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On le laissa entrer sans difficulté dans le palais de Vogda. De fait, les quelques miliciens de faction auraient été bien en peine de l'arrêter. Il était couvert de sang, de saleté. Il transportait le corps inerte d'une jeune humaine. Son arme pendait à sa ceinture, bien visible. Il émanait de lui une froide colère, maîtrisée, mais visible sur son visage. N'importe qui de sensé éviterait de le provoquer, au risque d'en prendre une. De fait, ils étaient intelligents. Assez pour le laisser passer sans résister. De toute façon, faire obstruction à l'émissaire impérial aurait été un peu... dangereux, pour la suite de leur carrière.

Il avait d'ailleurs l'esprit très préoccupé. Emhyr avait retrouvé ses deux soldats, morts, et avait du s'efforcer donc de pourchasser l'assassin durant le reste de la nuit. Il n'avait pas dormi, la matinée avançait bien. Bref, c'était la joie et la félicité. S'il n'y avait pas une certaine Twi'lek dans la mission, j'abandonnerais tout. Et même, c'est le genre d'informations que la République aimerait avoir. On vint le trouver, alors qu'il était encore dans les couloirs.

 « Seigneur Xarkan, soyez de nouveau le... »

 « Prenez le corps, amenez-le à votre limace préférée et annoncez mon arrivée. »

Il profita qu'on le libère du fardeau pour passer par les sanitaires de sa propre suite. Au moins histoire de se décrasser le visage, car il ne pouvait s'offrir le luxe de faire davantage. Il s'efforça de reprendre un air sérieux, puis il se dirigea à pas vifs vers la salle principale, celle où l'attendaient Vogda, Myir et l'ensemble de la cour. Le mépris d'Emhyr pour les Hutts et leur façon de faire ne faisait que s'accroître, ces derniers jours. D'autant plus qu'il n'arrivait pas à comprendre comment l'Empire pouvait traiter avec eux. C'était nécessaire, en un sens, mais quelle perte de temps. Et bon sang, quelle plaie.

Son arrivée fut tout sauf discrète, bien sur. De nombreux miliciens étaient présents, toujours, bien qu'en nombre inférieur à la dernière fois. Il y avait également plusieurs danseuses, des types un peu louches qui devaient être des contrebandiers. Bon, en soit, une vraie cour de Hutt. Devant le trône se trouvait un Trandoshan ensanglanté. A ses pieds, une flaque de sang, que deux droïdes nettoyaient. Un droïde protocolaire se tenait debout à côté de Vogda, lequel était encore plus moche et immense que la fois d'avant. Mais de fait, le Jedi gris ne regardait que la Twi'lek assise, le dos bien droit, à côté. Elle vait l'air exténuée, ce qui le contraria. Il lui envoya une vague d'apaisement à travers la Force, pour lui assurer qu'il allait bien.

 « L'honorable Vogda tient à vous féliciter pour la réussite des deux tâches. Il vous fait savoir, ainsi qu'à votre Dame, qu'il se sent beaucoup plus apte à faire confiance à l'Empire, maintenant que ses agents ont prouvé leur bonne volonté. »

Un air de profond ennui se forma sur le visage d'Emhyr.

 « Vous m'en voyez ravi. Maintenant, si ça ne vous dérange pas, j'aimerais qu'on accorde à la princesse et à moi-même un peu de repos. Loin de moi l'idée de vous dicter vos actes et vos paroles mais... ouais, en fait, si, je vais le faire. Laissez-nous du temps pour nous reposer. »

Bref échange incrédule entre la limace et le robot.

 « L'honorable Vogda dit qu'il se sent insulté par votre impertinence, et... »

 « Dois-je vraiment rappeler au Hutt que c'est lui qui nous a menti ? Qu'il a délibérément mis ma vie, et celle de la princesse, en danger ? Il souhaite ce mariage autant que nous, non ? Alors qu'il nous laisse un peu de répit. On a fait son sale travail, et on l'a bien fait. Lui, il ne tient pas sa parole. Alors qu'il ferme un peu sa grosse bouche pleine de bave. Ou j'informerais l'Impératrice en personne que Vogda souhaite du mal à l'Empire et à une de ses Dames. »

L'assemblée s'agita, au fur et à mesure que les paroles étaient traduites. Visiblement, le Hutt n'apprécia absolument pas de se faire dicter ses faits et gestes. Mais il fut forcé d'admettre qu'Emhyr avait raison. Si bien qu'il leur accorda jusqu'au soir, à eux deux, pour se poser. C'était plus que suffisant. Emhyr attendit donc que la Twi'lek le rejoigne, et ils se dirigèrent vers la suite de la Sith. Ce n'est qu'une fois arrivés, et donc en relative sécurité et à l'abri, que lui-même s'affala dans un fauteuil, se passant une main sur le visage.

 « Bon sang, quelle horreur ce type. J'ai entendu parler de vos exploits, au palais de Malaka. Mais racontez-moi tout votre périple. Je suis curieux de voir à quel point Vogda a cherché à vous... impressionner. »
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La Twi’lek se laissa tomber dans le fauteuil en face d’Emhyr, soulagée de n’avoir enfin plus à soutenir les regards et faire bonne figure. Le pseudo-émissaire de l’Empire avait visiblement accompli sa mission, lui aussi. A son ton mordant face au Hutt, Myir avait deviné que de son côté non plus, tout ne s’était pas passé comme prévu. Il avait la mine lasse. Encore plus que d’habitude, s’entendait.

- Mes exploits ? répéta-t-elle, amère. C’était un fiasco diplomatique et j’ai sauvé notre peau dans un carnage. Il n’y a aucun exploit là-dedans.

Elle soupira avant de se pencher en avant pour mettre ses mains dans son visage, le temps de quelques secondes. Fermer les yeux sur ce palais ignoble. Mais la douleur, ici et là, la pourchassait, comme des souvenirs, des rappels enfoncés dans son corps tels des aiguilles brûlantes. Son visage était chaud, remarqua-t-elle avec un frisson. De la fièvre ? Ca n’augurait rien de bon. Mais elle se redressa néanmoins. Il n’était pas plus judicieux de paraître affaiblie devant Emhyr que devant la cour de Vogda, supposait-elle, même si les risques étaient moins grands.

- Vogda n’a pas été très honnête, comme nous nous y attendions, expliqua-t-elle. Il m’a emmenée sur Vaathkree, sans prévenir, pour une petite visite. Il s’agit de sa planète prison. Ou plutôt, de sa planète de mise à mort. Il fait jeter ses ennemis dans une atmosphère toxique, et il les regarde mourir lentement. Il voulait voir si cela me décontenançait, j’imagine. J’ai dû riposter lors du festin du soir, tuer un de ses sbires un peu trop entreprenant pour lui montrer que la cruauté n’était pas exactement ce qui me ferait changer d’avis.

Elle évita d’entrer dans les détails de l’épisode du dévaronien, mais passa toutefois pensivement le bout de sa langue sur la plaie de sa lèvre. Cela picotait. Puis elle haussa les épaules.

- Il a commencé à percevoir en moi une menace et une arme potentielle à la fois, j’imagine. Lorsque j’ai compris qu’il ne voulait pas récupérer le palais de Malaka, j’ai flairé qu’il ne devait pas exactement être devenu le maître du Kajiidic… Alors je l’ai provoqué pour qu’il réclame sa place.

Myir secoua la tête négativement. Oui, c’était elle qui avait choisi leur destination mortelle. Quelle stupidité.

- Nous nous sommes donc rendus à bord de la station spatiale de Malaka. L’oncle Hutt devait craindre suffisamment de monde pour décider de ne pas s’installer de manière statique, afin de rendre difficile sa localisation. Mais son neveu n’était pas censé être une menace… Là-bas, l’ancienne garde de Malaka occupait l’espace. Vogda et eux se sont mutuellement accusés d’être à l’origine de la mort de Malaka.


Elle écarta les paumes de ses mains en signe d’impuissance. Elle ne savait guère qui des deux avait dit la vérité. Cela avait-il une quelconque importance ?

- Bref, les mercenaires, des ex-impériaux, étaient nerveux. Vogda en a rajouté en me présentant comme une menace. Il y a eu une escalade dans le ton, et on est passé rapidement à la pratique. Le Hutt avait de quoi se protéger avec son chariot répulseur, mais la plupart de ses hommes sont morts. L’interprète est mort. Mes quatre soldats sont morts. La bande de déserteurs impériaux aussi. Vogda n’a plus aucune raison de ne pas posséder le kajiidic d’un bout à l’autre, je crois, s’il est assez malin.

Elle était d’avis qu’il n’était pas si futé que l’avait été Malaka. Saurait-il tirer son épingle du jeu face aux autres Hutt ? S’il essayait de rouler l’Empire… Myir reviendrait l’égorger en personne.

- Bref, avec tout ce qui s’est passé, il me craint désormais. Me surestime peut-être aussi, et c’est le moment d’en profiter.

La Twi’lek se leva, déterminée, et se rendit vers un petit bar. Elle y trouva quelques alcools forts, de l’eau, des verres. Elle en prit un et une bouteille d’alcool fort, qu’elle déposa sur la table entre les deux fauteuils, avant d’aller chercher un linge dans la pièce d’eau. Lorsqu’elle revint, elle croisa le regard d’Emhyr.

- Ne vous réjouissez pas trop vite, ce n’est pas pour boire, ironisa-t-elle avant de se rasseoir. Mais je vais avoir besoin de votre aide.

Elle retira le gilet de mailles qui couvrait ses épaules, et entreprit avec une grimace de retirer le double pansement qu’elle s’était fait près du cou. Le tir de blaster avait traversé, selon une fine ligne, sa peau bleue avait été transpercée près de la clavicule, au-dessus de sa poitrine, et était ressortie dans son dos au-dessus de l’omoplate. Aucun ligament n’avait dû, par chance, être touché, puisqu’elle pouvait bouger son bras bien que ce fut douloureux, mais il lui était impossible de nettoyer la plaie qui se trouvait en haut de son dos. Après avoir servi l’alcool dans le verre, elle y trempa une pointe du linge et l’appliqua sur son épaule avec délicatesse. Sa plaie lui sembla s’enflammer et elle déglutit en supportant la douleur. Sa peau aux reflets de saphir frissonna, et elle expira silencieusement. Lorsqu’elle rouvrit ses yeux hagards, elle les braqua sur Emhyr.

- Pourriez-vous faire la même chose ici ?
lui demanda-t-elle en désignant l’endroit où le tir était ressorti. J’ai des signes d’infection. Début de fièvre. Il faut désinfecter avant que ça n'aille plus loin.

Elle savait qu’elle aurait dû cautériser la plaie juste après la bataille, à l’aide éventuellement de son sabre, afin d’éviter ce genre de problèmes. Mais épuisée, elle ne l’avait pas fait, et il ne servait plus rien à maintenant de refermer une plaie qui avait commencé à s’infecter. Il fallait toutefois agir vite.

- A votre tour de raconter. J’ai l’impression que ça ne s’est pas tout à fait bien passé pour vous non plus.

Son récit la détournerait peut-être de la souffrance infligée par l’alcool. Après quoi, une petite couche de kolto avant de refaire un pansement propre et sa plaie serait comme neuve.
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En s'approchant de Myir – à une distance complètement déraisonnable, qui plus est – il put constater avec un mélange d'anxiété et de colère l'étendue des dégâts. Il vit le lekku affaibli, le corps meurtri et la plaie mal cautérisée. Il lui prit la serviette des mains, puis se plaça juste dans son dos. En d'autres circonstances, il aurait été ravi, mais là, moins. Il s'efforça d'oublier ces étranges pensées, qui ne convenaient définitivement pas, et il examina la blessure. Ce qu'il vit le fit grimacer.

 « Vous vous en doutez mais... la plaie est presque infectée. Vous n'avez pas eu de chance. D'ordinaire, les blessures au laser brûlent tellement que la chair cautérise instantanément, et les seuls risques d'infection viennent des tissus brûlés. Là, en l'occurrence, votre vêtement a... brûlé et endommagé votre délicate peau azur. Du coup, infection car ça saigne. Je vais vous nettoyer ça. Je vous conseille de serrer les dents. Et évitez de me frapper. »

Il posa délicatement sa main libre, la droite, sur la jonction de son cou et de son épaule droite, intacte. D'ordinaire, un tel geste, doux comme il était, aurait sûrement énervé la Twi'lek. Mais là, il la sentit juste frissonner au contact, et, tâchant d'ignorer ce que lui-même ressentait sur l'instant, Emhyr serra un peu. Une prise douce, mais ferme.

 « A trois. Un, deux... »

Il n'attendit pas le trois, et appuya avec le linge imbibé sur la blessure. Aussitôt, Myir se cabra, tendue comme un ressort, et elle grogna. Il continua de presser le linge sale sur les zones infectés, finissant par arracher un petit cri de douleur. Il espérait qu'elle ne lui en tiendrait pas rigueur, car il n'y avait pas été doucement, volontairement. La blessure pouvait vite devenir un grave problème, et il souhaitait donc s'assurer que ça ne s'infecte pas. Il relâcha la pression de sa main droite, avant de laisser tomber le linge. Il laissa sa main sur l'épaule libre un peu plus longtemps que nécessaire, puis s'écarta.

 « Maintenant, vous restez debout comme ça bien gentiment. Je vais vous faire votre bandage. »

Il prit de quoi réaliser un truc propre et sans risque, puis tendit un verre d'un alcool léger à Myir. Il avait préféré ne pas raconter ses mésaventures durant la première phase, pour qu'elle soit pleinement consciente de ses soins. Maintenant, il pouvait s'en ficher un peu.

 « Au début, j'étais un peu révolté de devoir jouer le larbin. Je suis censé être un Sith, en plus. Vogda voulait que je fasse son sale boulot : récupérer une ferme hydroponique abandonnée, et retrouver son esclave personnel. Il m'a menti sur les deux tableaux, d'ailleurs. Mais commençons par la ferme. Levez votre bras, s'il vous plaît. »

Il passa le bandage tour autour de l'épaule, de sorte à ce qu'il couvre bien toutes les zones blessées, que ce soit devant ou derrière.

 « Il m'a dit que la ferme était tenue par des rebelles. Dans la pratique, c'était un pauvre vieux, et sa famille. Une femme,et une gamine. Dès que je suis arrivé, j'ai senti qu'il y avait un problème ; en dehors du fait que c'était pas ce que Vogda disait. Je me suis rapidement expliqué avec le vieux, qui a commis l'erreur de mentir. De plus, c'était un misérable qui battait sa femme et sa fille. Toutes les deux sont, normalement, saines et sauves, Vogda a sa ferme, et le petit merdeux gît au soleil, la peau probablement aussi cramée que celle d'un Tusken. »

Il ignorait ce qui lui paraissait aussi sinistre : le fait qu'il ait fait ça, ou le fait qu'il le disait sur un ton complètement détaché, comme si c'était normal.

 « S'ensuivit la poursuite de l'esclave. Un enfer, même si nettement moins perturbant que le vôtre. J'ai été obligé de la tuer. Je ne le cache pas, j'aurais bien voulu l'aider à s'enfuir. Mais elle menaçait notre mission, et qui plus est... elle m'a attaqué. Bref. Elle est morte, et Vogda a eu ce qu'il voulait. Ce qui veut dire que maintenant, on peut passer à la phase d'accord. Voilà, votre bandage est tout propre. Asseyez-vous, vous avez l'air épuisée. »

Il lui dit cela d'un ton doux, comme un médecin devant un patient. Y avait-il des hôpitaux comme dans la République, dans l'Empire ? Un médecin doux et attentionné, qui cherchait à rassurer le patient ? Il espérait. Sinon, ce serait une bien triste société. Il s'assit sur le fauteuil en face de la Twi'lek.

 « Bon. On va profiter du temps offert pour qu'on puisse se reposer. J'ai besoin d'une vapodouche, de sommeil, et vous... encore plus. Mais avant cela, mettons au point notre plan. Sommes-nous toujours d'accord pour un petit domaine sur Dromund Kaas, et une esclave Twi'lek qui serait votre sosie ? Odium a trouvé un petit terrain sympathique pour la limace. Quant à votre sosie... la chirurgie fait des merveilles. Et une esclave ne verra pas d'objection à prendre votre rôle. »

Il se leva, et s'étira. Il avait mal partout, maintenant que la fatigue commençait à se faire cruellement sentir. Il se gratta les joues. Il n'avait pas eu le temps de se raser ces derniers jours, et donc ça repoussait un peu. Tant pis, il aimait bien le côté barbe de trois jours. Ca plaisait bien aussi aux femmes.

 « Si vous n'avez aucune objection... allons nous reposer. On négociera ce soir avec le Hutt. »
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Délicate peau azur… C’était bien la première fois qu’elle recevait une remarque pareille. Était-ce un compliment ? Non, probablement un sarcasme d’Emhyr. Il avait des gestes précis, soigneux, doux aussi lorsqu’il saisit son épaule. La Twi’lek tâcha de se détendre, de ne pas craindre la douleur qui allait venir, ni de laisser son estomac se nouer étrangement au contact des doigts de l’humain. Elle n’eût guère à se forcer longtemps. La souffrance apparût, déchirante, et lui arracha quelques grognements, la crispation de ses membres, la respiration précipitée, un cri de douleur. Elle sembla interminable. Même lorsqu’Emhyr retira le linge, sa plaie la brûlait encore et elle dût serrer les dents et les poings. Le buste endolori, elle lui obéit néanmoins et se tint debout, immobile, en attendant que la douleur s’efface. Distraitement, elle écouta le récit.

La Twi'lek s’étonna du contraste entre le contenu et la forme qu’il y mettait. Il paraît de sa contrariété, de l’insolence et la malhonnêteté des uns et des autres, de scènes macabres également. Et pourtant, son intonation restée blasée, neutre, comme si ses propres émotions le touchaient à peine. Elle se demanda vaguement ce que cela pouvait signifier. Qu’il acceptait, qu’il se résignait ? Que c’était peut-être son mode de survie, depuis toutes ces années. D’encaisser sur un ton égal.

Myir leva un bras, sentit de nouveau les mains d’Emhyr qui faisaient leur travail minutieux, frôlant parfois sa peau. Non que cela fût sensuel, bien sûr. Ce n’était qu’un acte de soin médical. C’était juste qu’elle n’avait pas l’habitude que quelqu’un s’occupât d’elle. Plus précisément, de son corps lorsqu’il était ainsi : meurtri. Au centre médical du Temple Jedi, les droïdes s’étaient occupés de la rafistoler. C’était différent. C’était plus rapide. Mais moins réconfortant.

- Merci, souffla-t-elle simplement en se rasseyant, évitant de croiser son regard tandis qu’elle remettait son châle par-dessus son bandage neuf, dissimulant de nouveau partiellement ses courbes revêtues seulement de ses sous-vêtements.

La Twi’lek nota dans un coin de sa tête qu’Emhyr avait tué. Il avait tué pour l’Empire. Elle se demanda s’il était toujours dupe de sa propre situation, s’il pensait toujours être un être indépendant, détaché du côté obscur ou lumineux de la Force. Elle ne l’embêterait pas avec ces questions-là. C’était un cheminement intérieur à faire seul, qui pouvait être douloureux. Elle en savait quelque chose.

- Vous lui avez prouvé que nous sommes à prendre au sérieux, Emhyr, c’est tout ce qui compte, dit-elle néanmoins.

Elle ne savait pas si ces paroles lui seraient agaçantes ou réconfortantes. Myir n’avait jamais su prendre les gens dans le bon sens, de toute manière. Elle n’avait jamais fait d’efforts pour prendre les gens tout court, il fallait être honnête, et il était trop tard pour apprendre.

- Le plan me convient,
acquiesça-t-elle. Demain, nous pourrons présenter à Vogda les termes du mariage, et le forcer au passage à faire reprendre rapidement les échanges avec l’Empire, avant la cérémonie.

Cela ne durerait qu’un temps. Sans le mariage, Vogda ferait machine arrière à la première occasion. D’où l’importance de l’amener à réaliser réellement la cérémonie, après quoi leur accord commercial serait scellé, et il n’oserait plus le rompre aussi aisément. Pas s’il ne voulait pas perdre ses terres impériales… Et revoir sa douce et tendre.

- Ainsi, nous aurons quelque garantie à fournir au Seigneur Odium sur le fonctionnement de notre plan. Je pense qu’il sera satisfait.

Myir se leva du siège à la suite d’Emhyr.

- La chambre assignée aux soldats est libre, désormais, lui dit-elle, morose. Vous devriez la prendre. Comme ils ne sont plus là pour garder un œil ouvert, j’aime autant que nous soyons à portée l’un de l’autre, au cas où. Il n’est pas exclus que des membres de la cour de Vogda ne veuille encore notre peau, mieux vaut être vigilant. Bonne nuit, Emhyr.

La chambre de Myir et la chambre prêtée aux gardes étaient à quelques pas l’une de l’autre. La Twi’lek se glissa dans la sienne et fit glisser le panneau coulissant pour la refermer, veillant toutefois à laisser un interstice suffisamment grand pour qu’un bruit suspect dans leurs quartiers pût éventuellement éveiller ses soupçons dans la nuit. Puis elle se dévêtit, jeta un œil à son reflet abîmé et épuisé dans un miroir. Délicate peau azur ? Elle ne voyait que ses hématomes, ses bandages, la sueur à ses tempes. Perplexe, elle prit une vapodouche avant de revenir à son lit et ses glisser dans les draps rugueux.

Etre allongée faisait du bien. Avoir un ami fiable à portée aussi. Un allié, se corrigea-t-elle, pas un ami.

Myir sombra dans un sommeil épais.
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La journée défila lentement, alors qu'il dormait d'un sommeil agité. Combien de fois s'était-il réveillé ? Une bonne dizaine de fois, au moins. Il ne cessait de repenser à ce qui s'était passé durant ces derniers jours. Etait-il plus ou moins en train de sombrer ? Il avait tué, et délibérément laissé pour mort un misérable. Ce n'était pas quelque chose qu'il aurait fait, avant. Non, sûrement pas. Il aurait réussi à trouver un moyen d'arranger les choses. Bon, déjà, il se serait pas retrouvé ici, sur cette foutue planète, avec une Sith, à jouer au Sith... bref, à être tout ce qu'il n'était pas.

Le soir tombait, à l'extérieur, et il s'extirpa donc de son sommeil. Il se sentait encore tout courbaturé, et pourtant il restait une dure épreuve à traverser. Renégocier les accords commerciaux. Il s'agissait d'une perte de temps, selon Emhyr, mais il n'avait pas à discuter tout ça. Après tout, la directive initiale venait de l'Impératrice, et ce simple fait suffisait à calmer toute tentative de rébellion. Il ne tenait pas à mourir bêtement, alors qu'il était encore en pleine évaluation de sa potentielle utilité. Il aurait la tête sur le billot encore bien longtemps, cela dit.

Il alla prendre une vapodouche. Une fois dessous, il se laissa aller contre la paroi, fermant les yeux. Il commença une introspection, avec la Force, mais ne découvrit rien de bien encourageant. Il se sentait épuisé physiquement et psychiquement, affaibli. Il était perdu dans ses innombrables pensées, incapable de déterminer ce qu'il souhaitait réellement faire, maintenant qu'il était chez les Sith. Il savait quelles options s'offraient à lui. Mais il ne savait toujours pas laquelle lui correspondrait le mieux. Il était véritablement curieux, et avide d'apprendre des choses sur l'Empire et les Sith. Et pas forcément dans l'intention de livrer de telles informations à la République. Cette dernière restait son foyer initial, qu'il avait défendu longtemps. Maintenant il œuvrait avec son ennemi. Contre lequel il avait lutté plusieurs fois. Il n'y avait pas grand chose à faire, de toute façon. Il ne pourrait décider de ce qu'il voulait réellement que lorsqu'il... quoi ? Lorsqu'il serait obligé de choisir ?

Il préférait avoir à choisir avant.

 « Elle me laisserait sûrement choisir. Pour me tuer si je fais le mauvais. »

Il se parlait à lui-même, et évidemment à propos de la Twi'lek de l'autre côté du mur. Dormait-elle encore ? Il semblait que oui. Comment faisait-elle pour dormir aussi profondément, alors que lui-même ne parvenait plus à fermer l’œil plus de deux ou trois heures d'affilée ? Probablement parce qu'elle, si elle ressentait un quelconque dilemme – il espérait que ce soit le cas – elle ne le montrait pas. Myir acceptait certainement cette confusion comme normale, car elle avait été autre chose, avant. Lui aussi. Mais il n'avait pas succombé, pas encore. Pas complètement serait plus vrai.

Il n'avait pas vraiment besoin de son introspection pour sentir l'influence sombre du Côté Obscur. Ca n'avait rien à voir avec une quelconque force dominatrice, comme le pensaient les Sith. Il sentait juste les nuances beaucoup plus sombres de ses nouvelles connaissances, par rapport aux anciennes. Il maîtrisait le cri de Force, difficilement appris. Il n'avait heureusement jamais eu à s'en servir. Il était à peu près persuadé qu'il n'était pas prêt à le faire sans risque. Quel était ce risque, au juste ? Succomber à la philosophie Sith. Etre convaincu que seul le Côté Obscur peut m'aider. Mais je connais la vérité, moi. Je sais que ni le Lumineux ni l’Obscur ne peut faire quoique ce soit. Les deux forment un ensemble de gris, et c'est là la vraie nature de la Force. C'était à lui de choisir sa voie. De ne pas se laisser détourner.

De nouveau présentable - hormis la barbe, mais ça, il s'en foutait complètement – il se vêtit de sa bure noire, puis sortit de sa chambre. Il n'y pensait plus, mais les soldats étaient morts dans cette stupide mission, aussi. C'était malheureux. Mais il n'y pouvait plus rien, maintenant. Il alla voir à la porte de la chambre de Myir. Elle dormait encore. La nuit serait là d'ici une heure ou deux, il valait mieux qu'elle se réveille. Il hésita. S'il y allait, elle pourrait très mal le prendre. Mais d'un autre côté, ils avaient eu une journée de sommeil tranquille, sans problème extérieur. Ils devaient se montrer à l'heure.

 « Et puis, ce n'était pas comme si j'étais là pour me glisser dans son lit. » murmura-t-il pour lui-même.

Elle avait l'air tellement sereine, endormie, qu'il eut de la peine de devoir la réveiller. Bon, il l'avait toujours trouvée belle, mais dans son sommeil... c'était différent. La Twi'lek n'avait rien à voir avec la guerrière féroce et corrompue par le Côté Obscur. Là, elle ressemblait à n'importe quelle femme de son âge – quel âge avait-il, d'ailleurs ? - et pas du tout à une utilisatrice de la Force. Elle était juste... normale. Il ne put s'empêcher d'avoir un léger sourire. C'était tentant de se glisser dans le lit, mais...

Elle avait les yeux qui s'ouvraient. Il ne bougea pas, se contentant de tendre la main en un geste calme. Sans se dépêtrer de son sourire, il parla d'une voix rassurante. Inutile de lui donner un motif de le frapper.

 « Doucement, très chère. Le soir est arrivé, il faut vous lever. J'ai juste estimé que... eh bien, qu'il fallait que je vous réveille plutôt que ce soit le Hutt. Je suis nettement plus attirant que lui. »

Il afficha un air gêné, du fait que la couverture manquait de glisser et de dévoiler ce qu'il y avait en-dessous. Il s'éloigna donc en reculant.

 « Je vais vous attendre dehors. Ensuite, nous retournerons voir le Hutt. »
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Myir s’était éveillée plusieurs fois dans la journée, sortie brutalement du sommeil par des cauchemars ou de simples craintes, pressentiments qui la faisaient sursauter désagréablement. Comme lorsque l’on se réveille brusquement en pensant tomber en rêve, la Twi’lek était régulièrement assaillie par la sensation d’être poursuivie, d’être rattrapée par une main obscure qui, prête à s’emparer d’elle, allait la ramener à un passé confus et douloureux.

Pourtant, une énième fois, elle sentit une présence et ouvrit grands les yeux, ses doigts resserrant brusquement leur étreinte sur les draps. Elle était prête à bondir et se défendre, prête aussi à se résigner à ce que ce ne soit un rêve. Mais dans son champ de vision s’était matérialisé Emhyr, et elle fut ramenée à la réalité. Aucun son ne sortit de sa gorge. Elle se contenta de le regarder, dénuée d’émotions, tandis qu’il se justifiait. Avec une plaisanterie douteuse, comme toujours, qui ne la faisait pas rire, comme toujours. Elle soupira en acquiesçant.

- J’arrive, croassa-t-elle avant de se redresser, veillant à garder les draps remontés au-dessus de sa poitrine, tandis que l’humain reculait.

Il y eut un étrange instant silencieux où leurs regards restèrent accrochés l’un à l’autre. Lui qui reculait prudemment, elle qui le regardait faire, intriguée et lasse à la fois. Il referma le panneau derrière lui, et la Twi’lek prit une longue inspiration. Emhyr l’avait tirée de ses songes qui faisaient désormais place à la triste réalité : cette chambre morne dans un palais piteux sur Klatooïne. Pourtant, elle ne se sentit pas si découragée. Ses douleurs s’étaient calmées, la fièvre avait totalement disparu. Les soins prodigués par son voisin de palier avaient été efficaces.

Après une toilette rapide, elle se maquilla les yeux, puis fouilla la caisse de vêtements qui lui avait été fournie. Elle dénicha une robe claire comme le sable et relativement dénuée d’ornement. Les seules touches de vulgarité selon elle en étaient la fente qui remontait le long d’une cuisse et le décolleté scandaleux. Il n’y avait pas de vêtements classes, de toute façon, se résigna la jeune twi’lek. Il faudrait qu’elle joue à la séductrice encore quelques heures, voire quelques jours, mais le temps lui semblait long. Une fois prête, elle quitta enfin sa chambre pour rejoindre Emhyr. Il n’y avait plus de vérification auprès de lui pour savoir si sa tenue convenait. Ils n’avaient pas le choix, cela devait convenir.

- Je suis prête,
déclara-t-elle, avant d’enchaîner, j’ai réfléchi. Je compte proposer à Vogda que le mariage se déroule dans l’Empire. Comme si ça me tenait à cœur. Il aura certainement peur de s’y rendre, et il risque de refuser. Si c’est le cas, cela nous fera quelque chose à lui concéder pour lui faire accepter d’autres choses. Si par miracle il accepte de se rendre en personne en territoire impérial… Ça n’en sera que plus facile, puisqu’il nous suffira de sous-entendre que s’il souhaite être en sécurité au sein de l’Empire, alors il devra être plutôt conciliant avec nous.

Elle avait pensé à tout cela en se préparant. Son cerveau et son corps étaient de retour, prêts à l’attaque. La Twi’lek consulta Emhyr du regard.

- Si cela vous convient… Allons-y.


Myir prit la tête de leur duo pour rejoindre la salle principale où se tenait Vogda. Il beuglait d’un air enjoué. A ses côtés, le trandoshan exhibait fièrement son moignon, d’où sortaient des protubérances minuscules… Ses doigts qui repoussaient. Myir leva les yeux au ciel avant de venir se planter face au Hutt, sous les yeux curieux de l’assemblée. Celui-ci désigna de son petit bras boudiné le siège à ses côtés, préparé spécialement pour elle. La Twi’lek secoua la tête pour refuser.

- L’Honorable Vogda…
- Avant de prendre place à ses côtés, l’émissaire impérial et moi-même avons des choses à négocier avec Vogda, déclara-t-elle.

Le droïde traduisit, et le Hutt acquiesça. Il fit un signe agacé à un musicien bith, qui interrompit son morceau de flute strident. Myir sut donc qu’elle n’avait pas seulement l’attention du Hutt, mais aussi des mercenaires, qui auraient ou non un intérêt à ce que ces négociations aboutissent.

- Honorable Vogda, débuta-t-elle froidement, sans s’embarrasser cette fois de battements de cils ou de quelconque artifice pour le séduire. J’ai fait mes preuves à votre égard : je suis une femme puissante, qui ne craint ni votre cruauté ni la force de vos ennemis, et à qui vous devez la vie. L’émissaire a quant à lui prouvé que l’Empire soutenait votre entreprise et votre règne au sein de ce kajiidic.

Le Hutt acquiesça, et attendit la suite. Il sentait venir la négociation, il voulait avoir toutes les billes en main avant de plaider son cas. Il était odieux, puant, gluant… Mais pas dénué d’intelligence. Cela, la Twi’lek le reconnaissait.

- Quant à vous, vous nous avez prouvé que vous étiez bien le maître de cette zone de la galaxie, et que vous receliez de ressources intéressantes pour l’Empire. Nous nous retrouvons donc dans la même situation que lors de notre arrivée ici… La confiance en plus.

Mon lekku, songea-t-elle malgré elle. Jamais elle ne ferait confiance à une larve qui lui avait joué des tours pareils. Mais le discours sembla plaire à Vogda, qui approuva dans sa langue ronflante.

- Nous vous réitérons donc notre demande : rétablissons immédiatement des accords de commerce stables avec l’Empire, afin de satisfaire l’Impératrice dans un délai court. A des fins plus stratégiques, Honorable Vogda, je vous propose de m’unir à vous par le Jasshi'rr. De cette manière, je consens à faire de vous le maître de mes terres à mes côtés. Qu’en dites-vous ?


Le Hutt eut un échange houleux avec le droïde. Myir sentait qu’il tergiversait. Cette petite ordure cherchait à tirer le maximum de la situation. Il boirait jusqu’à la dernière goutte tout ce qu’il était capable d’extirper. La Twi’lek fut prise d’un élan de dégoût, mais elle conserva son masque impassible.

- L’Honorable Vogda dit que l’émissaire de l’Empire vous contrôle peut-être.


Pour la première fois depuis des jours, Myir eut un bref éclat de rire. Elle, contrôlée par Emhyr ? Quelle idée saugrenue ! S’ils savaient que c’était lui son prisonnier…

- Complètement absurde, rétorqua-t-elle froidement, retrouvant instantanément son sérieux.
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Lui, contrôler Myir ? Il aurait bien voulu avoir la moindre influence sur elle, mais hormis peut-être un peu de charme, il n'en avait aucune. Il était son prisonnier de guerre, placé sous sa responsabilité le temps qu'on le juge apte à voler de ses propres ailes. Il jouait un rôle qui n'était absolument pas le sien. Bon, il mentirait en disant qu'il ne se sentait pas mieux à agir ainsi que de rester dans une cellule... mais quand même. L'idée qu'il puisse contrôler la soi-disant princesse Sith était risible. Vogda était-il mal informé des rapports de force ? Elle avait la plus haute autorité. Il devait considérer qu'étant une femme, elle ne pouvait être mise en avant par rapport à lui. Absurde, comme elle le disait.

Il allait devoir intervenir, pour rectifier l'erreur.

 « Honorable Vogda, sachez que je suis ici au nom de l'Impératrice pour protéger la princesse, et non pour la contrôler. En vérité, elle dispose d'une autorité plus grande que la mienne. Mais ne nous arrêtons pas à des détails aussi futiles ! Et passons aux choses plus sérieuses, qui nous préoccupent tous ici. Plus vite nous en aurons terminé, plus vite le mariage pourra être célébré. »

Il sortit un datapad, et constata avec satisfaction qu'Odium avait fourni tous les détails des accords, ainsi que toutes les informations sur le domaine qu'ils allaient confier ce gros Hutt. Un truc entouré de bêtes sauvages. Un puisant domaine pour un type comme Vogda. Mais rien, aux yeux de la noblesse impériale.

 « Conformément au souhait de l'Impératrice, l'accord commercial existant entre votre organisation et l'Empire pourra donc reprendre, si telle est également votre volonté. Pour rappel, voici l'accord : les Hutts s'engagent à fournir l'intégralité du matériel républicain qu'ils obtiennent, plus des esclaves, ainsi des doses quotidiennes de bacta. En échange de quoi, l'Empire fournit aux Hutts des armes pour ses soldats, ainsi que des composants pour vaisseaux. Avec modification, le nouvel accord stipule que l'Empire concède à l'honorable Vogda un domaine sur Dromund Kaas, ainsi que son mariage avec Dame A'Eyan. Vous pourrez habiter votre domaine comme vous l'entendez, quand vous le souhaiterez. Il sera toutefois toujours considéré comme territoire impérial. Cela vous convient-il ? »

Le Hutt sembla réfléchir longuement à tout cela. Il cherchait sans doute une arnaque, un point qui aurait pu être exploité pour faire en sorte de tourner la situation à son avantage. Encore plus que là, en fait. Car dans les apparences, là, il était très gagnant. La réalité des choses, et sa beauté, c'était qu'il se faisait arnaquer sans s'en rendre compte.

 « L'honorable Vogda concède à accepter de renouveler l'accord en ces termes. Pour la question du mariage, il demande à votre Excellence quand, où et comment se déroulerait la cérémonie ? »

Avec un léger sourire, Emhyr fit mine de chercher dans son datapad de nouveau. Il sentit dans la Force toute la tension que la Sith éprouvait de son côté. Il essaya de l'apaiser discrètement, croisant son regard pour l'inciter au calme. Après ce qu'il s'était passé dans la chambre, il espérait que ce regard ne serait ps mal interprété. Il avait été à deux doigts de tenter quelque chose. Il s'en voulait, pour ça. Car jamais il n'obtiendrait de Myir ce qu'il désirait.

 « L'Impératrice souhaiterait que le mariage est lieu sur Dromund Kaas, dans votre propre domaine. Pour symboliser l'union rétabli, en quelques sortes. Et afin que vous puissiez vous y sentir parfaitement à l'aise. Il s'y ferait en ma présence, bien entendu, car je me dois de rendre compte à l'Impératrice le bon déroulé des accords. Quand à la date choisie... elle est à votre convenance. Nous pouvons nous rendre sur Dromund Kaas dès maintenant, où nous y préparerons et ferons la cérémonie. Ou nous pouvons attendre quelques temps. »

Vogda voulait l'accord, et il voulait le domaine. Et il voulait certainement Myir aussi. Emhyr ne put retenir une expression de dégoût infini, et un brin de jalousie, en voyant le Hutt se pourlécher les babines. Ce fils de... non, il ne valait mieux pas y penser. De surcroît, la Twi'lek ne se laisserait certainement pas entraînée dans un acte qu'elle ne souhaitait pas. Le Hutt se lança dans une tirade assez longue, avat que son droïde ne traduise.

 « L'honorable Vogda vous fait savoir qu'il est tout à fait disposer à conclure le mariage dès que possible, et par conséquent il vous autorise à quitter son palais, pour vous rendre directement dans l'Empire et préparer la cérémonie. Il propose un délai de six jours. Il vous rejoindra à son domaine à cette date-là, pour le mariage. Qu'en dîtes-vous ? »

Six jours, c'était bien assez pour préparer l'horrible supercherie et s'assurer que tout allait parfaitement se dérouler. Le Hutt était-il si persuadé que ça d'avoir toutes les cartes en main ? Emhyr fit une brève révérence.

 « Ce sera parfait ! Nous allons donc nous retirer, dès à présent. »
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Plus vite nous en aurons terminé, plus vite le mariage pourra être célébré. Un peu plus et Emhyr aurait l’air enthousiaste d’applaudir le joli couple. La Twi’lek tourna lentement la tête vers lui, les yeux flamboyants derrière son masque poli. Elle ressentit son onde de calme, tel qu’il l’avait produite lorsqu’il était revenu de sa propre mission et qu’il avait fait son apparition à la cour de Vogda. Ce genre de sensation lui rappelait les Jedi. A la différence que les maîtres Jedi propageaient leur aura bienfaisante aux padawan comme à des moutons fragiles, et qu’Emhyr ne le faisait que dans le cadre d’un lien intime entre eux deux. Elle s’interrogea brièvement sur la nature de ce lien tout en faisant mine de consulter le datapad de l’émissaire, elle aussi. Qu’est-ce qui les maintenaient ensemble, sinon le pacte qui les avaient unis lors de leur tout premier combat ? Dans l’Empire, la vie d’Emhyr dépendait de la Twi’lek. Mais ici ? Il était resté, réalisa-t-elle soudain, comme une vérité étonnante. Comme un tableau accroché là, dans une pièce familière, mais dont on ne se serait jamais rendu compte de la présence, et qui soudain vous sautait aux yeux. Elle avait du mal à croire qu’il était déjà acquis à l’Empire. Alors quoi ? Qu’est-ce qui le faisait se tenir là, s’acharner à arnaquer un Hutt à ses côtés ?

Intriguée, elle leva les yeux vers lui, mais il était absorbé par ses explications. Il s’appliquait. Elle remettrait ses questions à plus tard. Elle aurait bien le temps de l’interroger une fois qu’ils seraient de retour dans leur navette.

Enfin, le Hutt accepta. Myir fut surprise qu’il acceptât de se déplacer, mais se redonna rapidement une contenance : c’était une aubaine. Sur Dromund Kaas ! L’Impératrice elle-même, peut-être… La Twi’lek frissonna. Emhyr avait eu du cran. Désormais, elle ne pouvait plus reculer. Que craignait-elle, de toute manière ? Ce n’était pas comme Vogda et elle allaient tenter quoique ce soit. Elle n’aurait qu’à le voir de temps en temps, histoire de lui rappeler froidement sa loyauté envers l’Empire. Il allait vite déchanter, passée leur première nuit d’amour.

Myir salua à son tour, puis fit appeler leur navette, restée depuis plusieurs jours en orbite de la planète, sagement. Celle-ci obéit promptement à l’ordre et revint se poser à l’endroit même où elle avait déposé ses passagers. La Twi’lek s’y rendit accompagnée d’Emhyr et d’une escorte de mercenaires.

- L’Honorable Vogda vous présente ses vœux pour un excellent voyage et vous fait savoir qu’il a hâte de partager avec vous la couche conjugale, déclara le droïde en guise d’adieu lorsque la passerelle du vaisseau s’ouvrit pour eux, dans le soleil couchant de Klatooïne, aux portes du désert.

Myir grimaça et le congédia, tandis qu’elle capta brièvement un regard goguenard de l’équipage, qu’elle dissuada d’un regard noir. De toute façon, ceux-là comprendraient bientôt que leurs petits copains avaient laissé la vie dans ce kajiidic. Eux aussi allaient vite déchanter.

Il était bon toutefois de se retrouver en territoire connu, ne serait-ce que pour enfin revêtir des vêtements qui étaient plus en phase avec sa personnalité. Ce fut avec un plaisir certain qu’elle prit le temps de remettre ses vêtements pratiques laissés dans sa cabine pendant le décollage. Après quoi elle retrouva Emhyr dans la petite salle commune, à l’endroit même où ils avaient établis leurs plans quelques jours auparavant. Cela avait été difficile, mais il fallait reconnaître qu’ils avaient fait un bout de chemin : ils avaient appâté le Hutt, et ils rentraient désormais, direction Dromund Kaas, Vogda sur les talons.

La Twi’lek eut un léger sourire, ses lekku renversés frémissant dans son dos.

- C’était à la fois pire et mieux que ce à quoi je m’attendais,
lui confia-t-elle. Il ne nous reste plus qu’un peu d’organisation…

Elle récapitula en son for intérieur : une esclave, une cérémonie, et le tour serait joué.

- Le Jasshi’rr,
entreprit-elle d’expliquer, le mariage twi’leki, est un peu particulier et patriarcal, mais il nous arrange dans sa forme. La fête donnée en l’honneur des époux peut être fastueuse, mais l’union en elle-même se fait dans l’intimité : il y a les deux promis et un seul et unique témoin. Après la célébration avec les proches, le futur époux se retire dans une pièce ou un endroit confiné, et généralement décoré pour l’occasion. Le témoin y apporte la future épouse et l’offre officiellement au mari.

Les Twi’lek avaient une conception assez utilitaire de la femme : l’ambition d’une famille pour sa fille était souvent un mariage riche, histoire d’étendre le pouvoir du clan. Si on n’arrivait pas à la marier, on la vendait comme esclave. Des jeunes Twi’lek femelles, ça partait comme des petits pains. Mais pour une fois la société patriarcale de sa race arrangeait bien Myir.

- Après quoi le témoin assiste à l’union sexuelle, pour attester que le mariage a bien été consommé.

Dans certaines familles, on séparait le témoin et l’acte par un rideau, pour des questions de pudeur, ou bien on profitait de l’atmosphère sombre de l’endroit pour atténuer l’intrusion. Mais bien des pères, en mariant leur fils, s’arrangeaient pour qu’il n’y ait aucun obstacle d’aucune sorte entre eux et l’acte, car c’étaient souvent eux les témoins. Ce n’était pas tant par perversité que pour donner le ton et une place soumise définitive à la jeune mariée qui entrait dans la famille. Encore une fois, les traditions abjectes de sa race donnaient à Myir des idées utiles.

- Imaginez que Darth Ynnitach soit le témoin… La cérémonie intime pourra être suffisamment effrayante pour que Vogda soit traumatisé à vie : il n’osera jamais renoncer à ses terres, ni même l’offenser d’une quelconque manière à l’avenir. Nous pouvons lui faire confiance pour cela…

Sauf que l’Impératrice avait probablement d’autres chats à fouetter. Et qu’il serait compliqué de lui expliquer comment elle en était arrivée là.

- Ou alors, vous pouvez être le témoin. Ainsi, cela minimiserait les doutes qu’il pourrait avoir quant à un sosie de Dame A’Eyan. L’obscurité et votre présence seraient suffisantes pour qu’il y croie. Qu’en pensez-vous ?

Dommage que les Hutt étaient imperméables à la Force. Il aurait été si facile de contrôler l’esprit de Vogda, sinon…
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Avant de répondre, ou de faire quoique ce soit d'autre, Emhyr s'assura qu'il put boire tout son content. Et pour cela, rien de tel qu'une bouteille entière, qu'il vida allégrement afin de se désaltérer. Après quoi il se laissa tomber dans un fauteuil, écoutant Myir avec autant d'attention qu'il en était capable. Il était épuisé, moralement et physiquement. Et pas uniquement parce qu'il avait affronté une rude planète de sable, encore une fois. Tous ses soucis lui revenaient en tête, et ce n'était généralement pas bon de se laisser aller comme ça, à de sombres pensées. Il tâcha donc de garder autant que possible un air digne, au lieu de conserver un air fatigué.

 « La prochaine fois, on prendre une planète sans désert, sans grosse chaleur. »

Il fit la moue lorsque Myir eut fini de parler. Amener l'Impératrice à observer l'accouplement d'un Hutt et d'une Twi'lek, c'était un billet simple pour se faire dézinguer. Non, il préférait encore s'en charger lui-même, comme elle le proposait. Il se sentait gêné, et pas parce que la proposition lui était faite d'un ton aussi détaché. Mais bel et bien parce qu'il ne savait pas comment il réagirait si Myir n'avait pas le dessus sur Vogda. Probablement très mal. Et s'ne serait fini de la collaboration avec les Sith.

Il réagit finalement de la manière habituelle. Avec humour. Un humour très dangereux.

 « Souhaitez-vous que je filme ? Je connais un ou deux sites sur Holonet, si vous voulez montrer vos exploits à la Galaxie. »

Il leva une main, pour calmer les ardeurs de la Twi'lek. Il commençait à avoir l'habitude, et donc il savait qu'elle était sur le point de violemment s'énerver.

 « Faire appel à moi, plutôt qu'à l'Impératrice, c'est en effet bien plus judicieux. Après tout, ne suis-je pas Darth Xarkan, émissaire de l'Empire ? Tsss. Quelle ironie. Il y a un mois j'envisageais de servir d'espion à la République, et maintenant je me retrouve à servir un gouvernement que je déteste. »

La fatigue jouait, sur sa façon soudaine d'exprimer son ressentis. Il ne lâchait pas prise, ne sombrait pas dans une pseudo-dépression. Mais il était juste fatigué, de tout ça. Il n'avait pas toujours eu de chance, dans sa vie, et il ne s'en plaignait ni n'en parlait jamais. Il avait beaucoup perdu, était passé si près de la mort que maintenant, il s'en fichait. Mais là, il ne pouvait pas se résoudre à dire à une femme qu'il ressentait des choses à son égard. Qu'il préférait la tuer lui-même que de la laisser aux mains du Hutt. Qu'il aurait bien aimé... peu importe. Mais je ne suis pas mort. Autant que je serve à quelque chose. Et si je renonce maintenant, c'est que j'admets ma défaite.

Et il haïssait ce plan. Faire appel à une esclave, la changer en un sosie de Myir, et la laisser aux mains de Vogda... ça le dégoûtait, lui donnait envie de se révolter. Comment pouvait-il espérer rester neutre face à ça ? Rester loyal envers un gouvernement qui le croyait mort ? C'était impensable, voir impossible. Personne de censé ne ferait ce qu'il faisait.

Et pourtant, il le faisait.

 « C'est le seul plan qu'on a, et par conséquent, le mieux qu'on puisse faire. Cela dit, en un sens, je suis soulagé que vous ne vous proposiez pas vous-même pour le Hutt. Je serais assez chagriné de le voir vous détruire physiquement et moralement. Vous méritez mieux que ça. »

Il marqua un temps d'arrêt.

 « Vous remarquerez que je suis resté, au passage. N'oubliez pas de le dire à Odium. »

Il se leva alors, faisant mine de vouloir s'en aller pour retourner se reposer.
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Myir grimaça, comme un animal montrerait ses crocs avant de sauter à la gorge de sa proie. La blague d’Emhyr n’était pas drôle. Ils allaient utiliser une esclave pour lui faire subir un châtiment que la guerrière ne pouvait supporter elle-même. Encore une fois, on utiliserait l’esclavagisme de son peuple, et elle ne se serait jamais cru contribuer à cela un jour. Elle avait beau se dire que c’était pour des raisons nobles, pour sa loyauté envers l’Empire, elle était dégoutée de ce qu’ils allaient faire. Une jeune fille innocente… La Twi’lek effaça les images odieuses de son esprit. Ce serait une esclave. Elle aurait l’habitude. Un si grand service rendu à l’Empire… Myir pourrait peut-être même la faire libérer après cet acte. Ce projet la revigora quelque peu, tandis qu’Emhyr exposait son point de vue, à consonance quelque peu personnelle.

- Parce que vous travailliez pour un gouvernement que vous adoriez, avant ? lui rétorqua-t-elle, mordante, encore agacée de sa proposition indécente.

Tout le monde savait que le gouvernement républicain, en particulier le Sénat, était pétris de corruption. Et de Jedi, qui plus était, prêts à donner leurs leçons à tout bout de champ. Emhyr n’était pas du genre à lécher les bottes de ce genre d’institution. Il était du genre à ne lécher les bottes d’aucune institution, et c’était probablement cela qui le faisait paraître si intelligent. Croyait-il l’Empire plus vil que la République ? Elle aussi devait torturer ses prisonniers, elle aussi envoyer des jeunes inexpérimentés en première ligne pour mourir au combat pour défendre la vie tranquille de ces politiciens véreux. Au moins, l’Empire n’était pas si hypocrite, même si elle-même n’était pas d’accord avec toutes les pratiques que l’on y rencontrait.

Bref, ils n’avaient guère le temps de philosopher sur l’Empire et la République. Ce serait un sujet de discorde, de toute façon. Pour le bien de la mission, mieux valait qu’ils s’entendissent pour l’instant.
Emhyr se proposait donc pour être le témoin de mariage, ce que la Twi’lek approuva. En l’imaginant regarder cette jeune esclave nue usant de ses charmes sur un Hutt, elle se demande ce que l’humain ressentirait. Du dégoût, ou bien… Elle ressentit une pointe de jalousie, avant de se morigéner intérieurement : ce serait horriblement glauque, il n’y prendrait aucun plaisir. S’il le faisait, alors il avait un sérieux problème. Le genre de problèmes que certains Sith développaient. Et précisément, le genre de Sith que Myir ne voyait pas en Emhyr. Son commentaire sur son mérite venait de le lui rappeler.

L’humain se leva, et Myir leva ses yeux vers lui, la mine énigmatique.

- En effet, j’ai remarqué, lui dit-elle.

Il fit mine de s’en aller, et la Twi’lek fronça les sourcils. Dès qu’ils arriveraient sur Dromund Kaas, ils se lanceraient dans les préparatifs. Ensuite, elle ferait son rapport à Darth Odium, qui conclurait peut-être que l’on pouvait au moins temporairement faire confiance à Emhyr. Et ensuite ? Se verrait-il confier de nouvelles missions ? Leur partenariat s’achevait-il ici ? L’Impératrice allait féliciter Myir de ce double succès qu’était la mission et le recrutement d’un homme de valeur, très certainement. Peut-être lui donnerait-on de nouvelles responsabilités. Une équipe. Un apprenti. Et alors…

Et alors, ils ne se verraient plus, ou plus en tête à tête, comme ça avait été le cas ces derniers jours.

- Attendez, l'interpela-t-elle.

Mais ensuite, elle resta brièvement muette. Que voulait-elle dire au juste ? Qu’elle avait apprécié sa présence ? Qu’il avait été un réconfort, un soutien important ? Allons, elle serait tout simplement ridicule. La seule chose sincère qu’elle pouvait formuler, c’étaient ses quelques questions.

- Je voulais savoir quelque chose, dit-elle finalement.

Elle voulait savoir s’il comptait toujours devenir un espion de la République, mais si c’était le cas, il ne répondrait certainement pas sincèrement. Il lui fallait être plus habile.

- Si vous êtes resté… C’est que vous attendez quelque chose de l’Empire en retour, n’est-ce pas ? Vous auriez pu vous enfuir aisément, ces jours-ci. Je n’aurais pas pu vous retrouver.

Ni même Darth Odium. Cela aurait été une traque vaine de rechercher un individu dans toute la galaxie, surtout en territoire étranger à l’Empire. Il aurait pu filer, il avait suffisamment d’informations… Ce risque même aurait été désapprouvé par l’Impératrice, songeait-elle. Le laisser agir de son côté. Mais elle lui avait fait confiance, et désormais elle constatait qu’elle avait bien fait. Mais elle commençait à comprendre qu’une partie de la confiance accordée à Emhyr provenait de raisons moins louables. Il fallait qu’elle se méfie. Qu’elle ne se laisse pas bêtement tromper, voire doubler par deux yeux gris et une barbe de trois jours. Elle ne se pardonnerait pas une telle idiotie.

- Je voudrais savoir ce que vous recherchez,
demanda-t-elle, et dans son ton qui se voulait affable transparût un peu de sa méfiance.

Peut-être même pourrait-elle l’aider, se dit-elle. L’humain avait ses motivations personnelles, qu’elle avait cru avoir identifié au premier abord. Mais plus elle agissait à ses côtés, moins tout ce qu’elle s’était imaginé lui semblait logique. S’il ne roulait que pour lui-même, il aurait pris la poudre d’escampette pendant la mission. S’il était un espion pour la République, il se serait enfui aussi. S’il était fidèle à l’Empire, alors pourquoi renâclait-il autant ?
La Twi’lek se pencha en avant, posant les coudes sur la petite table ronde et métallique qui le séparait d’Emhyr.

- Je pourrais peut-être vous aider, suggéra-t-elle dans un murmure.

Aussitôt, elle regretta son offre. Il allait la trouver stupide, et lui sortir un nouveau sarcasme désagréable.
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Il regarda longuement Myir, dans les yeux. Sans détacher son regard, il analysa ce qu'elle venait de dire. Cherchait-elle à endormir sa méfiance ? Peut-être. Ou peut-être espérait-elle réellement quelque chose en retour, ou que quelque chose se passe ? Souhaitait-elle qu'il se montre engageant ? Il ne pouvait nier qu'il désirait que ça arrive. Il le voulait, la voulait elle. Il refusait de vraiment l'admettre, mais c'est ce qu'il désirait. Etait-ce vraiment la raison pour laquelle il restait ? Et si oui, pouvait-il lui avouer ? Quelque chose lui disait que l'avouer, comme ça, directement, pouvait être amusant.

Au fond, qu'ai-je à perdre? Rien n'aurait pu lui procurer plus grande satisfaction que de la voir, là maintenant, capable d'éprouver autre chose que de la colère. Mais pouvait-il, pour cela, se permettre d'être une honnêteté dangereuse ? Elle pouvait le prendre pire que mal, d'ailleurs, voir sa confiance déjà limitée brisée. C'était possible. Mais encore une fois, pouvait-il le faire ? Myir était là, fatiguée, exténuée, probablement soulagée d'avoir obtenu une certaine fin à sa mission. Elle n'aurait certainement pas la force de lui résister.

Il fit quelques pas dans sa direction, essayant d'ignorer son conflit intérieur. Si elle avait été autre chose, une Jedi, peut-être avait-elle encore la capacité de ressentir quelque chose. Ce n'était pas compatible avec la philosophie Sith, qui prônait le pragmatisme et le sacrifice des autres. Mais elle n'était peut-être pas complètement dénuée de raison. Il le pensait, et l'espérait. C'est dingue que je me fasse autant de soucis pour ça.

 « Je ne sais pas quoi vous répondre. Peut-être parce que j'ignore moi-même réellement pourquoi je reste. Je déteste certaines facette du gouvernement impérial, j'en respecte d'autres. Plus ou moins pareil pour la République. Qu'est-ce que je recherche ? Est-ce une façon de survivre ? Peut-être, peut-être pas. Je n'ai plus peur de la mort depuis de nombreuses années. Je suis mort sur une planète, dont j'ai oublié le nom, et pourtant, je suis encore là. J'avais tout perdu, ce jour-là. Ma padawan, mes amis. »

Pourquoi lui racontait-il cela, alors qu'il s'approchait ? Il était à peine à un mètre d'elle, désormais. Il accrochait son regard au sien. Il distinguait des petits détails qu'il n'avait pas trop remarqué avant. Une légère asymétrie des yeux. Une ride à droite de la bouche, qui n'était pas à gauche.

 « Pourtant, je suis là. J'ai survécu, j'ai été soigné, je suis reparti. J'ai retrouvé ma padawan, et elle est repartie chez les Jedi. Je ne l'ai pas retenue, car je n'avais plus le droit de la retenir. C'était l'Empire qui me l'avait prise. Ensuite, j'ai lutté contre l'esclavage, mais ça s'est révélé futile. Puis est arrivé le moment où je me suis dit, pourquoi pas lutter contre l'Empire, en étant agent de la République ? Ça pouvait être intéressant. J'avais avec moi une femme, assez étrange, mais que je considérais comme une amie. Je l'aidais un peu à développer certaines capacités liées à la Force. J'aimerais essayer de la revoir un peu, quand même, car c'est, comme je l'ai dit, une amie. Et elle n'a sûrement plus de nouvelles de moi depuis Makem Te. »

Encore un pas. Il était très – trop ? - près de Myir, distinguant désormais chaque détail de son visage. Elle n'était pas beaucoup plus petite que lui, et avait à peu près la même corpulence. Etait-ce une lueur de jalousie dans son regard ? Non, sûrement que non. De fait, il mentait, Konstancja avait eu un message crypté de lui. Il comptait bien la revoir. Mais reviendrait certainement. Il laissa un sourire venir sur ses lèvres. Petit à petit, tout disparaissait de son champ de vision, hormis la Twi'lek devant lui.

 « La République ne sait sûrement pas que je suis en vie, et pour l'instant, c'est plutôt bien. Je peux faire ce que je veux. J'ai rarement exprimé des émotions, ces dernières années, étant quelqu'un de froid, distant. Mais j'ai retrouvé un semblant de chaleur, on va dire. Et je pense qu'être à tes côtés, Myir, n'y est pas étranger. Ce combat, sur Makem Te. Tu souhaitais ma mort, je souhaitais la tienne. Pourtant, je ne me suis jamais senti aussi bien que durant notre duel. Qu'est-ce que je recherche ? Quelque chose d'inaccessible, je pense. Mes rêves les plus fous n'entrent pas en ligne de compte. Mais un lien s'est créé entre nous, dans la Force. Je peux le sentir, et je sais que tu peux le sentir aussi. J'ignore encore la véritable nature de ce lien. Nous condamne-t-il a nous tourner autour pour l'éternité ? Nous menace-t-il un jour de nous pousser à mourir, dans un duel sans pitié ? Est-il le début de quelque chose, une étincelle d'émotions profondément enfouis en nous ? Ou est-ce simplement une banale coïncidence, et que ça aurait pu être quelqu'un d'autre que toi ou moi ? Je ne le sais pas, et je m'en fous. »

Rien ne bougeait. Ni lui, ni elle. Il entendait presque leurs cœurs battre. Il sentait son haleine, l'odeur de son corps. Il voyait la crispation des muscles de son visage. Il pouvait presque voir les rouages de son cerveau fonctionner à 200 %, alarmés parce qu'il se passait. Il conserva son sourire. Un sourire doux et chaleureux, pour la première fois depuis des années. Et il se pencha davantage.

Il n'y eut ni étincelle supplémentaire, ni de mouvement particuliers indiquant qu'ils étaient dans les bras l'un de l'autre. Le baiser était hésitant, comme si Myir ne savait pas comment s'y prendre. Et finalement, plutôt que de pousser l'avantage plus loin, Emhyr se détacha, rouvrit les yeux sur la Sith, et cessa de sourire.

 « Bonne nuit, Myir Alshain. »

Et il la planta là.
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Myir resta plantée là, éberluée. Elle s’était attendue à ce qu’il se moquât d’elle, qu’il l’ignorât ou bien qu’il lui racontât des prétextes peut-être aussi véridiques à ses yeux qu’elle les aurait trouvé être des mensonges. Mais non. Il lui avait dit des vérités sur lui-même. Parmi elles, des choses auxquelles elle s’était attendu : un évènement marquant qui avait marqué son visage de cette lassitude éternelle, et d’autres choses plus surprenantes. Une amie l’attendait, quelque part dans la République. La Twi’lek ne savait qu’en penser.

Le plus surprenant, en fin de compte, c’était ce qui s’était produit ensuite. Il avait révélé être conscient de ce même lien qu’elle essayait vainement d’ignorer par peur de dévoiler une faiblesse, puis l’avait embrassée. Son approche n’avait rien à voir avec celle du dévaronien, se fit-elle remarquer. Elle avait répondu à son baiser, partagée entre une douce surprise et quelque chose qui paniquait au plus profond d’elle. Elle avait senti son cœur battre à tout rompre, ses muscles se raidir comme si au moindre rire de sa part, à la moindre moquerie, au moindre signe que tout ceci n’était qu’une farce et qu’il s’amusait d’elle, Myir aurait été prête à crier, mordre, griffer. Mais son tumulte intérieur ne trouva pas de canal pour s’exprimer, et le baiser s’interrompit, sans qu’Emhyr ne fisse montre d’aucun signe farceur ou sarcastique.

Les yeux ahuris, elle l’entendit lui souhaiter bonne nuit, puis elle le suivit du regard avant qu’il ne disparût dans l’ombre du corridor de métal.

Ce ne fut qu’une fois réfugiée dans sa cabine que la Twi'lek réalisa avec perplexité qu’elle n’avait rien maîtrisé de tout ce qui venait de se produire. Une part d’elle se sentait coupable de pactiser avec un être qui se révèlerait être potentiellement un traître, tandis qu’une autre part d’elle jubilait de cette victoire de la séduction. Finalement, n’était-elle pas arrivée à ses fins, à savoir… En apprendre un peu plus sur lui ? Par habitude, elle revenait à son mantra : la mission avant tout. Et faire d’Emhyr l’un des leurs, même si cela passait par un rapport de séduction, n’était-il pas un mal pour un bien ? Voire un bien pour un bien…

Cette nuit-là, Myir ne parvint pas à dormir convenablement, une nouvelle nervosité l’agitant désagréablement. Fatiguée, elle se leva le lendemain de mauvaise humeur. Tout ceci était dangereux. Il ne fallait pas qu’elle abaissât sa garde. Elle devait garder le cap. Séduire Emhyr, peut-être, en gardant le contrôle d’elle-même. Ne pas tomber amoureuse. Merde, elle ne l’avait jamais été, elle ne commencerait pas aujourd’hui.

La Twi'lek prit son temps pour se préparer, s’appliqua à ne pas se faire plus coquette que d’ordinaire, veilla ensuite à ce que le vaisseau soit animé des membres d’équipage pour quitter sa cabine. Dromund Kaas se dessinait au-delà des baies vitrées. La planète impériale par excellence. L’excitation la gagnait peu à peu, détournant enfin son esprit de ce baiser dont elle sentait encore la douce sensation sur ses lèvres meurtries par ses récents combats et ébats dans l’Espace Hutt.

- Nous voilà à la maison, déclara Myir lorsqu’elle sentit l’aura de l'humain approcher dans son dos.

Elle évitait son regard. Elle avait peur d’y trouver quelque chose qui pût ébranler ses résolutions, ou bien quelque chose qui briserait le souvenir qu’elle avait de la nuit passée. Soudain, comme une émotion se dévoilant à rebours, elle trouva qu’il avait eu bien du culot, de tenter pareil rapprochement. Etait-il inconscient ? Oui, c’était tellement plus facile de ressentir de la colère pour lui faire face.
La Twi'lek fit volte-face avant de se diriger vers la passerelle, sans lui accorder un regard, mais elle savait qu’il la suivait. Etrangement, ils repartaient comme une matinée classique, à l’assaut de leurs objectifs, comme si rien n’avait changé.

- Nous allons atterrir dans quelques minutes, l’informa-t-elle froidement. Des Twi’lek de la même carnation que moi ont été réunies à notre attention.

Délicate peau azur. Ce qu’il pouvait être inconvenant.

- Nous allons les rencontrer et choisir celle qui conviendra le mieux, après quoi il faudra préparer la cérémonie en elle-même. L’aristocratie de Dromund Kaas fera une très bonne assemblée pour constituer les invités du mariage. Nous les brieferons, réaliserons une petite répétition. Je jouerai mon propre rôle de future mariée jusqu’à la cérémonie intime. Il nous faudra trouver un petit tour de passe passe pour faire discrètement l’échange entre moi et le sosie, comme un prétexte de préparation physique pour les noces, par exemple. Après quoi le tour sera joué.

Pour elle-même, en tout cas. Pour Emhyr… Il devrait encore supporter la vue d’une jolie jeune Twi’lek dévoilant érotiquement sa délicate peau azur. Enfin, alors qu’ils sentaient le vaisseau atterrir avec une secousse assortie de bruits mécaniques, Myir releva vers lui son regard déterminé. Elle capta dans ces yeux las quelque chose d’indéfini, avant de braquer de nouveau son propre regard droit devant elle.

- Et restez concentré,
maugréa-t-elle entre ses dents.

Elle n'avait pu se résoudre à utiliser le tutoiement qu'il avait employé la veille. Cela lui aurait fait croire qu'il avait le champ libre. Or, elle tenait à maîtriser les choses. C'était lui le prisonnier, et c'était elle qui se sentait piégée. Quel comble !
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C'était fascinant de voir à quel point la Twi'lek réagissait différemment de lui, ou de quiconque d'autre qui se serait retrouvé à leurs places. Lui-même ne savait pas très bien pourquoi il avait fait ça, mais au final ne le regrettait pas le moins du monde. Elle, en revanche, incarnait parfaitement la personne qui perdait le contrôle, et qui, de ce fait, essayait de maintenir une certaine distance. Elle fuyait son regard, sa proximité. Elle lui parlait sur un ton tout sauf amical. Il ne put retenir un sourire lorsqu'elle lui ordonna de rester concentré. Le moment était venu de jouer au jeu favori d'Emhyr : la stupidité.

 « Ce n'est pas moi qui perd mes moyens pour un rien. Imaginez, si votre sosie était aussi fébrile que vous ! Mais soit, je vais faire un effort pour éviter de blaguer. A propos, vous avez des cernes, de belles poches, sous vos yeux. Quelque chose vous rend le sommeil difficile ? »

Il crut qu'elle allait l’attaquer, l'espace d'un instant. Ça n'aurait guère été surprenant, et à vrai dire, il s'y attendait un peu. Myir était à fleur de peau, tendue comme un ressort, prête à sauter sur la moindre occasion de se détendre en s'énervant. Mais elle ne le ferait pas comme ça, pas de suite. Elle avait quand même assez de retenue pour éviter un scandale sur le vaisseau. Odium ne serait pas nécessairement le plus heureux des Sith, si Myir abîmait son prisonnier à cause d'une perte de sang-froid. Espérait-il au fond qu'elle agisse ainsi ? Non. Il savait simplement que ce don de l'agacer était un moyen, pour lui, de ne pas se perdre dans ses pensées et ses désirs. Et puis, c'était drôle.

Ce n'est qu'une demi-heure plus tard qu'ils arrivèrent enfin au domaine. Dromund Kaas était encore plus... sinistre, que ce qu'il avait entendu dire. De la pluie, des orages, du gris, du gris, et encore du gris, avec un peu de noir. La planète infestée par la Côté Obscur et la malveillance abritait pourtant le centre du gouvernement impérial, certains des Sith les plus puissants de la Galaxie. C'était là le cœur de l'ennemi de la République. Si je fais sauter cette planète, l'Empire s'effondrerait. Mais avec lui, les millions d'innocents qui y vivent. Un tel choix était impensable. Certes, il faisait déjà l'impensable, ces derniers temps, en contradiction avec tout ce en quoi il croyait. Mais là, c'était différent.

Myir et lui allèrent à la rencontre des personnes qu'ils devaient voir. Premièrement, les membres de l'aristocratie qui se trouvaient déjà là, participant un peu à la mise en place du domaine pour le Hutt. Et bien sur, il fallait voir avec les esclaves qu'on avait amenées, pour remplacer Myir. En voyant les trois qu'on avait sélectionnées, il se sentit mal à l'aise. La Sith aussi, s'il jugeait bien de ce qu'il voyait. Certes, les trois jeunes femmes devant eux étaient des esclaves, elles n'avaient guère le choix. Mais tout de même. C'était un sort funeste que celui qui attendait la « gagnante » des trois.

 « Elles... elles vous ressemblent. C'est déjà un bon point. Un peu de chirurgie et... ça suffira. »

Il avait sans doute pâli, et sa voix n'était plus assurée. Les trois esclaves gardaient le regard baissé, par respect envers la Sith et le Jedi gris. Il était devant un choix cruel. Savaient-elles déjà ce qui les attendait ? Sans doute que non. Il était possible qu'Odium ait estimé qu'elles ne devraient savoir qu'au dernier moment. Mais lui ne l'entendait pas de cette oreille. Il n'était pas un homme sans cœur.

 « L'une de vous trois va être choisie pour une tâche délicate. Ce sera difficile, dégoûtant, rabaissant. Ignoble. Mais celle d'entre vous qui acceptera se verra récompensée. La liberté, pour commencer. Et l'autorisation de porter le titre de Dame de l'Empire, afin de jouir pleinement des privilèges de ce domaine. Vous devrez prendre la place de la guerrière Myir Alshain, ici présente. Et vous vous marierez à un Hutt du nom de Vogda. Votre tâche commencera à la cérémonie nuptiale. »

Il jeta un coup d’œil sur le côté. Un homme se tenait là. Ce devait être le responsable des esclaves. Il était au courant, lui. Il hocha doucement la tête en réponse au regard d'Emhyr. Ce dernier reporta son attention sur les trois esclaves. L'une d'elle finit par s'avancer, timidement. Elle releva alors la tête, tout doucement, et regarda Myir.

 « Je... vais le faire. »

En un sens, Emhyr se sentit soulagé. Il n'avait pas à forcer l'une des trois. Il fit un signe de la main à l'homme situé à l'écart.

 « Vous savez ce que vous devez faire ? Alors, exécution. »

Il tourna vers Myir un regard intrigué. Etait-elle insensible à ce qu'il venait de se passer ou non ?
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Myir était hors d’elle. « Pour un rien » ? Parce que c’était rien, ce qui s’était produit la veille ? Soit c’était un acte intime entre eux deux, et elle ne voulait pas qu’il gâchât ce souvenir, soit c’était une blague de sa part, auquel cas elle lui ferait payer d’avoir profité d’elle ainsi. Mais « un rien » ? Non !
Elle était tout aussi furibonde contre elle-même. Que s’était-elle imaginé ? Que leur petit jeu avait un sens ? Monsieur voulait consommer, comme d’autres avant lui. Ce genre d’enfantillages l’avait toujours laissée insensible. Quelle idiote elle faisait.

Elle lui jeta un regard noir et furieux avant de se détourner. La simple vue de cet individu lui donnait envie de le gifler. Mais elle ne montrerait pas, ni à lui ni aux personnes présentes, qu’elle pouvait être atteinte si aisément. Elle se promit de ne plus se laisser avoir. La demi-heure qui suivit, elle l’ignora méticuleusement, se concentra sur le paysage autour d’elle. Le domaine concédé par l’Empire pour l’union avec Vogda était sobre. En bordure d’un océan, les marécages avaient été aménagés pour constituer le terrain vaste d’une longue demeure, emplie de flore certainement importée depuis d’autres planètes au climat plus favorable. Sous un ciel gris, les bâtiments relativement anciens commençaient à être décorés par des équipes impériales empressées. A l’intérieur du bâtiment principal, qui se donnait des airs de château du millénaire dernier, ils pénétrèrent dans un vaste hall, où les attendaient les trois esclaves.

Myir fut quelque peu décontenancée par cette rencontre étrange. Elle avait côtoyé beaucoup de personnes de son espèce, mais jamais on avait cherché à rassembler des jeunes femmes similaires à elle, pour un but aussi bas. A leurs regards sans expression fixé au sol devant elle, il était aisé de comprendre que leur vie était atroce. Elle ne fut pas étonnée qu’appâtée par la liberté, l’une d’elle fût prête à consentir à avoir ces rapports avec le Hutt. C’était Emhyr qui avait conduit les présentations, après quoi il fit un signe à un homme pour que celui-ci reprît les affaires en main. Il commanda aux deux autres esclaves de se retirer. Myir croisa le regard de son allié. Sa colère à son égard s’était apaisée. Ou plutôt, s’était endormie le temps de la distraction affligeante que provoquait leur projet de mariage.

- Je vais les accompagner pour les mensurations et d’autres petits détails, lui dit-elle calmement en désignant la Twi’lek et l’homme du regard. Rendez-vous utile en attendant : il faut concevoir la salle où aura lieu l’union intime, si possible d’une manière qui empêche Vogda de voir le sosie en trop pleine lumière, et en même temps qui lui laisse un souvenir intarissable.

Et défoulez-vous en faisant des blagues au personnel, histoire que vous soyez à sec quand on se reverra, eut-elle envie d’ajouter, mais elle se retint. Hors de question de lui tendre une fois encore une perche pour se faire battre.

Sur ce, elle emboîta le pas à son sosie vers d’autres pièces du bâtiment, où on les mesurerait toutes les deux plus précisément. L’homme qui les accompagnait portait une blouse blanche et s’empressa de sortir son matériel dès qu’ils parvinrent au cabinet de fortune qu’il avait installé dans une chambre. Myir se déshabilla et le laissa prendre toutes les mesures dont il avait besoin.

- Qa'kii sur panqi ? interrogea la Twi’lek à celle qui allait la remplacer.
- Aol’arutian, souffla l’esclave, les yeux toujours baissés.

La fleur du clan Rutian. Jamais entendu parler.

- Aola, nous allons simuler un jassh’iir avec un Hutt. Tu seras Dame A’Eyan, un titre que tu récupèreras d’ailleurs à l’issue de la cérémonie. Tu règneras sur ces terres…

Il ne s’agissait apparemment que de grands marécages stériles. Cela cependant, Vogda n’aurait pas le temps de le constater. Et Aola sortirait de la misère. Cette dernière releva les yeux. Il s’y partageait espoir, incrédulité et méfiance.

- Je… hésita la jeune femme, je ne sais pas si je serai douée pour cela.

Myir grimaça.

- Ne laisse personne penser cela. Tu seras capable, tu seras exigeante envers tes subordonnés et Vogda, et obéissante avec l’Impératrice. Teeubo kii teeubo, ultuka’ca’eti !

En réponse au ton impératif de Myir, Aola acquiesça avec vigueur. Il restait en elle un soupçon de dignité, songea la Sith. C’était à cultiver.

- Je viendrai régulièrement te voir, te prêter main forte s’il le faut,
promit-elle, sa voix s’adoucissant. Pour l’instant, inquiétons-nous plutôt de la cérémonie.

Le chirurgien avait terminé de prendre ses mesures, et passa à Aola, sous le regard critique de Myir. Au feutre, l’homme de science dessinait sur la peau de l’esclave les zones à corriger pour qu’elle ressemblât à Myir, tout en parlant tout haut, le débit de parole rapide trahissant sa nervosité.

- Pour les muscles, nous injecterons une substance rigidifiante qui disparaîtra naturellement au fil des mois. Les résultats seront moins durables, mais ils apparaîtront plus naturels le soir de la cérémonie, surtout au toucher. Il faudra raboter un peu les os là, et ici. Nous insérerons de la graisse à la base des lekku, ici, afin qu’ils prennent une forme plus semblable aux vôtres.

Myir frémit, mais Aola restait de marbre. Les lekku d’une Twi’lek était ce qu’il y avait de plus sensible, mais aussi ce qui était le plus symbolique. Toucher un lekku était un blasphème. Ni elle ni l’esclave n’était cependant encore dupe des superstitions de leur culture. L’homme, lui, ne semblait pas être conscient de ces choses.

- Le plus difficile sera le visage. Vos nez, la forme de vos yeux, vos lèvres et vos pommettes… Tout est assez différent. C’est là que va se trouver le gros de mon travail, mais je ne peux vous garantir une similitude parfaite…
- Le maquillage et l’attitude aidant, on y verra que du feu, trancha Myir avec assurance. Quand l’opérez-vous ?
- Quand voulez-vous que je l’opère ?
- Maintenant.

L’humain acquiesça vivement.

- Aola, lorsque tu iras mieux, demain ou après-demain, rejoins-moi. Je veux que tu m’accompagnes, que tu m’observes, que tu apprennes à te comporter comme moi. Que tu prennes une voix plus grave, que tu donnes des ordres. Bref, nous allons mettre à profit les quelques jours qui nous restent.

La Twi’lek acquiesça elle aussi tandis que Myir se rhabillait.

- Vatak'ultuka, leur dit-elle avant de les laisser à leurs occupations.
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Il était debout devant la cérémonie, plusieurs jours plus tard, alors qu'il se remettait à penser à la semaine passée. Il s’en était voulu, au début, de voir Myir l'éviter. Elle refusait de croiser son regard, évitait de se trouver dans la même pièce que lui. Et surtout, elle semblait prendre grand soin de ne jamais laisser l'esclave devenue elle se trouver en sa présence. Elle passait le plus clair de son temps à le fuir, en bref. Lui-même, au début donc, s'en était voulu, avant de changer d'avis. Ce n'était pas sa faute si elle était incapable de se remettre de ce qu'il s'était passé. Il ne l'avait pas forcée, au contraire. Elle avait réagi d'elle-même.

Il était donc désormais en colère contre elle, contre lui-même, contre les esclaves, contre l'Empire, Vogda, la cérémonie... tout. Il lança un regard en direction des aristocrates impériaux, présents dans l'immense salle qui allait servir à la grande cérémonie. Lui-même se tenait à l'écart, dans sa bure noire toute fraîche. Myir lui avait fait parvenir des instructions : il se tiendrait à l'écart, jusqu'à la cérémonie nuptiale. A ce moment-là, il irait devant la porte de la chambre, et se tiendrait là pour garder l'entrée au nom de la Twi'lek. Il espérait qu'avec de la chance, il aurait le droit de rester à l'extérieur. Voir, ça lui serait insupportable.

Mais s'il le fallait, il le ferait.

 « Son Excellence, Vogda ! »

Il leva les yeux, croisa le regard du Hutt. Etait-ce Myir à ses côtés, ou le sosie ? La ressemblance était frappante, si c'était le sosie. Vogda eut un éclair de colère et... de peur ? Ce serait étrange. Emhyr doutait avoir fait quoi que ce soit qui puisse effrayer le gros baveux. Mais après tout, il était en territoire Sith, à quelques dizaines de kilomètres de Kaas City. De ce qu'il en savait, l'Impératrice pouvait se dissimuler quelque part ici. Et personne ne pourrait l'empêcher de faire griller ce gros tas de graisses. Ce gros cake de bave. Il se mordit la lèvre pour ne pas rire. Il pouvait encore trouver de très nombreux qualificatifs.

Il préféra continuer son observation pendant qu'un homme officialisait le mariage. Il y avait un ou deux Sith de moindre envergure dans les aristocrates. Rien de dangereux. Parmi les gens du Hutt, il y avait une seule personne qui n'était pas armée : lui-même. Ils avaient tous des armes, comme si leur patron s'attendait à se faire attaquer sans préavis, et qu'il allait falloir se défendre jusqu'au bout pour réussir à fuir cette maudite planète. En un sens, il ne pouvait pas lui en vouloir. A sa place, il se serait senti plutôt nerveux. Car il était quand même dans la capitale impériale. Il imagina un bref instant sa propre présence, à la place du Hutt, pour le marier à la Twi'lek. Le Jedi gris ne doutait pas un seul instant que la Sith préférerait mourir que de se marier à lui. Du moins, pour l'instant. Avec de la chance, un jour, il aurait le plaisir de pouvoir organiser ça, fusse-t-il en secret.

Enfin, la cérémonie sembla vouloir prendre fin. Il observa la Twi'lek sur la « scène ». Ce devait être Myir, mais comment en être sûr sans attirer l'attention ? Que ce soit elle ou non, elle évitait son regard. Il fit la grimace quand on appela son nom. Un serviteur vint calmement derrière lui, et l'informa qu'il devait désormais escorter la mariée jusqu'au lit nuptial, où Vogda la rejoindrait sous peu. Il s'approcha donc, sous le regard mauvais du Hutt – était-il possible qu'il soit jaloux – et celui intrigué et méfiant de la Twi'lek.

 « Ma Dame, votre bras je vous prie. Il me faut vous escorter, désormais. »

Il sentit sa réticence dans la Force, ce qui lui donna la confirmation que c'était Myir. Sortir de la salle avec elle ne fut pas compliqué. Il sentit qu'elle voulait retirer son bras, alors qu'ils étaient dans les couloirs, hors de vue. Mais il ne la laissa pas faire, et se mit à parler d'une voix calme, et qui se voulait rassurante.

 « Je n'excuse pas mon comportement de l'autre jour, mais je pense que tu sais désormais pourquoi je reste. J'ai mis un peu de temps à le comprendre moi-même, et il m'arrive de douter encore. Je ne sais rien de ce que toi tu penses... ou ressens. Sache juste que ce n'est pas une blague, pour moi. Et... si jamais tu l'as mal pris, oublions cette histoire. Après tout, tu es une Sith, et moi non. Tout ça peut paraître... incongru. Voir impossible. »

Il évita de laisser transparaître ses émotions, quand il parla, mais n'était pas sûr d'y être totalement parvenu. Dans tous les cas, peu importait, car ils étaient arrivés. L'échange fut rapide, et discret. Vogda n'allait pas tarder à arriver.
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Spoiler:

Mécaniquement, Myir lâcha le bras d'Emhyr et Aola prit sa place en silence. Tous deux s'éloignèrent et disparurent dans l'ombre, tandis que la guerrière resta là, à sentir l'aura de l'humain prendre une lente distance.

Elle l'avait fait pour le bien de la mission, se persuada-t-elle. Elle avait agi ainsi, écarté Emhyr pour se concentrer sur le plus important : la cérémonie. La réception avait d'ailleurs été grandiose, tout du moins à ses yeux car elle n'était pas familière des rencontres mondaines. Des dizaines de gens s'étaient massés dans le hall, où de somptueuses tentures à l'effigie de l'Empire avaient été tendues. Des buffets chargés de nourriture de toute sorte, d'épices provenant des quatre coins de l'Empire, et l'aristocratie présente avait revêtu ses plus beaux atours. D'aucuns se demandaient qui était exactement cette Dame A'Eyan sortie de nulle part, mais nul n'évoqua cette petite anomalie : probablement une femme anoblie par l'Impératrice, et l'on ne remettait pas en doute de tels choix.

Myir s'était tenue toute la soirée aux côtés du Hutt qui dévorait tout ce qu'on lui présentait avec force de gargouillis et d'éclaboussures de salive. Manger à ses côtés était un châtiment. Alors, lui offrir son corps ? Le cadeau qu'ils avaient fait à cette jeune Twi'lek était empoisonné.

Mais c'était pour le bien de la mission.

Les deux Twi'lek à la peau océanique avait été vêtues et habillées ensemble, afin que l'on parfît leur apparence similaire : une longue robe blanche, des bijoux brillants de lueurs électriques, un maquillage illuminant leur visage devenu artificiellement semblable, et une tiare de dentelles et de pierres précieuses posée à la base de leurs lekkus. Myir ne s'était jamais vue si belle, mais la Twi'lek qu'elle avait observé dans le miroir en face d'elle était une totale étrangère. En robe de jassh'iir, encore plus que dans les tenues outrageuses offertes par Vogda, elle se sentait comme une poupée engoncée, une anomalie, un être brut dans des vêtements trop précieux. Qu'importait, elle plaisait au Hutt. Elle devait donc l'accepter.

Puisque c'était pour le bien de la mission.

Et maintenant, elle se tenait là, dans l'ombre, libérée de l'horrible Vogda. Pour toujours ? Pas tout à fait. Ses expériences sur Vaathkree et au palais spatial de Malaka resteraient gravées en elle comme des cicatrices douloureuses. Il serait impossible d'effacer les corps secoués de spasmes dans l'atmosphère toxique, l'étreinte lubrique du dévaronien et le goût de sa langue ensanglantée, les yeux vides de ses soldats au sol, et son propre visage maculé de sang dans le miroir de sz cabine après le carnage.
Elle n'oublierait pas non plus le visage d'Emhyr. Les yeux d'Emhyr. L'aura d'Emhyr qui cherchait à l'apaiser. Les mains d'Emhyr qui la soignaient. Le baiser d'Emhyr. Elle l'avait enjôlée. Ils s'étaient enjôlés l'un et l'autre.

C'était pour le bien de la mission.


Comme dans un songe, Myir rejoignit la chambre qui avait été mise à sa disposition, renvoyant les domestiques. Elle se chargerait elle-même de se dévêtir, de se démaquiller, de se coucher. Elle voulait se débarrasser au plus vite de cette identité maudite, redevenir elle-même, sans sourire séducteur, sans mise en valeur de ses formes bien plus belles sans artifices, sans maquillage mensonger.
Une fois dévêtue, démaquillée, douchée, la Twi'lek se glissa dans son lit. Les paroles d'Emhyr l'avaient accompagnées en pensée tout ce temps. Au début, elle n'avait pas compris ce qu'il voulait lui dire. Et puis elle avait croisé son regard. Elle le revoyait encore et encore : ce n'étaient pas les yeux las, ce n'étaient pas les yeux moqueurs. C'étaient les yeux sincères.

Pendant qu'elle était enfin libérée, il devait subir le spectacle horrible. Peut-être avait-il trouvé une échappatoire. Elle se sentit un peu coupable, avant de chercher en elle son habituelle détermination.

C'était pour le bien de la mission.


Mais Emhyr avait bien travaillé, et elle l'avait abandonné à cette fin odieuse, sans soutien.
Le sommeil ne viendrait pas, c'était évident. La Twi'lek se releva soudainement, activa le bouton électronique d'une armoire qui s'ouvrit silencieusement, choisit un peignoir de soie gris et s'en enveloppa avant de quitter sa chambre à pas de loups. Elle savait lorsqu'il était juste d'être sévère. Elle savait rarement lorsqu'il convenait d'être conciliante, ou compatissante. Pourtant cette fois, Myir sentait que son coéquipier avait fait plus d'efforts qu'elle pour établir une discussion sincère entre eux, et elle n'avait pas eu le temps de le lui dire, ou au moins de le lui montrer. Mais à cette heure-ci, il devait avoir rejoint ses quartiers. La cérémonie devait être terminée.

La Twi'lek toqua doucement à sa porte entrouverte, avant de se glisser à l'intérieur. Il était là, assis sur le bord de sa couchette. Impossible de dire ce qu'il était en train de faire avant qu'elle se montrât, mais il parût surpris de sa présence. Myir s'adossa au mur après avoir refermé la porte, bras croisés.

- Je voulais vérifier si vous étiez sorti indemne de cette dernière épreuve,
murmura-t-elle avec un sincère sollicitude.

Ils avaient fait des choses horribles, tous les deux, ces derniers temps. Ce n'était pas exactement ce dans quoi elle pensait l'entraîner initialement. Emhyr avait enduré beaucoup plus que ce qu'elle attendait de lui, et elle s'en sentait responsable. Elle ne savait pas exactement comment le lui dire. Qu'elle regrettait.

Mais que c'était pour le bien de la mission.

Leur lien avait adouci les épreuves, c'était une évidence. D'un certain point de vue, cela leur avait permis de tenir, d'aller jusqu'au bout. Ils s'étaient rapprochés.

Pour le bien de la mission.

Myir se mordit la lèvre inférieure, indécise. A quoi servait-il de s'excuser ? Emhyr savait dans quoi il s'engageait lorsqu'il l'avait suivie, sur Makem Te.
Doucement, l'écoutant lui répondre avec ses maigres capacités de compassion, elle vint s'asseoir à ses côtés.

- Je comprends que ça n'ait pas été une partie de plaisir, admit-elle. Si ça peut vous rassurer, ça n'a pas été très drôle pour moi non plus. Je n'ai pas donné cette place ignoble, ce soir, de gaieté de cœur. Au moins est-elle une femme libre, désormais...

Et eux, maintenant ? Elle tourna vers lui son regard azur, et affronta les yeux gris. Les yeux las. Qui avaient trouvé la mort, il y a longtemps, sur une planète dont ils ne se souvenaient plus le nom.

- Vous avez été remarquable, Emhyr, lui dit-elle simplement.

Lentement, elle laissa glisser l'étoffe soyeuse auprès d'elle, dévoilant sa poitrine nue. Une des rares parties de son corps qui n'était pas entâchée de cicatrices récentes ou anciennes. Myir passa une jambe au-dessus des genoux de l'humain pour s'asseoir sur lui au bord du lit, et le morceau de soie la dévoila entièrement en glissant au sol. Alors la Twi'lek porta doucement ses mains dans le cou d'Emhyr. Les doigts bleus et chauds de la Twi'lek remontèrent pour caresser cette fine barbe dressée durement sur cette peau déséchée par leurs voyages sur des mondes chargés de sable et de sueur. Il faillit parler, mais Myir se hâta de l'en empêcher en posant ses lèvres sur les siennes. La Twi'lek rapprocha ses courbes nues du corps de l'humain, comme pour que leurs formes s'épousent parfaitement, comme pour que leur peau aux tons si différents se confondent.

Emhyr et elle avait bien besoin d'un peu de réconfort.

C'était pour le bien de la – Oh...
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