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Yaga Minor, date précise inconnue. Un mois après les événements de Dubrillion.


Il entendit, et sentit, les geôliers arriver avant de les voir. Rien d'étonnant à cela ; il avait, ses derniers jours, concentré ses sens autour de la Force, s’imprégnant des lieux. La cellule était petite, mais pas austère. Il avait même des sanitaires propres. A croire qu'ici, on accordait un certain confort aux Jedi et aux Sith qui allaient passer en jugement. Bon, ce n'était pas un palace, entendons-nous bien, mais il y avait pire. Le vaisseau républicain qui les avait amenés ici, notamment. Au moins, sur Yaga Minor, Emhyr avait le droit de se laver, se raser et de porter des vêtements propres. Même s'il s'agissait d'une tenue bleue sombre, avec un numéro de détenu sur le torse et le dos. Toutes ses affaires étaient consignées, apparemment, avec celles de la Sith.

Cette dernière était dans la cellule à côté de la sienne. Il avait noté ce détail dès leur arrivée, puisque ça l'avait étonné. S'ils l'avaient voulu, tous deux auraient pu sortir par la force et... nan, ils auraient été arrêté au bout d'un moment. Mais les dégâts causés seraient considérables, et il y aurait de nombreuses victimes. Néanmoins, Myir ne le souhaitait probablement pas, et Emhyr non plus. Ils étaient là pour leur jugement, et par conséquent, il ne servait à rien d'aggraver leur cas. La sentence serait sûrement radicalement exemplaire. Il regarda l'heure affichée à l'extérieur de sa cellule, dans le hall principal : 6:54. Dans six minutes, les gardiens viendraient lui ouvrir la porte pour qu'il aille prendre un petit-déjeuner frugal et se dégourdir un peu les jambes.

Par habitude, il étendit son esprit, sonda autant d'êtres qu'il le put, puis revint à lui et toucha la conscience de Myir. La Sith lui répondit doucement, comme d'habitude. Dès leur arrivée ici, ils avaient prit une petite habitude, une sorte de manie, qui les aidait à supporter les lieux : chaque soir, au moment de l'extinction des feux, leurs esprits se touchaient, se mêlaient, leur permettant la nuit de s'évader et de rester entre eux. Loin de tout. Chaque matin, le premier réveillé était Emhyr, et il appelait doucement son amour à se réveiller aussi. S'il y avait des Jedi ici pour s'en apercevoir, il n'en savait rien et personne n'avait fait quoique ce soit pour les stopper. De toute façon, ils étaient en prison. Ça ne pouvait pas être pire.

Vint l'heure de sortie. Un par un, les détenus sortaient de leurs cellules pour aller manger et boire un peu. Emhyr ayant compté le nombre de jours, il savait que c'était aujourd'hui. Ils allaient au tribunal dès la fin du petit-déjeuner. En sortant, il croisa le regard de la Twi'lek.

Aujourd'hui.

Pas besoin de paroles, ils s'étaient parfaitement compris. Leurs gardiens les firent descendre à l'écart des autres, comme à l'accoutumée, et envisagèrent de les placer à l'opposé l'un de l'autre, comme d'ordinaire également. Des mesures de précaution louables. Mais aujourd'hui, Emhyr ne voulait pas de ça. Il voulait profiter d'un dernier repas, d'un dernier moment, où il serait seul avec Myir. Si ce devait être le dernier. Au moment où les gardiens allaient les séparer, il s'arrêta et se tourna vers eux.

 « S'il vous plaît. Notre jugement est pour aujourd'hui. »

 « Et ? »

La voix d'Emhyr resta calme. Son esprit et son cœur l'étaient moins.

 « C'est la dernière fois que je peux avoir l'occasion de passer un moment, seul, avec elle. Que nous avons cette possibilité d'être ensemble. Laissez-nous manger ensemble, à l'écart. S'il vous plaît. »

Le gardien auquel il s'était adressé n'était visiblement pas d'accord, mais l'un de ses collègues intervint.

 « Laisse-les. Ils ont bien le droit à un peu d'intimité pour une fois. C'est leur dernier jour. »

Quelques minutes plus tard, Emhyr et Myir mangeaient côte à côté, à l'écart des autres prisonniers. Leurs esprits se touchaient encore. C'était une sensation extrêmement bizarre, mais qui n'était pas forcément désagréable. Ils restaient ensemble ainsi, sans rien dire. Le petit-déjeuner n'était pas spécialement bon, mais ce n'était pas l'important.

L'important, c'était eux deux. Ensemble.

Il lui prit la main. Puis, sans vraiment s'en rendre compte, ils se mirent à s'embrasser, se foutant complètement du reste. Les gardiens se mirent à gigoter, nerveusement, ne sachant pas quoi faire. Aucune importance, encore une fois.

 « Quoiqu'il arrive, n'oublie pas : je t'aime. » dit simplement Emhyr.
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Le temps avait passé. Ils avaient été trimballés d’une cellule à une autre, d’un centre de détention à un autre. Myir ne voyait guère la différence. Une geôle était une geôle, qu’elle fut impériale ou républicaine, sauf que dans l’Empire, l’on aurait mis fin à ses souffrances depuis longtemps. Ici, on vous travaillait dans le temps. Du temps pour qu’on définisse de quoi vous accuser, puis du temps pour vous juger, et enfin du temps pour purger votre peine. La République était comme un sarlacc qui vous digérait jusqu’à la fin de votre vie, et même au-delà.

Même ces mornes pensées ne l’avaient pas animée d’une colère ou d’un désir de justice. Elle restait le regard morne, le cœur vide, dans l’incapacité même de mettre des mots sur ses émotions.
Les premières nuits, voire même les premiers jours, elle avait dormi comme une souche, comme si seul le sommeil était un refuge acceptable. Mais peu à peu, son corps lui refusait cette facilité, et les dernières nuits, il lui était impossible de fermer l’œil pendant de longues heures. En avaient résulté de longues ombres sombres sous ses yeux bleu océan, et une mine qui n’engageait pas spécialement la conversation. Tant mieux, elle n’était pas vraiment d’humeur à supporter les tentatives de contact verbal voire physique dont certains détenus la gratifiaient parfois. Cependant, la nouvelle s’était vite répandue : la Twi’lek était déjà maquée avec l’humain dont on disait qu’il était puissant dans la Force.
Et voilà, comme ça, on les avait laissés tranquilles pendant les repas et pendant leurs rares heures de promenade.

Et le jour du jugement était finalement arrivé. Myir aurait aimé vouloir dire à Emhyr qu’elle ressentait nervosité, excitation ou angoisse, mais rien de tout cela ne se produisait en elle. L’évènement la laissait d’une indifférence de marbre, comme si elle n’arrivait pas à s’intéresser à son propre sort. Elle aurait bien aimé pouvoir ressentir quelque chose, histoire de se sentir vivante, mais c’était comme si son corps n’avait plus d’énergie pour s’offrir le luxe d’une émotion, même embryonnaire. La seule chose qui la ferait entrer dans ce tribunal, ce serait Emhyr, et la perspective qu’il se sortirait peut-être de là libre, lui, au moins.

En croisant ses yeux, en sentant ses lèvres sur les siennes, c’était ce à quoi elle pensait. Ce à quoi elle s’astreignait à croire, pour tenir le choc. Et après cette étreinte, qui représenterait certainement leur dernier échange de douceur avant bien longtemps, peut-être avant toujours, ils se séparèrent pour se rendre au tribunal.
Ou plutôt, on les emmena, menottés et lourdement gardés, dans un transport sécurisé dépourvu de toute ouverture. C’était peut-être mieux ainsi : Yaga Minor ne s’étalait pas sous ses yeux, ne lui rappelait pas le jour de tendresse qu’ils avaient passés ici tous les deux. L’éclosion de leur amour, leur parenthèse enchantée.
Puis la navette se posa quelque part, et de nouveau on les emmena dans un dédale de couloirs, pour aboutir finalement dans une grande salle rectangulaire et vivement éclairés de spots blancs qui éblouirent la Twi’lek le temps qu’on l’installât sur une chaise métallique et glacée. Elle releva le menton et carra les épaules, plus par habitude que par réel courage d’affronter la situation.

Emhyr et elle ainsi que leur trio de gardes armés étaient séparés du reste de la salle par un champ d’énergie qui vrombissait d’un crépitement léger. Et au-delà, une sorte d’amphithéâtre accueillait des dizaines de personnes toutes inconnues de Myir, qui se demandait quel intérêt précis elle avait là. A une table plus élevée que les autres, des humains en combinaison d’un bleu vif avec un symbole clair sur le torse devaient être les juges qui mèneraient le procès. Et devant eux, leur tournant le dos, une femme assez âgée, vêtue d’une robe couleur moutarde et d’une collerette blanche faisait face à l’assemblée. La Twi’lek devina que ce devait être là l’avocat dont on leur avait dit qu’elle leur avait été commise d’office. Il fallait dire que ni Myir ni Emhyr n’avait eu le temps ni la capacité de faire appel à un professionnel qui saurait véritablement les défendre. Cela ne jouerait pas en leur faveur, mais les fais restaient les faits, et la Twi’lek ne comptait de toute façon pas être acquittée.

Le procès commença rapidement : apparemment ils étaient les derniers à être arrivés et seraient les premiers repartis, étant donné leur dangerosité. Le juge énonça la longue liste des délits retenus contre eux. La plupart étaient émis au titre de la société pour laquelle ils avaient travaillé ou par le gouvernement de Yaga Minor à cause de leurs fausses identités… Mais il y avait également quelques chefs d’accusation émis à titre personnel.

- Madame Firnia Alkes est appelée à la barre pour témoigner.

La voix du juge avait retenti avec fermeté après avoir déclaré la séance ouverte. Et Myir vit apparaître Firnia, bouche ouverte comme si jamais elle n’avait pu s’attendre à revoir vivante l’humaine qui lui avait causé tant de soucis quelques mois plus tôt.

J’aurais dû la tuer.

C’était la seule constatation qui lui venait à l’esprit. Non une rumination chargée de haine ou de désespoir, mais le constat simple du grain de sable qui avait échoué ses mécanismes pourtant bien huilés. Renoncer à tuer Firnia avait été le premier vrai pas qu’elle avait fait pour s’éloigner de l’Empire, car sa fidélité à l’Impératrice aurait voulu qu’elle ne laissât aucun témoin de ce genre.

- … tenté de me tuer ! Comme vous pouvez le voir dans le rapport médical, car j’ai pensé à demander une expertise au plus tôt…

Myir retourna dans cet état second qui était le sien depuis des jours. Que lui importait, finalement, de ce dont on l’accusait ? Le résultat serait le même. Alors, pendant que Firnia continuait à s’exprimer, mimant la terreur et la colère tour à tour, la Twi’lek, elle, se tourna vers Emhyr.

- Je t’aime aussi, lui dit-elle brusquement, comme si elle venait de s’en souvenir. N’oublie pas non plus.


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Etrangement, Emhyr n'était ni confiant ni particulièrement désespéré après leur première session. En fait, tout s'était déroulé mieux qu'il ne l'avait espéré. Certes, l'apparition de Firnia n'avait pas été sans provoquer des craintes chez lui, mais Myir avait su – sûrement sans le vouloir – lui remonter le moral. Et si au début, Emhyr avait douté des compétences de leur avocat commise d'office, tous ses doutes s'étaient dissipés à la minute même où elle – c'était une humaine – s'était mise à parler. D'entrée, elle avait recadré les débats sur ce qui importait vraiment : l'affaire sur Yaga Minor, avec les trois chefs d'accusation principaux. Tout ce qui avait été ajouté autour ne concernait pas leur arrestation, et par conséquent, n'avait pas lieu d'être dans ce tribunal. Une lueur d'espoir s'était alors allumée dans l'esprit d'Emhyr.

Ils étaient donc dans une salle à part, les deux utilisateurs de la Force possédant encore leurs menottes et leurs tenues de prisonniers. Par instinct, tous deux se tenaient presque collés l'un à l'autre, tandis que de l'autre côté de la table, leur avocate faisait les cents pas en réfléchissant à voix haute.

 « ...ne peuvent pas se contenter de vous remettre en prison, de toute façon. Ce serait faire un exemple un peu trop... rapide. Et puis, pour une fois qu'ils tiennent une Sith et un ex-Jedi entre leurs mains, ils vont s'attarder sur vos cas. Le but sera évidemment de vous donner une peine aussi longue que puissante, question impact médiatique. Après tout, votre procès n'a pas l'air, au premier abord, de quelque chose d'extraordinaire, et pourtant... d'ici quelques jours, on en parlera jusqu'à Coruscant ! Non pas que ce soit spécialement une bonne nouvelle. »

Emhyr l'observait en essayant de la sonder doucement avec la Force. Il avait remarqué, dès le départ, la présence des quatre Jedi dans le tribunal. Histoire de pouvoir les arrêter en cas de problèmes. C'était largement suffisant, si on considérait le fait que Myir ne se battrait pas, par manque d'envie, et que lui refuserait de risquer aussi stupidement sa vie. Mais tout ce qu'il découvrait sur cette femme, c'était une solide détermination. Il hésitait à l'interrompre, tant elle avait l'air passionnée et à fond dans son boulot.

A vrai dire, ce n'était pas étonnant. Quand Emhyr lui avait demandé pourquoi elle se sentait si enthousiaste après avoir recadré l'assemblée, elle lui avait répondu que c'était sa première affaire de ce genre ; autrement dit, l'affaire de sa vie. Un mince sourire étira les lèvres du Jedi gris.

 « Qu'y a-t-il de si drôle, monsieur Zaknafein ? »

 « Rien, rien. Je trouve juste que vous vous donnez beaucoup de mal. Vous avez l'air de croire que l'on peut être... acquittés. »

L'avocate les observa un moment, tous les deux, avant de répondre. D'un air tout de même assez grave.

 « Je vais être honnête : ce sera difficile, très difficile. On retient contre vous des charges lourdes, et jusqu'à preuve du contraire, fondées. J'ai plusieurs idées, pour vous tirer d'affaire, mais s'il le faut, je me contenterais d'alléger vos peines. Inutile d'aggraver votre cas en voulant obtenir trop de pardon. Qui plus est, l'assemblée a une pression sur ses épaules : vous avez travaillé avec l'Empire, vous. Quant à vous, madame Zaknafein... »

Emhyr tiqua, par réflexe.

 « Alshain. Désolé. Nous... nous ne sommes pas mariés. »

 « Oh, désolée ! Je disais donc : vous, mademoiselle Alshain, vous avez une situation encore plus difficile que votre compagnon. Vous avez librement embrassé la cause de l'Empire. Même si l'assemblée n'a pas besoin de le savoir. Tout ce qu'elle a besoin de savoir, c'est que vous avez été contraints et forcés d'agir. Nous allons jouer sur ça pour votre défense. Et avec de la chance, et un peu de talent, ça passera. Ça vous va ? »

Les amants se consultèrent du regard. Ce fut Emhyr qui répondit.

 « Ça nous va. Que pouvez-vous, ou voulez-vous, obtenir comme peines ? »

 « Le mieux serait l'acquittement, évidemment. Je doute réussir à l'obtenir. Si je parviens à intégrer les Jedi dans l'affaire, je peux peut-être vous obtenir quelque chose comme une détention provisoire chez eux. Mais si on doit se contenter de peines locales... dix ans avec sursis, dont six mois ferme, serait une bonne solution. »

Le coupla digéra cette information lentement. Myir ne réagissait pas. Elle s’en fichait peut-être ? Ou alors elle était restée dans l'idée que lui devait s'en tirer, mais qu'elle n'y avait pas le droit. Il comptait bien remédier à ça. Il ne supporterait pas d'être libre tout en la sachant elle en prison.

Elle eut alors un mouvement. Il le sentit physiquement, mais sentit aussi autre chose dans la Force. Impossible...

Il se retourna, pour voir une jeune Togruta en robe de Jedi entrer dans la pièce et venir se joindre à leur avocate.

 « Ah, vous voilà, Lyanna ! Je crois que vous connaissez déjà monsieur Zaknafein. Voici sa compagne, Myir Alshain. Mes chers clients, je vous présente la personne qui m'aidera à obtenir la meilleure solution à notre dilemme juridique. »

Lyanna sourit à Myir, avant de tourner un visage grave vers lui. Il resta scotché sur son siège, incapable de bouger. Son ancienne Padawan. Elle semblait être devenue une Jedi, désormais. Il ne s'était pas attendu à la revoir un jour. Le pire, ce n'était pas sa présence. C'était la lueur de prudence dans ses yeux. Comme si elle savait que dans l'histoire, ce n'était pas tant Myir qui avait tout chamboulé, mais lui. Par ses actes contradictoires et dangereux.

 « Bonjour, Emhyr. Tu as l'air d'avoir vu un fantôme. »

Un coup de coude de Myir le tira de sa torpeur. Etait-ce une lueur d'amusement qu'il venait de voir dans les yeux de la Twi'lek ? D'espoir ? Il aurait dit impossible, vu son état cinq minutes auparavant, et pourtant...

Mais était-ce réellement impossible, maintenant que son ancienne Padawan était là, elle aussi ?
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Madame Zaknafein.

L’expression tira la Twi’lek de ses songes. Pour la première fois depuis la fin de la Guerrière Alshain, une étiquette plausible lui était donnée. C’était étrange. Myir ne pouvait pas dire qu’elle l’appréciait. Non pas qu’elle n’aimât pas Emhyr, bien au contraire, mais devenir une Madame Quelqu’un, une épouse, une personne qui n’avait une identité que grâce à quelqu’un d’autre, apparaissait soudain comme une voie de résignation. Mais c’était une voie malgré tout, et peut-être devrait-elle s’y faire.

Les yeux éteints de Myir rencontrèrent le regard droit et étincelant de l’avocate. Au premier abord, elle n’avait pas remarqué la volonté de fer de la femme qui devait de les défendre, et s’en rendre compte était étonnant : que diable dirait-elle pour les défendre ? La Twi’lek se savait coupable, se sentait coupable. Espérer sans sortir n’était que pure folie. Pourtant, la Twi’lek acquiesça, sans y croire.

Nous sommes en guerre, songeait-elle, au mieux, nous serons jugés comme de faibles collaborateurs appâtés par un quelconque bénéfice… Et au pire, nous serons jugés comme des traîtres, conscients et volontaires de nos actes.

Mais l’avocate avait raison. Plus on minimiserait leur conscience de tout ceci, plus ils passeraient pour des imbéciles, et moins on les chargerait. Mais on les chargerait quand même, et Myir ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle le méritait.

Une togruta fit son apparition, en bure de Jedi, et Emhyr s’anima soudain. La Twi’lek suivit la nouvelle arrivante du regard, intriguée. Elle n’avait jamais vu cette femme. L’avait-elle croisée au Temple sans lui adresser aucune attention ? C’était probable. La togruta était jeune, peut-être n’était-elle qu’une enfant quand Myir était encore au Temple Jedi. Etrangement, la dénommée Lyanna lui sourit, mais la Twi’lek était incapable de lui rendre cette amabilité. Elle se contenta de lui adresser un mouvement de tête en guise de salut courtois. Puis la jeune femme s’intéressa à Emhyr qui…

… attendait de gober une mouche, probablement. Myir le réveilla d’un coup de coude réprobateur.

- Lyanna a accepté de nous rejoindre pour se porter garante de la bonne volonté de Monsieur Zaknafein, expliqua l’avocate sur un ton enjoué. Elle témoignera sur la nature des personnes que vous représentez, et m’aidera à convaincre l’audience que vous remettre aux mains des Jedi sera le choix le plus bénéfique, afin que vous serviez, par exemple, dans un corps Jedi en guise de pénitence, par exemple.

Myir fit la moue, même si elle savait que c’était un sort enviable au regard de ce qu’elle avait commis. Pourtant, elle avait du mal à croire que les Jedi en arrivassent là. Peut-être pour Emhyr, oui… Mais pour elle ? Ils auraient peur d’une seconde trahison. A leur place, elle ne se serait jamais faire confiance.

Dans la salle d’audience, Firnia avait terminé son intervention. Un avocat discourait sur les torts causés par le duo à l’entreprise qui les avait embauchés sous de fausses identités, espérant tirer quelques dédommagements financiers, certainement, de cette affaire publique. Il mit en avant la volonté de la firme de mettre à disposition tous ses fichiers les concernant pour faciliter l’enquête… Ses arguments se perdirent dans l’esprit brumeux de la Twi’lek. Elle avait hâte que tout ceci fût terminé.

Enfin, la parole fut de nouveau donnée à leur avocate, qui appela Lyanna à témoigner. Celle-ci, sans l’ombre d’une hésitation, se dirigea vers la petite plate-forme qui ressemblait à une cage en métal surélevée, pour s’exprimer en étant entendue de tous.
Elle discourut admirablement sur la responsabilité des Jedi due aux pouvoirs dont ils étaient capables, et par extension, sur la responsabilité de tout utilisateur de la Force. Elle souligna les efforts de son Ordre pour éviter que des brebis égarées n’aillent alimenter les rangs de systèmes obscurs tels que celui de l’Empire, et s’apitoya du tort causé par ces individus lorsque cela arrivait, proférant une nouvelle fois la volonté de l’Ordre de réparer ces torts dans lesquels il se sentant investi. Elle termina son allocution par quelque bref récit de sa relation à Emhyr, son ancien maître dans l’Ordre, et ses qualités tellement humaines.
Ce fut une des rares surprises agréables que Myir eut à vivre à cette période : elle découvrait le passé de son amant dans la bouche d’une autre personne, et était quelque peu rassurée de constater qu’elle n’avait pas inventé la noblesse d’âme de laquelle elle s’était entichée.

Malgré la belle intervention de Lyanna, à laquelle surenchérit l’avocate, des voix s’élevèrent, exigeant que le système judiciaire de Yaga Minor prit quelques mesures à l’encontre de deux prévenus, et le débat se poursuivit, animé. Finalement, l’avocate obtint que le temps d’emprisonnement ferme fût réduit à 6 mois pour Emhyr, et 12 mois pour Myir, période durant laquelle les deux prisonniers seraient mis à libre disposition des Jedi et de l’Armée républicaine en vue de collaborer dans leur guerre contre l’Empire. Ainsi une partie de leur détention pourrait se faire chez les Jedi lorsque ceux-ci l’exigeraient. Ils pouvaient ainsi entrevoir des possibilités de réduire leur peine grâce aux Jedi si ceux-ci certifiaient que les deux prisonniers collaboraient efficacement, et se tenir garant de leur comportement pour décider de leur libération conditionnelle au terme de leur période de détention ferme. Malheureusement, ils n’obtinrent pas la garantie qu’aucune autre condamnation ne pouvait se cumuler si la République ou si l’Ordre Jedi requéraient contre eux une peine supplémentaire.

L’audience prit fin, et tous deux surent qu’ils n’avaient plus que quelques minutes pour échanger avec l’avocate et Lyanna avant qu’ils fussent renvoyés dans leur cellule. La togruta se hâta de revenir leur dire un mot.

- Je suis désolée de n’avoir pu faire plus que cela,
leur dit-elle, et elle avait l’air sincèrement peinée, ce que Myir ne comprenait pas. N’était-elle pas sensée se méfier d’elle ? Etait-ce de la naïveté ? Emhyr, je vais parler au Conseil, lui promit la Togruta, faire en sorte qu’ils vous viennent en aide à tous deux.
- Je doute qu’il se montre clément, répondit Myir, amère. Ils pourraient alourdir encore notre peine.
- Pas s’ils sont convaincus de votre bonne volonté ! s’exclama Lyanna, et Myir leva les yeux au ciel.

C’était bien ça, une belle brebis naïve. La Twi’lek se reprit toutefois, ne désirant pas à cet instant se fâcher avec son compagnon qui devait profiter de quelques minutes supplémentaires en compagnie de son ancienne padawan… Quel genre de maître avait-il été ? Se demanda-t-elle soudain. Si leur destin respectif ne les avait pas écartés de l’Ordre, et qu’ils s’étaient rencontrés sur Ondéron… Se seraient-ils aimés ainsi ?
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Ils passèrent quelques minutes à discuter, le plus naturellement du monde. Emhyr se félicita intérieurement de ce moment de calme qui leur était accordé. Il avait l'occasion d'observer le visage familier, et pourtant si étranger, de son ancienne Padawan. Elle avait grandi, en si peu de temps, et mûri. Il détectait chez elle une confiance absolue en ses propres capacités, ainsi qu'une foi inébranlable lorsqu'elle évoquait le Conseil Jedi. Il n'avait pas le cœur à lui rappeler qu'il était mal vu par l'Ordre, et que ce dernier le lui rendrait bien en n'acceptant sûrement pas de plaider en sa faveur. Bon, peut-être, par miracle, pourrait-il obtenir le soutien d'Alyria Von... mais ça ne suffirait pas.

Il n'y avait pas grand chose à dire, bien sur. Lyanna se sentait désolée de n'avoir su faire plus, Emhyr n'avait pas beaucoup de choses à dire hormis de s'assurer qu'elle allait bien... quant à Myir, elle se murait dans le silence, ce qu'il comprenait. Il ne s'était pas attendu à ressentir autant de... rien ? Il ne ressentait rien, en fait, par rapport à sa condamnation. Un simple vide. Etait-ce parce qu'il savait qu'il n'échapperait pas, de toute façon, à une peine ? Et par conséquent, il n'avait rien faire de ce qui pouvait tomber ? Hmm, non, ce ne devait pas être ça. Il regarda les autres Jedi présents dans la salle qui se concertèrent du regard. Il y eut une très légère fluctuation dans la Force, et ils se mirent à bouger. Pour venir vers eux, sans doute.

Leur instant de paix prenait fin. Lyanna le sentit, et elle alla trouver l'avocate. Cette dernière n'avait encore rien dit. Elle fouillait dans ses dossiers, espérant sans doute trouver quelque chose qui sauverait le duo ; mais c'était peine perdu. Rien n'était recevable, en l'état. Personne dans la pièce, ou parmi les personnes qui avaient assisté à la séance, ne le contredirait. Il était trop tard pour espérer un miracle de la sorte. Tout comme une évasion héroïque, comme dans les holofilms, était impossible. Ils ne feraient pas cinq mètres. Et son ancienne Padawan l'arrêterait probablement : il ne voulait pas lui infliger ça.

Les Jedi se rapprochaient encore. L'avocate se tourna finalement vers eux, un air affligé sur le visage.

 « Je... je suis navrée de n'avoir rien pu faire de plus. J'ose espérer que vous ne m'en tiendrez pas rigueur. »

Emhyr se contenta de lui adresser un sourire, en toute réponse. La situation se passait de mots. Il était déjà reconnaissant à cette femme de s'être jetée dans l'affaire avec autant d'ardeur, et d'avoir ainsi réduit leurs peines. C'était un cas unique, qui ferait sans doute la une des holos pendant une semaine, mais tant pis. Au moins, il allait certainement avoir un peu d'intimité. Un peu de calme. Surtout que... une minute. Emhyr jeta un coup d’œil de chaque côté de la salle. Celle-ci se vidait rapidement, désormais. Si ça continuait, il ne resterait que des Jedi. Lyanna sortit de la salle, s'excusant qu'elle devait repartir.

Il jeta un coup d’œil à Myir ; elle avait sans doute elle aussi remarqué qu'un truc clochait. Enfin, les Jedi arrivèrent devant eux, signe silencieux mais clair : il était temps de partir. Le duo se leva de concert, et on les escorta. Ils sortirent de la salle, entourés par les Jedi : deux devant, trois derrière. Et le sixième... avait disparu. Bon, pas de doute, il y avait un truc à l’œuvre, là. Complètement fou, mais était-ce possible ? Les Jedi étaient-ils en train de contourner sournoisement la loi pour les emmener directement avec eux ?

Il envoya une onde mentale vers Myir, avec la Force, en espérant que les autres n'y prêtent pas trop attention.

Sois sur tes gardes.

Il n'était pas le genre des Jedi de simuler une embuscade pour les éliminer. Mais peut-être pouvaient-ils simuler quelque chose qui ferait qu'ils pourraient les emmener plus facilement et plus discrètement ? Hmm, c'était bien dans leur genre un peu hypocrite et sournois. Mais que ferait-il lui ? Et Myir ? Son cœur désirait ardemment se battre avec elle, ensemble, pour défendre leurs vies. Mais la raison voulait laisser les Jedi les emmener. Sur Ondéron, au moins, ils auraient une planète agréable et un certain confort. Ainsi qu'une certaine quiétude.

Mais tout pouvait très vite arriver. Ils approchaient de la sortie du tribunal.
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Tandis que la Twi’lek regardait ailleurs, seul moyen de laisser à Emhyr et Lyanna un vague sentiment d’intimité qui leur appartiendrait, elle remarqua les six Jedi groupés. Autour d’eux, la salle se vidait de ses occupants, mais eux bien sûr, devraient veiller sur les deux condamnés pour les escorter. Myir ressentit un bref soulagement : aucun de leur visage ne lui était familier. Ce qui ne signifiait pas qu’ils s’étaient jamais croisé, mais elle aurait été particulièrement meurtrie d’avoir à faire face à l’un de ses anciens camarades, qu’il fut ou non amical. Elle ne voulait voir dans leurs yeux ni le mépris d’un ancien rival, ni la tristesse d’un vieil ami déçu.
Ce fut alors qu’elle réalisa : jamais elle ne pourrait supporter tel sentiment. Elle serait prise d’un accès de violence, elle commettrait l’irréparable : elle s’attaquerait à eux, et le Conseil la condamnerait pour toujours. Que feraient-ils alors ? Certains récits évoquaient des Sith que l’on observait à vie, ou pire, que l’on coupait définitivement de la Force.
La Force, son alliée de toujours. Elle ne le leur pardonnerait pas non plus, elle le savait.

Bref, brusquement, elle savait qu’elle ne pouvait pas rentrer sur Ondéron. Mais de toute façon, ils allaient retourner à la prison de Yaga Minor, n’est-ce pas ? On les préviendrait s’ils allaient sur Ondéron… Et alors ils auraient le temps de réfléchir à éviter l’épreuve. A moins qu’ils ne sachent pas. Ou qu’ils ne parviennent pas à se débarrasser de l’Ordre. Myir jeta un regard fuyant à son compagnon, qui échangeait maintenant avec leur avocate prenant congé d’eux. Serait-il fâché de constater qu’elle était incapable d’affronter son propre passé ? Comment faisait-il, lui, pour revoir une ancienne padawan après avoir quitté l’Ordre ? C’était certainement différent. Il ne les avait pas trahis.
L’angoisse se fit plus intense lorsque la salle fut enfin vide. Les six Jedi les encadrèrent et le champ d’énergie fut désactivé pour que les prisonniers pussent sortir à leur tour. Dès qu’ils eurent quitté la salle, un autre Jedi se volatilisa, les laissant avec une escorte de cinq chevaliers. La Twi’lek perçut le regard d’Emhyr qu’elle lui rendit inquiet.

Alors, soudain, tous ses instincts de guerrière furent ravivés : l’adrénaline augmenta rapidement la pulsation de son cœur tandis que ses yeux détaillèrent l’escorte : deux chevaliers expérimentés vu leur âge et leur concentration, deux jeunes promus au pied léger qui, avec un peu de chance, n’étaient pas des bretteurs expérimentés. Le dernier Jedi, une togruta de haute stature, était la seule inévaluable : Myir ne parvenait pas à lui donner un âge, et son visage restait de marbre. Myir serra les dents, à la recherche d’une stratégie.
D’abord, leurs poings étaient liés, mais un sabre laser pourrait trancher ces menottes sans problème. Ensuite, il leur faudrait des armes pour se défendre. Et alors… Avaient-ils une chance à deux contre cinq ? Seule la surprise pouvait les aider.

Au bout d’un long couloir, le groupe s’engouffra dans un escalier d’un pas rapide : les Jedi accéléraient l’allure. Que faisaient-ils ? Allaient-ils vraiment…

Myir n’eut pas le temps de pousser la réflexion plus loin : ils entendirent tous des clameurs, des cris qui rappelèrent à la Twi’lek le champ de bataille et les soldats agonisant. Pourtant, ce n’était rien de tel : en passant devant une longue fenêtre, elle aperçut une foule animée devant le tribunal. Une émeute ? Que se passait-il ?

- Des individus cagoulés armés de grenade se sont introduits par la porte principale, fit une voix dans un comlink, à la ceinture de la Togruta qui détacha l’appareil l’instant suivant avant de le porter à ses lèvres.
- Ne vous inquiétez pas, nous avons déjà changé d’itinéraire, informa-t-elle sur un ton professionnel. Les prisonniers ne se rendront pas à la navette prévue. Affrétez-en une autre et donnez-nous le quai correspondant.
- Compris.
- Est-ce que… Ces gens sont-ils là pour nous ? Manifestent-ils contre nous ? osa demander Myir, mais elle essuya des regards indifférents de la part des Jedi.

Pourtant, lorsqu’ils parvinrent à un étage face à un ascenseur qu’ils durent attendre, la Togruta daigna lui répondre.

- Ils demandent justice. Croyez-moi, il vaut mieux pour vous que vous ne soyez pas à leur merci, dit-elle, sans l’ombre d’une véritable empathie.

De nouveaux bruits leur parvinrent, beaucoup plus poches cette fois : cela venait du bas de l’escalier qu’ils venaient d’emprunter. Les Jedi échangèrent des regards : les plus jeunes n’adoptaient plus du tout l’air confiant qu’ils avaient quelques minutes plus tôt à peine. Myir prit soin d’afficher une angoisse joliment feinte.

- Ils… Ils vont nous atteindre ? demanda-t-elle.
- Chevaliers Kriss et Merk, restez postés ici, fit la Togruta sans faire attention à elle.

L’un des jeunes humains et un comparse plus âgé se postèrent devant l’ascenseur, pendant que les trois autres s’engouffraient dans l’appareil. Aussitôt les portes refermées, celui-ci s’éleva.

C’était maintenant ou jamais. Myir échangea un regard avec Emhyr : il était chargé d’une détermination désolée. Elle espérait qu’il comprendrait son geste. De toute façon, si elle ne voulait pas que les Jedi prédisent son action via la Force, il fallait qu’elle agît très vite, presque sans préméditation. C’était leur seule chance. D’un geste du menton, elle lui désigna le plus âgé des Jedi humanoïdes restants. Message : tu t’occupes de lui.
La Twi’lek rassembla la Force autour d’elle puis, aussi rapidement que possible leva les bras pour les passer autour du cou de la Togruta. Elle ramena ses poignets vers elle pour l’étrangler à l’aide de ses menottes. Aussitôt, les deux autres Jedi firent volte-face pour lui venir en aide, mais Emhyr passa à l’action. Le plus jeune et inexpérimenté afficha un air ébahi et désespéré. Une poignée de secondes seulement, mais c’était suffisant pour que les deux prisonniers prennent le contrôle de la situation.

- Donne-moi ton arme ! fit-elle sèchement au Jedi certainement fraîchement promu Chevalier. Sinon, je la tue.

Et elle resserra son étreinte autour du cou de la Togruta, usant du pouvoir d’étouffement pour empêcher la Jedi de se mouvoir comme elle l’aurait souhaité. L’alien parvint néanmoins à porter les doigts à son sabre. Pour l’empêcher de le dégainer, Myir se projeta avec elle contre la paroi de l’ascenseur et l’autre Jedi fait prisonnier.

- Ne fais pas l’idiote, grogna-t-elle en ignorant la douleur qui irradiait dans ses côtes, l’endroit est trop exigu, tu vas embrocher tes compagnons.

Cependant, elle montrait plus d’assurance qu’elle n’en ressentait réellement. Si le Jedi se reprenait rapidement, ils pourraient être maîtrisés…
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La subtilité ? Dans ce genre de cas, Emhyr n'en avait rien à faire. Au diable toutes ces foutues règles et autres codes de bienséance. Ils étaient prisonniers, lui-même ne souhaitait pas être séparé de sa compagne, et celle-ci passait à l'action pour leur permettre de s'échapper. Sur l'instant, il ne lui vint pas à l'esprit qu'ils allaient devoir s'échapper d'un tribunal et réussir à quitter une planète totalement hostile à leur encontre. Non, sur le moment, il chargea comme un reek, et assomma sur le coup son adversaire. Ne restait alors que le plus inexpérimenté des Jedi, lequel se rendit facilement. La Togruta, en revanche...

Elle l'observa, d'un air où se lisait une haine soigneusement contrôlée. Elle ne cèderait pas à ses émotions, mais n'en ressentait pas moins beaucoup de mépris à son égard.

 « Le Côté Obscur et cette Sith vous ont corrompu, Zaknafein. On n'aurait jamais du vous laisser en vie. »

 « C'est en faisant des erreurs qu'on apprends. Maintenant, si vous permettez... »

D'un coup sec et puissant, il éclata le nez du jeune Jedi, lequel s'effondra au sol. Myir resserra sa pression, suffisamment pour forcer la Togruta à s'évanouir et leur laisser du temps. Bien, parfait, formidable ! Ils étaient désormais des fugitifs, et dans une merde encore plus importante que dix minutes auparavant. D'ailleurs, ils n'allaient pas en avoir beaucoup pour pouvoir s'échapper. Le Jedi gris fouilla rapidement leurs adversaires inanimés, prit leurs sabres-laser et les utilisa pour libérer leurs poignets. Puis il se contenta de les jeter plus loin dans le couloir. Un coup d’œil à l'ascenseur lui indiqua que les autres étaient arrivés en haut, et qu'il ne leur restait donc plus que peu de temps.

Il regarda Myir, croisa son regard. Ils se comprirent aussitôt : impossible de faire marche arrière. Maintenant, c'était eux deux contre la Galaxie. Ils n'avaient plus d'autre choix que de fuir, ensemble. D'un certain côté, Emhyr était désolé de cette situation. Froidement résigné. Il n'avait plus le choix, et tenait beaucoup trop à sa compagne pour la laisser périr seule. De l'autre côté, il n'avait jamais spécialement aimé les règles. Et puis il y avait bien longtemps qu'il souhaitait vivre comme bon lui semblait, sans se préoccuper du reste. Les Jedi pouvaient bien dire ce qu'ils voulaient, le Côté Obscur n'était pas l'issue finale d'un entêtement passionnel. La preuve en était de lui : il se maîtrisait encore, n'avait pas cédé à l'obscurité. Et aussi avec Myir, qui se détachait peu à peu des ténèbres pour tracer elle aussi sa propre voie.

 « Dépêchons-nous, on a pas beaucoup de temps. »

Ils s'enfuirent, en courant. Leur capacité à se comprendre et à fonctionner ensemble leur sauva la vie : au détour d'un couloir, ils tombèrent sur trois agents de sécurité. Les agents ne virent pratiquement rien arriver, et ils furent neutralisés facilement. Emhyr en profita pour ramasser un des pistolets blasters, ainsi qu'un pass de sécurité.

 « Bon, j'ai une idée. On... »

Un cri fusa derrière eux. Les Jedi, évidemment... Quels rabats-joies ceux-là !

 « Suis-moi ! »

Ils coururent, à toute allure, puisant dans la Force pour améliorer leur condition physique. L'incarcération et le régime forcé avaient eu raison de leur meilleur forme, mais ils se maintenaient quand même assez biens pour pouvoir distancer leurs adversaires. Une nouvelle fois, Emhyr sentit ce lien, cette connexion, entre eux, qui se tissait à toute vitesse et qui leur permettait de fonctionner en même temps. Il se fit le promesse d'essayer de creuser la question, quand ils seraient un peu plus en sécurité. La course-poursuite continua durant de longues minutes, avec de nombreuses bousculades, frayeurs et accidents. Des gens paniquaient sur leur passage, et à un moment ou deux, Emhyr dut se servir de son arme pour effrayer les autres. Dehors, on entendait les bruits de l'émeute qui était sur le point d'éclater. A moins qu'elle ne soit déjà en train de ravager ou de prendre d'assaut le tribunal.

Ils arrivèrent dans une impasse. Une grande fenêtre s'ouvrait sur la rue en contrebas, six bons mètres en-dessous. Sondant les lieux avec la Force, Emhyr sut immédiatement quoi faire. Appelez ça une intuition, un coup de pouce de la Force, comme vous voulez. Il prit la main de Myir dans la sienne, et lui jeta un bref coup d'oeil.

 « Tu as confiance en moi ? »

Il fit sauter la vitre, en tirant frénétiquement dessus. Puis, ils s'élancèrent, et sautèrent vers ce qu'on appellerait la liberté dans un roman. Mais là, on était pas dans un livre ou un film. La réalité, sous la forme du permabéton, les rattrapa très vite. Usant de la Force pour atténuer leur choc, ils tombèrent lourdement sur un abri-bus, avant de rouler et s'effondrer au sol. Poussant un grognement de douleur, Emhyr tenta de se relever, alors qu'un groupe de civils, visiblement en train d'attendre le bus, les regardait d'un air ahuri. Il faut dire, la Twi'lek et lui étaient couverts d'éclats de verre, de contusions et d'entailles. Leurs vêtements étaient sales.

Il aida sa compagne à se relever, s'assura qu'elle tenait debout et lui fit signe de continuer. Ils ne devaient pas s'arrêter en si bon chemin. Toutefois, Emhyr ne put s'empêcher de lâcher, aux passants hébétés, une réplique d'un de ses films préférés. Laquelle était tout à fait adaptée à la situation.

 « On oublie mille et une choses tous les jours. Si j'étais vous, j'ajouterais ça à la liste. »
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Myir constata avec satisfaction que l’un des Jedi avait été littéralement assommé. D’un certain âge, la bouche ouverte, il avait glissé contre la paroi de l’ascenseur pour s’effondrer par terre après un violent coup à la tête. Le plus jeune se rendit en bégayant, sacrifice qui fut récompensé par un nez éclaté par le coude de son compagnon, et finalement seule la Togruta semblait garder son sang-froid. Mais Emhyr n’était pas du genre à se laisser impressionner. Il conserva son flegme habituel en donnant sa réponse, laquelle arracha à Myir un sourire jubilatoire.

Ce simple geste lui faisait tout drôle au visage. Ce devait être son premier vrai sourire depuis des semaines. Comme si une soupape s’était soudain ouverte, elle ressentait la vie en elle, l’énergie de se battre. L’action, voilà pourquoi elle était faite. Jamais une vie de prisonnière ne pourrait lui convenir ! Raffermie par cette nouvelle volonté qui irradiait en elle, la Twi’lek resserra sa prise autour de la Jedi, laquelle finit par s’évanouir. Ou mourir, pour le peu que cela importait à Myir. Elle la laissa glisser au sol pour rejoindre ses deux compagnons, dont l’un gémissait encore de douleur. Puis Emhyr s’empara de leurs armes, et libérer leurs poignets.

Voilà. Libre et armée. C’est ainsi qu’elle concevait la vie, pas autrement. Elle adressa à Myir un regard satisfait. Ses yeux brûlaient de détermination. S’enfuir. S’enfuir avec Emhyr. Finalement, n’était-ce pas ce qu’elle avait tant souhaité, à un moment ? Certes, il y avait eu beaucoup plus de sacrifices que ce à quoi elle s’était attendue mais… Elle repoussa violemment le souvenir du corps maigre d’Ysanne, étendu, inerte, sur une plaine dubrillionnaise. Tout cela appartenait au passé !

D’un bond, tandis qu’Emhyr allait exposer une idée, la Twi’lek fouilla les poches de la Togruta, à la recherche du comlink qu’elle arracha sans ménagement. L’instant suivant, un cri la fit sursauter, et des agents de sécurité arrivaient au pas de course. Pauvres hommes, ils ne pouvaient plus rien contre eux désormais qu’ils étaient armés de sabres lasers ! Heureusement, ils le comprirent rapidement et Myir n’eut qu’à allumer son sabre et mettre en respect l’un d’eux pour qu’ils obtempérassent rapidement. Emhyr récupéra un pistolet blaster et un pass de sécurité à un humain dont les genoux tremblaient tant que la Twi’lek s’attendait à tout moment à ce qu’ils se dérobent sous lui.
Puis ils sentirent les Jedi s’approcher avant de les entendre et, sans réfléchir, Myir obéit à son compagnon en le suivant dans le dédale de couloirs. Ils finirent devant une grande fenêtre, laquelle donnait sur une rue adjacente, sous le soleil éclatant de Yaga Minor. La liberté était à quelques mètres…

- Tu as confiance en moi ?

- Absolument pas, lui répondit-elle avec un sourire goguenard, mais j’ai pas meilleur cavalier sur lequel miser pour l’instant !

Et Emhyr fit sauter la vitre à l’aide du pistolet blaster. L’instant suivant, main dans la main, les deux fugitifs s’élancèrent vers la rue. Myir eut le souvenir fugitif d’un autre saut, effectué plus d’un an auparavant, pour arriver dans une cour du centre de défense aérien de Makem Te… Et elle avait atterri sur l’humain. Depuis lors, ils avaient pris tous les risques ensemble…

Le saut fut de courte durée. Myir invoqua la Force pour l’aider à atterrir sans trop de dommages, mais ils firent malgré tout un tonnerre de tous les diables lorsqu’ils tombèrent pieds devant puis roulant leurs épaules pour encaisser la chute qui avait fait virevolter leurs corps déjà épuisé par un régime sec et des semaines de détention. La Twi’lek finit étalée sur le trottoir, sous les yeux catastrophés de quelques badauds qui ne savaient comment réagir. Heureusement, Emhyr l’aida déjà à se relever, et Myir ne leur accorda aucune attention. Elle attrapa le bras de son compagnon pour le forcer à reprendre leur course plutôt que de s’inquiéter de ce que les passants avaient vu – ratant au passage l’allusion à un holofilm qu’elle ne connaissait pas de toute façon. Encore une chose sur laquelle Emhyr pourrait faire son éducation.

Ils reprirent leur course effrénée dans les ruelles. Des éclats de voix leur parvenaient, mais Myir était incapable de les identifier : étaient-ce les Jedi qui étaient à leur poursuite, ou bien les échos des émeutes qui leur parvenaient ? Heureusement, ce mouvement de foule avait dû occuper suffisamment les policiers locaux pour que ceux-ci n’aient que peu de ressources à envoyer à leurs trousses. Néanmoins, ils étaient loin d’avoir réglé leur problème.
Au détour d’une ruelle, Myir sortit le comlink de la togruta de sa poche et interrompit sa course : elle avait pris l’objet initialement pour se faire passer pour la togruta auprès de ceux qui voulaient affréter une navette pour eux, mais désormais toute l’équipe de Jedi devait savoir ce qui était arrivée à leur chef. Et le comlink ne leur servirait plus qu’à identifier sa position sur la planète !

- Merde. Attends-moi !

La Twi’lek se mit à courir vers l’artère de circulation la plus proche. Des gens y circulaient sur des speeders, des droïdes également, des patrouilles de police étaient visibles au loin, mais toute la route était bondée, comme l’artère d’une capitale. C’était parfait. A l’aide de la Force, Myir fit voler le comlink vers un speeder qui démarrait à quelques mètres de là, pour qu’il se déposât à l’arrière sans être vu. Puis elle fit demi-tour et rejoignit Emhyr, soulagée de savoir que potentiellement, les Jedi allaient suivre une fausse piste.

- Ca les occupera un moment, expliqua-t-elle à Emhyr, le souffle court. Mais il va falloir trouver une manière de quitter la planète et vite. Si tu veux mon avis, l’astroport n’était pas vraiment une option, alors il nous reste… les vaisseaux d’Astracorp.

Astracorp était la firme pour laquelle ils avaient tous deux travaillé. Ils avaient l’avantage de connaître les lieux, les appareils fabriqués et ceux prêts à être mis sur le marché… Et personne n’irait les chercher là-bas s’ils faisaient vite. A l’aide de la Force, sortir une navette et s’envoler ne serait qu’un jeu d’enfant.

- Mais avant… j’ai quelque temps agréable à rattraper.

Et elle se jeta sur Emhyr pour l’embrasser. Ils étaient libres, et ses mains pouvaient l’étreindre pour de vrais, et leurs lèvres pouvaient se presser sans qu’ils ne fussent épiés par leurs ennemis.

Libres.

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Le baiser dura longtemps, mais au final, Emhyr se détacha. Il aurait bien voulu savourer cet instant, qu'il dure pour l'éternité, mais ils n'étaient pas encore tirés d'affaire. Il allait leur falloir trouver plusieurs choses avant de réussir à s'échapper de cette planète : premièrement, de l'argent. Le Jedi gris en avait un peu, sur un compte bancaire, mais il n'était pas certain de pouvoir le récupérer aussi facilement. Ensuite, des vêtements, car là, leurs tenues criaient qu'ils étaient des évadés. Ensuite, il fallait espérer que les services de sécurité de Yaga Minor les laisse partir.

Mais avant toute chose, de quoi passer un peu plus inaperçus. Emhyr entraîna sa compagne à travers les rues, jusqu'à voir une boutique de vêtements. Rien de bien extraordinaire. A l'abri comme ils l'étaient dans la ruelle, on ne pouvait pas les voir depuis la rue, ce qui convenait parfaitement au duo. Un conflit intérieur s'engagea dans l'esprit de l'homme : devait-il la jouer honnêtement, au risque de se faire prendre, ou attendre un peu et se procurer des vêtements par effraction ? Il jeta un coup d’œil à Myir, et eut sa réponse. Il ne pouvait pas tout risquer pour un état d'âme. D'autant plus que ce n'était pas comme si il allait agresser quelqu'un.

 « On va attendre le soir, ou la nuit. Et on ira voler des vêtements. » lui dit-il.

Plusieurs heures à attendre, mais ce n'était pas de trop pour des utilisateurs de la Force comme eux. Chacun à tour de rôle, ils se plongèrent dans une transe régénérative, afin de pouvoir se reposer un peu. Emhyr se sentait plutôt affaibli, courbaturé, mais en vie. Et libre. Curieux sentiment, mais c'était probablement du au fait qu'il avait eu des menottes aux poignets, plus tôt dans la journée. Pendant l'une des phases de sommeil de son aimée, il essaya de repérer un peu la boutique, et s'enquit de quelques informations. Apparemment, l'émeute qui avait éclaté avait profondément bouleversé le quotidien de la capitale planétaire, au point que même leur fuite avait été relayée – pour le moment – au second plan. En fait, on soupçonnait un tout nouveau mouvement terroriste, pro-impérial, de les avoir aidés à s'échapper et à les cacher. L'ironie de la situation arracha un sourire à Emhyr.

Résignés à leur sale besogne, les amoureux finirent, deux heures après la fermeture, par traverser silencieusement la rue, passant derrière le magasin. Il y avait là une petite ruelle, et une porte d'accès. Myir avait réussi à dégotter un sabre-laser... ils forcèrent l'entrée. L'alarme ne s'était pas déclenchée, bloquée par la Force grâce à Emhyr. Lequel la désactiva alors manuellement, en détruisant son boîtier de contrôle, à l'intérieur de la boutique. Ils purent donc se retrouver dans les rayons pleins. Les articles n'avaient pas de protection unitaire, ce qui faisait qu'ils allaient pouvoir se servir sans vergogne. Chacun se dirigea vers les rayons intéressants.

Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver son bonheur. En fait, sans qu'il s'en aperçoive, il avait réussi à retrouver plus ou moins la tenue civile qu'il portait à l'époque où ils étaient venus ici, en mission pour l'Empire. Il avait même trouvé une casquette assortie. Il se dirigea vers une des cabines d'essayage, et vit que Myir en occupait déjà une, sans avoir pris la peine de tirer le rideau. Avait-elle oublié ou... ? Il s'en approcha, et la découvrit en train de retirer les vêtements sales et brisés qu'elle portait depuis le matin. Il resta là à la fixer comme un idiot, avant de s'apercevoir qu'elle venait de remarquer sa présence.

 « Euh... je. Hmm. Je vais... »

Bon sang ce qu'elle était belle. Sans vraiment s'en rendre compte, il s'approcha, posa ses vêtements frais et se mit à l'enlacer et à l'embrasser. Ils n'auraient pas du s'attarder ainsi, mais on était de nuit, plus personne ne les cherchait pour le moment... et ils étaient seuls, tous les deux, libres, et en vie. Et ils s'aimaient. Alors ils s'aimèrent longtemps, savourant le plaisir d'être à nouveau ensemble. Peu importait ce qui allait suivre, ni le fait que dès la fin de cette nuit, ils allaient devoir ruser et peut-être se battre pour s'échapper de Yaga Minor.

Quand ils sortirent de la boutique, Emhyr ne put s'empêcher de serrer doucement la main de Myir et de l'embrasser, juste pour le plaisir de le faire comme quelqu'un de normal. Il leur restait encore quelques heures avant l'aube.

 « Bon, allons-y. On réfléchira à notre future destination une fois partis de cette planète. »

Même s'il avait déjà une petite idée...
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La cavale avait éveillé les sens de la Twi’lek, comme si depuis ce terrible jour où l’apprentie de l’Impératrice avait succombé, elle avait été dans un état second, léthargique, où plus rien n’avait d’importance. Après des mois, enfin, elle respirait à plein poumons, elle réveillait ce corps par une course effrénée, comme s’il avait été conçu pour cela seulement. Vivre. Voilà la seule chose qui importait à ce corps, engouement qui contaminait jusqu’à son esprit, l’abreuvant de tout ce que ses sens percevaient dans la rue. Le son des speeders accélérant sur une avenue proche, les cris d’un enfant à une fenêtre. L’odeur des déchets domestiques et des égouts, car ils étaient dans une petite ruelle peu ragoûtante. L’air frais qui léchait ses lekkus nus et la faisait frissonner tout entière. Et surtout, le visage d’Emhyr et ce ciel bleu, lumineux, prometteur, derrière lui.

Myir se laissa entraîner, comme si elle flottait aisément derrière son compagnon, jusqu’à ce qu’ils s’immobilisent. Elle acquiesça. Elle fut la première à se laisser aller à quelques heures de repos, mais sa méditation fut agitée de la nervosité de ce qui venait de se produire. Cela lui fit tout de même du bien, même dans la position inconfortable qu’elle avait trouvé, recroquevillée sur une caisse de métal un peu collante. Elle rêvait d’une douche. Il y en aurait peut-être, dans le magasin de vêtements ? Ou ne serait-ce qu’un lavabo…

Plusieurs heures plus tard, enfin, ils pénétraient dans le magasin de vêtements par une porte arrière, à l’aide du sabre laser dérobé aux Jedi. Les rayonnages plongés dans l’obscurité étaient chargés de vêtements de toutes sortes. Il lui en fallait des pratiques, bien sûr. La température était élevée sur Yaga Minor, mais il fallait songer qu’elle n’aurait peut-être pas l’occasion de se trouver de nouveaux rechanges d’ici plusieurs joueurs. Elle attrapa un sac de sport, et y fourra plusieurs articles variés à la hâte. Elle trouva également une paire de bottes sportives et des étoffes plus précieuses, au cas où elle aurait besoin de se grimer en femme d’importance.
Enfin, elle se dirigea vers une cabine d’essayage, comme si cela avait un quelconque sens de se dissimuler. C’était comme essayer de faire preuve d’un minimum de civilité, cela dit. Elle mesura combien son retour à un monde normal allait être compliqué. Et combien elle détestait, aujourd’hui, cette république en apparence si bien rangée : des vies superflues, quand elle avait affronté la mort et la souffrance.

Elle arracha ses vêtements abimés avec cette détermination qui l’avait animée bien des mois plus tôt. Emhyr la rejoignit alors, et elle s’employa à savourer les quelques instants d’intimité qu’ils s’offraient. Tous deux savaient maintenant combien c’était un luxe qu’il fallait protéger.

Quelques heures plus tard, Myir et son compagnon quittèrent le magasin. La nuit était encore profonde. De temps en temps, ils percevaient au loin les lumières d’un speeder qui diffusait des lumières vives. Probablement des forces de police qui patrouillaient pour les retrouver. Pour plus de sécurité, ils restèrent donc à pied, évitant ainsi les contrôles sur les routes, et avalèrent plusieurs kilomètres d’un pas rapide, main dans la main. Heureusement qu’ils connaissaient un peu la capitale pour y avoir vécu : en souhaitant les juger sur son sol, Yaga Minor leur avait offert toutes les chances de s’évader convenablement.

Ils parvinrent enfin sur le site d’Astracorp environ deux heures avant l’aube selon leurs estimations. Contrairement à ce que Myir s’était attendue, à l’époque où elle avait observé les dispositifs de sécurité de l’entreprise, s’infiltrer n’était pas tant que ça un jeu d’enfant : en plus des caméras de sécurité, des droïdes patrouillaient la nuit, arme au poing. Probablement pas des armes mortelles mais des lasers paralysants. S’ils leur suffiraient de griller les caméras, s’en prendre aux droïdes déclencheraient sans doute une alerte de sécurité qui verrouillerait les hangars et informeraient les autorités ou le service de sécurité de l’entreprise.
Myir et Emhyr se postèrent non loin du grillage qu’ils comptaient franchir pour se concerter avant de passer à l’action.

- Bon, tu as un plan ? chuchota la Twi’lek, tout en ne cessant de jeter des coups d’œil nerveux autour d’eux, mais personne ne semblait les avoir suivis. A partir du moment où les droïdes seront touchés ou désactivés, il faudra faire vite, alors… Je propose qu’on fasse une diversion. L’un de nous d’eux les attire et les tient occupés pendant que l’autre s’infiltre pour ouvrir un hangar et sortir un appareil.

N’importe quel modèle ferait l’affaire. Il suffisait qu’il fût capable de décoller et de passer en hyperespace.

- Tu t’occupes de faire diversion ? J’attendrai ton signal.

Après s’être mis d’accord et s’être donné un dernier baiser, ils se séparèrent enfin. Myir se dissimula dans un coin sombre, à faire le guet en attendant qu’Emhyr lui donnât le feu vert, qui viendra par un signal dans la Force.
Le temps s’étira et lui parût long. Elle se demanda comment il s’y prenait, et si son plan fonctionnerait. Que feraient-ils si l’un des deux était attrapé ? Hors de question d’être séparés. Plus maintenant, plus avec tout ce qu’ils avaient risqué pour s’échapper.

Au bout de près d’une demi-heure, le signal vint enfin, au grand soulagement de la Twi’lek. Elle s’élança à son tour vers le grillage, qu’elle escalada prestement. Ses muscles protestaient de tant d’efforts après plusieurs mois de repos, mais la souffrance provoquée dans son corps était un exutoire comme nul autre.
Elle se laissa retomber de l’autre côté, s’attendant à tout instant à voir rappliquer les droïdes de sécurité, mais rien ne se produisit. Alors elle s’élança vers les bâtiments, les yeux à la recherche de ces petites sphères qu’étaient les holocaméras qui enregistreraient sa course. A l’aide de la Force, elle grilla une à une toutes celles qu’elle remarqua, sans être certain de n’en avoir ratée aucune. Quelle importance ? Ces enregistrements seraient consultés bien après leur fuite, supposa-t-elle.

Myir fut forcée d’user du sabre laser des Jedi pour pénétrer une enceinte sans enclencher le système de sécurité : forcer la porte aurait déclenché l’alarme. Découper de la taule, en revanche, ne sembla pas poser de problèmes. Mais elle rencontra d’autres caméras, et dut même se cacher d’un droïde qui patrouillait à l’entrée d’un hangar et n’avait pas été attiré par la diversion d’Emhyr. Alors elle entreprit de se dissimuler à l’aide d’un voile de Force et d’entrer dans le hangar en essayant de rester dans le dos de l’appareil. Il fallut plusieurs minutes pour atteindre une navette dont la passerelle était ouverte et y grimper. Il s’agissait visiblement d’un modèle d’exposition, prêt à être utilisé pour emmener un futur client faire un test avec un modèle standard. La Twi’lek se glissa dans le cockpit en se hâtant, et consulta le tableau de bord. Elle n’était pas une pro du pilotage mais son stage de technicienne chez Astracorp lui avait permis d’acquérir quelques connaissances élémentaires. Elle alluma l’appareil en veillant à ne pas mettre en route les systèmes d’éclairage.

- Moteurs ok, hyperdrive opérationnel, carburant fait, énuméra-t-elle du bout des lèvres, en se demandant si elle oubliait quelque chose.

Puis elle se concentra sur ce qui restait à faire : ouvrir le hangar et récupérer Emhyr de l’autre côté. Le plus compliqué, en somme…
La Twi’lek respira longuement, envoya des ondes à travers la Force pour informer son partenaire qu’elle avait atteint le hangar et jeté son dévolu sur un appareil opérationnel. Parviendrait-il à la rejoindre à temps ?
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On aurait pu croire qu'avant l'aube, il n'y aurait pas d'ouvriers de manutention, d'ingénieurs ou d'agents de sécurité. Qu'il y aurait seulement quelques droïdes, des systèmes de surveillance, et basta. Qu'on pourrait peut-être s'infiltrer aisément. C'était une sottise que de penser ça, et la preuve en était dès à présent. Myir venait de trouver un vaisseau, de ce qu'il comprenait, mais pourtant Emhyr était dans de beaux draps. Autour de lui, il y avait trois corps inanimés : deux ouvriers et un ingénieur, qu'il avait soulagé de son pass. Un droïde avait été neutralisé, un peu plus loin. Et lui, il se trouvait loin du vaisseau. Il pouvait cependant en entendre le ronronnement des moteurs en allumage.

Il fallait ouvrir le hangar. S'il souvenait de son bref passage dans l'entreprise, il savait que généralement, pour ouvrir le hangar, les vaisseaux n'avaient pas de commandes universelles : il fallait demander l'autorisation si les portes étaient fermées. En l'occurrence, à deux bonnes heures avant l'aube, tout était fermé. Et si un système de sécurité supplémentaire existait, il y aurait un autre obstacle : un champ de force, ou pire, un rayon tracteur. Bon, que faire, maintenant ? S'il atteignait les commandes du hangar, il pourrait permettre le départ de la Twi'lek – et le sien s'il parvenait à la rejoindre.

Il s'élança, s'efforçant de rester le plus caché possible ; autrement dit, il restait derrière les vaisseaux et des containers. Le moindre droïde de sécurité pouvait venir à bout de lui, car il était désarmé. Il ne se laisserait probablement pas faire, pour éviter de prendre un tir perdu et zélé. Encore que... au regard de sa situation, ce ne serait probablement pas le pire qu'il pouvait lui arriver. Si Myir ne maîtrisait pas assez son appareil, il finirait coincé dans un hangar alors que sa compagne filait vers les étoiles. Il y avait mieux comme situation. Il ignorait les lois locales concernant les crimes qu'il avait commis très récemment, mais ça allait probablement de la prison à perpétuité à la peine de mort. En tout cas, la disparition pure et simple de sa personne de la scène galactique.

Il parvint à atteindre les commandes du hangar après de longues minutes d'infiltration. Par chance pour lui, les droïdes de sécurité n'étaient plus là, occupés à fouiller autour de l'espèce de salle de contrôle où Emhyr se trouvait désormais. Il actionna deux-trois commandes, et constata avec satisfaction qu'il avait réussi à ouvrir l'une des portes. Ce serait largement suffisant pour le vaisseau choisi par sa compagne. Il ressortit de la pièce, et tomba nez à nez avec les droïdes.

 « Veuillez vous arrêter, citoyen. »

 « Sûrement pas, je suis pressé ! »

Il passa en trombe, s'arrangeant pour les bousculer tous les deux avant que les rayons paralysants ne fusent. Il eut de la chance. Mais malheureusement, cette dernière allait tourner très vite, car trois autres droïdes avançaient vers lui, le menaçant de leurs armes. Jusqu'à ce qu'un vacarme assourdissant, un concert de mécanique arrachée et de brisage de matériaux, ne retentisse et détourne l'attention des machines de sécurité. Emhyr ne temporisa pas et fila à toute vitesse, se précipitant vers la liberté, laquelle prenait la forme d'une rampe d'accès qui menaçait de se fermer à tout instant.

Il courait, s'aidant de la Force pour stimuler ses muscles éreintés. Il entendit son cœur battre à toute vitesse, il sentit dans la Force que Myir cherchait à l''aider également. Elle lui envoyait un signal, pour qu'il fasse attention. Un bruit dans son dos, semblable à celui d'une cascade de tirs lasers, retentit avec force, mais pas assez pour couvrir le hurlement des moteurs. Ce vaisseau était simple, mais il suffirait pour s'éloigner de Yaga Minor, changer de véhicule et fuir.

Tout ce qui le séparait de la liberté, c'était un saut, à l'aide de la Force.

Le saut, il y parvint. Atterrir dans le vaisseau, il y parvint. S'évanouir, il y parvint également. Il sentit simplement une intense douleur, dans son dos, avant de sombrer dans l'inconscience. Myir s'agitait, à la fois physiquement et dans la Force, tandis que la rampe d'accès se refermait et que le vaisseau échappait aux autorités.

Ils filaient vers l'espace, et Emhyr s'évanouit pleinement.
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Anonymous
Fais. Revenir. Tes. Fichus. Cours. De. Pilotage.

Bon, de ce qu’elle s’en souvenait, Myir n’était pas la meilleure élève du Temple sur ce domaine bien précis. Contrairement à presque tous les autres cours où elle se positionnait en bonne première de la classe, à une époque où déjà l’amitié était un truc qui appartenait aux autres et où seul le sérieux et le travail bien fait lui donnaient une satisfaction intense. Elle avait appris à piloter parce que c’était nécessaire. Parce qu’un Chevalier Jedi digne de ce nom devait être autonome. Et elle ne s’en était jamais trop mal sorti, jusqu’ici… Mais jusqu’ici, elle n’avait pas été confrontée à une telle situation d’urgence, qui plus était à bord d’un appareil qui lui était inconnu.

Emhyr avait répondu à son appel silencieux. Quelques minutes plus tard, elle avait jubilé en voyant s’ouvrir, à travers la vitre du cockpit, l’un des deux panneaux du hangar. Elle avait actionné les moteurs qui avaient grondé, prêt à s’embraser pour éjecter le vaisseau de sa position, mais elle ne pouvait bien sûr pas bouger avant d’avoir pris à son bord son compagnon qui devait désormais se débarrasser de ses assaillants. Le lien qu’ils avaient tissé entre eux à travers la Force était si fort qu’elle ressentait ses émotions. Son excitation, sa crainte, sa fatigue, son espoir, comme des sentiments diffus qui accéléraient son propre rythme cardiaque. Tant bien que mal, Myir lui transmettait son énergie pour l’aider à aller jusqu’au bout, jusqu’à cette passerelle restée ouverte pour lui.

Il effectua un dernier saut de Force et atterrit pieds joints en haut de la passerelle. Au même moment, Myir enfonçait la manette d’accélération et l’un des droïdes crachait son rayon paralysant. L’instant suivant, la Twi’lek ressentit la douleur qui traversait le corps d’Emhyr. Elle enclencha la fermeture de la passerelle alors qu’ils s’élevaient déjà dans le hangar. Elle n’avait qu’une envie, c’était de tout lâcher et de courir auprès de son compagnon pour vérifier qu’il allait bien. Mais c’était bien sûr inutile : s’ils ne sortaient pas d’ici maintenant, ils seraient à tout jamais perdus. Enfermés à vie ou exécutés. Il était trop tard pour espérer une rédemption.
Alors elle se concentra sur les commandes et orienta l’appareil vers la sortie. Par deux fois, elle dût corriger la trajectoire, déviée par les tirs des droïdes qui se rassemblaient maintenant derrière l’appareil. Elle accéléra plein gaz autant pour les éblouir et les échauffer que pour s’échapper plus vite.

L’instant suivant, le petit vaisseau franchissait la porte en se cabrant vers le ciel. L’aube faisait paisiblement son apparition tandis que Myir, indifférente à la beauté de la vue qui lui était offerte, gardait les yeux rivés vers l’espace au-dessus d’eux. Sans respecter aucun code aérien local, elle fonçait pour traverser l’atmosphère. Il fallait ne pas leur laisser le temps de comprendre. Ne pas leur laisser le temps de lancer une patrouille, de tracer et d’extrapoler leur trajectoire, rien de tout ça. D’ailleurs, laquelle était-elle ? Hors de la République, songea-t-elle sans l’ombre d’une hésitation. Yaga Minor était un monde frontalier. Ils avaient eu beaucoup de chance de ce point de vue : traverser tout l’espace Républicain dans ce petit appareil volé était littéralement impossible. Cependant, leur réserve de carburant n’était pas suffisante pour s’éloigner davantage qu’à quelques centaines de parsecs d’ici… Il allait falloir choisir un point de chute assez proche.
Tout en poursuivant l’ascension vertigineuse, la Twi’lek fit apparaître sur l’un de ses écrans une carte de l’espace navigable local.
Borosk ? Dans la République, il fallait en sortir.
Kalee ? Trop proche de l’Empire, trop risqué !
Valc VII ? Jamais entendu parler.
Comra ? Idem. Zut, sa culture astrographique était vraiment si nulle ?!
Nirauan était tout autant inconnu au bataillon, mais le « Terrain : collines et lacs / Développement technologique : médiocre » lui firent songer que la planète ne se prêtait guère à la revente et au rachat d’appareils volés.
Aeten II. Tiens, tiens. Voilà un monde dont elle avait entendu parler. Il s’agissait d’une planète volcanique prisée pour ses cristaux de stygium. Située hors de la République avec une ressource d’une telle valeur, elle était bien sûr devenue un véritable paradis fiscal et un repaire pour les entrepreneurs ayant le moins froid aux yeux. On y trouvait certainement le genre de personnes qui ne vérifiait pas la véracité de votre CV ou la légèreté de votre casier judiciaire. Exactement ce qu’il lui fallait pour le moment…

- Système Aeten, ordonna-t-elle à l’ordinateur de bord, qui calcula rapidement la trajectoire la plus rapide. Valider.

Moins d’une minute plus tard, l’appareil plongeait enfin dans l’obscurité de l’espace. Myir vérifia qu’ils n’étaient pas poursuivis sur les radars avant d’enclencher le pilotage automatique. Enfin, elle pouvait quitter son poste et courir à l’arrière du vaisseau.

C’était un tout petit appareil. En quatre enjambées, la Twi’lek avait rejoint la zone d’embarquement, où son compagnon était étendu, à même le sol, face contre le métal. Sa tunique était fumante dans son dos et Myir fut prise d’un frisson. Et s’il l’avait abattu, que ferait-elle ? Non, non, c’était impossible. Elle sentait son cœur battre à travers la Force. Par contre, s’il ne reprenait pas conscience, il faudrait s’inquiéter.
La Twi’lek s’agenouilla auprès de lui et déchira son vêtement pour dévoiler la peau à l’endroit où les rayons du droïde l’avait atteinte. Le tissu l’avait protégé légèrement, mais il était brûlé sur une surface large comme la paume de sa main. Sans compter qu’il avait pu se faire mal ailleurs en chutant... Myir s’activa donc pour dégoter le kit médical installé dans une boîte rouge sur une paroi du vaisseau et y trouver ce qui allait pouvoir lui permettre d’aider Emhyr dans l’urgence : un gel refroidissant qui stopperait la brûlure, de la gaze et une piqûre de stimulant pour lui redonner des couleurs rapidement. Elle appliqua d’abord une épaisse couche de gel, qu’elle recouvra avec un bandage, avant d’enfoncer dans le bras de son compagnon l’aiguille et de lui injecter le stimulant. Puis, délicatement, le temps qu’il ouvrît les yeux, elle retourna son corps pour pouvoir mettre sa tête sur ses genoux.

Le visage d’Emhyr semblait étrangement reposé. L’inconscience lui allait bien, malgré la bosse qu’il avait attrapée au front et ses lèvres sèches d’avoir dû haleter pendant des heures. Quand enfin ses yeux sombres parurent se stabiliser dans la conscience, elle lui sourit, et passa une main sur sa joue.

- Nous sommes partis, mon amour, lui annonça-t-elle simplement.

Ils avaient quitté Yaga Minor. Ils avaient quitté la République. C’était comme avoir mis le pied dans une prairie après des années à n’avoir traversé que des déserts.
Ce qui, dans leur cas, était un peu vrai…
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