Nar Shaddaa, Quadrant 12DC, Kaasino Shaddaa Korp,
sur un quai d'atterrissage suspendu à des kilomètres au-dessus des bas-fonds...

- Att.. Non ! Ne m'tuez pas !

La face pâle du pau'an agenouillé est tordue de terreur. Ses larmes se mélangent à la bruine sale de la lune de Hutt. Dépouillé de ses vêtements qui le faisaient apparaître comme un négociateur chevroné, il ressemble à un insecte blanc et difforme. Il tient dans sa main son autre bras visiblement fracturé et baisse la tête devant le blaster du khil en toge brune, comme s'il pouvait ainsi échapper au châtiment. Le khil à la peau tannée d'un vert sombre sourit sous les protubérances en formes de petites tentacules qui constituent ses lèvres. Il a l'habitude de ce genre de situations. Ce sont ses préférées, et cela se voit à l'étincelle dans les globes noirs qui lui servent d'yeux. Derrière lui, deux gardes du casino, des humains en costard et au crâne rasé, font le guet en écoutant d'une oreille.

- Qui a dit que j'allais te tuer ? Nar Shaddaa s'en chargera bien assez vite pour moi.
- Je, j'ai des infos, glapit le pau'an. Des infos à faire passer à la République !
- Tiens donc, je croyais que tu étais là pour donner un message du Vénérable Jaliac au conseil des Hutt ?
- Mais oui ! Oui ! C'est juste que...

Ses derniers mots se perdent dans un murmure inaudible. Le khil se rapproche d'un pas avant de s'agenouiller près de sa victime, le canon toujours pointé vers les orbites rouges et creuses du pau'an.

- C'est juste qu'en filant des infos à la République, tu te faisais le double de pognon, c'est ça ?

Le pau'an bredouille de nouveau, sans parvenir à répondre clairement.

- Tss-tss-tss. Allons, allons. Tu vas y retourner, dans la République. Leur rapporter tes infos. Tu vas leur dire que l'Honorable Vogda enverra quelqu'un, ainsi que l'Intrépide Baakpo. Tu vois ? On est des gars coopératifs. Tout rentre dans l'ordre.

Le pau'an incrédule secoue nerveusement la tête en signe d'assentiment, tandis que le khil se relève. Il fait disparaître son blaster dans sa longue veste sombre avant de faire un signe d'une main aux gardes. L'un des deux molosses se met en mouvement, puis attrape le pau'an par le col et le soulève.

- Monsieur Vauss va te raccompagner. Mais avant, je voudrais que tu repartes avec un petit souvenir de nous, reprit le khil qui avait fait apparaître une lame dans sa main droite. Un petit quelque chose que tu pourras montrer à tes petits copains républicains.

Le khil s'approche de la victime suspendue à quelques centimètres du sol par l'humain aux muscles engoncés dans son costard. L'alien armé est maintenant si près de l'oreille du pau'an que ce dernier peut entendre poisseusement remuer les tentacules faciales du criminel.

- Tu diras aussi à tes petits amis républicains qu'on a bien vu la discrète petite danse de leur jolie flotte pour se casser l'air de rien. Où qu'ils vont tes copains ? Ca les intéresse plus de surveiller Daalang et Toydaria ? Y'a besoin de coucous sur d'autres frontières ?

Le khil sourit une nouvelle fois, puis rapproche sa lame du visage du pau'an dont les rides verticales suintent d'une transpiration malodorante.

- Bon, ils font ce qu'ils veulent... C'est pas mon problème. Mais qu'ils se disent bien que si c'est un coup fourré qui nous attend, l'Empire aura tôt fait d'être informé de ce genre de petites cachotteries. C'est que ça se revend cher, ce genre d'informations. Oh, suis-je bête. Tu dois le savoir, je parle à un professionnel... D'ailleurs, je préfère que tu arrêtes là ta carrière. D'où le petit cadeau. Pour être sûr.

Le pau'an se met à se convulser de terreur lorsque la pointe de la lame s'enfonce de quelques millimètres sur son front. Avec application, le khil lui grave de jolies lettres pour former une phrase circulaire sur le crâne livide.

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