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Tout ce temps passé... J'avais fini par cesser de dénombrer les jours et les semaines qui s'étaient écoulées depuis mon incarcération dans cette cellule du Temple Jedi. Il ne me restait plus rien que ces quatre murs, et trois fois par jour, le petit cliquettement de la porte qui m'annonçait qu'un repas arrivait. Heureusement que je les avais encore, ces repas, sans quoi il m'eût été impossible de distinguer le jour de la nuit.

Depuis que mon état mental s'était stabilisé, mon esprit avait eu l'occasion d'envisager des myriades de plans d'évasion. Prendre le contrôle du padawan qui venait me servir à manger, du psychiatre qui tentait de me remettre sur pieds, ou encore des médecins qui s'occupaient de mon corps artificiel... L'idée n'était pas absurde en soi, d'autant que je n'avais rien perdu du contrôle des esprits. Cependant, une fois dehors, comment vaincre l'armada qui devait certainement protéger cette cellule ? Comment me repérer, tout en étant aveugle et sans connaître le plan des lieux, jusqu'à la sortie ? Et comment s'emparer d'un speeder pour m'enfuir ? Ce n'était pas faute d'avoir passé des heures et des heures durant à envisager chaque possibilité, à déconstruire chaque opportunité, mais aucune d'entre elles ne me paraissait plausible. Il fallait en conclure que je passerais le restant de mes jours cloisonné entre ces quatre murs.

J'avais tenté, peut-être davantage par jeu que par conviction personnelle, de retravailler mes idéaux philosophiques sur la Force, mais même eux s'avéraient muets. Tout ce en quoi je croyais s'était effondré en quelques mois, et je ne parvenais plus à me situer de nouveau dans la ronde des idées. Ordre, Harmonie : ces mots, qui jadis constituaient la clef de voûte de mon vocabulaire, avaient sombré dans le dégoût et le désespoir. La seule leçon que je pouvais encore tirer, c'est que je m'étais trompé : j'avais poussé l'idéalisme jusqu'à en faire une manie, une folie, et jamais je n'aurais dû imaginer que la fin pouvait justifier les moyens comme je l'avais longtemps cru. Oh, je ne regrettais pas la longue liste de mes crimes pour autant : ils appartenaient au passé, et à l'époque j'avais très sincèrement foi en ce que j'accomplissais. Non, je ne voulais plus me retourner sur ce qui était fait. Le passé appartenait au passé, et l'avenir n'existait pas. Restait ce présent insipide et éternel où je m'inventais des plans d'invasion fantasmagorique et où j'attendais impatiemment l'heure du repas pour m'octroyer une demi-heure de distraction.

Parfois, je m'inventais des scénarios sur le sort de la Galaxie. Je n'avais pas été mis au courant de l'actualité depuis la mort de Valérion. Qui occupait actuellement la place de Chancelier ? Je m'amusais à imaginer que mon rival Rejliidic y était parvenu malgré toutes les tribulations par lesquelles il était passé en même temps que moi : je me figurais son sourire bouffi d'orgueil, à se prélasser sur la nacelle réservée à la chancellerie suprême. Je m'inventais également de terribles guerres entre la République et l'Empire Sith, leur incapacité à trouver un terrain d'entente, des morts par millions sur des planètes innocentes. Il m'arrivait même de me façonner une vie que je n'aurais pas eue, dans laquelle je n'aurais pas rencontré celle qui allait se faire connaître sous le nom de Gabrÿelle Evans, où je ne me serais pas débarrassé de mon père et de mon frère pour les remplacer au pouvoir d'Aargau, et où j'aurais mené une existence paisible comme simple bureaucrate de la République. Il m'arrivait même de regretter de ne pas avoir agi ainsi : tout aurait été tellement plus simple. Mais cet idéalisme... oui, cet idéalisme borné...

Parfois, je n'en pouvais plus de cette incarcération. Je me levais de l'unique chaise qui se trouvait au centre de ma cellule, et j'en faisais le tour, laissant les doigts de ma main droite en érafler les murs. Je pouvais y aller jusqu'au sang. Alors la part rationnelle de mon esprit, me rappelant les conseils des psychiatres, m'enjoignais de m'arrêter immédiatement, car une telle attitude pouvait me ramener à ma folie d'antan. Je me rasseyais sur ma chaise et méditais. A quoi ? A tout, à rien, peu importait.

J'aurais vraiment cru que c'en était fini de moi, quand un beau jour, au bout d'un temps dont je n'aurais su préciser la durée, l'on vint frapper à ma porte, entrouvrir la petite fenêtre coulissante qui me connectait encore à la réalité et me dire :

« Détenu 684b, Maître Don souhaite s'entretenir avec vous. »

Je me levai et tendis l'oreille. Enfin une occasion de se distraire.
Saï Don
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Le vieillard s'assit en silence. Sur le même tabouret qui l'avait accueilli lorsqu'il avait pris la folle décision de tenter de donner une chance à feu Lord Janos. Il était impossible de ne pas penser qu'il était probable qu'il fût en train de commettre une deuxième fois cette erreur. Pourtant, il fallait tenter encore. Il prit une une brève inspiration avant de regarder de l'autre côté du petit hublot rectangulaire qui donnait sur la cellule du détenu.

Le prisonnier avait toujours cet air dément. Pire encore peut-être que lors de leur dernière entrevue. Mais la décision était déjà prise. Elle avait fait l'objet de longues discussions entre lui et Maître Waray, responsable de l'étrange domaine neutre qui se trouvait à la frontière entre l'obscurité et la lumière, où se mouvaient les ombres sous ses ordres, et où un cadavre traînait encore là, dissimulé six pieds sous terre, à les gêner durablement.

Il n'était pas possible de garder indéfiniment cet homme ici. Ne serait-ce que parce qu'il ne serait pas toujours grand maître, et que le prochain Conseil ou le suivant finirait par découvrir un Sith encore vivant dans un sarcophage sous le Temple de Coruscant.
Maître Waray et Maître Don s'étaient refusés à le tuer. Non qu'ils fussent si philanthropes. Mais même dans la mort, un Seigneur Sith pouvait avoir une influence durable et maléfique. On ne se débarrassait pas ainsi d'une âme si sombre. Non...

Les maîtres avaient décidé d'un autre plan. Lord Janos serait ainsi mieux détruit que par n'importe quelle autre manière. Il resterait un esprit manipulateur, comme il y en avait tant d'autre dans la galaxie, mais définitivement séparé de son pouvoir destructeur. Un monstre sans croc, sans griffe, sans Force.

- Votre détention va prendre fin, annonça-t-il au prisonnier, sans préambule. Nous avons pris notre décision concernant votre cas.

Cela ne devait faire que bientôt un an qu'on l'avait fait patienter sans l'ombre d'une information. Le suspens n'avait plus vraiment lieu d'être, étant donné que le détenu ne devait plus avoir de problème pour attendre quelques secondes de plus.

- Vous allez vivre, poursuivit-il, la voix dénuée d'émotion. Vous serez définitivement coupé de la Force. Le rituel aura lieu sur une planète qui restera secrète. Vous vous verrez attribuer de nouveaux papiers, une nouvelle identité. Nous allons modifier votre visage. La vue vous sera rendue par des procédés cybernétiques. Nous verrons par vos yeux, en tous temps. Vous serez surveillé sans relâche par ce moyen et par d'autres. Vous pourrez proclamer être Lord Janos ; personne ne vous croira. Vous ferez ce que bon vous semblera, en dehors des ordres qui vous seront donnés. Nous vous arrêterons lorsque bon nous semblera. Nous vous tuerons lorsque bon nous semblera. Des Ombres Jedi veilleront sur vous.

Il n'y avait pas dans ces déclarations une quelconque intonation qui pût laisser croire que ces décisions étaient discutables. D'ailleurs, Maître Don se levait déjà. Maintenant qu'ils avaient enclenché le processus, tout paraissait bien plus simple.

- Nous partons immédiatement, signala-t-il, avant de se tourner vers le Chevalier Jedi qui lui avait ouvert la porte sécurisée du couloir.

Deux chevaliers, dont les visages étaient dissimulés par leurs capuches sombres, firent leur apparition à leur tour. Ils avaient été dépêchés par Maître Waray. Maître Don n'en connaissait aucunement l'identité. Il n'en avait pas besoin. La porte de la cellule fut ouverte, les Chevaliers s'emparèrent du prisonnier par les bras pour le forcer à se lever et à les suivre. Maître Don les précédait, marchant d'un pas vif. Ils n'empruntèrent pas l'ascenseur classique. Ils rejoignirent un maître d'armes dans une cage d'escalier, et tous quatre se mirent à gravir les marches abruptes, illuminées seulement par des spots à la lumière blafarde.
Plus haut, ils ne trouvèrent guère la lumière de l'astre coruscanti. La nuit était profonde, la surface mouchetée des lueurs de la ville infinie de la planète capitale tandis que le groupe accélérait en paraissant sur le parvis du hangar. L'explocorps avait mis à leur disposition une navette, deux pilotes, et deux chevaliers et un maître Ombre supplémentaire les attendaient à l'intérieur. A peine le quatuor eut-il gravi la passerelle que celle-ci se referma, laissant sur le quai l'un des Chevaliers d'escorte qui vérifia que personne n'avait suivi, ni n'observait.
Quelques minutes plus tard, l'appareil décollait, les flammes bleues de ses propulseurs traçant des courbes lumineuses dans le ciel coruscanti.

Le vieux Jedi jeta un œil distrait à travers le hublot, attendant avec impatience de sortir de l'atmosphère. Il fallait passer en hyperespace au plus vite. Il ne fallait en aucun cas laisser le temps à Lord Janos d'utiliser la Force pour essayer de manipuler qui que ce soit à bord. Ici, tout le monde était formé pour résister à ce genre d'attaque, mais on n'était jamais trop prudent.
Un silence morbide régnait dans l'appareil, où la plupart des Jedi s'étaient réunis dans le cockpit. Le détenu, lui, avait été relégué à l'arrière de la navette, dans une chambre qui faisait office de cellule. On l'avait assis sans ménagement, à même le sol, pieds et poings liés, une chaîne le scellant à la paroi derrière lui. Sur la couchette, Maître Don était assis, et évitait de regarder le prisonnier à ses côtés. S'il tenait à être là en personne, c'était pour s'assurer que les choses avaient été faites. Les avoir vues de ses yeux.
Krava y tenait tout autant. Elle les rejoindrait sur Naos III, dans quelques heures.
La passe corellienne, bien que voie hyperspatiale particulièrement rapide, n'allait jamais paraître si longue à parcourir...


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La sentence tomba, imparable. Mon esprit y resta comme suspendu, incapable de réagir. Je me serais attendu à tout, pourtant, mais là... Ou plutôt, non : je ne m'attendais plus à rien. A rien du tout. Je ne croyais plus en rien. Je pensais que ma vie poursuivrait ce cours jusqu'à la fin. Le cours d'un homme mort, enterré, oublié de tous.

Je demeurai silencieux. Il n'y avait rien à dire, et de toute manière, j'étais incapable de formuler une réponse. L'impact. Maître Don ne semblait pas non plus attendre que je lui dise quoi que ce fût. Rien à dire, non, et peu de chose à espérer.

Je vis par la Force la porte s'ouvrir. Sentis deux présences m'entourer. Des capes... Mon esprit capta les ondulations que leur mouvement imprima dans l'espace. Les deux hommes me prirent par le bras. En me levant, une nausée s'empara de moi. Je n'avais pas quitté cette cellule depuis... Combien de temps, d'ailleurs ? Je n'en avais plus la moindre idée. Le monde vacillait. Ce microcosme que je croyais fermé à jamais sur moi s'estompait. Heureusement que les deux individus me tenaient, sans quoi je me serais effondré comme le dernier des vieillards. Cet acte qui me paraissait interdit jusqu'à la fin de mes jours – passer cette porte – ne fut pas une libération : ce fut un tourbillon de vertiges qui s'abattit sur moi comme un cyclone sur un village endormi. Nous traversâmes un long couloir : j'en vis les murs, à droite et à gauche, à travers la Force. Puis une quatrième entité apparut dans le champ de ma perception. Elle nous accompagna dans l'ascension d'un escalier qui me parut durer une éternité. Cette nausée, toujours, me martyrisait le ventre. Une autre réalité que je croyais interdite à jamais vint me brusquer : l'air frais. C'était de l'air frais qui m'effleurait le visage. Nous devions être dans le hangar du Temple : je perçus à travers la Force des formes de vaisseaux. Mon intuition s'avéra juste : tandis que cinq autres individus m'apparaissaient, on me mena sur ce qui devait être la passerelle d'un astronef. L'un des hommes qui m'avaient soutenu resta dans le hangar. Je sentis la passerelle se refermer sur nous. On me menotta et me mit à même le sol, contre une paroi du vaisseau.

Ce ne fut qu'à cet instant, alors que nous décollions, que mon esprit reconstitua les paroles que m'avaient adressées Maître Don, et qu'il en saisit pleinement le sens...

Coupé de la Force... Pourquoi pas, après tout ? Débarrassé du pouvoir tyrannique qu'avait fini par exercer sur moi le Côté Obscur... Qui m'avait propulsé dans cette ivresse, ce délire. Qui m'avait fait perdre le foi indéfectible que plaçait mon Apprentie en moi. Qui avait causé ma chute jusque dans cette cellule... Mais serais-je jamais capable de me reconstruire ? Il était trop tôt pour le dire.

Le visage modifié par des moyens cybernétiques... C'était une sage décision. Si je voulais survivre, dehors, j'avais tout intérêt à ne pas être reconnu. J'avais des ennemis partout dans la Galaxie. L'Empire Sith me voyait comme un fou, la République comme un traître, l'Ordre Jedi comme un Sith... Très vite, parmi les différentes portes de sortie qui semblaient s'offrir à moi, l'espace hutt me parut être le seul endroit où je pourrais recommencer une vie sans avoir à m'inquiéter à chaque instant d'être la proie d'un de mes innombrables ennemis. Oui, j'irais dans l'espace hutt, et je m'y ferais oublier.

Surveillé par l'Ordre... Je n'avais pas le choix, de toute façon. Mais en quoi pouvais-je représenter un risque, si j'étais coupé de la Force ? Je me demandais à présent quels ordres me seraient donnés. Serais-je au service du Temple ? Comptaient-ils espionner le monde à travers mes yeux ? Quels étaient leurs véritables motivations, d'ailleurs ? Ils devaient bien en avoir, mais je ne comprenais pas lesquelles. A leur place, j'aurais mis fin à l'existence de Lord Janos d'une manière simple et radicale : en lui donnant la mort. La vraie.

Quoi qu'il en fût, il eût été totalement stupide de tenter de me rebeller. J'étais entouré de guerriers Jedi bien plus puissants que moi, vu le piteux état dans lequel je me trouvais ; je n'avais même pas de sabre laser pour les combattre, et je n'aurais jamais pu utiliser la Force pour les affronter. Je me sentais si faible... Je me contentai donc d'accepter mon sort, docile.

Je sentis que nous passions en hyperespace. Les parois contre lesquelles j'étais adossé se mirent à trembler violemment. Ma nausée, qui s'était quelque peu apaisée, reprit soudainement. Cette fois, je ne pus m'en empêcher : je me tordis, pris de vertige, et me mis à vomir, les genoux contre le sol, les mains toujours dans le dos.

« Par... Pardonnez-moi, Maître... », dis-je à Saï Don que je sentais à côté de moi. « Le voyage... Je ne suis plus habitué... »

J'allais me replacer contre la paroi du vaisseau, quand une deuxième vague de nausée me traversa le ventre. Je vomis de nouveau, sentant une main de fer se replier sur mes entrailles. Si j'avais encore eu des yeux, je crois que j'en aurais pleuré. Mais rien ne sortit de mes orbites vides. Rien.


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Saï Don
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- Chevalier, envoyez-nous un droïde pour nettoyer tout ça.

Le vieil homme retourna à sa place après avoir vu le Twi’lek à qui il s’était adressé s’empresser de disparaître dans une coursive afin de lui obéir. L’odeur nauséabonde emplissait déjà la petite pièce dans laquelle ils se trouvaient, mais il n’était bien évidemment pas question de laisser seul le prisonnier. Le visage fermé, le Jedi gardait ses yeux clairs et perçants braqués sur la maigre créature – car oui, Lord Janos s’était amaigri, son visage s’était comme décomposé, terni par les mois et les mois de captivité. Un véritable cadavre, en somme. Dans les entrailles du vieillard, l’anxiété de l’opération se mêlait à la perspective du soulagement à laquelle ils allaient être débarrassés : une fois Janos véritablement mort, il n’aurait plus ce souci. Au pire, l’individu deviendrait inutile, et se vautrerait dans une existence de débauche ou d’égoïsme. Au mieux, il se mêlerait de tout comme il avait autrefois si bien su le faire, et ainsi ils verraient par ses yeux, ils entendraient par ses oreilles – ou plutôt par le dispositif à l’intérieur du crâne de l’ancien Sith. Et jusqu’après la mort, plus jamais l’individu ne manipulerait par la Force. Il fallait qu’il en fût ainsi.

Plusieurs autres heures s’écoulèrent, et le vieux Maître ne tenta pas d’engager la conversation. Ils n’avaient rien à se dire. Si Lord Janos avait des questions, le vieillard restait laconique, s’en tenant à ce qu’il avait été décidé qu’il lui fût dit : ce qui avait déjà été dit dans sa cellule quelques heures plus tôt.

Ils sentirent la secousse qui les fit sortir de l’hyperespace. Quelques minutes plus tard, celle d’un nouveau saut hyperspatial : ils avaient changé de voie commerciale. L’effet se produisit une nouvelle fois plusieurs heures plus tard.

Le temps paraissait interminable. La destination était loin d’être à proximité du Temple Jedi de Coruscant, ni même de celui d’Ondéron. Il était loin de tout, et resterait hautement secret. Seule une poignée de Jedi, les accompagnateurs de Maître Don, et les Ombres de Krava Waray ainsi qu’elle-même, et qui devaient déjà être sur place, à préparer soigneusement le rituel dont Lord Janos allait faire l’objet. Il fallait espérer que la maître Jedi, dirigeante des ombres, fût suffisamment compétente.
Il n’y avait pas plus compétente qu’elle dans ce domaine. Il fallait donc désirer que l’Ordre fût suffisamment puissant, à l’heure qu’ils étaient en train de vivre.

Enfin, ils sortirent d’hyperespace. Il était difficile de savoir le nombre exact d’heures qu’ils avaient voyagé, mais leurs horloges biologiques étaient de toute manière bouleversés, étant partis au bout milieu de la nuit sur Coruscant. Et ils n’allaient pas dormir immédiatement. Il y eut encore de nombreuses heures de manœuvres, cette fois-ci loin de toute route commerciale, où les sauts hyperspatiaux étaient moins aisés, où il fallut s’y reprendre à plusieurs fois pour corriger la destination. Enfin, seulement, ils ressentirent les vibrations intenses d’une entrée en atmosphère, puis sentirent le passage de la gravité artificielle du vaisseau à une gravité planétaire, moins intense que celle de Coruscant.

Ils débarquèrent dans une aube blafarde, sur un plateau rocheux entouré de déserts au sable blanc et froid, que l’astre local n’avait encore eu le temps de réchauffer après une nuit glaciale. Une lune d’un jaune glorieux dominait un ciel sans nuage. Ils ne s’attardèrent guère.
Dans la même précipitation mesurée, le prisonnier fut extrait du vaisseau et, encadré de ses gardiens, il fut conduit avec les autres vers une caverne dont la navette surplombait l’entrée. A peine se furent-ils engouffrés dans les sombres escaliers que le vaisseau redécolla, comme pour ne laisser aucune trace de son passage.

A l’intérieur, les escaliers et coursives étaient labyrinthiques. La roche était percée de centaines de puits de lumière répartis çà et là et qui leur permettait, même après s’être enfoncés loin dans la montagne, de pouvoir distinguer les formes grâce à des lueurs d’une jaune pâle. La technologie paraissait presque inexistante. Des décors étaient parfois gravés ou peints, comme des fresques triviales, qui ne rappelaient rien au vieil homme, trop concentré sur sa perception des évènements.

Car il fallait veiller. De nouveaux Jedi les accompagnaient dans cette étrange descente. Ils étaient encapuchonnés, leurs visages dissimulés parfois même par des masques qui n’étaient pas sans rappeler certaines pratiques Sith. Mais il n’y avait comme seule trace du côté obscur, ici, que celle du prisonnier conduit fermement et passé de mains en mains par ces silhouettes impersonnelles. Les Ombres de Waray. Il apparut subitement au vieux maître, qui n’avait que rarement été en contact avec eux que par de brèves entrevues en privé, qu’ils étaient bien plus nombreux que ce que le commun des Jedi ne se l’imaginait. Ils étaient comme un Ordre Jedi parallèle… Dont il n’était pas le maître, cette fois. Ils obéissaient à Krava, et il ne lui était permis de voir ces êtres réunies et l’une de leurs cachettes seulement parce qu’elle l’avait voulu. Ces faits l’effrayaient et le rassuraient à la fois. Il n’avait pas tout sous son contrôle. Bien heureusement, il ne pouvait être responsable de tout ce qui touchait de près ou de loin les Jedi.

Ils débouchèrent dans une large pièce circulaire où soudain, la chaleur des flammes les enveloppa. Au contraire du reste de ce qu’ils avaient vu, il y avait ici des torches accrochées au mur, qui donnait à l’endroit et aux êtres présents un air de secte secrète. Ce qu’ils étaient en quelque sorte. Les Ombres étaient réparties tout autour de la pièce, dos au mur, comme s’ils surveillaient eux aussi le déroulé des opérations. Autour d’eux, sur les parois, de nouvelles gravures et peintures représentaient des êtres humanoïdes corpulents – rien qui fût en lien avec les Jedi, le vieil homme en était certain. Les Ombres s’étaient réapproprié des lieux qui avaient appartenus à d’autres, sans l’ombre d’un doute.
Au milieu de la pièce se tenait Maître Waray. Ou plutôt, il se tenait là une autre Ombre, revêtue elle aussi d’une bure et d’un capuchon qui dissimulait son visage, mais il connaissait suffisamment l’aura de la Jedi pour la reconnaître. Il crut même voir l’éclat de ses yeux perçants lorsqu’il s’arrêta en lisière du cercle tracé au sol.

Il ne franchirait pas cet espace délimité par de simples dessins à même le sol. Lord Janos, lui, était déjà traîné au centre du cercle symbolique pour y être déposé, à genoux, face à Maître Waray. Les Ombres qui lachèrent le Sith repartirent aussi vite qu’ils étaient venus, pour prendre place autour du cercle, eux aussi. Maître Don sentait leur curiosité fébrile malgré le professionnalisme dont ils faisaient tous preuve.
Comme lui, ils attendaient désormais que Krava fît ce qu’elle seule pouvait véritablement réussir au sein de l’Ordre : couper définitivement Lord Janos de la Force.

Le vieillard ne détenait pas la capacité du Mur de Lumière, et ne le détiendrait jamais. Il n’avait jamais embrassé les pratiques qui visaient à manipuler le lien des êtres avec la Force. Ce n’était pas sa voie, et il avait secrètement pensé pendant bien des années que ce type de pratiques aurait dû être banni de l’Ordre.
Et aujourd’hui, il y avait recours. Il était en partie responsable.

C’était, en cet instant, tellement évident : la morale de l’Ordre, dans tout cet idéal que bien des Maîtres Jedi siégeant au Conseil prônaient dans toute leur verve, ne suffirait jamais pour vaincre un Sith. Le plus sage des Jedi, acculé, finirait toujours par commettre l’innommable, au nom même de cet idéal qu’il protégeait.

Quatre-vingt années passées à se dévouer, et seulement une poignée de secondes pour se corrompre. Et en même temps, se sacrifier dans le seul but d'acheter une paix future pour la galaxie... une paix hypothétique et temporaire.
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Le voyage sembla durer une éternité. A chaque mouvement qu'effectuait le vaisseau, j'avais l'impression que mon estomac allait encore me jouer de vilains tours. Mais je parvins à réprimer la nausée qui m'avait envahie au décollage et à m'empêcher de vomir à nouveau. Je sentis à un moment que nous passâmes une deuxième fois en hyperespace : notre vaisseau fut traversé de terribles secousses et mon champ de Force perdit de sa stabilité. Un affreux spasme me traversa, mais mon corps s'en contenta. Lorsque le phénomène se reproduisit, il me sembla que ma nausée avait perdu de sa vigueur : je ne fus plus traversé des mêmes vertiges qui s'étaient emparé de moi la première fois.

Maître Don, à mes côtés, demeurait silencieux. Je décidai de ne lui poser aucune question et de rester sans mot dire dans mon coin : il n'y répondrait certainement pas, de toute manière. Même sans yeux, je pouvais attester que l'ambiance était glaciale.

En cet instant, je sentis le terrible poids de la solitude s'abattre sur moi. Cette ambiance de mort, c'est moi qui l'avais créée. Elle était le fruit de mes sévices. Et plus personne ne me viendrait en aide : mon Apprentie avait déjà disparu sans laisser de trace depuis... combien de temps, déjà ? Je n'aurais su le dire : tout était brouillé dans mon esprit. Curieusement, dans ma cellule, cette solitude ne se faisait pas sentir : elle était tellement présente que j'avais fini par l'oublier. Alors que là... me retrouver en présence d'individus muets comme des tombes renforçait ce sentiment d'être seul au monde.

Durant le trajet, je ne pus m'empêcher de m'imaginer à quoi ressemblerait ma nouvelle vie. En vain. Je rejoindrais l'espace Hutt pour m'y faire oublier, certes. Et puis ? Qu'y ferais-je ? Comment allais-je y survivre ? Moi qui n'avais jamais eu à me soucier de me trouver comment me loger, comment me nourrir... Moi qui avais vécu dans ce luxe princier sur Aargau, au sommet des tours argentées sur Coruscant... Il me faudrait tout réapprendre, depuis le début. Je crois que j'avais peur. Oui, j'avais peur du destin que me réservait cette extradition du Temple. Et jamais je n'avais autant éprouvé la peur qu'en cet instant.

Vint enfin le moment où je sentis que nous rentrions dans une atmosphère : les vibrations du vaisseau et la présence de vie qui tourbillonna dans mon champ de Force ne laissaient aucun doute à ce sujet. Il m'était évidemment impossible de déterminer quelle était notre destination : on ne me l'avait pas dit, et je ne m'en enquis guère, considérant à l'avance qu'on ne me révélerait rien.

Quand l'astronef fut stabilisé, signe que nous nous étions posés, on me demanda seulement de me lever en me prenant par les bras. J'appréhendais ce moment, craignant qu'une nouvelle vague de nausée ne me traversât, mais il n'en fut rien. Peut-être m'étais-je déjà réhabitué à ce que cela faisait, de marcher. D'autres individus se joignirent à nous. Des Jedis, eux aussi. Certainement ceux qui allaient me soumettre au rituel. Nous parvînmes devant ce que mon champ de Force identifia comme les parois d'une caverne. Nous y pénétrâmes et descendîmes de tortueux escaliers où je manquai de choir à plusieurs reprises. Les parois qu'effleura mon esprit n'avaient rien de lisse : les Jedis m'entraînaient dans je ne sais quel labyrinthe, certainement loin de tout, où ils pourraient à leur guise procéder à leur rituel. Puis le tout sembla s'élargir : ce devait être une grande caverne.

Je vis à travers la Force que tous mes accompagnants se mirent en cercle, au milieu duquel je fus aussitôt placé. Tout se fit en silence. L'un des Jedis imprima dans les airs quelques mouvements. Immédiatement, la nausée revint, plus virulente encore, suivie d'un terrible mal de crâne. Le rituel avait commencé. Tout se bouleversa dans mon esprit comme dans mon corps. J'avais l'impression qu'une main de métal s'était emparée de mon cerveau, et l'enserrait violemment de manière à en extirper la matière. Deux autres mains s'abattirent sur mes poumons : l'air commença à me manquer. Tout se passait comme si mon être voulait quitter mes entrailles et se disperser comme autant de poussières. Ma perception du monde se floua. Je crus encore voir dans la Force des mouvements autour de moi, mais ils n'avaient plus rien de la netteté avec laquelle je la percevais quelques instants plus tôt. Un vide immense se fit en moi, un vide comme je n'en avais fait l'épreuve auparavant. L'univers vacillait. Tout ce qui m'avait jadis donné ma force s'envolait. Je hurlai. De rage, de désespoir, de crainte. Je m'abandonnai à un état de transe qui me perdit : pendant quelques secondes ou quelques heures, je ne sais, il n'y eut plus rien. Le vide s'était accaparé tout entier de mon être : j'étais devenu ce vide. Je crois que je perdis connaissance, mais je n'en suis même pas certain tant les impressions se bousculaient en moi.

Puis la perception que j'avais de mon corps se reconstitua, comme si j'avais été atomisé et que ces atomes se rassemblaient de nouveau pour former un nouvel être. Le vide était toujours là. Cette fois, j'étais devenu véritablement aveugle. La Force avait disparu. Elle n'était plus là pour me guider, pour m'aider à sentir le monde. Il ne restait plus rien de moi, qu'un tas d'os, de chair et de mécanique. Un terrible effet de pesanteur s'abattit sur mon être : ces genoux qui touchaient le sol, ces mains crispées étaient les seuls agents qui m'aidaient encore à percevoir quelque chose. Mais la grotte, les Jedis, cette impression qu'existait autour de moi tout un univers avaient disparu. Jamais je n'avais été aussi faible qu'en cet instant. En serait-il ainsi pour le restant de mes jours ? Ce sentiment de privation... Qu'allais-je devenir ? Ah, qu'allais-je pouvoir devenir sans Elle, sans la Force ?

Malgré tout, j'eus le courage – je ne sais de quelles ressources je le tirai – de leur dire :

« C'est fait... Êtes-vous satisfaits, maintenant ? »
Saï Don
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Les circonstances avaient beau être particulièrement graves, le vieil homme ne put empêcher le sentiment de fascination qui était né en lui à la vue du rituel perpétré par Maître Waray. Rares étaient les témoins d’un Mur de Lumière, même parmi les membres du Conseil. Le rituel s’étira sur de longues minutes que Maître Don eut du mal à quantifier. Un quart d’heure, peut-être une demi-heure s’écoulèrent dans un silence de mort, tandis que la Force s’accumulait, tourbillonnait étrangement autour du prisonnier, tandis que Maître Waray semblait chuchoter du bout des lèvres, mais sans qu’on entendît le son de sa voix. Le vieil homme était incapable de dire si ces phénomènes étaient la preuve de la difficulté à couper Lord Janos de la Force, ou bien la preuve que le Mur de Lumière fonctionnait. Puis, subitement, sous la dizaine de paires d’yeux présentes et toutes dissimulées, le phénomène s’évapora. Le nœud de Force se volatilisa comme balayé par un souffle invisible, et le silence parut plus profond encore, si cela était possible.

Krava chancela. Avant même que le vieil homme put y réagir, deux ombres étaient entrées dans le cercle d’un pas vif pour la rattraper avant qu’elle ne tombât. Ils l’aidèrent à tenir debout et la conduisirent vers une sortie de la pièce avec une telle célérité que le Jedi fut certain que ce n’était guère la première fois qu’une telle chose se produisait et qu’ils réalisaient cette tâche. Fruit d’un entraînement à cet évènement ? Ou bien Lord Janos n’avait pas été le premier à être séparé de la Force par les soins de Krava ? Le vieux Maître balaya ces questions, les reléguant à plus tard à la vue de deux autres ombres qui s’étaient emparées du prisonnier.

Il n’avait, ni dans la Force ni dans l’apparence, plus rien d’un Maître des Forges impérial. A vrai dire, il paraissait avoir vieilli d’une bonne dizaine d’années, mais peut-être était-ce simplement la lueur des torches qui creusait d’ombre ses rides et ses cicatrices.

Saï Don fit un bref signe de tête aux ombres : leur tâche ici était terminée, il fallait se rendre à la destination suivante. Personne ne fit l’honneur au prisonnier de lui répondre, et il fut rapidement remis sur ses pieds qui le tenaient à peine et poussé vers la sortie. Le vieil homme les suivit de nouveau dans le dédale de couloirs et d’escaliers étroits. Ils aboutirent à l’air frais, sur le même plateau désertique qui était désormais baigné d’une aurore jaune et lumineuse. La lune jaune n’avait pas disparue, comme si elle avait, dans sa grandeur, le pouvoir de concurrencer l’astre lumineux du jour. C’était une belle planète, en quelque sorte, mais Saï doutait d’y revenir un jour.

Sur le plateau craquelé par la sécheresse, le vaisseau était revenu, la passerelle déjà ouverte, comme impatient qu’ils remontassent à bord. Il ne leur fallut qu’une poignée de minutes pour s’installer de la même manière qu’à l’aller, et laisser derrière eux des Ombres Jedi avec un signe de la main pour seul salut.

Le second voyage parut tout aussi long que le premier. La distance à couvrir était pourtant trois fois plus courte, mais ils ne pouvaient plus avoir le luxe d’utiliser les voies commerciales pour gagner du temps. Lors du premier voyage, ils avaient compté sur la soudaineté du voyage et la vitesse pour brouiller les pistes si jamais l’Empire ou quelqu’un d’autre avait décidé de pister l’étrange convoi. Cette fois, si quelqu’un avait pu par un subterfuge tenté de les suivre ou de les rejoindre, il faudrait les semer autrement. Ils traverseraient donc le chemin restant à l’aide de sauts en hyperespace successifs et non linéaires.
Ils en profitèrent pour se restaurer un peu. Comme les autres, leur prisonnier eut droit à sa ration – une pochette pleine d’un liquide protéiné visqueux à aspirer et qui lui fut bien gentiment tenu pendant que le nouvel homme tétait.

Une poignée d’heures plus tard, ils pénétraient dans une nouvelle atmosphère. Encore une fois, la stratégie avait changé : après la planète désertique isolée de tout, ils atterrissaient dans une zone au contraire densément peuplée et à la technologie très avancée. Ce détail avait son importance pour la mission qui était la leur : la deuxième étape de la réinvention de Janos était un acte chirurgical de haute voltige et il était hors de question qu’il fût bâclé. Parmi les meilleures relations des ombres Jedi capables de leur fournir un tel service se trouvaient une société Arkanienne qui, au contraire du MedCorps, n’aurait aucun scrupule à ne poser aucune question et supprimer tous les fichiers liés à ce projet. Une ombre y veillerait. L’ennui, c’était qu’il n’était plus question pour Lord Janos, maintenant qu’ils avaient réussi à le sortir de la République à y entrer de nouveau. Impossible donc de se rendre sur Arkania. Il avait donc fallu trouver un lieu de la bordure extérieure où les arkaniens viendraient à eux. Une planète où le matériel et les conditions d’hygiène et de sécurité seraient réunis, et où Arkania avait déjà bien des actifs.

C’était la planète sur laquelle ils venaient d’atterrir et dont ils se gardaient bien de prononcer le nom en présence du prisonnier. Grâce à leur matricule, ils obtinrent rapidement l’autorisation de se poser sur une plate-forme isolée sans passer par l’astroport, où il aurait fallu faire traverser la foule à l’ex-Sith, avec les risques que cela impliquait. En sautant cette étape, ils s’assuraient que Janos restât dans l’ignorance la plus totale.
Ils débarquèrent avec célérité, comme sur la planète précédente, mais cette fois dans le bruit incessant des navettes qui filaient au-dessus de leur tête, avant de s’engouffrer dans un immeuble aux immenses parois vitrées. Comme prévu, une équipe les attendait déjà, et le prisonnier fut hissé sur un brancard comme un homme blessé au bord de la mort.

Le vieil homme assista à la longue opération. Le prisonnier fut plongé dans un sommeil artificiel pour lui épargner la souffrance et s’assurer qu’il ne perturberait pas les opérations. La présence de Maître Don était bien sûr inutile au bon déroulement de l’opération, mais il voulait s’assurer que tout se déroulerait comme cela était prévu, et ce jusqu’à la fin. Même si le sommeil le tenaillait, il s’efforça donc de rester aux côtés des chirurgiens, en retrait pour ne pas les gêner. Un droïde qui réalisait des gestes d’une précision époustouflante dans le visage du prisonnier, par chance, énumérait les différents actes effectués de sorte que le Jedi put suivre l’ensemble du déroulement de l’opération ; pour ce qu’il en comprenait.
L’on pouvait résumer ainsi les actes chirurgicaux programmés : retrait des globes oculaires, nettoyage des cavités, installations de la technologie oculaire de remplacement, raccordement des nerfs oculaires et muscles faciaux, tests de fonctionnement et de connexion à la technologie réceptrice qui serait confiée aux Jedi, réparation du haut du visage, modifications faciales supplémentaires pour effacer toute similitude avec l’ancien visage.

Mais tout ne s’était pas exactement déroulé comme prévu. Lord Janos avait déjà subi des modifications cybernétiques qui avaient compliqué l’installation de leurs nouveaux gadgets. Les calibrages avaient duré beaucoup plus longtemps que prévu, et l’opération s’étira sur une journée entière, les laissant tous épuisés à une heure nocturne avancée, Jedi comme chirurgiens.

Mais le plus long fut le temps de rétablissement du prisonnier lui-même. Sédatifs après sédatifs pour lui épargner la douleur, il ne connut que de brefs instants de conscience relative. Plusieurs jours furent nécessaires pour s’assurer que l’opération avait réellement été un succès, et les Jedi commencèrent à être nerveux. Leur mission aurait dû être terminée entre 96h, et ils arrivaient presque au terme du 6ème jour. La décision fut donc prise d’accélérer les choses, et le prisonnier fut extrait de sa chambre de rétablissement sur un brancard et ramené à leur navette. Les ombres et Maître Don suivirent après s’être assurés que le marché conclu avec la société arkanienne serait clôturé selon les conditions initiales.

Enfin, la dernière étape.

Après un nouveau long voyage de constitué de sauts d’hyperespace et de longues sessions à traverser l’espace noir sans apercevoir rien d’autre autour d’eux, pénétrèrent-ils dans l’Espace Hutt. Une nouvelle course contre la montre s’enclencha pour remonter l’autoroute hutt puis la quitter dans un nouveau saut d’hyperespace…
Le périple prit fin sur Nal Hutta. Le choix était loin d’être arbitraire : Maître Don avait bien l’intention de mettre ces nouveaux yeux de l’Ordre là où ils seraient utiles. Malheureusement, Nar Shaddaa elle-même était à l’heure actuelle trop dangereuse… Mais ce n’était pas un problème. Le nouvel agent de l’Ordre y viendrait certainement de lui-même…

Il fut laissé dans une chambre miteuse en possession de ses nouveaux papiers d’identité, et de quelques doses de médicaments, au cas où les douleurs étaient encore trop violentes. Certainement, il se traînerait des effets secondaires pendant des années – maux de tête, vertiges, insomnies. Peut-être jusqu’à la fin de sa vie. Le suivi médical n’était pas vraiment ce à quoi ils avaient pensé en priorité.
La chambre fut payée pour six jours, au terme desquels le patron le mettrait certainement dehors. Mais d’ici là, le nouvel homme libre serait sûrement en mesure de se tenir debout et de se débrouiller tout seul.

Il valait mieux pour lui, car Maître Don ne pouvait rester plus longtemps, ni aucune des Ombres qui l’avaient accompagné.

Cette fois, il se réveillerait libre, et seul. Aussi libre et seul que l’on peut l’être quand on découvre un nouveau visage dans le miroir en face de soi.
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