Voyl Clawback
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An -3486 - Coruscant - Quartier Fobosi - 4:38am

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[-3486] Rencontre sonnante et trébuchante - pv Alyria Planete_coruscant_16


Coruscant, éternelle agitation à tous les étages. La planète qui ne dort jamais, que l’on se trouve au sommet des nuages ou dans les abysses insondables. Les files de speeder qui quadrillent le ciel en sont témoins. C’est pourquoi, malgré l’heure plus que matinale, le terme « rues désertes » n’était pas vraiment approprié. Aucune rue n’était jamais parfaitement déserte et celle-ci ne faisait pas exception. Peut-être, aussi, parce qu’elle était plutôt bien située, en plein quartier Fobosi, près de l’une des plus grandes artères du secteur.

Chose rare s’il en était, Voyl avait du temps. Après avoir vérifié une énième fois qu’il n’avait aucun dossier en retard, que toutes les tâches qui lui incombaient avaient été remplies et passé une nuit blanche à force d’insomnie chronique, il avait simplement décidé qu’il devait prendre l’air. En règle générale, le muun détestait devoir se déplacer à pied le long des immeubles, sur les trottoirs bondés. Raison pour laquelle le speeder et les navettes étaient tout indiqués pour ses déplacements. Mais en l’occurrence, le but n’était pas tellement de se rendre à un endroit précis.

Le fond de l’air était frais, même plutôt froid, alors que le soleil pointait à peine ne bout de ses rayons à la surface du globe permabétonné. Mais Clawback ne s’en souciait guère, vêtu simplement de son costume d’un bleu sombre moiré. Il appréciait même de devoir fournir un léger effort conscient pour réajuster sa température corporelle : c’était un moyen comme un autre de se sentir bien éveillé, après ses errances embrumées de la nuit. Piètre sportif et souffrant souvent de ses trop longues stations assises, se déplacer à pied n’était pourtant pas son fort. Il avait abandonné son pied-à-terre quelques minutes auparavant, Droomos sur les talons, en bon gardien qu’il était. Le quartier avait beau être l’un des plus huppés de la capitale, Voyl ne restait jamais seul. Du moins, jamais réellement. En apparence, on aurait pu croire qu’il l’était. Les ombres de ses veilleurs ne se distinguaient pas à ses côtés, simplement en attente un peu plus loin, tandis qu’il cheminait les mains vides et nouées dans le dos, le long de l’allée immense et impeccable.

A cette heure, les seules personnes dehors étaient soit déjà en plein travail, soit, comme lui, en sortie occasionnelle. Il salua ainsi quelques-uns des habitants de la rue qu’il connaissait de vue. Des salutations courtoises entre bonnes gens, qu’il prenait soin de faire brèves et sans issues, pour ne jamais être retenu par quelques bavards invétérés. Un geste de la main, une courte révérence, un mot ou deux, et le voilà reparti.

La marche lui servait en outre à réfléchir posément, le froid aidant. Le nez vaguement en l'air, le représentant avait tout loisir de passer en revue la foule d'idées, de théories, de choses à faire ou à faire faire, de noms, de chiffres, de pourcentages ... qui peuplait son quotidien. Avec la rigueur d'un ordinateur, il entamait les choses dans l'ordre, chronologique ou alphabétique selon la nature, à chacun de ses pas, qui prenaient au fur et à mesure de sa réflexion un rythme métronome. Ce qui, loin de lui donner un air rêveur, le faisait au contraire paraître très concentré, voire même particulièrement renfermé. Il lui arrivait même, dans ces moments là, de parler tout seul... Du moins à voix basse.

Arrivé à l’angle de l’une des rues transverses, Clawback décida de bifurquer. Bien mal lui en pris ! Privé de champ de vision au-delà du mur, il heurta de plein fouet un objet non identifié - ou plus vraisemblablement un individu - qui venait en sens inverse à vive allure. Sonné, il perdit l’équilibre et s’étala lamentablement sur la chaussée avec un grognement de douleur. Alertés, les deux vigiles galopèrent à sa suite pour finalement s’arrêter à sa hauteur.

Clawback, lui, ne voyait plus qu'un monde en RVB de très mauvaise qualité, sa tête sonnant comme un gong après avoir lourdement heurté le trottoir.
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Alyria avait-elle déjà dit à quel point elle haissait les paparazzis ? Non ? Eh bien, elle l’affirmait dans toute la force d’un cri mental et d’une kyrielle d’injures silencieuses en hapan à l’adresse des deux crétins qui avaient décidé d’interrompre son jogging matinal, enfin plutôt sa course vu la vitesse à laquelle elle l’effectuait. Zigzaguant à travers le Coruscant matinal, empruntant les chemins de traverse qu’elle finissait par connaître par cœur, elle désespérait de semer les photographes curieux qui la pistaient désormais constamment, quand une idée lui vint.

Tournant dans ce qu’elle savait être une impasse, elle s’engouffra à toute allure dedans … et s’enveloppa dans un épais voile de Force destiné à la cacher aux yeux indésirables de tous ceux ne possédant pas une connexion suffisante avec l’entité mystique. Avec satisfaction, elle vit le speeder des deux journalistes qui la poursuivaient s’arrêter, chercher frénétiquement avant de repartir dans une joyeuse bordée de jurons colorées qui enchanta fort inhabituellement ses oreilles. Elle avait réussi, quand bien même en être réduite à utiliser ses pouvoirs de jedi pour se débarrasser des gêneurs l’agaçait copieusement. Décidément, il était temps que cette fichue révision constitutionnelle soit approuvée par la Cour de justice pour qu’elle puisse enfin la faire voter au Sénat et démissionner proprement de son poste.

Attendant qu’ils se soient bien éloignés, elle en profita pour reprendre son souffle, repensant à son tout début de journée déjà chargé, et à tout ce qui l’attendait. Et dire qu’elle pensait avoir vu le pire lors de la crise d’Aargau … Grave erreur. A présent, il fallait gérer les conséquences du reste, de Dubrillion et Kashyyk, des victoires et des défaites. Un instant, les paroles de son Vice-Chancelier lui revinrent en mémoire : il était malheureux d’avoir tout ce pouvoir et de se réfréner au nom de cette même démocratie qu’il défendait, quand on savait tout ce qu’on pourrait accomplir. Mais elle tenait bon, malgré les critiques et la solitude qu’elle ressentait ces derniers temps. Le Temple lui manquait, même si elle se doutait que passé l’hallali, l’Ordre devait se diviser sur sa fonction, comme il l’avait fait pour Halussius. Sa charge de travail l’empêchait de voir ses amis, et quand elle parvenait à s’échapper pour quelques heures de la Chancellerie pour rejoindre son appartement ou l’enclave jedi sur la planétopole, elle s’écoulait une fois sur deux sur son lit, complètement épuisée. Quand ce n’était pas le cas, elle rejoignait discrètement Lord, ou se réveillait à ses côtés au matin si ce dernier était venu gentiment lui tenir compagnie en sentant sa présence entre les murs du bâtiment.

Cette matinée-là avait fait partie de celles qu’elle détestait, à savoir celles qui contenaient un réveil sur son bureau, la joue collée à son datapad sur lequel elle s’était endormie. Et pour couronner le tout, Alyria était sortie des bras de Morphée pour se retrouver nez-à-nez avec son holo qui bippait avec fureur pour la prévenir qu’elle avait reçu un nouveau message. Apparemment, sa mère se souvenait de son existence et la prévenait qu’elle était en déplacement sur Coruscant pour rejoindre la délégation hapienne … Information capitale, qui sentait l’embrouille à plein nez, et la manœuvre politicienne à mille lieues. La maîtresse d’armes n’avait pas vu son auguste génitrice depuis ses huits ans, n’avait pas eu de ses nouvelles avant son accession à la Chancellerie depuis la mort de son père, et se trouvait très bien comme cela. Elle ne faisait nullement partie des membres de l’Ordre ayant cette quête de leurs origines, et un regret de ce qu’ils auraient pu être s’ils n’avaient pas été pris en charge par la confrérie. Au contraire, la trentenaire ne se faisait aucune illusion sur ses ascendants, se souvenait parfaitement d’Hapès et de son malaise en grandissant au sein du Consortium. Au fond, elle n’avait de commun avec cette mère ambitieuse que la capacité à être une femme forte, et son physique très largement hérité de Malya Helm. Pour le reste, il n’y avait rien à dire, et selon la demi-echanie, sa famille était au Temple, pas ailleurs. Autant dire qu’elle n’avait rien répondu, la missive étant d’ordre privée. Si sa mère voulait une réponse en bonne et due forme, elle devrait passer par le canal diplomatique, comme tout le monde. Il ne manquerait plus qu’on l’accuse de favoritisme … Elle avait déjà suffisamment de critiques pleuvant sur elle du fait de sa qualité de jedi pour ne pas en rajouter.

Inutile de préciser que sa course matinale avait été plus que nécessaire comme souvent. C’était sa bulle, son petit moment rien qu’à elle, celui où elle retrouvait pour une heure sa routine de maîtresse d’armes, l’un des rares instants d’une journée où elle se retrouvait dehors, seule avec ses pensées, à errer tranquillement, au rythme de sa foulée sportive, dans les rues de Coruscant. Parfois, elle restait dans le quartier Fobosi, comme présentement, d’autres fois, elle poussait plus loin, parcourant ce qu’elle ne pouvait voir enfermée dans sa tour d’ivoire, se gorgeant de l’odeur d’une vie qui lui manquait, finalement : une existence libre, du moins à son avis, qu’elle choisissait chaque jour, dont elle aimait les contraintes, et non la chape de plomb du Sénat, qu’elle n’avait jamais voulu. Malheureusement, il avait fallu qu’elle soit reconnue par deux paparazzis, qu’elle s’en rende compte et fonce pour les éviter … Cette journée s’annonçait décidément sous des auspices guère propices à la contenter.

Certaine de s’être débarrassée des deux gêneurs, Alyria coupa son voile de Force, et repartit en sens inverse, se laissant aller à une petite pointe de sprint. Ivre de cette sensation délicieuse courant dans ses veines, elle accéléra, tourna … Et percuta de plein fouet une sorte de tige géante pas franchement douce. Elle parvint à rester sur ses appuis, aidée par ses réflexes de jedi, mais sa malheureuse victime ne pouvait en dire autant, propulsée sur le bitume sous l’effet du choc. Après quelques secondes pour retrouver ses esprits, elle s’approcha de la personne pour constater qu’il s’agissait d’un muun, espèce facilement reconnaissable, dont la tête lui disait d’ailleurs quelque chose sans qu’elle ne se rappelle exactement quoi. Avisant les deux cerbères, elle hésita, mais ces derniers l’avaient manifestement reconnue, puisqu’elles grognaient entre eux sans avancer davantage. Finalement, elle s’accroupit, tendant sa main, et la bonne, à l’alien à terre, avant de dire doucement :

« Pardon … Excusez-moi, vous allez bien, monsieur ? Je suis désolée, l’angle de la rue a fait que je ne vous ai pas vu à temps. »

Délicatement, sans le brusquer, elle se contenta d’insuffler à travers la Force une touche de bienveillance pour lui permettre de retrouver des idées un peu plus claires, sans s’occuper directement de blessures éventuelles. Parfois, certains jedis disaient qu’il suffisait de créer une atmosphère propice pour calmer une personne, même insensible à la Force. Peut-être que cela aiderait le muun ?
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L’instant d’avant, Clawback avait été plongé dans ses pensées en cheminant le plus tranquillement du monde sur le trottoir. A présent, il était sur le dos, le monde tournoyant tout autour dans un motif digne d’un patchwork. Il se prit la tête d’une main, se massant les tempes pour dissiper cette douloureuse sensation de nausée. Sa tête avait heurté le sol, mais pas suffisamment pour le laisser assommé : il entendait clairement des voix proches, dont une féminine.

" Pardon … Excusez-moi, vous allez bien, monsieur ? Je suis désolée, l’angle de la rue a fait que je ne vous ai pas vu à temps. "

Il releva les yeux vers l’origine de la voix et enregistra une main tendue. Il grogna de douleur quand son dos lui manifesta son mécontentement avec virulence. L’envie de vociférer quelque sermon bien senti à cette imprudente personne le traversa… une fraction de seconde seulement. L’instant suivant, une étrange sensation de paix intérieure le saisit.

" Je… Oui… Je… ça va aller, merci bien. "

Voyl se sentit bizarrement désorienté, comme s’il venait de rater un épisode. Quelque chose clochait, mais le muun était bien en peine de dire quoi. Il se saisit de la main tendue : une main humaine, relativement petite comparée à la sienne et aux doigts fuselés, typiquement féminins. La poigne lui parut d’une fermeté appréciable, si ce n’était particulièrement développée. Derrière lui, les deux hommes de main l’aidèrent à son tour à se remettre sur ses deux pieds. Il s’épousseta machinalement, réajustant sa mise de quelques gestes rapides et se retourna vers le bolide humain qui l’avait renversé comme une quille. Il n’était pas blessé – de ce qu’il pouvait en juger – mais son corps n’avait pas apprécié le traitement et le lui faisait savoir. . Il écarta les personnes présentes de lui d’un simple geste apaisant.

" Merci. Ce n’est rien. Je… Je n’ai pas été spécialement vigilant non plus. "

Ce qui était parfaitement vrai, même s’il s’étonnait lui-même de le reconnaître si facilement. Clawback pencha légèrement la tête et ses yeux améthyste s’agrandirent lorsqu’il réalisa qu’il connaissait cette crinière de feu. Ce visage passait en boucle sur les réseaux de l’Holonet, il aurait été compliqué de ne pas le connaître !

" Oh… ! "

Mais la vision lui parut absurde : depuis quand la Chancelière en personne se baladait-elle seule dans Fobosi en tenue de sport ? Maintenant bien redressé et ayant une vue plongeante sur la femme à la main bionique, il ne chercha pas à dissimuler sa surprise. S’il y avait bien une seule rencontre qu’il ne se serait jamais attendue à faire aujourd’hui à cette heure en cet endroit, c’était bien celle-là !

" La Chancelière en personne ? Par le Trésor, mes yeux doivent me jouer un tour. "

La surprise de la découverte passée, la machine logique commença immédiatement à enchaîner les séquences de questions-réponses mentalement. Clawback fronça légèrement les arcades d’un air inquiet.

" Pour une surprise… Y a-t-il un problème ? Vous sembliez si empressée… Et votre escorte ? "

Il réalisa, la bouche encore entrouverte de surprise, qu’il en avait oublié la plus élémentaire des politesses. Il se reprit la seconde suivante, faisant disparaître son expression derrière un détachement apparent.

" Hm-hm. Toutes mes excuses, j’imagine que tout ça ne me regarde pas. Voyl Clawback, représentant du Clan Bancaire Intergalactique, à votre service. "

Et il s’inclina brièvement, la main sur le cœur en un court salut courtois.
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« Sur ce point, je peux vous rassurer immédiatement. Vos yeux vont très bien. Je suis bien la Chancelière.»

L’exclamation du muun lui avait arraché un léger sourire, de ceux qui s’égaraient sur son visage de temps en temps et qui trahissaient un amusement réel, quoique policé par le temps et un maintien aristocratique hérité de sa jeunesse sur Hapès. Ceux qui la connaissaient bien savaient pourtant que cette maigre ligne convexe dessinée sur sa bouche était souvent le reflet sincère d’une profonde hilarité intérieure, ce qui était précisément le cas. Il n’y avait qu’un muun pour jurer sur le Trésor … Et un jedi pour le faire sur la Force. Comme quoi, même nos jurons les moins injurieux avaient une connotation toute particulière.

« Nullement. Enfin, semer quelques paparazzis matinaux n’est pas nécessairement un problème. »

Juste une nuisance. Alyria détestait sincèrement cette engeance qui ne pensait qu’aux scandales et à leurs stupides feuilles de chou. Pire encore, ces maudits journaleux à deux crédits avaient pris la mauvaise habitude de la pister en permanence, au point qu’elle se demandait comment les non-sensibles à la Force faisaient pour supporter cette vie en cage, observée en permanence. A vrai dire, l’idée que la plupart des sénateurs s’y complaisait lui paraissait d’une incongruité franche, et soulignait un peu plus l’écart entre elle et la classe politique républicaine dans sa grande majorité. Certes, elle ne mettait pas tous les politiciens de la Rotonde dans le même panier, certains veillant jalousement sur leur intimité familiale et leur jardin secret, quand d’autres affichaient au contraire leur dernière conquête comme un trophée à photographier. Au fond, peu importait le contenu, pourvu qu’on ait l’audience …

Inutile de préciser davantage que la maîtresse d’armes était faite d’un autre bois. Il n’y avait à cela rien d’étonnant. Enfant, elle avait toujours détesté le protocole hapien, et s’en libérer au Temple avait été un soulagement véritable, participatif de son adaptation très rapide et exempt de tout regret ou amertume aux coutumes de l’Ordre. En un sens, elle était l’exemple extrême d’un parfait respect des règles de la confrérie sur l’attachement à son passé, et pour cause : elle n’avait jamais eu aucun problème à le faire, s’épanouissant naturellement dans le cadre strict des jedis alors que la noblesse hapienne l’ennuyait. Sans doute qu’elle aurait connu un parcours semblable si elle avait suivi la trajectoire de son père au sein de l’armée républicain. Enfin, elle ne le saurait jamais, évidemment. Quoiqu’il en soit, sa discrétion notable dans les médias, qui ne manquait pas de faire régulièrement soupirer son Secrétaire général, n’était pas une feinte subtile ou entièrement vouée à respecter son code. Il y avait au-delà de cela une question de caractère, un amour de sa solitude du matin ou de sa tranquillité d’esprit que venaient troubler la Chancellerie et tout ce qui pouvait l’entourer.

Voyant le muun la saluer avec respect, Alyria ressentit une certaine gêne, qui redoubla en entendant son nom. Il était étrange d’imaginer que l’un des hommes les plus riches de la République puisse s’incliner devant … Elle. Un maître jedi. Et Chancelière. Hum, ceci expliquait cela. Aussi elle lui répondit avec une certaine douceur dans la voix, baissant sa tête à son tour brièvement pour manifester la reconnaissance de son statut :

« Je vous en prie, il est tout à fait naturel de s’enquérir des raisons qui vous ont poussé à un carambolage matinal. »

Avant d’expliquer :

« Je préfère courir seule à cette heure. Techniquement, je suis plus qu’à même de me défendre seule … Et les premiers gardes qui ont eu le malheur de m’être affectée n’arrivaient pas à suivre le rythme avec tout leur harnachement. »

Une lueur malicieuse s’éveilla dans ses yeux, quand bien même elle ne faisait qu’énoncer la plus stricte vérité. Au vu de son rang et de ses capacités, la trentenaire comptait parmi les quelques personnes dans la galaxie qu’il valait mieux éviter de titiller par la force, sous peine de se retrouver dans une situation très peu confortable. Bretteuse émérite, ce dont témoignait son titre de maître d’armes, très douée pour se défendre en tissant boucliers et guérisons à travers la Force, la Chancelière aurait constitué une cible particulièrement difficile, et ce n’était pas sa fâcheuse manie de projeter son esprit qui allait arranger les choses en renforçant ses dons de perception.

« Enchantée, Monsieur Clawback. Je pensais faire votre connaissance dans une rencontre plus formelle … Il semblerait que je me sois trompée.

Je suis Alyria Von, donc. Ce que vous savez déjà. »


Son nom était tout sauf celui d’un inconnu. Elle avait entendu son Vice-Chancelier l’évoquer pour parler de la fameuse réunion sur Corellia à laquelle il avait assisté, et le fait qu’il désapprouva la nationalisation de sa banque n’était pas un secret. Quand bien même la jedi n’y était pour rien, puisque cette décision n’avait jamais été de son ressort mais de celui de son prédécesseur et de ses conseillers, elle se doutait que pour beaucoup, y compris le muun, elle apparaissait comme la légatrice d’un tel héritage et s’y trouvait donc associée.

Se recentrant sur Voyl, ell scruta quelques secondes la Force autour d’elle avant de dire calmement :

« Vous n’avez rien, hormis une ou deux contusions totalement bénignes. Je peux m’en charger, si vous le désirez. En gage … d’excuse ? »
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" Sur ce point, je peux vous rassurer immédiatement. Vos yeux vont très bien. Je suis bien la Chancelière. "

Effectivement, remis de sa chute, Clawback distinguait clairement ses traits, et ceux-ci correspondaient bien à ceux diffusés presque tous les jours sur l'Holonet. Une humaine - ou trop approchant pour la différence lui saute aux yeux - dont le bras droit était mécanisé. Il ne s'attarda pas sur cette particularité néanmoins : les cyborgs faisaient parti du paysage, comme toutes les autres curiosités que comptaient cette galaxie, sur un monde comme Coruscant.

" Nullement. Enfin, semer quelques paparazzis matinaux n’est pas nécessairement un problème. "

Clawback laissa paraître une courte surprise, puis opina du chef d'un air entendu. L'explication était plausible. Probable même, les jedi n'étant pas reconnu pour leur tendances mensongères. La chevelure rousse en bataille dans son dos était le seul témoin de sa cavalcade. Le reste de son apparence semblait aussi frais et dispos qu'après une sieste au soleil.

"Voilà donc la clef du mystère. Évidemment, il n'est pas difficile de penser que vous êtes de fait un sujet de choix pour leurs... magazines. "

Torchons aurait été plus correct, mais par égard pour Doyle - qui était aussi friand de ces petits ragots - il s'abstint d'être aussi franc du collier. Bien que l'envie ne lui en manqua pas.

" Si vous souhaitez un conseil en la matière : laissez-les venir. Donnez-leurs des miettes et menez-les en bateau le temps qu'ils se lassent. Plus vous chercherez à les fuir, plus ils tenteront de vous traquer. Quand ils auront compris que votre quotidien n'a rien d'une machine à scoop... ils se trouveront un sujet plus croustillant. Simple question de rentabilité ! La méthode a fait ses preuves"

Du moins, pour quelqu'un dont le quotidien n'avait effectivement rien d'une machine à scoop. La surprise passée, le représentant s'était machinalement remis à observer et à analyser la personne qui lui faisait face. La nouvelle chancelière était jeune, premier constat. Qui n'avait rien d'anodin si l'on se souvenait que cette fonction échouait depuis des siècles à des pontes dont la moyenne d'âge avoisinait plus facilement les soixante-ans que les trente. Ensuite, détail non négligeable encore au vu de ses prédécesseurs : c'était une femme. Tout portait à croire que la chose n'avait pas la même importance chez les jedi qu'en politique. Mais le muun nota qu'ainsi, Alyria Von accumulait un nombre considérable de paramètres la faisant apparaître comme le bantha rose dans ce troupeau noir. Il n'était pas du genre à se demander s'il s'agissait d'une bonne ou d'une mauvaise chose ! Les muuns, malgré leurs manies très traditionalistes, se préoccupaient avant toute chose de l'efficacité. Le reste était parfaitement secondaire, et à la discrétion de chacun. Alors s'il s'avérait qu'une femme jedi était efficace, Voyl se ficherait comme d'une guigne de savoir qui ou quoi.

Le problème n'était donc ni son physique ni son appartenance à un ordre mystique, mais plutôt sa ligne politique. Arrivée au pouvoir en catastrophe après l'assassinat de Valérion Scalia, le Maître Von n'avait pas jugé nécessaire de se pencher de nouveau sur les décisions prises par le défunt chancelier. Résultat, elle n'était pas spécialement bien vu dans ses sphères. Lui-même n'appréciait pas la manière dont les soit-disant élites gâtées-pourries étaient traitées par ce nouveau gouvernement. Les nationalisations avaient été vécues comme une trahison par les muuns, et les Clawback autant que les autres familles, gardaient une rancune tenace envers cette plaie à vif. Même si aucun d'eux ne se seraient amusé à le cracher à la figure d'un chancelier en plein Coruscant. Au lieu de cela, le digne héritier gardait son silence très poli, écoutait avec un intérêt non feint ce que la jeune femme avait à dire. Car au fond, il ne savait rien d'Alyria Von, ni de ses réelles capacités.

" Je préfère courir seule à cette heure. Techniquement, je suis plus qu’à même de me défendre seule … Et les premiers gardes qui ont eu le malheur de m’être affectée n’arrivaient pas à suivre le rythme avec tout leur harnachement. "

Le ton volontairement léger et les touches d'humour contraignirent Clawback à se défaire davantage de son masque, bien que ses sourires aient toujours eu quelque chose de dérangeant. La stature de l'humaine laissait présager de sa forme physique, et une large majorité de proches-humains n'aurait pas dédaigné laisser glisser un regard intéressé sur la tenue de sport à peine moulante qu'elle arborait fièrement. Même si cet armada digne d'une figure de l'holoréalité laissait l'alien qu'il était passablement froid, il ne pouvait s'empêcher d'admettre qu'elle avait de quoi déstabiliser un nombre considérable d'interlocuteur. Il se demanda une seconde ce qu'en aurait pensé son ventripotent rédacteur d'ami. Lui qui passait ses soirées à qualifier les jedi de frigides insipides... sans démentir lorgner parfois dessus. Les humains : un paradoxe ambulant.

" Enchantée, Monsieur Clawback. Je pensais faire votre connaissance dans une rencontre plus formelle … Il semblerait que je me sois trompée. Je suis Alyria Von, donc. Ce que vous savez déjà. "

Au moins, elle avait le sens de la formule. Voyl sourit poliment.

" Enchanté. Il est vrai que je n'avais pas encore eu l'honneur de me présenter à vous, je le déplore. Cependant, j'exerce la fonction de représentant auprès du gouvernement galactique depuis suffisamment longtemps pour savoir combien les emplois du temps des uns et des autres sont capricieux. Il est parfaitement normal que vous n’échappiez pas à la règle ! "

Même s'il imaginait sans mal, à voir sa tenue et ses coutumes, qu'elle s'en serait passé. Mener de front des fonctions de jedi et de chancelier devait avoir un goût particulier. Il l'imaginait sans mal, lui qui naviguait entre ses diverses attributions comme un bras mécanique sur une chaîne d'assemblage. Tandis qu'il réfléchissait en silence, la chancelière lui jetait un regard étrange. Elle semblait guetter quelque chose sur lui. Il s'en inquiéta, jusqu'à ce qu'elle lui déclare d'une voix d'un calme tout aussi étrange :

" Vous n’avez rien, hormis une ou deux contusions totalement bénignes. Je peux m’en charger, si vous le désirez. En gage … d’excuse ? "

Des contusions ? Clawback haussa rapidement une arcade. La proposition était étrange, voire très surprenante. On disait beaucoup de choses sur les jedi, mais comme toujours, faire le tri entre les légendes et la réalité était une affaire périlleuse.

"Des... ? Ah... C'est très aimable à vous, mais ce ne sera pas nécessaire. Je vais bien. "

Enfin, aussi bien qu'un souffrant de lombalgie venant de chuter de toute sa hauteur. Mais de là à se laisser ausculter par une jedi en pleine rue... L'idée n'était pas spécialement plaisante, même plutôt inquiétante. Si Clawback n'avait jamais pensé grand chose des jedi - un sujet certes intéressant mais bien loin de ses préoccupations - il s'en méfiait. Il se méfiait de beaucoup de chose, en réalité. Surtout des coïncidences. Il épousseta sa veste d'un revers de main, comme pour souligner son propos et le fait qu'il ne lui en tenait absolument pas rigueur.

" Vous n'êtes pas sur Coruscant depuis bien longtemps, si ? Je me demandais si vous connaissiez ce quartier. J'y réside depuis près de dix ans et je n'en ai pas encore fait le tour. Si vous souhaitez ne pas recroiser la route de vos fauteurs de trouble, je peux tout à fait vous indiquer un chemin plus sûr que celui-ci. Fobosi compte plus de rues que beaucoup ne le pensent ! Certaines sont d'ailleurs à usage privé. Des passerelles, entre autre. "

Dit comme ça, il se faisait l'effet d'un contrebandier dévoilant ses petits passages secrets à une âme amie. D'un geste aimable, il désigna la grande allée qu'il venait de quitter. Il n'avait pas prévu de rallonger sa balade matinale, mais au fond, ce n'était pas une proposition purement altruiste : il estimait le gain potentiel supérieur à la dépense... Il avait après tout deux bonnes heures à tuer avant sa prochaine obligation : autant les mettre à profit du mieux possible.

" Si vous préférez attendre qu'ils aient lâché l'affaire pour continuer votre chemin, je peux vous proposer une adresse d'un café bien sympathique, tranquille, à quelques rues d'ici. Cela n'aura certes pas la valeur d'une entrevue officielle au Sénat, mais ce sera toujours plus approprié qu'un simple trottoir ! En tout bien tout honneur, cela s'entend. Les sujets prétextes à nous entretenir ne manquent pas."


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Il ne fallait pas être un guérisseur averti pour sentir dans la Force que le corps de Voyl Clawback hurlait à la mort sous l’effet de cette chute qui, combinée à un état général assez peu vaillant avait pour le moins ébranlé cet édifice longiligne. Cependant, comprenant qu’il ne servirait à rien de se montrer insistante, Alyria laissa glisser le refus en conservant son sourire avenant. La plupart des gens avaient toujours une sorte de méfiance à l’égard de l’Ordre et de ses membres. Dans les cas où ce qui était en jeu résidait simplement dans une proposition de pure courtoisie, la gardienne ne voyait guère l’intérêt d’en faire un véritable cheval de bataille. Il y avait des combats plus importants que celui-là. Au fond, c’était sa perte, pas la sienne. Le muun en serait quitte pour une bonne lombalgie, et elle aurait la conscience tranquille. Elle pouvait proposer de réparer ses fautes, mais n’avait aucunement l’intention d’obliger qui que ce soit à accepter son aide, sauf cas de force majeure comme une vie en danger imminent. Evidemment, ce n’était pas le cas ici. Ils étaient quittes donc, de son point de vue.

La question du banquier lui arrache un sourire, nullement moqueur ou suffisant, mais réellement nostalgique, comme si son interrogation avait fait surgir en elle des souvenirs aussi lointains qu’heureux, ce qui était le cas, en vérité. Elle avait l’habitude que les sénateurs désirent l’aider à s’installer, la plupart supposant qu’elle avait passé toute sa vie sur Ondéron, ceux au courant de sa naissance sur Hapès s’imaginant qu’elle n’avait connu que le Consortium et la planète sur laquelle l’Ordre avait élu domicile. Bien que ce soit public, peu de gens avaient pris la peine de chercher précisément son ascendance. Et pourtant, elle expliquait beaucoup de choses à propos de la jedi, notamment son attachement sincère à la République, le cercle d’intimes qu’elle avait créé assez rapidement au Ministère de la Défense … Même son caractère ordonné, presque militaire, paraissait soudain totalement naturel, après cette révélation.

« Pour être honnête … J’ai passé une partie de mon enfance ici. Mon père était conseilleur militaire auprès du Sénat, à l’époque. La retraite dorée des généraux qui ne désirent plus aller sur le terrain, en somme. Son appartement est un peu plus au nord d’ici et quand il avait ma garde, c’est là que je résidais.

Certes, c’est assez loin, je vous l’accorde … Mais je dois reconnaître une certaine familiarité quand je déambule dans ces ruelles. »


Elle poursuivit avec une chaleur réelle dans sa voix, témoignant de son affection à l’égard du nom prononcé ensuite :

« J’y suis revenue, après, comme Chevalier. J’ai souvent été assignée à la protection de personnalités, notamment sénatoriales, comme le Sénateur Seldon d’Aldérande. A posteriori, c’est sans doute assez ironique … »

Ses lèvres s’étaient étirées en un rictus amusé, comme si la maîtresse d’armes admettait clairement que son destin tenait autant du miracle que de la farce. Objectivement, c’était un peu le cas. Née en dehors de l’espace républicain, jedi, sans aucune ambition politique, elle avait obtenu la fonction suprême sans jamais la chercher, et avec une répugnance instinctive pour tout ce qu’elle sous-entendait, sans que rien ne l’y prédispose. D’un côté, elle se targuait d’avoir choisi de servir la République, de l’aimer, de l’aider du mieux qu’elle pouvait. De l’autre … Clairement, elle n’aurait pas choisi cette façon de le faire, si elle avait pu réellement avoir son mot à dire sur le déroulement des événements, ce qui n’avait pas été le cas. Elle revoyait encore les visages horrifiés suite à l’annonce et à l’assassinat de Valérion Scalia, le silence lourd dans la pièce, l’affolement muet de Joclad … Et la chape de plomb qui s’était soudainement abattue sur ses épaules alors qu’elle comprenait soudain ce qui était en jeu.

« Néanmoins, clairement, je n’en connais pas tous les secrets et recoins … Mes passages contre les vôtres ? A nous deux, nous pourrons sans doute établir une carthographie du Fobosi de tout premier ordre ! »

Plaisanter permettait toujours de chasser les souvenirs désagréables ou les idées noires. Quand bien même leur rencontre était aussi fortuite que cordiale, Alyria avait retenu une leçon depuis ses débuts à la Chancellerie, gravée en lettres d’or dans sa mémoire : ne jamais montrer ses faiblesses … Du moins involontairement. Toute confidence devait être calculée, tout coup de mou dévoilé pour servir un but quelconque. Sinon, donner le change était essentiel. Pire, c’était quasiment un devoir inhérent à ce genre de fonctions. Peut-être était-ce pour cela, finalement, que le muun répétait aller bien. Dire le contraire aurait été aller dans le sens contraire de ce qui semblait l’arranger … Comme son ultime proposition venait de le prouver.

« En tout bien tout honneur … Je vous rassure, l’idée que le représentant du Clan Bancaire Intergalactique puisse vouloir conter fleurette à la Chancelière Suprême ne m’aurait pas traversé l’esprit. »

La plaisanterie, presque taquine, malgré sa légèreté, masquait soudain un retour sur ses gardes de la part d’Alyria, qui diffusait cette dernière par l’humour, une nouvelle, continuant d’offrir son masque le plus avenant. Cependant, immédiatement, son instinct lui soufflait de repasser en mode politicienne, ou du moins un ersatz de cela. Oh, elle ne doutait pas que l’homme du CBI avait beaucoup de sujets à discuter avec elle. Elle aurait préféré ne pas avoir à le faire avant le petit-déjeuner. Néanmoins, un espace informel de la sorte permettrait de limiter l’impact d’une rencontre. Il y avait matière à y gagner.

« Soit, puisque l’invitation est offerte si aimablement. Mais je me dois de vous prévenir charitablement : je ne parle jamais politique avant ma deuxième tasse de thé.

Il faut un peu de carburant pour alimenter ma réflexion, voyez-vous. »


Lui emboitant le pas, elle ajouta :

« Je vous suis. »

Au bout de quelques pas, soucieuse de ne pas passer le reste de leur périple dans un silence gêné, elle lança tout à trac :

« Et vous ? Je présume que votre résidence principale est Muunilinst … Coruscant a-t-elle votre préférence ? Ou bien la Bordure conserve-t-elle son charme à vos yeux ? »

L’art de la conversation, round deux.
Voyl Clawback
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Voyl n'aurait jamais pensé que la jedi pouvait être originaire de Coruscant. Non pas qu'elle n'en avait pas le profil : il aurait bien été incapable de faire la différence entre un humain coruscanti et un humain naboo. Les humains se ressemblaient tous plus ou moins, et il n'était pas anthropologue. Simplement que son attitude, son allure et le fait qu'elle préfère marcher sur des kilomètres plutôt que d'emprunter un speeder connotait un certain penchant pour la vie en plein air. Ce qui, paradoxalement, s'avérait être rarement un loisir de coruscanti. Il écouta son court récit en silence, opinant légèrement du chef à ses intonations.

" Hm, ironique. Beaucoup de choses peuvent paraître ironiques, mais elles ne sont que des conséquences logiques de configurations macroscopiques que l'on ne peut pas vraiment appréhender à l'instant que nous considérons. "

Clawback réfléchissait à voix haute, et s'empressa de secouer la tête lorsqu'il s'en aperçut.

" Sans importance. "

Il le pensait. L'enchaînement des évènements, les contretemps et l'agitation permanente finissait par lui donner des migraines, alors qu'il s'en serait passé.

"  En tout bien tout honneur … Je vous rassure, l’idée que le représentant du Clan Bancaire Intergalactique puisse vouloir conter fleurette à la Chancelière Suprême ne m’aurait pas traversé l’esprit. "

Pris de court par la répartie, Clawback perdit son sourire l'espace d'une seconde. Il n'était plus tant habitué à se voir titillé avec un air aussi joueur. En réalité, les occasions de faire de l'humour s'étaient si espacées ces dernières années qu'il en avait presque oublié ce que cela faisait, de plaisanter. Surtout pas avec des personnalités publiques. Les humains avaient vraiment de drôles d'idées...

" Bien évidemment ! "

Avait-il vraiment donné ce sens-là à ses propos ? Voilà qui ne lui ressemblait pas. Le muun se rembrunit, renfermé sur lui-même comme une huître, légèrement refroidi par sa propre réflexion. Heureusement, elle ne semblait pas offensée, plutôt de bonne humeur, autant qu'il pouvait en juger.

" Soit, puisque l’invitation est offerte si aimablement. Mais je me dois de vous prévenir charitablement : je ne parle jamais politique avant ma deuxième tasse de thé. "

L'information tira une pensée nostalgique à Voyl. Nya aussi, aimait beaucoup le thé. Elle en buvait toujours une tasse, à cinq heures très précisément - et piquait une colère s'il était cinq heure trois quand ladite tasse arrivait sur la table. Une maniaquerie qui avait bercé son enfance. Lui n'avait jamais beaucoup apprécié cette boisson, somme toute assez insipide. Il lui avait très tôt préféré le café, que l'on importait de planètes lointaines et que toute la galaxie se partageait depuis des temps immémoriaux. Même si dans son cas, on avait fini par mettre plus de café que d'eau dans la tasse, tant les effets ne s'en faisaient plus sentir à force d'en avoir abusé.

"Eh bien dans ce cas, allons chercher cette fameuse deuxième tasse. "

Ils remontèrent le long de l'avenue encore vide, éclairée seulement par le petit jour qui perçait au-dessus des gratte-ciel. La jeune femme tenta de renvoyer le turbolift en un passage qu'il jugea assez élégant, pour en avoir connu de bien pire. Il sourit légèrement à sa question.

" Et vous ? Je présume que votre résidence principale est Muunilinst … Coruscant a-t-elle votre préférence ? Ou bien la Bordure conserve-t-elle son charme à vos yeux ? "

Après un court silence méditatif, Voyl soupira légèrement, un nuage de buée en témoignage.

" Vous présumez bien, oui. Bien que je n'y retourne que très peu : mon travail me cloue sur Coruscant, et me fait voyager un peu partout le reste du temps. "

Il laissa son regard errer sur la ligne déchirée des têtes de gratte-ciel qui formait le seul horizon visible. Il en tirait une certaine satisfaction. Il faisait partie des rares aliens présents ici à pouvoir admirer cet horizon étrange et divers sans être gêné par les obstacles ou les autres passants. Les tours de Coruscant avait tantôt des courbes élégantes et polissées, tantôt aigues et agressives. Le tout formait un ensemble hétéroclite qu'il ne se lassait pas d'admirer, depuis le sol comme depuis les sommets.

" Coruscant a beaucoup d'atouts : c'est bien pour ça qu'elle est le joyau de la couronne du Noyau. Beaucoup d'activité, densité de population, voies hyperspatiales sûres et très étendues, et j'en passe... Mais malgré les ans, nous restons toujours nostalgiques de notre monde natal : je ne fais pas exception. Disons simplement que l'atmosphère et le climat n'ont pas grand chose en commun. Il serait osé de les comparer. Seule Harnaidan pourrait éventuellement avoir un vague air de famille, mais nos standards en matière d'architecture sont très éloignés de ce qu'affectionnent les coruscanti à notre époque. Le dépaysement est donc assez total, je dois dire. Mais on s'y fait, comme pour tout. "

La façade, toute de verre teintée et de bordure en métal dépoli, se fondait dans le paysage, adoptant les codes architecturaux du quartier et ses excentricités à la mode. Un large panneau, sans néon ni rien d'ostentatoire, annonçait le " Méridional Café". La large porte donnait sur un escalier. Lequel donnait accès à un hall aux teintes beiges, caractéristiques du standing des alentours. Le turbolift pour le Meridional Café se trouvait sur leur droite, et Clawback laissa la Chancelière monter en premier, comme le voulait l'usage.

" Après vous. "

La cabine, spacieuse et raffinée, donnait le la : on ne venait pas ici pour écouter des musiques électro et se saouler à coup de bouteilles. Voyl désigna le clavier derrière Alyria.

" C'est au cinquième, si je me souviens bien. "

C'était une figure de style : il s'en souvenait parfaitement. Le petit immeuble abritait plusieurs commerces de quartier Le café ne prenait qu'une toute petite partie de l'étage, et ne possédait que deux clients à cette heure matinale : eux-mêmes. Ce fut un droïde qui les accueillit.

" Un thé pour vous, certainement ? demanda-t-il à la jedi avec un sourire en coin, pour moi ce sera un café, je vous prie. Bien serré. "

Il lui laissa la primeur de choisir une place parmi les dizaines de fauteuils disposés autour de petites tables rondes couleur crème, tournées vers l'immense baie vitrée qui surplombait Fobosi au levé du jour. C'était un spectacle plutôt agréable, même si la vue n'était pas aussi dégagée que sur les hauteurs du 500 Republica.

" Bien... Par là, je pense que nous ne devrions pas être dérangés. Qu'en pensez-vous ? "

Profitant de sa question pour prendre le temps de s'asseoir avec grande précaution, il prit place en face d'elle, guettant d'un oeil sévère l'arrivée du droïde.

" Finalement, votre arrivée à la Chancellerie est un sacré coup du sort. Outre le fait que le contexte est pour le moins... perturbé, peu de personnalités de la Rotonde s'attendaient à vous voir succéder à Scalia. Je serais curieux de connaître votre point de vue sur cette décision : êtes-vous prête à reprendre le manteau laissé il y a quelques années par votre prédécesseur jedi ? La tâche s'annonce de taille. "
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Anonymous
« C’est une vision étonnamment jedi que vous présentez là, Monsieur Clawback. »

Entendre quelqu’un évoquer un destin aux manœuvres incompréhensibles à première vue extérieur à l’Ordre avait toujours quelque chose d’étonnant, d’étrange, comme une confirmation que même les non-sensitifs étaient traversés de l’intuition qu’une puissance supérieure existait, guidant leurs faits et gestes sans qu’ils ne s’en rendent compte. Pourtant, cela faisait sens, la Force était partout, après tout, sa présence chez certains étaient infinitésimale et donc non capable d’influer sur leur environnement … Mais elle était bel et bien là, cachée à leurs yeux aveugles, quand ceux de la jedi pouvaient à ce moment précis voir l’énergie mystique flotter autour du corps et de l’esprit du muun avec langueur, l’entourant d’un flot doux et léger, quoique constant, agité de soubresauts à mesure que son cerveau passait d’une réflexion à l’autre, ondoyant en suivant le rythme de ses pensées. En fait, lire ainsi dans la Force était un exercice fascinant, quoique intime et assez gênant par instant. Difficile pour autant d’y résister complètement, ne serait-ce que par simple habitude d’observer les flux autour de soi, ce qui fit qu’Alyria, plongée dans ces considérations métaphysiques, se rendit à peine compte de la rapidité de la réponse suivante de son interlocuteur. En revanche, elle perçut assez nettement son changement brusque d’humeur intérieure, et trouva la chose amusante, avant de se rétracter intérieurement en se morigénant silencieusement pour cette pointe d’humour qui aurait pu le mettre mal à l’aise. Enfin, ce qui était fait était fait.

Tandis qu’ils se mettaient en marche, le banquier répondit à sa question, évoquant des sensations familières chez la jedi. Difficile de ne pas comprendre ce dont il voulait parler, quand on menait la vie qu’elle avait. Les membres de l’Ordre étaient des déracinés permanents, voguant dans la galaxie au gré de leurs affectations dès le plus jeune âge. Au seuil de la vieillesse, ou quand leurs fonctions le leur imposaient, certains revenaient sur un des avant-postes de la confrérie, voir sur Ondéron et y restaient la plupart du temps, enseignant aux générations suivantes pour leur permettre à leur tour de parcourir les planètes de chaque système et visiter des mondes éloignés sans trop de risques. Pourtant, beaucoup conservaient une affection réelle pour Ondéron y associant leurs souvenirs d’adolescence et d’enfance, la présence d’amis parfois perdus de vue avec l’éloignement que la vie de chevaliers amenait. Passer du rang de padawan à celui de chevalier n’était pas uniquement une affaire de puissance, de préparation. C’était aussi faire face à un bouleversement de vie majeur. Désormais, il n’était pas rare d’évoluer seul, de ne rendre de compte qu’à quelques maîtres, de devoir prendre des décisions par soi-même affectant la vie des autres, de se voir séparés pendant des mois, voire des années de ceux avec qui on avait bâti sa vie auparavant : professeurs, amis … Le Temple, dans ces cas représentait un foyer, un port d’attaches pour entreposer ses souvenirs et s’en fabriquer quelques-uns, furtivement, au gré de ses retours et de ses départs. La jedi ne faisait pas exception à la règle. Elle s’était perdue dans sa jeunesse, avait grandi, mûri sans certains de ses proches comme Luuna ou Halussius, pour les retrouver des années après. Seuls étaient restés dans son paysage Gabriel et Lorn tout du long. Aussi elle finit par répondre doucement, comme absorbée par ses propres pensées :

« C’est un sentiment partagé. Enfin, Ondéron n’est pas mon monde natal … Mais je crois que la plupart des jedis ont tendance à considérer la planète comme telle. Comme un foyer lointain sur lequel nous aimons revenir, à tout le moins, quand bien même nous pouvons goûter à la diversité galactique au cours de nos existences. »

Leurs pas les menèrent à ce qui était dénommé par ses néons le Méridional Café. Tout en remerciant le muun d’affaires pour sa prévenance, puisqu’il l’avait laissée passer dans le turbolift avant d’appuyer sur la touche menant au cinquième étage, la maîtresse d’armes ne put s’empêcher de penser que l’atmosphère sobre et élégante convenait bien à quelqu’un comme Voyl Clawback. Il n’y avait pas de bruits de fond gênants, pas de couleurs trop tapageuses, bien que l’ensemble respira un luxe distingué, sans artifices ou excès coutumiers d’autres établissements. Sans doute que l’endroit devait connaître son lot de personnalités tenant à la discrétion de leurs affaires tout en appréciant se relaxer dans un endroit doté d’un certain standing. Bref, le lieu était bien choisi, lui rappelant un peu les salons d’Hapès, sans le côté ornementation excessive. Elle appréciait. Acquiesçant à la question quasiment rhétorique du muun, vu ce qu’elle lui avait dit, la jedi répliqua poliment, avec un mince sourire :

« En effet. Un calamarien, si c’est possible. Et cet endroit me semble parfait.»

S’asseyant en face de lui, elle attendit patiemment que tous deux soient installés, et alors qu’elle aurait parié qu’il attendrait le retour du droide serveur pour entamer la conversation, Voyl Clawback entra directement dans le vif du sujet. Difficile de faire plus direct, et en même temps plus compliqué. Parce qu’entre ce qu’elle pensait et ce qu’elle devait dire, il y avait parfois un gouffre qu’elle ne franchissait qu’avec un tout petit comité de personnes triées sur le volet. Heureusement, sur ce sujet précis, en particulier, elle n’avait pas réellement caché le fond de sa pensée. Croisant ses doigts devant elle, la jedi attendit quelques instants pour répondre encore, histoire d’organiser les éléments qui lui venaient en tête, avant de déclarer :

« Je ne crois pas être dans la même situation qu’Halussius Arnor … Ou même que Valérion Scalia. Tous deux ont été élu par le Sénat sur la base d’un programme précis, en temps de paix. Leur mission consistait à appliquer ce programme. Ce n’est pas mon cas. Je suis là parce qu’une personne a décidé d’assassiner le Chancelier au moment où ce dernier remaniait son gouvernement. Ce qui fait que j’ai été la première surprise du … déroulé des événements. »

Explicitant sa pensée, elle continua :

« Je ferais en sorte de maintenir la République, parce que me décharger de cette fonction sur une nouvelle personne appelée à cette fonction par le destin ne me semble pas une solution viable. Les citoyens de la République ont besoin de stabilité, ne serait-ce que pour assurer leur sécurité … Et puis, je laisserais à un ou une autre, élu cette fois, le soin de reprendre le manteau laissé par Halussius Arnor et Valérion Scalia, et d’en faire ce pour quoi il ou elle aura été élu. Ce n’est pas mon rôle … Et il me semble que l’honnêteté est de le reconnaître. Le pouvoir ne m’intéresse pas, et il n’est pas mon destin. J’assumerais la transition, sans renier ce qui a été fait avant moi. Le reste n’est guère de mon ressort … Et n’a, du reste, pas à l’être. »

Avant de demander à son tour :

« Cela répond-il à votre question ? »
Voyl Clawback
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Lui ? Résonner comme un jedi ? Voyl ne s'était jamais entendu dire pareille chose. Il ne savait pas vraiment qu'en penser. Bien sûr, il imaginait sans mal que dans sa bouche à elle, il s'agissait d'un compliment. Peut-être était-ce d'ailleurs ce qui le mettait le plus mal à l'aise à l'instant. Ils auraient dû être bien trop différents pour partager autant de choses. Auraient dû : car bizarrement, ce n'était pas le sentiment qu'il avait. Il concevait platement qu'elle tentait sans doute de faire ce que tous les politiciens faisaient : gagner sa confiance. Mais quelque chose dans son attitude était foncièrement différente. Alyria Von, en quelques minutes à peine, n'avait pas hésité à franchir la limite de la familiarité, abordant sans complexe des zones d'habitudes farouchement verrouillées par les personnalités publiques. Une attitude qui aurait mis à l'aise plus d'un gratte-papier, mais qui donnait à Voyl le sentiment de ne pas trop savoir de quel côté de la barrière se positionner. Il avait horreur de raconter sa vie : il se limitait la plupart du temps au strict nécessaire en société. Mais face à la Chancelière, face à une inconnue qui pourtant jouait la carte d'une certaine franchise, les codes étaient brouillés, et en bon cryptologue, il tentait d'en saisir le sens.

" Oh... Mm, eh bien disons plutôt que c'est une vision d'analyste, rien de plus... "

Il n'imaginait pas bien ce que pouvait être "une vision jedi". Pour lui le mot jedi avait toujours rimé avec étrange, irrationnel, mystique. Autant dire, pour un esprit scientifique et pragmatique, peu de choses intéressantes. Plutôt de l'ordre du dangereux, même. Pour Alyria, cela devait signifier bien plus. Mais Voyl était imperméable à ce genre d'empathie : comment pouvait-il en être autrement ? La Force n'était qu'un mythe et la fraternité des jedi, une sorte d'utopie qui devait bien cacher son lot de choses inavouables. On ne pouvait pas comprendre cela, uniquement le ressentir, peut-être. Autant dire qu'il n'était pas près d'accéder à ses pensées.

" C’est un sentiment partagé. Enfin, Ondéron n’est pas mon monde natal … Mais je crois que la plupart des jedis ont tendance à considérer la planète comme telle. Comme un foyer lointain sur lequel nous aimons revenir, à tout le moins, quand bien même nous pouvons goûter à la diversité galactique au cours de nos existences. "

La diversité galactique, c'était l'expression oui, même plutôt politiquement correcte. Les jedi étaient toujours des gens un peu originaux sur les bords, même quand ils essayaient de se draper dans une apparence de gens ordinaires. Voyl profitait de leur position en vis à vis pour s'imprégner de son image. Alyria Von avait tout d'une humaine classique, si l'on exceptait la prothèse qui dépassait de sa manche. Elle dégageait un curieux mélange d'assurance et de naïveté. Un peu comme une adolescente venant d'obtenir son permis speeder, pensa Voyl. Il se souvenait encore des sueurs froides qu'il avait données à son instructeur. Qui pourtant avait eu la gentillesse de passer l'éponge et de lui délivrer le sésame - dont il ne s'était jamais servi depuis.

" Je ne crois pas être dans la même situation qu’Halussius Arnor … Ou même que Valérion Scalia. Tous deux ont été élu par le Sénat sur la base d’un programme précis, en temps de paix. Leur mission consistait à appliquer ce programme. Ce n’est pas mon cas. Je suis là parce qu’une personne a décidé d’assassiner le Chancelier au moment où ce dernier remaniait son gouvernement. Ce qui fait que j’ai été la première surprise du … déroulé des événements.

- A qui le dites-vous. "

Il se souvenait très précisément du soir où la nouvelle était tombée. Sur tous les holoécrans et holoprojecteurs du Noyau, la tête de Scalia s'était abattue sur son bureau en une détonation macabre sous le regard médusé de milliards de spectateurs en direct. Les muuns exécraient la violence, et cette scène avait à l'époque choqué le civil qu'il était. Depuis, en un sens, il avait été forcé de faire évoluer sa mentalité, plus de force que de gré, mais le fait était qu'il pouvait relativiser. Il s'agissait d'un acte de guerre, même si alors, personne n'y avait cru, et qu'on continuait de nier des faits évidents.

" Je ferais en sorte de maintenir la République, parce que me décharger de cette fonction sur une nouvelle personne appelée à cette fonction par le destin ne me semble pas une solution viable. Les citoyens de la République ont besoin de stabilité, ne serait-ce que pour assurer leur sécurité … Et puis, je laisserais à un ou une autre, élu cette fois, le soin de reprendre le manteau laissé par Halussius Arnor et Valérion Scalia, et d’en faire ce pour quoi il ou elle aura été élu. Ce n’est pas mon rôle … Et il me semble que l’honnêteté est de le reconnaître. Le pouvoir ne m’intéresse pas, et il n’est pas mon destin. J’assumerais la transition, sans renier ce qui a été fait avant moi. Le reste n’est guère de mon ressort … Et n’a, du reste, pas à l’être. "

Il ne fit aucun commentaire à sa pause, se contentant d'un regard perçant et indéchiffrable. En réalité, il réfléchissait. Clawback n'était pas du genre à écouter les discours à moitié. Il analysait posément les mots chantés par la voix féminine, leur administrant un sens à partir de sa banque de données personnelle et les liaient les uns aux autres pour analyser les liens logiques qu'ils soutenaient. Ce n'est pas mon rôle, retenait son attention.

" Cela répond-il à votre question ? "

Voyl sourit à moitié en recalant ses épaules au-dessus du dossier dont il dépassait largement.

" En un sens, oui. Mais s'agit-il une réponse politique ou d'une réponse ... personnelle ? "

Il fit un geste de la main, comme s'il cherchait un autre mot. Il ne lui venait pas de mots en basic, uniquement une vieille expression muun, qu'il retint juste à temps.

" Je veux dire... j'ai l'impression que votre monde est fit d'une matrice étrange. Vos raisonnements ont quelque chose qui me laisse perplexe... "

Près de l'entrée, il jeta un regard rapide à ses deux gardes restés prudemment éloignés, mais qui, sans en avoir l'air ne les quittaient pas de l’œil. C'était le moins qu'ils puissent faire pour mériter leurs salaires. Sa réflexion fut interrompue par un "bip" sur sa droite. Un bruit de roues crissant sur le carrelage plus tard, le droïde serviteur s'arrêta au niveau de la table, un plateau en évidence.

" Un thé calamarien et un café très serré, comme demandé. Désirez-vous autre chose ? De la crème ou du sucre ? "

Clawback fit "non" de la tête, laissant son regard rattraper celui d'Alyria, lui laissant de fait l'initiative de répondre. Le muun se saisit de la tasse déposée devant lui d'un geste lent et assuré, comme s'il l'inspectait du même coup avec attention. La cuillère coincée entre les doigts, il s'appliqua à prendre une pose parfaitement protocolaire, la tasse dans une main, la cuillère dans l'autre.

" Vous savez, depuis dix ans que je fréquente la gente politique républicaine, je sais reconnaître les marques indélébiles du politiquement correct. N'y voyez absolument pas un reproche. Seulement, on ne sait plus trop que comprendre quant à votre... vision ? Vous semblez penser que ce rôle vous échoie par une sorte de coup du sort - du destin ! - et vous considérez comme une conséquence directe de cette hypothèse que refuser n'est pas une option. Ce n'est pas un raisonnement logique. C'est même parfaitement irrationnel : un choix est par définition... un choix. Une probabilité entre deux issues. Qu'il y ait une probabilité plus forte d'un côté est envisageable, mais elle ne peut en aucun cas être nulle. Sinon, il ne s'agit pas d'un choix. "

Sa voix nasillarde déclamait avec une régularité monocorde, laissant seulement apparaître de temps à autre une marque d'un étonnement authentique par une légère inflexion.

" Et pourtant, vous semblez penser qu'il y a une fatalité. Vous pouviez refuser, vous ne l'avez pas fait. En cela, je crois que je ne comprendrais jamais les jedi. Vous pensez d'une manière... biaisée, vos phrases ont toujours cette part de fatalité incompréhensible. Vous ne voulez pas le pouvoir ? Laissez-moi vous dire que vous avez tort. "

Il laissa sa phrase en suspend le temps de boire une gorgée, puis il reprit :

" Car c'est un milieu où le doute n'a pas sa place, Excellence. En cela, la politique et la finance sont deux entités jumelles. Si vos adversaires, ou même les gens qui vous soutiennent sentent que vous venez à reculons, que vous hésitez, que vous êtes mal à l'aise... ils ne vous rendront la tâche que plus difficile, voire impossible ! Personne ne veut d'une Chancellerie "par défaut". Vous êtes de fait le leader d'une nation galactique. Vous ne devez pas seulement en avoir l'habit, mais surtout le mental. C'est à cette condition que vous réussirez à reprendre le siège laissé par Scalia. C'est la seule condition à laquelle vous pourrez , comme vous le dites : "maintenir la République". Si l'Empire est à nos portes, je pense que vous comprendrez que nous n'avons pas droit à l'erreur. Moi pas plus que vous, chacun dans nos rangs..."

Jamais en reste question franchise, Voyl reconsidéra un moment le ton quasi militaire de son discours et jugea qu'il lui fallait de nouveau du café. Les ans ne l'arrangeaient pas, mais en un sens, lui donnait une inflexibilité qui se ressentait jusque dans ses mots. On hésitait de plus en plus à le contredire. Ce qui n'était pas nécessairement une bonne chose, compte tenu de certaines de ses sautes d'humeur.

" J'aime bien cette vue, commenta-t-il en observant le levé du jour par la baie, vaguement nostalgique, les couleurs du ciel ne sont jamais identiques. "

En contrebas dans une rue adjacente, dans la brume du petit matin, Voyl distingue deux silhouettes qui errent aux alentours, essayant en vain de paraître naturelles. Le manège des deux individus serait passé inaperçu au milieu d'une foule, mais en l’occurrence, les lieux étaient encore quasi déserts. D'une mine vaguement condescendante, le représentant signala leur présence à son invitée.

" Ce sont vos lascars, je suppose ? On dirait bien qu'ils ne connaissent pas le quartier. Certainement des nouveaux dans le métier... Je vous plains, en toute sincérité ! "

Le désarroi des paparazzi lui tira un sourire mauvais. Ceux-là ne devaient ni être du Daily Core, ni du Coruscant Post. Aucun des deux holojournaux n'auraient engagés d'agents aussi peu à l'aise dans la capitale. Le muun se demandait bien combien de kilomètres la Chancelière leur avait fait parcourir avant de les semer. Un bon paquet à en juger par leurs mines. Goûtant à son café, il revint à Alyria.

" Le temps qu'il se lasse, que diriez-vous de parler plus avant d'un sujet d'intérêt général ? Je vous l'ai dit, je ne suis pas politicien. En revanche, je suis économiste à mes temps perdus. Je suis donc intéressé par votre point de vue sur la question. Que pensez-vous du système économique actuel ? Des réformes faites par vos prédécesseurs ? "

Etait-elle de la trempe de ces idéalistes patentés qui voyaient le monde en noir et blanc ? Une pragmatique, une visionnaire ? Ou tout simplement... une jedi, qui ne se souciait pas vraiment de ces questions ? La réponse intriguait réellement Clawback. Von était encore "nouvelle" malgré son dernier mandat, et peut encline à donner son opinion dans la presse, même locale. Pourtant, il comptait double, désormais.
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