Ragda Rejliidic
Ragda Rejliidic
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En parlant de folie... Ce matin EVA a capté une balise impériale dérivant dans l'orbite basse de Nar Shaddaa, probablement là depuis plusieurs jours, une semaine peut-être. Mais pas plus vu son état. Elle émettait sur une courte fréquence, suivant un protocole impérial vieux de plusieurs années... Celui là même que j'utilisais à l'époque où je complotais avec l'Impératrice contre le Chancelier Arnor. Ça m'a intrigué, j'ai décodé le message... J'ai encore du mal à y croire... Mais il m'était destiné ! Un émissaire impériale me recherche, veut une entrevue. Ça sent le piège... Mais je suis curieux. Trop certainement. Que me veut la Dame Noire ? La prudence aurait voulu que je détruise la balise et ne donne aucune signe de vie... Mais j'ai répondu. Ma curiosité était trop forte. J'ai laissé un message encodé dessus. Je reviendrai, dans quelques jours. Pour le moment j'ai d'autres priorités.

Extrait du journal (de guerre) de Ragda Rejliidic


****

Nar Shaddaa, Cantina miteuse, quartier miteux,

Le grincement strident de la porte saloon fit sursauter le Hutt, jusqu'alors les yeux rivés, l'esprit focalisé, sur l'écran de son datapad. Une silhouette entra... Perdu au fin fond des quartiers les plus délabrés de la lune, elle invitait plus à la fuite qu'à l'envie de consommer. Et c'était justement pour cette raison que Ragda l'avait choisie. Ici, personne ne viendrait les déranger.

Autour de lui, les mercenaires, une dizaine, se déployèrent, armes braqués vers le nouvel arrivant. La musique d'ambiance s'arrêta aussitôt... Et le patron s'évapora littéralement. Probablement qu'il disposait d'une trappe secrète sous le comptoir pour mettre les voiles en cas de troubles.

Ragda lui, avachi sur une large banquette élimée... Et maintenant couverte d'un mucus épais et malodorant, se redressa :

« Veuillez me pardonner ces méthodes, et cet accueil quelque peu... Abrupt. » fit-il à l'attention de son interlocuteur dont il ne distinguait que la silhouette, tant l'éclairage laissait à désirer. « Mais vous comprendrez certainement qu'une personne dans ma position ne peut se permettre de prendre le moindre risque. »


****

Trente minutes plus tôt, à bord de l'Agonie d'Ardos, Yacht spatial de Ragda Rejliidic,

« Tout est en place ? » demanda le Hutt, pour la huit ou neuvième fois. EVA, l'intelligence artificielle qui occupaient les systèmes de son vaisseau personnel, ne pris même pas la peine de lui répondre, jugeant certainement la question des plus superflues. Les yeux rivés sur l'écran de son datapad, Ragda pensait à voix haute.

« Récapitulons... Récapitulons... Il entre, au lieu de rendez-vous convenu... Mais il n'y trouvera qu'un holodisque. Sur celui-ci j'ai enregistré des directives additionnelles. Le speeder qu'il doit prendre est bien garé à l'emplacement prévu hein ? Bien bien... Il entre le speeder. Attends, je vérifie que la connexion est toujours OK »

Dans sa voix transparaissait le doute et le stress. Il prenait de gros risques, de très gros risques. La moindre erreur de jugement pouvait lui être fatale. Tout en chassant ces pensées parasites, il pianota de ses petits doigts boudinés et graisseux, sur l'écran de son datapad. L'interface défila, jusqu'à ce qu'il s'arrête sur un plan approximatif de Nar Shaddaa, en trois dimensions, sous lequel apparaissaient plusieurs boutons tactiles, étrangement semblables à ceux qu'une manette de console de jeu.

« C'est bon » reprit-il, jouant avec les commandes. « La liaison tient toujours la route, et je n'ai pratiquement aucune latence. Nickel ! Voilà donc... J'en étais où... Ah oui ! Il entre dans le speeder... Je le contrôle à distance. Je prends bien soin de faire douze fois le tour du secteur pour semer d'éventuels complices... Puis je le pose juste devant la porte de la cantina... Les mercenaires sont déjà à l'intérieur. Et moi aussi d'ailleurs. Comme ça, pas d'entourloupes. Il est seul, dans un lieu non prévu. »

En réalité son plan ne comportait à ses yeux qu'une seule et unique faille. En si peu de temps, il n'avait pu recruter à la volée qu'une dizaine de mercenaires bas de gamme. Des types pas franchement recommandables, mais qui ne crachait pas sur les crédits. Il leur avait promis une prime faramineuse une fois l'entrevue terminée... A conditions qu'ils aient bien fait leur travail, évidemment. Et celui-ci n'avait rien de compliqué : seulement garder à l’œil l’intermédiaire impérial, et le cribler de lasers s'il faisait le moindre geste suspect. Bref, la faille résidait en un point de détail qui n'en n'était finalement pas un : la nature dudit émissaire... S'il s'agissait d'un Seigneur Sith, alors la maigre protection qu'offrait cette bande de mercenaires low-cost n'y changerait pas grand chose...


****

Retour au présent,

« Je vous avais dit seul, et sans armes » Continua le Hutt, plissa les yeux dans l'espoir vain de distinguer les traits de son invité. « Mais quels moyens disposais-je pour m'assurer de votre bonne volonté ? » Il soupira. « Venez, approchez. Mes... amis... vont vous fouiller, vérifier si vous n'avez pas de micro, ou tout autre objet suspect. Ils ne vous feront aucun mal, si vous ne cherchez pas les ennuis. Et comme nous sommes là simplement pour converser, il ne devrait y avoir aucun problème n'est-ce pas ? Dans le cas contraire, vous êtes libre de faire demi-tour. » L'Emissaire ne semblait pas vouloir tourner les talons, Rejliidic, reprit rapidement, le regard sévère, la mine sérieux :

« Ne tournons pas autour du pot... Alors... Que me veut l'Impératrice ? Aux dernières nouvelles, elle rêvait de voir ma tête trôner sur un plateau... »
Yulpi Bepads
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Yulpi était assez choqué par ce qu'il venait d'entendre de la part de son maître. Il n'en était pas à sa première mission pour le Guerrier Sith Sluissi, la dernière en date s'étant déroulée sur Coruscant une semaine plus tôt. Voyager sur Nar Shaddaa n'était en soi pas non plus une surprise : grâce à Tisjess, Yulpi avait posé le pied sur pas mal de planètes diverses et variées. Il avait déjà déambulé plusieurs fois dans les rues sales et puantes de la lune des Hutts.
La différence, c'est que cette fois-ci, il devait rencontrer directement un Hutt, et pas n'importe quel Hutt, et pas dans n'importe quel contexte.
Le Hutt en question était ni plus ni moins que Ragda. Yulpi avait suivi de loin les évènements récents sur Dubrillion et sur Nar Shaddaa. L'offensive armée de la République, l'attentat de Borenga... Il avait écouté les informations pour rester informé du contexte galactique. Le nom de Ragda, il l'avait donc déjà entendu plusieurs fois. De ce qu'il avait retenu en substance, Ragda était un ancien bras-droit de Borenga ayant trahi ce dernier pour devenir aujourd'hui la figure sur laquelle les plus grands kajiidics hutts se reposaient pour défendre les intérêts de leur race en éliminant Borenga. Ce n'était donc pas une mince affaire. Ragda le Hutt était un personnage politique des plus importants du moment.

Et Yulpi le rencontrerait en personne. Pour couronner le tout, il le ferait en tant qu'émissaire de l'Empire Sith. Rien que ça. Du moins, c'est ce que lui avait dit Tisjess. Evidemment, Yulpi s'était étonné d'avoir été choisi pour cela : pourquoi lui et pas n'importe quel Sith plus important et plus charismatique que lui ? Tisjess lui avait répondu que Ragda le Hutt avait une mauvaise relation avec l'Impératrice et que Yulpi pourrait ainsi lui apporter une voix plus distante avec la politique impériale. La tâche de Yulpi était de dialoguer avec Ragda le Hutt, d'essayer d'obtenir sa confiance et ainsi ses confidences. Les Siths voulaient connaître la situation du côté des Hutts par la voix de Ragda, lui qui les représentait maintenant. L'entretien devait être pacifique. Juste du dialogue. Yulpi n'était pas un diplomate, il n'avait jamais joué ce rôle, c'était un mâle d'action, il aimait la bagarre plus que la papote. Tisjess sentait cependant en lui une grande sensibilité et un esprit ouvert, c'est ce dont les Siths avaient besoin pour dialoguer avec Ragda le Hutt. Yulpi ne se voyait pas jouer le rôle d'un émissaire diplomate, mais il était pourtant évident que malgré son énergie à se battre, il n'était pas un gros bourrin ne sachant pas réfléchir.

Yulpi sentait malgré tout beaucoup de pression. Il ne voulait pas décevoir Tisjess. S'il mettait Ragda le Hutt de travers, cela aurait peut-être des conséquences diplomatiques énormes entre l'Empire Sith et l'Espace Hutt. Tout ça sur les frêles épaules du Gungan qui n'était qu'Apprenti. Incroyable.
Yulpi ne pouvait cependant pas s'empêcher de se demander à quel point cette mission était officielle. L'Impératrice était-elle vraiment au courant qu'un Apprenti insignifiant allait parler au nom des Siths ? Tisjess n'avait-il pas peur de s'attirer des ennuis ?

Yulpi se tortura l'esprit pendant tout le trajet jusqu'à Nar Shaddaa et jusqu'au point de rendez-vous fixé avec Ragda le Hutt. Cela ne servit à rien, car il n'avait aucun moyen d'obtenir les réponses à toutes ces questions, mais il ne sut apaiser son esprit. Enfin, il arriva. Le lieu de rendez-vous était une petite chambre. En entrant dans le bâtiment, Yulpi eut un mauvais pressentiment : comment un Hutt pouvait-il choisir un endroit pareil pour un entretien ? Les couloirs n'étaient-ils pas un peu étroits pour un Hutt ? Yulpi essaya de se concentrer sur la Force pour prévenir un éventuel piège, mais il était dans un tel état de stress qu'il ne pressentit rien. Il ouvrit la porte de la chambre, et comme il s'en était douté, il n'y avait personne. Chambre vide, rien.

Pas tout à fait rien, en fait. Un holodisque était posé en évidence sur une table basse. Yulpi utilisa l'objet pour démarrer un message. Il s'agissait d'instructions. Un speeder l'attendait, Yulpi devait le prendre, il serait ainsi amené sur le vrai lieu de rendez-vous. Tisjess avait prévenu Yulpi que Ragda le Hutt avait plusieurs ennemis importants et que ce fait pouvait le pousser à beaucoup de précautions. En voilà la preuve.

Yulpi fut en fait presque soulagé. Il avait eu peur d'un piège, il s'agissait juste d'une mesure de sécurité. Il monta donc dans le speeder, mais s'inquiéta de nouveau en remarquant au bout d'un moment que le véhicule autoguidé passait plusieurs fois par les mêmes endroits. Qu'est-ce que c'était que ce bazar ? Un dysfonctionnement électronique ? Un piratage ? Yulpi voulut descendre, mais il ne sut pas quelles commandes activer pour stopper le speeder.

Alors que Yulpi commençait à paniquer un peu, le speeder s'arrêta enfin sur le parking d'une cantina. C'était le vrai lieu de rendez-vous. Yulpi souffla un bon coup, essayant de se calmer. Il se sentait fébrile. Il descendit du véhicule. Il marcha à pas très lents vers l'entrée de la cantina. La porte s'ouvrit. L'ambiance était pesante. Il n'y avait pas un bruit. L'établissement avait été entièrement réquisitionné par le Hutt pour l'entretien. Toutes les personnes qui se trouvaient à l'intérieur, hormis le tenancier de la cantina, étaient au service de Ragda le Hutt. Rien de surprenant, mais rien d'apaisant non plus.

Yulpi s'avança de quelques pas. Le Hutt était allongé de toute sa surmasse graisseuse sur une large banquette. Une musique s'arrêta et des armes se braquèrent sur l'Apprenti Sith. Les larges et profondes narines du Gungan furent assaillies par une odeur fort incommodante. Les Hutts sentaient mauvais, c'était bien connu. La Limace prit la parole :

RAGDA – Veuillez me pardonner ces méthodes, et cet accueil quelque peu... abrupt. Mais vous comprendrez certainement qu'une personne dans ma position ne peut se permettre de prendre le moindre risque.

Yulpi avait été prévenu, il comprit les mesures de précaution du Hutt.

RAGDA – Je vous avais dit : seul, et sans armes.

Seul, Yulpi l'était réellement. Tisjess était resté dans le vaisseau. Il risquait de s'inquiéter de ne pas sentir l'aura de Force de son apprenti dans le lieu de rendez-vous prévu, et Yulpi priait intérieurement pour qu'il ne vienne pas commettre de bêtises en pensant qu'il lui était arrivé des ennuis.
En revanche, pour ce qui était des armes, Tisjess avait formellement interdit à Yulpi de se séparer de son sabre-laser. Même si les jambes et les pieds du Gungan acrobate étaient presque des armes en soi, le sabre-laser était l'âme d'un manipulateur de la Force. Si Ragda le Hutt n'était pas capable de comprendre cela, Tisjess estimait qu'il serait indigne de discuter avec l'Empire Sith.

RAGDA – Mais quels moyens disposais-je pour m'assurer de votre bonne volonté ? Venez, approchez.

A cette invitation, Yulpi s'approcha par politesse. Il se frotta nerveusement le museau, évitant d'approcher ses doigts trop près de ses narines ce qui aurait signifié à son interlocuteur que l'odeur qu'il dégageait l'incommodait. Ne jamais insulter un Hutt : c'était une consigne primordiale. Yulpi devait oublier le mot “limace” de son vocabulaire, notamment. La lumière blafarde de la cantina éclairait désormais le Gungan à la vue de Ragda le Hutt.

RAGDA – Mes... amis... vont vous fouiller, vérifier si vous n'avez pas de micro, ou tout autre objet suspect. Ils ne vous feront aucun mal, si vous ne cherchez pas les ennuis. Et comme nous sommes là simplement pour converser, il ne devrait y avoir aucun problème n'est-ce pas ? Dans le cas contraire, vous êtes libre de faire demi-tour.

Au lieu de faire demi-tour, Yulpi resta sur place en écartant docilement les bras pour laisser deux mercenaires le fouiller. Dès les premiers instants, comme s'il s'agissait de l'une des premières choses qu'il voulait vérifier, l'un des deux posa la main sur le sabre-laser de l'Apprenti Sith. Il s'apprêta à le lui retirer, mais Yulpi lui agrippa le poignet.

YULPI – Non, ça, ça reste à ma ceinture. C'est la condition.

Yulpi ne sut si son ton fut assez ferme, toujours est-il que le mercenaire lança un regard interrogatif à Ragda le Hutt et poursuivit la palpation. Yulpi ne portait sur lui aucun micro, aucun mouchard, rien d'autre que sa bure sith laissant ses pieds nus et son sabre-laser. Et bien sûr aussi son comlink, que le mercenaire analysa pour s'assurer qu'il était déconnecté de tout réseau.

RAGDA – Ne tournons pas autour du pot... Alors... Que me veut l'Impératrice ? Aux dernières nouvelles, elle rêvait de voir ma tête trôner sur un plateau...

Yulpi s'avança encore de quelques pas afin de se positionner à distance propice à la conversation. De plus près, il put observer que la banquette sur laquelle était affalé le Hutt, était couverte de mucus. Au contraire d'en être dégoûté, Yulpi pensa à Gumo. Mais l'heure n'était pas aux pensées nostalgiques.
Yulpi exécuta une obséquieuse révérence. Ses oreilles finirent par glisser de sa nuque et pendirent sur les côtés.

YULPI – Votre Obésité Ragda le Hutt du clan Rejliidic, faire votre rencontre est pour moi l'un des plus grands honneurs qu'il m'ait été donnés dans ma vie.

Yulpi avait répété cette phrase mille fois pendant le trajet. Il savait que la façon dont il allait s'introduire allait marquer d'entrée le ton de la discussion. Il ne devait pas rater cela.
Pour la suite... il risquait de tenir un langage plus naturel...

YULPI – Je m'appelle Yulpi Bepads. Je... Je ne suis pas vraiment là pour parler au nom de l'Impératrice. Ce sont... les Siths, en général, qui veulent dialoguer avec vous, et ils m'envoient pour cela. Je ne suis pas un fervent fanatique de l'Impératrice.

Yulpi avait la gorge terriblement sèche, et il déglutit quatre fois en quinze secondes. Son malaise était palpable. Il était impressionné. Pourtant, Ragda était moins long que ce que Yulpi s'était figuré pour un Hutt. En revanche, son obésité ne faisait aucun doute. Il paraissait que les Hutts étaient fiers d'être obèses, c'était flatteur même. Yulpi espérait que ce qu'il avait entendu était vrai.

YULPI – Ce qu'il s'est passé sur Nar Shaddaa est... enfin ça a... hum... euh... chamboulé un peu les... votre peuple, euh... Comment... vous portez-vous aujourd'hui ?

Bon dieu que Yulpi faisait un émissaire pitoyable...
Ragda Rejliidic
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L'un des mercenaires, crispé sur son arme, la mine mauvaise, fit un signe, désignant du menton un objet cylindrique pendu à la ceinture de l'impérial. Malgré des reflets nacré inhabituels, Ragda n'eut aucun doute sur sa nature : la poignée d'un sabre-laser... Intérieurement il pesta, même si son faciès resta parfaitement de marbre tandis que les petites-frappes engagées à la va-vite lui lancèrent des regards nerveux. Ceux assez intelligents pour comprendre qu'en cas d'altercations, il ne serait pas le poids plus de... hmm... quelques secondes. Il leva la main pour leur intimer l’ordre silencieux de rester tranquille, de ne pas intervenir… Pour le moment.

L'émissaire approcha. A chaque pas, la lueur jaune pisse des vieux néons de la cantina se révélait un peu plus ses traits. Un visage atypique. Un nez, non un museau, proéminent... Des larges narines... Des yeux ronds et globuleux positionnés bien haut, sur le sommet du crâne glabre... Un Gungan ! L’Empire avait envoyé à sa rencontre un Gungan Sith ?! Était-ce une blague ?!

Le Hutt, malgré toute son expérience des jeux de dupes politiques, eut un mal fou à réprimé sa surprise. Celle-ci, fugacement, déforma ses traits jusqu’alors impassibles. Décidément, la Force possédait d'un sens de l'humour unique… Il inspira profondément, avant d'expirer lentement, silencieusement, ne pouvant s’empêcher de constater l’amusante ironie : tout le charisme qu'imposaient naturellement les détenteurs d'un sabre-laser venait de fondre comme neige sur Tatooine. A ses yeux, face à lui, ne se tenait plus un puissant utilisateur de la Force, mais le représentant d'une race réputée pour sa stupidité et ses gaffes.

Mais il ne fallait pourtant pas s’égarer en s'abandonnant aussi naïvement aux préjugés. Lui-même, Hutt, était bien placé pour le savoir. Il chassa donc d’un revers de main mental toutes ces pensées parasites pour se reconcentrer sur l’instant présent, espérant réussir à faire fi de la nature de son interlocuteur.

L'ex-Sénateur le regarda droit dans les yeux, silencieux, écoutant avec une solennité quasi-religieuse les propos de son invité... Avant d'exploser littéralement de rire. Un rire tonitruant qui se répercuta en dizaines d'échos dans cet espace clos et insalubre. Des larmes naquirent aux commissures de se paupières. Son corps, pris de spasmes, se mua en une tempête de bourrelets devenus vagues molles au milieu d’un océan de gras déchainé. Un rire puissant donc, qui s'acheva par un râle rauque, raclement de gorge écœurant.

« Si je m'étais attendu à ça... » fit-il enfin, reprenant péniblement possession de ses moyens. « Je ne saurais dire si vous êtes le meilleur ou le pire émissaire qu'il m'ait été donné de voir ! Et en plus de deux cent quarante ans, j'en ai vu un sacré nombre, croyez-moi ! » Une réponse franche, sortie toute seule, bien loin des amabilités habituelles qu'aurait voulu une telle rencontre. Même les stupides mercenaires semblaient perdus, ne sachant s'ils devaient joindre leurs rires à ceux de leur employeur, ou plutôt prendre leurs distances face à ce qui semblait un suicide. Parce qu'il fallait être suicidaire pour risquer de froisser de la sorte un Sith, n'est-ce pas ?

A vrai dire Ragda, en cet instant, n'y pensait même plus. L'être face à lui paraissait tellement... En décalage, qu'il en avait presque oublié l'arme mortelle qu'il portait à sa ceinture. Pour autant, le Hutt n'en était pas à ses premières négociations. Il reprit rapidement, l’esprit en ébullition :

« J'ignore d'où vous sortez... Mais j'imagine que vous n'être pas habitué à ce genre d’exercice n'est-ce pas ? A moins que votre maladresse ne soit qu'une stratégie visant à étouffer ma méfiance ! Laissons donc tomber les mondanités. Il ne vous sera pas nécessaire de m'affubler de tous ces... noms d'oiseaux... Je suis resté bien trop d'années Sénateur de Bakura, parmi les races Républicaines. Je ne suis plus aussi… Sensible aux flatteries que certains de mes congénères. » Malgré tout, il devait reconnaître, en son for intérieur, qu'une telle approche le séduisait. Qui ne se serait pas senti galvanisé par une telle démonstration de respect ? Clan Rejliidic... Cela faisait bien des années que personne n'avait prononcé ces mots ! A juste titre d'ailleurs, puisque techniquement, celui-ci n'existait plus. Du moins, pas tant qu'il aurait repris un peu de pouvoir ici, dans l'Espace Hutt. « Comme vous le voyez, je me porte plutôt bien. J'imagine que vos ambassadeurs sont rentrés rapidement après ces... sordides événements ? Vous passerez le bonjour au Seigneur Tsaw de ma part, bien évidemment ! » Le Muun ferait certainement une drôle de tête, puisqu'il devait être loin de se douter que le droïde protocolaire ayant rejoint à la dernière minute la délégation impériale n'était autre qu'un pantin de métal manipulé à distance par les doigts boudinés d'un Hutt. Il tua dans l’œuf ces pensées amusantes, pour se concentrer sur l'essentiel :

« Ce que vous dites est... inattendu... » Ses yeux énormes yeux globuleux, billes jaunes à l'iris orangée, s'illuminèrent d'une lueur roublarde. « Si je résume... L'impératrice, après ses cuisantes défaites sur Makem Te, Félucia et Dubrillion voit donc ses Sith lui couper l'herbe sous le pied. Ainsi, le vent du mécontentement vous a donc porté jusqu'à moi. Mais dans quel but ? Attendez... Attendez... Ne dites rien... » Il mima un intense moment de réflexion. « Oui, je suis en très mauvais terme avec l'Impératrice... Mais ne serait-il pas dommage de passer à côté de possibles alliances stratégiques pour quelques questions d'ego ? Surtout lorsque la République, votre ennemie, semble de plus en plus... Imprévisible. J'ai mis le doigt dans le vif du sujet, non ? » Il ricana. « Quelle ironie... J'imagine que notre bonne vieille Ynnitach n'est même pas au courant de votre existence... » Une familiarité éhontée, bien loin de tout protocole, lancée pour mesurer la réaction de son interlocuteur. Disait-il la vérité en prétendant n'être nullement un fanatique de la Dame Noire ?

Ragda observa l’émissaire de longues secondes, en silence, cherchant le moindre changement sur ses traits. Un exercice d'autant plus difficile qu'il était loin d'être un expert en langage corporel Gungan. Déboussolé, décontenancé ? Impossible à dire... Mais clairement, il devinait que son petit monologue ne le laissait pas indifférent. Puisque cet entretien semblait partir dans une direction on conventionnelle... Autant y aller à fond ?

Ragda leva un bras, tendit sa main minuscule en direction d'un verre de bourbon corellien hors de prix posé non loin de lui. L'air vibra autour de lui, déformation à peine audibles dans la Force. Il trembla, se leva de quelques millimètres, avant de parcourir lentement, péniblement, l'espace le séparant du Hutt. Celui-ci le réceptionna, fier de lui, sourire aux lèvres. Darth Velvet l'avait plutôt bien formé ! Oui, il s'agissait d'une télékinésie des plus rudimentaires, vraiment rien d'impressionnant... Mais elle ferait comprendre au Gungan qu'il ne devait définitivement pas se fier aux apparences.

« Vous voulez boire quelque chose ? » fit-il, soudainement, sur un ton bien plus léger. « Le barman s'étant éclipsé, j'imagine que nous pouvons nous servir... Quoi que... Si j'étais vous, j’éviterais de toucher à ces alcools frelatés sortis d'on ne sait où. J'ai apporté un bourbon corellien avec moi. Domaine Keyiën, grand cru classé 21,470. Un cadeau d'un vieil ennemi ayant passé l'arme à gauche il y a quelque temps déjà... » Une pointe de nostalgie s'invita dans ses pensées... Rah... Sacrée époque... Tout paraissait tellement plus... simple. Aujourd'hui entre la République, les Sith, les Hutt et tout ce qui gravitait autour. Au moins, il fallait voir le bon côté de choses : il ne risquait pas de s'ennuyer dans les mois, voir les années à venir.
Yulpi Bepads
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Yulpi était tellement débordé mentalement par la tâche de tempérer son stress, qu'il fut bien incapable de lire la marque de surprise partiellement réprimée sur le large visage du Hutt. Pourtant, il avait conscience que sa race jouait contre lui, puisque les Gungans n'étaient nulle part pris au sérieux, étant sous-estimés dans leur intelligence et leur habilité un peu partout dans la galaxie. Combien de moqueries Yulpi avait-il essuyées depuis qu'il était entré dans l'Académie Sith de Korriban ! Et encore aujourd'hui, on continuait de l'apostropher avec des quolibets débiles, ceux revenant le plus souvent appartenant au champ lexical des amphibiens quand ils ne soulignaient pas un trait physique propre aux Gungans comme leurs longues oreilles ou leur longue langue présensile et collante, deux traits physiques au demeurant encore plus marqués chez Yulpi.
Les Gungans n'étaient pas respectés, Yulpi en faisait les frais chaque jour. Alors, puisqu'il ne sut lire l'expression de surprise sur le visage de Ragda le Hutt, il anticipa cependant quelques réflexions méprisantes, se doutant malgré tout que le petit Hutt gras devait s'être attendu à beaucoup de races mais pas à un Gungan comme émissaire Sith.

Et puis vint l'éclat de rire. Yulpi sursauta. Ragda avait un de ces coffres quand il riait... Son rire fit trembler les murs. Yulpi regarda les mercenaires qui encadraient l'entretien, un peu perdu, mais il ne lut que la même perplexité dans leurs regards. Qu'est-ce qui fit autant rire le Hutt ? Personne ne sut dire, visiblement. Le Hutt en pleurait, ses bourrelets graisseux naturels remuaient mollement, c'était à la fois immonde et amusant à voir. Enfin, Ragda conclut ce rire par un raclement de gorge bien gras comme si un amas de glaires n'attendait qu'à être expectoré.

RAGDA – Si je m'étais attendu à ça... Je ne saurais dire si vous êtes le meilleur ou le pire émissaire qu'il m'ait été donné de voir ! Et en plus de deux cent quarante ans, j'en ai vu un sacré nombre, croyez-moi !

Comment Yulpi pourrait-il être le « meilleur émissaire » ? Il était lamentable, absolument lamentable. Ou alors c'était justement cela qui plaisait au Hutt ? Etre face à un émissaire si lamentable que cela le réhaussait, le mettait en valeur ? Dans sa médiocrité, Yulpi servait de faire-valoir, et ça plaisait peut-être au Hutt. Voilà peut-être une explication.
En tout cas, Ragda se livrait à une moquerie n'ayant pas sa place dans un tel entretien, et pourtant cela ne froissa même pas Yulpi qui avait trop conscience d'être lamentable. Il s'était attendu, en fait, pas tant à ce rire tonitruant qu'à faire rire son interlocuteur. Au moins, il fallait voir le bon côté des choses : il mettait son interlocuteur plus à l'aise que jamais.

RAGDA – J'ignore d'où vous sortez... Mais j'imagine que vous n'être pas habitué à ce genre d’exercice n'est-ce pas ? A moins que votre maladresse ne soit qu'une stratégie visant à étouffer ma méfiance ! Laissons donc tomber les mondanités. Il ne vous sera pas nécessaire de m'affubler de tous ces... noms d'oiseaux... Je suis resté bien trop d'années Sénateur de Bakura, parmi les races républicaines. Je ne suis plus aussi… sensible aux flatteries que certains de mes congénères.

Si seulement cette maladresse avait été une stratégie... Yulpi aurait préféré, mais non. En revanche, il ne pouvait pas nier avoir bien cherché à flatter Ragda le Hutt dans sa manière d'ouvrir la discussion. Il lui avait été dit que les Hutts étaient en effet très sensibles à la flatterie. Dommage, Ragda avait senti le zèle et n'y était pas aussi sensible que ses congénères. Quelque part, ce n'était pas un mal, cela permettrait une discussion plus naturel, où Yulpi ne se sentirait pas obligé de toujours flatter la Limace.

RAGDA – Comme vous le voyez, je me porte plutôt bien. J'imagine que vos ambassadeurs sont rentrés rapidement après ces... sordides événements ? Vous passerez le bonjour au Seigneur Tsaw de ma part, bien évidemment !
YULPI – Je le ferai.

Yulpi n'avait en fait aucune idée de qui était le Seigneur Tsaw, mais il essaya de garder ce nom dans un coin de la tête pour très vite le demander à Tisjess à la fin de cet entretien. Il avait déjà entendu ce nom, mais n'avait pas retenu de qui il s'agissait exactement.

RAGDA – Ce que vous dites est... inattendu... Si je résume... L'Impératrice, après ses cuisantes défaites sur Makem Te, Félucia et Dubrillion voit donc ses Siths lui couper l'herbe sous le pied. Ainsi, le vent du mécontentement vous a donc porté jusqu'à moi. Mais dans quel but ? Attendez... Attendez... Ne dites rien... Oui, je suis en très mauvais termes avec l'Impératrice... mais ne serait-il pas dommage de passer à côté de possibles alliances stratégiques pour quelques questions d'ego ? Surtout lorsque la République, votre ennemie, semble de plus en plus... imprévisible. J'ai mis le doigt dans le vif du sujet, non ? Quelle ironie... J'imagine que notre bonne vieille Ynnitach n'est même pas au courant de votre existence...

Yulpi n'avait pas entendu Tisjess lui parler d'une volonté d'alliance avec les Hutts, que les Siths méprisaient au demeurant. Le but de cet entretien était simplement de se tenir au courant de la situation des Hutts, de savoir comment ils se portaient, quels étaient leurs préoccupations du moment, si Ragda avait vraiment la confiance de tous les grands kajidics... Ce genre de choses. Yulpi n'était pas là pour signer un accord d'alliance avec Ragda, ou alors, s'il y avait cette volonté, Tisjess ne lui en avait pas parlé. Ce ne serait guère étonnant, car ce ne serait pas la première fois que Tisjess tiendrait Yulpi à l'écart d'affaires qui le dépassaient.

Ragda le Hutt ricanait, mais Yulpi n'était pas dans une situation vexante pour lui. Il se demandait surtout ce qu'il foutait là, ne comprenant pas pourquoi i avait été désigné, lui, pour discuter avec Ragda le Hutt, malgré les explications que Tisjess avait essayé de lui fournir et que Yulpi avait essayé de retranscrire en réponse à Ragda. Le jeune Gungan ne se démonta donc pas, et répondit calmement :

YULPI – C'est bien possible. Mais vous savez, moi, la politique...

Yulpi se sentit analysé par le Hutt, le regard globuleux de ce dernier se promenant sur lui de la tête aux pieds. Ce n'est pas cela qui allait le mettre à l'aise. Il était déjà assez stressé comme ça pour ne pas avoir l'impression que son interlocuteur essayait d'analyser le moindre de ses gestes. Le langage corporel du Gungan exposait sa nervosité et sa timidité. Yulpi était assez extraverti dans la vie de tous les jours, mais là, dans cette situation exceptionnelle face à une personnalité importante de l'histoire actuelle, il était tout intimidé. Tout Sith qu'il était, il n'y avait chez Yulpi aucune malice que Ragda ou même ses mercenaires ne pût flairer.

Ragda tendit un bras vers un verre d'alcool posé à tout juste deux mètres de lui. L'on disait que les Hutts ne savaient pas du tout manipuler la Force et que cette capacité des Siths et des Jedis les dépassait absolument. Pourtant, sous les yeux éberlués de Yulpi, Ragda fit lentement venir à lui le verre par télékinésie. Yulpi se plaignait des préjugés sur sa race, mais il allait lui-même devoir ignorer certains préjugés sur les Hutts : Ragda n'était pas sensible à la flatterie, et maîtrisait, certes de façon rudimentaire, le pouvoir de télékinésie.

Une fois son verre en main, Ragda proposa à Yulpi de boire avec lui, un bourbon corellien grand cru du Domaine Keyiën. Yulpi reçut cela comme un honneur, mais ne sut pas la réaction la plus polie : accepter, ou décliner ?

YULPI – Oh ? Merci beaucoup de m'en proposer. Ce serait un vrai honneur que de partager cet alcool avec vous.

Mais alors qu'il regardait le Hutt et le verre qu'il tenait en main, les yeux de Yulpi captèrent les déplacements distrayants d'un insecte, une sorte de gros moucherons attiré soit par la forte odeur corporelle du Hutt, soit par celle de sa boisson. Un peu malgré lui, Yulpi laissa son attention se river sur cet insecte. Il se figea, tel un prédateur ayant repéré sa proie. Ragda n'existait plus. Il n'y avait que ce fichu insecte qui le narguait, et Yulpi attendit simplement que celui-ci soit à bonne portée.
Soudain, il détendit sa langue pour aller capturer l'insecte sur l'extrêmité collante à plus de deux mètres de sa bouche. En tout juste une seconde, l'insecte fut emmené à l'intérieur de sa bouche et décollé de sa langue par une déglutition. Yulpi savoura sa gourmandise avant de reposer son regard sur Ragda le Hutt. Il se gratta l'arrière du crâne, l'air penaud.

YULPI – Euh... désolé...

Comble de tentation, Yulpi repéra pas moins de trois autres insectes identiques voletant autour du Hutt. Comment résister... Impossible.
Ragda Rejliidic
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Regard perplexe, moue dubitative. Ragda ne cherchait même plus à dissimuler ses émotions. Mais d'où sortait cet émissaire ?! Respiration coupée par la surprise, aucun son ne sorti de sa large bouche dépourvue de lèvres.

Silencieux donc, il venait d'assister à la scène la plus surréaliste qui lui avait été permis de voir depuis... Depuis des lustres. Cette impressionnante langue, bel organe, s'était échappée de la bouche du Gungan avec une célérité déconcertante. Un claquement indescriptible, et l'insecte fut gobé. A vrai dire, le Hutt ne s'offusquait que rarement des habitudes culinaires des autres espèces, puisque lui même ingurgitait quantités d'aliments considérés comme infectes par le plus grand nombre. Mais de là à le faire en plein milieu de la conversation...

Il secoua la tête, perdu dans ses pensées, l'esprit plein d'interrogation, de doute. A quoi jouait l'émissaire ? Était-il aussi stupide que le laissait présumer son apparence ? Ou bien jouait-il un jeu ? Une stratégie ?

Incapable de trouver réponses certaines à ces questions déconcertantes, le Hutt fit de son mieux pour les mettre de coté, espérant que la suite de l'entretien lui apportait l'éclairage dont il avait besoin. Toujours sans un mot, il fit signe au mercenaire le plus proche. Un rattataki patibulaire, mine blafard, yeux cerclés de tatouages noirs. Il se donnait des airs de tueur, mais n'en restait pas moins que le petit chef d'un groupe de raclure des bas-fonds de Nar Shaddaa, dont la notoriété ne dépasserait jamais le secteur. Il approcha.

« Veuillez servir à notre hôte ce qu'il désire. » lui fit immédiatement Ragda. Propos polis, mais lancés sur un ton autoritaire, qui ne laissait place à nul refus. Après tous n'était-il pas payé pour obéir ?! Le rattataki lui répondit d'abord par un regard noir. Certainement considérait-il que faire la serveuse ne faisait parti des prestations pour lesquels ont le rémunérait... Mais, dans l'espace éponyme, rare étaient ceux osant défier un Hutt. Au mieux il se retrouverait au chômage pour le reste sa pitoyable existence... Au pire, il y laisserait sa peau. Il acquiesça donc d'un signe de tête, puis s’avança encore, pour s'emparer sans la moindre douceur de la bouteille de bourbon hors de prix. Il fit volte-face, se dirigea rapidement vers le bar pour y récupérer une choppe métallique crasseuse, dans laquelle il versa le liquide ambré. Ragda grimaça lorsqu'il vit la manière dont l'autre servait ce breuvage valant plusieurs dizaines de milliers de crédits. Mais il ne pipa mot, préférant ne rien laisser transparaître. S'eut-été faire trop plaisir au sous-fifre provocateur. Enfin, le mercenaire colla littéralement le récipient dans les mains du Gungan, avant de repose la bouteille pratiquement vide sur une table proche de son employeur. Il regagna son poste, non loin. « Je suis certain qu'il saura ravir vos papilles » fit alors le Hutt, tuant le temps en banalités pour mieux réfléchir.

A part gober les mouches, son interlocuteur n'avait strictement rien fait, rien dit. Ni confirmation, ni démenti de ses suppositions. Qu'en penser ?! Ses suppositions quant aux tension internes à l'Empire étaient-elles justes ? Pourquoi des Seigneurs Sith désiraient prendre contact ? Il fallait admettre que le gungan venait d'éluder, avec une habilité déconcertante, toutes ces questions, ne laissant le Hutt que face à un vide dont il ne savait plus quoi penser.

Dès lors, une pointe d'agacement commença à lui ronger les tripes, lui nouer l'estomac. Et si tout cela n'était qu'une vaste blague ? Une provocation ? Non... Impossible... Mais une fois cette idée en tête, difficile de la faire disparaître. Aussi, d'un ton sec, il fit enfin :

« Bon, j'imagine que vos maîtres ne vous ont pas simplement envoyés pour prendre des nouvelles de ma santé... Que voulez-vous ? Mon temps est précieux, je n'ai pas l'habitude de le gaspiller. »
Yulpi Bepads
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Il allait vite falloir faire quelque chose pour décoller l'attention de Yulpi de ces maudits moucherons, où le Gungan ne résisterait pas à la tentation de les gober un par un en plein entretien avec une éminence politique. Il avait déjà honte de l'avoir fait une fois, ayant bien conscience que le moment était inapproprié, il ne voulait pas céder à la tentation, ce serait une impolitesse envers un Hutt. Il était venu pour essayer de tisser des liens avec les Hutts, par pour manquer de respect à leur plus éminent représentant.

Comme s'il avait entendu la supplication muette du Gungan, Ragda ordonna à l'un de ses mercenaires de le servir en alcool. Le Rattataki s'exécuta, le rôle de serveur lui semblait tout à fait décalé, il avait la mine patibulaire d'une vermine sans scrupules, pas celle d'un sous-fifre. Ces gestes laissaient délibérément transparaître son agacement, comme si l'ordre du Hutt était aussi humiliant qu'impossible à balayer. Vu comment Ragda en avait parlé, ce bourbon corellien devait valoir cher, et pourtant le mercenaire Rattataki en servit comme s'il s'agissait d'eau. Il vint ensuite caler brusquement le verre dans la main à peine tendue de Yulpi, manquant de peu d'en renverser, ce qui aurait été un affront.

Au final, tout ceci eut l'avantage de faire momentanément oublier les moucherons à Yulpi, qui leva son verre devant lui, jaugeant avec scepticisme et embarras le volume d'alcool. Il n'allait pas tout boire, d'autant qu'il se sentait mal pour Ragda de voir qu'un alcool si précieux lui avait été servi comme de l'eau.

YULPI – Euh... Merci...
RAGDA – Je suis certain qu'il saura ravir vos papilles.

Yulpi porta le lèvres à ses lèvres épaisses et versa une toute petite quantité dans sa bouche, à la façon presque ostentatoire de quelqu'un qui savait savourer l'alcool plutôt que de le boire indignement. Il fit claquer sa langue particulière contre son palais, et exprima poliment :

YULPI – Délicieux.

Le lieu du rendez-vous était une cantina, aussi Yulpi trouva-t-il une table à côté de lui sur laquelle poser son verre, plutôt que de le tenir bêtement à la main durant toute la conversation. Ragda reprit d'ailleurs le sujet principal assez sèchement, montrant qu'il avait assez perdu de temps en mondanités :

RAGDA – Bon, j'imagine que vos maîtres ne vous ont pas simplement envoyé pour prendre des nouvelles de ma santé... Que voulez-vous ? Mon temps est précieux, je n'ai pas l'habitude de le gaspiller.
YULPI – Oh lui, j'imagine ! Pardonnez-moi.

Yulpi se racla la gorge, toujours aussi peu à l'aise. Au moins, il avait réussi à oublier les moucherons pour l'instant, il fallait simplement prier pour que ces derniers ne viennent pas voleter devant les yeux du Gungan.
Donner l'impression à Ragda de lui faire perdre son temps était une très mauvaise chose, et cela ne fit qu'alimenter le stress de Yulpi, qui devait vite réparer les choses s'il ne voulait pas se faire virer des lieux en n'ayant rien d'autre à rapporter à Tisjess que « Ragda considère que l'Empire vient de se moquer de lui de façon impardonnable en me désignant pour discuter avec lui ».

YULPI – Nous avons entendu que les grands kajidics Hutts vous ont désigné pour les représenter et pour mener la traque de Borenga. Ces informations sont bien exactes ?

C'était une façon très simple de reprendre le sujet, peut-être trop simpliste même, car ce n'était qu'une ouverture : les Siths n'avaient pas envoyé Yulpi simplement pour se faire confirmer ces informations. Ragda risquait de répondre « Oui et alors ? » avec le même ton sec. Yulpi se racla déjà la gorge une nouvelle fois, par pure nervosité. Il fallait montrer à Ragda que cet entretien était pris au sérieux, mais Yulpi ne savait pas comment faire. Il n'avait qu'une seule envie : rentrer à l'Académie et laisser Tisjess faire. Seulement, c'était sa mission à lui. Il ne voulait pas de cette mission, et il était un train de stresser comme un lapin regardant un aigle.

YULPI – Comment comptez-vous remplir cette fonction ? Quels sont vos... euh... comment dire... vos axes d'actions ?

Le ton de Yulpi montrait une question dans la question : venait-il de poser une bonne question ? Il n'était tellement pas sûr de lui... Il s'empressa vite de reprendre son verre pour boire une fine gorgée de bourbon, pour reprendre consistance et pour se rincer.
Ragda Rejliidic
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« Vous ne croyez tout de même pas que je vais vous révéler tous mes plans ? » fit le Hutt, ne sachant s'il devait plaisanter ou durcir le ton. Aussi il demeura neutre, préférant, pour le moment, ne pas froisser outre mesure l'atypique émissaire. « Qui me dit que vous êtes réellement un sujet de l'Impératrice ? Ce ne serait pas la première fois que Borenga se louerait les services d'un utilisateur de la force corrompu. » Cette fois la question tirait plus sur l'amusement que l'agacement. A vrai dire, Borenga agissait rarement avec des pincettes. Si ce Gungan avait été recruté par ses soins pour lui tirer les vers du nez, il ne serait pas assis là, à siroter son brandy, louchant sur les mouches virevoltant dans cette cantina miteuse.

Il secoua lentement la tête, lentement, de gauche à droite, un sourire ignoble réformant ses traits déjà disgracieux. « Mais comme vous avez l'air amical, je vous accorde le bénéfice du doute ! » fit-il, grand prince. Il ricana. Avant de reprendre, très sérieux :

« Sans vouloir me montrer condescendant, je ne m'attend pas à ce qu'un non-Hutt puisse comprendre l'espprit tortueux d'un Hutt... Alors encore moins ce qui peut se passer sous le crane d'une quinzaine d'entre-eux. » Il n'y avait aucune volonté de moquerie, puisque le magma d'intrigues dans lequel vivaient les gastéropodes ventripotents avait de quoi rendre fou ceux qui cherchaient à en comprendre les rouages. Les alliances se rompaient aussi rapidement qu'elle se créaient, ainsi du jour au lendemain la carte géopolitique de l'espace Hutt pouvait changer du tout au tout. « Pour autant, il y a bien un vérité en ce jour qui est simple à appréhender, même pour vous : Borenga est allé bien trop loin en s'attaquant directement au Conseil de Kajiidic. Les plus puissants clans veulent sa mort. Pas seulement sa mort en réalité : la destruction de toute sa « famille ». » Qui sait, avec un peu de doigté, probablement qu'un jour l'emblème du clan Rejliidic flotterait au sommet des tours du palais de Dennogra. D'un revers de manche mental, l'ex-Sénateur chassa cette pensée parasite. Il se re-concentra sur la conversation, continuant d'informer son interlocuteur des grandes lignes qui aujourd'hui dictaient la géopolitique de l'espace le plus instable de la galaxie :

« Mais voilà... Si vous avez un tant soit peu étudié ceux de mon espèce avant de venir me voir, vous comprendrez aisément qu'ils ne sont pas du genre à accorder facilement leur confiance. La concurrence est rude entre les Kajiidic... Alors même si les circonstances les poussent à s'allier contre un ennemi commun, aucun d'eux ne veut laisser l'autre prendre la tête des opérations, de crainte de le voir gagner en influence... Et c'est là que j'interviens : l'outsider, sans clans, sans affiliations avec les grandes familles, à qui on demande de devenir le porte-drapeau d'une croisade vengeresse. C'est bien dit n'est-ce pas ? » ricana-t-il.

Il but une gorgée du liquide ambré hors de prix, les yeux rivés sur le Gungan, avant de reposer le verre en équilibre sur l'un de ses bourrelets. Le mucus, visqueux et épais, s'aggloméra rapidement autour de celui-ci, lui offrant une stabilité inespérée. Jadis, lorsqu'il évoluait dans les sphères politiques Républicaines, Ragda ne se serait jamais permis pareil geste. La plupart des espèces bipèdes de cette galaxie supportaient mal les... hmm... l'exposition outrancière de fluides corporels à la texture douteuse. Il s'habillait souvent de ponchos étanches, réduisant artificiellement ses sécrétions par l'usage ingénieux de serviettes hygiéniques absorbantes dissimulées sous ses bourrelets. Mais voilà : c'était avant. Maintenant, de retour dans l'espace Hutt, il n'avait plus besoin de gaspiller une telle énergie en cosmétique. Ici, par nécessité souvent, tout le monde acceptait les Hutts tels qu'ils étaient. C'est à dire : visqueux et malodorants.

« Mais comme vous m'êtes réellement sympathique, je vais vous en dire un peu plus. » fit-il, à dessein, les esquisses d'un plan tordu en tête. « En réalité, s'il m'ont désigné, c'est parce qu'aucun des Kajiidic ne veut se mouiller ouvertement. Aucun d'eux ne veut « gaspiller » des ressources précieuses, de peur de voir ces dépenses compromettre leur suprématie face à un clan qui ne jouerait pas entièrement le jeu. Voyez-vous ? Borenga compte encore certainement des alliés, qui attendent le moindre signe de faiblesse pour contre-attaquer. » Il soupira. « Comme je vous le disais, tout cela est des plus nébuleux... Mais nous pourrions peut-être faire... affaires. »

Le Hutt resta mua quelques secondes, afin de laisser planer sa remarque, qu'elle puisse pénétrer au plus profond de l'esprit de son interlocuteur.

« Clairement, je ne suis pas en bon termes avec l'Impératrice. Mais certainement que vos... Maitre, eux, le sont. Peut-être pourraient-ils lui parler et lui dire que lorsque j'aurais fait tomber Borenga, je n'oublierai pas ceux qui m'ont aidé.

Avec la République qui se presse à vos portes, nous pourrions trouver des arrangements. Borenga contrôle toute l'embouchure de l'espace Hutt. S'il devait tomber et être remplacé à une personne... sympathique... à l'Empire, alors vous pourriez tirer d'incroyables bénéfices commerciaux. De quoi vous ouvrir au reste de la galaxie, et de prendre l'avantage sur votre imprévisible voisin...»


Ainsi Ragda avait parlé. Il y avait encore quelques heures, l'ex-sénateur aurait été incapable d'imaginer aboutir à une telle proposition. D'abord, il avait supposé que la venu de l’Émissaire témoignait d'une fracture dans la politique interne à l'Empire, celui-ci n'ayant pas été envoyé sur les ordres directs de l'Impératrice, d'après ses dires... Mais à présent, il commençait à en douter. Peut-être que cette entretenu n'avait été imposée que par une nécessité stratégique de mieux anticiper l'évolution de la géopolitique interne à l'espace Hutt. Il était vrai que mettre autant de « pouvoir » dans les mains d'un ex-Sénateur avait de quoi faire douter les Sith, pouvant, à tord, supposer qu'un tel être serait naturellement plus disposé à coopérer avec la République qu'avec leur Empire. Enfin, « pouvoir », tout était relatif. Une énorme épée de Damoclès flottait au dessus de la tête de Rejliidic. Sans résultats rapides, il serait rapidement décapité et remplacé par un autre fusible... Et ce jusqu'à ce que Borenga tombe ou rebondisse. Si Ragda parvenait à faire entrer, même de manière purement officieuse, une autre puissance dans la danse, alors il pourrait tirer parti de nouvelles ressources, et de moyens de pression pour faire tomber l’énorme Seigneur de Guerre. Et par la même occasion, se libérer lentement de ses congénères.

« Qu'en dites-vous ? » Enchaîna-t-il, fourbe. « Je ne parle pas de ce qu'en penses vos maîtres... Mais vous, Sith, en tant que membre de l'Empire. Un Empire vandalisé par la République, un Empire ayant perdu coup sur coup Félucia et Dubrillion. Félucia, qui, rappelez-vous, s'est libérée de votre joug à la suite des magouilles douteuses de Borenga lui-même... L'heure est à la vengeance. Le Seigneur de Guerre doit payer. »
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RAGDA – Vous ne croyez tout de même pas que je vais vous révéler tous mes plans ?

Yulpi se ratatina, ayant l'impression de se faire gronder parce qu'il avait posé une mauvaise question. Dans ce jeu de diplomatie avec un Hutt susceptible, procédurier et paranoïaque, il se sentait terriblement nul. Non, vraiment, pourquoi Tisjess l'avait envoyé, lui ? Simplement parce qu'il n'affichait pas de loyauté aveugle envers l'Impératrice ? Hormis ce fait, Yulpi était probablement le pire candidat pour cet entretien avec Ragda.

RAGDA – Qui me dit que vous êtes réellement un sujet de l'Impératrice ? Ce ne serait pas la première fois que Borenga se louerait les services d'un utilisateur de la Force corrompu.

Mince... Voilà que Ragda essayait de le coincer. Yulpi n'avait aucune preuve, d'autant moins que l'Impératrice elle-même n'était peut-être pas au courant de cet entretien. Vu comment Tisjess avait chargé Yulpi de cette mission, il semblait bien que cette discussion se faisait dans le dos de l'Impératrice, et Yulpi avait très peur de devoir prochainement en payer les conséquences. Enfin, avec un peu de chances, elle n'en serait jamais informée. Ou bien Tisjess réussirait-il à faire valoir cette initiative comme une bonne chose aux yeux de la dénommée Ynnitach.

Alors que Yulpi cherchait quoi répondre à cela, il observa un sourire sur le visage du Hutt. En y repensant, son ton n'avait pas été si sérieux. Faisait-il exprès de le mettre mal à l'aise, en fait ? Pour Ragda aussi, cette discussion semblait être un jeu, mais un jeu auquel, face à Yulpi, il était sûr de gagner. Il y en avait au moins un qui était à l'aise, ici. Et peut-être justement qu'en se sentant à l'aise, Ragda laisserait sa langue se délier.

RAGDA – Mais comme vous avez l'air amical, je vous accorde le bénéfice du doute !

Yulpi fut un peu perdu, mais pour ne rien en montrer, il se contenta de sourire, sans avoir à se forcer puisque quelque part, cette dernière remarque de Ragda le rassérénait un petit peu. Le Hutt ricana, et Yulpi eut envie de ricaner aussi, pour rentrer dans son jeu et le brosser dans le sens du poil.

RAGDA – Sans vouloir me montrer condescendant, je ne m'attends pas à ce qu'un non-Hutt puisse comprendre l'esprit tortueux d'un Hutt... Alors encore moins ce qui peut se passer sous le crane d'une quinzaine d'entre eux.

Yulpi ne le prit pas mal. Il savait que les Hutts étaient une race fière, ce qui expliquait leur susceptibilité. Que Ragda le veuille ou non, cette réflexion était bel et bien condescendante, mais Yulpi s'efforça de l'ignorer, toujours dans l'optique de flatter l'ego du Hutt. C'est ce que Tisjess lui avait demandé de faire, alors il le faisait.

Ragda confirma que les plus puissants kajidics réclamaient la mort de Borenda et même de toute sa famille, car il était allé trop loin en s'attaquant au Conseil de Kajidics. Ragda alla plus loin que cette simple confirmation formelle : il expliqua que, du fait que les Hutts n'accordaient que difficilement leur confiance et s'accrochaient à leur pouvoir, cet ennemi commun ne leur suffisait pas à désigner l'un d'entre eux pour mener les opérations. Ils ne voulaient pas donner à un seul kajidic l'opportunité en or de prendre une influence écrasante à la faveur de la guerre menée contre Borenga.

Yulpi avait un peu de mal à comprendre cette façon de penser. Enfin, il la comprenait, si, mais ça lui paraissait absurde. Ragda lui énonçait cela comme si c'était évident et que tout le monde devait avoir la même optique. Pour Yulpi, non, c'était absurde. Refuser de désigner un meneur parce que ce serait lui donner du pouvoir, c'était absurde. A quoi servait un meneur, sinon ? Même les Siths avaient leur chef. Ils avaient désigné Darth Ynnitach pour les diriger. S'ils avaient sû réfléchir comme des Hutts, ils n'auraient donc pas été capables de se désigner un dirigeant, personne pour porter leur bannière et pour organiser la guerre contre les Jedis. Maintenant que Yulpi y pensait, cela expliquait peut-être pourquoi les Hutts étaient si affaiblis face à Borenga : sans dirigeant, ils ne pouvaient pas répondre de façon solidaire à un même ennemi.

C'est donc ainsi que les grands kajidics Hutts en étaient venus à choisir Ragda à leur tête : il était un Hutt sans famille et sans affiliation. Compte tenu de la mentalité des Hutts, cela faisait sens, Yulpi arrivait à le comprendre. Une mentalité absurde avait finalement poussé les Hutts à une décision assez logique pour palier leur défaut d'organisation hiérarchique.

Ragda ponctua sa longue tirade par une gorgée d'alcool. Il reposa ensuite son verre sur un bourrelet de son ventre. Yulpi s'attendit à voir le verre glisser et tomber, mais au lieu de ça, le mucus recouvrant la peau du gastéropode maintint le verre en place. N'importe qui aurait été écœuré à cette vision, mais Yulpi était un Gungan qui trouva cela juste délirant, ce qu'il marqua par une interjection d'amusement et de surprise :

YULPI – Ha !

Il avait presque envie de toucher tellement ça l'amusait, mais ce serait sans doute tout aussi déplacé comme geste que de gober un moucheron en plein entretien diplomatique... Yulpi se retint donc, sans pouvoir s'empêcher d'afficher un très large sourire.

RAGDA – Mais comme vous m'êtes réellement sympathique, je vais vous en dire un peu plus.

Yulpi venait-il de se montrer sympathique parce qu'il avait été amusé par le mucus du Hutt au lieu d'en être écœuré ? Son naturel jouait peut-être en sa faveur finalement. Et si Tisjess avait eu raison de penser que le Gungan était le mieux placé pour une discussion avec un Hutt ?

RAGDA – En réalité, s'il m'ont désigné, c'est parce qu'aucun des kajidics ne veut se mouiller ouvertement. Aucun d'eux ne veut “gaspiller” des ressources précieuses, de peur de voir ces dépenses compromettre leur suprématie face à un clan qui ne jouerait pas entièrement le jeu.

Le problème des Hutts était en fait à double-sens. Non seulement les kajidics avaient trop d'ego et de fierté pour placer l'un d'entre eux à la tête des opérations, mais en plus, de toute manière, aucun kajidic ne voulait assumer cette position, de peur que les autres ne le soutiennent pas dans les frais de guerre et qu'un échec l'affaiblisse plus qu'il ne lui fasse prendre de l'ampleur.
Les Hutts étaient physiquement amusants, mais mentalement exaspérants, en fait. Comment pouvaient-ils subsister en tant que puissance économique quand ils étaient si incapables militairement de s'organiser entre eux ?

RAGDA – Comme je vous le disais, tout cela est des plus nébuleux... Mais nous pourrions peut-être faire... affaire.

Yulpi accorda toute son attention à Ragda. S'il pouvait rentrer de mission en annonçant à Tisjess que Ragda avait accepté de faire affaire avec lui, il marquerait un très bon point auprès de son maître. Yulpi fut laissé en suspense, suspendu aux lèvres de son interlocuteur, impatient d'écouter ce qu'il avait à lui proposer.

Ragda demanda à ce que l'Impératrice, avec qui il n'était clairement pas en bons termes, soit informée qu'il n'oublierait pas tous ceux qui l'auraient aidé dans la guerre contre Borenga. Yulpi hocha la tête, cette tâche lui paraissait facile. Darth Ynnitach devait juste être informée qu'elle gagnerait des intérêts à apporter son soutien à Ragda dans la guerre contre Borenga. Ce dernier avait bien provoqué la mort de Siths sur Nar Shaddaa, non ?

RAGDA – Qu'en dites-vous ? Je ne parle pas de ce qu'en pensent vos maîtres... Mais vous, Sith, en tant que membre de l'Empire.

Quoi ?! Ragda demandait à Yulpi son point de vue personnel sur le sujet ? Yulpi était là en tant qu'émissaire, il représentait la voix de Tisjess et par extension des Siths en général ; pourquoi Ragda lui demandait-il son point de vue personnel ? Etait-ce un piège ?
Yulpi resta un instant figé, bousculé mentalement par cette question inopinée. Grâce à tout ce que venait de lui dire Ragda, il commençait à avoir une vision de la situation. Il se racla la gorge et décida de parler assez librement, sentant par ailleurs son stress baisser en intensité, comme si Ragda avait finalement su rendre cet entretien convivial :

YULPI – Eh bien... Ce que j'en pense, c'est que nous avons un ennemi commun. Je vais vous dire, je ne représente pas l'Impératrice, elle ne représente qu'une figure guerrière pour moi mais je ne lui dois rien directement. Enfin, n'allez pas répéter ça à l'Académie... Moi, je ne cherche pas la guerre, je veux juste que chacun puisse vivre comme il en a envie, mais les Jedis sont hostiles à cela. Borenga, lui, a fait trop de dommages collatéraux. Il a porté tort aux Siths, et je pense que l'Impératrice a donc tout intérêt à accepter votre proposition, elle aurait tout à gagner à vous aider.

Yulpi attrapa son verre pour, à son tour, prendre une toute petite gorgée de bourbon, avant de continuer :

YULPI – Je ne sais pas trop pourquoi Borenga a fait tout ce qu'il a fait, mais il a l'air de s'être laissé emporter par la soif de pouvoir, et a causé du tort à tout le monde, Siths comme Hutts. Vu comment Borenga ne supporte pas ceux qui divergent de sa vision du monde, il devrait se faire recruter par les Jedis, il aurait ses chances !

Ce petit trait d'humour était le signe que Yulpi commençait à se détendre. En fait, Ragda aussi lui paraissait assez sympathique. Et puis, franchement, le voir faire tenir son verre sur son bourrelet rien que grâce à son mucus, c'était vraiment délirant !

YULPI – Vous, vous ne m'avez pas l'air comme ça. Vous n'avez pas l'air de chercher le pouvoir à tout prix, vous avez même l'air embêté par la situation. Les grands kajidics vous offrent le pouvoir, et vous le prenez avec des pincettes. C'est intéressant. Moi, ça me plaît. Vous me paraissez sympathique, vous aussi. Et puis, franchement, ce que vous faites avec... euh... je ne sais pas comment vous appelez ça... vos “sécrétions”, je trouve ça excellent !

Ouh là, mais qu'est-ce qu'il était en train de dire ? Le sujet de conversation était sérieux ! Et là, il était en train de dire qu'il trouvait Ragda sympathique parce que son mucus était amusant ?! Yulpi s'égarait complètement, il s'en rendit compte et essaya de vite se reprendre :

YULPI – Hum pardon, le sujet est trop sérieux pour que j'aie le droit de digresser comme ça.

Yulpi reposa le verre de bourbon sur la table à côté de lui. Il en restait encore beaucoup, avec tout ce qu'avait servi le Rattataki.

YULPI – Euh... si vous me permettez une dernière parenthèse, je crois que j'ai été un peu trop servi en bourbon. Je veux dire, c'est une boisson très chère et précieuse, vu ce que vous avez dit, ça mériterait d'être savouré autrement.

Il était un peu étrange de voir Yulpi faire cas de la valeur d'un bien matériel ou consommable. En fait, il ne voulait pas se rendre complètement ivre en plein entretien avec Ragda le Hutt, et cherchait un moyen d'expliquer pourquoi il n'allait pas finir son verre, tout en flattant le Hutt au passage. Dans d'autres circonstances, Yulpi se serait volontiers bourré la tronche en se moquant du prix du bourbon, pour danser la java avec Ragda en chantant des trucs paillards. Il avait peut de froisser le Hutt en refusant de boire un alcool précieux qui lui était offert.
Ragda Rejliidic
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« Bien parlé ! » Mugit le gastéropode, de sa voix de basse, le visage fendu d'un sourire ignoble. « Borenga est allé bien trop loin ! Nous devons le stopper ! » Volontairement, il fit mine d'ignorer le reste du discours de son interlocuteur, sans intérêt, ne retenant que les mots dont il avait besoin pour rebondir. « Trinquons donc à nos idées communes ! L'Empire et les Hutts unis contre Borenga ! »

Ragda leva son verre bien haut... Enfin, bien haut... Aussi haut que le lui permettaient ses minuscules bras. Il braqua ses yeux globuleux sur ceux, tout aussi globuleux, du Gungan. Ainsi figé, tel un prédateur n'attendant qu'un faux pas de sa proie pour bondir, il le toisa quelques instants, avant de lui dire, sur un ton qui ne laissait place à aucun refus :

« Buvez donc. Cette boisson est rare et coûteuse. La refuser, serait une insulte. JE décide de la manière dont elle doit être bue. Et puisque je vous l'offre, c'est que je vous en juge digne. Me suis-je montré assez clair ? N'espérez même pas en laisser la moindre goutte... »

L'énorme gastéropode ne plaisant pas. Du moins en apparence. En réalité, intérieurement, il se gaussait de cette situation des plus surréaliste. Mais d'où sortait cet... Émissaire ? Il ignorait si cette entrevue se solderait par une quelconque action de l'Empire. Probablement pas : l'Impératrice était bien trop occupée par ses manœuvres vengeresses dans sa bordure neutre. Aussi, décida-t-il de s'amuser un peu, au dépend de son interlocuteur.

« J'ai d'ailleurs une autre bouteille... » fit-il, avant d'ingurgiter d'une traite le liquide ambré, et de balancer son verre par dessus son épaule. La seconde suivante, il se fracassa au sol. « Vous m'en direz aussi des nouvelles ! Je l'ai depuis si... Longtemps, que j'en ai même oublié l'année du cru ! Attendez... Attendez... Je crois bien que je l'ai mise par là... » continua-t-il, l'air distrait, tout en fouillant dans les bourrelets tombant de sa poitrine. Ses petites mains plongeaient entre les rouleaux de graisse, pour ensuite s'en extirper recouvertes d'un mucus verdâtre et franchement très peu ragoutant. Après la quatrième ou cinquième tentative, les doigts boudinés sur Hutt se refermèrent sur ce qu'il recherchait : un boulot. « La voilà ! » s'exclama-t-il, l'air triomphant, exposant au grand jour son trophée. Une bouteille difforme, verre tintée, dont le contenu semblait visqueux. Elle ne portait aucune étiquette. « C'est du gras-de-vie gamoréen. Attention, c'est fort... Mais qu'est-ce que c'est bon ! Un savoir-faire qui se perd avec les ages, clairement. Pour être franc, j'ignore combien pourrait valoir une bouteille pareille... Parce que je doute qu'un tel breuvage ait été jamais commercialisé. A ne pas mètre entre les lèvres de néophytes ! Il faut un palais aguerri pour en sentir toutes les subtilités ! »

Sa gestuelle montrait clairement qu'il s'impatientait à mesure qu'il vantait les mérites de sa boisson surprise.

« Allez... Allez... Videz votre verre, que je puisse vous servir ce breuvage sans égal dans toute la galaxie ! Et ne me faites pas l'affront de refuser ! JE vous l'INTERDIT ! »

Rien que d'imaginer sa tête lorsqu'il poserait les lèvres dessus... Ragda jubilait déjà. Même les Hutt évitaient d'en boire. C'est dire ! Pourquoi en conservait-il lui-même une bouteille ? Pour la même raison que certains barmans dans les cantina mal famées dissimulaient une bouteille pleine de pisse derrière leur comptoir : pour se rire des inopportuns ! Il décida d'enfoncer encore un peu plus le clou :

« Vous savez... On ne peut rien refuser à un Hutt. Du moins pas ici, dans l'espace Hutt. Je vous conseille sincèrement de ne pas l'oublier. Sinon... Bah... Vous risquez de le regretter. Mes congénères ne sont certainement pas aussi conciliants que moi. Il faut dire, j'ai vécu bien des années au sein de la République. Je suis bien plus ouvert d'esprit qu'eux. » Son sourire ne fit que s’élargir... « D'ailleurs, maintenant que j'y pense... Je monopolise la conversation. Nous n'avons fait que parler de moi et des Hutts. Et vous dans tout ça ? » Il plongea son regard droit dans celui du Gungan. « Dites moi tout : êtes-vous heureux, satisfait de votre condition ? Parce que c'est le moment où jamais : ici, dans l'Espace Hutt, tout vos désirs pourraient devenir réalités... A condition d'être l'ami d'un Hutt. Ce qui pourrait être votre cas si vous cessiez de refuser ce que je vous offre gracieusement ! » Ou graissieusement peut-être...

Allait-il se laisser intimider et boire ? Ragda l'espérait ! Ne serait-ce que pour profiter de la scène ! Sacrés Gungans... Tous les mêmes.
Yulpi Bepads
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Mince alors... Yulpi croyait vraiment que cela pourrait flatter le Hutt s'il accordait de l'importance à la valeur du bourbon et refusait de le gaspiller ; en fait, il se passa au contraire ce qu'il craignait, puisque Ragda le Hutt engagea Yulpi à finir son verre sous prétexte que le refuser serait une insulte.

RAGDA – JE décide de la manière dont elle doit être bue. Et puisque je vous l'offre, c'est que je vous en juge digne. Me suis-je montré assez clair ? N'espérez même pas en laisser la moindre goutte...

Euh... Yulpi voulait bien se torcher la gueule avec Ragda, mais qu'allait devenir cet entretien ? Le pauvre Gungan n'était déjà pas bien à l'aise, et encore il commençait tout juste à se détendre un peu, alors s'il finissait ivre, il se mettrait vraiment à dire et à faire n'importe quoi, et Ragda le Hutt aurait là une vraie bonne raison de se sentir insulté par son comportement. Ragda plaçait Yulpi dans un vrai dilemme, et avec une incontestable autorité : soit Yulpi lui faisait l'affront de refuser de finir son verre de bourbon, soit il prenait le risque de dire n'importe quoi en état d'ébriété.

Pourtant, Yulpi croyait s'être mis Ragda le Hutt en bonnes dispositions avec sa réponse au sujet de Borenga. Ca avait semblé plaire à son interlocuteur, qui justement avait voulu trinquer à leurs points de vue communs. Et puis, tout avait dérapé : Ragda le Hutt n'avait pas du tout réagi aux compliments de Yulpi, ce qui avait laissé un petit froid, et voilà maintenant qu'il l'obligeait à se bourrer. Enfin, tout n'avait peut-être pas si dérapé que ça, puisque Ragda affirmait qu'il le jugeait digne de se faire offrir un bourbon de grande valeur.
Yulpi reprit le verre de bourbon d'un geste tremblant. Après tout, boire de l'alcool n'était pas un problème en soi, il songeait juste aux conséquences dans un entretien diplomate avec une personnalité aussi éminente que Ragda le Hutt.

RAGDA – J'ai d'ailleurs une autre bouteille...

Non, il n'était pas sérieux ? Il vida son verre d'un trait et le jeta derrière lui, le laissant se fracasser au sol en cent éclats. Yulpi se racla la gorge, et commença à siroter lentement son propre verre de bourbon, tout en gardant un œil sur son interlocuteur.

RAGDA – Vous m'en direz aussi des nouvelles ! Je l'ai depuis si... longtemps, que j'en ai même oublié l'année du cru ! Attendez... Attendez... Je crois bien que je l'ai mise par là...

Yulpi s'attendit à voir le Hutt se déplacer dans la cantina, ou plus probablement demander à l'un de ses mercenaires – le Rattataki de tout à l'heure par exemple – de lui apporter ladite bouteille, mais pas du tout à ce que le Hutt fit devant ses yeux : il fouilla dans sa propre masse graisseuse ! Ragda était, pour un Hutt, de petite taille, mais pas de petite obésité : comment Yulpi aurait-il pu pour autant s'imaginer qu'il conservait une bouteille d'alcool entre deux bourrelets ! Qu'est-ce que Ragda le Hutt cachait d'autre comme ça ?

Peut-être parce que l'alcool commençait déjà à le rendre guilleret, Yulpi lâcha un bref mais vif éclat de rire. Ce Hutt était vraiment trop drôle ! Entre la façon dont il faisait tenir son verre avec ses “sécrétions” dermiques et la façon dont il conservait une bouteille d'alcool entre ses bourrelets, Yulpi le trouvait vraiment excellent, ce type.
Il mit une main devant la bouche comme si ça l'aida à stopper son rire, tout en affichant qu'il était désolé pour ce bref éclat de voix.

Il manqua de pouffer en voyant Ragda le Hutt finalement réussir à extirper une bouteille d'alcool engluée dans ses sécrétions. N'importe qui aurait eu un haut-le-cœur, à part un Hutt... ou un Gungan comme Yulpi, qui trouva juste ça aussi drôle que le reste.

RAGDA – La voilà ! C'est du gras-de-vie gamoréen. Attention, c'est fort... Mais qu'est-ce que c'est bon !

Un alcool gamorréen ?! Yulpi avait déjà goûté à plusieurs alcools mais n'avait jamais osé tremper ses lèvres dans une boisson gamorréenne. C'était réputé pour être absolument indigeste. C'était le fond du fond de la qualité, et pourtant le Hutt la vanta comme un chef-d'œuvre :

RAGDA – Un savoir-faire qui se perd avec les âges, clairement. Pour être franc, j'ignore combien pourrait valoir une bouteille pareille... Parce que je doute qu'un tel breuvage ait été jamais commercialisé. A ne pas mètre entre les lèvres de néophytes ! Il faut un palais aguerri pour en sentir toutes les subtilités !

Là était tout le problème, justement. Yulpi n'avait rien contre le fait de boire de l'alcool, ça lui était déjà arrivé plusieurs fois, et il n'y connaissait rien en fait, il pouvait boire un grand-cru de grande valeur aussi vite qu'un vin de table à trois sous. Il n'était donc pas du tout le mieux placé pour « sentir toutes les subtilités » d'un alcool.

YULPI – Justement, sans vouloir vous offenser, je ne crois pas q...
RAGDA – Allez... Allez... Videz votre verre, que je puisse vous servir ce breuvage sans égal dans toute la galaxie ! Et ne me faites pas l'affront de refuser ! Je vous l'interdis !

En lui coupant la parole avec autant d'autorité, Ragda le Hutt ne laissa aucun choix à Yulpi. Si ce dernier voulait être dans les bons papiers du Hutt en chef dans la galaxie, il fallait boire l'alcool qu'il proposait. Ragda enfonça le clou en inculquant à Yulpi que l'on ne pouvait rien refuser à un Hutt, sinon on le regrettait. Et encore, il se présenta comme étant bien plus ouvert d'esprit que ses congénères. Ca, Yulpi voulait bien le croire.
Pourtant, une petite voix dans sa tête essaya de lui faire garder à l'esprit ce que penserait Tisjess de la situation : un Sith avait parfaitement le droit de refuser quelque chose à un Hutt. Yulpi n'avait pas à se soumettre à tous les désirs fantasmés d'un Hutt, même dans le cadre d'un entretien diplomatique.
Mais bon... Boire de l'alcool, était-ce vraiment un sacrifice ?

RAGDA – D'ailleurs, maintenant que j'y pense... Je monopolise la conversation. Nous n'avons fait que parler de moi et des Hutts. Et vous dans tout ça ? Dites-moi tout : êtes-vous heureux, satisfait de votre condition ? Parce que c'est le moment où jamais : ici, dans l'Espace Hutt, tout vos désirs pourraient devenir réalités... A condition d'être l'ami d'un Hutt. Ce qui pourrait être votre cas si vous cessiez de refuser ce que je vous offre gracieusement !

De nouveau, Ragda le Hutt s'intéressait à Yulpi personnellement. Il ne le voyait pas comme un émissaire, mais comme une personne à part entière. Ce n'était donc pas les Siths qui intéressaient Ragda le Hutt à travers Yulpi, mais bien Yulpi lui-même. Ce dernier se demanda ce qu'il avait bien pu faire pour mériter autant de considération de la part du Hutt. Ragda le jugeait digne de partager avec lui un alcool de très grande valeur sans modération, et lui posait des questions personnelles. Finalement, cet entretien ne se passait pas si mal !
Peut-être que Tisjess serait fier de lui, en fin de compte. Alors, Yulpi pensa à son maître, et à ce qu'il voudrait qu'il dise à cet instant :

YULPI – D'abord, je suis un Sith ! J'ai beaucoup de respect pour vous, mais personne ne doit non plus négliger ce qu'est un Sith. Un Sith n'a aucun ordre à recevoir, hormis de son seigneur ou de l'Impératrice en personne. Vous n'avez rien à m'interdire ! Oui je suis heureux et satisfait de ma condition, parce qu'en tant que Sith, je suis libre ! Je suis libre de refuser de boire de l'alcool même si c'est offert par un Hutt ! Mais je suis tout aussi libre de vider un verre de bourbon si j'en ai envie !

Sur ces mots, Yulpi se laissa aller : il vida tout le reste de son verre, soit à peu près la moitié, d'un trait dans sa bouche et avala cul sec.
Sa gorge s'enflamma, lui faisant – à peine – regretter son geste. Il toussa, comme s'il s'étouffait. Pour faire bonne figure, il essaya de calmer sa toux le plus vite possible. Il se redressa, une grosse larme à chaque œil, et sourit joyeusement à Ragda le Hutt. Puis, pour imiter ce dernier, il lança son verre en arrière par-dessus son épaule, entendant le “cling” des bris éparpillés.

YULPI – Ya-la ! Allez, je m'en fiche qu'on me propose que mes désirs soient réalités, je suis très bien là où je suis ! Mais ça ne m'empêche pas de vouloir être l'ami d'un Hutt ! Hahaha ! Alors, hop, qu'on me serve ce breuvage gamorréen, je veux goûter ça !

Yulpi braqua soudain ses yeux sur un moucherons qui voleta devant le ventre de Ragda le Hutt. En un coup de langue aussi vif que précis, le Gungan le goba.

YULPI – Et je veux des moucherons aussi ! Des mouches, des moustiques, des scarabées, tout ce que vous avez !
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