Bientôt, le fils rejeté, chassé, serait de retour dans la jungle de Noctal. Jungle où le vieux lion venait de mourir. Travius Darssian avait rendu l'âme il y a quelques jours. C'était Vendar qui avait fait parvenir la nouvelle à son frère. Geste incompréhensible. Sauf si cela n'était qu'un piège. Si c'était le cas, tant pis. Ils régleraient ça comme des hommes. À presque quarante ans, Anado était fatigué de courir. Il avait fui sa famille une bonne partie de sa vie, fui ses créanciers, les Hutts, les bookmakers, les mafieux, les responsabilités. A force de se cacher de la mort il en avait oublié de vivre. Il avait grandis loin de chez lui, il était devenu quelqu'un loin d'ici. Certes, la personne la plus mémorable qu'il avait été, elle était bien née ici. Le glorieux champion, le plus célèbre des Darssian. Toute la galaxie avait scandée son nom lors de la course de Malastare. Toute la galaxie avait frémis lors de son accident sur ce même monde. Tout le reste s'était enchaîné très vite. La descente aux enfers avait été tout aussi rapide que son moment de gloire. Tous ceux qui l'acclamaient lui avait tourné le dos. Il n'était plus le jeune prodigue qui avait fuis Arkania et ses vautours. Il revenait en homme, aguerris, éreinté. Abîmé était certainement le mot qui lui correspondait le plus. Et le fabuleux paysage glacé continuait de défiler sous son regard vide, tout aussi désemparé que son cœur.

Depuis tant d'années, il errait, vivotait, croyait vivre au travers de fresques : fêtes mémorables, alcool, sexe et drogues. Il avait tout essayé pour se refaire. Il n'était plus qu'un bon mercenaire, avec des capacités de pilote extraordinaires, dont le monde ignorait l'existence. Et maintenant qu'il était face à son passé, il se rendait compte de la médiocrité de son présent, et de son futur.
Le transport ralentit et Anado eut un soubresaut. La manœuvre d'atterrissage avait commencée.

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La navette qui l'avait récupéré au siège du Dominion était vide. Les autres convives étaient déjà sur place. Si tentés qu'il y en ait, ou qu'il y ait ne serait-ce qu'un enterrement. Travius était un homme apprécié, même pour un arkanien, mais particulièrement austère et réticent aux contacts sociaux. Son entreprise avait prospéré grâce à son génie mais surtout car il avait s'entourer des meilleurs conseillers commerciaux, et collaborer avec des étrangers. Maintenant qu'il était partis, Anado aurait dû lui succéder. Bien sûr, cela n'arrivera pas. Il avait été déshérité il y a bien longtemps. Si tout s'était passé comme prévu, Anado aurait dû rentrer progressivement dans l'entreprise et ce jusqu'à seconder son père, pour prendre sa relève une fois sa mort actée. Nul doute que Vendar devait avoir remplis ce rôle, auquel il avait de toute façon était prédisposé quand Anado avait décidé de se lancer dans la course de podracers.

Le vaisseau s'était enfin posé. Anado se rendit dans le sas de décompression, l'occasion de se retrouver face à son reflet dans le hublot de la porte y menant. Personne ne le reconnaîtrait. Il avait bien trop changé. Tatouages, cicatrices, rides et marques de l'alcool et d'une vie rude et bien trop houleuse. Il avait opté pour une tenue plus sophistiquée qu'à l'accoutumée. Une tunique sombre, élégante et mettant en valeur sa carrure. Cela permettait aussi de dissimuler la majorité de ses tatouages, bien que ceux remontant jusqu'à sa nuque soient toujours visibles. Il avait tiré ses cheveux en arrière. S'il n'avait pas le visage aussi marqué, il aurait tout eu de l'homme élégant dans la force de l'âge. Mais la vie que l'on menait nous marquer irrémédiablement.
Une chose n'avait pas changé et le rendait remarquable entre tous. Cette pair d'yeux flamboyants, bijoux cybernétiques de Healthware Cybernetic, d'un blanc immaculé, mais dont les striures et la rétine noire trahissait la nature artificielle.

Le sas s'ouvrit, lui donnant vue sur une plate-forme d'atterrissage balayée par les vents glacés d'Arkania. Il ne s'attendait pas à avoir d'accueil particulier. Mais il semblerait que le Dominion avait annoncé son arrivée. Vendar se dressait au milieu de la tempête. Lui aussi avait vieillis. Mais il était beaucoup moins marqué par le temps que son frère aîné. L'arkanien ne dit rien, mais Anado lu la surprise dans son regard, et le doute, un instant. Il mit quelques secondes à reconnaître son aîné, qui fit quelques pas en sa direction. Ils se toisèrent quelques instants, qui parurent une éternité. Sans dire un mot. Que dire ? Ils s'étaient haïs des décennies, peut-être même toute leur vie, et se détestaient encore. Leur seul point commun était leur géniteur, et il venait de mourir. Tous deux savaient très bien que l'autre ne ressentait aucune espèce de chagrin. Cela faisait des siècles qu'Anado avait tiré un trait sur sa famille – et pourtant il était là – et Vendar était bien trop avide et opportuniste pour ne pas réaliser de l'opportunité immense que représentait la mort de Travius. Les arkaniens avaient des rapports familiaux bien trop froids et sophistiqués – du moins chez les Darssian – pour que les deux frères aient un amour profond envers leur père. C'est du moins ce que pensait Anado.

Sur invitation d'un Vendar toujours silencieux, ils pénétrèrent dans le bâtiment des Darssian. L'inhumation avait lieu au plus haut de la tour, au-dessus de l'étage où Travius avait jusqu'il y a peu siégé dans son bureau de Président Directeur Général mais aussi actionnaire majoritaire.
L'assistance était silencieuse, et bien présente, sans pour autant être nombreuse. Anado reconnu sa mère, aux traits tirés et aux implants cybernétiques nombreux. Elle n'exprimait aucun sentiment et ne posa ne serait-ce qu'un œil sur son fils renié. Elle n'avait de toute façon jamais eu de réel lien maternel avec ses enfants. Vendar se mit à ses côtés. Anado lui restait en retrait, observant tout ce beau – comprenez dégoûtant – monde. Ses oncles avaient des sourires satisfaits. Ses cousins attaquaient en silence le buffet au fond de la pièce. Certains impolis se permettaient même de discuter par murmures indiscutés, incompréhensibles mais audibles. Juste assez pour irriter le fils du défunt. Anado détestait son père, de tout son être, il en était persuadé. Et pourtant, il ne pouvait souffrir qu'on ne respecte pas ce moment. Voilà à quoi avait mené une vie de rapace... à finir livide entre quatre planches, lorgné par d'autres charognards repus de votre disparition. Il ne savait pas qui avait eu la meilleure existence entre Travius et lui, au final. Anado n'était qu'une raclure, un raté, à peine plus noble qu'un Yaka ou un Scion aux yeux de sa famille, son père inclus. Certes, il était alcoolique, dépendant à certaines substances, mais avant tout à l'aventure. Il vivait de relations volages et menait une existence volatile, sans acquis, sans fortune. Humblement, voir dans la misère, quand le travail ne suivait pas. Mais au moins avait-il le mérite de ne pas vivre en se mentant, sur ce qu'il était, et ceux qui l'entourait. Que cet endroit le répugnait... tous ces arkaniens, imbus d'eux-mêmes, ces pauvres rats qui n'avaient jamais rien accomplis de leur vie, si ce n'est s'accrocher à son père et sa réussite. Tout comme ils avaient essayé de faire avec lui, quand il était coureur.

Anado ne pouvait se mentir à lui-même. Toute sa jeunesse, il avait tenter l'impossible, obtenir de la gratitude et de la fierté de la part de son père. Il voulait le rendre fier. Il n'avait eu le sentiment d'avoir réussis une seule fois dans son existence, sur Malastare. Entre haine et amour, le sentiment qu'il avait pour son père était conflictuel et violent. Il y avait bien longtemps que la rancœur avait pris le pas sur l'amour familial, puis, l'indifférence l'avait gagné avec l'âge, ne laissant derrière lui que des regrets et des souvenirs en cascade. Tout cela avait-il une importance ?

Uns par uns, les invités s'approchèrent du corps, maintenu dans un état de conservation impeccable par la technologie. Cloîtré dans une boîte le maintenant au frais, il avait encore fier allure. Anado vint à lui en dernier, quand tout le monde eut quitté la salle. Il s'approchait. Il restait silencieux des minutes durant, se contentant d'observer le moindre détail du visage du père qu'il n'avait plus vu qu'en cauchemar depuis des décennies. Il le redécouvrait. Avec cette redécouverte venait celle de son propre passé, qu'il avait en partie oublié.


Il semblait si... vivant. Lentement, Anado approchait sa main jusqu'à la poser sur la joue de son père. Travius...

« - Anado. »

Le mercenaire eut un sursaut, se redressant brutalement. Vendar était dans l'encadrement de la porte.

« - Suis-moi. »


En silence, c'est ce qu'il fit.

Ils se retrouvèrent dans le bureau de Travius. Enfin, Vendar visiblement. Il se logeait dans le confortable fauteuil du patron. Anado s'attendait à tout moment à ce que des gros bras débarquent et l'embarquent, ou ne le descendent. Mais il n'y avait plus que lui qui vivait dans cette paranoïa ici. En plus, il n'était même pas armé.

« - Cela va te paraître étrange, mais j'ai besoin de toi. J'ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi.
- Si c'est encore ces foutus im...
- Anado... Réveille-toi. Ces implants datent d'il y a quinze ans, ils sont dépassés. Certes... On les a attendu longtemps. Mais quel intérêt maintenant ? C'était l'argent de Travius. Pas le miens. Une nouvelle gamme sera bientôt mise au point, avec ou sans ton exemplaire. Cela fait bien longtemps qu'on a lâché ta piste. Ce n'est pas de ça dont il est question. Je veux que tu renonces à tes droits sur la société.
- Je pensais ne plus en avoir depuis longtemps.
- Moi aussi. Mais il semblerait que Travius ait omis de te rayer de certains statuts de l'entreprise. Les papiers sont prêts, tu n'as qu'à signer. »

Quel était son intérêt à faire ça ? Anado pouvait redevenir riche en restant actionnaire, et surtout emmerder cet enfoiré de Vendar. Voyant l'hésitation de son frère, celui-ci reprit la parole, avec un léger sourire.

« - C'est ta dernière attache ici. Écoute... Je sais que c'est tentant, de garder ce lien. Mais cela ne sera rien sauf bénéfique. Quand le Dominion m'a communiqué ton arrivée sur Arkania, quand tu t'es enregistré auprès d'eux, j'ai veillé à ce que cela ne s'ébruite pas. Beaucoup, non, en fait, tout le monde te pense mort ici. Ta famille, tes amis, mais aussi tes ennemis. N'oublie pas que tu ne devais pas de l'argent qu'à père. Ce sont des sommes astronomiques. Certains intérêts courent encore. Travius avait réussis à geler certaines créances pour ne pas qu'elles retombent sur la société. Mais si tu refais surface, d'une façon ou d'une autre, cela te portera préjudice, et à moi aussi. Qui plus est, plus personne ne veut de toi ici. Tu n'es même plus citoyen arkanien et ton statut juridique est indéfinis. Jusqu'aujourd'hui, tu étais porté disparu, et mère allait te déclarer décédé d'ici peu. Seul Travius s'opposait à cela. Tu es un paria, Anado. Tu as voulu tout ça. Assume, maintenant. »

Ledit Anado déglutit avec difficulté. Il s'y attendait. Il pensait de même, mais se l'entendre dire n'était jamais agréable. Il aurait pu se révolter, hurler, le frapper, mais cela ne servait à rien. Il n'était plus qu'un cafard ici, et s'en rendre compte était particulièrement humiliant. Il songeait, à beaucoup de choses. Mais Vendar avait raison sur un point... Ce lien juridique avec Healthware Cybernetics était son dernier lien avec Arkania. Et il était temps de couper définitivement ce qui le liait à son passé. Passé qui n'avait été qu'un poids dans toute son existence. Anado fit ce que Vendar voulait. Et il reprit le transport jusqu'à la mégalopole la plus proche.

Il n'avait aucune envie de rester à Noctal. Il ne se sentait aucunement libéré d'un poids. Il ne se sentait pas mieux. A dire vrai, il ne savait même pas si tout ce qui s'était passé changeait quelque chose à sa vie. Fallait-il qu'il s'attende à recevoir quelque chose de positif en venant ici ? Arkania n'avait jamais été synonyme de bonnes choses. Il haïssait ce monde et son peuple car il lui ressemblait trop. Égocentrique, imbu de sa personne, tellement noyé dans cet merde narcissique qu'il en était déconnecté des réalités. Arkania et les arkaniens en une phrase. Le rêve de grandeur, avec la pire des bassesses.

Il trouvait rapidement une piaule dans un bon hôtel. Tout ici était propre et immaculé. Il se sentait à la fois de retour à la maison, tout en étant un étranger. Une part de lui-même restait inchangée et retrouvait son foyer, l'autre ne voulait qu'une chose : fuir au plus vite. Combien de temps resterait-il ? Il n'en savait rien. Une seule chose était sûre, il avait l'esprit bien trop encombré pour dormir ne serait-ce qu'une heure cette nuit. Alors, comme toutes les nuits, il allait errer.

Il ne prit pas la peine de se changer. Il se contenta d'ouvrir légèrement la fermeture de sa tunique, dévoilant très faiblement son torse et quelques marques d'encres, quelques cicatrices. La ville était souterraine, à l'abri du climat rude et glacial de la planète. L'on déambulait au travers de vastes galeries de métaux froids ou de béton. Les arkaniens marchaient en silence, sans s'échanger un mot, si ce n'est des banalités ou des insultes. On en croisait peu. Anado était guidé par son instinct et les bruits sourds de la musique au loin. Il fit plusieurs étapes dans des bars et des magasins sur la route, pour se mettre en jambe. Verres après verres, flashs après flashs, la musique devint de plus en plus sourde. Il trouvait enfin la boîte de nuit locale. Il avait bien fait de ne pas se changer. Les gens étaient bien habillés et vous observaient de la tête aux pieds. Le videur ne fit pas d'histoires quand il vit son nom. Les Darssian étaient appréciés, et relativement nombreux.

La musique tambourinait fort, contre les murs et les parois de son crâne. Il n'avait pas l'esprit assez embrumé. La boîte de nuit était raffinée. Cela le changeait des rades de Nar Shaddaa, et cela y ressemblait à la fois. On y retrouvait les mêmes sensations, mais les gens étaient différents. Bien habillés, subtils. Il n'y avait pas de prostituées à la solde des Hutts, mais de jolis filles dansaient et se pavanaient. Les mêmes vapeurs d'alcool flottaient dans l'air. La musique était plus moderne, certainement au goût du jour. Anado fit quelques bâtons de la mort circuler. Il était enfin dans son environnement. Il y avait majoritairement des arkaniens, et quelques étrangers, que l'on pouvait compter sur les doigts d'une main. Cela faisait des années qu'il ne s'était pas retrouvé en compagnie d'autant de ses congénères. Il était mal à l'aise, et enchaînait les regards agressifs envers de jeunes hommes un peu trop sûrs d'eux. Ils se connaissaient tous ici. Les communautés étaient réduites. Anado était arkanien et étranger à la fois. Il prit plusieurs verres au bar avant de le déserter, dérangé par la présence de jeunes femmes trop frivoles à son goût. Des gamines arkaniennes, de 15 ans, à peine finies d'être élevées. Quelle honte. Lui qui fréquentait des femmes de la moitié de son âge partout dans la galaxie ne supportait pas de voir ses congénères se rabaisser à de telles vulgarités. Il trouvait finalement une table isolée, donnant une vue d'ensemble sur la piste de danse et le bar. De quoi surveiller, observer, apprécier.

Il s'y installa seul, s'allumant une cigarette, avant de siffler une serveuse qui passait par là dans l'espoir de pouvoir commander un nouveau verre. Peut-être même une bouteille entière. Il était terriblement seul, et cela lui donnait terriblement soif. Sans qu'il sache pourquoi – et bien qu'au fond, il le devinait – il se sentait particulièrement aigri. Il n'était pas à sa place. Il aurait voulu l'être. Malheureusement, il n'était plus le bienvenue ici. Et il ne pouvait en être autrement : tout avait trop changé. Mais au moins pour ce soir, il décidait de se laisser aller au tempo de la musique, et celui de son cœur enivré. Il allait oublier de la même manière que d'habitude, en se noyant dans ses frasques, de manière spectaculaire. Et que personne ne s'interpose à sa beuverie solitaire.
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Arkania, monde boule de neige situé à la limite de la zone habitable de son étoile, si bien que les saisons n’étaient déterminées uniquement par les maigres variations du climat, au gré des tempêtes. L’Été était généralement caractérisé par une diminution de l’intensité neigeuse et un froid plus doux. L’Hiver était au contraire chaotique, avec de longues et imposantes tempêtes de neige et un froid des plus secs, si bien que la population utilisaient généralement des tunnels et des passerelles plutôt que d’aller s’aventurer au dehors. Et cela malgré la capacité d’acclimatation des Arkaniens. Mais dans tout les cas, le paysage d’Arkania restait le même : bien souvent escarpé, il était de tout temps recouvert de glace. Les nombreuses villes s’érigeaient ci et là, les grandes et imposantes tours semblant figées dans ce paysage de désolation, comme gelées par les puissants vents froids qui les balayaient, n’améliorant en rien l’impression d’hostilité qu’offrait cet environnement. Cette planète au visage aride et neigeux était le mien. Mon monde natal. Un astre à la pointe de la technologie, en avance sur son temps, dont la population avait appris à se servir de ces atouts pour satisfaire son arrogance et y vivre. Une population de nature xénophobe, et prête à tout pour assouvir nos intérêts. J’en avais personnellement fait les frais, ma famille ayant finit assassinée peu de temps après ma naissance. L’entreprise familiale, bien que modeste, était prometteuse et beaucoup souhaitaient s’en saisir depuis longtemps. Elle fut vite avalée par une des nombreuses corporations planétaires et l’on avait profité de ma connexion avec la Force pour m’éloigner, et ainsi se servir sans vergogne dans les économies de mes parents. Sur Arkania, le nom d’Aiarohk ne signifiait plus grand-chose, excepté pour ceux à l’origine de notre disparition. J’avais d’ailleurs déjà tenté de manœuvrer en approchant Noval et la Symbiosis mais la disparition d’Araya avait avorté mon projet. Je n’avais pas abandonné pour autant, et je comptais bien reprendre un jour ce qui me revenait de droit.

En cela, je pouvais remercier Isobel pour m’avoir offert cette nouvelle opportunité. La mission que la Zeltronne m’avait confiée n’avait peut-être rien à voir avec ma vendetta personnelle, mais elle m’offrait l’occasion de poser à nouveau les pieds sur Arkania. J’avais fais appel à Yawto pour m’aider dans cette mission. Le Zabrak pourrait ainsi montrer l’étendue de ses talents ou échouer lamentablement. C’était un véritable test, et il n’avait pas le droit de ne pas réussir. Il venait avec moi, donc. Mais j’avais cependant prit de l’avance, en arrivant quelques semaines avant son propre transport. Je comptais mettre ce temps libre à profit pour satisfaire mes ambitions ? L’avantage était que je savais où chercher, et surtout qui chercher. Merci Noval pour cette aide, où que tu puisse être.
Dès lors, il ne m’avait fallu que peu de temps pour me renseigner sur ses habitudes, et ainsi réfléchir à un moyen de l’approcher. Il n’y en avait pas beaucoup, mais la chose se révéla des plus simples dès lors que le point faible de son agenda fut identifié : Avilius Finlerson passait certaines de ses soirées à flirter avec les danseuses et serveuses d’un club huppé de Novania, profitant des danses privées pour les soudoyer et passer un bon moment avec elles. Le club avait beau se montrer des plus respectables, les gérants ne pouvaient strictement rien faire pour enrayer ces méthodes. L’étape suivante fut la plus compliquée à mettre en place, car je dus persuader les dits gérants qu’une danseuses ou serveuse de plus dans leur établissement servirait la diversité et éviteraient que leurs clients ne tombent dans une forme de monotonie, de routine. Là encore, le fait de pouvoir utiliser la Force et de connaitre les méthodes pour altérer l’esprit de ses interlocuteurs rendait la chose facile. Ils ne purent rien faire, si ce n’est accepter ma volonté. L’effet de surprise fut total, car ils ne purent s’interposer à mon entrée dans leur esprit, ne s’attendant pas à ce que je m’y projetai. Autant dire que je fus bien vite embauchée.

L’activité pouvait paraître dégradante, mais elle me permettait d’échapper un temps au stress et au danger d’être Sith. Pour la première fois depuis longtemps, je pouvais faire autre chose que de me méfier. Qui plus est, la clientèle était plutôt aisée et pleine de responsabilité. Le fait était que les points positifs d’une telle situation surpassaient largement les inconvénients. En effet, il me suffisait de tendre l’oreille ou d’aborder l’un des clients pour récolter une masse d’informations qui ne m’était pas destinée, et cela avec simplicité. Qui se méfiait d’une danseuse ou d’une serveuse ?

Que les gens pouvaient être stupides, parfois.

Approcher la cible se révéla plus compliqué que je ne le pensais, car Avilius Finlerson avait ses habitudes, ainsi que ses préférées. Mon avantage résidait cependant une fois de plus dans ma connexion à la Force, si bien que je parvins à entrer dans son cercle fermé sans même qu’il ne s’en rendit compte. Et cela en seulement quelques jours. Je réalisais que j’étais désormais si proche de l’individu qui avait massacré ma famille que l’envie de l’étrangler, de l’étriper pour ce qu’il leur avait fait venait me hanter et m’inciter à agir. Le fait de devoir me trémousser pour ses beaux yeux me révulsait, et c’était sans parler des moments où il s’offrait le droit de me toucher, sans que l’on ne lui dise quoi que ce soit. Ce type ne méritait que de mourir lentement, dans d’atroces souffrances. Mais pas tout de suite, pas tant que je n’aurais pas récupéré ce qui me revient de droit, avec des compensations qu’il ne pourra me refuser ! Je l’épargnais donc, le laissant croire que je n’étais rien d’autre qu’une danseuses qu’il pouvait manipuler. Mais le jour viendra où je lui briserais le cou. Sa chute n’en serait que plus grande, et je m’en délecterais. Je le laissais se bercer d’illusions dans le satin et la soie de mes tenus plus extravagantes les unes que les autres.
En son absence, je profitais de ma position pour me détendre et évacuer une pression accumulée depuis des années, tout en en apprenant le plus sur les clients, alternant régulièrement entre le rôle de serveuse dans le club et de danseuses sur la piste, voir en privé. Ce qui pouvait s’y passer ensuite ne dépendant que de mes désirs, et ne vous concerne en rien.

Mais le fait était que mon temps libre finissait par s’épuiser. Yawto débarquerait dans moins d’une semaine et je n’aurais plus le temps d’approcher ma cible. Je retournerais alors à ma condition de Sith, et j’accomplirais la mission d’Isobel. Mais en attendant, la nuit tombait sur Arkania et je me laissais glisser dans les coulisses du club par l’une des portes de service. Le videur qui attendait derrière m’avisa du regard, avant de me laisser passer. Vu sa carrure, j’aurais sans doute finit allongée sur le trottoir avec deux bras cassés si je n’avais pas été autorisé à entrer. Je m’avançais dans les couloirs éclairés, passant par différentes salles avant de pousser la porte de la loge où se maquillaient et se préparaient d’autres danseuses.

« Ah, Ilona, te voilà enfin ! Il nous manque du personnel pour servir les clients, aujourd’hui. Si on ne fait rien, on va finir par être dépassés. Je peux te charger d’aider les autres ? »

Ilona, mon nom d’emprunt. Je ne pouvais pas prendre le risque de m’approcher d’Avilius Finderson avec mon véritable prénom. C’était trop risqué. Mon interlocuteur était le gérant de la salle principale, où la clientèle consommait. Un de ceux qui ne pouvaient rien faire lorsque l’homme d’affaire Arkanien venait, comme d’autres de ses confrères, profiter plus pleinement du service. Je l’avisais, lui offrant un sourire entendu alors que je m’avance dans la pièce.

« Bien évidemment. Laisse-moi juste le temps de me préparer. »

Il sembla acquiescer, avant de sortir de la pièce. Sans doute allait-il se charger de surveiller tout ce beau monde, de s’assurer que rien ne risquait de déraper. Ce genre de choses pouvait faire tâche, surtout pour un pareil établissement. Je m’immobilisais pour ma part devant une des armoires, mes mains ouvrant les portes avant de se glisser dans les différentes étagères à la recherche de la tenue parfaite. Je m’écartais alors, emportant mon butin sous le bras pour me diriger dans un coin de la pièce, derrière un des paravents. Là, je laissais tomber l’intégralité de mes tissus, lesquels finissaient par s’écouler sur le sol en une cascade de plis pour y finir étalés en une masse difforme. Je laissais l’intégralité de ma peau se dissimuler sous les dentelles et les soies affriolantes d’une guêpière de rubis et d’ébène en harmonie avec un shorty provocateur. J’enfilais avec délicatesse les bas de soie noire, parachevant ma transformation en enfilant une paire d’escarpins s’accordant délicieusement avec les couleurs des fines et aguichantes étoffes que je portais sur ma peau. Puis, je passais au maquillage, histoire de faire ressortir les traits de mon visage, et effacer les maigres imperfections. Finalement, je m’éclipsais avec pour le bruit caractéristique de mes talons pour seul indiciel de ma destination. Celle-ci était bien évidente, et je me laissais descendre les quelques marches menant à la grande salle avec une grâce presque féline. Je glissais entre les tables, en direction du bar pour prendre connaissance des commandes et commencer mon service, tâche ingrate mais amusante et changeante des habituelles missions de mort que l’on m’offrait dans l’Empire.

Je m’imprégnais de l’ambiance actuelle, mes oreilles s’habituant à la musique tambourinante et mes yeux s’acclimataient à la baisse de luminosité. C’est limite si je n’avais pas remarqué le sifflement de cet individu qui m’interpellait dans un coin de la salle, achevant brutalement mon idée première. Le client était roi dans ce genre d’endroit, et je me dirigeais vers lui, mon regard tenant à dévisager ses traits. Il m’était inconnu, et n’avait clairement pas le même standing que la majorité des clients. Les traits de son visage était dur, et le fait qu’il ne collait pas au standard habituel du club attisait ma curiosité et mon intérêt. Que pouvait-il faire ici, dans un lieu si changeant ? Était-il un de ces déchus qui, comme moi, essayait de récupérer un dû perdu depuis des années ? Ou bien s’offrait-il simplement un bon moment avec ses économies du mois ?

Je m’arrêtais devant lui, levant une jambe pour venir m’asseoir sur le côté de la table, de profil, mon regard glissant dans le sien. Ma seconde jambe galbée par la soie des bas venait se reposer par-dessus la première, alors que je lui demandais bien simplement :

« Vous désirez quelque chose ? »



Spoiler:
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Nightclub Theme

Il avait cru un instant que la fille ne l'avait pas entendue. Elle s'arrêtait finalement pour s'approcher de lui d'une démarche féline, venant s'asseoir sur sa table. Anado ne manquait aucune miette du spectacle, observant l'arkanienne de la tête aux pieds. En tout cas, ils savaient choisir leur personnel dans le coin. Et on se rappelait difficilement du climat glacial de la planète en observant les tenues plus que légères des filles qui se pavanaient un peu partout. Elles avaient tout de même plus de prestance que celles de l'Espace Hutt, tout aussi dénudées mais avec des fripes de bonne facture, et le corps abîmé par des années de errance, le visage défait par la prise régulière de drogue.

Enfin... Il relevait son regard de glace à la froideur artificielle, le ramenant sur le minois de la jeune arkanienne plutôt que sur ses atouts et pourtours. La fumée de sa cigarette s'élevaient entre eux, tandis que la musique continuait de tambouriner contre les murs et ses tympans.

S'il désirait quelque chose ?


« - Une bouteille. N'importe laquelle. Quelque chose de fort. » répondit-il, assez fort pour se faire entendre malgré la symphonie répétitive des basses qui n'en finissait pas.

L'arkanien n'avait pas trop aimé la manière qu'elle avait eu de le dévisager. Quoi, il faisait si tâche ici ? Ses vêtements étaient démodés ? Sa gueule de travers la dérangeait ? Il était trop vieux pour ce genre de cloaque ? Qu'importe. Peut-être n'était-ce qu'une aguicheuse parmi d'autres. C'était son boulot après tout, faire consommer le client. Ces filles là étaient en général très douées pour faire croire à qui avait un porte-feuille qu'il était quelqu'un de spécial. Jusqu'à ce qu'il ait claqué tout ce qu'il pouvait, et qu'il soit assez ivre mort pour être expulsé par le vigile. Anado ne pouvait nier s'être déjà pris au jeu, dans des soirées un peu trop arrosées. Lui le premier avait finis sans un saoul, ivre mort et sans personne dans son lit. Depuis, il avait vieillis. Il se mettait désormais seul dans ce genre de situations. Mais il savourait encore encore les jeux de séduction. Ainsi, après avoir commandé, il prit soin de coincer quelques crédits dans les bas en dentelles de la serveuse, danseuse, ou quoi que ce soit qu'elle était.

« - Je compte sur toi. J'ai eu une journée difficile. » dit-il doucement, lui laissant entendre qu'il aimerait être privilégié ce soir et qu'il comptait sur elle pour s'occuper du client dépensier qu'il était. Il était toujours bon d'entretenir des relations cordiales avec le personnel de tels établissements. Combien de ces filles lui avait rendue service sur Nar Shaddaa, et inversement ? Il s'était surpris à éprouver une étrange amitié pour certaines, nouée de désirs et de jeux malicieux. Elles lui avaient servis maintes fois d'informatrices dans l'Espace Hutt. Il ne refouterait certainement jamais les pieds dans ce rade, mais il avait le même comportement dans tous ces établissements. Il se faisait connaître, se saoulait à en mourir et allait parfois – souvent – trop loin. Mais comme on le connaissait, on lui pardonnait : parfois.

L'endroit était pourtant bien différent des rades pourris des Hutts. Les sofas étaient intacts, modernes et confortables. La piste de danse s'éclairait de milles feux et la musique était certainement de la composition d'un énième DJ adulé, ou d'un guignol se prenant pour un artiste. Elle s'écoutait, soit dit en passant. Anado n'avait jamais été un grand mélomane. Fut un temps ces types bossaient pour lui, pour animer les soirées qu'il organisait chez lui les soirs de victoire, comme de défaite d'ailleurs. Maintenant il devait supporter leur arrogance. Le monde de la nuit était blasant. Monotone, routinier. Rien n'évoluait. Les ambiances, les musiques, les danseurs et les pochtrons. Le temps passait, les gens vieillissaient, c'est tout. Mais on y revenait toujours, quand on y avait goûté. C'était un univers misérable, qui avait malgré tout son charme, et qui était un exutoire. Pour l'arkanien comme pour d'autres. Une manière comme une autre de se vider la tête : certains usaient de la méditation, d'autres de beuveries nocturnes.

Il se laissait choir en arrière, sa cigarette coincée entre les lèvres. Elle repiquait mollement vers le bas, collée à sa lèvre, laissant échapper de légères volutes de fumées. Derrière son écran de nicotine, ses yeux las observaient la faune se mouvoir, se déhancher. Les corps se rapprochaient, s'enlaçaient et se détachaient, le tout dans une ambiance à la fois sombre et colorée, des lumières tamisées et des lasers balayant la salle. Au bar, quelques types titubaient, discutaient bruyamment, parlant en faisant de grands gestes. Les éternels solitaires qui refusaient la piste de danse buvaient en silence sur les tables isolées, seuls ou en bande. Et lui, de son perchoir embué observait tout cela, attendant son Graal, son salut, 1L d'alcool reposant dans son autel de verre.

Il finit par écraser sa cigarette dans le cendrier, poussant un léger soupire. Ce n'était que le début de soirée, mais tout cela était aussi morne que le reste de la journée pour l'instant. Il n'éprouvait aucune satisfaction à être ici. A dire vrai, à cet instant, il aurait préféré être à des années lumières d'ici. Il repensait à son escale sur Byss, et la retraite apaisante qu'elle ferait. Quand il serait trop vieux pour ces conneries, il irait s'écraser là-bas, pour qu'on ne le retrouve plus jamais. Qu'on le fiche en paix. En attendant, il avait encore soif d'argent et d'adrénaline, il ne pouvait le nier. Cette pensée lui tira un rictus prononcé. Non, il n'était pas encore prêt à vieillir. Il était bien trop arrogant et impétueux.
Invité
Anonymous


Mon regard glissait doucement sur les traits du visage de l’Arkanien, balafré et bien plus âgé que le sien. La lumière peinait à atteindre cette partie de la grande salle, où les gens pouvaient se poser et profiter de l’ambiance bien plus calmement qu’au milieu de la piste de danse. C’était aussi là que les clients venaient généralement profiter de services plus privés et personnels, mais aucunement intime. La prostitution n’était pas tolérée dans l’établissement, sauf si l’on se prénommait Adasca ou que l’on avait suffisamment d’argent pour faire taire les gérants et les forces de l’ordre. J’avais déjà eu à le faire, mais je fus volontaire, pour pouvoir approcher celui que je finirais par égorger, celui qui avait osé subtiliser l’héritage qui me revenait de droit, par le sang. Mais pour l’instant, je devais jouer le jeu, un jeu exquis mais pourtant dégoutant lorsque qu’il concernait cet homme. Mais l’Arkanien en face de moi n’était pas de ces gens là. Son visage me disait vaguement quelque chose mais je n’étais pas assez bien versée dans les vieilles actualités d’Arkania. J’avais été isolée si longtemps de mon monde que je redécouvrais petit à petit son histoire récente. Pourtant, je continuais à feinter et à prétendre que j’avais passé ma vie ici, dans le froid glacial d’un monde si inhospitalier pour les non-initiés. Il semblait pour sa part bien différent des clients actuels qui venaient s’installer à ces endroits, en plus de m’être parfaitement inconnu. Un nouveau client qui ne convenait absolument pas au standing classique de l’établissement, chose qui avait immédiatement attiré mon attention, et mit en marche mon esprit, lequel partait dans des conjectures parfois insolites. Le mieux, encore, serait de lui demander d’où il vient, et ce qu’il était, mais c’était des choses qui ne se faisaient pas comme ça, directement. Il fallait d’abord amadouer, se faire accepter, et amener le sujet sans exprimer le refus. Beaucoup de clients aimaient se pavaner et mettre en avant leurs atouts. Peut-être était-ce également son cas, bien que c’était plutôt la froideur et l’indifférence typiquement Arkanienne qui émergeait. Oh, j’avais vu son regard glisser mes courbes et sur le peu de tissu que je portais, avant de venir se poser sur mon minois. Je l’avais vu, mais je ne pouvais pas pour autant ignorer cette aura condescendante qui semblait flotter autour de lui. Sa voix, forte, parvînt facilement à mes oreilles alors que la fumée de sa cigarette s’élevait entre nous. Mes mains glissaient doucement sur la table et sur ma cuisse galbée, réfléchissant rapidement à ce qui pourrait le satisfaire. Je lui offrais un large sourire, alors que je m’approchais de lui en bougeant mes jambes, glissant sur la table avec grâce. Là, je me laissais retomber sur les talons de mes escarpins, mon regard déviant instinctivement sur cette main qui venait se porter contre ma cuisse, sentant le contact des barres de crédit contre ma peau. Je me penchais alors doucement vers lui, évitant les volutes de fumées qui s’élevaient vers le plafond, pour lui glisser ma réponse au creux de son oreille, d’une voix soudainement plus suave :

« Ne bouge pas, je reviens tout de suite… »

Je me redressais doucement, ondulant légèrement du fessier alors que je pivotais, lui offrant un dernier clin d’œil avant de m’éclipser, quittant le calme de sa table pour disparaître dans la nuée d’individus dansant et se déhanchant sur la grande piste de danse. Je glissais entre les clients, évitant habilement les mains baladeuses. Ma main venait glisser contre ma cuisse, glissant sous la dentelle pour récupérer les barres de crédits que l’Arkanien y avait glissés. Je m’arrêtais un instant, interpellé par un autre client. Je prenais rapidement sa commande, avant de repartir vers le comptoir du bar. Je quittais la piste de danse, mes talons claquant sur les deux marches me permettant de m’échapper de ce semblant de fosse. Je venais de délaisser les danseurs pour m’aventurer entre les habituels solitaires qui préféraient consommer dans leur coin, délaissant la société pour se noyer dans leur verre d’alcool. Ces gens là étaient ceux qui présentaient le plus de soucis, mais leur proximité avec le bar permettait une intervention rapide des vigiles. Je sentais leurs regards courir sur mon corps et je voyais leurs lèvres s’humidifier à l’idée de pouvoir m’approcher. Qu’ils aillent au diable ! Ces gens là ne m’intéressaient pas, et je m’étais déjà engager auprès de cet Arkanien. Faisant le tour de la forme circulaire du bar, je m’arrêtais devant l’un de serveurs, lui demandant une bouteille de vosh ainsi qu’un noonian fixer. Je m’asseyais sur l’un des tabourets, croisant les jambes en attendant qu’il ne revienne avec les commandes et je profitais de ce répit pour laisser courir mes yeux vers l’assemblée qui se déhanchait dans l’ignorance du froid glacial qui faisait dehors. Le choc thermique serait violent, s’ils n’empruntaient pas les systèmes des passerelles fermées qui couraient partout dans les villes. J’en profitais également pour m’assurer que ma tenue était toujours correcte, tirant sur les jarretelles pour m’assurer de leur tension, avant de récupérer les deux commandes. Je repartais presque immédiatement, après avoir glissé les crédits offerts dans un tiroir scellé attitré à ma personne et verrouillé. Remarquant un oubli, je faisais volte-face pour appeler le tenancier de la salle, celui qui s’assurait que tout se déroulait sans le moindre accroc :

« On m’a demandé, il va te falloir trouver quelqu’un d’autre. »

D’un geste léger du menton, j’indiquais la place où s’était assis Anado avant de m’éclipser définitivement, retournant me mélanger parmi la foule dansant sur un air de musique des plus rythmés, ceux fait pour vous faire bouger et donc consommer pour vous « désaltérer ». JJe souriais lorsque l’on me scrutait, offrant un clin d’œil par-ci par-là, pour me permettre d’avancer et de venir servir le noonian fixer commandé par le client. La chose faite, je bifurquais pour sortir de la piste de danse et de ses quelques tables disposées ci-et-là pour rejoindre les coins plus calmes et sombres de la pièce, là où se tenait cet Arkanien intriguant qui avait requis ma présence, qui avait déposé les précieux nécessaires pour qu’il puisse profiter d’un show privé. En réalité, il y avait même assez pour que je passe toute la soirée à m’occuper de lui. Moi qui adorait les intrigues, je n’avais pu refuser ! Grimpant la marche, les talons de mes chaussures annonçaient mon arrivée et je lui offrais un sourire radieux alors que je venais lui présenter la bouteille, posée sur la table, avec ses spirales et son liquide de couleur bleu ciel. Il avait voulu une boisson forte, il allait être servit. Ce n’était pas un « cœur de réacteur » ou une de ces horreurs, mais c’était suffisamment fort pour le satisfaire. En plus d’être bon à boire. Je disposais également deux verres, au cas où le gérant s’était trompé en le surnommant d’arriéré, à la vue de son accoutrement, quand je lui avais montré de loin quel client m’avait demandé. Pour ma part, je pensais qu’il cachait quelque chose, un passé plus qu’intéressant. En général, ce genre d’individus avait les épaules lourdes, très lourdes, croulant sous le poids des expériences. Et ce qui était intéressant à savoir, c’était si ces expériences valaient le coup d’être entendues ou non.

« Et que puis-je faire, pour te faire oublier cette journée ? Quels sont tes rêves ? Quels sont tes souhaits ? » susurrais-je à son oreille, alors que je m’étais désormais approchée.

Je laissais ma jambe frotter contre lui alors que lui présentais la bouteille, avant de me décaler. Il avait dit compté sur moi pour que j’occupe sa journée, et je comptais bien m’assurer qu’il soit satisfait. Je commençais donc à me déhancher, doucement, si près de lui qu’il aurait pu m’attirer à lui. Puis, doucement, alors que mon rythme s’accentuait, je reculais, tournant doucement sur moi-même j’allais et venais, dévoilant mes atouts pour lui et lui-seul, m’inclinant pour venir lui susurrer quelques mots mielleux. Puis, lorsqu’il eut commencé à consommé, je grimpais sur la table devant lui, mes pieds faisant attention à ne rien renverser. Je continuais de me déhancher, pour lui, mon regard ne quittant jamais le sien, ma langue glissant sur mes lèvres comme pour mieux capter son attention. J’ondulais, alors que je m’approchais inexorablement de lui, et de l’extrémité de la table, ma chevelure dansant allègrement le long de ma nuque.

La danse n’était pas ce que je préférais faire. J’avais appris à danser il y a longtemps, et la Force m’aidait constamment à ne jamais perdre l’équilibre tout en offrant des mouvements épurés et sensuels, faits pour faire naître le désir avant de l’attiser. Ce que je préférais, c’était discuter, comprendre ce qui amenait les nouveaux clients ici, de danser pour lui, de passer un bon moment avec lui. J’aimais ressentir du plaisir à faire ce que je faisais, et non pas le faire uniquement parce que j’étais payé pour ça. Et si le client me plaisait, il y avait toujours moyen de contourner le règlement…

Mais s’il voulait que je danse, je continuerais à le faire. Le client est roi, n’est-ce pas ?


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