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Aylin prenait soin de ne pas paraître de trop bonne humeur, ces dernier temps. Certes, la nouvelle comme quoi elle était la nouvelle Padawan de Luuna Shein s'était largement répandue à travers le Temple, et ce encore plus vite qu'un Hutt se jetant sur une danseuse, mais elle ne voulait pas attirer la jalousie par excès. Elle était très contente, se sentait beaucoup plus confiante. Mais trop le montrer pouvait gêner les autres Padawans du Temple, et l'arrogance n'avait pas sa place chez un Jedi. Elle en avait déjà fait les frais, beaucoup trop douloureusement. Il était donc inutile de réitérer ça.

L'enseignement de Luuna avait directement commencé, sans perdre de temps. Et même si aujourd'hui, la jeune fille avait quartier libre, elle n'en restait pas moins vigilante. Au cas où quelqu'un arrive avec un message de Luuna, ou encore qu'elle-même vienne et lui dise qu'elle devait faire un truc ou deux. En l'occurrence, elle avait une tâche assignée, alors elle espérait ne pas en avoir une autre.

Elle s'arrêta à un carrefour, dans les couloirs du Temple. Elle y avait passé des années et pourtant se perdait toujours, à certains endroits.

 « Bon, où c'est déjà ? Nan, par-là c'est la cantine. Là c'est le centre médical, alors. Oui, c'est ça. »

Elle s'engagea donc dans ce couloir, avant de faire demi-tour pour repartir dans le sens opposé. Quelle idiote ! Evidemment que c'était dans ce sens-là. Bon, maintenant, vous vous demandez sûrement pourquoi Aylin errait ainsi à travers les couloirs du Temple, à la recherche d'un truc. En vérité, elle n'était pas à la recherche d'un lieu en particulier. On lui avait juste dit – ce on étant bien sûr son Maître – qu'elle allait avoir un peu de travail particulier à faire. Il existait une petite fille, une Zeltronne aussi apparemment, très jeune, qui avait tendance à échapper un peu aux surveillances et qui faisait parfois quelques bêtises dans le Temple. C'était sûrement une initiée, débutante, novice etc. Une toute petite qui ne comprenait pas encore ce qu'elle faisait ici, sûrement. Apparemment, elle avait quelques difficultés de langages, aussi. Quel que soit son âge, ou ses aptitudes, Aylin devait la trouver. Et s'en occuper un peu.

Comment elle allait s'y prendre, elle n'en savait rien. Elle ne pouvait pas prendre le rôle d'un Maître, et lui enseigner les voies de la Force. Elle en serait incapable, même si elle l'avait voulu. Lui faire lire des holo-livres serait sûrement un peu trop difficile. A moins qu'elle ne lui apprenne à lire, tout simplement ? Fastidieux, mais ça pouvait se faire. Lui faire écouter de la musique ? Moui. Sûrement trop ludique au goût de son Maître, et donc à proscrire. Dommage. Bon, bon, réfléchissons. Lui faire découvrir un peu le Temple ? Nan, elle avait déjà du l'avoir, ça. Quoique... elle lui demanderait.

Elle vit soudainement un truc rouge qui lui bondissait dessus. Poussant un cri de surprise, Aylin recula par réflexe, faisant un bond. Elle s'en voulut aussitôt, car elle s'aperçut que le « truc » rouge était en fait une petite fille, Zeltronne. Bon, au moins, elle l'avait trouvée. Son cœur battait encore la chamade, mais elle essaya de se contrôler au maximum. Et finalement, elle essaya de parler à cette drôle de petite.

 « Salut ! Tu dois être Suie. Tu fais quoi, ma grande ? »

Malheureusement, ladite Suie ne semblait pas l'écouter. Que faisait-elle ? Aucune idée, vu qu'elle lui tournait le dos. Méfiante – s'attendant à une autre surprise – elle s'approcha un peu. Elle posa une main, doucement, sur l'épaule de la petite fille.

 « Eh, petite. Qu'est-ce que tu fais là, toute seule ? »
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[Pardon, vraiment pardon pour le temps que j’ai mis à répondre.]

Poilu n’était pas venu aujourd’hui. Cela arrivait de temps en temps. Ce n’était pas une disparation inquiétante comme pour Mad, ou son ami félin. Non, elle percevait toujours sa présence -quelque part dans un recoin de son esprit, comme un bouton qui ne gratte que quand on y pense. Mais cela faisait tout de même bizarre d’avoir une journée sans lui. Suie s’était habituée à jouer, descendre de son arbre, imiter la grosse bestiole et répéter ses mots avec un air bourru.

Peut-être pouvait-elle le faire, mais sans lui ? Descendre de l’arbre et regarder les autres, imiter leurs mots. Elle en apprendrait certainement des nouveaux. Est-ce que le Lieman serait fâché qu’elle ait joué sans lui ?

Hm. Probablement pas. Suie avait rarement vu Lieman fâché. Mais il avait de grosses crocs et de grandes griffes, alors mieux valait éviter quand même. Comme ça TCHAK TCHAK et plus de bras. Mais rien qu’en pensant à la scène elle la trouva ridicule. Lieman ne la blesserait jamais exprès, c’était comme Félin, s’il griffait c’était juste parce qu’il était fort et pas très habile (il avait eu du mal à monter à l’arbre) ! Du coup ; ça…

Oh un papillon !

Suie se pencha sur sa branche, les yeux écarquillés. Elle n’en avait jamais vu de cette couleur-là ! Ses ailes brillaient presque tant ils étaient bleus. Elle s’avança n peu, essayant de lui parler à travers la forêt, mais l’insecte l’ignora totalement et préféra s’envoler. Le cœur de Suie palpita de plus belle : l’insecte ne parlait pas à travers la forêt ? Est-ce qu’elle parlait autrement alors ? Est-ce qu’elle utilisait des sons comme Mad, ou…

La curiosité l’emporta sur tout le reste et elle partit à sa poursuite. Elle descendit son arbre la tête la première, en deux bonds et continua à s’aventurer dans les couloirs, suivant la courbe aléatoire du vol de sa cible. Cependant les chemins de la forêt de pierre étaient bondés de gens qu’elle ne connaissait pas, qui essayaient de lui parler dans leur langue de son, sans geste.

Suie décida de les éviter autant que faire se peut, et sauta sur une des colonnes bordant le parc pour grimper au plafond. Là il y avait des racines bizarres qui étaient chaudes sous les doigts, tout en gris, elle s’y accrocha et continua son exploration la tête en bas.
Ah. Elle avait perdu de vu le papillon. Où était-il ?

L’enfant se déplaça le plus vite possible, essayant de se rendre dans des endroits plus déserts : nul doute que l’insecte avait du trouver un endroit plus calme, moins dangereux. Mais impossible de retrouver sa trace. La petite fit la moue.

S’il avait répondu à la forêt…

Elle vit une deux-jambes aux poils jaunes errer un peu plus loin en amont. Suie se tapie dans un recoin d’ombre, les yeux fixés sur elle. La créature avança de deux bas, puis revint en arrière : des relents de confusion émanant d’elle. Elle reconnut ce comportement.
Une proie ! Cette chose agissait comme une proie. Suie n’avait pas vraiment faim, donc elle n’avait pas à chasser pour manger (de toute façon ici, personne ne chassait de ce qu’elle avait pu en voir : la nourriture arrivait toute seule et on la lui donnait). En revanche elle s’ennuyait et avait perdu le papillon. Elle pourrait peut-être jouer avec ?

Hm. La proie était plus grande et probablement plus forte qu’elle. Mais si elle ne mordait pas et ne sortait pas les griffes, alors cela devrait aller. Elle comprendrait que c’était pour jouer. Tout le monde comprenait quand c’était pour jouer.

Suie attendit donc que la proie se rapproche, et, sans prévenir, elle lui bondit sur le dos. La proie glapit : et recula aussitôt, réussissant à la faire tomber par terre par réflexe. Woa. Beau réflexe ! Elle était forte pour une proie. Suie ronronna de plaisir roula en boule et se remit en position de combat : dos rond, trois pattes au sol, une levée.

« Salut ! Tu dois être Suie. Tu fais quoi, ma grande ? »

Suie bougea latéralement sans quitter la proie des yeux. Elle semblait s’être remise de ses émotions.Mais elle ne semblait pas vouloir entrer dans son jeu. Pas très drôle. Elle essaya de déchiffrer les sons, sans particulièrement les comprendre. « Suis » ce mot revenait souvent ces derniers temps. Bon. Bah si elle ne voulait pas jouer, tant pis.

Suie repéra un éclat bleu du coin du regard et tourna la tête, le dos à la fille aux cheveux-jaunes. Erreur. La proie s’avança vers elle et en profita pour poser une main sur son épaule.

« Eh, petite. Qu'est-ce que tu fais là, toute seule ? »

Suie réagit au quart de tour et roula sur le dos en feulant bien fort. Non mais ! Cette fois pas question de refaire la même erreur, elle ne la lâcherait plus des yeux.
Et puisqu’elle l’avait touché, et bien…

Suie posa sa petite main sur l’épaule de Proie en guise de réponse. Peut-être un peu plus brutalement que prévu, mais pas très fort. Puis elle se carapata et sauta de nouveau jusqu’au plafond où elle s’accrocha aux racines grises. Qu’elle essaye donc de l’attraper maintenant !
C’était un jeu. Et elle était très forte à ce jeu là.
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