Dalla Tellura
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Dalla se sentait tout particulièrement déprimée. Certes, comme tentait de lui rappeler sa raison, elle avait survécu à une prise d'otage, un saut en parachute et des bombardements, elle avait échappé (de peu visiblement), aux griffes des impériaux, elle avait aidé à sauver des civils et des jedi.
Mais ce qui lui restait à l'esprit, et plus qu'à l'esprit, c'était l'idée de défaite. Pour la première fois de sa vie, elle avait vécu, non pas en simple contemporaine, mais en tant qu'actrice, une défaite de la République. C’était quelque chose qu'elle avait très bien senti au retour de Gravlex Med, au contact des soldats qu'on avait évacué avec elle, puis dans les différents vaisseaux qui l'avait transportée jusqu'à Ondéron.
La défaite. Un gout amer et douloureux. L'impression de n'avoir pas été à la hauteur malgré tous ses efforts. Elle y retrouvait quelque chose de ses impressions quand elle ratait un exercice au sabre laser. Mais là, le sentiment de vide, d'impuissance, de rage et de tristesse était sans commune mesure.
Pour les jeunes initiées, cependant, la vie reprenait son cours. Elle aurait bien d'autres occasions, dans les mois et les années qui viendraient d'éprouver à nouveau cette sensation de défaite.
Après presque une journée complète à dormir pour oublier, elle s'était décidée à reprendre sérieusement les choses en main. Étude, sabre laser, méditation, information de l'actualité, forme physique. Et la première chose à faire pour ce dernier point, c'était d'aller faire examiner sa cheville gauche, déjà fragilisée lors d'un entraînement au sabre, et à qui la réception du saut en parachute n'avait pas fait beaucoup de bien. On lui avait dit de faire une radio et des exercices de musculation pour renforcer sa cheville.
Elle attendait maintenant qu'on lui donne aussi une pommade.
Elle était assise sur une chaise, ses radios et son ordonnance sur les genoux, dans une des énièmes pièces du centre médical du Temple d'Ondéron. Elle attendait depuis déjà un certain temps, mais elle savait qu'il y avait des cas beaucoup plus pressés que le sien. Pour jouer assez souvent les petites mains au centre de Coruscant, elle savait que l'activité pouvait y être frénétique. Elle avait emporté son datapad, pour affronter l'attente, mais son esprit ne parvenait pas à se concentrer sur l'analyse de la périurbanisation des villes de moyenne vallée sur Alderaan.

Elle levait les yeux du texte tous les trois ou quatre mots pour regarder autour d'elle. Elle pensait aux autres patients. Elle pensait à ceux qui se pressaient sûrement au centre de Coruscant, et dans nombre d’hôpitaux de la République. Et elle pensait à ceux qui n'auraient plus jamais besoin d'aller à l'hôpital.
Une cheville un peu amochée, ce n'était rien à côté de toute la souffrance engendrée par la guerre.
Mais si la santé de cette cheville pouvait un jour l'aider à raccourcir cette guerre ou à en atténuer les souffrances.

Insidieusement, l'angoisse et la souffrance inhérente à un hôpital se répandait en elle à travers la Force. Elle commençait à avoir froid.
Alors qu'elle relevait une énième fois la tête de son datapad, ses yeux tombèrent sur un visage familier. Alam. Alam... Ire. Ils avaient eu plusieurs cours ensemble par le passé, mais Dalla songea qu'elle ne l'avait pas croisé depuis longtemps.
Il n'avait pas l'air malade ou blessé (la Force soit louée), au contraire, il semblait plutôt affairé. Pas assez, cependant, pour dissuader Dalla de rechercher un peu de chaleur twi'lek (enfin humaine, dans ce cas précis) dans une discussion avec quelqu'un de connaissance.

-Alam ? Salut. Ça va ? Ça fait un bail dis-moi...

Elle ne savait pas vraiment quoi lui dire, mais elle avait envie de parler. Elle ne voulait cependant pas tomber dans des platitudes du genre de "Tu as vu tout ce qui se passe, c'est terrible !", ni le gêner avec des questions sur son propre rapport à la guerre et aux événements.

-Mais tu es pressé peut-être ?
Je ne veux pas te déranger, murmura-t-elle d'une voix qui disait clairement qu'elle avait bien envie de discuter.
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Alam ne savait plus depuis combien de blips et de bloups il était là.
De toute manière, les sons du matériel médical n'étaient pas faits pour mesurer le temps.

Il s'était pressé jusqu'au Centre dès l'annonce de l'arrivée des premiers blessés. Ca faisait surement plus d'une journée. Aider au Centre, c'était devenu une habitude. Là, il se rendait utile. Non pas que l'initié soit vraiment compétent en matière médicale, mais il aidait à répartir les blessés, il secondait les médecins et les guérisseurs, et surtout, ce qu'il aimait le plus, il tenait compagnie aux alités seuls avec leurs souffrances. Il allait leur chercher un peu d'eau, les rassurait comme il pouvait, souvent maladroitement. Ça marchait quand même dans la plupart des cas. Pendant qu'il faisait ça, Alam ne ressassait pas le passé, il ne pensait pas à ses propres souffrances. Et quand elles lui revenaient quand même, il n'avait qu'a regarder autour de lui pour relativiser.

Pour la plupart, les blessés venaient de Gravlex Med. Trop occupé à méditer dans son coin, Alam n'avait pas vraiment suivi les actualités de la guerre, mais à en juger par ce que les survivants lui avaient raconté, la défaite avait été cuisante et l'Empire Sith avait pris le contrôle de la planète. Ceux qui étaient là étaient les chanceux, ils avaient au moins pu s'échapper. Pourtant l'horreur, la honte, la culpabilité se lisaient dans leurs yeux. Certains voulaient parler, certains parlaient beaucoup, d'autres se muraient dans le silence et dans la Force. Oh, comme Alam les comprenait.

Quelques blessés de Llord étaient arrivés une heure plus tôt. Ils disaient que les Siths avaient envoyé du gaz dans les souterrains de la grande ville pour asphyxier la population. Alam accueillait toutes ces nouvelles sans grande émotion. Les siths n'en étaient pas à leurs premières atrocités, et l'accumulation de celles-ci provoquaient maintenant chez lui une sorte d'indifférence. Et puis il était fatigué.

Le grand brûlé avec qui il venait de passer pas mal de temps avait enfin eu droit à ses calmants et s'était assoupi. Alam le regarda respirer un moment, laissant glisser son regard sur la peau écorchée. Avec de la chance, ce chevalier Jedi aurait bientôt accès à une cuve à bacta qui accélérerait la régénération de sa peau. Mais les cuves à bacta ne guérissait pas les blessures de l'esprit. Hélas, elles ne permettaient pas non plus d'oublier. Alam aurait aimé en faire plus pour lui mais il s'en sentait bien incapable.

Avec un soupir, le jeune initié se leva de sa chaise et partit en quête d'une autre âme à accompagner. Il erra entre les gémissements, se faufila entre les médecins affairés et passa dans une autre pièce, plus calme, où on avait redirigé les patients non prioritaires. Tout en marchant, son regard furetait ça et là. Une voix appela son nom, il s'arrêta et tourna la tête.

C'était une twi'lek. Il ne la replaça pas tout de suite, elle même disait que ça faisait longtemps. Voyons... une twi'lek bleue aux yeux sombres... avec qui il avait sûrement du partager des cours... c'était il y a deux ans, et il avait tellement changé. Elle aussi, sûrement. Ah, mais oui !

"Dalla ?" fit-il en penchant un peu la tête sur sa droite. "T'as... t'as grandi." Ou l'art de pointer l'évidence. Si elle se moquait, il pouvait toujours invoquer la fatigue. Mais elle ne se moqua pas. D'une voix si douce, presque honteuse, elle disait ne pas vouloir s'imposer. Pour Alam, qui avait l'habitude, c'était clairement le signe d'une âme en détresse. Avec un simili-sourire, il s'approcha d'elle : "Non, non non, j'ai le temps." Il la scruta très rapidement des pieds à la tête, repérant le datapad et les résultats de sa radio.

"T'es venue pour ton lekku ?" Son esprit embrumé avait repéré la cicatrice et déduit que c'était forcément pour ça. Puis il raisonna un peu, la cicatrice était ancienne. Ca lui revenait doucement. Un cours de botanique, elle était une bonne amie d'Alira. Elle avait déjà cette blessure à l'époque. "Non, bien sûr que non. Attends, laisse moi deviner..." Il fit mine de se concentrer en plissant les yeux, mais en fait il regardait la forme de la radio sur les genoux de Dalla. "... hmmm.. ta cheville ?" proposa-t-il en forçant un air malicieux. La malice, l'art de plaisanter ne lui venaient plus naturellement, mais revoir Dalla avait réveillé un petit quelque-chose.

La façade de bonhommie disparut vite. "Tu t'es fait ça sur Gravlex Med ?" fit Alam en s’accroupissant, les sourcils froncés. Si oui, elle avait bien de la chance. Mais pas tant que ceux qui, comme lui, étaient restés bien au chaud et en sécurité. Quel âge avait-elle, déjà ? Elle n'était pas plus jeune que lui ? Et elle était partie au combat...
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Dalla fut d'abord impressionnée par la perspicacité d'Alam, puis elle se souvint de la radio bien en vue sur ses genoux.

-Oui, c'est ça, entorse. Moyenne, m'a-t-on dit. La cicatrice, c'est...

Elle l'effleura du bout des doigts, songeuse.

-Ça remonte à loin... C'était chez mes parents...

Le vague sourire nostalgique qui avait étiré légèrement ses lèvres s'estompa quad Alam mentionna Gravlex Med.

-Oui... Gravlex Med... J'ai eu de la chance ! En fait, je ne peux m'en prendre qu'à moi. Je me suis mal réceptionnée après le saut en parachute.

Quelle ironie. Elle ne devait qu'à elle-même sa "blessure de guerre".

-C'est bête... Mais elle était déjà un peu faiblarde avant...

Elle observa gravement Alam. Plus grand, bien sûr, plus âgé, aussi, mais aussi plus... Triste ?

-Ça va, toi ? Tu... tu es blessé ?

Il n'en avait pas l'air, mais ça ne voulait pas forcément dire grand chose.

-Mais attends ! Comment tu sais que j'étais sur Gravlex Med ? Tu y étais ?

Beaucoup de jedi y avaient été envoyés, d'après ce qu'elle avait entendu. Ils étaient moins nombreux à en être revenus.

-En fait, je n'étais pas vraiment censée me trouver là... Avec Wen... Wen Janto, tu la connais sûrement, une nautolan... La padawan de maître Von. On avait une mission de... "garde du corps", en quelque sorte... Puis on a appris que Maître Von était en danger. Avec... la guerre et tout ça, il n'y avait pas vraiment grand monde pour s'en occuper. Alors Wen est allée à son secours, bien sûr, et je l'ai suivie. Je n'allais pas la laisser seule. Même un petit peu d'aide, c'est mieux que pas d'aide du tout...

Elle repensa à ce qu'elle avait ressenti en se levant quand Wen leur avait annoncé son projet, et qu'elle s'était portée volontaire pour l'accompagner. Peur, joie, tristesse, fierté. Une forme de sérénité aussi. La certitude de faire ce qui était bien. Elle ne se serait pas douté qu'on puisse éprouver tant de choses différentes en même temps.

-C'était... On était avec la Princesse Miésya Kira. C'est elle qu'on devait protéger... Elle a beaucoup de courage. Et de volonté !

Dalla fronça les sourcils.

-D'ailleurs, je n'ai pas eu de nouvelles d'elle depuis un moment...

Cela l'inquiétait un peu, même si elle était sûre que si la Princesse avait été tuée ou capturée, l'information aurait vite circulé sur toutes les chaînes...
-Je... Je me sens un peu dépassée, là. Je n'aime pas ça. Je n'ai pas l'habitude...

Elle haussa les épaules.

-Bien sûr, c'est la guerre, ce n'est agréable pour personne... Mais... Nous sommes des jedi, nous... On ne nous prépare pas à ça. Qu'est-ce qu'on est censés faire ?

Elle regarda tristement Alam, et se rendit soudain compte qu'il était accroupi depuis un certain temps et que ça ne devait pas être très confortable.

-Attends, y a pas... une chaise, que tu t'asseyes ? Tu veux qu'on aille s'installer ailleurs ?
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"Nonon, je vais bien, t'inquiète pas. Je.. j'étais pas avec vous" commença Alam en cherchant une justification plausible, "on avait besoin de moi ici au Centre Médical". Une petite boule le tirailla au ventre. Il n'allait quand même pas lui dire que, contrairement à elle, il n'avait pas du tout le courage d'accepter ce genre de mission. Il se trouvait mauvais au sabre, il n'aimait pas vraiment se battre et il avait peur de se retrouver de nouveau face à face avec les Siths. D'ailleurs, les Maîtres du Temple ne s'y étaient pas trompés et ne lui avaient pas proposé d'aller au combat.

Heureusement, elle ne tiqua pas là-dessus. Comme il avait prévu, elle commença d'elle-même à raconter ce qui s'était passé. Il avait suffi de peu pour l'y inciter. Alam se dit alors qu'il devenait bon pour faire parler les autres. Il devait aussi admettre que ça lui plaisait de les écouter et de les rassurer. Au moins, pendant ce temps, il ne parlait pas de lui.

Il écouta donc la jeune twi'lek avec attention. Elle avait tellement de courage, et son amitié avec Wen Janto devait être très forte pour qu'elle accepte d'aller au devant d'un incroyable danger pour l'aider. Quelque part il en était jaloux, il n'avait jamais ressenti de lien fort avec quiconque depuis la disparition d'Alira. Mais c'était sûrement pour cette raison qu'il était encore en vie et en bonne santé, ce qui l'aida à relativiser.

"Je n'allais pas la laisser seule". Même si elle avait dit ça depuis au moins une bonne minute, les mots résonnaient encore dans sa tête, et son regard s'était perdu sur un panneau de contrôle fixé au mur derrière Dalla.

"Ha oui... la princesse qui aide les orphelins. Je l'aime bien" fit-il distraitement. Dalla continuait d'évoquer son périple, mais assez vite elle en vint à se poser des questions, ce qui attira à nouveau l'attention d'Alam. Voilà, on y arrivait, le moment de doute, le moment où il devait la rassurer. Il s'éclaircit la gorge en cherchant les mots justes, mais il avait bien de la peine à les trouver. Heureusement, elle lui offrit un échappatoire en lui proposant de s'asseoir ou d'aller ailleurs.

En effet, il était accroupi depuis le début de leur conversation. Il pouffa et lui fit un grand sourire. "Oh non, pas la peine. C'est un bon exercice pour moi." Allez, tu peux lui dire. "J'étais le meilleur danseur de mon village, faut pas que je perde ce talent !" A ces mots, il se redressa gracieusement et se remit illico en position accroupie. S'il pouvait faire sourire cette mine un peu triste, ce serait un bon début.

"Je sais pas ce qu'on est sensés faire", reprit-il plus sérieusement en affichant une moue contrite. "Rester vivants déjà. Sauver les innocents. C'est ce que t'as fait, non ?"

*C'est déjà bien plus que moi* Allez, tu peux lui dire.

Il garda la bouche close, se contentant d'un sourire en coin qu'il souhaitait encourageant. "Il faut bien quelqu'un pour arrêter les Siths." Ça paraissait tellement évident. Il soupira et reprit, la voix plus chancelante : "Reste à savoir comment."
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