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Vena, monde oublié de la République auquel personne ne s’intéressait car jugé nullement digne d’intérêt. Situé au cœur du territoire Républicain, à l’abri de la menace que dressait l’Empire à ses frontières les plus lointaines, le Sénat n’avait porté qu’un infime intérêt, plus pour la forme que par intérêt véritable, aux appels de la minuscule planète de la Région d‘Expansion. Il était donc compréhensible que son gouvernement ne se tourna vers d’autres acteurs qui ne négligeraient pas la situation précaire de ce pauvre monde qui pouvait se révéler d’une importance géopolitique et stratégique. De part sa position dans l’échiquier Républicain et la pauvreté de ses voisins, le seul acteur extérieur capable de régler les problèmes auxquels était confronté la pauvre bille n’était autre que Hapes et son Consortium. Il était d’ailleurs logique que ce dernier ait pu avoir un intérêt considérable pour ce monde sans réelle défense et à sa merci : situé au-delà de son influence réelle et au dehors de l’enclave créée par les brumes transitoires impraticables, il offrait l’opportunité de briser un possible confinement engendré par les deux uniques accès connus de tous vers « l’Espace Extérieur » que constituait le reste de l’Espace Connu. Pour la République, cela représentait donc à la fois une possible atteinte à sa souveraineté mais surtout un risque politico-stratégique évident : si le Consortium disposait d’un point d’ancrage extérieur à l’Amas, alors il pourrait frapper ou étendre son influence sans que la République ne soit en mesure de tuer ces possibles tentatives dans l’œuf sans bouchonnant les deux goulots de l’Amas.

C’est pourquoi l’institution séculaire s’était décidée à réagir tout en se voulant attentive mais surtout, prudente. Il n’était pas question de faire blocus ou d’intervenir directement sur Vena sans la moindre once de dialogue. Quelle image cela aurait-il donné à l’ensemble de ses membres et au-delà, si ce n’est celle d’un régime devenu autoritaire et qui maintenant sa souveraineté d’une main de fer à coup d’intervention militaires armées ou autres solutions extrêmes. C’est ainsi qu’il fut décidé d’agir par étapes et c’est précisément là que j’intervins. En qualité de Jedi, j’étais pleinement qualifié pour approcher le gouvernement en place sur Vena et ma condition de Gardien me rendait apte à me risquer sur un monde qui se révélait de plus en plus instable. A cela venait s’ajouter une certaine forme de neutralité du fait de mon appartenance à l’Ordre.

Officiellement, je me rendais sur Vena pour négocier et trouver des solutions devant déboucher vers une sortie à la crise discrète qui secouait ce monde. En cela, je ne pouvais me révéler aussi efficace qu’un diplomate Consulaire. Officieusement cependant, des rumeurs et des indices laissaient penser que le Consortium avait déjà commencé à œuvrer sur la planète pour y placer ses pions et je devais en prouver la présence tout comme les actions. Pour cela, je devais enquêter. Et enquêter, ça je savais faire. Ainsi, dès que j’eus prit connaissance du contexte et des différents problèmes, j’avais pris le premier Coruscant – Vena avec escale obligatoire par Ondéron.

Dès mon arrivée, prévue et officialisée, je fus accueilli par une délégation de représentants de la baronne de Vena. C’est avec cette même délégation que j’eus à discuter de la situation actuelle aux côtés d’un représentant officiel de la République. Il fut bien vite établi que la baronne n’avait que faire des concessions proposées par la République et son refus de nous recevoir en fut la parfaite illustration. C’est pourquoi je m’étais pleinement concentré sur le penchant officiel de mon mandat dans les premiers jours de mon périple. Il fallut longuement batailler pour obtenir l’entrevue tant souhaitée par le représentant du Sénat, chose qui fut obtenu que par l’intervention du représentant de Vena lui-même.

Cette médiation accomplie, j’avais commencé à prendre lentement mes distances des négociations car j’avais vite saisi que la baronne n’était pas la réelle personne avec qui nous discutions. Ainsi, il s’était révélé nécessaire de passer à la partie officieuse du mandat. Ce n’est que lorsque celle-ci aurait été accomplie que, face aux preuves, que les Hapiens –si c‘était bien eux qui tiraient les ficelles- se verraient contraints de se retirer de la table des négociations à laquelle ils n’étaient présents que par procuration.
Pour parvenir à mes fins, j’avais donc fais usage des capacités de l’Ordre et j’avais pris contact avec un de ses informateurs sur place…




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« Et ces sources sont sérieuses ou ça va se terminer comme la dernière fois, Tarik ? »

Appuyé contre le dossier de mon fauteuil, mon regard venait se porter sur l’Epicanthix qui me servait de contact sur Vena. Comme tout les membres e son espèce, il était grand. Trop grand. Du haut de ses deux-mètres vingt, il me dépassait aisément de deux têtes. Ses prunelles brunes s’alliaient facilement avec sa chevelure taillée court. D’après l’Ordre, il s’agissait d’un informateur fiable qui avait fait ses preuves et qui menait toujours ses missions à terme tant qu’il obtenait sa récompense. Dans mon cas, une paye bien grasse que l’Ordre assurait de payer. C’était sans pour cela que Tarik était si « fiable », bien que ses dernières informations s’étaient révélées inexactes.

« Je ne peux l’assurer à cent pour cent. J’ai la vague impression que l’on fait pression sur certaines de mes sources, ce qui expliquerait pourquoi ce fut si explosif la dernière fois. » assuma l’Epicanthix avec une moue plutôt gêné. Il était frustré et quelque peu agité depuis lors. Il semblait néanmoins sincère et je prenais clairement la mesure du problème.

« Et vous ne pouvez pas ignorer ces sources, tout simplement ? Vous seriez moins tendu. »

« Je le pourrais, en effet. Mais dans ce cas, ceux que vous cherchez se douteraient aussitôt que quelque chose cloche. C’est pourquoi il est important de les laisser agir. »

Cette fois, Tarik n’avait pas tort et ses propos laissaient supposer un plan audacieux, peut-être même un peu trop. Un plan qui se reposait sur la confiance aveugle dont avait déjà fait preuve les comploteurs. Mais ces derniers n’étaient pas des amateurs, alors se laisseraient-ils avoir aussi facilement ?

« Donc on en est à jouer au jeu de qui piégera qui, c’est ça ? Il est probable qu’ils ne retentent pas le coup du tas de fumier explosif sous le plancher mais rien ne dit qu’ils enverront quelqu’un. Et si c’est le cas, il nous faudra agir et obtenir nos informations avant que la sécurité n’intervienne. C’est clair ? »

« Très clair, Jedi » répondit-il du tac-o-tac avant de finir son verre et se lever pour surplomber l’assemblée de la cantina de toute sa hauteur.

« Bien, en route. Cette fois-ci, ce devrait être la bonne. »

Le rendez-vous était fixé, et nous devions rencontrer une certaine Lena qui, d’après les propos de Tarik, était en contact étroit avec certains individus de la haute administration de Vena. C’était une aubaine, car elle disposerait peut-être des preuves qui nous manquaient pour mettre un terme à cette mascarade. Le lieu de la rencontre était éloigné de la ville de plusieurs kilomètres. Il s’agissait d’un petit hameau à première vue déserté duquel s’élevait deux flèches de plusieurs dizaines de mètres. Non loin des hautes structures se trouvait une grande place où devait se dérouler la rencontre. A la tombée de la nuit, cette rencontre devait donc se dérouler sans accroc. Désireux de vérifier qu’il ne s’agissait pas d’un piège mal pensé, Tarik et moi avions pris de la distance et de la hauteur. Du sommet d’une colline, le soleil couchant dans notre dos, nous pouvions aisément discerner le lieu sans être vu grâce à une paire électrobinoculaires.

Tarik me désigna vaguement une silhouette comme étant la fameuse Lena. Ils ‘agissait d’une personne plutôt âgée. Il s’agissait d’une humaine si grande et si obèse qu’elle donnait le sentiment d’appartenir à une espèce différente et se déplaçait uniquement grâce à un système de suspension. Quand à son visage, il était si bouffi que ses yeux donnaient l’impression de se fixer l’un l’autre. Je me demandais comment il était possible qu’elle puisse parvenir à vivre dans cette société anciennement Hapienne et qui avait gardé certaines de leurs traditions.

« Quoi ?! C’est elle, votre contact ? »

Un simple hochement de tête me fit comprendre que Tarik ne plaisantait pas. Soit, nous descendîmes jusqu’à son speeder et nous ne tardâmes pas à rejoindre le lieu du rendez-vous sur lequel une surprise de taille nous attendait.

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Violentée

La femme – gracile, blonde, au faciès avenant – était traînée à travers les corridors immaculés, encadrée par deux gardes aux visages masqués. Émaciée par la soudaine privation, visiblement tourmentée par ses geôliers, comme victime d’obscures expérimentations, son regard était terne, éteint, ses vêtements, ceux d’une patiente. L’image même d’une grâce détruite avant l’heure, d’une beauté éphémère écourtée par la volonté d’autrui. Marchant à l’avant, une autre femme, portant la chemise scientifique appropriée, tenait entre ses mains un datapad, pianotant sur l’écran tactile en avançant. Une porte s’ouvra, puis une deuxième, avant que le groupe hétéroclite ne pénètre dans un plus spacieux couloir, flanqué de chaque côté par des cellules, adaptées aux Jedi et Sith de ce monde, gardés par des champs de force. Posant sa main à l’endroit approprié, la dame ouvrit l’une des chambres dans laquelle fut jetée sans cérémonies leur prisonnière.

« À demain, madame la Baronne. »

Seule réponse à cette salutation : des sanglots étouffés, amèrement contenus, stoppés uniquement lorsqu’un détail singulier, nouveau, fut observé… La cellule voisine n’était plus inoccupée.

-*-

Lena avait fait une bonne affaire. Être informatrice pour l’Ordre, en passant par l’un de leurs sous-fifres, ç’avait ses avantages – mais c’était tellement peu payant. Certes, elle avait droit à une certaine forme de soutien, à une porte de sortie, mais sur la « nouvelle » Vena, c’était superflu. À quoi bon être ami-ami avec les Jedi s’ils n’avaient plus l’avantage ? S’ils étaient floués, perdus, dans les ficelles du jeu des intrigants ? Elle-même n’était plus trop sûre de ce qui se passait vraiment sur sa planète. La Baronne était-elle toujours vivante ? Contrôlait-elle encore son gouvernement ? Ou était-ce les nouveaux venus qui manipulaient tout dans l’ombre ? Tant d’incertitudes, tant de facteurs inconnus, qui contribuèrent à rendre sa trahison – non, sa collaboration – facile.

Elle n’avait jamais aimé ses semblables – elle en était trop différente. Ils étaient beaux, minces – elle, grosse et laide. Mais travailler pour eux était soudain devenu attrayant, surtout après les récents développements. Et puis, se faire offrir une petite retraite tranquille, en échange de la tête d’un Jedi… C’était drôlement mieux que tout ce que pouvait lui offrir le foutu Temple et ce maudit Tarik. L’embuscade avait été tendue, exécutée, les deux hommes faits prisonniers, inconscients… Et elle, elle s’en allait en croisière bientôt vers Mon Calamari – la belle vie, quoi.

Enfin, c’était ce qu’elle pensait.

-*-

« Deux hommes. Un Jedi, un espion. Humain, Épicanthix. »

La reine interrompit son tissage, levant les yeux et fixant son Grand Secrétaire. Un Jedi ? Avait-il perdu l’esprit ? Elle pensait avoir été claire : la dernière chose qu’elle souhaitait, c’était attirer l’attention du Temple – idiots, elle était entourée par des idiots. Comment pouvait-elle réaliser ses plans si ses subordonnés lui tiraient dans les pieds, fonçait tête baissée alors qu’ils devaient garder profil bas ? Comment pouvait-elle régner si ses hommes étaient des incapables ? Fulminant, retenant sa bile, songeant activement à faire tuer son Grand Secrétaire, elle se contenta néanmoins de maintenir son regard. S’il voulait s’en sortir, il allait devoir bien patiner.

« Le Jedi était sur vos traces, Ereneda. Nos propres envoyés l’éludaient depuis quelques jours, mais il était activement à votre recherche, même s’il ignorait précisément ce à quoi il s’attaquait – sans doute aurait-il appelé des renforts s’il l’avait découvert. Dans ces circonstances, les officiers sur le terrain, manifestement confiants, préférèrent se saisir de lui, plutôt que de le laisser dans la nature… Il aurait été une variable incertaine, dangereuse, difficilement contrôlable, s’il avait été laissé dans la nature… »

« Irman, plus que quiconque tu connais les dangers que peuvent représenter un seul Jedi entre nos mains… »

Le tutoiement, subtil, n’était qu’une autre marque pour lui rappeler son statut d’inférieur – et lui faire comprendre l’étendue de son déplaisir. Il était en charge des laboratoires sur Hapès lorsqu’un padawan y avait été emmené et s’en était subséquemment échappé : il aurait dû savoir – savoir qu’ils ne pouvaient se permettre qu’une telle situation se reproduise. Une variable incertaine était moins dangereuse qu’un Jedi au fait de leurs plans, de leurs installations, s’échappant du Consortium avec une mauvaise image de sa Reine.

« Suite à la dernière… mésaventure dans nos laboratoires, nous avons été obligée de nous avancer en personne pour corriger la situation et radoucir le dernier Jedi qui s’était échappé. Devrons-nous faire de même lorsque celui-ci l’imitera ? Ou peut-être n’aurons-nous pas le temps, puisqu’il pourrait revenir et ramener avec lui le maudit Conseil et ses chevaliers esclaves ! »

Elle se leva, lançant sa broderie contre l’un des murs dans un élan de rage, jumelée à une anticipation craintive, se dirigeant vers l’une des fenêtres, tournant son dos à son conseiller. Le pauvre homme fixait le plancher, trop intelligent pour oser parler – ce n’était pas le moment de répliquer.

« Peut-être viens-tu de déchirer en lambeaux des années d’efforts, Irman. Peut-être devrais-je écouter ma Cour, ce rassemblement de charognards, qui te dit incompétent. Peut-être devrais-je t’exécuter sur le champ. »

Tant de « peut-être » irréalistes. Prudent, le gros homme s’agenouilla, posant son front contre le sol.

« Je vis pour servir, Ereneda. »

Bel exemple d’un homme brisé, moulé, au bon plaisir du Consortium, de la Reine-Mère. Jadis respecté universitaire, il n’était désormais qu’un engrenage – certes, un engrenage de belle dimension, mais un engrenage tout de même – dans la machine hapienne. Se débarrasser de lui pour une affaire aussi triviale ne pouvait qu’être malavisé. Elle avait toujours besoin de son Grand Secrétaire. Calmée, elle se retourna à nouveau.

« Nous n’avons nulle utilité pour un Épicanthix servant les Jedi sur Hapès. Reformate-le, Irman. Quant à ce jeune Jedi, tant qu’à l’avoir à portée, autant l’utiliser. La Baronne nous servira, elle aussi. Lorsqu’il sortira du Consortium, il devra être parfaitement convaincu de nos bonnes intentions… Il ne devra se douter de rien quant à notre véritable nature. Sommes-nous bien claire ? »

« Absolument, Ereneda. Une idée, néanmoins, sur comment nous procéderons ? »

« Une petite. »

« Et, sauf votre respect, Ereneda, que ferons-nous en cas d’échec ? »

Elle haussa les épaules. Quelle question idiote.

« Il sera éliminé, bien entendu. Nous permettre de le laisser en liberté advenant son refus d'être endoctriné n’est pas une possibilité envisageable. »

-*-

Le jeune homme avait été jeté dans la cellule voisine de celle de la Baronne. Une cellule relativement large, aux murs dénudés, dont deux des murs opposés étaient percés, l’ouverture étant bloquée par un champ de force. Côté corridor, la voie était libre – désertée. À l’inverse, une autre petite salle avait été aménagée, uniquement meublée d’une une table métallique ainsi que d’une chaise agencée. La porte, discrète, intégrée dans le mur, était en permanence barrée, pour pallier l’éventualité d’une panne de courant, éventualité durant laquelle les champs de force pourraient se retrouver désactivés – éventualité guère souhaitable lorsque l’on se retrouvait en pleine discussion avec le prisonnier.

« Le prisonnier est réveillé, Ereneda. »

Portant la même robe qu’elle avait portée en rencontrant Luke, Astarta était fébrile – une parcelle de crainte l’habitait encore. Elle devrait être convaincante. Elle hocha la tête. S’emparant d’un dossier, elle entra dans la pièce, après que l’un des gardes lui eut ouvert la porte. Séparée du prisonnier par un champ de force, elle se sentait en sécurité toute relative – un pistolet de commandement avait été dissimulé dans l’un des tiroirs de la table. Posant son dossier et prenant place, elle regarda finalement sa « proie ». Un jeune homme, à peu près du même âge que Luke, quoique bien plus « masculin ».

« Bon matin. Vous nous excuserez d’avoir été si peu cérémonieux, j’espère. »

Elle ouvrit le dossier et tourna quelques pages, souriant légèrement en fixant le Jedi.

« Vous pouvez m’appeler Ilyena. J’aurais quelques questions à vous poser, si cela ne vous importune pas trop... »

Embarras. C’était l’émotion transmise par son visage.

« Premièrement, nous aimerions connaître votre nom, votre identité, ainsi que les raisons de votre présence sur Vena. »


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« Etes-vous certain qu’elle est fiable, Tarik ? Les choses semblent évoluer bien vite sur Vena depuis quelques temps. »

« Je la connais personnellement depuis plusieurs années. Elle ne m’a jamais fait défaut, à la différence de mes autres informateurs. Je lui fais confiance. »

Notre speeder filait lentement vers le point de notre rendez-vous. J’avais volontairement ralenti notre vitesse pour pouvoir discuter une dernière fois avant de nous retrouver face à une forme d’inconnue. Je ne pouvais m’empêcher d’exposer mes incertitudes et mes craintes à mon partenaire pour l’occasion. J’étais mal à l’aise depuis déjà plusieurs minutes, comme si l’on cherchait à m’informer que les choses allaient mal se dérouler.

Tarik, à l’inverse, semblait serein. Ses propos laissaient penser qu’il avait une parfaite confiance en la personne que nous allions rencontrer mais je ne pouvais négliger le fait que les choses semblaient évoluer bien vite sur ce monde, si bien que même les personnes les plus fiables pouvaient faire volte-face pour se diriger vers le plus offrant. Et cette Lena pouvait très bien faire partie de ces gens-là, au final.

« Vraiment ? Pourquoi ne pas avoir commencé par elle, dans ce cas ? »

« Elle est difficile à atteindre et demande toujours des choses mirobolantes en échange. Je n’avais tout simplement pas l’opportunité de satisfaire sa demande plus tôt. »

« Je vois. Je vais vous faire une confidence, Tarik : j’ai un mauvais pressentiment au sujet de cette histoire. Restez sur vos gardes, d’accord ? »

Nous ne tardâmes pas à rejoindre le semblant de parking qui allait être le théâtre de notre rencontre avec cette femme des plus obèses. Lentement, j’immobilisais notre appareil alors que je fixais du regard l’informateur de mon partenaire Epicanthix. D’aussi près, cette dernière était encore plus laide qu’au travers des électrobinoculaires. Je descendais du véhicule à la suite de Tarik, m’avançant à ses côtés au devant de la Hapienne qui semblait des plus enthousiastes de nous voir. Cherchait-elle à cacher quelque chose derrière cette apparence joviale ?

« Ah, Tarik. Je m’inquiétais ! J’ai pensé un instant que vous ne viendrez pas. Et vous, vous devez être le Jedi dont certains parle…»

Le Jedi… Je retenais une grimace à l’énonciation de mon statut. J’avais fais de mon mieux pour masquer ma véritable nature, allant même jusqu’à me servir d’un blaster qui se tenait d’ailleurs à ma ceinture. Mon sabre, lui, était glissé dans ma manche. Je restais néanmoins silencieux, laissant l’ouverture à la personne qui connaissait le mieux cette Lena, ce cher Tarik :

« Voyons, Lena… Je respecte toujours mes engagements, d’autant plus te concernant. Mais nous ne sommes pas là pour parler formalités, tu le sais bien. »

« Bien évidemment. Rafraichissez-moi la mémoire... Que recherchez-vous, déjà ? »

« C’est assez simple. On ne cesse de nous mettre des bâtons dans les roues. On veut savoir qui tire les ficelles sur Vena, et surtout, qui cherche à nous faire disparaître. »

Les mêmes personnes, sans aucun doute. Il était d’ailleurs peu probable qu’il s’agisse des pirates sévissant dans les environs, du moins pas directement. Les moyens mis en œuvre étaient trop importants.

Je restais sur ems gardes, guettant ses réactions à la recherche d’un signe suspect. Mais il n’y avait rien. Ou plus exactement pas grand-chose. Elle était gênée et quelque peu tendue. Cependant, ce n’était pas encore alarmant.

« Ah, vous n’y allez pas par quatre chemins, Jedi. Mais vous avez de la chance. J’ai justement les réponses à vos questions. Cependant, je ne suis pas certaine que ces dernières vous plaisent. »

« Lena… » demanda Tarik sur un ton plus pressant, son exaspération grandissant.

« Du calme, Tarik ! Ce sont mes semblables qui sont responsables, les Hapiens. Mais vous feriez-mieux de leur demander vous-même… »

Le bras tendu dans la direction du bâtiment, sa conclusion venait hélas confirmer le malaise qui m’étreignait depuis plusieurs minutes. Toute cette histoire ne sentait vraiment pas bon du tout. C’était un piège, une embuscade. Les ombres qui venaient de surgir du bâtiment qui nous faisait face ne laissaient pas de doutes : blasters en main, leurs tirs ne tardèrent pas à fuser dans notre direction.

« Espèce de… » pesta l’Epicanthix en se jetant derrière notre speeder pour se placer à couvert.

De mon côté, mon sabre fendit l’air pour venir s’interposer entre nos personnes et nos adversaires. Interceptant les premiers tirs, je réalisais que ses derniers étaient directement absorbés par lame de mon arme. Des tirs paralysants. Ils nous voulaient vivant, cette fois-ci. Tarik ne tarda pas à riposter sans finesse. Ses tirs claquèrent dans l’air et s’écrasèrent contre le mur du bâtiment. Il n’y avait pas d’hésitations dans mes mouvements : je reculais lentement, interceptant les tirs menaçant et laissant fuser les autres. Je cherchais à rejoindre le speeder, couvert par les tirs quelque peu imprécis et au juger de mon partenaire d’infortune. Lena, pour sa part, s’était recroquevillée sur elle-même, les tirs allant et venant autour d’elle.

J’arrivais finalement à rejoindre le côté protégé du speeder tout en continuant d’absorber les tirs immobilisant de nos assaillants. La situation commençait à prendre un tournant favorable. Nos attaquants venaient de perdre l’initiative de la surprise. Mais c’était sans compter le fait qu’il s’agissait d’une embuscade. Un détail d’importance que j’avais oublié. Tarik ne tarda pas à s’écrouler, atteint par un tir ne venant pas d’en face mais bien de derrière. Touché en plein dos, son corps pourtant résistant n’avait pas pu soutenir le premier tir assommant.

Je pivotais pour venir bloquer les tirs provenant de la petite troupe qui nous prenait à revers tandis que j’analysais la situation critique dans laquelle je me trouvais. Pris entre deux feux, je ne tins guère longtemps. Bien que je tournoyais, un tir vînt me happer la jambe, laquelle s’engourdit presque aussitôt pour me faire tomber un genou à terre. Repoussant quelques tirs supplémentaires, l’issue du combat m’était inéluctable. La sentence, elle, ne tarda pas à tomber. Un second tir vînt me toucher à l’épaule, me faisant chuter définitivement au sol. Une dernière salve donnée à bout portant fut suffisante pour me jeter dans l’inconscience…




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Le réveil me sembla étrangement familier, comme la répétition d‘un évènement qui m’avait marqué : Corellia. Un puissant mal de crâne venait me cueillir alors que je me remuais légèrement. J’avais l’impression de me mouvoir dans du côton, mes sens revenant petit à petit et à tour de rôle. Je commençais à peine à ressentir l’extrémité de mes jambes alors que je clignais des yeux pour m’habituer à la lumière du jour. Enfin… s’il s’agissait bien du jour. Pour rappel, il faisait nuit lorsque Tarik et moi avions rencontré Lena. Il était donc logique de penser que le jour s’était levé. Du moins, en première intention.

A l’ouïe de nombreux bruits non loin de moi, je me mettais enfin en mouvement : je me relevais en secouant la tête, mon regard glissant du sol vers le ciel pour tenter de percer l’origine de la lumière qui m’aveuglait. Je réalisais alors que je n’étais plus en extérieur. Les cloisons qui me cernaient me semblaient relativement proches et la vision de plusieurs champs de force me rappela de bien mauvais souvenirs. Lentement, je prenais conscience de mon statut de prisonnier. Il ne pouvait en être autrement. Étrangement, je pouvais toujours ressentir la Force, mon alliée de toujours. Sa présence venait me soulager et calmer l’inquiétude qui commençait à m’étreindre.

Interpellé par une voix, je tournais mon regard dans la direction de sa provenance pour y découvrir une femme des plus avenantes et empreint d’une grâce naturelle. Je déglutissais lentement alors que je m’approchais du champ de force qui nous séparait. Secouant une nouvelle fois la tête pour tenter de rassembler mon esprit, je l’écoutais. Elle était étrangement captivante, et mon état encore quelque peu comateux n’aidait pas à me concentrer.

Pourtant, je résonnais déjà. Faisant appel à mes souvenirs précédant ma chute dans l’inconscience, j’en venais rapidement à une déduction simpliste : j’étais prisonnier des Hapiens. Je me sentis pris d’un profond malaise en réalisant la chose, car être prisonnier des Hapiens n’était pas vraiment la meilleure chose qui pouvait m’arriver. Je me souvenais de Luke et de ses maigres explications. Je me souvenais des connaissances que j’avais accumulé au sujet de leurs histories et de leurs manières concernant les Jedi. En conclusion, ce n’était vraiment pas bon.

« M’importuner ? Je ne pense pas avoir réellement le choix, de toute manière. »

Je restais calme. Tournant le dos à mon interlocutrice, j’observais les recoins de ma cellule pour mieux la cerner. J’avais besoin d’en connaître les moindres recoins s’il s’avérait nécessaire de devoir m’évader. Et entre-nous, il était fort probable que j’ai à forcer le passage pour sortir de cet endroit. Egalement pensif, je réfléchissais à la stratégie à adopter. Devais-je me faire passer pour ce que je n’étais pas ? Stupide. Les Hapiens savaient qui j’étais. Lena nous avait sans doute vendu et mon utilisation du sabre-laser ne laissait que peu de place au mensonge. Autant faire preuve d’honnêteté. Enfin… presque.

« Chevalier Joclad Draayi. Je suis un Jedi, mais ça je pense que vous le savez déjà. » lâchais-je sereinement, en opposition à l’embarras que semblait éprouver cette Ilyena.

Je faisais alors volte face, pour m’approcher du champ de force. De là, je pouvais observer les alentours de la pièce dans laquelle se trouvait mon interlocutrice. Il n'y avait pas de volonté belliqueuse dans mon mouvement, seulement une légère curiosité. Je ne faisais d'ailleurs pas encore appel à la Force, du moins pas de manière active. N’étant pas encore menacé, je préférais continuer de sonder mon environnement. Face à l’inconnu, je préférais garder cet atout dans ma poche aussi longtemps que possible pour mieux surprendre.

« Quand à ma présence sur Vena, c’est assez simple. Des pirates sévissent dans les environs depuis des décennies. Je ne faisais qu’enquêter dans l’espoir d’en dénicher les réseaux. Je suppose que la présence du Consortium dans cette région de l’espace était pour les mêmes raisons, non ? »

Ce demi-mensonge, tout comme mon ouverture, était nécessaire et je l’espérais suffisamment vague pour laisser planer le doute quand à ma véritable investigation. Tarik et moi avions mis en place cette solution de repli au cas où l’un d’entre-nous finirait prisonnier et interrogé. D’ailleurs…

« J’étais accompagné d’un Epicanthix. Qu’en avez-vous fait ? »

L’inquiétude. Voilà qu’elle revenait à la charge. Et s'ils n'étaient pas Hapiens, en fin de compte ?

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Mensonge

L’accusation intérieure vole, rapide, instinctive. La réaction amusée d’un enfant prenant son ami en défaut – l’attaque vicieuse du rapace surprenant sa proie. Sourire subtile; joie dissimulée. En quelques secondes, la Reine-Mère retrouve le calme qui l’avait abandonné. Son trouble s’efface, son embarras s’estompe, et la bile remonte. Non pas la bile du dégoût, de la nausée – non, la bile satisfaite de l’individu abject convaincu de faire face à un semblable. La menterie, la tromperie – deux domaines dans lesquels Astarta est aussi à l’aise qu’une vipère à l’abri des roseaux. Astarta dupe. Elle mystifie. Elle ment. Heureuse au cœur des complots, des intrigues, elle projette ses propres défauts, ses propres tares, sur les autres. Si l’une lui déplaît, elle se justifie en la décrivant comme vaine. Si une autre l’insulte – sans volontairement le faire – elle la condamne comme égocentrique. Et si, finalement, l’un tente la dissimulation, la demi-vérité ? Elle l’imagine aussitôt fourbe, vil, aussi corrompu qu’elle ne l’est réellement, aussi vautrée dans sa propre haine cancéreuse que l’est l’Étoile du Soir.

Alors, lorsqu’elle l’entend prononcer son excuse, ses alarmes démarrent. L’inquiétude la quitte. Soudain, elle est de retour dans sa Cour. Soudain, elle est chienne, et lui coq qu’elle se doit d’égorger. Elle renifle l’odeur du sang. Elle est dans son élément.

S’imaginait-il vraiment pouvoir lui cacher ses véritables intentions ? Elle s’en moque. Tout ce qui lui importe, c’est d’avoir secrètement scoré un point dans une compétition inexistante. L’Épicanthix, son autre camarade, leur avait déjà livré la raison de leur présence – le Jedi avait donc menti pour… rien. Ce qui, pour la Reine-Mère, rend la chose encore plus délicieuse. Elle recèle néanmoins sa suprême satisfaction, revêtant un masque aussi impassible que patient. Elle demeure silencieuse, et détaille son prisonnier du regard. L’humain est jeune, quoique plus vieux que son fils. Il est beau, quoique plus laid que son fils. Une sorte de statue pierreuse mal taillée – un marbre non-travaillé, un sang dilué. Séduisant, pour un homme, mais tout de même impur, imparfait, pour un hapan. Une copie mal exécutée, une contrebande peu convaincante d’un produit autrement parfait. Elle se ressaisit. Elle n’est pas là pour reluquer un jeunot beaucoup trop pubère pour son harem – absolument pas. Elle est là pour effacer les fautes de son entourage. Brouiller les pistes, effacer sa trace – le confondre, comme elle avait confondu le Luke sur Coruscant.

D’abord, elle allait devoir lui inspirer confiance – s’humaniser, lui faire comprendre qu’elle n’est pas son ennemi – enfin, lui faire croire qu’elle n’est pas son ennemi. La réalité est tout autre.

Elle inspire, se recule un peu sur sa chaise. Elle regarde vers le haut de sa cellule. Sa dernière question l’embête; elle aurait sans doute dû conserver l’Epicanthix à proximité, ne pas le formater. L’utiliser comme monnaie d’échange, ou même comme moyen d’attendrissement – elle n’avait tout simplement pas pensé que le Jedi accorderait la moindre importance à un informateur quelconque. Projection, toujours de la projection. Dommage, meilleure chance la prochaine fois – hindsight is 20/20. Elle décide de mentir – si lui le faisait, elle pouvait bien se le permettre, non ?

- Votre ami est dans une cellule semblable à la vôtre. J’ignore ce que nous ferons de lui – un fantassin quelconque n’a tout simplement pas la même valeur qu’un Chevalier Jedi.

Elle ouvre son dossier, hoche la tête.

- Oui, nous vous savions déjà Jedi – quant à votre nom, votre ami nous l’avait déjà communiqué. Je regrette de devoir m’adresser à vous dans de telles circonstances…

Pas vraiment.

- … Mais, votre qualité de membre de l’Ordre nous oblige à recourir à quelques mesures pour s’assurer de notre sécurité commune – la vôtre autant que la mienne.

Intérieurement, elle se châtie – pourquoi avait-elle eu tant de misères à sautiller entre le nous royal et le je plus personnel ?

- Voyez-vous, Joclad, je suis prête à jouer carte sur table, si vous faites de même. Admettons que l’excuse donnée sur votre présence dans les bas-fonds de Vena est véridique…

Ce qui n’est pas le cas, évidemment. Il avait menti. Elle le sait, il le sait – ses assistants dans les salles attenantes le savent. Il pouvait s’accrocher à cette idée, à cet espoir, s’il le souhaitait – elle s’en moque.

- … Néanmoins, votre collègue, ainsi que votre informatrice, Lena, chantent tous deux un refrain différent. Ils prétendent que vous enquêtiez sur les activités hypothétiques du Consortium sur Vena. Ils affirment que vous étiez sur la trace des Hapiens. Maintenant, je serais bien prête à vous accorder le bénéfice du doute, si les pirates en question n’avaient pas été anéantis dernièrement par un effort mené par la LMP…

Elle était présente, elle pouvait très bien en témoigner. Mais, est-ce réellement sage de mentionner le lien ténu, quoique potentiellement inquiétant, qu’elle entretenait avec cette organisation ? Probablement n’allait-il pas le remarquer – probablement s’inquiétait-elle trop. Toutefois, elle se châtie une nouvelle fois. Une deuxième erreur en quelques minutes – un véritable comble, une véritable honte.

- Alors, vous comprendrez que j’ai, enfin, nous ayons de la misère à vous croire sur parole. Pourquoi l’Ordre dépêcherait-il dans la lointaine périphérie républicaine un Chevalier pour enquêter sur une menace déjà éradiquée ? Évidemment, il est possible que l’Ordre ignore ce récent développement, ce qui ne serait guère étonnant; autant les Jedi que le Sénat ont tendance à négliger les mondes éloignés, n’est-ce pas ?

Touche de mépris, accompagnée d’une touche de regret. Pauvres planètes – ce n’était pas leur faute, enfin, que d’être née avec si peu de valeur.

- Quoi qu’il en soit, laissez-moi donc être honnête avec vous… Peu importe vos intentions, peu importe vos aspirations, peu importe vos réelles découvertes… Votre présence, aujourd’hui, dans cette prison, est un problème. Un problème épineux, même. Devrions-nous vous tuer, et espérer que nul ne réalise votre disparition ? Devrions-nous vous libérer, sans savoir votre prochaine action ? Qui que nous soyons – Consortium, Vena, peu importe – cette question nous torture l’esprit.

Elle s’arrête. Sa mine se renfrogne volontairement, comme si cette perspective l’horrifie. Ses ongles tapotent la table vitrée, produisant un son ténu, probablement estompé par le grésillement du champ de force. Elle craint d’en avoir trop dit – de s’être trop avancée. D’autres auraient sans doute cherché à tout cacher. D’autres auraient probablement préféré tout dérober. Mais à quoi bon, s’il allait revenir pour enquêter de plus belle ? Mieux vaut lui en dire assez pour qu’il soit satisfait, afin qu’il ne cherche pas à en apprendre plus – lui ouvrir la porte assez grande pour qu’il ne remarque pas la deuxième plus importante. Elle ignore si sa technique va fonctionner – elle ignore si le jeu en vaut la chandelle. Elle ignore si ce Joclad vaut le coup, ou si elle gaspille ses énergies dans un trou alors que d’autres entreprises requièrent son attention. Mais, elle s’obstine; hauts risques, hautes récompenses.

- Éclairez-moi, Joclad. Que pensez-vous réellement qu’il se passe sur Vena ? Pourquoi y avez-vous été déployé ? Qu’arrivera-t-il si jamais vous disparaissiez ?

Elle le fixe, immobile, de glace. Parler devait être sa seule option.

Invité
Anonymous


Autant l’admettre, je n’étais pas très serein. J’avais déjà expérimenté la captivité au sein de l’Atramentar et j’espérais sincèrement ne plus avoir à revivre toute la douleur endurée, physique comme mentale. J’avais la chance de ne pas avoir à faire à des Sith, même si j’avais désormais appris comment me défendre et résister à ce genre de méthodes. En revanche, être lancé de cette manière dans l’inconnu, face à cette femme déterminée et qui semblait entourée d’une aura d’importance suffisait à m’intimider. Je pourrais passer au-delà se problème en faisant usage de la Force, en bloquant certaines de mes réactions émotives mais je ne voulais pas non plus abattre toutes mes cartes en quelques minutes pour finir impuissant plus tard.

Non. J’allais plutôt encaisser comme j’avais appris à le faire étant plus jeune, en tant qu’Initié. La méthode n’était pas la plus fonctionnelle mais elle me permettrait de gagner du temps et de voir où cette situation allait me mener. De fait, je devais seulement gagner du temps. Pour l’instant.

« Si vous le dîtes... Mais je ne partage pas ce point de vue. »

J’étais peut-être un Jedi, mais j’étais avant tout un être comme les autres. Tarik était très utile, et il avait ses propres forces et faiblesses. Moi, j’avais la possibilité de faire plus, beaucoup plus, certes. Mais la contrepartie était grande, car j’avais un idéal strict, qui m’étais impossible de franchir de ma pleine conscience.

« Oh, mais si vous savez déjà qui je suis, ce que je suis, vous devez sans doute savoir que ce ne sont pas ces quelques mesures qui m’arrêteront… »

Je faisais évidemment référence au champ de force qui avait été déployé tout autour de ma cellule. C’était une mesure des plus efficaces pour doucher les ardeurs d’évasion de la plupart des gens mais elle était totalement inutile face à moi. En tant que Jedi, j’avais naturellement des capacités supérieures. La Force était avec moi et elle m’offrait d’énormes facultés en tant qu’alliée.

J’étais capable de surcharger l’alimentation électrique de la plupart des objets, et même des vaisseaux stellaires. Je l’avais fait avec le chasseur de cette Impériale, en orbite d’Artorias et ce n’était pas un pauvre champ de Force qui allait me résister. En résumé, je pouvais aisément sortir de ma cellule pour m’échapper. Pourquoi lui révéler ce ait, dans ce cas ? La réponse à cette question était très simple : pour chercher à gagner sa confiance, à lui montrer mon honnêteté.

Je prenais un grand risque en lui révélant cela mais j’avais du mal à imaginer qu’ils n’aient pas envisagé cette possibilité. De toute façon, il s’agissait là d’une solution de dernier recours, si tout était perdu. Je venais à peine de reprendre conscience et je préférais attendre pour constater l’évolution de la situation. De là, je pourrais éventuellement établir un bon plan pour sortir de là.

Je croisais les bras, haussant les épaules.

« … à condition que m’échapper soit la seule solution viable pour moi, entendons-nous. »

C’était évident, logique, limpide. L’invitation était envoyée, c’était désormais à elle de me tendre une carotte suffisante pour que l’idée de m’échapper ne me vienne pas immédiatement à l’esprit comme ça avait pu être le cas à mon réveil soudain.

J’entamais un mouvement de vas et viens face au champ de Force qui nous séparait. J’étais en pleine réflexion et j’étudiais chacune de ses paroles. Dans de pareilles situations, chaque mot, chaque intonation avait son importance. Chaque phrase pouvait en cacher une autre et je n’étais pas très habile avec ce genre de jeu. De fait, j’avais besoin de me concentrer pour mieux mettre en lumière les évidences.

« Comme vous l’avez si bien souligné précédemment, mon ami est un fantassin. Je sais très bien qu’il ne dira rien concernant notre mission sur Vena. »

Tarik était un Ranger Ondéronien entraîné à résister aux interrogatoires, aussi musclés pouvaient-ils être. C’était quelqu’un d’intelligent, malin. Il ne se laisserait pas duper aussi facilement. Mieux encore, c’était un Épicanthix et toute tentative mentale était vouée à l’échec. De fait, il était logique pour moi de penser qu’il était resté silencieux sur notre mission. Je ne pourrais jamais admettre le fait qu’il ait pu parler.

Concernant Lena, j’étais sans scrupules. Elle était sans-doute la première à avoir balancé tout ce qu’elle savait sur nous, tout ce que Tarik aurait pu lui dire. En revanche, elle ne savait rien sur notre mission. De fait, seule une maigre portion de l’argumentation d’Ilyena était fiable. Le reste n’était que du bluff, pour me forcer à admettre qu’il s’agissait bien de la vérité.

Et la vérité, j’allais la lui donner.

« Ce que je pense réellement ? Émettons une hypothèse… »

J’allais la lui donner sans réellement l’admettre, pour mieux m’imprégner du rôle théâtral qui m’incombait de prendre pour mieux souligner le ridicule de la situation. Ou plus exactement le côté stupide que je lui trouvais.

Tout d’abord, admettre indirectement que la première explication que je lui avais donnée était fausse.

« Imaginons que vous ayez raison et que vos informations sont exactes. Imaginons que je n’étais pas sur Vena pour enquêter sur des mouvances pirates déjà anéanties par la LMP, accompagnée de vos propres forces. »

Ce qui était vrai et avéré. C’était d’ailleurs assez étrange de constater que les Hapiens ait pu travailler avec la Ligue. De fait, j’admettais que je savais qui elle représentait, qui elle était. Comment l’avais-je déduis ? Très facilement, et grâce à la Force. Lentement, discrètement, je m’étais ouvert à elle pour étudier mon environnement. De là, j’avais rejoins le flux, dans une méditation légère, pour mieux pouvoir discerner les filaments qui se tissaient autour de moi. J’avais alors saisi celui s’étendant entre elle et moi, pour mieux le remonter et venir effleurer son esprit, sans jamais le toucher. La posture que j’adoptais était une posture d’écoute, et non d’intervention.

La première chose que j’avais reniflée était son égo et son mépris. Il était important, pour ne pas dire immense. Elle se croyait au dessus de tout, et lorsque j’interrogeais la Force sous le nom d’Ilyena, rien de bien concret ne me venait. Ou plutôt quelque chose de faux, de mensonger. Rien que je ne savais déjà, cependant. En revanche, tout semblait s’aligner pour la désigner comme Hapienne.

De fait, je n’avais plus qu’à appuyer mon « hypothèse ».

« Imaginons que je fus dépêché sur Vena pour étudier l’influence d’une puissance étrangère sur la politique d’un monde Républicain. »

Je continuais ma ronde, les bras croisés, le regard dirigé un coup vers le sol, puis un coup vers le plafond. Je finissais cependant par m’immobiliser et je relevais la tête pour la fixer du regard.

« Vous suivez ? » Question rhétorique, mais elle me permettait de garder la main. Je reprenais mon petit manège, écartant les bras un instant comme pour admettre l’évidence suivante : « Supposons même que cette influence étrangère soit Hapienne - Ce que vous êtes, n’est-ce pas ? - et qu’elle s’est déjà emparée du pouvoir sur ce monde si proche d’Ondéron et donc si important pour nous, Jedi. » Nouvelle parenthèse, histoire de marquer le coup. « Peut-être pouvez-vous m’éclairer sur le sujet maintenant que je suis votre prisonnier, que vous avec mon sort entre vos mains ? »

J’avais déjà compris que l’administratrice de Vena n’était désormais plus qu’un pantin pour les Hapiens. Ces derniers ne pouvaient pas s’organiser aussi librement sur cette planète sans l’accord du gouvernement. C’était inquiétant, mais il n’y avait plus rien que j’eu pu régler en cette instant concernant ce sujet.

En revanche, appuyer sur le sujet d’Ondéron était un moyen efficace de contrer le mépris qu’elle avait envers l’Ordre et balayer d’un revers de main sa maigre remarque sur l’inaction de la République ou des Jedi. Ma présence sur Vena était la preuve directe du contraire.

« De fait, pensiez-vous réellement que nous ne ferions rien ? Que nous vous laisserions agir sans vous prêter la moindre attention alors que vous cherchez à attirer Vena dans votre sphère d’influence ? »

Je m’immobilisais à nouveau, alors que mon intonation s’était montrée plus dure. Mon regard s’était rivé dans le sien, alors que je revenais vers le champ de Force pour m’immobiliser face à elle. J’en avais finis avec mes pseudos-suppositions, qui n’étaient rien d’autre que mes premières conclusions concernant la présence des Hapiens sur Vena.

« Jouons carte sur table, comme vous semblez le souhaiter… » Je cherchais son approbation du regard, même si je n’en avais pas vraiment besoin. Elle voulait des réponses, j’allais lui les donner. « Ma présence sur Vena est officielle, et ma disparition parviendra bien vite aux oreilles de l’Ordre. Ils viendront plus nombreux pour enquêter si je ne leur donne pas des nouvelles régulières. »

C’était un fait, et j’espérais bien appuyer sur ce dernier pour la forcer à réaliser qu’elle commettait une erreur. Que le Consortium faisait une erreur. Je répétais mes propos en écho dans la Force, alors que je continuais à écouter son esprit ainsi que ceux de ses gardes situés non loin.

« Plus ils seront nombreux, et plus votre secret sur Vena sera éventé. Il serait malheureux que ma… disparition ne vienne agrandir un peu plus le fossé qui sépare le Consortium de la République et de l’Ordre… »

Sincèrement, je pense qu’elle se moquait totalement de cela. Je ne pouvais imaginer qu’elle puisse chercher à se faire bien voir de l’Ordre Jedi, qui était un peu l’ennemi de toujours du Consortium. Mais ça me permettait de gagner le temps suffisant pour réussir à faire surgir une portion de son identité par delà son mépris, lequel offrait une barrière efficace contre mon écoute.

« Ne croyez-vous pas qu’il serait plus judicieux de me relâcher et de démanteler votre réseau sur Vena avant qu’il ne soit trop tard, Ilyena ? » J’appuyais une fois de plus sur son prénom d’emprunt, comme pour mieux souligner le mensonge qu’elle avait dessiné lors de nos présentations. Je théâtralisait presque la scène, mais mon intonation restait froide et monocorde lorsque j’éventais « Ou devrais-je plutôt vous appeler Astarta… »

Mon regard était désormais accablant, presque imprégné d’une forme de dégoût face au mensonge qu’elle avait instillé dès le début dans la conversation alors qu’au final, j’avais agi de la même manière en présentant une fausse excuse quant à ma présence sur Vena. Il s’agissait de deux affabulations nécessaires, pour se protéger, mais qui ne faisait rien pour améliorer la situation.

Astarta… Ce nom me disait quelque chose, mais je n’étais pas assez intéressé par la culture Hapienne pour en saisir toute la teneur, pour savoir que j’avais à faire avec la Raine-Mère en personne. Si tel avait été le cas, mon approche aurait été moins oppressante. Face à sa volonté de secret, j’avais dû improviser une méthode pour flairer ces derniers et en déjouer un maximum.

Je connaissais la véritable raison de la présence des Hapiens sur Vena mais j’ignorais tout de la raison de mon enlèvement. Les Hapiens n’étaient pas très accueillants avec les membres de mon Ordre. Il faut bien admettre que les méthodes que nous avions appliquées dans l’Amas il y a des siècles n’étaient pas les meilleures et je pouvais comprendre leur méfiance vis-à-vis de ma personne.

En me sachant au cœur de l’Amas, j’étais pleinement conscient que j’étais en danger de mort. Je pouvais très bien être exécuté le lendemain et je devais faire attention à ne pas les froisser. La meilleure solution pour éviter cela était encore de posséder un intérêt pour eux. Ma méthode était donc peut-être brusque, mais elle avait l’avantage de mettre en valeur cela.

Elle était également dangereuse, car en ignorant que je m’adressais à la Reine-Mère, je me mettais en porte-à-faux. Je lui montrais que je connaissais une partie du pourquoi de leur présence sur Vena, que j’avais un certain intérêt. Mais d’autre part, c’était comme si je l’insultais :

« N’est-ce pas là votre véritable prénom ? Vous parliez de jouer carte sur table, de ne pas nous affabuler… » Je secouais légèrement la tête, en signe exagéré de désapprobation. « Vous me décevez beaucoup… »

Et pourtant, je comprenais son action. Mais bon, tel était le jeu pseudo-politique, non ? D’une certaine manière, je m’étais compromis. J’avais indirectement admis que je l’avais sondé, que j’évais interrogé son esprit.

S’en était-elle rendu compte ?

Je me détournais d’elle, pour retourner m’asseoir au fond de ma cellule. De là, je lui offrais un dernier regard, une dernière attention, pour parfaire le rôle que j’avais endossé pour ma réponse :

« Je ne vous dirais plus rien tant que vous ne dévoilerez pas vos véritables identités, vos véritables intentions ; tant que vous continuerez de controuver. »

Point final. A vous la main, Astarta, qui que vous soyez réellement.

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