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"Tenez. Tenez même si vos bras commencent à se tétaniser."

Les mains de Saani se resserrèrent sur la tube métallique auquel elle s'accrochait. Son corps était pendu dans le vide, son talon à environ 1 mètre du sol, et sa tête dépassait la barre. Une position bien connu de l'exercice qu'elle exécutait maintenant. Son corps, lui, était droit comme un I, si ce n'était les bras qui revenait sur eux-même pour maintenir l'accroche.

La soldate avait arrêté de compter les minutes depuis la séparant du début de l'exercice, avait arrêté de se laisser distraire par quelque chose se passant autour, pour en revenir aux bases -ses bases-. Une partie de son esprit revoyait, réentendait les conseils que l'on prodiguait dans un Temple en plein milieu de la jungle d'Ondéron. Calme, sereine, cette fois ne ferait pas défaut : elle serait tenace.

Carida. C'était une belle planète, qui accueillait elle aussi une académie militaire. Et c'était sur elle que se déroulait les exercices du jour. L'étudiante de l'Académie de Lianna avait été prié de se rendre à ceux-ci pour deux raisons : représenter son académie lors d'une compétition organisée sous peu, et au vu de sa bourse un peu spéciale. Car si les responsables de cette bourse pouvait comprendre que son récent échec en examen était en bonne partie du à un retour de mission et une convalescence difficile, le réglement de la Bourse nécessitait que la jeune Soldate montre qu'elle était toujours capable de servir.

"Mal'Ko. Vous êtes éliminé. Allez avec les autres."

Mal'ko était un twi'lek de Carida. L'un des derniers en lice pour la "victoire" de l'épreuve en cours. Épreuve était d'ailleurs un bien grand mot, tant c'était surtout un entrainement. Il avait laché, mais sa prestation était déjà remarquable, c'était indéniable.

"T'as envie de lâcher, la blonde ?" lança alors l'un des restants, lui aussi de Carida.

Mais à la remarque, Saani resta stoïque, muette, imperturbable. Ce n'était ni pour paraître maline, inatteignable ou encore froide... Loin de là. C'était juste que la jeune femme était concentrée sur ce qu'elle faisait, sur l'effort à fournir pour réussir. Cette concentration, l'on pouvait le reconnaître, avait fait en sorte qu'elle n'entende même pas la pique qu'on venait de lui lancer. Son esprit n'était concentré que sur une chose, une seule : un moteur de speeder ZM-745. Mentalement, l'ex-padawan le démonter et le remonter. C'était un bon exercice, suffisant pour oublier la douleur qui se formait dans les membres, qui se faisait sentir le long des triceps tendus au possible.

Trente minutes plus tard, l'exercice était terminé, et Saani assise dans l'herbe, reposant ses bras.

"Belle prestation, je dois bien l'admettre."

Cette fois, Saani n'étant pas perdue dans ses pensées, lui répondit d'un sourire. Mais elle n'eut pas le temps de renchérir plus qu'un autre membre de l'Académie de Carida arriva, avec d'autres de la délégation dont faisait partie Saani.

"Kind. Le Capitaine nous demande de nous rendre au parcours. Et tu devinera jamais ? Il parait qu'il y a un membre des Forces Spéciales avec lui..."

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Carida... Home sweet home, comme on dit. Alors que la navette entame son approche planétaire, je laisse mes yeux glisser sur cette petite boule aux couleurs fadasses. Quand on prend deux secondes pour y réfléchir – ouais ça m'arrive hein – je me demande ce que j'y trouve à ce monde... Sans déconner : une gravité deux fois supérieure à la normale... Couvert de plaines arides, de marécages boueux, de toundras glacées, de forêts de plantes carnivores et venimeuses... Et j'en passe ! Mais voilà quoi... Comment expliquer ça... Bah ça s'explique pas : c'est comme retourner à la maison après des années d'absence. C'est l'extase même si la bicoque part en sucette. L'armée c'est ma famille : ma femme, ma mère, j'y ait mes frères et mes sœurs d'arme. Je secoue la tête. Sérieux, faut que j'arrête de penser à des conneries pareilles... Les sentiments, c'est pour les gonzesses.

La petite boule devient grosse boule à mesure qu'on approche. D'abord on y voit rien de précis, puis les contours de villes et des camps militaires démesurés se dessinent. La navette oblique, vers une région de la planète carrément sauvage. Rien à des centaines de kilomètres... Et en centre de tout cet espace : le QG galactique des Forces Spéciales Républicaines. Malgré moi, je lâche un putain de sourire... Ouais, clairement, je confirme : Home sweet home... La navette se pose sur le terrain boueux. La rampe siffle, descend. L'air moisi me saute aux narines, emplit mes poumons. Merde, j'en ai presque la larme à l'oeil...

♪ On est pas des p'tit pédé... On va courir toute la journée ! ♪

Douce musique à mes oreilles. Je tourne la tête, tandis que mes bottes s'enfoncent de plusieurs centimètres dans le sol spongieux. Une trentaine de types, treillis et marcel kaki, courent à un bon rythme. Formation serrée, ils forment un carré parfait. A coté d'eux, dans un speeder, le sergent instructeur leur gueule dessus, à s'en arracher les cordes vocales :

« J'entends rien bande de pédales ! Vous criez comme des gonzesses ! »

♪ LE L'PREMIER QUI NOUS FAIT CHIER, ON LUI REFAIT LE PORTRAIT ♪

Haha. Intérieurement je me marre. Que de souvenirs. Je m'arrête, laisse le troupeau passer. Ils me dépassent rapidement, puis disparaissent à l'angle d'un édifice rectangulaire, sans charme particulier... Ici, tout est gris. C'est juste du perma-béton quoi. Moche et fonctionnel. Tous les bâtiments se ressemblent. Malgré tout, même les yeux fermés, j'pourrais retrouver mon chemin. Faut dire, j'ai vraiment crapahuté dans tous les coins...

Je mets plusieurs minutes à rejoindre l'intendance. Je suis en sueur, les vêtements trempés. L'air est lourd, humide... La gravité, elle, est un vrai calvaire. Mes bottes s'enfoncent dans le sol, chaque pas est un effort supplémentaire. Ouais, j'sais bien que c'est juste le temps de retrouver l'habitude, demain ça ira déjà bien mieux... Mais là tout de suite, j'ai l'impression de peser deux fois plus lourd ! Sauf que c'est pas seulement une impression. Connerie de gravité. J'entre.

A l'intérieur, pas de chichi. Un espace d’accueil : un table basse, quelques magazines de l'armée, et une série de chaises qui font mal au cul. En face, un comptoir. Derrière le comptoir, un gratte-papier à lunettes. Je déteste les gratte-papiers pff... Même si je reconnais qu'il en faut : parce que je préférerais me faire découper en rondelle par un Sith plutôt que de faire leur putain de job. J'approche, il lève les yeux d'un datapad pour me fixer. Ses petites lunettes rondes lui donnent un air de tête à claques. Je lui fais :

« Caporal Kessel. Escouade Typhon. Code de transfert 68 63 Alpha Zeta. Je reste une semaine. Toutes mes affaires sont là. »

Je bazarde mon sac à dos sur le comptoir. Il claque dessus. C'est pas ma faute ! Je me suis fais surprendre par cette connerie de gravité ! L'autre ne sursaute même pas, sûrement qu'il a l'habitude. Cette phrase, m'arrache une pensée... Ouais, l'intégralité de mes possessions tient sur mon dos. Enfin presque. Y'a aussi ma bécane sur Corellia... Le garage à l'année me coûte un putain de bras ! Mais bon... C'est le prix à payer pour s'éclater un peu pendant les perm. Sinon on se ferait royalement chier hein. L'intendant retourne à ses écrans, potasse ses données, puis me fait enfin :

« Réévaluation suite à blessures graves hein ? »

Je hoche la tête, grimace. Je déteste les évaluations. Merde, c'est stressant quoi !

« Bien. Je fais prévenir les Sergent-instructeur. Vous pouvez attendre ici. »

Il me désigne un siège.

« Vous serrez affecté au bloc du secteur 7, section 32, rangée 3, box 8. Vos affaires y seront transférées. Compte tenu de l'emploi du temps serré, votre évaluation va commencer... »

Une ombre énorme passe le pas de la porte.

« MAINTENANT ! »

Je fais volte-face. Volume sonore de dingue. Face à moi, le Sergent-Instructeur Midwell. Un colosse Epicanthix de deux mètres trente, plus de deux-cent kilos de viande et de muscles. Et encore, je parle pas du poids de ses couilles. Il est tellement baraqué, que même son uniforme sur-mesure semble trop petit, comme si la machine qui l'avait tissé n'était pas assez large. Il me jette un regard de tueur. Je revis, en l'espace d'une fraction de seconde, mes premières classes. Merde. Il attaque direct :

« ALORS KESSEL, PRÊT A EN CHIER ?! »

« Chef oui chef ! »

« J'AI RIEN ENTENDU ! »

« CHEF OUI CHEF ! »

« PUTAIN J'ENTENDS RIEN ! C'EST QU'ON SE RAMOLLI HEIN ?! »

« CHEF NON CHEF ! »


« SI JE DIS QUE TU TE RAMOLLIS, KESSEL, C'EST QUE TU TE RAMOLLIS ! CINQUANTE POMPES, POUR INSUBORDINATION ! »

Son index inquisiteur pointe le sol. Regard droit devant moi, raide comme un piquet, je ne bouge pas d'un coupe. L'autre devient rouge pivoine :

« MAIS IL EST CON OU IL EST SOURD ?! KESSEL !! POMPES !! »

« CHEF VOUS N'AVEZ PAS PRÉCISÉ QUEL BRAS, CHEF ! »


L'autre lâcha un ricanement... Qui ne dire qu'une fraction de seconde. Il hurle encore plus fort :

« ET EN PLUS IL FAIT LE MALIN HEIN ?! FORTE TÈTE ?! CA SERA CENT POMPES ! CINQUANTE SUR CHAQUE BRAS ! EXÉCUTION ! »

Je me jette au sol. Bras gauche dans le dos, je commence à pomper. Les dix premières sont une formalité, les dix suivantes m'arrachent une grimace... Lorsque j'arrive à quarante-cinq, je tire une de ces gueules... CONNERIE DE GRAVITE ! Cinquante ! Je souffle, manque de m'éclater au sol, change de bras... Puis recommence... Cette fois, c'est la prothèse qui force, c'est tout de suite plus... facile. Pendant ce temps, l'autre fait son speech :

« Caporal Kessel, Forces Spéciales... Multiples opérations classées secret défense... Multiples médailles... Paraîtrait même que c'est la chancelière, en personne, qui t'as remis la dernière hein... Mais je vais vite te faire redescendre de ton petit nuage. Ici, t'es juste un soldat. Un soldat comme un autre. J'en ai rien à foutre des tes médailles ! Tout ce que je vois, c'est que t'es une vraie tête brûlée... Avant-bras gauche sectionné, abdomen perforé... Fractures multiples, oreilles et mâchoire arrachées par des tirs de blaster, anus ramoné par du ver pilé, jambe pulvérisée par un Forceux au dessus de Félucia... Et j'en passe... J'vais te dire un truc Kessel : soit t'es un soldat d'une trempe rare, soit t'es bon pour la casse. Et ça, c'est ton évaluation qui va le dire. BON CA SUFFIT ! DEBOUT ! EN AVANT MARCHE ! »

Je me redresse d'un bond, lui emboîte le pas. Mes bras son ankylosés. Devant l'intendance, est un speeder est garé. Il monte à bord, je fais mine de le suivre... Mais il se retourne et pose son énorme paluche sur ma poitrine.

« TU TE CROIS CHEZ MÉMÉ ?! ALLER ! AU TERRAIN D’ENTRAÎNEMENT COMMANDO ! AU PAS DE COURSE ! »

Le chauffeur démarre en trombe. Les répulseurs soulèvent une gerbe de boue qui me recouvre intégralement jusqu'au torse. Merde ! Mais c'est qu'il avance l'enfoiré ! Je m'élance, tente de maintenir la distance. Mais entre cette CONNERIE de gravité et le sol détrempé, je galère à le suivre... Par deux fois, je manque de glisser, et le Sergent-instructeur me gueule dessus, me traite de tous les noms...

Enfin on y arrive, après dix bonne minutes. Je suis à bout de souffle. J'arrête, courbé, mains sur les genoux, cherchant mon souffle. L'autre descend. Je me redresse, bombe le torse et fait, sourire aux lèvres :

« Ça m'avait manqué ! »

Le Sergent ricane, répond, très sérieux :

« Fait pas le malin Kessel... Parce que si tu te plantes, c'est fini les FS. Et croit bien qu'avec ta pension, ça sera pas la destination paradisiaque et les nanas en bikini... Non, tu finiras dans un trou, à bosser pour l'administration militaire... Gratte-papier... »

Je trésaille. Sergent instructeur hein... Ils savent toujours taper là ou ça fait mal. Mais cette dernière remarque me retourne les tripes, façon coup de fouet. Je suis remonté à bloc, clair que je vais tout donner !

« Voilà, le... PARCOURS ! Tu l'avais pas oublié hein ? »

Ca risque pas. Le parcours... Un mot qui ferait chier dans son benne plus d'une recrue. Je pose les yeux sur les obstacles. C'est du hardcore. Même pas dix pour-cent des soldats le passent dans les premiers mois de leurs classes. Si t'es pas au top de ta forme, c'est même pas la peine de t'y essayer. Je le fixe, droit, concentré, me disant que je l'ai déjà terminé des dizaines de fois. J'ai même battu un record, resté invaincu pendant plusieurs semaines, héhé. Mais rapidement ma concentration est perturbée. Un autre speeder approche, s'arrête. Un Capitaine en descend. Je me mets au garde à vous. Plusieurs recrues arrivent en pas de course... Là, j'me dis : c'est quoi cette blague ?! Mais je capte direct. L'armée hein, une organisation huilée... Le Capitaine enchaîne direct :

« Sergent-Instructeur Midwell... Caporal Kessel. Je vous laisse ces recrues... Caporal... Je compte sur vous. Montrez leur ce que valent les Forces Spéciales. »

D'une pierre deux coup. J'me fais évaluer tout en servant d'exemple pour les bleu-bites. D'une pierre trois coup même... Parce que, d'un coup, j'ai une putain de pression sur les épaules : j'ai encore moins le droit à l'échec. Je hoche la tête, jette un coup d’œil à Midwell, qui me lâche un sourire amusé. Quel enfoiré ! Il le savait depuis le début hein ! Le Capitaine, qui a certainement trois milles trucs à faire, se casse aussitôt. Le Sergent-instructeur beugle alors :

« LE PARCOURS. TRENTE-SEPT EXERCICES. VOTRE PIRE CAUCHEMARD. LA PLUPART D'ENTRE VOUS NE LE FINIRONS JAMAIS, MÊME PAS EN REVE ! VOUS ALLEZ EN CHIER, SUER DU SANG, GERBER VOS TRIPES. MAIS C'EST SEULEMENT APRES CA QUE VOUS SEREZ DES HOMMES ! »

Dit comme ça... Forcément ça en impose, non ? Si ça c'est pas un putain de charisme.

« UN VOLONTAIRE POUR COMMENCER AVEC LE CAPORAL KESSEL ?! »
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"Vous peut-être ?"

Dit à demi mots, Saani ne s'attendait pas spécialement à ce que cette phrase fut entendue et encore moins qu'elle soit comprise par le Sergent Instructeur. Ce n'était pas son habitude de faire preuve de ce qui pouvait ressembler à de l'insubordination, mais la phrase du Sergent lui avait rappelé Gruu. Gruu et Nialle, toujours à railler les autres.

Mais lorsque le regard de l'Epicanthix dériva vers elle, ainsi que quelques autres du groupe qu'elle accompagnait aujourd'hui, l'impression d'avoir fait une connerie de type Royale se fit ressentir. Oh, elle savait à quoi s'attendre du Sergent Midwell, elle l'avait déjà croisé depuis son arrivée sur Carida. Un homme, un vrai. Un dur de dur.

"Deuxième classe Ennada, vous pouvez répéter !"

Choix cornélien : répéter, c'était s'attirer les foudres de Midwell ; et ne pas répéter, c'était s'écraser et d'une certaine manière entacher la réputation de l'Académie qu'elle représentait. Mais répéter, n'était-ce pas aussi entacher cette réputation ? Si sur Lianna, il n'y avait pas que la testostérone qui comptait, manquer de respect à un instructeur n'était pas non plus dans les valeurs apprises.

"J'ATTENDS !"

"Je dis que les hommes, je ne les reconnais pas à ça, Sergent !"

Elle avait répondu, presque du tac-au-tac, avec un ton allant plus au diapason de celui de l'Epicanthix. Et si certains auraient vite fait de mal interpréter ce genre de paroles -et le sourire qui se dessina sur certains visages montraient qu'il y en avait dans le groupe réuni-, elle, elle savait qu'elle respectait les gens, et pas seulement parce qu'il avait affronté un parcours du combattant, fut-il celui des Forces Spéciales.

Malheureusement pour elle, le Sergent Instructeur Midwell regarda à nouveau le Caporal Kessel, et pour une raison qu'elle ignorait, il lui sourit. Mais pas d'un sourire que l'on pouvait qualifier de sincère, et finalement :

"Caporal Kessel, Soldat Ennada ! A la ligne de départ, tout de suite ! Le perdant sera aux patates ce soir !"

Il était sérieux, Saani n'en doutait pas. Tout comme elle ne doutait pas qu'un Membre des Forces Spéciales était rodé à ce genre de parcours. Elle serait donc probablement de corvées le soir venu. Mais devant cet Epicanthix, Saani n'eut qu'une seule réaction : elle commença à enlever sa veste et la déposa sur un piquet proche. Elle était ici pour montrer qu'elle était capable, et là, en ce moment, elle se sentait capable d'une chose : Tout donner. Tout donner pour rabattre le claque-merde de ce Sergent Instructeur.
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J'avance sur la ligne de départ, jette un coup d’œil à mon adversaire. C'est une nana. J'ai rien contre les gonzesses hein mais... Bon... Faut avouer que... Bah... Voilà quoi. Vous voyez ce que je veux dire non ? Elle va pas faire le poids ! Elle va pas tenir, se pisser dessus ! Du coup, j'fronce des sourcils. Y'a un truc. C'est pas possible. Y'a forcément un truc ! J'tourne la tête en direction du Sergent instructeur qui me décoche un sourire amusé. Merde, y'a vraiment un truc. C'est quoi l'arnaque ? Mais l'amusement est de courte durée. Il nous refait sa face d'enterrement, choppe deux sacs à l'arrière du speeder... Et nous les balance à nos pieds. Vu le bordel qu'ils font en retombant, j'pige de suite qu'ils sont plein à craquer.

« ENFILEZ VOTRE BARDA ! ET QU'CA SAUTE ! »

Ouais ouais... On est pas débiles non plus ! Il est vraiment chiant quand il s'y met putain ! J’m'exécute, sans un mot, mais lance un regard assassin au Soldat Ennada. J'lui glisse, tout en enfilant la seconde bretelle rembourrée :

« T'aurais mieux fait de pas la ramener, tu l'as mis en boule. Il va nous pourrir... »

Évidemment, cette petite phrase passe pas inaperçue :

« SILENCE DANS LES RANGS ! VOUS L'OUVRIREZ QUAND JE VOUS L'ORDONNERAI ! »

Réflexe, je gueule direct :

« CHEF, OUI CHEF ! »

J'y peux rien. Ca sort tout seul. Je fais volte-face, me replace sur la ligne de départ. Le sergent instructeur, fait signe aux autres recrues de le suivre, puis tape sur l'épaule du chauffeur. Le speeder redémarre, avance lentement.

« PERSONNE NE BOUGE AVANT QUE JE DONNE LE SIGNAL ! »

Puis, il remonte à l'arrière du véhicule.

« LES AUTRES, SUIVEZ MOI ! AU CHAMP DE TIR ALPHA ! »

Je soupire. Je connais la suite... Mes yeux se braquent sur le premier obstacle du parcours. C'est une tranchée, juste assez large pour faire passer deux types en même temps. Heureusement que la soldate Ennada est pas bien épaisse. Le sol, boueux, a été arrosé abondamment pour être transformé en une vrai pataugeoire dégueulasse. C'est vraiment un truc de salaud... Ramper dans cette merde... Fait chier, c'est visqueux, ça glisse, ça s'accroche aux vêtements, s'infiltre partout... Et avec le sac de quinze kilos sur le dos, tu t'enfonces dedans comme dans du beurre. M'enfin, c'est pas le pire. Juste au dessus de la tranchée se trouve le champ de tir Alpha. Les cibles sont sur le coté gauche. A droite, suivant les ordres aboyés par le Sergent instructeur, les recrues s'installent, armes en mains. C'est pas du tir à balles factices, ou à rayon paralysant non... C'est du réel... Et leurs lasers vont passer juste au dessus de nos têtes. J'aime pas ça putain. Si l'une des andouille déconne et rate lamentablement sa cible...

Je secoue la tête. Franchement, le risque est faible... C'est plus une question de psychologie. Sentir la chaleur des lasers fuser juste au dessus de votre crane, bah, c'est pas vraiment ce qu'il y a de plus agréable, loin de là. M'enfin j'ai connu pire héhé. C'est ce que je me dis.

J'enfile mon casque, mate encore la gamine à coté. Elle a pas l'air bien vieille. Début de vingtaine ? C'est l'age auquel on s'engage en général. J'imagine que c'est sa première fois sur le parcours... Elle va s'en souvenir. La première fois, on ne l'oublie jamais. Je me souviens encore de cet obstacle... La première fois j'ai bouffé tellement de boue que j'ai chié des mou pendant une semaine. J'ai cru que j'allais me vider jusqu'à ce que mort s'en suive. Autant dire que la fois suivante, j'ai gardé la bouche bien fermée... Bref, j'peux pas m'empêcher de dire un truc, un conseil d'ami hein :

« Toi, j'sais pas si t'es tarée ou t'as une sacrée paire de burnes... Mais tu devrais pas l'ouvrir comme ça. Les sergents instructeurs ont les moyens de faire de ton séjour ici un vrai enfer. Pense-y la prochaine fois. »

Et c'est pas de la déconne. Quand j'suis arrivé ici, pour mesure disciplinaire après avoir fait le con dans les bas-fonds de Coruscant, j'ai cherché à jouer les têtes dures... Au bout d'une semaine, j'avais les mains, les genoux, les coudes en sang. J'avais jamais eu autant de courbatures de toutes ma vie. J'peux t'dire que ça calme. Ça apprend le respect, et à filer droit. Après tout, un bon soldat c'est fait pour obéir, pas pour la ramener.

En face de nous, l'exercice de tir commence. Certains ont juste des pisto-lasers, d'autres des fusils. Certains sont en position couchée, d'autres debout. Je tire sur les sangles, resserre à mort les bretelles du sac pour pas qu'il se balade dans mon dos. Il pèse son poids le salaud. J'imagine qu'Ennada doit bien le sentir aussi, surtout qu'elle est plus petite et frêle que moi. D'habitude, le barda de quinze kilos, c'est pour les recrues déjà entraînées... Une manière de rajouter du défi une fois qu'on a réussi à terminer le parcours une fois ou deux. J'imagine qu'il le lui a refilé juste pour lui donner une bonne leçon... Clairement, fallait pas l'ouvrir cocotte !

Soudain, le sergent se tourne vers nous, choppe un porte-voix et se met à hurler :

« A VOS MARQUES... PRET... »

Je me penche légèrement en avant, les muscles des jambes bandés à m'en faire éclater les tendons...


« PARTEZ ! GO GO GO ! »

Je pars au quart de tour, sprint. A fond les ballons. Mes pieds frappent durement le sol... Je fais dix pas, me jette en avant. Le poids du sac me file une putain d'inertie... Je m'écrase sans grâce aucune dans la boue. J'en fou partout, ça éclabousse dans tous les sens... Puis sans perdre la moindre seconde, je commence à ramper. La technique, c'est de mettre tout son poids sur les genoux et les coudes. Faut pas que le ventre traîne... Sinon dans la boue c'est mortel, tu patauges, te tue à la tâche et avance pas d'un putain de poil. Les trois premiers mètres se passent nickel. Dents serrées, respiration maîtrisée, je rampe, aussi vite que possible. Les tirs passent juste au dessus de ma tête... Parfois si proches que j'ai les poils de la nuque et les cheveux qui deviennent électriques. A moins que ce soit dans ma tête. Putain. Focus Korgan ! Focus ! Je braque mon regard sur l'objectif, sept mètres plus loin, et continue d'avancer, essayant d'ignorer tout ce qui se passe autour.

Soudain j'entends un cliquetis. Un minuscule cliquetis. Le genre de truc à peine audible, à cause du bordel que font les tireurs juste au dessus...

[Jet d'agilité - Réussite]

Mais putain, j'suis pas un bleu-bite. Réflexe aiguisé par des années sur le terrain : je me roule aussitôt en boule. Ça explose.

BOOM

La détonation est pas franchement impressionnante. En même temps, le but c'est pas de nous estropier non plus hein. Mais de la boue est projetée dans toutes les directions. Heureusement que j'ai vu le truc venir, sinon j'en aurais pris plein la gueule ! Merde ! Putain ! Je m'y attendais pas ! C'est nouveau ou quoi ?! La dernière fois s'y était pas ça ! La seconde suivante, de la fumée blanchâtre s'échappe du petit cratère formé au milieu de la tranchée. Et je pige direct que ça va pas être cool... Mais alors pas cool du tout... Le Sergent se met à beugler :

« T'as vu ça KESSEL ! C'est la nouveauté de l'année ! Tu vas en pleurer de joie... »

Et effectivement, au même instant, mes yeux se mettent à piquer, pleurer. Le gaz lacrymo pénètre partout... Je me mets à tousser, les voies respiratoires en feu. Putain ! Mais quel connard ! La fumée épaisse nous enrobe... Et à cause de l'air surchauffé par les lasers tirés au dessus de nos tête, elle reste bien au fond de la tranchée, comme plaquée au sol. Autant dire qu'on nage dedans quoi ! Putain ! Je tousse encore, mais me ressaisis rapidement. C'est ni la première ni la dernière fois que je m'en prends une en pleine face. Je ferme les yeux, bloque ma respiration, et reprend ma progression... C'est une lutte intérieure... Entre moi et l'envie irrépressible de cracher mes poumons, ou de m'arracher les yeux à coup d'ongles. Je respire seulement par petites bouffées, lorsque j'ai pas le choix.

J'suis incapable de dire combien de temps je reste là dedans. Ça me semble des heures, mais c'est sûrement quelques ridicules secondes. Enfin, le sol remonte un peu, devient plus solide... J'arrive au bout de la tranchée...

Par curiosité, je tourne la tête pour voir si Ennada s'en est sortie... Puis je reporte tout mon attention sur le second obstacle. Je secoue la tête. Si ça commence déjà fort comme ça, je m'attends au pire... Il nous réserve quoi d'autre comme surprises ?! Putain, quel enfoiré de sadique ! Mais s'il croit que je vais me laisser faire ! Il va voir de quoi j'suis capable ! Le type qui me fera perdre mes moyens est pas encore né ! Héhé !

Je fonce sur la suite...
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