Kolin Valkizath
Kolin Valkizath
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Plus d’un an s’était écoulé depuis le jour où un vieux Maître Jedi à la peau ridée avait décidé de sauver Kolin Valkizath d’une mort certaine lors d’un défi aussi stupide que dangereux sur les poubelles à ciel ouvert des souterrains de Coruscant. Plus d’un an que le morceau d’humain maigre comme un clou avait rejoint le séculaire Temple Jedi quittant une enfance trop vite avortée et une famille trop déchirée des souterrains sud de Coruscant.

Un an après, Kolin accompagné d’un petit groupe de padawans était de retour sur la ville planète, à la sphérisation inversée parfaite des souterrains : Galactic City. Sous la bonne garde de Maître Tutunielle, le petit groupe avait été convié pour une visite du Sénat assortie d’une présentation complète des instances dirigeantes. Le Temple estimait qu’il était fondamental pour les padawans de connaître au moins de façon superflue les arcanes de la République. La visite durait deux jours et le petit groupe logeait au Temple Jedi de Coruscant.

Par principe suprême et inébranlable, Kolin n’appréciait que peu les Sénateurs et autres politocards en robes chatoyantes qui se pavaient dans l’indécent luxe des couloirs du Sénat, loin des soucis des vrais gens. Les roquets libidineux qui peuplaient la rotonde ne savaient rien de la réalité. Les politiques n’existaient qu’en vue de leurs réélections, c’était Joris qui l’avait dit, et si Joris le disait, c’était vrai.

Les Jedis avaient pour vertus la simplicité et la modestie, le gamin n’avait manqué de râler et de manifester son mécontentement à Dalla et à Samaël se faisant copieusement rabrouer par le Maître. Après trente ans de visite du Sénat, le vieux Tortuga voyait son capital patience arriver à expiration.

Alors qu’ils venaient de quitter l’antichambre superbement décorée menant au bureau du Ministre du Travail et du Commerce, Kolin s’arrêta à côtés de Samaël ne faisant pas attention à Dalla qui les suivaient de près.

- Ce soir pour la cour, rendez-vous à 22 heures 30 devant la porte arrière du Temple, prend ton sabre et ton courage.

L’immodestie des élus de la galaxie n’était pas la seule raison par laquelle Kolin était préoccupée. Il avait reçu quelques semaines plus tôt des nouvelles de son petit frère Mikko, le garçonnet âgé de six ans à peine était malade depuis son premier jour. Ses poumons étaient fragiles, il avait su tousser avant de savoir parler. D’après Joris, son état s’était aggravé et Kolin ne savait que trop bien que sa mère était incapable de prendre les mesures qui s’imposaient. C’était à son Kolin d’agir et il pouvait compter sur Sammy, son compagnon au grand cœur pour l’aider.

Le cadre de vie des souterrains n’arrangeait rien à son état de santé et les visites médicales en raison de leurs coûts étaient trop espacées. Il existait un forfait médical social pour les plus démunis mais celui-ci était modeste en comparaison du prix des soins médicaux.

De plus les habitants de souterrains avaient tendance à rejeter ce qui survenait du monde extérieur pour s’en remettre aux plantes locales ainsi qu’aux drôles de rites dispensés par les Osvolans : de prétendus sorciers aux techniques médicinales aussi douteuses qu’inefficaces qui plongeaient les malades dans l’eau radioactive des sorties d’usine ou qui pratiquaient encore la saignée prétextant qu’en ouvrant les veines la maladie s’échappait avec le sang.

Les rites païens conservaient une force et une vivacité toute particulière dans la Cour des Miraculeux, les habitants désespérés et crédules, abandonnés par les autorités, n’avaient pour seuls espoirs que de se raccrocher à ces coutumes d’un autre temps.

Le ciel de Coruscant s’était drapé de son long manteau bleu quand deux silhouettes fantomatiques arrivèrent à la porte du Temple Jedi. Kolin avait délaissé sa bure de Jedi pour des vêtements plus classiques ; les miraculeux ne voyaient pas les Jedis d’un très bon œil. Son cœur se serrait en repensant à ce retour aux sources.

- On va devoir prendre trois spatio ascenseur, pour aller de Galactic City à Calocour puis aux colonnes des communs et l’dernier nous amènera dans la Cour. En tous cas blast que c’est bien que tu m’accompagnes.

Et la présence de son compagnon le rassurait.

Les deux enfants, sans savoir qu’ils étaient épiés se mirent en route vers le premier spatioport. Passant relativement inaperçus dans les rues bondés. Ils arrivèrent sans encombres au premier ascenseur spatial, l'engin dévalait les niveaux de la ville planète à une allure endiablée.

- Bon quelques règles simples. Oublie tout ce que t’as connu, en bas c’est la loi du plus fort, si tu r’gardes mal un type il peut te trancher la gorge. Si on te propose d’la drogue tu dis non, si on te demande un service tu dis non. Si tu vois des mecs qui portent des bandeaux rouges à l’épaule c’est des mecs des Gentilshommes, un gang et genre pas sympa. Tu verras y a une grosse usine désaffectée, on va passer sur la gauche, les mecs devant c’est les drogués faut pas s’approcher.

Quelques dizaines de minutes plus tard ils arrivèrent au dernier spatio ascenseur. Dans un état , la grande plateforme contrairement aux autres ne transportait qu’une vingtaine de passagers.

- La Cour, c’est pas compliqué t’as trois quartiers : Ballade hurlante au nord c’est genre le centre-ville, y a le Joyau Cristallin une cantina plus dangereuse que l’Empire, ma mère bosse là-bas. ils ont un slogan « Si les clients ne vous tuent pas, alors les boissons s'en chargeront » T’as le spatioport, le mur des bannis, le marché et un tas d’autres trucs, essaye jamais de négocier avec ces types qui ont des stands ou alors crie plus fort qu'eux !

Le garçon marqua une pause en rassemblant la multitude de souvenirs qu’il conservait de l’époque de la Cour des Miraculeux.

- T’as le Nœud c’est là où y a les usines de traitements des déchets, les décharges et les puits d’ordure ! Ah tu sais mon vieux, tout à l’heure on a vu les Sénateurs dans leurs belles tuniques maintenant on va pouvoir respirer leur chiasse. Ah t’as aussi l’entrée du secteur invisible, faut pas y aller, il a des bestioles géantes qui te font fondre dans leurs sucs gastriques et des cannibales puis, y les Cthons, facile à retenir : Chtons, ils foutent les jetons. Même les gars des gangs y vont que quand ils sont obligés.

Kolin sourit intérieurement, son excitation était à son comble. Décrite de la sorte la Cour des Miraculeux avait tout d’un enfer mais pour le garçon elle était synonyme d’une vie à présent passée mais dont la nostalgie le hantait encore très souvent et il y avait ses deux frères bien aimés et sa mère.

- Puis t’as les Blocs, c’est là où on va c’est les habitations, j’habite au bloc 7, c’est le plus petit bâtiment RT-34. C’est tranquille, je suis connu là-bas.

À mesure que le spatio ascenseur se rapprochait dangereusement de la Cour, une odeur de poubelle monta aux nez des deux heureux padawans. Même si le fumet était familier pour Kolin, il avait oublié à quel point les décharges pouvaient être malodorantes. Il ne crachait pas sur ses origines mais la vie au Temple était tout de même plus propre et moins dangereuse.

La lumière commençait à baisser, les souterrains ne profitaient que quelques rares miroirs orbitaux et la nuit tombait très vite, seuls les néons blafards et les spots usagés installés sur les toits éclairaient les rues la nuit tombée.

L’ascenseur finit par s’ébranler et les deux imposantes portes rouillées s’ouvrirent. À la sortie de la structure les deux padawans purent contempler un paysage : terriblement familier pour l’un, totalement inédit pour l’autre. Kolin sentit son estomac se nouer ; il était chez lui, à nouveau.

- Bienvenue chez les miraculés mon pote !

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Malgré l’heure avancée la cour était en effervescence. La partie sud de Ballade hurlante par là où étaient arrivés les enfants regorgeait de créatures de toutes les espèces. Des fumées s’échappaient de stands de nourritures posés sur les trottoirs crasseux, de la musique se faisait entendre d’enceintes délabrées qui pendaient sur les lampadaires à la sortie des bars miteux à chaque coin de rues. Un cadavre encore chaud avait été déplacé sur le bas côté et était déjà à le festin des gros rats. Un peu plus loin dans une alcôve décrépie dormait à même le sol une femme et ses deux enfants, pas un passant n'avait un regard pour elle, indifférence glaciale d'une humanité que les niveaux supérieurs avaient abandonnée depuis longtemps.

Une rue plus loin, des hommes mêlés à de drôles d'aliens prenaient des paris sur des jets de dés. Il y avait aussi des gosses pas plus âgés que Kolin qui jouaient à la guerre, ne sachant pas qu'elle avait déjà frappée à leur porte depuis longtemps et qu'un jour, de vrais blasters noirciraient leurs mains trop pures et trop innocentes, les cris de leurs victimes finiraient par les hanter, comme tous les autres. Chaque passage ouvrait la porte à des surprises, Mille et un miraculeux anonymes vaquaient à leur occupation, mille et un et pourtant ce fut une silhouette familière qui s’approcha.

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- La sainte poubelle me coupe la queue ! Ko !

Un jeune humain sale comme un pou de seize ans s’était approché avec un grand sourire et enlaça un Kolin radieux.

- Blast Ko ! Ça fait une paye. Alors parait que t’es d’la haute maintenant. C’est qui ton pote, il est louche comme un Osvolans.

- Ma parole ! Luxus ! Laisse c’est Sam, un mec cool de chez les Jedis il est quart mais pas cric t’vois ! J’suis venu soigner mon frère, comment tu vas mon gars, j’suis content de te voir, alors quoi de neuf dans le coin ?

- Ben mon vieux t’as pas choisi le meilleur moment pour r’venir. Ça chauffe dans la Cour. Le Cartel du Sektor à un nouveau boss. Un type qui utilise la Force ! Il zigouille tout le monde, ils se sont alliés avec les motards de la Nouvelle Apocalypse et la troupe de B-77. Toute la zone ouest est à eux. Ça craint ils achètent pleins de trucs chelous à des mercenaires ; y parait qu’ils fabriquent une arme, j’crois que même tes potes les Jedis enquêtent.

Revoir son vieil ami de toujours faisait retrouver à Kolin tous ses anciens automatismes de son époque de la Cour et le jargon qui allait avec. Dans le même temps un gros balourd à la mine patibulaire bouscula Samaël et lui hurla de « faire attention où il foutait ses sales pattes ». Les mouvements de gangs étaient normaux, à mesure que les chefs se faisaient assassiner les alliances et les guerres évoluaient. L'ami d'hier pouvait devenir l'ennemi juré. Rien de très original pour un lieu de perdition comme la Cour.

- Sinon moi au frais, des fois ça suinte mais on carafite pas trop tu vois le zoung ?

- Grave zarg !

- Et toi l’pote t’as un blase ? C’est quoi ton histoire ? Tonna l’adolescent à l’adresse de Samaël en crachant par terre.

- Gramd ça craint. Dis moi t’as vu mes frères ? Ma mère va bien ?

- J’sais pas vieux, j’passe plus trop aux blocs ces derniers temps, ta mère est jamais là. J’ai vu ton frère j’crois que c’est Zayn Zapo qui s’en occupe maintenant.

- Zayn, le Gentilhomme ? Mec, c’est un type du gang, ma mère est pas si folle. Il faut qu’on y aille voir, tu viens avec nous ? Tu peux faire confiance à Sam, on s'est craché dans la main.

- J’fais le guetteur pour le Hautbois, t’sais le type qui fourgue du plasma volé. Mais tu ne peux pas, le cartel Sektor à bloqué le secteur depuis hier pour leurs magouilles, y sont pt’être même plus là tes frères.

Kolin eut un frisson dans le dos, un ressentiment étrange. Quelque chose clochait et très sévèrement. Sa mère toute inconsciente qu’elle fut n’aurait pas confié la garde des jumeaux à un membre d’un gang, comme tout le monde, elle avait appris à les craindre et de plus depuis quand s’amusaient t-ils à faire du babysitting ? Les blocs étaient des quartiers à peu près tranquilles, surtout le sien, pourquoi le plus gros gang de la Cour en bloquait t-il l'accès? Son intuition ne pouvait pas se tromper.

- Sam, tu es d’accord pour v’nir avec moi, c’est bizarre cette histoire. On peut essayer la cantina, ma mère est p’têtre de service. T'es d'ac ?

Le garçon fronça les sourcils. Toutes les situations dans la cour des miraculeux avaient quelque chose d’étrange au point que la norme elle-même en était bousculée, il s’inquiétaient peut être trop mais, aidé par la Force son jugement était plus fin que par le passé. Si les paroles de Luxus étaient vraies cela ne présageait rien de bon.

- Prend soin d’toi vieux, j’suis lourf de t’avoir zieuté.

- Toi aussi mon pote, fais gaffe à toi, et cherchez les Techies, ils squattent le coin ces derniers temps et savent pas mal de truc. Toi aussi l’pote fais gaffe à tes pattes !

Kolin eut un regard compatissant pour Samaël. Il lui rebattait les oreilles avec la Cour des Miraculeux depuis le premier jour et maintenant qu'ils étaient là, il avait presque honte que son ami voit dans quelle misère il avait grandi. Tout ça était tellement éloigné du mode de vie des Jedis avec leurs ongles bien propres et leurs cheveux bien peignés. L'expérience avait montré que le Chironian n'était pas Jedi à juger facilement et c'était d'ailleurs pour ça que Kolin le portait dans son cœur. Une fois encore Kolin entraînait Samaël à braver les règles. Avec un peu de chance ils seraient revenus avant le lever du soleil et personne ne saurait rien de leur escapade. Kolin savait aussi que personne n'était à l'abri de changer. Cette maudite cour changeait les gens, leur faisait perdre leur humanité.

Nul ne sortait indemne de la Cour des Miraculeux.
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Pour être honnête, Samaël pensait que ce fameux jour où ils seraient assez entraînés pour retourner dans la cour des Miraculés aurait tardé d'avantage, parce que personnellement, le centaure ne se sentait guère préparé. Malgré des améliorations, le jeune Jedi ne se sentait pas la force de lutter contre des cartels de drogues comme on en voyait dans des holofilms de basse qualité réunissant tous les clichés. Enfin, il était aussi vrai que la maladie de Mikko n'attendrait pas plus et que l'occasion était belle. Obéir avait coûté beaucoup d'efforts à Samy car les adultes de son clan laissaient les enfants se débrouiller toute la journée pour leur forger le caractère. Ainsi, ces derniers galopaient sans contrainte dans les forêts, près des lacs, se salissant et criant, sachant que le groupe finissait par se canaliser lui-même. Les comportements les moins appropriés étaient rejetés, les centaures trop individualistes, abandonnés par leurs camarades. Cela avait donc été très dur pour lui de s'adapter aux règles strictes du Temple, mais sa bonne composition avait fini par l'y aider, le poussant finalement à ressentir un grand soulagement. Le Padawan était donc normalement sage et poli en classe, attentif au contraire de Kolin l'indiscipliné. Par contre, il était également influençable, se laissant naturellement guider par les leaders nés comme son ami, précisément. Le pré-ado des rues continuait d'éveiller son admiration de part son attitude, ce détachement apparent qui le rendait inaccessible sauf pour quelques privilégiés comme lui.

En partie influencé donc, mais surtout convaincu par son âme de Jedi, Samy n'avait pas renoncé à la mission, même si c'était trop tôt et que cela signifiait fausser compagnie au groupe de Padawans encadré par Maître Tutunielle, si vieux et si ennuyeux que le centaure avait peiné à se sentir tranquille lors de cette première journée de formation. A 22h précise il avait retrouvé Kolin, la tête vide, sa longue queue plaquée contre un arrière-train aux muscles tendus. Tout cela allait à l'encontre de son instinct de proie-même si les centaures étaient des chasseurs occasionnels.-. Chercher les ennuis.

- Bien sûr que j'allais venir.

Renchérit Samy d'une voix se voulant déterminée mais quelque peu chevrotante. Heureusement, Kolin connaissait l'endroit comme sa poche et il était bien vu ici. Sûr qu'ils n'auraient pas d'ennuis. Il leur fallait simplement ne chercher des noises à personne, aller chercher Mikko et... Et quoi au juste ? Le gamin ignorait si l'humain avait préparé une suite à son plan, sachant qu'ils n'avaient présentement aucun médicament avec eux, mais il lui faisait confiance, et n'avait de toutes façons guère de moyens pour évaluer la situation.

Les bas-fonds de Coruscant étaient parsemés d'espèces plus bizarres les unes que les autres, tant et si bien que pour l'une des premières fois de sa vie, Samy ne subit aucun regard appuyé sur sa croupe... Seulement des airs patibulaires, torves ou enjôleurs accompagnés de sachets avec des poudres suspectes.

- Non je vous remercie de tout coeur, mais ce n'est pas possible, désolé.

Traîné par son guide dans les méandres d'un Monde dans le Monde, Samy essayait d'écouter les instructions de Kolin tout en refusant -trop poliment probablement- les drogues qu'on lui proposait. Un homme le fit même bondir et déguerpir sur place lorsqu'il frôla son pelage d'une main en se demandant quel prix il pourrait tirer de ce joli cuir.

- De toutes façons j'avais pas envie d'aller à cette cafétéria.

Dit-il en dénommant le fameux Joyeux Cristallin de manière aussi fausse qu'amusante. Une cafétéria que le gosse imaginait sale avec plein de monde et ce fameux homme qui lui avait flatté les flancs dans l'idée de le vendre. Il était bien sûr encore très loin du compte bien que sa vision du dit endroit soit déjà cauchemardesque. Pauvre Samaël, habitué aux grands espaces verts, pourvu de dangers également, certes, mais tellement purs. Les oreilles plaquées en arrière et le nez froncé, le jeune centaure avançait d'un pas raide, finissant par se cogner légèrement à son camarade lorsque ce dernier s'arrêta pour faire face à un adolescent de sa race-tout du moins en avait-il l'air.- extrêmement sale.

- Euh... Salut. Moi j'viens aider Kolin, on est copains.

Signifia Samy en guise d'histoire, se retenant de reculer lorsque le garçon cracha par terre. S'il avait connu un monde sans trop de chichis sur sa planète, le décor et les personnes étaient drastiquement opposés. Les campagnards étaient fermés, bruts de décoffrage, souillé de purin jusqu'aux yeux, mais pas aussi vindicatifs. En effet, envers les étrangers, les centaures étaient plutôt bienveillants, heureux de sortir de leur isolement, même s'ils étaient méfiants, creusant un sillon de chuchotement en guise de tapis rouge à l'inconnu. En revanche, eux aussi avaient un accès aux soins très limités, achevant plus vite un enfant parfois à cause de leurs anciennes croyances. Samaël n'en prenait pas encore totalement conscience, très jeune, mais Maître Tutunielle justement, en cours de sciences et vie de la Galaxie leur avait enseigné le problème des populations isolées, rurales comme citadines. Du coup déterminé à aider Mikko qui en était une victime, le centaure utilisa de son mieux les conseils de Kolin ainsi que l'observation des réactions de ce dernier. Essayant de ne pas trop songer au Cartel de Drogue -comme dans cet holofilm où une femme dirigeait sa famille d'une main de fer... C'était quoi son nom déjà ? Ah oui "La Marraine" Pardon elle est nulle- utilisant la Force, il resta planté devant Luxus, fronçant les sourcils pour se donner un air voyou.

- Ouais mec, même qu'on s'est craché dans la main, et que le frère de mon ami, c'est mon frère aussi.

Sincèrement, le gosse avait tellement entendu parler de la Cour des Miraculés qu'il avait l'impression d'avoir aussi à charge la famille de Kolin. Espérant toutefois ne pas trop le vexer par tant d'allégations, Samy demeurait un pas en arrière de son ami, le laissant commander, tandis qu'il calculait s'il s'était trop avancé ou pas. Difficile de se rappeler des leçons de son aîné dans une situation plus vraie que nature. Heureusement, Luxus qui parvenait déjà à l'effrayer s'en alla. Cela voulait-il dire que Samy était accepté à la cour, probablement pas car l'ado n'était pas un des chefs. Tout de même encouragé, le jeune centaure rattrapa son camarade après avoir salué celui qui leur avait donné des informations d'un "merci toi aussi fait gaffe mon pote".

- Les Gentilhommes tu dis, c'est pas les pires ceux-là justement ? Ohlala, faut vite qu'on retrouve Mikko.

Les oreilles du gamin pointèrent en direction des blocs, où les défavorisés vivaient. Perdant un brin de sa timidité, comme boosté par la nouvelle qui aurait normalement dû l'assommer, l'enfant planta fermement ses 4 sabots dans le bitume. Il aurait bien conseillé à Kolin d'en parler aux Jedis, mais c'était une discussion déjà vue, sans parler du fait qu'apparemment, ces derniers étaient mal considérés dans la Cour. C'était d'ailleurs pour ça que Samy se tenait à ses côtés avec un simple tee-shirt beige en guise de vêtement et son sac en bandoulière. Apparemment, il leur faudrait se débrouiller seuls.

- C'est quoi le plan maintenant ? Tu crois que Mikko est encore chez toi, ou alors chez ce Zado truc là ?

Remettant bien en place son petit sac de cuir en bandoulière contenant son précieux sabre d'entraînement, Samaël jaugea les lieux de son grand regard bleu. Au moins, il avait retenu les trois zones principales de la banlieue, habitué dans la forêt à prêter une grande attention à l'orientation. Lorsque ses parents le laissaient s'en aller avec les aînés, ou au contraire, lui avec des plus jeunes, le centaure avait dû apprendre à se repérer extrêmement vite, c'était une condition obligatoire pour survivre.

- Tu sais, si on doit aller le chercher là-bas... J'viens.

Il y avait bien eu un léger temps d'hésitation, mais Samy était décidé. Tout à coup, le Padawan fut toutefois dérangé dans son moment d'aveux dignes par un bruit, minime mais audible pour sa race possédant des sens développés.

- Euh Kolin... Y'a un truc derrière qui essaye de se faire discret.

Au pire il se trompait, au pire "ça" n'avait pas la Force contrairement à ce qu'il venait de capter, et peut-être que "ça" n'existait même pas. Néanmoins dans la tête de l'enfant, l'idée que ce soit le chef du cartel maîtrisant la Force l'effrayait grandement. Il lui fallut tous les efforts du monde pour ne pas faire volte-face et fuir. Oh non, il n'abandonnerait pas Kolin.

[HJ: Je ne fais pas beaucoup avancer le truc, désolé, Samy étant dans un lieu inconnu et un peu personnage secondaire pour l'instant ! J'ai juste introduit l'un de vos persos (en supposant que la "chose" a la Force.) si elle le souhaite, ou rien du tout... Car ce peut-être son imagination. ]
Dalla Tellura
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[Désolée, la fac m'a pris beaucoup plus de temps que prévu cette semaine, entre la bibli, les biblios, la validation des séminaires...]

Quand Dalla avait appris qu'il allait y avoir une visite du Sénat, elle avait sauté sur l'occasion. À la remise des médailles, tout était très encadré, cela regorgeait de gardes du corps personnels qui s'ajoutaient aux services de sécurité minimum, elle n'avait pas eu l'occasion de faire du tourisme. Alors elle avait demandé sa demi journée au chevalier Belluma, qui avait bien sûr accepté, et elle s'était jointe au groupe. Elle avait retrouvé Kolin, qui semblait définitivement remis de ses blessures, et qui était flanqué d'un padawan qu'elle ne connaissait que de vue (difficile de manquer cet étrange hybride entre un équidé et un humanoïde!). Le chironien semblait plutôt réservé, et Dalla elle-même était plutôt une solitaire, a priori, ce qui faisait qu'ils n'avaient jamais eu l'occasion de discuter.
Mais Dalla n'était pas venue pour faire des mondanités. Elle voulait voir la réalité du décor de cet endroit où se prenaient tant de décisions politiques de première importance. Le siège de la République, son centre névralgique. Là où les puissants décidaient du sort du monde… en bien ou en mal.
Elle observait les décorations avec grand intérêt, essayant de reconnaître ce que maître Tutunielle appelait « un style typiquement hapien ». Elle n'était pas sûre de bien saisir la différence avec « l'ambiance troisième époque alderaanienne » qu'ils avaient pu admirer dans le bureau précédent. Alors qu'elle suivait le mouvement général en jetant un dernier regard au « style typiquement hapien », Kolin s'arrêta brusquement pile devant elle, la forçant à s'arrêter elle-même, et détournant son attention du décor. Elle n'avait pas eu l'intention d'espionner, pas du tout, mais son camarade ne s'était pas vraiment caché, non plus… Et ce qu'il dit lui laissa un bien mauvais pressentiment…

Pendant tout le reste de la visite, elle eut beaucoup plus de mal à se concentrer sur les styles et les architectures en présence. Qu'est-ce que Kolin et son ami pouvaient bien prévoir de faire à une heure pareille ? Et à la porte du Temple, ça ne pouvait vouloir dire qu'une chose : ils allaient sortir. Ce n'était déjà pas une bonne idée en soi, à son avis, par ces temps troublés, mais si Kolin mentionnait la nécessité de prendre un sabre laser, ça ne pouvait être que très mauvais…
Comme ils passaient par la salle où avait eu lieu la cérémonie de remise des médailles, Dalla songea que ça devait très vraisemblablement avoir à faire avec le passé de Kolin, qui le faisait tant mépriser la pompe du Sénat. Avaient-ils prévu de se rendre dans les quartiers mal famés de Coruscant ?
Dalla ressassa ces idées tout le reste de la journée. C'était important de voir les ors de la République, mais le Sénat n'était pas la seule réalité sur Coruscant. Maintenant, sa curiosité était piquée. Une fois rentrée au Temple, elle s'accorda une petite séance de méditation, pour démêler ses sentiments de méfiance, de peur du danger, de curiosité…
Puis elle mangea tôt, fit une petite sieste, et à 22h elle était debout. Elle laissa un petit mot sur son oreiller, dans sa chambre dans l'aile de l'infirmerie. Comme ça, si les choses tournaient mal, au moins le chevalier Belluma s'en rendrait compte le lendemain matin, en ne la voyant pas se présenter et en venant lui tirer les oreilles.

Elle se glissa aussi silencieusement qu'elle put hors du Temple, et se posta de façon à voir la porte, mais suffisamment loin pour qu'on ne détecte pas sa présence. Elle avait pris une grande cape sombre, qui la dissimulait des pieds à la tête, son sabre, sa ceinture multi-poches que, depuis Félucia, elle remplissait toujours de rations de survie et de doses de bacta, et son comlink.
Elle vit les silhouettes de ses camarades se dessiner devant la porte, puis quitter l'enceinte du Temple. Elle les suivit à distance raisonnable, concentrant tout son pouvoir de sens exacerbés pour ne pas les perdre. C'est tout de même ce qui faillit se passer aux ascenseurs, puisqu'elle n'osait pas prendre le même qu'eux, et devait attendre le suivant. Elle eut un moment de panique en sortant du deuxième, avant de retrouver la trace des deux padawans qui marchaient vers un troisième ascenseur.
Aussi, elle se sentait absolument épuisée en débouchant dans cette grande cour puante où Kolin et son ami semblaient s'être momentanément arrêtés.
Dalla n'avait jamais vu un pareil spectacle. Sur Ryloth, elle vivait dans la jolie villa de ses parents, ne côtoyant la pauvreté que quand les clients de son père venait se présenter hors de ses heures de consultation. Les deux Temples jedi, même s'ils ne pouvaient être comparés au Sénat, étaient d'un confort et d'une propreté remarquables, quant à Félucia, elle en avait surtout vu la flore luxuriante… puis les ruines. Mais rien de tout cela n'était même comparable à ce cloaque infâme. Dalla ressentit d'abord un profond dégoût pour ceux qui se permettaient de mettre leur lieu de vie dans un pareil état, puis ce dégoût se transforma en profonde pitié pour ceux qui devaient vivre ici. À bien y réfléchir, elle doutait que la situation soit le fait des seuls habitants... Pas étonnant que Kolin lui semble si peu à cheval sur l'hygiène : à côté de cet endroit, il était plus propre qu'une compresse stérile !
Avec tout cela, elle avait perdu les garçons de vue. En les cherchant, elle vit un corps étendu dans un coin, entouré de bêtes répugnantes. Dalla faisait déjà un pas pour aider ce malheureux, quand la Force lui révéla qu'il était déjà mort. Elle jeta un regard stupéfait sur les gens qui passaient auprès de lui, comme si de rien n'était. Mais où avait-elle donc atterri ? Sa grand-mère n'avait peut-être pas tellement tort quand elle disait que la curiosité était un bien vilain défaut…

Dalla se sentait toute petite, vulnérable au milieu de cette foule sale, indifférente et bruyante. Elle était bien contente d'avoir laissé son capuchon sur sa tête. Les jeunes twi'leks devaient représenter une cible de choix dans ce genre d'endroit, surtout quand elles commençaient, comme Dalla, à voir un corps de femme se dessiner sous leurs rondeurs de petite fille. Mais avec sa cape, et sa taille relativement grande pour son âge, elle pourrait sûrement échapper aux importuns, à condition bien sûr de ne pas faire de gaffe.
Elle finit par retrouver les deux padawans, en grande discussion avec un humain. Sans les perdre des yeux, elle s'isola dans un coin très crasseux mai relativement calme, et sortit son comlink. Le chevalier Belluma lui avait indiqué la fréquence où joindre le droïde concierge du Temple, au cas où elle ait besoin d'aide quand elle était seule de garde à l'infirmerie, la nuit. Mais le droïde saurait aussi sûrement très bien prévenir un jedi que trois padawans égarés étaient perdus en plein bas-fonds, et que selon toute vraisemblance, ils ne tarderaient pas à avoir de sérieux ennuis. À quoi s'attendre d'autre dans un lieu pareil ?

-Je suis A-3Y8, que puis-je faire pour vous ?
-Je m'appelle Dalla Tellura, je suis une initiée. Je me trouve actuellement dans les bas-fonds de Coruscant… je vous envoie tout de suite ma position exacte. Je suis avec deux camarades et… enfin… il vaudrait mieux prévenir un Maître ou un Chevalier de la situation… Je… euh, il vaut mieux que je raccroche…

Deux gamorréens fixaient son comlink avec attention depuis quelques temps. Sortir ce genre d'appareil ici n'avait peut-être pas été très judicieux…
Elle s'éloigna à grands pas qu'elle espérait assurés. Un groupe de besalisks lui cachait momentanément Kolin et son ami, et la foule était si dense qu'elle avait du mal à percevoir leur signature spirituelle.

-Et ben, mon p'tit, on est paumé ?

Oh non, il semblait que ces paroles lui étaient destinées. Elle pressa le pas, en essayant de tourner la tête pour voir qui lui parlait, histoire de jauger la menace éventuelle, mais son mouvement fit tomber son capuchon, révélant se deux lekkus et se traits juvéniles.

-Une twi'lek, hein… T'as quoi, quinze piges ?
-Je ne suis pas perdue, je vous remercie. Je vous prierai de me laisser tranquille, je suis pressée !

Et joignant le geste à la parole, elle reprit sa marche rapide vers l'endroit ou se trouvaient ses compagnons.
Une marche un peu trop rapide et pas assez discrète, semblait-il, puisque quand Kolin et son ami revinrent dans son champ de vision, et qu'elle se trouva assez près pour se concentrer sur leur aura, ils la regardaient fixement.



[HRP : Surprise ! C'est moi !
Leto, j'ai utilisé cette histoire de droïde en me disant que comme ça, ça te laissait le choix de la façon dont tu te joignais à l'histoire...]
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Coruscant... L'étincelante, éclat de la galaxie. Le centre névralgique de la République, son épicentre, sa colonne vertébrale. Le cerveau du régime politique, de son système économique. Le cœur d'une organisation titanesque, s'étendant sur des dizaines de systèmes. Den ne lui trouvait pourtant rien d'étincelant. Elle était même particulièrement morose à ses yeux. Derrière la vitre du transport qui l'acheminait vers le Temple Jedi, le Dubravan laissait planer un regard distrait sur les grattes-ciels embrumés et les millions de lumières peuplant cette jungle urbaine. Tant d'âmes peuplaient ce monde... toutes si différentes les unes que les autres. Baissant les yeux vers le bas de la cité, il ne put percevoir qu'un gouffre béant. Les immeubles s'enfonçaient aussi loin qu'ils s'élançaient dans le ciel. On ne voyait rien des bas-fond à une telle altitude, si ce n'est des lumières éparses et des vapeurs, surgissant entre deux ascenseurs gravitationnels et venant nourrir le smog qui stagnait dans le ciel. Quelle désolation...

Cette planète incarnait les limites d'un progrès complètement fou, mal maîtrisé. Le sujet portait à réflexion. Voir l'état d'une telle planète, complètement urbanisée, polluée, ayant épuisée ses ressources naturelles et dépendant de l'importation laissait songeur. Cela lui rappelait son monde d'origine, Eriadu. Était-ce vers ce modèle qu'elle courait ? L'équilibre entre la nature et le monde civilisé avait été bafoué ici bas. Et d'un point de vue social, la réalité était bien pire encore. Là encore, cela lui rappelait terriblement sa propre enfance. En tant que recruteur, il connaissait bien l'organisation par strates de la société de Coruscant. Elle était fascinante car reproduite de manière concrète dans l'organisation de la cité. Plus l'on descendait, plus l'on rencontrait de miséreux, et l'on tombait dans les classes les plus populaires. Au contraire, plus l'on montait dans les cieux, plus la richesse était concentrée. On pénétrait alors dans le monde des riches, et des ultras-riches. Politiciens et magnats des finances s'y côtoyaient. Hommes d'affaires, industriels, sénateurs... Des endroits tout aussi infâmes que certains bidonvilles, aux yeux de Quovro.

Venir ici n'était que rarement une sinécure pour lui. Il préférait bien des mondes à Coruscant, qui incarnait au fond tant de choses qu'il souhaiter voir mises à bas. Alors pourquoi ce séjour ? En vérité, il avait pour une fois de nombreuses raisons d'être à Galactic City. Tout d'abord professionnelle. Une colloque sur le recrutement des jeunes initiés et vers un plus grand ratissage des mondes extérieurs à la République était organisée au Temple de Coruscant. Il devait y intervenir pour faire part de son expérience et des attentes des Jedi recruteurs, notamment dans la Bordure Extérieure. Ensuite, raison plus personnelle, Den avait eu vent de l'organisation pour des initiés d'Ondéron d'une visite du Sénat et des appareils politiques de la République. Bien que largement opposé au système républicain, le Maître Jedi était toujours curieux d'apprendre et de découvrir les rouages du systèmes de manière plus concrète que les livres et holocrons qu'il dévorait habituellement. Ainsi il comptait bien profiter de cette petite visite en s'y joignant après le colloque.

Enfin, il apercevait le Temple Jedi à travers la vitre, tandis que la fine pluie qui avait accompagnée son trajet cessait tout juste de tomber. Se dégourdir les jambes étaient agréables. Il avait dû voyager de la Bordure Extérieure jusqu'à Coruscant pour enfin prendre un transport jusqu'au Temple. Autant dire que hormis dans les spatioports et les coursives de vaisseaux, il n'avait eu que peu d'occasions de marcher et voir autre chose que le vide intersidéral. Tandis qu'il prenait un grand bol d'air pas si frais que cela, il se disait que dans ces circonstances, même le paysage urbain de Coruscant pouvait devenir agréable. Il comptait rester quelques temps sur place avant de repartir en mission. Il avait besoin de souffler, les voyages spatiaux n'étaient pas sa tasse de thé, et pourtant représentaient une grande partie de son quotidien.

Son colloque était dans quelques heures et il avait le temps de souffler un peu. Le Temple l'hébergeait bien évidemment pour la durée de son séjour, et il fut accueillis par quelques vieux amis. La plupart d'entre eux étaient des recruteurs qui allaient participer à la conférence, avec qui il avait fait équipe ou échangé maintes fois. Des gens avec qui il avait grandit. Den portait une affection particulière à l'un d'eux, un corrélien du nom de Guilho Tucker. Son second maître, celui qui l'avait poussé à devenir un Jedi Sentinelle à la Division des Acquisitions. Ils s'étreignirent et disparurent dans le Temple, où ils conversèrent longuement, savourant quelques tisanes et boissons chaudes dont le vieillard avait le secret. La discussion dériva naturellement sur la conférence qui devait avoir lieu d'ici quelques heures.

« - Alors Den, tu as préparé ton intervention pour ce soir ?
- Pas vraiment, Guilho. Enfin... Je dois t'avouer que j'ai quelques idées en tête. J'hésite à les préparer à l'écrit. Je ne parlerai que peu de temps, je ne sais pas si cela est nécessaire.
- Allons... Je te connais, tu as très certainement beaucoup, beaucoup de choses à dire.

Le dubravan ne put s'empêcher de sourire.

- Bien sûr. Mais cela ne veut pas dire que ces choses sont pertinentes.
- Ne me fais pas croire que tu n'as pas de réclamations à faire remonter aux oreilles du Conseil...
- La situation est délicate. Je reviens de la Bordure Extérieure. Nous manquons de moyens, quand nous sommes éloignés de la République. Aller chercher des enfants si loin n'est pas toujours facile, surtout en ces temps troublés. L'Espace Hutt est particulièrement agité. J'aimerai réclamer des choses, mais quoi ? Nous manquons de matériel et de logistique, mais d'un autre côté, quand nous agissons en dehors des frontières républicaines, nous le faisons en connaissance de cause. Je ne peux en demander trop à l'Ordre. Mais j'espère que cette conférence sera l'occasion de dégager des solutions.
- Je n'en doute pas une seconde. D'ailleurs, l'heure arrive à grands pas. »

Ils se préparèrent hâtivement. La salle où se tenait la conférence n'était pas spectaculaire. Il y avait une dizaine d'intervenant, et le triple de spectateurs. Quelques représentants de la République avaient été conviés également. Den ne se lèverait pour parler qu'au moment où ils aborderaient les Bordures Extérieures, c'est à dire près du terme de la réunion. Quand vint le moment, il se leva de son siège, faisant face à l'assemblée, peu expressif comme à son habitude. Et pourtant, il devait s'avouer légèrement intimidé. Il n'avait jamais été un grand orateur, mais il lui faudrait se faire violence. Le sujet le passionnait et touchait son quotidien. Quoi de plus primordial alors de faire valoir son expérience ? Il sourit à Guilho, qui lui fit un signe de la main, et commença sa tirade ainsi :


« - La Division des Acquisitions a entre ses mains l'avenir de l'Ordre Jedi. Celui-ci ne réside ni dans la guerre, ni dans la politique. Il échappe même en quelques aspects à la Force. En effet, très chers confrères, l'avenir de l'Ordre Jedi, tout comme celui du reste de la galaxie, réside dans ses enfants. »

Les échanges continuèrent pendant des heures. La question de la Bordure Extérieure était complexe, surtout en considérant le contexte actuel. La République ne souhaitait pas nécessairement s'engager plus que cela en dehors de ses frontières. Elle menait une véritable guerre froide contre l'Empire, qui menaçait de dégénérer à tout moment en conflit galactique. La guerre était aux portes de la galaxie, il fallait voir les choses en face. Ainsi, si la politique de recrutement au sein des territoires républicains était bien gérée et dépendait d'un système bien huilé qui testait les enfants dès la naissance, à l'extérieur les Jedi devaient s'en remettre à eux-mêmes. Rien de concret ne fut réellement avancé, bien que quelques pistes intéressantes furent lancées. La nuit fut donc bercée de songes pour Den Quovro, à l'avis mitigé sur les résultats de ce colloque.

Mais il n'eut pas le temps de trop tergiverser dessus. Demain, il devait rejoindre la suite de la visite des initiés, qui avait déjà commencée aujourd'hui. C'est donc d'un pas pressé qu'il traversait le Temple en direction de ses quartiers pour se reposer. La nuit était tombée depuis peu, et le soleil avait laissé place aux feux étincelants des néons et éclairages artificiels qui faisaient luire la planète entière. Den s'arrêta instant sur une terrasse du temple pour admirer la vue. Il n'aimait guère ces complexes urbains où tout se marchait dessus, mais il devait avouer qu'il y avait quelque chose d'impressionnant. Les vaisseaux se glissaient entre les bâtisses titanesques, qui allaient défier les cieux avant de s'enfoncer dans les entrailles de Coruscant. Ces mêmes entrailles qu'il avait visité des mois plus tôt pour y tirer des gamins de la misère. Son esprit se perdait dans ses souvenirs, et il ne vit pas venir vers lui un droïde protocolaire complètement affolé.

« - Maître Quovro ! »

Il eut un sursaut, se retournant, gêné de n'avoir rien sentis venir, complètement absorbé par ses songes.

« - Que se passe-t-il A-3Y8 ?
- J'ai reçu un message particulièrement inquiétant de l'initiée Dalla Tellura, Maître !

Ce nom ne lui disait rien. À dire vrai, Den n'était pas vraiment un habitué du Temple d'Ondéron et encore moins de celui de Coruscant, et ce depuis qu'il était devenu Chevalier Jedi. Il passait son temps à vagabonder et rapatrier des enfants vers les enclaves Jedi. Quand il revenait au bercail, il se reposait quelques jours avant de repartir, intenable. Le droïde semblait réellement perturbé et Den avait un mauvais pressentiment.

- Fais-moi écouter, s'il te plait, » dit-il calmement.

Il n'était pas dans ses habitudes de céder à l'excitation. Peut-être que le droïde s'inquiétait pour rien. Les initiés avaient peut-être fait une virée en ville à l'improviste et s'étaient retrouvés dans un lieu mal famé ou s'étaient perdus dans la cité tentaculaire. La cité était dangereuse, mais les alentours du Temple relativement calmes tant que l'on ne descendait pas trop profondément. Et il doutait que de jeunes Jedi soient assez audacieux pour s'aventurer jusque dans les couches les plus profondes de la cité, et par la même, de la société. Et pourtant...

« -Je m'appelle Dalla Tellura, je suis une initiée. Je me trouve actuellement dans les bas-fonds de Coruscant… je vous envoie tout de suite ma position exacte. Je suis avec deux camarades et… enfin… il vaudrait mieux prévenir un Maître ou un Chevalier de la situation… Je… euh, il vaut mieux que je raccroche… »

Den avait presque oublié l'impétuosité de la jeunesse. Erreur qu'il lui arrivait encore de faire, et pourtant, il en avait cotoyé, de jeunes Jedi, padawans et initiés. Certains avaient en effet de la suite dans les idées, et pire encore, une notion visiblement relative du danger et de la prudence. Pourquoi et surtout comment s'étaient-ils retrouvés dans les bas-fonds ? La petite avait clairement l'air inquiète. Den n'aimait pas ça. Les bas-fonds n'étaient pas vraiment un endroit recommandable, surtout pour des initiés. Lui qui avait eu l'occasion de les visiter à quelques reprises savait par ailleurs que les Jedi n'y étaient pas forcément les bienvenues. C'était un monde à part, vivant au cœur même de Coruscant. Un monde oublié du reste de la cité, et qui parvenait à oublier qu'il y avait autre chose autour de lui. Laissé à son sort, il subsistait, dans le crime, la misère et la crasse. Les rejetons de Coruscant y gambadaient, pieds nus dans la crasse, au milieu des déchets et des trafiquants. Il se retrouvait dans cette jeunesse dénuée d'illusions et qui pourtant gardait une once de naïveté et parvenait à rêver au milieu d'une décharge. Lui qui avait grandit dans la misère ouvrière d'Eriadu et son dénuement ne pouvait que se retrouver dans leurs sentiments.

« - Tu as réussis à localiser la provenance de la transmission ?
- Oui, monsieur. Il semblerait que Dalla Tellura ait envoyé ce message depuis la Cour des Miraculés.
- Nom d'un lekku... Avertis les autres, je pars tout de suite à leur recherche. »

Sur ce, Den fit volte-face et s'engouffra dans les impressionnants couloirs du temple. Il fit une halte dans ses quartiers, pour quitter sa bure et son apparât de Jedi, qui serait un handicap bien trop lourd à porter en contre-bas. La Cour des Miraculés... Qu'est-ce que des enfants allaient faire là-bas ? Den n'y avait mis qu'une seule fois les pieds, et le déchaînement de violence qu'il y avait observé l'avait profondément bouleversé. Une véritable faune vivotaient là-bas. Encore plus que le reste des bas-fonds, la Cour était un monde à part, dont Den aimait voir les rouages. Il connaissait mal le quartier, mais ce dernier était l'exemple même de la fange de la population abandonnée par la République. Les laissés pour compte, vivant dans un dénuement total. Le meilleur des terreaux pour le crime et la violence. Si l'on devait faire une comparaison, c'était une véritable enclave Hutt au sein de la République. On pouvait s'y croire dans les coins les plus mal famés de Nar Shaddaa. D'ailleurs, nombreux étaient ceux, même habitant Coruscant, qui ignoraient l'existence de cet endroit. Ce n'était pas le genre de quartier mis en valeur par les brochures touristiques. Et la seule partie de la population la plus riche de la planète qui en connaissait l'existence était leurs déjections, puisque le quartier abritait les usines de traitement de déchets et tout ce qui tournait autour. En somme, ces enfants n'étaient pas vraiment dans l'endroit le plus agréable de la galaxie, et Quovro se demandait même comment ils avaient pu le trouver. Avaient-ils été embarqués dans un traquenard, kidnappés ou attirés jusque là-bas ? Il fallait prendre à pieds plusieurs ascenseurs gravitationnels bien précis pour s'y rendre, et leur présence, si profond dans Coruscant, ne saurait être un hasard. Le temps pressait, d'autant plus que la tombée de la nuit ne rendait pas les lieux plus fréquentables, si cela avait une incidence dans de tels endroits.

Une fois vêtu d'un habit plus discret, une tunique noire moulante des plus classiques ainsi qu'un manteau dissimulant son sabre laser. Sans plus attendre il quittait le Temple à l'aide d'un Speeder de l'Ordre. Il déambulait à toute vitesse entre les grattes-ciels et la circulation particulièrement intense, fonçant vers les niveaux inférieurs. La lumière se raréfiait à mesure qu'il descendait, tandis que la nuit avait posé son drap sur le ciel de la planète. Il mit de longues minutes à descendre aussi bas que possible, et fut contraint de poser son speeder auprès d'un ascenseur gravitationnel, celui qui le plongerait au cœur de Coruscant. Il n'était pas sûr de retrouver son véhicule en revenant, et l'avait déposé dans un endroit discret. Aussi loin dans les bas-fonds, on ne pouvait plus compter sur les autorités locales. La loi de jungle s'appliquait désormais. Mais il n'avait pas vraiment le temps de s'en soucier, à dire vrai, c'était le cadet de ses soucis. Il s'engouffra dans l'appareil grinçant qui devait l’amener au cœur de la Cour des Miraculés. Contrairement aux rues aux alentours, l'ascenseur n'était pas pleins, ce qui était plutôt agréable compte tenu de la vétusté de l'engin. Il dévalait tout de même les secteurs à une vitesse folle, sa quinzaine de passagers parqués entre ses cloisons rouillées.

Les minutes passèrent lentement. Den, d'un naturel calme et patient se sentait inhabituellement stressé. Il connaissait mal les lieux, n'avait aucune idée de ce que ces initiés faisaient si loin du temple et dans quel pétrin ils avaient pu se mettre. Il n'y avait plus qu'à prier pour les retrouver le plus possible. Appuyé contre la paroi de l'appareil, dans un coin, il se concentrait dores et déjà, sondant les alentours à la recherche des élèves perdus, parmi une faune abondante et aux sentiments forts et mouvants. Où étaient ces trois petits Jedi ? Il fallait espérer qu'ils ne se jetaient pas dans le piège d'un grand méchant loup.

L'engin s'immobilisa subitement, ouvrant ses impressionnantes portes d'acier, dévoilant derrière ses battants un paysage qui était d'une certaine façon fascinant. Des vapeurs parfumées s'envolaient des rues étroites et bondées d'un bidonville coloré par la crasse et les différentes espèces qui se côtoyaient, se mêlant à l'air vicié par la pollution et les déchets omniprésents. Les taudis étaient construits les uns sur les autres, faits de bric à brac et abritant des stands variés de nourriture, de vente et de jeux d'argents. Malgré l'heure avancée, l'endroit était encore bruyant et fortement fréquenté. Des types armés se baladaient tranquillement au milieu des civils, tandis que les petites frappes observaient la faune depuis les ruelles sombres. Plus loin, quelques bâtiments en durs surplombaient les taudis s'appuyant sur le pieds de tours et pylones qui s'élevaient bien plus haut. Le ciel était totalement obstrué par l'amoncellement de constructions au-dessus des têtes. Les néons clignotant et les enseignes des marchands éclairaient l'endroit le plus exotique de Coruscant. Den fit un pas en avant avant d'être bousculé par un besalisk bien plus sûr de lui qui se frayait un passage dans la foule, sans même jeter un regard aux passants qu'il dégageait à l'aide de ses larges épaules. Et bien... Par où commencer ?

Il n'était pas étranger à ce genre de quartiers. Il en avait visité de nombreux partout dans la galaxie et avait grandis dans un ghetto d'Eriadu – bien que la misère y était encore différente – ainsi il parvenait à se mouvoir sans faire tâche. Sa discrétion naturelle aidait. Il se glissait entre les badauds, évitait soigneusement les cadavres par terre et les junkies. L'odeur du coin était... Forte, c'était le moins de le dire. Cela s'expliquait certainement par une des particularités du quartier, sa proximité avec les usines de traitement des déchets, mais surtout par le fait que le haut de la cité déversait ses ordures et eaux usées ici bas.

Den avait erré quelques minutes dans ce qu'il percevait comme le centre commerçant local, avant de repérer des indications menant à la cantina du coin. Le Joyau Cristallin. Si son expérience dans la Bordure Extérieure lui avait appris quelque chose, c'était que dans ce genre d'endroit, la principale source d'information était la cantina du coin. Maintenant, il fallait espérer que les trois apprentis Jedi se soient fait juste assez remarqué pour que Den puisse retrouver leur trace, et pas assez pour s'attirer des ennuis. Tout en marchant, il reçut une nouvelle communication de A-3Y8.


« - Maître Quovro, ici A-3Y8. J'ai de nouvelles informations sur les élèves manquant à l'appel. Il s'agît de Kolin Valkizath, Samaël Akiam et enfin Dalla Tura comme vous le saviez. Kolin Valkizath est originaire de la Cour des Miraculés d'après nos registres, monsieur.
- Merci A-3Y8. Tiens moi au courant si tu apprends quelque chose d'autre. »

Ainsi l'un des enfants était issu du quartier... L'affaire s'éclaircissait un peu. Valkizath. Au moins, il avait une piste, un nom à faire valoir, à rechercher. Restait à trouver la cantina.

[HRP : J'espère que le post vous convient. Entre le moment où Dalla appelle le temple et Den arrive il s'est passé un certains temps et donc vous avez pu faire pas mal de choses je pense. Quand Den arrivera à la cantina, vous serez certainement déjà repartis si on suit la logique ! N'hésitez pas à me mp en cas de soucis avec mon post.]
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