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Myir rinça son visage à l’eau claire, avant d’inspecter ses traits dans l’étroit miroir de sa cabine. Les marques de fatigue avaient disparu depuis bien de jours, et même les égratignures récoltées sur Makem Te n’avaient laissé que de fines cicatrices à peine perceptibles à l’œil nu. Pourtant, quelque chose en elle changeait. La Twi’lek était bien en peine de dire à quoi cette impression était due : des sourcils légèrement plus sévères, ou bien la crispation de sa mâchoire, qui travaillait inconsciemment la nuit, lorsqu’en rêve elle revivait d’intenses combats du passé ?
Elle passa ses mains froides et humides pour se détendre. Elle avait poussé l’entraînement un peu fort, et les soirées à étudier un peu tardives. Son corps l’alertait. Etait-il pourtant permis de prendre un peu de repos ? Certainement pas. Pas maintenant qu’elle était si près du but : la gloire de ses actions sur Makem Te lui avait permis de gagner plus avant la confiance de Darth Odium, mais beaucoup des Sith se méfiaient encore. Et servir directement l’Impératrice l’obsédait. Depuis Byss, elle avait soif d’être de nouveau au contact de cette puissance fascinante, et de prouver qu’elle en était digne. Mais ses exploits n’avaient pas suffi. Elle avait joué sur un tableau qu’elle connaissait sur le bout des doigts : se battre. Et elle l’avait emporté. Mais elle n’avait pas prouvé qu’elle pouvait aussi être stratège ou leader.
La Twi’lek se redressa et s’employa à envelopper ses lekkus dans de nouvelles bandelettes propres, armée d’une nouvelle détermination.

Quelques minutes plus tard, elle frappait à la porte d’une cabine voisine. Sans attendre de réponse, car elle estima qu’Emhyr devait certainement être éveillé, elle se glissa dans le long corridor pour rejoindre la salle commune la plus proche. Celle-ci disposait d’une longue baie s’ouvrant sur l’espace noir et profond, comme un puits ouvert sur l’infini. Devant, une table ronde entourée de fauteuils rigides se dressait. Un membre d’équipage, un humain de petite taille à la peau sombre et à la barbe impeccablement entretenue, venait d’insérer un disque qui permit d’afficher sur la carte galactique murale leur trajectoire prévue. Myir le remercia d’un signe de tête en s’asseyant, et l’humain s’éclipsa après une brève révérence.

L’équipage la respectait. Non seulement parce qu’elle avait été nommée comme chargée de la mission et que les règles impériales ne permettaient guère aux insoumis ou impolis de survivre dans la hiérarchie des Sith, mais aussi parce que depuis leur départ, elle n’avait fait preuve d’aucune brutalité, contrairement à d’autres Sith, avec qui voyager revenait à risquer votre vie pour un oui ou pour un non. Le comportement de ses brutes sanguinaires agaçait au contraire la Twi’lek : ils faisaient preuve d’une capacité à gâcher les ressources de l’Empire inégalée, alors qu’un équipage loyal et en bonne santé avait bien plus de chance de vous amener à bon port en toute sécurité. Cela ne l’empêchait pas toutefois d’être ferme : tous ses ordres étaient exécutés sans discussion et cela était relativement confortable. De là à dire qu’ils appréciaient la guerrière, peut-être pas, mais au moins étaient-ils relativement dévoués pour que la Twi’lek se sentit à son aise à bord du vaisseau.
L’appareil était une corvette légère armée de quelques turbolasers, d’une poignée d’individus dans l’équipage et de six soldats impériaux. Sans luxe, il s’agissait toutefois d’une navette bien équipée : toute la technologie nécessaire était à bord, dans la sobriété sombre qu’on connaissait à l’Empire.

Emhyr se montra enfin, et la Twi’lek détacha ses yeux de l’écran mural pour le voir arriver. L’humain avait dû pouvoir prendre quelque repos depuis leurs aventures sur Korriban, et pourtant son regard semblait, lui, comme toujours fourbu aux yeux de Myir. Peut-être était-ce la vie qui l’avait usé. Etait-il plus vieux qu’elle l’avait d’abord imaginé ?

- Bien dormi ? demanda-t-elle sur le ton de la courtoisie, mais son ton froid leur rappela à tous les deux que ce genre de conversation n’était pas dans ses habitudes, aussi se concentra-t-elle rapidement sur l’objet de leur rencontre. Profitez bien de votre cabine, nous n’en avons plus que pour quelques heures.

Comme pour confirmer ses dires, la position estimée du vaisseau clignota brièvement sur l’écran mural. Ils étaient à proximité d’Oseon. Aucune escale n’était prévue, bien que cela faisait près de vingt heures qu’ils avaient quitté l’espace impérial. Le détour qu’ils avaient dû réaliser au large de Mon Calamari, pour éviter les frontières républicaines, leur avait perdre un peu de temps, mais la discrétion était de mise. La République ne devait pas tirer de conclusions hâtives.

- Venez vous asseoir, que je vous briefe un peu,
lui demanda-t-elle en indiquant du menton la banquette de l’autre côté de la table, en face d’elle, tandis que ses doigts pianotaient sur la surface tactile. Voilà notre destination. Klatooïne.

Sur la table numérique s’était matérialisé une carte de l’Espace Hutt, qui se morcela rapidement pour différencier les territoires internes de cette zone de la galaxie. De son doigt fin et bleu, elle suivit la courbe de la route commerciale de Triellus.

- La plupart de ces territoires sont fidèles à Borenga, excepté autour de Junkfort à Sriluur, et c’est pourquoi nous passons par là pour rejoindre Klatooïne, expliqua-t-elle rapidement. Comme vous le savez certainement, les Hutt se partagent leur espace de manière assez concurrentielle. Ils forment de multiples royaumes, appelés kajiidics, et chaque royaume à son seigneur Hutt qui le dirige… Certains sont proches de la République, d’autres de l’Empire, de l’Espace Bothan ou bien font cavaliers seuls. D’autres encore se regroupent pour peser plus lourd dans la balance galactique… Comme Borenga. Mais ce n’est pas lui que nous allons voir.

Elle lui laissa quelques instants pour prendre connaissance de la carte, avant de s’adosser plus confortablement au fauteuil.

- Nous nous rendons de le kajiidic Besadii, sous l’autorité d’un Hutt appelé Malaka, fidèle à l’Empire depuis toujours. Ces derniers temps, toutefois, nos relations se sont dégradées : des contrats n’ont pas été honorés, il devient plus difficile et plus cher de commercer avec eux. Tout cela depuis l’affaire Makem Te, bien sûr. Il est possible que Malaka se détourne de nous parce qu’il craint Borenga… Ou bien il joue de la situation inconfortable dans laquelle il se trouve pour se rendre plus précieux à nos yeux. Dans les deux cas, ce n’est pas un comportement que nous pouvons accepter.

Myir soupira. La diplomatie n’était pas spécialement son fort. Disposer sa lame sous la gorge de l’énorme limace ne devait-elle pas suffire à lui rappeler une allégeance qui fonctionnait parfaitement depuis plusieurs années ?

- Malheureusement, reprit-elle, nous n’allons pas le rencontrer en personne, car c’est très difficile de l’atteindre. Nous aurons à faire à Vogda, son neveu, qui négocie le plus souvent avec nous. C’est lui que nous devons convaincre. Pour rétablir des relations solides, et dans l’intérêt de l’Empire, je pense que nous pourrions lui faire miroiter une aide potentielle dans l’extension de son territoire ou une protection vis-à-vis de Borenga. Malheureusement, je ne peux guère m’engager sur de gros volumes, car le Conseil Noir ne validera pas une alliance trop évidente. Impossible de prêter une flotte, par exemple. Mais déjà, à notre niveau… Peut-être pourrions-nous « rendre service ». Ou bien les menacer, mais j’ai peur qu’une fois repartis, cela les motive plus à s’éloigner de l’Empire qu’à s’en rapprocher : les Hutt sont malins et très cupides. Autant leur montrer tout l’intérêt qu’ils ont à collaborer avec l’Empire.

Myir détacha enfin son regard de la carte pour fixer les yeux de son nouvel équipier. Elle n’avait jamais vraiment eu de collaborateur avant, et la relation ne coulerait pas forcément de source. Mais si Emhyr se montrait aussi efficace que sur Makem Te, comme elle s'y attendait, alors elle serait rassurée sur le choix qu'elle avait fait de le garder auprès d'elle. Rien ne l'agaçait plus que l'incompétence.

- Qu’en pensez-vous ?

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Les coups secs à la porte de sa cabine tirèrent Emhyr de sa torpeur, alors même qu'il était plongé dans de sombres pensées. Depuis plusieurs jours, il était constamment observé et testé par Odium et Myir. Il préférait la Twi'lek que le Chagrien, à vrai dire, et il était conscient d'avoir de la chance qu'on lui offre une telle occasion, si tôt après sa capture, de prouver sa loyauté. Tout en comprenant bien qu'il s'agissait aussi d'un test de sa partenaire. Elle avait été une bonne combattante, maintenant elle devait être une bonne diplomate. Il l'y aiderait du mieux qu'il le pouvait. Pas par sympathie, même si un tel geste ne manquait pas d'attrait, mais parce qu'il y jouait sa propre survie aussi.

Il jeta un coup d’œil au datapad qu'on lui avait donné : aucune réponse de Konstancja pour le moment. Il avait envoyé, peu avant son départ, un message plus ou moins crypté, pour la contacter. Et aussi pour vérifier si on allait lui en vouloir d'envoyer des nouvelles à une amie. Bien, il était temps de se lever et d'aller rejoindre la Sith. Il se lava rapidement, laissa sa barbe de trois jours continuer à pousser et enfila ses vêtements. Un ensemble noir, comme un vrai Sith. En fait, la tenue était similaire à celle des Jedi, sauf pour la couleur. Son sabre-laser, en revanche, était toujours le même. Et il y tenait. Jamais elle ne sera rouge. Ce jour-là, cela signifierait qu'il aurait été vaincu. Totalement.

Il avait remarqué, dès le départ, le comportement des autres : les soldats étaient dévoués à Myir, et ils le craignaient lui. Ils ne savaient probablement pas qu'il était prisonnier, car Odium leur avait spécifié d'éviter d'ébruiter la chose. L'équipage en revanche... c'était différent. Ils obéissaient à la Sith, contre leur gré car ils n'aimaient pas qu'un utilisateur de la Force interfère dans la délicate tâche qu'était la manœuvre d'une corvette. Comme dans la République. Mais en ce qui concernait Emhyr... ils ne l'appréciaient pas. Et sans savoir la vérité, ils lui accordaient peu d'attention. Ca lui allait parfaitement.

Il rejoignit donc finalement sa partenaire dans la salle prévue à un briefing rapide. Il nota immédiatement qu'ils ne seraient que deux, sans personne d'autre pour connaître « le plan ». Bien. Il pourrait profiter de la présence de la Twi'lek pour lui seul. Il écouta ses explications distraitement, fasciné par la couleur bleu ciel de sa peau. Il ne manquait pas de noter qu'elle était toujours jolie, voir belle, même quand elle s'énervait. En fait, même encore davantage quand elle s'énervait, car cela lui donnait envie de rire. Et il se découvrait un véritable don pour l'agacer.

Cela dit, ce n'était pas parce qu'il l'écoutait d'une oreille qu'il ne comprenait pas. Au contraire, il comprenait plus de choses qu'elle ne le pensait. Il connaissait un peu le système des Hutts, et si les noms qu'elle avait ne lui disaient rien, il savait qu'ils étaient importants. Borenga était la seule chose à peu près connue de la République, concernant les affaires des Hutts et de l'Empire. Il tapota avec ses doigts sur la table, abandonnant sa contemplation pour réfléchir. Puis, choisissant ses mots avec soin, il parla à son tour.

 « Si je ne me trompe pas, les Hutts préfèrent quand même traiter avec l'Empire qu'avec la République. Ca ne paraît pas si important, mais je pense qu'on devrait le garder à l'esprit. Ils apprécient faire affaire avec les Sith, car ils leur ressemblent davantage que les Jedi. N'y voyez aucune insulte. Ce doit juste être le goût pour les mauvaises herbes... euh les mauvaises habitudes, désolé. »

Il montra l'holoportrait du neveu, Vogda.

 « Comme on va traiter avec lui, il faudrait qu'on se penche sur les précédentes négociations, et sur ce qu'on sait de lui. Du genre ce qu'il apprécie chez ses interlocuteurs, ce qu'il apprécie ou non dans l'Empire, et effectivement, les éventuels services qu'on peut lui rendre. Je ne suis pas contre l'idée d'un peu d'action à vos côtés, très chère, mais je pense qu'il faudra quand même qu'on essaye d'éviter. Je ne suis pas persuadé qu'Odium trouverait ça pertinent si on se contentait d'un service pour un rendu. Ca ne servirait de toute façon qu'à donner l'impression à cette limace qu'elle peut nous avoir ainsi à chaque fois. Ce qu'il vaut mieux éviter. »

Il réfléchit à nouveau, avant de regarder Myir d'un air malicieux. Il savait que ça l'énervait, voir peut-être la mettait mal à l'aise, lorsqu'il la regardait ainsi. Et de toute façon, ce qu'il s'apprêtait à dire – à suggérer – n'était pas dénué de bon sens.

 « Il y a... un moyen, d'engager une bonne discussion. De mettre ce Hutt plus disposé à discuter avec vous. Vous êtes loin d'être moche, vous êtes même une plutôt belle femme. Et le plaisir des yeux, pour un être comme Vogda, c'est important. Etant une Sith, il n'osera pas vous demander comme esclave. Mais il ne sera que plus content de négocier avec vous en petite tenue, qui plus est en mettant vos formes en valeur. »

L'air malicieux dans son regard de perdit, remplacé par un air grave. C'est une Sith, crétin. Pas une Jedi. Même si elle l'a probablement été un jour. Konst' irait peut-être lui trouver des informations, si elle parvenait à en avoir. Elle était pleine de ressources, et très débrouillarde. La Sith était-elle au courant de ce message, d'ailleurs ? Si oui, elle n'en parlait pas.
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Myir écouta avec attention les arguments d'Emhyr. Il avait raison : s'ils rendaient service, alors Vogda n'aurait plus qu'à recommencer à sa prochaine difficulté pour que l'Empire vole de nouveau à son secours. De la sorte, ils se soumettaient à lui, lui montraient qu'ils avaient besoin de lui comme allié... Et perdaient leur position de Force. Cela frustrait la Twi'lek de se rendre compte de son inexpérience en matière de diplomatie : Emhyr avait aisément mis en évidence les failles de son plan simpliste et basé sur l'hypothèse naïve qu'il suffirait d'un donné pour un rendu pour établir une relation durable dans laquelle l'Empire aurait tout à gagner. De toute évidence, Emhyr était plus talentueux qu'elle dans ce domaine. Elle acquiesça en silence, se rendant malgré elle à ses arguments, jusqu'à ce qu'il évoquât une esquisse de plan où son corps se retrouvait en appât. Aussitôt, les traits de Myir se durcirent sous l'effet de la colère.

- Vous me prenez pour une putain ? siffla-t-elle en maîtrisant à grand peine sa contrariété. Ne comptez pas sur moi pour alimenter les fantasmes lubriques sur les Twi'lek réduites à l'esclavage ou à de simples danseuses de cantina !

Elle rejeta son torse en arrière et croisa les bras, les mâchoires serrées par la frustration qu'elle contenait. Ses lekkus frissonnèrent. Non qu'elle se fût réellement jamais intéressée à ses compatriotes de Ryloth, dont elle n'avait de toute façon aucun souvenir. Mais elle avait été assez souvent l'attention des hommes dans sa vie de Jedi pour savoir que ce n'était pas un trait de sa personne qui attirait spécifiquement le respect, mais plutôt la condescendance et les instincts primaires.

Myir détourna le regard, offusquée également par le sourire qu'il avait eu avant de reprendre une apparence plus grave, comme s'il avait trouvé la situation comique. S'il croyait lui faire un compliment ! Pourtant, elle devait reconnaître que son propre plan ne fonctionnait pas. Si elle charmait Vogda, Malaka, ou bien les deux... Probablement susciterait-elle plus d'intérêt et les plierait-elle plus aisément à sa volonté. S'abaisserait-elle à une telle infamie ? Elle soupira avant de croiser de nouveau le regard d'Emhyr. Ce n'était pas une plaisanterie : il paraissait sérieux.
Elle secoua légèrement la tête en un signe négatif avant de se remettre à pianoter sur l'écran tactile afin d'obtenir sur Vogda les renseignements qu'Emhyr avait suggéré d'obtenir. Ses yeux parcoururent brièvement les quelques lignes à son sujet tandis qu'elle s'efforçait de faire abstraction de la proposition insultante de son compagnon.

- Vogda a l'air de s'être déplacé plusieurs fois jusqu'à Dromund Kaas, mais il ne l'a plus fait depuis plusieurs mois, l'informa-t-elle. Il semblerait qu'il ait plusieurs fois été reçu en grandes pompes, avec un faste particulier. Monsieur apprécie le luxe, et mesure le respect qu'ont pour lui ses interlocuteurs à la quantité de cadeaux qu'il reçoit. Parmi lesquels des épices rares comme le sansanna, des prostituées d'espèces variées, voire des gadgets technologiques.

Myir grimaça. Les Hutt étaient tous les mêmes. Pétris d'orgueil et de mauvais goût.

- Nous ne sommes même pas encore arrivés que je déteste déjà cette mission,
soupira-t-elle, sa frustration laissant doucement place à une résignation mélancolique.

Le pire, c'était que ces informations donnaient raison à Emhyr : ils arrivaient sans aucun cadeau particulier, aussi allait-il falloir captiver son attention par ce qu'il pourrait obtenir, éventuellement, si les relations avec l'Empire revenaient au beau fixe. D'une rage contenue, elle éteignit d'une pression sur un bouton latéral la table lumineuse et se leva. Elle se mit à faire les cent pas devant le plastacier, au-delà duquel s'étendait l'écran noir maculé d'étoiles que leur offrait l'espace. La silhouette de la Twi'lek, éclairée par les lumières rouges et dorées du plafond de métal, se découpait en courbes musclées. Elle tergiversait encore, puis cessa de faire les cent pas pour se tourner vers son prisonnier. Ses yeux s'étrécirent en rencontrant son regard.

- Je ne suis pas une diplomate, lui révéla-t-elle de but en blanc. S'ils manoeuvrent à mon désavantage, je ne m'en rendrai certainement pas compte. Il faudra que vous veilliez à cela. Si je m'en rends compte une fois piégée, je ne garantis pas qu'ils ne tâteront pas de mon sabre, et alors nos négociations seraient-elles fichues.

Au pire, s'ils tuaient Malaka, elle s'arrangerait pour le remplacer. Mais s'ils tuaient Vogda, Malaka conserverait le pouvoir et serait profondément vexé. Myir joua des lekkus, l'un d'eux venant se poser délicatement sur son épaule. Elle joua avec la pointe d'une main songeuse.

- Admettons que je m'abaisse à me présenter sous un jour plus séduisant
, fit-elle sur un ton prudent, quelque peu résigné. Admettons seulement, car je suis très mauvaise actrice et ne suis certainement pas disposée à m'approcher à moins d'un mètre d'une créature aussi gluante qu'un Hutt. Que proposeriez-vous ensuite ? Les Hutt verraient en moi un objet de désir, qu'ils combleraient rapidement en embauchant une autre Twi'lek de ma carnation pour assouvir leurs fantasmes les plus glauques. Il nous faudrait un plan plus solide derrière une telle stratégie.

Hors de question de s'abaisser à jouer de son corps si elle n'était pas certaine d'obtenir gain de cause. Si Emhyr ne lui offrait pas ce plan, alors ils opteraient pour une autre stratégie, même si elle ne savait pas encore laquelle. Elle croisa les bras et haussa les sourcils, attendant de voir s'il était réellement meilleur qu'elle pour établir un plan de négociations viable.
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Il faillit rire, en la voyant se vexer ainsi suite à sa suggestion. Il apprécia particulièrement le froncement de son expression faciale, la façon dont elle rejetait le buste en arrière, faisant légèrement bouger sa poitrine, avant qu'elle ne croise les bras comme une enfant vexée. Oh, certes, il avait émis l'idée, mais il ne l'approuvait pas spécialement. D'autant qu'elle semblait mal le prendre. Offrir la Twi'lek en pâture au Hutt ne leur ferait pas vraiment gagner grand chose sur le terrain de la diplomatie. Mais c'était toujours un pas en avant pour échafauder leur plan. Même si, il n'en doutait pas, une bonne part d'improvisation allait probablement être nécessaire.

Il trouva surprenant - et agréable de voir qu'elle était capable de le faire – qu'elle admette ouvertement ne pas être une diplomate. Il sourit, non pas d'un air moqueur, mais de manière compréhensive, comme un professeur approuvant le raisonnement de son élève. Des restes de son passé mystérieux, sans aucun doute. Elle n'avait pas toujours été une Sith, et cela se voyait : elle était entre deux eaux, ne sachant pas toujours ce qu'il fallait faire pour se comporter comme son maître l'aurait fait. Mais un tel aveu de faiblesse révélait un début de sagesse. Pour affronter quelqu'un, connaître ses faiblesses était une bonne chose. Connaître les vôtres, encore mieux.

Il réfléchit quelques instants à ce qu'elle lui avouait et demandait. Une telle marque de confiance était à double tranchant, sa tête tombant en premier si tout venait à mal se passer. Il pianota à nouveau sur la table avec ses doigts, songeur. Comment pouvoir concilier le fait que Myir allait être en soubrette – quelle belle vue ce serait, en vérité – lui-même se faisant passer pour un Sith, et le Hutt probablement prêt à négocier difficilement pour pouvoir rétablir un accord avec l'Empire.

 « Laissez-moi y réfléchir quelques minutes. Pendant ce temps... pourquoi ne pas chercher une tenue appropriée ? Pas la peine de vous vexer, très chère, je ne propose pas de vous mettre complètement nue. Encore que ce serait pas désagréable. Mais optez pour quelque chose de léger, qui mette en valeur vos formes, mais qui ne vous ferait pas passer pour une esclave. Vous êtes une Sith, vous allez traiter avec lui. Soyez attirable, désirable, mais pas vulgaire. Sinon, c'est sûr qu'il vous prendra pour une prostituée. »

Il fixa ses yeux pendant quelques temps, espérant y déceler quelque chose. Mais non, rien. Tant pis. Alors, il se plongea dans une recherche d'information sur Klatooïne. Il ne découvrit malheureusement pas grand chose : planète désertique, dominée par les Hutts depuis très longtemps, et dont la population locale vivait en esclavage. Rien qui ne leur permette de savoir comment aborder plus facilement le problème. Quant au Hutt... il appréciait les cadeaux, certes, mais que lui amener ? S'il avait su plus tôt, il aurait suggéré d'apporter une nexu sauvage ou une autre créature exotique.

Myir ne saurait pas décerner les subtilités diplomatiques, et il préférait éviter de se battre avec sa lame bleue. Voilà qu'ils étaient mal barrés... Personne ne pouvait prévoir comment ça allait se passer, mais Emhyr n'était pas très optimiste. Bon sang, Odium devait vraiment le détester pour l'obliger à venir. Et tester la Twi'lek ainsi... Il comprenait le raisonnement. Mais il restait une inconnue trop importante, dans tout ça : comment négocier, réellement et concrètement ? Plus il y pensait, et plus le recours à un service lui semblait être la dernière et unique solution.

Il se décida finalement à parler, après avoir passé de longues minutes dans le silence sans faire attention à si oui ou non la Twi'lek s'était absentée entre-temps.

 « Bon. Vogda aime les trucs de luxe, mais on a pas le temps ni les moyens d'aller lui dégotter une créature exotique ou un beau tableau. De plus, on n'a pas d'esclaves à lui donner, pour peu qu'il accepte d'en recevoir de l'Empire. Tout se réglera autour d'une somme d'argent, une compensation, de la part des Sith. Reste donc, ensuite, à négocier cette somme. Plus il nous appréciera, et plus il diminuera le prix. S'il a l'impression de pouvoir nous flouer, ou s'il se met à nous détester, l'inverse se produira. Par conséquent, je pense qu'il faudra qu'on lui propose cet argent, et un service – ou plusieurs petits. On n'a malheureusement pas trop le choix. Si vous êtes dans une tenue charmante, il appréciera la vue, et je pense donc qu'il sera déjà plus disposé à nous parler. Je ne sais pas combien Odium nous autorise à négocier en son nom. Mais … Autant éviter la trop grosse somme, d'accord ? »
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Après un soupir, Myir consentit à s'éclipser, laissant son compagnon poursuivre les recherches pendant qu'elle rejoignait sa cabine. Lorsqu'elle ouvrit la caisse qui contenait ses maigres effets cependant, elle comprit qu'elle ne trouverait rien qui correspondrait aux critères évoqués par Emhyr. Des éléments sportifs, des tenues d'entraînement et de mission, tous sobres, sans ornement. Sans même la fouiller, elle laissa retomber le couvercle de la caisse qui se referma avec un cliquetis sonore, puis elle s'assit sur sa couchette pour réfléchir. A bord de la navette, y avait-il des femmes dans ses mensurations ? Il n'y avait que deux femmes parmi l'équipage, plus petites qu'elles. Et elles n'avaient certainement pas emporté de tenues affriolantes non plus. Elle soupira, pensant qu'elle n'arriverait à rien, avant de se souvenir de quelques détails : elle avait emporté ce fameux bijou qui lui avait été offert suite à sa réussite de Makem Te. Elle l'avait joint à ses affaires car rien ne restait dans sa cellule de Korriban par mesure de sécurité. Elle rouvrit donc la caisse, fouilla pour le retrouver avant de retourner devant le miroir, où elle retira les bandages enserrant son front et ses lekkus. Puis elle positionna le bandeau tressé noir et orné de pierres précieuses sur son front. Elle le serra derrière ses lekkus et se jeta un regard évaluateur dans la glace. Le résultat était plus avantageux que ce à quoi elle s'était attendue. A n'en pas douter, les joyaux qui brillaient, élégants, ne rappeleraient en rien une esclave Twi'lek. Encouragée par ces premiers résultats, elle retira ensuite rapidement ses vêtements, ne gardant que ses sous-vêtements noirs, et enfila un gilet de mailles sombres qui laissait entrevoir, en transparence, ses courbes, jusqu'à mi-cuisses. Elle le positionna de différentes manières jusqu'à obtenir l'effet recherché, à savoir une élégance désinvolte, suggestive sans être provocatrice. Etrangement, cela ne la dérangeait pas de dévoiler ses cuisses ni même la courbe de ses seins qui dépassait de son soutien-gorge, mais voir ses lekkus complètement dénudés la mettait mal à l'aise : elle ne les avait jamais portés ainsi. Elle tâcha d'en faire abstraction, et se demanda si son accoutrement général ne la faisait pas paraître ridicule. Il n'y avait qu'une seule façon de le savoir.

Lorsqu'elle revint dans la salle commune, elle avait enfilé des bottes de cuir qui arrivaient à mi-mollet, et elle écarta brièvement les bras pour se soummettre au regard d'Emhyr. Cependant, il ne la regarda pas tout de suite, absorbé qu'il était par sa lecture, aussi patienta-t-elle tandis qu'il énonçait quelques évidences. Elle grimaça à ses remarques : n'avait-il pas de plan plus élaboré ? S'ils revenaient au service rendu ou à la somme à verser, alors elle faisait ces efforts pour rien.
La Twi'lek ne répondit rien, attendant qu'il comprît qu'elle attendait de lui un regard. Mais lorsqu'il vint, elle se sentit immédiatement mal à l'aise.

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- Je n'ai rien de mieux,
prévint-elle pour contrer toute critique. Il faudra faire avec, au moins dans un premier temps.

Elle guettait sa réaction, sans savoir exactement ce qu'elle aurait aimé lire dans ces yeux lassés. Un peu de vie, peut-être ? Myir se persuada qu'elle n'attendait de lui qu'une réponse professionnelle : ça allait, ou ça n'allait pas. C'était aussi simple que cela.
Elle revint s'asseoir en face de lui, sourcils froncés.

- Alors nous revenons au plan initial ? Ca ne suffira pas, vous l'avez dit vous-même. Il faut tenter cette ordure. Lui faire miroiter quelque chose. Et non, le Seigneur Odium ne sera pas spécialement disposé à verser de l'argent, surtout alors que Malaka n'a fait qu'augmenter ses prix ces dernières semaines.

Elle se mordit la lèvre, et son regard balaya la pièce comme si les murs ou l'espace au-delà pouvaient lui souffler une idée quelconque. Si Vogda était séduit, qu'elle se faisait passer pour une Sith d'importance envoyée depuis l'Empire... Il donnerait rapidement les raisons auxquelles elle s'attendait : Borenga était dangereux, les convois étaient difficiles à faire passer, y compris par la République. Il expliquerait certainement qu'en plus de cela, il ne recevait plus de faveurs particulières de l'Empire, puisqu'ils arrivaient sans cadeaux. Le pauvre serait vexé. Un plan germa progressivement dans l'esprit de la Twi'lek.
Elle releva les yeux, soutenant le regard d'Emhyr.

- Et si... Voilà une idée bien saugrenue mais, et si nous prétendions que je suis le cadeau, non pas à Vogda, mais à Malaka ? Le neveu en serait certainement très jaloux. Je pourrais venir pour proposer une alliance... matrimoniale, si je puis parler ainsi. Avoir pour femme une richissime Twi'lek impériale, avoir une résidence sécurisée sur Dromund Kaas... Vogda crèverait pour obtenir cela pour lui. Pendant que je tenterai d'obtenir une entrevue avec Malaka lui-même, Vogda fera tout pour bouleverser ces plans.

Elle imagina la déception du Hutt et son envie de goûter aux privilèges de son oncle.

- Pensons à moyen terme : après l'avoir alléché quelque temps et au terme de rudes négociations, nous pourrions lui faire la « faveur » de reconsidérer cette offre de mariage. Imaginez : pendant que je rencontre Malaka, vous laissez entendre à Vogda que je suis relativement indifférente : un Hutt ou un autre... Seule la puissance au sein du Kajiidic m'intéresse. Vous lui soufflez qu'il pourrait être un meilleur parti pour moi à plus long terme, puisqu'il est le descendant légitime de Malaka, qui cédera sa place tôt ou tard et qui a peur de se déplacer jusqu'à l'Empire. S'il mord à l'hameçon, il sera prêt à vous accorder le rétablissement des relations commerciales avec l'Empire en échange d'un petit service : que vous me convainquiez de renoncer à un mariage avec Malaka. Plus il tergiversera, et plus je pousserai bien les promesses faites à Malaka. Chaque privilège impérial, chaque marchandise de luxe, chaque don charnel de ma part... autant d'éléments qui feront rêver Vogda alors qu'ils seront promis à un autre. Et lorsqu'il cèdera, nous retournerons dans l'espace impérial en prétextant une urgence, en mettant bien sûr Vogda dans la confidence pour qu'il sache que le mariage est bien annulé. Chaque fois que Malaka se rappellera à notre bon souvenir, il nous suffira de rappeler à notre tour à Vogda que l'union pourrait être imminente. Et si un jour il se doute qu'il a été trompé, il nous suffira de le menacer de mettre Malaka dans la confidence, à savoir que son propre neveu s'est interposé entre une promesse de luxe et lui...

Myir inspira, passa la langue sur ses lèvres sèches et songea qu'elle devrait emprunter du maquillage à une femme de l'équipage pour parfaire son allure. Il lui serait également possible, sur place, de trouver d'autres tenues pour faire croire à leur petite histoire. Si celle-ci fonctionnait, ils obtiendraient les faveurs de Vogda sans même avoir besoin de rendre service à qui que ce soit. A première vue, son plan lui sembla relativement solide. Elle sourit à la pensée que peut-être, elle était en mesure d'échafauder une stratégie diplomatique viable pour l'Empire. C'était un début, pour une non-diplomate...
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Le cœur d'Emhyr fit une embardée en voyant la tenue de la Twi'lek, mais il essaya de paraître simplement et purement pragmatique. Qu'il s'intéressait à la tenue pour son atout en temps qu'utilité, plutôt que parce qu'il rendait Myir terriblement attirante. Il avait passé l'âge de rougir devant une femme dévêtue, mais il n'ignorait pas les bonds dans son intérieur. Il refusait néanmoins d'admettre ce que tout cela signifiait, et il s'efforça donc de conserver un certain détachement alors qu'il observait la Twi'lek sous toutes ses coutures. Il eut l'impression de la mettre mal à l'aise, mais peut-être qu'elle l'était de base. Lui-même l'aurait un peu été.

 « Vous êtes sublime. Vogda n'en sera que plus satisfait. »

Au moins autant que moi. Il n'allait pas le dire à haute voix, néanmoins. Il n'était pas fou au point de lancer une telle pique. Cela compromettrait complètement la mission, car Myir ne lui accorderait pas la moindre confiance, si elle était persuadée que cela ne servait qu'à lui offrir un plaisir lubrique. Ce qui, bien sur, n'était pas le cas.

Il écouta patiemment – avec un peu de soulagement – la Twi'lek exposer son plan. Il devait bien avouer que l'idée était particulièrement intéressante, envisageable et même réalisable. Ca allait néanmoins demander un minimum de diplomatie parfaitement dosée, car il allait falloir réussir à berner deux Hutts séparément, lesquels pouvaient avoir soudainement envie de s'allier pour chasser des intrus. Dans la pratique, ils ignoraient que Myir était une Sith qui préférait mourir que d'épouser un Hutt. Et lui, il pouvait en même temps y faire concorder son idée.

 « Ce que vous dîtes là n'est pas foncièrement une mauvaise idée. En fait, je la trouve même excellente. Et elle peut se compléter à ce que je disais plus tôt. Odium ne l'a peut-être pas spécifié, mais je pense qu'il le sait : on obtiendra rien sans compensation financière, si minime soit-elle. Le, euh... cadeau de mariage, en quelques sortes. N'oubliez pas qu'ils sont lésés, dans cette histoire. Le mariage représente, avec une éventuelle somme, la compensation. Le service rendu, que j'exécuterais probablement par moi-même du coup, formera une sorte de remise en confiance. »

Il montra à nouveau le portrait de Vogda, avant de reprendre la parole.

 « Bien sur, ne jamais perdre de vue que l'un comme l'autre, oncle et neveu vont nous donner du fil à retordre. Ils s'attendront à une supercherie, à quelque chose qui pourrait leur faire perdre leur pouvoir. Il faudra veiller à ce qu'ils baissent leur garde, à ce qu'ils nous pensent incapable d'aller les attaquer directement pour leur prendre leur richesse. Car c'est là le problème : ils ont peur que l'Empire vienne prendre de force tout ce qui fait leur puissance. Soyez... j'allais dire naturelle. Soyez le plus naturel possible, dans le sens où ne jouez pas à la Sith contrainte et forcée. Enfin, vous pouvez, mais pas trop. N'allez pas non plus commettre un double meurtre, quoi. On ne repartirait probablement pas vivant de là. Et Odium en serait fort désappointé. »

Il garda pour lui le fait qu'il ne se sentait pas spécialement à l'aise à l'idée de négocier pour l'Empire, mais au moins ça faisait une première information d'importance à enregistrer – et à communiquer plus tard. Il avait besoin de ça, d'apprendre des choses sur les opérations de l'Empire, afin de pouvoir continuer d'espérer s'en sortir un jour. Car s'il parvenait à retourner dans la République, il valait mieux avoir du bagage derrière. C'était mieux que de revenir en disant « non je suis pas devenu un Sith ! ». Du moins, plus crédible.

Il se leva, ensuite, et écarta légèrement les bras. Ils avaient réglé une bonne part du problème, pour le moment. Il en restait un quand même.

 « Et sinon, on parle de vous, de votre tenue. Mais moi ? J'ai l'air d'un Sith, là-dedans ? Ou faut-il que j'vienne en soubrette aussi, vous pensez ? »
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Bien heureusement, il n’avait pas ri. Il l’avait même complimentée, ainsi que sur son plan, ce qui rassura la Twi’lek sur sa capacité à tenir un tel rôle. La perspective de réussir un coup « diplomatique » était nouvelle pour elle, et Myir avait soudain hâte de passer à l’action. Mais Emhyr avait raison : il fallait peaufiner leur stratégie pour combler les failles, anticiper les risques et leurs plans de secours.

- Très bien, acquiesça-t-elle. Il nous faudra donc nous tenir prêts à devoir être séparés. Prenez un ou deux soldats avec vous, on ne sait jamais. Le reste pourra être ma garde officielle.

Un bref instant, elle songea que ce serait l’opportunité pour Emhyr de prendre définitivement la poudre d’escampette. S’il le voulait, c’était l’occasion rêvée de s’enfuir de l’Empire. Le ferait-il ? Cette occasion se présenterait à lui d’une manière ou d’une autre, elle le savait. C’était son prisonnier, mais elle ne l’avait jamais enchaîné. Myir souhaita croire que s’il l’avait voulu, son coéquipier serait déjà loin, mais peut-être pas. La laisserait-il entre les griffes visqueuses des Hutt ? Combien de temps attendrait-elle avant de décider qu’elle avait été abandonnée et que le plan avait capoté. Elle serra les dents et rejeta l’hypothèse… Pour le moment. Lorsqu’elle serait seule, elle réfléchirait à un plan B pour mener à bien la négociation si Emhyr venait à s’enfuir. Elle serait déçue, mais elle tâcha de se dire que ce ne serait pas une grande perte. Le pire serait d’annoncer à Darth Odium qu’elle s’était trompée sur son compte…

Non, non. Elle ne s’était pas trompée, ce n’était pas possible. Elle avait vu en lui un partenaire sans pareil, un combattant hors pair à qui il manquait juste un but évident dans sa vie, ce qu’elle et l’Empire étaient prêts à lui offrir. Il n’y avait aucune raison qu’il s’enfuît désormais. Et pourtant…

- Nous prendrons le temps qu’il faudra pour qu’ils nous fassent confiance. Ne vous inquiétez pas pour moi : l’attente jouera en ma faveur, je me ferai désirer. Ma trajectoire est toute tracée… En effet, c’est la vôtre qu’il va falloir peaufiner désormais.


Elle préféra ne pas trop retenir les conseils qu’il lui donnait. Être naturelle ? Si elle se laissait naturelle, elle leur trancherait la gorge. Inutile de jouer non plus les idiotes spontanées. Elle serait ce qu’elle était au fond : un prédateur venant faire son marché. Elle les tromperait juste sur ce qu’elle désirait vraiment : un pouvoir dans l’Espace Hutt n’avait aucun intérêt à ses yeux.

Myir lui adressa un regard évaluateur après sa blague. Elle chercha en elle quelque réponse à son humour, mais il y en avait aucune. Elle n’avait jamais été douée pour ces choses.

- Je ne suis pas en soubrette,
précisa-t-elle sombrement. Mais vous mériteriez de vous promener aussi en bikini entre les Hutt et leurs sbires, juste pour voir l’impression que ça fait.

L’image aurait pu être une blague, mais Myir le pensait au premier degré, et ne sourit pas. Son esprit était toujours pleinement absorbé par la mission. Elle se détendit néanmoins quelque peu, croisa ses jambes nues et ferma les yeux lorsqu’un frisson la parcourut. Il allait falloir qu’elle s’habitue au froid, avec une tenue pareille.
Elle rouvrit les yeux et passa ses mains sur ses cuisses pour les frictionner discrètement, histoire de récupérer un peu de chaleur.

- Bon, le plus logique est que vous soyez un émissaire de l’Impératrice. Officiellement, vous êtes là pour appuyer ma proposition, montrer que l’union a la bénédiction de l’Empire… Eventuellement, cette bénédiction pourra en effet prendre la forme d’une somme ou bien d’un service rendu. Officieusement, vous pourriez faire croire à Vogda que vous êtes là pour surveiller que mon aspiration à m’unir avec Malaka ne fera pas d’ombre à Darth Ynnitach. Je pourrais avoir une réputation fâcheuse d’arriviste ambitieuse, et une telle confidence vous permettra peut-être d’acquérir la confiance de Vogda.

La Twi’lek fixait toujours le visage fatigué d’Emhyr tandis qu’elle exposait ses idées, un lekku enroulé autour des épaules laissées nues par son châle de mailles légères. Un bref instant, elle eut l’impression qu’il était perturbé. Par quoi ? Pensait-il à la même chose qu’elle ?

C’est-à-dire…

Sa possibilité de fuite ? La Twi’lek se mordit la lèvre. Devait-elle ou non lui faire confiance ? Elle songea à lui demander de lui laisser son sabre une nouvelle fois, mais c’était idiot : il en aurait peut-être besoin pour se défendre ou rendre le fameux service aux Hutt.

Non. Elle avait décidé qu’elle pouvait lui faire confiance. Elle le ferait.

- Si notre plan est prêt, nous devrions peut-être profiter de ces dernières heures de voyage pour nous reposer avant la première rencontre avec Vogda. La mission durera des jours, peut-être des semaines pendant lesquelles nous n’aurons guère le temps ni de nous reposer ni de veiller l’un sur l’autre. Autant commencer le tout dans les meilleures dispositions possibles.

Elle se leva, traversa la salle commune avant de se retourner, bras croisés et une épaule appuyée au bord d’une paroi métallique qui donnait sur la coursive menant à leurs chambres. Ainsi vêtue et sous le regard d’Emhyr, la Twi’lek eut l’impression d’être une femme qui attendait un époux tardant à la rejoindre au lit. Elle ne s’était jamais perçue ainsi, elle, la guerrière. Pourtant, c’était un peu ce qu’elle était : l’époux était juste une grosse larve visqueuse, et le lit un nid impérial fait de ronces dont il ne pourrait se dépêtrer. Rien de tout cela n’était bien beau. Mais au moins réussiraient-ils, non ? Il n’y avait bien qu’une faiblesse à leur plan.

- Emhyr, souffla-t-elle. Vous ne m’abandonnerez pas aux mains de telles créatures, n’est-ce pas ?

C’était plus une question rhétorique, pour s’assurer qu’il était bien décidé à accomplir la mission, plutôt que l’appel d’une femme en détresse.
Aussi se détourna-t-elle sans attendre de réponse et rejoignit sa cabine.
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Il regretta amèrement son trait d'humour, voyant qu'elle n'en possédait pas. Avait-elle toujours été aussi froide, incapable de rire ou de sourire avec un peu de joie, ou le Côté Obscur lui avait-il retiré tout ça ? Il ignorait tout de sa vie avant, et se surprenait à vouloir en savoir davantage. Il aurait aimé connaître son parcours, afin de mieux la comprendre. Et peut-être aussi pour savoir si oui ou non il y avait moyen de la faire adopter un point de vue... disons plus proche du sien. Emhyr ne se voyait pas comme un visionnaire, mais il savait quand même voir quelqu'un d'aveugle à la réalité. Myir était ainsi, corrompue par le Côté obscur.

Il approuvait l'ensemble du plan, bien sûr. Il prendrait deux soldats, et s'arrangerait pour paraître plus Sith que jamais. Il se demanda soudainement s'il allait pour cela garder sa barbe ? Non, peut-être pas. Les Sith étaient austères, rien à voir avec l'apparence désinvolte dont faisait preuve Emhyr depuis plusieurs jours. Il se laissait aller, comme lui aurait signalé Lyanna. Il eut une pensée pour elle, se demandant également ce qu'elle devenait.

Mais il eut aussi la pensée soudaine qu'il pourrait s'enfuir. La Twi'lek dut le voir aussi, car elle le fixa un moment, troublée. Il faillit sourire face à ça, le fait qu'ils pensaient probablement à la même chose en même temps. Après tout, c'était la vérité : il avait là l'occasion parfaite de s'enfuir. Deux soldats impériaux ne l'arrêteraient jamais. S'il se débrouillait comme il le fallait, il pouvait se retrouver loin de tout ça avant que l'Empire ne sache qu'il était parti. Il pouvait retourner auprès des gens qu'il aimait... mais en avait-il vraiment ? Konstancja. Lyanna. Oui et non, en fait. Il appréciait Konst', et avait accepté d'être son mentor pour lui enseigner quelques trucs... Mais c'était une amie et elle faisait très bien sa vie sans sa présence. Lyanna, son ancienne padawan, était sans doute en passe de devenir une Jedi maintenant.

Ou je peux errer seul, mais dans ce cas-là mieux veut se retirer en ermite sur une vieille planète oubliée. Or, je préfère quand même me bouger un peu. Il observa distraitement Myir s'en aller, laissant ses yeux posés à l'endroit où elle était là auparavant. Il n'était pas certain de savoir ce qu'elle avait murmuré, mais il s'en fichait un peu. Il n'allait pas lui courir après. Aussi resta-t-il quelques minutes dans le silence, plongé dans de sombres pensées, là où il était. Jusqu'à ce qu'enfin, il se décide à éteindre les appareils, puis à partir en quête des quelques soldats de l'équipage.

Cela ne lui prit pas longtemps d'obtenir deux volontaires, même s'il sentait parfaitement que c'était un peu contraint et forcé qu'ils acceptaient d'y aller. Il ne connaissait pas leurs noms : tant pis, ils les apprendraient plus tard. Il avait une assez large idée du commandement, mais il était persuadé que se faire apprécier de ses subalternes était une bonne idée. Ce n'est qu'une fois seul dans sa cabine qu'il se remit à réfléchir : pourquoi ? Pourquoi n'avait-il pas tant que ça envie de fuir ? Qu'est-ce qui me retient chez les Sith?

Le sommeil ne l'emportant pas, il s'abîma plusieurs heures dans cette réflexion. Pour au final réussir à trouver des éléments de réponse. Premièrement, il y avait l'Empire. Bien que rival et ennemi de la République, il possédait autre chose que les immenses défauts décriés par la presse républicaine : discipline, et ordre. Deux qualités qu'Emhyr appréciait beaucoup, étant lui-même discipliné et méthodique. Chaque citoyen impérial avait en lui le sens du devoir, la volonté de servir. L'esclavage était à proscrire, de même que la hiérarchie dominatrice établie par les Sith. Mais il s'imaginait œuvrer à ça, et l'idée était plaisante. Il pouvait ne jamais être un Sith, mais il pouvait montrer une autre façon de concevoir les choses. Et s'il en mourrait... bah, au moins il aurait essayé.

Mais il y avait aussi la Twi'lek. Il ne pouvait nier qu'elle lui faisait un étrange effet. Etait-il sous le charme ? Non, mais elle exerçait sur lui un attrait indéniable. Il savait ce qu'il souhaitait : pouvoir lui montrer sa propre vision de la Force. Qu'il n'y avait pas que les Jedi et les Sith. Si elle parvenait à le comprendre, elle en sortirait grandie et ils pourraient alors mieux se comprendre et s'entendre. Ca faisait une raison de plus de rester. Ou du moins, de ne pas partir tout de suite.
Quand il se réveilla, il se prépara mentalement à ce qui allait suivre. Une épreuve diplomatique. Il se rasa, se lava, se vêtit, puis alla rejoindre Myir. Ce n'est qu'une fois arrivé à côté d'elle qu'il se mit à parler à voix haute, se rendant compte qu'il ne lui avait plus adressé la parole depuis une journée complète, presque. Un détail inutile que je note, tout va bien Emhyr.

 « Nous y sommes. J'ai mes deux hommes, vous avez les vôtres. »

Il n'avait pas le cœur à la plaisanterie ou à balancer une pique, pour une fois. Il se pencha vers elle pour murmurer.

 « Ca va aller ? Vous avez l'air nerveuse. Inspirez à fond, expirez lentement. Contrôlez votre rythme cardiaque. Vous êtes une dame de l'Empire, désormais. Vous avez l'ambition de servir et de montrer votre assurance. »

Il lui pressa doucement l'épaule en un geste qui se voulait réconfortant, rassurant, mais il sentit son agacement et retira son bras. Décidément, cette Sith était la meilleure femme de la galaxie.
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Lorsque la voix du pilote annonça l’atterrissage imminent, la guerrière vérifia une dernière fois son reflet dans le miroir. Elle avait noirci ses cils, ses paupières et ses lèvres à l’aide du maquillage emprunté à un membre de l’équipage, et son accoutrement s’accordait à ce masque qu’elle venait de se constituer. Elle se sentait suffisamment une autre pour sortir de sa cabine avec assurance.

Avant de quitter le vaisseau, elle ordonna aux quatre soldats restant de la suivre, et de n’engager la conversation avec aucun étranger. L’alcool leur serait également proscrit. Ils étaient là pour sa protection ; qu’ils ouvrent l’œil était tout ce qu’on leur demandait pour le moment, et ils acquiescèrent docilement.

Alors que la navette approchait le sol, tous se rejoignirent devant la passerelle. Myir observait les soldats du coin de l’œil, qui s’agitaient de manière à peine perceptible, lorsqu’une main sur son épaule la fit sursauter. Elle n’avait tellement pas l’habitude d’un tel contact qu’elle le repoussa et fronça les sourcils.

- Je ne suis pas nerveuse, rétorqua-t-elle à voix basse, bien qu’elle sût que les soldats, si proches, les entendaient. Et on ne dit pas à une dame de l’Empire comment se comporter.

Son ton était sévère, mais elle lui décocha brièvement un sourire espiègle. Finalement, peut-être était-elle capable d’humour, mais seulement lorsqu’Emhyr abaissait sa garde de nonchalance.

- Vous m’appellerez Dame A’Eyan,
décréta-t-elle. A’Eyan, ne l’oubliez pas. C’est un nom de clan assez commun parmi l’une des castes supérieures de Ryloth. S’ils font des recherches, ils tomberont sur une multitude d’homonymes, ce qui me laisse en paix de ce côté-là.

Ils sentirent une brève secousse sur leurs pieds, et cela rappela à tout le monde l’objet de leur présence. La passerelle se dépressurisa puis s’ouvrit assez bruyamment, révélant devant eux un paysage ardent : un soleil couchant sur le désert de Derelkoos. Ils avaient quitté Korriban pour une planète du même acabit. Elle n’aurait pas froid, tout irait bien.

Myir s’engagea la première sur la passerelle dès que celle-ci fut stabilisée, l’humain toujours à ses côtés. Une petite délégation les attendait, essentiellement composée de klatooïniens à la face désagréable et au dos courbé. Principalement des jeunes armés de lances rudimentaires mais aussi de quelques vibrolames, qui braquaient sur eux leurs regards curieux et méfiants à la fois. Ils parlaient bruyamment dans une langue qui échappait à la guerrière, mais lorsqu’ils arrivèrent à leur hauteur, un individu se détacha et fit un geste pour obtenir le silence. Ils obéirent immédiatement, et Myir sut qu’elle allait s’adresser à lui en particulier dès que leurs yeux se croisèrent.

- Kah'lehalle ni alask Derelkoos, tualin vashna, éructa-t-il avec un sourire mielleux.

C’était un Twi’lek à la peau rose et aux dents jaunies, d’au moins vingt années plus âgée qu’elle, mais elle constatait à son sourire carnassier qu’il était agréablement surpris d’avoir à faire à sa propre espèce… Surtout ainsi vêtue. Il avait emprunté un adjectif de noblesse pour la désigner : c’était donc qu’il avait présumé en elle une classe sociale supérieure, ce qui était bon signe. Cependant, Myir ne savait pas si c’était une bonne nouvelle ou non d’avoir affaire à l’un de sa race : ses mensonges tout préparés sur sa vie passée seraient plus fragiles si un Twi’lek s’intéressait de trop près à sa généalogie, mais elle balaya ses doutes et posa sur lui un regard impérieux et froid.

- Arni'soyacho, répondit-elle, hautaine. Kei'nata ni… ?
- Kopecz’rackus.

Il n’avait rien d’un philosophe à ses yeux, malgré son nom. Parfois, les twi’leki portaient de grandes aspirations pour leurs enfants, d’où ces noms pompeux, mais beaucoup d’entre eux échouaient. Celui-ci aurait dû être un penseur, mais il n’était visiblement qu’un bandit. A moins qu’il ne fût un stratège dissimulé ? Myir ne croyait pas beaucoup en la superstition de son espèce. Elle tendit vers lui une le bout de ses doigts, qu’il s’empressa d’effleurer de ses lèvres en courbant l’échine. Visiblement, les klatooïniens tout autour ne comprenaient rien à leur échange.

- Nima’Eyan, se présenta-t-elle avec aisance, maintenant que son compatriote avait compris qu’elle provenait d’une caste supérieure à la sienne. Daesha Darth Ynnitach sana do o korjin kuuna Vogda se. Eti nawar Basic ?
- Ka, ka, approuva-t-il. O Vogda wati dei.
- Bien. L’émissaire de l’Empire ne parle pas notre langue, dit-elle en désignant Emhyr d’un regard, avant de se tourner vers lui, impérieuse. Kopecz parle le basic, il va nous conduire jusqu’à Vogda. N’est-ce pas ?
- Oui, oui, vashna.

Elle avait utilisé le prénom de son interlocuteur pour montrer sa supériorité sociale, comme cela se faisait sur Ryloth. Le Twi’lek semblait s’y soumettre sans rechigner, mais avec un sourire nerveux. Peut-être avait-il peur des Sith, ou bien la tenue de Myir alimentait-elle son imagination. Probablement un peu des deux.

- Allons-y dans ce cas, je n’ai aucune envie de passer la nuit dans ce désert, et je vois qu’aucun speeder ne m’a été dépêché, fit-elle, glaciale.
- M’shar, m’shar, s’empressa de répondre le Twi’lek en baissant les yeux et en leur montrant la direction à suivre.

Myir n’avait guère besoin de se forcer pour paraître exaspérée : le comité de réception était très restreint, preuve qu’on ne leur accordait que peu d’importance pour le moment. Ou alors, on avait envoyé des membres dont on pouvait se passer si les Sith étaient dangereux.

Le petit groupe impérial fut rapidement entouré des klatooïniens, qui les observaient en silence, et toute la procession se mit en marche vers la montagne la plus proche. Un large sentier sinuait jusqu’à une entrée qui ressemblait plus à une caverne qu’à un palais Huttese. Probablement une résidence secondaire de Vogda. Kopecz marchait rapidement, les devançant de deux mètres, et les gardes impériaux entouraient les deux représentants Sith au milieu du groupe.

- Il ne va pas y avoir grand monde pour parler le basic,
remarqua-t-elle dans un murmure, s’assurant que personne ne les entendait. Le Twi’lek fait preuve de beaucoup de déférence. Il vient d'un clan peu respecté de Ryloth, ce qui est une chance puisqu'il n'a osé nous faire aucune difficulté. Les habitudes Twi'leki ont la vie dure... Il a dit que Vogda nous attendait.

Le soleil disparaissait derrière eux quand ils atteignirent l’entrée du tunnel. Myir jetta un dernier regard derrière elle : leur navette décollait, prête à retourner se dissimuler en orbite de la planète jusqu’au signal les alertant de revenir chercher leurs passagers.

La mission était lancée, et la Twi’lek se concentra sur ce qui les attendait : au milieu des grognements satisfaits des klatooïniens, elle pénétra dans l’antre sombre du Hutt comme dans la gueule d’un monstre prêt à les digérer des jours durant.
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Première impression en voyant apparaître le globe qu'était Klatooïne ? Encore une putain de planète désertique. Seconde impression, quand la navette se posait et qu'ils descendaient ? Encore une foutue putain de planète désertique ! Il commençait à en avoir marre de la chaleur extrême, des tempêtes de sable, des pierres se dressant telles des sentinelles hostiles et des indigènes tout aussi belliqueux. Ca lui rappelait Tatooïne, lorsqu'il y avait rencontré Blackway : les gens n'aimaient personne et vous le faisaient comprendre de manière significative. Pareil en ce moment-même : les locaux étaient menaçants, et ils le prouvaient à cause de leur aura dans la Force. Si Myir le sentait – non, dame A'Eyan – elle n'en montrait rien. Mais leur escorte huttese imprégnait les alentours d'une aura passablement... désagréable.

Ils donnaient l'impression de vouloir le conflit, de vouloir leur chercher des ennuis pour pouvoir obtenir un peu d'action. Etait-ce du à un ordre de Vogda, ou de son oncle Malaka ? Il savait que les Hutts pouvaient se montrer particulièrement retors, et qu'ils jalousaient les Sith car ils l'étaient encore davantage par moment. Il n'avait, cela dit, jamais encore traité directement avec l'un d'eux. Par conséquent, il allait devoir assurer. Il observa les soldats impériaux, et plus particulièrement les deux qui allaient ensuite rester avec lui. Ils dégageaient une aura... difficile à interpréter. Un mélange d'exaspération et de résignation. Il ne pouvait guère leur en vouloir, car il était plus ou moins dans le même état d'esprit.

Il observa attentivement le Twi'lek, mais ne trouva rien que la Sith ne lui ait déjà dit ou sous-entendu. Il espéra néanmoins qu'il n'aurait pas affaire à quelqu'un ne parlant pas le basic, mais il en doutait. L’interprète resterait sûrement avec lui. Il maîtrisait quelques mots de huttese, néanmoins, et il estimait que ce serait suffisant pour savoir si oui ou non on allait essayer de le tromper. Mais encore une fois, il en doutait. Son regard parcourut à nouveau, ensuite, les Klatooïniens, les soldats impériaux, puis brièvement la Twi'lek à côté de lui. Il s'efforça de se dire que le mariage était factice et qu'elle n'allait probablement pas devoir user de son corps avec les Hutts. Il n'arriverait jamais à chasser cette image de sa tête, autrement. Il remarqua alors que A'Eyan était maquillée. Etrangement, et même si c'était censé la rendre plus belle, il la trouvait beaucoup moins séduisante ainsi. Ne serait-ce que l'accentuation anormale de ses sourcils, ça faisait perdre beaucoup de charme à son visage.

Il se retint de parler jusqu'à ce qu'ils arrivent dans l'antre du Hutt. Le soulagement était perceptible pour les Impériaux, car la fraîcheur soudaine était plus que bienvenue. Certes, le soleil se couchait à l'extérieur, mais il y faisait quand même très chaud. Ici, on était bien. Je serais pas contre un peu d'eau. Mais je suppose que ce serait trop demandé, pour le moment. Surtout qu'ils n'étaient pas tout à fait les bienvenus, comme il put s'en rendre compte rapidement : au moins le double de leur escorte se trouvait dans la salle, tous ces « hommes de mains » occupés à diverses activités. Une cour de Hutt, en vérité. Mais même en faisant semblant de pas les voir, c'était impossible de le manquer : tous les regards étaient braqués sur eux. Au fond trônait le Hutt, Vogda, lequel portait une sorte de poncho luxueux. Une unique esclave, une humaine qui devait facilement avoir moins de vingt ans, s'occupait de malaxer le dos de la créature. Emhyr serra le poing, gardant son calme. Ce n'était pas le moment de provoquer un incident. Il rentra immédiatement dans son rôle d'émissaire en s'avançant en premier, et en s'inclinant légèrement et avec humilité. Il aurait juré voir le Hutt sourire.

 « Honorable Vogda, veuillez recevoir les respectables salutations de l'Impératrice Ynnitach, ainsi que de son Altesse, Dame Nima'Eyan ici présente. Vous nous attendiez, conformément à notre message, à ce que je vois. Comme vous l'espérez sans aucun doute, nous venons afin de réparer l'ignoble préjudice qu'il vous a été fait, ainsi qu'à votre estimé oncle, le puissant Malaka. En tant qu'émissaire, moi, Darth Xarkan, vais parlementer avec vous au nom de l'Impératrice. J'espère, qu'au nom de l'ancienne amitié avec l'Empire, vous accepterez d'entendre ce que nous avons à offrir pour pouvoir rétablir de bonnes et saines entre vous et nous. »

Il attendit que le Hutt réponde, ou que la Sith à côté de lui intervienne. Il avait rapidement inventé un nom Sith, espérant que cela serait suffisant pour convaincre les autres.
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- Wapa loota wepwep mool.
- L’honorable Vogda vous présente ses vœux de bienvenue dans son palais d’agrément de Klatooïne, et espère que vous vous y sentirez tout à votre aise, vashna.

La traduction du Twi’lek était bien longue au regard des quelques mots prononcés par l’ignoble créature qu’était Vogda. Une masse informe et gluante, affublée d’un poncho qui le faisait vaguement ressembler à un autre Hutt célèbre et médiatisé. Mais c’était encore plus dégoûtant d’en voir un en vrai : le visage de Vogda était tuméfié et luisant, une verrue d’une taille odieuse avait poussé au coin de son œil droit et sa respiration bruyante exprimait un plaisir non dissimulé à recevoir les soins de sa masseuse, à demi-nue derrière lui. Comme Emhyr l'avait prédit, il ne semblait pas non plus insensible au charme de sa visiteuse, qu'il dévorait du regard, langue apparente. Myir eut un grand mal à ne pas montrer son dégoût. Elle se concentra pour garder une façade impassible, hautaine, sous le regard persistant de l’interprète. Elle sentit ses propres gardes échanger des regards hésitant. Afin de ne pas laisser le silence les faire paraître atermoyant, Myir fit un pas volontaire pour se rapprocher, sous les regards aiguisés des mercenaires qui constituaient la cour de Vogda, pour prendre la parole.

- Je vous remercie, Honorable Vogda, pour votre accueil. Quelle douce attention de votre part d’avoir dépêché un interprète de mon espèce pour que je me sente plus à l’aise, fit-elle avec un sourire mystérieux.

Vogda n’avait certainement pas fait exprès, mais elle n’avait pas trouvé d’autre compliment à lui faire que celui-ci.

- J’imagine que vous avez également préparé une chambre à mon attention ? Je souhaite être fraîche et reposée pour ma rencontre avec votre oncle… fit-elle avec un bref haussement de sourcils, afin d’appuyer sur une connivence éventuelle.

Le Hutt, sans surprise, exprima en termes gras son étonnement.

- L’honorable Vogda se demande pourquoi vous rencontreriez Malaka, tualin vashna, traduisit l’interprète avec un sourire d’excuse.

Myir toisa le Hutt, cette fois d’un air beaucoup moins complice. Elle rajusta avec des gestes soignés son gilet de mailles et renifla d’un air méprisant.

- M’avez-vous préparé des quartiers ou non ? Je m’attendais à beaucoup plus de faste de la part de l’honorable Vogda.

L’interprète échangea quelques mots avec le Hutt. De toute évidence, il ne traduisait pas très fidèlement les propos ni des uns, ni de l’autre, jouant un rôle de diplomate par défaut. Sur lui reposait ainsi une pression beaucoup plus lourde que ce qu’il était capable de gérer dans la durée. Craignait-il les conséquences de propos offensants sur sa propre personne ? Voilà un point faible qu’elle pourrait exploiter, estima la guerrière en son for intérieur.

- L’honorable Vogda reconsidèrera son hospitalité en fonction de ce qu’offre l’Empire, expliqua le Twi’lek à la voix nerveuse.

Myir eut un nouveau sourire fugace, et porta à son cou une main délicate.

- Moi, Dame A’Eyan, souhaite offrir à Malaka une alliance lui permettant d’étendre son pouvoir jusque dans les territoires de l’Empire, déclara-t-elle en susurrant presque.

L’interprète traduisit, et Vogda éclata d’un rire sonore, qui vexa quelque peu la Twi’lek. Que trouvait-il de si marrant ?

- L’Honorable Vogda trouve que vous avez beaucoup d’audace, vashna, mais il dit que vous n’êtes pas l’impératrice. Vous ne pouvez pas donner de quelconque territoire impérial.
- Vraiment ?

Elle haussa les sourcils, loin de se démonter.

- L’honorable Vogda ne connaît-il pas les traditions Twi’leki ? Par le Jasshi'rr, le mariage traditionnel Twi’lek, l’époux d’une Twi’lek règne sur les terres de celles-ci tout autant qu’elle.

Elle laissa la nouvelle faire son petit effet. Bien sûr, le jasshi’rr donnait ce privilège à l’époux, mais non à l’épouse qui elle devrait se contenter d’attendre la mort de celui-ci avant de pouvoir hériter de terres qu’elle possédait. Un système profondément patriarcal, que Myir détestait, mais son espèce était très attachée aux traditions ; aussi ferait-elle comme si c’était le cas pour elle aussi.
Vogda ouvrait des yeux ronds tandis que, les cuisses se frôlant l’une l’autre avec élégance, elle se rapprochait encore un peu de lui.

- Et je cherche un époux puissant pour assurer mon rayonnement au sein de l’Empire,
lui souffla-t-elle une fois parvenue à moins d’un mètre de lui, passant intentionnellement très près de l’interprète qui déglutit. Aucun Twi’lek ne possède la richesse nécessaire. En revanche, Malaka…

Myir éleva un regard rêveur, et sa main qu’elle avait laissée sur son cou glissa doucement entre sa poitrine, un doigt suivant avec suggestion ses courbes couleur océan.

- En revanche, Malaka a un pouvoir que je suis prête à… séduire.


L’interprète traduisit en bégayant.
Puis, Myir referma vivement son châle de mailles et rejoignit à pas légers Emhyr, momentanément laissé derrière, avant de faire de nouveau face au Hutt.

- Je ne représente pas l’Empire, vous avez raison. Mais l’Impératrice est prête à approuver une telle alliance. N’est-ce pas, Darth Xarkan ?
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Il fallait le reconnaître, Myir savait s'y prendre pour séduire quelqu'un. L'intérêt entier des personnes autour d'elle était focalisé sur ses gestes plus que sur ses paroles, il pouvait le sentir avec netteté dans la Force. Ils étaient tous fascinés par sa façon de bouger, par son apparence provocante et la façon dont elle orientait le regard des autres sur ses formes. Lui-même s’efforça d'y rester insensible, observant tout autour de lui. Il n'y avait pas de moment plus dangereux que celui-ci, alors même que les soldats de leur escorte étaient tendus et ne savaient pas trop où donner de la tête. Il n'eut pas de mal à résister, cela dit, car il se sentait profondément révolté par ce spectacle. Pour une raison qui lui échappait.

En soi, ça ne se passait pas si mal que ça. En fait, c'était peut-être même un peu trop bien. Toutes les convives de la cour de Vogda, mercenaires compris, s'intéressaient à eux. L'interprète ne cachait pas son profond désir lubrique, le Hutt semblait prêt à bondir sur Myir pour l'épouser dans l'instant. L'esclave derrière le Hutt en profitait pour souffler, s'arrêter. Elle semblait littéralement épuisée. Elle croisa le regard d'Emhyr, rougit subitement et se remit à agir frénétiquement pour malaxer son maître. Ce serait drôle de voir la réaction d'un Hutt se faisant enlever son esclave, au profit d'une fausse dame de l'Empire. Mais aussi tentant que soit l'idée de libérer l'esclave, il ne pouvait agir ainsi. Il n'était pas là pour ça, malheureusement.

Il entendit l'injonction de Myir, et il reprit alors son rôle. Ambassadeur impérial. Pseudo-Sith. J'imagine qu'il y a pire, comme situation.

 « Tout à fait, ma Dame. Honorable Vogda, sachez que l'Impératrice ne pense que le plus grand bien de vous, ainsi que de votre estimé oncle, et qu'elle se fait une priorité de renouveler l'alliance entre notre gouvernement et votre puissance. Pour cela, en des temps immémoriaux, il était coutume d'user de mariages pour honorer ces alliances entre les différents peuples de nos planètes. Aujourd'hui, il en va de même. Dame Nima'Eyan apporte avec elle un puissant domaine, sur Dromund Kaas. Nous ne pouvons vous concéder de planètes, bien sur, mais vous pouvez hériter d'un ensemble de terres directement sur le monde-capitale de l'Empire. Ces terres sont l'un des domaines les plus riches de la planète, rivalisant avec ceux de l'Impératrice elle-même. »

Il attendit la traduction, laquelle vint au bout de plusieurs minutes d'échanges entre le Hutt et l'interprète. Il comprit quelques mots, comme « fourberie » et « décision ferme ». Il fallait qu'il travaille son huttese.

 « Le prestigieux Vogda souligne le fait qu'un domaine aussi éloigné de chez lui ne serait pas le plus idéal. Il pense que vous cherchez à l'appâter avec de vaines promesses, pour ensuite resserrer votre étau impérial autour de lui et de ses propres territoires. Il vous informe également que de toute façon, il est inutile de chercher à établir des liens avec Malaka. »

 « Pourquoi ? »

Le Twi'lek découvrit ses dents, pointues et acérées. Emhyr n'aima pas du tout ce sourire, et il se demanda si Myir pourrait avoir l'air aussi effrayante en souriant ainsi.

 « Parce que Malaka est mort il y a cinq jours. Vogda est désormais le puissant détenteur de ses terres. »

Visiblement, sa surprise devait se lire sur son visage, car il y eut bientôt de puissants éclats de rire dans l'assemblée. Vogda le premier riait à s'en étouffer, ses lourdes épaules se soulevant au rythme de ses esclaffes. L'esclave derrière lui paraissait fortement mal à l'aise. Le Twi'lek riait à gorge déployé. Comment réagir ? Il vit que Myir était songeuse, perplexe. Elle ne savait probablement pas comment réagir à tout cela non plus.

Fondamentalement, cela dit, cela ne changeait pas la mission. Ca la rendait même plus... simple. Même si, du coup, la supercherie de leur faux-mariage allait être beaucoup plus difficile à maintenir. Il pensa alors à un plan, odieux, ignoble. Mais réalisable. Il s'en voulut aussitôt. Tu savais que tu ne pourrais rester blanc. Tu as choisi la voie ardue, Zaknafein. Il fit un effort mental pour reprendre le contrôle de lui-même, puis, se fendant d'un sourire obséquieux, il reprit la parole.

 « Honorable Vogda, permettez-moi de m'entretenir quelques minutes avec ma Dame, nous devons rediscuter de tout cela. Comprenez, nous sommes surpris d'apprendre une telle nouvelle, une telle tragédie. Mais nous allons trouver un terrain d'entente. »

Il attendit que Myir le rejoigne, sitôt l'assentiment du Hutt reçu, et il l'entraîna un peu à l'écart. Leurs soldats, par précaution, restèrent non loin, pour surveiller les mercenaires. Assez loin pour ne rien entendre, assez près pour savoir s'il se passait quelque chose. L'imagination d'Emhyr tournait à fond, alors qu'il croisait les bras tout en exprimant son plan. Le parfum de la Twi'lek était enivrant.

 « Ca ne se déroule pas comme prévu, mais j'ai une idée. Continuons sur notre lancée. Proposons-lui le mariage. Il est déjà bien alléché à l'idée de pouvoir vous y contraindre, alors donnons-lui généreusement, il n'en sera que plus facile à manipuler. Mais il faudra probablement trouver une autre manière de le flouer, et donc... il doit bien y avoir une Twi'lek vous ressemblant, dans l'Empire. Il suffirait d'un peu de chirurgie et ce serait votre clone. Moi, je reste sur l'idée d'une compensation financière, qui pourrez donc prendre la forme d'un minuscule domaine sur Dromund Kaas : le Hutt serait facile à surveiller et à contraindre là-bas. Ona donc le mariage et les terres. Et si jamais je dois leur rendre un service, je le ferais. Une marque de bonne intention ne peut que faire du bien. »

Il surprit une lueur étrange dans le regard de la Twi'lek.

 « Quoi ? C'est fourbe, non ? Mais génial, pas vrai ? »

Pas fourbe. Odieux.
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La nouvelle glaça le sang de Myir. Sous son masque d’impassibilité, elle déglutit, imaginant tout ce que la mort de Malaka impliquait : ils ne pourraient plus jouer sur la rivalité de Vogda et de son oncle, et elle venait de s’offrir en mariage au Hutt le plus puissant du territoire… Qui devenait donc Vogda, sans aucun plan pour se dégager de cette affaire. Tétanisée, elle s’imagina un bref instant nue aux mains de la limace visqueuse, avant de se reprendre : elle aurait enfoncé une lame dans le bide de cette créature bien avant que celui-ci n’ait l’opportunité de la toucher. Cette pensée la rassura quelque peu, mais la mine alléchée des mercenaires qui les entouraient, désormais, paraissait un danger bien plus grand ce qu’elle avait d’abord estimé.

Emhyr la sortit de sa stupeur en demandant à lui parler en privé. Ils s’écartèrent. En écoutant ses propos, sourcils froncés, elle prenait garde de ne pas laisser transparaître son angoisse. Ni aux mercenaires qui les observaient, ni aux gardes qui avaient confiance en eux pour ajuster leurs plans… Ni à Emhyr à qui elle avait soigneusement jusqu’ici caché toute émotion sous son masque impassible.

Il s’est rasé et il a des plans plus fourbes que les miens, constata la Twi’lek en pensée tandis qu’elle l’écoutait exposer leur nouveau plan, et qu’elle inspectait ce visage qui s’était enfin animé d’autre chose que de raillerie ou de nonchalance. Elle ne savait pas si c’était réellement une bonne nouvelle : elle n’avait confiance en aucun des Sith de Korriban ni de Dromund Kaas, à l’exception de Darth Odium et de l’Impératrice elle-même. Qu’adviendrait-il si Emhyr devenait comme tous ces rivaux ? Dans tous les cas, il changeait. Il pouvait le nier autant qu’il voulait, il changeait physiquement et intellectuellement pour correspondre à l’Empire. Ce plan-là, au moins, fonctionnait.

Elle eut une brève grimace, dans un mélange d’assentiment et de doute.

- Consentir des terres sur Dromund Kaas à un Hutt… Pas sûr que ça plaise réellement à l’Impératrice ni au Seigneur Odium. Mais j’imagine qu’il va falloir tabler là-dessus pour le moment. Quant à une Twi’lek similaire… Ce n’est pas si simple. Je suis une dame Sith, je comptais bien user de mes pouvoirs pour l’impressionner un peu plus. Où trouverons-nous une esclave qui…

Myir s’interrompit. Parmi les apprentis, bien sûr, sur Korriban. Ce serait facile… une fois rentrés.

- Oui, d’accord, nous aviserons plus tard et modifierons le plan si nécessaire, mais cela peut tenir la route pour le moment. Au moins le temps d’arranger les choses auprès de Darth Odium.

Elle soupira. Elle avait espéré ne pas avoir à réitérer les séances de séduction auprès du Hutt trop souvent. Si c’était plus facile qu’elle se l’était d’abord imaginé, les regards qu’elle avait perçus l’avaient dégoûtée. Certains avaient été délibérément provocateurs, et elle se demandait si l’un de ces mercenaires ne tenterait pas de s’approcher d’elle une fois que l’on lui aurait attribué des quartiers. La Twi’lek haussa les épaules. Elle utiliserait la Force pour leur donner une leçon qui servirait d’exemple.

- Il ne faut pas que la négociation soit trop facile, auquel cas il pensera qu’il y a un piège dans la négociation, reprit-elle en chuchotant. Je vais jouer les difficiles. Demander à ce que Vogda me montre un peu son territoire, me fasse la démonstration de sa puissance. N’hésitez pas à faire comme si vous étiez de son côté pour me convaincre. Cela nous occupera, lui et moi, pendant quelques jours. Le temps que vous puissiez vérifier la disponibilité de quelque terrain sur Dromund Kaas.

Elle inspira longuement, et reporta son regard sur la salle d’audience, à quelques mètres de là, pour constater avec consternation que tous les regards étaient tournés vers eux. Ils ne pouvaient pas faire durer cette entrevue plus longtemps, au risque de leur laisser croire qu’ils étaient coincés. Myir carra donc les épaules et reprit le chemin de l’assemblée. Là, le Hutt était encore animé d’un petit rire. Myir se planta devant lui, et croisa les bras sur sa poitrine. L’un de ses lekkus frôla sa hanche, faisant frémir son châle à demi-transparent.

- L’émissaire de l’Empire, représentant l’opinion de l’Empire, ne voit pas d’objection à ce que mon jasshi’rr se fasse avec le nouveau maître du kajiidic, énonça-t-elle, laissant quelques secondes aux Hutt pour cette nouvelle, avant de lui faire subir une douche glacée. Mais moi, j’en vois.

L’interprète traduisit en cadence. Vogda gronda, le Twi’lek rentra la tête dans les épaules comme s’il s’attendait à recevoir un projectile tandis qu’en découvrant ses propos, les mercenaires murmurèrent entre eux, ou bien l’insultèrent ou la raillèrent ouvertement. D’aucuns restèrent silencieux, surpris. Myir se demanda si elle ne risquait pas un peu trop gros, mais elle constatait aussi qu’elle était plus que jamais le centre de l’attention, maintenant qu’elle avait promis quelque chose qu’elle était prête à leur retirer.

- L’honorable Vogda dit qu’il est aussi puissant que Malaka désormais, et même plus. Il n’a pas dit qu’il acceptait le jasshi’rr, tualin vashna, mais il ne voit pas en quoi il serait un parti moins favorable. Il dit que vous tuer pour insolence serait du gâchis.
- Et cela constituerait une offense grave envers l’Empire, ajouta-t-elle sur un ton plus doux, enjoignant le Hutt à être raisonnable. L’honorable Vogda n’a pas conduit d’une main de maître ce territoire depuis des centaines d’années, à la seule force de sa persévérance et de son intelligence. Je ne crois que ce que je vois… Et j’exige de voir des choses en lesquelles je pourrais croire durablement. Des choses que je pourrais appliquer sur mes terres, par exemple. Impressionnez-moi, et j’envisagerai de nouveau un jasshi’rr.

Il s’en suivit de nouveaux échanges bruyants. Le Hutt avait l’air de se mettre d’accord avec le Twi’lek, à moins qu’ils ne cherchassent tous deux une stratégie pour obtenir le beurre et l’argent du beurre. A un moment, le Hutt eut un large sourire lubrique et agita ses petits doigts boudinés en direction de la Twi’lek avec une tirade grasse, accueillie par des rires bruyants de son entourage hétéroclite. L’interprète lui adressa un petit sourire d’excuse sans traduire, auquel elle ne répondit pas. Probablement une blague à propos de ce qu’il était capable de lui faire avec ses doigts pour l’impressionner… Elle inspira longuement en rejetant le nouvel accès de dégoût qui montait en elle.

- L’honorable Vogda est prêt à consentir à vous donner quelques garanties, si l’Empire lui en fournit également, annonça finalement l’interprète. A ce titre, il vous offre le gîte et le couvert pour les jours à venir, afin que vous puissiez goûter à tous les plaisirs de la cour de l’honorable Vogda et apprécier l’ampleur des domaines qu’il dirige. Pendant ce temps, l’émissaire pourra fournir les preuves de la bonne volonté de l’Empire.

Autrement dit, elle resterait ici en otage pendant qu’Emhyr accomplissait le travail. Myir se mordit la lèvre. S’habiller en petite tenue pour appâter un Hutt… Quelle idée de bantha puant, oui !

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 « L'honorable Vogda vous informe, seigneur Xarkan, qu'il va vous faire parvenir un intermédiaire afin de régler ces gages de bonne volonté. Accomplissez les deux tâches qu'il va vous confier, et il aura la preuve que l'Empire est honnête dans cet échange. Il ira même jusqu'à considérer que l'héritage d'un domaine sur Dromund Kaas est une dot suffisante, et qu'il ne demandera alors pas une somme de crédits. Bien sur, il vous interdit de retourner sur votre vaisseau pour le moment. Mais vous pourrez communiquer grâce à un holocommunicateur dans la loge que nous mettrons à votre disposition. »

Ainsi donc, Emhyr se trouvait désormais seul dans la chambre qu'il partageait avec les deux soldats qui l'accompagnaient. Si lui-même n'était pas forcément à l'aise à l'idée d'être dans la même pièce qu'eux, ce n'était rien pour le duo. Ils craignaient celui qu'ils prenaient pour un Sith, et encore plus en sachant qu'ils allaient dormir près de lui. Il avait pour l'instant réussi à apprendre leurs noms, à savoir d'où ils venaient, mais n'avait pas posé davantage de questions. Inutile de les mettre encore plus mal à l'aise, alors que lui-même se débattait avec ses propres pensées. Il avait eu une idée affreuse, qu'il n'aurait probablement jamais eu auparavant.

Et il s'en voulait pour ça.

 « Monsieur.. euh, seigneur ? On demande à vous voir. »

Un des soldats, le plus jeune, Alek. L'autre était un vétéran qui avait subi une rétrogradation, un dénommé Kip. Il les aimait bien. Il lui semblait être de bonnes personnes, et il espérait pouvoir les garder avec lui assez longtemps pour leur montrer une nouvelle façon d'obéir. Se faire aimer de ses hommes : bon commandant. Se faire craindre de ses hommes : pas forcément bon commandant. Les deux : un très bon chef. Il avait déjà la crainte, restait à avoir leur soutien.

Il sortit de la pièce, et on le présenta alors à un Chagrien couvert de cicatrices. La première pensée d'Emhyr fut qu'il était beaucoup moins impressionnant que Darth Odium, mais peut-être était-ce parce qu'il avait la Force, lui. Dans tous les cas, celui qui se tenait devant le Jedi gris parlait le basic avec un accent détestable, et en plus il ne faisait rien pour l'arranger. Pire, il semblait même s'en amuser aors qu'il débitait ce qui semblait être un texte très mal appris.

 « Le patron veut que je vous donne le travail. Si j'étais le patron, vous ne mériteriez pas que je vous donne des tâches aussi importantes que ça. Mais... pas moi le boss. Donc j'vous donne le travail, et à vous de le faire. Vous avez quatre jours. »

 « Allez-y, j'ai hâte d'entendre ce que vous oserez commander à un Sith.... »

L'espace d'un instant, le rappel de ce qu'il était supposé être amusa Emhyr, car le vaurien parut hésiter. Dans la pratique, c'était peut-être quelqu'un de dangereux, mais il n'aurait aucune difficulté à neutraliser le Chagrien en un éclair. Et même sans se servir de son sabre-laser. Chose qu'il se devait d'éviter à tout prix. Il n'avait pas osé demander celui de Myir, afin de pouvoir se servir d'une lame rouge. Pour ne pas titiller la limite de ce qu'il s'était promis.

 « Premier travail : vous devez vous rendre à la ferme hydroponique de Vaas, un humain qui s'est rebellé contre le puissant Vogda. Il a pris en otage sa propre ferme et les esc... ses ouvriers, et il menace de les tuer. Vogda veut que vous rapportiez sa tête et la promesse que la ferme lui revient de nouveau. »

 « Un travail de mercenaire, bien vu. Vogda n'en a pas assez, il faut dire. »

 « Deuxième travail : vous devez retrouver son esclave. Elle a disparu... »

 « Elle doit être cachée dans un pli de sa graisse, cherchez mieux. »

Le Chagrien le regarda d'un œil noir, mais il n'oserait jamais l'attaquer. Il se contenta de souffler très fort et de reprendre la parole.

 « Et le patron veut que vous la rameniez. Vivante ou morte. Peu importe. Du boulot pour un Sith, ça. Dans vos cordes. Tuer, capturer. »

Et il le planta là, alors qu'Emhyr retournait dans ce qui lui servait de chambre. Bien, on le prenait tellement pour un Sith qu'il allait pouvoir agir à sa guise pour remplir les deux missions. Il n'aimait vraiment pas cette idée du prêté pour un rendu, mais il n'avait guère le choix. Il prit alors son datapad, informa les deux soldats de leur prochaine tâche, leur indiqua qu'ils commenceraient le lendemain matin. Puis, il entra en communication avec leur vaisseau, afin de contacter Odium et de négocier le domaine sur Dromund Kaas.

Il eut une pensée pour Myir, en s'efforçant de ne pas l'imaginer en train d'être dévêtue de force par un Hutt gras et immonde. Quel pléonasme, gars et immonde...
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Enfin, elle avait eu accès à des quartiers. Pas luxueux, mais propres. Ils ne se composaient que d’une salle d’eau et de deux chambres : l’une pour elle, et l’autre pour ses quatre gardes. Une esclave, une togruta au corps à peine formé, avait été dépêchée pour lui servir de servante, mais Myir n’avait pas l’intention d’y avoir recours. Elle lui demanda de lui trouver de nouveaux vêtements et de monter la garde, en quelque sorte, pendant que la Twi’lek se dévêtait et prenait une douche. Les tenues rapportées par la servante étaient affreusement vulgaires. Il y avait même une robe longue qui l’avait un instant réjouie avant de constater que des trous étaient sculptés aux endroits précis du corps féminin que la bienséance ordonnait de masquer. Dépitée, elle enfila de nouveaux sous-vêtements pas trop tapageurs et remit son châle.

- Je veux que Vogda me commande des vêtements dignes de ce nom,
exigea-t-elle à la togruta. Des tenues seyant à une dame de mon rang.

Elle avait fait le signe de l’argent, frottant le pouce contre deux doigts, pour expliquer ce qu’elle voulait à la servante, dont le basic était approximatif. Celle-ci disparut bientôt. Myir en profita pour s’étendre sur sa couchette, en songeant à ce que Vogda allait bien pouvoir trouver à lui montrer les jours prochains. Elle chercha sans succès le sommeil : elle ressentait la peur de ses soldats dans la pièce d’à côté, et de lourds soupçons pesaient sur les mercenaires qui l’avaient vu se retirer dans ses quartiers.

Cependant, la nuit s’écoula sans qu’aucun ne tentât quoi que ce soit. Avaient-ils peur de la colère de Vogda si l’on touchait à son fruit défendu ? Cela représentait bien l’influence qu’il avait sur ses hommes. Un bon point pour lui, mais pas un pour elle. Elle aurait presque préféré avoir l’occasion de faire la démonstration de ses capacités, histoire de mettre les points sur les i.

Au petit matin, Myir était harassée. Elle se rinça le visage, refit méthodiquement son maquillage, avant de se préparer à réapparaître à la cour du Hutt. Mais soudain, la togruta fit irruption dans la pièce, deux grands sacs dans les mains, qu’elle déposa à même le sol.

- Nous partir, annonça-t-elle sans ménagement, beaucoup moins mielleuse que la nuit dernière.
- Nous… Quoi ?
- Nous partir pour faire visiter vous.

Myir fronça les sourcils, interdite.

- Et où allons-nous ?
- Vaathkree.
- Vaathkree ?! C’est à des heures d’ici !
- Trois heures. Pas plus. Vogda a chemin spécial.

Myir renvoya la togruta pour faire seule ses valises. Elle n’avait de toute façon presque rien à emporter. L’ordure ! Il avait attendu qu’Emhyr et ses deux soldats soient partis pour profiter de la situation et prendre la poudre d’escampette. La Twi’lek songea un bref instant à refuser de le suivre, mais à quoi cela servirait-il, sinon à envenimer la situation ? Il n’y avait plus qu’à espérer que ce ne serait qu’une petite balade, et qu’ils reviendraient avant son acolyte. Mais son pressentiment était qu’Emhyr reviendrait sur un palais de Klatooïne vidé de ses occupants. Voulaient-ils tester leur connivence ? Ou bien cherchaient-ils à la tenir réellement en otage, afin de faire pression sur lui ?
Elle chercha un moyen de lui laisser un message, mais n’en trouva aucun. De toute façon, elle lui avait suffisamment montré qu’elle était capable de se débrouiller seule. Qu’il accomplisse donc les missions du Hutt, pendant qu’ils se baladeraient.

Myir se montra à Vogda avec un retard calculé pour se faire désirer, tout en montrant légèrement son mécontentement. L’interprète l’informa rapidement que l’honorable Hutt avait eu cette idée dans la nuit, et que cela n’avait rien à voir avec l’absence de son partenaire, ce à quoi Myir répondit qu’ils avaient intérêt à ce que la visite en vaille la peine. Elle ne saurait jamais si ses propos avaient été fidèlement traduits, encore une fois.

Elle connut une paix relative pendant le voyage. Elle qui s’était attendue à être harcelée, n’était observée que de très près par l’entourage du Hutt, et par le Hutt lui-même. Ce n’est que lorsqu’ils descendirent à bord d’une navette luxueuse mais au style dépassé qu’elle fut appelée à rejoindre Vogda. L’énorme Hutt reposait sur un chariot répulseur en attendant de pouvoir descendre à la surface. L’interprète s’empressa de traduire ses propos.

- Vaathkree est très impressionnante, tualin vashna. L’Honorable Vogda est fier de pouvoir montrer à une Sith leur planète de condamnation.

Myir s’interrogea sur la signification d’un tel monde. Elle comprit rapidement en découvrant le paysage : Vaathkree était une planète ravagée par des éruptions volcaniques, à l’atmosphère sombre et épaisse. Heureusement, ils atterrirent dans un dispositif en forme de dôme qui les protégerait, mais lorsque la passerelle s’ouvrit, Myir faillit tomber au sol. Elle crut à un malaise, avant de comprendre en voyant ses gardes subir le même déséquilibre que c’était la gravité extrêmement forte de Vaathkree qui l’avait attirée à elle et l’avait mise à genoux. La bande de mercenaires autour d’elle éclata de rire tandis qu’ils débarquaient. Myir refusa l’aide proposée pour se relever et se remit sur ses jambes dans un port aussi impérial qu’elle le pouvait.

Au-dehors, sous le dôme de transparacier, des montagnes de pierre les accueillirent : des vaathkree, créatures imposantes, lentes, grises et peu bavardes. Ils ressemblaient étrangement à leur monde, et obéissaient aux ordres de Vogda sans l’ombre d’une hésitation. Avec consternation, Myir comprit que les Hutt avaient pris le pouvoir sur des planètes avec une facilité odieuse : tous les peuples primitifs n’avaient d’autre choix que de se soumettre à leur loi magouilleuse et leur supériorité intellectuelle. Il avait dû être si aisé de se faire passer pour des dieux…

Ils furent tous conduits dans une grande salle elle aussi vitrée, au-delà de laquelle s’étendait le paysage sombre et chaotique. Par deux fois, elle crut voir une silhouette chanceler, avant de penser que ce n’était que l’ombre des cendres flottant dans la brise.

Le Hutt quitta son fauteuil répulseur. Il lui fallut l’aide de plusieurs vaathkree pour grimper le sofa central préparé à son intention. A côté, un fauteuil plus petit, couvert d’un tissu semblable à du velours, avait été disposé. L’interprète invita la Twi’lek à y prendre place. Elle hésita avant de s’y installer, la tête haute, pour faire face au paysage. Elle n’aurait pas pu tenir debout très longtemps, de toute façon, avec une telle gravité. Le Hutt était si près qu’elle sentait l’odeur nauséabonde de son mucus, et qu’elle aurait pu le toucher si elle déployait le bras sur le côté. Mais elle se contenta de regarder obstinément droit devant elle, s’attendant à voir quelque chose. Car elle n’avait certainement pas été amenée là pour rien…

- L’Honorable Vogda vous présente le sort réservé à ses détracteurs, tualin vashna. Il souhaite que vous puissiez rapporter à l’Empire toute la cruauté qu’il est capable de déployer pour faire la loi sur son territoire.

Circonspecte, Myir attendit avec appréhension que quelque chose se produisit. Enfin, une double-porte du complexe s’ouvrit au-delà de leur bulle pressurisée. Des silhouettes humanoïdes et d’autres formes de créatures furent expulsées à l’extérieur, où elles se dispersèrent avec panique. Certains d’entre eux tentèrent de retourner à l’intérieur, mais les vaathkree les repoussèrent facilement grâce à leur force naturelle. Bientôt, ils se retrouvèrent tous prisonniers à l’extérieur, de l’autre côté de la vitre. Myir vit les silhouettes chanceler. L’une d’entre elle vint jusqu’à leur paroi, pour les observer comme eux-mêmes l’observaient, puis il se jeta sur la vitre. C'était un humain entre deux âges, aux cheveux et aux mains noires, un éclat de désespoir brillant dans ses yeux sombres. Ses traits se déformèrent tandis qu’il se laissait tomber à genoux. Il semblait hurler de souffrance et implorer le pardon tout à la fois. Derrière lui, un humain tombait au sol, recroquevillé, tandis qu’un nautolan était pris de convulsion contre un rocher. Myir les observait, yeux écarquillés sous le regard satisfait du Hutt.

- L’atmosphère de Vaathkree est terriblement toxique,
expliqua l’interprète. L’Honorable Vogda réserve ainsi à ses ennemis une mort lente et douloureuse par un empoisonnement respiratoire, qui a également la faculté d’être particulièrement divertissant. En effet, chaque espèce réagit différemment à cet empoisonnement. L’Honorable Vogda dit que les Twi’lek, malheureusement, ne tienne guère longtemps, mais que les humains donnent souvent de merveilleux spectacles à base de cris et de gesticulations.

Twi’lek, et humain. Comme elle, et Emhyr.

Myir déglutit. Elle se demanda si Vogda voulait impressionner l’Empire par des techniques encore plus odieuses que les leurs, ou bien s’il s’agissait d’une pure tentative d’intimidation. Elle cligna plusieurs fois des yeux, soutenant le terrible spectacle du regard.

- Très satisfaisant, honorable Vogda,
commenta-t-elle d’une voix blanche.
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Il savait qu'il ne pouvait pas vraiment le prévoir, mais apprendre que Myir se trouvait désormais à la merci du Hutt, très loin de sa portée, ça ne l'aidait pas à déculpabiliser. Il avait beau savoir pertinemment que Vogda était trop imprévisible pour qu'on puisse s'imaginer qu'il irait jusqu'à emmener sa future mariée en-dehors de Klatooïne, mais quand même. Emhyr savait tout cela, et pourtant il était convaincu qu'il aurait du le prévoir. Ce qui le faisait enrager encore plus, c'était qu'il n'avait aucun moyen de contacter la Twi'lek désormais, si lui ou si elle avait besoin d'aide. Même si elle pouvait se débrouiller toute seule sans trop de problème. Il devrait être capable de gérer lui-même ses propres problèmes, également. Mais là n'était pas la question.

Ils s'étaient fait piéger, et c'était un très gros souci pour la réussite de la mission. Vogda n'avait probablement pas su en quoi le piège allait consister, mais il était certainement très prudent vis-à-vis des Sith. De mémoire, Malaka avait été ouvert, pour les négociations. Mais pas son neveu, lequel avait probablement aidé son oncle à mourir, si ça se trouve. Ca ne le surprendrait pas.

 « Mon seigneur ? Nous sommes arrivés. »

Emhyr leva la tête, constatant qu'il n'y avait en effet plus qu'une cinquantaine de mètres entre leur véhicule et la ferme hydroponique où ils devaient se rendre. Il sortit du petit transport, accompagné de ses deux soldats, et jeta un coup d’œil aux lieux. Il s'était attendu à ne voir qu'une vulgaire installation, qui n'avait pas vraiment de grosse importance, et il ne fut pas déçu. De fait, la ferme était petite, et il n'y avait rien qui ne soit neuf ou propre. Tout semblait sur le point de s'effondrer.

Les mains sur les hanches, il chercha des signes de vie avec la Force. Il en trouva trois, dans une pièce du bâtiment en forme de dôme. Il émanait d'eux une aura de peur et de résignation dans la Force, ce qu'il ne pouvait pas vraiment contester. Le véhicule portait un symbole rappelant le Hutt Vogda, et lui-même ressemblait à l'image stéréotypée d'un Sith, avec ses deux soldats impériaux. Néanmoins, son arrivée avait été toute sauf discrète, car ils l'avaient probablement vu arriver. Tant pis, son travail n'en serait pas plus difficile. Car il commençait à avoir des soupçons sur la véritable menace concernant ce petit coin paumé de Klatooïne.

En franchissant l'entrée de la maison, il eut ses soupçons confirmés : il n'y avait pas de rébellion ici. Il vit un humain, mal rasé, le visage émacié, assis à une table. Il fumait, mais paraissait tout de même particulièrement anxieux. Il leva la tête vers Emhyr, son visage exprimant tour à tour l'effroi, l'inquiétude et la conviction de voir la Mort arriver. Derrière lui, une femme deux fois plus grosse sur son homme, qui tentait d'afficher un masque de détermination. Elle tenait dans ses bras une petite fille qui ne devait pas avoir plus de quatre ans. Il eut pitié de la femme et de la gamine, pas de l'homme. Quelque chose lui disait qu'il fallait se méfier.

Faisant signe aux soldats de rester à l'entrée, il s'approcha de la table où était assis l'homme. D'un air décontracté, comme s'il avait été convié poliment, Emhyr s'installa.

 « Je prendrais bien une boisson rafraîchissante, si ça ne vous dérange pas. Il fait... chaud, là dehors. »

Vogda était un salopard, car il espérait que le pseudo-Sith ferait un beau petit bain de sang et reviendrait sagement avec une esclave perdue. Il avait sans doute pensé qu'Emhyr arriverait, détruirait tout sans poser de questions, et repartirait. Manque de chance, il préférait comprendre ce qu'il se passait avant d'agir. Car quelque chose lui disait qu'il n'aurait probablement pas à faire du mal à ces gens.
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Les gardes de Myir ne la quittaient pas d’une semelle. Si elle avait pensé au début qu’ils étaient prompts à veiller sur elle, ils comprenaient maintenant que c’était elle qui représentait leur propre espoir de sécurité : tant qu’elle avait les faveurs de Vogda et qu’ils n’en étaient pas isolés, ces soldats impériaux pouvaient espérer ne pas se retrouver piégés par les mercenaires du Hutt. Mais elle se surprit à douter même de leur loyauté : si Vogda se retournait contre, la défendraient-ils ou se rangeraient-ils du côté du Hutt pour avoir sa clémence ? Elle ne leur en aurait pas voulu. La démonstration de cruauté du maître du Kajiidic avait de quoi en dissuader plus d’un. Elle avait duré longtemps, plusieurs heures, et Myir s’était forcé à ne pas détourner le regard, même si son visage avait pâli plus d’une fois devant les contorsions de tel ou tel âme perdue, sentit des nausées monter en elle en entendant les cris de souffrance ou de désespoir.

- L’honorable Vogda souhaite rester sur Vaathkree pour la soirée,
annonça l’interprète une fois que, la fin de l’après-midi étant arrivée, le spectacle se fut terminé. Il a fait préparer des quartiers luxueux pour vous et votre garde, ainsi qu’à votre demande, a fait parvenir des tenues dignes d’une dame Sith de votre rang.

Myir acquiesça et se retira donc dans ses quartiers avec soulagement. C’était une série de petites pièces circulaires reliées par des sas, chambres et salons, quelque peu austères. Des dômes aux parois fumées laissaient entrer la lumière de la fin d’après-midi – des volutes rouges et verdâtres se dessinaient à travers le transparacier. Il serait tellement aisé pour eux de laisser entrer l’air vicié dans sa cellule, se prit-elle à songer. Mais Vogda la désirait. Il fallait qu’elle parvînt à se rendre toujours intéressante, sans non plus apparaître comme une menace, afin de survivre jusqu’à ce qu’Emhyr eût accompli ses missions. Elle eut une pensée pour son compagnon, en se demandant ce qu’il penserait une fois qu’il découvrirait qu’ils étaient partis. Et s’ils ne revenaient pas ? Ce serait l’occasion rêvée pour lui de s’enfuir.

La Twi’lek trouva cette fois dans les meubles de métal des tenues plus appropriées, quoique toujours quelque peu aguicheuses. Les étoffes cependant, étaient de haute qualité. Vogda avait dû dépenser pour les obtenir, ce qui montrait qu’il était véritablement intéressé. Elle choisit une robe noire moulante, qui dévoilait un profond décolleté, et se creusait dans son dos jusqu’à ses reins. Fendue sur le côté, elle laissait entrevoir lorsqu’elle marchait l’une de ses cuisses musclées par les années d’entraînement. Myir dépouilla sa ceinture pour ne garder que son sabre laser, qui ceignit sa taille, mais elle renonça à son châle pour garder les bras nus, et regretta de n’avoir pas demandé de bijou. Elle n’avait que le bandeau de joyaux qui lui enserraient la tête. Cela manquait de renouvellement. Il fallait espérer que Vogda n’ait pas trop de finesse pour la trouver négligée.

Etant en avance, elle tâcha de se reposer sur sa couchette, mais la luminosité était trop puissante, et elle abandonna. Elle passa donc une bonne heure à corriger son maquillage, observer son port dans les miroirs. Jamais elle n’avait fait de choses pareilles, et elle se demandait si elle ne détesterait pas définitivement les missions diplomatiques à partir de maintenant.
S’il y en avait d’autres un jour. Autrement dit, si elle survivait à celle-ci.

Une heure plus tard, elle fit son apparition au banquet, un sourire rayonnant au visage tandis qu’elle découvrait les longs buffets garnis de nourritures de toutes sortes et les lustres aux bougies teintées qui illuminaient chaudement la pièce, oblitérant cette fois le paysage extérieur, probablement jonché de cadavres dans la nuit. Son apparence fit de l’effet, ce qui la rassura quelque peu, et elle se laissa converser avec quelques-uns des mercenaires présents. Intuitivement, elle savait que c’était à son tour d’impressionner Vogda, mais elle ne savait pas encore comment. A son regard, elle devinait qu’il attendait une danse, ou toute autre démonstration physique visant à le faire fantasmer plus encore, mais elle n’était pas prête à lui donner cette satisfaction. C’était trop tôt, elle ne s’était pas encore faite assez désirée, décida-t-elle, ignorant à demi qu’elle repoussait aussi un tel exercice par appréhension.

L’idée lui vint à cause d’un mercenaire au regard insistant, qu’elle avait croisé plusieurs fois dans la soirée, et qui chaque fois lui avait adressé des sourires carnassiers. C’était un dévaronien à la peau pâle et aux cornes salies, d’une dizaine d’années de plus qu’elle. Il avait accroché à sa ceinture un long couteau dentelé mal nettoyé et en bandoulière, un fusil blaster dernière génération. Il exhibait ses armes comme un prédateur cherchant à impressionner les siens. Elle était restée indifférente jusqu’à ce que germât dans son esprit l’idée destinée à montrer Vogda qu’elle possédait d’autres talents potentiellement utiles.

Les heures de la soirée s’égrenèrent, elle trinqua, fit durer ses verres le plus longtemps possible pour ne pas être enivrée, échangea malgré elle quelques compliments sur la démonstration de l’après-midi avec Vogda et l’interprète, le tout sur un fond de musique de cantina. Il y avait beaucoup de monde : aux mercenaires s’étaient ajoutées des danseuses, des serviteurs et des servantes, et même des Vaathkree qui faisaient penser, par leur rigidité, à des agents de sécurité.
A plusieurs reprises, elle recroisa le regard du dévaronien et l’encouragea discrètement. Un clin d’œil complice, une langue passée langoureusement sur ses lèvres, un jeu de jambes à son attention… Tandis que ses propres gardes commençaient à goûter eux aussi aux plaisirs offerts par certaines des danseuses ou de l’alcool à profusion, elle finit par se laisser frôler par le dévaronien à plusieurs reprises, non sans un frisson déplaisant.
La musique se fit plus forte. Sous les yeux d’un Vogda braillant ses volontés, le mercenaire devenait plus hardi. Les bougies s’éteignaient les unes après les autres, arrivées à leur terme, infusant désormais une lumière tamisée, propre à l’intimité que s’étaient déjà autorisée un certain nombre de bougres ivres avec des esclaves ou des danseuses.

Brusquement, alors qu’elle se retournait après avoir été son verre sur un buffet, le dévaronien s’empara d’elle et la plaqua contre une colonne. Elle se laissa faire le temps d’une poignée de secondes. Des mains calleuses étreignirent son corps en tentant de se frayer un chemin sous sa robe, un souffle rauque et alcoolisé lui enveloppa le cou, et soudain cette bouche dévorante contre la sienne, et cette langue râpeuse qui s’infiltra entre ses dents.
C’était plus qu’elle ne pouvait en supporter.

Elle mordit la langue et la maintint fermement dans sa bouche, déclencha un cri de douleur et de consternation du dévaronien incapable de se libérer. Il attira à lui les regards, tenta de se dégager en la repoussant violemment, tandis qu’une lueur rouge les illumina subitement.

L’instant suivant, le dévaronien s’écroula au sol, les mains tenant son ventre dégoulinant de sang, et tous s’étaient tus, même l’orchestre. Des dizaines de paires d’yeux étaient tournées vers la Twi’lek, qui les toisait en retour. Sur son menton dégoulinait du sang, sa robe était déchirée par endroits, dévoilant presque entièrement l’un de ses seins. Elle tenait à la main son sabre laser rougeoyant, dont les reflets lui donnaient l’allure d’un diable.
Myir tendit la main vers le corps inerte, et le fit léviter tandis que des gouttes de sang s’en échappaient, de façon à ce que tous puissent le voir à la lueur de sa lame.

- Cet enfant de putain a eu ce qu’il méritait,
annonça-t-elle durement, ses yeux brillants de colère. Mon corps et ses plaisirs sont réservés à mon be’ttoi, mon futur époux. A lui et à lui seul sera réservé la douceur de ma peau, à lui et à lui seul seront réservés mes baisers passionnés. A lui et à lui seul je serai fidèle, et toutes les autres créatures tentant de me détourner de cette voie connaîtront le sort cruel d’une mort douloureuse et humiliante.

Elle relâcha son étreinte dans la Force, et le corps inerte retomba avec un bruit désagréable sur le sol. Dans le silence oppressant qui accompagnait la scène, Myir éteignit son sabre et serra les poings avant de se détourner, priant pour que personne ne pût voir le tremblement de ses membres.
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Après une bonne dizaine de minutes dans un silence calculé, Emhyr termina son verre, puis se mit à observer attentivement ce qui l'entourait. Ou plus exactement, il analysait scrupuleusement chaque détail des trois personnes qu'il avait devant lui : le fermier, mal à l'aise, qui semblait enchaîner clope sur clope. La présence d'Emhyr le rendait tellement nerveux qu'il n'osait même pas parler, de peur de dire une bêtise. A côté, la mère et la petite fille étaient étonnamment silencieuses. La petite fille ne cessait de jeter des regards entre Emhyr et son père, d'ailleurs. Etrange.

Finalement, il brisa lui-même le silence. D'une voix posée, calculée, afin de mettre encore davantage mal à l'aise le fermier. Quelque chose clochait dans tout ça, et il avait bien l'intention de lui faire cracher le morceau.

 « Je suppose que vous savez pourquoi je suis là. »

 « Oui, mon seigneur. C'est... c'est Vogda qui vous envoie. Il veut récupérer ma... ma ferme. Pitié, je n'ai rien d'autre pour nourrir ma famille. Ma femme, ma petite fille... s'il vous plaît. Je dois manger, moi aussi. Cet endroit est le seul qui nous permette de... »

Emhyr leva la main pour réclamer le silence, qui se fit aussitôt. Le fermier se recroquevilla, comme sous l'effet d'un coup de fouet. C'était un misérable, un lâche, un moins que rien. Sa femme paraissait nettement plus forte que lui. Même la petite ne pipait mot, ne pleurait pas, se contentant d'observer avec ses yeux innocents. Elle ne comprenait sans doute rien de ce qu'il se passait ici. Une nouvelle fois, la question émergea dans l'esprit du Jedi gris : que faisaient des humains ici, dans une ferme isolée et en ruines, sur Klatooïne ?

 « Vous vous nommez ? »

 « Mars, mon seigneur. Mars Jiik. »

 « Voyez-vous, Mars, le Hutt est assez mécontent. Il m'envoie régler le petit problème qui nous lie, vous et moi. Le problème du problème, c'est que je découvre une situation bien différente que celle à laquelle je m'attendais. On m'a dit que je trouverais, dans ce coin paumé, un fermier et des ouvriers, rebelles, qui prenaient en otages d'autres occupants du site, menaçant Vogda de je ne sais quoi s'il leur ne leur accordait pas je ne sais pas quoi non plus. Vous comprenez ? Je me sens assez dupé, dans cette histoire. »

Sa voix, toujours très calme, exprimait un profond ennui. Même si, à l'intérieur, il avait bien envie de coller son poing dans la grosse tête de Vogda. Et aussi dans celle de ce fermier misérable qui n'inspirait aucun respect, pas même de lui-même.

 « Alors, évidemment, pour ce qui est du problème du problème, il va falloir régler cela d'une manière ou d'une autre, Mars. De toute évidence, vous n'avez jamais travaillé ici. Vous n'avez probablement même jamais travaillé ou vécu dans une ferme de votre vie. Vu l'état des lieux, ce site est abandonné depuis un petit moment, et vous le squattez. Donc, je veux la vérité Mars. Qui êtes-vous ? »

Sa voix s'était faite menaçante. Serait-il capable d'éliminer ou de torturer cet homme simplement misérable ? Il avait peur de la réponse. Le si peu de temps auprès des Sith l'avait-il déjà corrompu ? Effrayante pensée.

 « Je... je suis fermier, mon seigneur. On s'occupe de cet endroit avec ma femme et ma fille. Vogda ne souhaite que récupérer les lieux, mais j'ai essayé de lui faire comprendre : c'est chez nous, on peut pas juste lui donner ce qu'il veut. J'ai proposé de me mettre à son service, mais il ne veut pas entendre raison. Je... »

 « Vous me mentez, et vous mentez mal, Mars. Alors je vais vous le demander gentiment : de l'honnêteté. Répondez-moi la vérité, et je serais clément. Mentez-moi encore une fois, et votre famille en subira les conséquences. »

Ce n'est que lorsque le fermier tenta une fois de plus de mentir qu'Emhyr comprit enfin ce qui clochait entre les trois personnes présentes devant lui. La femme portait une zébrure rouge sur le cou, tandis que la petite fille avait une cicatrice sur le menton. Il n'y avait pas fait attention auparavant, mais maintenant il comprenait : cet homme était un lâche doublé d'un abusif, car il battait sa famille. Il le comprenait, en voyant dans la Force que la mention de faire du mal aux deux autres ne lui faisait ni chaud ni froid. Emhyr ne perdit pas de temps à tergiverser plus longtemps : il se leva, empoigna le pauvre par le devant de sa chemise, et le souleva. Il était étonnamment léger.

 « Vous mentez, Mars, vous mentez très mal. Que se passe-t-il réellement, ici ? Je ne le répèterais pas. »

 « Il nous bat, voilà ce qu'il se passe. Il nous a aidé à fuir, nous et cette esclave qui servait Vogda. Mais maintenant, le Hutt veut nous punir d'avoir fui, et Mars est trop lâche pour assumer ses actes. Alors il nous frappe, nous rend responsables de ce qui arrive. Faites ce que vous voulez de lui, mon seigneur. Il n'est pas le père de mon enfant. »

De fait, Emhyr n'allait pas se priver de punir cet homme. Après avoir donné un peu d'argent à la femme et à sa fille, et leur avoir ordonné de partir, il s'occupa de Mars le misérable. Il ordonna aux soldats de le dépouiller de ses vêtements et de l'attacher à l'extérieur, où il mourrait dévoré par le soleil et le désert. Une cruelle et terrible façon de mourir, mais il la méritait. Et il savait où chercher l'esclave qu'il avait vu. Repartant vers son transport, il se dirigea donc ensuite vers la ville la plus proche.

Tout en pensant à ce qu'il se passerait si lui-même devait aider Myir à fuir les Sith. Mais cette pensée était une illusion.
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Myir recracha l'eau dans le lavabo une énième fois, mais le goût du sang du dévaronien semblait ne vouloir jamais s'effacer. Lorsqu'elle releva la tête, elle s'étonna de ce noir qui lui entourait les yeux en s'insinuant dans les creux de son visage. Le côté obscur corrompait-il déjà son corps ? Non, le maquillage s'étalait tout simplement. Elle n'avait pas l'habitude d'en porter. Lasse, elle se déshabilla entièrement pour aller sous la douche. Un jet d'eau chaude sur son corps lui ferait du bien. Aussitôt qu'elle y fut exposé, elle ferma les yeux en espérant effacer toute cette maudite soirée.

Mais à peine ses yeux étaient-ils clos que toute la scène défilait encore et encore. Sur un geste du doigt de Vogda, l'orchestre avait repris ses musiques enjouées. Mal à l'aise, les invités en étaient retournés à leurs petites affaires personnelles, loin de la dangereuse Twi'lek, dont plus personne n'osa croiser le regard. Elle en avait été soulagée : soutenir tous ces yeux inquisiteurs toute la soirée l'avait épuisée. Maintenant qu'on la craignait, elle pouvait se laisser aller et se détendre quelque peu.
C'avait été peine perdue, bien sûr. Le seul qui n'avait pas détourné le regard, c'était bien le gros Hutt. Mais il n'avait fait aucun commentaire sur ce qui s'était produit. Tout le reste de la soirée, il avait fumé une substance aux relents douceâtres qui s'échappaient d'un vase bombé coloré et chargé de pierres précieuses. Les yeux globuleux de Vogda allaient des danseuses à Myir, des yeux chargés d'envie ou de suspicion. Elle n'aurait su dire. Elle avait préféré reprendre sa place auprès de lui, et observer elle aussi la salle, refusant à manger, à boire, à fumer. Car maintenant, peut-être voudrait-on l'éliminer sans chercher plus avant à prendre de risques. Par un poison dans une boisson, par une fléchette tirée dans son dos, par un insecte mortel glissé dans son lit ou un gaz mortel s'échappant du pommeau de la douche.

Myir rouvrit les yeux dans la cabine d'eau et éteignit la vapodouche d'un geste rageur, avant de sortir et de s'envelopper dans une serviette propre. Elle alla s'étendre ainsi sur le lit, espérant trouver du repos. Il n'en fut rien.

Le lendemain, pourtant, Vogda l'accueillit avec maints sourires et petits présents lorsque la Twi'lek le rejoignit dans le hangar spacieux mais chargé d'odeurs d'huile qui accueillait toujours notre navette. Elle les accepta sans même y prêter attention. Des bijoux, des parures de tissu, des petits gadgets. Elle ordonna à l'un de ses gardes de porter ces cadeaux avant de se tourner vers l'interprète, dédaigneuse. La fatigue et la frustration l'aidaient avec efficacité pour adopter l'air hautaine qui seyait à son personnage.

- Remerciez Vogda, lui ordonna-t-elle froidement. Et demandez-lui quel est le programme pour aujourd'hui.
- Ce sera fait, tualin vashna, s'empressa de lui répondre le Twi'lek doucereux, tandis que Myir remarquait sa nervosité. L'Honorable Vogda vous espère satisfaite de la démonstration et de la soirée passée sur Vaathkree.
- Très satisfaite.
- Bien, bien, l'Honorable Vogda sera enchanté d'apprendre que vous partagez ses plaisirs favoris. Pour vous prouver son désir de vous faire passer un excellent séjour au sein de son Kajiidic, il vous propose de choisir la destination suivante.

Tiens, tiens, songea la Twi'lek. Alors comme ça, on lui laissait le choix pour la satisfaire, désormais ? Finalement, l'épreuve de la veille au soir n'avait peut-être pas été inutile. Vogda craignait-il pour sa sécurité, maintenant qu'il avait vu ce dont elle était capable ?

- Sriluur est un paradis de la contrebande. Les pirates y sont aux ordres de l'Honorable Vogda, expliqua précipitamment l'interprète. Si vous vous intéressez à notre commerce, nous pourrions vous y montrer le volume de marchandises qui y transite. Des marchandises de toutes sortes. Vivantes et non vivantes. Sur Cyborrea, nous entraînons quelques-unes de nos forces locales. Une petite armée si vous voulez, dont sont issus les membres de la garde personnel de l'Honorable Vogda. Rien à voir avec les armées de l'Empire, bien entendu, mais vous serez surprise de leur efficacité. Ou bien, si vous préférez, nous pouvons rentrer sur Klatooïne.

Elle eut envie de répondre de but en blanc qu'ils rentreraient sur Klatooïne. Retrouver Emhyr. Non, non, se morigéna-t-elle, cela trahirait son manque de confiance. Elle fit la moue, bientôt imitée par un interprète gêné de voir que les propositions ne semblaient pas intéresser Myir outre mesure.

- Tualin vashna... commença-t-il en déglutissant.
- Je veux voir le palais de Malaka, exigea-t-elle en lui coupant la parole.

Elle improvisait. L'interprète se tourna vers l'énorme et traduisit. Vogda se mit à rire bruyamment, puis il sembla comprendre qu'elle ne plaisantait pas. Il la jaugea du regard tandis qu'avec frustration, il débitait des paroles incompréhensibles. L'interprète fit mine de protester, mais la voix menaçante de Vogda lui fit rapidement obéir.

- Tualin vashna, l'Honorable Vogda comprend votre curiosité, mais il a la déception de vous apprendre que cela lui est impossible pour le moment.
- Impossible ? Quelque chose est impossible à l'Honorable Vogda dans son propre Kajiidic ? demanda-t-elle en haussant un sourcil.
- L'Honorable Vogda n'a pas encore pris possession du palais de Malaka. Ce lieu est entouré de traditions, de respect pour les anciens...

Mon œil, songea-t-elle en croisant les bras, il avait surtout peur de ne pas y être en sécurité. La garde personnelle de Malaka ne le portait peut-être pas dans son cœur.

- Je veux voir ce palais. Sous-entendez-vous qu'il n'est pas certain que Vogda en hérite ?

Lorsque l'interprète traduisit au Hutt, celui-ci éclata en une floppée d'insultes à l'encontre du Twi'lek. Mais il se tourna ensuite vers elle, la pointant d'un doigt boudiné.

- L'Honorable Vogda vous trouve très audacieuse, tualin vashna. Mais il dit que vous avez raison : cet endroit est à lui, puisqu'il est dans son kajiidic. Nous allons donc nous y rendre.

Myir eut un sourire victorieux, qu'elle ne dissimula pas. Elle s'enfonçait dans le système de l'Espace Hutt. Elle avait raté l'occasion de retrouver Emhyr plus vite, mais... De toute façon, il s'était peut-être déjà enfui loin d'elle et de l'Empire.
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Alek et Kip, les deux soldats qui accompagnaient Emhyr, se détendaient beaucoup plus autour d'un repas et d'un bon verre. Bon, l'alcool n'était guère la préférence du Jedi gris, et la bouffe pas forcément de toute première main, mais c'était pas spécialement mauvais. Et les deux autres, après avoir vu que le « Sith » mangeait comme eux, se comportait comme eux, avaient décidé qu'il était peut-être pas trop dangereux pour eux de sympathiser un peu. Ils trouvaient cela étrange, mais pas désagréable. De même pour lui.

Ils étaient arrivés dans la ville hier, en fin d'après-midi, et prenait un repas avant d'attaquer leur nouvelle journée. L'esclave qu'ils cherchaient, dénommée Erine, s'était rendue dans la ferme, car elle connaissait apparemment le dénommé Mars. Celui-ci lui avait conseillé d'aller ensuite en ville, puis de quitter la planète aussi vite qu'elle le pourrait. Il était difficile de savoir si elle s'y trouvait encore, mais Emhyr avait bon espoir. En arrivant dans cet établissement, un hôtel-restaurant assez moyen, le trio impérial avait posé quelques questions, fait quelques reconnaissances des environs, pour arriver à diverses conclusions possibles : soit Erine était déjà morte, soit elle avait trouvé un travail, soit elle était dans un autre lieu de la planète. Et une humaine sur Klatooïne, ça se remarquait.

 « Monseigneur, quand partons-nous ? »

Alek, le plus jeune des deux soldats. Il semblait avoir mal dormi, à en juger par ses cernes. Mais il avait cet air enthousiaste typique des soldats prêts à bouger.

 « Bientôt. Finissez votre repas, d'abord. Il vaut mieux que vous soyez prêts. On va peut-être, qui sait, ne pas avoir d'autres repas avant longtemps. »

Il regarda autour de lui. Il était surpris que, malgré la forte concentration de Klatooïniens, il y avait beaucoup de représentants d'autres races. Etaient-ils tous plus ou moins connectés à Vogda ? Ca paraissait possible... mais en même temps le Hutt pouvait-il contrôler, d'une manière ou d'une autre, des millions, voir des milliards, d'individus ? Il n'y croyait pas trop. Mais il fallait avouer que c'était troublant. Là, dans une autre alcôve que la leur, se trouvaient trois types louches et armés, des bandits de toute évidence à la solde du Hutt. Ils portaient son symbole sur leurs tenues. Là-bas, derrière le comptoir, un Klatooïnien réprimandait sa femme parce qu'elle se comportait mal devant les clients. Une danseuse, plus loin, soignait, à l'aide d'une autre, les blessures d'un petit garçon qui avait visiblement reçu un coup violent à la tête. Tant de malheurs, tant de souffrance. Il le ressentait dans la Force, aussi nettement qu'il parvenait à se rappeler le parfum de Myir, les traits de son visage.

Il avait appris que la planète entière était sous la coupe des Hutts, que la quasi-totalité des locaux n'y trouvaient rien à redire et que les non-Klatooïniens se faisaient nombreux depuis quelques semaines. Emhyr avait également appris à jouer au sabacc avec les deux soldats, mais il n'était pas très doué et n'avait pas voulu jouer trop. S'il perdait trop, les soldats risquaient d'avoir peur de ses réactions, et il n'avait pas envie de perdre la confiance durement gagnée.

Ils ne sortirent du bâtiment que quelques minutes plus tard. La chaleur, même en pleine matinée, était intense, et il détestait ça. Tatooïne, Korriban, Klatooïne... des planètes à la con. Le désert c'était bon pour les dewbacks, pas pour lui. Il préférait encore se retrouver dans le vide spatial, en combinaison pressurisée. Leur première destination était un préteur sur gages, une profession sujette à une énorme corruption. Grosso modo, celui-ci tenait une boutique mal climatisée, et les objets qu'ils échangeaient ne semblaient pas valoir grand chose. Pas plus que l'argent qu'il donnait en échange d'objets. Exemple : l'unique client, furieux, qui sortit en insultant copieusement le préteur.

 « Bonjour, bonjour. J'aimerais vous poser quelques questions, si ça ne vous dérange pas. »

 « Oh, mais... »

 « Etant un Sith venant de la part de Vogda la limace, j'ose espérer une entière coopération de votre part. »

 « Oh, mais... bien entendu, seigneur. Que désirez-vous savoir ? »

Il lui exposa alors la situation, prenant son mal en patience devant l’onctuosité exécrable du Klatooïnien. Au final, la déception était au rendez-vous, car il n'eut aucune information de valeur à se mettre sous la dent. Il n'avait obtenu que quelques vagues rumeurs, qui, il en était persuadé, ne conduiraient nulle part. Il lui fallait donc aller chercher un autre lieu important de la ville, pour espérer y trouver un renseignement quelconque. Il tourna un regard vers le ciel, comme dans l'espoir de voir un vaisseau en surgir pour ramener la Twi'lek sur la planète. Mais il n'y avait rien, bien sur.

Et pour ce que j'en sais, elle peut ne jamais revenir. Par paranoïa, il se demanda si ce n'était pas là l'occasion qu'attendaient Odium et Myir pour l'abandonner. Et se débarrasser de lui, un être agaçant.
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Le voyage prit plusieurs heures, une nouvelle fois. Myir passa le plus clair de son temps dans sa cabine, à tenter en vain de se détendre. La tentation était grande d’essayer de contacter l’Empire, ou même Emhyr… Mais elle se fit violence. Ses quatre soldats étaient toujours en vie, ce qui la rassurait dans une certaine mesure. Si on avait voulu qu’elle se sentît menacée, voilà longtemps que Vogda aurait pu faire en sorte de se débarrasser d’eux.

Lorsqu’une voix rugueuse, dans une langue qui lui était inconnue, crachota dans un haut-parleur de sa cabine, la Twi’lek devina que l’atterrissage était imminent. Elle alla vérifier son apparence dans un miroir. Elle avait revêtue une nouvelle robe pour l’occasion, d’un velours pourpre, qui entravait désagréablement ses jambes mais qui rappellerait aux mercenaires présents la couleur du sang d’un dévaronien trop gourmand. Puis elle quitta la cabine pour rejoindre la délégation de Vogda, qui débarquait quelques minutes plus tard sur une vaste plate-forme au milieu de l’espace noir. Une station spatiale au milieu de nulle part, dont elle n’avait pu garder aucune coordonnée. Cela était plutôt stratégique de la part de Malaka de s’installer non sur une planète, où il serait aisément localisé, mais sur une station mobile. Cette stratégie, cependant, ne l’avait visiblement pas empêché de mourir.

Les lieux étaient glauques. Ils furent accueillis par des droïdes aux accents furieux, et une poignée de mercenaires les toisaient tandis qu’ils entraient dans la structure de métal. A l’intérieur, des œuvres d’art d’un goût douteux étaient exposées sans cohérence. Un magnifique tableau d’Alderaan côtoyait une statuette violette représentant deux Twi’lek nues en pleine activité sexuelle. On aurait plus dit un entrepôt de bric à brac plutôt qu’un palais huttese, et Myir se surprit à espérer qu’au moins, Vogda aurait peut-être meilleur goût.
Enfin, ils parvinrent dans la salle principale, là où s’était tenu l’oncle du Hutt pendant des années auparavant. Des relents d’alcool et d’autres substances illicites envahissaient l’espace, mais les personnes présentes s’étaient tues, surprises par l’arrivée incongrue du neveu de Malaka. Visiblement, ils avaient pris du bon temps ces derniers temps. Il y avait là des mercenaires de toutes races, en nombre bien supérieur à la délégation de Vogda, ainsi que des danseuses et des esclaves dont l’état fit frissonner Myir. L’une des parois était en verre épais, au-delà de laquelle nageaient des poissons de toutes les couleurs dans une aquarium géant. Une autre baie donnait une vue sur l’espace. La tension était palpable entre les hommes de l’héritier et ceux qui occupaient la place forte. Le silence fut brisé par Vogda lui-même, qui demanda bruyamment où était auparavant disposé le trône de son oncle. En effet, rien dans la pièce ne subsistait dont on aurait pu deviner être aux dimensions d’un Hutt. Ce fut un humain en armure qui lui répondit. Il avait le visage tordu par la méfiance et balafré, le crâne rasé comme un militaire et la peau sombre.

- Enfin tu te montres, Vogda !
fit-il, cinglant. Je pensais bien que tu viendrais réclamer la place. Mais ce n’est pas dans les plans de Malaka.

Le Hutt s’agita, beuglant bruyamment, mais sans se démonter. Il avait l’air d’avoir préparé plus ou moins cette discussion, songea la Twi’lek qui se tenait en retrait, en simple observatrice.

- L’Honorable Vogda vous fait savoir que Malaka est mort, au cas où vous l’auriez oublié. Ses ordres ne comptent plus, et il est désormais l’héritier légitime, énonça l’interprète.
- Dis à ton maître, petite vermine, que je ne vais pas permettre au meurtrier du vénérable Malaka de prendre sa place. Moi et mes hommes lui étions loyaux.

Nouvelle floppée en Huttese.

- L’Honorable Vogda réfute vos accusations, et vous invite à… A subir un châtiment sexuel de la part d’un rancor. Il vous invite à quitter les lieux en paix, ou bien il ordonnera à ses renforts venus de l’Empire de vous mettre à mort immédiatement.

Myir réfuta un hoquet de stupeur, puis se tourna vers Vogda, indignée. Celui-ci lui répondit par un sourire encourageant. Les quatre soldats impériaux, eux, se lancèrent des regards gênés : les mercenaires étaient nombreux, armés… Et qui plus est, ils connaissaient les lieux. Ils n’avaient pas beaucoup de chance.
Pendant ce temps, l’homme en armure se mit à rire.

- Il m’envoie quatre clampins pour nous faire la peau ? Ce Hutt n’a vraiment rien dans la cervelle…

Il tira une bouffée sur un cigare volumineux, un sourire aux lèvres, tandis que Myir s’avançait enfin. Elle n’était pas venue là pour faire le sale travail, et encore moins pour faire tuer sa garde ou se faire tuer elle-même. Il allait falloir jouer cela au culot.

- Allons allons…
fit-elle en reprenant rapidement le personnage hautain qu’elle représentait. Vous êtes Monsieur… ?
- Commandant Gazgor, enchanté, répondit-il en faisant mine de lui envoyer un baiser, déclenchant des rires chez ses partisans.
- Commandant Gazgor, reprit-elle avec sérieux, comme vous pouvez l’imaginer, nous ne sommes pas idiots au point de venir en terrain ennemi sans pouvoir prévoir et une défense et une retraite.

Elle tendit la main, se concentra quelques instants. Faire appel aux enseignements du Seigneur Odium… L’un des agents de l’humain en armure porta les mains à son cou, affolé. Elle le relâcha rapidement, et il manqua de tomber à terre lorsqu’elle la pression disparut.

- Ne vous fiez pas aux apparences. L’Empire recèle de bien des pouvoirs, bien des leviers… Vous savez aussi bien que moi que même si vous sortez victorieux d’un affrontement, vous serez punis pour vous en être pris à des agents de l’Empire, un jour ou l’autre. On n’échappe pas aux Sith, Commandant Gazgor.

L’humain grimaça, puis se lança dans une imitation haut-perchée de la voix de Myir et de ses intonations :

- Et bien nous ma p’tite dame, nous avons plein de blasters prêts à vous trouer la peau, et alors personne saura jamais quel aura été votre petit problème ! Et c’est pas vos petits tours de passe-passe qui vont nous impressionner ! geignit-il avec un sourire mauvais, déclenchant une nouvelle salve de rire avant de reprendre d’une voix plus sérieuse. Et vous savez le pire ? C’est que je suis un ex-impérial, ma Dame, et que je sais donc parfaitement qu’une petite équipe perdue qui disparaît, l’Impératrice n’en aurait rien à foutre.

Myir serra la mâchoire, tout en notant intérieurement que Vogda reculait et pianotait sur son chariot répulseur. Que faisait donc ce gros lâche ? S’ils faisaient mine d’être impressionnés, ils seraient rapidement attaqués ! Mais avant qu’elle eût pu lui intimer quoique ce soit, Gazgor fit un geste de la main, et ses hommes sortirent leurs blasters, déclenchant une folle réaction en chaîne : les soldats impériaux dégainèrent eux aussi leurs armes, des danseuses et des esclaves se jetèrent à couvert avec des cris, Vogda déclenchant un appareil sur son chariot répulseur qui le recouvrit d’un bouclier d’énergie et l’interprète se mit à pleurer.

- Arrêtez ! ordonna vainement Myir, vous allez…

Mais il était trop tard. Un coup était parti, par erreur ou intentionnellement. Il fut absorbé par le bouclier du Hutt, mais les mercenaires de Vogda ripostèrent en tentant d’abattre l’homme qui avait tiré. Lorsque Myir plongea pour se protéger derrière le Hutt, activant du même coup son sabre laser rougeoyant, la salle était soudain saturée de tirs de blasters qui trouèrent les murs, ricochèrent sur les plafonds. Plusieurs individus s’effondrèrent, morts ou blessés, dont l’un des soldats impériaux. La Twi’lek avait un bref instant espéré que la situation allait de nouveau se stabiliser, mais elle dut rapidement se rendre à l’évidence : la panique avait envahi les esprits, et par instinct de survie, les hommes ne sauraient s’arrêter dans cette bataille soudaine et brutale. Elle sortit de sa cachette, renvoya les rayons lasers qui la ciblaient à l’aide de son sabre, avant de le faire tournoyer pour abattre ses ennemis.

En quelques minutes à peine, ce fut un véritable bain de sang. A part Vogda qui survivait grâce à son bijou de technologie, presque tous se retrouvèrent rapidement hors d’état de nuire, dans les deux camps. Myir fut touchée à la jambe, puis à un lekku, lui arrachant un cri de stupeur et de douleur, dans ses efforts pour attaquer les ex-impériaux. Il ne resta bientôt plus qu’elle en état de se battre, ainsi que Gazgor et deux de ses hommes, particulièrement doués pour se mettre à couvert et ne faire que quelques tirs fatals, dont l’un avait coûté la vie à deux autres soldats de Myir. Le troisième encore vivant était blessé, avait lâché son arme et tentait de se dissimuler derrière un cadavre. De toute façon, l’attention des derniers survivants ennemis était toute dirigée vers la Twi’lek, qui s’était de nouveau jetée derrière un fauteuil métallique près de l’aquarium pour éviter d’être de nouveau touchée. Ils tentèrent malgré tout de l’atteindre, fêlant au passage la grande baie qui donnait sur l’eau chargée de poissons insouciants du désastre qui se déroulait sous leurs yeux.

Faire appel à la Force. Myir éteignit son sabre, puis dissimula sa présence grâce à un voile de Force, afin de quitter sa cachette sans être perçue. Bientôt, n’entendant plus un bruit, l’un des deux hommes encore vivants de Gazgor prit le risque de s’approcher du fauteuil puis le contourna en braquant son arme. Mais derrière, personne. Il se retourna vivement en entendant un bruit semblable à un gargouillement : une lame, d’un couteau ramassé sur un corps, venait d’être planté dans la gorge de son coéquipier. Paniquant, l’homme encore debout se mit à tirer tout autour de lui. Les tirs de blasters ricochèrent, manquant Myir de peu, puis firent céder l’aquarium. Brusquement, l’eau se répandit avec fracas dans la pièce, sapant la couverture de Myir au passage ainsi que l’électricité. Ils furent plongés dans l’obscurité, et la Twi’lek profita de cet instant de surprise pour rallumer sa lame et transpercer le dernier homme de Gazgor au niveau du cœur.

Il ne restait désormais plus que le commandant lui-même, qui s’était mis à couvert derrière une table métallique renversée. A la lueur de son sabre, Myir ne pouvait le voir, mais elle percevait sa peur dans la Force.

- Ex-impérial, mmh ? chuchota-t-elle à son attention. Hé bien, l’Empire revient toujours s’occuper des siens. La preuve, me voilà pour mettre un terme à votre vie de déserteur, commandant…

Gazgor n’était cependant pas prêt à rendre les armes. Comme un kamikaze, il sortit de sa cachette en hurlant, cribla Myir de tirs de blasters. Celle-ci se défendit des plus dangereux, écopant au passage de plusieurs éraflures brûlantes avant que le commandant ne se jetât sur elle. La lutte fut de courte durée. Il avait beau être en armure, elle avait combattu bien trop souvent au corps à corps pour ne pas connaître par cœur les failles de ces tenues. L’homme parvint à lui faire une coupure à la joue, puis à la blesser un peu plus profondément à l’épaule avant qu’elle ne lui enfonçât sa lame entre le casque et le buste, zone tendre de son armure. Comme à Emhyr, sur Makem Te. Sauf que celui-là, elle ne le laisserait pas vivre.

Le corps s’effondra à ses pieds, et Myir baissa enfin sa garde.

- Voilà, vous êtes maître des lieux, dit-elle à Vogda, non sans un regard méprisant pour sa lâcheté.

Personne ne traduisit, cependant. L’interprète était mort. Il gisait au pied du Hutt, qui regardait en tous sens comme s’il était certain qu’un nouveau danger allait apparaître dans les ombres de la pièce privée de lumière en-dehors de son bouclier et du sabre de Myir. La Twi’lek soupira en constatant que le dernier impérial qui avait survécu s’était noyé dans l’eau de l’aquarium, au bas d’un petit escalier. Quel gâchis.

Sans un mot, elle éteignit son sabre et prit la direction de la sortie. Sur le chemin, elle ordonna aux droïdes de lui trouver un droïde protocolaire, et ils obéirent sans poser de question, puis elle rejoignit le vaisseau et s’enferma dans sa cabine. Elle se laissa tomber assise sur sa couchette et se prit la tête dans les mains. Du sang dégoulinait le long de ses bras et de l'un de ses lekkus, sa robe était de nouveau irrécupérable, et surtout, elle était cette fois sérieusement blessée. Elle soupira douloureusement avant de fermer les yeux.
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Les recherches n'avançaient guère, et cela frustrait beaucoup Emhyr. Chaque personne interrogée, chaque individu interpellé, chaque bâtiment observé, chaque piste suivie... rien ne permettait d'avancer d'un pouce. Bon, il y avait toujours la possibilité d'user de la Force, mais le problème était qu'il ne possédait pas en mémoire l'empreinte d'Erine dans la Force. Il aurait su trouver Myir, Konstancja, peut-être aussi Odium. Mais pas une petite esclave de rien du tout, qu'il devait par-dessus le marché ramener. Vivante ou morte. Il devait bien avouer être dans une impasse. Jouer les Sith avait ses limites, notamment celle-ci : choisir entre ramener une jeune fille à une horrible vie, ou la tuer directement. D'un côté, ce serait abréger ses souffrances. Mais ça restait un meurtre.

Ce qui ne l'aidait pas non plus à réfléchir sereinement, c'était le fait que les deux soldats à ses côtés commençait à peiner. Leurs armures n'avaient pas de système réfrigérant suffisamment puissants pour leur assurer un agréable confort sous la chaleur infernale de Klatooïne. La fatigue pesait sur leurs épaules, et s'ils n'osaient pas se plaindre, ils étaient irrités que rien se passe de fructueux. Lui-même n'avait qu'une envie : retourner au frais. Mais il avait une mission à exécuter avant de pouvoir s'offrir un tel luxe. Si seulement je savais où chercher.

 « Où iriez-vous, si vous étiez des esclaves en fuite ? »

Il n'attendait pas spécialement de réponses, et de fait, les deux soldats furent bien en peine de lui en fournir. Il ne s'en étonna pas. Une humaine en fuite au milieu de l'emprise des Hutts, c'était sur le papier facile à trouver. Dans la pratique, ça n'avait rien à voir avec la situation d'une esclave en fuite dans l'Empire. Cette jeune femme, Erine, savait où se cacher, visiblement. Elle devait bien connaître les lieux, ou elle connaissait quelqu'un. Il optait davantage pour cette seconde solution, en vérité. Restait à savoir qui était cette personne. Et c'était plutôt difficile quand on ne connaissait rien soi-même, qu'on affichait qu'on venait de l'Empire et qu'en plus de ça on avait la fatigue marquée sur le visage.

Ajoutez à cela que beaucoup ne parlaient pas le basic. Fait étonnant, en soi, vu la population de la Galaxie connue et la popularité, ainsi que la simplicité, de cette langue. Mais on restait dans un milieu pauvre, ici, et du coup ce n'était pas, au fond, une si grosse surprise que les gens ne parlent que le huttese. Peut-être que la plupart ne savaient pas lire, alors parler une seconde langue... C'était peut-être trop demandé. Il soupira, puis poursuivit sa marche. Il alla de boutiques en boutiques, de restaurants en restaurants, sans vraiment s'arrêter. A chaque fois, c'était la même question : connaissiez-vous Erine, une jeune humaine, une esclave qui se serait apparemment échappée. Mais comme toujours, le silence ou l'absence de réponse utile lui répondait. Quelques fois, il lui semblait détenir une piste, mais en fait ce n'était rien.

Si bien que lorsque le soir tomba, il retourna à l'établissement où il logeait avec les deux soldats, et les laissa profiter d'une nuit de repos durement gagnée. Lui-même n'avait guère envie de se reposer. Il mangea rapidement, et s'éclipsa à l'extérieur en espérant parvenir à se détendre. Et si la fraîcheur restait la bienvenue, lui-même ne se sentait pas spécialement en forme. Ses pensées s'égarèrent un instant, et en fermant les paupières, il se laissa aller à la Force. Il capta presque immédiatement l'aura de Myir, quelque part là-haut dans les étoiles. Elle... dormait ? Oui, c'était typique de l'état. Elle avait l'air un peu blessée, physiquement, ça semblait aller. Tant mieux.

Il fut tiré de sa rêverie par une présence à ses côtés. Il eut juste le temps de s'écarter de l'entrée, se fondant dans l'obscurité, avant de voir une femme sortir du bâtiment. Elle avançait courbée, visiblement pressée. Son aura trahissait une détermination et une peur latente. Drôle de mélange. La curiosité lui fit emboîter le pas de la personne, à distance raisonnable.

Si c'était bel et bien la femme qu'il cherchait, bon sang, ce serait un sacré coup de chance ! Ou un bon coup de pouce de la Force.
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Enfin, Myir put goûter à quelques heures d’un véritable sommeil. Elle avait eu de la peine à se laver et à panser correctement ses blessures avant de pouvoir se glisser dans les draps synthétiques de sa couchette. L’épuisement l’avait emportée brutalement, maintenant qu’elle ne craignait plus d’être attaquée dans son sommeil. Il fallait dire que l’affrontement avait eu le mérite de leur faire faire un sacré ménage dans l’entourage de Vogda. Il revenait quasiment seul de la station de Malaka, qui néanmoins lui appartenait désormais. A travers la paroi de l’écoutille qui la séparait du reste de l’équipage, la Twi’lek avait entendu qu’on avait fait monter à bord un certain nombre de droïdes. C’était parfait.

La secousse d’un atterrissage un peu brutal la tira de son lourd sommeil. A la hâte, elle s’extirpa de sa couchette, revêtît des sous-vêtements par-dessus lequel elle réenfila son gilet en mailles qui laissait entrevoir son corps… Désormais couverts par endroits de contusions et de bandages. Elle n’avait rien d’autre à se mettre de toute façon. Exposer ses blessures de guerre ferait peut-être impression auprès des mercenaires de Vogda restés sur Klatooïne. Désormais, il faudrait qu’elle se montrât encore plus forte, encore plus intransigeante : les évènements de la nuit dernière avait renversé la balance du pouvoir en sa faveur, et elle comptait bien en saisir toutes les opportunités.
Elle se maquilla quelque peu les yeux pour les assombrir, mais laissa tomber le rouge à lèvres : sa lèvre était gonflée et encore sanglante d’avoir été mordue par le dévaronien. Elle déplora de ne pas avoir sous la main un fond de teint de couleur bleue, qui lui aurait permis de dissimuler une tâche sombre dans son cou et dans sa joue, hématomes restés apparents depuis la nuit dernière. La coupure infligée par l’ex-commandant impérial sur la joue, au moins, ne saignait plus. Avant de quitter sa cabine, elle ajusta et changea certains de ses bandages, en particulier celui de son bras droit et de son lekku gauche. Ce dernier était particulièrement douloureux. Très sensible, l’appendice blessé lui arrachait une grimace de douleur à chacun de ses mouvements. Une fois le bandage remplacé, elle l’enroula autour de son cou pour le stabiliser, dissimulant partiellement de cette manière un autre pansement sur son épaule. Elle était dans un bien piètre état, songea-t-elle, mais il allait falloir donner le change malgré tout.

Ils débarquèrent quelques minutes plus tard. Vogda l’accueillit à l’aide du droïde de protocole embarqué depuis la station, qui récita un florilège de compliments à base de « fleur fatale matinale », que Myir accueillit avec un regard au ciel.

- C’est avec des expressions pareilles que l’Honorable Vogda souhaite se racheter ?
- Mon Maître l’Honorable Vogda n’a d’autre souci que votre bien-être, désormais, répondit posément le droïde après un bref échange avec son volumineux maître.
- Ben voyons.

Elle avait juste risqué sa vie pour sa peau de limace géante, et il s’inquiétait de son bien-être. Quelle blague. Et dire que ça avait été son idée de se rendre au palais de Malaka ! Ses initiatives étaient finalement pires que celles d’Emhyr.

- L’Honorable Vogda a décidé d’offrir une soirée en votre honneur. A quels plaisirs particuliers souhaiterez-vous goûter, Dame A’Eyan ?

Tiens, tiens. Quelqu’un avait jugé plus prudent de briefer le droïde avec un certain nombre d’informations. Ils entraient dans le palais de Vogda lorsque celle-ci trouva enfin une réponse à formuler.

- Je souhaite simplement que vous fassiez revenir l’émissaire de l’Empire au plus vite. Il ne faudrait pas que l’on croit que nous l’ayons écarté, n’est-ce pas ?

Oui, voilà ce qu’elle souhaitait : revoir un visage allié. Quelqu’un sur qui elle pourrait compter, maintenant que les gardes impériaux n’étaient plus.

- L’Honorable Vogda satisfera votre demande, reprit le droïde de sa voix robotique. Avant que la soirée ne commence, d’ici quelques heures, Vogda doit régler quelques affaires internes. Vous pouvez si vous le souhaitez vous retirer dans vos quartiers.
- Ce ne sera pas nécessaire, répondit-elle calmement, tout en fixant intensément le Hutt. Je siégerai à ses côtés, comme je l’ai fait sur Vaathkree.

Le maître des lieux n’hésita guère, et ils s’installèrent de nouveau dans la pièce principale, afin que Vogda nomme de nouveaux sbires à ses côtés, notamment. En d’autres circonstances, Myir aurait pris un malin plaisir à souffler des conseils plus ou moins fondés, mais la fatigue, la douleur dans son lekku et la tension l’empêchaient de se concentrer. L’attente, aussi. Bientôt, espérait-elle, Emhyr la rejoindrait, et ils commenceraient la dernière partie de cette mission. Une part d’elle se demanda quand est-ce que l’on viendrait lui annoncer que l’émissaire de l’Empire était introuvable. Dans ce cas, saurait-elle jamais si Vogda l’avait fait exécuter ou s’il s’était enfui ?

Un petit orchestre se mit à jouer un air mélancolique, ajoutant à son humeur morose.
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Le petit bout de femme marchait d'un pas vif, parcourant les allées sombres en se faisant le moins remarquer possible. Néanmoins, Emhyr n'aurait pas pu la perdre, désormais. Il avait parfaitement identifié l'aura dans la Force, et il saurait donc se concentrer pour parvenir à retrouver sa trace si besoin, dut-elle se cacher dans une foule. Depuis combien de temps la poursuite durait-elle ? Une dizaine de minutes, au moins. C'était difficile à évaluer, tant il était concentré. L'espoir de trouver enfin, sur un coup de chance, la jeune Erine, ça le rendait presque euphorique. Ras-le-bol des planètes désertiques.

Il s'arrêta finalement, alors que la silhouette encapuchonnée stoppait également sa marche. Jetant un coup d’œil à côté de lui, il y vit une alcôve. S'y glissant, tendant l'oreille, il parvint finalement à entendre quelques murmures. Il s'aida de la Force pour pouvoir comprendre ce qu'il se disait. C'était du basic.

 « Tu étais censée venir il y a trois jours. » Une voix masculine, pas très grave. Plutôt... traînante.

[color=green] « Je sais... mais il y a eu une complication. Un Sith, et des soldats de l'Empire. Une princesse est avec eux. Vogda la garde pour lui. Mais le Sith me fait peur. Et il est à ma recherche, sûrement sur ordre de... »[color]

 « Peu importe ! Enfin, si, c'est important. Le Sith, ça va être compliqué... mais il est tout seul ? »

 « Deux soldats. Je peux te guider jusqu'à eux. »

Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que les deux soldats en question risquaient de mourir, très prochainement. Mais il ne pouvait pas bouger, pas encore. Des informations importantes pouvaient encore lui échapper. Emhyr redoubla donc de concentration pour comprendre ce que disaient les deux individus. N'empêche, bien pratique ces bures noires. Ca se fond bien dans l'obscurité.

 « Il paraît que Vogda a investi le palais de Malaka, c'est vrai ? »

 « Je crois. J'ai entendu parler d'une Twi'lek Sith qui avait tout ravagé. Mais apparemment elle est dans un piteux état. On devrait pouvoir... »

 « Nan. Nous, on doit s'occuper de ce Darth Xarkan. Le Sith qui est à ma recherche. Contacte les autres. Ils trouveront un moyen d'éliminer Vogda et cette Sith. Bon sang, deux Sith... qu'est-ce qu'ils foutent là ?! »

 « Une histoire d'accord avec les Hutts, tu n'as pas entendu l'autre jour ? Viens avec moi, on va aller se reposer un peu. »

Bon, il n'apprendrait rien de plus. Emhyr attendit quelques minutes, leur laissant de l'avancer – il sentait encore la jeune femme dans la Force de toute façon – et sortit de sa cachette. Que faire ? Déjà, mettre de l'ordre dans ses idées. Au moins, Myir s'amuse bien. Premièrement, il devait contacter ses deux soldats, les prévenir. Inutile de les sacrifier comme le ferait un sombre crétin de Sith basique. Ensuite... retrouver les deux tourtereaux et leur poser quelques questions. Cette Erine était drôlement louche. Pour une simple esclave, elle avait une sacrée ambition.

Il chercha Myir, dans la Force. Toujours en train de dormir, profondément qui plus est. Bien. Il envoya, avec son comlink, un avertissement à ses soldats, puis se remit en marche. Inutile de perdre davantage de temps. Aussi claire que de l'eau pure, la présence d'Erine dans la Force émanait d'une petite maison, située en bordure de la ville. Parfait. Ladite maison était un peu à l'écart, ça faciliterait la discrétion. Inutile de réveiller d'éventuels voisins. Une fois parvenu à proximité, il prit son sabre-laser dans une main, rabattit sa capuche sur sa tête, mit en place le foulard noir, et pressa l'oreille, délicatement, contre le mur fin. Il avait l'air un ninja, comme ça, mais au moins on ne distinguait que le gris de ses yeux. Et il préférait avoir un foulard, avec les tempêtes de sable.

La Force l'aida, de nouveau, à distinguer ce qu'il se passait de l'autre côté. Il grimaça, quand il comprit qu'ils en étaient aux préliminaires. Oui, ces préliminaires-là. Il eut une réaction de dégoût. Il n'était pas raciste, ou xénophobe, mais entre une humaine et un Klatooïnien... Il y avait des limites, quand même. Tant pis. Les risques du métier. Il se redressa, utilisa une poussée de Force pour déloger la porte, et entra, l'air menaçant, sabre-laser activé.

 « Qu'aucun de vous deux ne bouge ! Retirez vôtre main de cette arme, Erine, ou je n'aurais aucune clémence. »

La jeune femme se rhabilla rapidement, s'éloignant de la vibrodague posée à côté du lit. Son compagnon, lui, était encore en bonne partie habillé, et avait l'air assez mal à l'aise. Compréhensible.

 « Alors comme ça, on veut me tuer ? Autant pour Vogda, je peux comprendre, vu la gueule de la limace... mais moi ? C'est vexant. Puis la Twi'lek, elle est pas si méchante qu'elle en a l'air. Faut juste pas l'énerver. »

 « Que voulez-vous, Sith ? Vous connaissez visiblement notre projet. »

 « Ca me coûte de l'admettre, mais j'ai besoin de Vogda en vie. Et de relativement bonne humeur si possible. Donc, Erine, vous venez avec moi. Vivante et en bonne santé, c'est mieux. J'aimerais éviter d'avoir à vous tuer. Quant à vous, monsieur je-ne-sais-qui, merci de restez en dehors de cette affaire. »

Tout se passa très vite. La jeune femme se jeta sur lui, en hurlant sauvagement, tandis que le Klatooïnien tenta de se saisir de la vibrodague. L'attaque aurait pu surprendre n'importe qui, sauf un utilisateur de la Force. Surtout pas quand il s'attendait à une réaction de ce genre. Il essaya de se convaincre qu'il ne faisait que se défendre. Qu'il agissait comme toujours, avec un pur détachement. Un calme froid et déterminé. C'était le cas, heureusement. Jamais il ne prenait plaisir à tuer, et ce n'était pas plus le cas maintenant. Ca au moins, les Sith ne le lui avaient pas pris.

Il y avait tout de même deux cadavres étendus à ses pieds. Et aussi calme qu'il était, en son for intérieur, Emhyr bouillonnait de rage. Il avait échoué à garder l'esclave en vie. Il éteignit son arme, la rangea, et se saisit sans ménagement du corps inerte d'Erine.

 « Dès qu'on n'en aura plus besoin, je reviendrais supprimer cette enflure de limace baveuse suceuse de nœuds. Rien à branler du Côté Obscur. Tuer un Hutt, c'est un service communautaire. »
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Les candidats pour devenir le bras droit de Vogda ou même un simple lieutenant distant étaient légions. Les premiers commirent l’erreur d’ignorer Myir. D’autres, plus malins, comprirent que la Twi’lek avait fait ses preuves et tenait désormais une place dans les projets du Hutt, quoiqu’elle ne fût pas encore tout à fait définie. Il fallait dire aussi que la nouvelle commençait visiblement à se répandre : la Twi’lek perçut des murmures concernant l’assaut du palais de Malaka. Des rumeurs loufoques s’étaient mêlées au récit initial, mais on se garda bien de les répéter à la guerrière pour en vérifier l’authenticité.

Il fut finalement décidé qu’un duel départagerait les candidats finalistes. Un wookie bardé de cicatrices et de mèches de poils humides s’avancer devant la Twi’lek et le Hutt, et les salua avec une série de cris gutturaux, que le droïde traduisit avec empressement. Un trandoshan fit son entrée à son tour. Le reptile aux crocs imposants portait des colliers ornés de dents de toutes tailles et toutes couleurs, et une ceinture soutenait une série de couteaux à sa taille. Le Trandoshan salua Vogda, avant de s’incliner devant la Twi’lek. Celle-ci approuva d’un simple mouvement de tête.

- L’Honorable Vogda souhaite que vous affrontiez sans blaster ni aucun explosif. Seules les armes blanches sont autorisées, les informa le droïde de sa voix sans émotion. Le vainqueur doit mettre à mort son adversaire. Que le combat commence.

Aussitôt, l’assemblée se mit à rugir de plaisir, vomissant ses encouragements, ses insultes, ses sifflets d’indignation ou d’excitation. Les deux ennemis se regardèrent en chien de faïence, et Myir ressentit un frisson lui parcourir l’échine. Nouveau bain de sang en vue. Non que la mort la dérangeât particulièrement. Elle avait assez tué pour savoir que cela faisait partie de la vie d’une combattante. Mais l’inutile effusion de sang et de souffrance, elle n’y prenait aucun plaisir, au contraire de certains de ses confrères. En particulier quand cela ne la concernait ni elle, ni l’Empire. Mais elle n’avait pas la Force de se trouver un alibi, ni même de créer une diversion. Elle était trop épuisée. Se tenir ici, droite, sur un siège rigide malgré la douleur de son lekku et de son épaule, et soutenir des yeux le spectacle devant elle absorbait ses dernières forces. Les missions diplomatiques étaient bien plus éreintantes que ce qu’elle ne se les était toujours imaginé.

Le combat dura près de vingt minutes. Le wookie prit le dessus assez rapidement malgré son armement rudimentaire constitué d’une machette primitive. Tout aurait pu se terminer très vite s’il ne s’était pas laissé aller à quelque bravade pour montrer sa puissance à la foule tandis qu’il étranglait le trandoshan : ce dernier profita de l’inattention brève de son inadvertance pour lui asséner un coup de pied griffu dans le ventre, puis se dégagea de l’étreinte. La lutte reprit, le trandoshan eut une main tranchée mais se servir de l’autre pour continuer à attaquer. Le combat se termina avec une lame enfoncée dans la gorge du wookie. Des gerbes de sang avaient éclaboussé les spectateurs, Vogda et Myir y compris. Ils formaient tous deux un tableau macabre : le Hutt était exalté de cette scène finale et la Twi’lek s’était muré dans l’impassibilité.

Bientôt, les festivités reprirent, le corps du Wookie fut retiré, et Vogda fit venir le trandoshan pour échanger avec lui. Le reptile se présenta rapidement à la Twi’lek, qui daigna lui déclarer de froides félicitations. Heureusement, au moins il parlait un basic approximatif, ce qui leur permettait d’échanger aisément.

- Pas vous inquiétez, je serai puissant quand même, ça repousse, indiqua le trandoshan en désignant son moignon avec une grimace qu’elle supposa être un sourire.
- Oh, je ne m’inquiète pas. Pas pour cela, en tout cas.
- Je vous servirai bien, ma Dame. Mieux qu’un wookie. Personne aurait jamais compris c’que ce fils de républicain aurait gueulé.

Le trandoshan rit à sa propre blague.

- Je n’en doute pas, concéda-t-elle en songeant qu’il n’avait pas l’air d’avoir beaucoup de cervelle. Vous irez loin, cela se voit. Au fait… Pourquoi aucun klatooïnien ne s’est-il présenté pour prendre cette place ?
- Klatooïniens pas très compétitifs, expliqua-t-il avec un haussement d’épaules. C’est…

Un représentant de l’espèce de la planète déboula justement devant eux. Il baragouina dans sa langue natale. Le droïde traduisit aussitôt pour Vogda en huttese, puis se tourna vers la Twi’lek.

- Le messager annonce l’arrivée de l’émissaire impérial.

Le cœur de Myir manqua un battement. Il était revenu ! Elle était heureuse qu’il fût en vie d’une part, et qu’il n’eût pas décidé de partir d’autre part. Simplement parce qu’elle avait besoin de son allié pour terminer le travail, bien entendu.

- Qu’attendez-vous ? Faites-le entrer !

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