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Il faisait froid sur Dromund Kaas en cette période de l'année. En réalité, il faisait souvent - pour ne pas dire toujours – glacial sur Dromund Kaas. Il y faisait déjà nuit lorsque la navette de Darth Jagram parvint aux abords de l'astroport de Kaas City, quand bien même il n'était que dix sept heures. Et comme à son habitude, la planète offrait un spectacle macabre dont elle seule avait le secret. Tout azimut, sa ionosphère était zébrée d'éclairs. Au delà de la seule cité planétaire, au fin fond des épaisses forêts endormies et ténébreuses subsistait le Mal. L'air était humide et froid, le vent transperçait les corps et ballotait les âmes perdues errant ce monde sombre. Rien n'avait changé ici bas, depuis tout ce temps passé en exil forcé loin de toute civilisation. Et rien ne changerait probablement plus jamais sur Dromund Kaas. Les anciennes forces Sith en avaient fait un monde hostile, un cœur du pouvoir du Côté Obscur, ce que les membres du Clergé appelaient parfois un nexus du Côté Obscur. Selon certain témoignages éparses trouvés dans diverses documentations de source douteuse par Jagram, cela n'avait pas toujours été ainsi et Dromund Kaas était, il y a dix mille ans de cela, une planète vivace et agréable à voir. C'était au fil des millénaires que la planète avait été complètement pervertie par la magie Sith et l'infini puissance du Côté Obscur. Mais qu'importe de voir ce caillou galactique se mourir à petit feu et voir son ciel quadrillé de foudre en permanence, si c'était le prix du pouvoir et du triomphe. Jagram se fichait de cette planète, elle n'avait toujours représenté pour lui que complot, traitrise, manipulation et jeu vicieux propre à la caste Sith et ses intrigues mystérieuses. Il avait infiniment plus de respect pour Korriban, centre du mysticisme autour de l'affiliation au Côté Obscur des Sith. Ou pour Odacer-Faustin qui, même si cela restait encore à prouver, était à son avis jadis une planète majeure du grand Empire Sith en terme de religion et de science. Dromund Kaas n'était qu'un panier géant de crabe aux pinces d'acier, avides de privilèges, assoiffés de pouvoir, ne reculant devant aucune bassesse pour s'octroyer un peu plus de confort là haut, dans leurs belles tours d'ébènes.

La navette du Sith s'engagea dans le hangar auxiliaire numéro trois après avoir reçu toutes les autorisations nécessaires et se posa avec discrétion. Le vaisseau, un classe Herald de l'armée régulière qu'on avait assigné à Jagram lorsqu'il eu obtenu le rang de Darth n'avait été que peu entretenu durant toutes ces années par les gens de la Confrérie. Tout juste avait-il été maintenu en état d'usage pour permettre à Jagram de regagner son territoire une fois son endoctrinement achevé. Un droïde multi-usage, aussi doué dans les domaines du protocole que de la mécanique lui avait été attribué pour l'aider à faire naviguer le vaisseau qui d'ordinaire réclamait au moins deux membres d'équipage. Mais comme pour le dit vaisseau et pour Dromund Kaas, Jagram ne ressentait que dédain et indifférence pour le droïde. Il était flambant neuf et compétent, mais le Sith ne lui avait nullement adressé la parole durant les presque trente six heures standard de voyage spatial qu'ils partagèrent, si ce n'est pour lui donner une série d'ordre. Il luit fut ordonné de rester en veille dans le vaisseau jusqu'à ce que le Sith ai besoin de lui. Une fois la rampe d'accès déployée, le Sephi balança sur ses épaules un cardigan de couleur sombre, légèrement rapiécé par endroit. Il ne portait plus ses accoutrements fastueux et de belle facture d'autrefois. Le temps de son séjour sur Zaddja, la Confrérie le lui avait interdit. Il avait troqué sa riche tunique contre un ensemble gris de toile qui le fit frisonner au contact de l'air humide et à l'odeur de fer de l'intérieur du dépôt de Kaas City. Il lui tardait de pouvoir revêtir ses gilets conçus à sa taille, ses capes cramoisies élégantes et ses brassards d'acier finement gravés. Il lui tardait également de pouvoir se laver les cheveux correctement, ceux-ci étaient gras et attachés nonchalamment par un morceaux de tissu sali en queue de cheval. Mais pour tout cela, il lui fallait regagner ses appartements, dans la cité réservée au Seigneur Sith, tout proche du palais impérial.

Il posa le pied au sol en bas de la rampe d'accès lorsque le vocodeur artificiel du droïde l'interpella avec tout ce qui était possible pour un droïde de prudence et d'humilité. Le Sephi ne prit pas la peine de se retourner pour faire face à son interlocuteur :

- « Vous avez oublier ceci, mon seigneur. Fit le droïde sur un ton neutre. Il portait des deux mains, telle une offrande, une lourde épée glissée dans un fourreau noir serti d'argent. Jagram fit volte-face lorsqu'il s'en rendit compte et s'empara avec autant de précaution que d'empressement son dût.

- Retourne dans le vaisseau et met toi en veille. » lâcha sans détour ni compassion le Seigneur Sith.

Son objectif était limpide en ce jour : se débarrasser de celle à qui il a tant essayé de plaire par le passé, la Dame Noire Ynnitach. Ceci afin que la Confrérie puisse gangréner en paix l'Empire Sith, en prendre le contrôle de l'intérieur et se révéler au grand jour comme les dignes serviteurs du Côté Obscur. Mais il était parfaitement conscient que cela ne devait pas se faire de façon hasardeuse. Tout d'abord parce que Ynnitach était pour l'heure bien plus puissant que lui, quand bien même il avait reçu les enseignements inestimables de la Confrérie. Aussi car s'il agissait publiquement, sans se couvrir un minimum, il se ferait de très nombreux et influents ennemis. Il ne voulait pas être la cible de la moitié de la galaxie car il savait que la possibilité qu'il se retrouve seul un jour n'était pas négligeable. Il avait cru aux discours de la Matriarche Ishvaan, mais il était devenu prévoyant avec le temps et il savait que si la Confrérie n'agissait pas avec prudence, l'Empire Sith n'aurait aucun mal à les exterminer. Autant les connaissances et la maitrise du Côté Obscur d'Ishvaan et des siens étaient d'un tout autre niveau que les Seigneurs Sith de l'Empire, autant l'armée de ce dernier disposait d'une puissance de feu massivement supérieure a toutes les obédiences du Côté Obscur réunies. Enfin et pour finir, il n'était pas encore devenu complètement fou et l'abnégation qui faisait l'identité d'un Jedi n'était pas son leitmotiv, loin s'en faut. Aussi, s'il devait accomplir une tâche aussi ardue et risquée qu'était celle d'assassiner Darth Ynnitach en personne, il voulait se garantir que cela lui soit réellement bénéfique. Jouer le jeu de la Confrérie était un noble projet, mais il avait trop souffert par le passé de traitrise et d'injustice. Aujourd'hui, il était déterminé à prendre sa part du gâteau, par la force si cela était essentiel.

Les agents de l'astroport ne lui causèrent aucun désagrément lorsqu'il fut question d'inscrire son arrivé dans les registres, ainsi que le matricule et le contenu de son vaisseau. Question de sécurité. Il n'était même pas sûr que les gardes l'avaient reconnus. Qu'importe, il ne tenait pas à attirer l'attention. Pas cette fois. Il quitta l'astroport pour rejoindre par turbo-transporteur – une plate-forme sécurisée traversant une partie de la ville dans un tube hermétique dressé sur rail tel une locomotive hightech – les hauts quartiers. De là, il pourrait rejoindre les complexes d'appartements propriétés des Seigneurs Sith. À Kaas City, chaque construction, chaque avenue, chaque décoration étaient bâtis de grandeur et d'impérialisme. L'architecture Sith témoignait d’un appétit insatiable pour le grandiose et la démesure, comme si le Côté Obscur lui-même avait ourdi, d’une poigne ferme mais silencieuse, les plans et la construction d'une telle cité d'exception. Régulièrement, les rues étaient bordées de statures imposantes et certains bâtiments étaient surmontés de frises gravés. Mais les plus beaux édifices se trouvaient dans le quartier de luxe de Kaas City, là où se trouvaient les appartements seigneuriaux et le palais impérial. Comme une armada d'épines charbonneuses, les tours de villégiature et les centres de commandement de tout l'Empire Sith se concentraient en un même périmètre au cœur de la ville. Seul les éclairs déchirant le ciel parvenaient à illuminer un tant soit peu ce sinistre conglomérat de bâtisses aux courbes tranchantes et menaçantes. Les rues étaient désertes, non pas qu'elles fussent d'ordinaire outrageusement animées. Jagram avait vécu reclus pendant presque trois années et n'avait put être mis au courant des intrigues impériales et des actualités galactiques que de façon parcellaire. Aussi, il ne se doutait pas encore que l'Empire de Darth Ynnitach était à un tournant, peut-être majeur, de son histoire.

Il parvint au complexe d'appartement où lui et plusieurs autres Seigneur résidaient. Il traversa en hâte l'avant-cour et passa le long d'une allée d'arbre Apocia, une variété végétale originaire de la planète Bethal. L'Apocia était souvent utilisé pour son écorce blanche afin de confectionner de l'ameublement de luxe et son exportation faisait toute la force de l'économie de Bethal depuis des siècles. Cependant, son cours avait chuté lorsqu'une invasion de termite Greddleback, particulièrement friande de l'Apocia s'était déclenchée sur Bethal. Sur Dromund Kaas, la termite ne pouvait vivre convenablement. La température moyenne de la planète impériale étant inférieure de six à dix degrés de celle de Bethal, l'insecte mourrait de froid avant d'avoir put déguster la moindre écharde de bois.
Nigmar pénétra dans le hall d'entré du bâtiment principal, celui-ci couvert de pierre de Zyk noire nervurée de mauve. C'était une belle fabrication, le hall sentait l'air froid et aseptisé artificiellement et la faible clarté d'un néon laiteux au plafond n'offrait guère plus de lumière que les éclairs qui continuaient de gronder dehors. C'était autre chose que les villas privées que les plus riches et puissants Seigneurs Sith possédaient sur la colline, plus haut, aux abords du palais impérial. Mais cela ne préoccupait plus le Sephi. Jadis, il se plaisait à revêtir de beau habits et à adopter une posture fière dans le but de faire passer un message : imposer sa condition de Seigneur, et obtenir le respect qui était dut à cette fonction par la même occasion. L'ostentatoire était devenu une arme pour plier la volonté des autres et acheter le respect de ses rivaux. Il fallait montrer aux yeux de tous qu'il était aisé, puissant, noble, et Seigneur. Longtemps il avait lui aussi convoité une villa privée au sommet de la colline des nantis de Dromund Kaas. Mais désormais, il avait d'autres priorités en tête.

Il pénétra dans un turbo-ascenseur silencieux et vide et le commanda pour accéder au troisième étage de l'immeuble. Puis il parcouru la coursive qui s'ouvrait à lui afin d'arriver face à l'une des quatre portes que comptait cet étage. Il fouilla dans l'intérieur de son haut de corps pour en dénicher une carte d'accès magnétique qu'il introduit dans l’appareil de sécurité fixé au mur, proche de l'entrée. L'appareil mit un court instant à analyser la carte et clignota d'une petite diode rouge. Le Sephi n'y prêta pas réellement attention et retira la carte pour l'introduire une nouvelle fois. Les aléas de l'électronique, sans doute. L'appareil émit aussitôt un petit bip sonore signifiant un message d'erreur. La porte ne s'ouvrait pas, la diode rouge vivotait toujours. Le Sephi fronça les sourcils, passablement agacé. Est-ce que sa carte avait était endommagée durant son séjour sur Zaddja ? Il lui semblait pourtant que ses maigres effets personnels avaient été convenablement traités par les gens de la Confrérie, hormis son sabre-laser qui avait été réduit en miette devant ses yeux. Se pouvait-il que ce soit là une énième ruse de la Matriarche pour le mettre à nouveau à l'épreuve ? Qu'importe. Il pouvait décider d'employer la Force pour ouvrir la porte contre le gré de l'ordinateur, cela lui coûterait bien peu. Mais il ne tenait pas à attirer l'attention trop subitement sur lui. Effectuer cela pourrait bien déclencher l'alarme silencieuse du bâtiment et alerter les autorités. Voir les environs envahis de plusieurs agents de sécurité et de la milice privée des Seigneurs résidents aux alentours n'étaient pas une perspective enthousiasmante pour le moment. Si seulement il était encore en possession de son sabre-laser, il aurait put découper proprement un encadrement dans la cloison en métal de la porte et pénétrer dans ses appartements, il se serait occuper de faire réparer cela plus tard. Mais hélas, son épée antique n'était pas capable de cela. Pas encore, pas tant qu'il ne pouvait invoquer suffisamment bien les forces du Côté Obscur pour envouter la lame et la rendre aussi tranchante et brûlante qu'un laser.

Au diable la raison ! Il plaça la paume de sa main au dessus du petit boitier qui avait refusé sa carte d'accès et libéra une salve d'éclair concentré pour griller les circuits de l'appareil. Une cascade d'étincelle se rependit au sol et l'électronique grésilla avant que la porte ne s'entre-ouvre, juste assez pour que Nigmar puisse se faufiler de profil dans ses appartements. Mais dés qu'il eu pénétré dans ces derniers, il comprit vite qu'il n'était pas chez lui. Ou en tout cas, il ne l'était plus. Rien dans le salon d'apparat ne ressemblait à ce qu'il avait quitté trois ans auparavant. Ses hololivres, ses parchemins et manuscrits soigneusement classifiés par dates d'écritures et par auteurs, son mobilier rustique mais confortable, ses quelques bibelots d'arts sans grande valeur … il n'y avait plus rien de tout cela.

L'Empire Sith avait fait la main basse sur ses possessions et l'avait littéralement mis à la porte...
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