Ragda Rejliidic
Ragda Rejliidic
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Sean Belgaad... Sean Belgaad...

Tout en se répétant ces mots, lentement, comme pour en décortiquer la pulpe, Ragda laissait ses petites pattes graisseuses glisser sur l'écran tactile de son datapad. Du bout de son index boudiné, il passait d'un page à l'autre, faisant défiler le contenu du maigre dossier qu'avait pu lui fournir EVA, l'intelligence artificielle entre les mains de laquelle il avait placé, depuis peu, la gestion de son réseau clandestin.

Sean Belgaad. Rien de ce qu'il ne pouvait lire sur cette homme ne semblait indiquer qu'il puisse être un candidat idéal. Aucun talent particulier, hormis en mécanique... Un passé trouble, pareil à du gruyère. Tout laissait penser qu'il avait été esclave, dépouillé d'une véritable existence avant sa soudain apparition aux cotés d'un contrebandier Dug...

Pourquoi s'intéresser à cet homme pratiquement sans histoire ? Même Ragda se posait cette question... Serait-il à la hauteur de ce qu'il allait lui demander ? Il hésita, revenant plusieurs fois en arrière pour relire les quelques lignes d'informations complémentaires. Une inscription sur Galacmeetic... Le Hutt laissa échapper malgré lui un sourire. Franchement, qui utilisait ce genre de réseau ? Des accros aux rencontres faciles, et des désespérés... A quelle catégorie appartenait le blondinet ?

Il passa au dossier suivant, celui d'un contrebandier nommé Madigan : Le dévaronien semblait compétent, il commençait à se faire une sacrée réputation... Nouvelle hésitation. Non, pour cette mission tout reposait sur la... discrétion. Il fallait qu'Adasca Corporation, la célébrissime firme Arkanienne, tombe dans le panneau. Ragda referma le CV de Madigan, non sans une moue dubitative. Il soupira.

Afin de garder son réseau en activité, « Fantôme », le nom que se donnait Ragda dans le milieu du vol et de recel d'informations sensibles, avait besoin de rester perpétuellement à l'écoute de l'holonet, traquant les candidats potentiels, suivant leurs exploits, leurs fait d'arme. Ce Madigan... Il le contacterai plus tard, pour lui proposer d'autres sortes de contact... Son choix était donc fait.

« Je veux que tu contactes Sean Belgaad » fit-il, s'adressant à EVA. « Je pense que c'est un exactement celui qui nous faut. Rien dans son histoire pourrait laisser croire à un piège. Adasca ne verra rien venir. »

Si cet homme semblait de prime abord sans histoire, comment était-il tombé sur lui ? Tout simplement parce que cet illustre inconnu avait eu le malheur de croiser la route de Madigan, dont EVA surveillait depuis plusieurs semaines les moindres faits et gestes. Un dommage collatéral en quelque sorte...

« Et envoie lui le message que je viens d'enregistrer, avec la procédure habituelle... »

*****

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]


// Si je vous contacte, c'est parce que j'ai besoin de vos talents... particuliers. Vous êtes l'un des meilleurs dans votre domaine. Demain, vous recevrez un colis. Celui-ci contiendra un billet pour Nar Shaddaa dans la première navette disponible... Ainsi que le passe numérique d'une chambre d’hôtel dont les coordonnées seront jointes. Rendez-vous là bas. Lorsque vous poserez le pied dans celle-ci, je vous ferai un premier versement de dix milles crédits. Quelqu'un passera vous prendre dans la soirée... Faites lui un bon accueil. Vous serez... Conduit à l'intérieur d'un centre de recherche scientifique. Une fois sur place, une nouvelle personne vous contactera, pour vous aider dans votre tâche. La mission est simple : glanez le plus d'informations possibles : films, photo, dossiers papiers ou numériques. Utilisez les moyens que vous jugerez nécessaires...

Dix milles autres crédits vous seront versés lorsque j'aurais pu prendre possession de ces informations volées.

Fantôme, terminé. //


*****

Deux jours plus tard, Nar Shaddaa.

« Vous êtes prêts ? » fit le chef de la petite escouade. Ses collègues hochèrent la tête. D'un geste vif, l'homme arracha l'écusson de l'Adasca Corporation scratché sur son torse. Hors de question d'être identifiable compte tenu de ce qu'ils s’apprêtaient à faire. Les autres firent de même. Après un dernière regard par dessus son épaule, l'homme rentra dans l’hôtel. A peine fut-il sur le perron que le patron de l'établissement disparu dans une salle, derrière le comptoir d'accueil. L'énorme Besalisk savait visiblement à qui il avait à faire... Et désirait ne pas y être mêlé. Sans même un regard dans sa direction, le petit commando composé de trois hommes et une femme, des humains, pénétra dans le turbo-lift le plus proche. Une fois à l'intérieur, le chef se retourna, pour rappeler le briefing :

« Il s'agit d'un humain, blond, une petite trentaine. Attention à ne pas trop l’abîmer. Il nous faut ce cobaye pour terminer les tests de la phase trois. Donc pas de sédactifs qui pourraient compromettre les analyses... Utilisons les bonnes vieilles méthodes... »

Rapidement, le groupe arriva à l'étage désiré. Ils déambulèrent quelques instant dans les couloirs étroits et miteux, à la recheche du bon numéro de chambre. Une fois devant, leur chef toqua, avant d'annoncer :

« Service de chambre... »

Et lorsque la porte commença à s'ouvrir, il frappa de toutes ces forces dans celle-ci, d'un coup d'épaule. Elle s'ouvrit alors avec fracas, s'encastrant dans le mur. Le commando sauta sur le pauvre Sean que rien n'avait préparé à une telle violence. Il fut frappé, tasé, chloroformé, enfourné dans un sac mortuaire avant d'être transporté sur une civière répulsive portative, jusqu'à l'arrière d'un speeder ambulance banalisé...

*****

Au même instant, appartement situé en face du complexe secret d'Adasca,

Ragda surveillant les caméras d'holosurveillances civiles... Enfin celles qui fonctionnaient encore dans ce quartier laissé à l'abandon ! A croire que les firmes implantées sur ce secteur planétaire usaient de toute leur influence pour rendre ce coin le moins habitable possible... Probablement pour chasser d'éventuels curieux. En tout cas, ce que vit Ragda le fit sourire. Première étape du plan accompli. Sean venait de se faire enlever par des agants d'Adasca. Tests de médicaments ou de thérapies dangereuses, modifications génétiques... Ragda ignorait ce qui attendait exactement son malheureux associé du jour. Ayant piraté tout le système, il pouvait suivre sans trop de difficulté la progression de l'ambulance lancée à pleine vitesses, gyrophares allumés, sirène retentissante, dans le flot chaotique de la circulation de cette lune qui ne dormait jamais.

Dans quelques minutes, Sean serait introduit manu militari à l'intérieur du complexe... Cette première phase du plan n'avait pas été difficile à réaliser, il avait simplement fallu falsifier quelques ordres... Mais c'était une autre histoire, pas la peine d'y repenser. S'il voulait que Sean ne finisse pas disséqué sur une table d'opération, il lui fallait à présent agir rapidement.

Pivotant sur son chariot répulseur, Ragda passa aux commandes de son droide assassin. Celui-ci, maquillé en unité protocolaire, avait été livré à Adasca en remplacement d'un autre ayant été la victime malencontreuse d'un terrible « accident ». Le Hutt s'empara de la télécommande. Un datapad dont l'écran, au centre, affichait en temps réel ce que captaient les caméras cachées sous les yeux du droide au blindage aussi noir que la nuit. Il vit ainsi passer une civière, emportée avec un empressement étrange vers une aile du bâtiment ne figurant sur aucun plan. Ragda manipula les commandes tactiles pour ordonner à sa marionnette d'acier de les suivre, lentement. Son statu protocolaire lui offrait pas mal de liberté... Mais pas assez pour accomplir cette mission seul. Il espérait que Sean serait à la hauteur...

*****

Six minutes plus tard,

Ragda trouva enfin la chambre dans laquelle avait été amené le blondinet. Une pièce comme toutes les autres, sans signe distinctif, sans même de numéro sur la porte. Il l'ouvrit. Blanc immaculé : sol, murs et plafond. A l'intérieur, allongé sur un lit médicalisé, gisait Sean, toujours inconscient. Une équipe médicale lui posait diverses électrodes, reliées à des appareils de contrôle. Plusieurs seringues usagées traînaient sur une desserte... Ragda fronça les sourcils. Il ignorait ce qui avait bien pu être injecté à l'humain... Probablement pas grand chose. Du moins il l'espérait. D'autres fioles contenaient plusieurs millilitres de son sang. Certainement pour d'autres analyses. Enfin, une série de sangles enserraient son corps inanimé. L'un des infirmier releva la tête pour annoncer :

« Nous avons pratiquement terminé. Encore une prise de sang, et une perfusion... » Déjà une dizaine de tubes souples dépassaient des bras du blond. Il ressemblait à une marionnette, posée là, mollement. « Voilà, c'est fait. Reste prêt de lui, pour assister à son réveil. S'il montre des signes anomaux, prévient l'équipe B... »

Ragda parla alors dans le micro de sa télécommande. Sa voix, trafiquée pour ressemblée à celle d'un droïde répondit : « A vos ordres, monsieur. » Sans un mot de plus, l'équipe médicale quitta les lieux...

Quelques instants plus tard, Sean commença à cligner des yeux... Alors Ragda lui dit, sur un ton enjoué destiné à tromper d'éventuels micro : « Bonjour ! Je suis R4GD-4 ! Droïde protocolaire ! Ravi de faire votre connaissance ! » Puis il enchaîna, en chuchotant : « Je vais vous détacher, il fait nous dépêcher... »

D'un pression du doigt, Ragda activa une lame rétractable, qui s'échappa sur plusieurs centimètres du majeur gauche de R4GD-4. Le droïde libéra alors Sean de ses liens... « Plus vite ! Il faut sortir de cette chambre avant que quelqu'un ne reviennent ! J'ai repéré un bureau un peu plus loin, ça pourrait être pas mal de commencer à fouiner par là... »
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Drahk n'avait jamais vraiment apprécié Nar Shaddaa à sa juste valeur. Le Noghri connaissait cette lune comme sa poche ou presque. Il avait travaillé pour les Hutts pendant des années et évidemment passé énormément de temps sur la plaque tournante de la contrebande de l'espace Hutt. Si l'apprenti Sith appréciait l'anonymat que procurait ce tas d'immondices, il n'était en revanche pas un grand fan du reste de la lune. Il régnait en ces lieux une sorte de médiocrité qui le rebutait au plus haut point. Pour quelqu'un qui aimait prendre son destin à bras le corps, Nar Shaddaa se révélait être un ramassis de clodos attendant patiemment que la mort les emporte.

Cependant, Drahk n'était pas là pour faire du tourisme. Même si il avait profité de l'occasion pour visiter quelques établissements familiers, lui procurant la « détente » qui lui faisait cruellement défaut sur Korriban. Comme à son habitude, le Noghri avait pris les choses beaucoup trop au sérieux et se retrouvait littéralement au point de rupture. Même après deux années passées loin de cet endroit, il retrouva vite ses habitudes. Normal me direz-vous pour quelqu'un qui a vécu sur Nar Shaddaa pendant presque dix ans. Ce fut avec un grand sourire de satisfaction qu'il se leva au beau milieu de la nuit, dans une chambre d'hôtel miteuse des bas-fonds de la ville. A sa gauche gisait une Arkanienne encore endormie, probablement exténuée après plusieurs heures d'intense passion. Drahk avait lâché un beau paquet de crédits pour s'octroyer ses services ! A la vue de son sourire, cet argent avait été bien dépensé. Si le Noghri aurait bien fait un dernier tour de manège, il avait d'autres chats à fouetter. Il congédia son amante d'un soir sans ménagement et enfila une tenue neutre, une sorte de robe de bure dans des tons sombres dans laquelle il glissa quelques bricoles et son sabre laser. L'apprenti sortit finalement de la chambre. Le travail pouvait commencer.

Parti de rien, Drahk avait gravit les échelons d'une grande organisation criminelle petit à petit, jusqu'à devenir un élément dont on commençait à parler dans les hautes sphères. Mais ça c'était sa vie d'avant. Il y a deux ans, le Noghri avait tout plaqué ou presque pour intégrer l'académie Sith de Korriban à la suite d'une rencontre qui changea sa vie. C'était pour retrouver cette personne qu'il se retrouvait à devoir se faufiler comme un voleur cette nuit là. La seule cible qu'il avait jamais raté. Le plus puissante aussi et probablement un Sith de grande puissance et d'envergure. Rien que d'y repenser, Drahk en avait des frissons. L'apprenti avait gardé quelques contacts dans le secteur pour l'informer au cas où la personne qu'il recherche refaisait son apparition. A peine avait-il foulé le sol de la lune qu'il reçut un message du criminel de sinistre réputation, « Fantôme ».

Le cybercriminel avait des informations susceptibles de l'intéresser. En contrepartie, le Noghri devait s'infiltrer au sein d'un complexe et faire de l'espionnage industriel. C'était grosso modo les seules choses qu'il avait comprit en dehors du caractère urgent de la situation. Rien de bien folichon, même si on était jamais trop prudent. De ce que l'apprenti avait pu glaner à propos de « Fantôme », ce dernier s'avérait très réglo. Drahk accepta donc le travail sans hésitation. Le prochain contact avec ce fameux « Fantôme » se ferait par le biais d'un tiers, directement à l'intérieur du complexe. Il ne restait plus qu'a trouver un moyen de s'infiltrer dans le complexe secret de l'Adasca...

Drahk n'avait pas inventé l'eau chaude. Inventer un quelconque stratagème pour pénétrer dans l'enceinte n'était évidemment pas de son ressort. Il n'allait pas jouer les acteurs ou encore se faire passer pour un scientifique, etc... En revanche, le Noghri avait pour lui les qualités intrinsèques de sa race et sa relative maîtrise de la Force. Comme tous ses congénères, l'apprenti jouissait d'une agilité naturelle supérieure à la moyenne et plus particulièrement d'un odorat d'une sensibilité inouïe. Si Drahk avait du mal à maîtriser la Force, ces pouvoirs pourrait certainement s'avérer suffisant pour cette mission. Dans le pire des cas, le sabre laser serait de sortie... L'avantage et l'inconvénient d'un complexe secret tenait dans la nature...secrète... de ce dernier. La sécurité extérieure était donc très réduite pour éviter d'attirer trop l'attention. Cela facilitait grandement les choses et permit au Noghri de se faufiler sans problèmes jusqu'à l'arrière du bâtiment.

Si Drahk était bête, il n'était cependant pas né de la dernière pluie, il se douta qu'il lui serait presque impossible et pénétrer facilement à l'intérieur. Les entrées devaient être truffées de capteurs de mouvement, de pression et autres réjouissances. Fort heureusement, la ville de Nar Shaddaa disposait d'un système d'évacuation des eaux usées très vétuste et rudimentaire. Il entrerait par ce biais. Le Noghri avait déjà utilisé ce procédé à l'époque et cela ne présentait pas énormément de problèmes. En premier lieu, ça daubait sérieusement le Rancor. Drahk puerait sans doute la merde pendant plusieurs heures... Ensuite les canalisations étaient étroites et ne permettaient pas à un humain adulte d'y pénétrer. Cela ne posa évidemment aucun souci au Noghri qui peinait à dépasser le mètre quarante... Pour finir, il fallait passer un énorme broyeur qui servait de filtre avant que ces eaux ne rejoignent le conduit principal de la ville.

Cet obstacle était mortel pour un type lambda ou mal équipé. Ce n'était pas le cas de l'apprenti qui maîtrisait suffisamment la Force et plus particulièrement le pouvoir de Télékinésie. Il n'était pas question de déplacer un speeder mais même le plus mauvais des Siths était capable de ralentir le mouvement des pales d'un broyeur pendant quelques secondes. Drahk n'échappa pas à cette règle et passa l'obstacle presque sans encombre. Et oui, le Noghri était mauvais ! Il émergea des canalisations au niveau du sous-sol, dans ce qui s'apparenta à une salle de maintenance. Il lui fallait maintenant trouver son intermédiaire, un droïde protocolaire, localisé à l'étage médicalisé, enfin là où ils faisaient leurs expériences. Le flair extraordinaire du Noghri s'avéra très précieux étant donné l'étonnante propreté et la stérilisation des lieux. Il put se mouvoir facilement mais surtout repérer les odeurs singulières. Il se hâta de suivre ces dernières et plus particulièrement celles qui indiquaient une forte concentration de produits chimiques. Drahk était capable de distinguer les individus à l'odeur de leur sang alors ce genre de traque c'était du pipi de chien.

Après quelques minutes à jouer au chat et la souris avec le personnel médical à travers les étages, Drahk se retrouva à l'intérieur d'une petite chambre, enfin cellule était plus approprié. Au chevet d'un homme apparemment décédé, se tenait ce qui ressemblait à un droite protocolaire. Sans préambule, le Noghri s'approcha de la boite de conserve et lança innocemment :


"Fantôme ? Drahk Tlakh'sar à la rescousse !"
Ragda Rejliidic
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« Sean ? Sean ? » hurla le Hutt dans le micro de son datapad, paniqué. « Et merde ! Cet idiot n'a pas résisté au traitement ! »

****

La veille sur Nar Shaddaa.

« Eva ? » fit Ragda, les yeux rivés sur l'affichage holographique de ses quartiers privés, à bord de son yacht de luxe. « Poses-nous dans ce secteur. Nous ferons le reste du trajet en speeder. » Depuis la mutinerie de son pilote, réticent à l'idée de s'exiler en territoire Hutt avec son employeur, Ragda laissait l'intelligence artificielle aux commandes de son vaisseau. Celui-ci, d'une conception inspirée de l'art épuré de Naboo, fendait l'espace telle une flèche aux reflets dorés. L'Agonie d'Ardos ne passait pas inaperçue, c'était clair. Aussi l'ex-Sénateur préférait jouer la carte de la prudence. « Il y a une série de plate-formes, là-bas » reprit-il, sans quitter les yeux les données. « Un de mes contacts m'a réservé un box. Nous pourrons y laisser le vaisseau en sécurité. »

Les manœuvres d'approche planétaire prirent des heures tant la circulation, chaotique, encombrait l'espace proche de la lune des contrebandiers. Pourtant, par le hublot, Ragda regardait tout autre chose : Nal Hutta, qui flottait dans l'espace comme une bille aux couleurs verdâtres : un vert sale et crade. Il n'y avait pas reposé le pied depuis près de quinze ans... Et son dernier voyage sur Nar Shaddaa remontait à une sordide affaire diplomatique. Il soupira... Essayant de chasser ces pensées. Mais celles-ci furent rapidement remplacées par d'autres, tout aussi pessimistes.

« Et s'il ne faisait pas l'affaire ? » s'interrogea le Hutt, parlant de Sean qu'il avait sélectionné pratiquement sur un coup de tête. « Et si j'ai fais erreur ? » Eva ne lui répondit pas. Il détourna enfin les yeux du panorama stellaire pour se poser mollement dans un canapé. Une résolution germa. « Il me faut un plan B, Eva. Au cas où le plan A ne fasse pas long feu. Hmm... Avec les protocoles Fantôme, tu devrais pouvoir t'introduire aisément dans la base de données des autorités de contrôle planétaires. Passe en revue la liste des arrivants depuis la semaine dernière, ceux qui sont toujours ici. Puis recoupe-la avec les profils que j'ai enregistré depuis l'année dernière. » Pour ses opérations clandestines, Ragda suivait à la trace des profils qu'il jugeait prometteurs. Assassins, chasseurs de primes, contrebandiers, criminels en tout genre. Il gardait ainsi à l’œil des candidats potentiels pour ses futurs besoins. Rapidement, Eva répondit par la négative : aucune correspondance. Ragda grimaça. « Élargis sur les trois dernières années alors... » fit-il, lui même peu convaincu par la démarche. Dans les milieux criminels, les gens pouvaient disparaître du jour au lendemain, souvent de manière violente et irréversible... Alors ses vieilles listes contenaient probablement plus de cadavres en décomposition qu'autre chose. L'analyse demanda à l'intelligence artificielle une bonne dizaine de minutes. Ragda sa laissa aller à somnoler. Il n'avait pratiquement pas dormi depuis sa fuite de l'espace Hutt, une semaine plus tôt. Il aurait vendu père et mère pour un stimulant intellectuel... Saloperie de dépendance ! Ca n'en finirait donc jamais ?! Soudain il sursauta. Eva avait trouvé une seule et unique correspondance. Le dossier apparu sous ses yeux, sur l'écran de son datapad.

« Drahk Tlakh'sar... » fit-il, méditatif, ne parvenant plus à se souvenir de ce patronyme. Il parcouru le texte de son œil expert. « Assassin... J'avais dû le garder à l’œil quelques temps... Oui, je vois pourquoi. Rapide, efficace, ne pose pas de questions... L'étoile montante de l'espace Hutt comme le nommaient certains de ses employeurs. Mais il a disparu de la circulation il y a deux ans. Je n'ai plus d'entrées dans le journal depuis ! Pourquoi est-ce qu'il réapparaît maintenant ?! C'est étrange ! Je ne crois pas aux coïncidences... Eva... » dit-il, lisant les dernières lignes du fichier. « Tu peux me trouver des informations complémentaires sur ce que j'avais noté comme étant sa dernière mission ? » Jusqu'à aujourd'hui il avait cru l'assassin tué lors de celle-ci. Les minutes d'attentes furent longues, très longues. Mais entre les protocoles Fantômes et les divers accès que lui avait donné Borenga, l'IA parvient à retrouver la prime pour laquelle le Noghri avait été engagé. « Je vois... Intéressant... » Remontant la piste avec l'aide d'Eva, Ragda parvint à grappiller quelques bribes de pistes concernant la personne que l'assassin n'avait finalement pas tué ce soir là. Malgré les capacités surhumaine de l'IA en terme de traitement d'informations, ainsi que les années d'expérience du Hutt dans l'art du dénichage de données sensibles, il leur fallut pratiquement deux heures pour rassembler un dossier comportant autant de trous que les étoiles dans la galaxie. « Ce type est un vrai fantôme. Il apparaît, puis disparaît. » Merde. Et partout où il passait, s'en suivait des affaires douteuses. Incroyable. En tout cas, il parvint à mettre un nom sur le lieu de la dernière apparition du dangereux personnage. C'était il y a moins d'un mois, à proximité de l'espace Impérial, dans la bordure neutre, à proximité de Lorrd. Ragda prit encore quelques minutes pour réfléchir avant de conclure :

« Eva... Nous avons notre plan B. Envoie un message à ce Drahk. Dis lui que nous avons des informations sur la personne qu'il recherche. » C'était un coup de bluff. Rien ne permettait d'assurer avec certitude que le Noghri recherchait son ancienne cible... Mais voir un type disparu depuis deux ans revenir exactement sur les lieux de sa dernière prime lui mit la puce à l'oreille. En tout cas cela valait le coup d'essayer...

****

Retour au présent,

Ragda sursauta. Il fit faire volte-face à son droide protocolaire dissimulant tout un attirail d’assassin. Face à lui, ou du moins, face à sa marionnette qu'il contrôlait à distance, se tenait son plan B. Incroyable. Le Noghri s'était infiltré jusqu'à lui sans déclencher la moindre alerte. Une entrée remarquable. Les deux années d'inactivité n'avaient pas émoussé ses compétences. Le Hutt se senti soulager. Il se pencha vers son datapad pour parler dans le micro. Sa voix, transformée pour prendre des intonations métalliques, sorti de la bouche artificielle de R4GD-4. Face à lui se tenait un véritable professionnel. Et l'urgence de la situation le décida à mettre directement un terme à toute forme de comédie :

« Oui, c'est bien Fantôme lui-même qui est aux commandes. Beau travail. Vous méritez largement vos honoraires. » Ainsi furent faites les présentations. « Il faut se dépêcher, une équipe médiale peut revenir d'un instant à l'autre. Nous devons remonter vers les niveaux de l'administration et trouver un accès à un terminal, ou bien pénétrer dans un bureau où nous pourrons trouver ce que nous cherchons. » Lentement, la tête de R4GD-4 pivota sur le coté, ses yeux sans vie se posèrent sur la silhouette inerte de Sean. Il respirait encore, mais les médicaments expérimentaux l'avaient complètement mis hors-service. « Mais avant ça... » continua-t-il, désignant son plan A d'un mouvement de tête. « Il faut le sortir de là. » Une attitude qui pouvait surprendre. Aussi Ragda se justifia-t-il rapidement. « Fantôme n'abandonne personne. J'ai employé cet homme, sous-estimé les risques. Il faut trouver une astuce pour le faire sortir du bâtiment, en un seul morceau. » C'était une question de réputation, tout simplement. Fantôme n'envoyait personne à abattoir.

Tout en prononçant ces derniers mots, R4GD-4 finit de détacher le cobaye humain de son lit d’hôpital transformé en appareil de torture. Le droïde ne disposait pas de la force nécessaire pour soulever et transporter un adulte de cette corpulence... Aussi ce serait au Noghri de transporter le paquet. « Je crois qu'il y a une morgue dans l'aile adjacente, nous trouverons peut-être comment le faire sortir là bas... »
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On ne pouvait pas considérer Drahk comme quelqu'un de particulièrement chanceux. Ce qui à la base devait être une simple mission d'infiltration et d'espionnage largement à sa portée s'était vue greffer une exfiltration qui s’annonçait des plus délicates. Et la délicatesse n'était pas forcément la qualité première du Noghri, ni son domaine d'expertise. Ce dernier aimait les choses carrées, sans entourloupe. De plus, l'apprenti était habitué à travailler en solo. Ses deux ans passés à l'académie n'avaient en rien changé cet état de fait, bien au contraire... Dans ce cas précis, fort heureusement, Drahk n'était pas seul ! Il n'avait pas vraiment la jugeote requise pour improviser. En sa qualité de commanditaire et de cerveau de l'opération et à travers R4GD-4, « Fantôme » serait capable de gérer la situation. Du moins l'apprenti l'espérait.

"En un seul morceau, j'veux bien. Mais vivant ? Je garantie rien." lança le Noghri en tâtant le pouls malheureusement régulier de l'homme en question.

Drahk avait bossé sous la coupe des Hutts pendant presque dix ans et jamais il n'avait vraiment cherché à savoir pour qui il travaillait exactement. Sa discrétion, couplée à une loyauté sans faille, avait d'ailleurs toujours été grandement appréciée par ses employeurs. Cependant ce dénommé « Fantôme » lui paraissait pour le moins singulier. D'après sa propre expérience, les commanditaires traitaient généralement leurs agents comme de la chair à Bantha. Il savait ce cybercriminel réglo mais n'imaginait pas qu'il l'était à ce point ! Le Noghri voyait celui qui se cache derrière le droïde sous un jour nouveau. Sans parler de confiance, l'apprenti était tout de suite plus à l'aise. « Fantôme » ne le laisserait sûrement pas tomber comme une vieille chaussette au moindre signe avant-coureur de danger. Ça lui faisait tout drôle ! Une chose était sûre : Le Sith était toujours d'une grande naiveté. Il en fallait peu pour le convaincre de quelque chose...

De toute manière, Drahk était lui aussi considéré comme quelqu'un de réglo. En cela, il faisait un bien mauvais Sith. Une chose sur laquelle l'apprenti travaillerait sûrement à l'avenir mais dont il n'avait jamais réussi à se défaire. C'était tout simplement dans sa nature. Pas question de revenir sur sa parole et d'abandonner une mission parce que son contenu a légèrement changé !

Après une inspection de routine du corps, Drahk écouta l'ébauche de plan de son acolyte d'un jour et fit part de ses inquiétudes de sa voix rocailleuse :


"Dès qu'ils s'apercevront que le cobaye à disparu, ils vont déclencher l'alarme. Je suis peut être déjà détecté à l'heure où on parle. Espérons qu'ils ne reviennent checker leur patient qu'au lever du jour." fit-il en faisant travailler ses cavités olfactives à la manière d'un animal.

Visiblement inquiet, le Noghri inspecta brièvement la pièce à la recherche d’éventuels systèmes de sécurité, principalement des caméras. Il ne trouva rien. Les arkaniens ne devaient pas monitorer chaque « chambre » de l'étage. Drahk souleva le corps inerte du malheureux avec difficulté et l'enfila sur l'épaule à la manière d'un sac de patates. Il se tourna vers le droïde et lâcha de façon quelque peu laconique :

"Vous semblez connaître cet endroit. Je vous suis."

Drahk se garda de parler de ses talents « olfactifs ». De toute manière, avec la puanteur du pauvre type aussi près de son nez, il ne pourrait presque rien distinguer. Il n'avait d'autre choix que de s'en remettre à « Fantôme ».
Ragda Rejliidic
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R4GD-4 tourna lentement sa tête recouverte alliage noir ébène qui reflétait l'éclat blanc des néons. Ses deux yeux jaunes sans vie se braquèrent sur l'assassin. « Je pars du principe que vous ne vous êtes pas fait repérer... Parce que c'est pour ça que je vous paye. » fit-il, incisif. « Alors j'estime que nous avons plusieurs minutes devant nous. A condition que nous puissions nous déplacer sans éveiller trop de soupçons. » Plus facile à faire. Un Noghri transportant un corps n'avait rien de très discret... Dans ces conditions, la moindre rencontre signifiait le déclenchement des alarmes. Ingérable : Il fallait le reconnaître. Sous la pression, Ragda avait agit sans prendre le temps à la réflexion laissant au hasard bien trop d'éléments. « Laissez-moi, un instant... » reprit Ragda, par l'intermédiaire de sa marionnette. Un instant de pure réflexion. Il était évident qu'ils finiraient par se faire repérer : soit directement, soit indirectement par l'absence de Sean dans le lit médicalisé. Mais chaque minute gagnée leur donnerait un coup d'avance. Il fallait jouer là dessus : chercher à ralentir leur découverte plutôt que l'en empêcher. Rapidement, Ragda actionna son droïde afin de faire le tour de la pièce. Il n'y avait rien de bien utile... Une batterie d'appareils médicaux dernier cri, un lit, une civière répulsive rangée dans un coin, un placard... Le Hutt se figea. Une civière ? Oui bonne idée !

« Posez le là dessus ! » ordonna-t-il, sans ménagement, un ton sec et direct dicté par l'urgence de la situation. « Nous le recouvriront d'un drap blanc, ainsi nous pourrons toujours dire que nous apportons un corps à la morgue si l'on nous pose la question. » Restait à régler un autre détail : l'allure de l'assassin dénotait totalement avec l'environnement... Usant des commandes tactiles de son datapad, Ragda fit ouvrir à son serviteur le placard. A moitié vide. Ou à moitié plein : question de point de vue. Plusieurs blouses pendues, des masques blanc de chirurgie chiffonnés dans un coin, ainsi que des charlottes en tissu destinées à couvrir les cheveux encore dans leur sachet stérile. A coté d'elles, tout un tas d'outils médicaux allant du cautérisateur laser au scalpel. Probablement que toutes les chambres étaient équipés de matos de ce genre, au cas où il faudrait réaliser une opération d'urgence sur un cobaye à l'agonie. R4GD-4 se retourna vers le Noghri :

« Enfilez ça » dit-il, désignant ses trouvailles. « Blouse, masque, charlotte. De loin, vous passerez pour une personne du service médical » Oui, sans y regarder de trop près. Car le petit être n'avait vraiment pas l'allure d'un intellectuel, bien qu'il fusse certainement très doué au bistouri. Alors oui, il fallait le reconnaître : un Noghri chauve arborant une charlotte destinée à protéger les cheveux avait de quoi faire sourire, pour rester poli. Mais de l'autre coté de l'écran, Ragda n'avait pas le loisir de s'intéresser à cela. Déjà, il se dirigeait vers l'unique entrée de la pièce carrée, laissant le soin à son partenaire d'enfiler le déguisement par dessus son équipement. « Je vais voir si la voie est libre » dit-il, passant la tête par l'ouverture. Couloir désert. La chance semblait de leur coté, pour le moment. Il se retourna, avisa quelques secondes le lit vide. Alors il pensa à un subterfuge aussi vieux que la galaxie elle-même. Il s'approcha du lit, s'empara des coussins qu'il fourra sous les couvertures, afin de donner l'impression, de loin, qu'un être y était allongé. De très loin même. Mais cela serait suffisant pour gagner quelques minutes... Ou secondes, plus vraisemblablement.

Lors que le duo fut enfin sorti de la chambre, Ragda manipula son droïde afin que celui-ci se place devant la panneau de commande de la porte. L'extrémité de l'index de R4GD-4 s'ouvrit alors, révélant une sonde télescopique équipée d'une interface numérique universelle. La marionnette se brancha sur le panneau. L'instant suivant la porte se referma. Sifflement immédiatement suivi d'un cliquetis mécanique.

« Je l'ai verrouillée » expliqua R4GD-4, sans entrer dans les détails. « Et réinitialisé le code de sécurité. Il leur faudra plusieurs minutes pour le reprogrammer lorsqu'ils découvriront que leurs accès ne fonctionnement plus. » Depuis le hublot circulaire découpé au centre de la porte fermée, il pouvoir voir le lit à l'intérieur duquel semblait dormir un être vivant. D'ici, le subterfuge paraissait crédible. Fort à parier que l'équipe médical penserait à un défaut technique plutôt qu'à un piratage en règle. De ce fait ils appelleraient probablement une équipe de maintenance plutôt que la sécurité de l'édifice... Beaucoup trop de « si », de « probablement », de « certainement ». Mais il faudrait faire avec et compter sur la chance.

« Bien » reprit-il, se tournant vers son acolyte. « Dépêchons-nous. D'après ce que j'ai pu voir, la morgue se situe dans cette direction. » Il désignait de son petit doigt l'extrémité du couloir où il se trouvaient à présent. Assez large, celui-ci permettait aux équipes médicales de se croiser avec des civières et des lits médicalisés. Pendant la mise en place de leurs stratagèmes assez ridicules, Drahk avait confirmé n'avoir trouvé aucun système de surveillance dans la chambre. Cette nouvelle n'étonna pas outre mesure le Hutt qui supposa alors qu'Adasca, par soucis de discrétion, évitait de poser trop de caméras. Une image pouvait si rapidement filtrer... Seuls les secteurs sensibles devaient être étroitement surveillés. Pas les couloirs ou les chambres où médecins et tortionnaires manipulaient et déplaçaient des corps maltraités par les thérapies expérimentales. Du moins, en théorie : là encore il n'y avait aucune certitude. Cette pensée lui fit dire :

« Je pourrais tenter de hacker leurs systèmes depuis l'extérieur... Mais c'est risqué. S'ils me détectent, ils vont mettre le bâtiment sous quarantaine, et la sécurité sera en alerte maximum. Alors j'attendrais que l'on soit au pied du mur pour le faire. En attendant, il faut garder profil bas. »

Ainsi, ils commencèrent leur périple, remontant le couloir d'un pas rapide mais suffisamment lent pour ne pas paraître soupçonneux au premier coup d’œil. Ils passèrent devant plusieurs portes fermées. Chambres tantôt vides, tantôt occupées. Des gémissements s'échappaient de certaines. Parfois des cris, des jurons. Ils croisèrent plusieurs personnes, toutes habillées d'une blouse similaire à celle que portait Drahk. Leurs regarde glissèrent sur le duo, sans visiblement se poser trop de questions.

près avoir parcouru une bonne centaine de mètres, un petit panneau fléché leur confirma la direction à prendre. Morgue N°8. Le chiffre faisait peur... Et laissait imaginer le charnier se dissimulant derrière les murs bien trop propres de cet établissement clandestin. Soudain le communicateur intégré à R4GD-4 grésilla. Une voix agacée s'en échappa :

// R4GD-4 ?! Où es-tu bon sang ?! // Ragda reconnu immédiatement la voix du chef-médecin de l'équipe B. // La porte est bloquée... Tu es à l'intérieur ?! Je ne te vois pas ! Tu étais sensé rester à proximité de ton patient ! Qu'est-ce que tu fiches ?! // Il fallait voir le bon coté des choses : au moins leur plan pour gagner quelques minutes fonctionnait... Enfin, pour le moment. Ragda hésita. Mais estima qu'il devait répondre... Il se tourna vers le Noghri puis fit :

« Je suis confus Monsieur... Mais le patient ne réagissait pas aux stimuli. Compte tenu de son état, j'ai estimé que je pouvais être plus utile ailleurs, en attendant une évolution de son... »

// Depuis quand les droïdes décident tout seul de leurs tâches ?! Reviens ici immédiatement ! Une équipe technique est en route pour réparer la porte... Et elle t'embarquera pour une révision complète ! J'aurais tout entendu aujourd'hui... // Soudain sa voix changea, devenant soupçonneuse. // Et comment t'as su qu'il n'allait pas se réveiller ?! T'es pas un droïde médical à ce que je sache... // Ça puait la question piège. Mais même le plus idiot des toubib commencerait à se poser des questions, non ? Porte fermée, droïde disparu, patient inanimé dissimulé sous des draps. Telle une turbine au bord de la surchauffe, l'esprit de Ragda chercha une parade.

« Monsieur ! » répondit-il, après quelques secondes de blanc, adoptant l'air offensé typique des unités protocolaires dont les capacités étaient remises en doute. « Je parle couramment six millions de formes de communication, dont le langage binaire des unités de diagnostiques médical intégrées aux appareils de mesures biométriques ! C'est elles qui me l'ont dit monsieur, je peux vous assurer que... »

// Ça va, ça va... // fit le médecin, de l'autre coté, regrettant presque d'avoir posé la question. // Quoi qu'il en soit, t'as intérêt à te ramener tout de suite ! // Il coupa la communication.

« Bon... Fini de faire dans la dentelle. On va devoir passer à l'action. » soupira R4GD-4 « Nos minutes de tranquillité sont comptées. Quand il se rendra compte que je ne viens pas, il appellera surement la sécurité... » Fort heureusement, ils arrivaient en vue de la large porte à double battants par delà laquelle se trouvait la morgue. De l'autre coté des hublots vitrés, il était possible de voir des silhouettes se déplacer. Clair que leur entrée poserait des questions, et qu'il faudrait agir avec rapidité pour garder la situation sous contrôle. L'espace de quelques secondes, Ragda hésita encore à abandonner Sean à son sort... Il grimaça. Tant de risques... Mais s'il agissait ainsi, ce n'était pas par altruisme. Au contraire, ces actes étaient dictés uniquement par un profond sentiment égoïste : Préserver une réputation durement gagnée. Il lui avait fallu des années pour bâtir son réseau. Ne se présentant jamais en personne devant ses collaborateurs, « Fantôme » avait été contraint de devenir un employeur réglo, dont on disait qu'il n'abandonnait jamais personne. Sans cette réputation, personne n'aurait voulu travailler pour un fantôme sans visage et sans nom. Ainsi sa décision, bien que dangereuse, était irrévocable : il comptait bien offrir à Sean une chance de s'en tirer avant de continuer l'opération.

« On n'a le droit qu'à un seul essai. » reprit-il, alors qu'ils approchaient encore. Il leur faudrait, en un temps record, neutraliser les personnes présentes, et trouver un moyen de « sauver » leur poids mort. Quand à la méthode à employer, il ne fit aucun commentaire. L'assassin connaissait son métier bien mieux que lui. Du moins, pour la partie « neutralisation ». Le reste ne serait qu'improvisation... Ragda détestait ce mot, lui qui cherchait habituellement à tout maîtriser. Mais il fallait parfois faire avec la chance... Et le Destin.
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